Tag: Elections présidentielles US 2016

  • Donald Trump menace les travailleurs

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    A ses débuts, la campagne de Donald Trump a souvent été perçue comme une blague de mauvais goût. Avec sa houppette blonde et ses déclarations tonitruantes qui tenaient plus de la brève de comptoir que de l’analyse politique, sa candidature aux présidentielles n’était pas prise au sérieux. Mais il est aujourd’hui devenu un sérieux danger. Derrière son approche ultra-populiste se un programme d’extrême-droite. Sans la moindre gêne, il abuse du rejet de l’establishment corrompu pour vendre son programme nationaliste, raciste et sexiste. Trump et toute la clique républicaine défendent une politique de droite au service de l’establishment des riches pour couper l’herbe sous le pied du mouvement organisé des travailleurs et des pauvres.

    Par Hanne (Anvers), article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste

    Comment Trump a-t-il pu avoir ce succès ?

    Le parti républicain n’est pas innocent. Même si nombre d’autres candidats malheureux ont déclaré refuser de soutenir Trump, son succès n’est pas tout simplement dû au hasard. Cela fait des années que le Parti républicain utilise le racisme et le sexisme pour s’attirer des voix. Par cette tactique de division, il a pu s’assurer le soutien d’une partie des voix des couches les plus basses de la classe moyenne et d’une partie des travailleurs blancs. En accusant les migrants et les sans-emplois d’être les racines de la pauvreté, les Républicains ont pu détourner une certaine partie de la frustration présente dans la société à leur avantage. C’est également sur cette base que Trump a pu séduire le public conservateur, tandis que ses propos tapageurs et son comportement lui ont donné une image anti-establishment.

    Trump: Raciste, fasciste, populiste?

    Trump se repose sur les vieilles recettes républicaines: un discours raciste, un comportement sexiste et un programme nationaliste. Il défend la construction d’un mur entre les Etats-Unis et le Mexique pour repousser les migrants car ils seraient responsables de la criminalité. Lors de ses interviews, il dénigre ouvertement les journalistes féminines.

    Parallèlement, il affirme vouloir s’opposer aux traités de libre-échange (comme le TTIP, le Traité transatlantique) et interdire aux entreprises d’externaliser des emplois à l’étranger. Ces deux positions trouvent un écho parmi une couche grandissante de travailleurs précaires et de sans-emplois, mais elles offusquent les grandes entreprises. Comment Trump peut-il défendre de telles choses alors qu’il figure parmi les représentants de l’establishment capitaliste ? Trump veut mettre les travailleurs de son coté, il ne peut pas se permettre de simplement accuser les migrants d’être responsables de la crise économique. Une profonde colère s’est développée vis-à-vis du monde des entreprises et des banques, notamment en raison des scandales de corruption mais aussi suite aux récents mouvements de masse aux Etats-Unis et ailleurs. Trump veut se profiler sur ce terrain pour obtenir des voix parmi les travailleurs. Pour le reste, son programme est unilatéralement à l’avantage des riches.

    Pour certains, Trump est un fasciste, contrairement à d’autres candidats conservateurs. Est-ce le cas? Nous estimons que non. Trump est indéniablement raciste et sexiste. A n’en pas douter, il constitue une menace pour la classe des travailleurs, très certainement pour ses couches organisées. Mais le fascisme est un autre phénomène, c’est un mouvement de masse utilisé en dernier recours par des parties de la classe dirigeante pour briser le mouvement des travailleurs. Trump est plutôt une figure isolée qui joue sur les angoisses et la colère d’une couche grandissante de la population. Sa réussite est surtout une expression de la polarisation croissante dans la société américaine dans un contexte de crise perpétuelle et de pauvreté en l’absence d’une alternative suffisamment puissante pour organiser ce mécontentement. Trump est avant tout un populiste de droite.

    Comment obtient-il autant de votes?

    La direction du Parti républicain s’est trompée si elle pensait que l’attitude de Trump effrayerait le grand public. La population américaine cherche désespérément une expression politique pour sa colère envers ce système injuste. Trump a su détourner cette colère.

    Cette dernière est du reste également orientée contre les Démocrates, eux aussi membres de l’establishment. Chez nous, les Démocrates sont parfois présentés comme des modérés ou même des progressistes. Mais les Démocrates comme Hillary Clinton sont des marionnettes aux mains de ceux qui les financent : les grandes entreprises, Wall Street, les millionnaires,… Pour gagner des électeurs, Clinton adopte parfois des postures progressistes. Mais les riches investisseurs qui ont financé sa campagne ne sont pas dupes, et beaucoup d’Américains en sont conscients.

    Obama a su gagner sa première présidence de manière très populiste, en promettant le ‘‘changement’’. À sa réélection, l’enthousiasme avait déjà considérablement fondu. Aucun changement n’était visible aux yeux de l’Américain ordinaire. Sous sa présidence, les mouvements ont été nombreux contre la corruption, les inégalités mais aussi la violence et les meurtres policiers envers la population noire. L’espoir incarné par Obama n’est pas devenu réalité.

    Trump parvient à construire son soutien sur ces frustrations et cette colère. Mais il n’est pas le seul à le faire. Bernie Sanders fait trembler l’establishment démocrate avec sa campagne. Il est financé par la population ordinaire et appelle à des mouvements de masse à la base de la société pour changer ce système corrompu. Malheureusement, Sanders a déjà déclaré qu’il ne se présenterait pas comme candidat indépendant contre Clinton et Trump après les primaires démocrates pour continuer sa ‘‘révolution politique’’. C’est ce que défend notre organisation-sœur aux Etats-Unis, Socialist Alternative.

    Comment arrêter Trump ?

    La seule manière est de construire une large alternative de gauche. Le potentiel est clairement présent pour l’émergence d’un mouvement de masse capable de lutter contre Trump sans soutenir Hillary Clinton, la candidate de Wall Street. La gauche doit prendre une position indépendante des deux Partis du Big Business et réunir le monde du Travail dans la construction d’une nouvelle alternative.

    L’occasion est historique pour construire un nouveau parti de gauche pour enfin briser le monopole politique des Démocrates et des Républicains et pour changer de système. La campagne de Bernie Sanders illustre le potentiel pour s’organiser en dehors du parti démocrate. Des dizaines de milliers de personnes ont participé à ses meetings, bien plus que pour Clinton ou Trump. Sa campagne est entièrement financée par ces mêmes personnes, les grandes entreprises n’y sont pour rien. Si ces masses sont mobilisées dans la direction d’un nouveau parti de et pour les 99%, Trump trouvera de moins en moins d’écho avec sa propagande ultraconservatrice.

  • Bernie Sanders: d’un concurrent de gauche à un nouveau parti?

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    Aux États-Unis, la campagne de Bernie Sanders pour être désigné candidat démocrate aux élections présidentielles fut inédite et a suscité l’enthousiasme de millions de personnes. Enfin autre chose que la politique traditionnelle ! Tout comme dans le reste du monde, la colère est vive contre les inégalités grandissantes, les bas salaires, la pauvreté et la corruption des politiciens néolibéraux.

    Par Peter Delsing, article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste

    À cela, il faut encore ajouter le prix exorbitant des études aux États-Unis. Les perspectives d’avenir de la jeune génération sont gâchées pour le ‘‘crime’’ de s’engager dans des études supérieures. Un étudiant peut sortir diplômé avec une dette de dizaines de milliers de dollars. Ce qui l’attend bien souvent ensuite, c’est d’atterrir dans le nouveau secteur des emplois à faible rémunération.
    Dans ce contexte, l’appel de Sanders pour une ‘‘révolution politique’’ visant à briser le pouvoir de Wall Street a trouvé un incroyable écho. Tant le parti républicain que le démocrate sont sous contrôle de riches bailleurs de fonds. Leur programme est néolibéral et le personnel politique est un instrument au service des intérêts du big business.

