Tag: Droits des femmes

  • Contre l’austérité et le sexisme, la lutte des femmes est nécessaire!

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    Ce 8 mars, nous fêterons la Journée Internationale des Femmes. L’origine de cette journée remonte à l’année 1908 et à une grève de 3 mois des ouvrières du textile de New-York pour exiger l’instauration de la journée des huit heures, de meilleures conditions de travail et le droit de vote.

    Par Morgane (Charleroi)

    La première véritable Journée Internationale des Femmes fut célébrée en 1911, mais cette date n’a pris son véritable sens qu’en 1917, lorsque les femmes descendirent dans la rue en Russie afin de réclamer du pain et la paix. Elles constituèrent le moteur du début de la Révolution russe. En 1922, l’Internationale Communiste lança un appel pour qu’une date fixe soit choisie, le 8 mars s’imposant dès lors comme date permanente.

    Pendant de nombreuses années, les organisations ouvrières ont mobilisé les femmes en assurant que cette journée soit un rendez-vous de lutte. Aujourd’hui, l’évènement ressemble plus à une “fête des Mères” durant laquelle des associations offrent des fleurs aux femmes dans la rue.

    Quel est le sens du 8 mars à l’heure actuelle ? Devons-nous remettre la lutte à l’ordre du jour ou les femmes ont-elles déjà tout obtenu ?

    Les limites du féminisme bourgeois et du post-féminisme.

    Dans les années ‘60 à ‘70, le féminisme bourgeois représentait le modèle dominant, notamment autour du célèbre principe de la parité femmes-hommes dans les postes à haute responsabilité. Ces féministes pensaient, par exemple, que l’ensemble des femmes bénéficierait de l’élection de l’une d’entre elles. Ce postulat a montré ses limites dans les années ‘80 quand Margaret Thatcher est arrivée au pouvoir en Grande-Bretagne. En dépit de son genre, elle a lancé une terrible offensive contre les femmes, notamment au travers du carnage opéré dans les services publics.

    Un représentant de la classe dirigeante répondra aux exigences de sa classe, qu’importe son genre. Cela ne signifie toutefois pas pour autant que disposer d’une femme élue à un poste important ne sert en rien la cause des femmes, car cela peut aider à soulever la confiance des autres. Mais toutes les femmes ne luttent pas pour les mêmes intérêts.

    Dans la plupart des pays capitalistes développés, le post-féminisme a fait suite au féminisme bourgeois dans les années ‘90, autour de l’idée que les femmes étaient parvenues à arracher les droits nécessaires pour obtenir l’égalité hommes-femmes. Seul manquait pour y parvenir un changement de comportement des femmes elles-mêmes : elles avaient à saisir les opportunités s’offrant à elles et tout faire pour réussir dans la vie.

    Alors oui, c’est vrai, nous avons obtenu le droit de voter, d’aller travailler, d’avoir accès aux études, de divorcer ou encore d’avorter. La discrimination est, de plus, interdite par la loi. Mais à chaque période de récession économique, les femmes en sont les premières victimes, de manière directe et indirecte. Le changement individuel de comportement est impuissant face à la politique d’austérité.

    Une austérité calamiteuse pour les femmes

    Ces trente dernières années, les politiques antisociales et néolibérales ont érodé les conquêtes sociales des femmes. Depuis la crise économique de 2008, l’ampleur et le rythme de l’offensive se sont accrus.

    La mesure du gouvernement Di Rupo concernant les exclusions des allocations de chômage dites d’insertion représente, par exemple, une attaque frontale contre les femmes puisqu’elles représentent 65 % des exclus de ce 1er janvier 2015. Nombre d’entre elles ne disposeront plus d’aucun revenu puisqu’elles sont majoritairement cohabitantes et que, dans ce cas entre autres, les CPAS ne leur accorderont rien. Elles dépendront donc entièrement de leur conjoint pour disposer d’argent.

    Lorsque les autorités décident de réduire le budget des services publics, c’est une fois de plus les femmes qui supportent la majeure partie du choc, étant à la fois surreprésentées comme travailleuses dans le secteur public et ses principales utilisatrices. Le cas des crèches publiques est particulièrement préoccupant : les places disponibles se réduisent, tandis que leurs équivalents dans le privé sont inabordables pour toute famille à faible revenu. Les femmes n’ont donc bien souvent d’autre choix que de diminuer leur temps de travail ou de renoncer à un emploi rémunéré.

    Les mesures du gouvernement Michel suivent la même logique. Ainsi, s’il faut prouver 45 ans de carrière pour avoir droit à une pension complète à 67 ans, les trois quarts des travailleuses en seront incapables. Cette situation sera encore aggravée si le projet de ne plus comptabiliser les périodes assimilées (congé de maternité, chômage temporaire, congé parental,…) est adopté.

    Réduction du temps de travail et lutte pour le socialisme

    En Flandre, un débat sur la réduction du temps de travail a fait suite aux déclarations patronales favorables aux 40 heures de travail par semaine et à une déclaration de Monica De Coninck portant sur le fait que les femmes doivent favoriser les emplois à temps plein au lieu du temps partiel. Femma (l’équivalent néerlandophone de Vie Féminine) a réagi en défendant l’instauration de la semaine des 30 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires pour que les femmes (et les hommes) puissent vraiment s’épanouir.

    La répartition du temps de travail disponible entre tous et toutes, avec embauches compensatoires, réduction des cadences et sans perte de salaire est une revendication historique du mouvement des travailleurs, que le PSL défend également afin de lutter, entre autres, contre le chômage de masse. Mais n’ayons aucune illusion, la classe dirigeante capitaliste n’acceptera jamais ce principe, car cela équivaudrait à diminuer leurs profits, chose impensable à leurs yeux.

    Le capitalisme repose sur l’oppression et l’exploitation de la classe des travailleurs, ce qui entraine de facto la perpétuation de l’oppression des femmes. Poser les bases matérielles pour une libération de la femme nécessite de se détacher de ce système et de lutter pour une véritable société socialiste démocratique.

    Les femmes ont encore beaucoup à gagner avant de pouvoir parler de réelle émancipation : la Journée Internationale des Femmes doit rester un rendez-vous combattif. À cette occasion, le PSL organise une journée de discussions et de débat au sujet la lutte pour les droits des femmes. Il sera notamment question du débat sur la réduction du temps de travail à 30 heures par semaine. Vous êtes toutes et tous les bienvenus !

    8mars

  • Contre l’austérité et le sexisme, la lutte des Femmes est nécessaire !

    8mars« L’égalité homme – femme est acquise aujourd’hui en Belgique », une idée souvent défendue ces dernières années, mais qui est de plus en plus remise en cause. Les violences domestiques, le harcèlement en rue, l’inégalité salariale, les difficultés pour combiner vie de famille – vie professionnelle (…) démontrent les discriminations et l’oppression vécues par de nombreuses femmes encore aujourd’hui.

    Tract du PSL // Tract en format PDF

    L’indépendance économique des femmes s’est fortement dégradée ces dernières années, ce qui les rend plus vulnérables à la violence. Et les politiques d’austérité du gouvernement ne font qu’aggraver cette situation, en poussant de plus en plus de familles et de femmes dans la pauvreté. En effet, celles-ci – déjà souvent plus précarisées – sont fortement touchées par les pertes d’emplois et les limitations des allocations. De plus, la destruction de nos conquêtes sociales favorise la montée des éléments divisant les travailleurs, comme le sexisme. Il devient impossible pour bon nombre de femmes de jouir des droits qu’elles ont sur le papier.

    Quelles revendications pour défendre les droits des femmes aujourd’hui ?

    Pour de plus en plus de personnes, il semble clair qu’il existe un fossé entre l’égalité juridique acquise et la réalité vécue par des millions de femmes. Pour le PSL, les revendications féministes ne peuvent pas se limiter à demander de nouvelles lois ou des modifications dans le système éducatif. Il ne s’agit pas non plus de mener une lutte contre les hommes, mais bien d’unir la lutte contre le sexisme à celle contre la destruction de nos conquêtes sociales et de nos services publics. Les femmes doivent se battre pour défendre leurs acquis et en gagner d’autres, tel que la proposition de 30h de travail par semaine, avec réduction des cadences, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire faite par FEMMA (Vie Féminine en Flandre).

    À l’occasion de la journée du 8 mars – qui commémore les luttes des travailleuses contre l’exploitation –, la Commission femme du PSL organise une journée de formation et de discussions sur les différentes expériences de luttes du passé, les revendications à mettre en avant aujourd’hui et l’alternative face à la société capitaliste patriarcale. Nous voulons remettre à l’ordre du jour la nécessité pour le mouvement des travailleur(e)s de s’unir contre le capitalisme et d’en finir avec le sexisme.

    Contre l’austérité et le sexisme, la lutte des femmes est nécessaire ! – Journée de discussions et de formation du PSL

    Tout le monde est le bienvenu !

    Dimanche 8 mars 2015 à partir de 10h45

    Baby-sitting prévu

    10h45 Accueil et inscriptions

    11h00 Introduction de la journée. Le 8 mars : Histoire de la journée internationale des femmes et son actualité aujourd’hui, par Aïcha P.

    12h00 Deux commissions au choix :
    – Femme objet, harcèlement et culture du viol : violence et sexisme croissant vis-à-vis des jeunes filles et des femmes dans un contexte de crise, introduite par Emily B.
    – Rôle et implication des femmes dans les luttes syndicales contre la crise, l’austérité et le capitalisme, introduite par Maud W.

