Tag: Front de résistance contre l’austérité

  • Percée de la gauche radicale : une excellente occasion d’organiser la lutte contre l’austérité

    Par Els Deschoemacker

    Comme on pouvait s’y attendre, quelques jours après les élections, l’Europe néolibérale a fait parvenir un nouveau message aux autorités belges encore en formation. On a ainsi appris que plusieurs milliards d’euros de dettes publiques étaient jusqu’ici ‘‘cachés’’ et viendront alourdir la prochaine opération d’austérité, que la commission européenne n’a pas l’intention de donner plus de temps à la Belgique pour lutter contre le déficit budgétaire et la dette publique et, finalement, que de nouvelles normes comptables pour les dettes publiques seront d’application en Europe dès septembre.

    Cette Europe des riches a beau avoir perdu les élections, elle n’éprouve aucune honte à vouloir imposer une politique antisociale sans précédent. C’est comme si la révolte électorale contre la dérive austéritaire n’avait pas eu lieu ! Les patrons belges aussi se préparent à partir à la bataille. Les organisations patronales ont précédemment fait savoir qu’elles étaient très heureuses de constater que les programmes des partis tenaient plus que jamais compte des désirs du monde entrepreneurial.

    Par ailleurs, les patrons sont aussi assez satisfaits des élections. En effet, à leurs yeux, une bonne partie des électeurs a explicitement voté pour un programme d’austérité. D’une part, la NVA, qui est le parti de l’austérité par excellence, est sorti des urnes comme le plus grand parti et, d’autre part, les six partis au pouvoir n’ont pas été sévèrement punis pour les 22 milliards de mesures d’austérité qu’ils ont votées et pour leur politique qui a rendu les riches encore plus riches et les pauvres encore plus pauvres. Pourtant, c’est une manière erronée de considérer le résultat des élections. Les résultats électoraux contiennent les germes de la révolte croissante, ce qui est plus évident encore en ce qui concerne les élections européennes.

    A l’exception du PTB et de diverses petites listes de gauche, tous les programmes des partis ne fournissaient qu’un mélange indigeste de mesures d’austérité affectant principalement la population active et de réductions d’impôt pour les entreprises. Cependant, tous ces partis ont remarquablement fait de leur mieux pour se présenter à l’électeur sous leur jour le plus social et pour éviter le reproche de ne pas être assez proche du monde du travail. Soudainement, on a pu entendre le CD&V ou encore le MR se déclarer contre l’abolition de l’index, contre la limitation des allocations de chômage dans le temps et contre d’autres mesures qu’ils ont pourtant en réserve pour nous. Soudainement, tous étaient d’accord pour augmenter les pensions.

    Ce n’est pas neuf de voir les principaux partis jouer ce jeu avant les élections. Ce qui est nouveau, par contre, c’est qu’il est clair qu’une bonne partie de la population ne les croit plus et que l’idée du ‘‘moindre mal’’ fait moins recette. Pour la première fois depuis 1985, la gauche radicale fait son apparition au Parlement fédéral. Ce n’est pas un fait divers, mais l’expression d’un mouvement de la base de la société, une prise de conscience que le mouvement des travailleurs a besoin de sa propre voix et de son propre parti politique.

    Pourtant, et de façon assez scandaleuse, la plupart des dirigeants syndicaux ne le comprennent toujours pas. Certains ont même encore appelé explicitement à plusieurs reprises à ne pas voter pour les listes de la gauche radicale. S’ils avaient au contraire activement soutenu ces listes et joué un rôle dans leur élargissement, la percée de la gauche radicale aurait pu être bien plus forte. Le mouvement des travailleurs aurait été d’autant mieux préparé pour affronter les politiques d’austérité qui l’attendent à l’automne.

    Quelles que soient les compositions exactes des futurs gouvernements régionaux et fédéral, il est d’ores et déjà certain que nous allons subir une avalanche de mesures antisociales de la part de tous les niveaux de pouvoir ; fédéral, régional et communal. L’heure est à la résistance et pour cela, ainsi que pour être aptes à inverser la tendance, nous avons besoin d’un large front de résistance qui regroupe les mouvements sociaux, les syndicalistes de gauche, la gauche radicale, les militants associatifs ou de quartier, etc. Un tel appel lancé uniquement de la part du PSL ne peut compter que sur un écho limité, mais si le PTB posait cette question sur la table avec ses huit parlementaires ainsi que ses 50 élus communaux et si, surtout, certaines fédérations ou régionales syndicales suivaient, le potentiel serait gigantesque pour construire un véritable mouvement de résistance de la base.

  • [INTERVIEW] “Se préparer à l’austérité à venir par un front de résistance !’’

    Interview d’Anja Deschoemacker

    Pour ces élections, des listes ‘‘Gauches Communes’’ étaient déposées à Bruxelles, à la Chambre et à la Région. Ces listes regroupaient des militants du Parti Socialiste de Lutte et du Parti Humaniste, avec également des indépendants, autour de la nécessité d’un plan radical d’investissements publics massifs pour répondre aux diverses nécessités sociales (logement, crèches, écoles,…) tout en créant des emplois décents et socialement utiles. Nous avons discuté de l’évaluation de cette campagne avec Anja Deschoemacker, tête de liste à la Chambre pour Gauches Communes et membre du PSL.

    Comment s’est déroulée la campagne de Gauches Communes ?

