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  • SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril. WEEKEND DE DÉBATS ET DE DISCUSSIONS

    SOCIALISME 2006. Samedi – dimanche 22 – 23 avril

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    LUTTONS POUR UNE ALTERNATIVE SOCIALISTE!

    Même l’évêque de Liège et l’évêque auxiliaire de Namur ont déclaré à l’occasion du licenciement de dizaines de personnes suite à la délocalisation de l’entreprise brassicole – et surtout “bénéficole” – Inbev-Jupille: “Si la logique fi nancière cause tant de souffrances, si les lois économiques font fi de l’homme, elles sont inhumaines et il faut les changer”.

    Si leurs propos sont évidemment empreints de charité chrétienne – alors que nous sommes partisans d’une approche structurelle des problèmes sociaux – ils n’en sont pas moins signifi catifs. Ils expriment le sentiment général de milliers de travailleurs: laissés sur le bas-côté et sans alternative. Les banques et les entreprises engrangent des profi ts records, les managers empochent des salaires exorbitants, mais on nous bassine sans cesse les oreilles avec la modération salariale, la flexibilité et la casse des pensions et de la Sécurité sociale.

    Socialisme 2006 a pour enjeu la lutte contre le système qui génère de telles situations. Des jeunes et des travailleurs s’y réuniront pour échanger les expériences de lutte. Vous y aurez l’occasion de découvrir en quoi consiste le marxisme. Par-dessus tout, nous pourrons y discuter en long et en large d’une alternative au capitalisme.

    CONCERT DE PROTESTATIONS MONDIAL CONTRE LE NÉO-LIBÉRALISME

    Voici un aperçu du programme de Socialisme 2006 sur la situation internationale avec des informations et des analyses de première main. MAS/LSP fait en effet partie du Comité pour une Internationale ouvrière (CIO) qui a des sections dans 35 pays.

    AMÉRIQUE LATINE

    La résistance au néo-libéralisme y est la plus avancée. La politique de privatisation et de libéralisation a condamné un tiers des 400 millions de Latino-Américains à l’extrême pauvreté. Des luttes d’ampleur et des mouvements révolutionnaires pour une autre politique, une politique plus sociale, ont balayé des présidents et/ou des gouvernements de droite, et leur ont substitué des dirigeants de gauche. A Socialisme 2006, on se penchera sur le “Socialisme du 21ème siècle” de Chavez au Venezuela ainsi que sur la politique de “nationalisation du gaz” de Morales en Bolivie.

    La vie de millions de gens s’en trouvera-t-elle améliorée substantiellement ou faudra-t-il une rupture fondamentale avec le capitalisme? Quel est le rôle dévolu à la classe ouvrière et aux paysans pauvres dans la réalisation d’une société socialiste?

    ISRAËL/PALESTINE

    La politique de “diviser-pour-mieux-régner” du capital y a dressé deux groupes nationaux l’un contre l’autre jusqu’à en faire des ennemis farouches. Seul l’establishment y trouve son compte. Les séismes politiques qui ont ébranlé les deux camps ces derniers mois sont l’expression d’un désir ardent de changement de la part des populations de la région. Mais l’absence d’une alternative socialiste aux partis nationalistes et religieux se fait cruellement sentir. Quelle issue le MAS/LSP, le CIO et ses sections entrevoient-ils à l’impasse dans cette région?

    PAKISTAN

    Les témoignages occulaires du Forum social mondial au Pakistan de membres du MAS/LSP et du CIO constitueront sans aucun doute le point d’orgue du week-end. Là plus qu’ailleurs, le capitalisme a mené à une société brutale où la pauvreté et la misère sont le lot quotidien du plus grand nombre. Le CIO a des sections au Pakistan, au Cachemire, en Inde et à Sri-Lanka.

    Ils ont observé caméra à l’épaule les conditions dans lesquelles les travailleurs et les jeunes doivent vivre et travailler ainsi que les campagnes que nos membres ont menées contre la privatisation du secteur des télécommunications au Pakistan et lors du tremblement de terre qui a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de sans-abris il y a quelques mois. Ils en donneront un rapport vivant à Socialisme 2006. Il y aura des ateliers sur la Chine, la guerre en Irak ainsi que sur la situation en France. Notre organisation soeur française y donnera de plus amples informations sur le mouvement de protestation des étudiants contre les contrats à statut précaire pour les jeunes.

    EUROPE: MOUVEMENTS D’AMPLEUR ET GRÈVES GÉNÉRALES

    Depuis le NON franc et massif à la Constitution européenne néo-libérale exprimé lors des référendums en France et aux Pays-Bas, l’appel à une politique plus sociale se fait de plus en plus pressant. Le mouvement de grève dans le secteur public en Allemagne, le plus grand depuis 14 ans, et le succès du WASG et du Parti de Gauche en sont des expressions on ne peut plus claires. On a voté clairement à gauche lors des dernières élections communales aux Pays-Bas. Tous les partis gouvernementaux ont perdu au profit du PVDA social-démocrate et du SP de gauche. Après une explosion de colère justifi ée bien qu’aveugle dans les banlieues, un mouvement contre les atteintes à la sécurité d’emploi des jeunes prend de l’ampleur en France; la politique antisociale de Berlusconi s’est de nouveau heurtée à une grève d’ampleur en Italie.

    La combativité y est, mais quelle est l’alternative? De nouveaux partis de gauche ont vu le jour dans différents pays. Quelles sont leurs possibilités? Quelles leçons pouvons-nous d’ores et déjà en tirer?

    A Socialisme 2006, des membres de nos sections en Allemagne, aux Pays-Bas et en France témoigneront ainsi que des membres du MAS/LSP qui ont participé aux dernières manifestations contre la guerre en Italie.

    LA RÉSISTANCE EN BELGIQUE: CONTRE LE PACTE DES GÉNÉRATIONS ET DEMAIN CONTRE LE PACTE DE COMPÉTITIVITÉ

    La fin de l’année passée a été émaillée de mouvements d’ampleur en Belgique également. La manifestation syndicale en décembre 2004 n’avait été que le prélude à un mouvement de tout autre ampleur avec les grèves générales contre le Pacte des Générations.

    SAMEDI SOIR: UN NOUVEAU PARTI DES TRAVAILLEURS EN BELGIQUE, MEETING AVEC LE WASG, JEF SLEECKX, …

    De ce mouvement a jailli l’idée de démarrer ici aussi un mouvement pour un parti résolument opposé au néo-libéralisme, un parti créé par et pour les travailleurs. Ce projet est en même temps le thème du débat principal du samedi soir avec notamment Jef Sleeckx, ancien parlementaire du SP, aujourd’hui figure de proue du mouvement pour un nouveau parti des travailleurs; Eric Byl, secrétaire général du MAS/LSP; un orateur du WASG allemand; …

    LE TRAVAIL JEUNES DU MAS/LSP

    Venez nombreux à nos ateliers sur les campagnes contre:

    LES ÉCONOMIES DANS L’ENSEIGNEMENT:

    Le nouveau décret de financement du Ministre de l’Enseignement flamand Frank Vandenbroucke prévoit des coupes sombres dans l’enseignement supérieur, avec des conséquences catastrophiques pour le personnel et les étudiants. Il essaye de dresser les différents instituts d’enseignement les uns contre les autres. Les droits d’inscription pourraient atteindre les 25.000 euros tandis que l’offre d’enseignement serait considérablement réduite. Etudiants de Gauche actifs, en collaboration avec la délégation CGSP de la VUB, a démarré une campagne pour unifier dans la lutte les étudiants et le personnel de tous les instituts et établissements d’enseignement.

