Tag: Gouvernement Michel

  • La droite ne pliera que si elle a peur Mais: “Tout objectif sans plan n’est qu’un souhait.’’ (Antoine de Saint-Exupéry)

    Manifestation en défense de nos pensions, décembre 2017. Photo : Mario

    Dans son interview accordée au quotidien flamand De Standaard le 3 mars dernier, Paul Magnette n’avait pas tort sur un point au moins : ‘‘La droite ne pliera que si elle a peur’’. En dépit des tensions internes, d’une popularité en berne et l’amateurisme crasse de ses ministres, le gouvernement Michel n’a pas très peur en ce moment. La raison en incombe à l’absence de toute opposition suffisamment conséquente. Ce n’est pourtant pas le potentiel qui manque.

    Edito de l’édition d’avril de Lutte Socialiste, par Nicolas Croes

    Un gouvernement en posture de faiblesse

    Les réductions salariales (avec le saut d’index mais aussi toutes les taxes supplémentaires sur l’énergie, le sucre, le tabac, etc.), les attaques contre les pensions et la criminalisation des membres les plus faibles de la société n’y font rien : le gouvernement n’atteint pas ses propres objectifs. L’excédent budgétaire se fait attendre et il n’y a pas de réduction fondamentale de la dette publique. Ce que le gouvernement prend dans les poches de la collectivité a depuis longtemps été dépensé en cadeaux fiscaux et autres pour les ultra-riches.

    Le gouvernement aime attribuer la relative relance économique actuelle à l’impact de sa politique. Cette dernière assure par ailleurs que nous n’en ressentons pas les effets. Selon une étude de l’Institut européen des syndicats (ETUI), en 2017, le salaire réel en Belgique était 1,1% plus bas qu’en 2010. La productivité a par contre augmenté de 6,6 % au cours de la même période. Ceux qui travaillent voient leur situation empirer tandis que de plus en plus de gens sont laissés pour compte : 21,5% de la population affirme avoir du mal à joindre les deux bouts selon l’institut belge de statistiques.

    Cette politique dégrade la popularité du gouvernement. Selon le sondage VTM / Het Laatste Nieuws du 9 mars, le gouvernement parvient à obtenir 72 des 150 sièges du Parlement. Avec les quatre sièges du CDH, une majorité est encore possible, mais fort étroite. Qu’en sera-t-il lors des élections de mai 2019 ? C’est très incertain.

    Outre les conséquences de la politique d’austérité, la position du gouvernement est minée par ses propres agitations. La dernière en date est la dissimulation de mensonges dans le cadre de l’achat de nouveaux avions de chasse F35. Le ministre de la Défense Steven Vandeput (N-VA) affirme qu’il ne savait rien, ce qui signifie au minimum qu’il n’a pas de contrôle sur son propre sommet militaire. Quoi qu’il en soit, il est peu évident d’expliquer pourquoi des milliards sont dépensés pour de nouveaux avions de combat alors que les anciens n’ont pas besoin d’être remplacés. Et que les moyens manquent pour nos pensions, l’infrastructure ou les services publics. Lorsqu’elle était encore sur les bancs de l’opposition, la N-VA parlait de l’achat de F35 comme d’un ‘‘suicide fiscal’’, ‘‘certainement en période d’économies’’. (Communiqué de presse du 19 octobre 2011). Mais ça, c’était avant.

    Les querelles incessantes entre partenaires de la coalition, particulièrement du côté flamand, complètent le tableau.

    Comment faire peur à ce gouvernement affaibli ?

    Dans son interview au De Standaard, Paul Magnette a développé ce qui a jadis effrayé la droite. ‘‘Lorsque qu’ils craignaient l’éclatement d’une révolution communiste après la Première Guerre mondiale, ils ont introduit le suffrage universel et la journée des huit heures. La menace d’un mouvement de masse et le renforcement de la position de l’Union soviétique après la Seconde Guerre mondiale ont conduit à la mise en place du système de sécurité sociale’’. Magnette reconnaît ainsi ce que nous avons écrit dans notre édition de février : ‘‘Ce gouvernement ne cèdera que si son existence est menacée’’. Mais dans les deux périodes citées, les prédécesseurs de Magnette à la tête du parti ont tout fait pour arrêter une potentielle révolution par en bas avec des réformes par en haut.

    Si ce gouvernement tient encore bon, c’est que l’opposition n’utilise pas, ou à peine, ses faiblesses. Elle les partage d’ailleurs. De quelle crédibilité dispose encore le PS lorsqu’il crie au scandale alors que ses propres dignitaires se sont enrichis en allant jusqu’à se servir dans les fonds destinés aux sans-abri à Bruxelles? Comment ce parti peut-il s’opposer sérieusement à l’achat des F35 alors que c’est sous le gouvernement Di Rupo, avec le ministre De Crem, que la voie a été ouverte pour cette dépense de milliards d’euros ? Vous-même ne manquez très certainement pas d’exemples de la sorte.

    Nous sommes nombreux à vouloir mettre fin à l’austérité. Pour que cet objectif soit atteint, il nous faut un plan. De cette manière, il nous serait possible de mobiliser la colère générale qui s’exprime non seulement dans les sondages, mais aussi dans toute action syndicale, même appelée au dernier moment et sans perspective claire. Un potentiel ne dure pas éternellement. La dynamique créée par les manifestations et grèves de l’automne 2014 a été laissée en plan. Bien des militants, dégoutés, ont ensuite jeté l’éponge. L’opinion publique elle aussi a tourné. Mais des actions bien préparées – construites avec des assemblées du personnel et reposant sur des objectifs clairs et adaptés aux situations concrètes de chaque secteur – feraient toute la différence. Il semble hélas que les dirigeants syndicaux ne soient pas prêts à aller au-delà d’une vaste campagne d’information sur les pensions et veuillent se concentrer sur les élections plutôt que sur les actions.

    Pareil attentisme est dangereux. Faute d’être organisée, la colère peut se transformer en fatalisme voire même en cynisme. Dans un tel contexte, les préjugés racistes et les provocations les plus diverses peuvent prendre racine. La N-VA ne se retiendra pas. Dans un tel cas de figure, l’arrivée d’un deuxième gouvernement Michel n’est pas à exclure.

    L’enjeu des élections d’octobre

    Avant les législatives, il reste encore les communales et les provinciales. Du côté néerlandophone, elles offriront la possibilité d’élire des membres du PTB à divers conseils communaux. Du côté francophone, la possibilité de coalitions progressistes PS / Ecolo / PTB suscite un certain enthousiasme. La perspective de telles coalitions est également défendue à la FGTB. L’occasion est à saisir pour défendre un programme combatif au cours d’actions et de campagnes. Le PTB devrait utiliser cet enthousiasme pour s’engager dans l’offensive et exercer une pression maximale sur le PS pour le forcer à regarder à sa gauche et non vers le MR.