    Tout d’abord, nous n’avons bénéficié d’aucune attention médiatique. Nous avons été très peu invités aux débats syndicaux, associatifs, etc., conséquence du ‘‘vote utile’’ pour le PTB. Lors de précédentes campagnes, soit avec le Front des Gauches (qui réunissait le PC, la LCR, le PH, le CAP, Vélorution et le PSL en 2010), soit pour la première campagne de Gauches Communes aux dernières élections communales, nous avions pu être orateurs lors de plusieurs débats. Mais pour ces élections, nous avons eu comme seule visibilité notre campagne en rue et les nombreuses discussions sur le terrain.

    Mais compte tenu de nos forces encore limitées, il ne nous a pas été possible de mener campagne dans tout Bruxelles, nous ne l’avons fait que dans les quatre communes où nous nous étions présents aux communales – Anderlecht, Jette, Ixelles et Saint-Gilles – en nous concentrant toutefois sur Saint Gilles. D’autres campagnes avaient également été menées contre les deux dernières augmentations des tarifs de la STIB, et contre l’augmentation du prix de la distribution de l’énergie, conséquence de la manière dont la commune fait payer à la population l’affaire Dexia. La commune devra encore payer de nombreuses années l’emprunt contracté auprès de Dexia pour… avoir renfloué Dexia ! On parle tout de même d’un demi-million d’euros par an… Une des particularités de ces campagnes était l’effort systématique visant à mener des actions avec les habitants et pas seulement entre militants.

    Quel a été l’écho des idées défendues par Gauches Communes parmi la population ?

    Il fut très bon. Une des idées que nous avons le plus accentué est la nécessité de construire un large front de résistance une fois les élections passées, puisque nous savons qu’une politique d’austérité nous attend à tous les niveaux. Sur ce point, les discussions ont été formidables aux stands et lors des distributions de tracts.
    Mais nous avons été confrontés à deux ‘‘votes utiles’’. Le premier, pour le PS, n’a rien de neuf, mais il est par contre en (plein) déclin. Il a été basé sur l’idée de se préparer à la victoire de la N-VA en Flandre ainsi que sur la menace de finir avec Reynders comme ministre-président de la Région bruxelloise. Mais le dégoût s’est fortement développé vis-à-vis du PS, suite à l’expérience d’un gouvernement fédéral dirigé par Di Rupo. Et ce n’est pas la politique régionale ou communale qui fait la différence… Mais, même affaibli, le PS est tout de même très présent. Le deuxième vote utile, c’était celui pour le PTB. Là aussi, c’était un élément déjà présent lors des élections communales, mais cela s’est considérablement renforcé.

    Nous avons toujours fait des propositions au PTB pour déposer des listes unitaires à gauche, tant avec le Front des Gauches qu’avec Gauches Communes, propositions qui se sont toujours soldées par un refus. Cette fois-ci, nous avions proposé de participer aux listes PTB-GO, même un groupement de liste n’a pas été possible ! Le PTB-GO (qui comprenait également des candidats de la LCR et du PC) a préféré conclure un accord avec les listes Pro-Bruxsel et BUB, alors qu’elles n’ont rien de gauche.

    Nous n’avons jamais cessé de discuter lorsque notre interlocuteur nous disait préférer voter pour le PTB : c’est un pas en avant positif par rapport au soutien aux partis établis, et c’était l’opportunité de discuter des initiatives à prendre une fois passées les élections, notamment autour de cette question d’un front large et unitaire de la résistance sociale contre la politique d’austérité.

    Au final, nous avons obtenu 0,29% à la Chambre (soit 1.461 voix) et 0,21% à la Région (soit 843 voix). Sur Saint-Gilles, nous avons obtenu 1,12% à la Chambre et 0,89% à la Région. Bien entendu, nous aurions espéré obtenir un meilleur, tout en sachant par avance que cela n’allait pas du tout être évident de reproduire le résultat obtenus aux communales à Saint-Gilles (3,65%). Mais ce qui est frappant, c’est la nouvelle progression de la gauche véritable dans cette commune. Alors que le PTB et Gauches Communes réalisaient ensemble 7,5% aux communales, le score le plus élevé dans une commune bruxelloise, il est maintenant question de plus de 9% ! Nos campagnes ont incontestablement joué un rôle dans ce succès. Si nous parvenons à réaliser une unité plus large, nous pouvons positionner la gauche radicale comme deuxième force de cette commune derrière le PS !

    A côté des éléments précités, il faut aussi savoir qu’une large partie de la population saint-gilloise est issue des communautés européenne ou marocaine, qui pouvaient voter pour le scrutin communal mais pas pour ces élections.

    Peux-tu nous en dire plus sur cette nécessité d’un front de résistance contre l’austérité ?

    Nous avons eu un bon début de discussion autour de cette idée lors d’un meeting que nous avons organisé avec ‘‘Alternatives à Bruxelles’’. Le PTB n’avait malheureusement pas envoyé d’orateur, mais des représentants du PC, de la LCR, de VEGA, de la LCT, du PSL et du PH étaient présents à la tribune. Il ressortait clairement de cette discussion que, malgré les divergences, l’idée faisait mouche. Gauches Communes veut d’ailleurs organiser une rencontre à la rentrée afin de poursuivre cette discussion et de voir comment poser les premiers pas concrets en cette direction.
    Les autorités vont bénéficier de 5 ans sans élection nationale (et de 4 ans avant les prochaines communales). Elles vont appliquer une austérité bien plus sévère que ce que le gouvernement précédent a déjà réalisé (le gouvernement Di Rupo a déjà appliqué une austérité de 22 milliards d’euros…). Ce constat est partagé plus largement puisque, quelques jours plus tard, Jean-François Tamellini, secrétaire fédéral FGTB, a lancé un appel à un ‘‘vaste mouvement social’’ contre l’austérité.