    13h-14h Pause Midi (Un repas à prix démocratique est prévu)

    14h Suite des commissions

    15h30 La réduction collective du temps de travail : une revendication féministe ? Débat modéré par Emilie VMH, avec Anja DS (responsable nationale du travail femme pour le PSL) et Tina De Greef (secretaire LBC-NVK BHV). Nous sommes dans l’attente de réponses d’autres organisations issues du mouvement ouvrier et qui luttent contre le sexisme sous ses différentes formes.

    17h Fin de journée

    Entrée: prix libre
    Rue du Jardinier 45, 1080 Molenbeek (Metro Ribaucourt ou Comte de Flandres)
    Infos : info@socialisme.be – 02/345 61 81

  • Les femmes, en première ligne des victimes de l’austérité

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    Nous avons pu lire partout le menu des horreurs que nous a concocté notre cher gouvernement de droite dure ainsi que celui des entités fédérées. Les travailleurs vont trinquer, et n’oublions pas que les femmes représentent la majorité de ceux-ci ! Au menu, de l’austérité en entrée, en plat principal… et au dessert ! Et toute analyse quelque peu approfondie de la crise démontre à quel point celle-ci touche particulièrement les populations fragilisées dans la société, et donc malheureusement les femmes.

    Par Mandy (Liège)

    Précarisation, pertes d’emplois et de revenus

    A tous les niveaux de pouvoir, on assiste au démantèlement de l’emploi dans la fonction publique avec la réduction du nombre de fonctionnaire notamment par leur non-remplacement. On parle même de pouvoir faire appel à des intérimaires/contractuel(le)s, c’est-à-dire des contrats précaires, pour des ‘‘besoins spécifiques’’. Or, une importante partie des travailleurs de la fonction publique sont des femmes (69,2% en Europe). Ces femmes qui pouvaient jusqu’alors disposer de salaires féminins supérieurs à ceux du privé, avec de meilleures conditions de travail permettant souvent de concilier plus aisément vie privée et vie professionnelle, se retrouvent avec une précarisation de leur situation.

    Au niveau de la région wallonne, la réduction de 1,5% de la valeur des points APE (Aide à la promotion de l’emploi pour le secteur non marchand) va avoir d’importantes incidences dans le secteur socio-culturel, où les femmes sont également plus représentées.

    Au niveau de la région bruxelloise, la volonté exprimée est ‘‘d’assurer la pérennité des titres-services’’ et leur viabilité budgétaire. En d’autres termes : institutionnaliser la précarité de l’emploi des femmes sachant que la majorité des travailleurs occupés par ces titres-services sont féminins. Une étude de l’ONEM concernant l’exclusion des chômeurs de longue durée selon sexe démontre que les femmes sont massivement poussées vers les emplois précaires (10 % des chômeuses de longue durée qui sortent du chômage se dirigent vers le régime des titres-services contre à 0,4 % pour les hommes).

    Travail en dents de scie, pensions rabotées

    La retraite est déjà depuis longtemps un facteur d’inégalité hommes-femmes. L’écart de pension entre femmes et hommes s’élève en moyenne à 23 % et grimpe à 33 % parmi les indépendants. Un tiers des pensionnés et plus de la moitié des pensionnées (60 %) doivent vivre avec moins de 1 000 euros par mois ! Le marché du travail est structurellement inégalitaire, les femmes touchant généralement une rémunération inférieure à celles des hommes (l’inégalité salariale reste importante: les employées gagnent en moyenne 25 % de moins que les employés et les ouvrières 17 % de moins que les ouvriers). Les femmes sont également plus concernées par des carrières professionnelles rarement linéaires, avec des emplois à temps partiels et irréguliers, souvent marquées par des arrêts de travail pour raisons familiales.

    Le gouvernement fédéral veut notamment augmenter l’âge de la retraite de 62 ans à 66 ans en 2025 et à 67 ans en 2030 avec également un allongement des durées de cotisations nécessaires pour toucher une pension complète (41 ans de carrière en 2017 et 42 ans en 2019). Mais trois quarts des travailleuses (contre un quart des travailleurs) n’atteignent pas une carrière de 42 ans !

    Au cœur de la destruction sociale

    Les budgets de protection sociale subissent des restrictions draconiennes : diminution des allocations de chômage, des allocations sociales, des aides aux familles, des allocations de maternité,… Comme les femmes sont plus dépendantes des allocations sociales que les hommes (puisqu’elles assument encore essentiellement le rôle de principale responsable de la famille et sont souvent financièrement précaires), elles sont plus fortement touchées. Les groupes les plus vulnérables sont les mères célibataires.

    Les allocations familiales ne correspondent déjà pas aux besoins de l’enfant, mais 176 millions d’économie vont quand même être réalisées en Flandre en n’indexant pas les allocations familiales deux ans durant. Pour une famille de 3 enfants, cela représentera facilement une perte de 220 euros. Le nouveau gouvernement flamand veut également simplifier le système des allocations familiales en instaurant un même montant d’allocation pour chaque enfant : dès 2017, les 150.000 familles flamandes avec 3 enfants perdraient annuellement plus de 500 euros !

    Concernant le chômage, les femmes sont loin d’être épargnées. Sur les 32.000 chômeurs qui seront virés au 1er janvier, en Wallonie, 64% seront des femmes. L’analyse de la FGTB wallonne éclaire encore mieux cette catastrophe puisqu’ environ 25% de tous les futurs exclus sont en réalité des femmes ayant une famille à charge (une famille sur trois est monoparentale et plus de 80% de ces familles sont portées par des femmes). Plusieurs milliers de femmes seules avec enfants vont donc se retrouver obligées de recourir à l’aide sociale via le CPAS.
    N’oublions pas la réforme du chômage qui supprime l’allocation de garantie de revenus pour les temps partiels concernant les personnes sous statut de cohabitant : 4 travailleurs à temps partiel sur 5 sont des femmes.

    Contrairement aux idées reçues, il s’agit rarement d’un choix idéologique, les contingences matérielles sont fondamentales. Si on doit diminuer le temps de travail d’un parent pour s’occuper des enfants, c’est souvent celui de la femme, dont le salaire est généralement moindre. Ajoutons à cela, que l’âge maximum d’accès aux allocations de chômage sera de 25 ans, au lieu de 30 ans, ce qui va exclure de nombreux universitaires mais également ceux qui travaillent ou ont travaillé à temps partiel et qui n’ouvriront pas leur droit au chômage sur base du travail dans un contexte de flexibilisation croissante de l’emploi (temps partiel, CDD, intérims, titre service, etc.). Selon la FGTB, une majorité écrasante de femmes n’accèdent jamais au chômage sur base du travail.

    L’offensive est également généralisée contre les services publics : soins de santé, éducation, transports en commun,… Tout y passe avec des budgets réduits et/ou des frais accrus pour les usagers. Cela affecte triplement les femmes.

    D’abord parce qu’elles sont les premières usagères de ces services. Leur participation au marché du travail dépend de services à l’enfance accessibles, elles ont plus recours aux services de santé pour elles-mêmes (cf. soins gynécologiques, grossesse,…) ou pour leurs proches, elles utilisent plus les transports publics, etc. Ensuite, elles représentent la majorité des travailleurs dans l’éducation en tant que professeur dans les écoles maternelles, primaires et secondaires, en tant qu’accueillante extrascolaire, en tant qu’assistantes sociales mais aussi infirmières,… Ces coupes budgétaires visent directement leurs conditions de travail. Et finalement, ce sont elles qui compensent le plus largement dès qu’un service n’est plus rendu par la collectivité.

    Concernant les soins de santé 355 millions d’euros d’économie vont être réalisées pour l’année 2015, notamment avec une réforme du ticket modérateur, qui passera de 8,23 à 12 euros pour certaines spécialisations dont la gynécologie, une spécialisation fort loin d’être un luxe. Les femmes ayant accouché devront aussi quitter la maternité un demi-jour plus tôt. Le prix que le patient paie de sa poche chez le médecin spécialiste va augmenter de plus de 45%, même les bénéficiaires de l’intervention majorée (qui gagnent moins de 1.400 euros par mois) devront payer plus cher.

    La Wallonie a également décidé de reporter certains investissements dont ceux qui concernent les crèches, les maisons de repos,… et qui dit investissements bloqués, dit les jobs qui vont avec aussi ! La Flandre, d’ailleurs, a prévu une hausse des tarifs pour l’accueil des enfants. Ainsi, conduire un enfant à la crèche coûtera 65 euros de plus par mois (780 euros par an). De même, les services publics dans les villes, les communes et les provinces de Flandre vont subir des économies drastiques.

    Les tâches de soins et d’éducation délaissées par la fonction publique vont échoir sur les femmes via une augmentation de leur travail gratuit et invisible dans la famille. Des services collectifs de qualité, en nombre suffisant et abordables financièrement, constituent des leviers incontournables de l’égalité des sexes, de l’autonomie financière des femmes et, à terme, de leur émancipation. Les politiques d’austérité, pénalisant le droit à l’emploi rémunéré des femmes, les obligent à regagner la sphère privée pour y rendosser leur rôle dit ‘‘traditionnel’’ de mère et/ou d’épouse au foyer. Comme la perte de services publics est synonyme d’augmentation du travail domestique et de soins des femmes, certaines d’entre elles n’ont pas d’autre choix que de soit diminuer leur temps de travail et dès lors, de basculer dans l’emploi à temps partiel, soit de renoncer à exercer un emploi rémunéré.

