Tag: Kazakhstan

  • [Interview] De réelles possibilités d’insurrection au Kazakhstan

    Depuis le mois de mai, des travailleurs du secteur pétrolier sont en grève au Kazakhstan. Ils réclament de meilleurs salaires et conditions de vie et luttent contre le régime dictatorial de Nazarbayev. Au pouvoir depuis 22 ans, le président-dictateur et sa clique appliquent une politique néolibérale très dure accompagnée d’une politique brutale sur le plan des droits sociaux et humains. Ce cocktail a conduit les travailleurs kazakhs ainsi que leur entourage à exprimer leur colère à plusieurs reprises contre le régime. Mais le mouvement actuel, qui pose également la question du pouvoir et du contrôle des richesses, fait face à la répression extrêmement brutale de Nazarbayev, le ‘meilleur élève’ de Thatcher, selon les termes de la Dame de fer elle-même.

    Nous avons rencontré Ainur Kurmanov, militant du parti-frère du PSL au Kazakhstan, ‘‘Socialist Resistance’’, qui fait partie d’une organisation large, le ‘‘Socialist Movement Kazakhstan’’.

    Par Stéphane Delcros

    Les dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu, Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov (dont vous pouvez lire l’interview ci-dessous) ont de bonnes raisons de craindre une arrestation ou un enlèvement dans les jours à venir. Nous devons faire le maximum pour l’éviter. Nous prenons déjà des mesures concrètes en Russie, mais une campagne internationale de soutien aux travailleurs en lutte doit s’organiser. Soutenez la lutte contre la dictature kazakhe !

    Ainur Kurmanov : ‘‘Je voudrais d’abord remercier tous les camarades du Comité pour une Internationale Ouvrière pour les campagnes de solidarité avec les grévistes du pétrole au Kazakhstan qu’ils ont menées partout dans le monde.’’

    Socialisme.be: D’où provient le mouvement de grève débuté en mai 2011 ?

    AK : ‘‘Ce mouvement a ses origines en 2008. Quatre grèves assez grandes avaient eu lieu à cette époque et les travailleurs du secteur pétrolier ont commencé à construire leur propre syndicat indépendant. Une nouvelle couche de travailleurs activistes avait donc gagné en expérience au cours de ces grèves.

    ‘‘La grève a commencé à Aktaou, la capitale régionale, à l’Ouest du Kazakhstan, au bord de la Mer Caspienne. Le conflit opposait le syndicat indépendant et les patrons. Les travailleurs voulaient que la firme se plie à une règle pourtant précédemment instaurée qui dit : ‘‘vous travaillez dans des conditions plus dures, donc vous devez être payés plus.’’ Ces conditions étaient d’ailleurs inscrites dans un accord national.

    ‘‘Cette firme appartient à hauteur de 50% à une multinationale chinoise, et les propriétaires chinois ne voulaient pas signer ces accords. Ils ont donc rompu l’accord national. Un bureau d’arbitrage a été installé pour forcer les 2 parties à s’entendre mais, subitement, un des leaders syndicaux présent à ce bureau a complètement rompu avec les revendications des travailleurs. Il était très clair que le patron l’avait soudoyé. Un autre représentant syndical a donc été élu, ce que le patron a refusé de reconnaître. Il a refusé aux travailleurs le droit de réélire leur représentant syndical et a carrément retiré au comité syndical l’ensemble de ses droits. Les dirigeants syndicaux régionaux ont ensuite décidé de ne pas poursuivre le patron et ont dans les faits choisi le camp patronal.

    ‘‘A ce moment-là, les syndicats ont commencé à organiser des actions de protestation, des manifestations et des meetings. Les travailleurs ont même entamé une grève de la faim afin de pouvoir recevoir leur paie. Le patron a finalement promis de reconnaître le syndicat indépendant, mais a refusé de livré les documents nécessaires à cette reconnaissance. Une véritable grève a donc été déclenchée. Fin mai, celle-ci a commencé à se répandre à d’autres entreprises de la région. A un certain moment, 18.000 travailleurs étaient en grève. Le mouvement a été fortement soutenu par la population locale. Sans cela, il aurait été impossible de tenir autant de mois depuis mai dernier.

    ‘‘De nombreuses arrestations ont eu lieu, dont celle de Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes. Elle a été accusée d’avoir incité au conflit social et d’avoir organisé un meeting syndical illégal. En fait, c’est le patron chinois qui a directement demandé son arrestation. Elle a été condamnée à 6 ans de prison.’’

    Socialisme.be: Et la répression s’est intensifiée, surtout à la mi-décembre.

    AK : ‘‘Oui. Il est devenu très vite clair que les autorités étaient décidées à mener le combat jusqu’au bout. Des dirigeants des grévistes ont été arrêtés, des maisons ont été incendiées, des grévistes ou des proches ont été abattus, etc.

    ‘‘Ce qu’on a vu à Zhanaozen en décembre comportait des éléments d’une situation révolutionnaire. La répression brutale qu’on a vécu à ce moment là à l’ouest du pays a, selon nos informations, engendré la mort de pas moins de 150 personnes (17 aux dires du gouvernement). Ce jour-là, le 16 décembre, des centaines de grévistes et de citoyens pacifiques ont été victimes des tirs d’armes automatiques des soldats et des policiers suite à une provocation policière.

    ‘‘On peut comparer cet événement au dimanche noir de 1905 en Russie, un massacre qui avait représenté une nouvelle phase dans la lutte plutôt qu’un échec.’’

    Socialisme.be : Peux-tu expliquer comment le mouvement s’est développé pour que le gouvernement en arrive à ce niveau de répression ?’’

    AK : ‘‘Le conflit qui opposait, au départ, les travailleurs du pétrole et le groupe pétrolier s’est ensuite étendu pour devenir un conflit général portant sur le contrôle des richesses du pays.

    ‘‘Depuis longtemps, les travailleurs du pétrole veulent renationaliser l’ensemble du secteur. Nationaliser toute l’industrie pétrolière est devenu une revendication idéologique répétée depuis 2008, et pas seulement dans l’Ouest du Kazakhstan.

    ‘‘C’est difficile à expliquer, mais beaucoup de travailleurs se souviennent de la situation qui existait avant la privatisation. L’idée de la nationalisation est quelque chose de populaire et même l’opposition bourgeoise soutient de nationaliser les matières premières. Ceux qui sont précisément responsables de ces privatisations réclament aujourd’hui de nationaliser…

    ‘‘Certaines personnalités bourgeoises ont essayé de récupérer le mouvement et se sont opposées à nos efforts. Nous sommes intervenus dans le sens de l’unification de l’opposition au régime. Un comité de lutte nationalement unifié a vu le jour et, en novembre et décembre, les travailleurs qui y étaient investis ont toujours appuyé nos revendications. Parmi elles, trois étaient particulièrement importantes : 1) le boycott des élections présidentielles, 2) la nécessité d’un syndicat indépendant unifié, 3) la nécessité de créer un parti des travailleurs afin de représenter leurs intérêts.

    ‘‘Décision a ensuite été prise de construire une grève générale nationale, pour tout le pays. Lors de la journée de protestations du 16 décembre, à l’occasion du 20e anniversaire de l’indépendance du pays, les travailleurs du pétrole ont mis en avant la nécessité d’étendre la grève à tout le pays et de faire dégager le gouvernement. Des éléments d’insurrection étaient présents. Pour le régime, la répression devait nécessairement devenir encore plus brutale.

    ‘‘De fait, elle fut extrêmement forte. Mais les travailleurs, faisant preuve d’un grand héroïsme, sont ressortis dans les rues le lendemain. De nombreuses exploitations pétrolières ont été mises à l’arrêt afin de protester contre la répression du régime.

    ‘‘L’ensemble de l’appareil bureaucratique du régime était désorienté. Les autorités ne savaient pas comment stopper le processus. La répression était à leurs yeux nécessaire pour tenter d’empêcher d’autres travailleurs de rejoindre les grévistes.

    ‘‘Ces meurtres n’ont toutefois pas empêché la poursuite de la grève. Des éléments de guérillas ont également suivi dans cette ville. Tous ces évènements ont été très marquants, pour toute la région.’’

    Socialisme.be : Certaines forces de gauche ont adopté une attitude de soutien au régime

    AK : ‘‘Les diverses organisations de gauche ont nécessairement dû se positionner face à ces évènements. Le Parti Communiste ukrainien, par exemple, a non seulement condamné la grève des travailleurs du secteur pétrolier, mais aussi publiquement appuyé la répression du régime.

    ‘‘Certaines directions syndicales nationales ont-elles aussi publiquement condamné la grève. A Genève, les dirigeants syndicaux de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation ont boycotté la grève, en affirmant que les travailleurs avaient commis une erreur en sortant du pur cadre de la lutte syndicale au cours du conflit.’’

    Socialisme.be : Nazarbayev bénéficie de nombreux soutiens sur la scène internationale

    AK : ‘‘Le régime chinois a rapidement offert ses services pour mater la révolte et le président biélorusse a été approché pour collaborer avec les autorités kazakhes. Au delà des accords économiques renforcés signés entre la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan, il y a aussi des accords sécuritaires entre ces États, avec notamment la création d’une troupe de gendarmes internationaux.

    ‘‘Nazarbayev est ouvertement soutenu par la plupart des chefs d’Etats du monde. Ainsi, après les élections présidentielles d’avril dernier, la première personne à l’avoir félicité a été Hillary Clinton.’’

    Socialisme.be : Comment le régime a-t-il préparé les élections du 15 janvier dernier ?

    AK : ‘‘En réaction à ces mouvements, le régime a essayé de renforcer son image de libéral-démocrate. Il a notamment mis fin au régime de parti unique. Mais, en même temps, le Parti Communiste a par exemple été interdit d’activités. Un seul parti d’opposition a été autorisé, et sa liste a été purgée afin d’y retirer les candidats qui ne convenaient pas au régime. Trois partis sont donc maintenant présents au parlement : le parti présidentiel, un parti de droite représentant les industries, et le Parti communiste du Peuple, un parti qui, même s’il se qualifie de "communiste" est complètement à la botte du régime.

    ‘‘Ces élections ont été marquées par une abstention gigantesque, confirmée par les statistiques officielles du régime lui-même.’’

    Socialisme.be : Quelles sont les perspectives pour la lutte et quelles sont les tâches des militants socialistes authentiques dans cette situation ?

    AK : ‘‘Il y a une réelle possibilité que nous allions droit vers une insurrection. Des actions de grève sont encore menées par les mineurs et des travailleurs d’autres secteurs.

