Your cart is currently empty!
Tag: États-Unis
-
Venezuela: Rapport du Festival Mondial de la Jeunesse
Un groupe de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (notre organisation internationale) venus du Chili, d’Autriche, d’Angleterre et du Pays de Galles a fait une intervention très réussie au Festival mondial de la Jeunesse qui s’est tenu à Caracas au Venezuela. Beaucoup de jeunes se présentent comme socialistes et ont envie de discuter si et comment la « révolution bolivarienne » peut conduire au socialisme et faire progresser substantiellement le niveau de vie des masses vénézuéliennes. L’article qui suit reprend des extraits du « Journal de bord vénézuélien » écrit par Sonja Grusch, qui est la porte-parole du Parti Socialiste de Gauche (SLP), notre organisation sœur en Autriche, et membre du Comité Exécutif International du CIO.
Sonja Grusch
De grands espoirs (4 août)
Des milliers de jeunes du monde entier vont se rassembler sur le thème de cette année “Pour la paix et la solidarité – Nous combattrons contre l’impérialisme et la guerre ».
Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle le Venezuela est pour le moment une destination intéressante. Depuis l’élection d’Hugo Chavez comme président en 1998, le pays se trouve de plus en plus sous les feux de la rampe. La ‘Révolution Bolivarienne’ ne laisse personne indifférent. A côté de fermes partisans, il a aussi des opposants déterminés. Le pays a connu ses premières nationalisations d’entreprises et de terres. Les opposants se trouvent pour l’essentiel dans la classe dominante et dans certains secteurs de la classe moyenne au Venezuela mais également aux Etats-Unis.
Le Venezuela est un des plus importants producteurs de pétrole pour les USA et un modèle populiste radical comme celui fourni par le gouvernement de Chavez, qui bénéficie d’une sympathie très étendue parmi les masses populaires de tout l’Amérique Latine, est un coin enfoncé dans l’impérialisme US.
Sur le chemin menant à l’aéroport, j’ai vu une suite sans fin de graffitis et de peintures murales. Les opposants prétendent qu’une invasion cubaine est à l’ordre du jour. Il y a aussi beaucoup de graffitis contre Fidel et contre le communisme. Mais la seule « invasion » cubaine qu’on peut voir, ce sont les 10.000 médecins qui permettent à des milliers de gens d’avoir accès aux soins de santé.
Mais la majorité des graffitis soutient Chavez et sa politique. Au cours des dernières années, des écoles et des universités ont ouvert, des programmes d’alphabétisation ont été mis en œuvre et d’énormes pas en avant ont été faits dans le secteur de la santé. Mais, malgré toutes ces améliorations, j’ai vu beaucoup de sans-abri dans le centre-ville de Caracas. Les bidonvilles et la misère sont encore largement répandus. Un élément qui illustre le niveau de la misère, ce sont les mesures de sécurité prises par les commerçants et les autres indépendants. Les fenêtres sont grillagées ou barricadées et, dans de nombreux magasins et hôtels, on ne peut entrer qu’une fois les portes déverrouillées et ouvertes de l’intérieur.
Les attentes sont très grandes dans le pays où 80 % de la population est encore officiellement considérée comme pauvre. Les prochains jours, je veux essayer de comprendre qu’elles sont les attentes et les espoirs des gens et ce qu’ils pensent des changements en cours.
Au cours des derniers mois, un débat sur le « socialisme » a démarré dans le pays. De plus en plus de gens se demandent s’il est possible de trouver dans le cadre du capitalisme une solution aux nombreux problèmes qui se posent aujourd’hui. Chavez a parlé d’un « socialisme du 21e siècle ». Mais ce que cela signifie pour lui n’est pas clair. Cette question – quel type de socialisme et, plus encore, comment y parvenir et comment le développer – sera la question centrale de ma visite.
Sous le signe des élections (5 août)
Dimanche il y aura des élections locales au Venezuela. C’est perceptible à chaque coin de rue, mais la manière de le voir dépend du quartier on se trouve. La différence est frappante entre les quartiers les plus pauvres et les plus riches de Caracas. Les quartiers pauvres de Valle et Coche sont presque entièrement pro-Chavez. A première vue, ces quartiers semblent assez pittoresques. Il y a beaucoup de petites maisons, parfois peintes, s’agrippant à flanc de montagnes. Mais quand on y regarde de plus près, cette impression change rapidement. La plupart de ces maisons ont été construites illégalement, sont très petites et presque construites les unes sur les autres. La plupart ne sont pas cimentées et sont partiellement construites en tôle ondulée.
La pauvreté est omniprésente. Un jeune homme attend à l’extérieur d’un immeuble grillagé à appartements que quelqu’un lui demande de ramener ses courses à la maison. C’est un moyen pour lui de se faire quelque bolivars (la monnaie du pays). Un vieil homme aveugle erre de café en café en faisant tinter une cannette . En regardant les bus et les autos, on se demande comment ils peuvent encore rouler. Les affiches de l’opposition ne durent pas très longtemps ici.
Dans les quartiers riches de la ville, il en va tout autrement. On se retrouve là comme dans une grande ville européenne : de grosses autos avec des gens bien vêtus. Et ici on trouve des affiches de l’opposition. Ce qui frappe, c’est que les candidats de l’opposition ont pour la plupart un teint beaucoup plus clair que la majorité de la population. Les différences sociales et de classes sont très visibles.
Même si le soutien à Chavez et sa politique est grand, on se demande si la participation aux élections sera élevée. Il y a des critiques sur la manière dont les candidats sont sélectionnés : ils sont souvent choisis par en haut, beaucoup sont des inconnus dans les circonscriptions où ils se présentent. En fin de compte, il ne sera pas possible de résoudre les problèmes sociaux par la voie des élections.
Les slogans qui appellent au socialisme se retrouvent partout. Mais le socialisme exige la démocratie et une participation active de la population. Les travailleurs, les paysans, les jeunes et les pauvres ne doivent pas être de simples observateurs, mais doivent prendre la direction du processus.
Au Venezuela, une grande partie de l’économie, et en particulier l’industrie pétrolière, est nationalisée. En plus, il y a eu d’autres nationalisations au cours des derniers mois. Une discussion sur la « cogestion » est en cours. En fonction des gens avec qui on discute, cela peut signifier une participation des travailleurs, une co-direction de l’entreprise ou une autogestion par les travailleurs. Ce débat et les résultats qui en sortiront seront décisifs pour la période à venir.
Les élections et le début du festival (7 août)
14,4 millions de Vénézuéliens peuvent aujourd’hui apporter leur voix pour élire le gouverneur d’Amazonas, deux bourgmestres mais surtout 5.596 représentants locaux.
Il est impossible de dire combien de partis participent aux élections. Le vote est électronique, ce qui sera probablement utilisé par l’opposition pour accuser Chavez de fraude électorale. Etrangement, cette même opposition ne considère pas que les votes électroniques aux USA soient anti-démocratiques alors qu’il y a eu néanmoins de nombreux « incidents » douteux. Devant les bureaux de votes il y a de longues files, mais il est difficile de préjuger quelle sera la participation.
Le réceptionniste de mon hôtel me raconte qu’initialement dans ce quartier il y avait presque 100% de voix pour Chavez. Mais un certain nombre d’électeurs sont déçus parce qu’il n’a pas tenu toutes ses promesses et que, de toute évidence, il y a des gens qui se remplissent les poches au passage. Il dit qu’en général la corruption est un problème.
Il est difficile de contrôler ce genre d’affirmations. Dans les médias qui sont dominés par l’opposition, on trouve beaucoup d’articles négatifs sur Chavez. Il est possible qu’un certain nombre de critiques soient réelles, mais beaucoup sont fausses ou racontées d’une manière complètement déformée.
Un membre du CIO qui a visité le pays lors du référendum en août 2004 et qui est maintenant du nouveau sur place, raconte comment la situation a évolué depuis lors. A l’époque il y avait des discussions partout, dans la rue, les cafés, les transports publics,… Maintenant, tout cela a presque complètement disparu. Mais, en même temps, le « socialisme » est devenu un thème largement utilisé et un point de référence.
Un processus révolutionnaire, comme celui qui se développe au Venezuela, porte en lui des éléments contradictoires et ne se développe pas en ligne droite. Mais il y a bien une donnée cruciale : le temps compte. Des possibilités et des opportunités s’ouvrent, mais elles peuvent de nouveau disparaître si elles ne sont pas utilisées à temps. La motivation pour les discussions était plus forte lors du référendum en 2004 quand la menace immédiate de l’opposition était plus palpable. Mais, à ce moment, l’essentiel du soutien à Chavez et à un nouveau Venezuela était orienté vers le terrain électoral.