    Quand on entretient une relation aussi ouverte avec le grand capital, on fait bien évidemment tout pour exclure les travailleurs et les jeunes du processus politique. Il suffit de voir le déroulement des campagnes d’Hillary Clinton, la candidate de l’establishment démocrate, et de Bernie Sanders, à New York ou ailleurs. Sanders attire à lui une foule de partisans, un nombre dont Clinton ne peut que rêver. Mais cet enthousiasme se heurte à l’hostilité et aux manœuvres de la bureaucratie du parti. Seuls 15% des électeurs potentiels ont effectivement participé aux primaires du parti démocrate. À New York, plus de 3 millions de personnes étaient enregistrées comme ‘‘indépendants’’ et n’ont pu participer à la primaire démocrate qu’à condition de s’être fait enregistrer comme démocrate… en octobre dernier ! De telles pratiques font fi de la dynamique propre à la campagne.

    À cela s’ajoute encore le blocage des médias dominants qui, du moment qu’il n’était plus possible de tout simplement l’ignorer, ont fait déferler un déluge d’attaques sur Sanders, carrément des mensonges le plus souvent. Pour éviter de parler de ses propositions politiques, les médias ont ouvertement remis en cause son jugement et ses capacités à être président, ont repris les déclarations de l’équipe de campagne de Clinton sur le ton ‘‘trop dur’’ utilisé par Sanders dans les débats, etc. jusqu’au point – ridicule – d’accuser la majeure partie de ses partisans d’être ‘‘sexistes’’.

    Que faire suite à la défaite de New York ?

    Quand il est apparu que le silence et les mensonges seraient insuffisants, ce fut le temps de la purge. À New York, les électeurs invalidés se comptent par dizaines de milliers. Sans même le savoir la plupart du temps. Les choses ont atteint le point où le maire démocrate de New York, Blasio, qui n’est pourtant pas fan de Sanders, a reconnu que les irrégularités étaient nombreuses au point de compromettre la légitimité du processus électoral. Dans le comté où se trouve Brooklyn, là où Sanders a grandi, 125.000 personnes ont été rejetées des listes électorales.

    Au final, Clinton a obtenu 58% dans cet État et Sanders 42%. C’est une belle prouesse, mais il lui fallait s’attirer plus d’électeurs âgés et de membres des minorités. Dans le Bronx, majoritairement habité par des Afro-américains pauvres, Clinton est parvenue à obtenir une avance de 39%. Clinton est un nom plus familier, c’est vrai, et beaucoup ont certainement estimé qu’elle serait plus à même de faire barrage au danger de Donald Trump. Les sondages laissent cependant penser le contraire. La famille Clinton possède surtout un vaste réseau de politiciens, de responsables religieux, de figures de quartier,… qui lui sont inféodés. En l’absence d’autre candidat de l’establishment face au souffle de gauche autour de Bernie Sanders, les Clinton ont pu bénéficier de toute la bienveillance des médias, de tonnes d’argent et du vaste réseau démocrate constitué au fil des décennies. La campagne de Sanders n’a pas économisé son énergie dans cette bataille de New York, mais l’élan a été perdu et il sera maintenant beaucoup plus compliqué de rattraper l’avance de Clinton.

    Cela rend d’autant plus urgent de tirer les conclusions politiques et organisationnelles de ce conflit. Ces camps, autour de Sanders et de Clinton, sont inconciliables en raison d’intérêts de classe contradictoires. Clinton est une candidate néolibérale et pro-guerre sortie du sérail de l’establishment capitaliste. Le réformisme radical de Sanders a ouvert la voie à un nouveau mouvement dynamique de jeunes et de travailleurs. Mais, comme toutes les variantes de réformisme, il sous-estime la profondeur et l’étendue de la crise capitaliste.

    Pour briser le pouvoir des banques, il faut les nationaliser sous contrôle des travailleurs. Cela est crucial pour réellement disposer d’un gouvernement au service des de la majorité sociale. Les capitalistes disposent de nombreux moyens pour éluder l’impôt, très certainement s’il devient plus élevé pour eux, ou pour entraver l’activité d’un gouvernement de gauche. Sans placer les grandes entreprises, les principaux leviers de l’économie, sous contrôle public et démocratique, Sanders ne pourrait pas faire face à une nouvelle crise financière et économique. Sans encore parler du fait qu’un président de gauche se retrouverait isolé avec un parlement capitaliste hostile.

    Le parti-frère du PSL aux États-Unis, Socialist Alternative, appelle Sanders à ne pas décourager le mouvement en soutenant la candidature de Clinton en cas d’échec. Avec la campagne Movement4Bernie, nos camarades ont organisé des manifestations locales qui ont soutenu Sanders mais aussi la nécessité de créer un nouveau parti. La classe ouvrière américaine fait face à l’opportunité de se débarrasser du système des deux partis. Sanders, ou le mouvement autour de lui, devrait convoquer une grande conférence pour poser les premiers jalons dans cette direction.

    Nos camarades appellent Sanders à se présenter par la suite comme candidat indépendant ou à opter pour une présentation commune avec Jill Stein, la candidate du Parti Vert (plus radical que ses équivalents européens). Sanders et son mouvement pourraient éviter de se présenter dans les États où Clinton et Trump sont au coude-à-coude et lancer la construction d’un nouveau parti en menant campagne dans les autres États. Les millions d’Américains qui ont considéré la campagne de Sanders comme un phare allumé dans l’obscurité capitaliste représenteraient une force puissante s’ils étaient organisés dans un large parti démocratique des travailleurs reposant sur l’activité des masses et qui défendrait sans relâche un salaire minimum de 15 $ de l’heure, la gratuité des soins de santé, l’imposition des fortunes,… en liaison avec la défense d’une société socialiste démocratique. La rapide évolution qui a pris place aux États-Unis est une source d’inspiration pour beaucoup. La croissance d’une conscience socialiste plus prononcée dans le pays économiquement et politiquement le plus puissant du monde doit nous encourager à mener nous aussi le combat pour une autre société avec le plus grand acharnement.

  • Débat sur "Democracy Now". Sanders doit se présenter en novembre comme indépendant!

    Democracy Now a organisé un débat télévisé qui s'est tenu avant-hier et dont le thème ne manquait pas d'intérêt : que faire pour poursuivre la révolution politique de Bernie Sanders si Hillary Clinton remporte les primaires démocrates, comme cela est le plus probable ? Notre camarade Kshama Sawant, élue de Socialist Alternative à Seattle, figurait parmi les orateurs. Elle a notamment déclaré : "En tant que socialiste, je dirais que nous avons besoin d'un parti des 99%. Une manière fantastique d'initier ce processus serait que Bernie Sanders se présente comme candidat indépendant aux élections présidentielles à partir de novembre", c'est-à-dire quand commencera effectivement la campagne présidentielle.

    Les sous-titres de cette vidéo sont disponibles en anglais.

  • [INTERVIEW] Le socialisme à nouveau populaire aux USA

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    Bernie Sanders a popularisé l’idée du socialisme démocratique auprès de millions de personnes aux États-Unis et à l’étranger. Son programme – qui défend un salaire minimum de 15 $ de l’heure, de meilleurs soins de santé et un enseignement de qualité – repose sur les intérêts des travailleurs. Mais quand Bernie Sanders parle de socialisme, il s’agit surtout d’un capitalisme plus réglementé. Nous sommes quant à nous favorables à un changement plus fondamental qui rejette totalement le système capitaliste. Nous en avons discuté avec Kshama Sawant, élue au conseil municipal de Seattle.

    À quel point est-ce important que Bernie Sanders se qualifie de socialiste ?

    ‘‘Que l’on soit d’accord ou non avec la manière dont Bernie Sanders considère le socialisme, il est à noter que c’est la première fois dans l’histoire américaine qu’un candidat qui se dit socialiste a une chance de remporter les présidentielles. Et il n’a fait aucun pas en arrière sur ce point. Il a démontré que le socialisme n’est plus l’obstacle qu’il était à l’époque de la guerre froide. Sa campagne a suscité un énorme intérêt pour le socialisme, en particulier chez les jeunes.’’

    Qu’est-ce qu’est pour toi le socialisme démocratique ?