    ‘‘Les travailleurs essaient d’aller à l’encontre de la propagande du régime. A Aktaou, par exemple, ils sortent tous les jours dans la rue pour protester. Ils avaient même publié un communiqué affirmant : "nous ne sommes pas des émeutiers ou des vandales, nous sommes dans un conflit de classe ouvert et Lénine serait fier de nous !"

    ‘‘Pour le ‘Socialist Movement Kazakhstan’, la tâche principale est de poursuivre la mise sur pied d’un parti ouvrier de masse. J’ai notamment eu une discussion avec les dirigeants syndicaux d’une des villes où la grève des travailleurs du pétrole fait rage. Ils voulaient discuter de quelles initiatives communes nous pouvions prendre pour mettre sur pied un tel parti large des travailleurs. Tous ces événements ont clairement aiguisé la conscience politique de nombreux travailleurs.

    Dans une situation révolutionnaire comme celle-ci, nous devons absolument renforcer notre parti révolutionnaire, et contribuer du mieux que nous pouvons au développement de la lutte au Kazakhstan.

  • Condamnations de la menace contre les dirigeants du syndicat Zhanartu.

    Un soutien immédiat a été donné par Bob Crow, le dirigeant du syndicat de travailleurs de chemin de fer en Grande-Bretagne, par Paul Murphy, député européen irlandais (Socialist Party), par le syndicat des journalistes suédois et par le conseiller communal australien Steve Jolly.

    Un jour après la déclaration faite par les dirigeants du syndicat indépendant Zhanartu, Esenbek Ukteshbaev et Ainur Kurmanov, près de 100 messages de condamnation et de soutien avaient été envoyés aux autorités kazakhes et russes.

    Ces messages comprennent notamment un avertissement très ferme de la part de Bob Crow (du syndicat RMT) et un message détaillé de Paul Murphy, qui a personnellement visité la ville de Zhanaozen et a pu voir de ses yeux les dures conditions de travail et de vie des travailleurs sous la dictature de Nazarbayev.

    La campagne en faveur des travailleurs du Kazakhstan en Suède a reçu le soutien d’un journaliste du quotidien Dagens Arbete (le journal syndical d’IF Metall, Syndicat des travailleurs de l’industrie graphique, du papier et de l’industrie alimentaire. Cet article dénonce les dangers auxquels s’exposent les leaders de l’opposition kazakhe.

    Steve Jolly, conseiller au Socialist Party Australien dans la ville de Yarra a également envoyé un message de protestation.

  • APPEL URGENT. Nos camarades Kazakhs Esenbek Uktesbhaev et Aimur Kurmanov sont en danger

    Ci-dessous, une lettre de nos camarades, qui ont de bonnes raisons de craindre une arrestation ou un enlèvement dans les jours qui viennent. Nous devons faire le maximum pour l’éviter. Nous prenons des mesures concrètes en Russie, mais une campagne internationale de soutien aux travailleurs en lutte doit s’organiser.

    Veuillez envoyer rapidement des mails de protestations à l’ambassade du Kazakhstan en Belgique à : bolat.temirbayev@gmail.com ainsi qu’au ministère des affaires étrangères kazakhes via l’adresse : mid@mid.kz (mail-type en anglais)

    Communiqué de presse:

    Au directeur exécutif de tous les mouvements des droits de l’homme en Russie, Lev Aleksandrovitch Ponomarev.

    Au directeur de l’institut pour les droits humain, Valentin Michaelovitch Gefter.

    De la part de Esenbek Uktesbhaev, president du syndicat Kazakh “Zhanartu” (rennaissance), et le vice président de Zhanartu , Aimur Kurmanov.

    Nous, les leaders du syndicat indépendant des travailleurs, Zhanartu – Esenbek Uktesbaev, président, et le vice président, Aimur Kurmanov- tenons à vous alerter sur le fait que nous pourrions bientôt être soumis à une arrestation ou à un l’enlèvement, résultant de notre éloignement de force du territoire de la République du Kazakhstan, où l’arrestation et l’emprisonnement nous attendent inévitablement.

    Le fondement de ces affirmations est dû à la venue à Moscou du chef du Département des affaires internes de la région de Mangistau, le colonel Amanzhol Kabylov, avec un groupe d’officiers des renseignements, pour mener des négociations avec les policiers de la Fédération de Russie. Nous l’avons appris par le biais de journalistes russes et aussi par nos sources au Kazakhstan. Le sujet de ces négociations est évident – planifier la réalisation de notre arrestation en collaboration avec les forces russes, car nous sommes actuellement sur le sol de Russie.

    Le dit Colonel de haut rang du Ministère des affaires intérieures Kazakhes, est actuellement chargé de "l’enquête" sur le cas des événements sanglants du 16 Décembre dans la ville de Zhanaozen et à la station Shetpe dans la région Mangistau, qui, selon nos informations, ont abouti à la mort d’un grand nombre de travailleurs en grève et leurs proches qui avaient été impliqués dans une manifestation pacifique.

    En tant que résultat de la collaboration du ministère de l’Intérieur et le Service de sécurité du Kazakhstan, de nombreuses affaires criminelles ont été déposées et des dizaines de personnes ont déjà été arrêtées. Tels que les travailleurs prenant part à la grève massive du pétrole, une grève qui dure depuis le 17 mai, ainsi que les dirigeants du parti d’opposition «Alga» («En avant») – Vladimir Kozlov, Ayzhangul Amirov, Ruslan Simbinov, Serik Sapargali, ainsi que le rédacteur en chef du journal indépendant, «Vzglyad» («Point de vue») , Igor Vinyavski.

    Tous ceux-ci, ainsi que des dizaines de personnes qui sont interdites de voyager, sont accusés en vertu de plusieurs articles du Code criminel: 164 ‘d’incitation à la discorde sociale ", 241’ d’avoir organisé des émeutes" et 170 "d’appeler au renversement du système constitutionnel actuel». Nous sommes, depuis le 7 Octobre, dans une visite prolongée en Russie, où nous avons échangé des expériences avec les organisations des travailleurs et les médias qui appuient les travailleurs du secteur pétrolier en grève dans Mangistau et les membres de notre syndicat au Kazakhstan. Chez nous, dans notre pays, en été, il y avait aussi une affaire portée au pénal contre nous à l’initiative de l’arbitraire autorité locale – en vertu de l’article 327 du Code pénal. Mais en ce moment, il est suspendu et il est censé être totalement arrêté en raison d’une amnistie qui a été annoncée.

    Mais comme nous l’avons appris par nos sources au sein des organes de répression, une nouvelle affaire pénale est déjà en cours de fabrication relevant de l’article 164 du Code pénal pour «incitation à la discorde sociale". En fait, il s’agit d’une tentative de nous rendre responsable, ainsi que l’opposition, pour les événements tragiques du 16 décembre à Mangistau. C’est la raison pour laquelle le premier commandant de Zhanaozen est à Moscou, afin d’organiser notre arrestation et notre remise ultérieure à Aktau. Nous craignons que notre arrestation puisse être faite dans le secret et réalisée sous la forme d’un enlèvement, sans aucune annonce au niveau international, ni aucun respect des conditions pour l’extradition. Cela a déjà été fait par les services spéciaux ouzbeks et tadjiks contre leurs opposants et dissidents politiques, qui se trouvaient dans la Fédération Russe. De même, nous vous assurons que nous sommes en Russie légalement et nous n’avons commis aucune infraction envers la loi Russe. Nous nous sommes seulement engagés dans la défense de nos concitoyens, leurs droits étant violés par les autorités dans notre pays. Nous vous demandons de l’aide, et l’organisation d’une campagne de défense en cas d’arrestation illégale ou d’enlèvement par les services secrets kazakhs, sur le territoire de la Fédération Russe.

    Sincèrement vôtres,

    Esenbek Uktesbhaev, président du syndicat Kazakh “Zhanartu” , et le vice président de Zhanartu , Aimur Kurmanov.

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A noter dans votre agenda

    • Lun. 13 fév. Liège. Meeting avec Eric Byl : Comment poursuivre la lutte contre l’austérité ? 19H30, salle Wittert à l’ULG, place du XX août.
    • Je. 23 fév. Gand. Soirée de soutien pour la manifestation anti-NSV
    • Mer. 7 mars. Anvers. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) : D’un ”conflit des générations” à une lutte commune des jeunes et des aînés contre l’austérité.
    • Jeu. 8 mars. Liège. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs : Défendons le droit à l’avortement ! 19H30, salle Wittert, ULG place du XX août.
    • 8 mars. Louvain. Meeting des Etudiants de Gauche Actifs dans le cadre de la mobilisation pour la manifestation anti-NSV
    • Sa. 10 mars. Anvers. Le PSL et la campagne Tamil Solidarity présentent : la Journée Tamoule du Socialisme.
    • Di. 11 mars. Bruxelles. 14h30 Gare de Bruxelles Nord : Manifestation nationale : "Plus jamais Fukushima"
    • Jeu. 15 mars. Louvain. Manifestation antifasciste anti-NSV. 20h Martelarenplein
    • Sa. 24 mars. Protestations contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles. 14h place Poelaert (devant le Palais de Justice)
    • Sa-Di 28 et 29 avril : ”Socialisme 2012”
    • 7-9 décembre: Congrès National du PSL

    [/box]

    Comité National du PSL

    Le week-end dernier s’est déroulé le Comité National du PSL, avec des discussions politiques consacrées aux perspectives internationales et belges, ainsi qu’aux structures de notre parti et à ,leur construction. Ce fut l’occasion de débats très riches, qui ont notamment abordé l’étape actuelle du processus révolutionnaire en Afrique du Nord et au Moyen Orient, la crise continuelle du capitalisme (avec une attention plus particulièrement portée sur l’Europe et la Grèce) et les défis auxquels font face les travailleurs et les jeunes en lutte contre ce système en faillite. Dans la discussion sur la Belgique, il a beaucoup été question de la grève générale du 30 janvier et de la manière de poursuivre la lutte. Un tract à ce sujet vient d’être publié sur ce site aujourd’hui même. Nous avons aussi discuté des élections communales de 2012.

    La période qui arrive est traditionnellement bien remplie, avec bon nombre de manifestations pour lesquelles nous jouons un rôle crucial ou livrons un effort sérieux. Nous allons continuer à nous investir dans notre travail à destination de la jeunesse, mais nous avons posé des pas en avant dans le cadre de notre travail syndical, et nous allons continuer dans cette voie. C’est un terrain sur lequel nous commençons à gagner en autorité.

    Après ces manifestations fin février et en mars se déroulera un moment important de discussion et de formation : le week-end ”Socialisme 2012”, les 28 et 29 avril. C’est un rendez-vous très important pour tous les militants.


