Your cart is currently empty!
Tag: Kazakhstan
-
Le bourgmestre d’Uccle réprime les protestations qui visent ses amis kazakhs
Un an après le massacre du 16 décembre au Kazakhstan, la répression s’est exportée à Bruxelles
Le 16 décembre 2011, journée de commémoration de l’indépendance du Kazakhstan, un véritable massacre a été perpétré à Zhanaozen. Ce jour-là, les forces de l’ordre ont tiré sur une manifestation de travailleurs du secteur du pétrole en grève. Des dizaines de personnes ont ainsi été assassinées. Un an plus tard, ce massacre n’a pas été oublié et, dans ce pays comme ailleurs dans le monde, la lutte contre la répression et la dictature se poursuit. C’est dans ce cadre qu’une délégation du PSL s’est rendue aujourd’hui devant les bâtiments de l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, en compagnie du député européen Paul Murphy. Mais des policiers de la commune sont rapidement venus nous menacer afin que nous stoppions notre protestation. Hasard ? Le bourgmestre local et chef de la police, Armand De Decker (MR), a récemment été dans l’actualité pour un rôle de médiation très douteux qu’il aurait joué entre les autorités kazakhes et Nicolas Sarkozy, président français au moment des faits.
Par Geert Cool
À l’ambassade, nous n’avons trouvé personne à qui parler. Ils étaient visiblement au courant de l’action qui devait se tenir à leurs portes. Mais si personne n’est venu écouter ce que nous avions à dire, l’ambassade a par contre utilisé ses contacts avec le bourgmestre de la commune pour envoyer la police menacer les manifestants d’amendes de 250 euros par personne. Nous avons donc vu débarquer une dizaine d’agents de police, dont le responsable de la police communale.
Protester contre un régime dictatorial n’est possible à Uccle qu’après avoir préalablement quémandé l’approbation du bourgmestre. Ainsi, au silence de la presse belge sur ce qui se déroule au Kazakhstan (voir notre article) s’ajoute la répression des protestations. Une action est bien possible, mais uniquement avec une permission venue du haut. Dans le cas contraire, c’est la menace de lourdes amendes. Le chef de la police a bien essayé de se défendre en disant : ‘‘Les enfants aussi doivent demander avant de faire quelque chose.’’ Les autorités considèrent-elles la population comme une masse d’enfants à encadrer ? Voilà qui est très indicatif de la manière dont nos droits démocratiques sont considérés dans certains cercles…
La décision d’interrompre notre action de solidarité avec les luttes au Kazakhstan est venue du bourgmestre Armand De Decker (MR) qui a, sans aucun doute, agi sur la demande de ses amis de l’ambassade. D’ailleurs, la presse a récemment fait écho des relations étroites entretenues entre Monsieur De Decker et le régime dictatorial du Kazakhstan. Le célèbre journal français "Le Canard enchaîné" avait dévoilé un scandale, un Kazakhgate, où Armand De Decker a joué un rôle central.
Le président kazakh, Noursoultan Nazarbayev, devait conclure un contrat lucratif avec la société aéronautique française EADS concernant la vente de plusieurs hélicoptères. Mais le président-dictateur a posé ses conditions, au président français Nicolas Sarkozy, notamment d’aider trois de ses amis dans le cadre de leurs ennuis judiciaires en Belgique. Le milliardaire Patokh Chodiev ainsi que deux autres hommes d’affaires kazakhs étaient impliqués dans un dossier de corruption autour de l’entreprise belge Tractebel (où il est question de liens avec le crime organisé et de pots de vin pour obtenir un contrat à Tractebel au Kazakhstan). Les pressions exercées sur le tribunal belge n’auraient pas été suffisantes et il ne restait donc qu’une solution législative pour les tirer d’affaire.
Le journal satirique et d’investigation ‘‘Le Canard Enchaîné’’ suggère que les conseillers de Sarkozy ont été en contact avec Armand De Decker, qui était alors vice-président du Sénat, afin d’assurer le vote rapide de la loi sur l’extension de la transaction pénale à toute une série de délits, y compris financiers, seule manière de sauver les amis de Nazarbayev. Ce projet de loi a rapidement été éliminé des parlements : déposé à la Chambre le 11 février 2011, il a été adopté le 17 mars avant d’être envoyé au Sénat le 18 mars. La loi a été promulguée le 14 avril et est entrée en vigueur le 16 mai. De Decker nie être intervenu dans cette affaire, mais la rapidité du processus d’adoption de cette loi est frappante. Détail piquant: De Decker, en tant qu’avocat, a également participé à la défense de Chodiev. Fin juin 2011, Patokh Chodiev et les deux autres ont été les premiers à bénéficier de cette nouvelle version de la transaction pénale. Le parquet de Bruxelles a ainsi abandonné ses poursuites contre la somme de 23 millions d’euros, payée en août 2011. Quelques jours plus tard, Nazarbayev a signé un contrat de commande de 45 hélicoptères auprès d’EADS. Sarkozy était rayonnant lors de la signature du contrat.
