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Tag: Gouvernement Michel
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Le grand vol des pensions
Comment les capitalistes volent-ils nos salaires différésLe spécialiste des pensions du PTB, Kim De Witte, a publié en néerlandais ‘‘De Grote Pensioenroof’’ (le grand vol de nos pensions), un livre qui défend, preuves à l’appui, que nos pensions sont tout à fait payables et nous arme de nombreuses données chiffrées. L’instrument est utile pour sensibiliser nos collègues quant à l’impact des attaques contre nos pensions et les mobiliser pour la manifestation du 16 mai et ensuite.
Par un militant de la CGSP-Cheminots
Dans sa préface, Jonas Geirnaert souligne que la prospérité n’a jamais été aussi grande. Cela rend absurde l’argument selon lequel nos pensions seraient impayables. Le problème, c’est la répartition inéquitable de la richesse. Il enterre cette idée fausse qu’il est inévitable de devoir travailler plus longtemps. Il conclut en défendant une approche qui repose sur les besoins et non les profits.
Kim De Witte affirme qu’il existe une ligne rouge entre néolibéralisme et humanisme. Curieusement, il ne parle pas de la ligne de démarcation entre travail et capital, ce qui peut aussi expliquer pourquoi il n’est pas fait mention de la classe ouvrière ou du socialisme. Il préconise toutefois l’organisation du travail en fonction des besoins et l’utilisation des gains de productivité pour réduire le temps de travail. Mais cela n’est pas contextualisé dans la lutte de la classe ouvrière contre le capital.
Kim De Witte a raison de dénoncer le manque de débat sérieux concernant les pensions. Aucun des partis ne s’est présenté aux élections en défendant l’augmentation de l’âge de la pension. Le relèvement de l’âge de la pension va de pair avec une attaque contre la retraite anticipée. Dorénavant, cela ne sera possible qu’à partir de 63 ans et après 42 ans de carrière. Cela exclut de facto les trois quarts des femmes et le quart des hommes, en partie en raison du travail à temps partiel. Pour ceux qui travaillent moins de 104 jours par an, seule la moitié d’une année compte dans le calcul de la durée de leur carrière.
Allemagne et Autriche
En Allemagne, la pension légale est en chute libre depuis les gouvernements rouge-vert de Schröder (1998-2005). Avant cela, elle le montant s’élevait à 70% du revenu moyen, et on s’attend à ce qu’il ne soit plus question que de 4% d’ici 2020. Les gens sont poussés vers le deuxième pilier subventionné (les fonds de pension) et le troisième pilier (les formes personnelles d’épargne-pension). Kim De Witte souligne les liens étroits entre le monde politique et le secteur des assurances. Maschmeyer, le patron d’AWD, par exemple, a financé la campagne électorale de Schröder.
Les caisses de retraite représentent un marché d’un milliard d’euros. Il existe maintenant 16 millions de plans de retraite individuels facultatifs privés (Riester Rente). Entre 2002 et 2016, le gouvernement a subventionné ce projet à hauteur de 34,8 milliards d’euros et, d’ici 2020, ce montant passera à 50 milliards d’euros. Le système public de Sécurité sociale est pillé, et l’épargne-pension ne compense pas cette perte. Les fonds de pension ont également un problème de rentabilité pour les épargnants : le rendement garanti est passé de 4% à 1,75%. Ce faible rendement s’explique en partie en raison des coûts élevés pour les assureurs, qui représentent jusqu’à la moitié des cotisations. C’est presque mieux de mettre son argent dans un bas de laine…
Pour les retraités ordinaires, la situation est souvent désastreuse : le minimum vital ne se monte qu’à 787 euros par mois. Près d’un quart d’entre eux travaillent dans des secteurs à bas salaires, ce qui se traduit également par des retraites médiocres. La forte tendance à l’individualisation et à la privatisation des retraites allemandes ne fait qu’exacerber les problèmes.
L’exemple allemand contraste fortement avec l’autrichien. Il y existe toujours une forte pension légale. En moyenne, un Autrichien touche une pension de 1.820 euros, contre 1.050 euros pour un Allemand. Pour les femmes, cela représente 1.220 et 590 euros.
En 2003, le gouvernement Schüssel des démocrates-chrétiens et de l’extrême droite voulait abolir la retraite anticipée, réduire la pension légale de 38% et pousser les gens vers les assurances privées. Cela a conduit à une résistance massive. Une journée d’action réunissant 300.000 participants (assemblées générales dans les entreprises, blocage des rues, manifestations locales, etc.) a été suivie d’une manifestation nationale et d’une grève générale avec 1 million de participants, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement de masse a stoppé l’essentiel de l’attaque. L’extrême droite a ensuite été électoralement punie : le FPÖ de Jörg Haider s’est scindé en deux et, en 2006, il n’atteignait que 4,1%.
Des revendications offensives
Kim De Witte développe quelques revendications offensives : redescendre l’âge de la retraite à 65 ans, la retraite anticipée à 60 ans après 35 ans de carrière, la retraite anticipée à 58 ans pour les professions lourdes ou pour les carrières de 40 ans, une pension minimale équivalente à 75% du salaire moyen, une pension minimale de 1.500 euros (après 40 ans de carrière) et maximale de 3.000 euros,… De Witte plaide en faveur d’une réduction du temps de travail et de l’inclusion complète des (anciennes) périodes équivalentes.
Pour financer tout cela, il propose également d’arrêter et d’inverser partiellement la réduction des cotisations patronales de 16 milliards d’euros par an. À ce stade, De Witte est très prudent, mais il serait logique de subventionner entièrement l’emploi par le biais des services publics et des secteurs clés de l’économie nationalisée.
