Tag: Kazakhstan

  • Le bourgmestre d’Uccle réprime les protestations qui visent ses amis kazakhs

    Un an après le massacre du 16 décembre au Kazakhstan, la répression s’est exportée à Bruxelles

    Le 16 décembre 2011, journée de commémoration de l’indépendance du Kazakhstan, un véritable massacre a été perpétré à Zhanaozen. Ce jour-là, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation de travailleurs du secteur du pétrole en grève. Des dizaines de personnes ont ainsi été assassinées. Un an plus tard, ce massacre n’a pas été oublié et, dans ce pays comme ailleurs dans le monde, la lutte contre la répression et la dictature se poursuit. C’est dans ce cadre qu’une délégation du PSL s’est rendue aujourd’hui devant les bâtiments de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, en compagnie du député européen Paul Murphy. Mais des policiers de la commune sont rapidement venus nous menacer afin que nous stoppions notre protestation. Hasard ? Le bourgmestre local et chef de la police, Armand De Decker (MR), a récemment été dans l’actualité pour un rôle de médiation très douteux qu’il aurait joué entre les autorités kazakhes et Nicolas Sarkozy, président français au moment des faits.

    Par Geert Cool

    À l’ambassade, nous n’avons trouvé personne à qui parler. Ils étaient visiblement au courant de l’action qui devait se tenir à leurs portes. Mais si personne n’est venu écouter ce que nous avions à dire, l’ambassade a par contre utilisé ses contacts avec le bourgmestre de la commune pour envoyer la police menacer les manifestants d’amendes de 250 euros par personne. Nous avons donc vu débarquer une dizaine d’agents de police, dont le responsable de la police communale.

    Protester contre un régime dictatorial n’est possible à Uccle qu’après avoir préalablement quémandé l’approbation du bourgmestre. Ainsi, au silence de la presse belge sur ce qui se déroule au Kazakhstan (voir notre article) s’ajoute la répression des protestations. Une action est bien possible, mais uniquement avec une permission venue du haut. Dans le cas contraire, c’est la menace de lourdes amendes. Le chef de la police a bien essayé de se défendre en disant : ‘‘Les enfants aussi doivent demander avant de faire quelque chose.’’ Les autorités considèrent-elles la population comme une masse d’enfants à encadrer ? Voilà qui est très indicatif de la manière dont nos droits démocratiques sont considérés dans certains cercles…

    La décision d’interrompre notre action de solidarité avec les luttes au Kazakhstan est venue du bourgmestre Armand De Decker (MR) qui a, sans aucun doute, agi sur la demande de ses amis de l’ambassade. D’ailleurs, la presse a récemment fait écho des relations étroites entretenues entre Monsieur De Decker et le régime dictatorial du Kazakhstan. Le célèbre journal français "Le Canard enchaîné" avait dévoilé un scandale, un Kazakhgate, où Armand De Decker a joué un rôle central.

    Le président kazakh, Noursoultan Nazarbayev, devait conclure un contrat lucratif avec la société aéronautique française EADS concernant la vente de plusieurs hélicoptères. Mais le président-dictateur a posé ses conditions, au président français Nicolas Sarkozy, notamment d’aider trois de ses amis dans le cadre de leurs ennuis judiciaires en Belgique. Le milliardaire Patokh Chodiev ainsi que deux autres hommes d’affaires kazakhs étaient impliqués dans un dossier de corruption autour de l’entreprise belge Tractebel (où il est question de liens avec le crime organisé et de pots de vin pour obtenir un contrat à Tractebel au Kazakhstan). Les pressions exercées sur le tribunal belge n’auraient pas été suffisantes et il ne restait donc qu’une solution législative pour les tirer d’affaire.

    Le journal satirique et d’investigation ‘‘Le Canard Enchaîné’’ suggère que les conseillers de Sarkozy ont été en contact avec Armand De Decker, qui était alors vice-président du Sénat, afin d’assurer le vote rapide de la loi sur l’extension de la transaction pénale à toute une série de délits, y compris financiers, seule manière de sauver les amis de Nazarbayev. Ce projet de loi a rapidement été éliminé des parlements : déposé à la Chambre le 11 février 2011, il a été adopté le 17 mars avant d’être envoyé au Sénat le 18 mars. La loi a été promulguée le 14 avril et est entrée en vigueur le 16 mai. De Decker nie être intervenu dans cette affaire, mais la rapidité du processus d’adoption de cette loi est frappante. Détail piquant: De Decker, en tant qu’avocat, a également participé à la défense de Chodiev. Fin juin 2011, Patokh Chodiev et les deux autres ont été les premiers à bénéficier de cette nouvelle version de la transaction pénale. Le parquet de Bruxelles a ainsi abandonné ses poursuites contre la somme de 23 millions d’euros, payée en août 2011. Quelques jours plus tard, Nazarbayev a signé un contrat de commande de 45 hélicoptères auprès d’EADS. Sarkozy était rayonnant lors de la signature du contrat.

    Aujourd’hui, c’est ce même Armand De Decker qui est intervenu pour stopper une action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, très certainement après avoir été invité par l’ambassade à réagir. Alors que les riches fraudeurs viennent se réfugier à Uccle sous la protection de De Decker, toute forme de protestation contre les éléments les plus dictatoriaux de ce club de fraudeurs hyper-riches est réprimée.

    Par la même occasion, nous avons pu vérifier que les Sanctions Administratives Communales (SAC) ne sont pas là pour faire face aux incivilités et petites nuisances, mais pour réprimer les protestations et les limiter au cadre autorisé par le sommet de la société. Nos droits démocratiques sont ainsi limités alors que les fraudeurs super-riches bénéficient de nouvelles mesures très complaisantes pour leurs crimes.

    Le président-dictateur corrompu du Kazakhstan et ses amis peuvent compter sur la solidarité de l’establishment politique européen. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair est devenu conseiller de Nazarbayev, le président Sarkozy a joué le coursier pour Nazarbayev pour, grâce à De Decker, accélérer le changement de la législation belge. La solidarité de classe n’est pas un vain mot pour l’establishment. Mais il en va de même du côté du mouvement ouvrier. Un an après le massacre de Zhanaozen, nous n’oublions pas, et nous continuons le combat contre la répression et l’oppression. L’hostilité que nous rencontrons de la part des amis locaux de Nazarbayev ne nous arrêtera pas.


    Nous n’oublions pas, nous n’arrêtons pas le combat

    Vidéo sur les évènements du 16 décembre

  • Kazakhstan : Les militants Georgie Epshtien et Arman Ozhaubayev arrêtés

    Protestons contre la répression de ce régime despotique !

    Deux militants marxistes, Georgie Epshtien et Arman Ozhaubayev, ont été arrêtés ce matin à Alma-Ata par la police, alors qu’ils se rendaient chez un imprimeur rechercher les exemplaires d’une nouvelle édition de leur journal politique. Actuellement, ils sont sous le coup d’une ”arrestation administrative” pour deux semaines, accompagnée d’une sérieuse amende. Les autorités les menaces également d’être jugés pour "incitation à la discorde sociale”, ce qui entraînerait des peines bien plus lourdes s’ils étaient condamnés et jugés ”coupables”.

