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Tag: Enseignement
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Après plus de 1000 personnes à Charleroi le 7 février, les actions locales ont continué dans l’enseignement
Plusieurs arrêts de travail ont été organisés cette semaine notamment à Bruxelles et à Liège. De plus, à Bruxelles, certaines écoles ont décidé d’organiser des arrêts de travail ensemble et de se rassembler afin d’être plus nombreux. C’est donc à Schaerbeek, dans le centre-ville, à Saint-Josse, à Forest et à Saint-Gilles que des rassemblements ont été organisés.
150 personnes étaient présentes à Schaerbeek et 12 écoles ont été impliquées. Le rassemblement a permis aux enseignants de se rencontrer et de continuer la lutte ensemble.
La ministre de l’enseignement ment dans les médias, en faisant passer l’enseignement pour le seul métier où les travailleurs ne sont pas évalués. Les enseignants ont voulu montrer que cela n’est pas vrai et qu’ils ne sont pas d’accord avec cette réforme. En effet, ils sont constamment contrôlés et la direction a le droit de les observer quand elle veut et de faire des rapports défavorables si besoin il y a.
Tout cela permet également à la ministre d’éluder les autres revendications du mouvement qui dure depuis plus d’un an maintenant.Pour rappel, les enseignants doivent rendre : une planification annuelle par classe, des cahiers de la matière vue en classe, les évaluations et les devoirs des élèves, leur journal de classe et celui des élèves. De plus, il existe le Service Général de l’Inspection qui vient observer en classe et écrire un rapport d’observation.
La réforme de la ministre PS est une évaluation-sanction faite par la direction ou un collègue ; ce qui divisera l’équipe et installera une atmosphère délétère. Cette réforme donne plus de responsabilités et pouvoir aux directions, qui n’en demande généralement pas autant et qui sont déjà à bout.
Les enseignants demandent plus d’aide sur le terrain, moins d’administratifs, des formations de qualité, des bâtiments salubres et moins d’élèves par classe. Le gouvernement n’est pas près d’entendre leurs revendications, il veut économiser dans le budget de l’enseignement et mettre de la pression sur les derniers profs qui tiennent encore debout.
Les décideurs politiques sont coupables de la destruction d’un service public nécessaire à la société. Il est temps que l’enseignement devienne une priorité avec un budget à hauteur des besoins.
Les actions locales devraient continuer d’ici la manifestation communautaire de fin avril.
Le PSL se bat pour :
- L’abandon immédiat du dispositif d’évaluation des personnel qui vise à licencier plus facilement !
- Le retrait immédiat de toutes les réformes managériales qui mettent en concurrence les écoles entre elles et ajoutent des tâches de plus en plus importantes sur le dos des enseignants !
- Un enseignement de qualité dans un environnement sain : 15 élèves maximum par classe !
- L’engagement massif de personnel !
- Tout augmente, mais nos salaires ne suivent pas ! Alignement des barèmes les plus faibles sur les barèmes les plus élevés et fin des contrats précaires !
- Des infrastructures de qualité et salubres : pour la construction de nouvelles écoles et rénovations des écoles existante !
- Un refinancement public massif du secteur afin d’avoir un enseignement réellement gratuit et de qualité !
- Pour notre portefeuille et pour la transition énergétique : nationalisation du secteur de l’énergie sous contrôle et gestion démocratiques !
- Puisqu’une société malade basée sur le profit et non sur nos besoins ne peut qu’engendrer un enseignement défaillant, et inversement, il nous faut absolument changer de système : pour une société socialiste démocratique !








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Mons : nouvelle mobilisation du personnel de l’enseignement. En route vers le 5 mai !

Le personnel de l’enseignement était de nouveau mobilisé ce mardi 29 à Mons pour une grève sectorielle et une manifestation qui a rassemblé plus de 6000 personnes ! Après la manifestation de Bruxelles qui avait réuni 10.000 personnes, il s’agit du plus grand mouvement dans l’enseignement francophone depuis 1996 !Par Jérémiah (Liège)
La colère continue de gronder dans ce secteur qui n’est toujours pas reconnu par les autorités comme essentiel. Les motifs de la grogne sont nombreux: taille des classes qui ne permet pas un bon accompagnement, charge de travail administrative en constante augmentation, matériel et bâtiments vétustes, réforme managériale du métier, destruction de l’accompagnement à l’intégration, licenciement dans le technique et le professionnel,… La liste est longue ! Face à ces mobilisations la ministre Caroline Désir n’a que du mépris et fait mine de ne rien entendre ! La preuve ,le jour même de la précédente mobilisation du 10 février, elle proposait des cacahuètes, une augmentation de la prime de fin d’année de 100€ étalée sur 3 ans !
La mobilisation était légèrement plus faible que celle de Bruxelles mais elle reste très importante, il faut rappeler que des mobilisations du secteur de cette ampleur ne sont plus arrivées depuis 11 ans, et il ne s’agissait à l’époque que d’une manifestation unique ! Généralement, les délégations les plus importantes étaient celles des écoles où une assemblée générale avait pris place avant l’action. Cet outil de la classe des travailleurs est essentiel pour continuer à convaincre les collègues de se mobiliser, mais aussi pour les impliquer davantage dans la préparation et dans l’action. Après Mons viendra Liège le 5 mai prochain comme nouvelle date du plan d’action. Il faudra ensuite évaluer comment continuer à créer un réel rapport de force pour ne pas enn rester en si bon chemin.
Le budget récemment voté concernant l’augmentation du budget pour la Défense (13 milliards jusqu’à 2030) illustre que l’argent existe ! Imaginons si de tels budgets étaient débloqués pour l’enseignement! Nous pourrions avoir une école avec 15 élèves maximum par classe, ce cadre ouvrirait une infinité de possibilités au niveau pédagogique ! Il pourrait y avoir des bâtiments accueillants qui donnent envie de se rendre à l’école, des locaux dont les élèves et les profs seraient fiers. Une charge administrative réduite laisserait la place à la réalisation concrète des cours.
