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Tag: Kazakhstan
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[Interview] De réelles possibilités d’insurrection au Kazakhstan
Depuis le mois de mai, des travailleurs du secteur pétrolier sont en grève au Kazakhstan. Ils réclament de meilleurs salaires et conditions de vie et luttent contre le régime dictatorial de Nazarbayev. Au pouvoir depuis 22 ans, le président-dictateur et sa clique appliquent une politique néolibérale très dure accompagnée d’une politique brutale sur le plan des droits sociaux et humains. Ce cocktail a conduit les travailleurs kazakhs ainsi que leur entourage à exprimer leur colère à plusieurs reprises contre le régime. Mais le mouvement actuel, qui pose également la question du pouvoir et du contrôle des richesses, fait face à la répression extrêmement brutale de Nazarbayev, le ‘meilleur élève’ de Thatcher, selon les termes de la Dame de fer elle-même.
Nous avons rencontré Ainur Kurmanov, militant du parti-frère du PSL au Kazakhstan, ‘‘Socialist Resistance’’, qui fait partie d’une organisation large, le ‘‘Socialist Movement Kazakhstan’’.
Par Stéphane Delcros
Les dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu, Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov (dont vous pouvez lire l’interview ci-dessous) ont de bonnes raisons de craindre une arrestation ou un enlèvement dans les jours à venir. Nous devons faire le maximum pour l’éviter. Nous prenons déjà des mesures concrètes en Russie, mais une campagne internationale de soutien aux travailleurs en lutte doit s’organiser. Soutenez la lutte contre la dictature kazakhe !
Ainur Kurmanov : ‘‘Je voudrais d’abord remercier tous les camarades du Comité pour une Internationale Ouvrière pour les campagnes de solidarité avec les grévistes du pétrole au Kazakhstan qu’ils ont menées partout dans le monde.’’
Socialisme.be: D’où provient le mouvement de grève débuté en mai 2011 ?
AK : ‘‘Ce mouvement a ses origines en 2008. Quatre grèves assez grandes avaient eu lieu à cette époque et les travailleurs du secteur pétrolier ont commencé à construire leur propre syndicat indépendant. Une nouvelle couche de travailleurs activistes avait donc gagné en expérience au cours de ces grèves.
‘‘La grève a commencé à Aktaou, la capitale régionale, à l’Ouest du Kazakhstan, au bord de la Mer Caspienne. Le conflit opposait le syndicat indépendant et les patrons. Les travailleurs voulaient que la firme se plie à une règle pourtant précédemment instaurée qui dit : ‘‘vous travaillez dans des conditions plus dures, donc vous devez être payés plus.’’ Ces conditions étaient d’ailleurs inscrites dans un accord national.
‘‘Cette firme appartient à hauteur de 50% à une multinationale chinoise, et les propriétaires chinois ne voulaient pas signer ces accords. Ils ont donc rompu l’accord national. Un bureau d’arbitrage a été installé pour forcer les 2 parties à s’entendre mais, subitement, un des leaders syndicaux présent à ce bureau a complètement rompu avec les revendications des travailleurs. Il était très clair que le patron l’avait soudoyé. Un autre représentant syndical a donc été élu, ce que le patron a refusé de reconnaître. Il a refusé aux travailleurs le droit de réélire leur représentant syndical et a carrément retiré au comité syndical l’ensemble de ses droits. Les dirigeants syndicaux régionaux ont ensuite décidé de ne pas poursuivre le patron et ont dans les faits choisi le camp patronal.
‘‘A ce moment-là, les syndicats ont commencé à organiser des actions de protestation, des manifestations et des meetings. Les travailleurs ont même entamé une grève de la faim afin de pouvoir recevoir leur paie. Le patron a finalement promis de reconnaître le syndicat indépendant, mais a refusé de livré les documents nécessaires à cette reconnaissance. Une véritable grève a donc été déclenchée. Fin mai, celle-ci a commencé à se répandre à d’autres entreprises de la région. A un certain moment, 18.000 travailleurs étaient en grève. Le mouvement a été fortement soutenu par la population locale. Sans cela, il aurait été impossible de tenir autant de mois depuis mai dernier.