    Le régime dictatorial du président Nazerbayev est déterminé à poursuivre et accroître la répression contre ses opposants. La semaine dernière encore, Vadim Kuramshin, un avocat spécialiste des drotis de l’Homme et fameux militant de la cause des droits des prisonniers a été emprisonné pour 12 ans. Il est également membre du Socialist Movement Kazakhstan, organisation large à l’intéroeir de laquelle travaillent nos camarades de la section kazakh du Comité pour une Internationale Ouvrière.

    PROTESTEZ CONTRE CES ARRESTATIONS

    Veuillez envoyer rapidement des mails de protestations à l’ambassade du Kazakhstan en Belgique à : bolat.temirbayev@gmail.com ainsi qu’au ministère des affaires étrangères kazakhes via l’adresse : mid@mid.kz


    Action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan en Belgique

    Lundi prochain, le PSL organise une action de protestation face à l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, aux côtés du député européen Paul Murphy, dans le cadre des commémorations consacrées au massacre de dizaines de travailleurs du secteur pétrolier dans la ville Zhanaozen sous les balles de la police il y a un an. Le régime a tout fait pour garder ce massacre le plus secret possible et a en même temps augmenté la répression. Il y a quelques semaines encore, tous les partis et organes de presse d’opposition ont été interdits. Venez protester avec nous ce lundi de 12h30 à 13h30 à l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles ! Des actions similaires sont également organisées dans de nombreux pays.

  • Un an après le massacre au Kazakhstan : Action de protestation de l'ambassade à Bruxelles

    Lundi prochain, le PSL organise une action de protestation face à l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, aux côtés du député européen Paul Murphy, dans le cadre des commémorations consacrées au massacre de dizaines de travailleurs du secteur pétrolier dans la ville Zhanaozen sous les balles de la police il y a un an. Le régime a tout fait pour garder ce massacre le plus secret possible et a en même temps augmenté la répression. Il y a quelques semaines encore, tous les partis et organes de presse d’opposition ont été interdits. Venez protester avec nous ce lundi de 12h30 à 13h30 à l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles ! Des actions similaires sont également organisées dans de nombreux pays.

    Action de solidarité avec les luttes au Kazakhstan

    Quand ? Lundi 17 décembre entre 12h30 et 13h30 à l’ambassade du Kazakhstan à bruxelles

    Qui ? L’appel pour cette action a été lancé par le PSL et le député européen Paul Murphy (élu de notre parti frère en République Irlandaise le Socialist Party).

    Pourquoi ? Le 16 décembre, cela fera très exactement un an qu’un terrible massacre a été perpétré par le régime dictatorial du président Nazerbayev dans la ville de Zhanaozen. Les grévistes du secteur du pétrole ont dû faire face à une répression particulièrement brutale, des dizaines de personnes sont mortes des suites des tirs à balles réelles des forces de police. Au Kazakhstan, ce dramatique anniversaire sera l’occaion d’actions de protestations en divers endroits, mais la solidarité internationale s’exprimera également suite à l’appel à la solidarité lancé par le Comité pour une Internationale Ouvrière. Sa section belge, le PSL, participera à cet évènement international de protestation contre ce régime sanguinaire.

    Ou ? L’adresse de l’ambassade est : 30 Avenue Van Bever, 1180 Bruxelles (Uccle).

    Comment s’y rendre ? En transport en commun à parti de la Gare du Midi à Bruxelles :

    • Tram 3 (direction Churchil) ou 4 (direction Stalle). Descendre à l’arrêt ‘Vanderkinderen’
    • Prendre ensuite le tram 92 en direction de Fort-Jaco jusqu’à l’arrêt ‘Fort-Jaco’
    • Suivre à pied la Chaussée de Waterloo jusqu’au numéro 30 de l’avenue Van Bever (à la gauche de la Chaussée de Waterloo – à une dizaine de minute à pied)

    Nous n’oublions pas, nous n’arrêtons pas le combat

    Vidéo sur les évènements du 16 décembre

  • Les protestations contre l'expulsion de notre camarade Murugathas se développent

    L’appel à protester contre l’expulsion éventuelle du militant tamoul Murugathas a pu compter sur un large écho. Des dizaines de personnes ont envoyé des mails de protestation au secrétaire d’État à l’asile et à l’immigration afin de s’opposer à l’expulsion imminente d’un homme présent depuis 18 ans dans notre pays, qui y a une famille, et dont la vie sera en danger s’il est renvoyé au Sri Lanka. Parmi les différentes lettres de protestation se trouvent notamment celle d’un dirigeant syndical du Kazakhstan et celle de Paul Murphy, député européen irlandais. Depuis le centre de détention de Steenokkerzeel, Murugathas tient à chaleureusement remercier tous ceux qui le soutiennent.

    Par Geert Cool. Si vous voulez collaborer à cette campagne, n’hésitez pas à nous contacter via : tamil@socialisme.be

    Les expulsions de Tamouls très contestées en Grande-Bretagne

    Le choc qu’ont subi les parents, les amis et les camarades de Murugathas est très grand. Lui-même est d’ailleurs encore aujourd’hui très affecté par son arrestation. Une expulsion signifierait qu’il soit livré aux mains des autorités sri-lankaises, avec le risque qu’il soit torturé. Cette année, des Tamouls ont été expulsés du Royaume-Uni vers le Sri Lanka, et ils ont subi diverses violences dès leur arrivée.

    Le quotidien The Guardian a ainsi publié un article consacré au retour d’un réfugié tamoul (voir cet article). Ci-contre, vous pouvez voir une photo qui illustre ce qui est arrivé aux réfugiés tamouls qui sont retournés au Sri Lanka… Les choses sont allés tellement loin que des décisions judiciaires sont arrivées pour interdire de renvoyer les Tamouls au Sri Lanka (voir cet article du Guardian).

    L’oragnisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a également protesté contre les expulsions de Tamouls. Amnesty International souligne également les grands problèmes que rencontrent les droits de l’Homme au Sri Lanka. L’organisation ne croit pas aux vaines promesses du régime (voir cet article d’Amnesty International). Ces plaintes des organisations de défense des droits de l’Homme ont été renforcées par un rapport de l’ONU qui a admis que les Nations Unies ont été incapables de protéger la population civile au Sri Lanka et qui reconnaît explicitement que, même après la guerre civile, les droits de l’Homme ne sont pas respectés.

    Un large soutien et une grande solidarité

    Les messages de protestation ont afflué depuis le lancement de l’appel, de la part de militants politiques, de syndicalistes,… Parmi eux: Esenbek Ukteshbayev, l’une des figures parmi les plus proéminentes de la gauche syndicale au Kazakhstan, lui-même venant à peine de rentrer au pays après un exil forcé destiné à fuir la répression. Des protestations sont également venues d’Inde et de notre parti-frère New Socialist Alternative. Des e-mails de syndicalistes et de militants politiques sont aussi venus du Portugal, d’Italie, de France, des Pays-Bas, de Suède,… En Belgique, la pétition a été signée par des militants du PSL, de Rood!, de la LCR, du PTB, par des syndicalistes de la FGTB et de la CSC, ainsi que par des gens qui ne sont organisés nulle part.

