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Tag: Gouvernement Michel
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Le gouvernement n’a pas la force qu’il prétend, continuons le combat sur les pensions !

Un gouvernement Michel II ? Charles Michel et ses comparses veulent nous faire croire la chose inéluctable. Mais, sondage après sondage, il semble plutôt difficile à la N-VA, au MR, à l’Open-VLD et au CD&V de trouver une nouvelle majorité parlementaire (70 sièges alors qu’il en faut 76), même avec le soutien d’un CDH en chute libre (75). Le 11 juin dernier, le Grand baromètre Le Soir-RTL-TVI-Ipsos-Het Laatste Nieuws-VTM a donné de nouvelles sueurs froides à Michel et sa bande : à la question de savoir si les sondés sont d’avis que la coalition actuelle soit reconduite si les élections le permettent, une majorité se prononce contre. Au Nord comme au Sud.
Par Nicolas Croes
C’est effectivement 64 % des sondés qui ont répondu par la négative à l’échelon national : 77 % en Wallonie, 66 % à Bruxelles et 57 % en Flandre. Un gouvernement fort ? C’est surtout la faiblesse de l’opposition qui lui permet de tenir !
Le gouvernement recule sur les pensions
Concernant les pensions, la popularité du gouvernement fédéral est au ras des pâquerettes. Toujours selon le ‘‘Grand baromètre’’, les Belges désapprouvent les mesures prises par le gouvernement Michel et par le gouvernement Di Rupo qui l’a précédé. Pas moins des deux tiers de la population rejettent la décision du gouvernement Michel de porter l’âge de la retraite à 67 ans d’ici 2030. Ce qui est bien compréhensible dans un pays où l’espérance de vie en bonne santé n’atteint pas les 64 ans en moyenne et se situe même en-dessous des 55 ans pour les travailleurs peu qualifiés.
D’autre part, en Wallonie, 82 % des sondés estiment que le système de retraite ne pourra pas leur garantir une fin de vie correcte. En Flandre et à Bruxelles, ils sont 71 % à penser de cette manière. Selon les sondés, une retraite décente se situe à 1.615 euros. C’est bien au-dessus de la moyenne actuelle de 1.181 euros pour les hommes et de 882 euros pour les femmes, ce qui ferme les portes des maisons de repos à nombre de nos aînés.
Pensions à point : la résistance sociale repousse l’attaque
Que la colère soit largement ressentie, c’était évident au regard du succès des diverses mobilisations syndicales. Après une vaste campagne d’information avec le Journal des pensions, une grande manifestation a suivi le 16 mai. Selon le quotidien patronal De Tijd, il s’agissait des funérailles du système des pensions à points. Ce projet a été reporté à la prochaine législature.
Histoire de préparer le terrain, le gouvernement veut d’abord se pencher sur le régime des pensions pour les professions lourdes. Selon le CD&V – qui prétend être le ‘‘visage social’’ du gouvernement – le dialogue social sera la clé de voûte du projet. Mais quelle marge de négociation peut-il bien rester si le budget global pour les professions lourdes est fixé à l’avance ? La seule chose que le gouvernement permet de négocier, c’est l’ampleur de l’attaque, un peu plus dure pour les uns, un peu plus douce pour les autres. Une excellente façon de diviser en montant les professions les unes contre les autres.
C’est ce à quoi nous avons assisté avec la proposition à destination du secteur public : environ 50% des employés y seraient couverts par le régime des métiers pénibles. A droite, ce fut le tollé. Ces cris d’indignation visaient toutefois surtout à masquer le recul social : dans le cadre du régime existant, 62 % des fonctionnaires bénéficient d’un régime de retraite avantageux (celui des ‘‘bonus préférentiel’’) ! Ne nous laissons pas monter les uns contre les autres : si le gouvernement laisse un peu de répit à certaines professions, c’est pour mieux leur enlever leurs ‘‘privilèges’’ ensuite, après une première vague d’économies. Et n’oublions pas que l’abandon du régime actuel dans le secteur public facilitera l’introduction du système des pensions à points.
Continuons le combat
La riposte en défense de nos pensions doit être à la hauteur de l’attaque. La manifestation pour des ‘‘pensions dignes à un âge décent’’ du 16 mai a donné un aperçu de ce qui est possible avec 70.000 manifestants. Le gouvernement a dû reporter le système des pensions à points.
Ne laissons pas au gouvernement et aux partons l’initiative, et partons à la contre-offensive avec les revendications défendues par les syndicats : une pension minimale de 1.500 euros par mois, une pension équivalente à 75% du dernier salaire au lieu de 60% actuellement, le retrait de toutes les mesures du gouvernement actuel et des gouvernements précédents contre les fins de carrière.
Autour de ces exigences, nous avons déjà l’opinion publique de notre côté. Ce gouvernement n’est pas aussi fort qu’il le prétend. Qu’attendent donc les dirigeants syndicaux pour annoncer une campagne de mobilisation crescendo à l’automne ?
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Migration. Francken veut s’inspirer du « modèle Australien » : de quoi s’agit-il ?
Alors que le nombre de tentatives de suicides, de violences et trafics divers ne fait qu’augmenter dans les centres de détention australiens (1) (principalement à Nauru et Manus), qu’un réfugié iranien de 26 ans détenu à Nauru vient de mettre fin à ses jours il y a quelques semaines (2) et que les Nations Unies condamnent officiellement la politique d’immigration australienne (3)…Théo Francken réitère son admiration du « modèle australien » dans divers médias belges (4).Par Brune (Bruxelles)
Après l’affaire Mawda et la prochaine ouverture d’une aile pour familles de migrants avec enfants (5) dans un centre fermé, Francken semble vouloir aller plus loin en affirmant qu’il est possible d’appliquer la politique du « No Way » australienne, que la politique d’asile évolue vers un système avec « zéro demandeur d’asile à Bruxelles ». «Nous devons remplacer le modèle actuel, qui se base sur les requêtes à l’initiative des demandeurs d’asile après une entrée illégale sur le territoire, par le modèle australien, dans lequel on pratique uniquement une immigration légale limitée», a écrit Francken sur sa page Facebook.
Mais quel est ce fameux « modèle australien » ? Pourquoi la NVA propose-t-elle un modèle similaire ?
La politique du « No way »
Il y a en ce moment 1.369 réfugiés enfermés dans divers centres de détention australiens, dont 7 enfants (6). La durée moyenne d’une détention est de 826 jours (février 2018), jusqu’à 4 ans pour certains, sans aucune information de la progression de leur application. Deux de ces centres sont offshores : Nauru et Manus Island. La Papouasie-Nouvelle-Guinée et Nauru sont soudoyés par le gouvernement australien pour accepter ces installations sur leurs côtes. Celui-ci a d’ailleurs été embarrassé en 2016 lorsque la Cour suprême de Papouasie-Nouvelle-Guinée a statué que le centre de détention de l’île de Manus était illégal.
Le tribunal a déclaré que les réfugiés étaient “emmenés de force en Papouasie-Nouvelle-Guinée” et détenus dans un établissement “enfermé avec des barbelés”. Les centres de détention australiens ont été qualifiés de “torture”. Certains réfugiés ressortent de ces prisons avec des problèmes de santé mentale extrêmes. Les détenus sont victimes d’intimidation et les installations sont inadéquates. Au moins un réfugié en détention est mort des suites de soins médicaux médiocres. Il y a eu des dizaines de suicides, et l’automutilation est courante.
Le gouvernement australien gaspille plus d’un milliard de dollars par an pour le fonctionnement des centres de détention, versés à une série d’entreprises privées. Cela inclut Wilson Security, une société versée dans des scandales de corruption et détenue par les frères Kwok de Hong Kong. Le gouvernement australien dépense entre 239 000 $ et 400 000 $ par an pour chaque réfugié en détention – 400 000 $, le salaire de huit travailleurs à temps plein en Australie !