    Ce soutien croissant pose de grands défis au PTB. Participer à la gestion d’une commune sans faire de différence conduira à une punition rapide et sévère. C’est ce que nous avons vu avec l’arrivée de Syriza au pouvoir en Grèce, mais aussi avec le SP hollandais aux élections locales du 21 mars dernier. Il n’y a pas de choix, il faut construire un rapport de force dans la perspective d’entrer en confrontation ouverte avec le capitalisme. Cela nécessite une mobilisation conséquente organisée autour d’un programme combatif mais aussi de politiquement préparer les couches plus larges de la population avec des débats ouverts et démocratiques. Il faudra parler de propositions et mesures concrètes, mais aussi de la manière de résister à la riposte de l’establishment capitaliste qui fera tout pour étouffer dans l’œuf chaque alternative anti-austérité. Il n’y aura qu’une direction à prendre: celle du socialisme démocratique. Les marges pour mener une autre politique sont absentes dans la société capitaliste.

  • Pour une pension minimum de 1500 euros !

    Coût d’une pension décente : 7 milliards
    Hausse des bénéfices des grandes entreprises : 7 milliards

    Plusieurs records ont été battus au cours de ces derniers mois. On n’a jamais vu autant de cas de dumping social. Les profits des grandes entreprises ont bondi. Selon une étude de l’Institut de Coopération Syndicale Internationale, le revenu réel moyen des travailleurs a reculé de 1,1% depuis 2010. En même temps, les dividendes des actionnaires explosent. Tous ces faits sont bien entendu liés : ce système roule pour une petite minorité très riche, aux dépens de la majorité de la population.

    Le gouvernement Michel ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Les pensions sont dans la ligne de mire. Après le recul de l’âge de la pension, voilà le système des pensions à points, la révision de l’aménagement pour les métiers pénibles, la démolition des pensions des services publics. Il est pourtant évident que le montant moyen des pensions est insuffisant. Une pension moyenne s’élève aujourd’hui à 1.181 euros pour un homme et 882 euros pour une femme ! C’est beaucoup moins que le coût moyen d’un séjour dans une maison de repos (1.562 euros). En moyenne, nous vivons en bonne santé jusque l’âge de 64 ans. Mais le gouvernement veut nous faire travailler jusque 67 ans. L’objectif n’est pas d’améliorer nos vieux jours en nous faisant travailler plus longtemps mais d’aboutir à un résultat où très peu de travailleurs auront encore une carrière (et une pension) complète !

    L’allongement de l’espérance de vie n’est pas un problème. La productivité et le volume des richesses produites sont tels que le paiement de toutes les pensions est possible. L’allongement de la durée de vie n’est qu’un rideau de fumée pour augmenter les profits. Les caisses de la sécurité sociale sont périodiquement ponctionnées par les baisses de cotisation patronales (les prétendues ‘‘charges sociales’’). La prochaine baisse de 8% de l’impôt des sociétés (de 33% à 25%) tarira bientôt les caisses de l’État. Il est grand temps d’arrêter ce hold-up!

    Les organisations syndicales viennent de lancer une campagne d’information sur l’enjeu des pensions en éditant un journal à 1 million d’exemplaires. On peut y lire que garantir une pension minimale de 1.500 euros à chaque salarié coûterait 1,6 milliards d’euros et une pension à 75% du salaire moyen coûterait 4,9 milliards d’euros. Soit un total de 6,5 milliards d’euros. Cela représente beaucoup d’argent ! Mais c’est aussi autant que la hausse des bénéfices des 18 sociétés cotées au Bel 20 (à la Bourse de Bruxelles) et qui viennent de publier leurs résultats de l’année 2017. Il y a donc assez d’argent pour garantir des vieux jours dignes à chacun et à chacune. C’est une question de volonté politique.
    Nous n’atteindrons pas cet objectif en nous bornant à quémander une aumône auprès du gouvernement. Car celui-ci est fermement résolu à défendre bec et ongles les intérêts des privilégiés.

    La campagne d’information syndicale n’a de sens que si elle débouche sur une série d’actions allant crescendo vers un mouvement général capable de faire plier ce gouvernement des patrons. Le PSL, ses militants et ses sympathisants mettront toute leur énergie pour faire aboutir une telle perspective.

  • Ne les laissons pas nous diviser ! Il nous faut l’unité et une autre société !

    “Stop au racisme ! Stop au sexisme ! Ne nous laissons pas diviser ! “

    ‘‘La gauche doit choisir entre des frontières ouvertes et l’Etat providence’’ : la carte blanche de De Wever de fin janvier relève d’un vieil adage : ‘‘diviser pour mieux régner’’. Constatant que la politique migratoire gouvernementale est taxée d’inhumaine ou d’amorale notamment par les partis de l’opposition et les milliers de manifestants solidaires des migrants, De Wever répliquait en expliquant que sa morale et sa politique consistent à garantir le financement des protections sociales en Belgique. Qui peut croire cela ?

    Par Nicolas M, responsable jeunes du PSL 

    Le dossier est brûlant, il agite les négociations entre syndicats et patronat/gouvernement : les pensions sont le grill, la droite continue sciemment sa politique d’attaques frontales contre nos conditions de vie et de travail. En parallèle, les opposants à la politique migratoire brutale du gouvernement Michel s’agglutinent par milliers à chaque nouvelle rafle. Ce que parvient à faire la droite c’est de lier les différentes parties de sa politique. Servir l’intérêt de la majorité est trop coûteux, il faut sabrer dans les dépenses publiques et transférer l’argent vers les riches et les grandes entreprises. Depuis 2014, il n’y a plus de tabou, le gouvernement roule sur tous les dossiers, bien aidé par la faiblesse de son opposition. Nous écrivions le mois passé que celui-ci ne fera de concession que s’il se sent menacé. Cette réflexion est cruciale pour tous ceux qui veulent s’opposer à lui.

    Pour De Wever, il nous faut choisir. Oui, c’est vrai, mais pas entre les options qu’il propose. Si l’argent manque pour accorder une pension décente à chaque travailleur, pour embaucher massivement dans les soins de santé et assurer un accueil digne à nos aînés et aux patients, etc. c’est parce que les richesses disponibles sont accaparées par le privé. 220 milliards d’euros évadés vers les paradis fiscaux – un manque à gagner de quelques 28 milliards en fraude fiscales (6 à 7% du PIB !) – c’est quand même autre chose que les vagues de migrants qui fuient la misère et la violence et vivent dans une précarité insoutenable ! Par contre, il est vrai que nous ne pourrons pas renverser l’actuelle politique d’accueil sans mobiliser les moyens nécessaires à son financement.

    Le choix qui nous fait face est soit de continuer à subir les manœuvres de la classe dominante et de ses représentants politiques, soit de rassembler et d’unifier les exploités pour organiser leur lutte commune en faveur d’une alternative politique qui mettra un terme aux pénuries, aux attaques antisociales et aux discriminations. De Wever fait tout pour repousser le cauchemar de son camp : un soulèvement généralisé contre tous les aspects de la politique capitaliste. Un tel mouvement ne tombera pas du ciel. Il exige de la préparation. Diverses opportunités d’avancer dans cette direction nous font face.

