Tag: Irlande

  • Action de solidarité avec le mouvement pour le droit à l’avortement en Irlande

    Rassemblement ce mardi 28 octobre 18h30 à Bruxelles, devant l’ambassade d’Irlande (chaussée d’Etterbeek 180 – 1040 Etterbeek)

    rosaCe 28 octobre nous commémorerons les 2 ans de la mort de Savita Halappanavar. Cette jeune femme est décédée en octobre 2012 suite aux complications de sa grossesse. Sa vie aurait pu être sauvée si un avortement avait été pratiqué. Cette histoire rappelle que l’interdiction de l’avortement tue. Suite à cela, des actions de protestation ont eu lieu dans plusieurs pays, en ce compris en Belgique, pour dénoncer la politique du gouvernement irlandais. Ces mobilisations ont poussé, en 2013, le gouvernement irlandais a accepté l’avortement, mais uniquement dans le cas où la poursuite de la grossesse fait courir à la mère un “risque réel et substantiel” pour sa vie.

    Un nouveau cas en Irlande pousse le mouvement pour le droit à l’avortement à se mobiliser. Une jeune femme, victime d’un viol, s’est vue refuser un avortement à 8 semaines de grossesse et a été forcée par l’État irlandais à subir une césarienne.

    Le Socialist Party (Irlande) – section-sœur du Parti Socialiste de Lutte (PSL) en Irlande – appelle à la solidarité et à l’action pour soutenir le mouvement pro-choix irlandais. Il réclame un référendum au printemps 2015 afin de supprimer l’interdiction de l’avortement de la Constitution irlandaise. Nous relayons cet appel en organisant une action le mardi 28 octobre à 18h30 devant l’ambassade irlandaise.

    • Pour le droit à l’avortement libre et gratuit, dans des centres publics accessibles.
    • Pour la prévention par la gratuité des moyens de contraception et une éducation sexuelle de bonne qualité à l’école.
    • Pour des emplois à temps plein avec de bons salaires pour tous ; des services publics de qualité qui aident les femmes à combiner emploi et famille; des allocations familiales qui couvrent les coûts réels, afin d’éviter que l’avortement ne soit une décision purement financière.

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  • Notre camarade Paul Murphy est élu au parlement irlandais!

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    Paul Murphy, au centre, et Joe Higgins, à gauche.

    Ce week-end, la colère contre l’austérité s’est exprimée dans la rue et dans les urnes.

    Manifestation de ce samedi contre la “Water Charge”, la taxe sur l’eau.

    En Irlande, les actions de protestation contre les mesures austéritaires vont bon train. Ce samedi encore, pas moins de 100.000 personnes ont défilé à Dublin contre une nouvelle taxe sur l’eau particulièrement détestée. Ce n’est pas la première fois qu’il est question de cette Water Charge, une première tentative d’introduire un impôt sur l’eau avait été effectuée dans les années 1990, mais elle fut confrontée à une campagne de boycott massive. Cette campagne bénéficia du soutien actif des militants du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL). Leur rôle de premier plan dans ce combat avait notamment assuré l’élection de Joe Higgins au Parlement irlandais en 1997.

    Le manifestation d’hier était co-organisée par l’Alliance Anti-Austérité (AAA), un regroupement d’opposition aux politiques d’austérité dans lequel est impliqué le Socialist Party. Cette manifestation nationale, qui a fait suite à de nombreuses actions locales, fut une expression de l’immense colère qui se développe dans la société irlandaise. Il s’agit bien entendu d’un excellent point de départ pour une nouvelle campagne massive de boycott de la Water Charge.

    Cette colère a également trouvé une expression sur le plan politique. Le siège de la circonscription de Dublin Sud-Ouest au Dail, le parlement irlandais, était en jeu et il a été remporté hier par Paul Murphy, notre camarade du Socialist Party, qui se présentait sur la liste de l’Alliance Anti-Austérité. Jusqu’aux dernières élections européennes, Paul était député européen pour le Socialist Party.

    Les partis traditionnels connaissent actuellement une débâcle inédite dans le pays, comme cela avait été illustré aux dernières élections locales et européennes. Ici, Paul a réussi à l’emporter face au candidat du Sinn Fein, un parti qui veut se profiler comme une opposition de gauche au gouvernement mais qui refuse de concrètement organiser l’opposition de la population avec une campagne de masse pour le boycott de la Water Charge, par exemple. Le Sinn Fein se prépare en fait à entrer au gouvernement, comme c’est déjà le cas en Irlande du Nord. La campagne électorale a été dominée par la lutte contre la nouvelle taxe sur l’eau, et le refus du Sinn Fein de soutenir la campagne de boycott a fortement pesé.

    AAA_standLe Sinn Fein a recueilli 30% des votes de premier choix contre 27,2% pour Paul, mais il a dépassé ce candidat avec le report des votes de second choix (le système de vote irlandais permet de voter pour plusieurs candidats par ordre de préférence). Au final, Paul a reçu 9.565 voix contre 8.999 pour le Sinn Fein. Paul rejoint donc nos camarades Joe Higgins et Ruth Coppinger, les élus du Socialist Party au parlement irlandais. Ruth avait été élue en mai sur une liste AAA dans la circonscription de Dublin Ouest.

    Le scrutin de Dublin Sud-Ouest était un peu considéré comme une sorte de référendum concernant la Water Charge. Le résultat est remarquable… Les deux partis qui participent au gouvernement (Fine Gael et parti Travailliste) ont récolté ensemble 17,3% (contre 56% aux élections de 2011). Quant au résultat du Sinn Fein, il s’agit clairement d’une punition alors que cette circonscription est un bastion de la gauche nationaliste. Il y a une semaine, tout le monde supposait que le Sinn Fein allait gagner, mais la dynamique de la résistance contre la taxe sur l’eau en a décide autrement.

    La victoire de Paul Murphy et la manifestation massive contre la Water Charge démontre qu’il est possible de construire une résistance par le bas, d’organiser une implication massive dans la lutte contre l’austérité et d’assurer que cette résistance obtienne des conclusions politiques.


     

    Nous vous invitons également à lire un précédent dossier : “Comment les marxistes peuvent-ils utiliser leurs positions élues pour construire un rapport de force vers un changement réel ?”

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  • Comment les marxistes utilisent-ils leurs positions élues pour construire un rapport de forces vers un changement réel ?

    Ce 25 mai, des élus de gauche radicale ont été envoyés aux parlements régionaux de Bruxelles et de Wallonie ainsi qu’à la Chambre, pour la première fois depuis 30 ans. Cette percée remarquable du PTB assure que, désormais, une voix différente se fera entendre tant aux Parlements que dans le débat public.