Le Parti socialiste d’Australie (la section-sœur du PSL) fait campagne pour que les réfugiés puissent rester et s’installer en Australie. Ils exigent que l’argent gaspillé dans les centres de détention soit utilisé pour financer la création d’emplois, des logements sociaux de haute qualité et des services pour les réfugiés et les travailleurs.
Des dizaines de milliers de personnes en Australie protestent chaque année contre l’emprisonnement des réfugiés. En février 2016, un bébé réfugié nommé Asha a été soigné dans un hôpital de Brisbane. Le gouvernement voulait expulser Asha vers un centre de détention offshore. Le personnel hospitalier a refusé cela. La communauté a formé un piquet de grève à l’hôpital. Ils ont arrêté chaque voiture et ont exigé de vérifier celles-ci pour s’assurer qu’elle n’emportait pas Asha. Le gouvernement a été contraint de renoncer à envoyer celle-ci en détention.
L’Australie blanche
La classe dirigeante australienne a une tradition de politique raciste anti-immigration. Dans les années 1850, des restrictions ont été imposées aux immigrants chinois. La “politique de l’Australie blanche”, qui a duré de 1901 à 1966, a été créée pour limiter l’immigration de personnes non européennes. Les politiciens ont parlé du “péril jaune” – le “jaune” est une insulte raciste utilisée contre les Asiatiques.
Dans les années 1990, le parti politique ” One Nation ” a été lancé pour s’opposer à l’immigration chinoise. La tête du parti, Pauline Hanson, disait alors aux Australiens qu’ils risquaient d’être “submergés par les Asiatiques”. Le Parti socialiste a organisé à l’époque la résistance contre One Nation, menant des grèves d’écoliers et participant à des manifestations contre leur racisme anti-asiatique.
Le racisme est utilisé pour diviser les travailleurs les uns contre les autres et pour distraire les Australiens en blâmant les étrangers pour les problèmes causés par le capitalisme – chômage de masse et coupures dans l’aide sociale, les hôpitaux et l’éducation. Plus récemment, ce racisme s’est retourné contre les personnes issues du Moyen-Orient, et les réfugiés en ont été les victimes.
La crise de l’île de Manus, la situation actuelle
Depuis la déclaration de son illégalité en 2016, rien n’a été fait, ou très peu, pour clôturer le centre de détention de l’île de Manus. D’innombrables demandeurs d’asile sur l’île sont coincés dans les limbes de l’immigration. Il reste environ 600 réfugiés sur l’île, dont beaucoup sont détenus depuis plus de 4 ans.
Il n’y a pas de véritable plan pour permettre aux réfugiés de quitter l’île. Au lieu de cela, ils devaient être transportés vers des “centres d’hébergement alternatifs”, des centres de transition dans la ville de Lorengau.
Les centres de transition n’étaient pas terminés en octobre et l’hébergement (des conteneurs) dans ces nouveaux centres est largement en dessous des normes. La décision de la cour en 2016 signifie que le gouvernement australien est maintenant incapable de garder les gens enfermés dans le centre de détention offshore, mais les réfugiés qu’il détient restent piégés sur l’île. Ils n’ont pas de papiers, pas de travail, pas de comptes bancaires.
Pour empirer les choses, le gouvernement a réduit le nombre d’établissements de soins de santé qui étaient auparavant destinés aux réfugiés. Lorsque le centre de détention a été forcé de fermer, de nombreux services, dont les soins de santé, ont été retirés. Les services de consultation et de traumatologie sont partis avec l’ancien centre et n’ont pas été remplacés.
Depuis la fermeture du centre, des cliniques à petite échelle ont ouvert sur les trois centres d’hébergement. Mais ils n’ont pas remplacé les anciens services et ils n’offrent pas de service après les heures d’ouverture, de soins aux patients en phase critique ou de soins aux personnes incapables de quitter leur lit.
Pour ajouter au problème, le gouvernement australien a mis fin à son contrat avec le prestataire de services de santé International Health and Medical Services, IHMS. Les services de soins de santé sont maintenant transférés à des entrepreneurs locaux et au système de santé publique de Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Selon une étude d’Amnesty International, l’hôpital Lorengau de l’île de Manus fonctionne à 33 % au-dessus de sa capacité. La moitié des postes de médecins et 43 % des postes d’infirmières demeurent vacants. L’année dernière, deux réfugiés de l’île de Manus se sont suicidés. Un autre réfugié est mort après avoir sauté d’un autobus à la fin mai. Les changements apportés au système de soins de santé entraîneront probablement plus de décès sur Manus.
Maintenant que le centre de détention a été fermé, la question se pose de savoir ce qu’il adviendra des réfugiés actuellement pris au piège sur l’île. L’île de Manus est une petite île où sévit le chômage et a une économie en difficulté. L’île de Manus a une population de seulement 50 000 habitants et des ressources extrêmement limitées, ce qui signifie que l’installation à long terme des réfugiés n’est pas viable sans l’aide constante du gouvernement australien.
Bien qu’il existe un accord avec les États-Unis pour échanger certains réfugiés sur Manus contre des réfugiés d’Amérique centrale, ce n’est pas une option viable pour de nombreux réfugiés sur Manus. L’interdiction d’immigration de Trump sur les citoyens de l’Iran, de la Libye, de la Somalie, de la Syrie et du Yémen signifie que beaucoup se verront refuser l’asile aux États-Unis.
La Nouvelle-Zélande a offert d’accueillir des réfugiés, mais le gouvernement australien refuse cette offre. Ils prétendent croire que cela encouragera plus de bateaux et que les réfugiés utiliseront les lois de la Nouvelle-Zélande en matière d’immigration comme porte dérobée vers l’Australie.
La seule solution viable est d’autoriser les réfugiés à venir en Australie. Il n’y a aucune raison pour que tous ceux de Manus et ceux de Nauru ne puissent pas être amenés en Australie, logés dans la communauté. La raison pour laquelle le gouvernement ne s’engage pas dans cette voie est d’ordre politique.
Ce ne sont pas quelques milliers de réfugiés qui sont responsables de la montée en flèche des loyers, des pertes d’emplois et des services inadéquats. La faute en incombe aux gouvernements capitalistes et aux grandes entreprises qu’ils représentent.
Les travailleurs australiens doivent faire campagne pour des logements abordables, des emplois décents et des services publics adéquats pour tous. Nous devrions lier nos campagnes pour de meilleurs niveaux de vie au besoin de droits des réfugiés. Nous devons mettre fin à la détention obligatoire et aux centres offshores.
Nous ne devrions pas permettre au gouvernement de monter différents groupes de personnes exploitées les uns contre les autres. Il y a plus qu’assez de richesses en Australie pour subvenir aux besoins de tous, y compris les réfugiés. Le problème, c’est qu’il est détenu par les 1% de la population.
La politique de la NV-A
En Belgique aussi, les divisions sont une arme dans les mains des politiciens à la botte des capitalistes. La politique de criminalisation des migrants, sans papiers et demandeurs d’asile en est l’expression la plus vive. Comme nous le disions récemment dans un article du PSL : « Le 15 mai 2018, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken a reçu le feu vert du Kern (Conseil restreint des ministres) pour le projet d’adoption d’un arrêté royal sur le placement d’enfants en centres fermés dès juillet. Cette politique raciste du gouvernement, menée à coups de rafles, d’enfermements et de violence est allée jusqu’à causer la mort d’une fillette de deux ans, la jeune Mawda, dont la famille kurde fuyait la terreur instaurée par l’État islamique en Irak ».