    Mais des obstacles restent présents, parmi lesquels les liens entretenus entre les directions syndicales et des partis comme le PS, le SP.a ou encore le CD&V, très certainement dans le cas d’une tripartite traditionnelle au fédéral. Malgré la discussion autour de l’Appel du 1er mai 2012 de la régionale FGTB de Charleroi & Sud-Hainaut appelant à rompre avec le PS et Ecolo, la direction nationale de la FGTB a très explicitement appelé à voter pour le PS et le SP.a. Aucun groupe de gauche ou organisation de gauche ne peut, à lui seul, briser cette situation, il faut que les différentes organisations de gauche soutiennent et inspirent la gauche syndicale pour qu’elle s’organise et qu’émerge enfin un plan d’action conséquent et audacieux qui implique activement le nombre le plus large de travailleurs.

    A ce titre, le processus de l’Alliance D19-20, qui a pris en charge l’organisation d’actions contre l’austérité européenne et le Traité Transatlantique, représente un pas dans la bonne direction et illustre le potentiel existant pour un plan d’action élaboré collectivement, notamment avec des assemblées générales, et pas uniquement avec des réunions de représentants syndicaux ou de mouvements. Mais il faut réagir à tous les niveaux de pouvoir, car les mesures d’austérité viendront de partout. Sans lutte sérieuse, nous ne ferons que perdre nos conquêtes sociales les unes après les autres.

    A la Région bruxelloise, des années durant, toutes les revendications des travailleurs ont été mises de côté sous l’argument qu’il fallait attendre le refinancement de la Région. Ce refinancement est aujourd’hui là, mais il est quasiment exclu qu’il soit utilisé pour améliorer les conditions de travail et le salaire des travailleurs de la Région. Ne parlons même pas des travailleurs communaux chez qui l’on trouve les conditions de travail les plus révoltantes !
    Ce front de résistance devrait aussi soutenir les travailleurs du privé, qui aujourd’hui sont souvent condamnés à se battre de manière isolée. Nos luttes doivent être reliées, les unes aux autres, pour pouvoir enfin lier à l’action la force de la classe des travailleurs, lorsqu’elle est unie et marche dans la même direction.


     

    Merci !

    Nous tenons à remercier nos électeurs de même que tous les camarades et sympathisants de Bruxelles et d’ailleurs qui ont rendu possible cette campagne dans les rues de Saint-Gilles. Le travail n’a pas manqué et ce fut un grand effort de pouvoir maintenir des stands quotidiens, assurer le collage d’affiches dans les magasins, distribuer les tracts dans les boîtes aux lettres (plusieurs tracts différents en 20.000 exemplaires à chaque fois).
    Cette expérience fut très bénéfique. Les membres du PSL sont habitués à intervenir aux piquets de grève, lors d’actions ou de manifestations syndicales et de la jeunesse radicalisée. Mais c’est autre chose de mener une campagne vers un public plus large sans baisser le niveau de notre programme, avec un effort constant pour populariser des mots d’ordre tels que la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle démocratique et en argumentant systématiquement sur la nécessité de changer de système pour parvenir à un changement réel.
    Dans la perspective du retour de luttes massives en Belgique, cette campagne fut une excellente préparation pour notre parti.

  • Jean-François Tamellini : “Appel à un vaste mouvement social!”

    Jean-François Tamellini est secrétaire fédéral de la FGTB. Le jour des élections, il a lancé sur les réseaux sociaux un appel remarquable pour un large mouvement de résistance sociale. Quelle que puisse être la composition du gouvernement, les attaques contre notre sécurité sociale et notre niveau de vie seront à l’agenda. La position défendue par Tamellini est à contre-courant de ceux qui considèrent encore la social-démocratie comme un “moindre mal” utile. 


     

    Quelle que soit la coalition qui se mettra en place au fédéral, les reculs sociaux vont se poursuivre. De manière violente si la droite à les pleins pouvoirs, ou en continuant son érosion dans d’autres scénarii, mais aucune avancée sociale ne sera plus possible avec le paysage politique global que nous connaissons et le poids que représente le courant libéral.

    Certains misent sur un retour de la croissance et une meilleure conjoncture pour pouvoir limiter la casse. Mais ce ne sera pas suffisant. Le TSCG (Traité européen austéritaire) continuera à obliger les gouvernements, quels qu’ils soient, même dans les moins mauvais cas de figure, à raboter le social…

    Préserver la sécu? Elle est déjà largement fracturée. Allocations familiales scindées, soins de santé rabotés, dégressivité des allocations et suppression du caractère assurantiel du chômage, pensions mangées par l’impôt, autant de mesures qui risquent encore de s’amplifier…

    Maintenir l’index? Il ne suit déjà plus le coût réel de la vie (en n’intégrant plus par exemple les coûts des carburants qui ont explosé ces dernières années). Et avec le TSCG, même si l’ersatz d’index était maintenu, ce sont les pensions et la fonction publique qui seront attaquées pour respecter les obligations budgétaires imposées par l’Europe. Quelle que soit le gouvernement en place!

