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  • Manifestez le 26 novembre à Gand. Vlaams Belang: parti de l’homme de la rue ou du patronat?

    Ce 26 novembre, le VB organisera à Gand son congrès économique. Le parti d’extrême-droite qui aime se présenter comme représentant de l’homme de la rue est maintenant en train de revenir là-dessus. Ainsi Eddy Buggenhout, un des spécialistes économique du VB, a déclaré en préparation du congrès: " Dans notre système de propriété privée des moyens de production il existe en effet beaucoup de gens et de familles qui sont très riches justement à cause de cette propriété des entreprises. Mais est-ce vraiment si grave? " Le congrès porte le nom de "Flandre Entreprenante, prospérité pour tous", mais en réalité il s’agit de plus de prospérité pour le patronat et les riches.

    Yves Drieghe

    Cela s’avère particulièrement clair dans l’analyse du VB sur le chômage et la pauvreté: "Si les charges et les obstacles sont réellement si importantes, est-ce qu’on est encore capable d’embaucher qui on veut? Et puis il y a la productivité et sa hausse nécessaire vers laquelle nous devenons aspirer afin d’éliminer le retard de l’Europe par rapport aux Etats-Unis." Le programme économique du VB est clair: une baisse de charges pour les patrons (d’où une diminution des côtisations patronales à la sécurité sociale, ce qui est une attaque sur le salaire indirect des travailleurs), une flexibilité accrue pour les travailleurs, le démantèlement de la sécurité sociale. Que proposent-ils pour les syndicats?

    Le VB part de l’idée que le mouvement syndical se compose " d’intellectuels universitaires gauchistes sachant à peine compter jusque cinq en matière d’économie. " Les syndicats se serviraient de la peur patronale des grèves afin de contraindre le patronat d’accepter leur politique de "travail hypercher". Le VB suit le patronat dans ses attaques sur les " positions radicales " des syndicats. Ces attaques visent uniquement à faire avaler encore plus de destruction sociale par les travailleurs et leurs familles.

    Les syndicats défendent-ils réellement les travailleurs de façon " radicale"? Les attaques du patronat et des partis traditionnels, les plans d’austérité que les salariés doivent avaler manquent de risposte énergique de la part des directions syndicales. Construire des représentations syndicales combattives est plus que jamais nécessaire et c’est justement cela que le VB veut éviter en exigeant des syndicats qu’ils aient le statut de la personnalité juridique. Cela impliquerait que les syndicats puissent être poursuivis en justice lors des actions de grève.

    Selon le VB, il faut de gros profits afin que les entreprises puissent réinvestir. C’est la logique néolibérale également défendue par les partis traditionnels et qui mène entre à des profits exorbitants réalisés sur le dos des travailleurs. Si le chômage atteint des niveaux records, c’est en conséquence des années de politique néolibérale.

    En plus, le VB veut s’attaquer dûrement à la sécurité sociale, et accentuer la disponibilité pour le marché de travail et la discipline de travail. Au congrès économique du VB à la fin des années ’80, les chômeurs étaient dépeints comme des " profiteurs de profession ". Entretenir ces chômeurs, ou maintenir des services publics sont, selon le VB, des " éléments communistes " dans notre économie.

    Il est clair que le VB n’est pas un parti qui défend les intérêts de la majorité de la population, mais fomente des attaques anti-sociales encore plus violentes. Cela aboutira à plus de pauvreté, ce qui est explicitement reconnu par le VB en préparation de son congrès économique. Nous nous opposons à chaque attaque contre les travailleurs et leurs familles. Voilà pourquoi, le 26 novembre, nous manifesterons à Gand pour défendre une opposition de gauche contre la politique de droite et d’extrème-droite avec une véritable alternative : une alternative socialiste.

  • Katrina est-il le seul responsable de ce désastre? Le néoliberalisme dans la tourmente

    Avec des vents allant jusqu’à 225 km/h, l’ouragan Katrina a traversé la Louisiane, le Mississippi, l’Alabama et l’ouest de la Floride, dévastant une région de la taille de la Grande-Bretagne. A la désolation causée directement par le cyclone sont venues s’ajouter les innondations, et ce sont des centaines de victimes qui sont à déplorer, en plus des centaines de milliers de personnes qui ne possèdent plus rien aujourd’hui, si ce n’est leur rage et leur crainte accrue du lendemain.

    Dossier par Nicolas Croes

    “Jamais personne n’avait imaginé que les digues pouvaient se rompre”, tels ont étés les propos du président Bush lorsqu’il a enfin daigné se prononcer sur ces tristes évènements, plusieurs jours après le drame. Catastrophe naturelle imprévisible, donc? Rien n’est moins sûr. Depuis 50 ans, tout les rapports font états d’inquiétudes croissantes quant à la capacité des digues à supporter pareil ouragan, rapports laissés sans suites, qu’ils soient arrivés sur le bureau présidentiel ou ailleurs. Cette déclaration du cowboy de la Maison Blanche est à prendre, au mieux, comme un aveu d’illetrisme, au pire, et c’est hélas le cas, comme la preuve ultime que les préoccupations de la classe dirigeante américaine et de leur marionnette présidentielle ne sont orientées que vers leurs propres profits.

    Pourtant, après le 11 septembre…

    … Bush avait créé, sous les flashs des journalistes, un ministère de la sécurité intérieure, dont dépendait l’administration chargée de gérer et d’anticiper les mégacrises (la FEMA) dirigée par Michaël Brown. Celui-ci s’était précédement distingué en démontrant l’étendue de son incompétence à la tête de l’Association Internationale du Cheval Arabe, dont on se demande d’ailleurs dans quelles mesures pareil organisme a pu lui apprendre à gérer les situations de crise.

    La FEMA avait comme priorité de gérer trois types de catastrophes; un attentat terroriste tel que celui du 11 septembre, un accident chimique et… une innondation de La Nouvelle Orléans, encerclée par le Mississipi, le lac Pontchartrain et construite sous le niveau de la mer. Mais la priorité était la sacro-sainte lutte contre le terrorisme. 70 millions de dollars furent donc enlevés du budget de prévention des catastrophes de La Nouvelle Orléans et celui destiné aux catastrophes naturelles a ainsi été raboté jusqu’à 187 millions de dollars par an. Somme dérisoire comparée au milliard de dollars qui est chaque semaine nécessaire à l’occupation de l’Irak…

    Evacuation : Quand les égoûts des USA sortent au grand jour

    Mais si l’entretien, ou plutôt l’absence d’entretiens des digues est à pointer du doigt, que dire du plan d’évacuation? Michaël Brown, à qui il était demandé de s’expliquer, n’eut pour seule réponse que de fustiger les habitants de La Nouvelle Orléans, responsables selon lui de leur situation pour n’avoir pas obéi à l’évacuation ordonnée par le maire. En effet, 100.000 habitants sont restés sur place. Folie ? Confiance excessive ? Rien de tout cela, mais plutôt l’expression concrête d’un chiffre : 30% des 485 000 habitants de la ville vivent en-deça du seuil de pauvreté. Comment dès lors quitter La Nouvelle Orléans, sans voiture, sans argent (l’ouragan étant de plus arrivé en fin de mois) et sans qu’aucune prise en charge ne soit prévue?

    Cette réalité systématiquement cachée par le mirroir déformant que sont les médias bourgeois a émergé violement sur le devant de la scène. Tant aux Etats-Unis qu’à travers le monde, l’image de la super puissance US a radicalement changé. S’est ouverte sous nos yeux plus clairement que jamais une Amérique où le 1% le plus riche possède autant que les 90% les plus pauvres, une Amérique où 37 millions de personnes (soit 12,7% de la population) vivent en desous du seuil de pauvreté, bref, une Amérique dominée par des grandes entreprises engrangeant des profits gigantesques tandis que les travailleurs paient le prix lourd pour les cadeaux fiscaux et autres accordés à ces crapules au cerveau en portefeuille.

    C’est ainsi que ces pauvres gens se sont retrouvés pris au piège dans une ville envahie par les eaux, regroupés parfois par milliers dans des endroits comme le Superdome de La Nouvelle Orléans (qui a ainsi hébergé plus de vingt milles personnes) sans eau, sans nourritures et sans soins, attendant les secours des jours entiers sous une chaleur accablante. Partout autour d’eux flottaient débris et corps sans vie tandis que Bush rappatriait 300 soldats d’Irak, destinés avant tout à protéger les restes de la ville des pillages avec le mot d’ordre de “tirer et tuer”. Mais si des gens ont tentés de profiter de la situation, la majorité écrasante de ces “pillages” semble bien être en fait des opérations de collecte de vivres, médicaments et autres pour faire face à l’incurie des secours…

    Une économie dévastée

    Le cyclone et ses destructions pourraient coûter quelques 400.000 emplois et les dégâts sont estimés actuellement à plus de 200 milliards de dollars. Bush a promis de faire face à cette situation en créant une zone économique spéciale afin d’encourager le redémarage des entreprises, mais il est plus que probable que cette initiative aura de graves répercussions sur les acquis sociaux des travailleurs et sur l’environnement.

    A cela s’ajoute la déstabilisation de l’infrastructure économique, dont le cas du port de La Nouvelle Orléans est particulièrement significatif. Ce port, qui est le premier aux USA et le cinquième au monde, est le principal destinataire de la quasi-totalité de la production agricole exportable et sa destruction entraînera des conséquences jusqu’au plus profond du pays.

    De plus, alors que le quart du pétrole américain provient du golfe du Mexique, c’est 95% de cette production qui a été perdue depuis le passage de Katrina et le LOOP (Louisian Offshore Oil Port) a subit de nombreux dégâts. Compte tenu du fait qu’il s’agit de la seule infrastructure pétrolière capable d’accueillir les supertankers en provenance du golfe persique, du Vénézuela, ou encore d’Afrique de l’Ouest (ce qui représente tout de même 11% des importations de pétrole vers les Etats-Unis) la crise de l’or noir n’est pas prête de finir ses ravages.

    Bush sur la sellette

    A la différence des attaques du 11 septembre, il y a ici absence d’un ennemi capable de détourner la colère de la population américaine du manque de préparation et des erreurs du gouvernement. Et la réponse exessivement lente de l’administration Bush est d’autant plus critiquée que la sécurité est le thème favori du champion des pétroliers. Le président a attendu une quinzaine de jours avant de reconnaître, enfin, que le gouvernement n’avait pas été à la hauteur (bel euphémisme!). Il n’a cependant pas poussé la critique jusqu’à réclamer une enquête indépendante. Mais au-delà des fautes de l’administration Bush, la population a très mal perçu le fait que leur président n’ai que survolé les lieux, et deux jours après le drame, pour ne bien vouloir se rendre sur place que quatre jours après le passsage de Katrina. Quand à son état-major, Dick Cheney est resté dans son ranch, et l’événement n’a pas été jugé suffisament important par Condolezza Rice pour qu’elle interrompe son shopping.

