Tag: Front de résistance contre l’austérité

  • Grève jusqu’à la chute de Michel Ier!

    LS196Le gouvernement fédéral est constitué et l’accord gouvernemental a été publié. C’est une déclaration de guerre ouverte contre tous les travailleurs, les chômeurs, les allocataires sociaux, les étudiants,… du pays. Michel Ier entrera dans l’histoire comme le gouvernement qui a amorcé une attaque globale sur tous les fronts contre la population belge. Le mouvement des travailleurs doit riposter de façon appropriée pour renverser ce gouvernement par la grève.

    Par Jarmo (Anvers)

    Dès le début, il était clair que ce gouvernement fédéral serait celui des patrons. Sur ce point, il n’est pas fondamentalement différent des précédents. Mais l’ampleur et le rythme des attaques ont quand même créé la surprise. La colère qui gronde actuellement dans la société doit maintenant être convertie en une force capable d’effectivement battre cette politique des riches pour les riches.

    Les attaques de ce gouvernement sont d’une dureté sans précédent, mais l’austérité est à tous les niveaux de pouvoir : augmentation des frais d’inscription dans l’enseignement supérieur flamand, relèvement de l’âge de la pension à 67 ans, augmentation de la contribution à l’assurance maladie, service à la communauté (c’est-à-dire travail forcé) pour les chômeurs, non-remplacement de fonctionnaires à la région wallonne,… Nous sommes bombardés de toutes parts de mesures inspirées par l’horrible politique d’austérité extrême qui a déjà affecté tant de pays. Le plan d’action progressif des syndicats – qui comporte après la manifestation nationale du 6 novembre, des grèves provinciales puis une grève générale le 15 décembre – est une première étape. Nous sommes peut-être à l’aube d’un hiver, d’un printemps et d’un été très chauds, comme nous n’en avons plus connu depuis longtemps.

    Simplement raboter les attaques n’est pas une option. Le gouvernement déclare de toute façon qu’il n’y est pas disposé, en ce qui concerne les travailleurs et les allocataires sociaux en tout cas. La seule mesure qui faisait vraiment mal aux employeurs (la garantie du paiement d’un second mois de salaire en cas d’incapacité de travail) a été reportée d’un an à la première objection du camp patronal. Nous n’avons pas à attendre une telle complaisance de la part du gouvernement fédéral de droite dure.

    Nous devrons nous battre pour faire tomber ce gouvernement. C’est la première étape pour défendre notre niveau de vie. Mais s’arrêter là sera insuffisant. Bien que Bart De Wever ait annoncé joyeusement dans les médias qu’il espère ne jamais revoir les socialistes de retour dans un gouvernement, sur le plan idéologique, il n’a rien à craindre des partis sociaux-démocrates. Wouter Beke (CD&V) a fait valoir que l’accord de gouvernement aurait également pu être signé avec les socialistes et Di Rupo a tenu à spécifier que 70% des mesures anti-sociales de cet accord ont été élaborées à partir de politiques du gouvernement précédent. Échanger Michel I contre Di Rupo II ne représentera pas un pas en avant. Les attaques antisociales se poursuivraient de toute façon, mais probablement à un autre rythme, tandis que les mesures prises par le gouvernement Michel ne seraient pas retirées.

    Ces dernières semaines, nous avons eu plus d’une fois l’occasion de constater que la volonté de passer à l’action est grande parmi de larges couches de la population. La manifestation du 6 novembre a déjà été précédée d’actions dans les chemins de fer et à la police tandis que les enseignants francophones ont observé des arrêts de travail pour discuter des mesures du gouvernement fédéral et de celui de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Le plan d’action des syndicats a su susciter un grand enthousiasme. Le gouvernement a face à lui un vrai problème pour peu que notre combat soit sérieusement organisé. La rhétorique pro-austéritaire des politiciens capitalistes et des médias de masse auront de moins en moins d’impact auprès des couches larges de la population, durement touchées par ces attaques.

    Faire tomber le gouvernement Michel I ne suffira pas. La politique d’austérité toute entière doit être dégagée. Notre lutte doit commencer aujourd’hui et conduire à la chute du gouvernement. L’expérience ainsi acquise devra immédiatement être utilisée pour aller de l’avant et ouvrir la voie à un contre-pouvoir réel de la classe des travailleurs. La politique anti-travailleur doit, au bout du compte, être remplacée par un gouvernement des travailleurs.

    Le PSL fera tout son possible pour que les journées de grève de cet automne soient un succès. Nous appelons à regarder dès aujourd’hui quelles sont les méthodes les plus adaptées pour effectivement faire tomber ce gouvernement et pour continuer notre lutte jusqu’à l’instauration d’une alternative socialiste à la société capitaliste.

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  • Rassemblement anti-austérité devant la Bourse

    Photo : Union Syndicale Etudiante (USE)
    Photo : Union Syndicale Etudiante (USE)

    A l’appel des Jeunes FGTB, environ 250 personnes essentiellement membres de diverses organisations de jeunesse de gauche se sont réunies hier après-midi devant la Bourse, à Bruxelles, afin de dénoncer l’accord du gouvernement Michel. Des représentants de ces organisations ont pu prendre la parole dans le cadre de cet appel unitaire de résistance contre les attaques des gouvernements.

    Tract des Etudiants de Gauche Actifs (EGA) distribué lors de ce rassemblement.

    LUTTONS AUX CÔTÉS DES TRAVAILLEURS CONTRE LE GOUVERNEMENT MICHEL IER,

    MAIS AUSSI CONTRE TOUTE L’AUSTÉRITÉ !

    Cela fait 6 ans que nous sommes dans une crise mondiale du système capitaliste. Et nous ne sommes pas près d’en sortir ! La gestion de la crise profite à une poignée de super riches, pendant que les autres trinquent. L’État a sauvé les banques à coût de milliards et fait des cadeaux, toujours plus gros, au grand patronat, puis nous demande de payer la note.

    Désormais, et pour la première fois depuis les années 80’, nous avons au fédéral un gouvernement de droite dure pareil à celui de Thatcher, dans les années 80’ en Grande-Bretagne. Il veut prendre aux pauvres pour donner aux riches. Il veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’alternative.

    SI ON VEUT UN AVENIR DÉCENT, ON VA DEVOIR LUTTER !

    Emily, EGA
    Emily, EGA

    On a rarement vu un gouvernement aller à la confrontation comme celui-ci. Il décide d’investir des sommes considérables dans des F35 et dans des guerres impérialistes. Et en même temps, il coupe dans les budgets des soins de santé.

    Il nous assure que sa priorité c’est l’emploi et que bon nombre de mesures vont en ce sens. Sa principale idée pour y arriver, c’est d’offrir plus de cadeaux au patronat. C’est la même idée depuis 30 ans avec pour résultat le chômage qui continue d’augmenter. Et pour ce qui est des services publics, bon nombre de fonctionnaires ne seront pas remplacés, ce qui est une attaque directe contre la jeunesse qui perd des milliers d’opportunités d’emplois.

    Aujourd’hui, nous subissons un chômage de masse : 600.000 demandeurs d’emploi pour seulement 40.000 emplois vacants. Malgré cette situation, on attaque encore les travailleurs sans emplois. Ils sont déjà soumis à une rapide dégressivité des allocations de chômage depuis le gouvernement Di Rupo. Maintenant, le nouveau gouvernement va imposer deux demi-journées de travail non rémunéré par semaine. Il sanctionne les victimes du système.

    Pour ceux qui trouvent du boulot, c’est souvent des emplois précaires, intérims, CDD et compagnie. Les CDI sont devenus l’exception. Et même quand on a un boulot, on tombe parfois en-dessous du seuil de pauvreté. Malgré ça, ce gouvernement va appliquer un saut d’index et nous faire perdre jusqu’à 25.000 € sur l’ensemble de notre carrière.

    Alors que le chômage des jeunes explose à plus de 25%, on veut faire travailler les aînés jusqu’à 67 ans. On nous dit que c’est logique puisqu’on vit plus longtemps. Mais n’oublions pas que l’espérance de vie sans incapacité n’est que de 65,6 ans. Et s’il est vrai que nous vivons plus vieux, nous sommes surtout beaucoup plus productifs. Nous n’avons jamais produit autant de richesses qu’actuellement. Allons chercher l’argent là où il se trouve, dans les poches du patronat.

    Ne tombons pas non plus dans le piège du PS qui joue à l’opposition, alors que Di Rupo lui-même a déclaré que 70% des mesures actuelles ont été initiées par son gouvernement. On ne veut pas de l’austérité de la kamikaze, mais on ne veut pas non plus de 70% de ses mesures par le PS.

    LA RÉSISTANCE DE LA JEUNESSE DOIT S’ORGANISER !