    L’index sautera tout de suite si la droite à les pleins pouvoirs. Les pensions ou la fonction publique continueront à être attaqués dans tous les autres scénarii…
    Dans tous les cas de figure, les travailleurs seront perdants!

    Le seul moyen de revenir à des conquêtes sociales, de redonner aux travailleurs ce qui leur revient de droit, en passant par une meilleure répartition des richesses (à travers les salaires, la sécurité sociale et les services publics), ce sera de préparer DÈS DEMAIN ce vaste mouvement social qui nous permettra de mettre au pas le monde politique et celui de la finance (intimement liés).

    Ce ne sont pas les politiques ou les gouvernements qui nous permettront de sortir de la dictature de la finance et de l’exploitation capitaliste. Ceux là continueront simplement à discuter du poids des chaînes. SI LA VOLONTÉ EST DE BRISER LES CHAÎNES, CE N’EST QU’EN ORGANISANT UN VASTE MOUVEMENT SOCIAL QUE NOUS Y PARVIENDRONS!

    Les syndicats ont un rôle majeur à jouer dans l’organisation de ce vaste mouvement social. Au niveau de la FGTB, nous devons renforcer nos positions anti capitalistes et revenir à nos fondamentaux lors du prochain Congrès fédéral d’octobre. Mais nous devrons également rassembler au delà de nos rangs, en faisant converger les luttes de tous ceux qui veulent sortir de cette voie sans issue.

    Quelle que soit la coalition qui sera en place, je le répète et nous le savons, les régressions sociales vont se poursuivre. Les politiques qui se disent de gauche devront se joindre à ce vaste mouvement social qui nous permettra de changer de cap et reconstruire une société plus juste.

    Nous verrons quels seront les résultats de ces élections. En espérant juste que les fascistes soient laminés. Mais en nous contentant pour le reste de constater, en fonction des majorités, si les reculs sociaux seront rapides et encore plus violents, ou si l’érosion se poursuivra.

    L’appel est donc lancé!

    À tous ceux qui veulent changer de cap, aux politiques qui défendent les intérêts des travailleurs, aux citoyens, syndicalistes de tous bords, jeunes, anciens, femmes, hommes, belges, migrants, fonctionnaires, salariés, petits indépendants, … dès demain, préparons ce mouvement social de masse qui redonnera au social la place centrale qui est la sienne!

    Le prochain gouvernement, quel qu’il soit, ne nous sortira pas du gouffre. Nous seuls en avons les moyens!

    Jean-François Tamellini
    Secrétaire fédéral
    FGTB

  • Avec l’arrivée de 8 parlementaires de gauche radicale, la pensée unique politicienne a été brisée

    Raoul Hedebouw, porte-parole du PTB et nouvel élu fédéral.

    Le résultat final a beau être sous ce que certain sondage avaient prédit, les 8 élus du PTB-GO constituent une véritable percée. Le parti a triplé voire quadruplé ses résultats aux précédentes élections fédérales et régionales. Qu’il n’y ait pas d’élu en Flandre n’y change rien, le PVDA+ double son résultat. Cela offre d’énormes possibilités mais entraîne aussi de grandes responsabilités quant à la manière d’organiser, de structurer et de diriger la résistance face à l’avalanche de casse sociale qui nous arrive dessus.

    Par Eric Byl, membre du Bureau Exécutif du PSL/LSP

    Raoul Hedebouw et Marco Van Hees ne sauront où donner de la tête au parlement fédéral. Les directives européennes d’austérité et de libéralisation et les traités comme le traité transatlantique qui vise à garantir la ‘‘libre’’ concurrence à n’importe quelles conditions ne seront désormais plus poussées en douce. La résistance des syndicats, des ONG ou encore des associations d’agriculteurs pourra désormais trouver écho au parlement et, par cette voie, dans les médias de masse.

    Au parlement, ils vont être bien étonnés si, lors de la prochaine fermeture d’entreprise, des élus ne plient pas purement et simplement l’échine devant la ‘‘conformité aux lois économiques’’. Ils ne pourront plus simplement éclater de rire à la publication des bénéfices engrangés dans le privé ces dernières années, des cadeaux fiscaux, des subsides salariaux et autres baisses de charges. Et si la discussion ne se limite plus à la négociation du recul social mais aborde aussi l’appropriation collective des moyens de production sous contrôle public en tant qu’alternative, le parlement sera profondément ébranlé.

    L’étonnement sera encore plus grand si Raoul, Marco et leurs 6 collègues aux Parlements wallon et bruxellois seront également aux portes des usines et aux piquets. Ils n’ont pas seulement été élus par les membres du PTB, mais aussi par de nombreux syndicalistes, activistes, jeunes et travailleurs. Leur message à ces piquets ne doit, par conséquent, pas se limiter à “Bravo! Et votez pour nous la prochaine fois”. Des manifestations qui plient face aux forces de l’ordre ou des slogans radicaux qui ne s’accompagnent pas d’un plan d’actions ne suffiront pas non plus. La question sera de savoir comment contribuer à réunir toutes les forces militantes présentes dans l’entreprise, dans les entreprises apparentées et les quartiers avoisinants avec l’objectif de construire un rapport de forces et d’arracher des victoires.