    En conséquence de quoi, jamais encore la popularité du président n’a été si faible. Selon les derniers sondages, son soutient a chuté jusqu’à 40%. Soutient encore plus faible parmi la communauté noire, pour qui, à 76%, les choses se seraient passées autrement si la population coincée à La Nouvelle-Orléans avait été “blanche et aisée”.

    Bush peut néanmoins compter sur ses parents pour le défendre, le père, ancien président lui aussi, estimant que le gouvernement avait fait tout ce qu’il fallait tandis que la mère déclarait avec morgue qu’un grande partie des sinistrés étaient de toute façon des déshérités et que donc la situation leur convenait très bien!

    Derrière Bush, un système et une idéologie

    Le problème n’est pas seulement Bush, loin s’en faut. Il ne fait que servir les intérêts d’une classe dominante motivée exclusivement par l’appât du gain, au même titre que ses collègues, qu’ils soient républicains ou démocrates. Son aggressivité ainsi que son arrogance ne sont que le reflet de l’assurance de la bourgeoisie. Se sentant plus à même de s’affirmer durant les années 90’ où la loi du marché était proclamée systême suprême, celle-ci n’eut de cesse de s’attaquer toujours plus violement aux acquis que les travailleurs avaient obtenu par leurs luttes. Mais cette offenssive néo-libérale, guidée par l’idée d’un dépouillement de l’Etat et d’une recherche frénétique de nouvelles sources de profits, ne pouvait être éternelle.

    Les premiers signes importants d’un changement apparurent avec le mouvement altermondialiste. Mouvement ayant principalement touché la jeunesse qui a grandi durant ces années de recul des luttes, il se distinguait par un retour à une critique plus franche du capitalisme. Parallèlement, le rejet du modèle américain gagna en importance, à force de coups brutaux portés à nos conditions de vies et de travail.

    Katrina est un élément primordial de ce processus dans le sens où cet ouragan apparaît clairement, comme l’a écrit un camarade de notre organisation-soeur aux USA, tel “une fenêtre sur notre futur dans le cadre du capitalisme”. Le fait que même la chaîne Fox, dévouée au Parti Républicain et à l’administration Bush, se soit indignée aussi fortement tant de la nonchalance du gouvernement que de la misère de ces américains est signe d’un changement de mentalité.

    Quelle Alternative?

    Le refus de la soumission totale à la loi du marché va aller grandissant et avec lui les illusions envers les possibilités d’aménager le capitalisme. Mais laisser les commandes de notre société en une infime minorité d’assoiffés de profits revient à foncer droit devant sans se soucier des icebergs qui brisent nos flancs. Le seul moyen d’assurer notre bien être est d’assurer que notre pouvoir de décision existe réellement, hors de leurs relais qui ne respectent que la loi du plus riche. L’anarchie du marché détermine la société dans laquelle nous vivons, mais dans une société où la population déciderait vraiment, personne ne ferait le choix de limiter les investissements contre les catastrophes au profit d’occupations sanglantes. Dans une telle société, l’économie serait planifiée pour le bien de tous et non pour accroître à tout prix le profit de quelques uns.

    Même si aucune initiative de masse ne va pour l’instant dans cette direction aux Etats-Unis, récemment une rupture est survenue dans la fédération syndicale AFL-CIO pour rompre avec les politiciens démocrates, guère différents des républicains. L’absence d’un parti défendant réellement les intérêt des travailleurs se fait chaque jour plus durement sentir, et avec elle l’absence d’un plan d’action contre le néo-libéralisme. Mais un programme contre le néo-libéralisme ne peut être efficace que s’il pose clairement la question d’un changement de société, la question d’une société socialiste.


    Les sacrifiés de l’après-11 septembre

    Les suites des attentats du 11 septembre ont aussi montré à quel point le profit des grandes sociétés passe avant la santé des Américains.

    Les nuages gris qui ont suivi la chute des Tours étaient très spectaculaires mais il s’agissait essentiellement de poussière comme celles des chantiers de démolition. Par contre, pendant plus de quatre mois, des débris ont continué de brûler, alimentés par les 300.000 litres de diesel stockés dans les sous-sols ainsi que par des huiles. Ces dégagements – formant un cocktail toxique de poussières d’amiante, de plomb, de ciment, de mercure et de fibre de verre – ont stagné en nuages et contaminé l’air de New York.

    Au lieu de décontaminer la ville de ses poussières d’amiante et autres fumées toxiques, les autorités ont donné la priorité à une réouverture ultra-rapide de la Bourse. Résultat : des milliers de sauveteurs et d’habitants sont victimes de bronchites, sinusites, asthmes et autres difficultés respiratoires qu’ils garderont toute leur vie.


    Voyage dans l’Amérique pauvre

    Les images des survivants de la Nouvelle-Orléans ont montré que tous les Américains ne ressemblent pas aux personnages de « Dallas » ou des « Feux de l’Amour » – Blancs, riches et bien portant. Un livre récent le confirme.

    Jean Peltier

    La journaliste américaine Barbara Ehrenreich a décidé de vivre pendant quelques mois la vie d’un travailleur à bas salaire. Elle a donc été successivement serveuse en Floride, femme de ménage dans le Maine, vendeuse au Minessota. Son objectif était de voir comment les travailleurs à bas salaires s’en sortaient après la « réforme » qui a liquidé l’aide sociale en 1996 (sous le démocrate Clinton !). Et la réponse est claire : ils ne s’en sortent pas !

    Alors que les autorités reconnaissent qu’un salaire décent pour un adulte ayant deux enfants à charge s’élève à 14 dollars l’heure, 60% des travailleurs américains gagnent moins que ce montant. Ehrenreich touchait 6,65 dollars comme femme de ménage et… 2,43 dollars (plus les pourboires !) comme barmaid.

    La majorité des travailleurs pauvres consacrent plus de la moitié de leurs faibles revenus à leur habitation. Pour ne pas dormir à la rue, beaucoup s’entassent dans des caravanes ou des minibus. Or, pour avoir un emploi, il faut une adresse. Et, pour obtenir un logement, il faut un revenu régulier, donc un emploi sable. Résultat : un sans-abri sur cinq est un travailleur qui a un boulot !

    Ehrenreich décrit aussi les conditions de travail dans tous ces boulots précaires : interdiction de s’asseoir, de parler, de manger, de boire pendant le service ; fouilles corporelles, harcèlement par les managers et les petits chefs, tests d’urine pour dépister l’utilisation de drogues,…

    A lire pour en savoir plus sur le « modèle américain » qu’on veut nous imposer.

    L’Amérique pauvre », format poche aux éditions 10/18, 336 pages, 10 EUR

  • L’Amérique Latine et la discussion sur le socialisme du 21ème siècle

    Un sondage au Venezuela a récemment indiqué que 47,8% de la population préfère un gouvernement ‘socialiste’, alors que seulement 22,7% préfère un gouvernement capitaliste. Il y a un intérêt croissant envers les idées socialistes, popularisées par Chavez qui déclare depuis janvier que la révolution Bolivarienne est socialiste.

    Els Deschoemacker

    Mais Chavez reste assez vague. Il parle d’un “socialisme du 21e siècle” comme d’une “nouvelle sorte de socialisme”. Il appelle à abandonner les “vieilles idées” sur le socialisme. Cela peut être compris comme une critique du stalinisme, et c’en est d’ailleurs partiellement une. Mais de l’autre côté Chavez ne semble pas être convaincu de la nécessité de rompre complètement avec le capitalisme. Il se dit être en faveur d’une économie mixte, un mélange d’économie ‘sociale’ et d’économie capitaliste.

    Sous la pression des masses, le régime est déjà allé plus loin que prévu. Des usines qui étaient (presque) faillite ont été nationalisées, des réformes agraires, limitées, ont été initiées, et une sorte d’économie ‘parallèle’ existe, dans laquelle l’Etat possède sa propre compagnie aérienne, une chaîne de télévision, des supermarchés,… Dans ces derniers, les produits sont 30% moins chers que dans des supermarchés commerciaux. Des éléments de pouvoir ouvrier sont soutenus par le gouvernement; les entreprises qui acceptent d’avoir des représentants ouvriers dans la direction reçoivent par exemple des subsides.

    “Tout cela, c’est du socialisme”, déclare Chavez. Les capitalistes – et surtout l’impérialisme des Etats-Unis – ont peur des développements au Venezuela, bien que le pouvoir économique capitaliste n’est pas encore battu. Ils ont peur d’une radicalisation des masses qui pousserait le gouvernement à faire plus de nationalisations.

    Ces récents développements sont une nouvelle phase. Les idées socialistes sont déjà très populaires en Bolivie et au Venezuela, où ces idées sont vues comme une alternative au capitalisme. Pour les révolutionnaires, l’essentiel est d’expliquer le rôle du mouvement ouvrier et ce qu’est vraiment le socialisme démocratique.

    Il y a donc beaucoup d’éléments à débattre. Dans ce cadre, nous organisons une série de discussions sur la situation en Amérique Latine.

    Venez participer aux discussions sur la révolte contre les privatisations et le néolibéralisme!

    Du 10 au 14 octobre se dérouleront les débats sur l’Amérique Latine avec Karl Debbaut, présent au Venezuela durant plusieurs semaines cet été. Il y a participé au Festival des jeunes pour la paix et la solidarité, contre l’impérialisme.

    > Louvain-La-Neuve. 11 oct. 12h. UCL – Rue des Wallons 35 2e étage – salle “La Ratatouille”

    > Bruxelles. 12 oct. 19h ULB (campus du Solbosch, Av. Franklin Roosevelt 50) Bâtiment H, niveau 1, Local H 1302

    > Liège. 13 oct. 19h ULG, Grand Physique Place du XXAoût

    > Hasselt. 10 oct., 20h, Vrijzinnig Centrum (A Rodenbachstraat 18)

    > Gand. 11 oct, 19h30, Blandijn

    > Louvain. 12 oct, 14h, MTC 0059, Hogeschoolplein

    > Anvers. 14 oct, 19h30, Multatuli (Lange Vlierstr)

  • Venezuela, un an après le référendum. Quels dangers menacent la révolution maintenant?