    Les élus du PTB ont annoncé vouloir être le mégaphone de leurs électeurs. Certains ont rétorqué qu’avec seulement deux députés à la Chambre, quatre au Parlement bruxellois et deux au Parlement wallon, le PTB ne parviendra à rien concrétiser, que figurer dans l’opposition ne permet pas de ‘‘peser’’ sur la politique. Comment la gauche radicale peut-elle utiliser sa position pour, avec la classe des travailleurs, renforcer la lutte anti-austérité ? Comment quelques élus peuvent-ils déterminer le ton de l’agenda politique ? En guise de contribution à cet important débat, nous avons voulu aborder quelques exemples de la manière dont le Comité pour une Internationale Ouvrière (dont le PSL est la section belge) a utilisé et utilise ses positions élues.

    À Seattle, aux Etats-Unis, Kshama Sawant a frappé fort l’an dernier en recueillant 95.000 voix et en faisant son entrée au conseil de la ville, où ne siègent que neuf élus au rôle comparable à celui d’un échevin en Belgique. Notre camarade Bart Vandersteene a plusieurs mois à Seattle et livre ici un rapport de la manière dont la position de Kshama a été utilisée dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure.

    En Irlande, nos camarades du Socialist Party n’ont pas su répéter leur succès des élections européennes de 2009, lorsqu’ils étaient parvenus à prendre l’un des sièges en lice à Dublin. Ces cinq dernières années ont toutefois clairement illustré ce qu’un élu de gauche radicale peut faire comme différence au Parlement européen. Notre parti frère irlandais possède une vaste expérience dans ce domaine. Lors des dernières élections législatives partielles de mai, Ruth Coppinger est d’ailleurs venue rejoindre Joe Higgins au Parlement irlandais. Ces cinq dernières années, Finghin Kelly était collaborateur au Parlement européen pour le Socialist Party, il nous parle ici de cette expérience.

    Enfin, nous tenons à revenir sur un cas plus historique, celui de la lutte de Liverpool où, entre 1983 et 1987, un conseil municipal de gauche radicale était au pouvoir. Que peuvent réaliser les marxistes lorsqu’ils disposent d’une majorité dans une grande ville ? Le contraste est frappant avec, par exemple, ce que fait actuellement le SP aux Pays-Bas, devenu partenaire de coalition des libéraux à Amsterdam.

     

    Ces contributions peuvent être d’une grande utilité afin de voir comment utiliser de la façon la plus optimale les positions que le PTB a obtenues aux Parlements.


    Seattle: Comment une élue socialiste a-t-elle pu faire la différence dans la lutte pour l’augmentation du salaire minimum ?

    Par Bart Vandersteene

    “La guerre du salaire”

    Pour la première fois depuis des décennies, un élu de gauche radicale se réclamant du socialisme est arrivé au Conseil d’une ville américaine majeure. L’élection de Kshama Sawant à Seattle en novembre dernier est loin d’être passée inaperçue… Depuis lors, le plus haut salaire minimum de tout le pays y a été instauré. Nul doute que l’élection de Kshama Sawant et le rôle joué par Socialist Alternative ont été décisifs dans ce domaine.
    Les lecteurs réguliers de Lutte Socialiste ou de socialisme.be ont déjà pu à de nombreuses reprises prendre connaissance de la situation particulière qui s’est développée à Seattle. Deux permanents du PSL s’y sont d’ailleurs rendus afin de profiter de cette expérience et d’aider à construire notre organisation-sœur, Socialist Alternative, qui connaît actuellement une croissance impressionnante.

    Sans exagérer le moins du monde, nous pouvons affirmer que l’élection de Kshama Sawant a constitué un véritable tournant pour la gauche américaine. Un intense débat a éclaté concernant les initiatives que la gauche devrait prendre aux Etats-Unis pour enfin être un réel joueur sur le terrain politique.

    L’élection d’une militante se réclamant du socialisme n’est pas passée inaperçue, c’est certain, mais ce qui a véritablement frappé les esprits, c’est que six mois plus tard à peine, la ville avait déjà accepté de relever le salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure, même si ce n’est pas d’un seul coup. Avec cette victoire, Kshama Sawant et Socialist Alternative sont devenus un repère pour des dizaines de milliers de militants actuellement à la recherche d’une stratégie destinée à défendre une alternative au capitalisme. Même les médias internationaux ont couvert l’événement, qui a figuré dans les pages du Guardian, de l’Indian Times de même que dans des journaux allemand, français, danois, israéliens,…

    Mais avant le vote du Conseil sur les 15 $, seuls les journalistes locaux reconnaissaient l’importance de ce qui était en train de se passer. Le Seattle Times, journal difficilement soupçonnable de sympathies de gauche, écrivait déjà en avril : ‘‘Si le conseil décide d’établir le salaire minimum à 15 $ au cours de ces prochains mois, alors Sawant pourra à juste titre en prendre le crédit et commencer à déterminer l’agenda politique de la ville.’’
    Kshama n’a pas marqué de son empreinte l’agenda politique en convainquant les huit autres conseillers à l’aide de bons arguments ; elle a forcé l’establishment politique à accorder des concessions en mobilisant l’opinion publique et en construisant un mouvement par en bas. Sa campagne électorale avait pour revendication centrale l’instauration d’un salaire minimum de 15 $ et l’approche offensive de Socialist Alternative a forcé les deux candidats à la mairie à se prononcer sur la question. Le vainqueur, Murray, a été contraint de la soutenir du bout des lèvres.

    Une semaine après sa prestation de serment au Conseil, une réunion a rassemblé 250 participants et a lancé la campagne ‘‘15 NOW’’ (15 maintenant). Ces derniers mois, des dizaines d’activités et de réunions ont eu lieu en vue de consolider et de renforcer le large soutien à la revendication des 15 $, soutenue à 68% selon un sondage réalisé en janvier. En mars, il s’agissait de 72%.

    Tout en continuant à mener campagne, Sawant et ‘‘15 NOW’’ avaient averti le maire qu’il avait jusqu’au mois d’avril pour trouver une proposition concluante, faute de quoi ‘‘15 NOW’’ allait lancer une campagne de récolte de signatures pour obtenir l’organisation d’un référendum contraignant en novembre, sur base d’une proposition de ‘‘15 NOW’’.

    Le 1er mai, le maire a annoncé qu’il avait conclu un compromis avec les représentants des entreprises, des syndicats et une majorité des conseillers. Les 15 $ de l’heure seront bien introduits, mais sur une période de 2 à 6 ans en fonction de la taille de l’entreprise. Après deux ans, le montant sera ajusté pour tenir compte l’inflation. Pour 2025, le salaire minimum devrait être de 18 $ de l’heure (actuellement, le salaire minimum fédéral est de 7,25 $).

    Plusieurs conseillers ont, en concertation avec le patronat, tenté d’affaiblir la proposition initiale de ‘‘15 NOW’’. La seule raison pour laquelle ils n’ont pas osé y aller plus franchement est la menace des prochaines élections, où ils craignaient d’être trop largement considérés comme de vulgaires hommes de paille des 1% les plus riches.