Le succès de ces deux dernières mobilisations montre qu’il y a un potentiel pour rendre cette école possible. Nous devons nous battre pour un plan massif de réinvestissement dans l’enseignement ! Rendez-vous le 5 mai à Liège !
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Plus de 800 manifestants à Gand contre l’austérité budgétaire à L’UGent

Plus de 800 membres du personnel, sympathisants et étudiants solidaires ont manifesté à Gand, ce mercredi 23 février, afin de dénoncer le plan d’économies à l’université. Après des années de coupes budgétaires imposées par le gouvernement flamand, l’administration de l’UGent s’attaque au personnel et donc, en fin de compte, aux étudiants. Les membres du personnel les plus durement touchés sont les héros mêmes qui ont permis à l’université de fonctionner pendant la crise sanitaire, par exemple dans les services de garderie.
- [INTERVIEW] La résistance contre le plan d’austérité s’organise à l’université de Gand
- UGent : Non aux coupes budgétaires ! Supérieur francophone solidaire
Ces attaques s’inscrivent dans le cadre d’une offensive politique plus large. Si ce projet passe à l’UGent, d’autres mesures suivront, là-bas et plus généralement dans l’enseignement flamand. L’augmentation des frais d’inscription pour les doctorants, par exemple, pourrait constituer un tremplin vers une augmentation générale des minervals des étudiants en communauté flamande. L’augmentation des tarifs pour le personnel dans les restaurants universitaires pourrait être un tremplin vers la suppression complète de ces restaurants en utilisant le prétexte de la baisse de la fréquentation consécutive à l’augmentation des prix. Des mesures similaires seront à l’ordre du jour dans d’autres universités et hautes écoles. La résistance du personnel et des étudiants est donc de première importance.
La manifestation de ce 23 février représentait une étape importante dans la construction de celle-ci. Cette mobilisation a exprimé le manque de soutien pour les projets du conseil d’administration. Avec plus de 800 participants, il s’agissait de la plus grande manifestation du personnel universitaire depuis longtemps. Le personnel de la garderie était au premier rang, mais d’autres services concernés, comme le restaurant ‘t Pand, étaient également présents.
Des militants syndicaux d’autres universités et hautes écoles étaient présents, mais également d’autres secteurs. Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et la Campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avaient réuni une belle délégation de jeunes après avoir mené campagne dans la communauté étudiante pour faire connaître l’existence de ce plan de coupes budgétaires et organiser la solidarité. Cet aspect est bien entendu essentiel : ensemble, nous sommes plus forts comme le dit le slogan de la FGTB.

A la fin de la manifestation, des représentants des trois syndicats et des organisations sympathisantes telles que la Campagne ROSA et Women’s Strike UGent ont pris la parole. Une attention particulière a été accordée aux membres du personnel les plus touchés, avec un beau discours d’une représentante du personnel de la garderie, rejointe par de nombreux collègues sur le podium. Tout d’abord, Tim Joosen (délégué principal CGSP/ACOD UGent) a pris la parole. Il a remercié les participants et a déclaré que la poursuite de leur engagement dans cette lutte est nécessaire. L’organisation de cette manifestation entendait forcer le recteur à recommence à négocier, y compris au sujet des alternatives proposées par les syndicats. Les actions vont se poursuivre et s’intensifier, les prochaines dates étant le 8 mars (Journée internationale de lutte pour les droits des femmes) et le 18 mars (Dies Natalis, date anniversaire de la fondation de l’université). Si l’administration s’en tient à ses projets antisociaux, les actions deviendront des journées de grève.
Cette lutte à l’UGent exige la solidarité la plus large possible. L’enjeu n’est pas des moindres : repousser la politique du gouvernement flamand du ministre de l’éducation Ben Weyts (N-VA) et du premier ministre Jan Jambon (N-VA). Seule la lutte permettra de vaincre cette offensive de droite.
Photos de Liesbeth
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L’UGent contre l’austérité : “Nous ne nous tairons pas et nous continuerons à lutter !”

Le plan de coupes budgétaires de l’université de Gand suscite la controverse. Dans notre précédente édition figurait une interview du délégué principal de la CGSP/ACOD, Tim Joosen, qui y développait le plan de résistance syndical. L’Université de Gand veut notamment externaliser certains services, réviser l’assurance hospitalisation, supprimer certains jours de congé et augmenter sensiblement les frais d’inscription des doctorants. Le 25 janvier, un rassemblement du personnel a eu lieu devant le rectorat tandis qu’une manifestation est prévue ce 23 février. Vous trouverez ci-dessous un compte rendu de l’action du 25 janvier.
Par Arne et Lize (Gand)
- [INTERVIEW] La résistance contre le plan d’austérité s’organise à l’université de Gand
- UGent : Non aux coupes budgétaires ! Supérieur francophone solidaire
Une pancarte résumait le mécontentement du personnel de cuisine : « Si vous touchez à la cuisine, aucun plat ne sera préparé. » La crise sanitaire a clairement démontré qui fait tourner le monde, mais l’administration de l’université et les dirigeants politiques du gouvernement flamand ne l’ont pas compris ainsi. Leur façon de penser n’est pas acceptable pour le personnel.