    Pour l’émancipation des femmes

    L’ensemble des données fournies ici atteste bien de l’antinomie profonde opposant politiques austéritaires et émancipation des femmes. Ce dont les femmes ont besoin, c’est ce dont l’entièreté de la classe des travailleurs a besoin : de bons salaires, de bonnes conditions de travail, des services publics de qualité qui prendront aussi en charge les tâches ménagères.

    Les inégalités font partie intégrante du code génétique du capitalisme et, pour s’en débarrasser, c’est le capitalisme qu’il faut éliminer pour le remplacer par une société juste et égalitaire, une société socialiste démocratique.

  • Féminisme et socialisme

    Rapport de la commission « féminisme et socialisme » de l’École d’été 2014 du Comité pour une Internationale Ouvrière. Par Emily (Namur)

    Beaucoup de personnes aux diverses références se disent féministes. Pourtant, selon nous, seul le socialisme peut mettre en place les bases matérielles pour en finir avec le sexisme.

    Il y a 10 ans, nous pouvions encore entendre parler de post-féminisme. En effet, d’un point de vue purement juridique, les femmes ont pu obtenir une relative égalité devant la loi. Toutefois, la crise économique subie depuis plusieurs années par la majorité sociale démontre que cette égalité existe uniquement sur le papier. Les groupes les plus opprimés de la population – tel que les femmes – subissent cette crise avec le plus de violence. Si aujourd’hui il n’y a pas de large mouvement de femmes, beaucoup se sentent concernés par cette question et ont une volonté d’agir dessus, mais manquent de méthodes et de perspectives.

    Les marxistes ont pour tâche de se battre pour une égalité de fait, qui ne reste pas virtuelle. Pour ce faire, il est primordial, d’une part, de gagner davantage de femmes aux idées révolutionnaires et au socialisme. D’autre part, il est indispensable de mener les luttes nécessaires à la mise sur pied d’une société au sein de laquelle les bases matérielles de l’oppression des femmes auront disparu, une société socialiste.

    On ne peut nier que la classe ouvrière est parcourue par le sexisme. Cette oppression est plus ancienne que le système capitaliste puisqu’elle est apparue avec les premières sociétés de classes et est dès lors pleinement intégrée. C’est, dans ce cadre, un combat permanent pour organiser les femmes et les développer en tant que cadre révolutionnaire.

    Toutefois, le patriarcat n’a pas toujours existé. Si on rencontrait, dans les sociétés communistes primitives, une certaine division des tâches entre hommes et femmes, il n’existait pas de hiérarchie entre les rôles. La survie du groupe ne pouvait se faire que par une parfaite coopération entre tous. L’apparition d’un surplus de production développe les bases matérielles de l’oppression de classe et des femmes. En effet, cela s’est propagé de pair avec la notion de filiation et celle que la propriété privée doit se transmettre de génération en génération. Cela a permis l’émergence d’une hiérarchisation entre les rôles dits productifs et reproductifs. Depuis, il y a eu différent type de société de classes, mais l’oppression des femmes est restée une constante dans chacune d’elle. Ce n’est qu’en abolissant la société de classe que l’on pourra abolir le sexisme. Mais pour ce faire, l’unité des hommes et des femmes de notre classe dans cette lutte est indispensable.

    Notons que les femmes de la classe ouvrière ne sont pas les seules opprimées. Par exemple, la violence vis-à-vis des femmes est présente partout, même s’il sera souvent matériellement moins difficile pour les femmes des couches supérieures de quitter une situation de violence conjugale sans risquer de sombrer dans la misère. Dans la même logique, bien que Michelle Obama soit une femme noire, elle est bien moins opprimée qu’une femme travaillant dans un fast-food, mais également bien moins qu’un homme y travaillant. Toutes les femmes sont donc opprimées, mais les femmes de la classe ouvrière le sont doublement. Et si des femmes de la classe dirigeante veulent réellement lutter contre le sexisme, il sera nécessaire qu’elles rompent avec leur classe pour lutter au côté de la classe ouvrière contre le capitalisme. L’oppression de classe prévaut donc sur les autres formes d’oppressions. Ce n’est qu’en abolissant les sociétés de classes que nous pourrons avoir les bases matérielles suffisantes pour nous attaquer aux autres formes d’oppression, et ce dans un processus dialectique.

    Nous réfutons le féminisme bourgeois qui oppose les hommes aux femmes – en considérant même parfois que ces dernières, de par leur genre, doivent nécessairement avoir raison – et qui regarde les choses de manière abstraite. Non, avoir plus de femmes à des postes à responsabilité ne changera pas la nature de l’oppression de classe. Non, ce n’est pas simplement par la voie parlementaire ou grâce à quelques personnes d’exceptions que les femmes ont obtenu des acquis. Nous refusons également de tout orienter sur une question individuelle et de croire qu’il n’est pas possible d’avoir une vision globale. Bien que l’expérience de chacun puisse être différente, la compréhension des différents points de vue est possible et la solidarité et l’unité indispensables.

    En effet, le suffrage universel mixte, le mariage civil, le droit de divorcer, l’avortement sécurisé, le congé maternité, les crèches, les cantines collectives (etc.) sont autant d’acquis obtenu en période de lutte intense de l’ensemble de la classe ouvrière – telle que la Révolution russe de 1917, et ce avec des décennies d’avance sur le reste du monde. C’est par la lutte de masse qu’il est possible de combattre la double tâche à laquelle sont astreintes les femmes dans une société de classe. Cette expression signifie qu’en plus du travail productif que la femme accomplit, elle prend en charge de manière individuelle le travail domestique. Les femmes de la classe supérieure pourront, elles, engager quelqu’un pour le faire à leur place.

    Ce sont également des luttes majeures dans le secteur de l’industrie qui ont permis d’instaurer le principe de l’égalité salariale. Toutefois, si aujourd’hui elle est obligatoire dans de nombreux pays, sa mise en œuvre va dépendre du rapport de force en présence. Ainsi, selon la Banque Mondiale, les inégalités salariales varient entre 10 et 30%. Il n’existe pas, à ce sujet, de différence notable entre les pays dits riches et pauvres, mais l’écart salarial selon le genre est plus important parmi la classe inférieure que supérieur.

    Avec les coupes budgétaires majeures que nous subissons aujourd’hui à travers le monde, la problématique de cette double tâche – ou double journée de travail – revient d’autant plus à l’avant-plan. Ainsi, les premières attaques sont dirigées vers le secteur des soins aux personnes (accueil de la petite enfance et des personnes âgées, soins de santé, enseignement, refuges pour femmes battues, etc.). Les dirigeants disent alors qu’il faut compter sur la grande société, c’est-à-dire la famille. Mais en faisant cela, c’est bien sur les femmes que retombe cette charge, comme responsabilité individuelle – plutôt que collectivement pris en charge par la société – alors que parallèlement à ça, les conditions de travail se dégradent, les chômeurs sont traqués, etc. Les mesures d’austérité ont jeté une très grande proportion de femmes dans la précarité et la misère, elles accroissent encore l’oppression des femmes en dégradant leurs conditions matérielles de vie.

    Nous devons lutter pour la construction d’une société socialiste, une société qui comporte les bases d’une égalité entre les genres, c’est-à-dire avec une égalité totale au niveau matériel. Par exemple, l’accueil de la petite enfance doit être assuré par la collectivité parallèlement à un droit pour le parent qui le désire de rester à la maison avec un revenu décent. C’est seulement dans ce cadre-là qu’il peut y avoir un vrai choix. Cela devra évidemment passer par une gestion démocratique de l’économie.

    Toutefois, face à une oppression aussi ancrée que l’est le sexisme, il y aura, en plus, besoin de travailler en profondeur, comme le disait Trotsky. Il est donc nécessaire de garder une attention constante à l’intégration des femmes dans toutes les luttes et à combattre le sexisme dans notre organisation par des discussions ouvertes à ce sujet. Nous pensons que pour gagner l’unité, nous devons expliquer en profondeur nos stratégies et nos méthodes, et puisque nous ne pouvons être totalement exempts de sexisme, lorsqu’un problème survient, il s’agira d’agir avec conséquence.

    Lorsque nous menons des campagnes sur des questions plus spécifiquement “femmes” (avortement, planning familial, refuge pour femmes battues…), nous devons avoir une approche flexible selon la situation en présence. Avec le CIO, nous avons mené de nombreuses campagnes sur cette question, mais nous sommes petits face à l’ampleur de la tâche. Nous avons dès lors besoin d’un bon programme, juste et clair, même si pour l’instant nous n’avons pas les forces. Ajoutons que ce que nous nommons parfois “travail femme” n’est en rien séparé du reste du travail de l’organisation, il en fait partie intégrante : la lutte pour le socialisme.

  • Les femmes gagnent en moyenne 23% de moins que les hommes !

    Equal Pay Day – journée de l’égalité salariale

    Par une militante de la FGTB

    Chaque année, dans le courant du mois de mars, la plateforme belge Equal Pay Day composée de Zij-Kant (les femmes du SP.a) et de la FGTB, met l’accent sur l’écart salarial hommes/femmes. C’est, en effet, au mois de mars que les femmes atteignent le niveau de salaire brut annuel que les hommes ont touché fin décembre. Cette campagne a le mérite de rappeler, chaque année, que cette discrimination salariale est loin d’avoir disparu. En 2013, les femmes touchent toujours, en moyenne, 23 % de moins que les hommes !