Aujourd’hui marque aussi l’ouverture du Festival de la Jeunesse. Mais, aujourd’hui comme hier, il sera cependant difficile de faire la fête parce que la Ley Seca (la « Loi sèche ») interdit la distribution d’alcool la veille et le jour des élections.
Malgré cela, l’ambiance est bonne parce que le public, très majoritairement jeune, se réjouit de cet événement international et de passer du temps avec des gens qui pensent comme. Ils sont unis dans leur volonté de faire quelque chose contre la faim et l’exploitation, contre l’oppression et la violence et contre la guerre et le capitalisme.
Les discussions seront intenses et également polémiques. Mais elles seront cruciales pour le Venezuela à cette étape de la lutte. Elles seront l’occasion d’apprendre du passé pour éviter les mêmes erreurs à l’avenir. Les évènements sanglants du 11 septembre 1973 au Chili ont prouvé que les tentatives de trouver un terrai commun et une unité avec la classe capitaliste se termine en défaite pour les travailleurs. Il y a également des leçons importantes à tirer de la révolution cubaine.
Une opposition enragée et un long début du festival (9 août)
Des discussions sérieuses se développent à propos du résultat des élections. D’une part, l’opposition se plaint que les bureaux de votes soient restés ouverts plus longtemps que prévu. D’autre part, on discute aussi de l’ampleur de la participation. L’opposition présente des chiffres montrant une abstention entre 77 et 78% des électeurs. Selon la commission électorale, ce chiffre n’atteint que 69,1%. Il faut savoir que ce sont des chiffres normaux pour des élections locales : en 2000, l’abstention était de 76,2%. Une partie de l’opposition avait même appelé au boycott des élections, ce qui rend leurs divagations à propos de la faible participation assez ridicule.
Le parti de Chavez, le MVR (Mouvement pour une Cinquième République), a récolté 58% des sièges sur le plan national et l’ensemble des partis pro-Chavez en récoltent 80%. Cela semble être la véritable raison de la colère de l’opposition. Certains partis d’opposition ont un lourd passé de fraude électorale. Vu le manque de soutien de la population à leur égard, ils ne semblent pas avoir d’autre solution que de brandir des accusations de fraude.
Le Festival de la Jeunesse a commencé hier. Les délégations des différents pays se sont rassemblées sur une grande place. Il y avait des jeunes et des moins jeunes. La délégation du CIO, même si elle était petite, a défilé en tant que groupe international. Elle comptait des camarades qui venaient d’au moins cinq pays différents. Notre matériel politique mettait l’accent sur les questions « Qu’est-ce que le socialisme ? », « Comment peut-on construire un mouvement pour le socialisme au Venezuela ? »,… Ces questions ont une énorme importance pour les Vénézuéliens. Nous ne pouvons pas distribuer gratuitement notre matériel. Il coûte assez cher en fonction du niveau de vie au Venezuela – 500 bolivars, l’équivalent d’une grande baguette au festival. Malgré cela, les gens font régulièrement la queue pour en acheter.
Il y a un énorme intérêt pour les idées politiques. Les gens sont très ouverts et désireux de discuter, mais il y a également beaucoup de confusion sur ce que signifie le socialisme. Il y a un million de réponses à la question de ce qu’est le socialisme qui sont souvent contradictoires. Il n’y a certainement pas de réponse facile mais néanmoins la réponse sera d’une importance cruciale pour l’avenir du Venezuela.
Le pétrole, source de richesse et de misère (10 août)
Le Venezuela est un pays riche. Il est le cinquième plus grand producteur de pétrole à travers le monde. Mais l’énorme richesse de ce pays n’est pas redistribuée équitablement, c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis l’augmentation du prix du pétrole au milieu des années ‘70, les revenus de l’Etat ont quadruplé. Une partie de cette somme a servi à améliorer le niveau de vie des travailleurs et des pauvres. Mais cela n’a pas duré longtemps. Avec la baisse du prix du pétrole dans les années suivantes sont venues des mesures néo-libérales drastiques d’austérité qui ont eu des conséquences sociales dramatiques.
Les revenus réels ont chuté. Le pouvoir d’achat de ceux qui touchaient le salaire minimum a été amputé des deux-tiers entre 1978 et 1994. Des coupes sévères ont eu lieu dans les services sociaux à tel point que les dépenses pour la sécurité sociale ont été réduites de moitié. Les pertes d’emplois ont été énormes et les conditions de travail sont devenues de plus en plus précaires. Le taux de chômage a explosé et beaucoup de gens ont dû se tourner vers le secteur informel pour survivre. En 1999, on estimait que 53 % de la population travaillait dans le secteur informel. Le taux de pauvreté a lui aussi explosé : entre 1984 et 1995, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 36 à 66 %.
Les partis dominants sont entrés en crise, à cause de leur arrogance et de leur implication croissante dans des scandales de corruption, mais surtout de la polarisation de la situation sociale. Chavez a réussi à offrir une alternative en mettant en avant une politique économique et sociale plus juste. Il s’est adressé « aux gens» et s’est engagé dans une direction de plus en plus anti-capitaliste. Un grand nombre d’améliorations ont eu lieu à l’initiative des ministres ou des « Missions » et de nouveaux emplois ont été créés, particulièrement dans le secteur public.
Pendant le festival, il était parfois difficile de faire une distinction entre les ceux qui participaient aux activités et les salariés des services publics, comme les balayeurs et les nettoyeurs de rue. Tous portaient des T-shirts rouges avec des slogans pro-Chavez.
Le programme d’alphabétisation mis en place a permis à plus d’un million de gens d’apprendre à lire et à écrire. Pour la première fois, les universités ont été ouvertes aux enfants de travailleurs et 3.200 nouvelles écoles sont aussi été construites. Des millions de gens ont, pour la première fois de leur vie, eu accès à des soins de santé. A tout moment, les gens parlent avec enthousiasme de ces améliorations et de la différence qu’elles font dans leur vie. Casanova, un dirigeant du MVR, a déclaré que « le pétrole était maintenant géré pour le peuple ».
Il ne fait aucun doute qu’il y a eu d’énormes changements, même si la misère reste également énorme. La base de ces améliorations réside non seulement dans la volonté politique de changement, mais aussi dans le haut niveau des prix du pétrole. 50 % des dépenses publiques sont financées par les revenus pétroliers. Cela pose la question de savoir ce qui se passera si les prix du pétrole baissent.
Une partie de la population espère que le processus actuel continuera indéfiniment et qu’elle connaîtra une augmentation continuelle et constante de son niveau de vie. Un enseignant m’explique que ce sera un long processus qui pourrait durer peut-être de 20 à 30 ans. Mais les gens sont-ils prêts à attendre si longtemps ? Peuvent-ils se permettre d’attendre si longtemps ? Et l’opposition bourgeoise et l’impérialisme se contenteront-ils d’observer ce processus en restant silencieux pendant encore 20 ans ? A toutes ces questions, on doit répondre par la négative.
Le salaire minimum qui n’existe que dans le petit secteur formel est de 405.000 bolivars par mois. La compagnie d’électricité, Cadafe paie un salaire moyen de 600.000 bolivars par mois à ses travailleurs. Un repas bon marché coûte 6.000 bolivars, un petit yogourt 1.000. Un ticket de métro coûte entre 300 et 350 bolivars, une bière entre 1.000 et 1.500. Il n’y a pas d’allocations de chômage et les pensions sont une exception. C’est ce qui fait que la discussion sur le socialisme est si importante.
Mais, comme je l’ai dit, le terme de socialisme a ici beaucoup de significations. Cela vaut également pour ce qu’on appelle la « co-gestion ». Certains y voient ou veulent y voir le contrôle des travailleurs et même la gestion par les travailleurs. Mais ce n’est pas nécessairement ce que le gouvernement entend par là. Ses représentants disent que cela signifie la propriété par l’Etat et l’implication des travailleurs dans la gestion. On en parle aussi comme d’une distribution d’actions et d’un paiement de dividendes aux travailleurs et aux populations locales.
Une société socialiste signifie plus que de permettre aux travailleurs de se faire entendre et d’avoir mot à dire. Le socialisme signifie un véritable contrôle ouvrier et une gestion par les travailleurs de la production et des moyens de productions.