    Sans lier le combat pour un accueil décent des migrants à celui contre la précarité grandissante en Belgique (21,5% de la population affirme difficilement pouvoir joindre les deux bouts !), nous laissons le champ libre aux idéologues de la classe dominante pour qu’ils nous mettent dos à dos, neutralisent nos revendications et nous taxent d’inconscients. Battons-nous pour un plan massif d’investissements publics pour des logements sociaux, un refinancement de l’enseignement et des emplois décents pour chacun, sans distinction d’origine, de lieu de naissance ou de religion.

    Les extrêmes inégalités, la surexploitation et les pénuries puisent leurs racines dans le système capitaliste. De la propriété privée des moyens de production et d’échange découle le manque de financement des services publics, ainsi que le pillage à l’œuvre dans les pays d’origine des migrants, source de tensions économiques et de guerres. C’est tout un modèle économique qui demande à être renversé.

    De notre unité et de nos revendications doit découler un débat sur le type de société dont nous – la grande majorité, travailleurs pressés comme des citrons, pensionnés pauvres, travailleurs migrants, travailleurs persécutés – avons besoin. La nationalisation des secteurs clés de l’économie, y compris l’entièreté du secteur financier, mis sous contrôle des travailleurs et de leur famille, permettrait d’orienter les immenses richesses disponibles vers la satisfaction des besoins de la population et non vers la soif de profits d’une infime minorité. Unifions nos luttes et défendons les mesures socialistes démocratiques qui s’imposent.

  • Solidarité avec Mounir et Jiyed! Contre le racisme du gouvernement, la solidarité des travailleurs

    Lors de la journée de grève de la CGSP du 27 février, le piquet de grève de l’hôpital Brugmann à Bruxelles s’est montré solidaire de Mounir et Jiyed.

    Vendredi 9 février, en fin d’après-midi, des artistes se trouvaient à l’ASBL Globe Aroma (maison des arts) pour préparer une exposition pour le soir-même au centre d’expo ‘‘Carte de visite’’, en plein centre-ville de Bruxelles. Sept sans-papiers ont alors été arrêtés et emmenés au Commissariat Fédéral, cinq d’entre eux seront relâchés dans la nuit, deux envoyés au 127bis, le centre fermé bruxellois.

    Par Pietro, Bruxelles

    Un cap supplémentaire a été franchi dans la lutte frénétique du gouvernement fédéral contre les personnes migrantes, les sans-papiers et réfugiés, ainsi que contre tous les travailleurs et maintenant contre les associations culturelles et sociales.

    Ce soir-là, plusieurs combis de policiers ont débarqué dans l’ASBL, en prétextant une opération conjointe de la police fédérale, de l’office des étrangers et du ministère de l’intérieur nommé ‘‘belfi’’ dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la radicalisation.

    D’après les témoignages, il semblerait que l’attention de la direction ait été détournée par le contrôle administratif de l’inspection sociale ce qui a permis que les policiers puissent mener une opération de contrôles et d’arrestations des personnes à l’intérieur de l’ASBL.

    Voilà la mise en pratique de la politique de ce gouvernement, qui utilise les contrôles sociaux des ASBL ou l’excuse de lutte contre le terrorisme pour criminaliser et terrifier les migrants et les travailleurs sociaux. Le gouvernement montre son vrai visage raciste via ses méthodes brutales contre les migrants.

    Il s’agit là d’un changement qualitatif dans la politique de répression raciste envers les sans-papiers et les migrants. Alors que le gouvernement propose de faire voter une loi sur les visites domiciliaires, les sans-papiers ne sont déjà plus en sécurité dans les associations !

    Pour appliquer leur politique, Michel et Franken utilisent les migrants comme boucs émissaires afin de diviser la population et de semer le racisme et la peur dans le but de poursuivre son offensive austéritaire contre les jeunes, les travailleurs et les pensionnés.

    Pour le gouvernement, les seuls problèmes dans la société sont les immigrés, les syndicats et les plus démunis, pas la soif de profits ainsi que les actionnaires qui ne contribuent pas à la richesse collective.

    Mounir : ‘‘Fier d’être travailleur’’

    Parmi les deux sans-papiers enfermés, l’un est Jiyed, l’artiste qui devait présenter ses œuvres au centre d’exposition et qui n’a pas pu s’y rendre. L’autre est Mounir, un militant syndical du Comité des Travailleurs avec et Sans-Papiers de la CSC, actif en Belgique depuis une dizaine d’années.

    Mounir, qui a participé aux mouvements de 2008, a été régularisé par la circulaire de 2009 via le critère travail. Il a travaillé pour Abay Construct, un sous-traitant d’Atalian Cleaning Services SA, un sous-traitant du Foyer anderlechtois de juin 2008 à décembre 2012. Il était payé en-dessous du salaire minimum et n’a pas perçu 4 mois de salaire. Il a perdu tous ses droits de séjour parce que l’employeur a profité des failles des procédures légales en matière d’occupation des étrangers.

    Au téléphone, Mounir nous affirme : ‘‘Je suis fier d’être un travailleur. On se bat aux côtés des autres camarades, pour pouvoir aussi contribuer à la sécurité sociale comme tout le monde. Mais les patrons nous exploitent et le gouvernement nous traite comme des criminels. Enfermer une poignée d’entre nous et continuer à exploiter des milliers d’autres ne résout la situation de personne. Mais je garde espoir, grâce à la solidarité et la mobilisation’’.

    Mounir est un cas parmi tant d’autres et nous dénonçons cette instrumentalisation des travailleurs ainsi que le dumping social inhérent au système de sous-traitance. C’est la logique du système capitaliste.

    Le Comité des travailleurs et travailleuses sans-papiers de la CSC et Mounir avaient mobilisé les délégués du secteur pour exiger sa réintégration ainsi que l’obtention d’un permis de travail qui aurait permis de régulariser sa situation.

    ‘‘Ce système d’exploitation est monnaie courante pour les quelques 100.000 travailleurs et travailleuses sans-papiers qui vivent en Belgique’’ nous explique Eva Maria Jimenez Lamas, permanente à la CSC Bruxelles-Halle-Vilvorde. ‘‘Ça arrange beaucoup les patrons abuseurs, même des opérateurs publics, de profiter de la législation pour avoir recours à la sous-traitance de statuts précaires, de travailleurs détachés, d’intérimaires, voire de sans-papiers. Vu l’absence d’emplois en suffisance, la concurrence entre les gens est tellement forte que les patrons se permettent de baisser les salaires et d’exposer l’ensemble des travailleurs à des conditions indignes. Ils profitent de la précarité liée à l’absence de titre de séjour valable. Nous nous battons tous les jours pour les droits de tous les travailleurs, pour des salaires et des conditions de travail décents pour toutes et tous. Car c’est dans l’intérêt de tout le monde, travailleurs et travailleuses d’ici ou d’ailleurs, intérimaires et salariés, d’avoir des normes élevées qui garantissent des droits égaux. C’est la seule arme contre le dumping sociale.’’