    LA GUERRE: 3 ANS DE GUERRE EN IRAK

    La guerre “pour la démocratie et contre le terrorisme” n’a été qu’une guerre coloniale brutale pour le contrôle d’une des principales réserves de pétrole au monde. Résultat: mort et misère pour des millions d’Irakiens, un pays au bord de la guerre civile, des économies sur le dos des travailleurs américains et de leurs familles pour financer cette aventure guerrière. Résistance Internationale continue d’organiser la résistance contre cette occupation brutale et exige le retrait de toutes les troupes. Seule une politique socialiste est à même d’unifi er les différents groupes nationaux et confessionnels dans la lutte pour une société où les richesses sont entre les mains de la collectivité. Les troupes et les multinationales n’y ont pas leur place!

    LE RACISME ET TOUTE FORME DE DISCRIMINATION

    Les économies mènent à toujours plus de misère sociale. Le chômage par manque d’emplois, les marchands de sommeil par manque de logements sociaux, les atteintes à nos salaires et à notre sécurité sociale pour étancher la soif de profi ts du patronat… sont les véritables causes du racisme, de l’homophobie et du sexisme. Les politiciens et le patronat essayent d’éluder leurs responsabilités en faisant de grands discours sur la société multiculturelle et les droits égaux. Blokbuster, notre campagne anti-raciste, et la commission femmes du MAS/LSP ont accumulé des années d’expérience dans le domaine de l’anti-racisme et de l’antisexisme qu’ils veulent partager avec vous pour pouvoir mener avec succès la lutte contre toute forme de discrimination et de politique de “diviser-pour-mieuxrégner”.

    PRATIQUE ET THÉORIE DU MARXISME

    LE SOCIALISME: SCIENCE OU UTOPIE?

    Le MAS/LSP et l’organisation internationale à laquelle nous appartenons, loin d’être des spectateurs au balcon, participent activement aux mouvements réels. Nous ne nous contentons pas de rêver d’une société meilleure, nous mettons tout en oeuvre pour qu’elle devienne réalité.

    Pour nous, le socialisme n’est pas qu’ »une bonne idée », mais la seule réponse à la contradiction entre ce système archaïque, le capitalisme, et le développement de la science et de la technique qui a déjà depuis longtemps dépassé les limites de ce système. N’en déplaise à ceux qui prétendent le contraire, nous constatons chaque jour la montée de la lutte des classes.

    Le MAS/LSP intervient consciemment dans ce processus pour aider cette lutte à aboutir à sa conclusion logique: une société où la production est au service de l’homme en lieu et place de cette société-ci où l’homme n’est qu’un prolongement de la production.

    RÉFORMISME OU RÉVOLUTION?

    Ou comment la lutte pour de meilleurs salaires et conditions de travail et de vie débouche sur une lutte pour une autre société. Cette discussion n’est pas nouvelle dans le mouvement ouvrier. Rosa Luxemburg a écrit à la fin du 19ème siècle sa brochure: “réforme sociale ou révolution?”. Les réformes importantes, imposées par la lutte, ont renforcé pendant toute une période l’illusion qu’on pouvait réformer le capitalisme. Aujourd’hui nous connaissons un retour de balancier. Les travailleurs et les jeunes sont de plus en plus nombreux à remettre en cause le capitalisme en tant que tel. L’offensive généralisée contre nos salaires, les services publics et les conditions de travail n’y est pas étrangère. Nombre de gens voient leur vie régresser au lieu de progresser. Et ce malgré l’énorme développement de la technologie, de la science et de la richesse. D’autres introductions plus théoriques au marxisme porteront sur la théorie de la révolution permanente de Trotsky et sur l’économie planifi ée face à l’économie de marché.

    Infos

    DATE: samedi 22 et dimanche 23 avril 2006 | LIEU: Van Den Heuvelinstituut (VHI), Dekenstraat 2, 3000 Louvain | INSCRIPTIONS ET INFO: tél. 02/345.61.81 ou e-mail socialisme2006@socialisme.be / site Internet: www.socialisme.be | PRIX D’ENTRÉE: 25 euros pour les lycéens/étudiants/sans-emplois, 35 euros pour les actifs / participation, repas chauds, logement sont compris dans le prix / crèche sur demande | PROGRAMME DU SAMEDI: Meeting d’ouverture de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 16.30 à 19.00 – Débat principal à 20.00: “Pour un nouveau parti des travailleurs!” – Tout de suite après: Bar & fête à partir de 22.00 | DIMANCHE: Meeting de 10.00 à 12.00 – Ateliers de 13.30 à 16.00 – Meeting de clôture | POUR LE PROGRAMME COMPLET: téléphoner au 02/345.61.81 ou consulter notre site Internet

  • Rome: manif anti-guerre

    Comme dans tant de villes à travers le monde, Rome a vu défiler ce samedi 18 mars des milliers de manifestants contre l’occupation impérialiste de l’Irak. Le nombre de personnes présentes à la manifestation n’est pas encore connu avec exactitude, la plupart des médias italiens étant en grève ce week-end.

    Cédric Gérôme

    Seul le principal journal contrôlé par Berlusconi, “Il Tempo”, a osé avancer des chiffres : celui-ci parle de moins de 10.000 Manifestants, chiffre absolument ridicule destiné sans aucun doute à minimiser l’ampleur de la manifestation et du sentiment anti-guerre existant parmi de larges couches de la population en Italie. Outre la guerre en Irak et la participation effective du gouvernement Berlusconi à ce conflit, c’est l’ensemble de la politique néo-libérale du gouvernement qui était clairement pointée du doigt par la majorité des manifestants. Parmi les importantes délégations présentes dans le cortège, on pourra noter celle du syndicat COBAS – une des principales unions de la base. Les autres directions syndicales avaient tout simplement refusé d’appeler à manifester.

    Pendant que des milliers de jeunes et de travailleurs descendaient dans la rue, Romano Prodi, figure de proue de l’alliance de centre-gauche –“L’Unione”- négociait les futurs accords avec Cofindustria, principale confédération patronale du pays. Cela donne un avant-goût assez illustratif de la politique qu’il est prêt à mener dans le cas probable où il serait élu : une politique au service du grand patronat. D’ailleurs, le DS (le principal parti de l’alliance) a boycotté la manifestation anti-guerre, nouvel exemple du fait que sa « réthorique de gauche » et ses discours contre la guerre ne sont que des appâts électoraux destinés à s’attirer la sympathie des travailleurs et des jeunes. Il est à déplorer qu’au nom de l’unité contre la droite, la majorité des dirigeants de la Rifondazione Comunista entre dans ce jeu et se cachent sous le manteau de Prodi et sa clique.

    Pendant La manifestation, nous sommes intervenus avec trois camarades du CIO, et avons vendu près de 150 exemplaires de notre journal “Lotta per il socialismo” (càd. La lutte pour le socialisme); nous fumes en général bien accueillis malgré notre force numérique limitée.

  • Liberté d’expression ou diviser pour mieux régner?

    Révolte contre les caricatures

    Le 30 septembre 2005 le quotidien danois Jyllands-Posten publie 12 caricatures malveillantes du prophète Mahomet dont l’une le représente avec une bombe dans son turban. Dès le mois d’octobre les représentants de la communauté musulmane du Danemark et des ambassadeurs de pays musulmans protestent auprès de la rédaction de Jyllands-Posten et du gouvernement danois. Ils se heurtent à une fin de non recevoir abrupte: la direction du journal refuse de présenter des excuses au nom de la liberté d’expression et le gouvernement se retranche derrière la liberté de la presse. A partir de là, la vague de protestation va s’amplifier peu à peu pour déboucher sur une crise ouverte fin janvier.