    Le député européen Paul Murhpy (Socialist Party, notre parti-frère en république Irlandaise) a envoyé une lettre à la secrétaire d’État De Block. Il déclare entre autres: ”Je suis membre de la délégation du Parlement Européen qui discute des relation avec l’Asie du Sud, et notamment avec le Sri Lanka. J’ai rencontré Murugathas à plusieurs reprises dans la cadre de mon travail avec cette délégation. Je connais la situation du Sri Lanka de par mon travail avec la présente délégation ainsi que par de nombreux contacts que j’ai dans ce pays. Le rapport de l’ONU ‘Report of the secretary general’s internal review panel on UN action in Sri Lanka’ démontre que les Nations Unies n’ont pas pu protéger les civils dans les derniers mois de la guerre civile. De nombreuses preuves attestent de violations répétées des droits de l’Homme et du fait que les discriminations du gouvernement contre la minorité tamoule se poursuivent sans relâche depuis la fin de la guerre.” (La lettre de Paul Murphy est disponible ici (pdf)). La campagne se poursuivra dans les prochains jours. Lundi sera soumis le recours contre l’arrestation et l’expulsion de Murugathas. Des actions seront prévues. En attendant, nous vous demandons de continuer à faire connaître le cas de Murugathas, à faire signer la pétition et à envoyer les mails de protestation.


    Lettre de Paul Murphy

  • Kazakhstan : Libération de Vadim Kuramshin !

    Ces dernières semaines ont vu le développement d’une intense campagne de solidarité en faveur de l’avocat spécialiste des Droit de l’Homme Vadim Kuramshin, arrêté et menacé au Kazakhstan d’une lourde peine de prison après un jugement marqué par les nombreuses erreurs de procédures. L’accusation reposait sur des ‘‘preuves’’ fabriquées de toute pièce destinées à le condamner pour corruption. La campagne internationale de solidarité a très certainement eu un impact pour obtenir ce résultat.

    Le ‘‘Mouvement Socialiste du Kazakhstan’’ (organisation large à l’intérieur de laquelle est active notre parti-frère au Kazakhstan ‘‘Résistance Socialiste’’) a pu annoncer aujourd’hui que Vadim avait été relâché. Le procès se terminait des derniers jours, sur fonds d’une intense campagne de solidarité menée aux quatre coins du monde, avec des actions de protestation aux ambassades et l’envoi de centaines d’e-mails de protestation, dont un bon nombre au départ de Belgique.

    Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan a tenu à remercier sur son site les centaines de personnes qui ont pris part à cette campagne, à “chaque personne qui n’est pas restée sur le côté mais a rejoint notre camp afin d’assurer la libération de Vadim.”

    Cette libération est une grande victoire obtenue par la campagne internationale de solidarité, et nous remercions chaleureusement toute personne qui a suivi notre appel à envoyer des lettres de protestation.

    Plus d’informations suivront bientôt.

  • Kazakhstan : Vadim Kuramshin est entré en grève de la faim !

    Vadim Kuramshin, un avocat des droits de l’homme au Kazakhstan, a été arrêté dans le cadre de la vague de répression qui frappe le pays, au moment où il dénonçait la corruption du bureau du Procureur général. Cette affaire a été plusieurs fois suspendue, indubitablement pour permettre au juge et au procureur de mettre au point ce procès truqué. Au bout d’un moment, le procès s’est poursuivi sans jury, car il devenait trop clair que les charges retenues contre lui ne tiennent pas la route. Vadim devrait être relâché immédiatement et toutes charges contre lui abandonnées.

    Lettre de protestation de la Campagne Kazakhstan à envoyer aux autorités kazakhes

    Aux autorités du Kazakhstan

    Au Juge Samat Tulesbai, qui preside le procès de Vadim Kuramshin dans l’oblast de Zhambylskaya

    Au Chef de la Cour Pénale de l’oblast de Zhambylskaya

    Au Chef de la Cour Pénale Mr. Obydov

    Nous avons appris que Vadim Kuramshin, le militant des droits de l’Homme et avocat des droits des prisonniers, faussement accusé de corruption dans l’oblast de Zhambylskaya au Kazakhstan, a entamé une grève de la faim. Il s’agit d’une tentative désespérée et courageuse d’obtenir que justice soit faite et d’insister sur ses droits démocratiques de base, après déjà 6 mois d’emprisonnement. Nous exigeons que le tribunal soit immédiatement re-convoqué avec son jury afin d’en finir avec ce procès.

    Nous exigeons la libération immédiate de Vadim Kuramshin et l’abandon de toutes les charges retenues contre lui.

    Nous demandons que ceux qui ont tenté de le condamner à des années de prison sur base de fausses preuves et d’accusations forgées soient eux-mêmes tenus pour responsables de leurs actions.

    Tenez-nous informés des progrès faits dans le sens de ces revendications.

    Des partisans de la Campagne Kazakhstan se trouvent dans cinquante pays des cinq continents habités. La campagne fera encore plus de bruit internationalement si ces revendications ne sont pas immédiatement obtenues. Elle continuera à militer contre tout gouvernement qui entamerait des négociations ou des relations économiques ou politiques quelles qu’elles soient avec le régime du Kazakhstan, jusqu’à ce que la réelle démocratie soit établie dans ce pays.

    En protestation,

    Mick Whale, Secrétaire assistant, Campaign Kazakhstan, 07894 027 754

    SVP utilisez les emails et numéros de téléphone suivants ainsi que l’email de l’ambassade du Kazakhstan dans votre pays :

    Chef du tribunal régional : +7 7262 451219 hc-1@h.sud.kz

    Cour Pénale Régionale Spéciale +7 7262 43-12-04 hc-16@h.sud.kz

    SVP, envoyez une copie à: kazakhstansolidarity@gmail.com et campaignkazakhstan@gmail.com

    Signez la pétition en ligne pour la libération de Vadim !

  • Kazakhstan : Solidarité contre la dictature !

    Interview du dirigeant syndical Esenbek Ukteshbaev

    En, décembre dernier, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation d’opposition, faisant des dizaines de morts. La répression a été terrible, les arrestations ont été nombreuses et les accusés ont témoigné dans leur procès de l’usage de la torture et du viol. Le 5 juin, Takhir Mukhamedzyanov, dirigeant du Mouvement Socialiste du Kazakhstan (au sein duquel milite notre section kazakhe) et du syndicat indépendant Zhanartu, a été retrouvé mort dans son appartement. Nous avons discuté avec Esenbek Ukteshbaev, dirigeant de Zhanartu actuellement en exil.

    Interview par Tiphaine, Gauche Révolutionnaire (CIO-France)

    Quelle est la situation au Kazakhstan depuis le massacre du 16 décembre?

    La répression a été terrible, ils ont arrête beaucoup de gens et en premier les blesses. Pendant le procès qui a suivi, les accuses ont témoigné de la torture dans les prisons. Ils ont utilise des méthodes fascistes comme de tabasser les prisonniers a coup de barres de fer et de violer les militantes.

    Ils pouvaient trouver des gens pour témoigner contre des innocents, qui pouvaient être arrêtés et attaqués, comme dans le cas de Vadim Kuramshin. Mais aller ouvertement vers un meurtre de masse, personne ne s’y attendait. Au départ, tout le monde était choqué. Après un moment, les gens ont analysé ce qui s’était passé. Le mécontentement a commencé à faire surface.