    Il y a un peu plus d’un an, le 15 août, le référendum visant l’éjection du président vénézuélien Chavez fut un échec retentissent grâce à la mobilisation des masses vénézuéliennes, particulièrement dans les villes-ghetto, à travers les « unités de combat » électorales et d’autres organisations de la révolution « Bolivarienne ». Cette défaite a ouvert une nouvelle phase dans le processus révolutionnaire. Mais comme Christine Thomas l’explique : même si les forces de l’opposition ont été sévèrement affaiblies, la menace de la contre-révolution subsiste.

    Christine Thomas

    L’élection de Chavez en temps que président en 1998 a représenté un rejet massif de la part des pauvres, des travailleurs et de certaines parties de la classe moyenne de la politique néo-libérale vicieuse orchestrée par l’establishment corrompu de la « quatrième république ». Son populisme anti-impérialiste/anti-néolibéral a radicalisé les couches les plus pauvres de la société vénézuélienne. Ils ont vu en Chavez un leader politique qui les représentait et qui parlait pour eux, plutôt que ces riches oligarques qui dilapidaient les richesses pétrolières : les laissant sombrer plus profondément dans la pauvreté. Sa victoire a créé l’espoir que leurs besoins désespérés d’emplois décents, de soins de santé, d’enseignement et de logements trouveraient enfin une solution. La classe dirigeante vénézuélienne et l’impérialisme américain, de l’autre côté, craignent que les masses déchaînées et radicalisées puissent exiger des mesures plus radicales, se mettent en mouvement dans une direction qui menacerait leurs intérêts. L’impérialisme américain, en particulier, craint l’instabilité dans un pays qui lui fournit 15% de ses besoins en pétrole. Le référendum de l’an dernier était la troisième tentative majeure par la classe dirigeante vénézuélienne, soutenue par l’impérialisme américain, pour éjecter Chavez et écraser toute menace potentielle que le mouvement pourrait poser au Venezuela et partout ailleurs en Amérique latine. Mais toutes les tentatives contre-révolutionnaires (le putsch du 11 avril 2002, le lock-out patronal de deux mois, la tentative de sabotage économique à la fin de la même année et enfin le référendum) ont été bloquées par l’action de masse des pauvres et des travailleurs qui se sont d’avantage radicalisés et dont les espoirs se sont largement développés.

    Dans la période post-référendum, le rapport de force a temporairement glissé en faveur des masses. Les forces de l’opposition (l’élite financière, les partis politiques et leader syndicaux corrompus, l’église catholique, etc.) sont sorties de ces défaites divisées et démoralisées. Chavez, lui-même, a cherché initialement un arrangement avec l’opposition en leur demandant de travailler avec lui à la reconstruction du pays. Mais sous la pression des travailleurs et des pauvres, il s’est d’avantage radicalisé décrivant la révolution bolivarienne pour la première fois comme « socialiste », amorçant une réforme agraire et parachevant les premières nationalisations du régime. Au même moment, il a durci sa rhétorique anti-impérialiste, anti-US et ses actions dans la région.

    Ce tournant à gauche a alarmé la classe capitaliste vénézuélienne et l’impérialisme américain. Ils craignent que les masses, voyant leurs espoirs croître, puissent pousser Chavez dans une direction encore plus radicale, minant leur contrôle économique. Puisque jusqu’à présent, les timides tentatives du régime Chavez avaient laissé ce contrôle largement intact. L’administration américaine a récemment attaqué Chavez au vitriol en l’accusant de soutenir le terrorisme en Colombie et de fomenter des révoltes en Bolivie, en Equateur et partout en Amérique Latine. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice a décrit Chavez comme « une menace majeure pour la région entière ». Les relations économiques croissantes avec Cuba de Chavez, dans lesquelles le Venezuela fournit de l’essence à bas prix en retour de médecins cubains etc, ont effectivement brisé l’embargo américain de l’île, lançant une bouée de sauvetage économique tellement nécessaire depuis la chute de l’Union Soviétique qui était son principal appui économique. Chavez est également vu comme un obstacle dans la stratégie américaine qui vise à faire de la Colombie une base de défense des intérêts US en Amérique Latine. Plus important : Chavez a cherché des marchés internationaux alternatifs pour l’essence vénézuélienne, signant des contrats avec la Russie, la Chine, l’Iran autant que d’autres pays latino-américain. Il a menacé d’exercer des représailles contre n’importe quelle agression US en coupant l’approvisionnement en pétrole et au cours de la conférence internationale de la jeunesse à Caracas au mois d’août, il a déclaré que le marché nord américain n’était pas vital pour le Venezuela. Bien qu’une bonne partie de cette rhétorique soit anti-impérialiste, confrontée à une situation déjà instable en Irak et au Moyen-Orient, l’impérialisme américain veut s’assurer que son approvisionnement en pétrole du Venezuela n’est pas menacé. Mais la marge de manœuvre de l’impérialisme US est actuellement limitée. Une combinaison de la faiblesse de l’opposition et des revenus énormes du pétrole à la disposition de Chavez pour financer les réformes sociales profitables aux pauvres (sa principale base sociale) signifie que la situation entre les forces en présence est dans une impasse et que cette situation pourrait être maintenue pour un moment.

    Une invasion directe du Venezuela, comme en Irak, est hors de propos pour le moment. L’Irak a montré les limites de l’hégémonie américaine. Même si la capacité militaire américaine n’était pas déjà dépassée, une invasion du Venezuela serait extrêmement risquée, déclenchant une vague de résistance qui pourrait embraser l’ensemble des Amériques. L’impérialisme américain a donc été forcé à poursuivre dans une approche moins directe, reposant sur un travail dans l’opposition vénézuélienne et dans les forces réactionnaires en Colombie. En décembre de l’an dernier, les forces colombiennes en conjonction avec des sections des forces de sécurité vénézuéliennes sont intervenues directement au Venezuela pour kidnapper un leader de la guérilla FARC, donnant une indication claire de la manière dont ils pouvaient être utilisés pour créer la peur et l’instabilité à l’intérieur du pays. Il n’y a aucun doute sur le fait que certaines parties de l’administration américaine soutiennent l’appel du chrétien fondamentaliste de droite Pat Robertson à l’assassinat ou au kidnapping de Chavez pour amener un « changement de régime » au Venezuela (de telles actions ne peuvent être totalement écartées). Mais chaque mouvement réactionnaire a jusqu’ici donné une impulsion de gauche au processus révolutionnaire et chaque action prématurée pourrait pousser les masses dans une direction encore plus radicale.

    Les parties les plus sérieuses et réfléchies de l’opposition ont donc tiré la conclusion que, après avoir été vaincus à chaque étape par le soutien à Chavez dans la masse de pauvres radicalisés, pour le moment ils n’ont d’autre choix que d’apprendre à « coexister » avec lui. Avec l’équilibre actuel des forces, chaque étape ouvertement contre-révolutionnaire dans le court terme, après celles qui ont été déjà tentées, risque d’accroître la radicalisation du mouvement et de provoquer des mesures qui pourraient menacer d’avantage leur contrôle de l’économie et l’appareil d’état. « Nous devons mordre la poussière de la défaite », a dit le gouverneur de l’état de Zulia quelques jours après le référendum. « Les deux Venezuela doivent se réconcilier, le Venezuela ne peut continuer dans le conflit », a déclaré le patron de Fedecamaras (principale organisation patronale).

    En dépit de l’adoption d’un ton anti-Chavez moins strident, l’administration US semble poursuivre une stratégie à long terme d’épuisement du processus révolutionnaire et préparer un rapport de force qui leur serait plus favorable, avant de lancer des actions de plus grande ampleur contre Chavez.

    Mais malgré cela, sans un mouvement décisif de la classe ouvrière et des pauvres vers une cassure avec le capitalisme et d’établissement d’un état ouvrier démocratique, la contre-révolution réussira par un moyen ou un autre à se ré-affermir. Cela pourrait venir sous une forme extra-parlementaire, un futur putsch victorieux, comme c’est arrivé au Chili en 1973, ou une contre-révolution électorale « démocratique » comme au Nicaragua en 1990. Cette victoire sous n’importe quelle forme signifierait un désastre pour les masses vénézuéliennes. La classe ouvrière vénézuélienne et les pauvres sont confrontés à une tâche urgente, utiliser ce « temps de respiration » pour construire un parti révolutionnaire qui peut fournir un programme qui pousserait le gouvernement en avant et complèterait la révolution socialiste.

    Electoralement, les forces de l’opposition au Venezuela ont été complètement divisées entre une partie qui défendait l’abstention et l’autre qui contestait les élections. Où ils sont restés, ils ont subit défaites sur défaites. Après les élections d’octobre de l’an dernier, ils ne contrôlent plus que deux des 23 états que compte le pays et ont de plus perdu le contrôle de Caracas, la capitale. Aux élections locales et municipales, qui se sont tenues le 7 août de cette année, ils ont obtenu moins de 20% des sièges.

    Le principal quotidien vénézuélien, détenu par des opposants de droite qui ont soutenu unanimement les forces de la réaction à chaque étape, a publié des articles commémorant l’anniversaire du référendum. Ils se sont concentrés sur ce qu’ils considèrent comme le besoin désespéré pour l’opposition « démoralisée, désorientée, manquant de direction » (El Nacional) de s’unir pour fournir une alternative électorale crédible aux « chavistas ». Avec les élections parlementaires attendues pour la fin de l’année et les élections présidentielles en décembre 2006, l’opposition se prépare à de futures défaites électorales.

    Chavez lui-même caracole à 70% d’approbation dans les sondages (l’un des taux les plus hauts de sa présidence). Durant le festival international de la jeunesse, il a parlé confidentiellement de rester en politique jusqu’en 2030 ! Sa confiance a été boostée par les victoires électorales et par le prix élevé du pétrole sur le marché mondial. Le pétrole représente 85% des exportations vénézuéliennes, un quart du PIB et plus de la moitié des revenus du gouvernement. En 2004, les exportations de pétrole ont généré un revenu de 29$ milliards, pour 22$ milliards en 2001 et la somme semble fortement augmenter cette année. Cette énorme aubaine réalisée par le pétrole a permis à Chavez de maintenir et d’accroître les dépenses des « misiones », les programmes de réformes sociales de bien-être qui ont été démarrées en 2003 et largement orientées vers les plus pauvres. Les avantages de ces réformes sont clairement visibles dans les rues des zones les plus pauvres de Caracas. Une superbe nouvelle clinique ou un supermarché d’état Mercal (Mercado de Alimentacion) qui vend de la nourriture de base subsidiée qui se distinguent facilement des immeubles et des infrastructures en ruine des « barrios », les bidonvilles vérolés de pauvreté situés à deux pas de zones d’opulence comme Altamira où vit l’élite.

    Selon les chiffres du gouvernement, 300.000 Vénézuéliens ont surmonté l’analphabétisme (9% des plus de dix ans), deux millions vont à l’école primaire, secondaire et supérieure, et 17 millions ont maintenant accès aux soins de santé de première nécessité grâce aux « misiones ».