    Appel financier pour le Kazakhstan

    Ces prochains jours et semaines, nous allons mener une campagne en solidarité avec nos camarades au Kazakhstan. Après le massacre qui a été perpétré contre les grévistes du pétrole à Zhanaozen en décembre 2011, où l’intervention des ”forces de l’ordre” a causé au moins 70 victimes et plus de 500 blessés, la répression se poursuit. Certains responsables de notre section au Kazakhstan du mouvement plus large ‘Mouvement Socialiste du Kazakhstan’ sont actuellement en exil en Russie. Pour aider le travail des socialistes authentiques au Kazakhstan, la solidarité internationale est de la plus haute importance. Plus d’informations suivront bientôt.


    MEETING: Comment poursuivre la lutte contre l’austérité ?

    Ce lundi 13 décembre, 19h30, à l’Université de Liège (ULG), place du XX Août, Salle Wittert

    Avec Eric Byl, responsable du travail syndical du PSL

    La grève générale du 30 janvier dernier a frappé les secteurs privé et publics et a massivement été suivie. Mais le gouvernement persiste dans sa logique d’austérité et d’attaques contre nos services publics, allocations, pensions, conditions de travail,… L’austérité est-elle inévitable ? Comment poursuivre la lutte ? Pourquoi faire grève est-il indispensable ? Comment organiser la lutte à l’échelle européenne ? Comment renverser cette société et construire une société basée sur la satisfaction des besoins de tous ?

  • Kazakhstan : La dictature continue ses persécutions contre l’opposition.

    Depuis son indépendance il y a 20 ans, le Kazakhstan est dirigé par un dictateur, Nourzoultan Nazerbaiev (qui par ailleurs était déjà au pouvoir dans la région avant la chute du stalinisme). Les conditions de vie de la majorité de la population sont exécrables, alors que l’entourage du régime et la bureaucratie vivent dans l’opulence la plus folle. Dans un contexte de crise économique mondiale et de révolutions en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, l’opposition bénéficie d’un soutien grandissant parmi les masses.

    Il y a maintenant 8 mois, les travailleurs du pétrole et du gaz dans l’ouest du pays se sont mis en grève après la non-reconnaissance du résultat de leurs élections syndicales. Cette lutte des travailleurs a pu compter sur beaucoup de soutien de la part des habitants de la région. Malgré son contrôle total des médias et ses impressionnantes forces de répression, le régime a pris peur. Le 16 décembre, à Zanahozen, les policiers reçurent l’ordre de tirer à bout portant sur les travailleurs qui manifestaient.

    Le 30 janvier, dans la ville de Taraz, à la frontière commune avec le Kirghizistan, un juge d’un tribunal local a refusé de mettre fin à l’arrestation de Vadim Kuramshin. Celui-ci est accusé de faits d’extorsions d’argent. Vadim restera en prison jusqu’à la fin de l’enquête, ce qui va prendre quelques mois.

    Vadim a été arrêté dans la ville où se trouvent les bureaux des procureurs régionaux. Il est accusé d’avoir extorqué une somme considérable d’argent à l’un des procureurs, accusation absurde déposée malgré des accusations similaires à l’encontre du procureur lui-même. Celui-ci avait été filmé alors qu’il réclamait de gros pots-de-vin à des commerçants en échange de la récupération de leurs biens illégalement saisis.

    Vadim est connu dans son pays comme un ardent défenseur des droits des prisonniers et des droits de l’homme. Un groupe de commerçants lui avait demandé de les aider à démontrer la corruption de la bureaucratie régionale et de la police. En tant que représentant du groupe, Vadim a rencontré le procureur, il lui a signalé que si les pots-de-vin n’étaient pas remboursés aux commerçants, ils porteraient alors officiellement plainte contre lui. Cette histoire a été utilisée par la police pour arrêter l’activiste, à la grande joie des autorités qui cherchaient depuis longtemps déjà une occasion de le faire taire.

    L’appel suivant à la solidarité s’adresse à tous les groupes de défense des droits de l’homme, aux syndicalistes et à tous les autres. Nous vous encourageons à protester dans les termes les plus durs possible contre l’emprisonnement de Vadim et pour l’abandon immédiat des charges retenues contre lui.

    Ce n’est en aucun cas une coïncidence si l’arrestation de Vadim survient dans le contexte actuel, celui d’une gigantesque campagne de terreur du régime afin d’emprisonner les figures de proue de l’opposition du pays. Ce type d’arrestation fait suite au massacre des travailleurs du pétrole à Zanahozen, dans l’est du pays, où on déplore au moins 70 morts et 500 blessés.

    S’il vous plait, veuillez envoyer rapidement des mails de protestations à l’ambassade du Kazakhstan en Belgique à : bolat.temirbayev@gmail.com ainsi qu’au ministère des affaires étrangères kazakhes via l’adresse : mid@mid.kz

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprendra donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]

    A noter dans votre agenda

    • Lu. 30 jan. National. Grève générale contre la politique d’austérité
    • Lu. 6 fév. Louvain. Café syndical: évaluation de la grève générale : comment aller plus loin ? 20h, café Sport (à la gare de Louvain).
    • Me. 8 fév. Bruxelles. Rencontre avec des syndicalistes combatifs. Mercredi 8 février 19h – Café « Dillens » – Place Julien Dillens, 1060 Saint-Gilles (à 5 min. du parvis)
    • Sa. 10 mars. Anvers. Le PSL et la campagne ‘Tamil Solidarity’ présentent la Journée Tamouel du Socialisme
    • Di. 11 mars. Bruxelles. 14h30 Bruxelles-Nord. Manifestation nationale : "Plus jamais Fukushima"
    • Je. 15 mars. Manifestation antifasciste contre le NSV à Louvain
    • Di. 25 mars. Protestations contre le rassemblement anti-avortement à Bruxelles
    • Sa-Di 28 en 29 avril: ‘‘Socialisme 2012’’
    • 7-9 décembre: Congrès National du PSL

    [/box]

    Meeting sur la lutte contre l’austérité

    Ce mardi 24 janvier, les camarades du PSL de Mons ont organisé un meeting sur le thème de la lutte contre l’austérité. Une vingtaine de personnes étaient présentes. Avant la discussion, Aurore y a expliqué les différentes mesures d’austérité que le gouvernement Di Rupo inflige aux travailleurs. Ensuite, elle a très bien mis en avant la nécessité de se préparer non seulement à la grève du 30 et d’en faire un succès, mais également de se préparer aux luttes qui vont venir dans la prochaine période.


    Débat avec le Parti Communiste à Charleroi

    Ce jeudi 26 janvier, un meeting commun entre le Parti Communiste et la section du PSL de Charleroi a eu lieu sur le thème de l’austérité. François Dagostino, du Parti Communiste, y a présenté les mesures d’austérité du gouvernement Di Rupo, en soulignant la dimension européenne des attaques sur les travailleurs. Benjamin Dusaussois, pour le Parti Socialiste de Lutte, a souligné que l’on rentrait dans une nouvelle période de lutte au sein de laquelle la nécessité d’une alternative politique aux parti traditionnels se fera de plus en plus sentir. Les travailleurs et les jeunes n’auront en effet d’autre choix que la lutte car si rien n’est fait, les perspectives d’avenir seront celles que Merkel annonçait récemment: 10 ans d’austérité minimum en Europe. Dans la discussion, Gustave Dache a expliqué qu’un changement était en cours dans les syndicats, la base augmente la pression pour des actions et plus de combativité.


    Une nouvelle édition de ”Lutte Socialiste”

    Demain, nous commencerons la diffusion de notre nouvelle édition de notre mensuel Lutte Socialiste, le journal anti-austérité. Cette édition accorde une large place aux arguments contre la logique d’austérité du gouvernement Di Rupo 1er. Nous abordons le contexte politique de ces attaques antisociales, et avertissons des attaques qui ne manquerons pas de suivre. C’est une avalanche d’austérité qui se profile ! Sur cette base, nous présentons les principaux arguments de la lutte contre toutes ces tentatives de nous faire payer à nous – jeunes, chômeurs, travailleurs, pensionnés – le coût de cette crise du système capitaliste.

    Pas de prétendu ”conflit des générations” dans ce journal! Pour nous, les plus âgés n’ont pas vécu au-dessus de leur moyens. Pour nous, les jeunes ne doivent pas voir leur avenir sacrifié. C’est ensemble que nous devons lutter contre les véritables responsables : les rapaces capitalistes et leurs serviles laquais aux gouvernements. Différents articles développent ainsi le sens des attaques contre les jeunes et les pensions.

    Le dossier central se concentre sur les réponses à donner aux divers arguments anti-grève que l’on entend dans les médias.

    N’hésitez pas! Soutenez la presse alternative, la presse qui se place clairement du côté des travailleurs ! Prenez donc un abonnement, et recevez chez vous votre ration d’analyses socialistes, d’informations sur les luttes en Belgique et au niveau international, ou encore de propositions concrètes pour construire le meilleur rapport de forces contre les attaques antisociales et pour une autre société, une société socialiste démocratique. Effectuez un versement (informations pratiques) et envoyez un mail à redaction@socialisme.be avec vos coordonnées.

    Contenu de notre édition de février :

    • 1. Une austérité qui nous appauvrit tous? Il existe une alternative !
    • 2. Assainissements : le gouvernement veut toujours aller plus loin || ‘‘Il nous faut un nouveau mouvement pour donner une voix politique à la lutte’’ || Les salaires et pensions des politiciens
    • 3. Brisons tous les liens avec les partis de l’austérité ! || Qui voit encore une différence entre les différents partis établis ?
    • 4. Les Dolomies – Marche Les Dames Norme salariale de 0,3 % explosée ! || Le personnel de Petroplus : On veut de la clarté !
    • 5. Van Quickenborne à l’offensive contre les cheminots ! || Action des cheminots pour la sécurité des gares || La politique européenne de libéralisation menace 5.000 emplois à bpost
    • 6. Tensions à Matonge || STIB, TEC, De Lijn : Personnel et usagers, défendons nos transports en commun ! || Question du mois : Comment stopper la N-VA?
    • 7. Dossier: Devrons-nous bientôt travailler jusqu’au cercueil?
    • 8-9. Dossier: Pourquoi il faut lutter et faire grève
    • 10. Interview avec un des dirigeants de l’opposition au Kazakhstan, Ainur Kurmanov. “De réelles possibilités d’insurrection au Kazakhstan” || Irlande. Campagne massive pour le non-paiement d’une taxe immobilière
    • 11. Interview avec Segun Sango au sujet de la grève générale du Nigéria || Corée du Nord. Kim Jong-Il est mort, mais le cauchemar stalinien se poursuit || La Chine augmente la pression contre les opposants
    • 12. ”Trotski”, une (mauvaise) biographie de Robert Service
    • 13. Nouvelles du parti
    • 14. 15 mars: Manifestation antifasciste à Louvain : Rejoignez la résistance antifasciste ! || La fin du FN en Belgique ?
    • 15. Di Rupo contre les jeunes. Opération : ”Génération sans avenir”
    • 16. L’énergie aux mains du public! Fukushima: plus jamais !
  • En bref…

    Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, de petites vidéos,… Aujourd’hui, notamment, quelques critiques d’économistes de haut niveau contre les mesures d’austérité et quelques données sur le chômage en Europe et particulièrement en Grande Bretagne.