Deux assistantes maternelles ont témoigné de leur colère : « L’incertitude quant à l’emploi, le salaire et nos horaires de travail, en pleine pandémie, alors que le coût de la vie ne cesse d’augmenter ! » Deux travailleuses de la garderie expliquent leur rencontre avec le responsable de la logistique et le directeur des services aux étudiants. « À chaque question, nous avons obtenu la réponse suivante : nous ne pouvons pas encore répondre à cette question. Le directeur a affirmé qu’il était ouvert à la communication et que le personnel aurait son mot à dire à l’avenir, mais lorsqu’on lui a demandé de consulter le syndicat, il a refusé. C’est pourquoi nous nous rebellons maintenant, c’est pourquoi nous voulons nous faire entendre. Il s’agit de nos enfants, de nos parents. »
L’incertitude quant aux conséquences sur le personnel du plan de réduction des coûts est le principal sujet de discussion, et pas seulement parmi les travailleurs des garderies. La peur est forte, mais la détermination domine. Un membre du personnel du restaurant témoigne : « Où vais-je aller à partir de maintenant ? Je travaille ici depuis 34 ans. Je vis seul. Je dois encore payer mon loyer. Cela fait 29 ans que j’attends ici un CDD, ce qui est déjà scandaleux. Ils ont joué avec mes pieds pendant 29 ans. Je travaille ici depuis 34 ans, mais après cinq ans de contrat à durée indéterminée, ils me jettent dehors. Honteux, mais je n’ai pas peur de parler. Je ne vais pas les laisser faire après 34 ans. »
La vague de privatisation et de politiques éducatives antisociales se poursuit depuis bien plus longtemps. Par exemple, la même employée du restaurant nous a dit qu’au début de sa carrière, les maçons, les peintres et le personnel de nettoyage étaient encore employés par l’UGent. Entre-temps, ces services ont été privatisés et le dernier est désormais géré par la multinationale ISS, connue pour ses conditions de travail et de rémunération déplorables.
Au cours de l’action, les représentants des trois syndicats ont pris la parole. Le représentant de la CGSP/ACOD, Tim Joosen, a précisé que ces coupes budgétaires sont antisociales, mais surtout un choix délibéré d’attaques contre le statut du personnel et de privatisations. « D’autres réformes, comme la privatisation statutaire, qui permettrait également à l’Université d’économiser de l’argent, ne sont pas envisagées. Le choix est fait de s’attaquer au personnel et donc à la qualité de l’enseignement. Il s’agit d’un choix politique tout à fait conforme au cabinet du ministre flamand de l’éducation Ben Weyts. C’est pourquoi nous disons aujourd’hui : Non aux coupes budgétaires !”



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« Caroline, vos désirs font désordre » Echos de la grève de l’enseignement francophone

Photo : Maxime (Liège) Ce 10 février, l’enseignement francophone est sorti dans la rue pour une mobilisation d’une ampleur inédite depuis 11 ans. Pas moins de 10.000 personnes ont manifesté pour interpeller la ministre de l’éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles Caroline Désir (PS). Certaines espéraient que la marée rouge, verte et bleue constituerait un électrochoc politique, mais les responsables syndicaux ne laissaient aucun doute quant à la teneur des réponses des décideurs politiques : « blah blah blah ».
Cette mobilisation s’explique par les deux ans de pandémie qui ont durement éprouvé un personnel qui s’est souvent senti abandonné par le monde politique traditionnel. Mais la pandémie n’a fait qu’exacerber des problèmes bien plus profonds liés au manque de moyens et aux réformes managériales imposées à marche forcée qui mettent en concurrence les écoles entre elles et ajoutent des tâches de plus en plus importantes sur le dos des enseignants.
Interrogé par l’équipe de la RTBF, notre camarade Jérémiah explique : « Plus de 45% des jeunes profs arrêtent après 5 ans. Cela montre qu’il y a vraiment vis-à-vis des jeunes profs un mal-être qui peut être présent pour plusieurs raisons. La première raison que je vois, c’est la précarité du poste, le fait qu’il y a de nombreux jeunes profs qui sortent et qui doivent jongler avec plusieurs écoles. En plus de ça, j’ai été étonné que, dans le métier de prof, on nous demande souvent d’être des cocheurs de cases, de réaliser des tâches administratives qui paraissent complètement superflues et complètement éloignées des besoins de préparation concrètes qu’on a pour que nos séances se passent bien et pour faire évoluer les élèves. »
Une chose est sûre, la manifestation a fait du bien ! De retour de la manifestation, Elise s’enthousiasme : « Comme beaucoup de jeunes profs, c’était ma première manif pour l’enseignement ! Quelle bouffée d’oxygène de se retrouver dans cette énorme foule d’instits, profs, éducateurs… brandissant des pancartes demandant plus de moyens pour nos écoles, des classes de 15 élèves, des bâtiments salubres… bref, de bonnes conditions pour un enseignement de qualité. Clairement, les gens ici n’étaient pas là pour défendre leurs petits « privilèges », mais bien pour se battre pour l’avenir de nos écoliers. Mais on était bien conscients que ce n’était qu’un début… il faudra revenir, en mobilisant encore plus de collègues la prochaine fois ! »
Le tout aujourd’hui est de discuter de la suite à donner au mouvement. Comme l’explique David, un enseignant liégeois : « un des gros soucis des manifestations de profs, c’est qu’on est trop gentils. Il y a d’autres corporations qui sont bien plus intéressantes quand elles manifestent et qui arrivent à mieux se faire entendre. Nous, on nous rit gentiment au visage et on fait malgré tout les économies qu’on voulait faire et les réformes qu’on voulait faire. »
Le succès de la mobilisation de ce 10 février tient notamment à la tenue d’assemblées du personnel en amont. Cette dynamique d’assemblées du personnel doit se poursuivre pour continuer à mobiliser la base syndicale autour d’un véritable calendrier d’action discuté démocratiquement et non imposé d’en haut.