    Pour un enseignement gratuit et de qualité

    Face à l’absence de perspective pour la jeunesse, les étudiants flamands du secondaire et du supérieur sont entrés en lutte contre l’austérité dans l’enseignement et en particulier contre l’augmentation de 42% du minerval. Ils ont mené diverses actions : un premier rassemblement début septembre, plusieurs manifestations, des sit-in et une grève écolière ce mercredi, à Gand. Celle-ci a réuni pas moins de 800 élèves dans les rues. Ces actions de résistances sont organisées par des comités d’action qui se développent dans différentes écoles et les décisions sont prises lors d’Assemblées Générales qui permettent à chacun de s’impliquer et de participer aux décisions. A la dernière AG, les jeunes ont massivement décidé de poursuivre la lutte aux côtés des travailleurs en participant à la manifestation syndicale du 6 novembre.

    Pour des emplois décents pour tous

    Nous pouvons également prendre exemple sur les marches des jeunes pour l’emploi et les remettre au goût du jour. Dans les années 80’, lors du dernier gouvernement de droite dure, ces marches étaient massives. En 1984, elles ont réuni jusqu’à 40.000 jeunes face au gouvernement. Elles mettaient en avant la nécessité d’une réduction collective du temps de travail : 32h semaine, sans perte de salaire, avec des embauches compensatoires et réduction des cadences pour résorber le chômage de masse. Déjà, les jeunes en avaient ras-le-bol des emplois précaires et temporaires. Si nous voulons de nouveaux conquêtes sociales, nous devons nous organiser dans des comités locaux de jeunes en lutte contre l’austérité, comme dans les années 80’ et comme aujourd’hui dans certaines écoles en Flandre.

    ÉTUDIANTS ET TRAVAILLEURS, FAISONS DU PLAN D’ACTION SYNDICAL UNE RÉUSSITE

    L’unité des étudiants et des travailleurs est indispensable, les étudiants à Gand l’ont compris en votant leur participation au plan d’action syndical. Renverser Michel Ier est un défi d’ampleur, mais cela ne suffira pas. Nous devons faire dégager toutes les politiques d’austérité par la grève. Pour y parvenir, la jeunesse doit jouer son rôle.

    Une action comme aujourd’hui est une excellente occasion de discuter ensemble de comment s’organiser pour atteindre nos objectifs. Il nous faudra informer et sensibiliser nos amis, nos collègues, nos camarades de classe, etc. Pour cela, organisons ensemble des assemblées partout où c’est possible : dans les écoles, les universités et sur les lieux de travail. Discutons-y du plan et soumettons-le au vote, comme cela a été le cas à l’AG écolière à Gand.
    Participons et mobilisons pour la manifestation syndicale du 6 novembre et formons-y un bloc jeune pour lutter ensemble pour notre avenir. Pour les grèves provinciales et la grève générale du 15 décembre, organisons-nous avec les travailleurs et leurs délégations syndicales pour fermer nos écoles et universités en réalisant un piquet de grève efficace. Notre force, c’est notre organisation et notre nombre.

    Les politiques d’austérités créent un terrain favorable aux idées d’extrême droite. Soyons claire, si nous ne parvenons pas à faire barrage à l’austérité et à proposer des alternative crédibles, beaucoup irons chercher une « alternative » à l’extrême-droite. Or, elle propose la haine et la division, ingrédients qui garantissent l’échec des luttes. Soyons nombreux le 9 novembre pour une journée européenne de lutte contre l’extrême droite à l’initiative des comités anti-fascistes grecs et luttons contre toutes les formes de division.

    Avec les Étudiants de Gauche Actifs, nous revendiquons une société basée sur les besoins de la majorité, plutôt que sur les profits des super riches. Ensemble, faisons de ce plan d’action une réussite, ensemble renversons ce gouvernement des riches. Nous n’avons pas besoin d’un gouvernement anti-travailleur, mais d’un gouvernement des travailleurs. Cela signifie qu’il faudra aller plus loin et totalement rompre avec toutes les politiques d’austérité. Mobilisons-nous pour une société basée sur les besoins des 99%, plutôt que sur les profits des super riches, c’est ce que nous appelons une société socialiste.

    6 novembre : Manif syndicale contre le gouvernement Michel – 11h Gare du Nord à Bxl
    9 novembre : Manif antifasciste à l’initiative des comités antifascistes grecs – 15h gare du Midi à Bxl
    15 décembre : Grève générale – partout dans le pays

    Reportage-photos : René Andersen

  • APPEL COMMUN JFGTB/JCSC: Les Jeunes unis contre les politiques d’austérité

    jeunesenlutte-300x225Pour la première fois depuis longtemps, un front uni contre les différentes politiques gouvernementales voit le jour. Nous ne pouvons tolérer les mesures programmées car elles vont hypothéquer l’avenir des jeunes, partout en Belgique.

    Les jeunes subissent de plein fouet le ralentissement de l’économie et la pénurie d’emplois. Ceux qui ont la chance de trouver rapidement un emploi, sont bien souvent obligés d’occuper des emplois précaires, sans perspective d’avenir. Ceux qui n’en trouvent pas, sont harcelés par des procédures de plus en plus arbitraires et seront bientôt forcés d’accepter des mini-jobs précaires et sous-payés pour conserver leurs droits. Les allocations d’insertion, déjà rabotées sous la précédente législature (pour rappel, des dizaines de milliers de personnes seront exclues au 1ier janvier 2015), vont progressivement disparaître avec les nouvelles mesures fédérales programmées.

    L’allongement de la carrière à 67 ans est une mesure absurde lorsque l’âge effectif de départ à la retraite est à peine à 60 ans aujourd’hui. De plus, il faudra qu’on nous explique en quoi garder les aînés plus longtemps au travail va permettre de libérer des emplois pour les jeunes ? Le Ministre des Pensions, avec un aplomb cynique, ose affirmer que cette mesure va bénéficier à la jeunesse !

    Le saut d’index va avoir un impact structurel sur le salaire des jeunes tout au long de leur carrière. Un jeune de 22 ans commençant sa carrière avec un salaire brut de 2200 € perdra au final près de 25.000 €. D’un point de vue économique, cette politique d’austérité est contreproductive. La BCE, le FMI – institutions qu’il est difficile de qualifier de gauchistes – estiment qu’il faut au contraire augmenter les salaires des travailleurs pour assurer la relance de l’économie.

    Le gouvernement Michel veut créer des emplois, en offrant 3,5 milliards aux entreprises. Ces cadeaux ne sont pas conditionnés à des obligations de création d’emplois et il n’y a donc aucune garantie que les entreprises engagent. C’est un chèque en blanc aux actionnaires et aux détenteurs de capitaux.

    Le gouvernement va chercher l’argent dans les mauvaises poches. Rien n’a été fait pour rétablir un minimum de justice fiscale. Pas étonnant que la FEB se réjouisse de l’accord de gouvernement.

    Pendant ce temps-là, les jeunes vont devoir payer encore plus cher leurs études. La démocratisation de l’enseignement supérieur semble être un vœu pieux. Les autorités sont-elles aveugles ? Comment assurer que la société belge se développe sans un réinvestissement massif dans l’enseignement ?

    Tout se passe comme si les gouvernements actuels (tant fédéral, communautaires que régionaux) avaient décidé que les mécanismes de solidarité et de répartition des richesses, ainsi que la société civile dans son ensemble, devaient progressivement disparaître, au profit exclusif de l’individu et de l’entreprise. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis, nous ne pouvons accepter ces attaques frontales contre les services publics, la sécurité sociale, l’enseignement, la culture, la jeunesse, les « étrangers »….

    De manière inédite, d’Arlon à Ostende, les organisations de jeunesse syndicales invitent tous les jeunes, et les organisations de jeunesse, à nous rejoindre aux différentes manifestations prévues :

    -Le 24 octobre à 16h à la Bourse de Bruxelles pour le coup d’envoi ;
    -Le 06 novembre à Bruxelles, avec une action commune ;
    -Le 17 novembre en solidarité avec les étudiants ;
    -Le 24 novembre : Hainaut, Limbourg, Luxembourg, Anvers ;
    -Le 1ier décembre : Namur, Liège, Flandre Orientale, Flandre Occidentale ;
    -Le 8 décembre : Bruxelles, Brabant Flamand, Brabant Wallon ;
    -Le 15 décembre : PARTOUT !

    Des séances d’information collectives vont être organisées prochainement dans toutes les régions.

    L’avenir nous appartient, faisons reculer ces gouvernements de contraception sociale !

    Liste des signataires :

    -Jeunes CSC / ACV Jongeren
    -Jeunes FGTB / ABVV Jongeren

    CONTACTS :
    Jeunes FGTB : Angela Sciacchitano, jeunes@jeunes-fgtb.be , 0474 45 82 56
    Jeunes CSC : Pierre Ledecq, jeunes@jeunes-csc.be , 0485 94 35 93

  • Grève non seulement contre Michel Ier, mais aussi contre toute l’austérité !

    Photo : PPICS
    Photo : PPICS

    La déclaration du gouvernement Michel n’a plus laissé planer de doutes. L’objectif est d’affaiblir les syndicats et de modifier les relations de forces entre travail et capital. Rarement un gouvernement a aussi ouvertement cherché la confrontation. Le plan d’action avec lequel la direction syndicale entraine toute la résistance sociale est également impressionnant. Renverser Michel 1er est le défi qui nous fait face, mais cela ne suffira pas. Nous devons faire dégager toute la politique d’austérité par la grève.