Pour préparer un Venezuela socialiste, un programme clair est indispensable. A notre stand au Teatro Teresa Carreno, toutes nos discussions sont centrées sur le socialisme. Nous ne discutons pas qu’avec les participants du festival, mais aussi avec les nettoyeurs, les balayeurs et les gardiens qui travaillent sur place. Tous veulent discuter et sont intéressés à chercher des réponses à leurs questions sur la manière de procéder. Ils souhaitent entendre notre point de vue. Ces discussions sont vraiment excitantes et il y a beaucoup de gens qui sont d’accord avec notre opinion que la question du socialisme est vitale.
Une fête pour Chavez (12 août)
Le festival dure depuis quelques jours et de plus en plus il se transforme en une fête massive pour fans de Chavez et de Che Guevara. Il y a des posters de tous les formats montrant Chavez posant face à Bolivar. Il y a des t-shirts avec Chavez, des porte-clés et des petites photos à glisser dans le portefeuille. On peut aussi acheter des discours de Chavez sur CD, des fichus et des bikinis… aux couleurs du drapeau vénézuélien.
Notre stand est unique en son genre parce qu’il est le seul à l’entrée du Teatro Teresa Carenno à proposer du matériel politique.
L’enthousiasme pour les changements dans le pays est compréhensible. Mais l’admiration et le soutien sans critique pour Chavez en tant que personne sont autre chose. Chavez est une figure-clé qui peut jouer un rôle décisif, mais il n’est pas seul et il n’est pas infaillible.
Chavez ne peut pas remplacer l’organisation de la classe ouvrière. En contraste avec l’attitude de beaucoup de Vénézueliens (et je ne parle pas de l’opposition), critiquer Chavez est vu presque comme un acte de blasphème par beaucoup de visiteurs internationaux.
Beaucoup veulent penser que Chavez est infaillible. S’il commet une erreur, ce sera mis sur le compte de mauvais conseillers. Malheureusement, cette attitude acritique n’aide pas à faire avancer le processus révolutionnaire. Celui-ci a besoin de discussions ouvertes qui permettent de prendre en compte différentes idées et propositions, de les confronter les unes aux autres, de développer des perspectives et, plus encore, de tirer les leçons du passé. La participation active des travailleurs, des jeunes et des pauvres dans la prise de décision est une condition élémentaire. Sans leur participation, il ne pourra y avoir de socialisme véritable et démocratique.
Au meeting du CIO sur le thème « Qu’est-ce que le socialisme et comment le réaliser ? », un jeune Vénézuélien a expliqué que le Festival ressemblait à un événement destiné à promouvoir le gouvernement. Beaucoup sont contents d’avoir la possibilité de discuter avec nous à notre stand.
Tous les discours sur l’apolitisme des jeunes ont été démentis une fois de plus. Des jeunes venus de partout dans le monde sont ici pour discuter de politique. Le Festival est aussi l’expression de la solidarité et du soutien à la révolution bolivarienne. Une fois de plus, cela montre clairement que le peuple n’est pas trop mauvais ou trop égoïste pour le socialisme, mais que c’est le capitalisme qui est mauvais pour le peuple.
Pour le socialisme, mais quel socialisme ? (15 août)
Aujourd’hui, c’est le dernier jour du festival. Les deux jours précédents s’est tenu le tribunal anti-impérialiste qui a mis en évidence les crimes de l’impérialisme – les guerres contre le Vietnam et l’Irak, la misère et la faim, la répression et les attaques contre les droits démocratiques.
Des milliers de gens dans la salle et des milliers d’autres dehors sont venus écouter le discours de clôture de Chavez. A côté de nombreuses références historiques à Bolivar, Sandino, Miranda et d’autres encore et de suggestions de livres à lire, Chavez a cité les fameuses paroles de Rosa Luxembourg : Socialisme ou Barbarie. L’enthousiasme avec lequel le socialisme est vu comme une alternative est un développement relativement récent. Après l’effondrement des Etats staliniens à fin des années ‘80, le socialisme était devenu très impopulaire.
La situation a commencé à changer à nouveau la naissance du mouvement anti-mondialisation et a trouvé son expression dans le slogan « Un autre monde est possible ». Cependant, la signification exacte du mot « autre » n’était pas très claire.
Depuis lors, beaucoup de choses ont changé. La classe des travailleurs est de retour dans l’arène de la lutte et nous avons assisté à de nombreuses grèves et grèves générales dans de nombreux pays et à de soulèvements et des mouvements insurrectionnels qui ont provoqué la chute de présidents et de gouvernements en Asie, en Afrique, en Amérique Latine et ailleurs.
La discussion sur ce que peut être « l’autre monde possible » a continué d’avancer. C’est le message que je veux ramener chez moi de ce Festival.
En 1997, lors du Festival de la Jeunesse à Cuba, la discussion sur le socialisme comme alternative au capitalisme était moins présente. En 2005, à Caracas, il y a presque un consensus sur le fait que le socialisme était l’alternative au capitalisme.
Chavez a reçu le plus d’applaudissements quand il a fait référence au socialisme. Friedrich Engels a dit en son temps que le socialisme ne marquerait que le commencement de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, nous nous n’en sommes qu’au début du commencement.
Mais qu’est ce que c’est exactement le socialisme ? Que veut dire Chavez quand il parle du socialisme du 21e siècle ? Qu’est-ce que les Vénézuéliens et les participants au festival entendent par là ? Il est clair que cela signifie une répartition plus juste des richesses et l’élimination de la misère. Mais, à ce stade, beaucoup n’ont pas une idée plus claire ou plus élaborée de ce que signifie le socialisme.
Chavez n’est pas plus clair quand il décrit le socialisme du 21e siècle. Il voit comme partenaires tant Fidel Castro (alors qu’à Cuba manque cruellement une démocratie pour les travailleurs) que Lula (dont le parti et le gouvernement sont impliqués actuellement dans un scandale majeur de corruption et qui est confronté à des actions de protestation contre l’application de mesures néo-libérales). Chavez a fait des références positives à Poutine (qui restreint les droits démocratiques et mène une guerre sanglante contre la Tchétchénie) et à l’établissement d’une Zone de Libre Commerce en Amérique Latine.
Chavez a glissé vers la gauche, mais n’a pas un programme clairement socialiste. Le socialisme ne va pas se réaliser de lui-même. Il faut une progression révolutionnaire consciente vers le socialisme et un renversement actif du capitalisme, sinon le danger existe d’un retour à une politique néo-libérale au Venezuela. Développer un tel programme et travailler au renversement du capitalisme et à la construction d’une véritable société socialiste démocratique est la tâche des socialistes révolutionnaires aujourd’hui.
-
Mouvement anti-guerre. Une majorité d’Américains veulent le retrait des troupes d’Irak
Mouvement anti-guerre
Semaine après semaine et sondage après sondage, deux grandes tendances se confirment aux Etats-Unis. La popularité de Bush plonge et est maintenant nettement en dessous des 50% tandis que l’hostilité à la poursuite de l’occupation militaire de l’Irak grandit.
Jean Peltier
Début juin, un sondage réalisé pour le quotidien USA Today indiquait que 59% des Américains souhaitent que les Etats-Unis procèdent à un retrait total ou partiel de leurs troupes d’Irak.
Les deux tendances sont évidemment étroitement liées. Malgré le pilonnage pro-guerre et pro-Bush des grands médias, les Américains se rendent compte que, loin de s’améliorer, la situation continue à se dégrader en Irak. David Rumsfeld, secrétaire à la Défense et va-t’en-guerre de première classe, a dû le reconnaître lui-même en déclarant que " L’Irak n’est statistiquement pas plus sûr aujourd’hui qu’après la chute de Saddam Hussein ".
Les statistiques qui tracassent Rumsfeld ne sont sans doute pas les 100.000 Irakiens qui, selon des estimations réalisées pour les Nations-Unies, ont trouvé la mort depuis l’invasion américaine. Ce sont plutôt les pertes matérielles et humaines qu’encaisse l’armée US – plus de 1.600 GI sont morts depuis que Bush a annoncé la fin de la guerre il y a deux ans – et l’effet que cela a sur le moral des troupes. Car celui-ci part en chute libre. Beaucoup de soldats sont partis en Irak persuadés qu’ils allaient libérer le pays et qu’ils seraient accueillis à bras ouverts par la population. Or, à la place de fleurs, ce sont des crachats, des pierres et une hostilité générale qu’ils reçoivent. Quand elles sortent de leurs bases ultra-protégées, les patrouilles risquent à tout moment de tomber dans des embuscades. En réaction, les soldats tirent à vue aux contrôles routiers ou lors des attaques nocturnes contre les quartiers sensés abriter des " terroristes ", ce qui renforce en retour la haine dans la population.
