Tag: Grève générale 2014

  • Grève régionale du 8 décembre, Zaventem. Visite au piquet ECONOCOM.

    NicoM01Le PSL est intervenu ce lundi 8 décembre avec 13 équipes mobiles en région bruxelloise pour visiter les différents piquets présents à travers la région. Nous sommes notamment allés chaussée de Louvain à Zaventem. Nous avons visité le piquet des travailleurs de ECONOCOM.

    Par Nico M.

    Construire l’enthousiasme avec un piquet bien organisé

    Dans notre journal de novembre, Ben écrivait dans son article à propos du plan d’action qu’« évidemment, il ne suffit pas de décréter qu’on veut une présence massive au piquet pour que ce soit le cas. La présence au piquet, c’est une tradition qui doit se construire et ça nécessite une préparation concrète de chaque piquet. On ne peut pas rester toute une journée debout dans le froid à ne rien faire, et encore moins sous la pluie. Prévoir de quoi s’abriter, de quoi se réchauffer, de quoi manger, ça participe aussi à la réussite d’un piquet ». C’est à peu de choses près comment le piquet des travailleurs à ECONOCOM est organisé. L’idée de ce lundi était de bloquer un des 5 bâtiments du site de Zaventem et de tracter vers les quelques non-grévistes pour expliquer l’importance de résister au gouvernement, et ainsi préparer le blocage complet du 15 décembre. Leur piquet était bien organisé et donc enthousiasmant. Ce n’est pas un hasard, mais le fruit d’années de travail syndical à ECONOCOM afin de construire notamment une tradition de piquet dans la délégation lors des journées d’actions.

    NicoM02Des AG pour préparer le plan d’action

    Quatre AG ont pris place la semaine avant le 8 afin de préparer le plan d’action et plus de 200 travailleurs y ont participé. Au cours de ces AG du personnel, le parallèle a été fait entre les mesures du gouvernement et les problèmes avec la direction propres à l’entreprise. D’ailleurs une banderole a été installée au piquet contre le statut de « faux indépendant ». Des affichettes ont aussi été produites pour décorer le piquet et mettre en avant quelques éléments des attaques auxquelles nous faisons face aujourd’hui. C’est un élément important pour renforcer le plan d’action contre le gouvernement. Pourquoi ne pas discuter au sein de chaque secteur d’un cahier de revendications pour renforcer le mouvement. Nous luttons contre les mesures du gouvernement, pour sa chute, mais aussi contre toutes les mesures d’austérité et donc contre toutes les attaques sur nos conditions de travail, nos statuts etc. D’autant que, comme l’illustre ce plan d’action, la lutte contre l’austérité se jouera au sein de nos entreprises par l’utilisation de notre principale arme : la grève. Cette logique austéritaire qui vise à nous faire payer la crise des capitalistes tente également de taire un élément fondamental: c’est les travailleurs qui créent les richesses dans la société, c’est « nous qui payons le salaire de nos patrons et non l’inverse » comme un travailleur sur place l’expliquait ce mercredi au piquet.

    NicoM03

    La volonté de contacter les autres travailleurs du zoning était présente. En fait autour d’ECONOCOM il y a quelques plus petites entreprises, sans délégations syndicales. Cela illustre l’importance de lutter contre les mesures du gouvernement qui veut clairement affaiblir les syndicats. En affaiblissant les délégations syndicales ils veulent rendre plus dure encore l’organisation de notre résistance. Pour le 15 et pour la suite du plan d’action, il sera important de trouver des moyens de tisser les liens avec ces travailleurs plus isolés, dans ces entreprises où l’organisation de la grève est rendue presque impossible par les règles anti-syndicales.

    Multiplier les occasions de débat sera crucial pour la suite du plan d’action. Si nous voulons faire dégager le gouvernement et avec lui toute la politique d’austérité, nous devons prendre le temps de discuter et de planifier nos actions.

    La manif du 6 novembre puis les grèves régionales tournantes ont été des succès impressionnants, marchons vers le 15 avec en tête l’idée d’en faire l’une des grèves générale les plus suivie de l’histoire de la Belgique. Le nombre de piquets sur Bruxelles va augmenter sensiblement le 15. Plusieurs entreprises ou secteurs n’ont pas bloqué entièrement le 8. Dans certains cas notamment le 8 a été utilisé pour préparer le 15. A TOTAL par exemple un tractage a pris place pour mobiliser vers le blocage complet de l’entreprise le 15. Les ALR se sont réunis tôt pour organiser les blocages de Delta, mais des piquets prendront place sur les lieux de travail le 15.

    Toutes ces actions seront autant d’occasion d’organiser des discussions offensives pour préparer les suites de notre plan d’action. Multiplions les AG aux piquets afin de faire le bilan du mouvement, et discuter les tâches pour la suite. Et si nous sommes d’accord que c’est les travailleurs qui produisent les richesses dans la société, alors les travailleurs devraient eux-mêmes discuter de la manière dont elle devrait être gérer. Les travailleurs et les jeunes, les pensionnés, les chômeurs devraient faire eux-mêmes la politique. Les partis traditionnels, au service du patronat, des grands actionnaires, ont les parlements pour appliquer leurs choix de société. Avec un tel plan d’action, nous avons nos syndicats, les AG et les piquets pour imposer les nôtres.