    Le gouvernement veut bel et bien détruire tout ce qui avait été annoncé comme cibles. De plus, il veut repousser l’âge de la pension à 67 ans. C’est “obligé” parce que nous vivons en moyenne plus longtemps. “Des carrières plus courtes et des pensions les plus élevées” – si seulement c’était vrai – “cela ne peut pas arriver.” Mais le gouvernement oublie de préciser que si nous vivons plus longtemps, nous sommes surtout beaucoup plus productifs.

    Afin de prouver qu’il n’est pas aussi antisocial que ce qu’affirment les syndicats, le gouvernement de droite utilise comme idiot utile le “socialiste” Frank Vandenbroucke. Ce dernier a élaboré un système de retraite à points. “Attention, si vous avez reprenez quelque chose, il faut l’appliquer dans son intégralité!” Réponse du gouvernement: “oui, oui”. La social-démocratie rend les choses vraiment faciles au gouvernement. Lors d’une conférence de presse, Di Rupo a ramené tout le travail d’opposition d’Onkelinx au fait que 70% des mesures prévues par Michel ont été décidées sous le gouvernement précédent.

    Wouter Beke, du CD&V, a rappelé avec jubilation que, sous Onkelinx, le budget des soins de santé n’avait connu qu’une croissance de 0,9% en 2013, alors que le gouvernement actuel propose 1,5%. L’enveloppe de la liaison des allocations au bien-être a été rabotée de 40% sous Di Rupo, tandis que le nouveau gouvernement de droite promet 100%. Évidemment, le gouvernement récupère cela dans d’innombrables autres domaines, mais cela illustre que l’austérité n’a pas renforcé la crédibilité de la social-démocratie, mais au contraire sapé.

    Le gouvernement n’aura pas facile

    Si le gouvernement n’a pas facile, cela n’a rien voir avec une incroyable opposition de la social-démocratie et des verts. Cela a bien plus à voir avec le calibre des ministres de Michel. A quoi fallait-il donc s’attendre d’autre en plaçant Theo Franken secrétaire d’Etat à l’asile et à l’immigration ou Jan Jambon ministre de l’Intérieur? Un premier ministre fort n’aurait jamais accepté ça. Les autres membres du gouvernement de la N-VA devraient être un peu plus fins. Mais l’erreur de calcul de la nouvelle ministre de la mobilité Jacqueline Galant (MR) sur les économies à mener à la SNCB, ce n’était pas mal non plus.

    L’ossature de ce gouvernement serait la création d’emplois. Pour maintenir payables les pensions, il faut créer de l’emploi, de même pour combattre la pauvreté, etc. Pour le gouvernement, cela doit se faire en donnant encore plus de cadeaux aux patrons. Ensuite les investissements viendraient d’eux-mêmes. A quel point ils y croient eux-mêmes, cela est illustré par la réponse qu’on obtient quand on demande combien d’emplois seront créés : “Nous ne pouvons pas le savoir, nous ne sommes pas dans une économie planifiée”. C’est ce qu’a déclaré Wouter Beke dans l’émission “De Zevende Dag”, ce que Patrick Dewael (Open VLD) a réitéré par la suite.

    Beke et Dewael espèrent ainsi mettre en difficulté “la gauche”. Cela rappelle les Républicains aux États-Unis, qui qualifiaient Obama de socialiste pour le discréditer. Entre-temps, le soutien à Obama a considérablement diminué, mais la popularité du “socialisme” a augmenté en proportion. Que le PS et les Verts soutiennent aussi peu l’économie planifiée qu’Obama le socialisme, nous n’avons pas à l’expliquer. Que la “main invisible” du libre marché conduit à un mauvais fonctionnement de l’économie et à la crise, à ce qu’une poignée de super-riches côtoient un inépuisable réservoir de pauvres, c’est devenu évident. Et c’est cela qui, à son tour, met sous pression le système capitaliste et ses institutions.

    Un plan d’action à soumettre aux assemblées générales

    Que les syndicats n’allaient pas se laisser faire, on pouvait déjà le sentir depuis un certain temps. Le plan d’action; les tracts d’information; les arrêts de travail; la manifestation nationale du 6 novembre; les grèves tournantes des 24 novembre, 1er décembre et 8 décembre et, enfin, la grève générale de 24 heures du 15 décembre sont une réponse appropriée à l’ampleur des attaques du patronat et du gouvernement.

    Nous devons discuter autant que faire ce peu de ce plan d’action avec les militants combatifs et le soumettre à un vote lors d’assemblées générales du personnel. Celui qui aura voté concernant ce plan d’action respectera mieux sa légitimité, même s’il a voté contre. Celui qui perd le vote pourra encore faire usage de son droit individuel de faire grève, mais sans entraver la majorité qui voudra se rendre au travail. Cela nous permettra mieux d’évaluer ensuite la grève et de motiver les collègues pour la prochaine occasion.

    Pour faire tomber le gouvernement, nous aurons besoin de tout le monde. Nous ne pouvons nous permettre des querelles entre syndicats et nous devons faire tout notre possible pour aider les militants combatifs des autres syndicats à surmonter les oppositions internes. Nous ne devrions pas non plus nous laisser diviser selon des lignes communautaires. Même si certaines mesures frapperont plus dur dans une région que dans une autre, ce gouvernement n’est pas en premier lieu anti-Wallons, anti-Bruxellois, anti-Flamands ou anti-Belges, mais anti-travailleurs.

    Nous appelons tous les militants à discuter dès aujourd’hui du plan d’action des syndicats, à le préparer, à l’argumenter, à le défendre. Si nous faisons dégager ce gouvernement et ses projets, ce sera très bien, mais pas si cela doit conduire à une réédition de la tripartite pour nous enfoncer “70%” du même plan dans la gorge. Nous n’avons pas besoin de gouvernements anti-travailleurs, mais au contraire d’un gouvernment des travailleurs, un gouvernement dont la politique ne viserait pas à assurer les profits d’une poignée de super-riches mais à satisfaire les besoins de la vaste majorité de la population. Cela signifie de totalement rompre avec les politiques d’austérité actuelles.

    – Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
    – Non à la dégradation des contrats de travail par la sous-traitance, l’intérim ou les autres emplois précaires !
    – Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
    – La prépension à 55 ans, pour des systèmes de fin de carrière avec diminution du temps de travail et pension anticipée à 60 ans !
    – Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
    – Ni chasse aux chômeurs, ni dégressivité, ni service communautaire pour les chômeurs ! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!
    – Nationalisation des secteurs clés de l’économie sous controle démocratique de la collectivité !
    – Pour la fin de ce système désuet de propriété privée des moyens de production et de profit! Pour un socialisme démocratique moderne et l’utilisation libre des connaissances et des ressources pour le bénéfice de tous!

  • Le PTB a tenu sa Protest Parade à Bruxelles

    Sous un soleil digne de la fin de l’été, des milliers de personnes se sont rendues à Bruxelles dans le cadre de la Protest Parade, les organisateurs du PTB parlant de 7000 participants. Cette manifestation a clairement illustré que la gauche existe toujours bel et bien, de même que la recherche d’alternatives face aux plans d’austérité drastiques du gouvernement de droite dure.

    Le plan d’action des syndicats allant crescendo jusqu’à la grève générale du 15 décembre prochain a posé le défi de construire un mouvement de masse pour faire chuter le gouvernement Michel. Mais nous ne voulons pas seulement faire tomber Michel 1er, c’est toute la politique d’austérité qui doit être balayée. L’arrivée au pouvoir d’une nouvelle tripartite appliquant une politique similaire après la chute de ce gouvernement ne représenterait aucunement une alternative. De nombreuses attaques – comme la suppression progressive de la retraite anticipée ou la remise en cause de l’index – s’appuient sur des politiques menées par le gouvernement précédent. Wouter Beke (CD&V) a déclaré que l’actuel accord gouvernemental aurait tout autant pu être conclu avec les socialistes. C’est surtout le rythme des attaques qui est aujourd’hui différent.

    Mais Wauter Beke a raison, un gouvernement Di Rupo 2 ne serait pas une alternative. Nous avons besoin d’un nouveau parti de masse des travailleurs pour rompre avec la politique d’austérité, un parti dans lequel le large éventail d’opinions présent dans le mouvement des travailleurs trouverait sa place. Dans ce cadre, avec sa position de première force de gauche radicale possédant également un poids électoral et plusieurs députés, le PTB est naturellement dans la meilleure position pour jouer un rôle important. Mais devant l’offensive de la droite, nous allons avoir besoin de toutes nos forces. Un piquet de grève est plus fort si tout le monde est présent, dans le respect des sensibilités de chacun au-delà des frontières syndicales ou de statut (ouvrier, employé, intérimaire, travailleur d’un sous-traitant, stagiaire,…). Cela s’applique également à la représentation politique du mouvement des travailleurs. Pour arriver à la constitution d’une alternative large, l’ouverture et le respect des spécificités de chacun sont cruciaux.