Désertions et résistance
Cette situation de tension extrême est de plus en plus mal vécue par les soldats US. Malgré le blocus total mis par l’Etat-major sur toutes les informations concernant le contingent américain en Irak, des informations commencent à percer. Les auto-mutilations se multiplient, les soldats blessés espérant être renvoyés chez eux. Plus étonnant encore, l’armée US elle-même a dû reconnaître plus de 6.000 désertions depuis le début de la guerre. Durant la même période, le nombre de demandes du statut d’objecteurs de conscience a triplé. Tout comme pendant la guerre du Vietnam, des organisations de soldats revenus d’Irak et de parents de soldats morts se développent et jouent un rôle important dans le mouvement contre la guerre.
Rien d’étonnant dans ces conditions que l’armée US rencontre aujourd’hui un autre gros problème, celui du recrutement. Le nombre de volontaires pour partir en Irak étant lui aussi en chute libre, l’armée est obligée de multiplier les opérations de recrutement dans les écoles. C’est pourquoi le mouvement anti-guerre aide à développer un mouvement d’étudiants et de lycéens contre le recrutement militaire, qui dénonce les mensonges et les fausses promesses des militaires et multiplie stands et réunions de contr’information dans les écoles.
Si, dans les années ’60 et ’70, les Etats-Unis ont perdu la guerre, ce n’est pas uniquement sur le terrain – dans les rizières, les forêts et les quartiers populaires du Vietnam – mais tout autant sur les campus universitaires américains. La guerre actuelle en Irak pourrait bien elle aussi être perdue autant dans les écoles et les villes US que dans les sables de Bagad.
-
Les masses dans la rue en Bolivie. La question du socialisme à l’ordre du jour
Les masses dans la rue en Bolivie
Dix-neuf mois d’agitation dans le pays le plus pauvre d’Amérique latine ont abouti, le vendredi 7 juin, à la démission du président honni Carlos Mesa. Mesa a ainsi subi le même sort que son prédécesseur, l’ultra libéral De Lozada, appelé aussi "le bourreau". De Lozada avait en effet donné l’ordre à l’armée, en octobre 2003, de tirer sur les manifestants.
Emiel Nachtegael
Mesa avait hérité d’un pays disloqué où 5,6 millions d’habitants sur 8 millions vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Les indigènes, la population indienne, sont considérés comme des citoyens de second zone. Trois millions d’habitants n’ont pas accès à l’eau potable. La population indienne est partie prenante de la mobilisation de masse (plus de 6.000 blocages de routes ou manifestations) des mineurs et des paysans.
Revendication offensive de nationalisation
La principale revendication était la nationalisation du gaz et du pétrole : un secteur qui, jusqu’à présent, est aux mains des multinationales espagnoles, françaises et britanniques. La Bolivie dispose de réserves importantes de gaz et de pétrole. Les réserves de gaz représentent à elles seules 100 milliards de dollars. Selon la multinationale espagnole Repsol-YPF qui a investit des millions en Bolivie, chaque dollar investi permet de faire un profit en rapporte dix. La deuxième revendication de la population indienne est l’élection d’une Assemblée constituante pour élaborer une nouvelle constitution plus démocratique qui donnera des droits à la population indigène. Felipe Quipe, porte-parole des Indiens Aymaras, qui ont paralysé les rues de la capitale La Paz et de la ville voisine d’El Alto (où un million d’Indiens vivent) a dirigé la fureur de la population contre Mesa en déclarant : " Mesa brade nos richesses. Il est du côté des multinationales et ne pense pas à son peuple. Il serait capable de vendre sa mère ! ".
En juin dernier, le mouvement contre Mesa s’est durci. Une grève générale a paralysé l’ensemble du pays. Pendant plusieurs semaines les travailleurs et les paysans ont bloqué les voies d’accès à la capitale et ont occupé les champs pétroliers et gaziers. A El Alto et à Cochabamba, une ville industrielle à l’Est de La Paz, des assemblées populaires de travailleurs et d’habitants des quartiers ont eu lieu. Des milliers de manifestants ont fait le siège de La Paz aux cris de: "Mesa dehors! Tout le pouvoir au peuple!" Entre-temps, le parlement bourgeois et l’armée ont estimé que Mesa n’était plus en mesure de diriger le pays. Il a lancé à son successeur, le 7 juin dernier, les avertissements suivants: "La Bolivie est au bord de la guerre civile", "de nouvelles élections sont la seule issue pour le pays".
Au bord de la guerre civile
Après la démission de Mesa, le président du Sénat, Vaca Diez, a assuré l’intérim. Mais choisir Diez, un riche propriétaire terrien blanc soutenu par l’ambassade des Etats-Unis, c’était pour la bourgeoisie allumer une nouvelle mèche au tonneau de poudre. Afin de s’assurer de sa désignation en tant que président, il a déplacé la réunion du parlement de la capitale vers la ville de Sucre. Le mouvement redoutait que Diez ne rétablisse l’ordre par les armes, ce qui semblait être confirmé par la nouvelle selon laquelle un mineur avait été abattu le jour même. C’est la première victime après le départ de Lozada. La révolution a souvent besoin du fouet de la contre-révolution. Des milliers d’enseignants, de mineurs, de paysans, ont cerné la ville de Sucre. Entre-temps le personnel de l’aéroport s’est mis en grève et les parlementaires ne pouvaient plus accéder à la ville ou la quitter sans l’accord des grévistes. Par crainte d’une insurrection locale et d’une rupture avec l’armée Diez a renoncé à prendre la tête du pays. C’est Eduardo Rodriguez, président de la cour suprême, qui a finalement été choisi.
Une voie sans issue?
Eduardo Rodriguez est une personnalité en apparence "neutre". La bourgeoisie espère que la désignation de Rodriguez ainsi que la promesse de tenir des élections anticipées, peut rétablir le calme et lui permettre de gagner du temps pour rassembler ses forces. Rodriguez a reçu le soutien des patrons, de l’ambassade américaine et de l’Eglise catholique. A première vue il semblerait que la tempête se soit apaisée. Les mineurs et les paysans se sont retirés des rues de la capitale, mais ils ont promis de revenir si le nouveau gouvernement ne donnait pas satisfaction à leurs revendications.
Rodriguez a déclaré de façon crue: "Je ne peux prendre aucune décision politique". Pendant les périodes où la domination de la bourgeoisie est menacée – et où une situation de double pouvoir entre les autorités et les masses auto-organisées persiste – la bourgeoisie essaie toujours de gagner du temps. L’intronisation de Rodriguez ne signifie pas la fin, mais plutôt une pause, de la "guerre du gaz" en Bolivie. La profondeur de la crise et la détermination des masses signifient que ce n’est qu’un répit et que le mouvement va reprendre.
Le prolétariat ou la bourgeoisie au pouvoir?
Malgré les mobilisations de masse exemplaires et la combativité de la classe ouvrière et des paysans indiens, il n’y a pas encore de mouvement conscient pour le renversement du capitalisme. Dans une telle situation, un parti révolutionnaire est une nécessité vitale pour traduire les aspirations des masses sur le plan politique; un parti capable d’orienter la lutte vers l’instauration d’un gouvernement ouvrier et paysan. Plus personne ne croit encore dans les partis traditionnels. Il y a un vide immense à gauche. Lors des élections municipales de décembre dernier, la principale organisation politique réformiste de gauche, le MAS (Mouvement vers le Socialisme), dirigé par Evo Morales, a recueilli le plus de suffrages : 18%.
Le MAS occupe maintenant un cinquième des sièges au congrès. Morales, connu comme dirigeant des paysans planteurs de coca, est dépassé sur sa gauche par les secteurs les mieux organisés de la classe ouvrière et des paysans pauvres qui veulent aller plus loin. Malheureusement le MAS – malgré son nom ! – n’a pas la moindre idée sur la façon d’aller au socialisme. Au début de l’an dernier, Morales déclarait encore que la revendication de nationalisation était irréaliste, alors que les masses sont descendues dans la rue avec cette revendication, et que lors d’un référendum, la population s’est prononcée pour la nationalisation.