    Malgré ces améliorations sociales visibles, une pauvreté noire pourrit encore la vie de millions de Vénézuéliens. 60% des ménages étaient pauvres en 2004, pour 54% en 1999. Même si l’état contrôle les prix de la nourriture de base, l’inflation grimpe à 15-20% et qu’un Vénézuélien sur deux ne dispose pas d’un logement adéquat. Selon un sondage d’opinion récent, le chômage est le problème principal dans la société. Il y a eu des améliorations dans les boulots, à travers des initiatives comme « Vuelvan Caras » , le plan d’état de création d’emplois, principalement dans les coopératives et dans les petites entreprises. Mais 14% de la population reste toujours sans emploi et des millions de personnes sont toujours confrontées à l’insécurité et à l’exploitation dans le secteur informel (comme les vendeurs de rue, les chauffeurs de taxi, etc.).

    Si cela est la situation de la majorité des travailleurs et des pauvres au Venezuela alors que le prix du pétrole est à un niveau si élevé, il est clair que les espoirs des masses ne pourront se concrétiser dans le cadre du capitalisme. Le magazine britannique de droite The Economist résume clairement la situation lorsqu’il écrit : « quand les revenus du pétrole chuteront, tombera dans un enfer de récession et d’inflation »(25 août 2005).

    C’est ce qui est arrivé au Nicaragua. Après la révolution de 1979 qui avait éjecté le dictateur détesté Somoza, les Sandinistes avaient le contrôle de l’appareil d’état. Ils ont nationalisé jusqu’à 40% de l’économie, mais le reste est resté dans les mains de la classe capitaliste qui a utilisé son contrôle économique pour saboter l’économie. Combiné avec la guerre des contras, subventionnée par l’impérialisme US, l’économie plongea dans une crise avec une inflation qui explosa jusqu’à 3600% et un niveau de vie qui périclita de 90% !

    A cause de la démoralisation des masses due à la crise économique, la droite vainquit les Sandinistes aux élections présidentielles de 1990 et poursuivit depuis lors une politique néo-libérale vicieuse à l’encontre des travailleurs et des pauvres nicaraguayens. Si la classe ouvrière au Venezuela n’exproprie pas les monopoles restés dans les mains des capitaliste vénézuéliens et étrangers, si elle n’applique pas une planification de la production sous contrôle démocratique, la crise économique et l’incapacité à satisfaire les besoins des masses mèneront à la démoralisation et à la démobilisation du mouvement, balisant la route pour une victoire de la réaction. Cela serait alors utilisé pour ouvrir une nouvelle ère de répression brutale, en vue de recouvrir un contrôle total de l’économie et de l’état, avec bien sûr une atomisation des organisations et des droits de la classe ouvrière.

    Le haut taux d’abstention (70%) dans les élections locales et régionales du mois d’août représente un avertissement pour le futur. Il est vrai qu’historiquement le taux de participation aux élections locales vues comme en dehors des préoccupations de la plupart des Vénézuéliens a toujours été bas. Une partie de l’opposition appelait également les gens à ne pas voter. Malgré cela, le niveau d’abstention dans les zones pro-Chavez était très élevé alors qu’il avait lui-même souligné l’importance, pour ses partisans, de se mobiliser en masse. Bien que le taux de participation soit susceptible d’être beaucoup plus haut dans des élections parlementaires et présidentielles, des signes de mécontentement commencent à arriver à l’encontre des troupes du mouvement bolivarien. Des activistes étaient mécontents du remplacement bureaucratique de candidats de base par des candidats inconnus des gens des communautés locales. Lors des élections d’octobre de l’an dernier pour le mayorat et le gouvernement d’état, des candidats dissidents se sont présentés contre les candidats officiellement chavistes. Dans les élections locales, des partis pro-Chavez perçus comme plus « radicaux » comme le Parti Communiste Vénézuélien et le mouvement Tupamaros ont augmenté leur nombre de votes dans certaines régions. Le mécontentement, où il existe, ne vise pas principalement Chavez, qui bénéficie encore d’une autorité et d’un soutient immense dans les masses, mais plutôt la bureaucratie qui l’entoure, perçue comme une cassure avec les réformes radicales que ce soit à travers l’inefficacité, la corruption ou le sabotage conscient. Une femme qui protestait contre les actions d’un leader dans l’état de Anzoategui a résumé le sentiment d’une couche d’activistes lorsqu’elle a dit : « Président, ouvrez les yeux… beaucoup de ceux à vos côtés sont en train de vous décevoir. Ecoutez la voix du peuple »(El Nacional).

    La direction du mouvement bolivarien est extrêmement hétérogène. Pour parler franchement, une aile est plus en contact avec les masses et reflète l’atmosphère qui y règne, il y a donc une pression pour qu’elle continue les réformes radicales. L’autre aile, réformiste et pro-capitaliste, dont certains membres ont des contacts avec les forces de l’opposition, essaye à chaque étape de retenir le mouvement et de l’empêcher d’aller dans une direction plus radicale. Ces divisions se sont aiguisées depuis la défaite du référendum. Chavez lui-même a balancé entre ces différentes forces de la société. Sa prise de position la plus récente à « gauche » a été une réponse à la demande d’actions plus radicales de la part des masses. Il a signé un décret nationalisant VENEPAL (l’entreprise de papier en faillite), par exemple, après que les travailleurs aient lancé une lutte déterminée en conjonction avec la communauté locale en occupant l’usine et en demandant sa nationalisation. Depuis janvier, Chavez a qualifié la révolution bolivarienne de socialiste, ceci représentant un développement significatif. La question du socialisme commence à s’ancrer dans la conscience d’une partie des étudiants, des travailleurs et des pauvres. Dans un récent sondage organisé par l’ « Instituto Venezolano de Analisis de Datos », 47,8 % des personnes interrogées déclaraient qu’elles préfèreraient un gouvernement socialiste alors que seulement 22,7% opteraient pour un gouvernement capitaliste.

    Mais Chavez n’a pas une idée claire sur ce qu’ il veut dire par socialisme ni sur la manière d’y arriver. Il parle vaguement de « socialisme au 21ème siècle » qui serait un ‘nouveau type’ de socialisme et il a aussi appelé à son peuple à se débarrasser des vieux préjugés concernant la signification du socialisme. On pourrait interpréter cela comme un rejet du stalinisme. Mais en même temps, Chavez est en train de renforcer ses liens économiques et diplomatiques avec Fidel Castro à Cuba. Il complimente le merveilleux service de santé cubain, dont beaucoup de vénézuéliens sont en train de profiter grâce aux docteurs cubains travaillant au Venezuela, grâce à la formation de docteurs vénézuéliens et aux patients qui sont envoyés à Cuba pour des opérations. Mais en fait Chavez n’est pas critique du tout sur la nature bureaucratique du régime cubain et sur l’absence de véritable démocratie ouvrière.

    Chavez pourrait-il devenir un « second Castro » comme le craingnent une partie de la classe dirigeante vénézuélienne et l’impérialisme américain ? Théoriquement une telle perspective ne pourrait pas être complètement exclue. Arrivé au pouvoir en 1959, Castro n’a pas décidé consciemment de nationaliser l’économie cubaine mais il a pris cette direction en réaction au blocus US et à la pression des masses cubaines. Mais vu que la classe ouvrière n’était pas consciemment à la tête de la révolution, le résultat fut la création d’un état ouvrier déformé, où le capitalisme et le féodalisme ont été éliminés mais où la société était toujours contrôlée du sommet vers le bas par une caste bureaucratique. Le contexte international actuel, après la chute de l’ Union Soviétique, est très différent du temps de la révolution cubaine quand Cuba était soutenu matériellement par la bureaucratie soviétique et ce pour des raisons stratégiques. Quoiqu’il en soit, il n’est pas inconcevable que les masses du Venezuela puissent spontanément prendre possession des usines et de la terre, forçant ainsi Chavez à nationaliser de larges pans de l’économie. Mais un tel régime serait extrêmement instable.

    La révolution serait très certainement vaincue à un certain moment par les forces de la réaction sauf si la classe ouvrière est consciente du rôle qu’elle a à jouer, non seulement en expropriant la classe capitaliste, mais aussi en formant des comités élus démocratiquement qui pourraient faire tourner l’industrie, mettre en place un plan démocratique de production et créer les bases pour un Etat ouvrier dont le programme serait capable d’élargir la révolution à l’Amérique latine et internationalement. C’est pourquoi la lutte pour une véritable ‘politique étrangère’ internationale de la classe ouvrière est si importante aujourd’hui ; soutenant, par exemple, des liens économiques avec Cuba mais utilisant cela pour encourager une réelle démocratie ouvrière au sein du pays et pour étendre la révolution internationalement comme le seul réel moyen de défendre ces acquis qui ont déjà été obtenus.

    La réaction de Chavez à de futurs évènements aura bien sûr un gros impact sur la façon dont les développements se déroulent, particulièrement dans une situation de ralentissement économique. Pour le moment il est en train de répondre d’une façon limitée à la radicalisation des masses et il pourrait aller plus loin dans cette direction. Malheureusement, il y a de nombreux exemples de dirigeants honnêtes qui malgré leur bonnes intentions, une fois confrontés avec la ‘logique’ du marché capitaliste qui se sont mis à réprimer les ‘demandes excessives’ des travailleurs.

    Dans une situation où d’autres options sont trop risquées, une partie de la classe capitaliste du Venezuela s’appuie sur le mouvement de l’aile pro-capitaliste pour freiner les réformes radicales et pour être potentiellement capable de reprendre les acquis de la classe ouvrière et des masses pauvres. Ils préparent ainsi la voie pour une défaite du processus révolutionnaire et pour la victoire de la contre-révolution.

    Il est vrai qu’ils n’ont pas la même autorité au sein de la classe ouvrière et des masses pauvres qu’avaient les sandinistes au Nicaragua après la révolution de 1979 ou qu’avaient les partis socialistes et communistes au Portugal en ’75. Quoiqu’il en soit, si la classe ouvrière n’achève pas complètement la révolution au Venezuela et que la démoralisation s’installe, cette aile pourrait jouer un rôle important en freinant le mouvement et posant les bases pour le triomphe de la réaction capitaliste. Leur façon de définir le socialisme est relativement claire – une économie « mixte » où quelques compagnies d’états et coopératives existent mais dans laquelle les leviers économiques principaux restent dans les mains de la classe capitaliste du Venezuela et étrangère. Chavez parlait récemment d’enquêter sur l’éventuelle expropriation de 136 à1149 entreprises. Mais en réalité toutes ses compagnies étaient en faillite, fermées ou en passe de le devenir. Le ministre de l’industrie a éclairci cette position en déclarant que la nationalisation ne prendrait place que dans des « cas extrêmes », qu’il n’y aurait pas de « vagues d’expropriations » et que les firmes capitalistes ainsi que la « production sociale » pouvaient coexister. De même, la redistribution de 13 000 hectares de terres appartenant au Lord Vesty marquait un pas en avant dans la réforme agraire alors qu’auparavant, seule la terre appartenant à l’Etat avait été redistribuée aux pauvres des campagnes. Mais à ce stade, le gouvernement n’envisage de distribuer que de la « terre non fertile ».