    De passage en Belgique cette semaine, Dagua un camarade nigérien membre de notre internationale a pu faire la tournée des piquets avec nous. Etant lui même délégué syndical dans l’enseignement il a pu entrer en discussions sur les piquets pour illustrer sa solidarité et expliquer sa propre expérience, notamment autour des grèves pour le salaire minimum ces dernières années.

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  • Après le 15/12 : Un 2e plan d’action plus massif et plus dur !

    LS197bisVers une grève générale de 48 heures!

    Didier Reynders l’a encore précisé il y a peu : les mesures antisociales dévoilées jusqu’ici ne seraient encore qu’un avant-goût : ‘‘Dans un premier temps, nous exécuterons les mesures décidées par le gouvernement. Mais je crains que nous devions encore prendre d’autres mesures.’’ Chaque espace que nous laisserons à ce gouvernement lui servira d’élan pour lancer de nouvelles attaques contre nos conquêtes sociales. Il faut le balayer par la grève.

    1e page du supplémentspécial au n°197 de Lutte Socialiste (décembre)

    Le constat est sans appel, historique. Selon un sondage “La Libre/RTBF/Dedicated”, seuls 20% des sondés ont une opinion favorable du gouvernement Michel. Un score aussi pitoyable est tout simplement une première dans les annales des sondages en Belgique. 42% des personnes interrogées trouvent son action mauvaise. En Flandre, le gouvernement recueille 26% d’opinions positives, pour 12% en Wallonie. La colère est nationale, comme l’a démontré la tournée de grèves régionales. ‘‘Ces grèves sont antidémocratiques !’’ avait réagi Richard Miller, du service d’études du MR (le Centre Jean Gol). Comparer le résultat de ce sondage à la réussite massive du plan d’action syndical clarifie instantanément de quel côté se situe la démocratie…

    Ce gouvernement est déjà en état de faiblesse. Avec la journée de grève nationale du 15 décembre – qui sera peut-être la plus grande journée de grève générale de l’histoire belge, avec plus d’un million de grévistes – il recevra une nouvelle claque et, après un deuxième plan d’action, il ne sera probablement plus en mesure de se relever.

    ‘‘Dès le lendemain de la grève générale du 15 décembre, nous évaluerons les possibilités d’une véritable capacité de négociation. Nous sommes prêts à déposer un nouveau calendrier d’actions, plus fort, avec l’éventualité d’une grève au finish’’, a déclaré à la presse le nouveau secrétaire régional de la FGTB de Liège-Huy-Waremme Francis Gomez. Il nous faut un calendrier d’action plus fort, c’est une certitude. Peut-être est-il toutefois encore trop tôt pour une grève au finish (nous préférons le terme de grève à durée indéterminée ou reconductible) qui pourrait laisser les plus radicaux entre eux, isolés de la masse et donc affaiblis face au gouvernement. Pire encore, cela pourrait ouvrir la voie à une fissure entre CSC et FGTB ou entre Wallons et Flamands.

    D’autres parlent d’un plan de 10 semaines, avec une grève par secteur et/ou par régionale chaque lundi. C’est également ambitieux, mais cela ne risque-t-il pas de créer beaucoup de confusion tout en épuisant le mouvement ? Nous bénéficions déjà d’un très large soutien, mais nous pouvons aller plus loin. Il vaut mieux faire un pas en arrière afin de disposer de l’élan nécessaire pour en faire ensuite deux en avant. Décidons d’un nouveau plan d’action en commençant à nouveau par un meeting national, mais en assurant qu’il réunisse cette fois-ci de 10 à 20.000 personnes. A partir de là, lançons des tractages massifs notamment sur tous les marchés du pays, donnons à chaque militant un bon paquet d’affiches de soutien au mouvement pour aller trouver les petits commerces, les associations,…

    Mobilisons ainsi pour une manifestation nationale. Mais en assurant qu’elle dépasse les 200.000 personnes, avec 4 points de rendez-vous pour ne pas rester bloqués Gare du Nord à cause de l’affluence, comme ce fut le cas le 6 novembre. Persévérons par la suite avec une tournée de trois grèves régionales. Mais en assurant que les piquets soient mieux fournis, que la grève soit encore plus suivie. Et construisons ainsi une nouvelle grève générale, de 48 heures cette fois-ci. Pour un tel plan, il est indispensable de généraliser les discussions et les évaluations en assemblées générales du personnel. Ce sera un atout crucial pour parvenir à la victoire.

    Le gouvernement Michel sera probablement au sol, knock-out, après cette nouvelle épreuve de force. Dans le cas contraire, le temps sera venu de parler de reconduire la grève de 48 heures ou de fixer une date pour partir en grève reconductible.

    Au moyen de la force de contestation ainsi constituée, ce n’est pas seulement le gouvernement Michel qui pourra être balayé, mais également toute la politique d’austérité. Les autres niveaux de pouvoir sont eux aussi fortement affaiblis avec une cote de popularité de 16% pour le gouvernement wallon, de 21% pour le bruxellois et de 28% pour le flamand. Il n’y a aucune raison d’accepter leurs projets austéritaires. Continuons la lutte et construisons notre alternative vers un gouvernement des travailleurs, pour les travailleurs !

  • 3e journée de grèves régionales : interview de trois travailleurs d’Econocom

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    Ce lundi, au piquet d’Econocom, nous avons discuté avec Ali, Adrien et Mohammed. Tous trois sont on ne peut plus clairs concernant ce gouvernement : ils “n’attentent pas grand-chose”. Pour eux, c’est une certitude, il faut “continuer après le 15, c’est nécessaire”.