    On a réussi à dépasser le blocage médiatique. Nos camarades ont travaillé à assurer que les informations sortent de la région. La plupart de la population n’a pas d’ordinateur mais il n’y avait pas d’autre moyen d’avoir des informations. La plupart ont été informés par internet. Dans les principales villes, ceux qui avaient accès à internet ont commencé à discuter entre eux et commencé les manifestations de « dissident », ils ont commencé à organiser des manifestations illégales chaque dernier samedi du mois. Ils ont choisi l’endroit de la manifestation et demandent la permission de manifester, ne l’obtiennent pas, ils manifestent quand même et se font arrêter. Les organisateurs sont arrêtés et emprisonnés pour 15 jours, les orateurs ont des amendes. Des gens qui n’avaient jamais manifesté avant ou participé à un mouvement se rassemblent, se rencontrent dans les manifs. Le régime les fiche, cherche où ils travaillent, où étudient leurs enfants, etc. Malgré cela, la colère monte.

    A cause du contrôle du régime sur les médias de masse, dont la télévision, une bonne partie de la population n’a que les infos du régime. Depuis des années, les gens sont transformés en zombies par les médias de masse. Ils font croire aux gens que les personnes qui parlent dans les meetings de masse font partie de la CIA pour que les gens aient peur d’aller aux meetings, mais les gens n’ont plus peur maintenant. Les choses vont mal au Kazakhstan, mais on leur dit « soyez patients, nous construisons l’avenir, nous avons besoin d’une période jusque 2030 et ensuite tout ira bien ».

    Est-ce que cela se traduit par l’organisation de plus de travailleurs dans les organisations indépendantes, Zhanartu et le Mouvement Socialiste Kazakhstan ?

    Il y a des exemples, comme ce qui se passe à Kazakhmys, où une grève de mineurs a obtenu le doublement de leurs salaires en avril. Toute l’organisation syndicale était dans l’organisation officielle qui défend le régime, et maintenant les travailleurs ont dit qu’ils voulaient rejoindre Zhanartu mais il y a un problème administratif pour rejoindre. Même dans le Sud du Kazakhstan, des gens voient notre site internet et nous contactent pour rejoindre et s’organiser au travail, en particulier des travailleurs qui construisent une autoroute internationale à travers le Kazakhstan, de l’Europe à la Chine. Les travailleurs de deux régions du Sud du Kazakhstan, à Taraz et Zhambilsk, ont exprimé le désir de faire partie de notre syndicat. Mais c’est surtout dans l’Ouest du Kazakhstan, après cet événement dramatique, que les gens ne ressentaient plus aucune peur.

    Nous espérons voir beaucoup de manifestations dans l’Ouest. Tout le monde se prépare attaquer le régime sur des supports comme facebook, tweeter, les sites internet des journaux, même dans les commentaires sur les sites des journaux officiels. Ils l’ont surnommé le président « Nursultan Krawawe », le Sanglant.

    Il y a une crise au sein du régime ?

    Il y a une crise politique en effet.

    Au sommet de l’appareil du pouvoir se trouvent plusieurs groupes qui se sont enrichis et ont affermi leurs positions, placé leurs clans dans des positions puissantes. Une guerre silencieuse se développe entre eux, sans qu’ils ne la montre au grand jour. Chacun essaie de mettre ses propres hommes aux positions clé de l’appareil dirigeant. Certains imaginent comment effectuer un changement de pouvoir, prendre le pouvoir à la place du régime actuel. A notre avis, un coup de palais n’est toutefois pas probable. Si un groupe parvient au pouvoir de cette façon, nous ne pensons pas qu’il durerait longtemps.

    Nazarbaev a des liens avec des Etats puissants, des multinationales. En particulier des intérêts économiques dans le gaz et le pétrole. Ces Etats ferment les yeux et soutiennent le régime, ce qui lui permet de se maintenir au pouvoir. Mais chaque jour, le régime devient plus faible. Si un autre groupe essaie de prendre le pouvoir, ce serait un signe à la population qu’il y a une faille et il y aurait un soulèvement. En ce moment, les gens regardent vers le haut du régime et voient tous ces lien avec les puissances mondiales, ils pensent qu’attaquer le régime provoquerait uen réaction des ces puissances. Il y a par exemple un accord des états de l’ex-URSS, un genre d’accord de sécurité. S’il y a un mouvement populaire dans un pays, les autres lui viennent en aide.

    Les gens veulent-ils renverser le régime ou est-ce qu’ils en sont plutôt à se défende, obtenir des acquis etc ?

    Dans les manifestations, tout le monde dit que Nazarbaev devrait partir, qu’il est un voleur et un menteur.

    Dans cette situation, que proposent le Mouvement Socialiste Kazakhstan et Résistance Socialiste (la section du CIO dans le pays) ?

    Notre principale tâche est de renforcer le mouvement et d’amener plus de gens à nous soutenir. Nos rangs augmentent, selon différentes sources. Les oligarques ne restent pas les bras croisés, ils préparent des choses. Ils utilisent de l’argent pour acheter des groupes, des nationaux-patriotes qui font tout ce que le pouvoir leur demande et sont utilisés comme provocateurs. La situation est compliquée avec des conditions dignes de la guerre, des attaques violentes du régime, ces groupes de provocateurs, les services secrets,…

    Des provocateurs sont utilisés pour mettre en avant la question de la langue kazakhe, pour abolir l’usage du russe. Il s’agit d’une campagne délibérée destinée à diviser la classe ouvrière. Le Mouvement Socialiste du Kazakhstan répond toujours à ces provocations et les condamne, nous expliquons qu’elles sont utilisées pour nous diviser et que nous ne le tolèrerons pas.

    Nous mettons en avant le besoin d’unifier tous les groupes qui militent ou s’opposent au régime. Nous essayons d’expliquer le capitalisme est mauvais en lui-même, pour tout le monde, c’est une route qui ne va nulle part. La seule issue pour répondre aux besoins de tous est d’établir le socialisme.

    Nous avons réussi à sauver des usines qui avaient été privatisées après la chute de l’URSS. Après 20 ans, les travailleurs pouvaient comprendre la différence. Il y a 20 ans, il y avait beaucoup de propagande sur comment le capitalisme allait changer la vie des gens. On ne pouvait pas dire que c’était le socialisme à cette époque et il y avait beaucoup d’insuffisances, le culte de la personnalité, etc. Mais il y avait des réussites sociales : l’éducation gratuite, même dans le supérieur, des équipements gratuits pour tous, la santé gratuite, les vacances gratuites organisées par les entreprises, les cantines gratuites dans les entreprises, etc. Dans les entreprises il y avait une liste d’attente pour obtenir un logement gratuit.

    Quand les propriétaires du privé sont arrivés, tout cela a disparu. Ils ont commencé à attaquer les droits des travailleurs, à supprimer des emplois, à augmenter la charge de travail, à diminuer les salaires. Les gens ont vu la différence d’eux-mêmes sans qu’on ait à le démontrer. Les travailleurs mettent en avant la renationalisation avant même de demander une augmentation de salaire.

    Comment poursuivre la lutte?

    Nous travaillons dans des conditions très difficiles. Il est difficile de s’opposer au régime, aux oligarques. En particulier nous manquons de finances pour coordonner le mouvement et de voyager d’un endroit à l’autre. Nous avons vraiment besoin de mobiliser plus pour parvenir à nos fins. Nous avons besoin de groupes mobiles qui vont de lieu de travail en lieu de travail, pour faire du travail d’agitation. Nous avons besoin de développer nos propres moyens de communication dont le journal, qui n’est pas suffisant pour l’instant. Il est difficile de le produire, nous avons besoin de fonds. Le matériel imprimé est important, parce que tout le monde n’a pas accès à un ordinateur.