L’ouverture de 3 nouveaux centres fermés est prévue d’ici 2021 afin de doubler la capacité de rétention. Il s’agit bien de véritables prisons où des hommes, des femmes et des enfants, qui n’ont commis aucun délit et qui ne sont passés devant aucun juge, sont enfermés.
Le gouvernement a décidément de l’argent pour enfermer les migrants, y compris leurs enfants, mais il n’en a pas pour créer des emplois convenables et mener une politique sociale pour la population.
La politique de Théo Francken, et son amour pour le « No way » australien est l’expression d’une politique pour diviser, détourner l’attention de l’opinion publique des vrais responsables des politiques d’austérité antisociales et utiliser les migrants comme boucs émissaires.
Bien que la politique insulaire permettant à l’Australie d’envoyer des réfugiés dans des îles perdues dans l’Océan Pacifique ne soit pas applicable à la Belgique, de telles déclarations permettent à Francken de flatter son électorat et sa base de soutien au sein de la NV-A ; en comparaison des Michels and Co. celui-ci paraît être « l’homme de la situation », un homme prêt à répondre aux problèmes de l’immigration avec fermeté.
Il est très important de répondre à cela en mettant en avant la réalité derrière ce type de politique d’immigration, qu’elle soit Belge ou Australienne : une réalité cruelle et meurtrière.
L’indignation n’est malheureusement pas suffisante. Il faut organiser la colère en forgeant un rapport de forces chez les jeunes, les travailleurs et d’une manière générale auprès de tous et toutes pour exiger les démissions de Jambon, de Francken et la fin de toutes ces politiques racistes.
Ainsi, le PSL mobilise largement pour des manifestations diverses afin de soutenir les associations de sans-papiers, les collectifs, les syndicats contre la politique migratoire répressive du gouvernement. Une convergence des luttes est indispensable pour que les richesses que l’on produit soient mises à profit de l’ensemble de la population, afin d’en finir avec un système barbare qui ne produit que misère et inégalités, partout dans le monde.
NOTES
1. https://www.theguardian.com/australia-news/2017/may/18/self-harm-suicide-and-assaults-brutality-on-manus-revealed
2. https://www.theguardian.com/world/2018/jun/15/iranian-asylum-seeker-dies-by-suicide-on-nauru
3. https://www.theguardian.com/world/2018/jul/08/un-body-condemns-australia-for-illegal-detention-of-asylum-seekers-and-refugees
4. http://www.lesoir.be/151237/article/2018-04-15/no-way-theo-francken-veut-adopter-la-politique-dimmigration-australienne-video
5. https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_un-centre-ferme-pour-familles-avec-enfants-inacceptable-pour-les-associations?id=9918169
6. https://www.refugeecouncil.org.au/getfacts/statistics/aust/asylum-stats/detention-australia-statistics/ -
Avortement. Le gouvernement vend le statu quo comme un progrès
La mobilisation est cruciale pour que l’avortement devienne un réel droit !
Après avoir tout d’abord donné l’impression que le gouvernement allait remettre au prochain gouvernement de prendre une décision, Michel a sorti un lapin blanc de son chapeau. Exemple typique du « compromis à la belge » : l’avortement jusqu’à 12 semaines est retiré du code pénal, mais il reste un délit si des conditions très restrictives ne sont pas remplies. Cela illustre singulièrement les limites du lobbying sans construction d’un rapport de force en dehors du parlement. Si le mouvement pro-choix en Irlande s’en était tenu à une telle approche, sa récente victoire aurait été impossible. Après tout, ce n’était pas une “révolution silencieuse”, mais bien une mobilisation de masse très bruyante qui a duré des années !Réaction d’Anja Deschoemacker du site de la Campagne ROSA
Qu’est-ce qui changera si la proposition des partis au pouvoir est approuvée ?
Actuellement, quiconque avorte ou aide à avorter est punissable, à moins qu’un certain nombre de conditions ne soient remplies. Les femmes doivent être dans une situation d’urgence, mais ce sont les femmes elles-mêmes qui interprètent cela. L’avortement peut être pratiqué au plus tard après 12 semaines de grossesse, ce qui comprend la semaine obligatoire de “délai de réflexion”. Après 12 semaines, l’avortement n’est possible que si la poursuite de la grossesse présente un danger grave pour la vie de la femme ou s’il est établi que l’enfant souffre d’une maladie incurable.
Aujourd’hui, l’avortement devient un droit plutôt qu’un crime si ces conditions sont remplies. Les conditions elles-mêmes restent inchangées. Les centaines de femmes belges qui doivent se rendre à l’étranger chaque année parce qu’elles se sont rendus compte trop tard de leur grossesse indésirée devront continuer à le faire. Et elles restent condamnables !
Le délai de réflexion obligatoire est maintenu, mais il serait possible de l’ajouter aux 12 semaines. Comme si les femmes étaient de petits enfants incapables de penser par elles-mêmes avant de demander qu’un avortement soit pratiqué !
De plus, les médecins qui refusent de pratiquer un avorter devront désormais réorienter les femmes vers d’autres médecins. Là aussi, la réalité de la pratique est simplement établie aujourd’hui et transposée en droit.
Tout cela est également lié à un accord sur la reconnaissance des enfants mort-nés, que le CD&V et la N-VA ont mis sur table pour accepter de dépénaliser l’avortement. A quel point peut-on être cynique ? Le droit de chaque femme de décider sur son propre corps – et oui, un fœtus fait partie du corps de la femme jusqu’à la naissance, puisqu’il ne dispose pas de moyens de subsistance indépendants – est opposé au droit de faire officiellement son deuil dans le cas d’un enfant mort-né. Comme si la reconnaissance de l’un rendrait la reconnaissance de l’autre impossible.
Pourquoi cette proposition arrive-t-elle maintenant ?
Il s’agit d’une tentative cynique de rendre impossible tout progrès réel. Selon le quotidien flamand De Standaard, les parlementaires des partis au pouvoir favorables à un changement beaucoup plus important auraient eu difficile à tout simplement rejeter la proposition des partis d’opposition. Ils peuvent maintenant le faire en toute tranquillité pour ensuite approuver la proposition du gouvernement et ses progrès purement symboliques et extrêmement limités – la seule chose que le CD&V et le N-VA permettent. On évite de cette manière qu’une majorité parlementaire alternative ne se dégage en faveur d’une proposition plus ambitieuse.
La proposition des partis d’opposition est cependant plus conforme aux témoignages des experts lors des auditions parlementaires. Pour la grande majorité des femmes souhaitant avorter, l’extension du délai légal à 18 semaines et la réduction du délai de réflexion à 48 heures représenteraient de grands pas en avant. Les experts appellent également à une véritable dépénalisation, qui doit inclure le retrait de toutes les sanctions. La proposition du gouvernement ne fait que reformuler d’une autre manière la situation qui prévaut aujourd’hui dans les faits.
Comment pouvons-nous empêcher que cela ne se reproduise ?
Les partis d’opposition (PS/SP.a, Ecolo/Groen, Défi, PTB/PVDA) qui ont soutenu l’avancée réelle susmentionnée ont été rejoints par des députés de l’Open VLD et du MR. Cependant, aucune de ces forces n’a livré une véritable bataille, le sujet est resté cloisonné aux sessions parlementaires.
On peut dire la même chose des grands partis irlandais et de la direction des organisations féministes bourgeoises – qui, là aussi, avaient limité leur action au lobbying. Sans l’existence de députés tels que Ruth Coppinger (Solidarity) et d’organisations telles que ROSA-Irlande – qui ont saisi chaque occasion de pousser le débat dans la rue et ont utilisé chaque tentative de limiter les avancées comme une opportunité pour une mobilisation de masse – l’Irlande n’aurait jamais fait un tel pas en avant.