‘‘De nombreuses arrestations ont eu lieu, dont celle de Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes. Elle a été accusée d’avoir incité au conflit social et d’avoir organisé un meeting syndical illégal. En fait, c’est le patron chinois qui a directement demandé son arrestation. Elle a été condamnée à 6 ans de prison.’’
Socialisme.be: Et la répression s’est intensifiée, surtout à la mi-décembre.
AK : ‘‘Oui. Il est devenu très vite clair que les autorités étaient décidées à mener le combat jusqu’au bout. Des dirigeants des grévistes ont été arrêtés, des maisons ont été incendiées, des grévistes ou des proches ont été abattus, etc.
‘‘Ce qu’on a vu à Zhanaozen en décembre comportait des éléments d’une situation révolutionnaire. La répression brutale qu’on a vécu à ce moment là à l’ouest du pays a, selon nos informations, engendré la mort de pas moins de 150 personnes (17 aux dires du gouvernement). Ce jour-là, le 16 décembre, des centaines de grévistes et de citoyens pacifiques ont été victimes des tirs d’armes automatiques des soldats et des policiers suite à une provocation policière.
‘‘On peut comparer cet événement au dimanche noir de 1905 en Russie, un massacre qui avait représenté une nouvelle phase dans la lutte plutôt qu’un échec.’’
Socialisme.be : Peux-tu expliquer comment le mouvement s’est développé pour que le gouvernement en arrive à ce niveau de répression ?’’
AK : ‘‘Le conflit qui opposait, au départ, les travailleurs du pétrole et le groupe pétrolier s’est ensuite étendu pour devenir un conflit général portant sur le contrôle des richesses du pays.
‘‘Depuis longtemps, les travailleurs du pétrole veulent renationaliser l’ensemble du secteur. Nationaliser toute l’industrie pétrolière est devenu une revendication idéologique répétée depuis 2008, et pas seulement dans l’Ouest du Kazakhstan.
‘‘C’est difficile à expliquer, mais beaucoup de travailleurs se souviennent de la situation qui existait avant la privatisation. L’idée de la nationalisation est quelque chose de populaire et même l’opposition bourgeoise soutient de nationaliser les matières premières. Ceux qui sont précisément responsables de ces privatisations réclament aujourd’hui de nationaliser…
‘‘Certaines personnalités bourgeoises ont essayé de récupérer le mouvement et se sont opposées à nos efforts. Nous sommes intervenus dans le sens de l’unification de l’opposition au régime. Un comité de lutte nationalement unifié a vu le jour et, en novembre et décembre, les travailleurs qui y étaient investis ont toujours appuyé nos revendications. Parmi elles, trois étaient particulièrement importantes : 1) le boycott des élections présidentielles, 2) la nécessité d’un syndicat indépendant unifié, 3) la nécessité de créer un parti des travailleurs afin de représenter leurs intérêts.
‘‘Décision a ensuite été prise de construire une grève générale nationale, pour tout le pays. Lors de la journée de protestations du 16 décembre, à l’occasion du 20e anniversaire de l’indépendance du pays, les travailleurs du pétrole ont mis en avant la nécessité d’étendre la grève à tout le pays et de faire dégager le gouvernement. Des éléments d’insurrection étaient présents. Pour le régime, la répression devait nécessairement devenir encore plus brutale.
‘‘De fait, elle fut extrêmement forte. Mais les travailleurs, faisant preuve d’un grand héroïsme, sont ressortis dans les rues le lendemain. De nombreuses exploitations pétrolières ont été mises à l’arrêt afin de protester contre la répression du régime.
‘‘L’ensemble de l’appareil bureaucratique du régime était désorienté. Les autorités ne savaient pas comment stopper le processus. La répression était à leurs yeux nécessaire pour tenter d’empêcher d’autres travailleurs de rejoindre les grévistes.
‘‘Ces meurtres n’ont toutefois pas empêché la poursuite de la grève. Des éléments de guérillas ont également suivi dans cette ville. Tous ces évènements ont été très marquants, pour toute la région.’’
Socialisme.be : Certaines forces de gauche ont adopté une attitude de soutien au régime
AK : ‘‘Les diverses organisations de gauche ont nécessairement dû se positionner face à ces évènements. Le Parti Communiste ukrainien, par exemple, a non seulement condamné la grève des travailleurs du secteur pétrolier, mais aussi publiquement appuyé la répression du régime.
‘‘Certaines directions syndicales nationales ont-elles aussi publiquement condamné la grève. A Genève, les dirigeants syndicaux de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation ont boycotté la grève, en affirmant que les travailleurs avaient commis une erreur en sortant du pur cadre de la lutte syndicale au cours du conflit.’’
Socialisme.be : Nazarbayev bénéficie de nombreux soutiens sur la scène internationale
AK : ‘‘Le régime chinois a rapidement offert ses services pour mater la révolte et le président biélorusse a été approché pour collaborer avec les autorités kazakhes. Au delà des accords économiques renforcés signés entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, il y a aussi des accords sécuritaires entre ces États, avec notamment la création d’une troupe de gendarmes internationaux.
‘‘Nazarbayev est ouvertement soutenu par la plupart des chefs d’Etats du monde. Ainsi, après les élections présidentielles d’avril dernier, la première personne à l’avoir félicité a été Hillary Clinton.’’
Socialisme.be : Comment le régime a-t-il préparé les élections du 15 janvier dernier ?
AK : ‘‘En réaction à ces mouvements, le régime a essayé de renforcer son image de libéral-démocrate. Il a notamment mis fin au régime de parti unique. Mais, en même temps, le Parti Communiste a par exemple été interdit d’activités. Un seul parti d’opposition a été autorisé, et sa liste a été purgée afin d’y retirer les candidats qui ne convenaient pas au régime. Trois partis sont donc maintenant présents au parlement : le parti présidentiel, un parti de droite représentant les industries, et le Parti communiste du Peuple, un parti qui, même s’il se qualifie de "communiste" est complètement à la botte du régime.
‘‘Ces élections ont été marquées par une abstention gigantesque, confirmée par les statistiques officielles du régime lui-même.’’
Socialisme.be : Quelles sont les perspectives pour la lutte et quelles sont les tâches des militants socialistes authentiques dans cette situation ?
AK : ‘‘Il y a une réelle possibilité que nous allions droit vers une insurrection. Des actions de grève sont encore menées par les mineurs et des travailleurs d’autres secteurs.
‘‘Les travailleurs essaient d’aller à l’encontre de la propagande du régime. A Aktaou, par exemple, ils sortent tous les jours dans la rue pour protester. Ils avaient même publié un communiqué affirmant : "nous ne sommes pas des émeutiers ou des vandales, nous sommes dans un conflit de classe ouvert et Lénine serait fier de nous !"
‘‘Pour le ‘Socialist Movement Kazakhstan’, la tâche principale est de poursuivre la mise sur pied d’un parti ouvrier de masse. J’ai notamment eu une discussion avec les dirigeants syndicaux d’une des villes où la grève des travailleurs du pétrole fait rage. Ils voulaient discuter de quelles initiatives communes nous pouvions prendre pour mettre sur pied un tel parti large des travailleurs. Tous ces événements ont clairement aiguisé la conscience politique de nombreux travailleurs.
Dans une situation révolutionnaire comme celle-ci, nous devons absolument renforcer notre parti révolutionnaire, et contribuer du mieux que nous pouvons au développement de la lutte au Kazakhstan.
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APPEL URGENT. Nos camarades Kazakhs Esenbek Uktesbhaev et Aimur Kurmanov sont en danger
Ci-dessous, une lettre de nos camarades, qui ont de bonnes raisons de craindre une arrestation ou un enlèvement dans les jours qui viennent. Nous devons faire le maximum pour l’éviter. Nous prenons des mesures concrètes en Russie, mais une campagne internationale de soutien aux travailleurs en lutte doit s’organiser.
Veuillez envoyer rapidement des mails de protestations à l’ambassade du Kazakhstan en Belgique à : bolat.temirbayev@gmail.com ainsi qu’au ministère des affaires étrangères kazakhes via l’adresse : mid@mid.kz (mail-type en anglais)
Communiqué de presse:
Au directeur exécutif de tous les mouvements des droits de l’homme en Russie, Lev Aleksandrovitch Ponomarev.
Au directeur de l’institut pour les droits humain, Valentin Michaelovitch Gefter.
De la part de Esenbek Uktesbhaev, president du syndicat Kazakh “Zhanartu” (rennaissance), et le vice président de Zhanartu , Aimur Kurmanov.
Nous, les leaders du syndicat indépendant des travailleurs, Zhanartu – Esenbek Uktesbaev, président, et le vice président, Aimur Kurmanov- tenons à vous alerter sur le fait que nous pourrions bientôt être soumis à une arrestation ou à un l’enlèvement, résultant de notre éloignement de force du territoire de la République du Kazakhstan, où l’arrestation et l’emprisonnement nous attendent inévitablement.
Le fondement de ces affirmations est dû à la venue à Moscou du chef du Département des affaires internes de la région de Mangistau, le colonel Amanzhol Kabylov, avec un groupe d’officiers des renseignements, pour mener des négociations avec les policiers de la Fédération de Russie. Nous l’avons appris par le biais de journalistes russes et aussi par nos sources au Kazakhstan. Le sujet de ces négociations est évident – planifier la réalisation de notre arrestation en collaboration avec les forces russes, car nous sommes actuellement sur le sol de Russie.
Le dit Colonel de haut rang du Ministère des affaires intérieures Kazakhes, est actuellement chargé de "l’enquête" sur le cas des événements sanglants du 16 Décembre dans la ville de Zhanaozen et à la station Shetpe dans la région Mangistau, qui, selon nos informations, ont abouti à la mort d’un grand nombre de travailleurs en grève et leurs proches qui avaient été impliqués dans une manifestation pacifique.
En tant que résultat de la collaboration du ministère de l’Intérieur et le Service de sécurité du Kazakhstan, de nombreuses affaires criminelles ont été déposées et des dizaines de personnes ont déjà été arrêtées. Tels que les travailleurs prenant part à la grève massive du pétrole, une grève qui dure depuis le 17 mai, ainsi que les dirigeants du parti d’opposition «Alga» («En avant») – Vladimir Kozlov, Ayzhangul Amirov, Ruslan Simbinov, Serik Sapargali, ainsi que le rédacteur en chef du journal indépendant, «Vzglyad» («Point de vue») , Igor Vinyavski.
Tous ceux-ci, ainsi que des dizaines de personnes qui sont interdites de voyager, sont accusés en vertu de plusieurs articles du Code criminel: 164 ‘d’incitation à la discorde sociale ", 241’ d’avoir organisé des émeutes" et 170 "d’appeler au renversement du système constitutionnel actuel». Nous sommes, depuis le 7 Octobre, dans une visite prolongée en Russie, où nous avons échangé des expériences avec les organisations des travailleurs et les médias qui appuient les travailleurs du secteur pétrolier en grève dans Mangistau et les membres de notre syndicat au Kazakhstan. Chez nous, dans notre pays, en été, il y avait aussi une affaire portée au pénal contre nous à l’initiative de l’arbitraire autorité locale – en vertu de l’article 327 du Code pénal. Mais en ce moment, il est suspendu et il est censé être totalement arrêté en raison d’une amnistie qui a été annoncée.