Aujourd’hui, c’est ce même Armand De Decker qui est intervenu pour stopper une action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, très certainement après avoir été invité par l’ambassade à réagir. Alors que les riches fraudeurs viennent se réfugier à Uccle sous la protection de De Decker, toute forme de protestation contre les éléments les plus dictatoriaux de ce club de fraudeurs hyper-riches est réprimée.
Par la même occasion, nous avons pu vérifier que les Sanctions Administratives Communales (SAC) ne sont pas là pour faire face aux incivilités et petites nuisances, mais pour réprimer les protestations et les limiter au cadre autorisé par le sommet de la société. Nos droits démocratiques sont ainsi limités alors que les fraudeurs super-riches bénéficient de nouvelles mesures très complaisantes pour leurs crimes.
Le président-dictateur corrompu du Kazakhstan et ses amis peuvent compter sur la solidarité de l’establishment politique européen. L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair est devenu conseiller de Nazarbayev, le président Sarkozy a joué le coursier pour Nazarbayev pour, grâce à De Decker, accélérer le changement de la législation belge. La solidarité de classe n’est pas un vain mot pour l’establishment. Mais il en va de même du côté du mouvement ouvrier. Un an après le massacre de Zhanaozen, nous n’oublions pas, et nous continuons le combat contre la répression et l’oppression. L’hostilité que nous rencontrons de la part des amis locaux de Nazarbayev ne nous arrêtera pas.
Nous n’oublions pas, nous n’arrêtons pas le combat
- Kazakhstan : Solidarité contre la dictature ! Interview du dirigeant syndical Esenbek Ukteshbaev
- Takhir Mukhamedzyanov, dirigeant de l’association ‘‘familles de mineurs’’ et du Mouvement Socialiste Kazakhstan, a été retrouvé mort
- KAZAKHSTAN : La répression est incapable de faire taire l’opposition
- Kazakhstan, un an de grève dans le secteur du pétrole
- [Interview] De réelles possibilités d’insurrection au Kazakhstan
- Kazakhstan : L’attaque brutale et sanglante n’a pas vaincu les grévistes
- Le 16 décembre 2011 : Journée historique au Kazakhstan
- Massacre au Kazakhstan: Quand l’agence Belga se fait complice du régime
- Kazakhstan : Protestations internationales en solidarité avec les grévistes
- Kazakhstan : 70 morts et 500 blessés par la police anti-émeute ! APPEL URGENT A LA SOLIDARITE !
- Communiqué de presse – Kazakhstan Le régime organise un massacre mais se heurte à la résistance des masses
Vidéo sur les évènements du 16 décembre
-
Kazakhstan : Les militants Georgie Epshtien et Arman Ozhaubayev arrêtés
Protestons contre la répression de ce régime despotique !
Deux militants marxistes, Georgie Epshtien et Arman Ozhaubayev, ont été arrêtés ce matin à Alma-Ata par la police, alors qu’ils se rendaient chez un imprimeur rechercher les exemplaires d’une nouvelle édition de leur journal politique. Actuellement, ils sont sous le coup d’une ”arrestation administrative” pour deux semaines, accompagnée d’une sérieuse amende. Les autorités les menaces également d’être jugés pour "incitation à la discorde sociale”, ce qui entraînerait des peines bien plus lourdes s’ils étaient condamnés et jugés ”coupables”.
Le régime dictatorial du président Nazerbayev est déterminé à poursuivre et accroître la répression contre ses opposants. La semaine dernière encore, Vadim Kuramshin, un avocat spécialiste des drotis de l’Homme et fameux militant de la cause des droits des prisonniers a été emprisonné pour 12 ans. Il est également membre du Socialist Movement Kazakhstan, organisation large à l’intéroeir de laquelle travaillent nos camarades de la section kazakh du Comité pour une Internationale Ouvrière.