    Près d’un quart des jeunes au chômage en Europe

    En ce moment, 22,7% des jeunes européens (sous les 25 ans) sont sans emploi. Il s’agit du double du taux de chômage total de l’Union Européenne (qui est de 9,8%). Une fondation européenne a examiné le coût de cet énorme gaspillage de jeunes travailleurs. La conclusion du rapport suggère que le chômage des jeunes dans les 21 pays de l’UE coûte jusqu’à 2 milliards d’euros par semaine, soit plus de 100 milliards d’euros par an. Les jeunes chômeurs de notre pays coûtent 4,1 milliards d’euros à la société.


    C’est pas la crise pour tout le monde…

    Sur le site Express.be, on a pu lire ce jeudi: ‘‘Varsano, courtier en jets privés, explique que depuis la crise financière, il y a bien eu un ralentissement de l’activité, notamment pour les avions les moins chers, ceux d’un million de dollars, mais rien de comparable avec ce qui se passe ailleurs. En particulier, les candidats à l’achat des avions les plus chers – 30 millions de dollars – ne sont pas plus rares. « Il y a toujours quelqu’un qui fait de l’argent », explique-t-il. « je ne fais que suivre l’argent ».’’


    L’austérité conduit l’Europe au désastre

    ‘‘Les responsables européens doivent en finir avec leur obsession d’éliminer les déficits’’ a écrit Jeff Madrick dans un article du New York Review of Books intitulé « How Austerity is Killing Europe ». Ce journaliste et consultant économique américain déclare que la situation européenne rappelle celle qui a précédé la crise de 1929 et les coupes budgétaires ne feraient que ‘‘creuser et non pas régler la crise financière et des millions de personnes vont souffrir inutilement.’’ Il poursuit en expliquant que l’austérité qui frappe l’Europe n’est pas sans rappeler les politiques d’ajustement structurel qu’imposaient le FMI et la Banque mondiale en Afrique et en Amérique latine durant les années ‘80 et ‘90. Avec les résultats que l’on connait….


    Zone euro: Joseph Stiglitz, austérité et médecine médiévale

    Le prix Nobel d’économie américain Joseph Stiglitz dénonce les mesures d’austérité présentées comme des solutions pour la crise des dettes souveraines de la zone euro. A ses dires, les remèdes vont tuer le patient, un peu comme les saignées de la médecine du Moyen Age. C’est ce qu’illustrent des pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Irlande, où l’austérité n’a fait qu’augmenter le poids des dettes publiques, en détruisant les conditions de vie de la population.


    L’eau, bientôt un produit de luxe ?

    Le prix de l’eau augmentera cette année, et tant en Wallonie qu’à Bruxelles. En Wallonie, les ménages qui sont raccordés au réseau de la SWDE (65% du territoire) paieront 413 euros (TVA comprise) pour avoir consommé 100 m3 en 2012, contre 399 euros l’an dernier (+ 3%). A Bruxelles, la hausse des tarifs s’affichera à 2%. Quant à la hausse de la taxe wallonne sur les captages d’eau, les distributeurs affirment qu’ils n’ont ‘‘pas encore pu la répercuter dans leurs nouveaux prix.’’ L’augmentation devrait donc se poursuivre… Les prix du gaz et de l’électricité sont par contre gelés, avec la très forte probabilité d’une augmentation drastique en 2015. Charmante perspective.


    Grande Bretagne : record de chômage depuis 17 ans

    Il n’y a jamais eu autant de personnes à la recherche d’un emploi depuis 17 ans en Grande Bretagne, selon les données officielles publiés cette semaine, soit 2,68 millions de personnes, un niveau inconnu depuis 1994. Le chômage touche plus particulièrement les jeunes de 16 à 24 ans, qui sont plus d’un million à rechercher un emploi.


    Le Kazakhstan accepte des observateurs électoraux internationaux, mais seulement s’ils se taisent…

    Le président-dictateur du Kazakhstan, Noursoultan Nazarbayev, a déclaré ce mercredi que les observateurs électoraux critiquant les élections ne seront plus invités au Kazakhstan, en réponse aux observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui avaient estimé que les élections de dimanche dernier n’avaient ‘‘pas respecté les principes fondamentaux d’une élection démocratique.’’ Nazarbayev n’a par contre pas de soucis à se faire, ses très bonnes relations avec les Etats-Unis, la Chine et l’Union Européenne, sur fonds de vente des ressources naturelles du pays, le protègent de lourdes condamnations internationales. Mais la population gronde.

  • Kazakhstan : En défense des travailleurs du pétrole

    La bureaucratie syndicale et les groupes de ‘gauche’ attaquent la solidarité du CIO avec les grévistes

    Avec une brutalité incroyable, le régime de Nazarbayev, au Kazakhstan, a tenté de briser l’esprit de combativité des travailleurs du pétrole à Zhanaozen et Aktau, en utilisant la troupe, la police, des tirs à balles réelles, des arrestations de masse, l’imposition d’un couvre-feu et jusqu’à la torture. Le régime admet lui-même que 16 personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées en décembre. En réalité, des dizaines de personnes ont été tuées, des centaines d’autres blessées, et beaucoup sont encore ceux qui sont toujours en garde à vue ou qui sont forcés de se cacher pour éviter la persécution de l’État.

    Rob Jones, CIO-Moscou

    La manifestation des travailleurs du pétrole du 16 décembre dernier à Zhanaozen était une action tout à fait non-violente. Les diverses vidéos, y compris celles de la police, montre les travailleurs du pétrole et leurs partisans sur une place centrale, sans la moindre arme, sans même agiter de bâtons. Elles montrent d’ailleurs au contraire que lorsque l’atmosphère a commencé à s’échauffer et que des insultes ont été lancées en direction de la police, des travailleurs plus expérimentés sont directement intervenus pour calmer la situation.

    Au cours de leur longue grève de 7 mois, ces grévistes avaient déjà pu démontrer en de nombreuses reprises quels étaient leur sang-froid et leur retenue. Les représentants qu’ils avaient élus ont été arrêtés et confrontés à une violence des plus brutales. Leur avocate, Natalia Sokolova, a été condamnée à 6 ans de prison. Des travailleurs ont vu leurs logements brûlés tandis qu’un gréviste et la fille d’un autre gréviste ont été lâchement assassinés. Des milliers de travailleurs du pétrole ont été licenciés. Mais malgré toutes ces provocations, ces héroïques travailleurs ont fait tout leur possible pour maintenir les protestations disciplinées et pacifiques.

    Mais leur patron, avec le soutien plein et entier du régime, a toujours refusé de commencer de véritables négociations avec les grévistes. À plusieurs reprises, l’Etat s’est montré préparé à aller vers une confrontation violente, mais cette approche a été refreinée, par crainte de provoquer un conflit plus large encore à travers le pays. Il ne fait aucun doute que la solidarité croissante envers les grévistes, y compris au niveau international, a joué un rôle important.

    La violence et les révolutions de palais – deux faces d’une même médaille

    Mais à l’approche du 16 décembre, soldats et policiers avaient été déployés à l’avance dans la région, avec armes et balles réelles. Mis à part à Astana, la capitale, tout ce qui avait été prévu dans le pays pour célébré le 20e anniversaire de l’indépendance du pays (le 16 décembre) avait été annulé.

    Il semble que l’attaque armée contre la manifestation des travailleurs du pétrole à Zhanaozen faisait partie d’un plan plus vaste organisé par une partie de l’élite dirigeante. Les violences qui ont dégénéré hors de tout contrôle suite à la fusillade perpétrée par la police ont été utilisées comme prétexte pour démettre plusieurs personnalités clés au sein du régime et des structures du pouvoir. Un des beaux-fils de Nazarbayev, Timur Kulibayev, a été démis de sa fonction de président de ‘KazMunaiGaz’ et du fonds national ‘Samruk-Kazyn’. De plus, des rumeurs font état du possible remplacement du chef de la KNB (la police secrète) par des personnes plus fidèles au groupe Massimov-Musin. Tout indique qu’une révolution de palais s’est produite dans les sphères dirigeantes.

    Attaques contre les grévistes

    Pourtant, les travailleurs du pétrole et leurs partisans ne cessent d’être accusés d’être responsables des tragiques évènements du 16 décembre. Ces accusations des porte-paroles du régime, qui prennent différentes formes, sont reprises telles quelles par les médias, la bureaucratie syndicale et même par certains de groupes de ‘‘gauche’’, qui agissent ainsi en apologistes du régime dictatorial de Nazarbayev.

    Le régime prétend que la ‘‘raison majeure de ces troubles de masse réside dans les actions d’un groupe de hooligans qui a profité du conflit de longue date entre les salariés licenciés et la direction de la société ‘Ozenmunaigaz’.’’ (Déclaration émise par l’Ambassade de la République du Kazakhstan en Autriche, 23 décembre 2011)

    L’ambassadeur kazakh aux Etats-Unis, Erlan Idrissov, a affirmé le 21 décembre 2011, que ‘‘la police a essayé de se comporter aussi responsablement que possible afin de protéger la vie des civils (…) A l’origine, sur la place [de Zhanaozen], seul le chef de la police avait une arme (…) Ce n’est que lorsque le vandalisme a commencé et que des menaces ont commencé à peser sur des vies innocentes – après l’incendie de la Akimat [les locaux des autorités locales] – que la police a dû recourir aux moyens nécessaires pour rétablir l’ordre.’’

    Selon une déclaration faite par le Daulbayev Askhat, le Procureur Général de la République du Kazakhstan, le 16 décembre, les perturbations ont été causées quand ‘‘un groupe de hooligans [sur la place] ont commencé à tabasser les civils et à fracasser les voitures garées près de la place." La déclaration se poursuit comme suit : ‘‘En raison des perturbations, le bureau du bourgmestre, un hôtel et le bâtiment de la société Ozenmunaigaz ont été brûlés.’’