Il va sans dire qu’en Belgique, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) soutient les propositions législatives des partis d’opposition. Nous appelons ces partis et toutes les organisations féministes à faire pression pour imposer dès que possible un changement réel, dans le cadre d’une campagne de mobilisation ambitieuse avec un calendrier d’actions. Si tel est le cas, ROSA sera un allié très dynamique. C’est de cette manière que l’Irlande est allée de l’avant d’un grand bond en avant !
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ROSA se bat pour un véritable programme pro-choix, qui défend la possibilité de réellement prendre une décision en toute liberté, c’est-à-dire le droit de décider librement de procéder à un avortement, mais aussi celui de ne pas être poussée à avorter uniquement par nécessité financière.
- Les femmes doivent avoir le droit de décider sur leur propre corps : l’avortement doit être retiré du droit pénal !
- Pour des allocations familiales qui couvrent les coûts réels d’un enfant ! (1)
- Pour des contraceptifs gratuits et accessibles librement (dans les écoles et les universités par exemple) afin d’éviter les grossesses non désirées, y compris chez les mineures, les femmes les plus précarisées et les femmes sans papiers.
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Note
1. Selon l’association Gezinbond : « chaque enfant coûte en moyenne 492,15 euros par mois. Cela n’inclut pas les frais de garde d’enfants et l’enseignement. Cette moyenne est un montant purement théorique : les coûts réels d’un enfant varient considérablement en fonction de l’âge. Un enfant de moins de 5 ans coûte en moyenne environ 334 euros par mois, alors que les enfants de 18 à 24 ans vivant à la maison coûtent 634 euros. » Het Laatste Nieuws, 3 juillet 2018 -
‘‘Les syndicats perdent des membres’’ ? Que se passe-t-il ?

Manifestation du 16 mai en défense de nos pensions. Photo : Walter. Début juin, la presse dominante a adopté un ton triomphant pour annoncer une perte de membres chez ‘‘les syndicats’’. Avec empressement, les divers auteurs en ont conclu que les syndicats sont en perte de popularité en raison de leur opposition au gouvernement Michel. Il n’est pas toujours facile d’évaluer dans quelle mesure l’augmentation ou la diminution du taux d’affiliation syndicale reflète les tendances économiques ou plutôt les politiques syndicales. Nous estimons cependant que les analystes capitalistes vont bien vite en parlant sans équivoque d’une ‘‘crise dans les syndicats’’.
Par Peter Delsing
Le haut degré de syndicalisation en Belgique a longtemps été une source de grognements insatisfaits du côté patronal, chez les journalistes de droite et dans les partis néolibéraux tels que le MR, la N-VA ou l’Open VLD. Environ 55% des salariés belges sont syndiqués. En y incluant les chômeurs et les préretraités, on parvient à un niveau de syndicalisation d’au moins 74% en Belgique en 2015.(1)
Cette force potentielle des travailleurs, c’est précisément ce que veulent saper, rabaisser et diviser le capital et ses médias. Ils opposent les réfugiés aux Belges, les Flamands aux Wallons, les jeunes aux vieux, les travailleurs actifs aux inactifs, en bonne santé aux malades, du privés aux fonctionnaires,… Il ne se passe pas un jour sans que les multiples voix de l’establishment n’entonnent leur refrain reprochant à l’un ou à l’autre bouc émissaire le manque de logements abordables, d’emplois bien rémunérés, de services de qualité, etc. Ce n’est jamais la faute de la tendance à la suraccumulation des capitaux, à la politique d’austérité et la baisse du pouvoir d’achat, ou à l’avidité sans borne des profits des capitalistes.
Depuis 2014, les syndicats belges auraient ensemble perdu 88.000 membres.(2) La part de loin la plus importante est représentée par la CSC, qui a perdu 76.000 membres. Pour la FGTB, on parle sur la même période d’une croissance de 28.000 membres en Flandre et d’une perte de 17.000 en Wallonie.
A l’automne 2014, nous avons connu un large mouvement syndical, qui a isolé et ébranlé le gouvernement, avec un plan d’action allant crescendo fait de concentrations syndicales, d’une manifestation nationale de 150.000 personnes, de grèves régionales et d’une grève générale nationale. La CSC, cependant, a été la première à rompre le front de résistance sociale, contre la volonté de beaucoup de ses militants ou de secteurs.
Selon nous, la CSC paie ici le prix de sa position moins combattive dans ce vaste mouvement et dans un certain nombre de conflits d’entreprise plus récents. Localement, nous constatons que, lorsque la FGTB adopte une attitude combative dans des conflits concrets (ce qui n’est pas toujours le cas), l’affiliation augmente. Les médias bourgeois vendent de la propagande en disant que l’action syndicale et la lutte font fuir les affiliés. C’est tout l’inverse.
Les syndicats belges restent des mastodontes et des armes de choix pour l’autodéfense des travailleurs. Nous ne devons toutefois pas non plus être aveugles ou manquer de critiques à l’égard de nos propres dirigeants syndicaux. Si la désillusion se faufile dans les rangs après que la lutte ait été abandonnée ou arrêtée d’en haut, si les jeunes et les militants ne sont pas idéologiquement formés quant au rôle de la lutte de classe et à ses phases, alors une rechute temporaire peut survenir.
Récemment, la lutte a réussi à remporter un certain nombre de victoires, comme à Lidl, avec plus de personnel à la clé. Certaines couches de militants en tireront des conclusions d’une plus grande portée pour des conflits plus généralisés. Nous avons besoin de réseaux de militants syndicaux combattifs pour discuter de la manière de construire efficacement une relation de force. Il nous faut parallèlement un relais politique massif pour les revendications syndicales et une discussion approfondie sur l’alternative dont nous avons besoin face au système de profit.
(1) Trends, 16/04/15
(2) De Tijd, 07/06/18 -
[PHOTOS] Manifestation pour la régularisation des sans-papiers

Ce dimanche, une manifestation en faveur de la régularisation des sans-papiers appelée par la Coordination nationale des sans-papiers a regroupé 2000 personnes. On pouvait y constater une grande colère contre la politique d’asile répression des autorités, encore tout récemment illustrée par les propos scandaleux du secrétaire d’Etat à la migration Theo Francken concernant le contournement de la Déclaration des droits de l’Homme. Le nom de Mawda était sur toutes les lèvres, et nombreux sont ceux qui ont fait le parallèle avec Semira Adamu, décédée il va y avoir tout juste 20 ans dans le cadre de son expulsion du pays. Aujourd’hui, les sans-papiers sont condamnés au travail au noir avec des salaires de misères dans des conditions d’extrême exploitation. Si le gouvernement ne veut pas connaître la régularisation, c’est notamment pour défendre les intérêts des employeurs qui recourent à cette main-d’œuvre bon marché et corvéable à merci.
>> Lire le tract que nous avons distribué à cette manifestation
Quelques photos de Mario:
[embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/TzZo9iyRPgwjTeYWA]
Photos de Liesbeth:
[embed-google-photos-album https://photos.app.goo.gl/a6ooWRycSRa1q4Er7] -
Contre une politique d’asile qui s’enfonce dans l’horreur, développons la résistance !