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Grève dans l’enseignement francophone et rassemblement combatif de plus de 10.000 personnes

Cela n’était plus arrivé depuis 2011 dans ce secteur. Ce jeudi 10 février, ce sont plus de 10.000 enseignants, éducateurs, ouvriers, personnel d’entretien des écoles qui se sont rassemblés à Bruxelles dans le cadre de la grève afin de crier leur mécontentement et leur volonté d’un enseignement de qualité pour les élèves, gratuit et dans de bonnes conditions !Depuis le début de la crise sanitaire, l’École est déclarée « secteur essentiel ». La ministre Caroline Désir a même qualifié le personnel de l’enseignement de « héros du quotidien ». Mais ses propos font pâle figure à côté de l’état du secteur, une autre crise empirée par la pandémie.
La gestion de la crise repose sur les épaules déjà surchargées de travail du personnel alors que l’on manque de tout. Cerise sur le gâteau : les travailleur.euse.s sont méprisé.e.s pour leur « absentéisme » par le monde politique traditionnel et par certaines Fédérations de Pouvoirs organisateurs (PO).
Cette première action est un excellent pas en avant. La colère dans le secteur est palpable, et pas qu’en Belgique d’ailleurs. Nous devons continuer sur cette lancée et avoir un véritable calendrier avec plusieurs actions déterminées à construire un sérieux rapport de force. C’est aussi nécessaire pour restaurer la confiance parmi les collègues dégoûtés par les actions qui ne visent qu’à laisser échapper un peu de pression. Mais nous avons aussi besoin d’un cahier de revendications clair qui ne laisse aucune équivoque concernant nos objectifs.
Nous exigeons :
- Des masques, du gel, des autotests : ce n’est ni aux parents ni au personnel de payer !
- LE RETRAIT IMMÉDIAT DE TOUTES LES RÉFORMES MANAGÉRIALES qui mettent en concurrence les écoles entre elles et ajoutent des tâches de plus en plus importantes sur le dos des enseignants !
- Un enseignement de qualité dans un environnement sain : 15 élèves maximum par classe
- L’engagement massif de personnel
- Des infrastructures de qualité et salubres !! Pour la construction de nouvelles écoles et rénovations des écoles existante !
- Un refinancement public massif du secteur afin d’avoir un enseignement réellement gratuit et de qualité.µ
- Puisqu’une société malade basée sur le profit et non sur nos besoins ne peut qu’engendrer un enseignement défaillant, et inversement, il nous faut absolument changer de système !




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[INTERVIEW] La résistance contre le plan d’austérité s’organise à l’université de Gand

Entretien avec Tim Joosen, délégué ACOD-CGSP UGent
L’Université de Gand est le plus grand employeur de Flandre orientale avec un personnel de 15.000 personnes. 50.000 étudiants y sont inscrits. L’enseignement supérieur flamand manque de moyens depuis un certain temps. Jusqu’à présent, ce problème n’a été l’objet que d’interventions mineures. Notamment sous la pression du gouvernement flamand de droite et du ministre de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA), l’UGent a décidé de partir à l’offensive contre le personnel. Tout le monde sera touché, mais surtout le personnel qui a continué à travailler pendant la pandémie dans les garderies, le service de courrier interne et la logistique, les restaurants… Nous avons discuté de ce plan de restriction budgétaire avec Tim Joosen, délégué ACOD-CGSP à l’UGent.
Quels sont les projets de l’UGent ?
« Depuis plusieurs mois, le conseil d’administration discute d’un plan de réforme stratégique de l’université qui prévoit une réorganisation des facultés. Il a immédiatement été lié à un plan d’austérité particulièrement dur. Il peut être utile d’examiner en profondeur l’organisation de l’université, mais le plan de réduction des coûts est inacceptable.
« Les mesures frappent tout le monde. Par exemple, il est proposé de supprimer des jours de congé et les conditions de l’assurance hospitalisation seraient plus sévères, surtout pour les travailleurs plus âgés. Les frais d’inscription des doctorants seraient en pratique doublés : aujourd’hui, ils ne paient que la première et la dernière année, dorénavant ce serait le cas chaque année. En outre, les tarifs en vigueur pour le personnel dans les restaurants universitaires augmenteraient de 50%. Qui mangera encore à ces prix-là ? Et évidemment, la baisse du nombre de visiteurs sera utilisée comme argument pour couper dans le budget des restaurants.
« L’attaque la plus forte menace directement une centaine d’emplois. Il est proposé d’externaliser trois services. Il s’agit d’un restaurant pour professeurs et visiteurs (De Pand), du service de courrier interne et de logistique, et enfin des deux crèches, qui seront gérées sur fonds propres. Aujourd’hui, une partie de la garde des enfants du personnel et des étudiants avec enfants est déjà confiée à l’entreprise Partena. L’UGent veut externaliser toute la garde d’enfants, avec bien sûr des conséquences néfastes pour le personnel et les utilisateurs, puisque la garde privée devra se contenter de moins de moyens.
« Les héros de la crise sanitaire, comme ceux des crèches, ne reçoivent pas aujourd’hui les applaudissements du conseil d’administration de l’UGent, mais un couteau dans le dos. »
Pourquoi ces propositions arrivent-elles maintenant ?
« On nous a expliqué que les problèmes financiers s’accumulent à l’université depuis des années. Mais les syndicats ne sont pas convaincus de la nécessité de ce plan. Il est vrai que le gouvernement flamand a opéré une série de coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur. Depuis le décret de financement de 2008, l’enseignement supérieur a perdu jusqu’à 35 % de son budget. Jusqu’à présent, les déficits étaient comblés par de petites économies ici et là ou par le report des rénovations. Aujourd’hui, la direction affirme que les économies doivent passer à la vitesse supérieure.
