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Tag: Elections présidentielles US 2016
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Bruxelles. Soirée de soutien à Bernie Sanders. #Movement4bernie
“Even the best president in the world cannot take on the billionaire class alone. We need a mass movement of millions.” – Bernie SandersMercredi 17 février – 19h – Pianofabriek – 35 Rue du Fort, 1060 Saint Gilles.
Bernie Sanders mène campagne pour une «révolution politique contre la classe des milliardaires», un salaire minimum de 15 $/h, la gratuité de l’enseignement secondaire et supérieur, taxer les riches, stopper le changement climatique et combattre le racisme et le sexisme.
Bernie Sanders et Hilary Clinton sont arrivés au coude à coude lors du caucus du Parti démocrate dans l’Iowa, à tel point qu’aucun candidat n’a emporté de majorité des voix. Pour un candidat qui se dit ouvertement socialiste, qui était à 40 points derrière Clinton il y a un an, c’est une véritable victoire. C’est un bouleversement politique, une première gifle au visage des dirigeants pro-capitaliste et cela donne un nouvel élan à la campagne de Sanders. On se dirige probablement vers une victoire dans le New Hampshire le 9 février. Les solides résultats pour Sanders vont pousser la direction du Parti démocrate à une hostilité de plus en plus manifeste vis-à-vis de Sanders.
Des millions d’Américains en ont assez de la politique de l’establishment. L’élan derrière Bernie Sanders donne une opportunité réelle de rassembler tous ceux qui veulent construire une véritable alternative pour les 99 %. La campagne de Sanders inspire les jeunes (84 % des moins de 30 ans ont voté pour Bernie) et la classe ouvrière à être actifs et à batailler pour élire un candidat qui défende leurs intérêts. Pourtant, il sera difficile à Sanders de remporter l’investiture contre les énormes ressources de l’establishment du Parti démocrate pro-Wall Street et des grands médias. Il faudra un mouvement véritablement indépendant de la machine du Parti démocrate pour vaincre. C’est pourquoi Khsama Sawant – conseillère communale socialiste à Seattle – et Socialist Alternative (le parti frère du PSL) ont lancé la campagne #movement4bernie.
La soirée-débat sera introduite par Bart Vandersteene – porte-parole du PSL-LSP . Il a activement collaboré ces deux dernières années à la campagne pour les 15 $/h maintenant! et à la réélection de Kshama Sawant au conseil de ville de Seattle, la deuxième socialiste la plus populaire aux États-Unis après Bernie.
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Bernie Sanders et le potentiel de la lutte pour le socialisme aux USA
L’image que l’on a communément des États-Unis est celle d’un ramassis de conservateurs et de populistes de droite. Durant des mois, les médias dominants n’ont eu de cesse de mettre en avant Donald Trump comme seule illustration du profond sentiment anti-establishement qui vit dans la société américaine. Mais le Parti républicain n’est pas le seul en crise. Il existe un son de cloche différent, qui provient d’une figure atypique qui se décrit ouvertement comme un socialiste (terme très radical aux Etats-Unis), qui appelle à une “révolution politique” contre les milliardaires et qui est capable de réunir des dizaines de milliers de personnes pour ces meetings. Ce candidat aux primaires du Parti démocrate est Bernie Sanders. Il vient de passer à un cheveux de la victoire dans l’Iowa et on entendra vraisemblablement beaucoup plus parler de lui dans les médias européens à partir de maintenant.Le phénomène Sanders illustre l’ouverture qui commence à se développer aux USA vis-à-vis des idées socialistes. De plus en plus de gens, surtout parmi la jeunesse, disent dans les sondages préférer le socialisme au capitalisme, sans toutefois qu’il n’y ait de grande clarté concernant ce que signifie le “socialisme”. Mais ce n’est pas seulement l’économie qui est truquée en faveur de la classe des milliardaires, le système politique l’est aussi. C’est pourquoi la “révolution politique” devra selon nous se poursuivre avec la construction d’un nouveau parti, un parti des 99 %, un parti indépendant de ceux de Wall Street, qu’ils s’appellent “démocrate” ou “républicain”.
Voici ci-dessous une sélection d’articles précédemment publiés sur socialisme.be à ce sujet.
- Les États-Unis sont-ils prêts pour une révolution politique ? La campagne en cours en vue des élections présidentielles de 2016 aux États-Unis a atteint sa vitesse de croisière. Ces élections vont dominer l’actualité politique tout au long de l’année prochaine. Il y a six mois, les médias affirmaient encore qu’Hillary Clinton était bien partie pour remporter le scrutin les doigts dans le nez. Mais la société états-unienne tremble sur ses bases. Tellement fort, que voilà qu’un candidat qui se dit socialiste et qui appelle à une ‘‘révolution politique’’ contre la classe des milliardaires surfe à présent sur une immense vague d’enthousiasme et donne des sueurs froides à l’establishment. Par Bart Vandersteene, envoyé spécial à Seattle (novembre 2015)
- Corbyn en Grande-Bretagne, Sanders aux USA : la percée de candidats de gauche bouscule l’élite néolibérale. A peine la poussière est-elle retombée en Grèce après le gigantesque ‘‘NON’’ à l’austérité exigée par la Troïka et le rapide retournement de veste de la direction de SYRIZA que de nouvelles migraines se présentent à l’establishment. En Grande-Bretagne, le candidat de gauche à la présidence du Parti Travailliste, Jeremy Corbyn, a créé la surprise en arrivant en tête des sondages. Ses meetings attirent des milliers de jeunes, de travailleurs et de gens ordinaires qui, jusqu’à tout récemment, ne se sentaient plus du tout concernés par le monde politique. La presse capitaliste et l’establishment sont aux abois. Par Peter Delsing (septembre 2015)
- USA: Bernie Sanders appelle à une révolution politique contre les milliardaires. En appelant avec audace à une «révolution politique» contre «les milliardaires et les oligarques» qui ont pris d’assaut le système politique, Bernie Sanders (sénateurs actuel pour l’Etat du Vermont, étiqueté indépendant, NDLR) a lancé une campagne présidentielle révoltée. Seul membre du Congrès qui se décrit comme étant un «socialiste», Sanders a expliqué à ABC News sa décision de se présenter comme suit : «Dans ce pays, nous avons besoin d’une révolution politique qui implique les millions de personnes qui sont prêtes à se soulever et à dire «trop, c’est trop», et je veux participer à cela.» (juin 2015)
- USA. Kshama Sawant répond à Bernie Sanders. Le 19 novembre dernier, Bernie Sanders a pris la parole à l’université de Georgetown au sujet du socialisme démocratique. Notre camarade Kshama Sawant, membre de Socialist Alternative et élue au conseil de Seattle, a répondu à son message. Voici le texte de cette réponse (novembre 2015)
- Les États-Unis sont-ils prêts pour une révolution politique ? La campagne en cours en vue des élections présidentielles de 2016 aux États-Unis a atteint sa vitesse de croisière. Ces élections vont dominer l’actualité politique tout au long de l’année prochaine. Il y a six mois, les médias affirmaient encore qu’Hillary Clinton était bien partie pour remporter le scrutin les doigts dans le nez. Mais la société états-unienne tremble sur ses bases. Tellement fort, que voilà qu’un candidat qui se dit socialiste et qui appelle à une ‘‘révolution politique’’ contre la classe des milliardaires surfe à présent sur une immense vague d’enthousiasme et donne des sueurs froides à l’establishment. Par Bart Vandersteene, envoyé spécial à Seattle (novembre 2015)
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Remontée du socialisme aux Etats-Unis
“La socialiste la plus connue aux Etats-Unis autre que Bernie Sanders a été réélue”. C’est par ces mots que débute un des nombreux articles publiés après la réélection de notre camarade Kshama Sawant à Seattle. Malgré le silence-radio des médias traditionnels, un tas de sites web d’actualité ont annoncé avec enthousiasme sa réélection au Conseil de ville de Seattle. La chaîne Aljazeera a même conseillé à ses auditeurs de suivre cette campagne, qualifiée comme l’une des 7 plus importante aux Etats-Unis cette année.
Par Bart Vandersteene, participant à la campagne électorale à Seattle
Dans la campagne présidentielle, une question revient régulièrement : un socialiste autoproclamé tel que Bernie Sanders pourrait-il être élu ? Ces dernières années à Seattle ont prouvées qu’un(e) socialist(e) peut non seulement être élu(e), mais aussi réélu(e). Sawant a obtenu 56% des voix à la fin d’une campagne fort contestée, contre une représentante de l’establishment qui n’a ni lésiné ni sur les efforts, ni sur les moyens pour battre Sawant. Mais les réalisations concrètes de Sawant durant son premier mandat couplées à une campagne énergique et combattive l’ont conduit à une victoire impressionnante qui a provoqué l’amertume du ‘‘big business’’ habitué à acheter les élections.
Une équipe de 600 volontaires a participé à cette campagne de réélection. Ils ont frappé à 90.000 portes, ont passé 178.000 coups de téléphone et ont été chercher 3.500 donations pour un total de 450.000 $ permettant de financer la campagne. Trente syndicats ont également soutenu la réélection de Sawant. La force d’une organisation de la base a ainsi pu l’emporter sur celle du ‘‘big business’’. Un auteur sur crosscut.com a écrit : ‘‘La capacité de Sawant à surpasser tout le monde en terme de nombre de dons et sa capacité à s’appuyer sur de nombreux petits dons montre que la vielle garde est en train de vaciller.’’