Comment assurer cela ? Kim De Witte fait référence à l’opposition en Autriche en 2003 et à celle des syndicats polonais contre le relèvement de l’âge de la retraite. Il faut se battre, c’est évident. Toutefois, il n’est pas fait mention de la nécessité d’un plan d’action similaire à celui de 2014 en Belgique. Il aurait pu aborder cette question cruciale plus en détail. Le livre se termine par une belle citation du poète belge Willem Elsschot : ‘‘il n’y a pas de tigre qui puisse résister aux fourmis’’. Les fourmis ont effectivement la force du nombre, mais ce n’est rien sans organisation.
Il s’agit d’un travail bien réalisé qui montre que les pensions sont abordables et qui sape l’argumentaire qui vise à nous faire travailler plus longtemps.
Malheureusement, les attaques contre les pensions des fonctionnaires statutaires ne sont traitées que très brièvement. Les systèmes de bonus préférentiels et leur impact sur l’âge et le montant de la retraite ne sont pas mentionnés. La principale limite du livre est qu’il n’aborde pas la nécessité d’une rupture avec le capitalisme. Dans ce système, les pensions viables ne seront jamais payables, car, après tout, cela entre en conflit avec les profits des capitalistes. Même des pas prudents vers plus de réalisations, comme en Autriche, où le démantèlement des retraites a été encore plus ralenti, sont inacceptables dans la logique du profit.
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Pensions. Après une manifestation aussi massive, n’en restons pas là !

La manifestation d’aujourd’hui pour des “pensions décentes prises à un âge digne” était impressionnante ! En bon nombre d’endroits, le taux de participation parmi les travailleurs était aussi élevé qu’en 2014 lorsque, grâce à un plan d’action qui avait monté en puissance jusqu’à la grève générale nationale du 15 décembre, nous avons ressenti qu’il était bel et bien possible de stopper ce gouvernement de droite. Sentiment plus que justifié. Les actions ont toutefois été freinées après le succès de la grève générale nationale. Cette fois-ci, avec une présence de quelque 80.000 personnes, nous étions environ deux fois plus nombreux qu’en décembre dernier ! C’est clair, ce n’est pas la volonté d’entrer en action qui manque !La manifestation a rassemblé des travailleurs de différents secteurs, des personnes âgées et un nombre remarquablement élevé de jeunes. La colère à l’égard des mesures contre nos fins de carrière est très grande : l’augmentation de l’âge de la pension n’a pas encore été digérée. La pression constante et grandissante de la charge de travail rend impossible à de nombreuses personnes d’imaginer travailler jusqu’à l’âge de 67 ans. Le gouvernement s’est empressé de relever l’âge de la pension, mais il ne fait pas preuve de grande précipitation pour les métiers lourds !
En outre, le gouvernement se prépare à lancer une autre offensive avec le système des pensions à points. La valeur de ces points ne serait déterminée qu’à la fin de la carrière, avec son lot de (mauvaises) surprises. A la radio, un des manifestants a comparé le principe aux scores de foot depuis l’introduction des playoffs : en milieu de saison, les règles du jeu sont modifiées et la valeur des points déjà gagnés diminue.
Les attaques contre nos pensions suscitent une colère particulièrement grande et largement répandue. A côté des dizaines de milliers de manifestants qui ont défilé aujourd’hui à Bruxelles, des centaines d’autres sont inquiets. Y compris parmi ceux qui d’habitude se laissent prendre à la propagande du gouvernement et de la droite, certainement du côté néerlandophone où Francken, De Wever, Jambon et co semblent disposer d’un monopole médiatique. La politique de division néolibérale (sur base du racisme, etc.) peut bien avoir un effet, mais la N-VA peine à faire avaler ses projets sur les pensions. Plus tôt cette année, un sondage a révélé que 92% de la population ne s’imagine pas travailler jusqu’à 67 ans. C’est un problème pour Charles Michel et sa bande.
Comment transformer ce large soutien à la résistance en faveur de nos pensions en une force capable d’arracher des victoires ? C’était la question centrale aujourd’hui. Dans notre tract, nous avions défendu : “En cas de forte participation, tout restera possible, mais seulement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.”
Et, plus loin : “Le potentiel existe pour un puissant mouvement, non seulement en ce qui concerne les pensions, mais aussi contre la charge de travail insoutenable, comme en témoignent la victoire des grèves spontanées chez Lidl ou les grèves chez B-Post, Brussels Airlines, les fonctionnaires fédéraux et d’autres. La pleine réalisation de ce potentiel exige une préparation minutieuse à tous les niveaux.”
“Les dirigeants syndicaux savent aussi bien que nous que l’obtention de ces revendications nécessite une majorité de gauche prête à rompre avec la politique d’austérité permanente de ces gouvernements et des gouvernements précédents et qui nous est imposée par l’Europe. Pour prendre ces revendications au sérieux, les syndicats doivent soutenir activement les partenaires qui veulent les traduire politiquement et rompre les liens entretenus avec ceux qui ne sont pas prêts à le faire. Cependant, pour consolider ces revendications, il nous faut également une société qui produit pour les besoins de la grande majorité de la population et non pour les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent généreusement leurs représentants politiques pour services rendus.”
Reportage-photos de Nico
Reportage-photos de Mario
Reportage-photos de Wilfried
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Combattre la réforme des pensions et l’ensemble des mesures d’austérité, c’est combattre le sexisme!

Tous les politiciens ont beau se qualifier eux-mêmes de “féministes”, ils n’éprouvent aucun scrupule à pousser toujours plus de femmes dans la précarité et l’insécurité. 58% des pensionnées vivent déjà avec moins de 1000€ par mois et cela va largement s’aggraver avec les mesures du gouvernement ! Les services adéquats manquent de plus cruellement pour aider nos aînés (entre autres). Ce travail retombe sur le dos des familles, tout particulièrement des femmes. Celles-ci sont ainsi poussées à diminuer leur temps de travail pour parvenir à jongler avec leurs différentes responsabilités. Cela limite leurs revenus, leurs droits sociaux et bientôt aussi, encore plus largement, leurs pensions. Ce cercle vicieux, nous devons le briser par une lutte menées toutes et tous ensemble !