    La proposition finalement retenue n’est pas conforme à 100% à celle défendue par Kshama, mais elle reste une avancée majeure ainsi qu’une grande victoire qui indique comment une position élue peut être utilisée pour renforcer la lutte et arracher des conquêtes sociales. Le journaliste indépendant Arun Gupta avait ainsi décrit la dynamique à l’œuvre : ‘‘C’était impressionnant de voir comment Socialist Alternative combinait efficacement ses tactiques à l’intérieur et à l’extérieur du Conseil. C’était un jeu d’échecs, chaque mouvement de la mairie et des entreprises recevait une réponse de ‘‘15 NOW’’. La position de Sawant à la table des négociations a été renforcée par des manifestations et des actions.’’

    Al-Jazeera América a écrit : ‘‘La victoire de Sawant a démontré qu’être socialiste n’est plus un inconvénient pour les élections. La campagne pour les 15 $ de l’heure a en outre fourni un modèle de démocratie par la base qui va à l’encontre du processus politique contrôlé par les entreprises. Les observateurs s’attendent à ce que la loi puisse passer fin mai. Si cela se produit, la victoire – même sans être complète – confirmera la méthode de Socialist Alternative, renforcera cette organisation et créera plus d’espace pour la politique socialiste aux États-Unis’’ (21 mai 2014).

    Lors du vote final au Conseil, le 2 juin, Kshama Sawant a clôturé son discours comme suit : ‘‘Le message d’aujourd’hui est clair : si nous nous organisons en tant que travailleurs avec une stratégie socialiste, nous pouvons combler le fossé des inégalités de revenus et nous attaquer à l’injustice sociale. Les 15 $ à Seattle ne sont qu’un début. Nous avons tout un monde à gagner.’’

    Plus d’infos sur le rôle joué par Kshama Sawant et Socialist Alternative à Seattle.


    Irlande. Des élus pour renforcer la résistance de terrain contre la politique antisociale

    Par Finghin Kelly

    Joe Higgins

    Le parti-frère irlandais du PSL a remporté son premier siège au Dáil (parlement) en 1997. En 2011, le parti a gagné deux sièges aux élections législatives et, récemment, en a obtenu un de plus lors d’une élection partielle. Le Socialist Party irlandais a également eu un député européen de 2009 aux récentes élections de mai.

    Le Socialist Party est également représenté dans des conseils locaux depuis 1991. Il est à la base de l’Alliance Anti Austérité (AAA) qui vient de remporter 14 conseillers municipaux (9 d’entre eux étant membres du Socialist Party) siégeant désormais dans les trois principales villes de la république irlandaise.

    Durant toute cette période, le Socialist Party a été confronté à de nombreux défis dans l’utilisation de ses élus. Les années ’90 et le début des années 2000 furent une période marquée par un dramatique tournant vers la droite au sein du Parti Travailliste irlandais (de même que dans le reste de la social-démocratie, comme le PS en Belgique), qui s’est transformé en un parti entièrement pro-capitaliste et appliquant le néolibéralisme. Un processus similaire avait également pris place dans la majorité des directions syndicales, qui ont abandonné l’idée de mener une lutte conséquente pour défendre les intérêts de la classe des travailleurs tout autant que celle qu’une alternative au capitalisme était possible.

    Ces dernières années, le capitalisme irlandais a connu une crise profonde. Les banques irlandaises ont été renflouées par le contribuable à hauteur de 64 milliards € et un vicieux plan d’austérité a été mis en place par l’ensemble des partis traditionnels. Les conditions de vie des travailleurs se sont effondrées tandis que l’émigration et le chômage ont atteint un niveau record.

    Dans ce contexte, les principales tâches qui nous faisaient face avec nos représentants élus étaient de défendre et de populariser les idées du socialisme en tant qu’alternative à la crise, d’entrer en confrontation avec l’establishment politique capitaliste et de s’en prendre aux conséquences de leurs politiques en organisant à la rage et l’opposition des travailleurs.

    L’histoire nous a démontré que toutes les conquêtes sociales acquises par la classe des travailleurs ont été obtenues grâce à l’organisation et à la pression exercée sur la classe capitaliste et ses partis. Chaque victoire obtenue au Parlement n’a été possible que grâce à ce genre de mouvement. Nous avons donc toujours visé à utiliser nos représentants comme bras politiques du mouvement à l’extérieur de la Chambre. C’est ce qui a constitué notre force : faire d’une part entendre la voix des travailleurs et défendre les idées du socialisme à l’intérieur du Parlement et, d’autre part, avant tout utiliser ces élus afin d’aider à organiser la lutte à l’extérieur du Parlement.

    Paul Murphy

    Dans le cadre du mémorandum de la troïka, le gouvernement irlandais a instauré une taxe injuste sur chaque maison, sans tenir compte des moyens de ses occupants. Une campagne de boycott de masse a suivi, soutenue et construite par le Socialist Party. Nos élus ont été une sorte de mégaphone pour la campagne. Notre député européen, Paul Murphy, a même déchiré son formulaire de taxe au Parlement européen au cours d’un débat avec le président de la Commission européenne José Manuel Barroso. Nos élus ont été d’une grande assistance pour la campagne. Nos ressources (bureaux, capacités d’impression, etc.) ont été utilisées pour construire une campagne nationale de masse. Le bureau de Paul Murphy à Dublin a par exemple été occupé par des volontaires de la campagne afin d’y organiser des réunions et des actions dans tout le pays, tout en servant de centrale téléphonique pour de la campagne.

    Nos élus n’ont jamais cessé leur activité dans le mouvement. En 2003, dans une campagne du même type, notre député Joe Higgins a même été emprisonné un mois après avoir défié une décision judiciaire interdisant les manifestations.

    Pour le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), il est normal que les représentants des travailleurs n’aient pas un style de vie plus aisé que celui des travailleurs. Ses représentants vivent donc avec le salaire moyen d’un travailleur. Le député européen Paul Murphy a ainsi vécu comme un jeune travailleur irlandais; en gardant 1.800 euros par mois de son salaire de parlementaire de 6.300 euros. Le reste a été donné à des travailleurs en grève, des campagnes anti-austérité, etc.

    Beaucoup d’exemples peuvent encore illustrer comment des élus peuvent efficacement aider les travailleurs en lutte. En 2005, par exemple, Joe Higgins a fait entrer au Dáil la question de l’exploitation des travailleurs turcs et kurdes chez Gama Construction. En plein boom du secteur immobilier, ils ne recevaient qu’un salaire de 2 ou 3 € de l’heure ! Ces travailleurs se sont mis en grève, et notre travail au Dáil a permis d’exercer une pression politique sur le gouvernement irlandais et de faire débarquer la thématique dans les médias, jusque-là réticents. Ce fut un point tournant pour leur lutte.

    Plus d’infos.


    Liverpool : La ville qui a défié Thatcher

    Dès le printemps 1984, la ville de Liverpool a connu un mouvement de masse dirigé par les membres de notre parti-frère anglais, alors organisés au sein du Parti Travailliste autour du journal “Militant”. À Liverpool, leur tendance était même la force dirigeante du parti travailliste.