PROTESTEZ CONTRE CES ARRESTATIONS
Veuillez envoyer rapidement des mails de protestations à l’ambassade du Kazakhstan en Belgique à : bolat.temirbayev@gmail.com ainsi qu’au ministère des affaires étrangères kazakhes via l’adresse : mid@mid.kz
Action de protestation devant l’ambassade du Kazakhstan en Belgique
Lundi prochain, le PSL organise une action de protestation face à l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles, aux côtés du député européen Paul Murphy, dans le cadre des commémorations consacrées au massacre de dizaines de travailleurs du secteur pétrolier dans la ville Zhanaozen sous les balles de la police il y a un an. Le régime a tout fait pour garder ce massacre le plus secret possible et a en même temps augmenté la répression. Il y a quelques semaines encore, tous les partis et organes de presse d’opposition ont été interdits. Venez protester avec nous ce lundi de 12h30 à 13h30 à l’ambassade du Kazakhstan à Bruxelles ! Des actions similaires sont également organisées dans de nombreux pays.
-
Kazakhstan : Vadim Kuramshin est entré en grève de la faim !
Vadim Kuramshin, un avocat des droits de l’homme au Kazakhstan, a été arrêté dans le cadre de la vague de répression qui frappe le pays, au moment où il dénonçait la corruption du bureau du Procureur général. Cette affaire a été plusieurs fois suspendue, indubitablement pour permettre au juge et au procureur de mettre au point ce procès truqué. Au bout d’un moment, le procès s’est poursuivi sans jury, car il devenait trop clair que les charges retenues contre lui ne tiennent pas la route. Vadim devrait être relâché immédiatement et toutes charges contre lui abandonnées.
Lettre de protestation de la Campagne Kazakhstan à envoyer aux autorités kazakhes
Aux autorités du Kazakhstan
Au Juge Samat Tulesbai, qui preside le procès de Vadim Kuramshin dans l’oblast de Zhambylskaya
Au Chef de la Cour Pénale de l’oblast de Zhambylskaya
Au Chef de la Cour Pénale Mr. Obydov
Nous avons appris que Vadim Kuramshin, le militant des droits de l’Homme et avocat des droits des prisonniers, faussement accusé de corruption dans l’oblast de Zhambylskaya au Kazakhstan, a entamé une grève de la faim. Il s’agit d’une tentative désespérée et courageuse d’obtenir que justice soit faite et d’insister sur ses droits démocratiques de base, après déjà 6 mois d’emprisonnement. Nous exigeons que le tribunal soit immédiatement re-convoqué avec son jury afin d’en finir avec ce procès.
Nous exigeons la libération immédiate de Vadim Kuramshin et l’abandon de toutes les charges retenues contre lui.
Nous demandons que ceux qui ont tenté de le condamner à des années de prison sur base de fausses preuves et d’accusations forgées soient eux-mêmes tenus pour responsables de leurs actions.
Tenez-nous informés des progrès faits dans le sens de ces revendications.
Des partisans de la Campagne Kazakhstan se trouvent dans cinquante pays des cinq continents habités. La campagne fera encore plus de bruit internationalement si ces revendications ne sont pas immédiatement obtenues. Elle continuera à militer contre tout gouvernement qui entamerait des négociations ou des relations économiques ou politiques quelles qu’elles soient avec le régime du Kazakhstan, jusqu’à ce que la réelle démocratie soit établie dans ce pays.
En protestation,
Mick Whale, Secrétaire assistant, Campaign Kazakhstan, 07894 027 754
SVP utilisez les emails et numéros de téléphone suivants ainsi que l’email de l’ambassade du Kazakhstan dans votre pays :
Chef du tribunal régional : +7 7262 451219 hc-1@h.sud.kz
Cour Pénale Régionale Spéciale +7 7262 43-12-04 hc-16@h.sud.kz
SVP, envoyez une copie à: kazakhstansolidarity@gmail.com et campaignkazakhstan@gmail.com
Signez la pétition en ligne pour la libération de Vadim !
-
Grèce : Révolution et contre-révolution sur fond de crise croissante de la zone euro
C’est véritablement un séisme politique qui a pris place le 6 mai dernier en Grèce. Ces élections constituent un signe avant-coureur de bouleversements politiques et sociaux plus intenses encore. Partout à travers l’Europe, les travailleurs et leurs organisations doivent être solidaires de la population grecque et s’opposer résolument aux diktats de la troïka (Union Européenne, Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne). Cette solidarité passe aussi par la lutte contre les attaques des divers gouvernements partout en Europe.