    La percée d’une formation à gauche de la social-démocratie et des verts était annoncée depuis quelques années. Cela explique les multiples appels du PSL à l’unité à gauche. Il y a un an, le PSL avait ainsi adressé une lettre ouverte à tous les partis et groupes de gauche pour discuter de listes communes sous le nom ‘‘PTB-unité ou quelque chose de semblable’’. Quelques mois auparavant, au comité d’initiative pour l’appel de la FGTB Charleroi-Sud-Hainaut, nous avions proposé de déposer une liste unitaire autour du PTB dans le Hainaut en tant que projet-pilote. Nous estimons que le résultat du PTB-GO confirme que c’était une évaluation correcte de la situation.

    Cela vaut aussi pour la Flandre. Au niveau provincial, le PvdA+ manque le seuil électoral de justesse à Anvers, mais Peter Mertens y obtient pas moins de 26.000 voix de préférence. Dans la ville, avec ses 9%, le parti dépasse le CD&V, l’Open VLD ou encore le Vlaams Belang ! A Gand, le PvdA+ rate de peu les 5%. Cela s’inscrit dans la ligne des 9% que le PTB-GO obtient à Charleroi et des 11,5% à Liège. Le parti réalise maintenant une percée également dans les grandes villes. Les sondages indiquaient qu’ils pouvaient encore faire plus. L’illusion d’un vote utile pour damner le pion à la NV-A et le revirement subit des partis traditionnels vers des thèmes sociaux à la fin de la campagne ont peut-être détourné quelques électeurs potentiels in extremis.

    Il y a quelques années, Samson du PvdA néerlandais et Hollande du PS français sont aussi parvenus à tromper les électeurs avec une rhétorique quelque peu de gauche. Le PvdA+/PTB-GO a-t-il sous-estimé cette possibilité ? Est-ce pour cela que notre proposition de rassembler ‘‘toutes’’ les forces militantes en Wallonie et à Bruxelles n’a été que partiellement reprise ? Pour le PSL et Gauches Communes, la Gauche d’Ouverture est restée fort hermétique. Le PTB-GO a même rejeté une proposition d’apparentement de liste déposée par VEGA et Gauches Communes à Bruxelles. En Flandre non plus, il n’y avait pas de place pour le LSP au PvdA+.

    Nous ne savons pas si cela aurait fait beaucoup de différence. VEGA à Liège et Gauches Communes à Saint-Gilles, qui avaient tous deux plus de 3,5% aux dernières communales, sont retombés à 2,1% et 1,1%. Ils n’ont pas seulement perdu des ‘‘votes utiles’’ contre la NV-A, mais aussi en faveur d’un premier élu PTB-GO. D’autres petites listes de gauche ont été complètement refoulées. A Saint-Gilles, en 2006, la liste PTB et celle du PSL avaient obtenu ensemble 2%. En 2012, les listes qui les reprenaient recueillaient 7,5% et, cette fois, plus de 9%. C’est beaucoup plus que dans les autres cantons électoraux de Bruxelles. Nous pensons que cela est notamment dû à la présence systématique de Gauches Communes dans cette commune, même si beaucoup d’électeurs ont cette fois donné tactiquement leur préférence au PTB-GO.

    Quelle que soit l’exacte composition du gouvernement fédéral et des gouvernements régionaux, il est clair que les prochaines années, une avalanche de casse sociale à tous les niveaux déferlera sur nous. S’y opposer voire en inverser la tendance exigera un front de résistance, composé des mouvements sociaux, des syndicalistes de gauches, de la gauche radicale, des activistes de quartier, etc. Un tel appel provenant du PSL aurait peu d’écoute mais s’il émane d’un parti comptant 8 parlementaires et plus de 50 élus locaux, cela aura une beaucoup plus grande portée, surtout si plusieurs centrales ou régionales syndicales s’y joignent et cela pourrait poser la base pour un mouvement d’opposition réel d’en bas.

    Pour finir, nous souhaitons ajouter que nous devons lutter pour le maintien de chaque acquis et pour chaque nouvelle conquête sociale. Reporter cela au lendemain de l’instauration du socialisme serait totalement irresponsable. Le PSL n’attend donc pas du PTB qu’il fasse exclusivement de la propagande pour le socialisme jour après jour au parlement. Mais réclamer des logements décents et abordables, un enseignement de qualité, des crèches en suffisance, de l’emploi stable pour tous à des salaires décents, une mobilité saine et accessible, des soins de qualité pour les malades, pour les personnes dont les capacités physiques et mentales sont réduites ou pour les personnes âgées, une solution aux catastrophes écologiques qui arrivent à toute vitesse,… exigera systématiquement, dans le contexte économique actuel, une épreuve de forces avec un système où la production est exclusivement orientée vers le profit.

    Chaque solution réelle à ces besoins démontrera l’impossibilité du capitalisme à y répondre et la nécessité d’ériger une autre société. Ceux qui estiment que les ressources naturelles, la connaissance sociale et les grands moyens de production n’appartiennent pas à une poignée de capitalistes mais à la collectivité et qu’une planification démocratique est plus rationnelle que la ‘‘main invisible’’ du marché doivent saisir chaque opportunité de populariser la nécessité d’une société socialiste démocratique de manière réfléchie. Nous pensons que c’est une erreur de censurer cette idée dans le cadre de la campagne électorale ou, comme l’a fait la LCR, de réduire cela à “des réformes structurelles anticapitalistes réelles”. Au parlement, il sera encore plus difficile de défendre cette société socialiste démocratique comme unique alternative sérieuse. Nous estimons cependant que l’énorme fossé entre la richesse que nous produisons tous et les nombreux besoins insatisfaits en offrira plus d’une fois la possibilité. Espérons que le PTB saisisse cette opportunité.