    Une telle ouverture n’était pas présente à la Protest Parade. Nous avons vu tout le contraire avec une manifestation uniformisée où chaque drapeau, pancarte,… appartenant à d’autres organisations était renvoyé manu militari à la fin de la manifestation. Que les autres forces de gauche, tant les partis que les associations, se retrouvent comme convenu à la fin du cortège, cela ne représentait aucun problème et cela n’a, du reste, été contesté par personne. Mais le simple fait d’aller dire bonjour à des collègues présents ailleurs dans le défilé avec un drapeau ou une pancarte était interdit, ce qui constitue une forme extrême d’imposition du silence pour tout type de discussion. Nous avions visiblement mal compris l’invitation de Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB et élu fédéral, faite envers tout le « peuple de gauche ».

    Du côté francophone, lorsque le PTB avait annoncé une ouverture sous la forme de Gauche d’Ouverture, cela avait à juste titre été salué par la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut comme un pas en direction de l’appel lancé par cette régionale le 1er mai 2012 pour réunir sur une base anticapitaliste toutes les forces politiques à la gauche du PS et d’Ecolo. Si la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut avait décidé de mettre davantage l’accent sur cet appel en prenant part à la Protest Parade ou si d’autre sections et délégations combatives avaient décidé d’y participer, se seraient-elles vues confinées à la fin du cortège? Ou alors ces délégations auraient-elles eu à se diviser entre ceux qui voulaient manifester au sein du cortège et ceux qui voulaient manifester avec les drapeaux, les pancartes et les tracts d’autres organisations, derrière la ligne du service d’ordre ?

    Pour stopper l’offensive de la droite, la tripartite n’offre aucune alternative, comme nous l’avons dit. Nous sommes à l’aube d’un mouvement de résistance qui a, face à lui, de grands défis. Les Thatchers belges veulent s’en prendre drastiquement à notre niveau de vie et changer le rapport de forces en faveur du capital. Notre camp, celui du mouvement des travailleurs, doit riposter avec toute sa force. La devise de «l’unité dans la diversité», la base de la solidarité, ne peut que nous renforcer.

    Les militants du PSL seront présents dans la lutte contre ce gouvernement des riches, côte à côte avec leurs collègues, leurs amis, leurs connaissances,… et ce au-delà des divergences politiques. Il nous faudra de grands efforts pour faire chuter ce gouvernement, et cela nous conduira évidemment à débattre de la manière de traduire le plus efficacement possible le plan d’action syndical sur notre lieu de travail, des prochaines étapes à construire si le gouvernement reste sourd à nos revendications lors de la grève du 15 décembre, de ce qui devrait remplacer le gouvernement Michel,…

    Mener et stimuler ce débat, à la fois au travail et dans les actions ou encore parmi les militants, fait partie intégrante de la préparation des prochaines étapes de notre lutte. Le PSL pense à ce titre pouvoir y offrir un apport constructif.

    Nous avons envoyé une proposition de déclaration à diverses organisations qui nous avaient dit être favorables à une réaction commune.

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    Réaction d’Eric Byl

    Certains lecteurs commençaient à être impatients face au silence de « socialisme.be » vis-à-vis des événements que nous commentons ci-dessus et des allégations exprimées par le PTB sur son site à l’encontre du PSL. Nous avons délibérément reporté la publication d’une réponse. Nous ne voulions pas réagir à chaud et préférions laisser les événements retomber quelque peu. Dans le feu de la polémique, on peut en effet avoir tendance à réagir sans considération pour le contexte politique. On peut aussi, comme l’auteur d’un article sur le site du PTB, écrire des choses qui ne sont pas conformes à la vérité et même carrément contradictoires. C’est ainsi que Max Van Cauwenberghe, apparemment l’un des responsables du service d’ordre du PTB, a écrit que les militants du PSL auraient jeté des pétards au service d’ordre du PTB. Ceux qui étaient sur place savent très bien qu’il n’y avait pas de pétards. Il affirme également qu’un membre féminin du service d’ordre a été frappé, a eu des côtes froissées et au moins deux semaines d’incapacité de travail. C’est une lourde accusation. De la part du PTB, qui dispose de suffisamment d’avocats et de médecins, on peut se demander comment cela se fait qu’ils n’ont pas immédiatement publiquement identifié le responsable. L’explication est simple : ce que Max décrit n’est jamais arrivé. Si Max avait un peu réfléchi avant d’écrire ou avait au moins relu une fois son article, il n’aurait pas tout d’abord parlé de façon désobligeante d’une cinquantaine de membres du PSL pour ensuite parler de « de nombreux membres » du PSL qui ont tenté de forcer leur présence aux premiers rangs. Laisser tout d’abord les choses retomber avant d’écrire est vraiment très utile et peut vous aider à éviter d’inutiles malentendus.

    Ce que le service d’ordre du PTB a osé dans le cortège de la Protest Parade n’a plus été vu depuis les années ‘80. J’ai moi-même eu Jan Hasaers du PTB au téléphone la soirée précédent la manifestation. Sa proposition que le bloc anticapitaliste se retrouve derrière le PTB lors du rassemblement me semblait chose évidente. Je n’avais pas compris que cela signifiait pour lui et pour le PTB qu’il était interdit à des individus ou à des amis d’aller voir le reste de la manifestation en portant des drapeaux ou des pancartes du PSL pour y saluer un collègue ou aller à la recherche d’une connaissance. Toute personne qui avait un drapeau du PSL, d’EGA ou de Blokbuster, qui portait une pancarte du PSL ou qui avait quelques journaux à vendre était, dans le cortège du PTB, manu militari interpelé et renvoyé derrière les lignes du service d’ordre. Ce n’est pas ce que j’avais compris au téléphone, au contraire, Jan avait même explicitement confirmé qu’il n’y avait aucun problème pour nos ventes de journaux. Le PSL a au moins eu droit à un appel téléphonique, même s’il n’était pas possible de comprendre les intentions réelles du PTB. D’autres n’ont pas du tout été contactés, mais ont tout de même été interpelés sans ménagement pour être renvoyés à l’arrière. C’est au moins arrivé à un anarchiste avec son drapeau rouge et noir. En dépit des affirmations de Max, la LCR s’est aussi plainte que ceux qui voulaient diffuser son tract ont été renvoyés à l’arrière. Le PTB affirme que le PSL ne s’en est pas tenu aux accords convenus entre Jan Hasaers et moi-même au téléphone, mon sentiment était que cette discussion était beaucoup plus fraternelle et ouverte que les actes du service d’ordre du PTB. Cette manifestation fut un succès, mais l’absence totale de drapeaux, pancartes, journaux ou tracts d’autres organisations de gauche nous fait froid dans le dos. Nous espérons que ce n’est pas là le renouveau démocratique que le PTB dit vouloir.

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    Photos de la Protest Parade

    Par PPICS

    Par Loïc

    Par Liesbeth

  • Argumentaire en défense de la grève. ?#?jefaisgrève?

    Les syndicats viennent d’annoncer quel était leur plan d’action. Les jours à venir, une tournée d’information et d’actions de sensibilisation sera organisée, avec ensuite une manifestation nationale à Bruxelles le 6 novembre prochaine. Il y aura également grève à Liège le 24 novembre, de même qu’à Anvers et dans le Luxembourg. Le 1er décembre, la grève touchera Namur, Gand et le Hainaut. Le 8 décembre, ce sera au tour du Brabant-flamand, du Brabant wallon et de Bruxelles. Ensuite, une grève générale est prévue, dans tout le pays, pour le 15 décembre.

    C’est une excellente initiative qui, évidemment, a été décriée par le gouvernement et les organisations patronales. « On n’a pas encore la moindre explication du gouvernement et on va déjà dans la rue », a ainsi déclaré Pieter Timmermans, administrateur-délégué de la Fédération des Entreprises de Belgique. Il nous semble pourtant que nous avons eu largement assez d’explications de la part du gouvernement Michel pour justifier une riposte sérieuse de la part du monde du Travail…

    Qu’est-ce que tout cela peut donc bien avoir à faire avec moi ?

    Ce que prévoit ce gouvernement des riches représente une attaque en règle contre nos conditions de vie. Voici quelques-unes (et seulement quelques-unes…) des mesures issues du catalogue des horreurs du gouvernement :

    • Un saut d’index et une longue période de “modération salariale”. Sur l’ensemble d’une carrière, un saut d’index, cela signifie concrètement une perte de quelque 20.000 euros.
    • Travailler plus longtemps : il n’est pas seulement question de l’augmentation de l’âge de la pension, mais aussi de l’âge de la retraite anticipée et de la limitation des possibilités de crédit-temps.
    • Nos services publics seront littéralement plumés. Nous aurons à payer plus pour des services de qualité moindre tandis que le personnel verra ses conditions de travail être détériorées.
    • Les soins de santé verront leurs moyens considérablement limités.
    • Alors que des emplois disparaîtront dans le secteur public, il y aura imposition du travail forcé pour les chômeurs de longue durée, sous la forme de deux demi-journées de « service à la communauté ». Si du travail doit être fait, pourquoi ne pas embaucher ceux qui le feront avec de vrais contrats et de bons salaires ?

    En bref, les attaques pleuvront sur nous tous, que l’on soit jeune ou pensionné, travailleur avec ou sans emploi.