Résumé d’un dossier de Tony Saunois (CIO) et d’Andros Payiatos, Xekinima (CIO-Grèce)
Suite à l’impossibilité de former un gouvernement, de nouvelles élections doivent se tenir le 17 juin. Cette paralysie est une expression des chocs violents dont a été victime la société grecque dans le cadre d’un processus de révolution et de contre-révolution. Le prestigieux Financial Times a ainsi mis en garde: ‘‘Il peut y avoir des émeutes et des pillages. Un coup d’État ou une guerre civile sont possibles’’ (édition du 18 mai).
Alexis Tsipras (Syriza): “Une guerre entre le peuple et le capitalisme”
Syriza (‘Coalition de la Gauche Radicale’) est sortie grand vainqueur du scrutin en passant de 4,6% à 16,78%, de quoi donner espoir à de nombreux travailleurs et militants de gauche en Grèce et ailleurs. La classe dirigeante est terrifiée face à cette large contestation de la Troïka et de l’austérité.
Les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et les sociaux-démocrates du PASOK se sont systématiquement agenouillés devant les diktats de la Troïka, assurant ainsi que le pays soit littéralement occupé par les grandes banques, la Banque Centrale Européenne, le Fonds Monétaire International et l’Union Européenne. Le 6 mai, le peuple grec a riposté par une claque monumentale envoyée à ces deux pantins de l’Europe du capital. Alors qu’ils obtenaient généralement 75% à 85% ensemble, ils n’ont maintenant recueilli que 32,02% (18,85 pour la ND et 13,18% pour le PASOK).
D’ici aux élections du 17 juin, Syriza peut encore renforcer son soutien électoral. La coalition de gauche radicale sera-t-elle à la hauteur des espoirs placés en elle? Selon nous, ce n’est possible qu’avec un programme socialiste révolutionnaire, un programme de rupture avec le capitalisme. Toute recherche de solutions au sein du système actuel est vaine.
Si la gauche est mise en échec, l’extrême droite pourrait se saisir du vide politique. Nous avons d’ailleurs assisté le 6 mai à l’émergence du parti néo-fasciste ‘‘Aube Dorée’’ qui a obtenu 6,97% et 21 élus. Depuis lors, ces néonazis ont chuté dans les sondages, mais l’avertissement est sérieux.
Un niveau de vie attaqué à la tronçonneuse
Le Produit Intérieur Brut grec a chuté de 20% depuis 2008, cet effondrement économique réduisant à néant la vie de millions de personnes. Dans les services publics, les salaires ont chuté de 40%. L’église estime que 250.000 personnes font quotidiennement appel aux soupes populaires. Dans les hôpitaux (où le nombre de lits a diminué de moitié), les patients doivent dorénavant payer à l’avance pour bénéficier d’un traitement. Un hôpital a même gardé un nouveau-né jusqu’à ce que sa mère puisse payer la facture de l’accouchement. Des milliers d’écoles ont aussi été fermées.
La classe moyenne est détruite. Le nombre de sans abri a explosé et ils font la file aux côté de leurs frères d’infortunes immigrés pour recevoir un peu de nourriture et pouvoir intégrer un abri dans ces sortes de camps de réfugiés qui constituent la version européenne des bidonvilles. Le chômage frappe 21% de la population active et 51% de la jeunesse tandis que les centaines de milliers d’immigrés sont agressés sans relâche par l’extrême droite. La gauche doit riposter avec un programme de mesures d’urgence.
Les travailleurs contre-attaquent
Sous la pression de la base, au moins 17 grèves générales ont été organisées en deux ans, dont trois de 48 heures, sans que les attaques antisociales ne cessent. Mais un certain désespoir se développe puisque la lutte n’a pas remporté d’avancées. Le désespoir a poussé des dizaines de milliers de personnes à fuir à l’étranger. Environ 30.000 immigrés clandestins grecs sont en Australie, certains sont même partis au Nigeria ou au Kazakhstan. D’autres ont choisi une fuite plus tragique : le taux de suicide grec est aujourd’hui le plus élevé d’Europe.
Cette situation n’est pas sans rappeler la dépression américaine des années ‘30. La haine et la colère sont telles à l’encontre de l’élite grecque et de ses politiciens qu’ils ne sont plus en sécurité en rue ou au restaurant. Les riches cachent leur argent en Suisse ou dans d’autres pays européens, tandis que la majorité de la population bascule à gauche du fait des conséquences de la crise.