    À ce moment-là, les administrations locales se voyaient contraintes par le gouvernement central d’exécuter d’importantes coupes budgétaires. Mais il n’en a pas été ainsi à Liverpool grâce à un conseil communal dont la direction, le programme et les tactiques avaient été élaborés par l’organisation trotskyste ‘‘Militant’’. Même si les membres de Militant étaient en minorité au conseil, ce sont leurs propositions d’actions et idées qui étaient acceptées. Ils ont défendu la nécessité d’un budget basé sur la satisfaction des besoins des habitants. Les rentrées étaient insuffisantes face aux dépenses prévues, mais une large campagne a été initiée pour contraindre le gouvernement à accorder plus de ressources aux localités.

    La majorité travailliste à Liverpool, élue en mai 1983, est revenue sur les 2.000 licenciements de travailleurs municipaux effectués par la précédente administration travailliste. Elle a aussi décidé de lancer un plan de construction de 5.000 nouveaux logements sociaux en quatre ans. Plus de logements sociaux ont été construits à Liverpool sur cette période que dans toutes les autres communes du pays ! 12.000 emplois ont ainsi été créés dans le secteur du bâtiment à un moment où le taux de chômage était à plus de 25 % à Liverpool, voire même à 90 % parmi la jeunesse de certains quartiers. Le salaire minimum des employés communaux a été relevé de 100 livres par semaine, et le temps de travail est passé de 39 à 35 heures par semaine, sans perte de salaire.

    “Better break the law than break the poors” – “Mieux vaut briser la loi au lieu de briser les pauvres”

    Avec ses 30.000 travailleurs, la ville était le plus grand employeur de la région. Mais si Liverpool avait avalé la logique d’austérité que voulait lui imposer le gouvernement, le budget pour 1984 aurait dû être de 11 % inférieur à celui de 1980-81. 6.000 emplois auraient dû disparaitre pour que le budget soit à l’équilibre.

    Le gouvernement a lancé une campagne complètement massive contre Liverpool dans les médias, campagne plus tard suivie par la direction nationale du Parti Travailliste. Plus d’une fois, Thatcher a menacé d’envoyer l’armée pour expulser les élus locaux. Dans un courrier des lecteurs dans les pages d’un journal local, un homme avait réagi en disant : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de maisons qui ont été construites à Liverpool, ce devait être un fameux maçon !’’

    Le 29 mars 1984, jour où devait être voté le budget d’austérité du gouvernement, une grève générale locale de 24 heures, une des plus grandes grèves jamais vues à l’échelle d’une ville, et 50.000 personnes ont manifesté en direction de l’hôtel de ville afin d’exprimer leur soutien au conseil ! Le 9 juin 1984, le gouvernement a fait toute une série de concessions d’une valeur totale de 16 millions de livres, entre autres parce que les mineurs étaient eux aussi partis en grève. Thatcher savait qu’elle ne pouvait obtenir aucune victoire en se battant sur deux fronts à la fois, et a décidé de tout d’abord se concentrer sur les mineurs.

    Finalement, les “47” de Liverpool (les 47 conseillers travaillistes qui ont mené la lutte jusqu’au bout) ont été démis de leurs fonctions par un tour de passe-passe juridique suite à une alliance conclue entre Thatcher et la direction nationale travailliste, horrifiée par le soutien que commençaient à gagner la ‘‘Tendance Militant’’. La section locale du parti à Liverpool a été dissoute puis placée sous un contrôle hiérarchique très strict. Ce n’était que le début d’une sorte de contre-révolution politique au sein du Parti Travailliste arrivée à sa conclusion logique sous Tony Blair, le parti devenant totalement pro-capitaliste.

    Version raccourcie d’un précédent article.

  • Irlande : Ruth Coppinger fait son entrée au Parlement

    Hier, Ruth Coppinger est officiellement entrée au Parlement irlandais (lire notre article au sujet de son élection). Comme c’est de tradition, elle a été félicitée par les autres partis. Joe Higgins, également parlementaire de notre section irlandaise le Socialist Party, a lui aussi accueilli sa collègue de parti. Dans la vidéo ci-dessous, Joe commence à parler à 4:30.

    Plus tard au cours de cette journée, Ruth Coppinger a pris la parole dans un débat parlementaire au sujet du logement. Elle a dénoncé le manque d’investissements publics pour les logements sociaux.

  • Notre camarade Ruth Coppinger fait son entrée au Parlement irlandais!

    Nos camarades irlandais du Socialist Party viennent de remporter une importante victoire à Dublin West : Ruth Coppinger fait son arrivée au Parlement irlandais! Les élections législatives en Irlande se déroulent selon le principe du scrutin à vote unique transférable, où l’électeur ne se contente pas de choisir son candidat préféré, mais donne un ordre de préférence à l’ensemble des candidats. Ruth Coppinger a obtenu 20,6% des voix en tant que premier choix, et les transfert en tant que second et troisième choix lui ont permis d’être élue. Elle avait précédemment été conseillère municipale, une fonction pour laquelle elle avait encore récemment été élue.

    Elle vient rejoindre notre camarade Joe Higgins, également élu au Parlement dans le district de Dublin West. Joe a toutefois fait savoir il y a peu qu’il ne participerait pas aux prochaines élections législatives générales en raison de ses 67 ans, et qu’il voulait laisser la place à Ruth Coppinger, qui s’est construit au fil des ans un profil de militante combative.

    Lors des élections locales, les sociaux-démocrates du Labour ont subi une cuisante défaite, en résultat de sa participation à une coalition d’austérité avec le Fine Gael. Des listes AAA (Anti Austerity Alliance) étaient présentées pour ces élections locales, des listes soutenues par le Socialist Party et qui ont obtenu des élus à Fingal Dublin, South Dublin, Cork et Limerick. Reste encore les élections européennes, où nos camarades ont présenté la candidature de Paul Murphy pour l’un des trois sièges européens de Dublin, ce qui n’est pas une mince affaire. Ces résultats ne sont pas encore connus.

    L’élection de Ruth Coppinger à Dublin West est un grand pas en avant pour les défenseurs des idées du socialisme en Irlande. Il s’agit d’une voix qui aidera à construire la résistance contre l’austérité. Tout comme les autres élus du Socialist Party, elle utilisera sa position pour clairement faire entendre les idées socialistes ainsi que pour soutenir les luttes sociales.

    Le PSL félicite Ruth ainsi que tous les militants dont les efforts ont rendu cette victoire possible, parmi lesquels également des militants belges du PSL venus mener campagne en Irlande.

  • L’Irlande, un modèle de sortie de crise ?

    Ce début d’année 2014, l’Irlande a été le premier pays de la zone euro à sortir d’un ‘‘plan d’assistance’’ conclu avec la troïka (Fonds Monétaire International, Banque Centrale Européenne et Union Européenne). L’Irlande s’était retrouvée dans les griffes de la Troïka en 2010 suite à l’endettement massif de l’Etat après le sauvetage des banques consécutif à l’éclatement de la crise.