    “Ce gouvernement doit partir, sauf s’ils sont prêts à écouter.” Mais ils n’y croient pas. Autour d’eux, amis et familles commencent eux aussi à en être bien conscients. Ils expliquent : “ce ne sont plus seulement ceux qui sont organisés dans les syndicats qui protestent : tous le monde est touché et exprime un grand soutien pour la grève.”

    “Le gouvernemnt nous dit toujours qu’il n’y a pas d’alternative à l’austerité. Mais regardons ce que l’austérité a donné dans le reste de l’Europe ! L’austerité et la compétition capitaliste qu’ils organisent entre travailleurs tire toute le societé vers le bas, dans chaque domaine. Le système doit changer, nous avons besoin d’une révolution.”

    “Pour la mobilisation chez Econocom, nous avons commencé avec des réunions de délégués, suivies par des réunions de personnel. Malgré le fait que beaucoup de gens expriment quand même une incompréhension pour tous ceux qui ont voté NVA, c’est clair que le raz-le-bol contre tous les partis est très grand.”

    Tous trois sont en faveur d’un véritable parti large de lutte, ouvert à tous les traivailleurs, qu’importe leur couleur syndicale, leur origine,… et dans lequel la discussion serait ouverte et franche concernant le programme politique et la stratégie de lutte à suivre pour que les travailleurs parvienntn à arracher des victoires. Pour en finir avec la compétition entre travailleurs (sur le plan régional, national et européen), le développement d’un tel type de parti serait un grand pas en avant.

  • [PHOTOS] Bruxelles : piquets au secteur financier

    Ces dernières années, les grandes banques ont beaucoup parié et perdu. Mais ce fut à la collectivité de payer pour les dettes du capitalisme-casino ou d’offrir des garanties. Le personnel aussi a dû supporter une bonne partie de l’effort. C’est donc sans surprise que nous avons vu des piquets de grève bien fournis ce 8 décembre, à Bruxelles, dans le cadre de la 3e journée de grèves régionales. Photos des piquets par Ammar (Bruxelles).

  • 3e journée de grèves régionales : Louvain

    Ce 8 décembre, les piquets étaient nombreux dans et autour de Louvain. Deux équipes du PSL-Louvain, soutenues par quelques camarades de Gand, s’y sont rendus afin de discuter avec les grévistes de la mobilisation dans leur entreprise et de la suite à donner à la lutte.

    Par Peter

    En de nombreux endroits, les piquets de grève étaient plus importants qu’à l’accoutumée, à l’instar de la SNCB, et comprenaient également nombre de nouveaux et jeunes militants. A la gare, quasiment aucun train n’est passé. Au piquet de la société de transport en commun De Lijn, les grévistes nous ont expliqué que, sur la centaine de chauffeurs, à peine 3 ou 4 s’étaient présentés pour travailler. Mais si certains collègues se sont présentés, ce fut souvent, comme on nous l’a expliqué au Centre administratif flamand (Vlaams Administratief Centrum), parce qu’ils ‘‘ne pouvaient pas se permettre de perdre de l’argent’’ en partant en grève. Cela illustre à quel point la situation est devenue difficile pour une bonne partie d’entre nous. Si les projets austéritaires de ce gouvernement sont concrétisés, les choses empireront très significativement.

    A AB InBev, où la grève était totale, un piquet bien fourni bloquait l’entrée de la société. Sur place, les militants se souvenaient encore du soutien du PSL il y a quelques années dans le cadre d’une de leur lutte et notamment de la déclaration de solidarité de la section brésilienne du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge). Nous avons eu d’excellentes discussions concernant ce qui devait survenir après le 15 décembre. Sur tous les piquets, les syndicalistes étaient parfaitement conscients que nous ne sommes encore qu’au début d’un long combat. Les grèves devront se poursuivre une fois le Nouvel An passé si nous voulons balayer ce gouvernement par la grève.

    A l’administration communale se trouvait une tente qui accueillait un piquet animé. La grève était également bien suivie. Un représentant du SP.a d’une commune voisine nous a déclaré, en nous achetant notre journal, que le SP.a ne suffisait plus. À d’autres piquets, la discussion sur l’alternative politique s’est aussi engagée avec des militants du PTB, qui nous ont aussi acheté notre journal et ont abordé les différences entre PTB et PSL. C’est évidemment une bonne chose que le PTB fasse entendre une autre voix que celle de la pensée unique néolibérale au Parlement, et le PTB est plus grand que le PSL. Mais le PSL tente, avec des propositions concrètes, de non seulement soutenir la lutte en cours, mais aussi de faire des suggestions concernant la stratégie, les tactiques et le programme nécessaires pour construire le meilleur rapport de forces dans le cadre de la lutte, avec un orientation claire vers un changement fondamental de société. Nous ne voulons pas limiter un parti à sa construction sur la scène électorale, mais aussi en faire un véritable outil destiné à obtenir des victoires dans les entreprises, les écoles,… tout en rendant rendre le mouvement plus politiquement conscient en développant des propositions allant dans le sens d’une transformation socialiste démocratique de la société.

    Pour la suite de la lutte, il sera nécessaire de soumettre à la discussion, de préférence en assemblées générales du personnel, un nouveau plan d’action allant crescendo après Nouvel An, vers une grève générale de 48 heures.