    Dossier par Thierry Pierret

    Les manifestations se multiplient dans le monde entier et les produits danois sont boycottés dans nombre de pays musulmans. Sous prétexte de défendre la liberté d’expression menacée par l’obscurantisme islamique, des journaux de plusieurs pays européens reproduisent les caricatures. Du coup, la colère populaire prend également ces pays pour cible et – parfois – leurs ressortissants dans les pays musulmans.

    Le gouvernement danois pointe du doigt des imams danois qui, lors d’une tournée d’information au Moyen-Orient, auraient fait un amalgame entre les caricatures du Jyllands-Posten et des caricatures plus odieuses encore jamais publiées dans la presse.

    Même si cela devait se confirmer, là n’est pas l’essentiel.

    Une attaque islamophobe

    Le gouvernement danois est un gouvernement de droite qui mène une politique ouvertement raciste. Il a notamment pris des mesures draconiennes pour limiter le regroupement familial des étrangers légalement établis au Danemark. De plus, ce gouvernement minoritaire est soutenu de l’extérieur par le Parti du Peuple danois, un parti d’extrême-droite dont le racisme est le fond de commerce électoral. Ce parti, ainsi que bon nombre de politiciens des autres partis, ne cesse de dénoncer l’islam et les musulmans comme une menace pour la démocratie et les valeurs occidentales et de faire l’amalgame entre islam et terrorisme.

    Après la chute du Mur de Berlin, les néoconservateurs aux Etats-Unis avaient besoin d’imposer une nouvelle image de l’ennemi pour justifier leur rhétorique de guerre. Bien que les Etats-Unis ont jadis soutenu des mouvements réactionnaires d’obédience islamiste, comme en Afghanistan, pour contrer l’influence de l’URSS et des partis communistes.

    L’interview que Carsten Juste, le rédacteur en chef de Jyllands-Posten, a accordée pour tenter de se justifier est révélatrice à ce sujet. Il y dit notamment : C’est le dessin qui représente Mahomet avec une bombe dans son turban qui suscite les critiques les plus vives. Pourtant, pour moi, l’association saute aux yeux. C’est une façon d’illustrer le problème du terrorisme islamique fanatique, dont les partisans font eux-mêmes le lien entre leurs actes et la religion et son contenu. C’est cela que notre caricaturiste a voulu montrer. C’est un sujet de débat fréquent : «Dans quelle mesure la nature de l’islam contribue-t-elle à engendrer des terroristes ? Cette religion crée-t-elle ses propres terroristes ? » C’est une question tout à fait légitime. Je n’aurais jamais imaginé qu’elle pourrait déclencher de pareilles réactions… »

    Suggérer que le terrorisme pourrait découler de la nature de l’islam sous prétexte que des terroristes s’en réclament est aussi stupide que, par exemple, vouloir faire découler le militarisme de la nature du christianisme parce que Bush et les néoconservateurs américains se réclament ostensiblement de cette religion. L’idée de représenter Jésus en tortionnaire de la CIA n’aurait d’ailleurs jamais effleuré l’esprit du plus anticlérical des caricaturistes européens. Et même dans ce cas il y a fort à parier que Jyllands-Posten ne l’aurait jamais publié parce que, là, Carsten Juste aurait très bien imaginé les réactions… Le gouvernement danois a beau jeu de se retrancher derrière la soi-disant liberté de la presse pour se laver les mains de toute responsabilité. Le fait est que les politiciens danois – en particulier ceux des partis qui forment ou soutiennent le gouvernement – ont créé un tel climat d’hostilité envers les musulmans que le premier quotidien du pays n’a éprouvé aucune gêne à s’en prendre ouvertement à la communauté musulmane à travers la figure de son prophète.

    Le gouvernement danois attise le racisme et l’islamophobie pour diviser les travailleurs et les empêcher de s’unir contre sa politique de régression sociale. Les politiciens et les patrons belges vantent le « modèle danois » comme un modèle à suivre parce que le taux de chômage y est très bas et que le taux d’activité y est très élevé. Il feignent d’oublier que la majorité des emplois au Danemark sont des emplois précaires, à temps partiel ou à durée déterminée. Un salarié doit souvent cumuler deux, voire trois emplois pour s’en sortir.

    La population danoise est pourtant loin de faire bloc autour de l’establishment politicomédiatique. Si le Parti du Peuple danois a gagné 5% d’intentions de votes dans les sondages depuis le début de la crise, plus de 50% des Danois disent comprendre la colère des musulmans et 49% des Danois désapprouvent la publication des caricatures contre 43% qui l’approuvent.

    Le Moyen-Orient en ébullition

    La crise autour des caricatures du prophète n’aurait jamais pris une telle ampleur sans les tensions énormes qui traversent actuellement le Proche et le Moyen-Orient. Des régimes dictatoriaux et corrompus ont récupéré l’affaire des caricatures pour essayer de peser sur les rapports de force sur le plan national ou international. Outre l’Irak et le Liban, deux foyers de tension se sont particulièrement développés récemment.

    Iran. De males propos pour dissimuler les problèmes sociaux du pays

    L’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad a été élu Président de la République islamique d’Iran fin juin 2005. Ce populiste de droite a bâti sa fulgurante carrière politique en jouant sur son image d’homme proche du peuple : l’ex-maire de Téhéran avait gardé son salaire de petit fonctionnaire.

    Dans un pays où la corruption générée par la manne pétrolière arrose toutes les factions de l’establishment – et surtout où la population est confrontée à un chômage de masse et à des loyers inabordables dans les grandes villes – c’est un argument qui fait mouche. Ahmadinejad a aussi bénéficié de la démobilisation d’une partie des jeunes et des femmes déçus par la faillite des réformateurs à réaliser leurs promesses de démocratisation.

    L’Iran est une dictature où les partis sont interdits et où les candidats « non-conformes » sont écartés par les chiens de garde du régime des mollahs. Les travailleurs iraniens et leurs familles, ainsi que les couches paupérisées de la population, se sont donc engouffrés dans le maigre espace d’expression politique que constituait cette élection pseudo-démocratique pour émettre un vote de protestation contre l’establishment et un vote-sanction contre les réformateurs. Il ne s’agissait donc en aucun cas d’un vote d’adhésion au régime ou aux idées réactionnaires d’Ahmadinejad comme c’est souvent présenté en Europe.

    Ahmadinejad est d’ailleurs conscient de la fragilité de sa position. Depuis son élection, les conditions de vie de la majorité de la population se sont encore détériorées tandis que le contrôle social du régime sur les jeunes et les femmes s’est renforcé. Pour détourner l’attention de la population, il a multiplié les déclarations antisémites en appelant à plusieurs reprises à « rayer Israël de la carte » et en niant, à plusieurs reprises également, la réalité du génocide des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Le président iranien a tenu certains de ces propos dans le cadre d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”. En tant qu’internationalistes, les marxistes sont opposés à toutes les formes de nationalisme réactionnaire, y compris le sionisme et l’islamisme. Mais lorsque des politiciens réactionnaires au Moyen-Orient ou en Europe se profilent comme anti-sionistes ou anti-islamistes, ils ne font que jeter un voile idéologique sur leur anti-sémitisme ou leur islamophobie.

    Mais c’est surtout la décision d’Ahmadinejad de reprendre le programme d’enrichissement d’uranium – aux applications potentiellement militaires – qui a mis le feu aux poudres. Cela a déclenché une crise ouverte avec les USA et l’Union européenne qui menacent de saisir le Conseil de Sécurité de l’ONU avec des sanctions à la clé. Mais l’Iran a développé de forts liens économiques avec la Russie et avec la Chine.