    Ces déclarations, en réaction aux protestations qui se sont déroulées dans le monde entier, sont très manifestement destinées à tromper l’opinion internationale sur les sanglants événements qui se sont produits à Zhanaozen. Dans les premières déclarations du Procureur Général, le 16 décembre, il est affirmé que les bâtiments ont été brûlés "en conséquence des troubles’’, mais cette version a été changée deux jours plus tard pour donner l’impression que ces destructions avaient pris place avant l’intervention meurtrière de la police.

    Mais les différentes déclarations officielles du régime suffisent déjà à poser des questions très sérieuses :

    • Si ce qui s’est passé à Zhanaozen n’était qu’une émeute causée par des hooligans, pourquoi les ‘‘moyens habituels’’ de la police (balles en caoutchouc, canons à eau) n’ont-ils pas été utilisés ? Pourquoi directement recourir aux tirs à balles réelles ?
    • Si la police protégeait la population de la place de ces hooligans, pourquoi ont-ils tirés à balles réelles au sein même de la foule qu’elle était censée protéger ?
    • Si l’action de la police n’a constitué qu’une réponse à des émeutes, pourquoi l’ambassadeur du Kazakhstan aux Etats-Unis juge-t-il nécessaire de consacrer une partie importante de sa déclaration à s’en prendre aux grévistes du pétrole ?
    • Si cela n’était tout simplement qu’une émeute, pourquoi le gouvernement a-t-il interdit toute manifestation, réunion publique et grève et a été jusqu’à interdire l’utilisation de photocopieuses, de TV, de radios, de vidéos et de haut-parleurs ? C’est bien étrange, que les hooligans ont d’habitude fort peu tendance à éditer des tracts et à organiser des conférences de presse.

    Les vidéos et les témoins dissent démontrent clairement que l’attaque policière n’avait aucun fondement

    La vérité, c’est que le massacre de Zhanaozen n’était pas une conséquence d’une riposte légitime de la police face à du hooliganisme ou à des émeutes, il s’agissait bel et bien d’une attaque prédéterminées contre les grévistes du pétrole. C’était une nouvelle tentative de briser leur grève. Plusieurs vidéos démontrent que la place, juste avant l’attaque de la police, n’était occupée que par des manifestants pacifiques, sans armes, et que la police ainsi que les soldats, en marche vers la place, tiraient sur la foule de loin. Dans une vidéo particulièrement pénible à regarder – certaines scènes rappelant celles des journées de juillet 1917 à Petrograd (quand l’armée a tiré sur les manifestants et en a tué des centaines sur la perspective Nevsky) – on eut voir les manifestants fuir à travers la place alors qu’on leur tire dans le dos et que les blessés à terre sont brutalement frappés par les voyous aux ordres du régime.

    Ces films sont tellement révélateurs que même le Procureur général du Kazakhstan a été forcé de réagir. Le 27 décembre, il a annoncé qu’une enquête criminelle était lancée au sujet des "décès causés par la police à la suite d’un ordre de tirer pour tuer.’’ Nous n’avons bien entendu aucune confiance envers les possibilités que cette enquête soit honnêtement et sérieusement menée jusqu’à son terme, mais il est plus que révélateur que la responsabilité des agents de police dans ces meurtres soit reconnue d’une certaine manière. Ceci dit, tandis que ces policiers sont menacés de 5 à 10 ans de prison, l’avocate des grévistes du pétrole, Natalia Sokolova, dont le seul tort est d’avoir honnêtement défendu la cause des grévistes, a déjà été condamné à 6 ans de prison.

    Une autre confirmation qu’un ordre de tirer pour tuer a été lancé provient du ministre de l’Intérieur du Kazakhstan, rien de moins, K. Kazymov. Dans une interview réalisée le 16 décembre, il a admis qu’il avait donné l’ordre d’ouvrir le feu sur la foule. Il a essayé de justifier cet ordre en prétendant que les manifestants "étaient armés d’armes automatiques, et nous aussi". Il a confirmé que la police continuerait de tirer des citoyens kazakhs si cela était ‘‘nécessaire’’. Son interview a été publiée sur internet, accompagnée de vidéos montrant la foule courir dans tous les sens face à la police qui tire très visiblement dans le dos de manifestants désarmés et paniqués.

    Nazarbayev dénonce les ‘influences étrangères’ et les ‘criminels’

    A la lumière de tout cela, les déclarations du dictateur Noursoultan Nazarbayev selon lesquelles les troubles auraient été causés par des ‘‘groupes organisés de criminels en liaison avec des forces étrangères’’ sont particulièrement cyniques.

    Pour une bonne partie de la population du Kazakhstan, le plus grand groupe criminel organisé du pays est celui du clan Nazarbayev lui-même, protégé par un bataillon de soldats formé et équipé par les Etats-Unis. Les diverses photos font toujours apparaître des voitures blindées de confection américaines aux postes de contrôle d’Aktau et de Zhanaozen.

    Mais les déclarations de M. Nazarbayev ne sont destinées qu’à détourner l’attention du rôle de la police, du ministre de l’Intérieur, des troupes spéciales et de ceux qui, au sein du cercle présidentiel, ont planifié ce massacre. C’est pour cela qu’il blâme des personnages du régime tels que Mukhtar Ablazov, Rakhat Aliyev et Bulat Abilov.

    Ces oligarques, tous d’anciens membres de la clique dirigeante, vont sans aucun doute tenter d’exploiter l’opposition qui se développe face au régime actuel pour se construire un certain soutien public afin de défendre leurs propres politiques pro-capitalistes. Mais les divers clans sont tous résolument opposés à l’idée que les travailleurs du pétrole puissent avoir leurs propres syndicats indépendants et leur propre parti politique, pour les travailleurs et sous leur contrôle exclusif.

    Les grévistes du pétrole étaient pacifiques et disciplinés

    L’idée selon laquelle les grévistes du pétrole auraient pu être dirigés, contrôlés et manipulés par une quelconque force secrète de l’extérieur est une véritable insulte à leur détermination ainsi qu’à leur discipline. La décision d’organiser la manifestation pacifique du 16 décembre a été prise ouvertement et collectivement, lors d’un meeting de masse sur cette place. Cette décision a ensuite été publiquement annoncée et les travailleurs du pétrole ont eux-mêmes été prévenir les autorités qu’ils avaient l’intention d’organiser une telle manifestation en avertissant qu’il y avait des risques que des provocations soient organisées par des sections des forces spéciales.

    La manière très publique dont les choses ont été organisées a permis à la campagne ‘‘Campaign Kazakhstan’’ et aux sections du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) de planifier une série d’actions de solidarité et de protestation devant les ambassades du Kazakhstan et les sièges d’entreprises aux intérêts commerciaux liés au régime kazakh dans un certain nombre de pays ce jour-là (notamment en Belgique). Le caractère de solidarité a bien entendu largement cédé la place à celui de la protestation lorsque les nouvelles de ce bain de sang sont parvenues aux manifestants devant les ambassades.

    La semaine qui a suivi le massacre, diverses manifestations ont été organisées à travers l’Europe, y compris à Londres, Bruxelles, Vienne, Berlin, Moscou, Stockholm, Dublin, Athènes et ailleurs également, comme à New York, Hong Kong et Tel Aviv. Le député européen Paul Murphy (élu de la section du CIO en République irlandaise, le Socialist Party) a à la rupture de tous pourparlers entre l’Union Européenne et le gouvernement du Kazakhstan, et a aussi écrit une lettre de protestation signée par plus de 40 eurodéputés. Des communiqués de presse ont été émis dans un certain nombre de pays (lire notamment Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime) et de conférences de presse ont été organisées à Moscou et à Almaty. [Vous pouvez accéder à différents rapports des protestations sur le site socialistworld.net].

    Rompre le blocage de la presse

    La politique de l’Union Européenne, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et des Etats-Unis est directement dictée par les intérêts de ces institutions pour l’exploitation du pétrole et du gaz kazakhs. Elles ont tout d’abord ignoré ou réagi de façon bien équivoque face aux nouvelles du massacre. Dans une certaine mesure, cela s’est reflété dans la politique éditoriale d’une grande partie des médias du monde entier. Les premières heures après le massacre, par exemple, des reporters internationaux basés à Moscou ont refusé de relayé les rapports du bain de sang sans ‘‘confirmation indépendante’’ tout en relayant par contre les déclarations officielles du régime. United Press International, par exemple, a qualifié les grévistes du pétrole de ‘‘voyous’’ à trois reprises dans un article de 150 mots seulement.

    La campagne menée par le CIO et Campaign Kazakhstan a aidé à vaincre les tentatives du régime de dissimuler l’ampleur du massacre. Finalement, le poids écrasant cumulé des témoignages, vidéos et rapports de journalistes ont eu raison de cette attitude complice, et les rapports dans les médias ont commencé à être plus équilibrés.

    ‘‘An injury to one is an injury to all’’ – Ce qui en touche un nous touche tous

    Tout aussi rapidement, des syndicalistes ont réagi face à la crise, mais de façon bien différente. A Anvers, par exemple, la délégation de TOTAL a relayé les rapports en direct du CIO sur le site de leur délégation, de sorte que les travailleurs pouvaient voir par eux-mêmes l’étendue de l’horreur des événements. Bien que le site du CIO au Kazakhstan a immédiatement été bloqué par le régime après la fusillade, le site russe du CIO a continuer à fonctionner, jusqu’à ce qu’arrivent des problèmes dus aux trop grand nombre de visiteurs sur le site, dont de nombreux journalistes de médias du monde entier.

    En Suède, Gruvtolvan, le syndicat de l’industrie minière de Kiruna, a condamné sans équivoque "la violence contre les travailleurs (…) suite à l’attaque de la police et des militaires contre une manifestation dans la ville de Zhanaozen." Ils ont appelé le mouvement syndical suédois à activement soutenir les travailleurs du pétrole du Kazakhstan sous la devise "Une victoire pour les travailleurs, où qu’ils soient, est une victoire pour tous les travailleurs, partout!" Cet appel a été accompagné d’une importante donation pour les grévistes.

    Si une véritable organisation syndicale nationale indépendante existait au Kazakhstan, il y aurait immédiatement eu après le 16 décembre convocation de meetings, d’actions de protestations et de grèves dans tout le pays en riposte au massacre de Zhanaozen.

    Une commission indépendante internationale doit enquêter

    Malheureusement, alors que des militants syndicaux ont réagi partout à travers le monde, certains membres de la bureaucratie syndicale internationale ont adopté l’approche de renvoyer chacun dos à dos. Ainsi, la Confédération syndicale internationale (CSI) a publié une déclaration le 16 décembre, signée Sharan Burrow, secrétaire général, qui déclare : "une situation extrême de tension et de désespoir a provoqué des troubles, la panique et le chaos. La violence doit immédiatement cesser, et toutes les parties doivent reconnaître que la seule façon de résoudre des conflits est le dialogue ouvert et la négociation. Le gouvernement doit immédiatement agir pour commencer ce processus."