    Mais si nous voulons balayer non seulement ce gouvernement des riches mais aussi toutes les autorités qui appliquent la politique d’austérité, il sera crucial de développer notre propre instrument politique en tant que relai du mouvement social, de même que l’organisation démocratique du mouvement, à partir de la base. De cette manière, il serait possible de nous débarrasser de Michel 1er et de lancer le débat sur la manière d’atteindre une alternative anticapitaliste.

  • Journée d’action réussie dans le Brabant Wallon !

    Après 2 premières journées de grèves régionales réussies, c’était au tour de Bruxelles et des 2 Brabants de rentrer en action ce lundi 8 décembre. Une douzaine d’équipes de militants du PSL ont parcouru ces régions, réalisant des visites de solidarité sur les innombrables piquets.

    Par Baptiste (Nivelles)

    Dans le Brabant Wallon, la mobilisation pour cette journée d’action a pris des allures quasi-inédites, avec de nombreux blocages routiers, mais aussi de nombreux piquets à l’entrée des entreprises. A Nivelles, l’entrée en ville était bloquée de part et d’autre, tout comme les zonings industriels. L’administration communale n’était pas en reste, et une action de solidarité était organisée avec les délégués de l’office local de l’Onem afin de maintenir celle-ci fermée. La présence enthousiaste de nombreux travailleurs sur les différents piquets était remarquable, comme cela fut le cas sur le piquet à la fromagerie Vache Bleue. Un rassemblement symbolique d’environ 400 militants syndicaux a clôturé cette journée à Wavre, fief du premier ministre Charles Michel.

    Malgré le froid, la détermination et la confiance étaient palpables durant cette journée d’action, ce qui a permis de bien préparer la grève générale du 15 décembre prochain. Les discussions sur la stratégie à adopter au sein des délégations et avec les collègues pour poursuivre la lutte après le 15 et faire tomber ce gouvernement ont aussi commencé à prendre place. Dans ce contexte, notre tract et notre journal de grève ont été bien accueillis, ainsi que le besoin d’assemblées générales sur les lieux de travail pour organiser démocratiquement l’ensemble des travailleurs dans la poursuite de la lutte.

  • [PHOTOS] 3e journée de grèves régionales. Piquet à la VUB

    A la VUB (Vrije Universiteit Brussel), un piquet de grève du personnel a été tenu, avec la solidarité des étudiants. Il faisait particulièrement calme sur le campus aujourd’hui… Quelques photos.

  • 3e journée de grèves régionales : encore une fois une réussite!

    Après les deux premières journées de grèves régionales, le 24 novembre et le 1er décembre, c’était ce lundi au tour de Bruxelles et des deux Brabants de débrailler. Une fois de plus, de nombreux zonings à l’arrêt, avec blocages filtrants ou bloquants. De grosses entreprises comme ASCO (secteur aérospatial, un millier de travailleurs) sont en grève, les entreprises publiques ne sont pas en reste. Les piquets, innombrables, ont régulièrement réunis des travailleurs d’horizons divers. La veille, les ouvriers de l’entreprise de nettoyage BMS (sous-traitant de la SNCB) – en grève depuis plus de 100 jours! – avaient bénéficié d’une fête de solidarité où de nombreux travailleurs, essentiellement des cheminots, étaient venus en solidarité avant de rejoindre leur lit pour quelques heures avant cette dernière journée de la deuxième phase du plan d’action (après la manifestation monstre du 6 novembre). Toute l’idée, une fois encore, était d’utiliser cette grève générale dans l’objectif de mobiliser et d’informer vers la grève générale nationale du 15 décembre. Dans une semaine déjà !

    13 équipes volantes du PSL ont fait le tour de Bruxelles et ont en tout visité une centaine de piquets. Nous avons défendu la nécessité de lutter jusqu’à la chute du gouvernement et avons abordé la question cruciale de la suite de la lutte après la journée du 15 (qui promet d’être historique!). Notre tract titrait : “La grève générale du 15 décembre doit être la plus grande journée de grève de l’histoire belge ! Ce gouvernement doit tomber ! Et toute la politique d’austérité doit disparaître !”

    Photos : Els et Nico M. (Bruxelles)

     

     

  • Tract du PSL pour la troisième journée de grèves régionales

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    La grève générale du 15 décembre doit être la plus grande journée de grève de l’histoire belge !

    Ce gouvernement doit tomber ! Et toute la politique d’austérité doit disparaître !

    Il en faudrait beaucoup pour que la grève générale de 24 heures de la semaine prochaine ne soit pas la grande de l’histoire de Belgique. Mobiliser plus d’un million de participants ? Si tous les activistes, militants, délégués et secrétaires poursuivent sur leur lancée, cela ne peut échouer. Notre plan d’action annoncé lors du meeting syndical du 23 septembre et qui a pris de la vitesse avec la marée humaine présente dans les rues de Bruxelles le 6 novembre, a, lors des deux grèves des deux derniers lundis, gagné en puissance. Il ne manque aujourd’hui au gouvernement qu’un uppercut qui viendra de Bruxelles et des deux provinces brabançonnes, puis le véritable coup de massue, le lundi suivant. Si le gouvernement est toujours debout, nous le mettrons complètement KO lors du prochain round après le Nouvel An !