Après le siège de Sucre, Morales a appelé à la fin de la grève et à la levée des barrages sur les routes afin de "donner du temps au nouveau président". Et ceci, au moment où les secteurs les plus combatifs du mouvement, notamment à El Alto, posaient un ultimatum au nouveau gouvernement pour satisfaire immédiatement leurs revendications. Si le MAS continue de faire des concessions à la bourgeoisie, il se produira immanquablement une rupture avec la base.
Un potentiel révolutionnaire actuel
Une période de statu quo entre les classes peut éventuellement exister, mais pas de manière durable. Un parti révolutionnaire doit concentrer l’énergie des masses et la canaliser comme un cylindre canalise la vapeur dans une locomotive à vapeur. Dans le passé de telles situations pré-révolutionnaires ont existé. Par exemple en Argentine en 2001. Elles peuvent toutefois être fatales. Fautes de perspectives, le découragement peut s’installer dans les couches intermédiaires de la société et gagner progressivement les secteurs les plus combatifs.
L’appareil d’état, en Bolivie, (l’armée, le parlement, les tribunaux, les médias, …) ne maîtrisent pas la situation. La bourgeoisie est affolée, mais pas impuissante. Le long entretien de Rodriguez avec le chef de l’armée, Luis Aranda, doit être pris au sérieux. Incontestablement une partie de la caste militaire voudrait rétablir l’ordre de façon plus brutale. La seule chance de neutraliser rapidement la contre-révolution est de préparer la prise du pouvoir par les masses. Cela doit être combiné avec un appel aux soldats et aux sous-officiers de former des comités de soldats, d’élire les officiers et de les placer sous le contrôle de ces comités. Les officiers d’extrême-droite doivent comparaître devant des tribunaux populaires et être démis de leurs fonctions.
Une assemblée nationale de représentants des organisations de lutte dans les quartiers, des ouvriers agricoles, des paysans, des mineurs doit être convoquée le plus vite possible. Elle devrait mener à la mise sur pied d’une assemblée constituante révolutionnaire appuyée sur des comités démocratiquement élus par les masses dans les entreprises, les quartiers, les écoles. Dans son livre Histoire de la Révolution russe, Léon Trotsky décrit de tels organes tels que les soviets de 1917, comme "des comités de grève à grande échelle".
Les fonctions de ces organes révolutionnaires s’accroissent au fur et à mesure (contrôle du ravitaillement, remise en route des entreprises, contrôle des moyens de communication) et devraient conduire à la prise du pouvoir dans toute la société par un gouvernement ouvrier et paysan. Les nationalisations ne peuvent élever significativement le niveau de vie des masses que si le gouvernement est entièrement composé de représentants élus par les travailleurs et les paysans pauvres. Les richesses doivent être mises, sous le contrôle d’une économie démocratiquement planifiée, au service des besoins des masses. En outre, un parti révolutionnaire doit lancer un appel à l’extension de la révolution dans toute l’Amérique latine. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut aller à la victoire. Les masses n’ont que leurs chaînes à perdre !
-
Les profits avant la musique? Boutez les multinationales hors de nos festivals!
Tu te demandes toi aussi pourquoi payer 100 euros pour voir U2 ? Ou pourquoi Rock Werchter est devenu si cher ? Il ne faut pas chercher bien loin : depuis que Clear Channel contrôle ici aussi les grands shows et festivals, les profits de cette entreprise priment tout le reste. Et nous en payons le prix fort.
Christophe De Brabanter
Peut-être as-tu déjà aperçu le nom de Clear Channel sur les panneaux de pub dans les abribus ou dans les gares. L’entreprise a acheté sa première chaîne de radio en 1972 aux Etats-Unis. Elle y contrôle aujourd’hui entre autres 1.200 chaînes de radio, 700.0000 panneaux de pub et 36 chaînes de télévision. La diversité des chansons jouées sur les chaînes radio de Clear Channel a diminué de 60% entre 1996 et 2002. La publicité s’y taille désormais la part du lion pour atteindre dans certains cas les 40 minutes par heure d’émission! Clear Channel est actif dans 65 pays et a empoché 1,9 milliard de dollars de recettes au premier trimestre de 2005 !
La Belgique n’échappe pas non plus à l’emprise de Clear Channel. Ils ont par exemple fait main basse sur On The Rox, Rock Werchter, Sound&Vision, Make it Happen, T/W Classics, I Love Techno,… Les amateurs de festivals l’auront certainement remarqué aux augmentations annuelles du prix des tickets. Ils ont partout augmenté d’au moins 20% ces dernières années. En 2002, un ticket à Forest-National coûtait environ de 30 à 35 euros. En 2004, il en coûtait déjà 45, et aujourd’hui on dépasse les 100 euros. Quant aux panneaux de pub, Clear Channel contrôle déjà 43% du marché belge.
Clear Channel déclare être politiquement neutre. Or, lors des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis, l’entreprise avait soutenu financièrement Bush ainsi que Kerry. De plus, un membre de la famille de Bush est à la direction de Clear Channel. Pendant la guerre en Irak, les "avantages" de la guerre étaient largement mis en avant sur les chaines de radio de Clear Channel. Certains artistes en étaient bannis (comme par exemple Rage Against the Machine ou les Dixie Chicks qui se tournaient contre la politique de Bush). Les (maigres) manifestations de soutien à la guerre avaient droit à un compte-rendu en long et en large sur les ondes de Clear Channel (103 millions d’auditeurs aux Etats-Unis).
Pendant les élections présidentielles, Clear Channel a donné 42.200 dollars à Bush et 335.000 à la campagne électorale des Républicains. Ces sommes proviennent de l’extorsion de notre argent de poche englouti dans les shows et les festivals… La multinationale Clear Channel ne s’intéresse qu’aux profits et fait de la propagande pour le compte de l’élite dirigeante. La liberté de la presse, la liberté artistique, le plaisir qu’on peut retirer de chouettes festivals à un prix abordable et avec de la bonne musique passent (c’est le cas de le dire !) par pertes et profits.
La mainmise croissante de la logique commerciale et de la soif de profits sur nos lieux de loisirs est une conséquence du système capitaliste. Face aux multinationales comme Clear Channel, le MAS défend la liberté culturelle et musicale. Pour cela, il faut que le profit cesse d’occuper la place centrale. Alors seulement la fréquentation des festivals redeviendra un plaisir abordable en même temps qu’une plus grande diversité artistique retrouvera ses droits.
-
“Plan Marshall”. Le crédo néo-libéral de Di Rupo
Dans son édition du week-end du 11 au 13 juin, le quotidien patronal L’Echo de la Bourse publie une interview du président du PS, Elio Di Rupo. Il appelle à un sursaut wallon sous la formule-choc d’un "Plan Marshall à l’échelle de la Wallonie". A l’en croire, nous serions même "à un moment charnière de l’histoire de la Wallonie".
Thierry Pierret
Le Plan Marshall était un plan de reconstruction à grande échelle des infrastructures de l’Europe détruites par la Seconde Guerre mondiale. Ce sont les Etats-Unis qui en avaient assuré le finance-ment en injectant des milliards de dollars d’argent public pour la reconstruction de l’Europe.
Di Rupo proposerait-il un plan massif d’investissements publics pour développer les services publics et construire des logements sociaux en grand nombre en Wallonie? Un tel plan créerait des milliers d’emplois tout en améliorant le bien-être de la population. Las! Il n’en est rien. Les recettes de Di Rupo ne s’écartent pas d’un iota du bréviaire néo-libéral. Loin de prôner des investissements publics, Di Rupo ne jure que par l’initiative privée. Lorsqu’on lui demande s’il n’a pas l’impression que la Wallonie stagne depuis 5 ans, Di Rupo répond notamment ceci: "(…) L’important aujourd’hui est le sursaut collectif. On a entendu récemment de nombreuses critiques sur la Wallonie, notamment de la part de professeurs d’université. Cette situation doit être considérée comme une opportunité, un électrochoc, pour en tirer les enseignements sans tabou".
Les professeurs d’université dont il parle sont ceux de l’IRES, un centre d’études de l’UCL, qui ont récemment fustigé le "manque de souplesse" du marché du travail, le coût excessif du travail, le manque d’esprit d’entreprise ou encore la part trop importante du secteur public en Wallonie.
Il faut se faire aimer… des patrons
Lorsqu’on lui demande quelles sont les mesures qu’il prône pour attirer les investisseurs étrangers, Di Rupo répond: "Il faut se faire aimer. C’est ce que je dis à tout le monde, singulièrement mes amis syndicaux. Nous avons des facteurs attractifs: la qualification des travailleurs, la qualité de vie, etc. Mais il faut donner confiance et assurer une sécurité juridique, fiscale et un climat social serein (…)."