    Tout le monde ne doit-il quand même pas faire un effort ?

    Cette semaine, l’étude annuelle du Crédit Suisse consacrée à la richesse mondiale (Global Wealth Report) a révélé que la richesse mondiale n’a jamais été aussi grande, avec une moyenne de 56.000 euros par adulte à travers le globe. La somme totale est supérieure de 20 % au plus haut montant jamais enregistré avant la crise ! « Cette croissance est principalement due à la performance des marchés de capitalisation des États-Unis et en Europe. » Il ressort également de ce rapport que les 10 % des plus riches détiennent 87 % de la richesse mondiale alors que les 50 % les plus pauvres n’en détiennent que… 1 % ! Les inégalités ont atteint un niveau « anormalement élevé » pouvant conduire à la récession.

    Comme le philosophe français Piketty l’observe: «Les 1% les plus riches aux Etats-Unis se sont accaparés 60% de l’augmentation du revenu national américain entre 1977 et 2007. » Depuis le début de la crise, les riches sont devenus encore plus riches, tandis que la grande majorité de la population a cédé du terrain. La coalition suédoise va poursuivre ce sale travail et puiser dans nos salaires, nos avantages sociaux et nos services publics pour donner des cadeaux aux patrons. La seule mesure destinée à (un peu) toucher les patrons (porter d’un à deux mois la période de salaire garanti en cas d’incapacité de travail) a immédiatement été retardée. Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne… Ce dont il est en réalité question, c’est de poursuivre et d’accentuer le transfert de richesses de la population ordinaire vers les super-riches.

    OK. Mais les employeurs doivent quand même eux-aussi participer à l’effort non? Avec la « taxe Caïman » ?

    L’impact de cette taxe, la “taxe de transparence” (qui vise les montages financiers dans les paradis fiscaux), est très clair. Même le président du CD&V a dû reconnaître que l’apport serait « modeste ». Par contre, le saut d’index est un cadeau de 2,6 milliards d’euros pour les employeurs ! Un jeune perdra plus de 20.000 euros au cours de l’ensemble de sa carrière. Avec cette nouvelle taxe, le gouvernement espère récolter sur 120 millions d’euros, une somme considérée comme exagérée par divers spécialiste. Face à cela, les patrons recevront un cadeau de 2,6 milliards d’euros avec la seule mesure du saut d’index.

    Comme cela a déjà été dit, la seule mesure qui s’en prendra un peu au patronat a déjà été reportée d’un an et les employeurs espèrent que cette mesure ne verra jamais le jour. Les patrons savent très bien que nous travaillons tous plus longtemps et plus durement, mais ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités quant aux conséquences en termes de stress, d’épuisement et d’autres formes d’incapacité de travail. Tout ça, cela doit selon eux être aux frais de la collectivité.

    Nous vivons plus longtemps, c’est quand même normal de travailler plus longtemps non ?

    Nous vivons plus longtemps, c’est vrai, mais nous sommes aussi beaucoup plus productifs. Il y a vingt ans, l’espérance de vie d’un travailleur était légèrement plus courte qu’aujourd’hui. Mais les travailleurs qui arriveront demain à l’âge de leur pension auront beaucoup plus contribué. En 1980, pour chaque heure prestée, nous étions 111% plus productifs qu’en 1965. Entre 1980 et 1995, l’augmentation de la productivité était de 36% et, en 2009, nous étions encore 15% plus productifs par heure prestée par rapport à 1995.

    Cette forte augmentation de la productivité signifie que nous produisons plus dans le même temps. Nous produisons donc plus de richesses pour les employeurs et la collectivité. Cette augmentation de la productivité ne peut pas seulement être attribuée aux innovations technologiques, car la charge de travail est croissante, ce que confirment les données relatives aux burnouts et au stress. Qu’est ce qui justifie de reporter de plusieurs années le fait de pouvoir bénéficier de sa pension après avoir travaillé très dur autant de temps? Où s’arrêtera-t-on ? L’âge d’accès à la pension dépassera-t-il un jour l’espérance de vie ?

    Il s’agit tout de même de l’avenir de nos enfants…

    S’il s’agissait vraiment de l’avenir de nos enfants, pourquoi ce domaine n’est-il pas épargné par l’austérité ? Tout ce qui est important pour la jeunesse voit ses moyens se réduire, et cela ne dépend d’ailleurs pas que du fédéral… L’enseignement est loin d’être gratuit en Belgique, très certainement dans le cas du supérieur, et on prévoit encore 240 millions d’euros d’économie dans les budgets de la Fédération Wallonie-Bruxelles (dont environ 80% des moyens sont consacré à l’enseignement.

    A côté de cela, la politique à destination de la jeunesse est de plus en plus répressive : pensons seulement à l’usage des Sanctions Administratives Communales (SAC). Et se construire un avenir avec des services publics plus chers, des salaires moindres, les attaques sur les allocations de chômage,… ne sera pas évident.

    Ne devrions-nous pas attendre les consultations avec les autorités et ensuite passer à l’action ?

    Le gouvernement affirme vouloir consulter les syndicats avant de mettre ses mesures en œuvre. Mais les décisions sont déjà prises. L’accord de gouvernement lui-même ne parle que de demander leur avis aux « partenaires sociaux ». Ce gouvernement de droite dure est déterminé à déployer une offensive de grande ampleur contre notre niveau de vie. Cette droite n’est pas intéressée par le dialogue social, cela a été explicité très clairement par un journaliste pro-NVA du quotidien De Standaard (Discart), qui a déclaré : « J’espère que l’accord gouvernemental frappera les Wallons de telle manière à ce que leurs nombreuses grèves causent un chaos total. » Qui est responsable de l’organisation du chaos avec des propos pareils ? Nous n’avons pas de temps à perdre, nous devons sérieusement organiser la résistance sociale.

    Ce gouvernement a quand même été démocratiquement élu ?

    Nous avons le droit démocratique de mener des actions. Mais le gouvernement va tout faire pour limiter ce droit, il suffit de penser au service minimum dans les transports publics (s’il fallait réellement défendre ces services, ils n’organiseraient pas l’austérité à la SNCB…). Mais le droit démocratique à l’action existe toujours bel et bien. Si nous voulons bloquer ces mesures antisociales, nous aurons besoin de recourir à ce droit, qu’il faut défendre avec énergie. Le gouvernement ne traitera qu’avec mépris les actions ludiques et symboliques.

    Pourquoi dois-je faire grève ?

    Aucune conquête sociale n’a été obtenue en la demandant gentiment. C’est grâce à la lutte collective et à la grève que nous avons pu gagner diverse réformes qui ont amélioré le sort des travailleurs et de leurs familles. A chaque moment, le patronat a parlé de « prise d’otage » de la population et de l’économie par les grévistes. Si on laissait faire les patrons, nous nous retrouverions sans la moindre protection sociale. Ils organisent notre misère et l’effondrement de nos conditions de vie, et celui qui ose dire quoi que ce soit à ce sujet doit faire face à la répression.

    Quel a été le résultat des grèves précédentes ? La fin du travail des enfants, le suffrage universel, la sécurité sociale, les congés payés, l’indexation des salaires, la législation sur la sécurité et la santé au travail,… Celui qui pense que tout cela est sans importance a des raisons de résister à la grève. Nous comprenons donc la position anti-grève défendue par les organisations patronales (VOKA, FEB,…) et par ce gouvernement des riches. Mais la majorité de la population n’a que des intérêts à trouver dans le soutien aux actions de grève.

    Serons-nous écoutés ?

    Une seule chose est certaine : rien ne bougera si nous demandons gentiment de revenir sur les mesures antisociales. Une grève paralyse tout le système économique et clarifie de suite qui sont les véritables producteurs de richesses : les travailleurs. Une simple protestation est insuffisante, une promenade de santé à Bruxelles également. Nous avons maintenant la base pour un plan d’action avec des tournées d’information dans les entreprises suivies d’une manifestation nationale précédant des grèves provinciales et la tenue d’une journée de grève générale le 15 décembre.

    Nous pouvons saisir cette occasion pour aller vers la victoire. Les réunions d’information permettront de pousser la discussion le plus largement possible sur ce qui convient de faire pour faire chuter ce gouvernement. Ces discussions permettront une large mobilisation contre le gouvernement, mais aussi d’aller un pas plus loin, contre l’austérité sous toutes ses formes.

    Que voulons-nous au final ?

    Tout au long du mouvement, il nous faudra défendre une alternative contre la politique austéritaire. Émousser les bords les plus tranchants de la politique antisociale ne suffira pas. Nous voulons repousser toute la politique d’austérité. Nous vivons dans un monde où les 85 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, comme l’a encore récemment dévoilé une étude d’Oxfam.

    Nous sommes de plus en plus nombreux à être convaincus que ce système est à renverser. La tâche peut paraître titanesque, mais la colère contre l’establishment capitaliste se répand et se renforce. Reste à l’organiser de manière conséquente, avec un programme capable d’arracher les leviers de l’économie à la rapacité des actionnaires, spéculateurs et grands patrons pour les placer dans les mains de la collectivité : le programme du socialisme démocratique.