« Ce plan est également impulsé par le gouvernement flamand. Ce gouvernement de droite veut démontrer que des économies peuvent être réalisées dans l’enseignement supérieur et que les frais de personnel sont trop élevés. Après des années d’austérité « douce », le choix est limité : soit stopper les mesures d’austérité, soit aller encore plus loin. Le gouvernement flamand préconise la dernière option. Si cela se produit à l’UGent, le reste de l’enseignement supérieur suivra. Il s’agit d’un test concernant la faisabilité d’économies difficiles à réaliser. »
Quelles sont les réactions du personnel ?
« Les réactions sont très vives et intenses. Nous pensions bien qu’il y aurait de la colère, surtout que les attaques prévues sont générales. Mais la colère est particulièrement forte. Le personnel des crèches a spontanément discuté d’une grève avant même que le syndicat n’entre en dialogue avec lui. Les travailleurs nous ont contactés eux-mêmes avec une position claire : si l’UGent propose ce plan, alors ils arrêteront de travailler. Un premier jour de grève a donc eu lieu le jeudi 13 janvier.
« Le recteur a d’abord essayé de limiter sa communication. Après la réunion du conseil d’administration, un plan de réforme a bien été annoncé, mais sans précision concernant les économies en jeu. En tant que représentants du personnel qui siègent également au conseil d’administration, nous avons décidé de faire connaître ces attaques. Les réactions ont été très nombreuses et ont témoigné d’une grande combativité.
« Dans les premiers jours qui ont suivi, le personnel des crèches s’est donc mis en grève et la colère est devenue évidente dans la communauté de l’UGent. Une photo d’équipe des crèches avec une croix sur chaque collègue a été partagée en masse. C’est important : cela permet de mettre un visage sur les victimes de cette opération d’austérité. Entre-temps, avec les délégués FGTB, nous avons pris le temps de discuter avec le personnel le plus touché ainsi qu’avec les représentants des autres syndicats au sujet de la lutte à organiser. »
Quelles actions sont prévues ?
« Nous commencerons par une assemblée du personnel en plein air sur le parking du recteur le 25 janvier. Nous y réunirons le personnel le plus touché et nos sympathisants. Il ne s’agira pas encore d’une action de masse, entre autres parce que les examens sont encore en cours et que nous sommes encore sous le coup des restrictions liées à la pandémie. De nombreux collègues travaillent à domicile, la plupart des bureaux sont vides. Cela a pu jouer dans le timing choisi par le conseil d’administration pour lancer son offensive.
« Après les examens et la semaine sans cours, nous mobiliserons pour une manifestation le 23 février. Celle-ci traversera Gand et plusieurs bâtiments universitaires. Nous voulons y réunir le personnel, les étudiants et leurs sympathisants pour démontrer que la communauté de l’UGent ne soutient pas ce projet.
« Ensuite, il y aura une action le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. À l’UGent, il existe une tradition d’actions ce jour-là, notamment concernant le lien entre le combat féministe et le personnel soignant à l’université ou encore le statut du personnel. Juste avant que n’éclate la pandémie, une grève féministe avait eu lieu le 9 mars 2020 pour réclamer, entre autres, une augmentation du salaire minimum à 14 euros par heure. Cette revendication a par la suite été concrétisée. Nous agirons à nouveau le 8 mars de cette année. Le 18 mars, à l’occasion du « dies natalis » (l’anniversaire de la fondation de l’université), nous décernerons des doctorats honoris causa alternatifs aux héroïnes et héros de la crise sanitaire qui sont aujourd’hui attaqués.
« Ce ne sont là que de premières actions. Si nous n’obtenons pas de résultat avec ça, des journées de grève suivront. Nous pourrions avoir besoin d’un plan d’action étalé sur plusieurs mois. »
Pourquoi les étudiants et le personnel de tout le secteur de l’enseignement devraient-ils soutenir ce combat ?
« Comme nous l’avons souligné, il s’agit d’un test pour l’ensemble du secteur de l’enseignement supérieur. Si ce plan est instauré à l’UGent, d’autres universités et hautes écoles suivront. Les recteurs se consultent régulièrement pour faire des économies, et la proposition d’augmenter les frais d’inscription des doctorants vient probablement de ce coin-là. Peut-être envisagent-ils également la possibilité d’une augmentation générale des minervals pour les étudiants. C’est ainsi qu’on fait le sale boulot du gouvernement flamand.
« Contrer cette politique exige de construire un rapport de forces et d’aller arracher plus de moyens pour l’enseignement. Nous avons besoin de plus d’argent, pas de coupes budgétaires. Ce combat doit se mener contre toute la politique du gouvernement flamand, cela requiert l’unité du personnel et des étudiants de la totalité du secteur. »
Etudiants de Gauche ActifsN-VA : bas les pattes de notre enseignement !
Les Etudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten (EGA/ALS) s’opposent aux coupes budgétaires à l’UGent qui représentent une nouvelle attaque contre le caractère démocratique de l’enseignement supérieur. La réduction des services affectera inévitablement les étudiants, en particulier les plus vulnérables qui dépendent de repas bon marché dans les restaurants ou de services de garde d’enfants de qualité et à prix abordables. Les attaques contre le personnel universitaire se répercutent toujours sur les étudiants.
Ces attaques viennent de la politique d’austérité du gouvernement flamand de Jan Jambon et du ministre de l’Enseignement Ben Weyts, tous deux N-VA. Nous défendons l’idée de consacrer davantage de ressources à l’enseignement afin qu’il soit plus efficace et plus accessible. L’opposition au plan d’austérité à l’UGent est cruciale dans ce combat.
Étudiants : rejoignez le combat et mobilisez-vous avec nous pour la manifestation du 23 février !
Des départs collectifs seront également organisés à Bruxelles et en Wallonie. -
Nous ne voulons plus d’une société où les banques sont resplendissantes et les écoles insalubres !