    ‘‘Le socialisme est une société où les moyens de production et d’échange sont démocratiquement contrôlés afin que chacun puisse vivre une vie meilleure. Pour cela, il nous faut briser la dictature des grandes entreprises sur l’économie et la politique. Nous vivons dans un monde où les richesses sont aussi grandes que les possibilités technologiques, mais elles côtoient parallèlement la pauvreté, les guerres et la crise écologique. Voilà le résultat du capitalisme, un système où seuls compte la course aux profits et où les richesses sont concentrées dans les mains d’une élite capitaliste.’’

    Qu’entend Bernie Sanders derrière le terme de socialisme ?

    ‘‘Bernie Sanders défend de nombreuses revendications de première importance : un salaire minimum de 15 dollars de l’heure, des soins de santé décents, un impôt sur les fortunes, un enseignement gratuit, etc. Les réformes radicales qu’il popularise représentent une partie importante de tout programme socialiste aujourd’hui. mais il se limite à une redistribution des richesses par une expansion du secteur public dans le cadre du capitalisme. Pour nous, le socialisme est un système social où les moyens de production et d’échange ne restent pas aux mains d’une oligarchie avide de profits et profondément antidémocratique.’’

    Sanders affirme pourtant bien que les entreprises ont trop de pouvoir ?

    ‘‘Il explique que les grandes banques qui dominent l’économie devraient être divisées en petites unités. C’est bien plus radical que ce qu’Hillary Clinton propose comme réglementation de Wall Street, c’est vrai. Mais la scission des banques ne serait que temporaire sous le capitalisme. Ce système est basé sur l’exploitation et la concurrence, il conduit inévitablement au développement de gigantesques monopoles. Bernie Sanders défend le projet de retirer les soins de santé des mains du privé et des 1% au sommet de la société, nous devons faire pareil avec les banques. Pourquoi permettre à une petite oligarchie de disposer du contrôle de notre économie ?

    ‘‘Comme Bernie l’a fait remarquer dans l’un des premiers débats pour l’investiture démocrate : ‘‘le Congrès ne contrôle pas Wall Street, Wall Street contrôle le Congrès.’’ Je suis tout à fait d’accord. Tant que nous vivrons dans une société capitaliste, nous allons bien sûr défendre toutes les réformes possibles pour améliorer la vie des travailleurs. Mais la cause fondamentale d’où découlent ces problèmes, c’est le système capitaliste lui-même. La seule façon de s’y opposer, ce n’est pas avec des gouvernements qui défendent les intérêts des riches, mais en nous organisant nous-mêmes, avec les millions de gens ordinaires sur les lieux de travail, dans les quartiers et les écoles, tant au niveau politique que syndical.’’

    Pourquoi la campagne de Bernie a-t-elle remporté un tel succès ?

    ‘‘Le capitalisme est embourbé dans une profonde crise structurelle. Nous connaissons la reprise économique la plus faible depuis la Seconde Guerre mondiale, avec des inégalités sans précédent et une montagne de dettes. L’infrastructure est littéralement en train de pourrir au point que des enfants sont empoisonnés, comme à Flint et ailleurs. Le capitalisme conduit aux crises économiques, mais aussi aux catastrophes écologiques. Les grandes entreprises refusent d’investir dans une économie verte pour le 21e siècle. Ils préfèrent au contraire jouer leur argent dans le gigantesque casino du marché financier. Et quand plus rien ne va, comme en 2008-09, c’est à nous de payer pour eux.

    ‘‘Wall Street, les grandes compagnies pétrolières et les autres grandes entreprises s’opposent aux changements nécessaires. Ils sont viscéralement contre les réformes radicales que Bernie popularise. Nous pouvons conquérir l’implémentation du programme de Sanders, mais seulement à l’aide d’une lutte de masse. À Seattle, nous avons arraché les 15 dollars de l’heure par la mobilisation active des travailleurs et de leurs familles dans la rue, en construisant un mouvement indépendant des grandes entreprises et du Parti démocrate.

    ‘‘Pour briser le pouvoir des grandes entreprises, nous devons mettre sous contrôle démocratique public les 500 plus grandes entreprises qui dominent l’économie et le système politique. Nous voulons une démocratie radicale qui va jusqu’au cœur de l’économie, sur les lieux de travail, afin que les travailleurs puissent décider de ce qui est produit, de la manière de le produire et de la manière d’utiliser les ressources disponibles. Cela nous permettrait de planifier démocratiquement l’économie en l’orientant vers la satisfaction des besoins de chacun.’’

  • USA. La campagne de Bernie Sanders à la croisée des chemins

    bernieCroiséeL’énorme soutien dont bénéficie la révolution politique de Bernie Sanders a transformé les primaires démocrates en une intéressante bataille dans laquelle 45 à 50% des électeurs démocrates ont choisi un candidat qui veut briser l’influence de Wall Street sur le processus politique. La direction du Parti démocrate avait un scénario différent à l’esprit. Hillary Clinton devait être couronnée facilement, sans beaucoup d’opposition et après une tournée victorieuse à travers le pays.

    Par Bart Vandersteene, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    Les résultats obtenus par Bernie Sanders représentent un signal fort. Une proportion importante de la population américaine en a marre de l’establishment capitaliste et de ses représentants politiques. Hillary Clinton est la personnification même des politiques néolibérales du Parti démocrate. Quand Obama a promis le changement durant sa campagne de 2008, les démocrates avaient la majorité à la Chambre et au Sénat. Au lieu d’utiliser cette position unique pour revenir sur la politique de l’administration Bush – politique de guerre, cadeaux fiscaux aux riches, renflouement des banques, coupes budgétaires dans les services sociaux,… – il a été tout simplement poursuivi sur cette lancée.
    Cela a créé une énorme déception et a démontré une fois de plus que le Parti démocrate ne peut pas être un instrument de changement en faveur des 99% de la population. Cette conclusion a également conduit à l’émergence du mouvement Occupy en 2011, de la lutte pour un salaire minimum de 15 $ de l’heure, du mouvement antiraciste Black Lives Matters (les vies des noirs comptent) et de nombreux autres mouvements en faveur des droits des femmes et des personnes LBGT+, contre le réchauffement climatique, pour un enseignement supérieur accessible,… Le mouvement autour de la campagne de Bernie Sanders est une expression concrète de toutes ces luttes.

    Un autre résultat de la déception éprouvée envers les démocrates est que les républicains, après huit ans d’administration Obama, disposent d’une solide majorité à la Chambre et au Sénat en dépit de leur programme ultra-conservateur et de droite.

    Un duel entre Clinton et Trump aux élections présidentielles serait un grand danger. Trump aurait alors le champ libre pour exprimer la colère massive contre l’establishment que représente parfaitement Hillary Clinton. Cela pourrait causer des dommages permanents dans la société. Trump utilise intelligemment les médias commerciaux pour lesquels le spectacle est plus important que le contenu politique. C’est comme ça qu’on attire les téléspectateurs et donc les annonceurs et les revenus.
    Aujourd’hui, cinq conglomérats dominent le marché des médias américains et ceux-ci déterminent dans une large mesure la façon dont les gens voient le débat politique. Trump apparait dans tous les médias du matin au soir et dispose ainsi d’une plate-forme pour son message populiste de droite et raciste.

    C’est la politique néolibérale de Clinton et du Parti démocrate qui a créé ce terrain fertile, tout d’abord pour le Tea Party et maintenant pour Trump. Seul Sanders peut fournir une expression de gauche à la révolte sociale qui se prépare dans la société. Sa révolution politique ne doit pas tout simplement se terminer à la Convention Démocrate de juillet prochain. L’énorme énergie aujourd’hui présente doit être utilisée pour s’affranchir des limites du Parti démocrate pro-capitaliste.

    Socialist Alternative, l’organisation-sœur du PSL aux Etats-Unis, appelle Sanders à se préparer pour une participation indépendante aux élections présidentielles en cas de défaite contre Clinton. Comme nous le craignions, Sanders n’a pas été en mesure de surmonter les énormes obstacles placés sur sa route par les démocrates. Le pouvoir de Wall Street dans le parti, les procédures anti-démocratiques qui régissent les primaires et l’énorme pouvoir des médias ont rendu quasiment impossible à Sanders de l’emporter. Mais le chemin qu’il a parcouru illustre l’immense potentiel de son message politique.
    Une campagne présidentielle indépendante peut poser les bases d’un nouveau parti. Une partie de la population qui lorgne vers Trump pourrait s’en détourner en faveur d’une alternative de gauche. Seule la construction d’un nouveau parti des 99% pourrait libérer la politique américaine du faux choix entre républicains et démocrates, un choix qui pousse le terrain politique à droite.