Theo Francken entend ‘‘trouver une manière de contourner l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’homme’’ (celui qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants) pour permettre le ‘‘refoulement’’ de bateaux chargés de migrants vers les côtes africaines. Le gouvernement n’avait d’ailleurs pas hésité à renvoyer des sans-papiers vers la dictature soudanaise. Francken a facile de se retrancher derrière la politique de l’Europe-forteresse, qui n’a eu aucun problème à conclure des accords avec la Turquie d’Erdogan et avec les milices libyennes.Rafles au parc Maximilien, projet de loi permettant les perquisitions à domicile chez des sans-papiers, traques policières dans le monde associatif et culturel, projet d’ouverture d’un centre fermé pour enfants, etc. : la politique d’asile de Michel et sa bande est faite de terreur et de répression systématique. Avec l’étude commandée à la Banque nationale sur le ‘‘coût de la migration’’, c’est carrément une mesure du programme raciste en 70 points du Vlaams Blok qui est adoptée par le gouvernement. C’est ce contexte politique qui est responsable du décès de la petite Mawda. 20 ans après la mort de Semira Adamu, la politique d’asile belge tue toujours.
Les autorités visent aussi à imposer le silence à la solidarité. En riposte à la lettre ouverte des 11 recteurs d’universités qui appuyait la demande de régularisation définitive de la famille de Mawda, Francken n’a pas hésité à menacer : ‘‘Si les recteurs veulent jouer à un petit jeu politique (…), ils seront confrontés à un retour de boomerang.’’ Les perquisitions à domicile doivent d’ailleurs également viser les personnes solidaires. Contrairement à la France, le ‘‘délit de solidarité’’ n’existait pas en Belgique. Mais 12 personnes qui ont accueilli des migrants chez elles seront bientôt jugées pour participation présumée à une ‘‘organisation criminelle de traite des êtres humains’’.
Diviser pour mieux régner
Cette politique prône et légitime la déshumanisation de notre société. Car il ne faut pas s’y tromper, le gouvernement veut rendre acceptable la violence contre une couche de la population pour mieux s’en prendre à d’autres. Comme les chômeurs, chassés depuis déjà de nombreuses années, ou les malades de longue durée plus récemment. Attiser la haine contre les migrants aide à diviser la population. Et Michel & Co savent changer de cible quand bon leur semble. A leurs yeux, on est d’office un nuisible dès lors que l’on se met en travers de leur logique néolibérale.
Pendant ce temps, les sans-papiers restent sans espoir, sans statut et donc sans droits. Forcés, donc, de se soumettre à des conditions d’exploitation qui, en retour, instaurent une pression sur les conditions de salaire et de travail de tout un chacun. Cela aussi, le gouvernement le sait très bien.
De la solidarité à la résistance
En septembre, cela fera 20 ans que Semira Adamu est décédée, elle aussi victime du racisme d’Etat. Ce sera une autre occasion d’investir le débat public et d’y faire entendre une autre voix que celle de la haine et de la division – le mieux serait avec une nouvelle manifestation, de masse – peu de temps avant les élections communales. La colère contre la politique antisociale devra également résonner dans les prochains scrutins, jusqu’aux élections régionales, fédérales et européennes de 2019.
Cette colère doit être armée d’une alternative : la régularisation des sans-papiers, l’abolition des centres fermés pour étrangers, la garantie de liberté de circulation, la fin des expulsions et de la criminalisation des personnes sans-papiers. Cela exige aussi de défendre le droit au logement pout toutes et tous, migrants ou non. Ainsi, de réelles ‘‘communes hospitalières’’, devraient recourir à la loi Onkelinx de 1993 qui permet la réquisition de logements vides ainsi que défendre un plan d’investissements publics massifs dans les logements sociaux. La même logique doit prévaloir pour l’accès aux soins médicaux ou à l’éducation.
A l’heure actuelle, toute réforme exige une lutte révolutionnaire. Les revendications qui précèdent doivent aller de pair avec une lutte soutenue pour l’unité de tous les travailleurs contre l’austérité et le racisme, pour une société débarrassée de toutes les formes de discrimination. Ce système de misère et d’exploitation, nous le rejetons. Il repose sur la guerre et le pillage néocolonial qui ne laissent d’autres choix à d’innombrables personnes que de risquer leur vie et de fuir. Construisons un rapport de forces de lutte et de solidarité vers l’instauration d’une société socialiste démocratique, sans exploitation et concurrence impitoyable, où les leviers de l’économie seraient aux mains de la population, sous son contrôle et sa gestion démocratiques.
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La large mobilisation illustre l’illégitimité de la réforme des pensions : Michel doit reculer
Celui qui prétend que manifester ne sert à rien en a été pour ses frais le mois dernier avec la manifestation pour les pensions. Le ministre des Pensions Bacquelaine (MR) avait prévenu qu’il ne changerait pas de cap, mais, selon le journal patronal De Tijd, la pension à points a, en fait, dû être enterrée. Selon Le Soir, le gouvernement ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour imposer ses plans tels quels et se concentrera d’abord sur les élections. La participation massive a eu une influence sur la teneur de la réforme des pensions, mais nous n’avons pas encore gagné. Nous n’obtiendrons une victoire sur l’ensemble du dossier que si nous persévérons via un plan d’action sérieux.Par Eric Byl
Que ce serait-il passé si nous n’avions été que 30.000 ? Ce chiffre était diffusé par les médias au tout début de la manifestation, mais a ensuite dû être revu à la hausse : 55.000 selon la police, 70.000 selon les syndicats. Le gouvernement aurait pris 30.000 manifestants pour un laissez-passer concernant les métiers lourds, les périodes assimilées et pour faire avancer la pension à points. Les médias auraient surtout parlé des embouteillages causés par la manif. Le patronat aurait expliqué qu’étudier plus longtemps, vivre plus vieux et partir plus tôt en pension est intenable. Beaucoup de travailleurs seraient tombés dans le fatalisme.
Heureusement, il n’en a rien été. Cela illustre que le patronat et le gouvernement ne peuvent pas s’en tirer si facilement que ça avec des demi-vérités et des mensonges complets. Le fait que nous restions plus longtemps aux études s’explique par les exigences du patronat qui propose des emplois qui demandent des qualifications toujours plus élevées. Corrigé après inflation et en prix de 2016, nous sommes aujourd’hui 5,6 fois plus productifs qu’en 1950 par heure travaillée. Même en tenant compte de la chute du nombre d’heures de travail, chaque travailleur rapporte encore en moyenne 4,2 fois la valeur d’alors chaque année. Le nombre de pensionnés a augmenté, mais pas dans cette mesure, loin de là. Ce qui a augmenté dans la même proportion, et même bien au-delà, c’est les bénéfices d’entreprise ; le nombre de burnouts et de dépressions a aussi explosé parce que la pression au travail ne fait qu’augmenter, et non pas parce que nous surchargeons notre temps libre de loisirs, comme le prétend le patronat.
Bart De Wever (N-VA) considère que la manifestation est “incompréhensible”, la réforme des pensions étant “selon lui aussi inévitable que les changements climatiques” pour “arriver à un équilibre sain avec les coûts salariaux”. Nous savons de suite ce qu’il faut entendre. Raoul Hedebouw (PTB) a expliqué au parlement pourquoi De Wever ne nous comprend pas : il devrait, lui, bénéficier d’une pension mensuelle de 6500 € ! Après avoir relevé l’âge de la pension et celui de la pension anticipée, supprimé les périodes assimilées et annoncé la fin des tantièmes préférentiels, le ministre des Pensions Bacquelaine s’étonne que les syndicats s’opposent à “de nouveaux droits pour les travailleurs”. Ceci après avoir supprimé les anciens droits, bien meilleurs. Comme un mensonge n’est cru qu’après avoir été suffisamment répété, De Wever poursuit : “nous avons toujours dit que nous ne toucherions pas aux droits acquis.”