L’enseignement entre en lutte
Ce début d’année 2022 est marqué par l’entrée en action du Front commun syndical Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles en faveur d’une « juste revalorisation de l’enseignement et de ses personnels ». Une action couverte par un préavis de grève est prévue devant le ministère de l’Enseignement à Bruxelles ce 10 février (11h, place Surlet de Chokier) préparée par des arrêts de travail d’information la semaine du 31 janvier.Depuis le début de la crise sanitaire, l’École est déclarée « secteur essentiel ». La ministre Caroline Désir a même qualifié le personnel de l’enseignement de « héros du quotidien ». Mais ses propos font pâle figure à côté de l’état du secteur, une autre crise empirée par la pandémie. La gestion de la crise repose sur les épaules déjà surchargées de travail du personnel alors que l’on manque de tout. Cerise sur le gâteau : les travailleur.euse.s sont méprisé.e.s pour leur « absentéisme » par le monde politique traditionnel et par certaines Fédérations de Pouvoirs organisateurs (PO).
Comme le résume la FGTB : « Il ne semble pas que ce soit tant le personnel qui importe dans les décisions prises mais plutôt la priorité de « garder les écoles ouvertes ». La crise aura mis en lumière ce que le secteur subit depuis longtemps! »
Cette première action est un bon pas en avant. La colère dans le secteur est palpable, et pas qu’en Belgique d’ailleurs. En France, une journée de grève a eu lieu le 13 janvier « pour obtenir les conditions d’une école sécurisée sous Omicron ». Le constat qui s’impose là-bas n’est pas différent : « le ministre clame maintenir les écoles ouvertes mais le choix politique du gouvernement est bien d’assurer l’accueil des élèves, pour permettre aux parents d’aller travailler, aux dépens de la santé des personnels, de celle des enfants, de leurs familles. » (Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire). La grève a su s’attirer une participation inédite depuis 20 ans et d’autres actions sont prévues.
En Fédération Wallonie-Bruxelles aussi, les actions syndicales menées depuis le début de la pandémie ont été très bien suivies, mais elles étaient hélas peu nombreuses et sans véritable perspective. Nous devons avoir un véritable calendrier avec plusieurs actions déterminées à construire un sérieux rapport de force. C’est aussi nécessaire pour restaurer la confiance parmi les collègues dégoûtés par les actions qui ne visent qu’à laisser échapper un peu de pression. Mais nous avons aussi besoin d’un cahier de revendications clair qui ne laisse aucune équivoque concernant nos objectifs.
– Masques, gels, autotests : ce n’est ni aux parents ni au personnel de payer !
– Un enseignement de qualité dans un environnement sain : 15 élèves maximum par classe.
– Pour l’engagement massif de personnel.
– Pour des infrastructures de qualité et salubres : construction de nouvelles écoles et rénovations des écoles existantes.
– Retrait immédiat de toutes les réformes managériales qui mettent en concurrence les écoles entre elles.
– Refinancement public massif du secteur pour un enseignement réellement gratuit et de qualité. -
L’enseignement boit la tasse faute de moyens

L’enseignement est déjà bien habitué aux différentes pénuries et aux bâtiments vétustes ou ne respectant pas les normes. Les inondations de la mi-juillet en Wallonie ont laissé des traces qui risquent d’être visibles encore longtemps. En plus de milliers de familles privées de logement, 134 implantations ont été touchées par ces inondations inédites, mais auxquelles il va probablement falloir s’habituer. Même si la plupart des écoles pourront rouvrir à la rentrée, certains élèves et professeurs vont avoir une rentrée bien amère voire pas de rentrée du tout.
Par Jérémiah (Liège)
Faire face aux dégâts des eaux
C’est le cas des écoles présentes à Angleur, un quartier proche de l’Ourthe, un des plus sinistrés de Liège. Certains élèves y feront leur rentrée dans des classes sans chauffage ou dans des locaux humides. D’autres encore dans des préfabriqués en attendant la fin des travaux. Les mêmes préfabriqués utilisés depuis des lustres dans de nombreuses écoles à cause du sous-financement chronique.
Une solidarité extraordinaire s’est manifestée après cette catastrophe, que ce soit pour dégager des classes, mais également en don de matériel informatique, des frigos pour la cuisine,… Mais cela n’est pas suffisant pour reconstruire des écoles exsangues après la catastrophe, c’est aux pouvoirs publics de s’en charger !Du côté des politiques, seuls 5 millions d’euros ont jusqu’ici été prêtés à 0% d’intérêt pour les frais directs liés aux destructions. Il va donc falloir à un moment rembourser cette somme ! Nous savons que les budgets des écoles sont déjà bien maigres. Il est scandaleux de présenter la facture aux sinistrés, y compris que ce soient des écoles. Le reste des frais repose sur les assurances des écoles, qui ne vont pas tout indemniser.
Une aide directe, publique et sans condition doit être octroyée aux écoles sinistrées, mais nous devons également mettre la pression pour un financement public massif de toutes les écoles, peu importe le réseau, et peu importe la région. Ceci dans le but de rénover toutes les écoles, de les isoler correctement et d’en construire de nouvelles pour pallier également directement à la pénurie des places pour les élèves de première secondaire (notamment).
La pandémie sévit toujours
Sur le front de la pandémie, les travailleurs et les directions vont une fois de plus devoir adapter leur rentrée. En Wallonie, celle-ci sera moins restrictive, car les élèves pourront enlever leur masque lorsqu’ils sont en classe ou en pause, ils restent en revanche obligatoires lors des déplacements. Cet assouplissement ne sera pas en vigueur à Bruxelles au vu du taux de vaccination chez les jeunes beaucoup moins élevé (20% contre 53% en Wallonie), le masque y sera obligatoire partout. Ces mesures à elles seules ne diminuent bien entendu pas les inquiétudes des collègues, elles posent même les jalons d’une potentielle 4e vague dans les écoles.