Bref, il faut en finir avec les mouvements intempestifs, comme la dernière grève des TEC, qui font tache sur l’image de la Wallonie. Di Rupo en appelle à un grand élan de collaboration de classes pour éliminer toutes les entraves à la liberté d’exploiter. La Wallonie doit donc se faire aimer des investisseurs étrangers. Quant aux patrons wallons, ils doivent être plus dynamiques et les syndicats sont priés de ne pas leur mettre des bâtons dans les roues.
Pour Di Rupo, le salut passe par la création de nouvelles entreprises et la consolidation et l’agrandissement des entreprises existantes. Il feint d’ignorer que, sous le capitalisme, l’agrandissement des entreprises existantes va souvent de pair avec des licenciements et une pression accrue du travail pour le personnel qui reste. Face à ce crédo néo-libéral, les fameux accents "de gauche" du PS apparaissent mieux pour ce qu’ils sont: une posture politique visant à faire accepter la politique de régression sociale aux travailleurs et aux allocataires sociaux.
-
60 ans après la Seconde Guerre mondiale
On commémore ces temps-ci le 60ème anniversaire de la fin la Seconde Guerre mondiale. Les médias nous ont abreuvés d’articles et de témoignages historiques sur ce qui fut la plus grande boucherie à ce jour de l’histoire humaine (60 millions de morts). Un dossier de plus? Non, car les commémorations occultent trop souvent les tenants et aboutissants de cette guerre qui a changé pour près d’un demi-siècle les rapports de force au niveau mondial.
Thierry Pierret
La Première Guerre mondiale avait été une guerre de repartage du monde entre puissances impérialistes. Pendant des décennies, il y avait une course de vitesse entre les différentes puissances européennes pour s’emparer des différents pays d’Afrique et d’Asie. La Grande-Bretagne et la France étaient sorties gagnantes de cette course de vitesse, l’Allemagne devant se contenter des “miettes” du monde colonial.
C’est la volonté de l’Allemagne d’imposer un repartage du monde à son avantage qui a plongé le monde dans la “Grande Guerre” en 1914. Les principaux partis sociaux-démocrates s’étaient rangés derrière le drapeau de leur propre impérialisme. C’est la Révolution russe qui a mis fin à la Grande Guerre sur le front de l’est avec l’armistice de Brest-Litovsk. Quelques mois plus tard, la révolution en Allemagne mettait fin aux hostilités sur le front occidental. Malheureusement, la révolution en Allemagne n’a pas abouti à la prise du pouvoir par les travailleurs comme en Russie. Le Parti social-démocrate (SPD) y était autrement plus puissant que les mencheviques en Russie et le jeune Parti communiste allemand (KPD) a commis des erreurs tactiques. La défaite de la révolution en Allemagne, mais aussi en Italie, en Hongrie, en Slovaquie,… ouvre désormais la voie à une période de contre-révolution en Europe qui sera le prélude à une nouvelle conflagration mondiale.
La montée du fascisme
La petite-bourgeoisie était prise en tenaille entre le mouvement ouvrier d’une part, la grande industrie et les banques d’autre part. La faillite les guette et, avec elle, la nécessité de vendre leur force de travail pour vivre. Ils aspirent au retour à l’ordre, c’est-à-dire à la situation qui prévalait avant l’industrialisation, à savoir une société de petits producteurs. Les fascistes les séduisent avec leurs diatribes contre “le capital financier” et contre le communisme. La crise économique des années trente verra les secteurs décisifs de la bourgeoisie soutenir le fascisme pour rétablir ses profits en écrasant le mouvement ouvrier et en forçant l’ouverture des marchés extérieurs aux produits allemands.
Il est donc faux de prétendre que la mégalomanie de Hitler et de Mussolini serait la cause de la Seconde Guerre mondiale. En fait, le programme des partis fascistes correspondait aux nécessités du capitalisme en période de crise aigüe. La seule façon pour la bourgeoisie des pays vaincus (Allemagne) ou mal desservis par la victoire (Italie) de restaurer sa position, c’était d’imposer un nouveau partage du monde par la guerre. Or seuls les partis fascistes étaient déterminés à le faire là où les partis bourgeois classiques étaient soucieux de préserver les équilibres internationaux. Il y a donc un lien entre le fascisme et la guerre dans la mesure où ce sont deux conséquences parallèles de la crise du capitalisme en décomposition.
Capitulation du mouvement ouvrier
La victoire du fascisme n’était pas inéluctable. En Allemagne, les partis ouvriers et leurs milices – SPD et KPD – étaient plus puissants que le Parti nazi. Mais le SPD refusait l’affrontement sous prétexte de respecter la légalité là où les nazis n’en avaient cure. Plutôt que d’organiser les travailleurs, il préférait s’en remettre au Président Hindenburg comme “garant de la démocratie”.
Quant au KPD, il suivait la ligne de Moscou qui professait la théorie absurde selon laquelle la social-démocratie et le nazisme étaient des frères jumeaux (théorie du social-fascisme). Le KPD a même organisé des activités en commun avec les nazis! Cette attitude des dirigeants des deux grands partis ouvriers allemands a complètement désorienté les travailleurs allemands face aux nazis. En 1933, Hitler prenait le pouvoir sans coup férir avec la bénédiction de Hindenburg…
Le Pacte germano-soviétique
L’arrivée au pouvoir de Hitler – dont Staline était pourtant largement responsable – a semé la panique à Moscou. Pour assurer sa défense, l’URSS va désormais privilégier une stratégie d’entente avec la France et la Grande-Bretagne. Pour ce faire, il ne fallait rien faire qui puisse effrayer les bourgeoisies française et britannique. Par conséquent, les partis communistes occidentaux devaient adopter un profil bas et privilégier des alliances non seulement avec la social-démocratie, mais aussi avec la “bourgeoisie progressiste”.
Cette stratégie débouchera sur la formation de gouvernements de front populaire en France et en Espagne en 1936. Pour maintenir coûte que coûte ce front de collaboration de classe, le PC n’hésitera pas à casser la grève générale en France et à liquider la révolution en Espagne. Mais en 1938, Paris et Londres repoussent l’offre de Staline d’agir de concert pour contrer les visées de Hitler sur la Tchécoslovaquie.
Staline change alors son fusil d’épaule et signe le Pacte germano-soviétique en 1939. Il croit ainsi assurer ses arrières. Bien plus qu’un pacte de non-agression, le Pacte germano-soviétique comportait un protocole secret qui organisait le dépeçage de l’Europe de l’est entre l’Allemagne et l’URSS. Alors que les bolcheviques avaient rendu publics tous les traités secrets en 1917, Staline renouait avec les pires méthodes des puissances impérialistes.
Une nouvelle guerre de repartage
La Seconde Guerre mondiale fut, en Europe de l’Ouest, en Afrique et en Asie, une nouvelle guerre de repartage du monde. L’Allemagne, qui avait été privée de toutes ses colonies en 1918, voulait prendre sa revanche. L’Italie, mal desservie par sa victoire en 1918, avait annexé l’Albanie et envahi l’Ethiopie en 1935. Mais l’Ethiopie était le seul pays africain qui restait à coloniser. L’Italie ne pouvait plus étendre son empire colonial qu’en empiétant sur les colonies françaises et britanniques. Il ne faut pas chercher ailleurs les raisons de son entrée en guerre aux côtés de l’Allemagne en 1940. En Asie, le Japon, après avoir annexé la Corée et la Mandchourie, s’était lancé à la conquête de la Chine toute entière. Il lorgnait sur les colonies françaises, britanniques et hollandaises en Asie. Mais les Etats-Unis s’opposaient aux prétentions impériales de Tokyo en Asie et lui ont coupé son approvisionnement en pétrole.
D’où l’attaque sur Pearl-Harbour en décembre 1941 pour avoir les mains libres dans le Pacifique. Pearl-Harbour a fourni le prétexte rêvé au Président Roosevelt pour engager les Etats-Unis dans la guerre, puisque le Japon était un allié de l’Allemagne et de l’Italie. La guerre est désormais mondiale. Elle oppose les puissances impérialistes établies (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne) aux forces de l’Axe (Allemagne, Italie, Japon), c’est-à-dire l’axe des mal servis du partage colonial. Mais entre-temps, il y a eu l’offensive allemande contre l’URSS en juin 1941. Cette nouvelle donne va non seulement changer le cours de la guerre, mais aussi en changer partiellement la nature.