    De plus, le régime iranien n’ignore pas que les Etats-Unis sont embourbés en Irak et qu’une intervention militaire est hautement improbable.

    Palestine. La faillite du FAtah ouvre la voie au Hamas

    La disparition brutale d’Ariel Sharon de la scène politique israélienne et la victoire du Hamas lors des élections législatives palestiniennes de janvier ont sans doute porté un coup fatal au soi-disant processus de paix. Ariel Sharon n’avait rien d’un homme de paix, toute sa carrière politique et militaire en témoigne. Désavoué au sein du Likoud, il l’a quitté pour lancer une nouvelle formation « centriste », Kadima. Jusqu’il y a peu les sondages promettaient à Kadima une quarantaine de sièges, soit la position de premier parti, lors des élections de mars. Kadima avait pour ambition de négocier avec l’Autorité palestinienne une paix aux conditions d’Israël.

    Mais les élections palestiniennes ont tout remis en question. La victoire du Hamas, qui a remporté la majorité des sièges au Conseil législatif (parlement) palestinien, est une gifle à la face de tous les protagonistes du conflit. Ce résultat est d’autant plus amer que ces élections ont été organisées de façon exemplaire d’après les critères de la démocratie bourgeoise. Les Etats-Unis pourraient même en tirer des leçons…

    Pourtant les Palestiniens ont plus voté contre le Fatah que pour les islamistes du Hamas. Ils ont sanctionné des années de corruption, d’autoritarisme et d’échecs dans la lutte pour la libération nationale. Si on veut prendre la mesure exacte de la corruption de l’Autorité palestinienne (AP), il suffit de savoir que l’Union européenne, principal bailleur de fonds de l’AP, enquête sur la « disparition » de 700 millions d’euros. Or l’aide annuelle de l’UE à l’AP est d’1 milliard d’euros… Nous avons toujours dit que le Fatah d’Arafat et d’Abbas était plus populaire auprès d’une certaine frange de la mouvance pro-palestinienne en Europe, y compris hélas une certaine gauche, que parmi les Palestiniens. Le résultat des élections en est la parfaite illustration.

    La victoire du Hamas n’a pourtant rien d’un pas en avant pour la lutte des Palestiniens. Le gouvernement israélien en prendra prétexte pour multiplier les faits accomplis. Il a déjà pris des mesures de rétorsion qui priveront l’AP de quelque 30% de ses ressources fiscales. C’est ce qui s’appelle prendre un peuple en otage pour avoir mal voté… Cette politique de rétorsions minera pourtant davantage la position du Président de l’AP, Mahmoud Abbas, que celle du Hamas. En effet, le Hamas pourrait récupérer une partie du manque-à-gagner en se tournant vers l’Iran, ce qui renforcera l’influence de ce pays dans la région. De plus, les gouvernements israélien et américain mènent une campagne d’isolement de l’AP au niveau international. Mais l’invitation des dirigeants du Hamas par la Russie ouvre déjà une brèche de taille dans ce boycottage. Pour ne rien arranger, des groupes armés liés au Fatah vont probablement reprendre l’initiative militaire contre Israël pour récupérer le terrain perdu dans l’opinion palestinienne.

    Un tel scénario pourrait peser lourdement sur le résultat des élections israéliennes de mars. Le Likoud de droite, qui était en perte de vitesse, pourrait regagner du terrain voire gagner les élections en surfant sur l’inquiétude et l’incompréhension des Israéliens envers le vote des Palestiniens. Le manque d’une alternative socialiste aux partis réactionnaires, nationalistes ou religieux, se fait cruellement sentir des deux côtés.

    Afin de sortir de l’impasse, il faut une unité des travailleurs dans la lutte commune contre le système capitaliste.

  • Irak: La guerre et l’occupation mènent au chaos

    Il y a 3 ans, des millions de gens ont manifesté contre la guerre en Irak. Le 15 février 2003 était une journée d’action historique avec des manifestations gigantesques dans le monde entier. Le 20 mars 2003 les premiers bombardements sur Bagdad ont commencé et les premiers Irakiens sont tombés. Ce jour-là, le Jour X, des milliers de lycéens et d’étudiants ont manifesté contre la guerre. Trois ans plus tard il devient de plus en plus clair que les manifestants antiguerre avaient raison.

    Marijke Decamps

    Démocratie?

    Bush et Cie ont entamé cette guerre au nom de la démocratie et de la nécessité de détruire les armes de destruction massive de Saddam. Trois ans plus tard il s’est averé que tout cela était un mensogne. Les résultats de l’occupation sont négatifs.

    Comme nous l’avions dit avant la guerre, une des conséquences majeures de celle-ci a été une déstabilisation plus grande encore de la région. La prétendue démocratie est une blague. La Constitution Irakienne nouvellement créée est partiellement basée sur la charia, ce qui signifie un pas en arrière pour les droits des femmes. Le chômage et la pauvreté sont plus répandus que sous la dictature de Saddam Hussein. Beaucoup d’Irakiens n’ont pas accès à l’eau potable ou à l’électricité.

    Les dernières images de soldats britanniques maltraitant des adolescents irakiens et celles de la fameuse prison d’Abu Ghraib, indiquent ce que signifie la démocratie aux yeux de Bush et Blair.

    Vers une guerre civile?

    L’absence d’alternative politique ouvrière et les pénuries énormes constituent un terreau fertile pour l’islam politique et les autres courants réactionnaires. Le nombre d’attaques religieuses sectaires augmentent de jour en jour et font avancer le spectre d’une guerre civile entre sounnites et chiites. Au lieu de ressembler à ’une démocratie, l’Irak semble plutôt être aux bords d’une guerre civile divisant encore plus le pays sur des bases ethniques et religieuses.

    Cette division est renforcée par les pénuries énormes. Des mois après l’invasion impérialiste, la distribution d’eau n’était toujours pas rétablie. La “sécurité” apportée par les troupes d’occupation s’est essentiellement axée sur les installations pétrolières. En fin de compte, c’était l’enjeu principal de la guerre. Les énormes ressources pétrolières en Irak sont d’une importance cruciale pour les multinationales et leurs laquais politiques comme Bush.

    Le contrôle des ressources pétrolières et le prestige de l’impérialisme américain sont les raisons du massacre en Irak. Après «la fin» officielle de la guerre, plus de 100.000 Irakiens ont péri ainsi que 2100 soldats américains (en plus des 16.000 blessés).

    USA: les travailleurs paient la guerre

    Aux Etats-Unis même, le nouveau budget du gouvernement Bush contient un plan d’austérité historique. Afin de fournir les moyens nécessaires à la guerre en Irak, ce budget impose des économies qui touchent principalement les travailleurs et leurs familles.

    En même temps, l’armée cherche à recruter parmi les plus pauvres. Beaucoup de jeunes ne voient pas d’issue et vont se battre en Irak pour une guerre qui n’est pas la leur. La résistance systématique contre les occupants en Irak mène à une fatigue de la guerre. Même des personnalités au sommet de l’establishment américain commencent à défendre l’idée de retirer les troupes d’Irak.

    Retrait des troupes!

    82% de la population irakienne souhaite la fin de l’occupation. Au sein même des Etats-Unis, l’opinion publique commence à tourner le dos à l’intervention militaire. Lorsque l’ouragan Katrina a provioqué d’énorme ravages, la Garde nationale était en Irak. Il a été démontré que le gouvernement avait fortement réduit les budgets pour l’entretien des digues et l’aide de secours. Tout cela pour financer le très conséquent budget de guerre. Aujourd’hui le mouvement antiguerre a trouvé de nouveaux alliés et l’appel pour la fin de la guerre résonne d’autant plus fortement.