Le variant delta est devenu majoritaire et est 2 à 3 fois plus contagieux que la souche précédente. Selon l’épidémiologiste Antoine Flahault, de l’université de Genève : « Dans la mesure où les moins de 12 ans restent les seuls non éligibles à la vaccination et que les 12-17 ans sont encore peu vaccinés ou du moins, moins souvent vaccinés que leurs ainés, ils deviennent le principal réservoir et vecteur des transmissions actuelles. » Tant que nous laissons le vaccin entre les mains des multinationales, nous ne pouvons pas avancer plus rapidement dans la campagne qui se joue aussi à l’échelle mondiale.
En d’autres termes, ces mesures sparadrap sont potentiellement dangereuses pour le personnel qui n’est pas protégé à 100 % malgré le vaccin. Dans des classes de 25 à 30 élèves, la probabilité de clusters dans les classes est très importante. Même si les jeunes sont moins à risque de développer des formes graves que les aînés, ce n’est pas un risque que nous devrions prendre pour les élèves ET le personnel. Mais alors que faire ?
Le matériel de protection doit être distribué gratuitement aux élèves et au personnel des établissements par les pouvoirs organisateurs ou régulateurs. Ceux-ci doivent être de qualité et en quantité suffisante.
Des classes plus petites
Lors de l’enseignement hybride (distanciel et présentiel), certains collègues ont pu donner cours à des demi-classes (15 élèves voire moins), ce qui a grandement amélioré la qualité de leur enseignement. Ils ont pu consacrer plus de temps à chaque élève. De plus, moins d’élèves par classe permettrait de maintenir une distance physique pour se protéger davantage du variant delta.
Des actions syndicales ont été menées en fin d’année scolaire précédente contre le manque de mesures effectives et efficaces prises par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ces actions étaient peu nombreuses, mais ont été très bien suivies. Les travailleurs de l’enseignement et les élèves méritent mieux que les miettes habituelles données à ce secteur. Il est temps d’avoir un réel plan d’action pour obtenir un refinancement public conséquent, à hauteur des réels besoins du terrain comme l’engagement de personnel supplémentaire, la construction de nouvelles écoles, la rénovation des écoles. Il faut également maximum 15 élèves par classe, un enseignement gratuit, de qualité et démocratique, capable de prendre réellement en compte chaque enfant et adolescent.
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Jeunesse en Lutte. Pour un mouvement inclusif, pluraliste et démocratique !

Déjà avant la crise sanitaire, les étudiant.e.s étaient à bout. Mais aujourd’hui, c’est encore pire : 32% des étudiant.e.s galèrent plus cette année que l’année passée à payer leurs études. Un tiers a perdu son job étudiant, un quart a même du mal à s’alimenter convenablement. Et tout cela conduit à ce que 60% des étudiant.e.s se sentent complètement ou partiellement en décrochage scolaire et à ce que 10% envisagent d’arrêter leurs études. Beaucoup d’entre nous sont désespérés. 8% des jeunes ont même sérieusement pensé à se suicider durant la première vague. La détresse psychologique prend une ampleur monumentale mais on manque de moyens pour y faire face. La pandémie a dramatiquement souligné l’impact dévastateur du manque de moyens dans l’enseignement.
Déclaration des Étudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten // Tract en version PDF
C’est dans ce contexte que plusieurs initiatives et actions ont vu le jour dans l’enseignement supérieur francophone en ce début d’année 2021 à l’initiative de la FEF, de COMAC, de l’USE ou encore des Étudiants de Gauche Actifs (EGA). A l’ULB, en mars, cela a donné lieu aux premiers pas d’un mouvement qui a pris le nom de Jeunesse en lutte. Après de premiers rassemblements à l’ULB qui ont réuni plusieurs centaines de personnes, d’autres ont également été organisés à Liège et Louvain-la-Neuve le 15 mars. Hélas, ces débuts prometteurs sont gravement compromis par l’attitude adoptée hâtivement face au tout premier débat concernant l’orientation du mouvement.
EGA s’est de suite impliqué dans le mouvement, en le faisant connaitre et en mobilisant pour ses rendez-vous par tracts et sur les réseaux sociaux, en émettant des propositions constructives sur la manière d’élargir le mouvement, en défendant le principe d’assemblées larges ouvertes à chacune et chacun sur le modèle de celle du 1er mars à l’ULB (avec la participation de 150 étudiant.e.s), etc.
Pour EGA, la réouverture des universités et hautes écoles doit s’accompagner d’un investissement public massif d’urgence dans l’éducation pour permettre l’application des mesures sanitaires. Cette augmentation des moyens permettra notamment de diminuer la charge de travail sur le personnel, d’assurer un véritable accompagnement des élèves et des étudiant.e.s et de mener une campagne de dépistage systématique. Pour en finir avec le chaos du marché, la lenteur et la méfiance autour de la vaccination, nous défendons l’expropriation et la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur pharmaceutique. Nous avons également souligné l’importance de lier le mouvement à la grève générale du 29 mars, à la lutte des sans-papiers, à celle du collectif d’action militant La Santé en Lutte,…
Chacune de ses propositions pour construire le mouvement ou affiner ses revendications n’a jamais été présentée comme un ultimatum à prendre ou à laisser mais comme une contribution au débat.
Réprimer l’activité politique, une attitude antidémocratique et dangereuse face aux divergences
Lors de l’Assemblée générale du 18 mars, une polémique a émergé concernant la lutte contre le racisme. Nous reviendrons sur ce thème dans un prochain texte, sur base de l’expérience acquise par EGA/ALS des années ‘90 et ses campagnes Youth Against Racism in Europe et Blokbuster jusqu’à aujourd’hui avec la campagne Fight Racism With Solidarity lancé à l’occasion de la nouvelle vague du mouvement Black Lives Matter en 2020. Nous voulons prendre le temps de débattre en profondeur de la lutte cruciale contre l’oppression et les discriminations, du programme qui lui est nécessaire ainsi que de sa stratégie. Une question aussi importante ne peut être réglée à la va-vite. Nous espérons que cela pourra donner lieu à un échange de textes et, pourquoi pas, à un débat public, ou une série de débats publics.