    Plusieurs éléments expliquent cette situation. Les femmes ont des carrières professionnelles moins longues que les hommes : elles commencent à travailler plus tard et interrompent plus souvent leur carrière en raison du rôle social qui continue à leur être presque exclusivement assigné : soins aux enfants et aux parents moins valides. Elles sont aussi victimes d’une double ségrégation : elles sont généralement cantonnées dans les secteurs d’activité liés au bien-être, au commerce de détail ou à l’horeca qui sont les secteurs les moins rémunérateurs et où les temps partiels prévalent. 44 % des femmes travaillent à temps partiel, dont 89 % involontairement.

    Elles sont aussi bloquées dans la progression de leur carrière en raison du ‘‘plafond de verre’’. En effet, on leur permet moins qu’aux hommes d’accéder aux fonctions de cadres et de dirigeants (composées à 23 % de femmes) et au travail hautement qualifié (19 %). Le salaire des femmes est encore souvent considéré comme un revenu d’appoint pour la famille plutôt que comme un salaire réel. Cette situation les rend souvent financièrement dépendantes de leur partenaire et plus susceptibles de passer sous le seuil de la pauvreté (en cas de divorce, notamment).

    Toutes ces discriminations sont bien mises en avant dans le matériel Equal Pay Day. Cependant, les conclusions qui en sont tirées sont susceptibles de provoquer des divisions entre les travailleurs. Ainsi, les affiches de campagne, même si elles doivent être prises au second degré, risquent de renforcer les stéréotypes dont les femmes sont victimes.

    En effet, au fil des années, nous constatons que la campagne, qui fait pourtant référence à la grève des travailleuses de la FN Herstal des années ‘60, semble éviter de mettre en avant un plan d’action et de plutôt chercher un coupable à cet état de fait. Dans certains cas, ce sont les femmes qui sont visées pour leurs mauvais ‘‘choix’’ de carrière ou d’études ; dans d’autres, ce sont leurs partenaires pour leurs manques d’implication dans le travail ménager ! La campagne se trompe de cible. En effet, ce ne sont pas les femmes, ni leurs partenaires qui sont responsables des bas salaires qu’elles touchent, mais bien leurs employeurs ! Là où nous voyons clairement un élément de lutte de classes réclamant une réaction collective, la campagne semble souvent rechercher des solutions individuelles. Tantôt en tentant d’expliquer aux femmes les pièges que représente le temps partiel, à d’autres, en misant sur une meilleure information des jeunes filles quant au choix de leurs études, alors que la détention d’un diplôme dit ‘‘masculin’’ ne leur garantit absolument pas d’échapper au plafond de verre et enfin, plus récemment, en culpabilisant le partenaire en mettant l’accent sur le fait que les hommes devraient davantage s’investir dans le ménage pour permettre à leurs femmes de travailler à temps plein.

    Parmi les solutions individuelles proposées, il en est une à épingler tout particulièrement parmi le « livre de recettes de Greta » destinée aux femmes afin d’améliorer leurs conditions salariales (campagne 2009) : la négociation individuelle de leur salaire ! Cette recette nous semble particulièrement nuisible à la solidarité et donc contre-productive ! Toutes les avancées obtenues par la classe ouvrière l’ont été grâce à la lutte solidaire. Les progrès que les femmes ont obtenus l’ont été en pleine période de luttes collectives dans les années ‘50-’60. Les statistiques indiquent, par ailleurs, clairement que c’est au niveau des statutaires du secteur public que l’écart salarial est le moindre : 10 % – contre 35 % dans le privé (indicateur ‘‘loonkloof’’ 2013) – secteur public où la négociation est collective ! De plus, une autre de ces recettes mise aussi sur les ‘‘suppléments’’ au salaire dont la plupart ne génèrent pas de sécurité sociale.

    En quoi ces revendications mises en avant dans les différentes campagnes EPD constitueraient-elles un remède à l’écart salarial si le système reste tel quel ? Le but n’est pas d’inverser les rôles et de pousser les hommes à prendre sur eux le rôle social dévolu, pour l’instant, dans la plupart des cas, aux femmes. Ceci ne ferait que casser la solidarité.

    Le but n’est pas de prendre aux uns pour donner aux autres, comme ce fut le cas dans le dossier du rapprochement des statuts ouvriers/employés, dans lequel le nivellement par le bas a prévalu. Il s’agit d’améliorer le confort de toute la famille en donnant aux femmes, un salaire décent et aux familles, l’accès à des services collectifs de qualités et gratuits !

    En matière d’égalité, la seule chose que nous ayons vraiment obtenue, c’est le rallongement des années de carrière nécessaires à l’accès à la (pré)pension. Et ainsi, un fossé salarial qui se creuse davantage puisque nos retraites seront proportionnellement encore moindres et ce d’autant plus que les périodes assimilées pour le calcul de la pension ont également été revues à la baisse.

    Il est évident que l’écart salarial bénéficie à la classe capitaliste en tirant les salaires vers le bas. Les gouvernements successifs ont institué un secteur de bas salaires via les A.L.E., les articles 60, les titres-services, le temps partiel dans lequel les femmes ont été poussées et sont majoritaires. Les statistiques montrent qu’en période de crise, les femmes sont plus durablement touchées et plus massivement poussées dans la pauvreté à cause des diverses mesures d’austérité. Ce sera d’autant plus vrai en Belgique, avec la dégressivité des allocations de chômage qui privera 8743 travailleurs à temps partiel de l’allocation complémentaire, dont 88,4 % de femmes. Nouvel avantage pour la classe dirigeante : le fait qu’elles soient privées de l’allocation complémentaire entraînera une baisse fictive des chiffres du chômage puisqu’elles en seront exclues.

    Il faut reconnaître que la campagne EPD met en avant la nécessité de meilleures structures d’accueil et d’une meilleure conciliation travail-vie privée. Et il est vrai qu’elle a abouti à une nouvelle loi (12/04/12) visant à mettre en place des classifications de fonctions neutres quant au genre, permettant d’éviter l’arbitraire lors de la fixation du salaire et de fournir davantage d’informations aux Conseils d’Entreprise quant à l’écart salarial hommes/femmes. Cette loi, lorsqu’elle sera assortie des arrêtés d’exécution, permettra assurément d’accélérer le processus de réduction de l’écart salarial dans les entreprises où un bon rapport de forces est établi, c’est à dire dans les entreprises où des délégations syndicales combatives pourront mener la lutte. Cependant, les secteurs d’activité où sont cantonnées les femmes sont précisément ceux où les syndicats sont le moins présents et où l’application de cette loi pourra le moins être suivie. Les syndicats ont ici un rôle à jouer : celui d’organiser les travailleurs de ces secteurs, même si ce n’est pas chose aisée. Il est possible de les sensibiliser et de les mener à la lutte. L’action des accueillantes d’enfants en mai 2008 l’a bien montré. Leur statut précaire et les difficultés à remplir les conditions d’accès à la profession accentuent d’ailleurs la pénurie de places d’accueil dans les grandes villes.

    Dans ce contexte, nous revendiquons :

    • Des structures d’accueil des enfants en adéquation avec les besoins de la population. Une place pour chaque enfant, financièrement accessible à tous. Refus de la norme européenne de 1/3 de places par rapport au nombre d’enfants. D’autant qu’avec le rallongement des carrières professionnelles avant d’avoir accès aux (pré)pensions, le manque pourrait être accentué par le fait que les familles pourront moins compter sur les grands-parents comme solution de dépannage.
    • Des structures d’accueil abordables pour les parents âgés.
    • Un refinancement de l’enseignement permettant de répondre aux besoins de tous et une réelle gratuité.
    • des horaires de travail en adéquation avec les horaires d’école. Et non pas des structures d’accueil flexibles qui rendent les conditions de travail des accueillantes encore plus difficiles.
    • Une lutte contre la flexibilisation du travail. Il faut sortir du cercle vicieux dans lequel la flexibilisation du travail des uns renforce celui des autres, comme cela risquerait d’être le cas avec les crèches d’entreprise et les crèches à horaires décalés et comme c’est le cas avec les heures supplémentaires des pères de famille qui obligent, en retour, leur femme à rester dans un emploi précaire pour pouvoir être à la maison pour s’occuper des enfants.
    • Ainsi, nous revendiquons les 32 heures sans perte de salaire pour tous, avec partage du travail entre tous les travailleurs disponibles. Pour que les richesses, essentiellement produites par les travailleurs, puissent être utilisées pour le bien-être de la majorité de la population, il faut arrêter qu’une toujours plus grande partie de cette richesse parte dans les poches des grandes actionnaires. Seule la nationalisation des secteurs-clés de l’économie sous contrôle ouvrier permettra un plan majeur d’investissements pour la création de crèches et d’écoles et d’emplois de qualité pour tous.

    Ces revendications ne pourront être obtenues que par la lutte unifiée de la classe des travailleurs, en ce compris les couches précarisées.

  • 8 mars. Caravelle des Droits des Femmes

    Rapport de la journée de mobilisation du 8 mars au Mont des Arts à Bruxelles.