    Nous réclamons le retrait des troupes d’occupation. Afin de stopper un développement continuel vers la guerre civile, il faut un mouvement des travailleurs, jeunes, paysans et pauvres qui soit capable d’unifier les différents groupes religieux et ethniques. Pour cela, nous défendons un programme socialiste pour la sécurité, l’emploi et une vie meilleure, de pair avec des garanties pour toutes les minorités. Le pétrole en Irak fait que le pays est potentiellement très riche. Les entreprises pétrolières et autres doivent être nationalisées afin que les moyens puissent être rendus à la population pour satisfaire tous ses besoins.

  • Résistance contre la guerre, l’exploitation et le capitalisme

    Après trois ans de guerre en Irak: chaos et misère pour les Irakiens, cercueils et régression sociale pour les travailleurs américains

    Des protestations massives se sont déroulées dans le monde entier avant l’invasion, le 20 mars 2003. Nous avons renforcé cette résistance, entre autres avec les actions du «jour X» au début de la guerre. Nous avions souligné l’importance du mouvement ouvrier au sein du mouvement antiguerre. Des millions de manifestants contre la guerre ne pouvaient empêcher celle-ci, mais un mouvement massif de grève avec des millions de manifestants aurait pu faire la différence en touchant les capitalistes là où ça leur fait mal : au portefeuille.

    Boris Van Acker

    Le gouvernement Bush était déterminé à imposer sa domination politique et économique. La colonisation brutale de l’Irak était justifiée par une une soi-disante lutte entre le Bien et le Mal, pour la défense de la démocratie contre le terrorisme et le fondamentalisme musulman. Tout cela s’est averé n’être qu’un mensonge.

    La guerre en Irak a mené à plus de 100.000 morts irakiens. En outre, la propagande en défense de cette horrible invasion a fait en sorte que les musulmans de par le monde entier se sont retrrouvés diabolisés. Chaque musulman est dépeint comme un terroriste fondamentaliste potentiel, ce qui mène à encore plus de division parmi les travailleurs. Les forces réactionnaires ne peuvent que se développer sur cette situation, comme la moisissure sur la pourriture.

    La guerre pour le pétrole et l’occupation brutale de l’Irak ne sont que le prolongement militaire de la politique néolibérale. Partout les besoins des populations sont sacrifiés, comme cela fut tristement démontré lors des nombreux et tragiques désastres humanitaires.

    L’absence d’intervention ou de protection a poussé le nombre de victimes du Tsunami dans le Sud-Est asiatique à 230.000, à 80.000 lors du tremblement de terre au Pakistan et au Cachemire, à 4000 morts ou disparus lors du passage de l’ouragan Katrina aux Etats-Unis,… Voilà le résultat d’une politique au service d’une élite richissime.

    L’occupation de l’Irak a déjà coûté 75 milliards de dollars et, chaque mois, un milliard de dollars s’ajoute à cette somme. Dans le même temps, les promesses de dons pour la reconstruction des régions touchées par les désastres ne sont pas ou à peine tenues. Et aux Etats-Unis, on coupe à la hache dans les budgets sociaux comme les soins de sannté, l’enseignement, etc. Seul le budget de la défense continue à grimper.

    La logique du démantèlement social ne se limite pas uniquement aux USA, c’est un phénomène mondial. Les travailleurs et les jeunes sont exploités afin de maximaliser les profits de puissantes multinationales. Face à cette logique, il faut une alternative socialiste qui défende les besoins de la majorité de la population au lieu des profits d’une infime minorité.

    Nous luttons contre le système capitaliste qui n’offre que l’exploitation, la pauvreté et la guerre. Retirez les troupes d’Irak, non à l’occupation!

  • FIN DE L’OCCUPATION! Manif 19 mars 14h Gare du Nord

    Il y a trois ans, l’impérialisme américain envahissait l’Irak au nom de la démocratie. Aujourd’hui, il est clair pour beaucoup, et ce, également dans la population américaine, qu’il s’agissait d’une guerre pour le pétrole et les profits d’une toute petite minorité. Derrière le faux prétexte de trouver des armes de destruction massive, des milliers de soldats et entre 150 000 et 200 000 civils irakiens ont trouvé la mort.

    Les seuls qui ont bénéficié, et bénéficient toujours, de cette occupation, sont les multinationales du secteur pétrolier et de l’armement. Les 5 plus grandes entreprises pétrolières ont vu leurs profits de 2005 atteindre les 100 milliards de dollars. Inutile de dire que la situation en Irak ne s’est pas améliorée. Le chômage touche toujours plus de 50% de la population. Et il n’existe aucune stabilité politique, même après les dernières élections. La résistance des travailleurs irakiens, elle, continue de grandir. Mais la guerre et le manque d’alternative à ce système ont renforcé les courants les plus réactionnaires.

    D’un autre côté, les mensonges de l’administration Bush et les derniers scandales (prisons secrètes, attaque au phosphore sur Fallujah…) n’ont fait qu’augmenter la résistance de la population américaine à la politique du gouvernement. Les travailleurs et les jeunes américains font également les frais de cette guerre. 2200 soldats américains sont déjà morts. De plus, alors que les patrons des multinationales pétrolières s’en mettent plein les poches, ce sont les travailleurs américains qui financent l’occupation avec ses impôts.

    De plus en plus d’initiatives, notamment contre les recruteurs de l’armée dans les écoles, s’organisent. Il n’est pas impossible de voir, dans le futur, renaître aux USA des mouvements de l’ampleur de ceux s’opposant à la guerre du Vietnam.

    Soutenons ces mouvements et la lutte des travailleurs irakiens contre l’occupation impérialiste ! Luttons contre le capitalisme générateur de guerre, de misère et d’exploitation ! Mobilise avec nous pour la manif du 19 mars pour le retrait des troupes d’Irak ! Rejoins-nous !

  • Le monde comme ils le veulent.

    Jean-Claude Paye, sociologue, a écrit et publié en 2004 aux éditions la dispute* le résultats de ses recherches et de ses analyses des changements intervenus dans le droit et la procédure pénale ces dix dernières années dans le monde, et plus particulièrement en Occident.

    François Barzin

    Ce que cet auteur annonce dans son livre est l’avènement d’une dictature mondiale, emmenée par les Etats-Unis sous couvert de lutte contre le terrorisme. L’auteur y décrit la recomposition progressive des Etats nationaux autour d’appareils policiers auxquels les divers gouvernements donnent de plus en plus de pouvoir et de prérogatives. Ces recompositions faites à l’heure de la lutte contre le terrorisme, s’intégreraient plus largement dans une structure impériale dont les Etats-Unis auraient l’exclusivité de la direction politique.

    Si la perpective d’une superpuissance américaine doit être légèrement revue à la baisse, au vu de ses échecs en Irak et en Afghanistan, les lois liberticides inspirées et recommandées par les Etats -Unis aux pays européens n’en sont pas moins devenues une réalité.

    Le danger actuel de cette évolution, continuation d’une justice de classe, est la constitutionnalisation de cette justice de classe. Auparavant, la subjectivité de la justice reposait sur un rapport de force instauré dans le cadre d’un Etat de droit et d’une démocratie. Aujourd’hui ce qui nous est promis est l’impossibilité de modifier ces rapports de force, et donc la subjectivité politique et judiciaire, au nom de la lutte contre le terrorisme. Vouloir influencer le fonctionnement des institutions démocratiques pourra être considéré comme terroriste en soi, alors que cela est bien sûr l’enjeu même de la vie démocratique. Le droit à la défense devient impossible puisque c’est aux accusés de prouver qu’ils sont innocents sur base d’intentions qui leurs sont attribuées, leurs faits et gestes témoignant contre eux et non pas pour eux. Il n’y a pas de partie tierce, telles des victimes réelles d’un véritable attentat par exemple, mais seulement des accusés et un Etat juge et partie, inconcilablement opposés dans la défense de leurs intérêts respectifs.