    Les travailleurs n’ont rien à perdre que leurs chaînes, ils ont un monde à gagner, disait Karl Marx en son temps. Il n’a jamais eu aussi raison qu’aujourd’hui.

  • Appel pour un bloc anticapitaliste à la Protest Parade du 19 octobre

    Nous sommes tous très préoccupés par le nouveau gouvernement fédéral de droite dure, des autorités qui se sont clairement fixées pour objectif de réaliser en Belgique ce qui n’avait pas été possible dans les années ’80 : fondamentalement modifier les relations de forces en Belgique en faveur du grand capital, selon le modèle de Margaret Thatcher. Pour ce faire, le gouvernement fédéral et son équivalent flamand s’attaquent à toute une série d’acquis historiques avec un saut d’index, l’augmentation de la pension, des attaques dans les soins de santé et contre les chômeurs ou encore la remise en question du droit de grève.

    Les années ’80 n’ont pas uniquement été marquées par la droite et ses attaques, ce furent également des années de résistance pour les travailleurs et la jeunesse. Rappelons-nous seulement des Marches des jeunes pour l’emploi de ’82 et ’84, des manifestations massives contre la course à l’armement, de la grève générale de 10 jours des services publics en septembre ’83, des grèves écolières de janvier à avril 1986 et de la manifestation massive de plus de 250.000 affiliés de la FGTB le 31 mai 1986 qui a donné le coup de grâce à ce gouvernement en poussant la CSC à retirer son soutien à la coalition. Tout ceci n’aurait pas été possible sans la volonté d’unifier tous les travailleurs et les jeunes en lutte malgré les divergences tant sur le plan du programme que sur celui des méthodes.

    Par contre, si ces gouvernements de droite ont étés capables de raboter les allocations de 25% et les salaires de 15% en moyenne, c’est aussi en raison de l’absence d’une alternative anticapitaliste crédible à cette époque. La gauche radicale défendait encore des régimes et des thèses répugnantes qui ont été instrumentalisées par la social-démocratie pour opposer sa version « démocratique » du socialisme au socialisme totalitaire défendu par une partie importante de la gauche radicale.

    Les gouvernements « pragmatiques » qui ont succédé à ceux de droite depuis la fin des années ’80 ne sont pas revenus sur ce que la droite avait brisé, mais ont au contraire continué à appliquer cette même politique, bien qu’à un rythme plus modéré. Cela n’a fait que convaincre de nombreux travailleurs qu’il n’existait pas d’alternative à l’austérité tout en stimulant l’envie des patrons d’en obtenir d’avantage. Cette politique n’a pas permis d’éviter le retour de la droite dure, cela l’a au contraire aider à revenir.

    Tout comme dans les années ’80, le Parti Socialiste de Lutte (PSL) considère que ‘l’unité dans la diversité’ constitue une nécessité afin de pouvoir résister à cette offensive de la droite. C’est pourquoi nous appelons à participer en force à la « Protest Parade » organisée par le PTB ce 19 octobre à Bruxelles. Nous ne voulons pas uniquement renforcer numériquement cette manifestation, mais également apporter un ajout programmatique en regroupant et en rendant visible les courants anticapitalistes qui n’ont jamais cautionné le totalitarisme sans pour autant avoir accepté le faux pragmatisme de la social-démocratie.

    Nous invitons donc tous les courants et individus anticapitalistes à constituer un bloc anticapitaliste au côté du PSL dans cette Protest Parade, ce qui est également à considérer comme un atout pour la construction d’un tel courant dans les années de lutte à venir.

    RENDEZ-VOUS : 19 octobre, 13h30, Gare du Nord

    => Evénement Facebook

  • Appel des Jeunes FGTB contre les attaques des gouvernements

    Les Jeunes-FGTB lancent un appel unitaire de résistance contre les attaques des gouvernements, avec un rendez-vous concret le 24 octobre à 16h devant la Bourse de Bruxelles. Le PSL et son organisation de jeunesse, les Étudiants de Gauche Actifs (EGA), soutiennent cet appel et vous invitent à mobiliser et à être présents ce 24 octobre.

    Bruxelles le 9 octobre 2014 – Communiqué de presse des Jeunes FGTB

    jeunes_fgtbLes Jeunes FGTB appellent à un mouvement large et fort de la jeunesse de gauche pour faire face à un gouvernement de droite dure!

    C’est le gong d’un combat de titans qui vient de sonner. Un gouvernement des riches et des patrons contre les travailleurs, les étudiants et les allocataires sociaux.

    Mais ce n’est pas tout : dans les régions et les communautés aussi, nous serons sur un ring. En effet, nous devons nous battre pour préserver la solidarité fédérale de notre pays – dont la Sécurité sociale est le symbole majeur – mais nous devons aussi lutter contre la confiscation de la démocratie par des politiques qui n’ont d’yeux et d’oreilles que pour ceux de leur classe. Ceux-là sèment la zizanie parmi les travailleurs pour mieux nous enlever ce que nous avons conquis de longue lutte.

    Nous devons nous unir car lorsque l’on touche aux pensions, il s’agit de nos pensions, quand on écorche nos salaires, il s’agit de nos salaires, quand on s’attaque au travail, il s’agit de notre travail, notre fierté, nos journées privées de notre famille, à trimer pour des actionnaires et à ramasser les miettes pour pouvoir payer le loyer. Dans nos régions, nous ne pouvons accepter que les attaques aillent jusqu’à toucher les enfants dans l’enseignement ou l’aide à la jeunesse. Les coups viennent de tous les côtés et particulièrement pour les jeunes : moins d’argent pour les services publics, c’est moins d’encadrement dans l’enseignement, davantage de mainmise du privé, c’est moins de personnel dans les administrations ouvertes au public,… Pour les organisations de jeunesse l’avenir se profile avec moins de moyens, alors que la précarisation grandissante des jeunes crée un besoin toujours plus important. Les jeunes ont déjà suffisamment payé le prix d’une crise dont ils ne sont pas responsables: allongement du stage d’insertion, limitation des allocations d’insertion dans le temps, contrôle renforcé, démultiplication des emplois précaires,… Ce gouvernement assène maintenant le coup de grâce avec des mesures injustes et absurdes dont les effets s’ajouteront aux coupes budgétaires qui feront saigner les régions.

    Nous ne pouvons plus attendre que les différents gouvernements prennent conscience que l’austérité ne mène à rien. Allonger les carrières alors qu’il n’y a pas d’emplois pour les jeunes va faire monter le chômage, grimper les frais de soins de santé pour les travailleurs âgés et imprimer une pression à la baisse sur les salaires des autres travailleurs. En plus de leur inefficacité criante, ces mesures n’ont rien d’original : le travail forcé existait déjà par les stages non rémunérés dans lesquels on contraint les jeunes à s’inscrire sous prétexte de formation et sous peine de sanction au niveau des allocations ; la dégressivité salariale, une discrimination abominable basée sur l’âge existe déjà ; le saut d’index, nous payons toujours celui du passé…

    Bref, il est temps que les jeunes amènent un vent de changement et imposent des solutions radicalement opposées : la réduction collective du temps de travail avec embauche compensatoire et maintien des salaires, le renforcement des services publics, la taxation des revenus du capital, un impôt juste et vraiment progressif, la fin des réductions de cotisations patronales et des cadeaux aux entreprises du privé, la création d’emplois durables et de qualité et surtout la fin de l’exploitation que vivent les jeunes au travers de sous-statuts.

    Aujourd’hui, les Jeunes FGTB lancent un appel fort à tous les jeunes, étudiants, et organisations de jeunesse de gauche pour un rejet commun de toutes les mesures intolérables qui seront prises par les gouvernements fédéral, communautaires et régionaux.

    Nous appelons tous les jeunes qui pensent que la semaine de 32h de travail est la solution pour remédier au chômage des jeunes.

    Nous vous donnons rendez-vous le 24 octobre à 16h devant la Bourse de Bruxelles.

    Chacun des mouvements de jeunes qui aura rejoint notre appel s’exprimera sur la scène. Cela doit être un premier rendez-vous qui donnera le départ à une réaction collective forte et organisée des jeunes contre les attaques des gouvernements.

    Contact :
    SCIACCHITANO Angela, Coordinatrice Jeunes FGTB
    02/506 83 90 – 0474/45 82 56

  • Un gouvernement thatchérien de droite dure qui cherche la confrontation

    “C’est le gouvernement que je voulais”, a déclaré Bart De Wever, satisfait. Les plans complets de la suédoise ne sont pas encore connus, mais ce que nous savons déjà va loin. Ce gouvernement de droite dure va un sérieux cran plus loin que tous les gouvernements précédents réunis. L’offensive antisociale dont il est question ici ira au-delà du “pacte de solidarité entre les générations” (2005), du Plan global (1993) et de celui de Val Duchesse (1986), de précédentes attaques antisociales contre lesquelles des actions dures avaient été menées. La question qui se pose immédiatement à nous est celle de la résistance : comment pouvoir stopper ce gouvernement ?