    Par Marisa (Bruxelles)

    Ce samedi 8 mars, à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, le projet initié par Vie Féminine appelée “La Caravelle des Droits des Femmes” a achevé son parcours un an après son lancement.
    La journée était divisée en plusieurs parties. Le matin, un « Village des Droits des Femmes » a été installé au Mont des Arts, composé d’une quinzaine de tentes qui nous rappelaient l’urgence de mettre à l’agenda politique et institutionnel la question des droits des femmes. Plusieurs ateliers ont pris place pendant la matinée avec l’objectif de sensibiliser les participants et informer les femmes sur différents thèmes : violences, divorce, autonomie économique, santé, précarité, accueil des personnes dépendantes et asile des femmes sans papiers.

    Les différents ateliers ont mis l’accent sur le fait que la situation des femmes est encore d’avantage aggravée par les mesures d’austérité qui pèsent tout particulièrement sur les femmes et remettent en cause certains droits durement conquis: chômage, crédit-temps, prépensions et pensions, mais aussi le calcul de l’index, le gel des salaires, la flexibilisation de l’emploi.

    La journée a continué avec une marche à partir du Mont des Arts jusqu’à la Place Poelaert regroupant 400 personnes. Avec le PSL, nous y avons diffusé l’appel pour le rassemblement pro-choix du 30 mars prochain (14h à la place Poelaert), pour le droit des femmes à un avortement libre et gratuit, contre l’austérité qui limite le choix réel.

    Nous sommes bien d’accord sur ce constat que les mesures d’austérité précarisent les femmes. Avec la liste de Gauche Communes pour les élections à Bruxelles, nous soutenons une alternative à l’austérité, qui refuserait de payer la dette publique et nationaliserait les banques et les secteurs vitaux de l’économie pour lancer un plan radical d’investissement publics pour relancer l’économie, créer des logements, des écoles, des crèches et des emplois décents.

  • 8 mars : Action pour les droits des femmes

    Contre le capitalisme, l’impérialisme et le fondamentalisme religieux, expressions d’un modèle patriarcal démodé

    Rapport et photos par Eric

    C’est sous ce slogan se sont réunis hier une petite centaine de militants des droits des femmes, principalement d’origine kurde et iranienne, le long de l’Avenue de la Toison d’or à Bruxelles. Un impressionnant collage-photos d’exemples de l’oppression des femmes à travers le monde a été déployé, des photos choquantes d’infibulations et de lapidation côtoyaient d’autres illustrant la prostitution, la violence domestique, le harcèlement sexuel ainsi que la pauvreté et le manque d’infrastructures comme les crèches, etc. On pouvait trouver des photos tant de pays où les femmes doivent porter un voile que d’autres de pays occidentaux où des mannequins meurent de faim pour satisfaire les idéaux de beauté. Tout cela a servi à illustrer à quel point les droits des femmes sont opprimés à bien des égards à travers le monde entier. Ce que toutes ces formes d’oppression ont en commun, c’est qu’elles sont le fruit de sociétés basée sur l’exploitation et l’oppression, dans le cadre du capitalisme mondial où la production n’est orientée que vers la soif de profits d’une petite élite au détriment des besoins de la collectivité.

    Il était expliqué dans le tract du comité d’organisation de l’événement que les femmes accomplissent deux tiers du travail dans le monde, mais ne reçoivent que 10 % des revenus et qu’elles ne possèdent que 1% de toutes les possessions. 70 % des pauvres sont des femmes. Globalement, un tiers des femmes sont victimes de violences sociales ou familiales. Les viols, assassinats, meurtres et violences liées à l’honneur, la prostitution forcée, les humiliations, les insultes et les menaces à l’encontre des femmes n’ont fait qu’augmenter depuis le début de la crise. L’industrie du sexe et les publications sexistes font du corps de la femme un bien de consommation. Ailleurs, les femmes sont confrontées à la charia, à la polygamie, aux mutilations génitales, au rétablissement des exécutions publiques de femmes et, bien sûr, au port forcé du hijab. Les femmes connaissent les pires tragédies. Mais au sein de ces deux modèles réactionnaires, les femmes constituent une armée de travailleurs qui est indispensable au fonctionnement de ce système d’oppression et d’exploitation. Ensemble avec leurs collègues masculins, elles représentent une force capable de renverser les barrières patriarcales capitalistes pour arracher une liberté véritable et pour commencer à construire une société socialiste démocratique.

    Cela était rendu clair par l’intéressant collage-photos, mais aussi parce que de nombreux participants, en particulier les femmes, étaient déjà bien conscients de la situation, certains ont même spontanément fait part de leurs propres expériences aux militants. La référence au capitalisme, à l’impérialisme et au fondamentalisme religieux n’a en aucun cas été une entrave. Plusieurs femmes kurdes et iraniennes ont pris la parole, tout comme Anja Deschoemacker pour le PSL.

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  • Histoire de la Journée Internationale des Femmes

    Anja Deschoemacker (texte de 2008)

    La Journée Internationale des Femmes trouve son origine dans une grève de travailleuses de l’industrie de textile et de vêtements à New York, le 8 mars 1908, menée pour une journée de travail de 8 heures, pour de meilleures conditions de travail et pour le droit de vote des femmes. L’année suivante, un appel du Socialist Party américain a débouché sur une lutte de plusieurs semaines pour de meilleurs salaires et conditions de travail, dans laquelle 30.000 travailleuses ont été impliquées,. Cette journée est restée longtemps un jour de fête et de lutte pour les organisations de femmes du mouvement ouvrier, même si la mobilisation s’affaiblissait d’année en année. La nouvelle vague d’activités féministes après Mai’68 a repris cette vielle tradition et, cette année encore, il y aura des activités partout dans le monde, bien que celles-ci ne mobilisent plus les masses.

    L’histoire de l’origine de la Journée Internationale des Femmes ressemble beaucoup à celle du 1er Mai. Tout comme celle-ci, elle célèbre des actions qui ont eu lieu aux Etats-Unis et qui ont été ensuite reprises internationalement par le mouvement ouvrier organisé. La première célébration internationale, celle qui a été en ce sens la première véritable Journée Internationale des Femmes, date de 1911. La Journée des Femmes la plus tumultueuse et la mieux connue, celle aussi qui a eu le plus de conséquences, a été celle du 8 mars 1917 (23 février en Russie), qui annonçait le début de la Révolution de Février dans ce pays. Ce n’est qu’en 1922, à l’appel de l’Internationale Communiste, que la journée a été fixée à une date qui s’est imposée partout : le 8 mars.

    Les ouvrières ont lutté pour l’acceptation de leurs revendications dans le mouvement ouvrier

    L’acceptation de la revendication du droit de vote des femmes n’était pas évidente dans l’Internationale Socialiste (aussi connue comme la Deuxième Internationale), tout comme ne l’était d’ailleurs pas l’ensemble de la lutte pour les droits des femmes. L’organisation en 1907, par Clara Zetkin et les femmes socialistes allemandes, d’une Conférence internationale des femmes, qui s’est réunie la veille de la Conférence de la Deuxième Internationale, a donc marqué la préhistoire du mouvement. Une motion y a été votée par laquelle les partis adhérents s’engageaient à lutter pour le droit de vote des hommes et des femmes.

    Clara Zetkin était une figure importante dans le parti socialiste allemand, une socialiste convaincue et une championne des droits des femmes, mais aussi une opposante déterminée au féminisme bourgeois. Lors de la réunion où a été décidée la mise sur pied de la Deuxième Internationale (1889), elle avait déjà argumenté que le socialisme ne pouvait pas exister sans les femmes, que les hommes devaient lutter ensemble avec les femmes pour les droits des femmes, que cette lutte faisait partie aussi de la lutte des classes. La réponse peu encourageante qu’elle avait reçue l’avait conduite à prendre l’initiative d’un mouvement socialiste des femmes, ayant pour but d’influencer les partis socialistes. Elle avait essayé d’acquérir et d’élargir cette influence avec le journal femme socialiste Die Gleichheit, dont elle était rédactrice en chef.

    Mais, malgré l’acceptation de la résolution, l’enthousiasme pour le droit de vote des femmes était tiède dans la plupart des partis socialistes. Pour changer cela et pour impliquer davantage les femmes dans la lutte, la deuxième Conférence Internationale des Femmes Socialistes a décidé de tenir chaque année une journée internationale des femmes, une journée pendant laquelle on manifesterait, on ferait de la propagande,… En 1911, la Journée Internationale des Femmes a été célébrée en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suisse et aux Etats-Unis. La liste des pays s’est élargie jusqu’à la Première Guerre Mondiale.

    Cette guerre n’a pas signifié seulement un massacre massif, mais aussi la désintégration de la Deuxième Internationale. Le soutien à la guerre, venu d’abord de la social-démocratie allemande mais adopté ensuite par tous les partis de la Deuxième Internationale, a montré que, dans chacun de ces partis, le soutien à sa propre bourgeoisie dans le cadre d’un socialisme réformiste avait pris le dessus sur l’internationalisme, sur le refus de laisser les travailleurs de « son » pays tirer sur ceux d’autres pays, au seul bénéfice de leur propre bourgeoisie belliqueuse. Le seul parti qui est resté fidèle aux principes internationalistes du socialisme a été le parti russe, et en particulier son aile gauche majoritaire (les bolcheviks) sous la direction de Lénine, suivi dans cette voie par une partie de l’aile gauche de l’Internationale Socialiste.