Syriza refuse une coalition avec le PASOK et la ND
Syriza a déclaré que le PASOK et la ND voulaient qu’elle se rende complice d’un crime en participant au gouvernement avec eux. Alexis Tsipras a proposé de constituer un bloc de gauche avec le Parti communiste grec (KKE) et la Gauche démocratique (une scission de SYRIZA) pour mener une politique de gauche.
Le dirigeant de Syriza, Alexis Tsipras, appelle à l’abolition des mesures d’austérité et des lois qui ont mis fin aux conventions collectives de travail et ont plafonné le salaire minimum à 490 euros par mois. Il a exigé une enquête publique concernant la dette de l’Etat et, dans l’intervalle, un moratoire sur le remboursement des dettes.
Ce programme est insuffisant face à la profondeur de la crise, mais il représente un bon point de départ afin de renforcer la lutte contre l’austérité et le débat sur un véritable programme de rupture avec le capitalisme.
De son côté, la direction du KKE a refusé de rencontrer Tsipras. Le parti communiste s’enfonce dans son approche sectaire, à l’opposé du mouvement ouvrier, et il le paye dans les sondages. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, plaide pour la création d’un front de gauche depuis longtemps. Si cet appel reçu un accueil plutôt hostile dans un premier temps, il a ensuite progressivement bénéficié de plus de soutien pour finalement être repris par Alexis Tsipras et Syriza.
Une liste unitaire serait sortie première des élections du 6 mai, et aurait de ce fait reçu le bonus de 50 sièges supplémentaires accordés au plus grand parti selon la législation électorale grecque. Même si cela n’avait pas été suffisant pour obtenir une majorité parlementaire, cela aurait offert une place encore plus centrale à la gauche pour la deuxième élection de juin et pour la campagne concernant cette perspective très réaliste d’un véritable gouvernement de gauche.
Mais le KKE a refusé et reste sur le banc de touche. Pourtant, en 1989, ce parti n’a eu aucune réticence à entrer en coalition avec… les conservateurs de la Nouvelle Démocratie ! La secrétaire générale du KKE, Aleka Papriga, se réfère maintenant à cette expérience pour justifier son refus d’un front de gauche, comme si un front unitaire basé sur la lutte contre l’austérité pouvait être mis sur le même pied qu’un gouvernement pro-capitaliste avec les conservateurs ! Malheureusement, d’autres formations de gauche ont également adopté une attitude négative sur cette question, particulièrement Antarsya (une alliance anticapitaliste).
Tant le KKE qu’Antarsya sont maintenant sous la pression de leurs bases. Une partie de la base d’Antarsya appelle publiquement à la constitution d’un front avec Syriza, mais la majorité de la direction reste obstinément sur sa position, au mépris du prix à payer. En 2010, cette alliance avait encore réalisé 2% aux élections communales, contre 1,2% en mai, et cela pourrait encore diminuer. De son côté, le KKE a à peine progressé aux élections en mai et les sondages parlent d’une chute de 8,5% à 4,4% pour le 17 juin.
Tsipras a menacé de ne pas rembourser entièrement les dettes du gouvernement, d’économiser sur les dépenses militaires et de lutter contre le gaspillage, la corruption et l’évasion fiscale des riches. Il exige un contrôle public du système bancaire, et appelle même parfois à la nationalisation. Il s’est encore prononcé pour un New Deal, à l’instar de celui que Roosevelt avait mis en avant pour les États-Unis dans les années ‘30. Syriza a donc pour programme un ensemble de réformes qui ne rompent pas avec le capitalisme, mais c’est tout de même un début. Pour nous, un programme d’urgence de travaux publics doit être lancé, lié à la nationalisation des banques et des secteurs clés de l’économie, sur base d’une planification démocratique et socialiste de la société.
Le programme de Syriza a ses limites, mais il a le mérite d’être clairement opposé à l’austérité. Syriza refuse d’ailleurs de participer à toute coalition gouvernementale destinée à appliquer des mesures antisociales. Cette approche peut pousser la formation au-delà des 20% dans les sondages, jusqu’à 28%. Cette rapide croissance de soutien illustre le potentiel électoral pour les formations de gauche lorsque les conditions objectives sont réunies et qu’elles adoptent un profil clair.
Le refus de Syriza de collaborer à une coalition bourgeoise change radicalement de la position d’autres forces de gauche par le passé. En Italie, la position du Parti de la Refondation Communiste (PRC) a été très sérieusement affaiblie par sa participation à des coalitions locales. En Espagne, récemment, Izquierda Unida (Gauche Unie) est entré en coalition avec les sociaux-démocrates du PSOE en Andalousie, ce qui peut menacer son soutien parmi la population.