    Les pensions en ligne de mire

    La suédoise veut démolir des symboles, même si cela n’aura qu’un impact limité sur le budget de cette année ou celui de l’an prochain. L’augmentation de l’âge de la pension à 66 ans en 2025 à 66 ans et à 67 ans en 2030 est à considérer dans ce cadre. Les partis au pouvoir au fédéral veulent bien faire comprendre que leur politique austéritaire ne couvrira pas uniquement les cinq prochaines années, mais aussi celles à venir. Parallèlement, les possibilité de retraite anticipée seront limitées et l’âge minimum pour y avoir accès porté à 63 ans. Pour le calcul de la pension des fonctionnaires, la règle reste de prendre en compte les 10 dernières années, mais il faudra plus de temps aux nouveaux fonctionnaires pour avoir une carrière complète.

    Ces attaques sur les droits à la pension vont au-delà de ce que le Pacte des générations avait imposé. A l’époque, des actions de masse avaient été entreprise, y compris avec grève générale, notamment autour de l’argument qu’il est absurde de faire travailler plus longtemps les aînés à un moment où de nombreux jeunes ne peuvent pas trouver de travail. Le gouvernement de droite dure actuel veut donc aller encore plus loin et également s’en prendre à l’âge de la pension, une donnée hautement symbolique. Comme s’il était possible avec la charge de travail actuelle qu’un infirmier de 67 ans s’occupe de patients ou qu’un enseignant de cet âge prenne en charge des classes surpeuplées. Le relèvement de l’âge de la pension est une provocation particulièrement grande, qui nécessite une riposte ferme et décidée.

    A lire aussi : Des pensions impayables ? Mensonge.

    Saut d’index et service à la communauté pour les chômeurs

    En raison du très faible taux d’inflation actuel, voire même la déflation, une indexation des salaires et des allocations n’est pas encore directement à l’agenda. Mais cela ne signifie pas qu’un saut d’index, même avec les modifications limitées pour les salaires les plus bas, ne sera pas très dur. Le gouvernement offrira de cette façon 2,6 milliards € aux entreprises, un montant qui appartenait en fait aux travailleurs. Certains sont des spécialistes dès lors qu’il s’agit de se plaindre des transferts de moyens entre communautés mais n’ont pas de problème pour organiser des transferts plus importants de la population active vers les plus riches. Un saut d’index est une attaque directe sur notre pouvoir d’achat.

    La N-VA veut aller encore plus loin. Comme nous l’avons dit, la déclaration finale du gouvernement n’est pas encore connue, mais la semaine dernière, les nationalistes flamands néolibéraux ont parlé d’une proposition visant à accorder des salaires moindres pour les jeunes, en permettant de descendre sous le salaire minimum. La fédération patronale flamande VOKA a applaudi des deux mains, en précisant que cette mesure pourrait être généralisée. Une telle mesure ne sera pas possible directement, mais un saut d’index revient en fin de compte à la même chose: moins de salaire réel pour une même quantité de travail.

    Les travailleurs avec emploi sont en ligne de mire, mais les travailleurs sans emploi le sont aussi. Seuls les riches sont à l’abri, ils recevront même encore plus de cadeaux. Concernant les allocations de chômage, les libéraux n’ont pas totalement obtenu ce qu’ils voulaient puisqu’aucune restriction des allocations de chômage dans le temps ne semble être à l’agenda. Mais un symbole fort devait être sacrifié, et c’est ainsi qu’est arrivée cette idée d’un service communautaire obligatoire de deux demi-journées par semaine pour chômeurs de longue durée. Des milliers de chômeurs pourront désormais être utilisés par les villes et communes, entre autres. Pour les autorités locales, ce sera l’occasion de remplacer le personnel par ces travailleurs forcés. Si les chômeurs doivent prester un travail, pourquoi ne peuvent ils pas avoir un travail décent avec des conditions de travail décentes?

    Annualisation du temps de travail

    Le champ d’application de cette proposition n’est pas encore connu, mais plusieurs médias ont déjà fait référence à cette proposition d’annualisation du temps de travail. Cela signifie que le temps de travail ne sera plus compté par jour et par semaine, mais par année. Ainsi, il serait parfaitement légal de travailler 60 heures une semaine et 20 la suivante, puisque la moyenne de 40 heures de travail serait respectée. Il s’agit donc d’instaurer une flexibilité au travail qui reviendra à presser les travailleurs comme des citrons. Et cela, bien entendu, jusqu’à leurs 67 ans.

    Des cadeaux pour le patronat

    “Nous prenons, mais nous redonnons plus”, a notamment déclaré Bart De Wever. C’est vrai. Mais la vérité complète est que De Wever compte prendre chez nous pour donner au patronat. Près de 8 milliards d’euros d’économies frapperont la sécurité sociale, notamment au travers de la réduction des moyens pour les soins de santé et des attaques sur les fins de carrière. Réduire les moyens des soins de santé renforcera les déficits existants alors qu’un quart des hôpitaux est déjà menacé par le manque de ressources. Ils veulent nous faire croire que nous verront une partie de ces somme revenir vers nous avec une réforme fiscale, mais ce sera loin de compenser ce que nous avons à payer pour les soins de santé, le carburant et le tabac (à nouveau avec des impôts plus élevés) ainsi qu’en conséquence de bien d’autres mesures d’économie à la fois au fédéral, au régional et au niveau local.

    Les entreprises recevront immédiatement un milliard € et avec le saut d’index, ce sont à nouveau 2,6 milliards de cadeaux qui tomberont dans leurs poches. Et cela ne s’arrête pas encore là. Comme précédemment annoncé, le gouvernement veut instaurer une diminution de la taxation des entreprises (de 33 à environ 25 %). Selon les divers calculs, cela devrait atteindre les 5 milliards d’euros.

    De la taxe sur les plus-values boursières dont le CD&V a tant parlé, il ne reste rien. L’idée que les épaules les plus lourdes doivent aussi contribuer sert principalement de rhétorique. Une taxe limitée sur les opérations de Bourse et la promesse que des mesures toucheront les paradis fiscaux (avec quel personnel le gouvernement pense=t=il pouvoir faire ça ?) sont destinées à sauver la face. l’essentiel ne change pas : c’est un gouvernement pour les riches, comme le faisait remarquer le président de la CSC Leemans.

    Organiser la résistance

    Les mesures connues constituent une grande provocation pour les travailleurs et leurs familles. Il n’était pas surprenant de constater que l’anxiété était grande, notamment en Flandre après l’annonce des mesures du gouvernement flamand, ni même de voir que la participation au rassemblement syndical du 23 septembre était bonne. Parmi la jeunesse aussi, les premières actions ont eu lieu en Flandre dans le cadre de la lutte contre l’augmentation du minerval et contre l’austérité dans l’enseignement. A près des actions dans le secondaire et une bonne participation à une grande manifestation étudiante à Bruxelles, il faut organiser la lutte par une participation démocratique par la base et assurer que l’opposition ne se limite pas à l’augmentation des frais d’inscription. Dans le secteur socio-culturel flamand, l’appel Hart Boven Hard a reçu un bon écho.

    Dans le tract que nous avons notamment distribué aux diverses rencontres syndicales, nous avons dit que stopper les attaques “requiert un bon rapport de force et un mouvement de masse. Le gouvernement ne va pas épuiser toute ses munitions d’un coup, mais va planifier diverses vagues d’attaques réparties dans le temps. Attendre que tous les détails soient connus nous fera perdre du temps, mais partir en action avec les convaincus sans prendre le temps de préparer les autres collègues et de les impliquer dans la prise de décisions est également une erreur.”

    “Nous avons besoin de chacun, y compris des affiliés des autres syndicats et de ceux qui ne sont affiliés nulle part. C’est en surmontant ensemble les difficultés que nous pourrons les gagner à la lutte collective, pas en leur reprochant toutes sortes de choses. Pour nous diviser, le gouvernement prendra des mesures qui frapperont une région plus fortement qu’une autre. Mais beaucoup de travailleurs flamands sont aussi opposés à la politique de droite que leurs collègues wallons ou bruxellois, tandis que d’autres ont été terriblement trompés. Nous ne voulons pas les laisser isolés, mais au contraire leur donner les arguments nécessaires pour convaincre leur communauté. A ce titre, des visites de solidarité peuvent faire des miracles.

    “Pourquoi ne pas mener une campagne d’information, avec de bons arguments, des tracts et des affiches pour discuter sur les lieux de travail et motiver les collègues ? Il nous faudrait un mot d’ordre concret pour riposter ensemble et éviter de partir au combat en ordre dispersé. Cela pourrait être une manifestation nationale ou une série de manifestations et de meetings provinciaux pour mesurer la combattivité. La tenue d’assemblées générales sur les lieux de travail pendant les heures de travail pourrait y être annoncée. Un plan d’action pourrait ainsi être soumis à la discussion, avec des grèves et des manifestations provinciales à tour de rôle débouchant sur une grève générale nationale de 24 ou 48 heures. Si le gouvernement n’a toujours pas reculé ou n’est pas de suite tombé, l’idée d’une grève générale reconductible chaque jour peut être soumise au vote une semaine plus tard lors d’assemblées générales sur les lieux de travail.”