    Quoiqu’il en soit, 158 paysans ont été tués depuis 2000 quand la loi sur la terre a été votée, démontrant que même face à des réformes limitées, les grands propriétaires terriens résisteront brutalement, aidés dans certains cas par les paramilitaires de droite Colombiens.

    Utilisant un langage révolutionnaire, les coopératives sont présentées comme l’embryon de la société socialiste. 79000 coopératives ont été créées les 6 dernières années, majoritairement dans le secteur des services et de l’agriculture. Elles ont eu un certain effet dans la réduction du chômage, qui ne pourra être que temporaire. Ces coopératives sont toujours complètement dans le marché capitaliste avec des compagnies privées et seront dévastées par la crise économique. Beaucoup de ces coopératives en réalité fonctionnent comme des compagnies privées, exploitant la force de travail et dénigrant les droits des travailleurs. Il y a de nombreux exemples d’employeurs privés qui « déguisent » leur entreprise en coopérative afin de recevoir des subsides de l’Etat. En même temps, Chavez encourage « le co-management » des industries d’Etat ainsi que des industries privées. « Ceci est la révolution. Ceci est le socialisme », voilà ce qu’il déclara récemment quand il fit crédit à des taux d’intérêt bas à des patrons de petites entreprises privées qui acceptaient d’introduire des représentant des travailleurs dans les conseils d’administration de leur compagnie.

    Une fois de plus, le ministre de l’industrie utilise clairement cette cogestion, ou participation ouvrière, comme une collaboration de classes pour tromper les travailleurs, augmenter l’exploitation et booster les profits de la classe capitaliste, comme cela a été fait dans des pays comme l’Allemagne. Il déclara : « Il y a une interprétation faussée de ce que signifie la cogestion ». « L’idée est de faire participer les travailleurs à la gestion de l’entreprise, non pas de leur en laisser le contrôle, mais plutôt d’aider à éviter des tensions et des contradictions inutiles. » (El Nacional).

    Chavez, ne voulant pas se confronter à l’économie capitaliste et au pouvoir d’Etat, met en application des contrôles partiels et essaie d’éviter les structures économiques existantes et l’appareil d’Etat. Donc par exemple, en plus des coopératives, il a créé une compagnie aérienne d’Etat, une compagnie de téléphone d’Etat, une station télé d’Etat, et des supermarchés d’Etat vendant des produits basiques jusqu’à 30 % moins chers que dans le secteur privé. Tout ça avec l’intention de rivaliser avec les monopoles privés.

    Ces mesures partielles comme les contrôles des prix sur les aliments de base et les contrôles sur les échanges, servent à rendre la bourgeoisie furieuse, et à augmenter leur détermination à éviter les futurs empiètements sur leur pouvoir économique et sur l’état.

    En même temps, en laissant les grandes entreprises monopolistiques, les banques et les institutions financières, les journaux, etc… dans les mains du privé, il est impossible de planifier démocratiquement l’économie afin d’assouvir les besoins des masses. De plus, la classe dirigeante reste capable de saboter l’économie et de miner le mouvement. Il y a eu une certaine réorganisation du personnel au sommet de l’armée, de la justice, du collège électoral et d’autres institutions d’Etat, mais , sans des élections et le droit de révocation de tous ceux qui ont une position dans l’appareil d’Etat, ainsi que l’existence d’un parti socialiste de masse contrôlant constamment l’Etat, de nouveaux points de soutien à la réaction capitaliste peuvent être générés, même au sein de ceux qui soutiennent Chavez aujourd’hui.

    La classe capitaliste fera clairement tout ce qu’elle peut pour abattre toutes les mesures qui ont été introduites à la demande des masses. Ils utilisent les médias et font pression sur l’aile pro-capitaliste du gouvernement de Chavez pour poursuivre des politiques sociales et économiques plus « réalistes », afin de conquérir les 4 millions de personnes qui ont voté contre Chavez lors du référendum pour sa révocation et afin de ne pas effrayer les investisseurs étrangers. Chavez a lui même encouragé des joint ventures entre du capital étranger et la compagnie pétrolière d’Etat PDVSA. En fait, les multinationales comptent déjà pour plus ou moins 50 % de la production pétrolière au Venezuela, pendant que la production de la PDVSA a, elle, diminué de moitié depuis l’ élection de Chavez, en ’98. Il est vrai que même un Etat ouvrier sain pourrait être forcé de signer des accords économiques et de commerce avec des pays capitalistes ou des compagnies étrangères si la propagation de la révolution internationale était temporairement retardée. Mais cela serait fait sur base d’un plan démocratique de production, d’un monopole d’Etat des exportations et d’une politique consciente d’élargissement de la révolution en appelant la classe ouvrière internationalement.

    Maintenant, en partant d’une politique de préservation du capitalisme, des accords sur des investissements étrangers et sur les commerces seront utilisés pour miner et faire dérailler la révolution. Il y eut un nouvel avertissement quand Chavez a récemment accepté un accord commercial de vente d’armes avec le gouvernement espagnol, le ministre des affaires étrangères de celui-ci, défendant l’accord en réponse aux critiques US en expliquant « le rôle que l’Espagne pourrait jouer au Venezuela pour la satisfaction de Washington, en mettant un frein aux rêves de Chavez d’étendre sa révolution bolivarienne à d’autres pays dans la région » (El Pais, 9 Mai).

    La classe ouvrière, du fait de son rôle dans le processus de production et de son pouvoir collectif potentiel, est la clef capable de mener à bien la révolution socialiste au Venezuela et de vaincre les forces de la réaction. Mais, bien que la classe ouvrière ait été impliquée dans le mouvement de masse dans les moments les plus cruciaux, elle n’a été qu’un élément parmi d’autres. La classe ouvrière n’a pas été consciente de son propre pouvoir ou de la responsabilité qu’elle a de diriger les masses pour transformer la société. A différents moments, Chavez a encouragé la participation des masses mais cela avec des limites strictes. Et sans un programme clair pour faire avancer le processus révolutionnaire, le mouvement risque de stagner et de se démobiliser. Chavez n’a pas encouragé, en particulier, l’indépendance d’action des travailleurs. Pendant, par exemple, une récente grève des travailleurs du métro de Caracas, un conseiller de Chavez a demandé que les grèves soient interdites dans le secteur public et Chavez lui même a menacé d’envoyer la garde nationale contre les grévistes. La tâche principale d’un parti révolutionnaire au Venezuela n’est pas de conseiller Chavez sur la façon de diriger la révolution mais de renforcer et d’étendre les organisations de la classe ouvrière ainsi que de mettre en avant des revendications qui augmenteront la confiance des travailleurs dans leur capacité à changer la société ainsi qu’en augmentant leur compréhension de ce qui est nécessaire à chaque étape d’un processus révolutionnaire. Cela devrait inclure une explication sur la façon dont la classe dirigeante utilisera la cogestion pour défendre ses propres intérêts et sur la nécessité de construire et de renforcer les comités de travailleurs qui seuls pourraient être capables de mettre en application un contrôle réel et une gestion ouvrière des lieux de travail comme un pas en avant vers une planification démocratique de toute l’économie. Des éléments de contrôle ouvrier existent déjà sur certains lieux de travail. Dans la compagnie d’Etat de production d’aluminium ALCASA, par exemple, les travailleurs élisent ceux qui gèrent l’entreprise, ceux-ci ne reçoivent que l’équivalent de leur salaire précédent (comme ouvrier) et peuvent être révoqués. Un récent meeting national des travailleurs, convoqué pour discuter de la cogestion et du contrôle ouvrier a accepté : « d’inclure dans les propositions pour une cogestion révolutionnaire que la compagnie doit être la propriété de l’Etat, sans distribution des actions aux travailleurs, et que chaque profit doit être réparti selon les besoins de la société à travers des conseils de planification socialiste. Ces conseils de planification socialiste doivent être compris comme les organes qui mettent en application les décisions des citoyens réunis en assemblée ». Un véritable programme socialiste révolutionnaire devrait appeler à une démocratisation des organisations de la révolution bolivarienne, à la formation et à l’extension de comités d’entreprises démocratiques et de lier ceux-ci aux comités élus dans les quartiers, dans les forces armées, et ce au niveau local et national.

    En plus de tout ça, des forces de défense ouvrière doivent être formées pour défendre le mouvement contre la réaction. Chavez a reconnu la nécessité de défendre la révolution contre l’agression impérialiste et il a doublé les réserves de l’armée, mis sur pied « des unités de défense populaire » sur les lieux de travail et dans les campagnes. Mais tout cela sera sous son propre commandement et non sous le contrôle démocratique des organisations de la classe ouvrière et des masses pauvres. La solidarité des travailleurs dans le reste de l’Amérique latine et internationalement est aussi un moyen vital de défense. De son point de vue, Chavez est un internationaliste. En imitant son héros, Simon Bolivar, il se voit lui même comme le dirigeant de l’alliance anti-impérialiste en Amérique latine et il utilise le pétrole et les revenus du pétrole pour promouvoir ses objectifs. On voit de récentes initiatives comme par exemple le lancement de Télésur, une compagnie de télé continentale, ainsi que Pétrosur et Pétrocaribe, qui sont des accords avec différents pays d’Amérique Latine et des Caraïbes autour de l’exportation, de l’exploitation et du raffinage du pétrole. Il a aussi utilisé l’argent du pétrole pour racheter la dette de l’Argentine et de l’Equateur en « solidarité » contre les marchés financiers internationaux. Mais Chavez s’est orienté principalement en direction de dirigeants qui appliquent une politique néo-libérale, plutôt que d’en appeler à la classe ouvrières et aux masses pauvres. Le président brésilien Lula, par exemple, a appliqué des politiques d’attaques contre la classe ouvrière et son parti est mêlé à un sérieux scandale de corruption.

    De plus, durant une récente visite, Chavez a félicité Lula et a interprété ce scandale de corruption comme une « conspiration de droite ».