  • Après le 25 mai, un front de résistance contre l’austérité !

    Un plan radical d’investissements publics ! Pour des écoles, des logements sociaux, des emplois décents et + de pouvoir d’achat.

    Tract de Gauches Communes

    Les riches plus riches

    La reprise économique a été proclamée, mais seuls les riches en profitent. En 2013, les grandes entreprises ont réalisé 11 milliards d’€ de profits, soit une augmentation de 20% en un an. Leurs patrons se sont accordés des salaires de 30 à 200 fois supérieurs à celui d’un travailleur : la moyenne est de 2,2 millions €, 11% de plus en 1 an ! Et pour maximaliser ces profits, ils n’hésitent pas à restructurer et licencier, laissant des milliers de familles sur le carreau. 100.000 emplois ont été détruits en 4 années, les chômeurs sont maintenant 600.000. Les partis traditionnels ont aidé les patrons en leur donnant près de 20 milliards € de cadeaux fiscaux et de baisse des coûts salariaux et en épongeant les dettes des banques spéculatrices pour un montant de 35 milliards €.

    Nous payons la note

    Ce transfert des moyens de la collectivité vers les plus riches, c’est nous qui en faisons les frais. Allongement de l’âge de départ à la pension et diminution des salaires et des allocations de chômage pour le fédéral, augmentation des tarifs des transports en commun et diminution du nombre de logements sociaux pour les régions, sous-investissement dans les écoles pour les communautés,… En temps de crise, la politique des partis établis (dont le PS et Ecolo) se résume à une accélération de la politique néolibérale de ces 30 dernières années. Les inégalités sociales n’ont jamais été aussi fortes en Belgique : la fortune des 1% les plus riches a dépassé celle des 60% les plus pauvres !

    Un plan radical d’investissements publics !

    Gauches Communes défend un programme qui répond aux besoins de la population : construire 60.000 nouveaux logements sociaux publics de qualité à Bruxelles et 79 nouvelles écoles, disposer de transports publics gratuits et de qualité, instaurer un service public national de santé. Ce plan radical d’investissements publics permettrait de créer des dizaines de milliers d’emplois décents. Irréaliste? Certainement pour ceux qui veulent continuer à nous faire payer la crise des banquiers et des spéculateurs. Les moyens dont nous avons besoin, nous pouvons aller les chercher parmi l’élite de super-riches.

    Voter à gauche du PS, c’est voter pour la droite ?

    Au contraire ! Cela permet de faire à nouveau entendre une voix de gauche dans le débat politique. Depuis 30 ans qu’il est au pouvoir, la PS a surtout démontré qu’il représente un sérieux atout pour faire avaler une politique de droite à la population. L’argument mensonger d’un vote de ‘‘moindre mal’’ ne passe plus. Les sondages indiquent ainsi une forte progression de la vraie gauche, et surtout de sa composante la plus visible, le PTB.

    Ce soutien pour la gauche aurait considérablement pu être renforcé par une véritable unité, avec liberté de débat et unité d’action, à l’instar de ce qu’avait proposé la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut, avec le PTB en force motrice. C’est dans ce sens que Gauches Communes avait offert de participer aux listes PTB-GO avec ses candidats, ce que le PTB a refusé. Nous pensons que c’est une erreur.

    Mais ce qui devient incompréhensible pour beaucoup, c’est le refus du PTB d’accepter la participation de Gauches Communes à un regroupement de listes à la Région, alors qu’il a trouvé un accord avec Pro-Bxl, le Parti Pirate et BUB. Il y a pourtant plus d’affinités politiques entre nous qu’avec ces autres listes. Ce mécanisme permettant un report mutuel des voix, notre démarche envers le PTB visait à éviter une dispersion des voix pour l’obtention d’élus de gauche.

    Une véritable politique de redistribution des richesses ?

    Dans ses revendications, le PTB reste encore limité. La taxe des millionnaires et la baisse de la TVA sur l’énergie, par exemple, sont autant de choix de société intéressants, mais qui restent faciles à détourner par les patrons grâce à la fuite des capitaux dans un cas, ou avec le retard de l’adaptation salariale à l’index dans le cas de la baisse de la TVA.

    Une véritable politique de redistribution des richesses ? C’est possible, en refusant de payer la dette publique dont les intérêts annuels correspondent à plus de 1200 euros par habitant. C’est possible, en nationalisant les banques afin de créer un secteur financier public démocratiquement géré qui offre des crédits bon marché à la population et qui soit capable de garantir que notre épargne soit en lieux sûrs. C’est possible, en nationalisant les secteurs vitaux de l’économie, sous contrôle et gestion démocratiques de la collectivité. Cela exige un changement de société, pour que l’économie ne soit plus basée sur la course aux profits et l’avidité de l’élite, mais sur la satisfaction des besoins de la population.