Tract de la Campagne ROSA à destination de la manifestation pour nos pensions de ce 16 mai
Pour combattre le sexisme et l’oppression des femmes, il ne suffit pas de grandes déclarations ou d’avoir suffisamment de femmes sur ses listes électorales. L’écart moyen entre les pensions des femmes et des hommes est de 34 %. Lutter pour de meilleures conditions de vie, c’est assurer la base matérielle nécessaire à l’émancipation des femmes. Que les politiciens arrêtent de donner des cadeaux aux multinationales et aillent chercher l’argent là où il est ! Il y aurait alors bien assez d’argent pour les services publics et des pensions décentes pour toutes et tous !
Pour des campagnes de syndicalisation des femmes
Un “One shot” ne sera clairement pas suffisant. Il est essentiel de construire un plan d’action afin d’arrêter les projets austéritaires du gouvernement avec des réunions du personnel, des concentrations syndicales, davantage de manifestations et, surtout, des grèves régionales et nationales, comme en 2014. Suspendre la lutte sociale dans l’espoir que le gouvernement soit puni lors des élections est une stratégie dangereuse et contre-productive.
Les femmes ont un rôle crucial à jouer dans ces mobilisations. Elles doivent activement y prendre part et dénoncer l’hypocrisie du gouvernement afin de construire un mouvement combatif qui pourra imposer ses revendications. Mais pour cela, on a besoin d’être organisée ! C’est pourquoi la campagne ROSA encourage les campagnes de syndicalisation des femmes. C’est essentiel pour construire un mouvement fort et uni, certainement dans les secteurs où elles sont majoritaires, bien souvent des secteurs précaires.
Toi aussi, syndique-toi et encourage tes collègues à faire de même !
Les travailleuses et travailleurs de Lidl nous prouvent que la lutte paye
Nous ne pouvons stopper ces attaques et obtenir de nouvelles victoires qu’en luttant ensemble et en poussant les directions syndicales à organiser la riposte. Les travailleuses et travailleurs de Lidl ont fait grève fin avril pour des conditions de travail décentes. La grève a été initiée depuis la base malgré les fortes pressions exercées par la direction. Jamais auparavant Lidl n’a connu une grève à une telle échelle. Résultat : la lutte paye ! Les grévistes ont obtenu 42 heures supplémentaires par semaine par magasin.
Cette victoire doit être saisie comme exemple pour en entrainer d’autres. Comme dans bon nombre de secteurs majoritairement féminins, presque personne n’a un contrat à temps plein chez Lidl. Les conséquences sur les pensions seront désastreuses si le projet du gouvernement passe. Il est nécessaire de poursuivre la lutte.
Tu souhaites organiser une réunion avec des collègues pour partager l’expérience de Lidl ou d’autres luttes, pour réfléchir à la manière de favoriser l’implication des femmes dans les luttes et pour discuter de la suite à donner à cette journée ?
Contacte-nous ! ROSA se veut un outil de lutte pour toutes celles et ceux qui souhaitent combattre le sexisme et l’austérité. Rejoins-nous !
Cette campagne a été initiée par le PSL (Parti Socialiste de Lutte). Elle souhaite promouvoir et organiser des événements, des actions et des campagnes d’information contre le sexisme, l’austérité et le système qui les entretient : le capitalisme. Nous voulons défendre la solidarité comme outil de lutte.
contact@campagneROSA.be – CampagneROSA.be – 0474 35 30 36 (Emily)
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Après la manif, poursuivons avec un vrai plan d’action !

Photo : Socialisme.be Aujourd’hui, la participation sera scrutée à la loupe. C’est aussi ici et maintenant que sera déterminé le rapport de forces entre les travailleurs et leurs syndicats d’une part et les patrons et leur gouvernement de l’autre. Une participation modérée ou faible rendra plus difficile l’application de “pensions décentes prises à un âge digne”. En cas de forte participation, tout restera possible, mais seulement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.
Tract du PSL qui sera distribué à la manifestation en défense de nos pensions de ce 16 mai
Avant même que cette manifestation ne soit terminée, son ampleur sera contestée. Le gouvernement et le patronat minimiseront la participation. Les médias se concentreront sur les embouteillages. Quant aux chiffres de la police, ils auront été décidés avant même que nous arrivions à Bruxelles. Aucun effort ne sera négligé pour saper la résistance au démantèlement des pensions.
Nous sommes néanmoins confiants que nous serons très nombreux. Le journal des pensions, tiré à plus d’un million d’exemplaires, fut une merveilleuse initiative ! Malheureusement, aucune formation syndicale spécifique, aucune concentration et aucune assemblée du personnel n’y a été couplée. Les inquiétudes sont pourtant nombreuses concernant nos pensions et, cette fois-ci, les syndicats agissent ensemble. Chacun présent aujourd’hui connaît des collègues qui auraient aimé être là, mais qui en ont été empêchés par une maladie, un congé ou quoi que ce soit d’autre. De plus, derrière chaque manifestant, il y en a des douzaines d’autres qui sont d’accord avec nous mais qui, pour une raison quelconque, ne manifestent pas (encore) à nos côtés.
Notre travail ne sera pas terminé après cette manifestation. Même avec une participation massive, le gouvernement, le patronat et leurs médias-amis nous bombarderont de propagande gouvernementale afin de renverser la pression. Nous ne pouvons pas rester sans réagir. Nous ne serons que peu – voire pas du tout – écoutés dans les médias, mais sur notre terrain, au travail, à la porte des entreprises, aux cantines ou au cours d’assemblées du personnel, nous pouvons nous-mêmes rendre compte de la manifestation et de la manière dont nous pensons que les choses doivent se poursuivre. Les syndicats peuvent nous soutenir avec un nouveau mot d’ordre et un tract de masse.