    Aujourd’hui, pour nombre de responsables européens, l’austérité à la sauce irlandaise est un modèle. Nous en avons discuté avec Paul Murphy, un élu atypique, député européen du Socialist Party (section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL). Ce dernier, actuellement en campagne pour sa réélection ce mois de mai, a clairement démontré quelle différence pouvait faire un élu qui considère sa position comme un instrument destiné à aider au développement des luttes travailleurs et des masses. ‘‘Ils parlent de reprise économique, mais nous ne parvenons toujours pas à joindre les deux bouts !’’, dénonce directement Paul dans sa campagne.

    Il est vrai qu’outre le fait que la fin de l’austérité est encore loin d’être en vue (des mesures antisociales sont encore prévues à hauteur de 1,5% du PIB pour 2014), la politique gouvernementale a été des plus féroces : le salaire moyen des fonctionnaires a baissé de 17%, le nombre de fonctionnaires a été raboté d’un dixième, la TVA a augmenté, de nouvelles taxes ont été créés,… Depuis le début de la crise en 2008, un emploi sur sept a disparu. Une des conséquences est l’émigration massive des jeunes : sur une population de 4,5 millions d’habitants, 180.000 jeunes entre 15 et 24 ans ont quitté le pays ! Pendant ce temps, une nouvelle bulle immobilière s’est développée et menace d’éclater à son tour…

    Pour Paul, la politique du gouvernement se résume à écraser la population: ‘‘Au lieu de lever le pied, le gouvernement continue à couper dans les budgets des services cruciaux tels que la santé et imposera une taxe sur l’eau draconienne d’ici quelques mois. La population a déjà du mal à joindre les deux bouts, ayant souffert de coupes salariales, de la généralisation des temps partiels et de l’augmentation du taux de chômage. Les bas salaires des nouveaux emplois et la flexibilité qu’ils requièrent tendent à créer une économie de bas salaires.’’

    L’intérêt du ‘‘miracle irlandais’’ pour l’establishement européen se situe ailleurs : ‘‘les 300 personnes les plus riches ont vu leur richesse augmenter de 50 à 66 milliards d’euros entre 2010 et 2012 tandis que les multinationales bénéficient de conditions dignes d’un paradis fiscal à côté d’une main d’oeuvre très bon marché.’’

    ‘‘En réalité, c’est une vraie lutte pour survivre, pas une réelle reprise économique ou un avenir éclairci, à laquelle fait face la majorité de la population et les jeunes en particulier’’, confie Paul Murphy. ‘‘Un programme réellement socialiste peut offrir un véritable avenir. Ne pas payer les intérêts de la dette des actionnaires libérerait déjà 8 milliards d’euros cette année. Taxer les millionnaires de seulement 5% rapporterait 3 milliards et augmenter la taxe des entreprises afi qu’elle atteigne la moyenne européenne représenterait 5 milliards d’euros par an. Un programme de 5 milliards d’euros pour de vrais emplois pourrait engendrer de suite la création de 150.000 emplois et ainsi développer un réel dynamisme économique.’’

    Mais, fondamentalement, sortir de la crise nécessitera l’instauration d’une alternative socialiste à la dictature des marchés, avec la nationalisation sous contrôle réellement démocratique des banques et des secteurs clés de l’économie pour une planification démocratique de l’économie répondant aux besoins de la population.

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    Un militant au parlement !

    Paul Murphy n’a eu de cesse de dénoncer la politique pro-capitaliste en Irlande, au côté notamment de Joe Higgins, élu du Socialist Party au parlement irlandais. Il a fait de même au parlement européen dans le cadre de la fraction parlementaire de la Gauche Unitaire Européenne (qui réunit des organisations comme le Front de Gauche (France), Syriza (Grèce), Izquierda Unida (Espagne) et Die Linke (Allemagne)). Mais il s’est également engagé dans le développement de nombreuses campagnes de terrain anti-austérité en Irlande et ailleurs, dont l’une des dernières est consacrée à la lutte contre l’exploitation subie par la jeunesse au travail et pour un réel programme de création d’emploi. Il y a également eu les campagnes contre l’imposition de nouvelles taxes par un boycott de masse de celles-ci. Pour ces élections, il a notamment reçu le soutien de l’Alliance Anti Austérité (AAA).

    Il a également activement participé à la lutte pour le droit à l’avortement en Irlande et au sein du Parlement européen, a dénoncé l’homophobie et la discrimination auxquelles fait face la communauté LGBTQI en Irlande et internationalement, participe au combat contre le Traité Transatlantique (qui vise à créer la plus grande zone de libre-échange au monde entre les USA et l’UE),…

    Paul s’est aussi rendu en Grèce, en Espagne, en Italie ou encore au Portugal pour soutenir les travailleurs en lutte et défendre la nécessité d’une résistance unifiée contre l’austérité à travers toute l’Europe. Il a également été apporter son soutien aux travailleurs en grève dans les raffineries du Kazakhstan, a dénoncé le massacre des 40.000 Tamouls par les autorités du Sri-Lanka et s’est rendu à Istanbul durant les manifestations de masse qui ont défié le gouvernement turc d’Erdogan en juin 2013. Il a aussi participé en 2011 à la ‘Flottille pour la Liberté’ en route vers Gaza. Capturé par l’armée israélienne dans les eaux internationales, il a passé une semaine dans les geôles israéliennes. Il a d’ailleurs répétitivement dénoncé la complicité de l’Union européenne dans l’oppression palestinienne.

  • Paul Murphy et la résistance contre l’austérité européenne

    Lors d’un débat télévisé, notre camarade l’eurodéputé Paul Murphy (élu du Socialist Party, section du Comité pour une Internationale Ouvrière en république irlandaise et parti-frère du PSL) a clairement dénoncé les responsables de la crises et leurs marionnettes politiques. Il a notamment souligné la nécessité d’un secteur financier entièrement sous contrôle public.

  • "Ce gouvernement n'est qu'un gang de charlatans"

    Au Parlement irlandais, notre camarade le député Joe Higgins (Socialist Party, CIO-Irlande) a dénoncé le gouvernement et a appelé à un boycott de masse de la nouvelle taxe sur l'eau.

  • Le député européen Paul Murphy en campagne pour conserver son siège pour la gauche

    Mais l’approche sectaire du SWP menace ses chances

    Le Socialist Workers Party (SWP) a confirmé qu’un de ses membres, le conseiller Brid Smith, sera candidat pour la People Before Profit Alliance (PBPA) aux élections européennes de mai prochain pour la circonscription de Dublin. Quand cette nouvelle est apparue il y a quelques jours sur les réseaux sociaux, elle a semé confusion et désarroi.

    Socialist Party (CIO-Irlande)

    Cette décision est irresponsable et devrait être annulée. Cela représente un coup porté à la lutte visant à construire une véritable alternative socialiste et de gauche en diminuant les chances de Paul Murphy de conserver son siège au Parlement européen. Si elle n’est pas annulée, cette décision constituera un grossier exemple de sectarisme politique.