La victoire soviétique
Staline avait cru gagner un répit de 10 ans en signant le Pacte germano-soviétique. Il en avait également profité pour ramener la frontière occidentale de l’URSS à celle d’avant 1914 (annexion de l’est de la Pologne, des pays baltes, de la Bessarabie). En revanche, l’invasion de la Finlande se solda par un fiasco. Staline, dans sa lutte acharnée contre l’opposition de gauche, avait liquidé tous les officiers qui avaient été formés par Trotsky. Privée de ses meilleurs officiers, l’Armée rouge s’est révélée incapable de venir à bout de l’armée finlandaise. Hitler en a conclu que l’Armée rouge n’était qu’un tigre de papier et qu’elle s’effondrerait sous les coups de la Werhmacht. Or les nazis, dans leur entreprise de destruction systématique du mouvement ouvrier organisé, ne pouvaient pas tolérer l’existence de l’état ouvrier – tout bureaucratisé qu’il fût – soviétique. Le 22 juin 1941, la Werhmacht envahissait l’URSS à la stupéfaction de Staline qui croyait dur comme fer au Pacte. Les premières semaines de l’offensive ont semblé donner raison à Hitler.
L’Armée rouge, mal préparée, privée d’officiers compétents, s’effondrait sous les coups de butoir de la Wehrmacht, perdant des centaines de milliers de prisonniers et de tués en quelques jours. Mais Hitler avait sousestimé la capacité de résistance et d’auto-organisation de la population russe.
Surtout, Hitler avait sousestimé le potentiel d’une économie planifiée même bureaucratiquement. Jamais un pays relativement arriéré comme l’URSS n’aurait pu fournir un tel effort de guerre dans les conditions d’une économie de marché. L’Armée rouge a pu stopper l’offensive hitlérienne avant de partir à la contre-offensive.
L’URSS payera sa victoire de quelque 27 millions de morts. Les pertes sont d’autant plus lourdes que le régime nazi se déchaîne contre les “sous-hommes” (Juifs, Slaves, Tsiganes). Si l’antisémitisme du régime avait d’abord eu pour but de désigner un bouc-émissaire pratique aux souffrances de la population, il acquiert dès lors une dynamique propre qui conduira à la Solution finale.
Mais cette pulsion mortifère exprime surtout l’impuissance des nazis à retourner la situation en leur faveur. A partir de ce moment, la guerre change de nature. On assiste à une course de vitesse entre l’Armée rouge et les anglo-américains. Ceux-ci ne se décident à ouvrir un nouveau front (débarquement de juin 1944) que pour endiguer l’avance soviétique. Après la capitulation allemande, cette course se poursuivra en extrême-orient où les Etats-Unis n’hésiteront pas à utiliser l’arme atomique pour contraindre le Japon à capituler sans délai et éviter une partition du Japon comme en Allemagne et en Corée.
La révolution met fin à la guerre
Les dirigeants américains et britanniques envisagent même de faire une paix séparée avec l’Allemagne pour repousser l’Armée rouge. Mais les nazis s’obstinent à vouloir mener la guerre sur les deux fronts et le putsch contre Hitler échoue. Surtout, les travailleurs n’auraient pas toléré la prolongation de la guerre et sa transformation en guerre est-ouest. En Italie, en France, en Yougoslavie, en Grèce, les partisans communistes libèrent la majorité du territoire. Ils sont une force avec laquelle les alliés doivent compter. La prise du pouvoir par les communistes était possible dans plusieurs pays, y compris à l’ouest. Mais Staline le leur a interdit et a ordonné aux partisans de rendre leurs armes en échange d’assurances de la part des Alliés. On peut dire que le stalinisme a joué le même rôle contre-révolutionnaire en 1945 que la social-démocratie en 1918. Dans les pays occupés par l’Armée rouge, nombre de communistes actifs dans la résistance sont liquidés car jugés peu fiables. Alors que c’est la révolution (ou la menace de révolution) qui a empêché les Alliés de continuer la guerre contre l’URSS, Staline a cru pouvoir opter pour la coexistence pacifique avec l’impérialisme (accords de Yalta). Mais Staline ne recueillera pas davantage les fruits de sa “modération” que dans les années trente. En 1949, les puissances impérialistes créent l’OTAN pour endiguer l’URSS et le monde bascule dans la guerre froide. Pendant près d’un demi-siècle, la violence de l’impérialisme sera contenue par l’existence du bloc de l’est. Mais les tares du stalinisme ont fini par avoir raison des états ouvriers bureaucratisés. La chute de l’URSS ouvre la porte à une nouvelle ère de tensions interimpérialistes.
-
Ouzbékistan. L’armée massacre des centaines de manifestants
Ouzbékistan
La dictature de Karimov, soutenue par les USA, se déchaîne dans un bain de sang. A la mi-mai, au moins 700 personnes ont été brutalement massacrées par les troupes gouvernementales en Ouzbekistan. Il est difficile d’avoir des informations précises, l’Ouzbekistan étant l’un des Etats les plus dictatoriaux au monde, et ce même avant ce massacre. Les transmissions télévisées locales ou étrangères y sont dorénavant bloquées.
Rob Jones
Les troubles ont débuté quand un groupe de protestataires armés a décidé de prendre d’assaut la prison d’Andijan après avoir demandé sans succès la libération de centaines de prisonniers. Ceux-ci, libérés, allèrent manifester devant l’hôtel de ville. L’armée ouvrit alors le feu, tuant par centaine à Andijan, et répéta le massacre dans d’autres villes, au fur et à mesure que les manifestations s’étendaient.
Le président ouzbek, Karimov, a déclaré qu’il s’agissait d’un soulèvement organisé par des fondamentalistes islamistes. Cela fait des années qu’il utilise la peur d’une croissance des fondamentalistes dans la région, en particulier dans la région de la vallée de Ferganna, comme justification de la répression de toute forme d’opposition à ses lois dictatoriales. Ce n’est pas surprenant que dans unedes nations les plus pauvres au monde, la patience des masses se transforme en colère et aboutisse à des actions de grande ampleur. Les dernières que les rues ont vues se sont tragiquement terminées dans un bain de sang. Les travailleurs et les pauvres d’Ouzbekistan ont désespérément besoin d’organisations de masse capables de s’ opposer à Karimov et de lutter pour des droits démocratiques et un changement radical du système.
Les premiers rapports indiquaient que les manifestants demandaient à la Russie d’être un intermédiaire dans les négociations. Le ministre russe des affaires étrangères a rapidement exprimé son souhait de voir le conflit se régler par n’importe quel moyen, tout en qualifiant le régime Ouzbek de « doux ».
L’Angleterre et les USA quant à eux, portent une bonne part de responsabilité pour ce qui c’est passé. Karimov est allié des Etats-Unis, membre de la “coalition” partie mener la guerre en Irak et de la « guerre au terrorisme ». Londres et Washing-ton ont ainsi ignoré ses méthodes dictatoriales. Le gouvernement de Blair a même récemment révoqué Craig Murray, ambassadeur britannique à Tachkent, pour avoir émis des critiques trop franches à l’encontre de Karimov. Murray explique que les puissances occidentales acceptent ces méthodes répressives car Karimov a autorisé les USA d’ établir une base aérienne, et les ressources en énergie dans le pays intéressent également ces puissances. Les Etats-Unis demandent simplement aujourd’hui que les deux parties règlent leurs problèmes « pacifiquement ».
Il est vrai que les fondamentalistes islamistes construisent une base dans la région, et beaucoup de ceux trouvés dans l’Afghanistan voisin étaient Ouzbeks. Même avant la chute de l’Union Soviétique, la vallée de Ferganna, la région la plus densément peuplée de l’Asie centrale, était un refuge pour beaucoup de fondamentalistes. Mais c’est l’extrême pauvreté de la région résultant de la restauration du capitalisme, ainsi que les méthodes répressives, qui ont causé le désespoir qui mène autant de gens à soutenir les fondamentalistes.
D’autre part, plusieurs rapports font état d’un soutien secret aux fondamentalistes provenant d’une partie de la clique dirigeante du pays. Pensant que tôt ou tard, Karimov sera renversé par une version ouzbèke de la “révolution qui a eu lieu dans la Kirghizie voisine”, ils se préparent ainsi à être du côté des vainqueurs.