    Il ne peut plus y avoir de liberté individuelle dès lors que l’Etat peut-traîner quiconque en justice sur base de ses intentions politiques.

    Qu’en est-il donc de ces lois, décisions – cadre, accords et négociations passés entre pays de l’Union, entre l’Union européenne et les Etats-Unis ? Quelle est la philosophie, la méthode et les objectifs avoués de ces lois ou de ces accords ?

    Une inversion du sens de la procédure pénale

    De manière générale la tendance est à la subordination du pouvoir judiciaire à celui de la police – et plus l’inverse comme précédemment – au renforcement du parquet sur le juge d’instruction, à la régression du droit de la défense devant des enquêtes policières secrètes et proactives sur lesquelles elle n’a plus aucun contrôle, les forces de police devenant généralement intouchables judiciairement, leur méthode de production de la preuve n’étant plus elle-même soumise à l’examen contraignant du pouvoir judiciaire. Cette redéfinition des pouvoirs respectifs de la police et de la justice va de pair avec la redéfinition des infractions incriminées et des personnes ou des groupes visés : les critères définissant une action terroriste ou une action criminelle sont élargies par des définitions purement subjectives ou spéculatives comme dit plus haut, telle la volonté d’intimider ou l’intimidation des populations, ou parties de celles-ci, la volonté d’influencer le fonctionnement d’autorités publiques, la « capture » d’infrastructures publiques ou privées, la simple intention de commettre un acte dit terroriste… A remarquer la notion de capture d’infrastructures publiques ou privées qui vise directement les organisations syndicales et altermondialistes dont ces « captures » sont les principaux moyens d’actions. Il faut savoir également que le conseil de l’Europe a instauré les accords Shengen 2 qui visent explicitement à l’échange d’informations sur des activistes politiques qui se rendent à des sommets internationaux pour permettre leur arrestations et leur emprisonnement éventuel dans tous les pays de l’Union.

    La simple appartenance à une organisation terroriste, c’est à dire politique ou syndicale notamment, ou la participation à ses activités, même légales, en connaissance ou en méconnaissance de cause peut valoir à quiconque d’être assimilé à un terroriste. D’une inculpation ou d’une suspicion à partir d’éléments objectifs, l’on va vers une inculpation à partir d’une interprétation subjective et politique du droit de chacun.

    Comme on peut le constater, le caractère vague des incriminations et leur caractère foncièrement subjectif permet de s’attaquer à n’importe qui et à n’importe quoi dès lors qu’il gène le pouvoir en place, les activistes politiques et syndicaux étant visés de façon privilégiée. Le traitement des insoumis renommés terroristes peut aller jusqu’aux gels des avoirs ou de toute les sources de revenus, sans parler de la suspension des droits civiques, des peines de prisons, amendes et autres … Les gardes à vue sont doublées, généralement, ce qui augmente les possibilités de pression de la part de la police, pour arracher des aveux, par exemple.

    La collaboration automatique

    Pour rendre effective ces différentes dispositions légales visant la répression du « terrorisme », les différentes autorités publiques des pays européens ont conclu des accords de collaborations automatiques et obligatoires entre leurs appareils policiers et judiciaires respectifs. Ainsi en est-il du Mandat d’Arrêt Européen. Ce contrat de collaboration impose l’extradition automatique de n’importe quel individu accusé de terrorisme par tout Etat requis par un autre Etat. Ce qui paraît être un gage d’efficacité contre le crime organisé, est en fait une remise en cause du droit d’asile. Le Mandat d’Arrêt Européen est basé sur le principe de reconnaissance mutuelle des législations pénales de chaque Etat par tout les autres, chacun étant supposé démocratique et respectueux des droits et libertés fondamentales de leurs concitoyens. Les problèmes à l’extradition entre Etats Membre ne se posant donc pas. Mais la France du massacre de Charonne n’était-elle pas démocratique, pas moins que la Belgique des tueries du Brabant wallon, ou que l’Italie anticommuniste et maffieuse de Berlusconi ? Que nous réserve l’avenir ? Peut-être verrons nous en France éclore les fleurs nauséabondes du Front national ?

    Mais de toute façon, en Europe, la révision générale à la baisse des critères qui donnent droit à être accusé de terrorisme, est susceptible de remettre en cause le droit d’asile de beaucoup de personnes et d’organisations militantes dans un avenir plus ou moins proche.

    L’hégémonie coulée dans le droit

    L’élaboration de toute ces lois, ainsi que la philosophie sécuritaire sont impulsées par les Etats -Unis, qui ont été les premiers à remettre en cause le régime du droit international fondé sur le respect mutuel de la souveraineté de chaque Etat, mais aussi sur le principe du respect des droits humains, dont celui du droit à la défense et à la représentation juridique. Le refus de donner aux prisonniers de Guantanamo le statut juridique de prisonniers de guerre permet à la première puissance mondiale de les détenir de façon indéfinie sans inculpation et surtout dans le secret, sans droit à la défense, sans la publicité et l’objectivité des débats. La sécurité de ces personnes ne peut être assurée par aucun moyen, sinon de loin, par le biais de la pression internationale, comme au temps de Pinochet, quand amnesty international faisait campagne pour la libération des prisonniers politiques. Cette action du gouvernement américain vis à vis des « combattants illégaux » par la procédure d’exception aboutit à la suspension du droit international – de fait – par les Etats-Unis.

    Malgré leurs hypocrites critiques de l’unilatéralisme américain, les pays européens, Conseil de l’Europe en tête, se sont empressés de répondre aux exigences antiterroristes des Etats-Unis, puisque ensuite la rhétorique sécuritaire a justifié la mise sous surveillance politique de leur propres populations.

    Ainsi, le Conseil de l’Europe concluait des accords autorisant l’extradition quasi automatique vers les Etats-Unis de tout citoyen européen suspecté de terrorisme dans un même temps qu’il travaillait au mandat d’arrêt européen et autres dispositions liberticides, dans des conditions politiques tout à fait répugnantes et suspectes (Certaines décisions cadre trop clairement liberticides ont été prises au Conseil de l’Europe en annexe de négociations portant sur le droit de la pêche par exemple, ni vu, ni connu).

    Dans le même ordre d’idées, les Etats-Unis ont imposés à L’Europe l’échange des informations personnelles sur les passagers ayant réservés auprès de compagnies aériennes pour les Etats-Unis, ceux-ci pouvant à leur guise déterminer qui peut ou non entrer sur leur territoire ( L’ Europe a par après pris les même dispositions pour son propre compte par rapport aux réservations transeuropéennes).

    A ce stade nous devons avoir conscience que le Patriot act s’applique aussi à nous, comme à tous les citoyens de la planête et dès lors que nous posons le pied sur le sol américain, nous pouvons être détenu de façon indéfinie et sans inculpation. Dans ces conditions, comment imaginer une rencontre altermondialiste aux Etats-Unis, comme à Seattle en 1998 ? Les ébauches d’une démocratie planétaire, les citoyens américains, européens, les démocrates des pays du Tiers monde et l’ensemble des populations sont véritablement devenus les otages du reflux réactionnaire américain.