    Les formations de gauche ont bien sûr le droit de concourir aux élections qu’elles désirent, ce n’est pas là le problème. Il est aussi de leur responsabilité de juger s’il convient d’exercer ce droit en fonction du contexte politique et d’évaluer les conséquences de leur décision.

    Paul Murphy, candidat aux élections de mai prochain, dispose déjà d’un siège au Parlement. Au cours des deux ans et demi où il a occupé ce poste, il a toujours utilisé avec justesse sa position et la plate-forme qu’elle représente pour défendre de nombreuses revendications au bénéfice de la classe des travailleurs et du mouvement socialiste, en Irlande et dans le monde. Il est crucial que Paul soit élu en mai mais, pour cela, il a besoin de tout le soutien possible, car le scrutin sera très serré.

    Il est vrai que la confiance envers le gouvernement a baissé de manière significative, mais la complexification et la fragmentation de la scène politique sont elles aussi indéniables. Les sensibilités politiques de la classe des travailleurs ont été mises à mal par les trahisons répétées des responsables syndicaux et par l’imposition de la Property Tax. Il existe un potentiel pour la création de nouvelles forces de droite, on en parle d’ailleurs ouvertement. De nouvelles formes de populisme ont également émergé, ce qui reflète partiellement l’espoir des gens qu’il existe une porte de sortie plus facile que les changements fondamentaux et nécessaires pour lesquels militent le Socialist Party et d’autres à gauche.

    Il n’y a que trois sièges dans la circonscription européenne de Dublin. En plus des partis de l’establishment et du Sinn Fein, il est probable que de nouvelles forces dont l’impact pourrait être significatif émergent dans les mois à venir. Pour les élections européennes, avec leur foule déstabilisante de candidats, nous devrons convaincre les gens à la recherche d’une alternative qu’il est nécessaire de voter pour un candidat de gauche sérieux qui a de véritables chances de remporter un siège. Autrement, on court le véritable danger que la classe des travailleurs s’abstienne simplement de voter. Dans ce contexte, il est crucial qu’un candidat de gauche se présente à Dublin.

    Les derniers sondages d’opinion à l’échelle de l’Irlande créditent le Fine Gael de 26%, le Fianna Fail de 22% et le Sinn Fein de 23%. A Dublin, le Fine Gael obtient 17% et le Sinn Fein 21%. Il est très probable que le Sinn Fein enregistre des gains considérables aux élections locales de l’an prochain, le parti pourrait même récupérer un député européen à Dublin. Les similarités présentes dans le noyau politique du Fine Gael et du Fianna Fail garantissent presque qu’entre eux et d’autres candidats de droite, ils auront assez de voix pour gagner un siège. Malgré la colère ambiante, on ne peut éclipser la possibilité que des partis ou des candidats de droite puissent obtenir deux sièges, au vu de la nature volatile de la période actuelle et de la confusion qui règne. Dans ces conditions, les bénéfices d’avoir un candidat socialiste et/ou de gauche devraient être clairs pour tous.

    Toute tentative de justifier qu’un candidat de la People Before Profit Alliance se présente sur le constat que la ‘‘vraie gauche’’ a besoin de plus d’ambition et doit viser deux sièges sur trois reflète soit un jugement politique incroyablement faussé, soit une infinie naïveté. Il faudrait pour cela obtenir près de 50% des premiers votes préférentiels et de nombreux transferts de voix (le système électoral irlandais permet d’émettre deux choix de vote, un vote préférentiel et un vote de report de voix, NDT).

    Les élections s’annoncent comme une bataille sans répit entre de nombreuses forces et de nombreux candidats, probablement pour un siège, et l’intervention de la PBPA pourrait miner les chances de Paul Murphy de conserver ce siège.

    Le problème n’est pas que différentes formations de gauche ne peuvent pas se présenter dans la même circonscription. Un système de représentation proportionnelle par vote unique transférable pourrait faciliter cela. Mais il faut évaluer chaque situation dans ce qui fait sa spécificité, et mesurer les différents facteurs en jeu ; historique récent, parcours politique des candidats, base de soutien, perspectives,… le principe de base à prendre en considération est qu’aucune formation de devrait agir en risquant de causer du tort à la lutte et au mouvement ouvrier.

    Fausses comparaisons

    Il n’y a pas lieu d’employer de fausses comparaisons pour troubler la situation, comme le fait que le Socialist Party ait présenté un candidat dans la même circonscription (Dublin Mid West) qu’un élu conseiller de la PBPA aux élections générales de 2011, ou encore que Joe Higgins se soit présenté à Dublin West en 1992 face à Tomas Mac Giolla du Workers Party.

    A Dublin Mid West, il était clair qu’aucun candidat n’avait la moindre chance d’être élu, il n’était donc pas question de perdre un siège potentiel au Dàil (parlement irlandais). En 1992, Tomas Mac Giolla a perdu son siège parce que le Workers Party était en plein processus d’implosion et qu’il avait perdu 6000 voix depuis les élections générales de 1989, et non pas parce que Joe Higgins en avait obtenu 1400.

    Il est faux de penser que, pour les élections de mai, peu importe qu’il y ait deux candidats de gauche en cas de transfert de votes, car les partis ont de moins en moins de contrôle sur ces transferts.

    Lors de la campagne pour les élections européennes de 2009, le fait que Joe Higgins ait été le seul candidat de gauche a représenté un facteur très important pour son accès au siège face au Sinn Fein et au candidat principal du Fianna Fail. De nombreux facteurs sont entrés en jeu, mais le plus important a été le parcours politique de Joe et du Socialist Party. L’idée de voter pour Joe, considéré comme un combattant dans le contexte d’un effondrement de l’économie qu’il avait prédit alors qu’il était encore au Dàil, a été massivement saisie. Il est peu probable qu’un autre candidat de gauche ait pu autant profiter de l’atmosphère d’alors.

    Alors que la campagne de Joe était en cours, le bruit courait que Richard Boyd Barrett de la PBPA allait lui aussi annoncer sa candidature aux élections européennes de 2009. Il est clair que s’il avait concouru, il aurait miné le momentum qui a porté Joe Higgins.

    Momentum

    Le momentum est un facteur clé lors des élections. Le premier sondage d’opinion au début de la campagne électorale en 2009 créditait Joe de 5% des voix. Un résultat correct, mais bien inférieur à celui espéré, et Joe se trouvait à égalité avec de nombreux candidats. Fine Gael, Fianna Fail et Sinn Fein avaient une avance confortable.

    Un second sondage a eu lieu à peu près une semaine avant les élections, qui indiquait que Joe avait émergé du lot. Ce sondage a été crucial, autrement, les gens, malgré leur soutien, auraient pu penser que voter pour Joe n’aurait fait aucune différence car il n’aurait eu aucune chance d’être élu.