    Chavez est accusé par l’impérialisme d’exporter la révolution à d’autres pays d’Amérique Latine. Mais quand des travailleurs du secteur pétrolier sont partis en grève dans deux Etats d’Amazonie en Equateur en août dernier, demandant que plus de ressources soient investies dans les communautés locales et qu’une compagnie pétrolière US soit virée du pays, Chavez a effectivement joué le rôle de casser la grève, prêtant du pétrole au gouvernement équatorien pour compenser la « perturbation » que les grévistes ont entraînés sur les réserves. En opposition à tout cela, après le passage de l’ouragan Katrina, on a perçu comment une véritable politique internationale de solidarité parmi la classe ouvrière pourrait être menée. Comme Chavez, un gouvernement ouvrier démocratique aurait immédiatement offert de l’aide tout en exposant comment le capitalisme place les profits avant les vies des plus pauvres dans la société, et comment l’impérialisme US est totalement incapable de répondre aux besoins des travailleurs américains en temps de crise ainsi que dans des temps « d’accalmie ». En même temps, il aurait créé des liens avec la classe ouvrière et les organisations des communautés aux Etats Unis pour promouvoir le contrôle démocratique de la distribution de l’aide dans les régions affectées, renforçant ainsi la confiance et la conscience de la classe ouvrière américaine.

    L’Amérique Latine est un continent en révolte. La victoire d’une révolution socialiste démocratique au Venezuela aurait un impact électrique sur la classe ouvrière et sur les masses pauvres de la région et cela aux Etats-Unis même. La classe ouvrière vénézuélienne est maintenant face au défi de construire et de renforcer leurs organisations, ceci incluant la création d’un parti révolutionnaire de masse avec un programme qui sera capable d’assurer la victoire de la révolution dans sa lutte contre la contre-révolution.

  • Grogne dans l’enseignement flamand. Il faut un plan d’action pour plus de moyens

    “Le mécontentement dans le secteur de l’enseignement est grand, et croît de jour en jour”. Ainsi s’ouvre le cahier de presse que les syndicats de l’enseignement flamand ont distribué le 31 août sous le titre ‘Vers une rupture de confiance?’. Le texte passe au crible de la critique les plans d’austérité du ministre de l’Enseignement Vandenbroucke et réfute sa campagne mensongère dans les médias. Mais il faudra attendre, semble-t-il, pour un plan d’action qui soit à la mesure de l’ampleur des coupes d’austérité.

    Simon Van Haeren

    Tout l’été, le ministre a essayé d’influer sur l’opinion publique avec des chiffres falsifiés et tirés de leur contexte. Ainsi, il a déclaré vouloir investir 600 millions en plus dans l’enseignement. Pourquoi ces mensonges? Le ministre se rend compte du fait que la résistance contre ses mesures va se construire, et il veut déjà se couvrir. Répandre des mensognes dans les médias est une tactique éprouvée pour isoler le personnel de l’enseignement du reste de la population. Le gouvernement ne manquera pas de se servir des coupes d’austérité dans la sécurité sociale et dans les pensions pour essayer de dépeindre l’enseignement comme un ‘secteur gâté’.

    Au niveau de l’emploi, le plan de VDB signifie la perte de 1534 emplois (équivalents temps pleins) et la supression des pools de remplacement (2000 emplois). Moins de personnel avec de plus en plus de nouvelles tâches et de responsabilités sans aucun encadrement complémentaire. Il est inévitable que la pression du travail atteingne des sommets. Et malgré cela, le gouvernement refuse d’admettre qu’il y a un manque de personnel dans l’enseignement…

    7% du PIB pour l’enseignement!

    Les syndicats exigent que le budget de l’enseignement soit relevé à au moins 7% du Produit intérieur brut régional. C’est ce qu’ils nomment un investissement nécessaire afin de maintenir la qualité de notre enseignement. Depuis les années 70, ces investissements ont chuté de plus de 7% du PNB (à ce moment, l’enseignement était encore une matière nationale) jusqu’à environ 4% aujourd’hui; les revendications syndicales ne visent donc qu’à corriger 20 années de sous-financement.

    Pas question cependant de refinancer l’enseignement avec du capital privé, comme l’envisage le gouvernement. Cela signifierait en effet la privatisation de l’enseignement. Les Etats-Unis peuvent servir d’exemple: deux tiers des moyens de l’enseignement y proviennent des entreprises. On en connaît les conséquences.

    Qu’attend la direction syndicale? Il est temps d’agir!

    Malgré l’ampleur des coupes d’austérité, la direction syndicale refuse d’appeler à des actions sérieuses. Pendant tout l’été, les militants étaient invités à se ‘tenir prêts’, maintenant qu’il y a offensive, nous nous demandons toujours où en est la contre-offensive. Seules des actions ludiques sont prévues à l’occasion de la Journée de l’Enseignant – le 5 octobre – devant quelques écoles de la région de Leuven (l’arrondissement du ministre) où on distribuera symboliquement des sachets avec une pomme et un oeuf.

    VDB s’y est déjà préparé et mène lui-même campagne: lors de la Journée de l’Enseignant, il enseignera lui-même pendant une journée. Ce sera un tête-à-tête convivial entre le ministre et la direction syndicale. Est-ce que la direction syndicale croit encore en Saint-Nicolas? Si nous voulons la satisfaction de nos revendications, il faudra lutter. Nous ne voulons pas de pommes et d’oeufs, mais une grève de 24 heures avec une campagne d’information envers les lycéens/étudiants et leurs parents pour expliquer pourquoi l’enseignement a besoin de 7% du PIB.

  • Les prix de l’énergie s’envolent. Défendons notre pouvoir d’achat!

    Les travailleurs et leurs familles souffrent de la hausse des prix de l’énergie. La baisse du pouvoir d’achat pèse de plus en plus sur le bugdet des ménages. Le plein d’essence est devenu un luxe. Le prix du baril de pétrole a doublé en un an, passant de 35 à plus de 70 dollars! Les économistes disent qu’à 60 dollars le baril, le consommateur perd 270 euros par an à cause des coûts supplémentaires pour l’essence, le mazout, etc.

    Peter Delsing

    Pourquoi les prix du pétrole sont-ils devenus si instables? A chaque fois que des incidents ont lieu dans une région sensible – le cyclone Katrina, la guerre et le terrorisme au Moyen-Orient – on se réfère aux tensions entre l’offre et la demande. Certes, la demande d’énergie est plus que soutenue. Mais c’était prévisible depuis longtemps. Le fait est que les Etats-Unis n’ont pas construit de nouvelles raffineries depuis 25 ans. Les pays membres de l’OPEP ont fait la même chose. Les capitalistes de ces pays ont aussi délibérément négligé les problèmes de sous-investissement. Quand la demande est supérieure à l’offre, ces rapaces font s’envoler les prix… et leurs profits. Ce sont les travailleurs et leurs familles qui paient la note.

    Le gouvernement contraint aux concessions

    Le gouvernement de Verhofstadt était obligé de prendre des mesures. Les travailleurs de Cockerill, Arcelor, etc sont descendus dans la rue en septembre contre la hausse excessive du prix de l’énergie. Les transporteurs ont menacé d’actions et de blocages. Dans un climat social déjà alourdi par la discussion sur les prépensions, le gouvernement a dû faire quelques concessions. Il a accordé une réduction de 17,35% sur la TVA et les taxes pour l’achat de toute quantité de mazout pendant la seconde moitié de 2005. Les transporteurs vont percevoir le remboursement de leurs taxes de façon anticipée.

    C’était nécessaire, mais pas suffisant. Selon les spécialistes, les prix pétroliers vont stagner à la hausse, voire continuer de grimper, dans les années à venir. La chambre de commerce Goldman Sachs n’exclut pas la possiblité d’un baril à 105 dollars! Les mesures ponctuelles ne nous satisfont pas. La facture d’énergie dévore déjà 10% du budget quotidien de nombre de ménages.

    S’ils veulent rétablir notre pouvoir d’achat, les syndicats doivent exiger que l’essence, le diesel, etc soient réincorporés dans l’index. Le prix du mazout, qui est encore dans l’index, a doublé en 2 ans. Les patrons d’Agoria, de leur côté, n’ont pas d’états d’âme: ils exigent sans gêne aucune que le mazout soit retiré de l’index!

    Carburants dans l’index!

    Face à cette arrogance, nous devons organiser la riposte. Il faut aller chercher l’argent là où il se trouve: dans les poches des patrons et des grands actionnaires. La direction syndicale doit répondre aux attaques patronales avec un plan d’action. Il faut rouvrir la discussion sur la hausse de notre pouvoir d’achat en liaison avec la défense des (pré)pensions. Tous les carburants doivent être réincorporés dans l’index; nos salaires et allocations méritent une véritable augmentation! Non aux multinationales qui se remplissent les poches sur notre dos, oui à la nationalisation des entreprises pétrolières sous contrôle ouvrier!

  • Des études supérieures: bientôt accessibles qu’à une minorité privilégiée?

    Depuis quelques années, une vague d’attaques s’abat progressivement sur notre enseignement. L’idée c’est que l’enseignement est un produit potentiellement fructueux pour le marché, c’est à dire que pour une éducation de qualité, il faut payer. De plus, beaucoup de facultés, intéressantes pour le marché, seront calquées à la demande des entreprises de sorte que plus rien ne restera de l’apprentissage général de la matière, juste une qualification pour travailler dans l’une ou l’autre multinationale.

    Sven De Deken

    Cette idée n’est pas nouvelle, mais les mouvements étudiants (combatifs), ont toujours réussi à l’éviter. Aujourd’hui, les représentants officiels des étudiants ( comme pas exemple la Fédération des Etudiants Francophones) ne préfèrent pas mettre en danger leur carrière au ministère de l’enseignement, et donc préfèrent des mouvements ludiques et sans suite, aux mouvements combatifs.

    Jusqu’à la fin des années ’60, l’enseignement supérieur a toujours été un environnement élitiste par excellence et il n’était surtout pas question d’accès démocratique. Sous l’influence des mouvements combatifs dans les années ’60, de la croissance économique (qui créait une nécessité d’un plus grand nombre de diplômés), et de l’existence des états staliniens, la bourgeoisie fut obligée de faire des concessions. Durant cette période, la sécurité sociale, les soins de santé, les allocations de chômage, les pensions, les allocations familiales,… étaient introduits tout comme l’accès à l’enseignement supérieur s’offraient aux enfants de la classe ouvrière. Mais vers la fin des années ’70, la bourgeoisie a repris une position offensive, et les premières privatisations étaient imposées.

    Tous ces investissements pour l’éducation représentaient évidemment un coût important sur le budget de l’Etat. Ainsi, les dépenses sont passées de 3,2% du PNB (produit national brut) en 1960 à plus de 7% dans les années ’70!