    Le mouvement ouvrier n’existait plus ? Les syndicats n’étaient que des reliques du siècle passé ? Non seulement tous les travailleurs mais aussi les élèves, le secteur culturel et de plus en plus de petits commerçants ainsi qu’une poignée de journalistes ont été gagnés par l’enthousiasme. Existe-t-il donc quand même une force suffisamment puissante pour rendre possible une autre société sans cupidité et exploitation ? De Wever se serait donc quand même trompé en proclamant qu’il n’y a pas d’alternative ? Sa crédibilité et celle des gouvernements, dirigés d’Anvers ou d’ailleurs, s’effritent. Des ministres se contredisent. L’Europe secoue le gouvernement pour qu’il se ressaisisse. Les agences de cotation revoient les perspectives pour la Belgique à la baisse. La Cour des Comptes recale le budget du gouvernement. L’opposition parlementaire tourne les talons au gouvernement. Mais ce n’est encore rien comparé au tsunami social qui grandit.

    La seule défense qu’il reste encore au gouvernement est qu’ils ont obtenu une majorité démocratique le 25 mai. Mais le suffrage universel a été arraché par les travailleurs afin d’élargir leurs autres droits démocratiques – liberté d’association, de publication et de mener des actions sociales – pas pour les limiter. En revanche, ce sont précisément les ancêtres de ceux qui aujourd’hui invoquent les élections dans le but de limiter nos autres droits qui, à l’époque, ne se sont pas privés pour emprisonner quelques travailleurs protestataires de temps à autre ou même en assassiner. Si aujourd’hui, le gouvernement invoque sa majorité parlementaire, cela montre surtout son mépris pour la démocratie: ils ne veulent plus que la nécessaire démocratie d’en bas puisse corriger la démocratie de façade de ceux qui peuvent se payer la meilleure campagne publicitaire.

    Notre plan d’action ne se limite pas à l’instauration d’un impôt sur la fortune, il vise à renverser ce gouvernement des riches par la grève. Ce gouvernement ne peut et ne va, en effet, rien concéder, sinon il saperait lui-même sa raison d’être. Les salariés, chômeurs, retraités, malades, personnes handicapées seront plumés de même que beaucoup de petits indépendants. Le saut d’index, les attaques contre les pensions des fonctionnaires, contre les services publics, contre les chômeurs et contre le droit de grève sont accompagnées de nombreuses mesures plus petites. Le gouvernement soutient que la compétitivité des entreprises sera ainsi restaurée et que des dizaines de milliers d’emplois seront créés. Mais les entreprises disposent encore de 240 milliards d’euros de réserves qu’elles ne veulent pas investir. Mercredi prochain, Bpost reversera 208 millions d’euros à ses actionnaires, 85% des bénéfices des dix premiers mois de 2014. Le gouvernement ne le sait que trop bien, puisque la moitié des dividendes livrés par Bpost vont à l’Etat. Aucun ministre ne dit combien d’emplois cela créera : ”Nous vivons dans une économie de marché, pas dans une économie planifiée.” Cela montre combien une économie planifiée peut offrir des garanties, le PSL approuve l’approche, pour autant que ce soit démocratiquement organisé et pas imposé d’en haut comme à l’époque du Bloc de l’Est.

    Plus que jamais, nous disposons d’arguments pour convaincre nos collègues. Des tracts et des discussions sont indispensables sur les lieux de travail, mais aussi et surtout des assemblées générales du personnel pour expliquer les mesures gouvernementales, pour faire l’évaluation du plan d’action, pour préparer les actions mais aussi pour clarifier qu’il ne s’agit pas d’une grève ”des syndicats”, mais de chacun d’entre nous, assistée par les syndicats.

    Les syndicats, de leur côté, ont intérêt à ce que se développe une dynamique qui implique tout le monde dans l’organisation du plan d’action. Pourquoi, dans les secteurs et les régionales, ne pas organiser des assemblées générales ouvertes en front commun syndical afin d’évaluer la grève et de discuter des moyens de faire du 15 décembre un succès sans précédent? Pourquoi ne pas également planifier des assemblées générales après le 15 décembre pour faire démocratiquement l’évaluation et voir comment procéder après nouvel an ?

    Le point le plus faible de notre plan d’action reste la question de l’alternative. La coalition de droite dure souligne subtilement que le gouvernement précédent n’a pas introduit d’impôt sur la fortune. Il est vrai que si nous balayons Michel I par la grève, nous freinerons également fortement du même coup la politique de casse sociale du prochain gouvernement, qu’il s’appelle Di Rupo II ou Peeters I. Mais ce mouvement a un potentiel bien plus grand que de simplement assurer le retour d’une tripartite au pouvoir. Ce serait une déception.

    Ce dont nous avons besoin, c’est d’un gouvernement qui défend aussi fermement les intérêts des travailleurs que le gouvernement actuel défend ceux des patrons. Nos assemblées du personnel ne doivent pas se limiter à l’évaluation et à la préparation des actions, elles pourraient contribuer à l’élaboration d’une véritable alternative en construisant et en faisant vivre par la base – par entreprises et par secteurs – le cahier de revendications des travailleurs. En se rabattant toujours sur le moindre mal – la social-démocratie pour la FGTB, la démocratie chrétienne pour l’ACV et les verts pour certains autres – nous n’avons fait que préparer le lit pour l’arrivée de la droite dure au pouvoir. Le mouvement des travailleurs mérite de meilleurs représentants. La FGTB de Charleroi & Sud Hainaut appelle depuis deux ans à rompre avec la social-démocratie et les Verts pour s’unir dans un vaste parti de lutte de la gauche. Le PSL reste disponible et veut entièrement coopérer.