Ces deux dernières années, Kshama Sawant et son organisation, Socialist Alternative, ont réussi à implémenter une toute nouvelle culture politique à Seattle. Il s’agit de la première grande ville des Etats-Unis à avoir augmenté le salaire minimum jusqu’à 15$ de l’heure (le salaire minimum fédéral étant de 7,5$). Il a été possible de mettre à mal la décision d’augmenter le loyer des logements sociaux de 400%. Des millions de dollars ont été trouvés pour un refinancement des services publics. Un refuge pour femmes victimes de violence domestique a été refinancé. Etc. Un commentateur sur Mic.com a expliqué comment Sawant a pu obtenir de tels résultats sur une aussi courte période : ‘‘La force politique si convaincante de Sawant est due au faite qu’elle ne mène pas seulement des campagnes, elle construit des mouvements. Quand elle veut mettre de la pression sur le processus législatif, elle remplit l’Hôtel de ville d’activistes en colère. Lorsqu’elle veut être réélue, elle mobilise ces mouvements et construit une campagne autour de revendications pertinentes et actuelles, obligeant ainsi les autres candidats à la suivre dans une certaine mesure.’’
Seattle, modèle pour la reconstruction d’un mouvement socialiste américain
Cette campagne à Seattle a été menée dans un contexte de soutien croissant et de plus en plus important pour Bernie Sanders qui construit sa campagne présidentielle en avançant la nécessité d’une révolution politique et en défendant des idées socialistes. Pendant des décennies, le socialisme était une insulte aux Etats-Unis, mais cette page semble définitivement tournée : selon un récent sondage, 69% des jeunes de moins de 29 ans ont exprimé ne pas avoir de réserve quant à voter pour un candidat socialiste. Ce tournant s’explique par la crise profonde dans laquelle est longée la société américaine. Une étude a dévoilé que la moitié de la population américaine vivrait aujourd’hui au bord de la pauvreté. Dans le pays le plus riche de l’histoire de l’Humanité, alors que les richesses se concentrent de plus en plus entre les mains de quelques-uns, il n’est pas étonnant qu’une part de plus en plus large de la population recherche des alternatives et se pose des questions quant à ce que le socialisme peut bien pouvoir offrir.
Le succès de Bernie Sanders n’est donc pas surprenant. Le capitalisme ne permet pas, même aux Etats-Unis, d’offrir un avenir décent à la majorité de la population. Sa campagne contient toutefois une contradiction importante : défendre la classe ouvrière et l’avenir de la jeunesse n’est pas possible avec le Parti Démocrate comme instrument. Or, Bernie Sanders se présente aux primaires de ce parti contre Hillary Clinton. Le seul partenaire stable du Parti Démocrate, c’est la classe capitaliste, celle des milliardaires et de Wall Street, précisément celle contre laquelle Sanders résiste depuis des décennies. Pour réussir à instaurer les revendications qu’il défend, il faut un nouveau parti indépendant du ‘‘big business’’. A petite échelle, Socialist Alternative a montré à Seattle comment cela pouvait être fait. La société américaine est prête à réaliser cela au niveau national.
‘‘The battle of Seattle 2015’’
Les dernières élections à Seattle, en comptant l’ensemble des 9 conseillers qui devait être (ré)élus, ont été les plus chères de l’histoire de la ville. L’élite politique n’a pas seulement libéré d’énormes sommes pour faire élire Pamela Banks – la concurrente directe de Kshama Sawant – elle a également dû consentir à des efforts considérables pour faire (ré)élire ‘ses’ candidats aux autres positions. En effet, une série de candidats ‘‘anti-establishment’’ ont défié les candidats ‘‘pro-establishment’’, mais ils n’ont tout juste pas eu suffisamment de voix que pour commencer une petite révolution politique. L’ancien maire McGinn a déclaré dans une interview : ‘‘On voit des sommes énormes injectées dans cette campagne, y compris pour les autres sièges, parce que s’ils ne peuvent pas gagner contre Sawant, ils veulent au moins essayer construire un mur autour d’elle.’’
Sawant n’a qu’une voix dans un conseil qui en compte neuf. Mais, dans les 4 années à venir, elle va pouvoir construire sur les fondements des années passées. Les principaux sujets de sa campagne sont maintenant au premier plan du débat politique. L’énorme augmentation des loyers doit être arrêtée. Dans ce cadre, sa proposition d’un contrôle des loyers est une importante mesure d’urgence pour bloquer des augmentations de loyer qui peuvent parfois dépasser les 100%. Elle a développé un plan concret pour construire des logements abordables, en poussant la ville de Seattle à prendre ce développement en charge, au lieu de laisser ce marché entièrement entre aux mains du privé. Elle a développé une série de propositions concernant l’introduction de taxes progressives qui oblige les riches de la ville – et il y en a – à contribuer aux investissements nécessaires dans les transports publics et les autres services publics de la ville. Elle a aussi émis une proposition pour un wifi public dans la ville, afin de briser le monopole des opérateurs internet privés qui offrent un service cher et de qualité médiocre.
‘‘Je ne peux pas résoudre vos problèmes pour vous, vous devez vous organiser’’ : voilà la réponse que donne Kshama Sawant à tous ceux qui veulent défendre leurs droits. Si ces revendications se développent à Seattle durant les 4 années à venir, cette ville pourra devenir un laboratoire pour le socialisme du 21ième siècle.
Un périodique local critique de Sawant, le Seattle Met, a dû avouer que la conseillère socialiste a un impact positif. Dans une édition spéciale consacrée aux élections, ils ont ainsi résumé sa campagne: ‘‘Votez Sawant si vous voulez taxer les riches, votez Banks si vous souhaitez que la période la plus fascinante dans l’histoire politique de Seattle se termine prématurément.’’
Socialist Alternative construit en ce moment de nouvelles sections dans tout le pays, avec des centaines d’activistes inspirés par Seattle et qui veulent participer à un nouveau mouvement socialiste. Le PSL a pu un petit peu contribuer à cet important développement aux Etats-Unis, parce qu’un mouvement socialiste fort aux Etats-Unis signifie un pas en avant essentiel pour la lutte globale pour une société socialiste. -
Souper/soirée de soutien. USA: du Patriot Act à la révolte politique, témoignage d’un militant.
En présence de Bart Vandersteene, de retour des USA.
Ce vendredi 18 décembre, à partir de 18h,
à la Casa Nicaragua (Rue Pierreuse 23, 4000 Liège)
Le droit de vivre en sécurité, sans la menace constante d’une attaque terroriste, fait partie de nos droits sociaux fondamentaux, tout comme dormir sous un toit, avoir un travail décent correctement rémunéré, pouvoir élever ses enfants sans la crainte du lendemain et de la fin du mois, etc. La gauche dispose dans ce cadre de son propre programme à court, moyen et long terme. Mais pour le moment, c’est la droite qui domine le débat à ce sujet.
Bart De Wever, président de la N-VA et premier-ministre de l’ombre, a déclaré vouloir un «Patriot Act à la belge» pour répondre à la menace terroriste. Le gouvernement belge a déjà réagi par des mesures inédites. Bruxelles a été à l’arrêt des jours entiers, l’armée est apparue en rue et des manifestations ont été interdites. Mais au regard du bilan de ce gouvernement pour le tissu social en matière d’emplois, d’allocations, de logements ou de services publics, comment pourrions-nous leur confier notre sécurité ?
Aux Etats-Unis, le Patriot Act a été l’instrument d’un profond renforcement de la surveillance, des intrusions dans la vie privée, du fichage des individus et de la répression. Mais la chape de plomb sécuritaire qui a été installée après les attentats du 11 septembre n’a pas su empêcher la résistance sociale de faire son retour au-devant de la scène politique.
10 ans après les attentats, en septembre 2011, le mouvement Occupy Wall Street a déferlé sur le pays à la suite des mouvements révolutionnaires en Tunisie et en Egypte et du mouvement des Indignés en Espagne. Par la suite s’est développé le mouvement pour le droit de se syndiquer et pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, le mouvement Black Lives Matter contre les violences et les meurtres policiers racistes,…
Cette contestation sociale s’est accompagnée d’une recherche politique, notamment illustrée par l’élection puis la réélection de Kshama Sawant (Socialist Alternative) à Seattle, première élue ouvertement socialiste depuis un siècle dans une grande ville du pays. Aujourd’hui, Bernie Sanders talonne Hillary Clinton dans les sondages pour être le candidat Démocrate aux élections présidentielles de 2016, en appelant ouvertement à la «révolte politique contre la classe des milliardaires»…
Quels enseignement et leçons tirer de ces expériences pour renforcer les luttes sociales en Europe et en Belgique ? Comment une petite organisation comme Socialist Alternative a-t-elle traversé les années Bush tout en se préparant à saisir avec brio les opportunités dès qu’elles ont pointé le bout de leur nez ? Comment aborder la question cruciale de la sécurité sans tomber dans le sécuritaire, à partir d’une approche de gauche ? Quel type de campagne mener aujourd’hui en Belgique contre la guerre, le racisme, l’islamophobie, le terrorisme et l’austérité ?
Résistance Internationale, la campagne antiraciste et anticapitaliste des Etudiants de Gauche Actifs (EGA), vous invite à participer à cet événement qui comprendra un débat, un souper et une soirée.
Ces dernières années, Bart Vandersteene s’est rendu à plusieurs reprises aux Etats-Unis durant des périodes de plusieurs mois afin d’y soutenir le travail politique de Socialist Alternative. Il a pu y assister à la résurgence de la lutte de masse. Son témoignage sera d’une aide précieuse pour faire face aux défis qui se présentent actuellement à la gauche.
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– 18h : Ouverture des portes et verre de bienvenue (vin chaud de cerise).
– 19h : Témoignage de Bart Vandersteene et débat.
– 20h : Premiers repas, la discussion peut encore se poursuivre pour ceux qui le souhaitent.
– 21h30 : Soirée avec DJ Bon Goût et autres.———————————-
REPAS : 8 euros (6 euros pour les petits revenus)
– Soupe de pois cassés,
– Curry de poulet / Curry végétarien
– Gateau au chocolat / GlaceRéservations souhaitées via liege@socialisme.be ou au 0497/23.33.16 (Simon)
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Les bénéfices de cette soirée serviront au financement des campagnes antiracistes, antisexistes,… de Résistance Internationale et des Etudiants de Gauche Actifs (EGA).
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Les États-Unis sont-ils prêts pour une révolution politique ?