    Comment avancer?

    La seule réponse possible pour lutter contre le racisme de la politique de droite de ce gouvernement est de coupler la lutte pour les droits civiques, la régularisation des sans-papiers et un vrai droit d’asile au combat pour arracher les moyens nécessaires pour satisfaire les besoins de la majorité de la population, des jeunes et des travailleurs de ce pays, sans distinction.

    C’est sur cette base que le PSL a soutenu l’initiative du front commun syndical de mettre pression sur le premier ministre Charles Michel via un sit-in permanent au carrefour Arts-Loi à Bruxelles avec la présence des militants syndicaux et associatifs.

    De plus en plus de délégués syndicaux doivent être impliqués dans la lutte contre cette politique migratoire pour stimuler la solidarité de classe et exiger la libération de Mounir et de Jiyed. Le PSL demande la libération immédiate des militants sans-papiers, la suppression des centres fermés, la régularisation de tous les sans-papiers et soutient une grève du secteur culturel en solidarité. Ce n’est qu’avec la construction d’un rapport de force contre le racisme et les politiques d’austérité de ce gouvernement que nous pourrons construire les bases d’une nouvelle société.

  • Il n’y en a que pour les riches! Organisons sérieusement notre résistance!

    Le gouvernement prétend que l’austérité brutale de ces dernières années commence à porter ses fruits. C’est tout à fait vrai pour les supers riches et les grandes fortunes. Mais pas pour la très grande majorité de la population. De plus en plus de gens sont délaissés, ce qui ne s’améliorera pas avec les attaques contre les pensions, entre autres.
    A cause des politiques d’austérité, telles que le saut d’index ou l’augmentation forte des prix de l’énergie (+9,8% l’année passée), la croissance économique de 1,7% est restée l’année dernière en dessous de la moyenne européenne (2,5%). Mais il y avait donc bien une croissance économique. Le revenu des fortunes a augmenté de 5,3% grâce à l’augmentation des dividendes.(1) Il n’en ira pas autrement cette année : les grandes entreprises annoncent un nouvel essor de leurs profits. L’année passée, la banque KBC a déclaré avoir engrangé un profit net de 2,6 milliards d’euros, une augmentation de 6%.(2) La croissance économique profite surtout aux riches.

    Dix ans après la Grande Récession, les profits des entreprises sont restaurés. Quant à la misère sociale, elle n’a fait que s’aggraver en conséquence des mesures d’austérité. Le nombre de personnes qui vivent d’un revenu d’insertion est passé de 83.000 personnes à 127.000 en dix ans. Le nombre de personnes en règlement collectif de dettes est passé de 61.000 à 95.600.(3)

    Même ceux qui travaillent ont de plus en plus difficile à boucler leurs fins de mois. Les nouveaux emplois créés sont souvent partiels ou mal payés. En 2015, pour la toute première fois, le nombre des temps plein n’a pas atteint la moitié des recrutements : 49%. En 2008, il s’agissait encore de 55%(4) L’argument de la hausse du pouvoir d’achat repose essentiellement sur la croissance du revenu des fortunes, des revenus des indépendants et du plus grand nombre d’actifs. Deux données issues du rapport de la Banque Nationale illustrent la réalité des revenus des travailleurs : l’inflation (la hausse des prix) était de 2,2% l’année passée, tandis que la hausse des salaires n’était que de 2%.(5) Même les mathématiciens renommés de la N-VA peuvent en déduire que les salaires ont connu une croissance inférieure de 0,2% à la hausse des prix.

    L’économie ne connait pas une croissance plus importante puisque le pouvoir d’achat est en berne. Après des années de sous-investissements, l’infrastructure est en piètre état. Pensez aux tunnels de Bruxelles, à l’état délabré du matériel des transports en commun ou encore aux affaissements dangereux sur les routes ! Pourtant, le gouvernement persiste à ne pas investir dans des emplois de qualité, des hausses de salaires et une meilleure infrastructure. Le seul investissement qui ne se discute pas, ce sont les 3,6 milliards d’euros (une facture qui risque d’atteindre les 15 milliards avec l’entretien) pour les nouveaux avions de chasse. Dans le magasine Trends/Tendances, un rédacteur néolibéral qui s’oppose généralement à toute dépense publique, avait titré sont article ‘‘Le F35 est bon pour le budget’’.(6)

    Le gouvernement veut poursuivre sa politique et continuer à lancer des attaques contre notre niveau de vie. Ainsi, la baisse déjà annoncée du salaire minimum pour les jeunes sera concrétisée. En mars, le gouvernement veut faire passer au parlement une nouvelle politique concernant les pensions des métiers lourds (voir en page 5). Par après, la pension à points est à l’ordre du jour. Les attaques ne s’arrêtent pas. Résistons et exigeons notre part de la croissance économique !
    Nous ne pouvons pas attendre les prochaines élections et laisser l’espace aux partis de la droite pour travailler quotidiennement l’opinion publique avec leur propagande et leurs mensonges. Lancer de façon déterminée des revendications offensives apporterait un soutien large aux syndicats. Comme Rosa Luxembourg le faisait remarquer en 1906 : ‘‘Une tactique socialiste conséquente, résolue, allant de l’avant, provoque dans les masses un sentiment de sécurité, de confiance, de combativité; une tactique hésitante, faible, fondée sur une sous-estimation des forces du prolétariat, paralyse et désoriente les masses. Dans le premier cas les grèves de masse éclatent ‘‘spontanément’’ et toujours ‘‘en temps opportun’’ ; dans le deuxième cas la direction a beau appeler directement à la grève – c’est en vain.’’

    (1) De Tijd, ‘Nationale Bank schetst de stand van het land’, 23 februari
    (2) De Standaard, ‘KBC weet rentedruk te pareren’, 23 februari
    (3) http://www.indicators.be/
    (4) https://nieuws.kuleuven.be/nl/2017/helft-nieuwe-aanwervingen-in-deeltijdse-of-flexibele-contracten
    (5) https://www.nbb.be/doc/ts/publications/nbbreport/2017/nl/t1/verslag2017_tii_h2.pdf
    (6) http://trends.knack.be/economie/finance/de-f-35-is-goed-voor-onze-begroting/article-opinion-964177.html

  • Journée de grève dans le secteur public en défense de nos pensions

    Dans les médias dominants, c’est à peine s’il a été question de la grève de la CGSP pour autre chose que les “perturbations” entrainée, à grands renforts de témoignages d’usagers dépités. Il fallait être attentif pour entendre sérieusement parler des raisons qui avaient poussé à l’action. Pourtant, la colère gronde, profonde et largement ressentie.

    Le gouvernement de droite continue de s’en prendre à tout et à tout le monde, même s’il s’agit de travailleurs ordinaires. Les pensions du secteur public font l’objet de critiques, notamment en ce qui concerne la réglementation des métiers lourds. L’objectif du gouvernement est de faire en sorte que tout le monde travaille plus longtemps. Après l’augmentation collective de l’âge de la retraite à 67 ans, des méthodes sont maintenant recherchées pour augmenter la pression individuelle afin que chacun puisse travailler effectivement jusqu’à 67 ans. Après cela, l’âge de la retraite sera à nouveau remis en question.