    Après la chute du mur de Berlin, c’était comme si aucune alternative au capitalisme n’existait plus, ou n’aurait plus pu exister. La bourgeoisie s’est lancée dans une énorme offensive idéologique, dans laquelle le capitalisme est dépeint comme le seul système économique viable. En 1989, la TRE (une mystérieuse organisation qui défend les intérêts des grandes entreprises en Europe), a publié un rapport recommandant une réforme approfondie pour l’enseignement supérieur en faveur de la bourgeoisie européenne.

    La proposition a été reprise dans le décret de Bologne en 1999, et fut alors connue de tous. Bologne a pour objectif de privatiser l’enseignement supérieur en Europe et de le réformer en un système d’éducation qui prémache des travailleurs bons pour le marché du travail. On veut limiter la durée de l’enseignement supérieur en le subdivisant : d’une part 3 ans de cours de bases (bachelor), et d’autre part 1 ou 2 ans de perfectionnement (master). L’idée serait, à long terme, de fournir une masse d’étudiants ne possédant qu’un diplôme bachelor et de réserver le diplôme master à une élite. Bologne crée un enseignement à deux vitesses (tel qu’il est aux Etats-Unis), c’est à dire des universités divisées: il y aura d’un côté les universités dites “pôle d’excellence” les plus chères et les plus demandées, et de l’autre, les universités poubelles dans lesquelles se retrouveront tous les étudiants qui ne peuvent se payer autre chose…Bologne s’est déjà annoncée, avec la privatisation de nombreux services étudiants sur l’université, comme notamment les kots étudiants ou encore les restaurants…et ces privatisations ne vont que s’accélérer dans les périodes à venir. L’étudiant sera stimulé pour partir étudier à l’étranger, mais devra le faire par ses propres moyens, de plus, les bourses vont se transformer en prêts qu’il devra rembourser à la fin de ses études. Ca signifie, que dès que les étudiants entreront dans la vie active, ils seront déjà fortement endettés.

    Les conséquences de l’augmentation du prix des études sont déjà claires : Plus de la moitié des étudiants travaillent déjà durant leur année académique afin de payer leurs études. En Angleterre, où la privatisation de l’enseignement est déjà plus avancée, on voit beaucoup de filles qui se prostituent pour payer leurs études et cette situation gagne d’autres pays dont la Belgique.Le coût des études a augmenté entre 1986 et 1999 de 40% à 60%, sans tenir compte de l’inflation. Les budgets consacrés à l’enseignement, eux, sont constamment en baisse. Aujourd’hui, le gouvernement flamand consacre moins de 5 % du PRB (produit régional brut) à l’enseignement, alors que dans les années ’70, la somme représentait plus de 7% du PRB.

    A l’université de Louvain, les conséquences du décret de Bologne se font sentir: cette année académique, les étudiants non-EEES (EEES= pays d’Europe + 15 autres pays) devront payer 5000 euros de minerval au lieu de 505 euros. Il y existe une exception pour les 72 pays les plus pauvres du monde, on accepte alors l’étudiant pour 505 euros s’il écrit une lettre de motivation acceptée par les autorités.

    L’université s’attaque à un petit groupe de personnes, pour le moment, et peu de gens sont au courant de l’existence de cette attaque, et à terme ce sont tous les étudiants qui la subiront (le minerval de 5000 euros vaudra pour tous). Il est dans l’intérêt de tous de combattre la destruction de l’enseignement et de son accessibilité. Les représentants officiels étudiants ne représentent que leur ambition, nous invitons tous les étudiants combatifs à s’organiser et à rejoindre les Etudiants de Gauche Actifs pour ensemble lutter pour un enseignement démocratique, gratuit, et accessible à tous!

  • MANIFS MASSIVES CONTRE LE G8 EN ECOSSE

    En juillet, nous avons participé avec le MAS aux manifestations contre le sommet du G8. Nous avons diffusé nos idées et discuté avec beaucoup de manifestants sur l’alternative que nous proposons au système actuel. Par notre participation, nous avons démontré ainsi que nous ne sommes pas du tout d’accord avec le régime capitaliste qui dirige notre société aujourd’hui.

    Annemarijn Juffermans.

    Cette année la réunion du G8 a eu lieu en Ecosse. Le G8 se réunit annuellement. Ils comprend les dirigeants des 7 pays industrialisés les plus riches plus la Russie ; ces pays sont les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et le Canada. Le G8 a surgi pour offrir une “solution” aux problèmes économiques actuels. Souvent, l’Afrique est un point important de leur ordre du jour, mais toutes les solutions trouvées sont vouées à l’échec. Ce sont des capitalistes qui donnent une réponse assez simpliste aux problèmes que connaît l’Afrique. Ainsi, on prétend que l’Afrique est confrontée à la pauvreté et à la guerre parce que ces pays sont conduits par des mauvais gouvernements. En réalité, ces crises ont été favorisées par les longues années d’exploitation par l’occident.

    Nous sommes allés manifester pour proclamer notre alternative socialiste. Les autres alternatives ne sont pas capables de résoudre les problèmes contemporains. Le sommet du G8 montre clairement qu’il est grand temps pour un nouveau régime.

    En Ecosse, nous avons organisé un camp de jeunes, auquel beaucoup de nos membres et contacts ont participé. De cette façon, nous pouvions lier les actions que nous avons menées à la théorie marxiste.

    Manifs Massives

    Ils y avaient différentes manifestations. La première manif était à Edinbourgh. Elle comptait environ 250.000 personnes. Les organisateurs avaient appelé à une manifestation en blanc. Le but était clairement de maintenir le niveau politique le plus bas possible. Notre délégation d’environ 250 personnes était habillée entièrement en rouge et était la plus combative. Nous avons ensuite organisé un meeting auquel beaucoup de personnes ont assisté.

    Répression

    Il y avait encore quelques manifestations plus petites, comme une devant un centre d’accueil pour des demandeurs d’asile et une autre devant une centrale nucléaire, auxquelles nous avons aussi participé. La dernière manif était à Gleneagles. C’est là où la réunion du G8 avait lieu. La police n’était pas très favorable à cette manif et beaucoup de mesures avaient été prises. On a mis du temps pour former notre délégation. Après un temps d’attente assez court, nous avons commencé la manif, mais après une demi heure elle était stoppée. On nous a dit qu’il y avait des affrontements avec la police au début de la manif. Après, les médias s’étendaient sur ces violences, même si elles n’étaient que très minimes.

    Le rôle des anarchistes

    Nous voulons ajouter encore un petit commentaire sur les anarchistes présents en Ecosse. Ils étaient venus avec l’idée de bien se faire entendre. Il l’ont fait de façon bizarre, en se séparant du reste des manifestants. Ils ont formé par exemple un ‘bloc noir’. Ils ont été directement par écartés par la police.

    Ils ont ensuite été vers l’affrontement avec la police. Bien sûr, les médias trouvent cela fantastique parce que c’est plus sensationnel qu’une manif tranquille. Nous trouvons que c’est stupide qu’ils se concentrent uniquement sur cela, parce que cela a un impact négatif sue l’ensemble de la manif.

  • Attentats de Londres. La répression n’empêchera pas le terrorisme

    Bush et Blair ont envahi l’Irak en affirmant qu’ils voulaient détruire les armes de destruction massive de Saddam Hussein et préparer un « monde plus sûr ». Non seulement ces armes n’existaient pas mais les terribles attentats de ces dernières semaines en Turquie, en Egypte, à Londres et bien sûr quotidiennement en Irak, montrent, tout en nous horrifiant, que le monde est devenu bien moins sûr.

    Jean Peltier

    Nouvelles mesures répressives

    Pourtant, pour Blair, les attentats de Londres n’ont aucun rapport avec sa politique en Irak, mais bien avec l’« idéologie maléfique » de certains musulmans! Il essaie ainsi de désamorcer l’opposition à la guerre en Grande-Bretagne, mais l’émotion populaire et la peur face aux attentats sont autant d’opportunités pour faire passer une série de mesures restreignant les libertés civiles. « Soutenir ou glorifier le terrorisme » deviendrait un délit Mais qu’est-ce que le terrorisme?

    Cette années, les ouvriers d’AGC Splintex furent qualifiés comme tels lorsqu’ils empêchèrent leur direction, sourde à toute dis-cussion, de sortir de leurs locaux. Le statut de réfugié serait refusé à toute personne « ayant participé au terrorisme ou ayant quoi que ce soit à voir avec lui » (idem). Les durées de détention de suspects par la police seraient étendues. Des tribunaux spéciaux composés uniquement de juges spécialement sélectionnés seraient constitués pour juger les actes de terrorisme. Le gouvernement britannique prépare aussi une définition du « comportement inacceptable » qui inclurait quiconque exprime des « vues extrêmes qui sont en conflit avec la culture de tolérance du Royaume-Uni ».

    Aux Etats-Unis existe depuis le 11 septembre un ensemble de mesures de ce genre, le Patriot Act (loi patriotique), utilisé contre des supposés terroristes mais aussi contre des manifestants anti-guerre et des militants du Parti Vert (le parti-frère d’Ecolo !). Aux USA comme en Grande-Bretagne et peut-être demain ailleurs, ces mesures représentent une menace très sérieuse pour tous ceux qui s’opposent au soutien apporté par beaucoup de gouvernements à la politique de Bush d’occupation de l’Irak et d’agression contre les peuples du Moyen-Orient, même si, comme nous, ils sont totalement opposés au terrorisme et qu’ils condamnent sans hésitation les attentats, surtout visant des populations civiles.

    Alternative à l’intégrisme

    Le climat de peur et de paranoïa que le gouvernement et une grande partie de la presse entretiennent, explique que les injures et actes anti-arabes et anti-musulmans se multiplient en Angleterre. La multiplication des opérations policières dans les quartiers immigrés, ne peuvent qu’aiguiser la peur et la colère parmi les jeunes musulmans qui se sentent de plus en plus rejetés et risquent de devenir plus sensib-les aux arguments des intégristes.

    L’intégrisme musulman – et sa branche politique et terroriste en particulier – est une mauvaise réponse aux frustrations ressenties par une grande partie des populations musulmanes, dans le Tiers-Monde comme en Europe, une réponse ultra-conservatrice et rétrograde qui divise les opprimés en fonction de leur religion. Les mesures répressives que prennent des gouvernements occidentaux participant à l’oppression de ces populations sont hypocrites et dangereuses: elles ne permettront pas de lutter efficacement contre l’intégrisme et le terrorisme mais elles risquent fort d’être utilisées de manière beaucoup plus large contre les travailleurs en lutte et tous ceux qui contestent le système actuel.