Si nous sommes vraiment nombreux, le gouvernement essayera d’apaiser les dirigeants syndicaux avec de petites concessions sur certaines périodes assimilées ou en augmentant légèrement le montant pour les professions lourdes. Ne nous laissons pas piéger. Le gouvernement et les patrons craignent surtout une réédition du plan d’action de 2014, avec réunions du personnel, concentrations syndicales, davantage de manifestations et, surtout, des grèves régionales et nationales. Cela avait fait vaciller le gouvernement en décembre 2014, mais les dirigeants syndicaux ont malheureusement reculé ensuite. L’espoir que le gouvernement se tempère s’est avéré n’être qu’une illusion. Depuis lors, nous avons dû avaler des mesures antisociales les unes après les autres. Les élections représentent un moment important, mais suspendre la lutte sociale en croyant que le gouvernement sera puni dans les urnes est une stratégie dangereuse et contre-productive.
Les mesures gouvernementales signifient essentiellement devoir travailler de plus en plus longtemps pour des pensions encore plus basses que les actuelles, déjà parmi les plus modestes d’Europe. Par conséquent, un tiers des pensionnés vivent sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement belge dépense proportionnellement moins pour les pensions que ceux des pays voisins. Même si l’ensemble du programme des syndicats devait être mis en œuvre, la Belgique dépenserait toujours proportionnellement moins pour les pensions que la France ou l’Autriche par exemple. L’augmentation des profits des entreprises de l’an dernier suffit à elle seule à payer la totalité du programme des syndicats sur les pensions.
Le potentiel existe pour un puissant mouvement, non seulement en ce qui concerne les pensions, mais aussi contre la charge de travail insoutenable, comme en témoignent la victoire des grèves spontanées chez Lidl ou les grèves chez B-Post, Brussels Airlines, les fonctionnaires fédéraux et d’autres. La pleine réalisation de ce potentiel exige une préparation minutieuse à tous les niveaux.
Ce que veulent les syndicats :
- Le retour à l’âge légal de la pension à 65 ans ;
- Un régime solide et juste pour les métiers lourds et le travail pénible ;
- 1.500 € de pension garantie ;
- De meilleures pensions légales : 75 % du salaire moyen (au lieu de 60 % actuellement) ;
- L’alignement du plafond de calcul des salariés sur celui des indépendants ;
- Une meilleure prise en compte du travail à temps partiel pour la pension ;
- La liaison automatique des allocations au bien-être.
Les dirigeants syndicaux savent aussi bien que nous que l’obtention de ces revendications nécessite une majorité de gauche prête à rompre avec la politique d’austérité permanente de ces gouvernements et des gouvernements précédents et qui nous est imposée par l’Europe. Pour prendre ces revendications au sérieux, les syndicats doivent soutenir activement les partenaires qui veulent les traduire politiquement et rompre les liens entretenus avec ceux qui ne sont pas prêts à le faire. Cependant, pour consolider ces revendications, il nous faut également une société qui produit pour les besoins de la grande majorité de la population et non pour les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent généreusement leurs représentants politiques pour services rendus.
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La manifestation pour nos pensions du 16 mai ne doit pas être un but en soi

Manifestation du 19 décembre 2017. Photo : Mario. Après une campagne d’information au cours de laquelle des centaines de milliers de journaux sur les pensions ont été distribués, une manifestation prendra place le 16 mai à Bruxelles. Le dossier des pensions suscite beaucoup de colère : comment se fait-il que nous ayons à travailler plus alors que les profits augmentent ? La pression du travail signifie que peu de gens s’imaginent travailler jusqu’à 67 ans, et le gouvernement veut maintenant augmenter la pression sur chacun d’entre nous pour que nous travaillions plus longtemps de toute façon. Il faut agir. La manifestation du 16 mai est une mobilisation importante. Nombreux sont toutefois ceux qui se demandent : et ensuite, que se passera-t-il ?
Si le gouvernement devait changer d’avis après une manifestation, nous n’aurions pas à manifester à nouveau au sujet des pensions. Il serait cependant erroné d’estimer que les manifestations et les actions n’ont aucun effet. Si nous ne faisons rien, le gouvernement rongera encore plus rapidement et plus durement nos conditions de vie. Sans nos actions, le débat public est presque entièrement entre les mains de la droite, et le tandem Michel-De Wever pourra bientôt poursuivre avec une nouvelle législature. C’est plus d’actions qu’il nous faut, pas moins. Pas d’action simplement prévues pour renforcer la position de négociation des directions syndicales, mais des actions réfléchies, allant crescendo, qui impliquent des couches plus larges de la population et ont un effet sur l’opinion publique. Impossible ? À l’automne 2014, nous y sommes parvenus avec une manifestation nationale suivie de grèves provinciales puis d’une grève générale nationale.
La suspension des actions après ce plan d’action de 2014 a engendré confusion et frustration parmi de nombreux militants. Les délégués combatifs doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour transformer la frustration en une compréhension de ses causes. Les dirigeants syndicaux n’ont pas osé continuer après 2014 jusqu’à la chute du gouvernement, en partie par manque de perspectives d’alternatives à ce gouvernement. Au sein du capitalisme, peu de marge existe pour que la classe ouvrière puisse arracher des concessions. Résultat, ces dernières décennies, la social-démocratie s’est de plus en plus identifiée au capitalisme et aux politiques qui constitue à nous présenter la facture des cadeaux faits aux ultra-riches. Les syndicats peuvent eux-mêmes défendre un projet politique et mener campagne pour instaurer une pression.
Notre lutte pour une politique différente prendra du temps, nous devons nous y préparer. Après le 16 mai, les protestations ne peuvent pas s’arrêter. Un plan d’action bien élaboré et crescendo peut accroître la pression. Regardons la France et le soutien pour le mouvement social. Les actions doivent également avoir un objectif clair : la chute du gouvernement et de la politique d’austérité. Il nous faut aussi, au travers de ces actions, construire notre représentation politique contre celle des ultra-riches.