La campagne en cours en vue des élections présidentielles de 2016 aux États-Unis a atteint sa vitesse de croisière. Ces élections vont dominer l’actualité politique tout au long de l’année prochaine. Il y a six mois, les médias affirmaient encore qu’Hillary Clinton était bien partie pour remporter le scrutin les doigts dans le nez. Mais la société états-unienne tremble sur ses bases. Tellement fort, que voilà qu’un candidat qui se dit socialiste et qui appelle à une ‘‘révolution politique’’ contre la classe des milliardaires surfe à présent sur une immense vague d’enthousiasme et donne des sueurs froides à l’establishment.Par Bart Vandersteene, envoyé spécial à Seattle
De plus en plus de gens critiquent le capitalisme
Le premier débat télévisé entre candidats démocrates a eu lieu le 13 octobre. Ce débat a été suivi par 15 millions d’Américains, un record. C’est là que Bernie Sanders a pour la première fois divulgué son affiliation socialiste devant une audience de masse. Il n’a pas refusé le combat. À la question de savoir s’il était partisan du capitalisme, il a répondu : ‘‘Est-ce que je me considère comme faisant partie du processus capitaliste qui fait qu’une petite minorité possède tellement tandis que la grande majorité n’a pratiquement rien, dans lequel l’avidité et l’arrogance de Wall Street tiennent notre économie en otage ? Non, moi, je crois en une société où tout le monde vit bien, et pas seulement une petite poignée de milliardaires.’’
Pendant et après le débat, on a vu une forte hausse du nombre de recherches du mot ‘‘socialisme’’ sur internet. Pour la première fois depuis des décennies, la campagne de Bernie Sanders a suscité un débat où est centrale la question du socialisme. C’est la conséquence de la profonde crise de la société américaine, où le concept de ‘‘l’American Dream’’ est de plus en plus remis en cause par une grande partie de la population, surtout les jeunes.
Les limites de Bernie Sanders
Le choix de Bernie Sanders de participer aux primaires du Parti démocrate indique cependant une contradiction fondamentale dans sa campagne. Comment vouloir mener campagne contre les super-riches, au sein d’un parti qui est financé et contrôlé par ces mêmes super-riches ? Sa campagne commence à menacer ceux qui sont aux commandes du parti, la riposte se prépare avec des ingrédients bien connus : mensonges, distorsions, manœuvres politiques, calomnies,… Les médias privés, aux mains des mêmes milliardaires, vont jouer un rôle très important dans cette campagne de dénigrement. La question n’est pas de savoir ‘‘si’’, mais ‘‘quand’’ les gants de velours seront ôtés pour faire place aux gants de boxe.
Le groupe Alternative Socialiste, section-sœur du PSL aux États-Unis, a appelé Bernie Sanders à mener une campagne indépendante au cas où il perdrait les primaires démocrates. Il s’y est toutefois déclaré opposé et a dit qu’il soutiendrait Clinton le cas échéant. Cela signifierait de laisser tomber toute la dynamique de sa campagne pour se livrer à l’establishment Démocrate regroupé autour de Clinton. C’est un des grands problèmes de Sanders, en plus de toute une série de positions faibles concernant la politique extérieure et les illusions qu’il crée dans le modèle scandinave qu’il présente comme un exemple de ‘‘socialisme’’ réussi.
Rejet croissant de l’establishment
Malgré ses limitations, la campagne de Bernie Sanders représente un souffle nouveau pour des millions de travailleurs américains et pour les nombreux jeunes qui se posent la question de savoir dans quel type de société ils vont vivre. Il s’agit également d’une réaction contre le contrôle de l’ensemble du processus politique par les super-riches. Beaucoup de gens en ont marre de voir que la politique nationale est plus que jamais contrôlée par les 0,01 % des plus riches Américains. En 2010, la Haute Cour de justice des États-Unis a décidé qu’il ne devrait y avoir aucune limitation aux sommes d’argent que les entreprises et millionnaires peuvent donner pour financer une campagne électorale. Depuis lors, toutes les orientations politiques des différents partis sont plus que jamais contrôlées et dominées par cette avalanche de dollars.
Le New York Times écrivait le 11 octobre que 158 familles à peine contribuent à la moitié du financement de toutes les campagnes politiques pour cette élection. Ces familles ont fait don de 176 millions de dollars (160 millions d’euros). La plupart de ces donateurs tirent leur fortune du secteur financier ou énergétique. Ce faisant, ils veulent clairement éviter toute régulation de leurs secteurs ou de devoir payer plus d’impôts.
Le même article du New York Times faisait également remarquer que les positions de ces 158 familles ne coïncident pas avec les aspirations de la majorité de la population. ‘‘Les deux tiers des Américains veulent plus d’impôts pour tous ceux qui gagnent plus d’un million de dollars par an ; 60 % des Américains veut voir une intervention de l’État pour réduire le fossé entre riches et pauvres ; 70 % veulent maintenir la sécurité sociale, des soins de santé publics et une pension minimum garantie pour les plus de 65 ans.’’
Le rejet croissant de l’establishment met sous pression le système des deux partis aux États-Unis. Il y a une radicalisation également du côté des Républicains, avec l’émergence d’un courant de droite populiste, le ‘‘Tea Party’’, mais aussi de Donald Trump et de Ben Carson, qui tirent leur soutien du fait qu’ils ne sont pas des politiciens. Mais l’évolution la plus importante est le développement d’idées de gauche, voire socialistes. Ce processus doit logiquement aboutir à la création d’un nouveau large parti de gauche.
Notre camarade Kshama Sawant est la voix la plus proéminente dans cet appel à la création de ce nouveau parti de gauche. À peine deux ans après son élection au conseil de la ville de Seattle, elle a déjà pu obtenir plusieurs importantes victoires, telles que la hausse du salaire minimum à 15 dollars de l’heure (13,5 € de l’heure). Seattle est devenue la première ville des États-Unis à appliquer ce nouveau salaire minimum. À présent, Kshama se bat pour être réélue le 3 novembre. L’establishment déverse énormément de moyens dans la campagne de leur candidat pour tenter de la contrer. Mais si Kshama est réélue, son exemple servira à nouveau de modèle qui pourra être répété partout dans le pays, en vue de la création d’un parti des 99 %.
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Donald Trump. Comment un milliardaire raciste et sexiste peut-il être si populaire ?
Elections présidentielles américaines : le discrédit de l’establishment mène à la division.
Article de Bryan Koulouris, ‘Socialist Alternative’ (CIO-USA)
Robert Reich, l’ancien ministre de l’Emploi sous Clinton, a prévenu l’establishment politique : “les initiés politiques ne comprennent pas que le phénomène politique le plus important en Amérique aujourd’hui est la révolte contre la “classe dirigeante” des initiés qui domine Washington depuis des décennies déjà .” (2 août 2015).
Une révolte se développe contre le racisme, contre les bas salaires, contre la politique immuable (“as usual”). Malgré une plus longue période de redressement économique, les jeunes sont confrontés à des emplois de mauvaise qualité, des dettes astronomiques et à la crise écologique. L’establishment politique est financé et contrôlé par les grandes entreprises. Chaque sondage reflète un nouveau recul pour cet establishment.
Entre-temps, le monde est sous le feu de divisions ethniques et religieuses et de guerres dans de grandes parties du Moyen-Orient. Les dévaluations chinoises et le krach boursier suscitent la peur dans toute l’économie mondiale. En Europe, la politique d’austérité drastique menace la subsistance-même de l’UE. Cela fait en sorte que de plus en plus de gens se rendent compte que ce système ne fonctionne pas.
Comment un milliardaire raciste et sexiste peut-il être si populaire ?
Comment dans un tel contexte, est-il possible qu’un milliardaire aussi raciste et sexiste que Donald Trump puisse avoir une telle écoute ? Trump est écouté pour ses attaques contre les deux partis établis et tous les politiciens. Il dit ouvertement que le système politique est achetable. Et il peut le prouver, il a lui-même acheté de nombreux politiciens. Sa rhétorique n’est pas particulièrement prudente, certains électeurs républicains trouvent ça rafraîchissant. C’est un monstre créé par l’establishment qui attise depuis des années le racisme et une polarisation entre groupes de population.
Il est remarquable que Trump puisse trouver du soutien et de l’enthousiasme tandis que les Républicains établis n’y parviennent pas. Il ont aussi mis beaucoup de temps à réagir aux déclarations les plus condamnables de Trump. Les Républicains sont confrontés à un problème fondamental : ils doivent enthousiasmer une base de droite tandis que cette base s’éloigne toujours plus des électeurs qui glissent à gauche.
Clinton ne peut séduire
La campagne de Bernie Sanders est à un momentum tandis que Clinton ne parvient pas à séduire les Démocrates. Même ici, nous voyons une méfiance envers l’establishment. Les primaires dans les deux partis mettent en avant des candidats qui ne sont pas soutenus par les grandes entreprises qui ont si longtemps dominé la politique américaine.
Ces chocs dans le système politique et la possibilité implicite de candidatures indépendantes pour les élections présidentielles sont les présages d’un tremblement de terre politique plus large aux USA. Reich souligne : “l’Amérique a longtemps connu une classe dominante mais la population était prête à la supporter pendant les trois décennies qui ont suivi la seconde guerre mondiale lorsque la prospérité était répartie largement et que l’Union soviétique constituait une menace. La classe dirigeante semblait alors de bonne volonté et maligne. Mais ces trois dernières décennies – alors que presque tout le progrès économique retournait aux riches, les salaires de la plupart des gens diminuaient – il ressortait que la classe dirigeante se remplissait les poches au détriment des autres.”
Combattre le populisme
Ce système échoue et perd sa légitimité auprès d’une nouvelle génération qui pense s’en sortir moins bien que leurs parents. Des mouvements pour le travail, l’égalité et la liberté occuperont le devant de la scène et trouveront une expression politique.
Le phénomène Donald Trump est cependant un avertissement pour le mouvement ouvrier et les organisations progressistes. Le sentiment anti-establishment peut aussi être mobilisé par des points de vue de droite voire racistes et sexistes.
Dans ce contexte, nous devons nous organiser autour de thèmes qui importent aux personnes de nos quartiers, écoles, lieux de travail : des salaires plus élevés, un logement décent et la fin des violences policières racistes. C’est ainsi que le populisme creux des milliardaires pourra être stoppé et que nous pourrons construire en même temps, un mouvement inspirant pour les gens et qui leur donnera envie d’y être actifs aussi.
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Opportunités croissantes pour la gauche militante aux Etats-Unis
Ces derniers mois, les développements politiques notables n’ont pas manqué aux États-Unis. Dans le sillage du mouvement Occupy, Socialist Alternative, notre organisation-sœur américaine, a réussi à faire élire une socialiste au conseil d’une grande ville, événement inédit depuis des décennies dans le pays. En remportant 95.000 voix en novembre 2013, Kshama Sawant a fait son entrée au conseil municipal, géré par 9 conseillers. Six mois plus tard, Seattle est devenue la première grande ville des Etats-Unis à augmenter le salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure. Kshama doit être réélue en novembre de cette année.Par Bart Vandersteene
Tous les ingrédients d’un cocktail de résistance de masse sont présents
Entretemps, les préparatifs pour l’élection présidentielle ont commencé, marqués notamment par la candidature de Bernie Sanders aux primaires du parti démocrate (voir ci-dessous). Dans toute la société américaine sont vivement débattus les thèmes de l’inégalité des revenus ou encore du racisme et de la violence contre les Noirs.
Les inégalités sont au cœur de la politique américaine. Le 15 avril dernier a constitué la plus grande journée d’action nationale du mouvement pour l’augmentation du salaire minimum à 15 $ de l’heure. Ce mouvement a capturé l’imagination d’un groupe croissant de personnes. Le moindre recoin des États-Unis a connu des actions du mouvement Black Lives Matter (Les Vies Noires Comptent) qui réagit au nombre invraisemblable de cas de violence raciste, particulièrement du fait de la police. Un important mouvement contre le changement climatique se développe également en parallèle.
La tendance générale est aux opinions plus progressistes, ce que l’on peut constater au regard de la forte croissance du soutien au droit au mariage entre personnes de même sexe. Au travers de cette vague de nouvelles luttes sociales se dessinent les contours d’une nouvelle gauche émergente aux États-Unis.
Bernie Sanders appelle à une ‘révolution politique’La candidature du sénateur indépendant de l’Etat du Vermont Bernie Sanders en est en partie une expression. Sa campagne appelle à une révolution politique pour prendre le pouvoir des mains de l’oligarchie, des milliardaires et des grandes entreprises. Sanders se dit ‘‘socialiste’’ et considérait depuis un certain temps déjà de participer aux élections. Nos camarades de Socialist Alternative ont voulu le convaincre de participer aux élections en tant qu’indépendant afin de pouvoir, grâce à sa campagne, poser les bases de la création d’un nouveau parti de gauche pour défier le règne des deux partis de Wall Street.
Il a malheureusement choisi de concourir aux primaires pour l’investiture du candidat du parti démocrate. Il y affronte la candidate de l’establishment, Hillary Clinton. Les premières semaines de campagne de Sanders ont illustré qu’un large espace existe bel et bien pour les idées qu’il défend : un salaire minimum national de 15 $ de l’heure, un système universel de soins de santé public, la gratuité de l’enseignement supérieur, l’opposition aux traités de libre-échange ou au projet du pipeline Keystone XL,…
La campagne a été soutenue financièrement par 200.000 Américains qui ont donné une moyenne de 50 $ chacun. Bernie Sanders refuse les dons des grandes entreprises, une grande exception dans la politique nationale. Plus de 300.000 personnes se sont inscrites pour être bénévoles dans sa campagne. Même les sondages lui sont assez favorables. Dans le Wisconsin, un sondage réalisé à l’occasion d’une convention Démocrate lui a donné 41% des intentions de vote. Dans le New Hampshire, un des Etats où les élections des primaires démocrates commenceront en 2016, Bernie Sanders atteint 32%, contre 41% pour Clinton. Fin mai, il n’était encore question que de 13%.
A juste titre, Bernie Sanders affirme que le président, seul, ne peut pas changer beaucoup et qu’il est nécessaire de construire un mouvement en impliquant des millions d’Américains afin d’imposer un véritable changement. Socialist Alternative est d’accord avec cette approche, tout en estimant que Sanders se trompe de véhicule pour ce faire. La présidence d’Obama a confirmé que les Démocrates sont pieds et poings liés aux intérêts de Wall Street et à l’élite capitaliste. Obama a docilement défendu leurs intérêts dans sa politique étrangère ou concernant les inégalités, les droits démocratiques, le racisme ou encore l’environnement. La déception a saisi des dizaines de millions d’Américains qui, auparavant, éprouvaient un certain enthousiasme pour Obama et sa capacité à changer les choses.
Bernie Sanders va probablement perdre les primaires démocrates, la direction du parti dispose de tous les moyens nécessaires pour repousser les candidats dangereux. Socialist Alternative soutient qu’en cas de défaite, Sanders ne doit pas soutenir la candidature de Clinton, mais au contraire se présenter comme candidat indépendant à la présidence. L’opinion publique est mûre. Les sondages expriment que 50 à 60% des Américains trouvent qu’il faut un nouveau parti. Bernie Sanders peut apporter une contribution importante à cet effort. A moins qu’il ne décide de retourner dans la bergerie du parti démocrate et flanque tout ce potentiel par-dessus bord.
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USA: Bernie Sanders appelle à une révolution politique contre les milliardaires
Sa campagne doit servir à la construction d’une force politique indépendante de Wall StreetEn appelant avec audace à une «révolution politique» contre «les milliardaires et les oligarques» qui ont pris d’assaut le système politique, Bernie Sanders (sénateurs actuel pour l’Etat du Vermont, étiqueté indépendant, NDLR) a lancé une campagne présidentielle révoltée. Seul membre du Congrès qui se décrit comme étant un «socialiste», Sanders a expliqué à ABC News sa décision de se présenter comme suit : «Dans ce pays, nous avons besoin d’une révolution politique qui implique les millions de personnes qui sont prêtes à se soulever et à dire «trop, c’est trop», et je veux participer à cela.»
Contredisant les cyniques selon qui les Américains sont désespérément apathiques et conservateurs, son annonce a rencontré une énorme vague d’enthousiasme. Au premier jour de sa campagne, 100.000 personnes s’étaient déjà enregistrées sur son site pour participer à la campagne et 35.000 personnes avaient fait don d’un total de 1,5 million de dollars, soit plus que les fonds levés par n’importe quel autre candidat à la présidence au premier jour. Au quatrième jour, un nombre incroyable de 75.000 personnes avait donné 3 millions de dollars, soit une moyenne de 43$ par don. Plus de 99% des contributions pour Sanders étaient inférieures à 250$, une claire indication du type de donateur dont il est question.
Cette campagne a eu un grand écho parmi les millions de personnes dégoûtées par les politiques pro-capitalistes qui rendent les riches plus riches en laissant nos conditions de vie stagner ou se détériorer. C’est pourquoi le mouvement Occupy tout d’abord et maintenant le mouvement de lutte pour l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, “Fight for 15$”, ont eu un tel soutien partout à travers le pays. C’est aussi pour cela que l’idée d’un «troisième parti» trouve un écho grandissant et cela explique encore comment notre camarade Kshama Sawant a remporté presque 100.000 voix en 2013 lorsqu’elle a été élue au City Council de Seattle après une campagne menée ouvertement sous l’étiquette du socialisme.
Malheureusement, en dépit du fait que Bernie Sanders est un membre du Congrès indépendant des Républicains et des Démocrates depuis 25 ans, il a déclaré qu’il allait se présenter à l’investiture du Parti Démocrate, une démarche à laquelle Socialist Alternative (section-soeur du PSL aux USA) s’est opposée tout au long de l’année écoulée.
Sanders appelle à taxer les riches et les grandes entreprises, à appliquer un programme de travaux publics de mille milliards de dollars pour créer 13 millions d’emplois, à instaurer un salaire horaire minimum de 15$, à développer un système de soins de santé unique et universel, à stopper les négociations pour le Trans-Pacific Partnership (TPP) et les autres accords de marché libres tels que le Traité Transatlantique (TTIP), à renforcer les droits syndicaux et à combler le fossé salarial entre femmes et hommes.
Sa campagne contraste très fortement avec la rhétorique d’Hillary Clinton et des autres politiciens de l’establishment. Il a été l’un des rares membres du Congrès à voter contre le Patriot Act en 2001 et à appeler au démantèlement des programmes d’espionnage interne de la NSA. Il s’est prononcé en faveur de mesures audacieuses pour faire face au changement climatique, en exigeant une transition rapide des énergies fossiles vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Sanders souligne son opposition au pouvoir des grandes entreprises et du 1% le plus riche, en appelant à les renverser et en affirmant que sa campagne est dépourvue du moindre milliardaires.
La politique de Sanders
Socialist Alternative se réjouit de la décision de Sanders de se présenter à la présidence pour aider à créer, comme il le dit, «une voix indépendante, qui se bat pour les familles de travailleurs» pour «faire la guerre aux frères Koch, à Wall Street, et à l’Amérique des grandes entreprises». Sa campagne représente un défi pour Hillary Clinton et elle permettra d’élargir le spectre de la discussion politique en injectant dans la campagne présidentielle la réalité de la classe des travailleurs, ce qui manque cruellement au débat officiel, de plus en plus surréaliste et étroit.
Étant donnés le dégoût de plus en plus puissant ressenti envers les politiciens du statu quo et la faiblesse des forces de gauche indépendantes, la campagne de Sanders a le potentiel de réunir des millions de personnes contre l’establishment politique et leurs maîtres milliardaires.
De notre point de vue, cependant, Sanders fait une erreur fondamentale en se présentant à la primaire du Parti Démocrate. Nous avons au contraire défendu qu’il aurait dû se présenter en tant qu’indépendant et participer à la construction d’une alternative politique aux partis politiques appartenant aux grandes entreprises. La contradiction entre l’appel de Sanders à une révolution politique contre la classe des milliardaires et sa tentative de la mener au sein d’un parti contrôlé par cette même classe saute aux yeux.
Cette contradiction va se poser violemment si Sanders perd la primaire Démocrate. Sanders a déclaré qu’il soutiendrait dès lors le candidat démocrate, très certainement Hillary Clinton ou (si elle se casse la figure) un autre Démocrate pro-business sans danger. Dans les faits, cela reviendra à dire aux personnes mobilisées par la campagne de Sanders de soutenir un Démocrate pro-capitaliste, c’est-à-dire l’exact opposé de la «révolution» contre “les milliardaires et les oligarques”. Cela pourrait avoir un effet démoralisateur pour ceux qui étaient séduits par l’idée du combat contre le pouvoir des grandes entreprises tout en gâchant une opportunité historique.
Malgré sa décision erronée de rejoindre les Démocrates, une autre voie peut encore s’ouvrir à Sanders lorsqu’il sera bloqué par la machine Démocrate. Sanders devrait alors continuer à se présenter à l’élection, en tant qu’indépendant, pour donner aux travailleurs une alternative face à Hilary Clinton et aux Républicains. Cela pourrait ouvrir un chapitre complètement neuf dans la politique américaine, en donnant un énorme élan à la construction d’une nouvelle force politique représentant les 99%.
Une telle approche va l’encontre des intentions déclarées et de l’optique approche politique générale de Sanders, mais elle n’est pas à exclure. Elle dépendra de la manière dont se développeront les évènements et de la pression que ses propres partisans instaureront sur Sanders en exigeant qu’il continue à concourir à l’élection générale plutôt que de se limiter à soutenir Clinton.
La plate-forme de Sanders va dans la bonne direction, mais en tant que défenseurs des idées du socialisme, nous irions plus loin. Par exemple, Sanders appelle à rompre avec les grandes banques de Wall Street, une réforme radicale que nous soutiendrions. Mais il serait bien mieux de défendre que ces grandes banques soient placées sous propriété publique et démocratique.
Alors que Sanders se limite à un programme de réforme du capitalisme sur les lignes de l’Europe de l’Ouest, nous luttons pour une transformation socialiste fondamentale de la société. S’il est vrai que le mouvement des travailleurs européen a gagné d’énormes réformes pendant la période d’après-guerre, le capitalisme n’a cependant pas été renversé. Sous une pression intense, les classes capitalistes européennes ont fait de grandes concessions dans le but de maintenir leur pouvoir social et politique, mais depuis la fin du boom d’après-guerre, ils ont sans relâche mené une offensive néolibérale pour revenir sur ces réformes.
En ce qui concerne les questions politiques plus immédiates, Sanders a besoin de se prononcer clairement en faveur du mouvement Black Lives Matter (contre la brutalité policière raciste et l’incarcération de masse). De même, si Bernie s’oppose honorablement à la fois au Patriot Act et à l’invasion de l’Irak, il a, en plusieurs occasions, voté pour les crédits militaires. Il est regrettable qu’il ne se soit pas opposé à la guerre en Afghanistan ni aux récents massacres israéliens à Gaza.
Malgré ces imperfections politiques, la campagne de Bernie se démarque comme fondamentalement différente de celle de tous les autres politiciens qui se présentent. Pour une grande partie de la population devenue adulte au cours des 25 dernières années, il est «encore le politicien de gauche le plus radical qu’ils aient jamais vu».
Construire un mouvement de masse est crucial
Concrétiser les revendications de campagne de Bernie Sanders exige de construire des mouvements de lutte des travailleurs massifs et puissants. Pour défendre cette plate-forme, la campagne de Sanders doit être orientée stratégiquement vers le renforcement des mouvements par en-bas.
Bernie a exprimé des idées similaires dans une interview avec John Nichols de The Nation en défendant qu’«une campagne doit être bien plus qu’une manière d’obtenir des voix pour se faire élire. Elle doit aider à éduquer les gens, à les organiser. Si nous parvenons à faire cela, nous pouvons changer la dynamique politique pour des années et des années. Si entre 80% et 90% des gens de ce pays votent, s’ils savent quelles sont les principales questions (…) Washington et le Congrès vont alors sembler très, très différents du Congrès actuel dominé par les fortunes et qui ne s’occupe que des questions dont les grandes fortunes veulent qu’il s’occupe.»
Sanders a aussi souligné que «nous pouvons élire la meilleure personne au monde comme président, mais cette personne va se faire submerger s’il n’y a pas un niveau sans précédent d’activisme à la base.» Donc, d’un point de vue socialiste, renforcer la lutte pour la justice économique et sociale sera plus important que de savoir qui sera élu président en 2016. La clé sera d’utiliser les élections de 2016 pour augmenter le niveau d’organisation, de confiance, et de conscience des travailleurs et des mouvements sociaux.
L’expérience de l’élection de Kshama Sawant à Seattle est un exemple de ce qui est nécessaire pour construire les forces qui permettent de mener la campagne la plus forte possible et de gagner ses revendications. Kshama Sawant et Socialist Alternative ont organisé une force enracinée à la base qui a élu le premier marxiste depuis 100 ans. Une fois Kshama élue, l’élan de sa victoire a été utilisée pour construire la campagne 15 Now, une organisation bien ancrée qui a mobilisée des centaines d’activistes dans toutes les villes et qui travaillait en coalition avec les syndicats pour obtenir le salaire minimum le plus haut du pays à cette époque.
Mais l’expérience a montré encore et encore que le Parti Démocrate est le cimetière des mouvements sociaux. Récemment, nous avons pu le voir lorsque le mouvement Occupy a été brutalement réprimé par les forces de police avant tout sous la direction de maires démocrates, avec l’assistance du FBI qui opère sous l’administration d’Obama! Pire encore, le mouvement Occupy a été démobilisé politiquement par des éléments liés aux Démocrates, avec leurs appels à soutenir Obama contre les Républicains en 2012. En 2004, le mouvement anti-guerre a été systématiquement affaibli par le rassemblement derrière la campagne pro-guerre du candidat Démocrate, John Kerry.
Les mouvements Black Lives Matter, Fight for 15$ et Occupy Wall Street ont grandement transformé le terrain politique sur les questions du racisme et de l’inégalité politique. En comparaison, une grande partie de la gauche a versé une énergie et des ressources énormes pour élire Obama et les Démocrates, tout cela pour les voir appliquer le programme de Wall Street.
Selon Joel Bleifuss, éditeur de In These Times, «La candidature de Sanders donne aux Américains une chance de construire les infrastructures pour de futures campagnes électorales progressistes (…) Contrairement à la primaire démocrate de 1988, lors de laquelle Jesse Jackson [militant politique pour les droits civiques, NDLR] a remporté 11 états seulement pour voir son organisation politique disparaître dans l’éther politique, la campagne de Sanders est conditionnée pour construire un mouvement qui aura une capacité électorale dans le futur. Sanders comprend que l’organisation qui se coalise derrière lui doit survivre à la campagne elle-même et durer.»
Nous sommes d’accord que cela est nécessaire et possible, mais les vœux de Bleifuss ne suffiront pas à voir cela se réaliser. Pour éviter que la campagne de Sanders «disparaisse dans l’éther politique», il doit continuer à concourir sur toute la course électorale, jusque novembre 2016, et ne pas faire l’erreur, comme Jackson en 1984 et 1988, de soutenir le candidat Démocrate après avoir perdu les primaires. C’est la leçon à tirer de l’échec de la campagne de Jackson, et nous devons lutter pour éviter que la campagne de Sanders ne reproduise la même erreur.
Les candidats de gauche aux primaires et l’establishment Démocrate
Les militants doivent être réalistes, et reconnaître que la machine du Parti Démocrate s’oppose à Bernie Sanders et fera en sorte qu’il ne remporte pas les primaires Démocrates. S’il le faut, ils utiliseront tous les moyens à leur disposition, y-compris leur accès à de grandes réserves financières, aux médias de masse, à l’autorité de grand politiciens et à leur contrôle sur les structures du parti.
L’histoire des défis anti-establishment dans les primaires démocrates illustre cela. Les campagnes de Jesse Jackson en 1984 et 1988 ont été les plus fortes campagnes de gauches aux primaires Démocrates dans l’Histoire récente. Les campagnes radicales et populistes de Jackson ont obtenu un large soutien – probablement plus que ce que Bernie va parvenir à mobiliser – et, à un moment, ont semblé sur le point de remporter la primaire. C’est exactement pour cela que la machine Démocrate s’est mise en marche pour le faire perdre.
Comme Ron Jacobs l’a montré dans Counterpunch, «Les donateurs anti-Palestiniens et les commentateurs des médias ont sorti de son contexte un commentaire privé de Jackson et l’ont étalé sur tous les journaux et les écrans de télés d’Amérique. On a commencé à entendre des mots de codes racistes associés au nom de Jackson. Bientôt, ses chances de gagner la candidature démocrate s’étaient envolées. A la place, le Parti Démocrate a boitillé hors de San Francisco cet été avec le libéral de la guerre froide Walter Mondale, candidat perdant [en 1984]».
Plus récemment, nous avons vu comment des sections cruciales de la machine Démocrate ont agi pour casser la montée de la campagne anti-guerre populiste de Howard Dean en 2004 et imposer le candidat pro-guerre John Kerry, qui a perdu contre George Bush en 2004.
Ces exemples illustrent comment les Démocrates pro-business qui contrôlent le parti sont bien plus déterminés à vaincre les rebelles anti-corporations qu’ils ne le sont à vaincre les Républicains.
D’un autre côté, tant que Bernie n’a pas de chances sérieuses de gagner les primaires, ils sera bien accueilli et même encouragé. Même Hilary Clinton reconnaît que Sanders va générer de l’enthousiasme et de l’attention pour les primaires Démocrates et va leur procurer une caution progressiste. Clinton calcule qu’en faisant tourner le débat politique vers la forte concentration de richesses, Sanders va aussi miner électoralement les Républicains.
Après la défaite de Sanders aux primaires, s’il continue à soutenir Clinton (ou quel que soit le candidat choisi par la machine du parti), l’énergie de sa campagne sera dirigée dans les canaux «sans-dangers» qui ne représentent pas une menace pour «Corporate America». De cette façon, la campagne de Sanders serait utilisée par Clinton comme «flanc de gauche» convenable pour gagner le soutien des syndicalistes et des militants qui en ont assez des politiques des corporations.
Il serait tragique que la campagne de Sanders finisse par jouer ce rôle. Malheureusement, il a indiqué qu’il soutiendra le vainqueur des primaires démocrates, quel qu’il soit. Mais il y a une autre voie possible, que Socialist Alternative va fortement conseiller à Bernie de prendre tout en en discutant avec ceux qui soutiennent sa campagne.
Nous pensons que Sanders ne devrait pas se limiter au cadre étroit du Parti Démocrate. Plutôt que de soutenir Hilary Clinton, il devrait continuer en se présentant aux élections, quand la majorité des travailleurs et des jeunes sont le plus attentifs à la politique.
Mais rien que pour défier sérieusement Hillary Clinton aux primaires, Sanders aura besoin de construire une base de soutien indépendante. Cela signifie construire une campagne basée sur ceux qui ne sont pas représentés par les politiciens des corporations : organiser les gens qui en ont assez du Congrès, construire des comités enracinés dans les quartiers, les lieux de travail, les syndicats et les mouvements sociaux comme Black Lives Matter et Fight for 15$.
La campagne de Sanders pourrait jouer un rôle clé en rassemblant ces éléments en une force organisée qui puisse discuter démocratiquement et débattre de quelles politiques représentent le mieux les intérêts de la classe ouvrière et de comment faire avancer ces luttes. Une telle force serait nécessaire pour continuer à faire campagne dans les élections générales et au-delà, sans quoi l’impulsion créée par la campagne de Sanders disparaîtrait «dans l’éther politique».
De cette façon, la campagne de Sanders pourrait jouer un rôle essentiel en aidant à poser les bases d’un nouveau parti politique, un troisième parti, pour donner une alternative aux partis Démocrate et Républicain de plus en plus impopulaires. Un parti large de gauche ou de la classe ouvrière pourrait réunir les différentes luttes et généraliser un ensemble d’intérêts communs en un programme politique.
Bernie lui-même évoquait une telle approche en disant à John Nichols : «Il n’y a aucun doute que le Parti Démocrate en général reste bien trop dépendant des intérêts des grandes fortunes, qu’il ne se bat pas vigoureusement pour les familles ouvrières (…) L’approche la plus radicale serait de se présenter indépendamment, surtout quand vous ne faites pas que vous présenter pour être président des USA, mais que vous vous présentez pour construire un nouveau mouvement politique en Amérique – qui va probablement mener d’autres candidats à concourir en dehors du Parti Démocrate, commençant essentiellement un troisième parti.»
Faire le jeu des Républicains?
Certains à gauche objectent qu’une telle approche finirait par affaiblir le candidat Démocrate et aiderait les Républicains à remporter la présidence. La peur d’un autre président Républicain est réelle et compréhensible. Socialist Alternative est totalement d’accord pour dire qu’il faut s’opposer aux Républicains et nous ne voulons les voir élire pour rien au monde.
Mais le danger qu’un candidat de gauche indépendant fasse gagner une élection serrée aux Républicains pèse bien moins que le besoin bien plus important pour les travailleurs de construire leur propre voix politique pour être représentés.
De plus, les politiciens Démocrates du big-business se sont montrés incapables de vaincre les politiques d’un Parti Républicain de plus en plus fou. N’oublions pas que malgré «l’espoir» et le «changement» de la campagne d’Obama en 2008, une fois au pouvoir, les politiques pro-business d’Obama ont préparé le terrain pour les victoires des Républicains en 2010 et 2012 en démoralisant les progressistes et en permettant au Tea Party de puiser par démagogie dans la colère contre les Démocrates en tant que parti au pouvoir.
Sanders a illustré” cela en disant à Nichols : «La plupart des gens ont laissé tombé le processus politique (…) Ils pensent qu’il n’y a pas de raison particulière pour aller voter (…) Les politiques centristes [d’Hilary Clinton] (…) ne sont pas le types de politiques dont nous avons besoin. Et ce ne seront certainement pas les politiques qui vont galvaniser des dizaines de millions de personnes aujourd’hui, qui sont profondément aliénés et dégoûtées par le statu quo.
«L’une des choses que je trouve la plus déroutante (…) est que les Démocrates ont maintenant perdu un nombre significatif de voix de la classe ouvrière blanche. Comment est-ce possible ? Quand vous avez un Parti Républicain qui veux détruire la sécurité sociale, Medicare, Medicaid, etc. pourquoi y a-t-il tellement de gens qui votent contre leurs propres intérêts économiques ? Cela se produit parce que les Démocrates n’ont pas eu la force de clarifier de quel côté ils sont, n’ont pas eu la force de s’attaquer à Wall Street et à Corporate America.»
Nous avons besoin de rompre le cycle de déception par les Démocrates qui mène à des gains pour les Républicains, et de commencer à construire une alternative politique de la classe ouvrière aux Démocrates et aux Républicains. Si pas maintenant, quand le ferons-nous ?
Au cours des prochaines années, la principale plate-forme de discussion et de débat sur les politiques anti-corporate sera dans et autour de la campagne Sanders. Toutes ces forces qui reconnaissent le besoin vital de politiques de gauches indépendantes doivent s’orienter vers l’audience large qui va probablement se rassembler autour de Bernie.
La campagne de Sanders va droit vers une crise politique en 2016, quand il devra choisir entre soutenir le candidat Démocrate ou continuer à concourir aux élections générales. Les socialistes ont besoin de construire la base la plus forte possible parmi les partisans de Sanders pour exiger de Bernie qu’il se présente, ou pour diriger le plus possible de la campagne loin des Démocrates si Bernie insiste pour soutenir Clinton.
Opportunité historique pour les politiques de gauche
Le système politique aux USA est en faillite. Même les stratèges pro-capitalistes comme les rédactions New York Times, du Washington Post et de The Economist sont d’accord pour dire que leur système politique dysfonctionne. Selon Gallup, le taux de popularité du Congrès n’a atteint qu’en moyenne 15% en 2014, presque un record de faiblesse. Un nombre de record de personnes se déclarent indépendants.
Sanders explique : «Il y a un dégoût profond parmi les Américains envers le processus politique conventionnel (…) la frustration et le dégoût envers le statu quo sont beaucoup, beaucoup plus forts (…) que beaucoup de «spécialistes» ne le comprennent.»
Il existe aujourd’hui une ouverture historique pour les politiques de gauche indépendantes. Cela s’est vu en 2013, quand Kshama Sawant a été élue en tant que candidate de Socialist Alternative avec près de 100.000 votes au City Council de Seattle. Dans le même temps, un autre candidat de Socialist Alternative, Ty Moore, a été à 229 voies près d’être élu au City Council de Minneapolis. Cette ouverture se voit de nouveau avec le soutien enthousiaste envers la campagne de ré-élection de Sawant cette année (voir le site www.KshamaSawant.org).
En 2014, Howie Hawkins a reçu presque 5% des votes aux élections du Gouverneur de l’État de New York, le plus haut score pour un candidat de gauche dans cette état depuis 1920. Les élections municipales de Chicago en 2015 ont aussi montré l’ouverture à défier les politiques des corporations. Tragiquement, Karen Lewis, présidente du syndicat des enseignants de Chicago, qui se présentait en tant que candidate n’appartenant à aucun parti, n’a pas pu se présenter en raison de problèmes de santé. Elle aurait pu battre Rahm Emanuel, «Mayor 1%». Cependant, un débat réel dans le mouvement ouvrier de Chicago s’est ouvert sur la question du type de représentation dont les travailleurs ont besoin. L’élection a montré le potentiel pour les syndicats de jouer un rôle puissant et indépendant plutôt que leur rôle actuel d’entourage des Démocrates.
Il y a des millions de gens aux USA qui sont prêts pour «une révolution politique» contre le big business. Au lieu de diviser ces forces en en canalisant une partie de ceux qui veulent un profond changement vers la machine Démocrate, et donc de s’aliéner l’autre partie, qui en a vraiment marre des deux partis politiques de Wall Street, une campagne indépendante derrière un combattant déclaré de la classe ouvrière pourrait créer une unité comme celle dont on a besoin pour défier l’oligarchie capitaliste qui étrangle notre société.
Si Sanders se présentait indépendamment, cela pourrait ouvrir les vannes. Notre mouvement n’est pas assez fort pour élire un candidat indépendant comme Sanders en 2016, mais le plus important est que la campagne indépendante de Sanders puisse changer la politique des USA pour toujours, grâce à un processus posant les bases d’un troisième parti qui pourrait procurer à des millions de personnes un outil pour commencer à s’organiser contre Wall Street.
Rejoignez Kshama Sawant et Socialist Alternative pour faire en sorte que cette opportunité historique ne soit pas perdue! Nous allons faire campagne avec les partisans de Sanders contre les politiciens des grandes corporations tout en argumentant politiquement pour que Sanders se présente jusqu’aux élections de novembre 2016, comme pas en avant vers la construction d’une alternative politique indépendante pour la classe des travailleurs.
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Inégalités et mouvements de lutte dans le pays le plus riche du monde
La vague de grèves organisées par les travailleurs de la restauration rapide et l’élection de Kshama Sawant au conseil de la ville de Seattle sont des indicateurs des changements qui s’opèrent actuellement dans la société américaine. Kshama est une membre-clé de la branche américaine du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), Socialist Alternative, qui connaît une expansion très rapide. Peter Taaffe, Secrétaire général du CIO, nous dresse un rapport de sa dernière visite aux États-Unis.Peter Taaffe, Secrétaire général, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galle)
« Comment diable la ville de Seattle a-t-elle pu élire une socialiste ? Nous étions pourtant si sympathiques auparavant. » Il s’agit du commentaire que le journal Seattle Weekly a rédigé sous le gros titre : « Le chemin de la révolution ». L’incroyable victoire électorale de Kshama Sawant, la première conseillère ouvertement socialiste de Seattle depuis 100 ans, a suscité toute une série de commentaires tout aussi surpris de la part de commentateurs capitalistes américains et dans le reste du monde.
Pourtant, il ne faut pas être un génie pour comprendre cette victoire qui a abouti sur la campagne retentissante « 15 now » et sur la promulgation du salaire minimum le plus élevé des États-Unis.
L’enthousiasme contagieux que cette élection a suscité chez les travailleurs, et particulièrement les jeunes, était palpable lors de la dernière Convention nationale de Socialist Alternative à laquelle ont participé un nombre record de délégués, d’observateurs et de contacts venus des quatre coins des États-Unis. Ils ont pu assister à des débats intenses sur les perspectives mondiales, sur les défis auxquels la gauche fait face lorsqu’elle se présente aux élections contre les deux partis traditionnels américains, ainsi que sur le climat propice au développement de notre organisation, Socialist Alternative, et de manière générale, des idées socialistes dans la société américaine. Le succès de cette convention s’est également reflété au niveau de l’énorme collecte de fonds de 43.000$ que les camarades sont parvenus à rassembler.
La convention a également abordé la question du nombre de membres, qui a doublé en une année à peine et de la possibilité que cette augmentation spectaculaire continue de plus belle dans les années à venir.
Le capitalisme « à visage humain » n’existe plus
Le capitaliste américain n’a plus de « visage humain » – en a-t-il seulement jamais eu ? – aux yeux des millions de victimes de la classe ouvrière plongées dans la pauvreté suite à l’échec de ce système. Même à Seattle qui, à de nombreux égards est une ville magnifique, des sans-abris campent devant l’Hôtel de Ville, illustrant cette triste réalité.
Le Seattle Weekly a admis, bien qu’à demi-mot, que c’est la dégradation des conditions de travail de la classe ouvrière qui a offert une plateforme à Kshama et lui a permis de remporter la victoire : « […] à peu près 102 000 travailleurs gagnent moins de 15$ de l’heure à Seattle. Notre niveau de vie est classé parmi les sept les plus élevés du pays. Dans le centre-ville, la location d’un appartement d’une chambre coûte environ 1 300$ par mois. Une augmentation du salaire minimum ne représentera qu’un soulagement temporaire. … La classe ouvrière blanche est composée de travailleurs de plus en plus jeunes, libéraux et ouverts aux programmes progressifs. Environ 20% de la population de Seattle est âgée de 20 à 29 ans. » [19 août 2014]
Les multinationales et leurs porte-paroles (dont le parti démocrate) sont terrifiés par « l’effet contagieux » de la campagne de Kshama et sont déterminés à mettre un terme à cette « expérience socialiste ». Déjà, le Seattle Weekly et d’autres journaux traditionnels ont mis en avant un candidat démocrate qui jouit d’une certaine popularité car il s’est prononcé en faveur de la législation sur le cannabis à Washington comme un opposant à Khsama lors des prochaines élections qui se tiendront à la fin de l’année prochaine et qui lui permettraient d’être réélue. Dès lors, il faut redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif. Kshama est une voix extrêmement puissante, pas seulement pour la classe ouvrière américaine, mais pour les travailleurs du monde entier.
Sans ce mécontentement grandissant des travailleurs américains quant à la dégradation de leur condition de vie dans un contexte d’inégalités criantes dans le pays le plus riche du monde, la victoire de Kshama et du Socialist Alternative n’aurait pas été possible. Plusieurs sondages d’opinion ont également révélé que partout aux États-Unis, un nombre non négligeable de jeunes Américains sont en faveur du socialisme.
Pourtant les mots à eux seuls et les mains levées au ciel à cause des conditions « inacceptables » de la classe ouvrière, le refrain habituel de la majorité des organisations de « gauche » et des délégués syndicaux inactifs ne servent absolument à rien. C’est l’action, l’audace de défier les patrons et leurs représentants politiques – la « propagande de l’action » -, combinée à la revendication de 15$ de l’heure pour les travailleurs de la restauration rapide qu’il fallait absolument mettre en œuvre. Socialist Alternative a été la seule organisation à comprendre que l’action permettrait de créer une cohésion puissante au sein de l’armée de travailleurs mal payés à Seattle et partout aux États-Unis.
Revendications pour un salaire minimum
Cette campagne a été hautement bénéfique pour les travailleurs sous-payés qui sont toujours affectés par la plaie qu’est le capitalisme, mais qui se réveillent désormais pour exiger un salaire minimum et dénoncer un « vol massif des salaires » par les patrons. La campagne des 15$ Now traverse l’ensemble du continent et pourrait se propager encore davantage, avec des victoires similaires remportées dans d’autres villes. Sans l’exemple de Seattle, cet élan ne se serait probablement pas en train de se produire, du moins pas pour le moment.
Seattle a dynamisé la classe ouvrière américaine, et en particulier les travailleurs sous-payés. Il suffit de voir la grève des travailleurs de la restauration rapide le 4 septembre, dans plus d’une centaine de villes américaines, dont Chicago, New York et Detroit, ainsi que les manifestations et les sit-in dans les restaurants et les bureaux administratifs, y compris au McDonald, à Burger King et KFC. La police a procédé à l’arrestation de plus de 400 personnes.
Un travailleur de la restauration rapide à Chicago s’est exprimé au nom de tous lorsqu’il a déclaré : « Nous connaissons clairement une ascension fulgurante car nous avons l’impression que la justice est de notre côté … Nous sommes impatients de voir les résultats. » McDonald, dont les quartiers généraux sont situés à Chicago et qui enregistre des profits extrêmement juteux a déclaré : « Toute augmentation du salaire minimum doit être appliquée dans le temps afin que son incidence (…) soit gérable. »
Cet exemple de patrons au cœur lourd qui se lamentent de ne pas pouvoir se permettre de verser des salaires plus élevés que le salaire minimum fédéral de 7,25$ de l’heure est contrecarré par un journal qui n’est autre que le porte-parole capitaliste, le New York Times. Il écrivait donc : « En 2013, la part des profits après impôt des entreprises dans l’économie a dépassé le plus haut niveau enregistré (en 1965) alors que la part des salaires dans l’économie a atteint son niveau le plus bas depuis 1948. La croissance des salaires depuis 1979 n’a pas évolué au même rythme (…) provoquant une baisse ou une stagnation des salaires pour la plupart des travailleurs et des bénéfices juteux dans les portefeuilles des entreprises, des actionnaires, des dirigeants d’entreprise, et autres individus situés tout en haut de l’échelle des revenus. » (31 août 2014)
De nouvelles études conduites par l’Institut des politiques économiques ont également révélé qu’entre les six premiers mois de 2013 et les six premiers mois de 2014, les salaires de l’heure, ajustés à l’inflation, ont chuté pour tout le monde, sauf pour les 10% les plus riches.
Cette diminution, en déprimant encore davantage la demande, a une incidence non négligeable sur les perspectives économiques du capitalisme. Même si la mesure totalement inadéquate d’Obama visant à augmenter le salaire minimum fédéral à 10,10$ de l’heure était introduite, elle «mettrait environ 35 milliards de dollars supplémentaires dans les poches des travailleurs touchés sur un période progressive de trois ans. » Les travailleurs de la restauration rapide et d’autres travailleurs sous-payés affirment que ce n’est pas suffisant : les 15$ de l’heure sont nécessaires.
Si la proposition d’Obama est mise en œuvre, alors cela générera de la « demande ». C’est pour cela que, pris au piège dans un « triangle des Bermudes » de crises sans fin, certains membres de la classe dirigeante internationale insistent sur la nécessité de faire des concessions aux syndicats et aux travailleurs afin de générer cette « demande », qui, ils l’espèrent, permettrait de sortir de la situation actuelle.
Même la Bundersbank en Allemagne, qui il y a peu était une fervente partisane de l’austérité, particulièrement pour les pays du sud de l’Europe, a totalement changé de cap. Elle a encouragé les délégués syndicaux de la droite allemande en leur promettant qu’elle les soutiendrait s’ils se mettaient à lutter pour une augmentation salariale supérieure à l’inflation de 3% pour leurs membres. Des concessions pour les travailleurs allemands, mais rien pour les masses opprimées en Espagne, au Portugal ou en Grèce !
Il est évident que certains capitalistes résisteront à ce type d’appels à cause de l’incidence qu’il pourrait avoir sur eux et sur leurs entreprises, mais les stratèges du capitalisme essayent de trouver un moyen de sauver leurs intérêts globaux.
La classe ouvrière doit rassembler ses forces tant sur le plan politique qu’industriel
Néanmoins, les républicains au Congrès se sont farouchement opposé la proposition d’Obama pour une faible augmentation du salaire minimum. Cette réaction montre bien que la classe ouvrière américaine ne recevra que très peu d’acquis dans la situation actuelle à moins qu’elle ne soit capable de rassembler ses forces tant sur le plan politique qu’industriel. Cela signifie qu’il faudra sérieusement défier les démocrates, en particulier lors des prochaines élections, car ils ne représentent pas la classe ouvrière, comme nous avons pu le voir sous l’administration Obama mais aussi avec la gouvernance des démocrates au niveau de l’État et des villes.