L’Union Européenne et l’euro
Les partis capitalistes et la Troïka tentent désespérément de renverser cette situation, et font campagne en disant que ces élections sont en fait un référendum sur l’adhésion à la zone euro. Tous leurs efforts visent à présenter la résistance à l’austérité comme la porte de sortie hors de l’eurozone et de l’Union européenne.
Sur ce point, la position de Syriza est trop faible, bien qu’il s’agisse de l’expression d’un sentiment largement répandu dans la population. Selon un sondage, cette dernière est à 79% opposée à quitter l’euro. Les craintes de ce qui se passerait ensuite sont compréhensibles; un isolement de l’économie grecque, relativement petite, pourrait ramener les conditions sociales au niveau des années 1950 et 1960 et l’inflation au niveau élevé des années 1970 et 1980. Syriza et la gauche doivent faire face à ces craintes et expliquer quelle est leur alternative.
Tsipras parie sur le fait que la Grèce ne sera pas éjectée de l’eurozone en raison des conséquences que cela entraînerait pour le reste de l’Europe. Cela n’est toutefois pas certain, même s’il est vrai qu’une partie des classes dirigeantes européennes a peur de ce cas de figure et des perspectives pour l’euro si l’Espagne et d’autres pays sont aussi poussés vers la sortie.
De l’autre côté, les classes dirigeantes d’Allemagne et d’autres pays craignent que de trop grandes concessions pour préserver la Grèce dans l’eurozone ne soient un précédent dont se pourraient ensuite se servir l’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Irlande,… Le ‘Centre for Economic and Business Research’ a déjà indiqué que la fin de l’euro sous sa forme actuelle est une certitude.
Syriza se trompe en pensant que le rejet de l’austérité peut être combiné à l’eurozone. La zone euro est une camisole de force économique que les grandes puissances capitalistes et les grandes entreprises utilisent afin d’imposer leur politique. Syriza se doit de formuler une réponse claire face à la probabilité qu’un gouvernement de gauche soit expulsé de la zone. D’ailleurs, on ne peut pas non plus exclure qu’un gouvernement décidé à accepter l’austérité soit tout de même confronté à ce scénario de sortie.
Si de nombreux Grecs craignent cette perspective, cela ne signifie pas qu’ils sont prêts à accepter n’importe quoi. Si une Grèce dirigée par un gouvernement de gauche est poussée hors de l’eurozone, elle devra immédiatement institué un contrôle public sur le capital et le crédit afin d’éviter toute fuite des capitaux. Les institutions financières et les autres grandes entreprises devront immédiatement être nationalisées et le remboursement de la dette publique aux banques et aux institutions financières suspendu. Le gouvernement devra rendre public les livres de compte des banques et inspecter minutieusement les accords conclus avec les institutions internationales. Le gouvernement devra aussi exproprier les riches et protéger les petits investisseurs et épargnants. De cette manière, un véritable plan de relance serait de l’ordre du possible, un plan démocratiquement élaboré dans le cadre d’une planification socialiste basée sur le contrôle public des principaux secteurs de l’économie.
Vive l’internationalisme socialiste !
Un véritable gouvernement de gauche devra simultanément tout faire pour appeler à la solidarité du mouvement syndical du reste de l’Europe, et en particulier en Espagne, en Irlande, au Portugal et en Italie. Ensemble, ces pays ont le potentiel de construire une alternative à l’Europe du capital vers une confédération socialiste basée sur une adhésion volontaire, première étape vers une Europe socialiste.
Pour y parvenir, nous devons renforcer les liens entre toutes les organisations de gauche et le mouvement syndical de ces divers pays. Sans une telle approche, la résistance contre l’austérité sera partiellement désarmée, et un flanc laissé au développement du nationalisme.
Une nouvelle phase de la lutte
Si Syriza se retrouve le plus grand parti du pays, ou s’il prend la tête d’un gouvernement de gauche, la crise ne serait toutefois pas immédiatement battue. Au contraire, cela ne marquerait que l’ouverture d’une nouvelle phase à laquelle les travailleurs et leurs familles doivent être préparés.