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Conflits d’intérêts et dissimilation : la N-VA roule pour l’industrie de l’armement
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gouvernement fédéral évite comme la peste le débat public sur les questions importantes. Et c’est un euphémisme. Il est hallucinant que 15 milliards d’euros soient mis à disposition pour l’achat d’avions F-35 capables de transporter et larguer des bombes nucléaires, et ce, en pleine période d’économies budgétaires.Par Sander (Dendermonde)
Pour une fois, le SP.a a joué un réel rôle d’opposition lorsque les rapports de Lockheed Martin, le fabricant des F16, sont arrivés entre leurs mains. Ceux-ci démontrent que les avions de combat actuels pourraient facilement durer plus longtemps. Quand il s’agit des pensions ou d’investir dans les soins de santé ou l’enseignement, les caisses sont vides. Mais il serait impossible de remettre en question les milliards investis dans l’armement ?! Quels intérêts servent ce gouvernement et le sommet de l’armée ? Pas les nôtres !
Ce scandale démontre que le gouvernement a fait un pas de côté en matière de démocratie et qu’il s’y tient. Aucun débat public n’a eu lieu quant à l’utilité d’investir ainsi des milliards d’euros. Cela n’a du reste jamais été l’intention. Ce gouvernement devait et allait investir dans de nouvelles armes de guerre afin de convaincre ‘‘la communauté internationale’’ (lire: les intérêts impérialistes des États-Unis, du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne) qu’il peut et veut se joindre à l’expansion et, si nécessaire, à la défense des sphères d’influence et de profits occidentales à travers le monde. Et tant mieux pour le secteur de l’armement. Après avoir démissionné en raison de contacts officieux entretenus avec Lockheed-Martin, l’ancien chef de cabinet adjoint du ministre de la Défense Vandeput (N-VA) travaille désormais comme consultant pour cette même entreprise. Vous la sentez aussi, cette odeur de conflits d’intérêts ? La N-VA a beau parler de ‘‘changement’’ à tort et à travers, elle est, en fait, plongée jusqu’au cou dans le même genre de bourbier puant.
La N-VA n’a ménagé aucun effort pour mettre son ministre hors d’atteinte. Une session parlementaire sur le dossier a été reportée de deux semaines, des audits internes (commandés par l’armée elle-même) ont été ordonnés pour influencer l’opinion publique et enfin, les militaires convaincus de la prolongation de la durée de vie des F16 actuels ont été suspendus. Lorsque, finalement, quelque chose devait être rendu public, les députés ont eu le droit d’examiner les audits internes et externes, mais sans pouvoir prendre des photos ou des notes et encore moins faire des copies. Vous la sentez aussi, cette odeur de dissimulation ?
Si la N-VA parvient à s’en sortir, elle devra remercier l’opposition. PS et SP.a ont aussi derrière eux une longue histoire de fraude et de conflits d’intérêts dans ce domaine : il suffit de penser au dossier des hélicoptères Agusta au début des années ‘90.
Au Parlement, les critiques correctement formulées contre Vandeput ne sont pas couplées à la construction d’un puissant mouvement anti-guerre dans la rue, Theo Francken, N-VA lui aussi, ne veut voir aucun réfugié dans notre pays, mais son parti fait pourtant tout son possible pour investir dans l’industrie de l’armement et dans des conflits dans lesquels la population n’a pas d’autre issue que la fuite. Les seuls gagnants sont l’industrie de l’armement et leurs marionnettes politiques.
Il nous faut construire un rapport de forces capable de défendre les intérêts des travailleurs et des jeunes et qui, par conséquent, est également responsable devant ceux-ci. Tant que l’économie restera entre les mains d’une élite richissime, les intérêts de la majorité de la population passeront toujours au second plan. Nous avons besoin d’un large mouvement des travailleurs et de la jeunesse contre la guerre et pour une autre société, une société socialiste démocratique.
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16 mai : manifestation de masse pour des pensions dignes
D’ici au 16 mai, chacun d’entre nous devrait faire une priorité absolue de la manifestation en faveur d’une “pension digne à un âge décent”. Il nous reste encore quelques jours pour convaincre nos collègues, nos amis, notre famille et nos voisins de venir. Soyez assurés que le gouvernement et le patronat attendent fébrilement de voir combien de personnes les syndicats vont faire descendre dans la rue.Cela signifie-t-il pour autant qu’ils vont mettre tous leurs projets au placard si nous sommes nombreux ? Ce n’est pas aussi simple que ça. Mais une participation faible ou modérée ne fera que renforcer leur zèle pour nous attaquer à nouveau, maintenant qu’ils le peuvent encore.
Une forte participation, en revanche, peut contrecarrer leurs plans, tempérer leur ardeur. Dans ce cas, ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour contester les chiffres de participation. Les médias seront mis sous pression pour ne pas trop y prêter attention et, si cela ne fonctionne pas, pour en minimiser l’effet autant que possible. Si nous sommes vraiment très nombreux, ils tenteront de gagner du temps, d’étaler leurs plans dans le futur et peut-être même d’essayer d’apaiser les dirigeants syndicaux avec quelques concessions cosmétiques.Ce que craignent le gouvernement et les patrons, c’est une manifestation si importante et si combative que les dirigeants syndicaux n’auront pas d’autre choix que d’y donner suite. Ils craignent surtout une réédition du scénario de 2014, avec des assemblées du personnel, des concentrations, davantage de manifestations et, surtout, des grèves régionales et nationales. Cela a fait vaciller le gouvernement en décembre 2014. C’est alors que la N-VA a fait appel à la “primauté de la politique”, au fait que les décisions sont prises par la politique et non dans la rue. Les faits ne sont toutefois des faits que dans la mesure où ils correspondent à la réalité, un gouvernement dont les mesures sont combattues massivement et activement, ne peut et ne doit pas rester debout.