    Il faut quand même préciser que si tout le monde peut être enlevé, extradé et emprisonné indéfiniment par les autorités américaines, a contrario, aucun citoyen américain ne peut-être traduit devant un tribunal international pour crime de guerre ou pour crime contre l’humanité, ce qui concernerait pas mal de monde dans les services de renseignements et dans les administrations américaines

    La suspension du droit et du principe de légalité lui-même iront en s’aggravant, laissant de plus en plus de monde dans une anomie juridique autorisant tous les arbitraires. Le droit, comme ensemble hiérarchisé de garanties constitutionnelles, fait aujourd’hui de la procédure d’exception l’acte constituant d’un nouveau type de régime politique, celui ou le pouvoir politique décide directement de la norme à appliquer, de comment l’appliquer, et à qui l’appliquer. Pourtant l’égalité de tous devant la loi, suppose la reconnaissance de l’objectivité des actes incriminés, la constitution de parties tierces et le droit à la défense dans le temps long et posé de la procédure judiciaire. Il faut d’ailleurs dénoncer ici les appels à la rentabilité des parquets par Madame Onckelinks, qui est une façon insupportable d’instrumentaliser le pouvoir judiciaire à des fins politiques, électoralistes.

    Toute organisation politique progressiste devrait se mobiliser contre toutes ces régressions, car c’est véritablement l’exercice de nos droits constitutionnels qui est menacé. Si nous jouons le rôle des victimes indolentes, il se pourrait bien que le crocodile vienne nous manger.


    * La fin de l’Etat de droit, Lutte antiterroriste, de l’état d’exception à la dictature, Jean-Claude Paye, éd. La Dispute, 2004.

  • Le 19 mars, le monde dira «Out Now!»

    Il y a trois ans, les marines américains débarquaient en Irak au nom de la démocratie et de la lutte contre le terrorisme. Le prétexte à l’invasion de l’Irak était que ce pays détenait des armes de destruction massive probablement prêtes à fondre sur les pays occidentaux.

    Simon Hupkens

    D’armes de destruction massive, on en a guère trouvé! Et les principaux pays participant à la coalition contre l’Irak ont depuis lors reconnu, suite aux pressions populaires, qu’il n’y en avait jamais eu. C’est donc au nom d’un mensonge commis par les gouvernements américain et britannique que sont morts entre 150.000 et 200.000 civils irakiens, 2200 soldats américains et que plus de 35.000 Marines sont revenus blessés ou mutilés.

    C’est au nom de ce mensonge que soldats et civils continuent à mourir tandis que les infrastructures du pays – hôpitaux, écoles, centrales électriques – ont été détruites et que le peuple se retrouve sans ressources, sans travail et sans perspectives. On ne peut évidemment pas dire que le régime de Sadam Hussein fut une grande réussite en matière de démocratie. Les militants du mouvement ouvrier irakien le savent bien qui ont pourri dans les prisons du régime pendant des décennies. Mais le bilan de trois ans d’occupation des forces de «libération» n’est certainement pas positif en la matière. Les violations des droits de l’homme par l’armée y sont monnaie courante, allant de détentions illégales en séances de torture. Pour beaucoup, il est évident que cette guerre n’est qu’un prétexte pour faire main basse sur les ressources naturelles du pays (le pétrole principalement) qui sont maintenant détenues par les entreprises les plus proches du gouvernement Bush. Les travailleurs irakiens ne verront bien entendu pas un sou des profits générés par l’exploitation de ces ressources. Et cela en dépit du fait qu’ils extraient le pétrole, le raffinent et le chargent sur les tankers américains.

    Tout le monde fait les frais de cette guerre meurtière: les civils irakiens la paient de leurs vies tout comme les Marines américains qui y laissent leurs vies ainsi que leur santé mentale, le peuple américain finance cette guerre avec ses impôts et le reste du monde voit grimper le coût des produits pétroliers.

    Les seules entreprises à tirer leur épingle du jeu sont celles du secteur de l’armement et les cinq grandes multinationales du secteur pétrolier qui ont vu leurs profits s’élever à 100 milliards de dollars pour l’année 2005.

    A elle seule, cette guerre a déjà coûté 235 milliards de dollars. En comparaison, les opérations humanitaires au Pakistan et au Cachemire qui ont fait plus de 100.000 victimes ont coûté 500 millions de dollars aux Nations Unies qui a eu le plus grand mal à réunir cette somme.

    C’est très clair: les moyens ne manquent pas. Mais dans un monde dominé par le capitalisme, ils ne servent qu’à enrichir les plus riches.

    Loin de contribuer à la stabilisation du pays, cette guerre a renforcé les courants politiques et religieux les plus réactionnaires . La liste est longue des bandes armées du leader Al Sadr aux kamikazes d’Al Qaïda. L’Islam le plus conservateur est à l’oeuvre pour éliminer les formes de résistance les plus progressistes. Ces éléments ultraconservateurs assassinent les militants syndicaux, démantèlent les droits des femmes et alimentent l’insécurité et l’intolérance religieuse. Dans cette situation de crise, des initiatives voient le jour pour résister à l’impérialisme US et au fanatisme religieux. Les militants de ces formations ont besoin du soutien du mouvement ouvrier de chez nous pour mener à bien leur ambitieuse entreprise: libérer l’Irak de l’occupation, de la guerre, de l’intégrisme et du capitalisme.

    Voilà pourquoi nous participerons à la mobilisation du 19 mars afin de manifester en faveur d’un retrait de toutes les troupes d’occupation. Out now! A l’occasion de cette journée, des actions de protestation auront lieu aux quatre coins du monde!

    Rendez-vous à Bruxelles le 19 mars. Gare du Nord.

  • Les lois anti-terroristes nous touchent tous!

    La classe dirigeante en Belgique comme ailleurs se dote de nouveaux moyens pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Les dirigeants capitalistes instrumentalisent à outrance la remontée des attentats terroristes pour instaurer un climat de peur et renforcer leur appareil répressif. Au-delà de l’inefficacité de telles mesures et de leur coût exorbitant, c’est bien d’une vague d’attaques contre nos droits démocratiques dont il s’agit.

    Stéphane Delcros et Cédric Gérôme

    Suite au récent attentat kamikaze perpétré par une Belge en Irak, la Ministre de la Justice Onkelinx tente de faire passer un avant-projet de loi renforçant les moyens policiers et judiciaires face à une menace terroriste. Le gel de certains comptes bancaires sera facilité, des perquisitions à toute heure et des écoutes par téléphone ou micro caché seront autorisées. Toutes les données récoltées par la police seront en outre confinées dans un dossier secret auquel ni l’accusé, ni l’avocat n’auront accès.

    La Belgique est loin d’être le seul pays à adopter des lois antiterroristes; le Parlement européen a adopté récemment une directive permettant la conservation des données téléphoniques et électroniques pour une durée de 6 à 24 mois et donnant plein droit à la police de les consulter.

    Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis avaient adopté le Patriot Act, loi antiterroriste d’exception qui décuple les pouvoirs de la justice et de la police. Adopté initialement pour une durée de quatre ans, le Patriot Act était en passe d’être reconduit indéfiniment, mais cette dernière proposition a été -temporairement, du moins- rejetée par le Sénat, suite aux nombreux scandales qui ont éclaboussé la Maison-Blanche et la mettes dorénavant sur une position défensive. On ne compte plus les abus policiers et judiciaires basés sur cette loi, notamment en matière de surveillance de la population. La mise sur écoutes de la population américaine et les pratiques d’espionnage du Pentagone ne sont cependant pas nouvelles: ce genre de mesures furent largement utilisées contre des groupes hostiles à la guerre du Vietnam et des organisations de défense des droits civiques dans les années ’70.