    Cette déclaration ignore donc la responsabilité du régime dans ce massacre, une attitude partagée par de nombreuses autres organisations, telles que Human Rights Watch, qui a publié une déclaration le 22 décembre. Dans celle-ci sont détaillés plusieurs cas de graves tortures du fait des forces gouvernementales à Zhanaozen et, ensuite, l’organisation tire la conclusion incroyable que ‘‘les autorités du Kazakhstan doivent mener immédiatement une enquête.’’ Cela n’aboutirait qu’à une enquête ignorant totalement la responsabilité écrasante du ministère de l’Intérieur et qui, dans le meilleur des cas, trouverait quelques boucs émissaires afin de laissait un peu de colère s’échapper.

    Le CIO estime qu’il est nécessaire d’organiser une commission d’enquête internationale, totalement indépendante du gouvernement, des structures étatiques et des intérêts pétroliers et gaziers, afin de faire toute la lumière sur les causes réelles du massacre et sur les véritables responsables de ces horribles évènements.

    La “gauche” et les bureaucrates syndicaux poignardent les grévistes dans le dos

    Mais si la Confédération Syndicale Internationale n’a pas ouvertement condamné le régime de Nazarbayev, elle n’a au moins pas directement attaqué les travailleurs du pétrole. De la façon la plus incroyable qui soit, les 17 et 18 décembre, des déclarations sont apparues sur des sites internet de langue russe contrôlés par des syndicats et des groupes de gauche qui, tout en condamnant la violence, se sont lancés dans des attaques contre les grévistes du pétrole, contre leurs revendications et leurs tactiques, répétant d’ailleurs bien souvent l’argumentation des patrons et du gouvernement.

    Le Mouvement Socialiste Russe [section russe du Secrétariat Unifié de la Quatrième Internationale, à laquelle est reliée la LCR belge, n’ayant aucun rapport avec le Mouvement Socialiste du Kazakhstan] a contribué à détourner l’attention de la responsabilité du gouvernement Nazarbayev pour ce massacre en répétant grossièrement les mensonges du régime concernant l’implication de l’oligarque Mukhtar Ablyazov. Ce faisant, ils réduisent le rôle de l’autodiscipline et de la conscience politique des travailleurs du pétrole en les réduisant à l’état de simples pions joués par les oligarques kazakhs et en donnant du crédit aux déclarations du dictateur qui blâme les influences étrangères (Ablyazov vit à Londres) pour tous les problèmes rencontrés au Kazakhstan.

    Les attaques les plus importantes proviennent toutefois de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation (UITA) et de la Confédération du travail de Russie. Même avant les événements du 16 décembre, d’anciens fonctionnaires de l’Union Internationale des travailleurs de l’alimentation à Genève et à Moscou ont travaillé à saper le soutien à la grève. Des pressions ont ainsi été exercées sur Alexei Etmanov, le syndicaliste indépendant le plus connu en Russie, ce qui l’a conduit à revenir sur sa promesse d’organiser des actions de solidarité avec les travailleurs du pétrole par l’intermédiaire du syndicat des travailleurs de l’automobile.

    Le prétexte donné ensuite à ce désistement était que les travailleurs du pétrole avaient été manipulés par des représentants de la ‘‘gauche révolutionnaire’’ – c’est-à-dire par le Comité pour une Internationale Ouvrière. Cela a d’ailleurs été confirmé dans une déclaration de l’UITA le 9 décembre 2011 qui disait: ‘‘Avec pourtant un énorme potentiel d’organisation, dans tout ce temps, les grévistes n’ont jamais mis en place leur propre organisation, tout comme avant ils ne disposent pas de leurs propres représentants et direction élus, avec le droit de représenter les travailleurs dans les négociations avec la direction de la société et les autorités. Cela signifiait que, dès le début, différents groupes politiques ont été en mesure d’utiliser l’énergie sociale et le potentiel du mouvement ouvrier de masse dans leurs propres intérêts. S’exprimant au nom des travailleurs et réécrivant constamment les revendications des travailleurs, ils ont apporté d’énormes préjudices au mouvement, ont fait sortir le conflit du champ de la lutte syndicale et ont réduit au minimum les chances de succès, privant ainsi les habitants de Zhanaozen de leur grève.’’

    Cette déclaration fait écho aux arguments des patrons et du gouvernement et est particulièrement honteuse étant donné que les travailleurs, dès le début, ont élu leurs représentants pour les négociations, ces représentants rencontrant ensuite une répression sévère. Nous avons déjà dit que Natalia Sokolova, l’avocate des grévistes, a été condamnée à 6 ans de prison, Akzhanat Aminov a reçu une peine de deux ans avec sursis, tandis qu’un troisième a vu sa maison brûler !

    Les grévistes du pétrole luttaient pour le droit d’instaurer leurs propres syndicats indépendants

    Il convient de rappeler que la grève de la faim des travailleurs du pétrole a commencé en mai dernier après que les membres du syndicat de Karazhanbasmunai, à Aktau, ont exigé le retour de documents syndicaux de leur ancien président après qu’il ait été démis de ses fonctions par le vote des membres du syndicat. L’ancien leader syndical avait collaboré avec la direction de l’entreprise pour éviter toute véritable négociation portant sur les salaires et les conditions de travail. Il avait été jusqu’à envoyer des gros-bras armés pour qu’ils battent ses adversaires. En Juin, l’UITA avait envoyé toute une série de questions bureaucratiques aux grévistes, dont les réponses ont nécessité 60 pages de documents. Le résultat final a été de déclarer que les travailleurs avaient eu tort de démettre leur ancien dirigeant syndical, comme ils ne pouvaient changer de président qu’une fois tous les 5 ans !

    L’affirmation selon laquelle le CIO a constamment "réécrit" les revendications des travailleurs est absolument ridicule, comme toutes les autres calomnies visant à salir les grévistes. Depuis le début de la grève, le CIO a publié sur ses sites toutes les déclarations produites par les grévistes. Le 1er Juin 2011, après que la police anti-émeute ait attaqué les grévistes de la faim de Zhanaozen, le comité de grève de Zhanaozen avait publié les revendications suivantes:

    • La démission de la direction de la société “KazMunaiGaz” à Aktau;
    • La restauration du statut autonome de la société “OzenMunaiGaz”;
    • L’augmentation de 60% des salaires des médecins et des enseignants de la ville pour compenser la dureté de leur travail dans des conditions écologiques difficiles;
    • Le retour sous statut public, c’est-à-dire la nationalization, des enterprises regroupées dans la société “OzenMunaiGaz” – en particulier TOO “Burylai”, TOO “KazGPZ”, TOO “Kruz”, TOO “Zhondei”.

    En Juillet, des incendies criminels ont eu lieu contre des maisons de militants grévistes, et Zhaksylyk Turbayev a été assassiné quand il est devenu clair qu’il serait élu à la présidence du nouveau syndicat. L’avocate Natalia Sokolova et le militant syndical Akzhanat Aminov ont été arrêtés et ont été confrontés à de graves accusations. Des milliers de grévistes ont été licenciés. Lors de leur rencontre avec le député européen Paul Murphy en juillet dernier, les travailleurs ont défini leurs revendications de la façon suivante:

    • La reconnaissance des droits des travailleurs, notamment leur droit d’élire leurs propres représentants, sans interférence de qui que ce soit ;
    • La libération immédiate de Natalia Sokolova et de Akzhanat Aminov;
    • Le réengagement de tous les travailleurs licenciés aux conditions qui prévalaient avant leur licenciement;
    • L’abandon de toutes les poursuites judiciaires contre les grévistes;
    • Le commencement de véritables négociations avec les représentants élus des travailleurs.

    Les bureaucrates syndicaux soutiennent les briseurs de grève et les éléments diviseurs dans le syndicat

    En réalité, l’UITA et ses ‘‘organisation fraternelle’’ en Russie (KTR) et au Kazakhstan (la ‘‘Confédération des syndicats libres du Kazakhstan’’, CFTUK) tentent depuis le début de faire dévier la grève. Au Kazakhstan, le CFTUK dirigé par Sergei Belkin a depuis longtemps cessé d’exister en tant qu’authentique organisation syndicale. En 2009, Belkin a signé un accord avec le gouvernement destiné à stopper toutes les grèves, les protestations et les manifestations de travailleurs afin de permettre au régime de "maintenir la stabilité’’. En novembre dernier, quand le gouvernement a annoncé qu’il était temps de mener des ‘‘négociations’’ à Zhanaozen, Belkin, totalement absent depuis le début du conflit, est soudain arrivé comme ‘‘expert indépendant’’ pour aider le gouvernement et ses tentatives de briser la grève. La tactique du régime était alors d’essayer par tous les moyens de diviser les grévistes en offrant à certains d’entre eux des emplois dans une nouvelle société, tout en encourageant Belkin pour qu’il mette en place un nouveau syndicat anti-grève dans le cadre de la Confédération syndicale CFTK. Les grévistes, cependant, ont rejeté ces tactiques, insistant pour que tous les travailleurs sans exceptions soient être réintégrés dans leur ancien emploi.

    Hypocritement, l’UITA et le KTR, après avoir soutenu les activités visant à briser la grève et le syndicat anti-grève de Belkin, ont donné des conseils aux travailleurs en leur disant qu’ils devraient : ‘‘décider de suivre le chemin de la construction de leur propre syndicat indépendant, qui peut décider d’une stratégie d’action et proposer leurs revendications à tous niveaux, en s’assurant qu’ils obtiennent, ainsi que leurs familles, les moyens nécessaires pour se défendre et pour mobiliser un soutien international.’’

    Il faut construire de véritables syndicats indépendants

    Depuis le début de la grève, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) a entièrement pris ses responsabilités en soutenant, non seulement en paroles mais aussi en actes, l’appel diffusé à Zhanaozen et à Aktau sous la signature de milliers de travailleurs en novembre (soit avant les ‘‘conseils’’ de l’UITA. Dans cet appel, ils expliquent que : ‘‘notre combat démontre que vaincre l’injustice et l’arbitraire ne peut se faire qu’en unissant nos forces. Dans cette situation difficile et compliquée, le meilleur soutien et moyen d’action sera de créer une organisation syndicale indépendante et de développer des revendications capables d’unir, comme l’augmentation des salaires, l’amélioration des conditions de vie et de travail et la non-ingérence de l’employeur dans le travail du syndicat. En faisant ce travail d’unification des travailleurs, ce syndicat deviendra une solide fondation pour la création d’un syndicat national indépendant au Kazakhstan.’’