Mais comme nous l’avons appris par nos sources au sein des organes de répression, une nouvelle affaire pénale est déjà en cours de fabrication relevant de l’article 164 du Code pénal pour «incitation à la discorde sociale". En fait, il s’agit d’une tentative de nous rendre responsable, ainsi que l’opposition, pour les événements tragiques du 16 décembre à Mangistau. C’est la raison pour laquelle le premier commandant de Zhanaozen est à Moscou, afin d’organiser notre arrestation et notre remise ultérieure à Aktau. Nous craignons que notre arrestation puisse être faite dans le secret et réalisée sous la forme d’un enlèvement, sans aucune annonce au niveau international, ni aucun respect des conditions pour l’extradition. Cela a déjà été fait par les services spéciaux ouzbeks et tadjiks contre leurs opposants et dissidents politiques, qui se trouvaient dans la Fédération Russe. De même, nous vous assurons que nous sommes en Russie légalement et nous n’avons commis aucune infraction envers la loi Russe. Nous nous sommes seulement engagés dans la défense de nos concitoyens, leurs droits étant violés par les autorités dans notre pays. Nous vous demandons de l’aide, et l’organisation d’une campagne de défense en cas d’arrestation illégale ou d’enlèvement par les services secrets kazakhs, sur le territoire de la Fédération Russe.
Sincèrement vôtres,
Esenbek Uktesbhaev, président du syndicat Kazakh “Zhanartu” , et le vice président de Zhanartu , Aimur Kurmanov.
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Kazakhstan : La dictature continue ses persécutions contre l’opposition.
Depuis son indépendance il y a 20 ans, le Kazakhstan est dirigé par un dictateur, Nourzoultan Nazerbaiev (qui par ailleurs était déjà au pouvoir dans la région avant la chute du stalinisme). Les conditions de vie de la majorité de la population sont exécrables, alors que l’entourage du régime et la bureaucratie vivent dans l’opulence la plus folle. Dans un contexte de crise économique mondiale et de révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, l’opposition bénéficie d’un soutien grandissant parmi les masses.
Il y a maintenant 8 mois, les travailleurs du pétrole et du gaz dans l’ouest du pays se sont mis en grève après la non-reconnaissance du résultat de leurs élections syndicales. Cette lutte des travailleurs a pu compter sur beaucoup de soutien de la part des habitants de la région. Malgré son contrôle total des médias et ses impressionnantes forces de répression, le régime a pris peur. Le 16 décembre, à Zanahozen, les policiers reçurent l’ordre de tirer à bout portant sur les travailleurs qui manifestaient.
Le 30 janvier, dans la ville de Taraz, à la frontière commune avec le Kirghizistan, un juge d’un tribunal local a refusé de mettre fin à l’arrestation de Vadim Kuramshin. Celui-ci est accusé de faits d’extorsions d’argent. Vadim restera en prison jusqu’à la fin de l’enquête, ce qui va prendre quelques mois.
Vadim a été arrêté dans la ville où se trouvent les bureaux des procureurs régionaux. Il est accusé d’avoir extorqué une somme considérable d’argent à l’un des procureurs, accusation absurde déposée malgré des accusations similaires à l’encontre du procureur lui-même. Celui-ci avait été filmé alors qu’il réclamait de gros pots-de-vin à des commerçants en échange de la récupération de leurs biens illégalement saisis.
Vadim est connu dans son pays comme un ardent défenseur des droits des prisonniers et des droits de l’homme. Un groupe de commerçants lui avait demandé de les aider à démontrer la corruption de la bureaucratie régionale et de la police. En tant que représentant du groupe, Vadim a rencontré le procureur, il lui a signalé que si les pots-de-vin n’étaient pas remboursés aux commerçants, ils porteraient alors officiellement plainte contre lui. Cette histoire a été utilisée par la police pour arrêter l’activiste, à la grande joie des autorités qui cherchaient depuis longtemps déjà une occasion de le faire taire.
