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Tag: Gouvernement Michel
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Pas de Michel 2
Continuons après les 2 et 14 octobre : Il en faudra plus pour stopper ce gouvernementLe gouvernement Michel s’en est pris à l’âge de nos pensions. Nos salaires ont été gelés. Nos services publics ont été attaqués. La chasse aux chômeurs a été renforcée. Une véritable traque a été lancée contre les malades. La ‘’flexibilisation’’ du travail a été accrue. Celui ou celle qui espérait un peu de répit avec l’arrivée des élections doit maintenant déchanter : Michel et sa bande veulent poursuivre leur hold-up social.
Par Nicolas Croes
Un nouveau catalogue des horreurs
Aujourd’hui, il est question de lier les augmentations salariales à la compétitivité et à la productivité plutôt qu’à l’ancienneté. Les employeurs pourraient ainsi décider à leur guise qui est augmenté, quand, pour quelles raisons et de quel montant ! Cela sonnerait le glas des conventions collectives de travail et l’arbitraire des patrons régnerait alors dans chaque entreprise.
Le gouvernement veut aussi davantage appauvrir les pensionnés avec une liste des métiers pénibles réduite au strict minimum et restreindre encore l’accès aux prépensions. Les pertes mensuelles en cas de pension anticipée varieront entre 56€ et 353€. De plus, le gouvernement réfléchit à l’instauration d’un ‘’bonus pension’’ si le travailleur continue à travailler, ce qui revient littéralement à échanger sa santé pour une pension plus élevée ! Jouer avec la santé des travailleurs, cela semble être le maître-mot du gouvernement au vu de la série de mesures dont l’objectif est de nous maintenir plus longtemps au travail alors que l’espérance de vie en bonne santé n’est que de 64 ans.
Dans les services publics, le gouvernement entend poursuivre leur démantèlement en mettant fin aux nominations statutaires. Les agents des services publics ne pourront plus non plus cumuler leurs congés de maladie d’année en année. De plus, le gouvernement veut réduire l’enveloppe de l’aide sociale pour les allocataires sociaux, restreindre plus rapidement les prestations de chômage après une première période (dégressivité) et imposer un service communautaire non rémunéré aux chômeurs de longue durée. À cela, il faut encore ajouter que Charles Michel a demandé en juin dernier aux partenaires sociaux (patronat et syndicats) de se pencher sur une révision du ‘‘gentlemen’s agreement’’ encadrant le droit de grève.
Organisons sérieusement la riposte
Nous connaissons l’importance d’une préparation minutieuse. Avant l’été, la diffusion à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires du journal des pensions et les assemblées du personnel – là où elles ont été organisées – ont permis d’assurer le succès de la manifestation du 16 mai. Ce cortège massif, c’étaient les funérailles du système des pensions à points, au moins pour cette législature.
Imaginons quelle aurait été la situation aujourd’hui si des concentrations militantes avaient été organisées avant les vacances, par chaque régionale, pour discuter de cette manifestation, faire le point sur les pensions et discuter des prochaines actions à mener ! Cela aurait pu favoriser l’organisation d’assemblées du personnel en front commun syndical sur le terrain. Des concentrations nationales auraient encore pu prendre place pour préparer des journées de grève provinciale à la rentrée. Une occasion a été gâchée, ce n’est hélas pas la première fois, mais cela n’a pas à continuer de la sorte !
Il en a fallu du temps avant que l’on sache comment allait s’organiser la journée d’action décentralisée en front commun syndical de ce 2 octobre. N’en restons pas là. Il faut construire sur l’élan de cette date de mobilisation, comme l’a d’ailleurs demandé la FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut qui exige l’organisation d’une grève générale avant la fin de cette année. Avec un plan d’action sérieux, nous pouvons remettre la question sociale au centre du débat politique.
Les élections municipales sont une autre occasion. Pour la première fois depuis longtemps, elles offrent l’opportunité de disposer d’un grand nombre d’élus de gauche. Au Parlement, les deux députés du PTB ont fait plus largement résonner nos préoccupations. La résistance sociale dans la rue s’en est trouvée renforcée. Un effet similaire est possible dans les villes et communes. Nous avons proposé au PTB de renforcer ses listes, ce qu’il a malheureusement refusé. Nous déposons des candidats à Saint-Gilles (Gauches Communes) et Keerbergen (Consequent Links). Ailleurs, nous appelons à voter pour le PTB et à rejoindre le PSL.
Des élus de gauche font avancer le débat politique. C’est une étape importante dans la construction d’un rapport de force sur lequel nous appuyer afin d’élaborer un plan d’action crescendo contre la casse sociale et en faveur d’un programme qui non seulement dénonce l’austérité, mais qui porte aussi l’espoir d’un changement fondamental de société. C’est avec ce programme socialiste que le PSL veut renforcer le mouvement social. Participez et rejoignez-nous !
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2 octobre – Ne laissons plus le gouvernement reprendre son souffle !

La prochaine étape doit être une grève générale avant la fin de l’année
Cette journée d’action du 2 octobre n’est pas la grève générale annoncée par le président de la FGTB Robert Vertenueil ; mais des manifestations dans presque toutes les villes centrales du pays, ce n’est pas rien. Avec les actions des fonctionnaires régionaux et fédéraux de ces deux dernières semaines, le 2 octobre crée un climat social qui, pour la première fois depuis 2014, a mis le gouvernement dans ses petits souliers. Cette fois, les dirigeants syndicaux ne doivent pas laisser le gouvernement reprendre son souffle comme il l’a fait à l’époque. Ils doivent assurer une grève générale bien organisée.