    En Grande-Bretagne, les lois antiterroristes prennent une ampleur démesurée. Plusieurs millions de caméras filment désormais les faits et gestes de la population. Après les attentats de Londres en juillet dernier, le gouvernement de Blair a encore durci son programme avec une nouvelle loi qui prévoit notamment la prolongation de la garde à vue à 3 mois pour les personnes suspectées de terrorisme.

    A la suite de l’explosion des banlieues, la classe dirigeante française a adopté puis prolongé pour 3 mois l’état d’urgence, se référant à une loi qui n’avait pas été invoquée depuis un demi siècle dans l’Hexagone. Le gouvernement peut ordonner à la police de procéder à des arrestations massives, interdire les manifestations et censurer les médias. La police est autorisée à perquisitionner et restreindre les mouvements des personnes sans devoir fournir de preuves ou de raisons justifiant de telles actions. Ainsi, 11 des 24 propositions du Front National en matière de justice et de police ont déjà été mises en application par le gouvernement français.

    Brandissant le prétexte de la menace terroriste, partout les gouvernements capitalistes consolident leur appareil de répression et restreignent les libertés publiques. L’interprétation des lois anti-terroristes étant extrêmement large, ces mesures s’avèrent très utiles afin de museler les mouvements sociaux.

    Dans les années 80 déjà, Margaret Thatcher s’était servi d’une loi antiterroriste pour réprimer une grève de mineurs. On se souvient également des déclarations de plusieurs dirigeants européens n’hésitant pas à assimiler les militants anti-mondialisation à des terroristes. Cette année, en France, les unités antiterroristes du GIGN sont intervenues deux fois contre des actions syndicales. En Belgique, l’actuel procureur fédéral en charge de la lutte contre le terrorisme est Daniel Bernard, qui avait mené l’accusation dans le procès contre les syndicalistes de Clabecq.

    Tout comme les actes de terrorisme servent de justification à la politique répressive de la bourgeoisie, cette dernière alimente le terrorisme et ne résoud rien. Les énormes moyens développés par la Grande-Bretagne dans son arsenal anti-terroriste n’ont pas empêché les attentats de Londres. Quant aux centaines de milliards de dollars investis par Bush dans sa " lutte contre le terrorisme ", ils n’ont pas permis d’endiguer le terrorisme mais ont au contraire stimulé son développement à travers le monde. Il est temps de sortir de ce cercle vicieux en construisant une véritable opposition qui combat le terrorisme en s’en prenant à sa racine : le système capitaliste qui le génère.

  • La faillite de l’impérialisme. Les élections en Irak ne sauveront pas la face de Bush

    La faillite de l’impérialisme.

    Le 15 décembre, la majorité des Irakiens se sont rendus au bureau de vote pour élire un nouveau parlement. Ces élections avaient pour but de remplacer le parlement provisoire qui fut élu en janvier. Cette fois, il n’y a pas eu d’appel au boycott de la part des partis sunnites -la minorité sur laquelle l’ancien dictateur Saddam se reposait. Seuls quelques groupes terroristes, parmi lesquels le groupe d’Al Zarqaoui, s’opposent aux élections et brandissent la menace de nouvelles violences.

    Peter Delsing

    Bush se sert naturellement de ces élections afin de redorer son blason. Il parle de l’Irak comme de la “première démocratie dans le monde arabe”. Mais ces élections ont un contenu beaucoup plus ambigu que Bush ne le pense. Selon des estimations provisoires, environ 3 Irakiens sur 4 sont allés voter. Beaucoup voient sans aucun doute ces élections comme une des premières occasions où ils ont la possibilité de faire entendre leur voix après des décennies de dictature.

    Il y a quand même 1 électeur sur 4 qui est resté chez lui. Cela reflète en partie le mécontentement régnant contre le gouvernement – composé majoritaiement d’une coalition de partis religieux chiites – qui n’est pas en mesure de recréer des emplois, un minimum de sécurité et des infrastructures sérieuses. Il est clair que ces problèmes, liés à une baisse du niveau de vie pour la masse de la population, ne vont pas disparaître. Ils alimentent les divisions religieuses et ethniques déjà existantes, manipulées par les politiciens bourgeois, qui risquent de s’envenimer et même, à terme, d’exploser.

    Néanmoins, beaucoup d’Irakiens s’opposent au scénario d’une division ethnique et religieuse,et surtout d’une guerre civile. Ce refus a trouvé partiellement une expression dans la campagne du chiite laïc Allawi, malgré son manque de véritable réponses. On constate aujourd’hui une augmentation sensible des conflits sur base des différentes fractions armées, qui disposent de leur propre relai dans l’appareil d’état. La milice d’Al Sadr soutient la grande alliance chiite, mais se trouve de plus en plus violemment en conflit avec la milice de Badr inspirée de l’Iranien Sciri (laquelle fait pourtant partie de cette même alliance électorale!).

    Le sentiment de rejet des troupes d’occupation est maintenant largement répandu. Il y a peu de doutes sur le fait que beaucoup d’Irakiens expriment, à travers ce vote, le souhait d’un retrait rapide des troupes. Même certaines franges de la coalition régnante, comme les troupes d’Al Sadr, sont activement impliquées dans les attaques contre l’occupant impérialiste. Une partition ethnique de l’Irak représente à terme une menace probable, avec les risques d’un combat sans merci pour les meilleurs morceaux. A la place d’un “modèle de démocratie”, nous allons assister à une lutte entre les différentes fractions capitalistes qui vont se partager le pouvoir et la richesse sur le dos de la masse de la population. Seule une alternative socialiste multi-ethnique pour les travailleurs et les jeunes peut endiguer un tel scénario.

    Bush sous le feu des critiques

    Bush doit admettre ouvertement que les raisons qui ont servi de prétextes pour envahir l’Irak – la présence d’armes de destruction massive et les liens du régime de Saddam avec le terrorisme – étaient faux. Il reconnaît aussi que “30.000 victimes irakiennes” sont tombées pendant la guerre et l’occupation. Selon un récent sondage, 70% des Américains pensent que Bush n’a aucun plan pour le retrait des troupes de l’Irak. 52% veulent que les troupes rentrent immédiatement au bercail.

    Le vent qui tourne contre Bush aux USA met la pression sur son gouvernement et son parti. L’administration Bush reconnaît maintenant – en paroles – les déclarations des Nations Unies contre la torture. Ils se sont “excusés” par rapport à l’histoire de l’Allemand d’origine libanaise qui fut par erreur arrêté en tant que “terroriste”en Macédoine et maltraité en Afghanistan, après son enlèvement par la CIA. Récemment, le Sénat américain, dans lequel figurent bon nombre de Républicains, a refusé de proroger le “Patriot Act” (voté juste après les attaques d’Al Qaeda aux USA). Par les temps qui courent, les atteintes aux droits démocratiques sont même perçues par beaucoup de Républicains comme une politique invendable aux USA.

    La combinaison du mouvement anti-guerre et de la lutte des travailleurs autour des questions économiques peut prendre un caractère explosif. Depuis l’ouragan Katrina, le régime de Bush est en chute libre, de sondage en sondage. Seuls 36% des Américains sont confiants quant à la politique économique de Bush. Depuis novembre 2001, la fin officielle de la dernière récession, 80% des salariés aux USA ont subi une diminution de leur salaire réel. Malgré cela, la consommation interne continue à monter, grâce à l’ouverture des robinets du crédit et le sentiment présent chez beaucoup d’Américains qu’ils vont, en dépit de la baisse des salaires, devenir “plus riches”.

    Mais ils pourraient déchanter assez vite.

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