    Nous avons publié un article sur les mesures spécifiquement contestées par la CGSP et sur la préparation de la journée de grève d’hier. Voir:“Pensions. Le démantèlement des métiers lourds dans les services publics : prélude à celui du privé”.

    La journée d’action a débuté le lundi soir avec des piquets de grève dans diverses gares. Les piquets étaient notamment impressionnants à Anvers, Gand et Bruxelles. Du côté néerlandophone, l’accent avait été mis le mardi sur un rassemblement militant à Bruges où environ 2000 personnes étaient présentes. Les piquets de grève étaient nombreux à Bruxelles, dont une bien fourni à l’hôpital Brugmann. Les grévistes y ont exprimé leur soutien pour les deux personnes sans-papiers encore arrêtées après l’intervention policière dans un centre culturel bruxellois il y a peu. Du côté francophone, les piquets et concentrations militantes étaient également nombreux. A Tournai, un rassemblement militant a réuni 2000 personnes. A Liège, il y a également eu un cortège de la CSC à partir de l’hôptial de la Citadelle jusqu’au Carrefour Belle Ile menacé de fermeture.

    Gare de Gand Saint Pierre

     

    Gare d’Anvers Berchem. Photo: Liesbeth

     

    Gare d’Anvers Berchem. Photo: Liesbeth

     

    SNCB Bruxelles. Photos : PPICS

     

    SNCB Bruxelles. Photo: PPICS

     

    Piquet CGSP Amio Bruxelles. Photo : PPICS

    Rassemblement de Tournai. Photo : Stéphane

    Quelques photos de la concentration militante à Brugge, par Laurent. ACOD militantenconcentratie in Brugge // Laurent

    Quelques photos de la concentration militante de Brugge, par Els.
    ACOD militantenconcentratie Brugge // Els

    Hôpital Brugmann :
    Grève CGSP: Brugmann // Nico

     

  • Pensions. Le démantèlement des métiers lourds dans les services publics : prélude à celui du privé

    Le syndicat socialiste des services publics, la CGSP, a déposé un préavis de grève intersectorielle pour le 27 février. Ce qui a motivé cette grève, c’est le projet de loi sur les métiers lourds pour les membres du personnel statutaire dans les services publics. “Après l’augmentation de l’âge de la pension pour tous les travailleurs du pays, après le dossier de la pension mixte, après la suppression de la pension pour inaptitude physique et après la pension à points, le gouvernement attaque à nouveau les membres de son personnel’’, selon la CGSP.

    Par Eric Byl

    Comme on pouvait s’y attendre, cela ne convient pas au ministre fédéral des pensions, Daniel Bacquelaine (MR). Il argumente que le préavis de grève est prématuré puisque son nouvel avant-projet n’est pas encore – au moment où nous écrivons cet article – passé au conseil des ministres. De plus, selon Bacquelaine, après approbation en première lecture, une concertation avec les partenaires sociaux est prévue. La CSC et le SLFP semblent s’en satisfaire provisoirement, mais la CGSP n’est pas rassurée. Le gouvernement veut, en effet, déjà une réglementation définitive pour début mars. Il n’est pas sûr qu’ils pourront respecter ce timing, mais nous savons d’expérience qu’avec ce gouvernement, la ‘‘concertation’’ ne signifie rien de plus que des aménagements à la marge.

    Les grandes lignes du projet sont d’ailleurs déjà fixées. Selon la réglementation actuelle, le fonctionnaire construit chaque année un 60ème (tantième) de sa pension. Après 45 ans, cela donne droit à une pension complète correspondant à 75 % (45/60) du salaire médian des 10 dernières années de carrière (auparavant, il s’agissait des 5 dernières années mais, sous Di Rupo, cela a été ‘‘assaini’’). Le système tient compte de métiers spécifiques pour des raisons de sécurité ou de charge physique ou psychique auxquels un ‘‘tantième préférentiel’’ est appliqué. Dans ce cas, la pension n’est pas calculée en 60èmes mais, comme pour le personnel roulant de la SNCB, en 48èmes, pour les facteurs, les pompiers et le cadre opérationnel de la police et l’armée, en 50èmes et pour les professeurs, en 55èmes. Ils atteignent leur pension complète dès qu’ils atteignent le nombre d’années correspondant à 75 % de leur tantième (préférentiel). Pour un conducteur de train, cela correspond à 36 ans (36/48), pour un facteur à 38 ans (38/50), pour un professeur à 42 ans (42/55).

    Dans le projet du gouvernement, ces tantièmes préférentiels disparaissent et font place à quatre ‘‘critères de pénibilité’’ sur base de la charge physique, de l’organisation de travail spécifique, des risques liés à la sécurité et de facteurs mentaux ou émotionnels. En fonction qu’un, deux ou trois de ces critères sont applicables, le nombre d’années de carrière sera multiplié par 1,05, 1,10 ou 1,15, mais partir avant son 60ème anniversaire devient impossible quoi qu’il en soit. Le Soir a calculé la différence entre une carrière complète dans l’ancien système par rapport au nouveau.

    Un enseignant à la pension perd, dans ce cas, 8,31%, un militaire 10,99% et un facteur 11,14%. Cela confirme la position des syndicats selon laquelle ceux qui tombent aujourd’hui sous les tantièmes préférentiels voient, à carrière identique, diminuer leurs droits en matière de pension. De plus, des périodes de maladie, de maternité, d’accidents de travail ou de congés pour soins ne sont plus prises en compte pour une pension anticipée en cas de métiers lourds. Beaucoup de femmes surtout, mais pas uniquement, sont impactées.

    Pour compenser la perte de pension, les travailleurs recevront désormais un ‘‘bonus métiers lourds’’ qui pourrait rapporter jusqu’à 200€ brut par mois s’ils continuent à travailler jusqu’à l’âge théorique de la pension. Pour beaucoup de travailleurs, cette ‘‘option volontaire’’ deviendra vite un impératif économique insupportable. De plus, de nombreuses professions actuellement qualifiées de ‘‘lourdes’’ ne le seront plus à l’avenir. Au Comité national des pensions, le bras de fer pour déterminer les critères de pénibilité s’est déjà soldé par un blocage. Les syndicats se basent sur la loi sur le bien-être, mais les employeurs estiment cela trop large et veulent un examen physique individuel.

    Le seul critère collectif qu’ils veulent bien reconnaître serait le travail de nuit. En bref, ici encore, comme nous l’indiquions dans Lutte Socialiste le mois dernier, les employeurs veulent transformer un droit collectif en approche individuelle. Ils veulent casser notre force collective parce qu’il est plus facile de mettre sous pression des individus. Ce qui inquiète également la CGSP, c’est que les nombreux contractuels présents dans le public risquent d’être exclus.