    L’organisation internationale des femmes a continué d’exister et s’est rangée dans le camp anti-guerre. Les Femmes Socialistes allemandes, au contraire de la direction du Parti Social-Démocrate allemand, ont aussi continué à mobiliser contre la guerre et contre la répression de l’Etat, notamment en 1914 contre la guerre qui approchait à grands pas et contre l’arrestation de Rosa Luxembourg, qui participait avec Clara Zetkin à la direction des groupes de gauche dans le SPD.

    Les protestations à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes ouvrent la voie à la Révolution de Février en Russie

    Pendant la guerre, les femmes socialistes ont poursuivi les actions de protestation à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, dont la date varie alors entre le 23 février et le 18 mars. Ces protestations étaient fortement centrées sur le manque de vivres et les prix élevés de la nourriture provoqués par la guerre, ainsi que sur l’opposition à la guerre elle-même.

    C’est ainsi les femmes socialistes italiennes de Turin ont diffusé une affiche, adressée aux femmes des quartiers ouvriers. L’arrière-plan de leur propagande, c’est alors l’augmentation générale des prix de la nourriture de base, comme la farine (dont le prix a grimpé de 88% entre janvier 1910 et 1917) et les pommes de terre (+ 134%). Ces affiches disaient : « N’avons-nous pas assez souffert à cause de cette guerre ? Maintenant la nourriture qu’il faut pour nos enfants commence à disparaître aussi. (…) Nous crions : à bas les armes ! Nous faisons tous partie de la même famille. Nous voulons la paix. Nous devons montrer que les femmes peuvent protéger ceux qui dépendent d’elles. »
    Mais les protestations les plus spectaculaires ont eu lieu lors de la célébration de la Journée Internationale des Femmes en 1917 en Russie. Sous la direction d’Alexandra Kollontaï, les femmes russes sont descendues dans les rues. Au centre de leurs préoccupations se trouvaient les conditions de vie qui continuaient à empirer. Le loyer d’un logement à Saint-Pétersbourg avait doublé entre 1905 et 1915. Les prix des produits alimentaires, surtout ceux de la farine et du pain, avaient augmenté de 80 et 120%. Le prix d’une livre de pain de seigle, qui était la base de la nourriture des familles ouvrières de Saint-Pétersbourg, était monté de 3 kopecks en 1913 à 18 kopecks en 1916. Même le prix du savon avait augmenté de 245%. Une spéculation énorme et un marché noir de la nourriture et de l’énergie se développaient à toute allure alors que les entreprises fermaient leurs portes l’une après l’autre faute d’énergie. Les femmes et les hommes qui étaient licenciés partaient souvent en grève. En janvier et février 1917, plus d’un demi-million de travailleurs russes ont ainsi fait grève, surtout à Saint-Pétersbourg. Comme dans les autres pays impliqués dans la guerre, les femmes formaient une grande partie de ces travailleurs, vu que beaucoup d’hommes avaient été envoyés au front.

    A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes (le 23 février du calendrier russe correspond au 8 mars) les femmes ouvrières ont organisé une manifestation passant le long des usines de Saint-Petersbourg. Beaucoup de travailleurs des usines métallurgiques ont rejoint l’action. Le 25 février, deux jours après le début de l’insurrection des femmes, le Tsar a commandé à l’armée de tirer sur les masses pour arrêter le mouvement. Ainsi a commencé la Révolution de Février, qui a forcé le tsar à abdiquer le 12 mars.

    Le Gouvernement Provisoire qui a pris le pouvoir en main est le premier gouvernement d’une grande puissance à accorder le droit de vote aux femmes. Mais, pour le reste, ce gouvernement n’était pas du tout prêt à augmenter le niveau de vie des masses. Le Tsar était parti mais les grands propriétaires fonciers et les capitalistes continuaient d’exploiter les masses et d’accaparer les richesses. A coté de ce Gouvernement Provisoire, une autre force s’est construite, les Conseils (soviets) de délégués élus des travailleurs, paysans et soldats. Ces Soviets sont entrés en concurrence avec le Gouvernement Provisoire sur la question centrale : qui va diriger le pays. En outre, le gouvernement refusait également de mettre fin à la guerre, une revendication qui gagnait toujours plus de soutien parmi les masses, en raison aussi de la campagne menée sans répit par les bolcheviks.

    Ce double pouvoir – d’un coté le Gouvernement Provisoire et de l’autre les soviets – ne pouvait pas durer longtemps. Lors de la Révolution d’Octobre, les Soviets, réunissant les représentants élus des masses laborieuses, ont répondu à l’appel des bolcheviks et ont pris le pouvoir en main. Ces événements ont fixé la date de la Journée Internationale des Femmes en Russie et en Europe au 8 mars. L’Internationale Communiste (ou Troisième Internationale), mise sur pied à l’initiative de Lénine et Trotsky, les principaux dirigeants de la Révolution Russe, a fait en 1922 de cette journée un jour férié communiste.

    La dégénérescence du mouvement communiste révolutionnaire coïncide avec celle de la Journée Internationale des Femmes

    L’Etat ouvrier, arrivé au pouvoir par la Révolution d’Octobre, a donné aux femmes travailleuses des acquis dont les femmes en Occident ne pouvaient alors que rêver. A coté de l’égalité devant la loi, non seulement il leur a offert le droit au travail et des régimes de travail spéciaux (diminution du temps de travail, interdiction du travail de nuit, congé de maternité,…) qui tenaient compte de la fonction sociale des mères en plus du travail hors de la maison, mais il a aussi été le premier à prendre réellement ses responsabilités envers les masses populaires sur le plan du logement et des services de base. Les richesses produites par la population laborieuse ont été pour la première fois réellement utilisées pour servir les intérêts des masses, par le biais d’une économie planifiée qui avait au cœur de ses préoccupations les besoins des masses et qui, dans une première période, était aussi élaborée de manière démocratique à travers les soviets, les conseils des travailleurs, paysans et soldats.

    Mais le jeune Etat ouvrier a fait beaucoup plus encore. L’oppression des femmes est en effet un problème plus profond qu’une simple question de revenu et de salaire. Le droit à l’avortement, la possibilité de divorcer plus facilement, l’abolition des « droits » que les hommes avaient sur les femmes dans le mariage,… tout cela a fait partie des acquis des femmes travailleuses russes – des acquis que les femmes occidentales ont du attendre longtemps encore. Afin de stimuler et d’aider les femmes à sortir de leur foyer et à s’engager dans la société, un travail de formation sur une grande échelle a aussi été entamé, au moyen de campagnes d’alphabétisation dans la campagne et du travail de formation pour élever le niveau culturel. Des femmes socialistes ont parcouru cet immense pays pour expliquer aux femmes les droits dont elles disposaient.

    Mais la Révolution Russe ne pouvait pas rester debout et évoluer vers une société socialiste dans l’isolement total dans lequel se trouvait le pays après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe, et tout particulièrement en Allemagne, des défaites qui se sont succédées surtout à cause de la trahison des partis socialistes de la Deuxième Internationale. La société russe se heurtait à un manque de développement technique, à une arriération culturelle dans les vastes régions rurales,… et était en plus entraînée dans une guerre sans fin, les puissances capitalistes de l’extérieur faisant tout pour aider l’ancienne élite dirigeante russe à reprendre le pouvoir, en bloquant les relations commerciales mais aussi en envoyant des troupes (les armées de 21 pays ont ainsi foncé à travers le territoire de la Russie). La continuation d’une situation de guerre imposée à la société russe a conduit à des famines dans différentes parties du pays.

    Le soutien – ouvert et concret – donné par tous les partis russes, excepté les bolcheviks, à la contre-révolution a conduit à une situation dans laquelle de plus en plus de partis ont été mis hors-la-loi. Cette période de « communisme de guerre » reste toujours vue, même aujourd’hui, par une série de partis communistes comme un « modèle » alors qu’elle n’était qu’une adaptation concrète et nécessaire à la guerre qui était imposé au jeune Etat ouvrier. Beaucoup de penseurs bourgeois mettent cela en avant pour montrer combien le « communisme » est « antidémocratique » – bien que dans les pays capitalistes la démocratie ait été également suspendue en temps de guerre et parfois d’une manière encore plus profonde qu’en Russie.

    Mais l’échec des révolutions en Europe occidentale et les difficultés économiques internes dans un pays détruit par la guerre ont fait qu’en Russie, une bureaucratie a pu concentrer dans ses mains toujours plus de pouvoir. Cette bureaucratie, sous la direction de Staline, a progressivement étranglé toute opposition et a remplacé le fonctionnement démocratique de l’économie planifiée par son propre pouvoir tout-puissant. Cette prise de pouvoir s’est marquée aussi à travers l’adaptation graduelle du programme du Parti Communiste russe envers les femmes, qui a glissé de plus en plus vers la glorification de la maternité et de la famille nucléaire dans laquelle la mère préoccupée du bien-être de la famille occupait la place centrale.