    Seule une politique réellement socialiste s’adressant à tous les opprimés, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, pour lutter ensemble contre la misère, l’injustice, les discriminations et la domination impérialiste sur le monde, peut détacher les jeunes musulmans de l’intégrisme et du terrorisme. Et seul un mouvement uni des travailleurs autour d’une telle politique pourra mettre fin concrètement à toutes ces horreurs.

  • Etats-Unis. Ouragan Katrina: un désastre amplifié par le capitalisme

    Des centaines de milliers de personnes sont devenues sans abri. Des dizaines de milliers d’entre elles ont été envoyées au Texas en temps que réfugiées. Les immeubles se sont effondrés. Des quartiers entiers ont été réduits en gravats. La Nouvelle-Orléans, un des centres culturels et historiques des Etats-Unis, sera inhabitable pour plusieurs mois. Le nombre de morts causés par Katrina se comptera en centaines, si pas en milliers. Certains commentateurs avancent que c’était imprévisible, mais c’est un mensonge.

    Bryan Koulouris, New York, Etats-Unis

    Le Wall street Journal a même imprimé un journal intitulé, « l’évacuation était un modèle d’efficacité – pour ceux qui avaient une voiture. » Le sud profond aux Etats-Unis est aujourd’hui comparable au tiers monde en terme de pauvreté, et la Nouvelle-Orléans, en dépit de son côté touristique, n’est pas une exception.

    Pour les plus de 100.000 habitants pauvres de la Nouvelle-Orléans sans accès aux voitures, il y avait peu d’options. Vous pouviez cracher les quelques penny que vous aviez pour prendre un bus sortant de la ville, abandonnant vos biens, amis, et connaissances pour se retrouver dormant à la belle étoile dans une autre ville. Ou alors, vous pouviez aller au Superdome, où plus de 23.000 personnes avaient décidé d’attendre la fin de l’ouragan dans un stade conçu pour le football américain, pour être éventuellement transporté (après une évacuation dangereuse) vers le pas si proche Astrodome de Houston au Texas.

    Ou bien, comme des centaines de personnes l’avaient décidé (ou avaient été forcées à le faire), attendre cette évacuation sur leur toit ou dans leur grenier, assiégés par la destruction et les cadavres flottants ; en espérant seulement ne pas devenir l’un d’entre eux. La classe ouvrière et les pauvres avaient les maisons les moins stables, leurs maisons furent donc, de manière disproportionnée, les plus détruites.

    La Nouvelle-Orléans (et d’autres endroits à travers la Louisiane, le Mississipi, l’Alabama, etc.) n’ont pas d’eau potable et la distribution de nourriture a été négligée. Des travailleurs et des pauvres désespérés ont été poussés au « pillage » pour se nourrir. Se procurer nourriture, eau et marchandises de première nécessité est vital et les gens ne devraient pas être punis pour la tragédie qu’ils vivent. Les supermarchés peuvent se permettre d’abandonner de la nourriture ; les travailleurs faces à ce désastre, pas.

    Alors que cette crise frappe, plus de 6.000 gardes nationaux de Louisiane et du Mississipi sont en Irak pour soutenir l’occupation du pays (voulue par la classe dirigeante américaine) ne servant que les bénéfices d’Halliburton, Texaco, Bechtel et d’autres compagnies américaines. Théoriquement, la garde nationale n’est supposée s’occuper que des urgences intérieures (ils sont souvent utilisés pour briser des grèves) et s’il y a jamais eu un moment où ils étaient nécessaires dans une urgence intérieure, c’est bien celui-ci. Les priorités du gros business et de ses deux partis sont vraiment dévoilées ici.

    On estime actuellement que les seuls dégâts de la Nouvelle-Orléans coûteront des dizaines de milliards de dollars. Ca semble une somme incroyable, mais pensons-y : en seulement quelques mois, Bush et sa clique ont dépensé des centaines de milliards de dollar pour la guerre en Irak. Aujourd’hui, l’occupation coûte 5,6 milliards de dollars par mois.

    Visiblement pour les millionnaires et les milliardaires qui dirigent ce pays, la guerre et les profits passent avant le souci des gens ordinaires confrontés à la pire des situations. A cause, en partie, de la quantité astronomique d’argent consacré à la guerre pour le pétrole, des profits et du prestige, les gouvernements locaux et fédéraux ont fait des coupes de budget vaseuses qui ont causé, plus qu’autre chose, une diminution de l’argent destiné à s’occuper des désastres naturels.

    Prévention: les profits avant les gens

    Les dernières années ont vu une croissance significative du nombre d’ouragans et autres catastrophes naturelles dont certains résultent probablement des changements climatiques. Il aurait, bien sûr, été impossible de prévenir l’entièreté des dommages causés par Katrina, mais une grosse partie pouvait l’être. La Nouvelle-Orléans encerclée de trois côtés par l’eau (le Mississipi, le lac Pontchartrain et le golfe du Mexique) a atteint un niveau record d’inondations pendant l’ouragan.

    La ville a été construite en dessous du niveau de la mer et est protégée des inondations permanentes par un système de digues et de pompes. Les digues ont été conçues pour résister à des ouragans de niveau trois, mais Katrina était un ouragan de niveau quatre et il existe une multitude de technologies qui supportent même le niveau cinq.

    Le système de pompes qui extrait l’eau des endroits les plus bas fonctionne avec l’électricité pas avec des générateurs. Bien sûr, l’électricité n’a pas été coupée seulement à la Nouvelle-Orléans, mais bien sur toute la côte du golfe. Le système aurait pu fonctionner à l’aide de générateurs, mais cela aurait coûté de l’argent, de l’argent que les politiciens du « big business » n’était pas prêt à dépenser.

    Dans un article intéressant du New Orleans City Business daté du 7 février 2005, l’armée américaine constatait que des millions étaient nécessaires pour la protection de la Nouvelle-Orléans des ouragans et des inondations, mais « la plupart des projets ne seront pas financés dans le budget fiscal de 2006 du président.» De 2001 à 2005, les dépenses gouvernementales dans des projets de protection des inondations massives pour la Nouvelle-Orléans sont tombées de manière drastique de 147 millions de dollars à 82 millions.

    Le corps d’armée des ingénieurs est responsable de la maintenance des défenses contres les inondations et en juin de l’an dernier, son chef de projet (Al Naomi) vint avant que l’autorité de la digue d’East Jefferson ne réclame 2 millions $ pour « travaux urgents » que Washington ne payait pas. « Les digues s’affaiblissent » dit-il, « tout s’affaiblit, et si nous n’obtenons pas suffisamment vite l’argent pour les renforcer, alors nous ne pourrons plus protéger les constructions. »

    Toutes les études ont montré que les quartiers pauvres et ouvriers, comme le nécessiteux “Lower Ninth Ward” de la Nouvelle-Orléans, sont les plus durement frappés par les inondations à cause du manque d’investissements dans la prévention.

    Ils clament qu’il n’y avait pas d’argent pour la prévention, pourtant des millions ont été injectés dans United Airlines par le gouvernement fédéral. Des milliards sont dépensés dans la destruction, l’occupation et l’oppression en Irak. Et ils ne peuvent financer des projets pour minimiser les dommages de catastrophes inévitables ? Ridicule…

    Avec le contrôle du plan d’urgence par le « big business », la situation semble mauvaise pour les masses pauvres de la côte du golfe. Même si le niveau de l’eau se normalise, les cadavres, la nourriture avariée et les eaux putrides vont mener à des épidémies et la certitude de la maladie pour celui qui retournerait dans la région. L’électricité et l’eau potable ne seront pas prêt non plus pour une utilisation de masse.

    Pour le moment, Wall street ne s’inquiète pas de la situation dramatique vécue par des millions de gens à cause du désastre. Ils sont inquiets à propos de l’essentiel : les profits. Et plus spécifiquement du pétrole. La côte du golfe a beaucoup, si pas la plupart, de raffineries pétrolières des USA. Avec la montée en flèche du prix du gaz et une crise importante de l’énergie dans de nombreux endroits, les grands manitous de Wall Street s’inquiètent de « la confiance des investisseurs » et d’un « effet boule de neige » dans la chute des stocks.

    Ils devraient être inquiets. L’économie américaine et l’économie mondiale seront massivement affectées par ces évènements. La classe ouvrière a déjà été frappée très durement. Les travailleurs ne peuvent laisser le « big business » leur faire porter le fardeau des problèmes économiques ; et c’est ce qu’ils feront quand ils nous demanderont de « nous serrer la ceinture .» Bush et son gang sont inquiets. La colère monte envers lui sur plusieurs sujets, la guerre qui s’éternise en Irak, le revenu instable et sa coupe massive des taxes pour les riches. Souffrant déjà d’un taux d’approbation au plus bas, Bush craint que la catastrophe ne le mine d’avantage avec la compréhension des responsabilités de son gouvernement dans la coupe des budgets des défenses contre les inondations et de l’envoi de la garde nationale en Irak. L’ouragan Katrina pourrait être un moment charnière dans lequel la colère passive se transformerait en opposition active.

    Nous devons combattre le « big business » pour un désastre qu’il a aidé à amener et qu’il a empiré. Nous devrions exiger un contrôle par la communauté et les travailleurs des ressources d’aide. Nous devrions exiger des milliards en aide et en prévention des catastrophes naturelles. Le gouvernement fédéral doit fournir l’entretien complet et sans restrictions à ceux qui ont perdu leur emploi, il doit y avoir un programme de construction de bonnes habitations publiques d’urgence pour tous ceux qui sont maintenant sans toit, des prêts sans intérêts doivent être donnés aux petites affaires et aux fermiers pour leur permettre de reconstruire, un financement fédéral doit être donné aux états pour compenser leurs pertes de revenu en taxes. Nous devons organiser des manifestations de masse, des grèves, des actions concrètes pour renverser les coupes budgétaires, taxer les riches, et obtenir des fonds pour des programmes comme des soins de santé universels, un enseignement de qualité et des travaux publics qui offrent des emplois décents.

    Le système capitaliste a ses priorités : rendre les actionnaires heureux en augmentant leurs profits. Pour faire des profits, ils veulent garder nos salaires bas. Les grosses entreprises ne veulent pas être taxées pour payer nos programmes sociaux, donc ils payent des politiciens qui font passer des lois et des budgets dont bénéficient les super riches. Nous avons besoin d’un parti qui représente les travailleurs, un parti qui ferait de la pauvreté, de la guerre, du racisme et de la destruction environnementale de l’histoire ancienne. Nous avons besoin d’un parti des travailleurs avec un programme socialiste qui combattra le « big business » jusqu’au bout.

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