    Mieux organiser la lutte

    Personne ne doute du fait que ces mesures sur les pensions soient une étape de plus dans le démantèlement des conquêtes sociales et qu’elles doivent être stoppées. Mais la question est la suivante : comment ?

    A l’instar de la grève de la CGSP du 10 octobre dernier, beaucoup de travailleurs, y compris des affiliés et militants CGSP, ont dû prendre connaissance de la grève du 27 février via ces médias qui noircissent constamment nos actions. Comme pour le 10 octobre, l’appel du 27 février a été tel un coup de tonnerre dans un ciel dégagé. Personne n’a été consulté au préalable et on n’a demandé à personne de prendre le pouls de ses collègues. Il n’y a pas eu de concentration préalable de militants, pas de réunion intersectorielle, ne parlons pas d’assemblée du personnel, pour préparer la base. On dirait que le secrétariat de la CGSP part du principe que nous suivons en détail les propositions mises sur table et que nous pouvons, comme des spécialistes accomplis, protéger nos collègues, en un tour de main, de tous les faux arguments que le gouvernement et les médias nous font avaler.

    Il n’y a, à nouveau, pas de front commun.Nous comprenons que nous ne pouvons pas attendre indéfiniment la CSC et le SLFP et nous n’entretenons aucune illusion sur la combativité de beaucoup de leurs dirigeants. Mais, au secrétariat de la CGSP, on sait quand même qu’un front commun syndical se construit de la base. Une campagne d’information liée à des consultations sur le terrain, éventuellement combinées à des arrêts de travail nous aurait permis d’exercer une pression sur les autres syndicats via nos collègues ou tout du moins, d’ouvrir un débat. Il est, dès à présent, très facile de présenter la grève de la CGSP comme une fuite en avant. Lors des assemblées de militants qui ont suivi l’annonce de la grève, les critiques ont fusé par rapport à ce manque de préparation des actions.

    Le plus grand risque est que la grève échoue et que la force de frappe difficilement construite, tant par notre syndicat que par les délégués sur le terrain, soit minée. Nous avons tout juste évité que la grève du 10 octobre 2017 ne soit utilisée par le gouvernement pour attaquer les syndicats de manière frontale mais nous ne pouvons pas nous permettre d’aligner les grèves mal préparées les unes après les autres. Le secrétariat de la CGSP avoue lui-même ne pas croire que le jour de grève du 27/02 sera suffisant pour faire changer le gouvernement d’avis et encore moins pour le faire tomber. De plus, pour l’instant, la volonté de faire une grève générale souffre encore du résultat décevant de 2014, même dans les services publics. Il faut y travailler : les gens doivent être convaincus de la nécessité d’une grève et de son utilité. Il doit donc y avoir une perspective de victoire.

    Les germes de cette perspective sont pourtant à portée de mains. Dans plusieurs entreprises et secteurs, il y a bel et bien une volonté de faire grève, cela s’est démontré dans les prisons, chez De Lijn et à la STIB. Mi-mars, l’enseignement flamand devrait mener action en front commun. La direction de la CGSP et celle des autres syndicats feraient mieux de s’associer aux actions existantes, de les élargir au lieu de, à un moment donné, tout freiner et tout isoler et, à un autre, annoncer une grande grève intersectorielle. De plus, chacun est conscient du fait que ces réformes dans les services publics représentent un test pour la discussion sur les métiers lourds dans le privé. Il serait par conséquent logique que les syndicats des services publics coordonnent leurs actions avec celles du secteur privé.

    Pourquoi ne pas organiser des concentrations de militants en préparation d’arrêts de travail et d’assemblées du personnel sur tous les lieux de travail ? Pourquoi pas une grande conférence syndicale sur les pensions ? Pourquoi pas des actions coordonnées avec des témoignages de solidarité, des arrêts de travail, des grèves tournantes pour préparer les esprits ? Pourquoi ne pas choisir de construire progressivement un rapport de forces au lieu de gaspiller toutes nos munitions en une fois ? Les militants du PSL actifs à la CGSP feront en tout cas de leur mieux pour faire de cette grève un succès et éviter une défaite mais nous insistons auprès du secrétariat de la CGSP pour qu’il se concerte, désormais, avec la base pour développer la meilleure stratégie possible qui construise une perspective de victoire.

  • Stop à Theo “Trump” Francken et au racisme du gouvernement !

    Aujourd’hui n’est pas la première et certainement pas la dernière action contre la politique migratoire de Francken et du gouvernement. Leurs provocations racistes ont déclenché une large vague de solidarité. Expulsion des réfugiés soudanais vers leur arrestation certaine, collaboration avec des dictatures et des régimes répressifs, visites domiciliaires, raffle à Globe Aroma, dans les transports, stigmatisation des réfugiés… Ces attaques doivent faire face à une mobilisation large, à l’image de la manifestation d’aujourd’hui.

    Diviser pour mieux appliquer l’austérité

    La politique de Francken est soutenue par l’ensemble du gouvernement. La forme est parfois critiquée, mais sur le fond ils sont tous d’accord. Ils saisissent d’ailleurs ce dossier pour semer la division afin de nous affaiblir. Bart De Wever l’a clairement exprimé : ils durcissent la politique migratoire pour prétendument garantir le financement de la sécurité sociale.

    Soyons clairs, c’est le gouvernement actuel et ses prédécesseurs qui ont coupé dans la sécurité sociale, l’éducation, les salaires, les pensions, non pas pour mieux accueillir les migrants mais bien en contrepartie des cadeaux fiscaux aux plus riches et aux entreprises afin de garantir leurs profits. De surcroît, les patrons exploitent les sans-papiers en leur imposant des conditions de travail et de salaire pitoyables. Ils mettent ainsi pression sur celles de tous les travailleurs. La régularisation des sans-papiers est nécessaire pour garantir des conditions de travail décentes pour chacun.

    Stop à l’austérité, pour une lutte unifiée

    Pénurie de logements sociaux, emplois précaires, allocations et pensions sous le seuil de pauvreté, ces politiques augmentent la précarité. 21,5% de la population affirme difficilement pouvoir joindre les deux bouts. Nous devons défendre offensivement une alternative car malheureusement cette précarité constitue le terreau fertile pour pointer les migrants comme boucs émissaires. Le dernier drame social à Carrefour n’est, lui non plus, pas causé par les migrants mais bien par la soif de profit d’une multinationale qui a fait 1 milliard d’euros de bénéfices en 2016.

    Afin de contrer le racisme que ce gouvernement répand, de renforcer la solidarité et de garantir un accueil décent aux réfugiés et aux migrants, il est crucial de lier la lutte contre cette politique migratoire à la lutte pour les moyens financiers nécessaires. Revendiquons un plan massif d’investissements publics pour fournir des logements sociaux, refinancer l’enseignement et pour fournir des emplois décents à chacun, sans distinction d’origine, de lieu de naissance ou de religion. Les richesses existent. Les milliards planqués au Panama et dans d’autres paradis fiscaux, les profits records des grandes entreprises, devraient être mis sous contrôle démocratique de la collectivité.