    C’est une guerre et nous devons maintenir nos forces et les renforcer pour continuer à combattre. Je suis convaincu que quoi qu’il arrive, la classe ouvrière va venir au pouvoir. Nous devons apprendre des erreurs passées et ne pas autoriser la venue au pouvoir de personnes qui l’utilisent pour leurs intérêts personnels. Nous voyons la différence entre ceux qui sont impliqués dans le mouvement parce qu’ils sont convaincus et dévoués et ceux qui sont là pour obtenir un peu de prestige, et sont là seulement temporairement.

    Il est très important de construire ces groupes mobiles, pour ouvrir les yeux aux gens, pour construire des groupes d’initiative partout, pour qu’ils s’organisent eux-mêmes dans leur propre endroit et leur expliquer le rôle qu’ils doivent jouer et d’unir et de consolider les individus et les groupes ensemble, de les convaincre que ce n’est que par ce moyen qu’ils peuvent parvenir à leurs fins. Nous devons aussi les convaincre de ne pas être isolés, qu’il ne s’agit pas que de notre pays mais que nous devons établir des liens avec le mouvement ouvrier dans d’autres pays et devenir impliqués activement dans les campagnes de solidarité.

    Je pense que beaucoup de gens viennent à cette conclusion, comme les travailleurs du pétrole, qu’il ne s’agit pas que de lutter dans notre pays mais que c’est une question internationale. Nous pouvons même dire que c’est grâce à la campagne internationale et l’activité dans plusieurs pays que nous avons pu éviter une répétition de ce qui s’est passé avec les travailleurs du pétrole. Ils doivent reconnaitre la force du mouvement et doivent trouver un moyen de résoudre la situation en développant leurs propres contacts internationaux. Cela doit être une coopération mutuelle. Merci encore à cette campagne internationale de solidarité, je suis convaincu que sans cette campagne le nombre de morts aurait été encore pire. La campagne a sauvé des vies humaines.

  • Takhir Mukhamedzyanov, dirigeant de l’association ‘‘familles de mineurs’’ et du Mouvement Socialiste Kazakhstan, a été retrouvé mort

    Le 5 juin, les amis et collègues de Takhir Mukhamedzyanov, inquiets qu’il ne se soit pas présenté au travail après le week-end précédent, se sont rendus à son appartement à Karaganda, où ils ont trouvé son corps sans vie. Bien que les causes de sa mort ne soient pas encore connues, la mort de Takhir, un homme de 51 ans en bonne santé et énergique, est des plus suspectes. Takhir avait récemment reçu des menaces de la part de ‘‘personnes inconnues’’ qui déclaraient qu’ils ‘‘se débarrasseraient de lui’’.

    Déclaration du Comité Central du syndicat indépendant Zhanartu et du Comité Politique de Mouvement Socialiste Kazakhstan

    Depuis des années, Takhir travaillait comme mineur, d’abord dans l’industrie soviétique puis, après la privatisation, pour Arcelor-Mittal, qui a repris tous les principaux puits et fonderies de métal de la région du Karaganda au Kazakhstan. Il a été renvoyé illégalement en 2008, après quoi il est devenu vice-président de ‘‘Familles de Mineurs’’ à plein temps, un poste qu’il a gardé jusqu’à sa mort.

    Takhir et ses collègues de ‘‘Familles de Mineurs’’ ont apporté une grande assistance à aux veuves et orphelins de travailleurs décédés lors d’un accident du travail, mais ils étaient également devenus de plus en plus impliqués dans la défense des droits des mineurs. Les normes de santé et de sécurité dans les puits du Karaganda et dans les fonderies sont ignorées par les nouveaux patrons, sacrifiés dans leur course au profit. Comme les syndicats officiels soutenus par l’Etat ne font pas grand-chose pour défendre les mineurs, ‘‘Familles de Mineurs’’ a pris le rôle d’un syndicat indépendant.

    De telles activités ne sont pas passées inaperçues. ‘‘Familles de Mineurs’’ a subi toutes sortes de pressions. Le garage et la voiture de Takhir ont explosé le 10 octobre 2010. Les militants de ‘‘Familles de Mineurs’’ pensent que cette explosion est directement liée au travail de Takhir dans la défense des droits des mineurs et de leurs veuves. Selon sa camarade Natalia Tomilova, les menaces d’utiliser des méthodes violentes et terroristes contre les militants des droits du travail sont redevenues courantes.

    A peine deux semaines après l’explosion du garage, à 21h30, la police est venue à l’appartement de Takhir et l’a emmené de force dans un hôpital psychiatrique. Deux docteurs, trois policiers et un agent en civil ont affirmé que suite à la perte de sa propriété dans l’explosion, Takhir a souffert d’une dépression et a nécessité une hospitalisation et un traitement psychiatrique. Quand ils ont essayé de lui injecter une substance inconnue, Takhir a réussi à s’échapper. Il a appelé un ami et sa fille est venu le chercher et l’a ramené chez lui. Grace à une campane publique, les docteurs ont été forcés de laisser Takhir tranquille.

    En mars 2011, il vivait près du centre minier de Shakhtinsk quand un jeune homme l’a contacté pour lui dire que ses papiers, qui se trouvaient dans sa voiture quand le garage a explosé (et qui, selon la police, avaient été détruits) avaient été trouvés dans une décharge après la fonte de la neige. Cela confirmait que quelqu’un s’était introduit par effraction dans le garage de Takhir avant l’explosion.

    Il ne pouvait rester indifférent devant l’injustice

    Les camarades de Mouvement Socialiste Kazakhstan ont rencontré Takhir pour la première fois en janvier 2009. En septembre 2010, il a organisé la visite de Joe Higgins à Karaganda (Joe Higgins était alors député européen du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise) et aujourd’hui membre du parlement irlandais). En novembre 2010, Takhir a pris part à la conférence fondatrice du syndicat indépendant Zhanartu et a été élu de son comité central. En mai 2011, il a participé à la fondation du Mouvement Socialiste Kazakhstan et a été l’un des cinq Coprésidents élus. En juillet 2011, Takhir a de nouveau organisé la visite d’un député européen au Karaganda, Paul Murphy (député européen du Socialist Party irlandais qui a remplacé Joe Higgins quand celui-ci a été élu au Parlement irlandais), qui allait ensuite visiter la grève des travailleurs du pétrole à Zhanaozen. Deux semaines avant sa mort, Takhir avait visité la ville de Zhenkazgan, où les travailleurs étaient en grève et faisaient face à la répression. Ils ont rapidement trouvé un terrain d’entente et les travailleurs et Zhankazgan et Karaganda se sont engagés à soutenir mutuellement leurs luttes.

    Takhir a fait beaucoup de travail. Il ne pouvait rester indifférent ou passer son chemin quand il voyait une injustice. Nous nous souviendrons de lui comme d’un combattant consistant et inépuisable pour les droits de la classe ouvrière du Kazakhstan. Nous nous souviendrons de lui comme d’une personnalité ; il n’avait aucune prétention, il était toujours plein d’entrain et de très bonne compagnie. Il nous manquera.

    Nous faisons part de nos sincères condoléances à la famille et aux amis de Takhir, de la part du syndicat Zhanartu et du Mouvement Socialiste Kazakhstan,

    Takhir sera toujours dans notre mémoire, son nom sera inscrit dans l’histoire de la classe ouvrière du Kazakhstan. Repose-toi bien, cher camarade.