L’appel suivant à la solidarité s’adresse à tous les groupes de défense des droits de l’homme, aux syndicalistes et à tous les autres. Nous vous encourageons à protester dans les termes les plus durs possible contre l’emprisonnement de Vadim et pour l’abandon immédiat des charges retenues contre lui.
Ce n’est en aucun cas une coïncidence si l’arrestation de Vadim survient dans le contexte actuel, celui d’une gigantesque campagne de terreur du régime afin d’emprisonner les figures de proue de l’opposition du pays. Ce type d’arrestation fait suite au massacre des travailleurs du pétrole à Zanahozen, dans l’est du pays, où on déplore au moins 70 morts et 500 blessés.
S’il vous plait, veuillez envoyer rapidement des mails de protestations à l’ambassade du Kazakhstan en Belgique à : bolat.temirbayev@gmail.com ainsi qu’au ministère des affaires étrangères kazakhes via l’adresse : mid@mid.kz
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En bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, de petites vidéos,… Aujourd’hui, notamment, quelques critiques d’économistes de haut niveau contre les mesures d’austérité et quelques données sur le chômage en Europe et particulièrement en Grande Bretagne.
Près d’un quart des jeunes au chômage en Europe
En ce moment, 22,7% des jeunes européens (sous les 25 ans) sont sans emploi. Il s’agit du double du taux de chômage total de l’Union Européenne (qui est de 9,8%). Une fondation européenne a examiné le coût de cet énorme gaspillage de jeunes travailleurs. La conclusion du rapport suggère que le chômage des jeunes dans les 21 pays de l’UE coûte jusqu’à 2 milliards d’euros par semaine, soit plus de 100 milliards d’euros par an. Les jeunes chômeurs de notre pays coûtent 4,1 milliards d’euros à la société.
C’est pas la crise pour tout le monde…
Sur le site Express.be, on a pu lire ce jeudi: ‘‘Varsano, courtier en jets privés, explique que depuis la crise financière, il y a bien eu un ralentissement de l’activité, notamment pour les avions les moins chers, ceux d’un million de dollars, mais rien de comparable avec ce qui se passe ailleurs. En particulier, les candidats à l’achat des avions les plus chers – 30 millions de dollars – ne sont pas plus rares. « Il y a toujours quelqu’un qui fait de l’argent », explique-t-il. « je ne fais que suivre l’argent ».’’
L’austérité conduit l’Europe au désastre
‘‘Les responsables européens doivent en finir avec leur obsession d’éliminer les déficits’’ a écrit Jeff Madrick dans un article du New York Review of Books intitulé « How Austerity is Killing Europe ». Ce journaliste et consultant économique américain déclare que la situation européenne rappelle celle qui a précédé la crise de 1929 et les coupes budgétaires ne feraient que ‘‘creuser et non pas régler la crise financière et des millions de personnes vont souffrir inutilement.’’ Il poursuit en expliquant que l’austérité qui frappe l’Europe n’est pas sans rappeler les politiques d’ajustement structurel qu’imposaient le FMI et la Banque mondiale en Afrique et en Amérique latine durant les années ‘80 et ‘90. Avec les résultats que l’on connait….
Zone euro: Joseph Stiglitz, austérité et médecine médiévale
Le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz dénonce les mesures d’austérité présentées comme des solutions pour la crise des dettes souveraines de la zone euro. A ses dires, les remèdes vont tuer le patient, un peu comme les saignées de la médecine du Moyen Age. C’est ce qu’illustrent des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, où l’austérité n’a fait qu’augmenter le poids des dettes publiques, en détruisant les conditions de vie de la population.
L’eau, bientôt un produit de luxe ?