Hélas, il n’a fallu que quelques jours pour qu’une Assemblée convoquée en moins d’une journée, avec la participation de 24 personnes à peine, décide (à 20 voix contre 4) que Jeunesse en Lutte excluait tous les cercles étudiant.e.s et les organisations de jeunesses de ses rangs, interdisait dans ses rassemblements les drapeaux ou les tracts d’organisations et interdisait même de « représenter le point de vue de son organisation/cercle/parti en Assemblée générale ». Comment pourrait-on prendre la parole en AG en mettant de côté ses convictions politiques ? C’est impossible sauf en se taisant. Et c’est bien de cela dont il est question.
Il s’agit d’une très grave atteinte à la liberté de s’organiser et à la liberté de la presse. Elle bafoue le courageux combat des étudiant.e.s et des travailleurs.euses de 1968 qui avait permis d’arracher le droit de s’organiser librement dans les universités. Ce genre de restrictions, la société capitaliste n’a pas encore osé l’imposer aux mouvements sociaux depuis que la classe ouvrière a arraché le droit de se réunir librement et de s’organiser comme elle l’entend ainsi que la liberté de la presse, malgré les tentatives visant à instrumentaliser la crise sanitaire pour limiter les droits démocratiques.
Le comble étant que cette approche autoritaire au sein de Jeunesse en Lutte provient d’un courant politique spécifique, l’anarchisme, qui cherche ainsi à imposer sa prétendue hostilité aux formes d’organisation qu’il estime concurrentes. «Prétendue», car ce courant est organisé au sein Jeunesse en Lutte, au même titre qu’EGA, à la différence que nous le faisons ouvertement et publiquement.
Imaginons un instant que le gouvernement impose un contrôle des pancartes, banderoles, drapeaux et tracts lors de manifestations syndicales. Ce serait considéré – à juste titre – comme une mesure anti-démocratique. Imaginons que les dirigeants syndicaux imposent un contrôle des banderoles, pancartes, drapeaux et tracts lors des actions syndicales. Ce serait considéré – à juste titre à nouveau – comme une mesure bureaucratique inacceptable.
Construire l’unité et la solidarité
Pour le mouvement ouvrier, le fait de s’organiser est une nécessité absolue. Il lui serait sans cela impossible de se battre contre les capitalistes qui disposent de tous les moyens. Les capitalistes préfèrent évidement affronter chaque travailleur.euses individuellement. Ce n’est pas sans raison qu’ils défendent que les organisations syndicales et politiques instrumentalisent les travailleurs.euses et limitent leurs possibilités pour ne servir que les fainéants. Le patron a horreur du « syndiqué » de la même manière que celui qui accentue le rôle de l’individu plutôt que celui de la classe a horreur de « l’organisé ».
La nature du travail salarié, surtout dans les grandes unités de production, pousse à la solidarité et à l’organisation. Il est apparu de plus en plus clairement dans l’histoire que se libérer en tant qu’individu ne peut être réalisé qu’au moyen de l’organisation collective. La collectivité étant diverse par essence – croyants et athées, d’origine belge ou migrante, jeunes et aînés, etc. – l’objectif de parvenir à l’unité impose le respect de la liberté d’expression de chacun et chacune, sans limitations et sans encadrement similaire à celui qu’ont par exemple subi les journalistes durant la guerre en Irak ou les syndicats à l’ère du stalinisme.
Aucun mouvement ne connaît d’homogénéité parfaite. Et bénéficier de l’expérience de toutes et tous représente évidemment une chance. Pour construire un rapport de forces favorable, l’unité du mouvement pour frapper plus fort tous ensemble est évidemment plus efficace que d’agir chacun et chacune dans son coin. Cette unité ne se construit pas qu’entre convaincus d’une même approche, mais dans la diversité d’opinions. La liberté de donner son avis (et donc la liberté de matériel politique et la liberté de la presse) en constitue un élément essentiel.
Les manœuvres politiques et la censure ne peuvent que constituer un frein au développement d’une lutte. C’est justement en défendant ouvertement ses idées qu’il est possible d’avancer. L’unité se construit dans la diversité, par la solidarité, pas en encadrant ou en limitant les droits des autres. Cette manière de considérer l’unité comme une camisole de force est semblable à la logique de parti unique des staliniens ou à l’interdiction de s’écarter de la ligne définie par la bureaucratie syndicale. La décision prise à l’AG du 22 mars représente un dangereux précédent pour les mouvements de la jeunesse autant qu’une attaque directe et honteuse contre des droits démocratiques essentiels pour la lutte. Jeunesse en Lutte doit revenir sur cette décision au risque de mettre en péril son propre développement dans la construction d’un rapport de force contre l’isolement, la précarité étudiante et pour un refinancement massif de l’enseignement.
Revenir sur cette décision doit également permettre de débattre sereinement et largement de l’avenir du mouvement. A ce titre, nous estimons crucial de travailler à son élargissement, par le biais de comités locaux qui peuvent s’impliquer dans la discussion sur le programme politique nécessaire et mobiliser avec vers de nouvelles Assemblées générales et rassemblements.
En ce qui concerne, nous allons bien entendu continuer à nous impliquer dans ce combat. Nous organisons notamment un rassemblement de solidarité avec la grève du front commun syndical à Liège ce 29 mars (13h, place du XX Août), nous serons également présents au rassemblement organisé par Jeunesse en lutte à l’ULB ce même jour (16h, Solbosch).
Nous vous invitons par ailleurs à notre meeting national “TO CHANGE THE SYSTEM, LET’S ORGANISE”.