    Le CIO estime que si les syndicats tels que l’UITA et le KTR soutiennent véritablement les travailleurs du pétrole, ils devraient alors publiquement retirer tout leur soutien à la Confédération syndicale kazakh CFTK et donner un soutien pratique et moral à ceux qui tentent de construire un authentique syndicat indépendant dans ces circonstances extrêmement difficiles. Mais même si l’UITA et le KTR refusent d’agir de la sorte, le CIO va continuer à soutenir les grévistes et à les aider.

    Le 17 décembre, le Président du KTR, Boris Kravtchenko, a clairement tenté de blâmer le CIO pour les événements de Zhanaozen: ‘‘Nous croyons que la responsabilité de ces événement et du sang versé par les travailleurs du pétrole incombe entièrement aux dirigeants de la République du Kazakhstan. Cependant, cette responsabilité est partagée par les spéculateurs politiques, auto-désigné ‘‘comité’’ et ‘‘internationale’’, qui utilisent la protestation sociale pour leurs propres intérêts, pour réécrire les revendications des manifestants en transformant politiquement celles-ci et qui, par leurs actions provocatrices, poussent les autorités à utiliser des moyens violents.’’

    Ce que Boris Kravtchenko pense exactement du CIO n’est pas très clair. Nous avons soutenu la grève depuis sa création. Nous avons défendu que les employeurs éliminent tous les obstacles pour que des négociations sérieuses puissent commencer. Nous avons soutenu que ces négociations devraient être dirigées de façon transparente par des représentants élus des grévistes. Dès le début, nous avons été engagés dans la construction de la solidarité avec les grévistes et avons aidé à briser le blocus médiatique. Nous avons discuté avec les grévistes de leur intention d’organiser une manifestation pacifique le 16 décembre et avons convenu d’organiser une campagne internationale de solidarité autour de cet évènement.

    Les staliniens surpassent les bureaucrates syndicaux

    Une attaque encore plus vicieuse contre les travailleurs du pétrole a été lancée par le Parti communiste d’Ukraine, qui était resté silencieux sur cette question jusqu’au 4 janvier. Ce parti a finalement brisé son silence dans un article qui accuse Natalia Sokolova d’être un agent du département d’Etat américain et les travailleurs du pétrole d’être responsables de "la tentative des Etats-Unis pour déstabiliser la situation politico-économique." Ils ont continué en disant: ‘‘Les autorités du Kazakhstan ont agi durement, courageusement et de manière adéquate. Ils ont réagi fermement en instaurant l’Etat d’urgence et la police anti-émeute n’y a pas été de main morte contre les combattants bien armés qui se trouvaient derrière les travailleurs du pétrole. Ils ont montré leur courage quand le président, M. Nazarbayev, a visité la ville de Zhanaozen et a personnellement parlé aux habitants. Leur réponse a été adéquate, en agissant avec fermeté et en expliquant à ces messieurs de l’Union Européenne que ce qui se passe à Zhanaozen est une affaire interne au Kazakhstan."

    La “gauche” attaque les grévistes qui revendiquent la nationalisation

    Le 18 décembre, le site internet de gauche "RabKor" publiait un article d’Aleksei Simoyanov de l’Institut de la Mondialisation, à Moscou. Après presque sept mois de silence et à seulement 2 jours du massacre, l’auteur avait décidé de rejoindre le flot des attaques contre les travailleurs du pétrole : "Il est impossible de ne pas parler d’un certain nombre d’erreurs tactiques effectuées par les manifestants au cours de leur campagne. Aussi longtemps que les principaux slogans des manifestants étaient favorables à des meilleurs salaires, au respect des droits des travailleurs et luttaient contre la dégradation des conditions de travail, ils étaient dans une position forte. Dans les limites d’un conflit entre travailleurs et patron, les autorités avaient les mains liées, et toute pression de leur part aurait été purement illégitime. Le problème s’est compliqué quand, sous l’influence du CIO, les travailleurs ont également défendu des revendications politiques, y compris la nationalisation de la compagnie."

    Pourtant, comme cela peut être vérifié avec l’évolution des revendications des grévistes, les travailleurs du pétrole ont défendu la nationalisation de leur entreprise dès le début du litige. Ils n’ont pas eu besoin du CIO pour savoir que tant que ces entreprises restaient aux mains de capitaux privés liés au régime et aux multinationales étrangères, il n’était pas possible d’obtenir un salaire raisonnable. Le seul changement qui a été opéré avec cette revendication au cours de la grève, c’est de généraliser la revendication de la propriété publique à tout le secteur pétrolier, sous le contrôle des travailleurs. Les travailleurs du Kazakhstan ne sont d’ailleurs pas les seuls à tirer ces conclusions. En décembre, par exemple, des dizaines de milliers de syndicalistes ont défilé à Liège, en Belgique, pour exiger la nationalisation du site liégeois d’ArcelorMittal.

    Toutes les grèves sont politiques dans une certaine mesure

    Simoyanov ne fait avec son texte que démontrer sa profonde incompréhension de cette grève. La direction de l’entreprise a refusé de négocier non pas parce que les ouvriers ont soulevé la revendication de la nationalisation, mais parce qu’ils n’étaient pas prêts à mieux payer les travailleurs. La logique de son article est que les travailleurs devraient restreindre leurs luttes à des questions purement économiques et que s’ils vont plus loin, toute la pression contre eux devient ‘‘légitime’’. Suivant cette logique, les syndicats ne devraient pas exiger le limogeage des responsables antisyndicaux ou faire grève afin de faire tomber des régimes autoritaires. Suivant cette logique encore, les syndicalistes d’Europe, de Grèce, du Portugal, d’Italie et d’ailleurs qui sont en lutte par millions contre les politiques d’austérité de leurs gouvernements ne devraient pas exiger la chute de ces gouvernements ? Simoyanov pensent-il aussi que cette revendication est ‘‘illégitime’’ ?

    L’ironie est que ces critiques, en se précipitant contre les grévistes du pétrole, ont oublié de s’en prendre à la direction de l’entreprise, et finissent même au final à la droite du président Nazarbayev qui, à Aktau, a déclaré après le massacre que : ‘‘Le gouvernement, ainsi que le fonds Samruk Kazyna et la société KazMunaiGas, ont échoué à mettre en œuvre mes instructions sur la résolution rapide de ce conflit. Malheureusement, ils se sont montrés incapables de résoudre le problème."

    La caractéristique des critiques de ‘‘gauche’’ des grévistes est la manière dont ils ferment les yeux sur les bureaucrates syndicaux qui collaborent avec les régimes autoritaires ! Boris Kravtchenko est un membre du conseil consultatif du président russe Medvedev, Alexeï Etmanov est un candidat de la liste pro-Kremlin "Russie juste" et Sergei Belkin a signé une entente pour éliminer les grèves avec le régime de Nazarbayev. Ils sont en colère non pas parce que les travailleurs du pétrole ont adopté des revendications politiques – ils ne les critiqueraient pas s’ils rejoignaient le parti présidentiel. Les critiques n’arrivent que lorsque les travailleurs du pétrole déclarent qu’ils ne vont plus soutenir le parti présidentiel et lancent un appel au boycott total des élections législatives de janvier. Plutôt que de rester derrière l’un ou l’autre parti politique pro-régime et leurs conseillers dans les syndicats, les travailleurs du pétrole ont appelé à la création de leur propre, démocratique et indépendant parti des travailleurs, un instrument politique capable de représenter leurs intérêts sans devoir subir l’influence des oligarques.

    Le 16 décembre – début de la fin pour Nazarbayev

    Les événements du 16 décembre 2011 marquent un tournant dans le développement des luttes ouvrières à travers l’ancienne Union soviétique (la CEI, Communauté des Etats Indépendants). Après sept mois de lutte acharnée, les travailleurs du pétrole ont appris de nombreuses leçons. Ils ont démontré qu’ils étaient capables d’adopter une attitude pacifique et disciplinée et de rejeter les provocations destinées à les conduire à la violence. Ils sont allés plus loin que de simples exigences salariales face à un patron qui n’a aucune envie de payer plus, et ont défendu que l’entreprise devait être nationalisée, sous contrôle ouvrier, de sorte que les richesses du pays puissent être utilisées pour le peuple, plutôt que d’enrichir les oligarques et la famille présidentielle. Ils ont démontré qu’ils peuvent unir autour d’eux tous les pauvres et les exploités de la région en défendant de meilleurs salaires pour ceux qui travaillent qui travaillent dans le secteur public. Ils ont appris qu’il y a beaucoup de ‘‘dirigeants’’ et de ‘‘politiciens’’ qui inondent leurs oreilles de promesses d’amitié éternelle en échange de leurs votes, mais qui désertent aux premiers besoins. Ils ont vu que les seuls amis qu’ils ont vraiment, ce sont les travailleurs d’autres villes et d’autres pays, les seuls à avoir exprimé une véritable solidarité.

    Même après les horribles attentats de la police et de l’armée le 16 décembre 2011, et les nombreux morts, blessés et emprisonnés, les travailleurs du pétrole ont préservé leur dignité et leur discipline. Ils continuent à faire appel aux autres travailleurs pour qu’ils s’organisent en une seule fédération syndicale nationale et indépendante et pour construire un parti des travailleurs. Le Comité pour une Internationale Ouvrière et ses sections est fier de rester à leur côté, et de rester entièrement solidaire de leur combat.

  • Journée historique au Kazakhstan

    Ce vendredi 16 décembre 2011 restera à jamais marqué d’une encre des plus sanglantes dans l’histoire contemporaine du Kazakhstan, des mains de ce régime depuis longtemps déjà criminel, celui de Nazarbayev. En ce jour, des centaines de grévistes et de citoyens pacifiques ont été victimes des tirs d’armes automatiques des soldats et des policiers ; le nombre exact de victimes n’est toujours pas connu. Tout cela est le résultat d’une provocation policière arrangée contre les participants à la manifestation non violente des travailleurs du pétrole en grève et des résidents de la ville de Janaözen, manifestation qui, comme cela avait été annoncé, avait commencé dès le matin sur la grand-place de la ville. Les travailleurs et les membres de leur famille étaient venus protester contre les actions des autorités, unilatéralement et totalement favorables aux patrons, ainsi que pour demander la reprise des négociations et la libération de Natalia Sokolovaïa, leur avocate.

    Par Résistance Socialiste (CIO-Kazakhstan)

    [box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
    Pour en savoir plus


    Actions de solidarité

    Belgique : la dictature kazakhe également à l’œuvre à Bruxelles ?