    Une telle approche permettrait de renforcer le mouvement de solidarité en unifiant les victimes de la politique du gouvernement. Défendre les conditions d’accueil ainsi que les acquis sociaux minerait les possibilités pour le gouvernement de nous diviser.

    Solidarité internationale, pour une autre société

    Nous voulons lutter contre les causes qui poussent les gens à fuir. Guerres, interventions impe?rialistes, surexploitation des gens et de la nature : voila? ce qui pousse tant de personnes a? fuir la violence, la mise?re et les catastrophes.

    Des emplois de?cents, des investissements publics massifs dans le logement social, l’e?ducation et les soins, etc. sont ne?cessaires. Mais cela ne?cessite de rompre avec la logique de profit du capitalisme, ou? la concentration des richesses chez une infime e?lite signifie mise?re et tensions grandissantes pour le reste de la population. Encore l’année dernière, l’OTAN a appelé ses états membres de dégager 2% de son budget à la défense. Pour se rapprocher de ce chiffre, notre gouvernement a dégagé 3 milliards d’euros pour de nouveaux avions de guerre. Ils sèment la misère et pointent des doigts les victimes.

    De?fendons une alternative au capitalisme : une socie?te? socialiste ou? seraient prioritaires les besoins de de la majorite? de la population et non les profits d’une poigne?e.

    Stop Theo ‘Trump’ Francken.
    • Stop la politique de division raciste de ce gouvernement.
    • Pour un plan massif d’investissements publics: logements sociaux, enseignement qualitatif et des emplois décents pour tous.
    • Les moyens existent dans les poches des capitalistes.
    • Régularisation de tous les sans-papiers.
    • Luttons contre les causes qui poussent à se fuir: guerre, terreur, exploitation et destruction climatique.
    • Pour une société socialiste démocratique.

  • Ce gouvernement ne fera de concessions que s’il sent son existence menacée

    Quand le patronat siffle la fin de la récréation, les membres du gouvernement oublient leurs chamailleries mutuelles et rentrent vite dans les rangs. Les syndicats sont invariablement mis de côté parce qu’ils seraient ‘‘d’un autre monde’’ et par conséquent ‘‘sans intérêt’’. La grève du 10 octobre dans les services publics a pourtant montré que la CGSP, même seule, sans la CSC et la CGSLB, est une force non négligeable. Depuis, 10.000 travailleurs ont manifesté lors d’une marche de solidarité à Charleroi, 10.000 autres “contre le hold-up social” à Liège, 5.000 lors de la ‘‘Tax Pride’’ à Anvers et 40.000 en front commun syndical contre le démantèlement des pensions à Bruxelles. Le gouvernement n’a pas bronché.

    Par Eric Byl, éditorial de l’édition de février de Lutte Socialiste

    Ces dizaines de milliers de personnes sont prêtes à sacrifier du salaire ou des jours de congé pour défendre leurs droits et ceux de leurs collègues. Ils le font malgré le fait qu’on ne peut pas ouvrir un journal ou un magazine ni allumer la radio ou la télévision sans que les patrons et leurs pantins au gouvernement y expliquent largement leur point de vue. Dans les médias, il est rarement expliqué ce qui motive les actions syndicales. La plupart du temps, la parole est donnée à des gens qui se plaignent de ne pas avoir pu travailler ou à des voyageurs qui n’ont pas pu se déplacer, quand on ne parle pas des embouteillages dus à la grève. A part le PTB, les hommes politiques des partis d’opposition se contentent de critiquer à la marge – et encore ! – mais ne proposent aucune politique fondamentalement différente. Les rares fois où l’on donne la parole aux dirigeants syndicaux, ils sont essentiellement sur la défensive alors qu’il y a des centaines de raisons de passer à l’offensive.

    Nous n’avons pas encore vu les patrons, le gouvernement ou n’importe quel autre mouvement que les syndicats réussir à rassembler des dizaines de milliers de personnes plusieurs fois d’affiliée. Ce n’est possible que parce que ces dizaines de milliers de personnes représentent, à leur tour, beaucoup d’autres, des centaines de milliers de personnes qui ne se voient pas travailler jusqu’à 67 ans et qui rejettent également les attaques contre les pensions, les services sociaux, les conditions de travail et la sécurité sociale. Ces personnes, elles aussi, en ont marre des boulots mal payés, flexibles, à temps partiel et précaires. Cependant, plusieurs raisons expliquent pourquoi elles ne sont pas (encore) entrées en action : partant d’un principe erroné, elles ne voient pas ce que cela changerait, ne voient pas d’alternative ou ne croient pas en la volonté des syndicats d’aller jusqu’au bout pour décrocher des victoires.

    Nous ne parviendrons pas à renverser ce fatalisme en nous accrochant jusqu’aux élections, manif après manif, à l’espoir d’une majorité alternative. C’est malheureusement l’attitude que prendront sans doute la direction de la CSC et la plupart de ses centrales. La FGTB, en revanche, a bien compris qu’il en faudra plus. Lors de son comité du 23 janvier, une proposition de grève générale pour la première semaine de février sera discutée. Organiser une grève générale en deux semaines aurait pu fonctionner lors du plan d’action de l’automne 2014, quand les syndicats avaient préparé le terrain en profondeur. Depuis la manifestation pour les pensions du 19 décembre à Bruxelles, plus d’un mois s’est cependant déjà écoulé.

    On aurait pu utiliser ce temps pour préparer nos forces lors d’assemblées générales du personnel sur le terrain et de réunions régionales de militants et ainsi mettre directement sous pression la CSC et les centrales FGTB qui hésitent encore voire sont carrément contre-productives. En Wallonie et à Bruxelles, une telle grève générale venue d’en haut en quelques jours pourrait encore réussir étant donné le plus grand réservoir de syndicalistes combattifs mais, même là, il aurait mieux valu prendre les dispositions nécessaires pour préparer le mouvement pour entraîner de plus larges couches. En Flandre, ce genre de grèves éclair renforce cependant surtout l’aile plus favorable au gouvernement. Les esprits tatillons communautaires saisiront peut-être l’occasion de remettre en question l’unité fédérale de la FGTB.

    Ce gouvernement ne fera aucune concession à moins qu’un mouvement social ne puisse le faire chuter. Seul un plan d’action offensif bien préparé dont les actions et l’enjeu seront discutés préalablement sur le terrain et respecté par la direction syndicale pour stopper la casse sociale.

  • Défendre nos pensions par une résistance offensive !

    Le gouvernement Michel ne se retient pas. Après avoir augmenté l’âge de la pension à 67 ans, il cherche maintenant à imposer une pression supplémentaire pour nous faire travailler plus longtemps. C’est l’idée derrière le régime de pension à points, mais peut-être également avec le régime à venir pour les métiers lourds ainsi qu’en entamant immédiatement la discussion sur les retraites du secteur public. Si nous ne voulons pas travailler jusqu’à la tombe, littéralement, il faut bloquer la politique actuelle !