Les mesures du gouvernement sur les pensions ont été expliquées en détail dans le journal des pensions que les syndicats ont distribué à plus d’un million d’exemplaires depuis mars. Essentiellement, cela signifie que nous devrons travailler de plus en plus longtemps pour des pensions qui seront encore plus basses que les actuelles, déjà parmi les plus basses d’Europe. Par conséquent, un pensionné sur trois vit sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement belge dépense proportionnellement moins pour les pensions que ceux des pays voisins. Même si l’ensemble du programme des syndicats devait être mis en œuvre, la Belgique dépenserait proportionnellement moins pour les pensions que, par exemple, la France ou l’Autriche.
Ce journal sur les pensions était une merveilleuse initiative, mais pourquoi ne pas la lier à une formation pour tous les militants pour qu’ils puissent l’expliquer à leurs collègues en toute connaissance de cause ? Pourquoi n’y a-t-il pas déjà eu une concentration syndicale autour d’elle ? Le potentiel existe pour un puissant mouvement, non seulement en ce qui concerne les pensions, mais aussi contre la charge de travail insoutenable, comme en témoignent les grèves spontanées chez Lidl ou les grèves chez B-Post, Brussels Airlines, les fonctionnaires fédéraux et d’autres. La pleine réalisation de ce potentiel exige une préparation minutieuse à tous les niveaux.
Ce que veulent les syndicats :
- Le retour à l’âge légal de la pension à 65 ans.
- Un régime solide et juste pour les métiers lourds et le travail pénible
- 1.500 € de pension garantie
- De meilleures pensions légales : 75 % du salaire moyen (au lieu de 60 % actuellement).
- L’alignement du plafond de calcul des salariés sur celui des indépendants
- Une meilleure prise en compte du travail à temps partiel pour la pension.
- La liaison automatique des allocations au bien-être
Les dirigeants syndicaux savent aussi bien que nous que l’obtention de ces revendications nécessite une majorité de gauche prête à rompre avec la politique d’austérité permanente de ces gouvernements et des gouvernements précédents et qui nous est imposée par l’Europe. Pour prendre ces revendications au sérieux, les syndicats doivent soutenir activement les partenaires qui veulent les traduire politiquement et rompre les liens entretenus avec ceux qui ne sont pas prêts à le faire. Cependant, pour consolider ces revendications, il nous faut également une société qui produit pour les besoins de la grande majorité de la population et non pour les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent généreusement leurs représentants politiques pour services rendus.
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Luttons pour nos pensions !
Si nous fêtons le premier mai aujourd’hui encore, c’est parce que cette journée de lutte commémore la force de la classe ouvrière et a entrainé des conquêtes sociales. Il est dans de nombreux cas difficile de le voir avec des fêtes ou des manifestations dociles, mais le Premier Mai est le symbole de la journée internationale de lutte pour les 8 heures. C’est la menace des mouvements révolutionnaires par en bas qui a arraché des réformes par en-haut. La Belgique ne fait pas défaut : c’est la vague de protestations consécutive à la première guerre mondiale qui nous a livré la journée des 8 heures. Cette guerre avait ouvert la voie à la révolution russe, une rupture anticapitaliste à laquelle la révolution allemande a fait écho il y a tout juste un siècle. En Belgique, les rangs des syndicats grossissaient et le suffrage universel masculin fut octroyé, de même que la journée des 8 heures. Il a fallu lutter, mais nous avons gagné !Tout cela semble bien lointain. Quand avons-nous encore gagné quelque chose et arraché de nouvelles conquêtes ? La plupart des mouvements ont un caractère défensif, pour préserver d’anciens acquis. Prenons les pensions par exemple. Nous devons nous battre contre la propagande mensongère du patronat et leurs représentants politiques. L’efficacité de ces derniers est reflétée par la concentration accrue des richesses au sommet de la société. Des rapports d’Oxfam, nous savons qu’une poignée d’individus possèdent plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Et cette tendance continue. Les revenus des CEO d’entreprises du Bel20 ont augmenté de 20% l’an dernier. Dans ces sphères-là, la norme salariale, ça n’existe pas… Cette récompense accompagnait l’augmentation des bénéfices de ces entreprises de 7 milliards d’euros.
C’est cette chasse aux profits qui est responsable des attaques contre nos pensions, pas notre espérance de vie. Mais un bon mensonge contient un élément de vérité. Nous vivons plus longtemps, c’est vrai. Et le financement de notre sécurité sociale, et donc de nos pensions, pose problème, c’est tout à fait vrai aussi. Le patronat instrumentalise ces faits pour nous en faire porter la responsabilité : refuser de réformer notre système de pension serait un désastre pour les générations futures. Cette propagande ment par omission. Elle oublie de préciser que notre productivité a augmenté de 14% entre 2000 et 2016 alors que nos salaires n’ont augmenté que de 7%. L’autre moitié a disparu dans les poches du patronat. Le revers de la médaille, c’est le spectaculaire envol du nombre de burnouts, de maladies liées au stress et de personnes qui arrêtent de travailler pour cause de maladie. Voilà qui permet de comprendre pourquoi, en dépit d’une espérance de vie en hausse, nous ne vivons en bonne santé que jusque 64 ans en moyenne. Cela non plus, la propagande patronale ne nous le dit pas.