    Le parti Socialiste de Lutte défend

    • Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
    • Pas de sape des contrats de travail pour la sous-traitance, le recours à l’interim ou d’autres boulots précaires !
    • Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
    • Bas les pattes de nos pensions. Maintien de la prépension et de la retraite anticipée!
    • Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
    • Ni chasse aux chômeurs, ni dégressivité, ni service communautaire ! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
    • Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique de la collectivité ! L’économie de marché chaotique et la course aux profits n’offrent aucune garantie d’emplois. Pour une économie planifiée et contrôlée démocratiquement par la collectivité : pour un socialisme démocratique et moderne !
  • Une gigantesque rupture sociétale en préparation ?

    Photo : Isabelle Marchal
    Photo : Isabelle Marchal

    Comment y parvenir et quel rôle la grève générale peut-elle jouer ?

    ‘‘Dans les prochaines années, le débat idéologique portera sur le dialogue entre l’État et le marché, entre la collectivité et l’individu, et entre la dette publique et la propriété privée. (…) Un monde nouveau se dresse. Il porte en lui une gigantesque transformation sociétale.’’ C’est ce qu’a écrit l’économiste Bruno Colmant au lendemain de la manifestation du 6 novembre, le plus imposant rassemblement syndical depuis 1986, dans un article intitulé ‘‘Et si une gigantesque rupture sociétale se préparait ?’’ Cette rupture est une absolue nécessité. Mais comment assurer qu’elle soit bénéfique au monde du travail ?

    Dossier par Nicolas Croes

    La mobilisation de ce 6 novembre fut excessivement impressionnante. Entre 120.000 et 150.000 personnes ont battu le pavé pour protester contre les projets austéritaires du gouvernement Michel. Les prochaines étapes du plan d’action syndical – les grèves régionales et la grève générale nationale du 15 décembre – promettent, elles aussi, de profondément frapper les imaginations.

    Une fois le 6 novembre passé, il n’a pas fallu longtemps pour que Kris Peeters (CD&V) se lance avec tout le poids de son parti pour tenter d’obtenir un impôt sur le capital. Il faut dire que les révélations du Lux Leaks (concernant des opérations visant à éluder l’impôt via le Luxembourg) avaient rajouté de l’huile sur le feu. Et c’est sans compter la plus-value de 1,45 milliard d’euros réalisée par le patron d’Omega Pharma à l’occasion de la revente de son entreprise sans qu’il ne paye le moindre impôt. Cette manœuvre, comme on s’en doute bien, ne vise qu’à faire accepter l’inacceptable, c’est une expression de la panique du gouvernement. La rédactrice en chef du Soir, Béatrice Delvaux, a elle-même été limpide à ce sujet : ‘‘il n’est pas question ici de punir le capital (…) il est crucial que les réformes radicales décidées soient rendues plus acceptables et donc applicables par ceux qui les ‘‘subissent’’.’’ Il serait véritablement malheureux que toute la force du mouvement syndical n’ait servi qu’à cela…

    Ce gouvernement des riches ne doit pas être aménagé, il doit être renversé. Son accord gouvernemental est tout entier dévolu à l’élite au sommet de cette société qui vit de notre travail et de notre exploitation. Mais pour céder place à quoi ? À un Di Rupo II ou une quelconque coalition entre partis de l’establishment ? Ceux-là s’entendent comme larrons en foire dès qu’il s’agit de nous faire payer la crise. Seul le rythme de l’offensive antisociale les divise, pas son principe même.

    Comme le PSL le répète inlassablement depuis des semaines, c’est toute l’austérité qu’il faut combattre : la chute du gouvernement MR/CD&V/OpenVLD/N-VA ne marquera pas la fin de notre combat, mais simplement une étape, tout importante qu’elle soit. Comme on pouvait le lire sur le tract que le PSL a distribué le 6 novembre : ‘‘Notre lutte ne fait que commencer. L’expérience ainsi acquise doit être utilisée pour la construction d’un véritable contre-pouvoir de la classe des travailleurs. À la place d’un gouvernement anti-travailleur, nous voulons un gouvernement des travailleurs, un gouvernement dont la politique garantira la satisfaction des besoins de la large majorité de la population au lieu des profits d’une poignée de super-riches. Cela exige d’intégralement rompre avec la politique austéritaire.’’

    La grève générale comme instrument pour changer de système

    La tâche peut paraître titanesque, mais il s’agit de notre seule alternative. L’ouragan de la crise économique ne va pas disparaître et l’offensive capitaliste est destinée à s’amplifier, en Europe et ailleurs à travers le monde. Cependant, il n’existe pas de chose telle que la crise finale du capitalisme. Mais ce système archaïque ne pourra retrouver un semblant de stabilité que par la défaite de la classe des travailleurs et la réduction drastique de ses conditions de vie et de travail.

    Durant la dernière période, les attaques antisociales ont plu sur les travailleurs à un rythme inédit, sous la forme de restructurations massives ou de fermetures d’entreprises dans le privé et de mesures d’austérité drastiques de la part des autorités publiques capitalistes. Toutefois, sur le même temps, le mouvement des travailleurs n’est pas resté inactif et toutes les institutions traditionnelles de la classe dominante ont été frappées d’un discrédit sans précédent. Et alors qu’elle avait semblé disparaître avec le 20e siècle, une des plus formidables armes de la classe des travailleurs a fait son retour : la grève générale.