Même De Standaard a dû reconnaître que la stratégie syndicale porte ses fruits. “La différence par rapport à la manifestation précédente du 19 décembre dernier est flagrante”. De Standaard l’explique par une meilleure préparation, entre autres, via “l’édition du journal des pensions”. Quoi qu’il en soit, la participation sur beaucoup de lieux de travail est remontée au niveau de celle de 2014, lorsqu’un plan d’action constructif avait fait chanceler le gouvernement, mais les dirigeants syndicaux avaient malheureusement étouffé le feu et permettant au gouvernement de se redresser. Nous ne pouvons répéter cette erreur. Le gouvernement essaiera peut-être d’amadouer les leaders syndicaux en reconnaissant encore quelques périodes assimilées ou en relevant l’enveloppe de 40 millions destinée aux métiers lourds. La pension à points sera reportée et reviendra plus tard sous une autre forme. Nous ne pouvons nous en satisfaire et devons mener une lutte sérieuse pour réellement réaliser les revendications reprises dans le journal des pensions. Comme nous l’écrivions dans notre tract pour le 16 mai : “Après une participation massive, tout reste possible, mais uniquement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.”
Lors de la manifestation, une petite minorité demandait une grève générale. Cela peut certainement faire partie d’un plan d’action sérieux, mais ce n’est pas un passe-partout que l’on peut annoncer sans une préparation minutieuse. Un mouvement spontané autour de la pression au travail – comparable aux grèves spontanées de longue durée dans les prisons et à la SNCB au printemps 2016 – pourrait construire la nécessité d’une grève générale sectorielle, voire interprofessionnelle encore avant cet été. Mais en général, nous estimons que des concentrations militantes par province pour discuter de la manifestation, pour faire le point sur les pensions et les prochaines actions répondent mieux à l’état actuel du mouvement. Ce serait un excellent incitant pour des assemblées du personnel en front commun syndical sur le terrain et des concentrations nationales encore avant l’été pour préparer des jours de grève provinciale à l’automne, juste avant les élections communales, et une grève générale nationale encore avant la fin de l’année.
Cela rayerait la politique politicienne de la carte et remettrait la question sociale au centre. Une grève générale pose évidemment la question du pouvoir. Les directions syndicales savent autant que nous que les revendications du journal des pensions du front commun syndical exigent une majorité de gauche prête à rompre avec l’omniprésente politique d’austérité de ce gouvernement et de ses prédécesseurs, qui nous est aussi imposée par l’Europe. Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent aux sérieux leurs revendications, ils doivent chercher des partenaires politiques, renforcer ceux qui ont le projet de mettre ces revendications dans un programme politique et rompre avec ceux n’y sont pas prêts.
Réaliser ces revendications et les consolider dans un système où l’on ne produit que pour faire des bénéfices est impossible. Les syndicats doivent, avec ceux des pays voisins, lutter contre ce système, en mettant en avant une alternative où l’on produit selon les besoins de la grande majorité de la population et non pas pour faire croître les richesses accumulées par une poignée de capitalistes.
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La politique qui déshumanise les réfugiés est responsable de la mort de Mawda !
Où s’arrêtera la politique de criminalisation des migrants, sans papiers et demandeurs d’asile ? Le 15 mai dernier, le secrétaire d’État à l’Asile et la Migration Theo Francken a reçu le feu vert du Kern (Conseil restreint des ministres) pour le projet d’adoption d’un arrêté royal sur le placement d’enfants en centres fermés dès juillet. Cette politique raciste du gouvernement, menée à coups de rafles, d’enfermements et de violence est allée jusqu’à causer la mort d’une fillette de deux ans, la jeune Mawda, dont la famille kurde fuyait la terreur instaurée par l’État islamique en Irak.Par Pietro (Bruxelles)
Des centres fermés pour familles avec enfants !
Dès juillet 2018, l’extension du centre fermé 127 bis ouvrira cinq ‘‘unités pour les familles’’ (trois pour six personnes et deux pour huit) afin d’y enfermer parents et enfants en situation irrégulière. L’ouverture de 3 nouveaux centres fermés est également prévue d’ici 2021 afin de doubler la capacité de rétention. En 1988, on comptait 30 places en centre fermé, on compte aujourd’hui près de 650 et demain, il y en aura 1066(1)! Il s’agit bien de véritables prisons où des hommes, des femmes et des enfants, qui n’ont commis aucun délit et qui ne sont passés devant aucun juge, sont enfermés.
Le gouvernement a décidément de l’argent pour enfermer les migrants, y compris leurs enfants, mais il n’en a pas pour créer des emplois convenables et mener une politique sociale pour la population.
La répression tue !
Le jeudi 17 mai dernier, Mawad Shawri, une fillette de deux ans née en Allemagne de parents fuyant la guerre au Kurdistan irakien, a été tuée par la Police fédérale d’une balle dans la tête. Les circonstances de ce meurtre ont été rendues publiques le mardi 22 mai par les parents de Mawda, via l’intermédiaire de leur avocat : ‘‘Un policier a tiré sur la camionnette lors de la course-poursuite entre les migrants et la police. La camionnette ne fonçait pas sur un véhicule de police. Les véhicules de police les plus avancés étaient à hauteur de la camionnette et non pas devant ou à un endroit où la camionnette aurait pu les menacer. Aucune arme n’a été trouvée dans la camionnette.’’
Dès l’annonce de la mort de Mawda, tout a été fait pour étouffer l’affaire. Puis pour faire porter la responsabilité de la violence sur les passeurs et les migrants eux-mêmes. Le Parquet de Mons a d’abord donné la version de la police : avant le résultat de l’autopsie, le parquet niait la possibilité d’un mort par armes à feu. L’autopsie a prouvé l’inverse ; Mawda a bien été abattue par une balle tirée par l’arme d’un policier fédéral. Le parquet a également avancé la version de la police selon laquelle la camionnette, arrêtée sur le bord de l’autoroute voulait foncer sur les policiers, repris largement dans la presse sans questionnement sur les évènements.
Michel, Jambon et partis traditionnels : hypocrites !
Le cabinet du ministre de l’Intérieur Jan Jambon a déclaré que les migrants étaient responsables : ‘‘Les règles sont simples, la police peut ouvrir le feu si des vies humaines sont en danger’’. Pas une seule réserve sur les circonstances dans lesquelles la police a ouvert le feu ! Autrement dit, le message du ministre de l’Intérieur adressé à sa police est qu’il existe désormais un ‘‘permis de tuer’’ des migrants, car ils représenteraient un danger.
Charles Michel a déclaré vouloir faire toute la lumière sur les faits et traiter cette affaire avec humanité et dignité. C’est sans doute dans cette logique d’humanité qu’un ordre de quitter le territoire a été délivré à la famille juste après le drame, transformé par la suite en un titre de séjour uniquement temporaire. Quelle hypocrisie !
C’est la politique de haine et raciste envers les migrants menée ces dernières années par le gouvernement MR-NVA qui a tué Mawda. Pour Charles Michel, on doit regretter une telle tragédie irréparable, mais il ne voit pas de problème quant aux rafles de migrants dans la rue, les trams, les centres culturels ou dans des lieux d’hébergement.
De son côté, Frédéric Daerden (PS) a déclaré qu’une Commission d’enquête parlementaire était prématurée. Reconnaissant qu’il existe un ‘‘climat particulier anti-asile en Belgique’’, il estime toutefois que ‘‘lier ce contexte avec le drame’’ lui paraissait ‘‘être un raccourci’’ ! Que lui faut-il de plus ?! Le CDH dénonce ‘‘le populisme’’ de ceux qui voient dans cette affaire des causes et responsabilités politiques.
Contre la haine, la solidarité Régularisation !
Le gouvernement a utilisé de manière consciente cette politique de répression des migrants pour diviser, détourner l’attention de l’opinion publique des vrais responsables des politiques d’austérité antisociales et utiliser les migrants comme boucs émissaires.