    Le second sondage créditait Joe de 7%. Son score avait progressé, mais surtout, celui d’autres candidats avait régressé. Les élections une semaine plus tard, où Joe a obtenu 12,5%, ont indiqué que, du second sondage jusqu’à la fin, le momentum s’était bel et bien développé, le second sondage ayant été un facteur clé. En termes de votes préférentiels, Joe était derrière le Fine Gael et le Fianna Fail (les deux candidats confondus), mais il a émergé et s’est emparé du troisième siège grâce à des transferts de voix. Il était vital que Joe dépasse le nombre de votes préférentiels de Mary Lou MacDonald. Si Richard Boyd Barrett avait concouru, il aurait probablement pris quelques points de pourcentage à Joe dans les sondages, et cela aurait sans doute mis en péril le cours et l’issue de la campagne. Le résultat aurait été une perte sèche pour la gauche et les socialistes. Ce même danger nous guette encore une fois.

    Au cours de la campagne à venir, qui verra surement fleurir des candidats disposant d’un certain soutien, il est important que Paul Murphy soit clairement identifié comme le candidat de la gauche afin de concentrer l’attention et de mettre toutes les chances de son côté pour faire jouer le momentum.

    Transferts de votes

    Les transferts seront cruciaux lors de ces élections. Mais afin de bénéficier de transferts, il faut sortir du lot, autrement, l’élimination guette. Il est très important que Paul obtienne un aussi grand vote préférentiel que possible.

    Dire que chaque vote que Brid Smith arrache à Paul lui reviendra de toute façon dans le cas où Brid serait éliminé n’est que pure spéculation. Cela ne prend absolument pas en compte la façon dont les gens votent. Entre candidats d’un même parti, on peut s’attendre à un transfert de voix à hauteur de 50%. Mais lorsque l’on est confronté à la masse des électeurs, un soutien de masse est nécessaire pour gagner des sièges aux élections européennes, les gens n’ont pas tendance à voter selon une ligne stricte, à gauche ou à droite jusqu’au bout.

    Nombre de gens choisiront de voter pour leur candidat préféré, et ensuite leurs votes préférentiels pourront être aléatoires, ils pourront très bien décider de choisir le candidat le moins menaçant, ou de voter pour d’autres raisons de ce genre. Il ne fait aucun doute qu’un soutien potentiel et significatif puisse être perdu à l’issue des transferts. Il existe de nombreux exemples de Fianna Fail, des travaillistes, et d’autres partis qui ont reçu un premier vote préférentiel qui aurait dû leur garantir un élu, mais sans succès car le vote n’a pas été transféré parmi leurs candidats.

    C’est arrivé lors des élections européennes de Dublin en 2009 quand le Fianna Fail a obtenu 18,3% et a fini troisième parti, mais comme leurs votes ont été éparpillés et que leur taux de transfert n’était que de 50%, ils ont perdu le siège. Alors que s’ils n’avaient présenté qu’un candidat, les votes auraient été condensés dans ce candidat et il aurait probablement été élu. Dans la même ligne d’idée, non seulement un second candidat risquerait de diviser le premier vote préférentiel, mais en plus il risquerait de dissiper et de fragmenter les votes de la gauche en faisant entrer le système de transfert en jeu.

    Le parcours de Paul

    Certains ont également émis l’argument que Brid Smith serait un candidat plus ‘‘crédible’’ que Paul Murphy. Bien que son poste de conseiller au conseil municipal de Dublin valorise Brid Smith, cet argument lui-même manque de crédibilité. Paul Murphy est député européen, et il ne fait aucun doute qu’en tant que tel, il est infiniment plus qualifié. Il est de plus reconnu comme un candidat fort, et le mieux équipé pour lutter contre l’establishment capitaliste.

    En Irlande, il a utilisé sa position pour soutenir un grand nombre de campagnes comme Shell to Sea ou la campagne contre les taxes immobilières, et d’autres luttes des travailleurs. Il a été à l’initiative d’une lettre signée par 50 députés pour exiger la légalisation de l’avortement après la mort de Savita Halappanavar, ce qui a contribué à augmenter le niveau de conscience sur le sujet dans le monde et à mettre le gouvernement sous pression. Il a lancé ScamBridge.ie, un site qui a aidé à développer le mouvement d’opposition à JobBridge (un projet gouvernemental antisocial).

    Paul a joué un rôle majeur dans la campagne contre le traité d’austérité et a été décrit comme ‘‘probablement le candidat le plus engagé du côté du Non’’ par Deaglan De Breaun de l’Irish Times, à l’occasion du référendum tenu en Irlande à ce sujet. Paul a constamment utilisé sa position de député pour s’opposer à l’oppression et se battre pour les droits des travailleurs en Irlande et dans le monde.

    Un farouche opposant de l’oppression internationale

    Paul a également été très actif dans les luttes et les problèmes vitaux du monde entier. Il a dénoncé l’oppression des Palestiniens, a constamment soulevé ce problème au Parlement et a participé à la ‘‘Flottille de la Liberté’’ en 2011, ce qui lui a valu d’être incarcéré pendant une semaine dans une prison israélienne. Il a joué un rôle admirable dans le soutien aux travailleurs du pétrole au Kazakhstan en lutte contre un régime dictatorial, ce qui a conduit le Kazakhstan à le déclarer ‘‘persona non grata’’ et à refuser tout futur visa. Il s’est aussi vu refuser à de nombreuses reprises l’entrée au Sri Lanka pour son travail au sein et en dehors du Parlement contre l’oppression de la communauté tamoule et le massacre de 40.000 d’entre eux perpétré par le gouvernement du Sri Lanka.

    En Europe, il a utilisé sa position pour soutenir et renforcer la lutte contre l’austérité. Il a visité à plusieurs reprises des pays, dont la Grèce, l’Italie et le Portugal, et a parcouru le continent pour soutenir des campagnes et des travailleurs en grève ainsi que pour appeler à la construction d’une action commune européenne contre l’austérité.

    Le Socialist Party a joué un rôle important en aidant des travailleurs, des militants de gauche et des organisations à s’allier et à développer une riposte contre l’austérité à travers de la Campagne Contre les Taxes sur les Ménages et sur l’Eau (CAHWT). Nous avons aussi espérer que l’ULA (United Left Alliance) pourrait constituer un important pas en avant dans la réorganisation politique de la classe ouvrière.

    L’absence d’un nombre significatif de nouvelles personnes prêtes à s’impliquer sérieusement dans ces initiatives a été un important facteur de leur déliquescence. De plus, le changement de tactique vers une imposition directe sur le revenu (au lieu d’une taxte à payer) combiné au manque de confiance des gens a constitué de la base de l’imposition de la campagne contre la Property Tax (une taxe immobilière). Nous avons toujours su que, sans sang neuf, l’ULA n’aurait pas pu aller de l’avant. Son échec à devenir une alliance socialiste ou de gauche crédible l’année dernière a été assuré par des associations aux actions néfastes et à diverses erreurs. Cependant, le Socialist Party est déterminé à poursuivre le travail avec d’autres pour construire un nouveau parti de masse pour la classe ouvrière, et nous espérons que l’Alliance Anti Austérité, ouverte à tous ceux qui veulent s’y impliquer, et qui participera aux élections locales l’année prochaine, contribuera à ce but.