    Reste que les grèves générales sont actuellement essentiellement considérées comme une forme de contestation ou de pression. En Belgique, les dernières grèves générales étaient destinées à ‘‘faire entendre au gouvernement la voix de la rue’’. L’objectif n’était clairement pas de faire chuter le gouvernement, ne parlons même pas de renverser le système capitaliste. Le mouvement a systématiquement été freiné par la crainte de voir arriver au pouvoir un gouvernement encore plus à droite. Mais cette fois-ci, l’argument ne vaut plus.

    De plus, même si la colère ne fait que grandir dans la société et avec elle le désir d’aller vers ‘autre chose’, les gens ne savent en général pas encore vraiment ce à quoi cette ‘autre chose’ peut bien se rapporter. L’alternative à défendre fait défaut auprès des couches larges de la population.

    Or, chaque grève recèle en elle la contestation d’une parcelle du pouvoir capitaliste. Un piquet de grève peut, par exemple, contester au patron le pouvoir de faire entrer qui il veut dans “son” entreprise. Il peut également remettre en question l’idée de travailler pour un patron, en acceptant ainsi l’exploitation quotidienne pour pouvoir vivre.

    Lorsqu’une grève prend de l’ampleur (en démarrant dans une entreprise, s’étendant vers une grève locale puis générale nationale, durant plusieurs jours,…), la force de cette contestation augmente d’autant. Cela peut aller jusqu’à poser la question cruciale : qui est le maître à l’entreprise, dans l’économie et dans l’État : les travailleurs ou les patrons et actionnaires ? Le potentiel d’une grève générale est de clairement montrer la réalité au grand jour : les travailleurs produisent les richesses et sont à la base de l’économie. C’est pour cela qu’ils peuvent bloquer celle-ci. À eux ensuite de relancer l’économie, en étant cette fois débarrassés des grands patrons, des spéculateurs et autres parasites économiques. Comme le dit le vieux slogan ouvrier, ‘‘le patron a besoin de toi, tu n’as pas besoin de lui.’’

    Le double pouvoir

    En bref, une grève générale ne pose pas seulement les bases pour une lutte de plus grande ampleur contre la société capitaliste et ses partisans. Elle est le terreau idéal pour que germe potentiellement une nouvelle société égalitaire, basée sur le contrôle démocratique des grands moyens de production, les secteurs-clés de l’économie.

    Ainsi, en Belgique, au cours de la grande grève générale de l’hiver 1960-1961, des comités de lutte avaient véritablement paralysé l’activité économique 5 semaines durant. Ces organes, initialement prévus pour l’efficacité du combat contre le plan d’austérité de la ‘‘Loi Unique’’, avaient pris en charge l’organisation de la distribution alimentaire ou médicale, la gestion des transports,… Quand une situation pareille se développe, la classe dominante perd progressivement son contrôle sur la société. Au fur et à mesure de l’approfondissement du conflit social, les tâches des comités se développent pour arriver à une situation de ‘‘double pouvoir’’où, à côté de l’État capitaliste, surgit un embryon de nouvel État basé sur la coordination des assemblées de travailleurs et leur action.

    Ces comités de lutte ou de grève ont donc le potentiel de représenter le début d’une nouvelle organisation de la société en passant d’organes de combat à des organes de gestion. C’était un phénomène régulièrement présent dans les grèves générales du passé. La bourgeoisie de même que les dirigeants syndicaux étaient, par ailleurs, très inquiets de tels développements. Pendant la grande grève générale de 1926 en Grande Bretagne (la dernière connue par le pays), un politicien conservateur avait déclaré aux dirigeants syndicaux que s’ils poursuivaient la grève, ils deviendraient plus puissants que l’État lui-même. Il leur a donc posé la question : ‘‘Est-ce que vous êtes prêts à cela ?’’ En Belgique en 1960-61 comme en Grande-Bretagne en 1926, le système capitaliste a été sauvé non par sa force, mais par l’absence d’une direction suffisamment audacieuse et confiante envers les capacités du mouvement des travailleurs à construire leur propre alternative démocratique.

    Pas de démocratie réelle sans démocratie économique !

    Des assemblées sur les lieux de travail, dans les quartiers, dans les écoles et dans les universités sont nécessaires à l’organisation de la lutte et pour poursuivre le combat. Cela permettra de construire un puissant mouvement impliquant le plus de monde possible en unifiant les travailleurs, les jeunes et les pauvres, organisés démocratiquement par la base au travers de comités de base.

    Pour autant que ces comités soient reliés localement, régionalement et nationalement, toujours sous le contrôle des assemblées et avec des représentants sujets à révocation, ils peuvent progressivement passer d’organes de lutte à organes de pouvoir. Il y aurait ainsi une extraordinaire multitude de ‘‘parlements’’.

    L’aboutissement de ce processus est l’instauration d’un gouvernement des travailleurs représentant les intérêts de la majorité de la population, et non pas ceux de l’élite. Aujourd’hui, chaque revendication de type économique, démocratique ou écologique se heurte à la dictature des marchés capitaliste et à la sacro-sainte ‘‘position de compétitivité’’. Ce système est génétiquement incapable de donner naissance à une démocratie puisque les intérêts de la majorité de la population entreront par nature en conflit avec le pouvoir exercé par l’infime minorité de propriétaires des moyens de production.