    Tous les partis traditionnels se disent prêts à baisser les coûts salariaux, c’est-à-dire les salaires et les contributions à la sécurité sociale. Un véritable tsunami d’austérité nous attend à tous les niveaux de pouvoir une fois les élections passées. Un front de résistance réunissant les divers partis de la vraie gauche, les syndicalistes combatifs et les mouvements sociaux sera nécessaire pour construire un rapport de force qui nous soit favorable au travers des luttes sociales.

  • Débat à Bruxelles : un front de résistance contre l’austérité?

    Mardi dernier, le Garcia Lorca, Alternatives à Bruxelles et Gauches Communes avaient organisé un débat à Bruxelles sur le thème : « Un front de Résistance à l’austérité? » En présence de représentants de divers candidats de gauche pour ces élections ou représentants de partis de gauche, dont Anja Deschoemacker (candidate de Gauches Communes, PSL), Gilles Smedts (candidat de Gauches Communes, PH), Roland Nyns, (candidat de PTB-go!, PC), Caroline Bertels (candidate de Véga), un représentant de la LCR et un représentant de la LCT. Le PTB avait également été invité à participer à cette discussion, mais aucun représentant n’a répondu à l’appel.

    Le débat fut riche et intense. Il a beaucoup été question de l’appel de la FGTB de Charleroi & Sud Hainaut pour un rassemblement à la gauche du Ps et d’Ecolo basé sur un programme d’urgence anticapitaliste ainsi que de l’offensive contre les droits et les acquis de la majorité de la population que les partis traditionnels lanceront une fois les élections passées, à tous les niveaux de pouvoir. En ce qui concerne ces partis, il n’y a qu’un choix à faire entre une austérité brutale et rapide et une austérité graduelle et mieux emballée.

    Un front de Résistance contre l’austérité avec liberté de débat et unité d’action est une nécessité et l’ensemble des formations qui soutiennent et participent à l’appel de la FGTB de Charleroi avaient été invitées pour y répondre.

    Une nouvelle date de rencontre pour poursuivre cette discussion devrait voir le jour à la rentrée.

    Photos ci-dessous : PPICS – banque d’images

    Alternatives à Bruxelles est un cadre de travail commun, initié par le PSU (Parti Socialiste Unifié (Maroc) section Belgique, la Fédération de Belgique de Izquierda Unida, la Fédération de Belgique de Refundazione Comunisti Italiani, Die Linke Bruxelles et Syriza Belgique dans le but de coordonner des actions avec d’autres collectifs progressistes de Bruxelles

    Gauches Communes sont des listes unitaires rassemblant des travailleurs, des syndicalistes, des jeunes, des pensionnés, des allocataires sociaux et différentes composantes de la gauche qui s’opposent à l’austérité et qui sont déjà préparées à construire un relais politique large véritablement de gauche. Des listes sont présentes pour la Chambre et la Région à Bruxelles. L’initiative est soutenue par le Parti Socialiste de Lutte (PSL-LSP) et le Parti Humaniste (PH-HP). www.reprenonsnoscommunes.be

  • Bruxelles. « Un front de Résistance à l’austérité? »

    Le Garcia Lorca, Alternatives à Bruxelles & Gauches Communes organisent un débat sur le thème : « Un front de Résistance à l’austérité? »

    La FGTB de Charleroi – Sud Hainaut a lancé un appel à un rassemblement à la gauche du Ps et d’Ecolo basé sur un programme d’urgence anticapitaliste. Pour le 25 mai, les partis traditionnels ne nous offrent qu’un choix entre une austérité brutale et rapide et une austérité graduelle et accompagnée. Qu’importe l’exacte composition des prochains gouvernements, ils lanceront une offensive contre les droits et les acquis de la majorité de la population, à tous les niveaux de pouvoir. Un front de Résistance contre l’austérité avec liberté de débat et unité d’action peut-il voir le jour après les élections ? Nous avons invité l’ensemble des formations qui soutiennent et participent à l’appel de la FGTB de Charleroi pour y répondre.

    En présence de :

    – Anja Deschoemacker, 1e à la Chambre Gauches Communes, PSL

    – Roland Nyns, 7e à la Région PTB-go!, PC

    – Caroline Bertels, 3e à la Région Véga

    – Mauro Gasparini, LCR

    -Gilles Smedts, 1e à la Région Gauches Communes, PH

    – Un représentant de la LCT

    – Un représentant du PTB est également invité.

    Ouverture des portes à 18h30, débat à 20h. Il est possible de manger des sandwichs sur place

    Entrée Gratuite

    Au Garcia Lorca, 47/49 rue des Foulons – 1000 Bruxelles

    => Page facebook

    Alternatives à Bruxelles est un cadre de travail commun, initié par le PSU (Parti Socialiste Unifié (Maroc) section Belgique, la Fédération de Belgique de Izquierda Unida, la Fédération de Belgique de Refundazione Comunisti Italiani, Die Linke Bruxelles et Syriza Belgique dans le but de coordonner des actions avec d’autres collectifs progressistes de Bruxelles

    Gauches Communes sont des listes unitaires rassemblant des travailleurs, des syndicalistes, des jeunes, des pensionnés, des allocataires sociaux et différentes composantes de la gauche qui s’opposent à l’austérité et qui sont déjà préparées à construire un relais politique large véritablement de gauche. Il y aura des listes pour la Chambre et la Région à Bruxelles. L’initiative est soutenue par le Parti Socialiste de Lutte (PSL-LSP) et le Parti Humaniste (PH-HP). www.reprenonsnoscommunes.be

  • Elections 2014 : Renforcer quelle gauche et pour quoi faire ?