Pour l’instant, il est inévitable que jusqu’à ce qu’une force capable de mener la lutte pour la libération générale de cette région du capitalisme émerge, il y aura encore des heurts et une répression brutale.
-
G8 : ils sont huit, à décider contre la population mondiale
Organisons la résistance pour une société socialiste
Bush et Blair seront présents au sommet du G8 en Ecosse. Le G8 est le club des 8 pays capitalistes les plus riches et les plus puissants. Depuis sa fondation en 1975, cette institution défend les intérêts impérialistes de ses membres. Jusqu’à présent, elle n’a clairement pas réussi à apporter la moindre solution aux problèmes dans le monde. En juillet, le G8 se réunira à Gleneagles en Ecosse
Karim Brikci
La guerre en Irak
Les leaders du G8 soutiennent l’occupation de l’Irak. Des millions de personnes manifestent contre cette guerre et l’occupation impérialiste, mais les leaders des pays les plus riches ignorent les revendications de la rue. Ils préfèrent défendre les intérêts des multinationales. L’occupation militaire de l’Irak coûte aux Etats-Unis 300 millions de dollars par jour !
L’Afrique
La politique que les 8 pays les plus riches ont menée en Afrique est désastreuse pour la population africaine. L’impérialisme est responsable de la pauvreté extrême de la majorité de la population. Depuis des années, le capitalisme pille les richesses de l’Afrique. Nous croyons que la seule solution pour les masses africaines est la lutte. Une lutte pour le contrôle démocratique des matières premières et de l’économie.
Lutte et internationale
Des millions de jeunes et de travailleurs veulent aider à améliorer les conditions de vie dans le monde néo-colonial (les dons importants récoltés pour les victimes du Tsunami le montrent). Mais en réalité, les leaders hypocrites du G8 pillent les richesses des pays néo-coloniaux et les exploitent, en faisant ainsi pression sur les conditions de travail et de vie des travailleurs des pays du nord. Internationalement, une nouvelle vague d’austérité attaque les travailleurs et la jeunesse. Les services publics, l’enseignement et les pensions sont sévèrement menacés. Mais la résistance s’organise et s’amplifie! Non seulement nous montrons notre solidarité politique, et concrète, avec le monde néo-colonial; mais en plus et surtout nous luttons ici en Europe contre la politique de nos gouvernements et pour une société socialiste. A bas le FMI, à bas le G8: ils sont responsables de la misère et de la famine en Afrique et dans le reste du monde!
Chaque fois que le G8 se réunit, il est accueilli comme il se doit, par des manifestations anticapitalistes massives. C’était le cas à Gênes et à Evian. Et Gleneagles ne fera pas exception! Résistance Internationale a joué un rôle important dans des mobilisations contre la guerre et les institutions capitalistes. Nous organisons un camp de jeunes en Ecosse. Viens avec nous et participe aux discussions sur la crise du capitalisme et l’alternative socialiste.
-
Trop de familles heurtées par l’endettement
Economie capitaliste: vers une nouvelle crise?
En 2004, 51.100 nouvelles maisons ont été construites en Belgique, record inégalé depuis 1994. Depuis la crise économique de 2001 aux USA, les pays développés essaient de stimuler la croissance en rendant l’emprunt plus accessible : les taux d’intérêt sont aujourd’hui historiquement bas.
Peter Delsing
Construire une maison n’est sans doute pas à la portée de tous. Pour des familles ouvrières où un partenaire ne travaille pas, ou pour ceux qui habitent seuls, c’est irréalisable. Des chiffres de l’ONEm pour 2004 montrent que 17% de la population active est complètement ou partiellement touchée par le chômage. Avec 1,17 millions de personnes, c’est un record. Pour ces familles, construire une maison est pratiquement exclu.
Les familles dans lesquelles les deux partenaires travaillent, lorsqu’elles n’appartiennent pas à une catégorie aisée, craignent de ne plus pouvoir continuer à rembourser leurs emprunt si l’un des deux venait à perdre son emploi. Vu l’instabilité actuelle du capitalisme ce n’est pas une crainte irréelle.
L’emprunt bon marché ne durera pas
Le gouvernement a mentionné une plus grande consommation pour expliquer la croissance de 2,7% en 2004. Bien que supérieure aux pays voisins, cette croissance ne suffisait déjà pas à faire baisser le chômage, et elle sera encore moindre cette année. On peut s’imaginer les drames qui vont naître du nombre grandissant des pertes d’emplois…
La croissance de la consommation allait de paire avec l’amnistie fiscale pour l’argent noir placé à l’étranger. De toute manière, emprunter à bon marché ou acheter à crédit ne peut pas se poursuivre éternellement. Le nombre de mauvais payeurs pour des lignes de crédits est passé en Belgique de 99.530 jusqu’à 190.226 entre 1997 et 2003. Aux Etats-Unis, le taux d’intérêt a déjà commencé à croître, afin surtout de ne plus élargir la bulle des dettes et les prix des maisons. Or, 85% de tous les emprunts effectués l’an passé dans notre pays peuvent être adaptés chaque année sur base des changements de taux d’intérêt. Quand le taux d’intérêt augmente, beaucoup de familles subissent une gifle financière.
Economie mondiale instable
Nous connaissons actuellement la relance économique la plus faible depuis la seconde guerre mondiale. Beaucoup de pays ont eu une croissance insuffisante pour maintenir l’emploi. En général, l’exploitation aggravée des travailleurs a élargi le fossé entre riches et pauvres. Depuis la crise de 2001, les entreprises américaines ont augmenté la productivité moyenne par travailleur grâce à l’introduction de nouvelles technologies et de nouvelles techniques de management. Durant les 3 derniers mois de 2004, la croissance de la productivité a ralenti, ce qui démontre que ces avantages pour les patrons commencent à être épuisés.
Un autre élément est l’endettement. Après le 11 septembre, Bush a emprunté chaque année pour mener ses guerres en Irak et en Afghanistan. L’industrie de guerre a été bien servie, au détriment des projets sociaux dans lesquels Bush épargne pour limiter le déficit.
Le taux d’intérêt peu élevé a stimulé les dettes. Pour chaque dollar de nouvelle croissance entre le début de 2001 et la fin de 2003 aux USA, 3,14 dollars de nouvelles dettes ont été faites par les familles, les entreprises et le gouvernement. Pour la première fois dans l’histoire, les dettes aux Etats-Unis représentent plus du double de la production annuelle (PIB). Ceci a contribué au rôle des Etats-Unis comme "marché de la dernière chance". Cela a aussi provoqué un flux de dollars vers d’autres pays, avec pour effet que la demande de dollars a diminué et donc également sa valeur.
En Asie, les banques centrales ont massivement acheté des dollars ces dernières années, sous forme d’obligations d’états, afin de faire baisser leur monnaie avec le dollar et ainsi garder leur position d’exportation. S’il y avait une correction du dollar vers le bas, ils pouvaient se diriger vers d’autres monnaies. Une nouvelle forte baisse du dollar secouerait la stabilité internationale financière. L’exportation des pays de l’Europe, avec un euro encore plus cher, serait étouffée. Cela pousserait les pays de la zone euro dans une crise profonde.
Il y a aussi les prix du pétrole qui grimpent et qui, fin mars, s’approchaient des 60 dollars par baril. Le "contrôle" de l’Irak, sensé entraîner les prix du pétrole vers le bas, est un rêve qui pour Bush est devenu cauchemar. Le prix du pétrole plus élevé mine la rentabilité des entreprises et stimule une augmentation générale des prix.
Encore des pertes d’emplois
En Europe, la croissance ne suffit pas à créer des emplois. L’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie ont connu lors du dernier trimestre 2004 une contraction de l’économie, en comparaison avec le trimestre précédent. La moitié de la production dans la zone euro va donc dans la direction d’une récession. En Allemagne le chômage est au niveau le plus élevé depuis les années ’30 : 5,2 millions de sans emplois. La crainte d’une lutte de classe plus intense chez les politiciens bourgeois, entre autre en France et en Allemagne, les pousse à enfreindre les règles budgétaires de la zone euro (le Pacte de Stabilité).
On ne peut prédire le rythme d’une crise économique. Avec une croissance ralentie ou une récession, les pertes d’emplois vont continuer. Les capitalistes et leurs partisans ont fait leurs temps, il est désormais urgent que le mouvement ouvrier et les jeunes forment leurs instruments syndicaux et politiques pour défendre leurs intérêts dans la très instable période à venir.