    Notons que si nous faisons ici référence aux travailleurs, ce n’est pas par fétichisme marxiste, mais tout simplement parce que le mouvement organisé des travailleurs est le seul à pouvoir bloquer l’économie – et donc la base du pouvoir de l’élite capitaliste – à l’aide de la grève générale et des mobilisations de masse. De la sorte, le mouvement des travailleurs peut poser les jalons d’une nouvelle société où les secteurs-clés de l’économie seraient aux mains de ce mouvement et fonctionneraient dans le cadre d’une planification démocratique.

    Cet élément de démocratie dans le processus de production est un point fondamental, car pour reprendre les mots du révolutionnaire russe Léon Trotsky : ‘‘une économie planifiée a besoin de démocratie comme le corps humain a besoin d’oxygène.’’ C’est d’ailleurs cette absence de démocratie qui a conduit à l’effondrement des pays du Bloc de l’Est, étouffés par le cancer dictatorial bureaucratique du stalinisme.

    L’internationalisme

    Un des facteurs qui permet de comprendre la dégénérescence bureaucratique de la Révolution russe et l’usurpation du pouvoir par une caste bureaucratique en Union Soviétique est l’isolement dans lequel s’est retrouvé ce pays arriéré économiquement et culturellement au lendemain de la révolution. Par ailleurs, l’absence directions révolutionnaires éprouvées dans les autres pays, a fortement contribué à vouer à leur perte les expériences révolutionnaires allemande, hongroise, italienne, etc. des années 17-21.

    Néanmoins, regardons comment les récents mouvements de masse ont fait appel les uns aux autres depuis le début de la crise économique ! Il suffit de voir jusqu’où l’on a parlé de la manifestation du 6 novembre et du plan d’action syndical. Dans de nombreux pays, un plan d’action anti-austérité qui ne se limite pas à une manifestation nationale sans lendemain doit encore arriver. Les réseaux sociaux et internet constituent un puissant vecteur d’information sur les luttes en cours. Une expérience concrète de rupture anticapitaliste pourrait lancer un signal fort et enthousiasmant aux mouvements sociaux à travers le globe et enclencher une dynamique révolutionnaire à une vitesse encore inédite dans l’Histoire de l’Humanité.

    Quel impact international aurait un gouvernement des travailleurs qui oserait refuser de se plier aux diktats des fonds spéculateurs, répudierait sa dette publique (sauf sur base de besoins prouvés) et nationaliserait sous contrôle et gestions de la collectivité le secteur financier dans sa totalité, de même que d’autres secteurs vitaux (énergie, grande distribution, etc.) et les richesses naturelles ? Quel enthousiasme susciterait de par le monde un gouvernement qui utiliserait les richesses créées par la collectivité pour lancer un vaste programme de construction de logements sociaux bien isolés, d’écoles, d’hôpitaux (etc.) et assurerait que chaque travailleur dispose non seulement de bonnes conditions de travail et de salaire, mais aussi de son mot à dire sur l’organisation pratique de son travail et sur l’organisation de la vie quotidienne dans la société ?

    Bien évidemment, en Europe ou ailleurs, un tel gouvernement déclencherait les foudres des institutions telles que le FMI, la Banque Mondiale, etc. Il devrait donc combiner l’application de sa politique avec des mobilisations de la population et des appels à la solidarité internationale. Le conflit entre les classes sociales entrerait dans une autre sphère, mais la classe des travailleurs serait grandement renforcée.

    Organiser les forces révolutionnaires

    Aujourd’hui, cette conscience large de la nécessité de se diriger vers une société où la production est sous le contrôle et la gestion démocratiques des masses fait encore défaut. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’Histoire n’évolue pas toujours au même rythme, de façon linéaire. Elle est au contraire parcourue de soubresauts. Parfois, le mouvement des travailleurs semble ne pas évoluer des décennies durant. Puis, poussé par des luttes et l’intervention consciente des militants marxistes, il peut bien vite – en quelques semaines, parfois même en quelques jours – rattraper le retard sur la situation politique réelle.

    Au fil du temps, des grèves générales prendront un caractère révolutionnaire. Cela exige quatre conditions. La classe des travailleurs doit se révolter contre le capitalisme. Les couches moyennes dans la société doivent douter et – partiellement au moins – choisir le camp des travailleurs. Ensuite, la classe dominante – la bourgeoisie – doit être divisée au vu du manque de moyens pour sortir de la crise. Enfin, et c’est crucial : il faut un parti révolutionnaire de masse capable de canaliser la colère dans une lutte organisée pour une société socialiste démocratique. Construire cette force pour la phase suivante de la lutte des classes est la tâche principale du PSL et de son internationale, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).

    Dans sa lutte, la classe des travailleurs a besoin de mots d’ordre qui correspondent aux besoins objectifs du moment. Même un petit groupe peut surmonter sa faiblesse numérique et devenir un facteur dans le mouvement, à condition qu’il lance les mots d’ordre appropriés au bon moment. Nous devons trouver les moyens de faire graduellement émerger, pas à pas et en partant des besoins actuels, l’idée de la transformation socialiste de la société comme étant la seule issue possible.

    (more…)

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