    Campaign Kazakhstan fait part de ses condoléances à la famille et aux amis de Takhir Mukhamedzyanov et demande une enquête indépendante et complète concernant les causes de la mort de Takhir. S’il est établi qu’il n’est pas mort de causes naturelles, les responsables de la mort de Takhir doivent être traduits en justice.

  • Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro

    C’est véritablement un séisme politique qui a pris place le 6 mai dernier en Grèce. Ces élections constituent un signe avant-coureur de bouleversements politiques et sociaux plus intenses encore. Partout à travers l’Europe, les travailleurs et leurs organisations doivent être solidaires de la population grecque et s’opposer résolument aux diktats de la troïka (Union Européenne, Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne). Cette solidarité passe aussi par la lutte contre les attaques des divers gouvernements partout en Europe.

    Résumé d’un dossier de Tony Saunois (CIO) et d’Andros Payiatos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Suite à l’impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections doivent se tenir le 17 juin. Cette paralysie est une expression des chocs violents dont a été victime la société grecque dans le cadre d’un processus de révolution et de contre-révolution. Le prestigieux Financial Times a ainsi mis en garde: ‘‘Il peut y avoir des émeutes et des pillages. Un coup d’État ou une guerre civile sont possibles’’ (édition du 18 mai).

    Alexis Tsipras (Syriza): “Une guerre entre le peuple et le capitalisme”

    Syriza (‘Coalition de la Gauche Radicale’) est sortie grand vainqueur du scrutin en passant de 4,6% à 16,78%, de quoi donner espoir à de nombreux travailleurs et militants de gauche en Grèce et ailleurs. La classe dirigeante est terrifiée face à cette large contestation de la Troïka et de l’austérité.

    Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les sociaux-démocrates du PASOK se sont systématiquement agenouillés devant les diktats de la Troïka, assurant ainsi que le pays soit littéralement occupé par les grandes banques, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Le 6 mai, le peuple grec a riposté par une claque monumentale envoyée à ces deux pantins de l’Europe du capital. Alors qu’ils obtenaient généralement 75% à 85% ensemble, ils n’ont maintenant recueilli que 32,02% (18,85 pour la ND et 13,18% pour le PASOK).

    D’ici aux élections du 17 juin, Syriza peut encore renforcer son soutien électoral. La coalition de gauche radicale sera-t-elle à la hauteur des espoirs placés en elle? Selon nous, ce n’est possible qu’avec un programme socialiste révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme. Toute recherche de solutions au sein du système actuel est vaine.

    Si la gauche est mise en échec, l’extrême droite pourrait se saisir du vide politique. Nous avons d’ailleurs assisté le 6 mai à l’émergence du parti néo-fasciste ‘‘Aube Dorée’’ qui a obtenu 6,97% et 21 élus. Depuis lors, ces néonazis ont chuté dans les sondages, mais l’avertissement est sérieux.

    Un niveau de vie attaqué à la tronçonneuse

    Le Produit Intérieur Brut grec a chuté de 20% depuis 2008, cet effondrement économique réduisant à néant la vie de millions de personnes. Dans les services publics, les salaires ont chuté de 40%. L’église estime que 250.000 personnes font quotidiennement appel aux soupes populaires. Dans les hôpitaux (où le nombre de lits a diminué de moitié), les patients doivent dorénavant payer à l’avance pour bénéficier d’un traitement. Un hôpital a même gardé un nouveau-né jusqu’à ce que sa mère puisse payer la facture de l’accouchement. Des milliers d’écoles ont aussi été fermées.

    La classe moyenne est détruite. Le nombre de sans abri a explosé et ils font la file aux côté de leurs frères d’infortunes immigrés pour recevoir un peu de nourriture et pouvoir intégrer un abri dans ces sortes de camps de réfugiés qui constituent la version européenne des bidonvilles. Le chômage frappe 21% de la population active et 51% de la jeunesse tandis que les centaines de milliers d’immigrés sont agressés sans relâche par l’extrême droite. La gauche doit riposter avec un programme de mesures d’urgence.

    Les travailleurs contre-attaquent

    Sous la pression de la base, au moins 17 grèves générales ont été organisées en deux ans, dont trois de 48 heures, sans que les attaques antisociales ne cessent. Mais un certain désespoir se développe puisque la lutte n’a pas remporté d’avancées. Le désespoir a poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger. Environ 30.000 immigrés clandestins grecs sont en Australie, certains sont même partis au Nigeria ou au Kazakhstan. D’autres ont choisi une fuite plus tragique : le taux de suicide grec est aujourd’hui le plus élevé d’Europe.

    Cette situation n’est pas sans rappeler la dépression américaine des années ‘30. La haine et la colère sont telles à l’encontre de l’élite grecque et de ses politiciens qu’ils ne sont plus en sécurité en rue ou au restaurant. Les riches cachent leur argent en Suisse ou dans d’autres pays européens, tandis que la majorité de la population bascule à gauche du fait des conséquences de la crise.

    Syriza refuse une coalition avec le PASOK et la ND

    Syriza a déclaré que le PASOK et la ND voulaient qu’elle se rende complice d’un crime en participant au gouvernement avec eux. Alexis Tsipras a proposé de constituer un bloc de gauche avec le Parti communiste grec (KKE) et la Gauche démocratique (une scission de SYRIZA) pour mener une politique de gauche.

    Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, appelle à l’abolition des mesures d’austérité et des lois qui ont mis fin aux conventions collectives de travail et ont plafonné le salaire minimum à 490 euros par mois. Il a exigé une enquête publique concernant la dette de l’Etat et, dans l’intervalle, un moratoire sur le remboursement des dettes.

    Ce programme est insuffisant face à la profondeur de la crise, mais il représente un bon point de départ afin de renforcer la lutte contre l’austérité et le débat sur un véritable programme de rupture avec le capitalisme.

    De son côté, la direction du KKE a refusé de rencontrer Tsipras. Le parti communiste s’enfonce dans son approche sectaire, à l’opposé du mouvement ouvrier, et il le paye dans les sondages. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, plaide pour la création d’un front de gauche depuis longtemps. Si cet appel reçu un accueil plutôt hostile dans un premier temps, il a ensuite progressivement bénéficié de plus de soutien pour finalement être repris par Alexis Tsipras et Syriza.

    Une liste unitaire serait sortie première des élections du 6 mai, et aurait de ce fait reçu le bonus de 50 sièges supplémentaires accordés au plus grand parti selon la législation électorale grecque. Même si cela n’avait pas été suffisant pour obtenir une majorité parlementaire, cela aurait offert une place encore plus centrale à la gauche pour la deuxième élection de juin et pour la campagne concernant cette perspective très réaliste d’un véritable gouvernement de gauche.

    Mais le KKE a refusé et reste sur le banc de touche. Pourtant, en 1989, ce parti n’a eu aucune réticence à entrer en coalition avec… les conservateurs de la Nouvelle Démocratie ! La secrétaire générale du KKE, Aleka Papriga, se réfère maintenant à cette expérience pour justifier son refus d’un front de gauche, comme si un front unitaire basé sur la lutte contre l’austérité pouvait être mis sur le même pied qu’un gouvernement pro-capitaliste avec les conservateurs ! Malheureusement, d’autres formations de gauche ont également adopté une attitude négative sur cette question, particulièrement Antarsya (une alliance anticapitaliste).