Tract du PSL à destination des activités de la journée d’action du 2 octobre // Tract en version PDF
Ces derniers temps, le gouvernement de droite perd pied. Qu’en est-il de sa vantardise sur les emplois ? Où en sont ses belles paroles selon lesquelles nous avons davantage d’argent en net grâce au taxshift ? Et, selon Michel, si le déficit budgétaire n’a pas été complètement éliminé, c’est parce qu’il voulait mener une politique de relance ?! Etc. Etc.
Depuis lors, le PTB a pu constater, d’après les chiffres de la Commission européenne, que la part des salaires dans le revenu national brut a diminué de 9 milliards d’euros depuis l’entrée en fonction de Michel. La part des bénéfices a augmenté de 12 milliards. Le déficit budgétaire n’était pas de 3, mais de 8 milliards, presque autant que lorsque le gouvernement est arrivé au pouvoir. Non seulement nous payons le taxshift via notre facture d’énergie, mais en plus nous devons nous attendre à des coupures d’électricité et des plans de délestage cet hiver. La déshumanisation des réfugiés était jugée ‘‘efficace’’ jusqu’à ce qu’il s’avère que Francken avait libéré 32 personnes ‘‘connues pour troubles à l’ordre public’’ pour faire place à des transmigrants. Les politiciens ne veulent pas corriger cela en rendant la politique d’asile plus humaine, mais au contraire en la rendant plus restrictive. Schild & Vrienden, les petits-protégés de la N-VA, font ressurgir le passé trouble de Francken et de son parti. Le gouvernement est toujours brutal et antisocial, mais au lieu de paraître efficace, tout cela semble maintenant n’être que du gâchis.
Normalement, le gouvernement, NV-A en tête, parlerait de migration, de fondamentalisme et de sécurité dans la logique de diviser pour mieux régner. Mais il en a lui-même miné l’efficacité avec l’accord de l’été. Il s’en prend à peu près à tout le monde, du public au privé, des salariés aux chômeurs, des pensionnés aux malades, jusqu’aux victimes d’Arco qui peuvent maintenant complètement oublier tout arrangement. C’était déjà le cas à partir de 2014, avec le saut d’index et le relèvement de l’âge de la pension à 67 ans. Le gouvernement avait suscité une levée de boucliers générale. A cette époque aussi, les syndicats s’étaient mobilisés et l’attention avait été attirée sur le caractère antisocial du gouvernement. A cette époque aussi, le gouvernement était à la peine dans les sondages, mais les dirigeants syndicaux n’ont pas terminé le travail et le gouvernement a réussi à se rétablir. C’est une leçon importante pour aujourd’hui.
Les sondages ne sont bien sûr que des sondages. Il peut encore beaucoup arriver d’ici aux élections du 14 octobre et certainement à celles du 26 mai. Mais en Flandre persiste une dynamique où la NV-A reçoit des claques au bénéfice des Verts et du PTB mais aussi, malheureusement, du Vlaams Belang. En Wallonie, le PS se redresse partiellement et la percée du PTB est moindre que dans les sondages qui suivirent l’éclatement des scandales entourant les intercommunales ; mais elle reste considérable. Si les dirigeants syndicaux ne se reposent pas sur leurs lauriers et n’attendent pas les élections et continuent d’accroître la mobilisation, alors non seulement le soutien social et électoral pour la droite peut s’essouffler, mais même une chute du gouvernement ne peut être exclue. C’est la meilleure façon d’éviter la catastrophe d’un Michel II.
Nous n’en sommes hélas pas encore là. Nous avons besoin d’un gouvernement qui défende les intérêts des travailleurs avec le même engagement que celui du gouvernement envers les capitalistes. C’est ce que beaucoup de travailleurs attendent de l’appel de la FGTB wallonne en faveur d’une coalition progressiste PS-Ecolo-PTB. Mais au lieu d’une proposition de programme pour une telle coalition et d’une vaste campagne autour de celle-ci, les trois partis ont catégoriquement rejeté l’idée. Di Rupo défend même une coalition PS-Ecolo-Défi. Ce ne serait pas un gouvernement anti-austérité, mais une sorte de Di Rupo II. Nous n’allons quand même pas laisser Di Rupo II préparer un Michel II comme la politique d’austérité de Di Rupo I a posé les bases de Michel I ?
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20 ans après la mort de Sémira : action de protestation à Steenokkerzeel

“Parce qu’elle ne répondait pas aux critères de la loi Vandelanotte pour obtenir le droit d’asile, Sémira Adamu est morte à 20 ans dans un avion de la Sabena, étouffée par un gendarme tortionnaire”, écrivions nous en première page du n°35 du Militant, le prédécesseur de Lutte Socialiste, sous le titre “Silence, on tue!”, en octobre 1998. La jeune Sémira était expulsée du pays ce 22 septembre 1998. Elle a perdu la vie durant cette expulsion. La nouvelle avait choqué le pays, il y eut notamment une grève étudiante de 2000 personnes à l’ULB.
A l’époque, nous menions également campagne contre le rôle de la multinationale Shel au Nigeria dans le cadre d’une campagne lancée par des activistes nigérians. Nous écrivions : “Des multinationales comme Shell s’installent dans des pays comme le Nigeria, exploitent la population locale, soutiennent les dictatures militaires et reçoivent leur aide pour briser toute résistance. Shell n’est pas inquiétée. Sémira a fui son pays par nécessité, a été enfermée des mois durant et ensuite tuée. Quelle différence de traitement !”
Les mobilisations avaient assuré la démission du ministre Tobback, mais a immédiatement déclaré qu’il restait fermement en faveur de la politique répressive en matière d’asile. Dans nos actions, nous avons défendu les revendications suivantes : pas d’expulsions, fermeture des camps de détention et retrait des personnes directement responsables de cette politique. Nous avons lié cela à l’exigence de la régularisation des sans-papiers. Nous avons également écrit : “Face à la libre circulation des capitaux – la liberté de mettre au rebut et de fermer ou de délocaliser des usines – nous devons mettre en place la solidarité internationale de tous les travailleurs, ce qui comprend l’accueil solidaire de tous ceux qui en ont besoin”.
Ces derniers jours, plusieurs activités ont été organisées pour commémorer la mort de Sémira Adamu. Aujourd’hui à Steenokkerzeel, par exemple, une action de protestation a eu lieu sous la pluie avec plusieurs centaines de personnes. La lutte continue : aujourd’hui encore, des dizaines de réfugiés attendent dans le centre fermé de Steenokkerzeel une déportation forcée. Récemment, des enfants ont même été à nouveau enfermés.
Quelques photos de Jean Marie :
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Néolibéral, autoritaire et raciste : Ne laissons aucune seconde chance à ce gouvernement !

Manifestation contre le gouvernement, décembre 2017. Photo : socialisme.be Le choc en a frappé beaucoup. Oui, en Belgique, il existe une apprentie-milice d’extrême droite, Schild & Vrienden. Ce condensé de haine, de racisme et de sexisme reflète une dangereuse atmosphère distillée dans la société. Charles Michel, Theo Franken et leurs amis ont beau tenté de s’en laver les mains, leur politique est directement responsable tant de celle-ci que de la confiance qui se développe dans de pareils groupuscules nauséabonds.
Ils ont semé le désespoir social
Le malaise est partout perceptible. A l’exception des hautes sphères de la société, l’avenir s’assombrit sans cesse. Qui oserait encore dire aujourd’hui à son enfant qu’il aura un bel avenir avec un bon diplôme ? Même ça, ça ne veut plus rien dire. Où peut-on encore regarder sans voir des difficultés sociales criantes ? Dans le logement ? Les soins de santé ? Où ? Et au-dessus de ce sombre constat plane systématiquement la menace de Michel et sa bande, qui s’en prennent à la hache à nos conditions de vie. L’abattement est compréhensible.
Avec la précarité grandissante de la vie et la destruction des services publics, les gens sont mis en compétition pour des ressources de plus en plus limitées. L’empathie et la solidarité sont sous pression au profit de la méfiance. Le voisin devient un rival potentiel. Le gouvernement s’en réjouit. Il a besoin de la suspicion et de l’hostilité détourner l’attention de ses politiques et affaiblir la résistance. Il lui est vital de nourrir les tensions au sein de la population. De là découlent ses calculs cyniques visant à la déshumanisation de la question migratoire. Tant que les plus faibles se battent entre eux, les plus riches se frottent les mains.
4 ans de plus à ce régime ? Hors de question !
Ce gouvernement n’a aucune envie de s’arrêter. Son modèle, c’est celui de Margaret Thatcher en Grande Bretagne : attaquer, attaquer, encore et toujours. Ne laisser aucun répit à l’adversaire. Peut-on imaginer quelle société nous aurons en laissant se poursuivre cette politique brutale d’exclusion et de violence ? La N-VA a déjà prévenu : s’il est question d’une nouvelle coalition suédoise, ce sera pour aller plus loin. Beaucoup plus loin.
Cela n’a pas à être ainsi. Les réactions ont été très vives face aux révélations autour de Schild & Vrienden. Le gouvernement joue la carte du racisme, mais une sensibilité certaine existe face aux morts dans la Méditerranée, face à l’esclavage des migrants en Syrie. Le manque de réaction de masse traduit surtout le découragement face à l’absence de solution défendue de manière offensive par la gauche. Protester, c’est insuffisant.
Le monde du travail peut et doit imposer une autre logique. Notre seule issue est de mettre l’accent sur ce qui nous unit. Qui est d’accord avec la réforme des pensions ? Avec la dégressivité des allocations et la remise en cause de l’ancienneté au travail ? Tout cela est largement rejeté par la population. Cette colère doit être – sérieusement – organisée en reposant sur elle pour contrer l’offensive raciste du gouvernement. Le problème, c’est le banquier, pas l’immigré ! L’austérité et la logique de tension et de division vont de pair. Lutter contre l’un est impossible sans lutter contre l’autre.
Les actions syndicales de cette rentrée offrent la possibilité de faire entendre le mouvement de la rue dans le débat politique et de mettre pression sur la rhétorique raciste et individualiste du gouvernement. Il faut maintenant construire sur cet élan, en assurant le succès de la journée d’action du front commun syndical du 2 octobre et avec de nouvelles actions ; en développant un programme politique qui va chercher l’argent là où il est pour répondre aux besoins de tous, migrant ou non ; et en construisant les formations politiques et syndicales capables de mettre aux ordures les rêves des riches et de leurs représentants politiques.
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Journée d’action du 2 octobre – Il en faudra plus pour arrêter ce gouvernement !

La proposition du président de la FGTB Robert Vertenueil de transformer la journée d’action contre l’accord d’été du gouvernement en une grève générale a été retirée pour l’instant. Mais Vertenueil avait raison. Si nous ne frappons pas maintenant, quand le ferons-nous ?
L’accord d’été du gouvernement Michel n’est après tout pas des moindres. Il comprend une révision complète de la formation des salaires. Le gouvernement et le patronat veulent s’éloigner des barèmes collectifs fondés sur l’expérience et l’ancienneté pour les remplacer par une formation salariale basée sur la prestation et la productivité. Cela poussera les salaires vers le bas et la pression du travail vers le haut.
En même temps, le gouvernement veut réduire l’enveloppe de l’aide sociale pour les allocataires sociaux, réduire plus rapidement les prestations de chômage après une première période (dégressivité) et imposer un service communautaire non rémunéré aux chômeurs de longue durée, parce qu’être relégué dans la réserve de travail pour faire une pression sur les salaires, ça n’a de sens que si l’on peut être activé. Il souhaite également relever l’âge minimum du crédit-temps pour les fins de carrière et pour la retraite anticipée en cas de restructuration (RCC). Enfin, les fonctionnaires ne pourront plus cumuler leurs congés de maladie d’année en année.
Cet été, les syndicats avaient déjà annoncé qu’ils ne se contenteraient pas de laisser passer ça. Les syndicats de la fonction publique allaient entrer en action en septembre et le front commun syndical a choisi le 2 octobre comme journée d’action pour répondre au gouvernement. Depuis lors, cependant, tout est devenu silencieux. La résistance tant vantée des syndicats de la fonction publique… est jusqu’ici un secret bien gardé.
Est-ce parce que le même scénario menaçait pour le front commun syndical que Vertenueil a voulu forcer la main ? Nous le craignons. Les actions dont nous avions entendu parler avant le 2 octobre étaient une action à Turnhout pour la province d’Anvers et un quizz en Flandre orientale. En bref : totalement insatisfaisant, une insulte aux militants et une invitation au gouvernement à y aller encore plus fort.
Ce n’est pas surprenant que la CSC traîne en longueur. Pourtant, là aussi, de nombreux militants se lassent de l’attitude de la direction. L’annonce unilatérale de Vertenueil était-elle la meilleure façon d’augmenter la pression sur la direction de la CSC ? Peut-être pas. Néanmoins, nous estimons que les plus hautes instances de la FGTB ont commis une erreur en rappelant Vertenueil à l’ordre. Elles auraient tout aussi bien pu appeler à une grève le matin, si nécessaire par la FGTB seule, suivie de manifestations du front commun syndical l’après-midi. De cette façon, il aurait été évité que le président ne soit affaibli, parce que l’on peut être sûr que l’on aura vu dans le ”Groupe des 10” que Vertenueil n’a pas été suivi par ses propres instances.
Le PSL soutient l’appel à participer massivement aux actions du 2 octobre, mais demande surtout la mise en place d’un plan d’action sérieux qui puisse conduire à une grève générale avant la fin de l’année, comme l’a demandé la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut dans son communiqué de presse. Nous soutenons également l’annonce de la FGTB de Liège-Huy-Waremme d’une grève régionale de 24 heures le 2 octobre. Mais ce qu’il faut avant tout, ce sont des concentrations militantes et des réunions du personnel pour construire ces actions, non pas pour informer pour la énième fois, mais pour faire comprendre que, cette fois, c’est sérieux.
Que se passera-t-il si nous ne le faisons pas ? Olivier Chastel (MR) a déjà annoncé son intention de poursuivre avec cette coalition de droite après les élections du 26 mai 2019. Dans ce cas, la N-VA veut que ses positions socio-économiques soient encore plus reflétées. La N-VA vise à limiter les allocations de chômage dans le temps, à imposer une personnalité juridique aux syndicats et à disposer d’un aperçu des fonds de grève ainsi qu’à retirer des syndicats et des mutuelles la gestion des allocations de chômage et de maladie. Ce n’est rien de moins que de paralyser les syndicats, comme l’a fait Thatcher au Royaume-Uni dans les années ’80. Il faut arrêter ça maintenant, parce que plus nous attendons, plus cela deviendra difficile.
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L’enjeu des élections et de la lutte sociale : Le gouvernement de droite peut-il ou non poursuivre la casse sociale ?
Les élections communales auront lieu le 14 octobre et, un peu plus de six mois plus tard, le 26 mai 2019, la mère de toutes les élections réunira les fédérales, les régionales et les européennes. L’enjeu n’est pas des moindres. Le gouvernement de droite recevra-t-il la confiance de continuer sa coalition thatchérienne ou sera-t-il sanctionné et l’électeur fera-t-il ce que les dirigeants syndicaux n’ont pas fait en 2014, c’est-à-dire renverser le gouvernement ?Par Eric Byl
Lorsqu’il a pris le pouvoir à l’automne 2014, le gouvernement de droite a promis de faire ce qu’aucun gouvernement précédent n’avait osé. L’âge de la retraite a été relevé, les salaires ont été limités avec un saut d’index et les allocataires sociaux ont subi une attaque sauvage. Les syndicats ont immédiatement été tirés de leurs pantoufles. Une manifestation de masse a suivi des concentrations militantes et, dans des cas exceptionnels, des assemblées générales ont pris place sur des lieux de travail. Ensuite sont venues trois grèves générales régionales de 24 heures, suivies d’une grève générale nationale de 24 heures. Le gouvernement vacillait. L’opinion publique s’est retournée contre lui et son action. Dans les sondages, une grande majorité se prononçait en faveur d’un véritable impôt sur les fortunes. Les dirigeants syndicaux étaient cependant visiblement plus effrayés par le dynamisme qu’ils avaient généré que par le gouvernement. Ils ont refusé de finir le boulot et le gouvernement a pu rétablir sa position.
Depuis lors, nous avons dû avaler les mesures antisociales les unes après les autres. Aucun secteur et aucun groupe de population n’a été épargné, si ce n’est les patrons, les riches et les politiciens eux-mêmes. Parallèlement, l’arsenal législatif de la répression a été renforcé. Ce qui était alors considéré comme inhumain est de plus en plus devenu courant. Les syndicats n’étaient plus en mesure d’imprimer leur marque. Le gouvernement kamikaze est devenu une forteresse imprenable. Chaque fois que le pire semblait être atteint, le gouvernement a proposé de nouvelles mesures. Le dernier événement en date s’appelle ‘‘l’accord d’été’’, qui signifie une attaque contre les chômeurs, les journées de maladie des fonctionnaires, la retraite anticipée et le régime de chômage avec supplément d’entreprise ou encore la formation des salaires, où l’ancienneté doit céder la place à la compétence et à la productivité. Les patrons se lèchent les babines.
Mais la NV-A fait savoir que ses positions socio-économiques au sein du gouvernement ont été trop édulcorées et ne sont pas allées assez loin. Elle regrette que le chômage n’ait pas été limité dans le temps et, selon les syndicats, elle souhaiterait également s’en prendre aux fonds de grève, créer une personnalité juridique pour les syndicats et retirer des syndicats et des mutuelles la gestion des allocations de chômage et de maladie. Ce ne serait rien de moins qu’une tentative de briser les syndicats à l’image de ce que Thatcher a fait dans les années 1980 au Royaume Uni.
Le président de la FGTB, Vertenueil, a déjà annoncé qu’il rendra la vie difficile au gouvernement. Une manifestation nationale est en cours de discussion avec la CSC pour le 2 octobre. Les fonctionnaires ont également fait savoir qu’ils entreraient encore en action en septembre. Si cela est vrai, les questions sociales – le talon d’Achille du gouvernement Michel – seront bien présentes à la veille des élections communales et les thèmes chers au gouvernement – la sécurité, la migration et l’identité – seront relégués au second plan. Mais cela ne doit pas en rester à l’étape de la rhétorique enflammée. Cette fois, nous devons vraiment retrousser les manches pour une préparation sérieuse et faire preuve de persévérance. La combinaison d’une lutte sociale combattive et d’un bouleversement politique pour le gouvernement peut transformer la situation !
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Les métiers en pénurie: un fake mal fagoté

Pour le gouvernement, chasser les chômeurs est plus facile que chasser le chômage
Continuant sa sinistre besogne de casse sociale, c’est notamment et à nouveau aux sans-emplois que le gouvernement fédéral s’est attaqué cet été. Sous prétexte de pourvoir les emplois dits “en pénurie”, le ministre Kris Peeters (CD&V) va de nouveau frapper parmi les plus fragiles en voulant imposer une dégressivité accrue des allocations de chômage dans le cadre de son “deal pour l’emploi”. Celui-ci comprend 26 mesures pour ‘‘activer les demandeurs d’emplois’’, allant de l’exonération pour les chômeurs qui s’orientent vers les métiers dits en pénurie, c’est-à-dire les emplois vacants, à une réforme de l’allocation de chômage.
Par Simon (Liège)
Celle-ci implique qu’une personne récemment licenciée obtiendrait dans les 6 premiers mois des allocations plus élevées, puis celles-ci diminuerait ensuite plus rapidement. Comme si une allocation plus basse allait permettre de plus facilement trouver un emploi… Sans politique réelle de création d’emplois, cela n’aura pour conséquence que davantage de pauvreté. 90% des allocations sociales se trouvent déjà sous le seuil de pauvreté. Le nombre de personnes aidées par les CPAS a augmenté de 27% ces cinq dernières années. Ceux-ci, et d’autres organismes d’aide aux plus pauvres, manquent déjà actuellement de moyens pour faire face à la situation.
La supercherie des ‘‘métiers en pénurie’’
Dans une récente chronique(1) intitulée ‘‘Métiers en pénurie… de logique’’, l’économiste Etienne De Callataÿ critique l’argumentation qu’utilise le gouvernement pour justifier ses nouvelles mesures. Il y fait remarquer que, même si cela semble paradoxal, on ne peut faire un parallèle simpliste entre le nombre de chômeurs complets indemnisés (430.000 selon lui, en réalité plus de 490.000 en mai dernier) et le nombre d’emplois vacants (140.000). Il explique le fait ‘‘que le marché du travail n’est pas similaire au marché d’un bien ou service ordinaire, et donc que le traitement des pénuries n’est pas qu’une question de prix et donc de salaire. (…) Des emplois peuvent être difficiles à pourvoir pour de multiples raisons : des conditions de travail pénibles, une image publique négative, un employeur réticent à offrir la formation nécessaire, la discrimination, la mobilité difficile, la conciliation problématique avec la vie privée.’’
Les prétendus emplois en pénurie ne le sont en effet souvent que parce que les conditions de travail y sont particulièrement difficiles (horaires décalés, contrat précaires et temps partiels). C’est par exemple le cas des emplois d’aide-ménager qui est une de ces fonctions ‘‘critiques’’ selon le FOREM. La politique du gouvernement revient donc à tenter de pousser les chômeurs vers des mauvaises conditions d’emploi. Selon une étude de la FGTB, on constate également que les employeurs accumulent les exigences en terme d’expérience, de possession d’un véhicule,…
De Callataÿ poursuit en pointant ‘‘un problème de logique lorsque sous le motto de s’atteler aux métiers en pénurie sont prises des mesures qui ne s’y rapportent pas. Ainsi, on peut souhaiter réduire le poids de l’ancienneté dans la formation des salaires, mais en quoi cela va-t-il contribuer à résorber le nombre d’emplois vacants ?’’
Une analyse rapide suffit donc à démasquer le problème des métiers en pénurie comme une supercherie et la politique du gouvernement comme une opération de dumping social qui poussera les sans-emploi à accepter des conditions de travail de plus en plus mauvaises.
“Ce gouvernement de droite dure n’arrêtera son action néfaste que s’il trouve devant lui une opposition conséquente” écrivions-nous il y a deux ans déjà. Voilà qui est malheureusement de nouveau confirmé. A sa détermination, le gouvernement ajoute cependant un cynisme qui atteint des sommets. Et pourtant il y avait matière à compétition.
Le gouvernement utilise un argumentaire erroné ? C’est que le gouvernement a parfois besoin d’arguments, même faux, pour attaquer sans cesse plus sauvagement les plus faibles et continuer à favoriser les plus riches. Un gouvernement qui n’a pas pris une minute cet été pour prendre des mesures s’attaquant à l’évasion fiscale et faisant davantage participer les grosses fortunes…
La nécessaire lutte d’ensemble des travailleurs avec et sans emplois
Les travailleurs sans-emplois constituent une des couches les plus faiblement outillée pour répondre aux attaques dont notre classe sociale fait l’objet. D’une part, la stratégie de diviser pour régner des gouvernements successifs a désigné les chômeurs à la vindicte populaire et cela joue évidemment sur le soutien dont ils peuvent faire l’objet de la part d’autres couches de travailleurs. D’autre-part, l’instabilité naturelle du statut de chômeur, leur isolement et la précarité de leur niveau de vie rend la mobilisation difficile. C’est un constat de longue date des syndicats et des associations de défense des TSE.
Le mouvement syndical a de nombreuses fois montré sa puissance, et certainement fin 2014 lorsqu’il était à deux doigts de faire tomber le gouvernement Michel fraichement élu. Adossée au mouvement syndical, la force potentielle que constituent les travailleurs sans-emplois pourrait obtenir des victoires et donner du fil à retordre aux semeurs de misère.
Stop à la chasse aux chômeurs! Une atteinte à l’un de nous est une attaque contre nous tous!
Chassons le chômage pas les chômeurs: pour une réduction collective de travail à 30h/semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire.(1) La Libre, 10 août 2018.
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NON à l’enfermement d’enfants !

Notre camarade Fabian a pris la parole au nom du PSL et d’EGA lors de l’action menée à Gand contre l’enfermement d’enfants. Photo : Jean-Marie La logique qui veut que l’on s’en prenne aux symptômes plutôt qu’aux causes – considérer les réfugiés comme étant le problème et non les raisons de leur fuite dans le cas de la migration – cela conduit inévitablement à la déshumanisation de la question, le terreau idéal pour imposer des politiques répressives. L’indignation fut grande tout récemment lorsque Trump emprisonnait des enfants de réfugiés. Le fait qu’ils étaient détenus séparément de leurs parents a donné lieu à une vague massive de critiques qui a permis d’enfin réunir les familles.
Cette politique inhumaine de la part de Trump a été décriée en Europe. Mais force est de constater que la politique menée sur notre continent n’est pas fondamentalement différente. Il y a dix ans, la Belgique a cessé d’emprisonner les enfants de migrants, à la suite d’une condamnation de la Cour européenne des droits de l’homme. Theo Francken a maintenant décidé, avec le soutien de tout le gouvernement, d’adapter une aile du centre fermé de Steenokkerzeel aux familles avec enfants.
Francken a déclaré que : ‘‘Personne n’aime enfermer des enfants, ce n’est pas une mesure que je prends pour mon plaisir’’. Selon lui, la pratique est en vigueur ‘‘dans la majorité des pays occidentaux’’, y compris dans la ‘‘France de gauche’’ (Macron, un pur apprenti-Thatcher, appréciera !). Le secrétaire d’État à l’asile et à la migration souhaite que les nouveaux arrivants s’engagent à respecter les droits humains, mais il balaie du revers de la main les condamnations de la Cour européenne des droits de l’homme. Pour défendre sa position, il soutient également que la vie difficile dans l’illégalité n’est pas bonne pour le développement des enfants !
La logique de la politique actuelle conduit à une approche de plus en plus répressive qui vise à totalement fermer les frontières. Le gouvernement hongrois ne nourrit plus les réfugiés qui traversent le pays. En France et dans d’autres pays, l’aide aux réfugiés est considérée comme un délit. Résistons à cette approche ! Lorsqu’une famille a été emprisonnée pour la première fois, une mobilisation spontanée a eu lieu à Bruxelles avec des centaines de participants. Ce mardi soir, une action a également eu lieu à Gand. Cela illustre le potentiel présent pour la lutte, mais cela ne saura être soutenu à long terme que si les grandes organisations syndicales y sont aussi impliquées. Nous devons lier cette lutte de même que celles pour répondre aux autres problèmes concrets du quotidien dans une société capitaliste à la nécessité d’une société où les richesses produites reviendraient à ceux qui les produisent, une société socialiste !
Photos de l’action à Gand : Jean-Marie
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L’attaque contre la retraite anticipée se poursuit sans relâche

Manifestation en défense de nos pensions du 16 mai. Photo : Liesbeth L’accord d’été s’inscrit dans la continuité des précédentes mesures d’austérité. Les fonctionnaires malades et les chômeurs sont en ligne de mire, mais aussi ceux qui ont travaillé pendant des années et veulent prendre une retraite anticipée (ou doivent le faire après un licenciement collectif). L’âge de la retraite a déjà été relevé à 67 ans et les conditions de retraite anticipée, rebaptisée RCC (Régime de chômage avec complément d’entreprise), avaient été durcies. Un nouveau tour de vis arrive.
Par Sander (Termonde)
Après les licenciements collectifs de Carrefour au début de l’année, les politiciens néolibéraux ont eu des discussions difficiles. Non pas au sujet de l’avidité du conseil d’administration de Carrefour qui se débarrasse du personnel d’une entreprise rentable. Non, le débat concernait les travailleurs âgés de Carrefour qui pouvaient utiliser le chômage avec complément d’entreprise dès l’âge de 56 ans. Inacceptable, pour la N-VA. Ces travailleurs qui avaient perdu leur emploi après des années de service ont été présentés comme des ‘‘profiteurs’’. On s’est par la suite servi d’eux pour rendre les choses pires encore.
Dans l’accord d’été, la décision a été prise d’augmenter la durée de carrière requise pour bénéficier d’une RCC de 40 à 41 ans. La possibilité de RCC en cas de restructuration ne sera possible qu’à partir de 59 ans l’année prochaine et à partir de 60 ans en 2020. Les dérogations sur base de la négociation sociale ne sont plus possibles. Il s’agit d’un pas de plus vers une retraite anticipée pratiquement inaccessible. De cette façon, le gouvernement veut que tout le monde travaille jusqu’à 67. Le fait qu’un employé n’est en moyenne en bonne santé que jusqu’à l’âge de 64 ans n’est pas pertinent pour le gouvernement. Nous devons travailler plus longtemps parce que l’espérance de vie augmente, voilà l’argument. Aux Etats-Unis, la même logique de précarisation de l’emploi et de pénurie sociale conduit déjà à une diminution de l’espérance de vie.
Dans la pratique, la suppression de la prépension pour les victimes de licenciements collectifs signifie le retour aux allocations de chômage. Le même accord d’été prévoit une réduction plus rapide des allocations après plusieurs mois de chômage. L’objectif : forcer les gens à retrouver plus rapidement des emplois mal rémunérés et précaires, ce qui, soit dit en passant, ne les sortira pas non plus de la pauvreté. Refuser des allocations à ceux qui sont mis à la porte après des années de travail est, semble-t-il, une priorité pour ce gouvernement. Cette attaque contre les travailleurs âgés devrait rapporter 20 millions.
Le ministre de l’Emploi Peeters (CD&V) tente de se présenter comme le visage social du gouvernement. Contre ses collègues de la N-VA, il a approuvé le plan RCC de Carrefour. Toutefois, on a immédiatement saisi l’occasion d’abolir cette possibilité. En échange de nouvelles promesses concernant les coopérateurs de la banque Arco, Peeters a avalé une nouvelle attaque contre le RCC. Mais cela ne suffira pas non plus, car la N-VA veut complètement éliminer toute possibilité d’une retraite anticipée.
La contestation sociale doit continuer. Le journal des syndicats sur les pensions, publié à un million d’exemplaires, fut une excellente initiative pour expliquer les mesures du gouvernement et ainsi renforcer la mobilisation contre elles. Une nouvelle édition de ce journal serait la bienvenue, de préférence immédiatement liée à des appels à l’action. Une mobilisation de masse sera nécessaire pour arrêter la casse sociale et lutter pour une société où les gens pourront prendre leur retraite à un âge humain, où il y aura des emplois pour tous avec des salaires et des conditions de travail décents, où ceux qui se retrouvent sans travail ne sont pas condamnés à la pauvreté,… Un plan d’action généralisé allant crescendo peut rassembler la colère et cibler le véritable coupable des attaques contre notre niveau de vie : la cupidité des 1% les plus riches.
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Quelle réponse à la politique d’asile brutale de Francken, Trump, Salvini & Co ?

Photo : Liesbeth Droit d’asile : c’est au système qu’il faut s’en prendre, pas à ses victimes !
Le mois passé, nous décrivions dans les pages de Lutte Socialiste la manière dont la rhétorique trumpienne de la N-VA crée un climat dans lequel les réfugiés sont déshumanisés. Nous le faisions suite à la mort tragique de la petite Mawda et aux réactions de Francken, Jambon et De Wever. Et ça continue aujourd’hui, notamment autour de l’Aquarius, ce bateau d’une ONG qui ne pouvait amarrer en Italie. Le président des Jeunes N-VA avait alors tweeté : “Return to Sender” (retour à l’envoyeur). 629 réfugiés se trouvaient sur le navire sauvé en Méditerranée.
Par Michael Bouchez
Etant donné que la mort d’une fillette de deux ans n’a pas eu de répercussions conséquentes, Francken & Co ont dû penser qu’ils pouvaient tout se permettre. Francken a lâché qu’il souhaitait contourner l’article 3 du Traité européen des Droits de l’Homme. Cet article interdit la maltraitance et le renvoi de personnes vers des endroits où ils peuvent être maltraités. Ce n’est pas une première. Francken et le gouvernement ont déjà collaboré avec la dictature soudanaise et les garde-côtes libyens pour renvoyer des réfugiés. Concernant sa proposition de contourner les droits de l’homme, il expliquait : “Nous avons conclu un deal en Turquie avec Erdogan, nous avons un accord avec des milices en Lybie, qui sont champion en matière de violation des droits de l’homme en Afrique.”
Si les partenaires de coalition et le Premier ministre crient au scandale après les déclarations brutales de Francken, c’est surtout pour occulter leur propre complicité. Car le gouvernement poursuit le même cap et les partis du gouvernement sont derrière la politique de Francken. Ils ne sont pas toujours d’accord sur la brutalité de la rhétorique, mais toujours sur le contenu.
Trumpisme
La frontière entre Francken et Trump semble particulièrement ténue. Francken a proposé, entre autres, que les personnes qui entrent sur le territoire de manière illégale perdent leur droit d’asile. Comment doit-on demander l’asile ? Dans les camps de réfugiés hors d’Europe. Pour les réfugiés qui ne résident pas dans des camps mais qui doivent quitter immédiatement leur pays d’origine, cela signifierait, selon Francken, qu’ils “verraient que cela n’a pas de sens de fuir.”
Pour ceux qui traversent la Méditerranée au péril de leur vie et y survivent, Francken a fait ouvrir une nouvelle aile au centre-fermé 127bis. Des enfants peuvent à nouveau y être enfermés, avec leurs parents. Aux Etats-Unis, des enfants ont même été séparés de leurs parents et enfermés dans de grandes cages en fer.
L’Europe sans solution
Les 629 réfugiés de l’Aquarius sont emblématiques de la politique d’asile européenne. L’Europe-forteresse n’est pas une nouveauté. L’accord conclu avec la Turquie était déjà une manière de repousser les réfugiés hors d’Europe. Le refus du gouvernement italien de laisser amarrer l’Aquarius dans un port italien et à Malte va dans le même sens. Le nouveau gouvernement italien du Mouvement 5 étoiles et de la Lega d’extrême-droite annoncent une politique de migration dure.
En Allemagne aussi, Merkel est sous pression de son ministre des affaires étrangères, Horst Seehofer, issu de son partenaire de coalition CSU, afin que soit menée une politique migratoire plus dure. Des populistes de droite essaient de marquer des points dans le désordre social en Europe avec une propagande anti-migration. Comme si ce n’étaient pas les ultra-riches et les spéculateurs mais les migrants qui sont responsables de la politique néolibérale menée depuis des années avec les répercussions que l’on connaît sur notre niveau de vie.
La pression qui est faite pour parvenir à un accord sur la politique européenne d’asile montre à quel point le projet européen est en crise. L’Union européenne prévoit notamment, en théorie, la libre circulation de tous les habitants. Mais dans le cadre du capitalisme, cette libre circulation est toujours soumise à la loi du marché et à la concurrence entre travailleurs.
Les partis traditionnels et les entreprises voient souvent les migrants comme de potentiels travailleurs à bas salaire. C’est, entre autres, ce qui se cache derrière le “Wir schaffen das” (“On peut le faire”) de Merkel. Ils stimulent la concurrence entre la population active de leur pays et les réfugiés. Dans la pratique, la libre circulation des personnes n’existe pas, mais les populistes de droite saisissent cette compétition pour plaider en faveur de refoulements et de frontières bien gardées.
Le nouveau gouvernement italien montre comment un gouvernement populiste de droite combine un discours contre l’austérité et un discours anti-immigration. La fin de l’austérité restera lettre morte, ils sont trop occupés à cibler les migrants. En Belgique aussi, la N-VA a déjà utilisé l’argument selon lequel la sécurité sociale sera impayable si nous continuons à accepter des réfugiés. C’est un non-sens, surtout de la part d’un parti qui mine la sécurité sociale pour faire des cadeaux aux grandes entreprises. Mais cela joue évidemment sur les inquiétudes des gens.
Les partis de l’establishment s’opposent régulièrement en paroles aux déclarations d’hommes politiques tels que Francken, Salvini, Orban ou Wilders. Mais ils vont dans le même sens. Le président du Conseil européen Donald Tusk proposait ainsi de séparer migrants économiques et réfugiés qui ont droit à la protection internationale dans des centres hors de l’UE.
La droite s’attaque aux victimes, pas aux causes
La politique d’asile de droite ne change rien aux raisons pour lesquelles les gens fuient. Au contraire. 2017 a été une année record avec 68,5 millions de personnes en fuite au niveau mondial dont presque la moitié ont migré à l’intérieur de leur pays. Ceux qui ont dû quitter leur pays restaient dans un pays voisin dans 80% des cas.
Les gens fuient pour causes de guerre, d’exploitation et de changement climatique. La N-VA ne parle jamais de ces circonstances. Au contraire, elle n’entend pas toucher à l’investissement de 35 milliards d’euros dans les nouveaux avions de guerre. La droite ne dit rien des guerres pour le pétrole, des multinationales qui pillent les richesses naturelles en Afrique, des conditions de travail au Bangladesh ou des catastrophes écologiques qu’engendre l’appât du gain des entreprises.
Dans notre pays aussi, la politique de Francken & Co ne change rien pour les travailleurs. Pour la N-VA, qu’il y ait moins de réfugiés ne signifie pas que le reste de la population aura davantage. Les réfugiés servent uniquement à détourner l’attention en vue d’appliquer plus d’austérité au détriment de la majorité de la population. Davantage de pauvreté infantile, d’économies budgétaires, de flexi-jobs, des pensionnés dans la misère,… voilà ce qu’ils nous réservent.
Traduire la solidarité en programme
Les mouvements de solidarité actifs partout en Europe montrent que la politique de l’establishment européen n’est pas acceptée sans broncher. Des campagnes et des manifestations sont un contrepoids important pour éviter pire. Trump a dû reculer suite aux protestations spontanées contre l’enfermement de mineurs. De telles campagnes doivent cependant se traduire dans un programme qui offre des réponses structurelles.
L’opposition officielle n’offre pas de réponse. La gauche traditionnelle est empêtrée dans des scandales et n’est plus crédible. Les partis sociaux-démocrates ont laissé se creuser les déficits sociaux de sorte que des tensions ont pu germer et pourrir au sein de la société. Ils ont échoué faute de mener une politique de gauche, pas parce qu’ils étaient trop à gauche. Leur appel à davantage d’humanité n’est pas pris au sérieux. C’est ainsi que les populistes de droite peuvent occuper le débat.
Un gouvernement de gauche doit défendre un programme qui réponde à la concurrence entre la population active en Europe et les réfugiés par des investissements publics dans l’emploi, la sécurité sociale, le logement. Ce n’est que de cette façon qu’on pourra fournir asile et accompagnement pour chaque réfugié. Un tel programme peut couper les ailes aux populistes de droite et impliquer de larges couches de la population. Il ne sert à rien d’inscrire les réfugiés sur une liste d’attente interminable pour l’obtention d’un logement social si l’on n’investit pas dans davantage de logements sociaux. Nous n’aurons de véritables “communes hospitalières” que si une politique d’investissements publics massifs est menée. C’est ce que défend la liste ‘Gauches Communes’ à Saint-Gilles (Bruxelles), qui sera présente aux prochaines élections communales.
Il est aussi nécessaire de s’organiser internationalement pour lutter contre ce qui pousse les gens à fuir. Personne ne laisse tout derrière lui par plaisir. Si rien n’est fait contre la pauvreté, les guerres et le changement climatique, il y aura toujours des réfugiés. Il y a assez de richesse et de connaissance technologique dans le monde pour construire un avenir à chaque enfant, partout. Sous le capitalisme, les richesses ne sont pas mises au service de la population. Tant que le capitalisme existera, les gens fuiront la misère, la guerre et les changements climatiques. Il nous faut un monde où les gens peuvent construire leur avenir où ils le souhaitent, dans leurs pays d’origine ou ailleurs.