  • [VIDEO] Paul Murphy & Kshama Sawant: construire la révolution politique

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    paul_political_revolutionUn meeting de nos camarades américains de Socialist Alternative vient de se tenir à Seattle au sujet de la révolution politique à construire contre la classe des milliardaires. Au côté de Kshama Sawant, élue au conseil de la ville de Seattle, se trouvait Paul Murphy, membre du Parlement irlandais où il a été élu en tant que candidat de l’Anti-Austerity Alliance. Il est également membre du Socialist Party, notre parti-frère irlandais. Il y a pris la parole au sujet de la situation politique bouillonnante en Europe dans des pays comme l’Irlande, l’Espagne et le Portugal, où le soutien aux partis de l’establishment s’est effondré tandis que des partis anti-austérité ont connu un prodigieux essor.

    Paul Murphy sera également présent ce 9 avril à Bruxelles pour notre journée “Socialisme 2016”.

    kshama_paulKshama Sawant a abordé la manière de construire la révolution politique aux USA au-delà des primaires présidentielle du parti démocrate et de la candidature de Bernie Sanders. Bernie se bat toujours, et il a raison. Mais il est temps de regarder sobrement quelle est la situation et de tirer des leçons de cette expérience. Il faut débattre de la façon d’éviter que l’engouement pour la révolution politique contre la classe des milliardaire peut sortir de la camisole de force du Parti Démocrate dominé par Wall Street.

  • Seattle. Kshama Sawant prend la parole à un meeting de Bernie Sanders

    Notre camarade Kshama Sawant, élue au conseil de la ville de Seattle et membre de Socialist Alternative (notre organisation-soeur aux USA), a parlé ce week-end devant les milliers de personnes venues assister au meeting de Bernie Sanders. La vidéo ci-dessous comprend quelques images de son intervention ainsi qu'une interview dans laquelle elle aborde la menace représentée par Donald Trump, le monde débat politique actuel dominé par le Big Business, le mouvement Black Lives ou encore la lutte pour l'élévation du salaire minimum à 15 dollars de l'heure à Seattle. Elle appelle à la création d'un parti représentant les 99% de la société et pour la mise sous propriété publique des secteurs-clés de l'économie. Les réactions positives des participants illustrent la popularité que commencent à gagner les idées socialistes aux USA et dans le reste du monde.

    Kshama Sawant from Elliot Stoller on Vimeo.

  • Popularité croissante du socialisme aux USA: Activités EGA à Namur et à Bruxelles

    Alors que 1% de la population mondiale détient plus de richesse que les 99 autres pourcent, Bernie Sanders mène une campagne pour une «révolution politique contre la classe des milliardaires». Il milite également pour un salaire minimum de 15 $/h, la gratuité de l’enseignement secondaire et supérieur, taxer les riches, stopper le changement climatique et combattre le racisme ainsi que le sexisme.
    C’est la première fois dans l’histoire des USA qu’un candidat se présentant comme socialiste a un tel impact dans le débat politique du pays. Il remplit des stades lors de ses allocutions et fait appel aux mobilisations sociales pour défendre son programme. Contrairement aux autres candidats, pas un seul dollar de sa campagne ne vient des grandes entreprises.

    Des millions d’Américains en ont assez de la politique de l’establishment. L’élan derrière Bernie Sanders donne une opportunité réelle de rassembler tous ceux qui veulent construire une véritable alternative pour les 99%. La campagne de Sanders inspire les jeunes (84% des moins de 30 ans ont voté pour Bernie) et la classe des travailleurs à être active et à batailler pour élire un candidat qui défende leurs intérêts.

    Cependant, il sera difficile à Sanders de remporter l’investiture face aux énormes ressources de l’establishment du Parti démocrate pro-Wall Street et aux grands médias qui taisent sa campagne. Un mouvement véritablement indépendant de la machine du Parti démocrate est nécessaire pour vaincre.

    C’est ce que veut construire notre parti frère aux USA – le Socialist Alternative – et sa conseillère communale à Seattle récemment réélue, Khsama Sawant, à travers leur campagne #movement4bernie.
    Nous vous invitons à discuter de ces développements aux USA. Nous voulons également réfléchir ensemble à comment bâtir un mouvement de masse capable de renverser le capitalisme et construire une société qui réponde démocratiquement aux besoins de chacun plutôt qu’aux profits des super-riches.

    Les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) et le PSL vous invitent à venir en discuter.

    • Lundi 21 mars, Namur. 18h30 : Réunion ouverte des EGA et du PSL Namur “Le socialisme devient populaire aux USA” – 23 Rue de Bruxelles, Namur.
    • Jeudi 24 mars, Bruxelles, ULB. 19h, campus Solbosch, meeting “Débat: Le socialisme devient populaire aux USA”, local AW1.120
    • Vendredi 25 mars à partir de 18h30 : Souper trimestriel du PSL Namur – Rue Coquelet, Namur (repas : 5€)

    Contact : info@gauche.be ou 0474 35 30 36 (Emily)

  • USA. La «révolution politique» de Sanders inaugure une nouvelle ère politique

    sanders_fevConstruisons le #Movement4Bernie afin de vaincre la classe des milliardaires et les dirigeants du Parti Démocrate

    La victoire de Bernie Sanders à la primaire démocrate du New Hampshire fut un véritable séisme qui ébranle à présent les élections présidentielles américaines et l’ensemble de l’élite politique. Pour la première fois de l’histoire des États-Unis, un candidat qui se dit socialiste a remporté une victoire dans une primaire dans un État véritablement stratégique. Bernie a obtenu 22 % de plus que la candidate « officielle » Hillary Clinton : 60 % contre 38 %, ce qui fait qu’il obtient du même coup la plus grande marge d’avance jamais vue de toute l’histoire de la primaire du New Hampshire. La victoire de Bernie marque donc bien le début d’une nouvelle période tumultueuse de la vie politique aux États-Unis.

    Par Patrick Ayers, Socialist Alternative (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux États-Unis), article initialement publié en anglais le 11 février

    En plus du « match nul » lors de la primaire de l’Iowa, la victoire de Sanders au New Hampshire va déclencher une bataille bien plus féroce pour la nomination du Parti démocrate. Sanders est désormais perçu comme un candidat sérieux à la nomination et à la présidence, porté par l’énorme enthousiasme suite à son appel à une « révolution politique contre la classe des milliardaires ». À ce titre, les primaires dans le Nevada, en Caroline du Sud, puis dans les onze États où des primaires doivent se tenir le 1er mars, qui sont vues comme des terrains moins favorables à Sanders, constitueront pour lui le test décisif.

    Les brillants résultats de Sanders en Iowa, dans le New Hampshire et dans les sondages réalisés au niveau national ont enclenché une vague sans précédent de petites donations. Rien qu’en janvier, Sanders a récolté 20 millions de dollars, sur base de dons d’un montant moyen de 27 $. Au cours du même mois, Clinton n’avait pu récolter « que » 15 millions $, financés essentiellement par une poignée de très riches « parrains ». Suite à sa victoire dans le New Hampshire, Sanders a encore reçu la somme record de 6 millions $ en transferts individuels faits par internet.

    Pendant ce temps, le Parti républicain « scrute le fond de l’abysse ». Lors de la primaire de ce parti dans le New Hampshire, qui se tenaient en même temps que la primaire démocrate, Donald Trump est ressorti vainqueur de loin, avec 35 % des voix. La seconde place a été ravie par John Kasich (16 %), tandis que Ted Cruz était troisième (avec 11 %), suivi par Jeb Bush et Marco Rubio. (Jeb Bush, le petit frère de l’ancien président George W. Bush, était donné depuis des années comme le grand favori du camp républicain. Il a cependant fini par abandonner la course samedi 20 février, ne récoltant à nouveau que 7 % des voix en Caroline du Sud). Dans les faits, on voit se développer deux primaires en parallèle à l’intérieur du Parti républicain, ébranlé par une grave crise interne : d’un côté la primaire entre les candidats populistes, qui se joue entre Trump et le vainqueur des primaires en Iowa, Ted Cruz ; de l’autre, la primaire entre les candidats qui ont le soutien de l’élite politique : Rubio, Bush et Kasich.

    Les candidats populistes comme Trump et Cruz ont ensemble remporté plus de 53 % des voix lors de la primaire républicaine du New Hampshire. Leur discours raciste, sexiste et islamophobe représente clairement une menace pour la classe ouvrière. Mais leur percée au sein du Parti républicain n’est en fait que le reflet d’une révolte de la part de simples citoyens qui sont fatigués du statu quo. Chez les démocrates comme chez les républicains, la primaire du New Hampshire a été, comme Sanders l’a expliqué, le théâtre d’une rébellion contre « la politique de l’élite, l’économie de l’élite et les médias de l’élite ».

    Si la gauche devait échouer à construire une présence politique durable, si nous continuons à laisser nos mouvements se faire phagocyter par les candidats de la direction du Parti démocrate, cela ouvrira un espace de plus en plus grand aux idées d’extrême-droite. Il s’agit d’une course contre la montre, au cours de laquelle nous devons construire une puissante alternative de gauche totalement indépendante de la bourgeoisie afin de tacler le danger grandissant que représente la démagogie populiste de droite.

    Une révolte de la jeunesse et de la classe ouvrière

    Avec ses meetings de masse et l’affluence record de petites contributions individuelles, la campagne de Bernie a donné une expression à la profonde colère qui vit parmi la société américaine contre la domination de la finance et des grandes entreprises dans la politique du pays. C’est cet enthousiasme, suscité par l’appel de Bernie parmi les jeunes et les travailleurs (« une révolution politique contre la classe des milliardaires »), qui lui a assuré la victoire dans le New Hampshire.

    En général, les personnes qui viennent voter lors des primaires ont tendance à être assez âgées et plutôt fortunées. C’est la couche qui continue à soutenir Clinton. Mais la victoire de Bernie a été assurée par une mobilisation massive de la jeunesse et des travailleurs.

    Des sondages réalisés à la sortie du scrutin dans le New Hampshire, il ressort que 83 % des électeurs démocrates dont l’âge est compris entre 18 et 29 ans ont voté pour Bernie ; on constate donc ici le même phénomène qu’en Iowa. Les électeurs âgés de moins de 45 ans représentaient 41 % des électeurs à la primaire démocrate du New Hampshire – un taux encore plus grand qu’en Iowa où les électeurs âgés de moins de 45 ans n’étaient que 35 %. 65 % de ceux dont le revenu familial est inférieur à 100 000 $ par an et 71 % des électeurs dont le revenu familial est inférieur à 30 000 $ par an ont voté pour Bernie. Clinton n’a obtenu une majorité que parmi ceux dont le revenu est supérieur à 200 000 $ par an.

    Bernie a aussi remporté les voix de 55 % des femmes du New Hampshire. Quelle brillante réponse à Madeleine Albright et Gloria Steinen (deux « féministes » bourgeoises, cadres du Parti démocrate) qui ont déclaré qu’« il existe un endroit spécial en enfer » pour les femmes qui ne soutiennent pas Clinton et que les jeunes filles qui, dans leur écrasante majorité, ont voté pour Sanders en Iowa l’ont fait « parce que les garçons sont avec Bernie ».

    La riposte de l’élite

    La campagne pour Clinton a vivement riposté face au succès de Bernie. Cela reflète la profonde anxiété qui vit parmi l’élite dirigeante. Elle craint la révolte en cours contre les dirigeants des deux partis traditionnels du capitalisme états-unien. Lloyd Blankfein, PDG de la banque Goldman Sachs, a récemment qualifié la campagne de Bernie de « tendance dangereuse ». Ils s’inquiètent du fait que la campagne de Bernie est en train de donner un écho aux espoirs de millions de personnes, qui veulent croire au fait qu’il est possible de vaincre les candidats imposés par les grandes entreprises. Le milliardaire Michael Bloomberg, qui est l’ancien maire de New York, est par exemple en train de réfléchir à se présenter comme candidat indépendant pour la présidentielle, vu la crise dans laquelle sont plongés les deux partis.

    Depuis l’Iowa, la campagne de Clinton a adopté un ton beaucoup plus négatif et virulent. Lors du premier débat face à face qui a suivi la primaire en Iowa, Hillary a accusé Bernie de la « dénigrer » en insistant à chaque fois sur le fait qu’elle est financée par les patrons de Wall Street. Ses militants ont entonné un refrain comme quoi Bernie serait le candidat des hommes, afin de chercher à récupérer les votes des jeunes femmes qui le soutiennent. Cependant, beaucoup de ces attaques se sont retournées contre elle. Elles ont surtout révélé le fait que beaucoup de gens se méfient d’elle et n’accordent aucune confiance à ses arguments. Les soutiens de Clinton, qui incluent la direction du journal New York Times, ont appelé l’équipe de campagne de Clinton à revoir leur tactique, en proposant des méthodes selon eux plus efficaces pour contrer Sanders.

    En même temps, la menace représentée par Sanders va inévitablement susciter une réponse plus générale de la part de l’ensemble de la classe dirigeante, y compris les grandes chaines médiatiques et la direction du Parti démocrate. Les attaques sur Sanders et sur le mouvement derrière lui vont se faire de plus en plus agressives et vicieuses.

    Bernie a permis à tout le monde d’identifier Clinton comme la candidate de l’élite financière et industrielle. Récemment, il a révélé le fait qu’elle ait reçu 675 000 $ pour aller parler à trois séminaires organisés par la banque Goldman Sachs. Quand on lui a demandé pourquoi elle a accepté cette somme, Clinton a simplement répondu « C’est ce qu’ils m’ont offert ». Beaucoup de gens ont insisté pour savoir de quoi elle avait été parler là-bas et recevoir le texte de son discours : elle a refusé. Révéler le contenu de son discours pourrait s’avérer fort mauvais pour elle, car cela aurait pour effet de mettre à jour l’ampleur de sa loyauté envers le monde de la finance. Selon une interview avec un cadre de Goldman Sachs qui était présent à un de ces discours, « C’était assez surprenant … C’était tellement différent des discours qu’elle donne en ce moment en tant que candidate à la présidentielle. Il s’agissait d’un discours très édulcoré. Elle avait plus l’air d’une directrice de la banque que d’une politicienne ». Mais même si Clinton finissait par accepter de révéler le contenu de son discours, les dégâts ont déjà été faits, et cela va peser sur sa campagne pour tout le reste des primaires.

    Sous pression de Sanders, Clinton pourrait commencer à adopter un discours de gauche, de manière opportuniste, en disant qu’elle est le candidat à qui il faut faire confiance pour protéger les simples citoyens des méchantes banques. Mais pourtant son CV est limpide : Clinton est la candidate du grand patronat, point.

    Les avantages électoraux de Clinton

    Même si Bernie bénéficie de tout un mouvement derrière lui, Clinton continue à bénéficier d’immenses avantages. Elle est soutenue par l’ensemble des médias, est financée à hauteur de 60 millions de dollars par les grandes entreprises et banques, et a à sa disposition l’ensemble des hauts cadres du Parti démocrate et tous leurs réseaux. Plus de 200 gouverneurs, sénateurs, et députés ont déjà affirmé soutenir Clinton, tandis que seuls deux députés se sont déclarés en faveur de Bernie (et aucun sénateur ni gouverneur).

    Clinton compte aussi sur le soutien d’une large majorité des principaux leaders libéraux, tels que l’économiste Paul Krugman et la féministe Gloria Steinem. Bien plus scandaleux, la plupart des dirigeants des plus grandes fédérations syndicales soutiennent Clinton, alors qu’elle a tout de même fait partie de la direction de Walmart, la plus grande chaine de supermarchés des États-Unis qui, à ce jour, interdit toujours le moindre début de représentation syndicale en son sein. En Iowa, Clinton a remporté 53 % des voix des syndicalistes.

    Un important facteur qui aide Clinton est le fait qu’elle est déjà bien connue et porte un nom célèbre. Elle estime pouvoir compter d’office sur les voix de l’ensemble des Noirs et des Latinos. Mais plus Sanders devient connu, plus son soutien est en train de grandir.

    Nous pouvons nous attendre à ce que l’équipe de Clinton et ses partisans parmi la classe dirigeante lancent maintenant une campagne de terreur et de dénigrement tout au long des semaines à venir. Avec toute la puissance des médias mobilisée pour influencer les débats, cela pourrait avoir un impact, surtout parmi les électeurs plus âgés et des millions d’autres travailleurs qui s’intéressent un peu moins à la politique. La classe dirigeante va chercher à alimenter les craintes des électeurs selon lesquelles le fait de choisir Sanders comme candidat aidera les républicains à remporter les élections présidentielles en novembre. Pendant ce temps, des millions de travailleurs et de jeunes qui auraient pu être touchés par le message de Sanders sont totalement dégoutés de la politique, vu à quel point ils sont négligés depuis des années, et refusent de se mobiliser.

    Les dirigeants du Parti démocrate vont tout faire pour contrer Sanders. Si les avantages institutionnels « normaux » ne suffisent pas à bloquer la campagne de Sanders, alors des mesures plus décisives seront exigées par les grands patrons. Ils vont exercer une forte pression sur de nombreuses personnalités médiatiques et politiques pour qu’ils se rangent derrière Clinton. Au cas où les divisions au sein du parti atteindraient un certain point, on ne peut pas exclure que même le président Obama puisse se ranger derrière Clinton, au mépris de la tradition de neutralité suivie par les présidents sortants.

    Briser ces barrières institutionnelles va nécessiter un mouvement de soulèvement de masse contre l’élite dirigeante à une échelle bien plus grande que tout ce que nous avons pu faire jusqu’à présent. Il sera nécessaire d’activer les millions de gens qui ne participent normalement pas du tout dans la politique et qui ne votent même pas, ou qui ne sont pas convaincus du fait que la campagne de Bernie puisse leur apporter le moindre changement dans leur vie de tous les jours. Tout cela signifie que Bernie ferait une erreur fondamentale s’il commençait à vouloir « modérer » son discours dans l’illusion de s’attirer ainsi plus d’électeurs. Au contraire, Bernie doit approfondir son message de « révolution politique », pour présenter à de plus larges couches de la population une véritable perspective de changement en profondeur. Cela veut aussi dire qu’il faut reconnaitre le fait que l’appareil du Parti démocrate n’est pas de notre côté et que nous devons construire un mouvement basé sur la mobilisation et l’organisation des travailleurs à la base, en toute indépendance.

    #Movement4Bernie

    Il nous faut une stratégie pour inspirer ces millions de gens à s’impliquer dans notre campagne de manière active. Comme Bernie le dit lui-même : « Même le meilleur président du monde ne pourra jamais se confronter seul à la classe des milliardaires ».

    La politisation de la campagne de Bernie nous donne une change de construire un véritable mouvement à la base qui nous sera utile pour mener à bien cette « révolution politique », en tirant parti de l’enthousiasme suscité par sa campagne pour nous organiser au niveau de nos quartiers, de bas en haut. Il est aussi très important de constater que cette implantation à la base nous servira dans le futur dans le cadre de la lutte contre ces mêmes milliardaires, agents immobiliers, banquiers et patrons malhonnêtes qui oppriment la population.

    Le groupe Socialiste Alternative a lancé le #Movement4Bernie afin de contribuer à l’implantation à la base de la campagne pour Bernie, qui sera nécessaire pour vaincre les représentants politiques du grand patronat. Nous voulons jouer notre rôle en activant autant de gens que nous le pouvons afin de préparer la lutte qui se trouve devant nous, tout en liant cette bataille à la nécessité de construire un mouvement qui lutte pour les intérêts de la grande majorité de la population et pour une véritable transformation de la société. Nous avons participé à l’organisation des récentes « Marches pour Bernie » partout dans le pays, qui ont rassemblé 3000 manifestants à Chicago – y compris des militants de la campagne Black Lives Matter (« Les vies des Noirs comptent ») – et 2000 manifestants à New York, en plus des actions qui ont lieu dans de nombreuses autres villes.

    Le 27 février, le #Movement4Bernie participera à la deuxième édition des « Marches pour Bernie » aux côtés des autres organisations de soutien à Bernie, de syndicats, de représentants de quartiers et d’associations de la société civile. Si nous agissons de manière audacieuse et cohérente, nous pouvons mobiliser des milliers de personnes dans chaque ville du pays pour exprimer de manière fracassante notre intense soif d’un véritable changement.

    Socialist Alternative est aussi active dans le mouvement « Syndicalistes pour Bernie », qui vise à remettre en question les dirigeants des syndicats qui continuent à suivre Clinton – la plus grande amie des patrons – sous prétexte qu’elle « a plus de chances d’être élue ». En tant que socialistes, nous avons toujours mis en garde les syndicats contre les multiples trahisons de la part du Parti démocrate, dont les dirigeants sont tous des grands patrons, en les appelant à mettre plutôt en avant de vrais représentants politiques des travailleurs, indépendants de la bourgeoisie, qui refusent tout don de la part des banques et des grandes entreprises.

    La campagne pour Sanders nous offre une occasion historique de populariser ces arguments parmi les travailleurs, pour chercher à mettre en place une nouvelle direction syndicale qui se battra contre les dirigeants cyniques qui n’ont jamais rien à reprocher à des politiciens comme Mme Clinton qui soutiennent les guerres et mangent avec les plus riches banquiers du pays. Tous nos tracts et déclarations sont disponibles pour impression sur le site laborforbernie.org

    Un parti pour les 99 %

    Un des traits les plus séduisants de la « déferlante Bernie » est l’immense mobilisation de sympathisants – comme le meeting de janvier dans le Minnesota qui a rassemblé 20 000 personnes. Ces grands meetings donnent une expression visible et concrète de l’enthousiasme et du soutien dont bénéficie Bernie mais au-delà de lui, tout son discours, qui parle d’une politique d’un genre nouveau et qui ose s’en prendre à la classe des milliardaires. Tout comme les millions de dollars qu’il a reçu sous la forme de petites contributions individuelles, ces mobilisations montrent le potentiel qui existe pour la construction d’un mouvement social et politique, indépendant de la bourgeoisie, qui entrainerait des millions de simples gens.

    Notre population est confrontée à tant de problèmes : racisme, sexisme, bas salaires, hausse vertigineuse des loyers, endettement pour frais de scolarité, etc. Mais tout cela se résume à la question de qui a le pouvoir : la classe des milliardaires dispose de beaucoup de moyens, et nous, simples prolétaires, nous n’avons pour ainsi dire rien. La campagne de Bernie nous offre donc une occasion de changer la donne.

    Nous ne sommes pas obligés d’accepter l’idée de soutenir le « moindre mal » parmi les candidats des patrons, comme quoi cela serait soi-disant la seule façon de vaincre la droite. Le programme de Hillary Clinton est en réalité un désavantage dans le cadre d’un combat pour la droite, comme Bernie l’a d’ailleurs très bien fait remarquer. La meilleure façon de mobiliser contre la droite et de remporter les présidentielles au mois de novembre est de poursuivre la construction de la campagne pour Bernie, tout en continuant à entretenir cet immense enthousiasme.

    La collecte de fonds effectuée par Bernie nous montre aussi que si nous le voulons, nous pouvons nous aussi rassembler les fonds nécessaires pour lutter à armes égales avec les politiciens du patronat. C’est notre capacité à mobiliser les foules des travailleurs, en toute indépendance, qui nous donne cette possibilité. Notre avantage serait toutefois bien plus déterminant si seulement les syndicats décidaient de se positionner derrière Sanders plutôt que d’apporter un soutien véritablement criminel à Clinton comme ils le font.

    En réalité, bien que Sanders lui-même continue à s’en tenir à l’idée que le Parti démocrate peut être transformé de l’intérieur, la campagne de Bernie montre que le potentiel est bien là pour construire notre propre parti politique, un parti des 99 % de la population, contre les grands patrons et leurs deux partis. Ce nouveau parti pourrait rassembler sur une même plateforme les socialistes, les syndicalistes, les jeunes, et les militants progressistes de tous horizons, afin de nous donner l’outil nécessaire pour mobiliser des millions de gens contre l’oligarchie financière.

    Même si Bernie cherche à se faire élire comme candidat du Parti démocrate, beaucoup de ses partisans comprennent bien que le Parti démocrate est une machine entre les mains des 1 % de riches qui nous dominent. Bernie a dit qu’au cas où il perdrait ces primaires (des élections qui, on le sait, sont truquées d’avance par toute une série de mécanismes bien huilés), il resterait un membre loyal du Parti démocrate et soutiendrait Clinton dans sa campagne financée par les plus grandes banques du monde : beaucoup de ses partisans sont fort mécontents de cette déclaration. Mais par sa dynamique, la campagne de Sanders est en train de démasquer Hillary Clinton et de révéler au grand jour les limites du Parti démocrate et sa nature profonde de parti de l’élite financière.

    Il y a véritablement un grand danger que tout le mouvement de soutien à Bernie, cette révolte contre la classe des milliardaires et le système politique corrompu, soit au final instrumentalisé par le Parti démocrate pour forcer tous ces militants à soutenir Clinton. Notre groupe, Socialist Alternative, est en train de mener une mobilisation active dans la direction opposée. Nous sommes partout très bien accueillis parmi les partisans de Sanders, auprès de qui nous propageons l’idée d’une candidature indépendante de gauche à tous les échelons du gouvernement, dirigée à la fois contre les Républicains et contre les Démocrates. Ce mouvement doit être vu comme la semence qui finira par donner un nouveau parti de masse, dirigé par les travailleurs et pour les travailleurs.

    Nous voyons de profondes fissures et divisions s’ouvrir entre les simples électeurs et le Parti démocrate, par nature une machine procapitaliste à la solde de la grande bourgeoisie. Si Michael Bloomberg envisage maintenant de se présenter en tant que candidat indépendant aux présidentielles, c’est parce que la classe dirigeante se prépare déjà à une révolte ouverte au cas où Sanders remporterait les primaires au sein d’un parti qu’ils considèrent sous leur contrôle. Ces forces vont tout faire pour saboter Sanders lors de la présidentielle plutôt que de permettre au mouvement derrière lui de consolider sa position.

    Même la convention du Parti démocrate, qui doit désigner le candidat à la présidentielle, inclut un mécanisme destiné à empêcher la concrétisation d’une éventuelle victoire de Sanders. En effet, parmi les délégués à cette convention, si 80 % sont élus par les élections primaires qui se déroulent en ce moment, il reste 800 « superdélégués », des cadres désignés par la machine du Parti démocrate, qui constituent donc à eux seuls 20 % des électeurs finaux. Cela veut dire que quand bien même Sanders sortirait vainqueur des primaires, il est possible qu’il ne soit au final pas reconnu comme le candidat du parti. Même s’il est vrai que la direction du parti préfèrerait ne pas avoir à utiliser ce pouvoir pour bloquer Sanders, vu qu’un tel « coup d’État » provoquerait d’intenses critiques au sein et en-dehors du parti, ouvrant la voie à une grave crise politique. C’est pourquoi en ce moment, tous les efforts sont concentrés sur les primaires où ils tentent de battre Sanders coute que coute.

    Le combat pour les primaires démocrates va continuer. 65 % des délégués à la convention seront désignés au cours du mois de mars. Il nous faut donc dès à présent lancer une mobilisation totale au niveau national pour contrer l’offensive que la classe dirigeante est en train de préparer contre Bernie dans les semaines à venir.

    S’il veut gagner les élections (et, au-delà, faire appliquer le programme de Sanders même après qu’il ait été élu), le mouvement derrière Bernie ne doit pas se limiter au modèle traditionnel de campagne électorale où tout est décidé par des gens dans des bureaux. Notre campagne doit partir de l’auto-organisation à la base. Plus notre auto-organisation sera forte aujourd’hui, plus nous serons indépendants de la machine du Parti démocrate, plus nous serons capables de poursuivre la lutte pour une révolution politique même après les élections, quel que soit le résultat des primaires ou des présidentielles.

    La campagne pour Sanders a déjà ouvert une nouvelle période dans la vie politique des États-Unis. Mais dans les semaines qui vont venir, le potentiel existe pour porter un coup encore plus grand à la politique du patronat, afin d’ébranler jusque dans ses fondements ce système de deux partis sous contrôle et corrompus, et d’ouvrir une nouvelle vague de lutte politique pour une transformation socialiste en profondeur de la société.

  • USA. Les primaires de l'Iowa révèlent la crise de la politique de l'establishment

    Bernie_Sanders_iowaLes résultats sont là. Démocrates et Républicains de l’Etat d’Iowa se sont rendus aux urnes pour les caucus de leurs partis respectifs et ils ont clairement rejeté les préférences de l’establishment.

    Déclaration de Socialist Alternative (partisans du Comité pour une Internationale Ouvrière aux USA)

    Chez les démocrates, les votes étaient si serrés qu’aucun candidat n’a remporté la majorité des voix. On pouvait lire dans le New York Times que «Les résultats ont été si proches qu’ils ont profondément troublé Mme Clinton et son mari, l’ancien président Bill Clinton, ainsi que ses conseillers, dont certains avaient ces derniers jours exprimé leur confiance d’avoir repris l’initiative…» Ce bouleversement politique contre la direction capitaliste du parti se poursuivra et donnera un nouvel élan à la campagne Sanders.

    Pour un candidat qui se qualifie lui-même ouvertement de «socialiste démocratique» et qui figurait 40 points derrière Clinton il y a un an à peine, ce résultat marque une belle victoire. Son message en faveur d’une révolution politique contre la classe des milliardaires a interrompu le couronnement de Clinton à la tête d’un parti dominé par Wall Street. La campagne de Sanders est une source d’inspiration pour les jeunes et la classe ouvrière qui les poussent à être actifs et à se battre pour un candidat qui défende leurs intérêts.

    Du côté républicain, Ted Cruz, un favori du Tea Party, est arrivé en tête avec 27,6%, battant ainsi Donald Trump. Le seul candidat de l’establishment qui a surpassé les attentes est Marco Rubio, qui semble s’être séparé du reste de la meute, remportant une troisième place à une marge étroite en récoltant 23%. Il utilisera cette solide performance pour se présenter comme le champion de l’aile pro-big-business du Parti Républicain.

    Les prévisions faisant état d’une affluence record aux caucus se sont en grande partie réalisées, particulièrement côté républicain. Les sondages à la sortie des urnes laissent entendre que le taux élevé de participation est principalement dû aux partisans de Donald Trump et de Bernie Sanders, qui désirent explicitement des candidats issus de l’extérieur des deux partis. Il s’agit d’une preuve supplémentaire de l’enthousiasme et de l’attention que suscitent Trump à droite et Sanders à gauche.

    Cette polarisation n’existe pas seulement dans l’Iowa. C’est à travers tous les Etats-Unis que les travailleurs et les pauvres sont à la recherche d’alternatives à ce système politique brisé. A droite, la croissance des idées sexistes, racistes et anti-immigrées constitue une menace réelle à laquelle il faut répondre. Cependant, en dépit du fait que les médias se sont focalisés sur Trump, le résultat obtenu par Bernie Sanders reflète le mouvement généralisé vers la gauche qui prend place dans la société américaine. Dans la période écoulée, ce virage vers la gauche a aussi pu être constaté avec l’impact massif du mouvement «Black Lives Matter» (contre les violences et les meurtres policiers racistes), les victoires pour l’égalité des LGBTQI et les progrès des campagnes pour l’imposition d’un salaire minimum de 15 $ de l’heure.

    Que va-t-il se passer ensuite dans les primaires démocrates ?

    L’impact des résultats de l’Iowa et de la victoire probable de Sanders dans l’Etat du New Hampshire la semaine prochaine auront une incidence sur les primaires à venir. Le scénario standard développés dans les médias dominants est que le Nevada et la Caroline du Sud, deux Etats qui doivent encore se prononcer avant le “Super Tuesday” (où plusieurs Etats organisent les suffrages en même temps), sont deux Etats aux populations de couleur plus grandes que l’Iowa et le New Hampshire et que ce terrain serait beaucoup plus difficile pour Sanders. Mais le soutien de Sanders dans la communauté noire se développe rapidement et rejoint une révolte croissante contre un establishment démocrate qui prétend avoir un programme antiraciste alors qu’il partage la responsabilité de l’incarcération de masse et de la brutalité policière. Les sondages révèlent en outre que Sanders bénéficie d’une popularité massive parmi la jeunesse, notamment chez les jeunes femmes. Le soutien croissant pour Bernie dans ce groupe démographique spécifique qui, il y a encore peu, était considéré comme un bastion de Clinton, constitue un autre symptôme de la profonde méfiance et de la colère croissante contre le système politique et les candidats pro-capitalistes. Tout compte fait, Sanders a de réelles possibilités d’engranger de forts bons résultats dans un certain nombre de primaires à venir.

    Les excellents résultats de Sanders vont pousser l’establishment du Parti Démocrate à démontrer une hostilité de plus en plus manifeste envers lui. C’est déjà ce à quoi nous assistons. Au fur et à mesure que Sanders remporte des délégués et que les médias se voient forcés de prendre sa campagne au sérieux, des revendications comme le salaire minimum de 15 $ de l’heure semblent plus réalisables à un nombre grandissant d’Américains en dépit de l’hostilité de commentateurs libéraux tels que Paul Krugman, économiste et chroniqueur au New York Times.

    Mais il ne faut pas entretenir d’illusions, il lui sera extrêmement difficile de remporter l’investiture pour les élections présidentielles face aux énormes ressources de l’establishment démocrate et des médias dominants. Les vaincre exigera de construire un mouvement véritablement indépendant de la machine du Parti Démocrate. Il est important que de récents sondages mettent en avant que Sanders l’emporterait contre Trump avec une plus grande marge que dans le cas de Clinton. Cela mine l’argumentation selon laquelle il ne serait pas éligible. Mais la direction et l’establishment du Parti Démocrate ne vont pas accepter d’avoir un candidat qui refuse l’argent des entreprises et qui se montre favorable à des réformes cruciales pour les travailleurs. Ils feront tout leur possible pour lui barrer la route. La semaine dernière, Nancy Pelosi (chef de file du parti démocrate à la Chambre des représentants depuis 2002) a encore déclaré qu’Elizabeth Warren ne représentait pas l’opinion du Parti Démocrate lorsqu’elle a déclaré que le parti n’avait pas suffisamment fait pour lutter contre Wall Street.

    L’establishment du Parti Démocrate va pointer la menace représentée par Trump et Cruz comme une raison de se rallier à Clinton. Les attaques seront incessantes contre Sanders et sa prétendue inéligibilité en raison de son positionnement politique «trop à gauche», notamment de la part de personnalités comme Paul Krugman. Pour lutter contre ces arguments, les partisans de Sanders qui veulent voir son programment l’emporter et qu’il parvienne à gagner l’investiture devront s’organiser indépendamment de l’establishment du Parti Démocrate et se battre pour la «révolution politique» de Sanders. Construisons le #Movement4Bernie que Kshama Sawant et Socialist Alternative ont lancé, en toute indépendance des moyens financiers et de l’appareil du Parti Démocrate.

    Que se passe-t-il au GOP

    Au Grand Old Party (le GOP, Parti Républicain), la trajectoire continue de sa base vers la droite a signifié que Cruz, Trump, Carson et Paul ont ensemble démoli les candidats de l’establishment pro-entreprises en remportant 66% contre 27%. Cela reflète la mesure dans laquelle l’ensemble du processus est aujourd’hui hors de contrôle de l’establishment. Plus révélateur encore, le chouchou des entreprises, Jeb Bush, qui dispose d’un Super PAC (Comité d’Action Politique, qui permet de récolter de vastes sommes d’argents pour la campagne d’un candidat) de plus de 100 millions $, a à peine récolté 3% des voix et a été battu par des outsiders tels que Ben Carson et Rand Paul. Il semble que les électeurs de l’Iowa ont positionné Rubio avant Bush comme candidat républicain derrière lequel les cercles dirigeants de ce parti peuvent se rallier. Rubio a su prendre un élan significatif dans l’Iowa, et si le vote anti-establishment de droite continue à être divisé entre Trump et Cruz, cela peut présenter une opportunité de même que le chemin vers la victoire pour Rubio et l’establishment républicain. Mais soyons clairs: Rubio n’est pas un modéré. Il s’oppose par exemple au droit à l’avortement, même après viol ou inceste, et a promis de faire revenir sur le mariage égalitaire (entre personnes de même sexe).

    Ted Cruz célèbre une victoire surprise sur base de la construction d’un solide réseau sur le terrain dans cet Etat, qu’il avait estimé devoir le favoriser lui et ses positions fondamentalistes religieuses. Fait intéressant, alors que Cruz a principalement attiré à lui des participants réguliers aux caucus des primaires du parti, Trump a été fortement populaire auprès de personnes qui participaient à leur premier caucus, venus soutenir une personnalité extérieure au parti. Les Républicains enregistrés dans l’Iowa ont la réputation d’être conservateurs et religieux, ils ont souvent orienté le débat des primaires républicaines vers des thématiques qui comptent pour ce groupe démographique. Cependant, lors des élections précédentes, les vainqueurs du parti Républicain dans l’Iowa ont souvent échoué à remporter l’investiture: en 2008, Mike Huckabee a pris l’Iowa tandis qu’en 2012 ce fut Rick Santorum, battu en définitive par Mitt Romney. Dans les sondages nationaux, Trump a encore 15 points d’avance sur Cruz.

    Un espace s’ouvre pour une politique indépendante des deux partis de Wall Street

    movementbernie
    Manifestation pour Bernie Sanders. Socialist Alternative a pris l’initiative du #Movement4Bernie afin d’organiser des actions et des discussions en toute indépendance du Parti Démocrate afin de renforcer l’appel à la Révolution politique de Bernie Sanders.

    Les habitants de l’Iowa ont parlé et ont en grand nombre rejeté la politique traditionnelle pro-big business. Un espace politique se développe pour la gauche, ce que cette dernière doit utiliser pour construire un parti indépendant de Wall Street qui combat sans répit en faveur des travailleurs, faute de quoi la menace de la droite – avec sa misogynie, son racisme et son populisme pro-capitaliste – continuera de croître.

    Si Sanders l’emporte dans le New Hampshire la semaine prochaine, comme les sondages le prévoient actuellement, alors qu’il vient de réaliser un impressionnant tour de force dans l’Iowa, sa «révolution politique contre la classe milliardaire» pourrait prendre un nouvel élan. Alors que les jeunes et les travailleurs progressistes deviennent de plus en plus enthousiastes, l’establishment politique va intensifier ses attaques contre Sanders et sa plate-forme. L’establishment du Parti Démocrate ne fera par ses actions que démontrer que la victoire de la plateforme politique de Sanders n’est pas possible en restant dans la camisole de ce parti. L’establishment du parti ne fera que s’aliéner davantage une nouvelle génération de plus en plus encline à chercher des réponses à l’extérieur du système des deux partis.

    C’est pourquoi Socialist Alternative et #Movement4Bernie appellent à construire un nouveau parti des 99%, un nouveau parti des travailleurs et de leurs familles. Bien que Bernie ait à maintes reprises déclaré qu’il soutiendrait Hillary Clinton s’il perdait – ce qui est une erreur – nous pouvons entrevoir dans sa campagne les contours d’une nouvelle force politique de gauche, ce dont la société américaine a désespérément besoin.

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