Syriza doit se renforcer en organisant tous ceux, et ils sont nombreux, qui veulent combattre l’austérité. L’appel de Tsipras pour constituer un front de gauche doit se concrétiser avec l’organisation de réunions locales et nationales des partis de gauche, des syndicats, d’habitants de quartiers, d’étudiants,…
Des comités locaux démocratiquement constitués sont la meilleure base pour se préparer à la prochaine période de lutte et assurer que suffisamment de pression existe pour qu’un gouvernement de gauche applique une politique réellement centrée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles.
La classe dirigeante se sent menacé par Syriza et par la gauche. Nous devons nous saisir de cette énorme opportunité. Rester spectateur n’est pas une option.
Leçons passées et présentes d’Amérique latine
Nous sommes évidemment dans une autre époque, mais des similitudes existent entre la Grèce actuelle et le Chili des années 1970-73 ou encore avec le développement des régimes de gauche au Venezuela, en Bolivie ou en Argentine.
Au début des années ’70, le Chili a connu une forte polarisation politique mais la droite et la classe dirigeante s’étaient préparées pour sortir de l’impasse. L’organisation fasciste ‘Patria y Libertad’ (une organisation paramilitaire) occupait les rues et attaquait les militants de gauche. Finalement, l’armée a organisé le coup d’Etat du 11 septembre 1973 qui a porté Pinochet au pouvoir.
En Grèce, le potentiel du développement d’une organisation paramilitaire existe, avec ‘‘Aube Dorée’’. Cette organisation fait l’éloge de la dictature militaire grecque dite ‘‘des colonels’’ (1967-1973) et même d’Hitler. Une partie de la classe dirigeante peut tirer la conclusion qu’il n’existe pas d’alternative face à la menace de la gauche et peut être tentée de ‘rétablir l’ordre’. Cela ne sera pas le premier choix de la classe dirigeante, mais ce danger n’en est pas moins réel. La baisse du soutien d’Aube Dorée dans les sondages n’est pas synonyme de sa disparition.
Même sans soutien massif un groupe comme Aube Dorée ou Patria y Libertad peut être une menace physique pour les minorités et le mouvement ouvrier. Aube Dorée envoie ses ‘chemises noires’ attaquer les immigrés et menace ouvertement les homosexuels (leur prochaine cible). La création de comités d’auto-défense est urgente.
Si Syriza peut former un gouvernement avec un front de gauche, ce gouvernement peut rapidement être poussé plus encore à gauche. Ce fut le cas d’Allende au Chili en 1970 ou de Chavez (Venezuela), de Morales (Bolivie) et de Kirchner (Argentine). Un tel gouvernement peut prendre des mesures contre les capitalistes, y compris par des nationalisations. D’autre part, un gouvernement grec de gauche pourrait bientôt servir d’exemple pour l’Espagne et le Portugal, entre autres.
Syriza et Tsipras ne parlent pas encore de socialisme, mais cela pourrait changer. Dans une interview accordée au quotidien britannique ‘‘The Guardian’’ Tsipras parle d’une guerre entre la population et le capitalisme. Chavez lui non plus ne parlait pas de socialisme à son arrivée au pouvoir. Il a été poussé à gauche par la pression populaire.
Sous l’impact de la crise et de la lutte des classes, le soutien pour des demandes comme la nationalisation, le contrôle et la gestion ouvrière peut rapidement grandir. Des gouvernements de gauche peuvent être mis sous pression pour prendre de telles mesures, au moins partiellement. Ce fut d’ailleurs également le cas du premier gouvernement du PASOK grec en 1981. Si les partis capitalistes obtiennent une majorité pour former un gouvernement dirigé par la Nouvelle Démocratie, ce sera un gouvernement sans crédibilité, ni autorité, ni stabilité. Un tel gouvernement entrera vite en confrontation avec l’intense colère du mouvement ouvrier grec. Syriza pourra s’y renforcer. Dans une telle situation Xekinima proposera une campagne active pour la chute du gouvernement par des grèves, des occupations et des manifestations de masse.
La croissance rapide de Syriza est un élément positif. La crise sociale et politique constitue un test, tant pour Syriza que pour toutes les autres forces politiques. Avec un programme approprié, des méthodes correctes et une bonne approche, il est possible d’avancer. Sinon, la gauche peut disparaître aussi rapidement qu’elle a avancé. Xekinima joue un rôle actif dans les discussions au sein et autour de Syriza afin de parvenir aux conclusions politiques nécessaires pour développer les luttes.
-
Kazakhstan : 33 des accusés de Jhanaozen jugés ‘‘coupables’’
Il apparaît que la ville de Jhanaozen est entourée par les troupes du ministère de l’intérieur en prévision de la sentence qui a été rendue ce lundi 4 juin des 37 grévistes et partisans de la grève. Les partisans des accusés prévoient davantage de manifestations à Jhanaozen et Aktau.