Le prix de l’eau augmentera cette année, et tant en Wallonie qu’à Bruxelles. En Wallonie, les ménages qui sont raccordés au réseau de la SWDE (65% du territoire) paieront 413 euros (TVA comprise) pour avoir consommé 100 m3 en 2012, contre 399 euros l’an dernier (+ 3%). A Bruxelles, la hausse des tarifs s’affichera à 2%. Quant à la hausse de la taxe wallonne sur les captages d’eau, les distributeurs affirment qu’ils n’ont ‘‘pas encore pu la répercuter dans leurs nouveaux prix.’’ L’augmentation devrait donc se poursuivre… Les prix du gaz et de l’électricité sont par contre gelés, avec la très forte probabilité d’une augmentation drastique en 2015. Charmante perspective.
Grande Bretagne : record de chômage depuis 17 ans
Il n’y a jamais eu autant de personnes à la recherche d’un emploi depuis 17 ans en Grande Bretagne, selon les données officielles publiés cette semaine, soit 2,68 millions de personnes, un niveau inconnu depuis 1994. Le chômage touche plus particulièrement les jeunes de 16 à 24 ans, qui sont plus d’un million à rechercher un emploi.
Le Kazakhstan accepte des observateurs électoraux internationaux, mais seulement s’ils se taisent…
Le président-dictateur du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev, a déclaré ce mercredi que les observateurs électoraux critiquant les élections ne seront plus invités au Kazakhstan, en réponse aux observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui avaient estimé que les élections de dimanche dernier n’avaient ‘‘pas respecté les principes fondamentaux d’une élection démocratique.’’ Nazarbayev n’a par contre pas de soucis à se faire, ses très bonnes relations avec les Etats-Unis, la Chine et l’Union Européenne, sur fonds de vente des ressources naturelles du pays, le protègent de lourdes condamnations internationales. Mais la population gronde.
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Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime
Aujourd’hui, la presse belge reste silencieuse face au massacre perpétré au Kazakhstan par le régime dictatorial de Noursoultan Nazarbaïev. L’agence de presse Belga a toutefois envoyé une dépêche, relayée par Le Vif, qui parle de ‘‘deux policiers blessés’’ et de troubles causés par des… vandales !
Dans cette dépêche – outre les précisions cruciales concernant l’arc de triomphe inauguré par le président-dictateur dans la capitale – il n’est nulle part fait mention des morts causés par la répression, et les seuls blessés dont il est question sont deux policiers. ‘‘ A Janaozen (ouest), les célébrations ont été perturbées par un groupe de vandales qui ont détruit les yourtes et le podium qui avaient été installées sur la place centrale de la ville pour la fête de l’indépendance, a indiqué le parquet général dans un communiqué. Deux policiers intervenus pour mettre fin à ces violences ont été blessés et toutes les mesures ont été prises pour éviter une répétition de tels événements, selon le communiqué.’’
En guise de mesures prises pour éviter la ‘‘répétition de tels évènements’’, l’armée a été envoyée dans la ville, et on fait état d’au moins 70 morts et plus de 500 blessés ! Et les ‘‘vandales’’ dont parle le communiqué du régime sont en fait des grévistes et leurs familles, en lutte depuis le mois de mai !
Belga et Le Vif considèrent visiblement que le journalisme se réduit à reprendre tel quel le communiqué d’un régime autoritaire, sans faire le moindre effort pour vérifier l’information. Pourtant, Belga et Le Vif ont reçu notre communiqué de presse. Un coup d’œil à la dépêche de l’agence de presse française AFP aurait aussi pu les éclairer, puisqu’il y est très clairement question de la répression contre les grévistes et du contexte dans lequel ces évènements ont pris place. Il est vrai que cette dépêche a très peu été reprise sur les différents sites d’information…
Cet exemple illustre une fois de plus le degré ‘‘d’impartialité’’ des médias traditionnels. Nous aussi, nous avons très clairement choisi notre camp, mais c’est celui des travailleurs et de la solidarité internationale.