Le gouvernement n’est pas seulement responsable moralement de la mort de Mawda, il l’est aussi politiquement. Cet homicide est la conséquence du climat de répression envers les migrants et les sans-papiers. Il y a 20 ans, après l’affaire de Semira Adamu, le ministre Louis Tobback avait démissionné. Aujourd’hui, rien de tel. Le ministre N-VA reste en place et ne se soucie pas du large sentiment de réprobation dans la population.
L’indignation n’est plus suffisante. Il faut organiser cette colère en forgeant un rapport de forces chez les jeunes, les travailleurs et d’une manière générale auprès de tous les citoyens pour exiger les démissions de Jambon, de Francken et la fin de toutes ces politiques racistes.
A cette fin, le PSL mobilisera largement pour la manifestation du 10 juin afin de soutenir les associations de sans-papiers, les collectifs, les syndicats contre la politique migratoire répressive du gouvernement. Aucune contradiction n’existe entre lutter pour la régularisation des sans-papiers et, en même temps, lutter pour des politiques sociales à destination de l’ensemble de la population vivant en Belgique en matière de logements, d’emplois, de services publics, etc. Si la liberté de circulation des personnes est combattue par le gouvernement, les richesses produites par les travailleurs en Belgique, elles, se dorent la pilule dans des paradis fiscaux, pour un montant de 221 milliards d’euros. Une convergence des luttes est indispensable pour que les richesses que l’on produit soient mises à profit de l’ensemble de la population.
RDV le dimanche 10 juin à 14h, gare de Bruxelles-Nord pour une grande manifestation pour la régularisation de tous les sans-papiers, contre la politique qui criminalise ceux qui cherche un refuge.
1) http://www.knack.be/nieuws/belgie/capaciteit-gesloten-centra-breidt-uit/article-normal-852551.html
2) http://www.levif.be/actualite/belgique/mort-de-mawda-mise-en-place-d-une-commission-d-enquete-parlementaire-prematuree/article-normal-842091.html -
N’en restons pas là après la manifestation massive pour nos pensions !
Charge de travail, pensions : ils veulent nous faire crever à la tâche !‘‘Travaillez et mourrez’’, ‘‘Donne-moi mon dentier, je dois aller travailler’’,… Les pancartes des quelque 70.000 manifestants de l’impressionnante mobilisation du 16 mai à Bruxelles étaient sans équivoque. Alors que l’agitation sociale reprend vigueur en réaction à la pression croissante au travail, nous savons pertinemment que nous ne tiendrons pas jusqu’à 67 ans. Tout ça pour une pension ridicule – la moyenne est aujourd’hui de 1181 euros pour un homme et de 882 euros pour une femme – ce qui ne manque pas de rajouter de l’huile sur le feu.
Le personnel de Lidl a donné le ton avec sa vague spontanée de grèves : la pression au travail est insoutenable. Là-bas, les magasins sont parfois ouverts et fermés par à peine trois collègues. Les pilotes de Brussels Airlines sont eux aussi entrés récemment en action. On entend gronder dans presque tous les secteurs. Près de la moitié des enseignants jettent l’éponge dans les cinq ans qui suivent leur entrée dans l’enseignement secondaire. Si c’était à refaire, quatre infirmières sur dix ne choisiraient pas cette carrière.
La grève a porté ses fruits chez Lidl : il y aura plus de personnel pour effectuer le même travail! Comment pourrait-on réduire la pression autrement ? Cependant, les patrons sont réticents, ils préfèrent largement presser leur personnel comme des citrons. S’il y en a qui lâchent prise, cela ne les concerne pas : c’est la collectivité, mais aussi les travailleurs à titre individuel qui prennent à leur charge les frais des maladies, du stress et des burnouts. Ces dernières décennies, la productivité a considérablement augmenté, le patronat en a tiré de juteux bénéfices. Il est inimaginable pour eux de s’en défaire ! Si l’on ose à peine le suggérer et c’est tout l’establishment politique qui s’élève et pousse de grands cris.
Entre la révolte grandissante contre la pression insoutenable au travail et les pensions de misères, le lien est évident. Cette pression est un obstacle à notre bonne santé. En 2016, l’espérance de vie moyenne en bonne santé pour les hommes est passée de 64,4 à 63,7 ans. La baisse fut plus limitée chez les femmes : de 64 à 63,8 ans. La tendance est donc à vivre en bonne santé durant une plus courte période. Et on devrait travailler plus longtemps ?!
Pourtant, les employeurs, leurs pantins politiques au gouvernement et leurs porte-paroles grassement rémunérés sous l’appellation ‘‘d’experts’’ persistent à dire qu’il est impossible de faire quoi que ce soit au sujet de la charge de travail et des pensions. Pour Gwendolyn Rutten (Open-Vld), les manifestants du 16 mai ont fait un ‘‘doigt d’honneur’’ à ceux qui travaillent. Son collègue Bart De Wever (N-VA) a déclaré que la réforme des retraites est aussi inévitable que le changement climatique. S’il est inévitable de travailler jusqu’à en crever, c’est que le système a un sérieux problème.
‘‘Ils sucent le sang des travailleurs, des pensionnés et des malades’’, a-t-on également pu lire sur une pancarte le 16 mai. Il ne nous reste que des miettes tandis que ce sont toujours les mêmes qui s’empiffrent de gâteau. L’année dernière, les bénéfices des sociétés belges cotées au Bel20 ont augmenté de 7 milliards d’euros pour atteindre 21 milliards d’euros. L’argent ne manque pas pour un travail agréable et une pension d’au moins 1500 euros par mois. Mais il faut se battre. Avec acharnement. Et arracher les moyens dont nous avons besoin.
La manifestation pour des ‘‘pensions dignes prises à un âge décent’’ a démontré que la volonté de se battre est générale. Les grèves chez Lidl ont prouvé que la lutte paie. Poursuivre les actions et construire la voix politique de gauche la plus forte possible, voilà ce qui compte maintenant.
Il est même possible d’organiser méticuleusement des actions par provinces avant les élections communales, en direction d’une journée d’action nationale à l’automne. Si la gauche conséquente réalise une percée remarquable aux élections locales, cela augmentera encore la pression. Pour faire respecter nos revendications, il n’y a pas d’autre voie que la lutte pour construire une société où la production sera orientée vers les besoins de la grande majorité de la population et non vers les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent richement leurs représentants politiques pour services rendus.
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Politique d’asile : de la répression au permis de tuer

Manifestation de ce vendredi 18 mai, avec une présence du PSL et d’EGA. Il y a d’abord eu un ordre de quitter le territoire. Ensuite une balle perdue. Mawda, une fillette de deux ans, a été tuée. La police a ouvert le feu sur une camionnette où se trouvaient des migrants. Depuis quand est-ce la norme ? On ne tue pas des enfants. ‘‘Nu niet, nooit niet’’ (Pas maintenant. Jamais), pour reprendre des termes que Theo Francken aime utiliser quand cela l’arrange.
La couverture médiatique de ce dramatique événement a de suite provoqué le malaise. Tout a été fait pour tenter de faire porter la responsabilité de cette violence mortelle sur les migrants présents dans la camionnette eux-mêmes. Comme s’il s’agissait de légitime défense. Il était évident pour la police après la course-poursuite qu’il s’agissait d’une camionnette remplie de personnes. Même si le véhicule ne s’est pas arrêté immédiatement, il n’y avait aucune raison de tirer sur ses occupants.La politique répressive en matière d’asile se répercute sur le terrain. La N-VA considère les migrants comme des “nuisibles” ayant un “coût”. Le jour-même où Francken (secrétaire d’État N-VA à l’Asile et aux Migrations) et Van Overtveldt (Ministre N-VA des Finances) annoncent commander une étude à la Banque nationale portant sur le coût de la migration – une proposition directement reprise de l’ancien plan en 70 points du Vlaams Blok (prédécesseur du Vlaams Belang) qui a conduit le parti à être condamné pour racisme – des policiers tirent sur des migrants. Et tuent.