Dans ce système capitaliste, c’est la soif de profits qui règne en maître. C’est la raison pour laquelle le financement des pensions pose problème. C’est aussi pour cela que sont ignorées des revendications parfaitement évidentes – une pension minimum de 1.500 euros équivalente à 75% du salaire au lieu des 60% actuels, le retrait des mesures visant à l’allongement de la durée des carrières et des attaques sur la prépension, le maintien des périodes assimilées, l’augmentation des pensions du privé au niveau de celles du public,…
Tout cela est pourtant nécessaire : avec 882 euros (pour les femmes) et 1.181 euros (pour les hommes) par mois en moyenne, nos aînés sont condamnés à la pauvreté. Disposer d’une pension digne est absolument envisageable, mais pas sans défier les bénéfices des grandes entreprises. Le combat sera ardu. Il nous faut le mener de la manière la plus efficace : en impliquant un maximum de collègues dans l’organisation d’actions crescendo et leur mise en pratique, en construisant de plus forts instruments politiques pour les travailleurs (la politique néolibérale des partis ‘‘partenaires’’ des syndicats affaiblit notre résistance et a plongé la social-démocratie dans une crise historique) en élaborant nos politiques alternatives et en ayant l’objectif de rompre avec ce système.
La bataille pour une pension digne et un travail soutenable vient seulement de commencer. À l’époque, la journée des 8 heures était tout aussi impossible et impayable, jusqu’au moment où la lutte est devenue mondiale. Adoptons une approche combative couplée à la perspective d’une victoire. La journée d’action nationale du 16 mai ne doit pas être la fin mais le début d’une nouvelle lutte offensive tant sur le terrain social que politique !
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Pourquoi les fonctionnaires fédéraux font-ils grève le 30 avril ?

27 février, la CGSP en action. • ‘‘Le 30 avril ne sera pas une grève ponctuelle’’ (CGSP).
• ‘‘D’autres actions suivront en mai’’ (CSC-Services publics).Ce lundi 30 avril, les fonctionnaires fédéraux partiront en grève en front commun. C’est remarquable. Il y a tout juste deux mois, le 27 février, la CGSP avait organisé seule une grève des services publics. Cette action était dirigée contre la réforme des pensions. A l’époque, les syndicats chrétiens et libéraux avaient laissé passer l’action pour donner priorité à la consultation. Depuis lors, cependant, le gouvernement fédéral et son ministre N-VA de la Fonction publique, Steven Vandeput, l’ont rendue si fade que tout le personnel sera à l’arrêt et que le front commun a rapidement été rétabli. Pour la CGSP, il ne s’agit pas d’une grève ponctuelle tandis que la CSC-Services publics annonce déjà que d’autres actions suivront en mai.
Par Eric Byl
La cause directe de la colère de la CSC est le refus de Vandeput d’accorder un jour de pont pour le 30 avril. Cela semble mineur, et cela sera présenté de la sorte par le gouvernement, mais cela provient d’une “harmonisation” du système de congés. C’est la goutte qui fait déborder le vase. Depuis l’été dernier, le gouvernement fédéral et Vandeput lancent attaque après l’autre sur la fonction publique fédérale. Le rejet de ce jour de pont s’ajoute à la suppression des nominations permanentes et du crédit maladie et à l’introduction du travail temporaire. Ces mesures, et d’autres, visent au ‘‘redesign’’ (à redéfinir) les autorités fédérales’’, qui aurait besoin d’être ‘‘plus légères et plus efficaces’’.
Cela renvoie à l’image des services publics répandue par la droite depuis des décennies, celle d’un appareil encombrant et inefficace. Dans les années ‘80, Verhofstadt, l’ultra-libéral de l’époque, fulminait au sujet du ‘‘dégraissage’’ de l’Etat. Nous supportons encore les conséquences catastrophiques de ses travaux de démolition, mais l’État n’a pas diminué de taille avec lui non plus. La même chose se produit avec Vandeput. Il ‘‘élaguera pour faire grandir’’ les autorités. Pas moins de 16.600 emplois fédéraux ont été perdus entre l’arrivée au pouvoir du gouvernement et le mois de septembre dernier, mais cela ne conduit pas à l’efficacité tant souhaitée. Les services publics fédéraux peinent au contraire à garder la tête hors de l’eau.
Pourquoi cela ? La société ne s’est pas arrêtée ces dernières décennies. Des tâches relativement simples sont devenues plus complexes. Pensez aux pensions. Autrefois, les carrières mixtes étaient exceptionnelles et la plupart des travailleurs effectuaient toute une carrière chez un ou tout au plus deux employeurs. Le calcul de leur pension était relativement simple. Les carrières d’aujourd’hui sont un enchevêtrement compliqué de toutes sortes de régimes et le calcul des pensions est un processus qui prend beaucoup de temps devant être mené à son terme par de moins en moins de personnes. Il en va de même pour l’évasion et la fraude fiscale : c’est aujourd’hui une technologie de pointe. Un certain nombre de nouvelles tâches sont aussi apparues pour les autorités publiques. La soif de profits dans l’industrie alimentaire a nécessité la création d’une agence alimentaire qui n’existait pas il y a plus de 20 ans. Il existe aujourd’hui des régulateurs d’énergie, des organismes de lutte contre la cybercriminalité et le terrorisme, des normes environnementales, des cours d’intégration civique, etc.
Vandeput veut simplifier et réduire l’administration publique pour qu’elle soit plus efficace, mais il refuse d’entendre que les tâches deviennent de plus en plus complexes et exigent de nouveaux besoins et de nouvelles spécialités. Il prétend vouloir moderniser, mais il veut en fait revenir au maigre appareil d’État pré-industrialisation, sans parler de l’ère cybernétique. Bien sûr, certaines tâches peuvent être standardisées par l’informatisation, mais lorsqu’il s’agit de faire appliquer les règles, il faut beaucoup plus de fonctionnaires sur le terrain et beaucoup plus d’investissements pour suivre le rythme des petits malins du secteur privé.
Vandeput attaque tous les fonctionnaires, mais surtout les plus fragiles. Il veut par exemple remplacer le crédit maladie pour les fonctionnaires fédéraux par un salaire annuel garanti de 30 jours. Après ces 30 jours, les fonctionnaires auront droit à 60 % de leur salaire, que l’on soit victime d’un cancer, d’un problème cardiaque, d’un accident majeur, d’un burn-out. Vandeput rendre le régime des fonctionnaires encore plus désavantageux que celui des travailleurs contractuels ou des employés du secteur privé. En cas de rechute, ils auraient à nouveau droit à un salaire garanti, alors qu’un fonctionnaire statutaire n’aurait plus de jours de maladie.