    Tant le KKE qu’Antarsya sont maintenant sous la pression de leurs bases. Une partie de la base d’Antarsya appelle publiquement à la constitution d’un front avec Syriza, mais la majorité de la direction reste obstinément sur sa position, au mépris du prix à payer. En 2010, cette alliance avait encore réalisé 2% aux élections communales, contre 1,2% en mai, et cela pourrait encore diminuer. De son côté, le KKE a à peine progressé aux élections en mai et les sondages parlent d’une chute de 8,5% à 4,4% pour le 17 juin.

    Tsipras a menacé de ne pas rembourser entièrement les dettes du gouvernement, d’économiser sur les dépenses militaires et de lutter contre le gaspillage, la corruption et l’évasion fiscale des riches. Il exige un contrôle public du système bancaire, et appelle même parfois à la nationalisation. Il s’est encore prononcé pour un New Deal, à l’instar de celui que Roosevelt avait mis en avant pour les États-Unis dans les années ‘30. Syriza a donc pour programme un ensemble de réformes qui ne rompent pas avec le capitalisme, mais c’est tout de même un début. Pour nous, un programme d’urgence de travaux publics doit être lancé, lié à la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie, sur base d’une planification démocratique et socialiste de la société.

    Le programme de Syriza a ses limites, mais il a le mérite d’être clairement opposé à l’austérité. Syriza refuse d’ailleurs de participer à toute coalition gouvernementale destinée à appliquer des mesures antisociales. Cette approche peut pousser la formation au-delà des 20% dans les sondages, jusqu’à 28%. Cette rapide croissance de soutien illustre le potentiel électoral pour les formations de gauche lorsque les conditions objectives sont réunies et qu’elles adoptent un profil clair.

    Le refus de Syriza de collaborer à une coalition bourgeoise change radicalement de la position d’autres forces de gauche par le passé. En Italie, la position du Parti de la Refondation Communiste (PRC) a été très sérieusement affaiblie par sa participation à des coalitions locales. En Espagne, récemment, Izquierda Unida (Gauche Unie) est entré en coalition avec les sociaux-démocrates du PSOE en Andalousie, ce qui peut menacer son soutien parmi la population.

    L’Union Européenne et l’euro

    Les partis capitalistes et la Troïka tentent désespérément de renverser cette situation, et font campagne en disant que ces élections sont en fait un référendum sur l’adhésion à la zone euro. Tous leurs efforts visent à présenter la résistance à l’austérité comme la porte de sortie hors de l’eurozone et de l’Union européenne.

    Sur ce point, la position de Syriza est trop faible, bien qu’il s’agisse de l’expression d’un sentiment largement répandu dans la population. Selon un sondage, cette dernière est à 79% opposée à quitter l’euro. Les craintes de ce qui se passerait ensuite sont compréhensibles; un isolement de l’économie grecque, relativement petite, pourrait ramener les conditions sociales au niveau des années 1950 et 1960 et l’inflation au niveau élevé des années 1970 et 1980. Syriza et la gauche doivent faire face à ces craintes et expliquer quelle est leur alternative.

    Tsipras parie sur le fait que la Grèce ne sera pas éjectée de l’eurozone en raison des conséquences que cela entraînerait pour le reste de l’Europe. Cela n’est toutefois pas certain, même s’il est vrai qu’une partie des classes dirigeantes européennes a peur de ce cas de figure et des perspectives pour l’euro si l’Espagne et d’autres pays sont aussi poussés vers la sortie.

    De l’autre côté, les classes dirigeantes d’Allemagne et d’autres pays craignent que de trop grandes concessions pour préserver la Grèce dans l’eurozone ne soient un précédent dont se pourraient ensuite se servir l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande,… Le ‘Centre for Economic and Business Research’ a déjà indiqué que la fin de l’euro sous sa forme actuelle est une certitude.

    Syriza se trompe en pensant que le rejet de l’austérité peut être combiné à l’eurozone. La zone euro est une camisole de force économique que les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises utilisent afin d’imposer leur politique. Syriza se doit de formuler une réponse claire face à la probabilité qu’un gouvernement de gauche soit expulsé de la zone. D’ailleurs, on ne peut pas non plus exclure qu’un gouvernement décidé à accepter l’austérité soit tout de même confronté à ce scénario de sortie.

    Si de nombreux Grecs craignent cette perspective, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi. Si une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche est poussée hors de l’eurozone, elle devra immédiatement institué un contrôle public sur le capital et le crédit afin d’éviter toute fuite des capitaux. Les institutions financières et les autres grandes entreprises devront immédiatement être nationalisées et le remboursement de la dette publique aux banques et aux institutions financières suspendu. Le gouvernement devra rendre public les livres de compte des banques et inspecter minutieusement les accords conclus avec les institutions internationales. Le gouvernement devra aussi exproprier les riches et protéger les petits investisseurs et épargnants. De cette manière, un véritable plan de relance serait de l’ordre du possible, un plan démocratiquement élaboré dans le cadre d’une planification socialiste basée sur le contrôle public des principaux secteurs de l’économie.

    Vive l’internationalisme socialiste !

    Un véritable gouvernement de gauche devra simultanément tout faire pour appeler à la solidarité du mouvement syndical du reste de l’Europe, et en particulier en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Italie. Ensemble, ces pays ont le potentiel de construire une alternative à l’Europe du capital vers une confédération socialiste basée sur une adhésion volontaire, première étape vers une Europe socialiste.

    Pour y parvenir, nous devons renforcer les liens entre toutes les organisations de gauche et le mouvement syndical de ces divers pays. Sans une telle approche, la résistance contre l’austérité sera partiellement désarmée, et un flanc laissé au développement du nationalisme.

    Une nouvelle phase de la lutte

    Si Syriza se retrouve le plus grand parti du pays, ou s’il prend la tête d’un gouvernement de gauche, la crise ne serait toutefois pas immédiatement battue. Au contraire, cela ne marquerait que l’ouverture d’une nouvelle phase à laquelle les travailleurs et leurs familles doivent être préparés.

    Syriza doit se renforcer en organisant tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent combattre l’austérité. L’appel de Tsipras pour constituer un front de gauche doit se concrétiser avec l’organisation de réunions locales et nationales des partis de gauche, des syndicats, d’habitants de quartiers, d’étudiants,…

    Des comités locaux démocratiquement constitués sont la meilleure base pour se préparer à la prochaine période de lutte et assurer que suffisamment de pression existe pour qu’un gouvernement de gauche applique une politique réellement centrée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles.

    La classe dirigeante se sent menacé par Syriza et par la gauche. Nous devons nous saisir de cette énorme opportunité. Rester spectateur n’est pas une option.


    Leçons passées et présentes d’Amérique latine

    Nous sommes évidemment dans une autre époque, mais des similitudes existent entre la Grèce actuelle et le Chili des années 1970-73 ou encore avec le développement des régimes de gauche au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine.

    Au début des années ’70, le Chili a connu une forte polarisation politique mais la droite et la classe dirigeante s’étaient préparées pour sortir de l’impasse. L’organisation fasciste ‘Patria y Libertad’ (une organisation paramilitaire) occupait les rues et attaquait les militants de gauche. Finalement, l’armée a organisé le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir.