    Parallèlement, l’Internationale Communiste est devenue partout dans le monde un instrument de cette bureaucratie russe, donnant chaque jour davantage la priorité aux intérêts de la politique extérieure de l’URSS sur les intérêts de la classe ouvrière dans le reste du monde. C’est ainsi qu’a commencé une longue chaîne de trahisons, débutant avec la première Révolution Chinoise dans les années ’20 (au cours de laquelle le Parti Communiste a été forcé à aider le Kouo-Min-Tang, le parti bourgeois nationaliste au pouvoir), se poursuivant avec la guerre civile espagnole en 1936-39 (au cours de laquelle le Parti Communiste a notamment utilisé son influence pour retirer leurs armes aux femmes ouvrières et les cantonner au rôle de cuisinières et d’infirmières dans l’armée), dans laquelle les intérêts des travailleurs et paysans espagnols ont reçu une importance bien moindre que les accords que Staline avait conclus avec des différents pays capitalistes, ce qui a mené à la victoire de Franco ou encore avec la Révolution Iranienne de 1979, au cours de laquelle le Parti Communiste a refusé de jouer un rôle indépendant et de diriger lui-même la lutte, a apporté son soutien à Khomeiny et a abandonné les femmes iraniennes totalement à leur sort. Dans ce cadre, la Journée Internationale des Femmes a changé de nature dans les pays staliniens pour devenir une sorte de fête des mères ou de Saint-Valentin, un jour où les femmes reçoivent des fleurs.

    Relance de la lutte des femmes dans les années ‘60

    Dans le reste du monde, la Journée Internationale des Femmes a été de plus en plus oubliée pour n’être reprise qu’à la fin des années ’60 par le nouveau mouvement féministe, ce qu’on a appelé la « deuxième vague » (après une « première vague » pour le droit de vote). C’est également la période dans laquelle d’autres mouvements d’émancipation, comme le mouvement des homosexuels, a connu une forte poussée.

    Les années ’60 ont vu un grand afflux de femmes sur le marché de travail. Vu le chômage très bas, les femmes ont été stimulées à aller revendiquer leur place au travail. La nouvelle vague féministe s’est donc développée sur la base de ces conditions économiques favorables. En Belgique, la montée de ce mouvement a été annoncée par la grève des ouvrières de la FN d’Herstal sur la revendication « à travail égal, salaire égal » qui a duré 12 semaines.

    Cette nouvelle vague féministe, qui a coïncidé avec le développement d’autres mouvements d’émancipation comme celui des homosexuels, avait comme objectifs d’obtenir l’indépendance économique, de rompre avec la répartition classique des rôles entre hommes et femmes, d’arracher la libération sexuelle, de casser le « plafond de verre » qui tenait les femmes loin des hautes fonctions, y compris dans la politique. Dans beaucoup de pays, cette lutte a obtenu des acquis importants, entre autres sur les questions de la contraception et de l’avortement, de l’assouplissement des lois sur le divorce,… illustrés par des slogans comme le très connu « maître de mon ventre » ou « le personnel est politique ».

    En termes légaux, la revendication “à travail égal, salaire égal” a été obtenue, tout comme l’interdiction des discriminations professionnelles, mais sur ce plan on doit aujourd’hui bien constater que les salaires réels des femmes sont toujours en moyenne 25% plus bas que ceux des hommes.

    La Journée Internationale des Femmes doit être remise à l’ordre du jour

    Malgré les énormes acquis – accès à l’enseignement et au marché du travail, légalisation de l’avortement, facilitation des procédures de divorce, égalité devant la loi,… – obtenus par les femmes dans les pays capitalistes développés, les problèmes ne sont pas fondamentalement résolus. Au contraire, au cours des 20 à 30 dernières années de politique antisociale et néolibérale, un grand nombre d’acquis ont été rabotés. Les femmes sont touchées de façon très dure : les chômeurs qui ont perdu leur allocation de chômage à cause du fameux article 143 (devenu 80) limitant la durée des allocations pour les chômeurs cohabitants sont en grande majorité des femmes, les allocations de chômage partiel des travailleurs à temps partiel non-volontaire ont été graduellement abolies, le démantèlement de services comme ceux des hôpitaux (notamment avec la réduction du temps de séjour) a pesé surtout sur elle,…

    Beaucoup de femmes travaillent en dehors de la maison aujourd’hui et très peu de filles et de jeunes femmes se voient comme futures femmes au foyer. Mais la société ne voit toujours pas les tâches ménagères et de soins – que ce soit pour les enfants, pour le mari et, à cause du coût élevé des maisons de repos combiné au faible montant des pensions, toujours plus aussi pour les parents âgés – comme des tâches sociales pour lesquelles il faut créer des services publics. Dès lors, tout le poids repose dès lors sur le dos des femmes qui subissent une double journée de travail. Cette double journée, dans la situation d’un marché de travail de plus en plus flexible, fait que beaucoup de femmes ne gagnent pas assez pour être indépendantes sur le plan financier. De bas salaires, le temps partiel, des périodes de non-présence sur le marché de travail,… font qu’arrivées à un certain âge, les femmes sont aussi en moyenne bien plus pauvres parce que leurs pensions sont plus faibles, et parfois beaucoup plus faibles.

    Ce manque d’indépendance financière fait que les femmes sont vulnérables face à la violence. Même si elles veulent échapper à une relation violente, elles rencontrent plein d’obstacles sur leur route. Comment, avec les bas salaires que beaucoup de femmes subissent à cause du temps partiel, avec les titres-services et autres « petits boulots », avec l’insécurité d’un contrat temporaire ou intérim,… trouver un nouveau logement et des revenus suffisants pour vivre, en particulier s’il y a des enfants ?

    La violence contre les femmes est inhérente au capitalisme : elle fleurit sur la division et les préjugés entretenus envers les groupes spécifiques afin de diviser et de paralyser la majorité de la population qui est exploitée et opprimée par la bourgeoisie. Les femmes sont souvent confrontées au harcèlement sexuel dans l’espace public, dans les écoles et les lieux de travail, mais aussi avec la violence physique et sexuelle dans leurs familles. Les préjugés envers les femmes font aussi qu’elles doivent souvent travailler bien plus dur pour être vues comme égales aux hommes. Le sexisme installe des limitations très réelles dans la vie des femmes. Malgré les énormes pas en avant qui ont été faits et la plus grande liberté que les femmes ont aujourd’hui pour déterminer leur vie, cette violence dure toujours : la principale cause de mort et de handicap permanent pour les femmes entre 16 et 44 ans en Europe est la violence du partenaire.

    De nouvelles formes d’oppression sont aussi apparues, ou plus exactement de vieilles formes sous une nouvelle apparence. La croissance de l’internet a été utilisé par la mafia du sexe pour assurer un élargissement jamais vu de l’industrie de sexe – le porno est un des plus grands secteurs sur internet. On voit aussi un glissement vers du porno de plus en plus dur, vers la pornographie enfantine. Le porno est présent partout aujourd’hui et diverses études ont montré que cela impose une pression sérieuse sur les jeunes femmes, en particulier sur le plan de leurs « prestations » sexuelles. Elles ont montré que, dans 97% du matériel pornographique, les relations entre les sexes reposent sur l’obéissance et la soumission des femmes. La plus grande partie du matériel porno déborde de clichés du genre « si les femmes disent non, elles veulent dire oui.

    Pour beaucoup de jeunes femmes qui sont attirées dans cette industrie du porno – faire des photos est quand même une façon « innocente » et facile de se faire un peu d’argent – ces premiers pas s’avèrent être un marchepied pour la prostitution. Bien qu’on entende aujourd’hui dire de plus en plus souvent que c’est un « choix » que les femmes font, il est quand même remarquable que même ces femmes qui pensent que c’était leur « choix » doivent à terme utiliser des drogues pour pouvoir continuer à faire ce « travail ». Toutes les prostituées sont confrontées régulièrement à la violence. Bien que différentes organisations, y compris des organisations soi-disant progressistes, veulent présenter aujourd’hui la prostitution comme « un boulot comme un autre », ce n’est pas du tout le cas. Pour la grande majorité des prostituées, il ne s’agit pas d’un « choix », mais d’une pure nécessité économique. Une grande partie du marché de la prostitution est en outre occupée par ce qu’on ne peut pas appeler autrement que des esclaves sexuelles, importées par des réseaux de traite d’êtres humains. Ce n’est pas étonnant que cette industrie du sexe ait profité à fond de la désintégration des Etats staliniens en Europe de l’Est et en Russie et qu’un grand nombre de femmes submergent le marché de prostitution, forcées de façon directe ou indirecte par les trafiquants de chair humaine.

    Malgré le fait qu’une plus grande proportion de femmes que d’hommes se trouvent dans une situation de pauvreté, leur surconcentration dans les emplois mal payés, temporaires et à temps partiel, la violence, le harcèlement et les préjugés,… une grande partie des politiciens et politiciennes prétendent pourtant que les femmes ne sont plus opprimées ni discriminées. En réalité, la situation s’est détériorée au cours des dernières décennies pour les femmes qui travaillent ou qui dépendent d’une allocation. La dépendance économique fait que toute une série de droits dont les femmes disposent légalement ne peuvent pas être appliqués dans la réalité.

  • Journée internationale des femmes 2014

    Combattre l’austérité et l’oppression partout dans le monde

    Cela fait plus d’un siècle à présent que le 8 mars est devenu la Journée internationale des femmes – une journée pour commémorer et célébrer les luttes des travailleuses et des femmes pauvres contre l’exploitation au travail, dans la société et au sein de leur foyer. Au fil des ans, cependant, le sens réel de cette journée a été déformé.