Si cela ne dépendait que du gouvernement fédéral, seuls les fonctionnaires exerçant des fonctions dites d’autorité seraient désormais nommés. On est loin de la sécurité d’emploi, qui est néanmoins le plus grand atout pour travailler pour le gouvernement fédéral. Dans l’administration fédérale, il existe principalement des fonctions spécialisées qui nécessitent un certain niveau de connaissances, d’expérience et de compétences. Si le statut disparaît, il sera encore plus facile pour le secteur privé de les recruter. Le gouvernement aura-t-il recours à des travailleurs intérimaires inexpérimentés ? Vont-ils traiter notre déclaration d’impôt ? Vont-ils vérifier la sécurité de nos aliments sans aucune connaissance ? En outre, les travailleurs intérimaires coûtent deux fois plus cher que les fonctionnaires ordinaires.
Le ministre Vandeput se défend en soulignant que les possibilités de promotion seront plus nombreuses pour tout le monde. Qu’il simplifie, modernise et veut éliminer les inégalités du passé. ‘‘Les syndicats s’y opposent-ils ?’’, demande-t-il de façon démagogique. Les syndicats soulignent que les possibilités de promotion ne protègent pas contre les licenciements lorsque le service est transféré aux régions et aux communautés dans le cadre d’une réforme de l’État. De plus, disent-ils, Vandeput dirige la fonction publique fédérale comme s’il s’agissait d’une petite PME : le niveau d’éducation et les qualifications ne sont plus importantes, la sécurité de l’emploi n’est plus une nécessité et les pénuries de personnel sont comblées par des travailleurs intérimaires. Cela peut peut-être fonctionner dans une PME, mais pas dans des services fédéraux qui exigent neutralité, objectivité et continuité ! Les propositions du ministre Vandeput mèneront à encore plus d’arbitraire et de népotisme.
L’âge de la pension a été porté à 67 ans. Beaucoup de gens ont du mal à rester au travail jusqu’à cet âge. Mais le ministre ne facilite pas les choses en abolissant le crédit maladie et en révisant le régime de congé. Travailler plus longtemps et, en même temps, réduire les possibilités de connaitre un travail faisable, c’est intenable. Il n’y a rien de plus spécifique au fonctionnaire que son statut. Il bénéficie d’une protection juridique spéciale parce que son employeur peut changer d’affiliation politique. Cette protection est garantie par le statut. Il ne s’agit pas d’un contrat de travail normal dans lequel les deux parties doivent s’entendre sur les conditions. Un fonctionnaire est nommé unilatéralement par le gouvernement et n’a aucun droit de regard sur sa rémunération ou ses conditions d’emploi. Il n’a le droit d’exiger que le respect des règles prévues par le statut. Si le statut cesse d’exister, la garantie de traitement neutre sera également nulle et non avenue. Sans nomination permanente, les fonctionnaires deviennent totalement dépendants d’un gouvernement politique.
Il y a plus de raisons qu’il n’en faut pour entamer la lutte collective, y compris avec des grèves. Malheureusement, les dirigeants syndicaux pensent trop que tout le monde est pleinement conscient de l’impact des mesures et leurs efforts pour clarifier cela sont insuffisants. La grève peut être un succès le 30 avril, mais elle n’est guère, voire pas du tout, liée à des assemblées du personnel sur les lieux de travail et à des tentatives d’impliquer autant de fonctionnaires que possible dans les piquets de grève et les autres actions. Le danger d’une telle stratégie est que l’enjeu n’est plus ressenti comme un conflit entre le personnel et le gouvernement, mais comme un conflit entre les syndicats et le gouvernement, avec le personnel comme spectateurs. Espérons que les militants saisiront l’occasion de la grève du 30 avril pour y remédier.
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Action contre l’achat de nouveaux avions de chasse : pas avec notre argent !

15 milliards. C’est le montant que le gouvernement veut investir dans de nouveaux avions de chasse, et ce, à un moment où l’on nous dit constamment qu’il faut faire des économies ! Il n’y a pas d’argent pour les pensions, les transports publics, le logement social ou la sécurité sociale. Et il y en a pour le secteur de l’armement ? Comme la FGTB le fait remarquer au sujet des pensions : « A ceux qui diront que c’est impayable, nous dirons juste que pour le coût des F-16, nous pourrions payer une pension de 1.500 euros pendant 10 ans à tous les pensionnés. »
Ce dimanche, une action avait été organisée par la plate-forme “Pas d’avions de chasse”, qui regroupe quelque 130 associations. Le gouvernement se cache derrière l’argument que la décision a déjà été prise et que la Belgique doit se conformer aux “obligations internationales”. Pour ce gouvernement, les obligations imposées par l’impérialisme et l’industrie de l’armement l’emportent effectivement sur les obligations envers son propre peuple !
Le gouvernement de droite, Francken en tête, s’oppose à l’arrivée de réfugiés, mais investit dans du matériel de guerre qui sert à participer aux guerres qui incitent les gens à fuir.
L’hypocrisie ne manque pas dans ce dossier, et la discussion montre surtout comment fonctionne ce système capitaliste : les moyens existent pour la guerre, pas pour que nous puissions vivre ensemble pacifiquement. C’est une caractéristique du capitalisme, qui porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage, comme le disait Jean Jaurès.
Nous avons besoin d’un puissant mouvement anti-guerre. Cette décision du gouvernement est très concrète : un F35 coûte autant que 12 maisons de repos, 156 parcs, 1 hôpital, 47 écoles ou 12.145 terrains de jeux. Poursuivons la dénonciation, particulièrement face à la menace de conflits à plus grande échelle en Syrie.