    Les élections de ce 25 mai peuvent avoir un caractère historique : pour la première fois depuis les années ’80, des élus de gauche radicale peuvent faire leur entrée aux parlements, que ce soit aux Régions ou au Fédéral. Mais attention, prévient Di Rupo : ‘‘Chaque voix qui manquera au PS est une voix qui ouvre une route à la droite’’ (1). Cette vieille rengaine est usée jusqu’à la corde, et elle a heureusement de plus en plus de mal à convaincre.

    Par Nicolas Croes, éditorial de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    Dans une double interview accordée la même semaine au magazine flamand Knack, en compagnie de Yasmine Kherbache (SP.a, chef de l’opposition à Anvers et chef de cabinet de Di Rupo), l’homme fort du PS précisait tout de même : ‘‘Pour vous dire la vérité : nous avons fourni un effort de 22 milliards d’euros. Mais nous n’avons pas visé les gens qui entreprennent et qui créent des emplois.’’(2) Voilà la réalité : ce ne sont pas les soi-disant ‘‘créateurs d’emplois’’ – les grands patrons et les spéculateurs – qui ont été touchés, c’est la collectivité, les travailleurs et leurs familles, qui sont les ‘‘créateurs de richesse’’. Alors Elio, franchement, qui ouvre la voie à la droite ? Cela n’empêche pourtant pas le président de la régionale FGTB Liège-Huy-Waremme, Marc Goblet, de dire à L’Echo qu’il faut voter pour le PS : ‘‘la FGTB a besoin d’un relais politique au sein des gouvernements pour porter ses revendications’’ (3).

    Jean-Luc Dehaene n’a jamais eu sa langue dans la poche, c’est bien connu. Alors que les politiciens du capital tentent de se taire dans toutes les langues au sujet de l’austérité qui suivra les élections, l’architecte du tristement célèbre Plan
    Global (un plan d’austérité gigantesque datant de 1993) a déclaré dans les colonnes du Soir : ‘‘La seule chose que j’espère est qu’après le 25 mai,
    ils ne gâcheront pas la chance des 5 ans qu’ils ont devant eux’’ Cinq ans sans élections pour quoi faire ? ‘‘(…) mettre d’abord en ordre notre budget dans la voie que nous impose l’Europe (…), rétablir la compétitivité en réduisant les coûts du travail (…), continuer la réforme des pensions, mais surtout de l’assurance maladie.’’ (Le Soir, 19 et 20 avril 2014) L’avertissement pourrait-il être plus
    clair ? Il faut de toute urgence construire un large front de résistance contre l’austérité.

    C’est assez extraordinaire d’entendre ça en sachant que la dernière occasion où le PS a réalisé une revendication portée par les syndicats date du statut de VIPO en… 1964 ! Depuis qu’il est au pouvoir au niveau fédéral (sans interruption depuis… 1988), les conquêtes sociales du monde du travail n’ont connu qu’une longue dégradation. Sans le PS ce serait pire ? L’argument sert surtout à nous faire avaler des concessions toutes plus monstrueuses les unes que les autres! Il est largement temps de changer de cap et de ne plus être pris en otage par une prétendue ‘‘gauche’’ spécialiste du cumul des mandats et des trahisons !

    Un front de la résistance sociale

    Les sondages prédisent une bonne percée pour les listes PTB-GO du côté francophone et PVDA+ du côté néerlandophone. L’ouverture de ces listes – limitées toutefois à des candidats indépendants et à des membres de la LCR et du PC – est un sérieux pas en avant, bien qu’insuffisant. Une fois les élections passées, cinq années sans élections nous attendent. A n’en pas douter, elles seront marquée par une austérité abominable. Pour y faire face, la plus large unité possible du monde du travail sera nécessaire. Jamais nous ne pourrons être trop nombreux pour défendre le retour d’un syndicalisme de combat audacieux et pour balayer les entraves qui s’opposent à l’organisation de notre lutte.

    Ces cinq années, nous pourrons les mettre à profit pour avancer dans la construction d’un relais politique des luttes sociales, à l’image de l’appel lancé par la régionale FGTB Charleroi & Sud-Hainaut le 1er mai 2012 pour un rassemblement des forces présentes à la gauche du PS et d’Ecolo dans le respect de leurs spécificités et identités propres. Un premier pas concret dans cette direction serait de construire ensemble dès maintenant un large front de la résistance sociale contre l’austérité.

    Il y a quelques mois était lancée à Liège la plate-forme liégeoise contre le traité d’austérité européen où se sont retrouvés des militants du PTB, du PSL, de Vega, du MG, de la CNE, de la FGTB,… L’expérience fut considérée par tous comme positive et, pour nous, rien ne s’oppose à ce que cette dynamique soit transposée à une échelle supérieure.

    Pour en savoir plus : Elections 2014 : Appel de vote du PSL – Pour une alternative de gauche contre le néolibéralisme : votez à la gauche du PS et d’Ecolo – Pour une réponse socialiste contre la crise capitaliste : rejoignez le PSL

    Notes :
    (1) Emission Matin Première (RTBF) du 17 avril 2014
    (2) Knack, 16 avril 2014
    (3) L’Echo, 12 avril 2014

     

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