Impossible de ne pas penser au meurtre de Semira Adamu il y a 20 ans de cela. Elle fut étouffée à l’aide d’un coussin par deux policiers lors d’une tentative d’expulsion du territoire à l’aéroport de Zaventem. L’indignation était grande et les protestations nombreuses. Les ministres responsables ont démissionné. Aujourd’hui, les ministres compétents ne se sont pas montrés très loquaces, une attitude qui tranche avec leur habitude de sauter sur n’importe quoi sur Twitter et autres dès qu’il s’agit de pouvoir diviser la population. Ils ont gardé bouches closes sur cette preuve de l’échec de leur politique. Les mensonges qui se sont succédé font penser à une manœuvre de dissimulation. Et ce n’est que sous le feu des critiques que Théo Francken a daigné exprimé son opinion : “Je pense qu’il est terrible que cette fille soit morte, mais quelle reprise politique dégoûtante”. Quelle attitude répugnante.
Cet incident n’est pas isolé. En janvier, un migrant a trouvé la mort lors d’un contrôle de police sur l’autoroute, à Jabbeke. Les migrants qui fuient la misère et la guerre en Irak, en Syrie ou en Somalie sont traités comme du gibier à chasser en Belgique. Pour le cabinet-Jambon, ce sont les migrants eux-mêmes qui seraient responsables ! “Les règles sont simples. La police peut ouvrir le feu si des vies humaines sont en danger. C’est absolument le cas lorsqu’une camionnette tente de s’échapper et joue ainsi avec la vie de ses occupants.’’ Pas une seule critique sur le fait que des gens se font ouvertement tirer dessus ! En d’autres termes : il existe visiblement un “permis de tuer” à l’encontre des migrants.
Le témoignage de la mère de la petite, dans Het Nieuwsblad, va dans cette direction : “Quand nous roulions sur l’autoroute, un premier tir a été entendu. La camionnette s’est alors arrêtée. Mais quand les gens sont sortis, un policier a tiré une deuxième fois. Mon mari pouvait éviter la balle. Mais Mawda, qui était dans mes bras, n’a eu aucune chance” Alexis Deswaef, le président de la Ligue des droits de l’Homme, a déclaré à juste titre : “Je crains également que les policiers commencent à penser qu’ils peuvent faire plus que ce que la loi exige. Ils entendent aussi ce que Jambon dit. S’ils optent pour une approche dure, ils savent que le ministre les protégera toujours’’.

On ne fuit pas pour rien
Les parents de Mawda viennent du Kurdistan irakien. Ils tentaient de se rendre en Angleterre, mais se sont retrouvés dans un camp de réfugiés près de Dunkerque, d’où ils ont cherché un moyen de traverser. Pourquoi ont-ils quitté l’Irak en 2015 ? “Nous ne voyions pas d’avenir en Irak. Si les choses se passent bien une journée, les bombes peuvent retomber le lendemain’’.
C’est la réalité dans de nombreux pays touchés par la guerre : de l’Afghanistan à l’Irak, de la Syrie à la Somalie en passant par la Libye. Quel avenir reste-t-il dans ces pays ? La politique d’asile de ce gouvernement vise à déshumaniser les réfugiés : elle ne se penche pas sur les raisons pour lesquelles les réfugiés sont partis de chez eux, et encore moins sur la manière dont sont nées ces circonstances. Les décennies de pillage néocolonial ainsi que d’interventions et de guerres impérialistes ont entraîné un désespoir gigantesque. Alors que l’argent ne manque pas pour mener la guerre, il n’y en a pas pour la reconstruction. Ce terreau est fertile pour les conflits sectaires et les seigneurs de guerre. De là découle la problématique des réfugiés. Francken prétend vouloir arrêter la migration, mais il reste aveugle et sourd aux raisons pour lesquelles les gens laissent tout derrière eux dans l’espoir de trouver un avenir ailleurs.
Les autorités belges ne sont pas exemptes de responsabilités. Elles ont participé à diverses interventions militaires et le gouvernement veut maintenant libérer des milliards d’euros pour l’achat de nouveaux avions de combat qui peuvent par exemple être utilisés dans des guerres au Moyen-Orient. Le prix de revient de ces avions de combat a déjà été calculé – nous n’avons pas besoin de Van Overtveldt pour cela – il s’agit de 15 milliards d’euros.
La droite essaie de faire croire que ce que veut la gauche, c’est plus de réfugiés. A gauche, pourtant, on se rend bien compte que personne ne fuit pour son plaisir. La gauche a toujours été à l’avant-garde de la résistance contre la guerre en Irak, par exemple. Pour notre part, nous avions à l’époque prévenu que cette intervention impérialiste transformerait le Moyen-Orient en une bombe à retardement aux conséquences désastreuses, y compris dans les pays occidentaux. Le soutien aux guerres, aux dictatures, aux pillages néocoloniaux, aux trafiquants d’êtres humains libyens ou aux tortionnaires soudanais ne fait qu’exacerber le problème. Trump en rajoute encore une couche avec ses multiples provocations au Moyen-Orient, ce qui n’a pas été sans incidence sur la violence du régime israélien contre les manifestants palestiniens. La semaine dernière, cette violence qui a causé des dizaines de morts a reçu le soutien du président de la N-VA, Bart De Wever. Partout dans le monde, la droite fait des ravages et laisse des ruines derrière elle. Quiconque se montre solidaire des victimes de cette politique est lui-même criminalisé.
Mettre fin aux politiques inhumaines
La politique d’asile qui prévaut actuellement doit être combattue et renversée. Ce qu’il faut, c’est la régularisation des personnes sans-papiers, la défense du droit au logement pour tous, l’abolition des centres fermés pour étrangers, la liberté de circulation, la fin des expulsions et de la criminalisation des personnes sans-papiers, la fin du racisme et de l’hypocrisie de l’État ainsi que le respect des droits fondamentaux tels que l’accès aux soins médicaux et à l’éducation.
Evidemment, nous n’obtiendrons rien comme cadeau de la part de ce gouvernement de droite dure. A l’heure actuelle, toute réforme exige une lutte révolutionnaire. Les revendications qui précèdent doivent aller de pair avec une lutte soutenue pour l’unité de tous les travailleurs contre l’austérité et le racisme, pour une société débarrassée de toutes les formes de discrimination. Ce système de misère et d’exploitation, nous le rejetons. Il repose sur la guerre et le pillage néocolonial qui ne laissent d’autres choix à d’innombrables personnes que de risquer leur vie et de fuir. Construisons un rapport de forces de lutte et de solidarité vers l’instauration d’une société socialiste démocratique, sans exploitation et concurrence impitoyable, où les leviers de l’économie seraient aux mains de la population, sous son contrôle et sa gestion démocratiques.
La manifestation spontanée de ce vendredi soir fut une bonne première étape. Le 10 juin est une autre date importante : il y aura ce jour-là une manifestation nationale des sans-papiers. Nous devons nous organiser, nous mobiliser, continuer les protestations et construire les forces qui peuvent permettre de faire voir le jour à une alternative anticapitaliste.
Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons mettre fin aux guerres, aux pillages néocoloniaux, aux politiques d’asile répressives, à la violence policière mortelle, etc. La terrible mort de Mawda doit nous inciter à nous battre plus fortement et plus résolument contre les politiques actuelles. Ce n’est peut-être pas très réconfortant pour les parents de Mawda, mais c’est le seul moyen de rendre des situations similaires impossibles à l’avenir.