    Quelle alternative ?

    Dans notre tract, nous poursuivions ainsi “les grèves générales de 1993, de 2005 et du 30 janvier 2012 ne visaient pas à faire chuter le gouvernement. Chaque alternative possible semblait encore plus à droite que le gouvernement de l’époque. Mais cela ne signifie pas que le mouvement syndical doit se jeter dans les bras de la tripartite ou des coalitions ‘‘alternatives’’ de Bruxelles et de Wallonie. Là, les symboles sont sauvegardés, mais la stratégie suivie – à l’instar de celle du gouvernement fédéral précédent – revient aussi à appliquer l’austérité, mais avec les bords les plus tranchants émoussés.

    “Nous savons maintenant où cela amène. Parmi de nombreux travailleurs, cela a nourri l’idée que l’austérité est la seule solution. Quant aux patrons, ils en veulent encore plus. Au lieu d’éviter le pire, le tapis rouge a été déroulé pour une coalition encore plus à droite. La fédération Wallonie-Bruxelles va assainir plus de 300 millions d’euros dans l’enseignement ces deux prochaines années, proportionnellement plus qu’en Flandre. Les deux prochaines années, seul 1 fonctionnaire sur 5 partant en pension sera remplacé à la Région wallonne, et 1 sur 3 les trois années d’après. Ce n’est pas une alternative.”

    “Nous devons au contraire nous battre avec un programme basé sur la satisfaction des besoins réels de la majorité sociale et pas pour répondre à la soif de profits d’une poignée d’ultra-riches.

    – Rétablissement total de l’indexation, négociations salariales libres et salaire minimum de 15 euros bruts de l’heure !
    – Non à la dégradation des contrats de travail par la sous-traitance, l’intérim ou les autres emplois précaires !
    – Bas les pattes du statut des fonctionnaires ! Aucun démantèlement des services publics ! Aucune privatisation ou libéralisation ! De l’insourcing au lieu de l’outsourcing !
    – La prépension à 55 ans, pour des systèmes de fin de carrière avec diminution du temps de travail et pension anticipée à 60 ans !
    – Pas d’augmentation de l’âge de la pension ! Augmentation des pensions à minimum 75% du dernier salaire avec un minimum de 1500 euros par mois!
    – Pas de service communautaire pour les chômeurs ! Attaquons le chômage par la diminution généralisée du temps de travail à 32 heures/semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires!

    C’est impensable pour les patrons. Pourtant, jamais autant de richesses n’ont été produites qu’aujourd’hui. Ce ne sont pas les moyens qui manquent, mais bien la volonté politique. Le PSL défend aussi une fiscalité plus juste, mais les capitalistes et les propriétaires immobiliers vont faire payer la pression fiscale aux consommateurs, aux travailleurs ou aux locataires. Seule la nationalisation des secteurs clés de l’économie sous contrôle démocratique de la collectivité nous offrira les garanties nécessaires à l’application de ce programme. Nous voulons la fin de ce système anachronique de propriété privée des moyens de production et de course aux profits – le capitalisme – pour le remplacer par un socialisme moderne et démocratique, avec libre utilisation des connaissance et des moyens disponibles au service de tous.

  • Pas de Thatcher en Belgique !

    Il nous faut un plan d’information et d’action contre le gouvernement de droite dure !

    Les partis ouvertement de droite qui discutent de la formation du nouveau gouvernement fédéral n’ont qu’une seule logique en tête : celle du libre marché et de la maximisation des profits des grandes entreprises. Selon leurs dires, au plus les grandes entreprises recevraient de cadeaux, au plus la population bénéficierait de retombées positives. En conséquence de quoi les sacrifices que nous avons à livrer au final serviraient à notre bien-être futur. La coalition ‘‘suédoise’’ utilise ici une vieille rengaine, celle de Margaret Thatcher et Ronald Reagan dans les années ‘80.

    Même le Bureau Fédéral du Plan a calculé que la poursuite de la trajectoire budgétaire stricte pour parvenir à un équilibre en 2016 signifierait une perte de 47.000 emplois. Cette étude a été réalisée en juin dernier, mais le résultat n’a été dévoilé que maintenant. Toujours est-il que les indicateurs économiques ne sont pas devenus meilleurs depuis lors. Toutes les données indiquent également qu’à politique inchangée, il n’y aurait de toute façon pas suffisamment d’emplois pour répondre au chômage massif et croissant dans notre pays.

    Pour les politiciens les plus à droite, les avertissements du Bureau du Plan ne sont qu’une ‘‘vérité qui dérange’’ dont il ne faut pas tenir compte. Rien ne doit s’élever sur le chemin tracé par le dogme néolibéral. Comme le journaliste Marc Reynebeau l’a écrit dans le Standaard : ‘‘Les politiciens sont tellement imprégnés de la logique du marché qu’ils ne la considèrent plus comme un choix idéologique mais comme une nécessité inaltérable.’’ C’était typique de la rhétorique de Thatcher : There is no alternative.

    Les politiques néolibérales de Thatcher & Cie ont conduit les inégalités vers des sommets inédits. Le transfert massif de richesses des travailleurs et allocataires sociaux vers les super-riches n’a jamais ‘‘ruisselé’’ vers le bas de la société. Cela n’a freiné le développement ni d’un chômage de masse et d’une pauvreté inquiétante. Pourquoi serait-ce différent aujourd’hui? Quelles conséquences l’austérité a-t-elle eu pour les Grecs, les Espagnols ou les Irlandais ? Ils se retrouvent la tête sous l’eau.

    Tout comme Thatcher en son temps, la coalition d’ultra-droite en formation ne veut pas limiter son action à l’application d’une politique néolibérale drastique, elle veut aussi s’en prendre à une série de symboles. Des ‘‘tabous de gauche’’ doivent disparaître. Parmi ces tabous figure la sécurité sociale, sans laquelle le taux de pauvreté exploserait à 42%. La N-VA préfère une douleur ‘‘dure et brève’’ dans la lutte contre les pensions des fonctionnaires, contre le droit de grève (avec l’imposition d’un service minimum dans les transports publics notamment) ou pour un saut d’index.
    Ne devrions-nous pas plutôt éviter d’attaquer le niveau de vie de la majorité de la population et investir massivement des moyens publics pour répondre aux nécessités criantes dans presque tous les services publics : des services à la petite enfance aux mouvements de jeunesse, des soins de santé à l’enseignement, des logements sociaux aux transports publics, de l’énergie aux pensions ? Pour une fois, n’irait-on pas chercher l’argent là où il est ? Dans les poches des super-riches ?

    Cette option-là est irréaliste pour les néolibéraux. C’est impossible. L’explication est aussi convaincante que celle que défend l’austérité : c’est comme ça. On ne peut rien y faire. Il n’y a pas d’alternative. Nous refusons d’accepter cette logique dont la faillite a été largement démontrée. Il existe une alternative : le socialisme. La lutte contre le gouvernement d’ultra-droite sera difficile, mais même Maggie ‘‘Dame de Fer’’ Thatcher n’a pu résister à un mouvement de masse. Construisons un large front de la résistance sociale, avec un plan d’information et d’action élaboré à la base, pour que le gouvernement d’ultra-droite arrive à sa fin le plus vite possible.


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    Au sommaire de cette édition :

    1. Pas de Thatcher en Belgique !
    2. Seule une résistance sociale de masse peut stopper ça!
    3. EDITO : Un système de plus en plus inégalitaire, à jeter dans les poubelles de l’histoire // Gouvernement kamikaze cherche pilote // Margaret Thatcher: pionnière du néolibéralisme
    4. Energie : de la libéralisation au black-out… // La coalition suédoise trouve 6 milliards d’euros… pour la Défense !
    5. Les hôpitaux constamment en proie aux excès d’austérité // Quelques considérations à propos de l’Ice Bucket Challenge
    6. Gouvernement et patronat, à l’unisson contre le droit de grève // 1-0 : pour les grévistes de BM&S // Doosan Infracore à Frameries, Avidité patronale et nouveau bain de sang social
    7. Pourquoi donc soutenons-nous l’indépendance de l’Ecosse en nous opposant à la N-VA ?
    8-9 Comment vaincre l’austérité dans l’enseignement supérieur ?
    10. L’atterrissage brutal… du modèle-PS en France… // … et du modèle conservateur suédois
    11. D’où provient l’État islamique et comment lutter contre ?
    12. L’austérité met aussi le secteur de la jeunesse en péril ! // Changeons le système, pas le climat !
    13. ‘‘Retrouvailles’’ : la colère est bien là… // Le Congrès bisannuel du PSL différé : un automne social chaud arrive ! // Agenda militant
    14. Un phénomène comme Aube Dorée peut-il se produire en Belgique ? // Un casseur à la tête du Vlaams Belang
    15. Premières actions contre l’austérité : Rassemblements anti-austérité à Liège et Bruxelles // À Gand, les étudiants du secondaire ont manifesté contre l’augmentation des minervals // ‘‘Pourquoi et comment désobéir aux créanciers’’ – Rencontres d’été 2014 du CADTM
    16. Résistance Internationale contre le racisme et le capital !

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