- Rubrique de ce site consacrée au Kazakhstan
- Site de la campagne internationale de solidarité "Campaign Kazakhstan"
- Matériel de "Campaign Kazakhstan" en français
Seuls 3 des 37 accusés ont été innocentés. 21 ont été condamnés à des peines de 2 ou 3 ans de prison avec des peines avec sursis ou dans certains cas, sujettes à une amnistie. Mais 13 militants ont reçu des peines de prison fermes allant de 3 ans jusqu’à 7 ans pour Roza Tuletaeva. Roza, qui est mère de 3 enfants, était l’une des militants dirigeants dans la grève du pétrole. Pendant le procès, elle a raconté comment elle avait été presque étouffée avec des sacs sur la tête pendant son interrogatoire et battue avec des barres de fer. Elle a subi d’autres atrocités qu’elle était trop gênée pour raconter ouvertement à la cour car sa famille et ses amis étaient présents.
En général, la presse internationale rapporte que les événements du 16 décembre sont le résultat d’émeutes causées par les travailleurs du pétrole après 7 mois de grève. Il s’agit d’une tentative visant à décharger l’État du Kazakhstan de ses responsabilités. Les travailleurs du pétrole avaient organisé une manifestation pacifique le 16 décembre. Mais, selon son propre témoignage devant la cour, un officier de police a été déployé avec ses troupes à Jhanaozen dès le 14 décembre. Au lieu de gaz lacrymogènes, de balles de caoutchouc ou de canons à eau, on les a équipés d’armes et de balles réelles. Les vidéos du conflit montrent la police tirer sur les manifestants désarmés et pacifiques et souvent tirer les gens dans le dos. Le gouvernement a admis que 15 personnes ont été tuées, mais aucune charge n’a été retenue contre le ministre de l’intérieur, qui a dit qu’il avait donné l’ordre de tirer.
Pour éviter que l’on accuse le régime, le procureur général a choisi un certain nombre de boucs émissaires parmi les autorités locales et la police et leur a fait un procès. Ils sont sans doute coupable des crimes dont ils sont accusés ; cependant ils servent surtout à ce que leurs supérieurs hiérarchiques ne soient pas incriminés. 5 policiers, accusés d’avoir ‘‘dépassé leur autorité’’ en tirant à balles réelles dans la foule ont reçu des peines allant de 5 à 7 ans de prison. Le chef de police carcérale, où un prisonnier est mort sous les coups des gardiens, a été condamné à 5 ans pour ‘‘ne pas avoir appelé une ambulance à temps’’ ! Un ancien maire et trois dirigeants de la compagnie Kazmunaïgaz ont aussi reçu des peines de 7 ans pour avoir volé dans les fonds de la ville et dans l’argent qui aurait du être versé par Kazmunaïgaz dans les fonds de l’aide sociale locale.
De nouvelles arrestations et tortures
Même si ces peines paraissent sévères, elles ne le sont pas du tout pour des crimes qui ont eu pour conséquence la mort de dizaines de personnes, la torture et la mort de manifestants pendant leur garde à vue et le vol de millions de Tenge dans le budget d’état. Le fait que des peines similaires ont été appliquées aux travailleurs du pétrole indique que le régime n’a fait que se venger des travailleurs. Aucun des travailleurs ne portait d’arme et ne peut être tenu pour responsable d’actes violents. Au contraire, ils se sont comportés de manière pacifique et disciplinée et ont été victimes du massacre par la police et du régime de terreur.
A présent, une nouvelle vague d’arrestations et de torture est signalée. Jusqu’à 15 militants de la grève du pétrole et des dirigeants du parti politique Alga vont avoir un procès pour ‘‘incitation au mécontentement social’’ avec des peines pouvant aller jusqu’à 12 ans. Un grand nombre de militants syndicaux de la compagnie Ozenmunaïgaz vont être appelés pour un interrogatoire, dans le but de les intimider en vue d’une nouvelle grève. Après un interrogatoire, un militant de 51 ans s’est suicidé.
Cependant, les militants syndicaux de la région rapportent que les travailleurs sont toujours déterminés à manifester, que ce soit devant le bureau du maire ou en préparant de nouvelles grèves dans la région. Selon un des dirigeants locaux, le prochain procès se prépare, non pas pour se venger de la grève précédente mais pour empêcher la prochaine.