    De pacifiques supporters qui voulaient soutenir les travailleurs du pétrole au Kazakhstan et dénoncer la répression à l’œuvre dans ce pays au régime dictatorial ont implacablement été arrêtés lors du match de ce vendredi 7 octobre entre les Diables Rouges et l’équipe du Kazakhstan. Le pouvoir dictatorial du Président Nazarbayev s’étend apparemment jusqu’à Bruxelles…


    [/box]

    Selon les communications que nous avons reçues des travailleurs, un fourgon de police a déboulé à grande vitesse, fonçant vers la foule de citoyens. Les travailleurs, poussés au désespoir, sont passés à des actes plus radicaux. Il est évident que la provocation policière était bien consciente, afin de contraindre les grévistes à passer à des mesures extrêmes. Ne supportant pas les railleries et les vexations, les travailleurs ont renversé les barrières policières et, vers midi, ils ont pris d’assaut le bâtiment de l’äkimat (c’est-à-dire l’Hotel de ville) de Janaözen et le bureau de la filiale de production de la société ÖzenMunayGaz, de même qu’un hôtel et d’autres bâtiments administratifs.

    À la suite de cela, la presse pro-gouvernementale a inventé une histoire selon laquelle les travailleurs soi-disant enragés avaient attaqué des enfants qui étaient venus avec des drapeaux et des ballons au concert donné pour célébrer les vingt ans de l’indépendance du Kazakhstan ! Il était clair que cela n’était qu’un pur mensonge de plus, mais cette information s’est tout de même répandue avec insistance sur l’internet, avant que les réseaux sociaux n’aient été bloqués vers 15h.

    Et donc, vers 12h45, les forces de l’OMON (police anti-émeute) et de l’armée ont été envoyées contre les grévistes et les habitants de la ville, en utilisant leurs armes à feu. C’est à ce moment que sont tombés les premiers morts et blessés. Les grévistes ont été bombardés de bombes fumigènes, de gaz lacrymogènes, de grenades aveuglantes, tout cela dans l’unique but de chasser les manifestants hors de la place. Malgré le recourt à des armes à feu, les travailleurs ont commencé à désarmer les policiers et, vers midi, occupaient pratiquement toute la ville.

    À ce moment les autorités ont décidé de mettre en mouvement des unités de brigades spéciales de marines et de tanks venus d’Aqtau, qui déjà avaient été apprêtés pour l’occasion. En conséquence de l’ordre qui avait été donné d’ouvrir le feu, des dizaines de personnes sont mortes ; le nombre de décès s’élevait déjà à 70 tués vers 14 heures locales, et il est bien possible que ce chiffre ait été porté à 150 d’ici à ce samedi matin. Ces données ont été communiquées par les travailleurs eux-mêmes, qui sont parvenus à rester en contact téléphonique permanent avec nous à la rédaction.

    Les tanks et les soldats sont arrivés à Janaözen en soirée, et les travailleurs et habitants, qui étaient descendus en masse dans les rues de la ville, ont à nouveau été évincés de la place et des points-clés en banlieue par l’emploi de “moyens spéciaux”. Mais cette répression n’a que très peu rapporté aux autorités, puisque vers midi déjà, toutes les exploitations pétrolières de la compagnie ÖzenMunayGaz avaient cessé le travail en solidarité. La grève a par la suite été rejointe par les travailleurs de toutes les entreprises d’extraction de la province de Mangistau.

    Une partie des travailleurs a résisté toute la nuit contre les militaires, et jusqu’au matin ont eu lieu en banlieue des escarmouches et des batailles de rues. Le véritable nombre de morts reste pour l’instant inconnu. On sait que tandis qu’ils battaient en retraite, les travailleurs ont emporté les corps de leurs camarades. En plus de tout cela, tous les hôpitaux de Janaözen et d’Aqtau ont été submergés de blessés dans l’après-midi, et au centre de transfusion sanguine, on appelait constamment à de nouveaux donneurs de sang. Il semblerait qu’environ 150 personnes aient été arrêtées, dont 4 membres du Mouvement Socialiste du Kazakhstan, l’organisation dans laquelle milite la section kazakhe du CIO, Résistance Socialiste. Ce matin, 4.000 ouvriers de l’entreprise pétrolière Kalamkas ont stoppé le travail en revendiquant que l’entreprise cesse ses activités à Janaözen.

    Toutes les forces et moyens possibles ont été employés contre les travailleurs en lutte. À Janaözen comme dans les villages voisins, l’électricité a été coupée. Le réseau téléphonique et internet ne fonctionnent plus et, afin de stopper la diffusion de l’information concernant le nombre de morts et de blessés, tous les réseaux sociaux ont été bloqués, de même que les sites internet de l’opposition et notre propre site www.socialismkz.info.

    Il semble que l’accès à tous les sites du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ait été bloqués sur l’ensemble du territoire kazakh, notamment notre site russe où est organisée une mise à jour constante sur la situation au Kazakhstan. En réponse à l’intervention des travailleurs du pétrole, le ministère des Affaires étrangères a tout d’abord nié l’existence de morts et de blessés ; ce n’est que tard au soir que les autorités ont accepté comme fait établi la mort d’une dizaine de personnes.

    Dans cette situation, le CIO a pu rapidement organisé des actions de protestation en Belgique, en Autriche, en Allemagne, en Angleterre, et en Suède. Aujourd’hui, de nouvelles actions sont organisées en Grèce, en Irlande, aux États-Unis et dans d’autres pays. Notre député européen Paul Murphy (élu de notre section en République irlandaise) a organisé une conférence de presse sur la situation au Kazakhstan. Une campagne spéciale se développe aussi en solidarité avec les militants syndicaux et sociaux en lutte au Kazakhstan. Hier à Odessa et à Kiev, d’autres organisations de gauche ont été déposer des fleurs avec une oraison funèbre devant les représentations du Kazakhstan. Le célèbre défenseur russe des droits de l’Homme Lev Ponomarev a lui aussi rapidement réagi aux événements avec un communiqué spécial. La Conférence du Travail de Russie est également intervenue avec une déclaration adressée aux autorités kazakhes.

    Les événements continuent à se développer pour l’instant, mais une seule chose est claire : la lutte de classe au Kazakhstan a à présent pris les formes les plus âpres, et en ce moment tout le succès ultérieur du mouvement ouvrier dépend de l’unité des travailleurs eux-mêmes et de la possibilité de rapidement s’associer en une lutte généralisée.

    La situation actuelle rappelle douloureusement le dimanche sanglant du 9 janvier 1905 et le massacre de la Léna en 1912, qui ont constitué des points tournants dans le développement de la conscience des travailleurs en tant que classe et dans la formation d’orientations politiques nettes. Les autorités de leur côté ont quant à elles démontré qu’elles ont la ferme intention de noyer dans le sang la lutte des travailleurs, sans lâcher la moindre concession.

    Cela n’a fait que montrer une fois de plus à tous les travailleurs le véritable visage du régime actuel, qui n’existe que pour la défense des intérêts des patrons et de cette bourgeoisie d’oligarques. Ces événements posent à nouveau la question de l’auto-organisation et d’un programme d’actions clair. Nos positions dans toutes ces questions restent inchangées – la création de syndicats unis et la construction de leur propre parti politique par les travailleurs.

    Les principaux slogans et revendications de la lutte actuelle sont les suivants :

      1. Halte à la guerre, l’armée et la police hors de la province de Mangistau !
      2. Enquête immédiate sous le plein contrôle de la population, afin d’établir qui a donné l’ordre d’ouvrir le feu !
      3. Accepter toutes les revendications des travailleurs !
      4. Libération des prisonniers politiques, dont Natalia Sokolovaïa, l’avocate des grévistes !
      5. Démission immédiate du président et du gouvernement !
      6. Création de comités d’action des travailleurs et des habitants dans toutes les régions et dans les entreprises pour la coordination des interventions !
      7. Non aux provocations et à la division sur base nationale, pour l’unité des travailleurs de toutes les nationalités en une lutte généralisée !
      8. Tous dans les rues avec pour but l’organisation du mouvement, pour la grève générale !
      9. Boycott des élections parlementaires, pour une liberté complète de formation d’organisation sociales, politiques et syndicales !
      10. Toutes les richesses du Kazakhstan, entreprises et banques sous le contrôle de comités de travailleurs !
      11. Pour la création d’un parti de masse des travailleurs !
      12. Pour la convocation d’une assemblée constituante révolutionnaire des travailleurs et des couches proches en vue de la formation de nouveaux organes de pouvoir démocratiques !
  • Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime

    Aujourd’hui, la presse belge reste silencieuse face au massacre perpétré au Kazakhstan par le régime dictatorial de Noursoultan Nazarbaïev. L’agence de presse Belga a toutefois envoyé une dépêche, relayée par Le Vif, qui parle de ‘‘deux policiers blessés’’ et de troubles causés par des… vandales !

    Dans cette dépêche – outre les précisions cruciales concernant l’arc de triomphe inauguré par le président-dictateur dans la capitale – il n’est nulle part fait mention des morts causés par la répression, et les seuls blessés dont il est question sont deux policiers. ‘‘ A Janaozen (ouest), les célébrations ont été perturbées par un groupe de vandales qui ont détruit les yourtes et le podium qui avaient été installées sur la place centrale de la ville pour la fête de l’indépendance, a indiqué le parquet général dans un communiqué. Deux policiers intervenus pour mettre fin à ces violences ont été blessés et toutes les mesures ont été prises pour éviter une répétition de tels événements, selon le communiqué.’’

    En guise de mesures prises pour éviter la ‘‘répétition de tels évènements’’, l’armée a été envoyée dans la ville, et on fait état d’au moins 70 morts et plus de 500 blessés ! Et les ‘‘vandales’’ dont parle le communiqué du régime sont en fait des grévistes et leurs familles, en lutte depuis le mois de mai !

    Belga et Le Vif considèrent visiblement que le journalisme se réduit à reprendre tel quel le communiqué d’un régime autoritaire, sans faire le moindre effort pour vérifier l’information. Pourtant, Belga et Le Vif ont reçu notre communiqué de presse. Un coup d’œil à la dépêche de l’agence de presse française AFP aurait aussi pu les éclairer, puisqu’il y est très clairement question de la répression contre les grévistes et du contexte dans lequel ces évènements ont pris place. Il est vrai que cette dépêche a très peu été reprise sur les différents sites d’information…

    Cet exemple illustre une fois de plus le degré ‘‘d’impartialité’’ des médias traditionnels. Nous aussi, nous avons très clairement choisi notre camp, mais c’est celui des travailleurs et de la solidarité internationale.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop