Tag: Front de résistance contre l’austérité

  • Liège : Rassemblement anti-austérité

    Hier, à 17h30, une petite foule s’est rassemblée devant les locaux du MR à Liège afin de dénoncer les mesures d’austérité actuellement en discussion par la coalition suédoise – ou kamikaze – en formation. L’idée étant de dénoncer l’austérité sous toutes ses formes, les mesures envisagées par les autres niveaux de pouvoir n’ont pas été ignorées (notamment concernant l’enseignement), de même que les mesures du précédent gouvernement, et plus particulièrement les attaques lancée contre les chômeurs.

    L’appel à cette action avait été lancé par l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité (AAA), un regroupement de diverses organisations présentes à Liège. Au final, l’action a reçu le soutien d’ATTAC-Liège, du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, du Collectif de Vigilance des Travailleurs Sociaux, du Centre Poly-Culturel Résistance, des Étudiants de Gauche Actifs, de la Fédération des Résistances, des Jeunes FGTB-Verviers, des Jeunes Organisés et Combattifs-Liège, de la Ligue Communiste Révolutionnaire – Liège, du Parti Socialiste de Lutte – Liège, du Réseau Stop Art.63§2 et de Riposte.cte.

    Un peu moins de 200 personnes ont participé à cette action. Diverses prises de paroles se sont succédées pour dénoncer divers aspects des mesures. “Nous avons envie de dire à la population que les mesures que le futur gouvernement nous préparent ne sont pas inévitables, mais qu’il s’agit de choix idéologiques”, a ainsi déclaré Thierry Müller, de Riposte.cte et du Réseau Stop Art.63§2. De fait, comme le mentionnait le tract de mobilisation pour cette action, il n’y a jamais eu autant de richesses produites, mais elles n’ont jamais été aussi mal réparties. En Belgique, les 10% les plus riches possèdent 44% de la richesse nationale alors que 15 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (ce serait 42 % sans la sécu…). D’autre part, le paiement de la dette publique accapare 20 % des dépenses annuelles (à titre de comparaison, les allocations chômage 3 %…).

    Divers intervenants ont également défendu la nécessité d’un plan d’action offensif de la part des syndicats pour riposter contre l’austérité :  le syndicalisme de conciliation doit faire place à un syndicalisme de lutte !

    Après une série d’interventions de représentants de quelques unes des organisations signatrices, une assemblée populaire a pris place afin de parler de l’action qui venait de se tenir et de l’avenir des activités de l’Alliance pour des Alternatives à l’Austérité. Ce n’est pas la dernière fois que l’on entendra parler de ce regroupement…

    Ce n’est qu’un début, continuons le combat !

  • Bruxelles : rassemblement devant les locaux du MR

    Quelques dizaines de militants ce sont réunis hier à l’appel de la plateforme Stop Art.63§2, de Bruxelles Laïque, du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, des Jeunes Organisés et Combattifs, des Jeunes Anticapitalistes et des Étudiants de Gauche Actifs devant le siège du MR à Bruxelles.

    Par Maxime (Bruxelles)

    Les manifestants étaient présents pour avertir que le parti libéral, si il monte au pouvoir fédéral pour prendre des mesures d’exclusion, comme cela risque très probablement de se produire, il rencontrera inévitablement la résistance des mouvements syndicaux, sociaux et politiques.

    Une petite délégation a été reçue, où les conseillers de la présidence du MR ont garanti aux manifestants, qu’en tant que libéraux, ils faisaient particulièrement attention à ce que la politique du prochain gouvernement fédéral soit “sociale”… Le MR est persuadé que la diminution des salaires des travailleurs va créer de l’emploi et répondre à toute la souffrance sociale qui existe en Belgique !

    Convaincus de leurs dogmes néolibéraux, les libéraux veulent arroser de cadeaux le patronat et en même temps faire croire à la population qu’ils le font au nom de la lutte contre le chômage et pour la préservation du pouvoir d’achat !

    Nous devons impérativement préparer un front combattif de résistance contre tout ce que le gouvernement kamikaze nous prépare.

  • Comment riposter à l’agression gouvernementale ?

    Par la résistance et la défense d’une alternative socialiste!

    L’austérité à tous les niveaux de pouvoir, c’est le menu que les différents gouvernements et les autorités locales vont nous imposer. Accepter cette logique, ce n’est pas une option. Il faudra résister, et obtenir des résultats est tout à fait possible.

    Par Geert Cool, édito de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Le mouvement syndical a démontré à plusieurs reprises, ces dernières années, son pouvoir potentiel (contre le Pacte des Générations en 2005 ou pour le pouvoir d’achat en 2008). Le 2 décembre 2011, juste avant que le gouvernement Di Rupo ne soit installé, 80.000 syndicalistes défilaient déjà contre l’austérité. Mais ce potentiel n’a pas été saisi pour aller vers une confrontation frontale avec la politique d’austérité. À chaque fois revenait l’argument du danger d’un gouvernement de droite, utilisé notamment par le PS et le SP.a pour justifier leur politique de droite. Cet argument est maintenant caduc et même pour la CSC, il sera difficile de maintenir ses liens avec le CD&V alors que celui-ci gouvernera avec la N-VA.

    Pendant des années, les dirigeants syndicaux se sont limités à tenter d’émousser les bords les plus aigus des attaques antisociales. Mais les arêtes vives et dangereuses ne manqueront pas dans la période qui nous fait face, cette tactique est donc vouée à l’échec. Certains dirigeants et militants syndicaux pourront peut-être voir une alternative dans les gouvernements de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils se trompent. Il sera nécessaire de construire une dynamique de résistance et d’opposition active contre les politiques d’austérité, à tous les niveaux de pouvoir. C’est ce que nous avons déjà défendu avant les élections avec cette idée d’un front de résistance contre toutes les mesures d’austérité. Une campagne d’information des syndicats en front commun sur les lieux de travail, parmi les jeunes, dans les quartiers et parmi les pensionnés permettrait de divulguer l’ampleur des économies prévues et pourrait représenter la première étape dans la construction d’une forte mobilisation.

    Pour cette mobilisation, nous aurons besoin d’un plan d’action qui ne se limite pas à laisser échapper de la vapeur, mais qui vise à construire la pression nécessaire sur le gouvernement et le patronat afin de revenir sur les mesures d’austérité. Nous pouvons ici nous inspirer de ‘‘l’Opération Vérité’’ qui a précédé les grandes mobilisations de la grève générale de 1960-61. L’ampleur de la résistance de l’époque peut également être une source d’inspiration pour l’heure actuelle.

    Selon la logique capitaliste, l’austérité est la seule option. Dans ce cadre, les débats sont limités au rythme et à l’ampleur des économies budgétaires. Comme de nombreux travailleurs, jeunes, malades et pensionnés, le PSL pense qu’il faut partir des besoins et des exigences de la majorité de la population. La politique de ces dernières années a fortement augmenté les déficits dans les domaines de l’emploi, du logement, de l’éducation et des services publics. Un plan drastique d’investissements publics est nécessaire pour apporter des changements et améliorer notre niveau de vie avec des salaires plus élevés (par exemple, un salaire minimum général de 15 euros par heure) et des allocations décentes.

    De nombreuses ressources existent, mais celles-ci ne sont aujourd’hui pas utilisées dans l’intérêt de la collectivité. Une redistribution des moyens est de plus en plus considérée comme une alternative à la concentration des richesses aux mains des 1% les plus riches. Mais répartir les richesses se heurte directement à la logique capitaliste. Il nous faut une force politique qui lutte pour un autre système, un système socialiste, basé sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population, plutôt que sur la soif de profits. À cette fin, nous avons aussi besoin de prendre en mains la gestion et le contrôle des secteurs-clés de l’économie au moyen de nationalisations sans indemnisation, sauf sur base de besoins avérés.

    L’austérité dure qui arrive constituera un test pour le mouvement des travailleurs et la gauche politique. La possibilité d’obtenir des compromis est de plus en plus limitée. L’autre camp lance une offensive brutale qui exige une riposte ajustée en conséquence, tant sur le plan syndical que politique. La stabilité de ce gouvernement austéritaire dépendra de la réponse du mouvement des travailleurs. Le PSL veut jouer un rôle actif dans cette résistance : travaillez-y avec nous, rejoignez-nous!

  • Liège & Bruxelles : Rassemblement devant le MR

    Depuis plusieurs semaines, pas un jour ne passe sans que les médias ne nous annoncent le pire, comme si on assistait pas à pas à un test de notre résignation..

    TROP IS TE VEEL !

    L’objectif du gouvernement en formation est clair : attaquer les travailleur.se.s, tout.es les travailleur.se.s, avec ou sans emploi, à l’aide de mesures qui renforceront la chute des salaires et la dégradation des conditions de vie.

    Qui peut encore penser ne pas être concerné ? Eh bien, le patronat et les plus riches, qui se voient octroyer 2 milliards de cadeaux supplémentaires (maintien des intérêts notionnels, nouvelles exonérations de cotisations sociales, etc.) face aux 17 milliards d’austérité imposés à l’écrasante majorité de la population.

    Il n’y a jamais eu autant de richesses. Et elles n’ont jamais été aussi mal réparties…

    Les 10% les plus riches possèdent 44% de la richesse nationale (753.000 € en moyenne… et vous?) Alors que 15 % de la population vit sous le seuil de pauvreté (ce serait 42 % sans la sécu…).

    Le paiement de la dette accapare 20 % des dépenses annuelles (les allocations chômage 3 %…).

    LE PACTE SOCIAL DE ’45 EST CONSOMMÉ

    On assiste, sans réels contestation et plan d’action organisé, à une accélération de l’oeuvre néolibérale lancée il y a 30 ans par un gouvernement de sinistre mémoire (Martens-Gol), poursuivie sans grands états d’âme par ses successeurs.

    Quels que soient les partis en place et quels que soient les niveaux de pouvoir, aucune destruction de nos droits, conquis par la lutte et permettant de faire société depuis ’45, ne doit être acceptée. Ce sont tous nos désirs, nos rêves et nos projets que le gouvernement à la suédoise entend figer dans la glace.

    Si, aujourd’hui, nous allons dans la rue, déterminés, c’est pour leur faire savoir que nous avons compris le message et pour nous organiser. Nous invitons les organisations représentant les salarié.e.s et tous les mouvements sociaux à construire ensemble un plan d’actions au service d’une lutte forte, unie et sans compromission, contre toute forme d’austérité et pour un changement du rapport de force.

    BRUXELLES :

    Ce mercredi 10 septembre à 13h, au siège du MR avenue de la Toison d’Or, 86-88.

    Premiers signataires : Bruxelles Laïque, Cadtm, JAC (Jeunes anticapitalistes), EGA (Étudiants de Gauche Actifs) et de Stop Art.63§2… Si votre organisation veut se joindre à la liste des organisations appelantes, signalez-le à : a.willox@laicite.be ou sur l’événement Facebook.

    => Page Facebook

    LIEGE :

    Rendez-vous ce mercredi 10 septembre à 17h30 devant les locaux du MR (en Vinâve-d’île) – le rassemblement sera suivi d’une Assemblée populaire.

    Appel lancé par la note ‘AAA’ (Alliance pour des Alternatives à l’Austérité)

    => Page Facebook

    Premiers signataires : (pour signer l’appel : tcherry@collectifs.net)
    CADTM / CVTS / EGA / Jeunes FGTB Verviers / JOC Liège / Riposte-CTE / Plateforme Stop Article 63§2

  • L’austérité est-elle la seule option ?

    La politique qui sera menée par le nouveau gouvernement est connue : une attaque kamikaze contre le mouvement organisé des travailleurs, des jeunes et tous ceux qui vivent d’un salaire ou d’une allocation. L’appauvrissement collectif et le recul social sont destinés à sauvegarder les profits et les privilèges d’une petite minorité.

    Par Tim (Bruxelles), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Une chose doit être claire : c’est là tout ce qu’a à nous offrir le capitalisme moderne : des emplois précaires, des salaires qui fondent, une sécurité sociale déclinante et moins de sécurité tout court, tandis qu’une petite élite devient sans cesse plus riche. Ce système est complètement dépassé et est actuellement désespérément aux prises avec ses propres contradictions. Le futur gouvernement fédéral exprime tout cela de manière plus brutale, plus directe et plus provocante que ce à quoi nous avons été accoutumés ces 25 dernières années. Mais la politique menée est fondamentalement identique à celle que les autres partis établis – PS, SP.a et Ecolo compris – ont menée. Nous ne devons rien attendre de “l’opposition officielle” des soi-disant ‘‘progressistes’’.

    L’absence de grands mouvements de lutte capables d’arracher de véritables victoires a eu des conséquences auprès des masses en termes d’apathie, d’incertitude et de manque de confiance envers la capacité de lutter. Certains préfèrent d’ores et déjà se résigner devant le déluge d’austérité. Mais rester assis à attendre les prochaines élections ne va strictement rien changer, et rien ne garantit que les plans austéritaires cesseront à ce moment-là.

    La confiance dans la possibilité d’obtenir des victoires via la lutte collective contre le patronat et son gouvernement antisocial sera un facteur important pour déterminer jusqu’où les attaques seront prêtes à aller. Le gouvernement va tout d’abord tester le terrain avec quelques mesures bien définies, comme c’est le cas en Flandre avec la hausse des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur. Si aucune réaction ne se fait sentir, alors les attaques seront plus régulières et plus brutales. Nous avons beaucoup à apprendre de l’Italie, de l’Irlande, de l’Espagne, du Portugal et de la Grèce. Là-bas, le patronat et ses laquais politiques ont largement démontré qu’ils ne connaissent aucune limite.

    Chaque acte de résistance rendra la tâche plus difficile au gouvernement et lui fera réfléchir avant de passer à la manoeuvre suivante. Nous devons répondre à chaque offensive par une résistance déterminée, à chaque provocation par une action collective tenace. Mais il faudra aller au-delà en unifiant l’ensemble des mouvements de résistance et des organisations militantes en un front uni de la résistance sociale.

    La manière dont ce front devra être construit dépendra bien évidemment de la dynamique de la lutte. Mais il faudra de toute façon que ce soit une plateforme au sein de laquelle différents organisations et mouvements combatifs puissent se retrouver et discuter ensemble des tactiques, de la stratégie, du programme et de l’articulation de ces divers mouvements pour se renforcer les uns les autres.

    Avec ses élus, le PTB peut jouer un rôle très important dans ce cadre. Ce front de résistance doit avoir une attitude ouverte envers les délégations, secteurs, voire centrales syndicales qui se déclareront prêtes à rompre avec cette idée de l’inévitable austérité, à lutter contre l’appauvrissement collectif et qui voudront jouer un rôle dans la construction de ce front de résistance.

    Pour le PSL, ce front de résistance doit constituer la première étape vers la création de ce qui pourrait constituer après quelques années un nouveau parti des travailleurs : une organisation politique et démocratique large, au sein de laquelle les partis de gauche déjà existants, les organisations syndicales et les autres mouvements sociaux qui luttent sur leur propre terrain contre les conséquences de la crise de ce système, pourront se retrouver et discuter de l’organisation de la lutte et d’une alternative à l’austérité. Pour le PSL, cette alternative est clairement le socialisme démocratique, un système où les immenses richesses de la société seront collectivisées et démocratiquement gérées dans le but de satisfaire
    les besoins de tout un chacun.

    Mais entre-temps, les militants du PSL, partout où ils sont actifs, joueront un rôle dans le mouvement de lutte qui va apparaître. Nous interviendrons sur les piquets de grève, dans les manifestations et dans les actions avec notre programme, nos analyses et perspectives, et là où nous en avons les forces, participerons activement à la construction du mouvement.

  • L’accord gouvernemental flamand : analyse

    Que l’accord gouvernemental de la nouvelle coalition flamande N-VA, CD&V et Open-VLD soit remplis d’attaques, de mesures antisociales et de la continuation de la politique de démantèlement des acquis du mouvement des travailleurs, ce n’était une surprise pour personne. La déclaration de politique régionale flamande est une déclaration de guerre ouverte aux travailleurs, aux jeunes et aux allocataires sociaux. L’idée de base est d’accroître le processus de privatisations et d’austérité pour ainsi faire payer la facture de la crise à la majorité de la population.

    Par Tim (Bruxelles)

    Le gouvernement « Bourgeois I » n’a pas volé son nom… Dans l’accord, il prétend que tout le monde devra dorénavant faire de douloureux efforts. Il est toutefois certain que ce « tout le monde » ne comprend pas les entrepreneurs, les multinationales et les super-riches : l’accord est rempli de mesures destinées à « stimuler l’entrepreneuriat ». En clair: des attaques contre la classe des travailleurs pour favoriser patrons et actionnaires.

    Le gouvernement flamand se prépare à pleinement utiliser ses compétences dans ce but, notamment celles reçues dans le cadre de la 6ième réforme d’Etat. Des coupes dans les systèmes de pause-carrière, d’abord : toute une série de possibilités dans ce domaine seront abolies, seules quelques options limitées resteront en place, comme la pause-carrière destinée à prendre soin d’un membre de sa famille fort malade. D’autres attaques sont également annoncées : l’approfondissement de la politique visant à diminuer les coûts salariaux avec de nouveaux cadeaux aux entreprises et l’utilisation des nouvelles compétences régionales dans le domaine du marché de l’emploi pour renforcer les contrôles et les sanctions contre les chômeurs. Le nouveau gouvernement compte même d’introduire un système de « service à la communauté » : les chômeurs seront obligés de travailler pour leur allocation, même dans le secteur privé. La responsabilité du chômage est intégralement mise sur le dos des chômeurs à titre individuel, et la responsabilité des entreprises qui délocalisent et licencient – la cause réelle du chômage structurel que nous connaissons – est passée sous silence.

    Nos services publics en ligne de mire

    Des cadeaux pour les patrons, l’austérité pour le reste de la société. Les services publiques sont particulièrement ciblés : le gouvernement Bourgeois prévoit une forte restructuration de l’administration flamande avec comme but essentiel la réduction du nombre de fonctionnaires et la privatisation des tâches qualifiée de « non-centrales » pour l’administration : l’entretien, l’ICT (information et communication), le nettoyage. La diminution des effectifs au cours de la dernière législature flamande – 2.160 postes de travail perdus, soit 7,5% de l’effectif – avait déjà causé de sérieux manques de personnel dans plusieurs services à la population. Le gouvernement a été incapable de garantir la qualité du service avec la diminution du nombre de fonctionnaires, mais il prévoit maintenant de continuer sur la même voie…

    L’ancien gouvernement avait déjà fortement été critiqué pour sa politique de privatisation de certaines tâches administratives, notamment pour le transfert de l’accompagnement des chômeurs par le service publique VDAB (équivalent du FOREM ou d’Actiris) vers le privé, surtout après qu’une série d’études aient démontré l’inefficacité profonde de ces fameux partenaires privés. En plus, les 22 millions d’euros qui ont étés « sauvés » par la réduction du nombre de fonctionnaires à la VDAB ont été fortement dépassés par le surcout des consultants privés qui ont repris leurs tâches : cette dépense a augmenté de 23,9 millions d’euros vers 100,5 millions entre 2005 et 2012 ! Un exemple supplémentaire pour démontrer que toute cette idée selon laquelle le secteur privé est « plus efficace » n’est qu’un mythe… C’est pourtant très précisément ce mythe qui sert d’ossature à l’accord gouvernemental des nouvelles autorités flamandes.

    Economiser en cadence

    Malgré sa volonté profonde de passer des coupes budgétaires et des privatisations dans l’ensemble de l’administration flamande, le gouvernement hésite fortement à en prendre lui-même la responsabilité et préfère imposer toute une série d’économies aux entités subalternes, comme les communes, les provinces, les universités, certaines administrations,… La rhétorique est à chaque fois identique : l’entité reçoit plus d’autonomie, mais devient elle-même responsable de l’application de coupes budgétaires. Ainsi, les communes recevront plus d’autonomie pour diminuer des dépenses sociales, privatiser les intercommunales (notamment concernant la récolte des déchets et la distribution de l’eau et de l’énergie) et pour briser le statut des fonctionnaires communaux. La tactique du gouvernement est celle qu’Edmund Burke – le philosophe conservateur favori de Bart De Wever – décrivait déjà sous ces termes « En rongeant une digue, même un rat peut noyer une nation » : en ouvrant toute une série de petits fronts d’austérité, le gouvernement espère que l’inondation d’austérité arrivera partout, sans qu’elle ne doivent elle-même se mouiller…

    Austérité dans l’enseignement, les services publics et le bien-être

    Les attaques du gouvernement sont générales, aucun domaine n’y échappe. Dans le secteur du bien-être, aucun mot n’est dit sur les énormes listes d’attente dans les institutions pour invalides, personnes âgées et autres. Tout le chapitre sur ce domaine est dédié à la proposition de stimuler « l’entrepreneuriat social ». Avec ce terme flou, le gouvernement espère augmenter les possibilités d’entreprises comme Sodexo pour jouer un rôle dans le secteur de la santé, une dynamique déjà entamé par l’ancien gouvernement à travers « Flanders Care ».

    Même chose dans les transports en commun : le gouvernement affirme « irréaliste » de poursuivre la politique de « mobilité de base » de De Lijn, et prétends que l’entreprise doit augmenter ses propres revenus (en augmentant les tarifs), arrêter sa politique de «gratuité et quasi-gratuité » (fin des abonnements gratuits et bon marchés pour les séniors ou les jeunes) et réduire l’offre dans les régions les moins peuplées de Flandre.

    L’enseignement reçoit aussi une belle claque : 800 millions d’euros d’économies sont annoncés, dont la moitié pour l’enseignement supérieur. Les mêmes crédos valent aussi dans ce domaine : augmenter les privatisations (par les partenariats publics-privés, notamment dans la construction de nouvelles écoles) et le nivellement vers le bas de l’allocation de base par élève dans l’enseignement libre et communautaire (une idée piquée à l’ancienne coalition Olivier de la communauté française). Pour le supérieur, le gouvernement prévoit une forte économie et donne aux universités et hautes écoles « toutes les possibilités » de décider elles-mêmes de la manière d’y faire face. Une des pistes est la libéralisation des minervals : les institutions pourront désormais choisir librement les droits d’inscriptions appliqués. Les chiffres actuellement cités impliqueraient un quasi-triplement des minervals, qui passeraient de 600 euros à 1.500 voire 1.800 euros par an ! La poursuite et l’accentuation de la « rationalisation de l’offre » dans l’enseignement supérieur est une autre piste proposée par les autorités flamandes : réduire le nombre de formations offertes par les institutions. Finalement, les moyens pour la recherche fondamentale seront fortement réduits en faveur des subsides scientifiques aux entreprises.

    Quelle alternative?

    Le gouvernement Bourgeois I est un gouvernement de provocation et d’attaques brutales contre le mouvement des travailleurs. Son objectif est de garantir les privilèges d’une minorité par l’appauvrissement de la collectivité.

    Le gouvernement prétend que sa politique est ‘‘inévitable’’, et il pourrait bien parvenir à faire passer cette illusion parmi des couches plus larges de la population. Un front de résistance contre l’austérité est indispensable : chaque attaque doit recevoir une réponse à sa mesure avec une résistance de masse qui pointe le doigt sur les énormes richesses qui existent dans la société mais auxquelles le gouvernement ne veut pas toucher pour offrir une alternative à la politique d’austérité. Sans riposte, le gouvernement continuera tout simplement sur son chemin antisocial. Les exemples de Grèce, d’Irlande ou encore d’Espagne nous ont déjà montré jusqu’où la bourgeoisie est prête à aller.
    Un front de résistance contre l’austérité pourrait fournir au mouvement des travailleurs un outil qui assurerait que les mouvements de luttes ne soient plus isolés et que des discussions soient menées concernant le programme, la stratégie et les tactiques nécessaires pour renforcer notre lutte jusqu’à la victoire.

    Dans tout le pays, les militants du Parti Socialiste de Lutte / Linkse Socialistische Partij (PSL/LSP) joueront leur rôle en aidant à organiser cette résistance et à construire ce front. Ils interviendront en défendant la nécessité d’un programme de rupture anticapitaliste et socialiste, seul à même, selon nous, à donner une alternative à ce système capitaliste qui sème austérité et misère. Les richesses doivent être démocratiquement gérées par toute la collectivité.

    Le gouvernement Bourgeois peut bien se préparer pour la guerre de classe, nos militants – et d’autres – seront prêts à y répondre !

  • Wallonie : Le gouvernement Magnette-Prévot entame le sale boulot

    Les majorités commencent à être élaborées dans tout le pays et, avec la constitution de ces gouvernements, les lignes politiques commencent à se dessiner. Si les coalitions peuvent sembler très diverses de Flandre en Wallonie en passant par Bruxelles et le Fédéral, il se trouve néanmoins un point commun majeur : l’application de la politique d’austérité !

    Dans les pages du Soir, Paul Magnette avait fièrement déclaré en pleine campagne électorale que le gouvernement Di Rupo avait fait le « Dirty Work » (le sale boulot). Et, en effet, la politique menée a représenté plus de vingt milliards d’euros d’économies ! La majeure partie de cette somme a été trouvée via des coupes budgétaires qui ont touché travailleurs et allocataires sociaux. Et il y a encore eu l’imposition par le gouvernement Di Rupo d’une norme salariale synonyme de blocage des salaires hors indexation pour deux ans. Magnette, Prévot & Co veulent maintenant eux aussi faire le « sale boulot » au niveau régional.

    800 millions d’euros à trouver… au moins

    C’est en effet la somme qu’il faudra trouver pour les années 2015 et 2016. Rien n’indique que les choses seront amenées à être différentes par la suite. Le président de l’Union Wallonne des Entreprises (UWE), Jean-François Héris, avait donné le ton une fois les élections passées : « Nous avons une législature de 5 ans. Il faut en profiter. On doit faire des économies pour dégager des moyens que l’on injectera dans l’économie, dans l’enseignement. Jusqu’à présent, austérité, c’est resté un vilain mot. On parle de rigueur, de ‘recette belge’. Il faut mettre plus de tonus là-dedans. On doit oser parler d’austérité. » Paul Magnette lui avait répondu que « L’austérité serait une erreur parce qu’elle aggraverait la crise mais le contexte budgétaire ne sera pas simple. Il faudra trouver des marges partout où cela n’atteindra pas les citoyens et la création d’emplois ». Mais une fois à l’épreuve des faits, force est de constater que toute cette joute oratoire ne concernant que l’utilisation des termes…

    La Région doit intégrer de nouvelles compétences transférées par le fédéral dans le cadre de l’application de la 6e Réforme d’Etat, mais sans que les budgets correspondants n’aient été transmis ! A côté de cela, certains « investissements » notamment liés aux Partenariats-Public-Privé (PPP) doivent maintenant être considérées comme des dépenses selon les nouvelles normes comptables européennes (cela représenterait 500 millions d’euros de dépenses supplémentaires dans les 3 ou 4 prochaines années).

    La Déclaration de Politique Régionale (DPR) stipule notamment qu’un fonctionnaire sur cinq partant en pension seulement serait remplacé de 2015 à 2016, un sur trois ensuite de 2017 à 2019. Qui prétendra sérieusement que cela « n’atteindra pas les citoyens et la création d’emplois » ? Quant aux mesures pour l’emploi, l’engagement des jeunes peu qualifiés sera encouragé par un taux de cotisations sociales de 0%. Un beau cadeau pour le patronat, qui servira de plus à monter encore plus les différentes catégories de travailleurs les unes contre les autres.

    Comme l’a déclaré l’un des deux députés régionaux du PTB, l’ancien sidérurgiste Frédéric Gillot, le menu du gouvernement wallon : « C’est l’austérité en entrée, en plat principal et en dessert. C’est pour ça que la DPR me reste en travers de la gorge. C’est la soupe aux cailloux. Un menu indigeste. » Nous ne pouvons que nous retrouver sur ce constat. Et les nouvelles ne seront pas meilleures concernant la Fédération Wallonie-Bruxelles, comme l’ont déjà laissé entendre les lourdes menaces qui pèsent sur l’enseignement.

    Ne nous laissons pas endormir par de belles paroles !

    La coalition wallonne « progressiste » fera tout pour dire que ce gouvernement est radicalement différent des autorités fédérale ou flamande afin de tenter d’amoindrir la résistance sociale contre ses mesures. Il est vrai que le gouvernement flamand est officiellement ancré à droite, mais la suppression de la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans en Flandre est par exemple une idée soufflée par la précédente législature wallonne (la mesure est entrée en vigueur en 2013 pour les TEC), la coalition prétendument progressiste de l’Olivier !

    Les mesures d’austérité vont arriver de toutes parts : du fédéral, des Régions, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et des communes. Nous ne devons pas laisser la force du mouvement des travailleurs être divisée, nous devons riposter tous ensemble ! Et en plus des diverses mesures que prendront les autorités néolibérales, n’oublions pas que les négociations pour le prochain Accord Interprofessionnel se profilent à l’horizon !

    Le jour-même des élections, le secrétaire fédéral de la FGTB Jean-François Tamellini avait lancé un appel pour un « vaste mouvement social » sur les réseaux sociaux. Il déclarait notamment : « Ce ne sont pas les politiques ou les gouvernements qui nous permettront de sortir de la dictature de la finance et de l’exploitation capitaliste. Ceux-là continueront simplement à discuter du poids des chaînes. SI LA VOLONTÉ EST DE BRISER LES CHAÎNES, CE N’EST QU’EN ORGANISANT UN VASTE MOUVEMENT SOCIAL QUE NOUS Y PARVIENDRONS! » De son côté également, le PSL n’a cessé de défendre durant toute la période de la campagne électorale la nécessité de construire un large front de résistance contre l’austérité, à tous les niveaux de pouvoir. Nous devons organiser la lutte pour défendre nos conquêtes sociales et en obtenir d’autres. De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives veulent résister contre la logique capitaliste qui nous est imposée, elles doivent œuvrer à l’émergence d’une lutte conséquente menée en commun sur le terrain, avec un bon plan d’action audacieux et allant crescendo, qui lie campagnes de sensibilisation et mobilisation vers une succession d’action jusqu’à la grève générale, et même plusieurs si besoin est.

    Une autre logique est possible, et nécessaire. Suffisamment de richesses existent aujourd’hui pour en finir avec la pauvreté, le manque d’emplois, le manque de logements sociaux, le manque de moyens pour l’enseignement, les soins de santé, etc. Mais alors que nous n’avons jamais créé autant de richesses, il n’est question que d’appauvrissement et d’efforts pour la majorité de la population : ce qui est créé par la force et la sueur des travailleurs ne sert qu’à satisfaire la soif de profit des capitalistes. Nous devons riposter contre les attaques antisociales, c’est vrai, mais ce combat ne pourra véritablement rencontrer la victoire que s’il est lié à la lutte pour une autre société, une société où les secteurs-clés de l’économie seront démocratiquement gérés par les travailleurs, une société socialiste.

  • Un gouvernement provocateur de droite dans les starting-blocks

     Pour une riposte du mouvement des travailleurs !

    C’est un pari risqué pour la bourgeoisie. La probabilité est réelle que cela provoque une éruption sociale difficile à contrôler. Depuis le jour du scrutin, les efforts visant à constituer une coalition de droite n’ont cependant fait que croître. Un gouvernement provocateur de droite avec la N-VA, le MR, le CD&V et l’Open-VLD est en préparation. Ce que cela signifiera pour la population ordinaire est évident au vu des premières annonces du gouvernement flamand de droite : augmentation des minervals pour les étudiants jusqu’à 1000€, abolition de la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans, réduction drastique du woonbonus (un avantage fiscal suivant l’achat d’une maison), doublement de l’assurance santé de 25 à 50 euros, suppression de la petite quantité d’électricité et d’eau gratuite par ménage, etc. Tout cela, les travailleurs et leurs familles devront le subir brusquement. Si c’est cette politique qui doit être mise en œuvre au niveau fédéral, cela n’annonce rien de bon.

    Une austérité de plus en plus dure

    L’essence de la discussion entre le modèle PS et celui de la N-VA concerne le rythme de l’austérité. Sur l’essentiel – l’application d’une politique d’assainissements menée au détriment des travailleurs et des allocataires – ils sont d’accord. Mais là où le PS appelle à la prudence, rien ne va pas assez vite pour la N-VA. C’est ce que nous constatons avec les propositions des différents gouvernements régionaux. Le gouvernement flamand se précipite pour annoncer des mesures austéritaires conséquentes alors que la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Région wallonne font un peu plus attention.

    Mais côté francophone, des mesures d’austérité à hauteur de un milliard d’euros se suivront chaque année, l’enseignement sera notamment durement frappé. Au début, quatre fonctionnaire sur cinq partant en pension ne seront pas remplacés, et un sur trois après deux ans. Ce sont déjà là des mesures profondément antisociales, mais le gouvernement flamand veut aller encore plus loin. Certaines des attaques qu’il prévoit ont toutefois déjà été réalisées côté francophone, comme c’est le cas des frais d’inscription aux universités, qui sont de 900 euros, et de la suppression de la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans.

    Le nouveau gouvernement flamand est en fait une copie de la coalition au pouvoir à Anvers, dont la politique est caractérisée par d’importantes économies sur le dos du personnel communal et des services publics, accompagnées d’une répression particulièrement sévère qui n’évite pas les provocations. Cette coalition de la N-VA, du CD&V et de l’Open-VLD peut elle aussi simplement affirmer qu’elle ne fait qu’approfondir ce que d’autres ont fait, la précédente coalition dirigée par le SP.a dans ce cas-ci.

    La force du consensus néolibéral a été illustrée par le fait que l’Open-VLD ait à peine eu besoin d’une soirée pour avaler l’accord gouvernemental flamand. Quelques points et virgules ont juste été ajustés. Pour les provocateurs professionnels – comme les fédérations patronales flamandes VOKA et Unizo – c’était l’occasion d’immédiatement rendre hommage aux plans et mesures prévus et même d’en exiger de nouvelles, encore plus sévères.

    La coalition kamikaze

    Les frustrations du MR de Charles Michel et Didier Reynders, resté sur le pas de la porte des gouvernements wallons et bruxellois, ont ouvert la voie pour un gouvernement kamikaze. Avec seulement 20 sièges francophones sur 63, la légitimité démocratique de ce gouvernement est compromise à l’avance. Mais cette considération ne compte pas pour le MR face à l’attrait que représentent 7 fonctions ministérielles.

    Avant les élections, pourtant, les propos du MR étaient particulièrement acerbes vis-à-vis de la N-VA. Il s’agissait alors d’une « voix raciste » dans le cadre d’un « projet de discrimination et de mépris ». « Le parti caricature la Wallonie » déclarait ainsi Charles Michel le 21 mai dans les pages du quotidien flamand De Tijd. Charles Michel est maintenant prêt à faire des affaires avec la N-VA « parce que le gouvernement n’aura pas d’agenda communautaire, uniquement socio-économique. » Le fait que le gouvernement flamand impose sa politique à l’échelon fédéral est pourtant une base assez solide pour entrainer discussions et problèmes communautaires.

    Les partis de la coalition flamande ont déjà fait comprendre que la réduction de charge de 1,35 milliard d’euros prévue au fédéral devrait être plus importante. Entretemps, il a été confirmé que le prochain gouvernement fédéral devra trouver 17 milliards d’euros. Ce chiffre sera amené à être augmenter avec les nouvelles règles européennes de calcul de la dette publique. Dans le cadre de la formation du gouvernement flamand, le président de la N-VA Bart De Wever a déclaré : « La situation socio-économique nécessite la formation la plus rapide possible de gouvernements vigoureux, à tous les niveaux. La prise de conscience de cette responsabilité nous a réunis. » Au niveau fédéral, il sera notamment question d’un débat sur les pensions.

    Il semble que la bourgeoisie belge ait opéré un virage et abandonné l’option d’une tripartite avec le PS pour l’adoption de mesures sévères avec un gouvernement constitué autour de la N-VA. La peur de l’agitation sociale a cédé la place à l’opportunité d’appliquer des mesures drastiques qui, en cas de turbulence sociales excessives, gardent le PS en réserve. De Tijd a écrit le 22 juillet: « Chez les démocrates-chrétiens, qui livrent le Premier ministre avec Peeters, la frayeur de laisser la N-VA hors du jeu a été supérieure à la crainte de troubles sociaux. »

    Certains à la N-VA semblent être conscients de la situation difficile dans laquelle se trouve le parti. Il y a d’un côté la pression des employeurs pour adopter des mesures très impopulaires et de l’autre le danger que le parti, en tant que principal facteur antisocial du gouvernement austéritaire, ne soit ainsi brûlé en tant que troupe de choc néolibérale. A chaque annonce de mesure antisociale, la N-VA cherche d’ailleurs ensuite à emballer les choses ou ajouter des compensations. « Nous ne laissons personne derrière », comme l’affirme l’accord gouvernemental flamand.

    Le mouvement des travailleurs doit riposter

    La politique d’austérité peut conduire à des troubles sociaux non seulement du côté francophone, mais également du côté néerlandophone. Il semble que De Wever, Bourgeois, Peeters & Co estiment que cela n’ira pas aussi loin. A Anvers, la politique antisociale locale a bien été confrontée à plusieurs actions, sans toutefois que cela ne donne naissance à un mouvement généralisé avec un plan d’action élaboré pour canaliser l’énorme mécontentement en une lutte conséquente contre les sévères attaques antisociales. Peut-être les partenaires de cette coalition fédérale de la provocation prévoient-ils qu’il sera également possible que les choses en restent là aux niveaux flamand et fédéral. Ils espèrent que la position des syndicats est suffisamment affaiblie, ce en quoi la N-VA a livré sa contribution avec son assaut frontal contre l’ACV (la CSC flamande).

    Au cours de ces dernières années, le mouvement syndical a, à plusieurs reprises, laissé voir sa force potentielle. Ce fut notamment le cas des protestations contre le Pacte des Générations ou encore du mouvement pour plus de pouvoir d’achat. Le 2 décembre 2011, alors que le gouvernement Di Rupo n’était pas encore en selle, 80.000 syndicalistes ont défilé contre les futurs plans d’austérité. Mais le potentiel n’a pas été saisi pour aller à la confrontation frontale avec la politique d’austérité. L’argument du danger d’un gouvernement de droite a servi maintes et maintes fois à justifier d’accepter la politique de droite menée par le PS et le SP.a. Cet argument est aujourd’hui devenu caduque, et l’ACV n’aura pas facile à maintenir ses liens avec le CD&V à un moment où ce parti intègre un gouvernement où la N-VA dicte le ton.

    Pour l’instant, la réponse de l’ACV est très docile. Patrick Develtere, de Beweging.net (anciennement l’ACW, l’aile flamande du MOC), a déclaré: « Une réduction de charges est nécessaire, et on doit économiser, mais nous trouvons qu’il est naturel que cela se fasse de façon responsable, socialement juste et réfléchie. » Develtere a-t-il cette fois-ci consulté sa base avant de se prononcer ? Le Président de l’ACV Leemans note que le gouvernement flamand se profile comme l’ami des milieux d’affaires et que « ce n’est pas une option de créer de la croissance en coupant dans le bien-être social ou en s’en prenant aux services collectifs. » Au syndicat socialiste, on a annoncé que des ajustements seraient à venir sur base de négociation avec les politiques flamands.

    Les dirigeants syndicaux ont, des années durant, limité leur action à des tentatives visant à limer les arrêtes les plus vives. Ces côtés tranchants ne manqueront pas à l’avenir, en telles quantités qu’il faudra impérativement autre chose que cette tactique vouée à l’échec.

    Les premières annonces d’austérité au niveau régional ont donné le ton. Les jeunes, les travailleurs, les retraités, les malades,… tout le monde est touché, tandis que de plus en plus de moyens sont disponibles pour donner des cadeaux aux grandes entreprises (et maintenant aussi aux légèrement plus petites). Dans le cas où ce gouvernement fédéral provocateur et austéritaire arrive effectivement, nous ne devons pas attendre pour organiser notre résistance et assurer qu’elle ne soit pas limitée aux niveaux fédéral ou flamand. À Bruxelles, en Wallonie, en Fédération Wallonie-Bruxelles et aux communes, les attaques antisociales sont également sévères. Nous faisons face à une avalanche d’austérité, à tous les niveaux, et notre riposte doit être adaptée en conséquence.

    Certains dirigeants et militants syndicaux pourront peut-être voir une alternative aux gouvernement ouvertement de droite flamand et fédéral dans les gouvernements de la Région wallonne et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ils se trompent. Il sera nécessaire de construire une dynamique de résistance et d’opposition active contre les politiques d’austérité, et ce à tous les niveaux de pouvoir. C’est ce que nous avons déjà défendu avant les élections avec cette idée d’un front de résistance contre toutes les mesures d’austérité. Une campagne d’information des syndicats en front commun sur les lieux de travail, parmi les jeunes, dans les quartiers et parmi les pensionnés permettrait de divulguer l’ampleur des économies prévues et pourrait représenter la première étape dans la construction d’une forte mobilisation.

    Pour cette mobilisation, nous aurons besoin d’un plan d’action qui ne se limite pas à laisser échapper de la vapeur mais qui vise à construire la pression nécessaire à instaurer sur le gouvernement et le patronat afin de revenir sur les mesures d’austérité. Nous pouvons ici nous inspirer de « l’Opération Vérité » qui a précédé les grandes mobilisations de la grève générale de 1960-61. L’ampleur de la résistance de l’époque peut également être une source d’inspiration pour l’heure actuelle.

    Selon la logique capitaliste, l’austérité est la seule option et le débat se limite à la vitesse et à l’ampleur de celle-ci. Tout comme de nombreux travailleurs, jeunes, malades et pensionnés, le PSL pense également qu’il faut partir des besoins et des revendications de la majorité de la population. La politique de ces dernières années n’a fait qu’agrandir les déficits dans les domaines de l’emploi, du logement, de l’enseignement et des services publics. Nous avons besoin d’un plan drastique des d’investissements publics pour changer cela et pour améliorer nos conditions de vie avec des salaires plus élevés (avec par exemple l’instauration d’un salaire minimum généralisé de 15 euros par heure) et de meilleures allocations.

    Les moyens sont présents et nombreux, mais ceux-ci ne sont pas aujourd’hui utilisés dans l’intérêt de la majorité de la population. Une autre répartition des richesses est de plus en plus considérée comme une alternative à la concentration des richesses aux mains des 1% les plus riches de la population. Mais redistribuer les richesses va directement à l’encontre de la logique du système capitaliste. Nous avons besoin d’une force politique qui lutte pour un autre système, un système socialiste, basé sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population plutôt que sur la soif de profits qui prédomine aujourd’hui. À cette fin, nous devons également posséder et contrôler les secteurs clés de l’économie, par leur nationalisation sans indemnisation, sauf sur base de besoins prouvés.

    L’austérité dure qui arrive constituera un test pour le mouvement des travailleurs et la gauche politique. La possibilité d’obtenir des compromis est de plus en plus limitée. L’autre camp lance une offensive brutale qui exige une riposte ajustée en conséquence, tant sur le plan syndical que politique. La stabilité de ce gouvernement austéritaire dépendra de la réponse du mouvement des travailleurs. Le PSL veut jouer un rôle actif dans cette résistance : travaillez-y avec nous, rejoignez-nous!

  • Enseignement : Attention, danger !

    On le savait l’austérité était destinée à s’abattre durement sur nous une fois les élections passées, à tous les niveaux de pouvoir. Côté francophone, les prétendues futures coalitions “progressistes” PS-CDH (avec le FDF pour la Région bruxelloise) ne sont pas en reste. Tout d’abord avait filtré le chiffre d’un effort austéritaire de 2 fois 150 millions d’euros pour les budgets de l’enseignement (en 2015 et 2016). Mais il semblerait maintenant qu’il s’agirait d’une mesure récurrente. Voilà de quoi sérieusement inquiéter membres du personnel (enseignant ou non), étudiants et parents.

    Il nous faut encore attendre pour voir comment l’austérité va concrètement frapper le secteur de l’enseignement. Mais une chose est certaine : quelle que soit la méthode, cela fera très mal. Aujourd’hui déjà, le manque de moyens est criant. Alors que 7% du Produit Intérieur Brut étaient consacrés à l’enseignement dans les années ’80, il n’est plus aujourd’hui question que de 5% environ. Les conséquences ne sont pas surprenantes : un enseignement très inégalitaire, des classes surpeuplées, des installations vétustes, des locaux en préfabriqué, des activités pédagogiques rachitiques et un taux de départ impressionnant parmi les jeunes profs : 40% des enseignants quittent leur profession dans les cinq premières années !

    Le budget global de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles est actuellement de 7 milliards d’euros. De cette somme, 87% sont dévolus aux frais de personnel, le reste étant consacré au fonctionnement et aux bâtiments. Inutile de dire que les enseignants vont payer le prix fort des futures mesures d’austérité. De quelle manière ? Les idées ne manquent pas, et la dernière qui a fuité dans la presse fait état de la suppression des options et filières peu fréquentées dans l’enseignement technique et professionnel. Mais ce sera insuffisant et l’impact de l’économie ne se fera pas sentir de suite. Des pertes d’emplois sèches et nettes seront très certainement au rendez-vous, au sein d’un cocktail des plus explosifs pour notre enseignement.

    Le site enseignons.be dénonce : « Elle semble loin, la promesse électorale d’engager 1.000 enseignants supplémentaires pour organiser de la remédiation immédiate dans les écoles. Tant le PS que le cdH avaient fait de l’enseignement une priorité dans leurs programmes électoraux. (…) les profs savent déjà que la rentrée sera chaude sur le front social. » (1)

    Manifestation du 5 mai 2011. Les priorités des autorités étaient très clairement dénoncées…

    Dans l’édition du Soir d’aujourd’hui, le responsable de la CSC-Enseignement Eugène Ernst dénonce lui aussi « Le PS parlait d’engager 1.000 enseignants au fondamental, de payer la cantine des gosses et le cdH disait qu’il voulait de l’argent pour le Libre. C’est où, tout ça, maintenant ? (…) Nous sommes prêts à réagir, dès la rentrée, avec un plan qui ira crescendo – de l’information des militants à l’action ! » A la CGSP, pascal Chardome déclare de son côté : « On verra ce qui sort des négociations. Mais on est prêts… » (2)

    Attention maintenant à ne pas se laisser bercer par une tactique bien connue et dénoncée à juste titre sur le site enseignons.be : « Nous lirons et entendrons sûrement beaucoup d’horreurs dans les prochaines semaines. La tactique est connue : on fait fuiter des pistes dans la presse des réformes inconcevables pour les enseignants et les pouvoirs organisateurs. On fait mousser… puis on propose une économie moindre qui fait consensus. Et tout le monde rentre dans le rang. Classique. Lorsque, pendant des jours, on fait craindre au malade qu’il faudra lui couper les deux jambes, il saute de joie (s’il le peut encore) en apprenant qu’on ne l’amputera finalement que d’un seul pied. Dur à imaginer, quand même… Vu la situation de notre enseignement, il n’est pas question que les profs se mettent à boiter. » (3)

    Ne nous laissons pas faire !

    Il nous faut un bon plan d’action en front commun syndical allant crescendo, avec des actions de grèves. Le potentiel est très clairement présent pour mener la lutte de manière efficace. C’est ce qu’avaient d’ailleurs illustré les mobilisations de mai 2011. Les travailleurs de l’enseignement étaient alors plus de 12.000 à manifester dans les rues de Liège le 5 mai : plus d’un enseignant sur 10 ! La moitié du corps enseignant francophone était en grève ce jour-là pour la première fois depuis 1996 afin de réagir contre les atteintes aux prépensions (DPPR, disponibilité précédant la pension de retraite). Hélas, faute de plan de mobilisation et d’action, la lutte en est restée là, à quelques petites actions près.

    Les moyens qui manquent à l’enseignement le font de plus en plus ressembler à un système de garderie plutôt qu’à un système éducatif. Ce n’est pas neuf. Le ras-le-bol est général, de nombreux professeurs estiment qu’il est impossible de faire son boulot correctement, sans parler du manque de considération de la profession. Sans riposte audacieuse, les choses ne feront qu’empirer !

    La seule manière de bloquer l’offensive antisociale qui se prépare, et par la suite d’arracher un refinancement public massif de l’enseignement, c’est de l’imposer aux politiciens de l’establishment, grâce à des actions massives et coordonnées. La colère est largement présente aujourd’hui dans la société, et le secteur de l’enseignement n’est pas le seul à être durement menacé, le mieux serait ainsi de coordonner la riposte au sein d’un large front de résistance contre l’austérité. Il est grand temps que le mouvement organisé des travailleurs se fasse sérieusement entendre dans le débat !

    Les moyens ne manquent pas pour un enseignement et des services publics de qualité, avec des conditions de travail et de salaire qui permettent à chacun de s’épanouir au lieu de considérer son travail comme une charge insurmontable. Ce n’est qu’une question de choix politiques : il faut aller chercher l’argent là où il est, parmi cette infime élite de parasites capitalistes qui s’enrichit encore plus en nous faisant payer une crise dont elle est la seule responsable.

    (1) http://www.enseignons.be/actualites/2014/06/23/faut-il-craindre-pertes-demplois-lenseignement/
    (2) Eugène Ernst (CSC) : « Les enseignants ont été dupés ! » Le Soir, 10 juillet 2014
    (3) http://www.enseignons.be/actualites/2014/06/27/enseignement-pourra-t-on-echapper-aux-pertes-demplois/

  • Quel type de gouvernement pour continuer la politique d’austérité, et à quel rythme ?

    Une formation de gouvernement fédéral partie pour durer à nouveau de longs mois ? Vu les résultats sortis des urnes, et les premières coalitions formées aux niveaux fédérés, c’est tout à fait possible ; même si rien n’est exclu. Une chose est toutefois certaine : le prochain gouvernement aura à assainir au minimum 14 milliards d’euros supplémentaires ces prochaines années, afin de ‘redresser’ l’économie belge. C’est certes moins que les 22 milliards d’austérité du gouvernement Di Rupo, mais là où la précédente majorité avait enlevé une bonne partie de la graisse et de la chair, le prochain devra s’attaquer à l’os.

    Par Stéphane Delcros, article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste

    Pour les travailleurs et leurs familles, cela fera d’autant plus mal. D’autant que la question des pensions arrive à nouveau sur la table, et que la problématique du chômage est loin de disparaitre. De nombreuses autres mesures d’austérité sont attendues au niveau communal et dans les régions et communautés, là où les transferts de compétences du fédéral n’ont pas été accompagnés du transfert de moyens correspondants.

    Tous les partis envisagés pour former un gouvernement fédéral, comme tous ceux impliqués dans les coalitions en construction dans les entités fédérées (PS-CDH en Wallonie, PS-FDF-CDH en Communauté française et à Bruxelles, avec Open VLD-CD&VSP. a pour la coalition néerlandophone, et NVA-CD&V en Flandre), s’accordent sur un point : ça va saigner. Pour les travailleurs et leurs familles, bien sûr, pas pour la classe capitaliste. Et celle-ci de se poser cette question : quelle est la meilleure option pour faire passer la douloureuse pilule à la population ? A l’aide d’un bâton de gavage tenu par la NVA ? Ou en la cachant péniblement dans de la purée de plus en plus fade sous la main du PS et du CD&V ?

    La classe capitaliste perd peu à peu le contrôle

    A l’heure de boucler ce journal, la mission d’information de Bart De Wever n’était pas terminée. Et il est difficile de se projeter dans l’avenir: confrontée à la perte d’autorité de ses alliés politiques au fur et à mesure de l’application des politiques néolibérales, la classe capitaliste ne possède plus un contrôle total de la situation. Son option préférée reste aujourd’hui une coalition dite de ‘tripartite classique’, a priori plus stable pour mener les politiques ‘nécessaires’. Avec le PS au gouvernement, elle peut encore tenter de ‘brider’ les directions syndicales, même si c’est et ce sera de plus en plus difficile.

    Bart De Wever déclarait ne plus croire en la force des syndicats en Belgique, peut-être croit-il lui-même en cette provocation. Mais si les syndicats donnent l’impression de ne plus peser grand-chose, c’est avant tout par l’absence criante de stratégie et de mots d’ordre clairs et offensifs de la part des directions syndicales face aux nombreux défis urgents survenus ces dernières années. Reste qu’avec plus de 3,5 millions de membres – près de trois quarts de la population active – la force des syndicats est bien réelle, et ne demande qu’à être organisée.

    Si un gouvernement de droite autour de la NVA (ce qui est l’autre option discutée et tentée par De Wever) voyait le jour, nul doute qu’il mènerait à une véritable guerre de classes ouverte. Un tel gouvernement pousserait directement des dizaines de milliers de travailleurs dans la rue, sans possibilité de tenter un ‘bridage’ des directions syndicales. La grande bourgeoisie belge pourrait éventuellement adhérer à un tel projet, mais probablement sans grand enthousiasme. Car cela resterait assez risqué pour elle, d’autant que la NVA, soi-disant ‘anti-establishment’, n’est pas à proprement parler un parti fiable et contrôlable par elle.

    Quelle que soit donc la composition du prochain gouvernement, la base de la politique qu’il mènera est connue et il est certain que les partis traditionnels continueront à voir leur autorité s’éroder. Ne jouons pas trop leur jeu en espérant au plus vite une coalition, et que celle-ci soit la plus ‘progressiste’ possible. Occupons-nous plutôt dès à présent à nous rassembler et à nous préparer pour les grandes batailles que l’automne nous promet.

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