Le renouvellement des syndicats est également absolument nécessaire. Trop de délégués syndicaux évitent de faire des vagues, manquent de conviction pour l’emporter face aux patrons. Un éminent délégué syndical à Seattle a demandé, sceptique : « Vous ne pensez tout de même pas que vous pouvez l’emporter face aux grandes entreprises ? » Face à l’action de la classe ouvrière, ils préfèrent mobiliser des « employés », payés par les organisateurs syndicaux, plutôt que de coordonner un mouvement massif des travailleurs.
La campagne de Kshama a marqué un nouveau tournant dans l’implication des masses dans la lutte pour une amélioration de leur condition de vie. Jess Spear a également fait un score remarquable avec près de 20% des voix, alors qu’elle se présentait contre le démocrate Frank Chopp lors des élections primaires pour l’Assemblée nationale en août dernier. L’establishment capitaliste prend très au sérieux l’accession de Socialist Alternative au rang de deuxième parti de Seattle (les républicains sont virtuellement inexistants dans cette ville). Les résultats de Chopp sont considérés, tant par Socialist Alternative que par les capitalistes, comme la première manche d’une bataille pour la réélection de Kshama en 2015.
Et ce n’est pas seulement la classe ouvrière, mais également les couches intermédiaires de la société – ceux qui jouissaient des conditions de vie de la classe moyenne – qui sont touchées : le New York Times a reconnu qu’il y avait des faits « de collusion entre les plus grandes entreprises de la Silicon Valley qui ont confisqué environ 3 milliards de dollars de salaire aux programmeurs de logiciels. » En outre, les services publics étaient auparavant le pilier de la vie des travailleurs de la classe moyenne mais désormais « l’on peut voir que la sous-traitance ne permet pas d’économiser de l’argent, ni d’améliorer les services offerts. »
En d’autres termes, toutes les conditions qui ont provoqué la colère des travailleurs américains et les appels retentissants à agir touchent aussi de larges couches de la classe moyenne. Les banlieues américaines, autrefois synonymes d’émancipation économique, sont désormais l’endroit où l’on trouve le plus de pauvreté, comme l’indique le livre « The Unwinding ».
Une inextricable crise prolongée du capitalisme américain
De plus, cette pauvreté sera probablement amenée à s’intensifier au fur et à mesure que le caractère inextricable de la crise prolongée du capitalisme américain et mondial perdure comme ses représentants le reconnaissent. Une foule d’économistes capitalistes ainsi que les PDG des plus grandes entreprises américaines s’arrachent les cheveux afin de trouver une porte de sortie pour échapper à l’impasse économique actuelle.
Outre les avertissements désespérés de l’OCDE, Stanley Fischer, le vice-président de la Réserve fédérale américaine, se lamente des « reprises économiques décevantes ». Il affirme que « ces échecs indiquent peut-être une tendance à la baisse permanente du potentiel des puissances économiques telles que les USA, l’Europe et la Chine. » Ce commentaire fait suite à l’avertissement de Larry Summers, le Secrétaire du trésor sous l’administration Clinton, quant à une stagnation du capitalisme sans précédent. En réalité, la reprise de l’économie américaine que l’on attend depuis l’explosion de la crise en 2007-2008 n’a toujours pas eu lieu, excepté dans les poches des patrons.
Fischer continue de se lamenter quant aux perspectives « incertaines » avec « une productivité moindre et une diminution du taux de participation au marché du travail (…) des tendances qui caractérisent désormais de manière permanente l’économie américaine. » Ce qui sous-entend que le chômage de masse perdurera : « Sur les six dernières années, plus de 3% de la population active s’est mise à vivre en marge de l’économie, d’après le Bureau des statistiques du travail. » (Guardian, 12 août 2014)
Cette tendance renforce ce que nous martelons depuis le début de la crise, qu’il ne sera pas aisé pour le capitalisme américain et mondial d’atteindre « la vitesse de croisière » qui lui permettrait d’échapper à cette crise, car pour atteindre à nouveau les taux de croissance d’avant-crise il faudra nécessairement passer par une baisse du niveau de vie. Bien entendu, l’économie américaine est une économie à l’échelle continentale et, si certaines régions peuvent être en stagnation ou en recul, d’autres secteurs ou régions peuvent dans le même temps renouer avec la croissance. Toutefois, nous assistons à une crise structurelle globale du capitalisme qui se traduit par une stagnation prolongée des conditions de vie.
Cette stagnation est évidente lorsque l’on regarde les perspectives actuelles et à venir de l’industrie manufacturière américaine qui était autrefois le moteur de la croissance dans ce secteur. Récemment, Obama s’est montré enthousiaste quant aux perspectives du capitalisme américain. Néanmoins, les chiffres actuels concernant l’emploi ne lui donnent pas raison. Même si 168 000 emplois ont été créés dans ce secteur en un mois, ils ne font que dissimuler le déclin à long terme et l’effondrement du secteur industriel.
Le secteur privé américain a créé environ 10 millions d’emplois depuis le début de l’année 2010 et pourtant à peine 705 000 de ces emplois sont dans l’industrie manufacturière. Pour chaque emploi créé dans ce secteur, deux autres étaient créés dans le secteur de l’Horéca, et deux dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale. Dès lors, les USA illustrent bien la situation des pays capitalistes dits « développés » qui se trouvent actuellement dans un déclin industriel prolongé. Il s’agit toujours du pays industriel le plus avancé économiquement en termes de rendements, etc. Pourtant les USA, à l’instar de la Grande-Bretagne autrefois l’atelier du monde et la force dominante du monde capitaliste, ont démontré qu’au lendemain d’un déclin économique s’élèvent une tension sociale et une lutte des classes.
Des affrontements de la même ampleur que dans les années 1960
Les USA n’y échapperont pas non plus, comme le démontrent les évènements de Seattle et d’ailleurs. Des affrontements de la même ampleur que ceux des années 1960, dont la révolte des Afro-américains, sont à prévoir. Le meurtre de Michael Brown, un jeune Afro-américain dans la ville de Ferguson, dans le Missouri, indique que les évènements de cette période pourraient tout à fait se répéter. La militarisation de la police est totalement disproportionnée, les départements de la police achetant l’équipement militaire en surplus de l’armée. Un congressiste démocrate comparait l’intervention de l’État dans la ville de Ferguson à l’occupation américaine de Fallujah en Irak !
Certaines techniques, comme les contrôles et les fouilles employées par la police britannique contre des jeunes d’origine africaine ou asiatique, sont également appliquées à Ferguson avec les mêmes résultats. La ville est composée à 67% d’Afro-Américains et pourtant 94% des policiers sont blancs ! La police opère presque comme une force d’occupation dans des villes comme Ferguson. Le FBI estime que plus de 400 personnes sont tuées chaque année dans des fusillades impliquant la police locale américaine. Ce chiffre est bien moins élevé dans d’autres pays.
Par conséquent, nous assistons à un début de politisation de la population afro-africaine, comme dans les années 1960 et 1970. Socialist Alternative, notamment des membres des Afro-Américains, est intervenu avec succès à Ferguson pour accélérer ce processus. Une autre politique tout aussi honteuse mise en œuvre par l’administration Obama, consiste à persécuter les immigrants. Sous son mandat, Obama a expulsé plus d’immigrants que tous les présidents précédents pris ensemble.
Dans une telle situation, il est absolument nécessaire de trouver une voix pour défendre les opprimés et la classe ouvrière. Kshama a montré ce qu’il était possible de faire dans une ville seulement, comme Jess Spear l’a également fait avec sa campagne. Lors de la convention de Socialist Alternative, il y a eu un débat très intéressant et complet sur la nécessité d’étendre l’exemple de Seattle à l’échelle nationale.
Kshama a été invitée à s’exprimer dans un panel (aux côtés de Naomi Klein et d’autres) dans le cadre de la Marche pour le climat à New York le 21 septembre 2014, un évènement qui a attiré plus de 200 000 personnes – la plus grande manifestation pour l’environnement de l’histoire. Il s’agit d’un évènement-clé pour Socialist Alternative, qui attirera certainement un grand nombre de jeunes intéressés par le socialisme et qui le considèrent comme l’alternative évidente et nécessaire de toute urgence pour mettre fin au capitalisme, mais ils verront également, et c’est peut-être encore plus important, que Socialist Alternative est la seule force à gauche qui articule une stratégie politique pour en finir avec le capitalisme, soulignant la nécessité de couper tout lien avec le parti démocrate.
D’importantes perspectives s’ouvrent permettant à la gauche de défier sérieusement ses adversaires capitalistes au pouvoir. Bernie Sanders, le sénateur de l’État du Vermont qui se considère comme un socialiste, est encouragé par Socialist Alternative et d’autres membres de la gauche à défier les démocrates lors des prochaines élections présidentielles. En outre, Karen Lewis, une Afro-américaine et déléguée du syndicat des enseignants à Chicago, qui avec ses membres s’est opposé au maire actuel de la ville, un farouche opposant aux syndicats, Rahm Emanuel, a montré qu’elle était prête à se présenter contre lui en tant que candidate « non partisane » pour représenter le mouvement ouvrier, lors des élections de l’année prochaine. La nature de sa campagne et les revendications qu’elle présentera dans son programme ne sont pas encore claires. Tout dépendra de l’attitude de l’ensemble des travailleurs et des syndiqués vis-à-vis de sa campagne.
La situation évolue très rapidement aux États-Unis. Mais l’empreinte de la période précédente sur la conscience des travailleurs, marquée par un affaiblissement prononcé de la lutte des classes, est toujours présente. Toutefois, cette empreinte ne représente pas l’ensemble de la réalité, comme le montrent les évènements à Seattle et ailleurs. La situation mondiale, en particulier si un attentat terroriste était perpétré contre les États-Unis, pourrait connaître un retour en arrière en termes de niveau de conscience. Mais même une situation aussi terrible n’arriverait pas à arrêter la résurgence de la classe ouvrière américaine. Seattle nous montre comment la situation à venir pourrait évoluer, avec l’apparition d’une force puissante pour un changement socialiste aux États-Unis.