    Par Geert Cool

    Individualisation des droits collectifs

    La pension est un droit collectif garanti par le mouvement des travailleurs. C’est nous-mêmes qui la payons avec nos cotisations à la sécurité sociale. Les ‘‘cotisations patronales’’ font d’ailleurs également partie de notre salaire. Lorsque, ces dernières années, le gouvernement a réduit les cotisations à la sécurité sociale pour donner plus de cadeaux fiscaux aux employeurs, une partie de notre salaire a dans les faits été versée aux patrons. Et après ça il vient nous dire que les moyens manquent dans le système de sécurité sociale et que c’est encore une fois à nous de payer !

    Après une attaque contre les droits à la pension de la collectivité, avec l’augmentation de l’âge de la retraite à 67 ans et la réduction des possibilités de retraite anticipée, le gouvernement prend maintenant une autre direction. Avec l’individualisation du droit collectif à la pension, chaque travailleur est poussé à travailler plus longtemps. C’est ce que montrent tant la pension à points que l’approche individuelle de la discussion sur les professions lourdes.

    La pension à points signifie que chaque travailleur reçoit des points tout au long de sa carrière. À la fin du voyage, le gouvernement détermine combien valent ces points en fonction notamment des possibilités financières du moment. Cela pose problème pour plusieurs raisons. Le caractère incertain du montant de la pension que nous recevrons ouvre la voie à une pression accrue en fin de carrière pour encore bosser un an ou deux et parvenir à une pension un minimum digne. Cela ouvre parallèlement la porte à la démolition des pensions par catégorie professionnelles spécifiques. Et combien de points obtiendront une personne en congé de maladie ou un chômeur ? Qu’est-ce qui permettra d’obtenir des points dans dix ans ?

    Aucune décision n’a encore été prise concernant les métiers lourds. Mais si c’est aux employeurs de décider, la reconnaissance d’une profession lourde se fera au cas par cas. En intégrant les professions lourdes dans le régime des pensions à points (une année de travail dans un emploi lourd se traduirait par plus de points), il serait possible d’augmenter la diversification des régimes (un nombre différent de points par année de travail).

    Cela ouvre la porte à une approche plus individuelle. Si toutes ces mesures sont adoptées, l’âge légal de la pension pourra alors être mis de côté. Sous prétexte que certaines personnes ‘‘veulent’’ travailler plus longtemps que 67 ans, cette frontière peut disparaître. Les autorités taisent qu’en fait, beaucoup ‘‘voudront’’ travailler plus longtemps tout simplement pour péniblement parvenir à un montant de pension décent.

    Ce sont les femmes qui seront le plus durement touchées. Selon Eneo (mouvement social d’aînés), quatre retraités sur dix vivent en dessous du seuil de pauvreté en Belgique. Les pensions des femmes sont en moyenne inférieures de 26% à celles des hommes. Avec des mesures telles que la limitation des périodes assimilées, cet écart se creusera encore. De plus, le manque d’investissement dans le secteur des soins et dans les services publics entraine le fait qu’une plus grande part du fardeau des soins incombe à la famille, aux femmes la plupart du temps.

    Pour une pension mensuelle minimale de 1.500 euros

    L’espérance de vie augmente, mais nous ne sommes en bonne santé que jusqu’à 64 ans en moyenne, soit en-dessous de l’âge de la retraite. Nous vivons plus longtemps, mais nous travaillons aussi de manière plus productive. Notre productivité a augmenté de 15 % entre 1995 et 2009, alors que la productivité augmentait encore plus rapidement les années précédentes. En 2009, nous avons donc produit autant en 34 ans de carrière qu’en 1995 en 40 ans. Et le gouvernement de droite veut nous faire travailler plus longtemps ? L’inconvénient de cette productivité considérable, c’est que de plus en plus de gens ne tiennent plus le coup. Cela se voit au nombre de dépressions et de burn-out. L’augmentation de l’âge de la pension et la suppression progressive de la retraite anticipée doivent être abolis.

    Le gouvernement proclame que le système de points est nécessaire pour offrir une pension décente à tout le monde. Si ce gouvernement se souciait effectivement de la qualité de vie des personnes âgées, il investirait massivement dans les soins pour les personnes âgées. Aujourd’hui, un séjour dans une maison de repos en Flandre coûte en moyenne 1.655 euros par mois alors que la pension légale moyenne s’élève à 1.100 euros par mois. Pas besoin d’être un génie des mathématiques pour remarquer le problème. Faute d’investissements publics, des entreprises privées ont la possibilité de réaliser de juteux bénéfices sur le dos du personnel et des personnes âgées. Il ne faut pas s’attendre à de la compassion avec ce gouvernement, même vis-à-vis de nos aînés.

    Pour vivre dignement, le montant de la pension doit au moins être de 1.500 euros par mois. Et cette revendication est encore modeste en considérant le coût des maisons de repos. Quand le gouvernement dit que les caisses sont vides pour y faire face, il ferme volontairement les yeux sur les richesses et les profits qui s’accumulent dans les poches d’une infime élite. Les Paradise Papers ont encore remis en lumière que 7.900 milliards d’euros seraient planqués dans les paradis fiscaux. Pour peu qu’on aille chercher l’argent là où il est, les moyens ne manquent pas.

    Pour une résistance offensive !

    De toute évidence, le gouvernement ne va pas céder. Après le succès de la manifestation pour nos pensions du 19 décembre – 40.000 personnes, à nouveau plus que prévu – le Premier ministre Charles Michel a accusé les syndicats d’être des menteurs et les manifestants des idiots. Selon lui, nous n’avons rien compris et le gouvernement doit tout nous expliquer encore une fois. Michel et le ministre des pensions Bacquelaine (MR) ont parlé de «désinformation», de «mensonges» et de «fakes news». De par cette attitude, le gouvernement montre immédiatement qu’il est illusoire de penser que les dirigeants syndicaux obtiendront quoi que ce soit de sérieux par la négociation.

    Pour arracher quelque chose, il faut construire une relation de force qui menace la survie du gouvernement. La manifestation du 19 décembre a donné un aperçu du potentiel qui et le nôtre. Les dizaines de milliers de manifestants avaient le soutien de centaines de milliers de personnes inquiètes pour leur pension.

    Le jour où le site web mypension.be a été lancé, pas moins de 160.000 personnes s’y sont connectées. On retrouve cette inquiétude dans tout le pays. Le défi est d’y répondre avec une campagne d’information et de mobilisation qui donné un élan vers des actions plus larges, en donnant suffisamment de temps pour être en mesure de convaincre les collègues et les amis de la nécessité d’agir. Les grandes manifestations et actions de grève peuvent reposer sur des assemblées du personnel sur le lieu de travail et des comités d’action dans les quartiers, autour par exemple de pétitions à faire signer sur les marchés pour faire connaître les revendications du mouvement. Les actions ne doivent pas être des événements ponctuels visant à relâcher un peu la pression. L’enjeu de la mobilisation doit être clair: mettre fin à la politique de droite et à l’austérité.

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