    En Grèce, le potentiel du développement d’une organisation paramilitaire existe, avec ‘‘Aube Dorée’’. Cette organisation fait l’éloge de la dictature militaire grecque dite ‘‘des colonels’’ (1967-1973) et même d’Hitler. Une partie de la classe dirigeante peut tirer la conclusion qu’il n’existe pas d’alternative face à la menace de la gauche et peut être tentée de ‘rétablir l’ordre’. Cela ne sera pas le premier choix de la classe dirigeante, mais ce danger n’en est pas moins réel. La baisse du soutien d’Aube Dorée dans les sondages n’est pas synonyme de sa disparition.

    Même sans soutien massif un groupe comme Aube Dorée ou Patria y Libertad peut être une menace physique pour les minorités et le mouvement ouvrier. Aube Dorée envoie ses ‘chemises noires’ attaquer les immigrés et menace ouvertement les homosexuels (leur prochaine cible). La création de comités d’auto-défense est urgente.

    Si Syriza peut former un gouvernement avec un front de gauche, ce gouvernement peut rapidement être poussé plus encore à gauche. Ce fut le cas d’Allende au Chili en 1970 ou de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie) et de Kirchner (Argentine). Un tel gouvernement peut prendre des mesures contre les capitalistes, y compris par des nationalisations. D’autre part, un gouvernement grec de gauche pourrait bientôt servir d’exemple pour l’Espagne et le Portugal, entre autres.

    Syriza et Tsipras ne parlent pas encore de socialisme, mais cela pourrait changer. Dans une interview accordée au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ Tsipras parle d’une guerre entre la population et le capitalisme. Chavez lui non plus ne parlait pas de socialisme à son arrivée au pouvoir. Il a été poussé à gauche par la pression populaire.

    Sous l’impact de la crise et de la lutte des classes, le soutien pour des demandes comme la nationalisation, le contrôle et la gestion ouvrière peut rapidement grandir. Des gouvernements de gauche peuvent être mis sous pression pour prendre de telles mesures, au moins partiellement. Ce fut d’ailleurs également le cas du premier gouvernement du PASOK grec en 1981. Si les partis capitalistes obtiennent une majorité pour former un gouvernement dirigé par la Nouvelle Démocratie, ce sera un gouvernement sans crédibilité, ni autorité, ni stabilité. Un tel gouvernement entrera vite en confrontation avec l’intense colère du mouvement ouvrier grec. Syriza pourra s’y renforcer. Dans une telle situation Xekinima proposera une campagne active pour la chute du gouvernement par des grèves, des occupations et des manifestations de masse.

    La croissance rapide de Syriza est un élément positif. La crise sociale et politique constitue un test, tant pour Syriza que pour toutes les autres forces politiques. Avec un programme approprié, des méthodes correctes et une bonne approche, il est possible d’avancer. Sinon, la gauche peut disparaître aussi rapidement qu’elle a avancé. Xekinima joue un rôle actif dans les discussions au sein et autour de Syriza afin de parvenir aux conclusions politiques nécessaires pour développer les luttes.

  • Kazakhstan : 33 des accusés de Jhanaozen jugés ‘‘coupables’’

    Il apparaît que la ville de Jhanaozen est entourée par les troupes du ministère de l’intérieur en prévision de la sentence qui a été rendue ce lundi 4 juin des 37 grévistes et partisans de la grève. Les partisans des accusés prévoient davantage de manifestations à Jhanaozen et Aktau.

    Seuls 3 des 37 accusés ont été innocentés. 21 ont été condamnés à des peines de 2 ou 3 ans de prison avec des peines avec sursis ou dans certains cas, sujettes à une amnistie. Mais 13 militants ont reçu des peines de prison fermes allant de 3 ans jusqu’à 7 ans pour Roza Tuletaeva. Roza, qui est mère de 3 enfants, était l’une des militants dirigeants dans la grève du pétrole. Pendant le procès, elle a raconté comment elle avait été presque étouffée avec des sacs sur la tête pendant son interrogatoire et battue avec des barres de fer. Elle a subi d’autres atrocités qu’elle était trop gênée pour raconter ouvertement à la cour car sa famille et ses amis étaient présents.

    En général, la presse internationale rapporte que les événements du 16 décembre sont le résultat d’émeutes causées par les travailleurs du pétrole après 7 mois de grève. Il s’agit d’une tentative visant à décharger l’État du Kazakhstan de ses responsabilités. Les travailleurs du pétrole avaient organisé une manifestation pacifique le 16 décembre. Mais, selon son propre témoignage devant la cour, un officier de police a été déployé avec ses troupes à Jhanaozen dès le 14 décembre. Au lieu de gaz lacrymogènes, de balles de caoutchouc ou de canons à eau, on les a équipés d’armes et de balles réelles. Les vidéos du conflit montrent la police tirer sur les manifestants désarmés et pacifiques et souvent tirer les gens dans le dos. Le gouvernement a admis que 15 personnes ont été tuées, mais aucune charge n’a été retenue contre le ministre de l’intérieur, qui a dit qu’il avait donné l’ordre de tirer.

    Pour éviter que l’on accuse le régime, le procureur général a choisi un certain nombre de boucs émissaires parmi les autorités locales et la police et leur a fait un procès. Ils sont sans doute coupable des crimes dont ils sont accusés ; cependant ils servent surtout à ce que leurs supérieurs hiérarchiques ne soient pas incriminés. 5 policiers, accusés d’avoir ‘‘dépassé leur autorité’’ en tirant à balles réelles dans la foule ont reçu des peines allant de 5 à 7 ans de prison. Le chef de police carcérale, où un prisonnier est mort sous les coups des gardiens, a été condamné à 5 ans pour ‘‘ne pas avoir appelé une ambulance à temps’’ ! Un ancien maire et trois dirigeants de la compagnie Kazmunaïgaz ont aussi reçu des peines de 7 ans pour avoir volé dans les fonds de la ville et dans l’argent qui aurait du être versé par Kazmunaïgaz dans les fonds de l’aide sociale locale.

    De nouvelles arrestations et tortures

    Même si ces peines paraissent sévères, elles ne le sont pas du tout pour des crimes qui ont eu pour conséquence la mort de dizaines de personnes, la torture et la mort de manifestants pendant leur garde à vue et le vol de millions de Tenge dans le budget d’état. Le fait que des peines similaires ont été appliquées aux travailleurs du pétrole indique que le régime n’a fait que se venger des travailleurs. Aucun des travailleurs ne portait d’arme et ne peut être tenu pour responsable d’actes violents. Au contraire, ils se sont comportés de manière pacifique et disciplinée et ont été victimes du massacre par la police et du régime de terreur.

    A présent, une nouvelle vague d’arrestations et de torture est signalée. Jusqu’à 15 militants de la grève du pétrole et des dirigeants du parti politique Alga vont avoir un procès pour ‘‘incitation au mécontentement social’’ avec des peines pouvant aller jusqu’à 12 ans. Un grand nombre de militants syndicaux de la compagnie Ozenmunaïgaz vont être appelés pour un interrogatoire, dans le but de les intimider en vue d’une nouvelle grève. Après un interrogatoire, un militant de 51 ans s’est suicidé.

    Cependant, les militants syndicaux de la région rapportent que les travailleurs sont toujours déterminés à manifester, que ce soit devant le bureau du maire ou en préparant de nouvelles grèves dans la région. Selon un des dirigeants locaux, le prochain procès se prépare, non pas pour se venger de la grève précédente mais pour empêcher la prochaine.

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