    Nous avons aussi pour principe de populariser une alternative de classe, socialiste et de gauche même lorsque les conditions sont difficiles, comme lorsque nous avons pris position pour l’abolition de l’institution antidémocratique et élitiste qu’est le Seanad, tout en condamnant le gouvernement et l’austérité.

    Concernant la bataille dans la circonscription européenne de Dublin, la question principale pour la gauche, c’est de savoir si Paul gardera son siège, et ce que l’on doit faire pour ça. Ce sera une bataille, mais nous pouvons la gagner. Envisager comme le fait le SWP que la gauche puisse obtenir deux sièges n’est qu’une tentative d’enjoliver la réalité ou de camoufler une attitude profondément sectaire, qui sera néfaste à la lutte et pourrait avoir comme conséquence de donner à la droite un siège qui appartient à la gauche.

    Une faute majeure

    Cet article a dû entrer dans quelques détails pour répondre aux fausses justifications qu’utilisera la PBPA pour justifier la présence de son candidat. Nous demandons aux membres du Socialist Workers Party et à la PBPA de rediscuter et de reconsidérer urgemment ce sujet avant qu’ils ne commettent une erreur irréparable.

    Mais quoi qu’ils décident, nous savons que la candidature de Paul pourra compter sur un soutien actif lors des mois qui suivent et lors des élections elles-mêmes, de la part de ceux qui reconnaissent le rôle important qu’il joue et continuera à jouer à l’avenir, et qui comprennent la nécessité d’une force socialiste combative qui mène à de véritables avancées pour la classe ouvrière.

  • L’eurodéputé Paul Murphy défend son appel à l’Intifada

    Le journal israélien Jerusalem Post a publié une condamnation de la prise de position de notre camarade le député européen Paul Murphy (membre de notre parti-frère irlandais le Socialist Party) en faveur d’une nouvelle intifada basée sur une lutte de masse pour renverser l’establishment capitaliste israélien. Cette déclaration était initialement apparue dans une interview accordée à Russia Today. Paul confirme et signe avec ce communiqué de presse.

    Par Paul Murphy

    Le prétendu scandale dont parlent des députés européens et d’autres partisans de l’élite israélienne au sujet de mon appel pour un mouvement de masse afin de stopper l’occupation israélienne est truffé de références aux ‘‘pourparlers de paix’’. En regardant le contexte de ces négociations dites de paix, on constate qu’une nouvelle autorisation a été accordée pour construire 1.000 nouvelles maisons pour les colons entre Bethléem et Jérusalem. Le gouvernement israélien poursuit sa stratégie de ‘‘politique par les faits’’ afin de rendre impossible toute base pour un Etat palestinien viable. Il est malheureusement clair que, sans un mouvement de masse avec des manifestations, des grèves et une résistance de masse contre l’occupation continuelle et la discrimination, rien ne pourra jamais conduire à la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.

    Au sein des frontière d’Israël, l’oppression et la discrimination à l’encontre de la population arabe se poursuit. Le raciste plan Prawer, approuvé par la Knesset, est un plan visant à détruire les logements de 40.000 nomades arabes dans le désert du Néguev.

    Les députés européens qui condamnent mon appel pour un mouvement de masse à l’instar de celui de la première Intifada le considèrent comme un appel à la violence ou à la terreur. Ils détournent délibérément mes propos ou alors ne connaissent rien de l’histoire de la lutte palestinienne. ‘‘Intifada’’ est tout simplement le terme arabe pour ‘‘rébellion’’, quelque chose de tout à fait justifié – et même de nécessaire – contre cette oppression systématique.

    La première Intifada, à laquelle je me réfère, a été en grande partie basée sur les tactiques de lutte de masse par la base. De grandes manifestations ont eu lieu, ainsi que des grèves, des manifestations aux postes de contrôle,… C’est selon moi toujours nécessaire aujourd’hui. La première Intifada a forcé l’establishment israélien à s’assoir à la table de négociation. Mais les aspirations de la population palestinienne ont été honteusement trahies par la direction de l’Autorité Palestinienne qui a signé les Accords d’Oslo.

    La déclaration de l’eurodéputé conservateur irlandais Sean Kelly selon qui il s’agit ‘‘d’un appel à la violence’’ est, au mieux, une expression de son ignorance. Mon appel visait explicitement à un mouvement de masse, je me suis toujours opposé aux tactiques contre-productives du terrorisme. Mais où peut-on trouver sa condamnation de la violence de l’État d’Israël contre les prisonniers palestiniens, contre ceux qui vivent à Gaza – qui est dans les faits une prison à ciel ouvert – et contre les manifestants pacifiques de Cisjordanie?

    La déclaration du député conservateur Gay Mitchell pour qui je serais ‘‘essentiellement à la recherche de publicité’’ est remarquable. Peut-être les milieux conservateurs ont-ils l’habitude d’utiliser les médias pour défendre leurs propres positions individuelles. En tant qu’internationaliste et socialiste, je lutte quotidiennement contre l’oppression à travers le monde, et je soutiens la lutte des opprimés. L’interview originale est d’ailleurs parue dans Russia Today, une chaîne qui ne peut pas compter sur un intérêt considérable en Irlande.

    Sans justice – ce qui signifie que l’occupation est entérinée et que le droit à l’autodétermination du peuple palestinien est nié – il ne peut y avoir de paix ou de sécurité. Les exemples des mouvements révolutionnaires en Egypte et en Tunisie constituent une source d’inspiration pour de nombreux Palestiniens. L’arrivée d’un ‘‘printemps palestinien’’ – un mouvement révolutionnaire de masse à l’instar celui d’Egypte ou de Tunisie – serait une énorme riposte contre l’establishment israélien.

    Une majorité de la population ordinaire juive israélienne ne soutient pas la politique d’occupation. Elle partage un ennemi commun avec les Palestiniens : l’establishment capitaliste israélien qui attaque les conditions de vie et les droits de tous les opprimés. Un mouvement de masse palestinien avec des manifestations et des grèves peut également toucher les travailleurs juifs israéliens et poser les bases d’une lutte commune pour que tous les travailleurs puissent jouir d’une réelle sécurité et de conditions de vie décentes.

    Le parti-frère du Socialist Party irlandais en Israël / Palestine, Maavak Sotzyalisti / Harakat Nidal Eshteraki (Mouvement Socialiste de Lutte) comprend des membres tant juifs israéliens que palestiniens et s’est engagé à tout faire pour construire une telle lutte de masse et un mouvement unitaire afin de renverser l’establishment capitaliste et de poser les bases d’une paix véritable fondée sur les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Cela signifie concrètement une Palestine socialiste aux côtés d’un Israël laïc, démocratique et socialiste avec Jérusalem comme capitale commune, ouverte à tout le monde, et sur base du contrôle total des ressources et de l’économie par les travailleurs, dans le cadre d’une confédération socialiste des Etats de la région.

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