    Clare Doyle (Comité pour une Internationale Ouvrière)

    Dans les États staliniens qui prétendaient (à tort) être socialistes, cette date était devenue une journée prétexte à quelques beaux discours vides de sens afin de remercier la contribution que les femmes travailleuses apportaient à la société. (Les hommes étaient censés leur acheter des fleurs et faire la vaisselle pour la journée !). Dans les pays capitalistes, elle est devenue une simple opportunité commerciale, comme la Saint-Valentin ou la fête des Mères, pour faire de l’argent en vendant des cadeaux, des cartes de vœux, des vêtements, des diners romantiques,…

    Autour de la date du 8 mars, les médias de différents pays rapportent quelques informations – certaines utiles, d’autres fallacieuses – sur la détresse des femmes dans la société moderne. Beaucoup parlent de l’oppression des femmes comme si celle-ci était la faute des hommes, et non le produit d’une société divisée en classes sociales et basée sur l’inégalité en termes de puissance et de richesse. Partout dans le monde, de nombreux hommes sont encore éduqués de manière à considérer leur rôle d’homme comme supérieur à celui de la femme, dans la famille comme en-dehors.

    Cette année, on a un peu parlé de la “quatrième vague” du féminisme, mais sans que ne soit proposée la moindre solution par rapports aux problèmes très concrets que connaissent les travailleuses et paysannes qui constituent la moitié de la population mondiale.

    Pour les socialistes, la Journée internationale des femmes doit avoir pour but de se souvenir de ce qui a changé, et de ce qui reste à faire. Via la lutte, certains des pires aspects de l’inégalité des femmes ont été atténués. Dans tous les cas, il est salutaire de se souvenir d’à quel point la route est encore longue, et de rappeler quel impact peuvent avoir les véritables socialistes dans le cadre de cette lutte.

    Réformes, et manque de réformes

    De grandes réformes ont été obtenues lors du 20e siècle dans de nombreux pays – droits politiques, sociaux et reproductifs, possibilité de travailler et meilleurs salaires, accès à l’enseignement, institution de soins de santé et services sociaux ciblés. Beaucoup de ces changements ont donné aux femmes une plus grande liberté de choix de vie. En même temps, on a vu le développement de toute une série d’équipements électro-ménagers à prix accessible (machines à laver, aspirateurs, etc.) qui ont eux aussi contribué à alléger le fardeau des corvées domestiques qui, dans notre société de classe, repose principalement sur leurs épaules.

    Parfois, comme en Russie en 1917, ces réformes ont été le résultat direct de la révolution. Ailleurs, comme en Europe après la Deuxième Guerre mondiale, ou même en Asie, la décision des États d’organiser des programmes ciblés de soins de santé et d’enseignement pour les femmes provenait de la menace de révolution. Parfois, des avancées ont été obtenues par des mouvements efficaces – surtout les syndicats – dans lesquels hommes et femmes marchaient ensemble en menant une agitation politique spécifique et des manifestations de masse.

    D’un autre côté, la vie des femmes rurales dans la plupart des régions du monde est restée inchangée depuis des siècles. Elles mènent dans leur campagne une vie de travail incessant – elle y travaillent leur terre leurs enfants sur le dos, et doivent encore s’occuper de toute la famille. Les paysannes n’ont bien souvent aucun accès à la maternité ni aux soins de santé, et perdent beaucoup de leurs enfants à la naissance ou dans les cinq premières années de leur vie. Des millions de femmes meurent elles-mêmes de maladies facilement évitables, souvent liées à l’enfantement.

    Dans beaucoup de pays, les femmes sont considérées comme des citoyens de second rang et sont forcées par la tradition et par la religion d’obéir à leurs pères, à leurs maris et à leurs frères. Elles n’ont pas accès, ou alors très peu, à l’enseignement, aux loisirs ou aux soins de santé.

    Parce que les possessions familiales (l’héritage) se transmettent souvent de père en fils, les filles sont considérées comme des fardeaux ; de ce fait, des millions de femmes sont “éliminées” avant même leur naissance, ou peu après. La dernière estimation du nombre de femmes “manquantes” dans la population mondiale s’élève à 117 millions (New Internationalist, octobre 2013). Trois quarts de ces petites filles “manquantes” auraient été tuées avant la naissance, un quart par infanticide ou par négligence discriminatoire avant l’âge de cinq ans. Ce phénomène est surtout répandu en Inde et en Chine, même s’il est présent sur tous les continents.

    L’excision aussi d’ailleurs, reste une pratique répandue partout dans le monde. Selon une enquête récemment parue dans la presse, les campagnes menées dans les écoles afin d’encourager les jeunes filles à résister à cette pratique barbare indiquent que 140 millions de femmes dans le monde ont été “excisées”. Les campagnes menées au Royaume-Uni et en France semblent avoir un effet, mais combien de millions de femmes encore ne pourront connaitre la chance de jamais ressentir le moindre plaisir sexuel du fait de cette tradition innommable ?

    Comment peut-on changer les mentalités ?

    Les femmes de tous les continents sont-elles réellement condamnées à une vie d’épreuves et de dégradation perpétuelle ? Le dernier numéro du magazine d’Amnesty International donnait cette impression, avec le récit des problèmes que connaissent les femmes dans huit pays – le Bahreïn, le Zimbabwé, la Colombie, l’Afghanistan, le Sri Lanka, le Guatemala et le Cambodge.

    Dans les grandes villes chaotiques d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, des dizaines de millions de femmes travaillent de longues heures dans des ateliers répugnants ou sur les marchés, risquant leur vie ou à tout le moins, des blessures graves. Les porteuses du marché d’Accra, au Ghana, dorment par terre la nuit, en groupe pour être protégées. Les femmes Dalit en Inde sont forcées de nettoyer les toilettes avec leurs mains, ou fouillent dans les décharges pour trouver de quoi survivre. Lors d’une campagne pour visant à briser les liens entre profession et caste, les femmes de Patna ont haussé le ton, ont jeté leurs paniers dans des brasiers et ont refusé de poursuivre ce travail. Les campagnes autour des nombreux problèmes des femmes a mené à toute une série de réformes, mais la seule manière d’obtenir de réelles améliorations est par l’action de masse et la lutte politique.

    Après le désastre de Rana Plaza en avril l’an dernier au Bangladesh (l’effondrement du bâtiment d’une grande usine textile, au cours duquel plus de 1100 personnes ont perdu la vie, et 4000 autres ont été blessées et ont perdu leur travail), les travailleurs – surtout des femmes – ont organisé des manifestations sonores et très efficaces afin d’exiger des compensations et de nouveaux emplois. Leur action a attiré l’attention sur les immenses profits que se font des compagnies telles que Benetton, Walmart, Primark, Matala et Bon Marché dans une industrie qui pèse 48 milliards de dollars à l’échelle mondiale.

    Pour les opprimés d’Afrique et d’ailleurs, le développement du Workers and Socialist Party (WASP) d’Afrique du Sud est comme un phare dans la tempête. Ce nouveau parti a inscrit sur son étendard des revendications de base pour “un enseignement gratuit et financé par l’État, de la crèche à l’université” et “des soins de santé gratuits, accessibles à tous”, en plus de la nationalisation des mines, des plantations, des banques et des grandes entreprises sous le contrôle démocratique des travailleurs.

    Les campagnes contre la multitude d’injustices infligées aux femmes et à leurs enfants sont cruciales. Les articles parus sur les sites du CIO, comme sur notre site socialistworld.net, ont révélé le scandale de l’esclavage domestique et la riposte des femmes indonésiennes et philippines à Hong Kong, des femmes et de leurs enfants au Pakistan. D’autres de nos articles ont attiré l’attention sur des femmes travaillant dans les écoles et les hôpitaux et faisant preuve d’une grande détermination dans leur riposte contre les coupes budgétaires.

    Même dans les pays “développés”, les femmes – surtout les femmes issues de communautés immigrées – ont tendance à constituer le gros de la main d’œuvre employée pour des tâches ingrates et parfois dangereuses : ateliers, usines d’assemblage électroniques, nettoyage et services domestiques. Cette surexploitation dans nos sociétés ne peut être combattue que par l’organisation par les syndicats de campagnes spécifiques et de luttes industrielles. Les victoires, modestes certes, mais bien réelles, obtenues par les nettoyeurs de Londres l’an dernier ont démontré que la lutte paie.

    Retour en arrière

    Aujourd’hui, la crise mondiale du système capitaliste frappe durement l’ensemble des travailleurs et des pauvres du monde entier. Ce sont eux qui sont censés, selon nos “dirigeants”, payer le prix de la crise dans la souffrance de l’austérité, tandis que les 1 % des personnes les plus riches du monde, qui possèdent tout autant que les 50 % les plus pauvres, deviennent tous les jours de plus en plus riches. L’austérité et le ralentissement économique ont surtout un impact sur les femmes dans leur vie de tous les jours.

    Partout dans le monde, les revenus, les opportunités d’emploi et le financement des programmes sociaux sont à la baisse – pour les femmes comme pour les familles dont elles ont la charge. Les contrats “zéro-heures” et les emplois à temps partiel sont désormais bien souvent le meilleur que puisse offrir le système capitaliste à des millions de femmes et de jeunes qui ont le risque de ne jamais pouvoir trouver un emploi. L’histoire semble régresser, tandis que chaque nouvelle génération de travailleurs et de pauvres connait à présent une situation pire que celle que connaissait ses parents.

    Non seulement en Grèce, mais aussi en Europe et aux États-Unis, des millions de gens dépendent de l’aide alimentaire, de “restaurants du cœur” et d’œuvres de charité. L’Espagne, la Grèce et l’Irlande ont connu une nette réduction de leur taux de natalité depuis le début de la crise, vu que de plus en plus de couples décident qu’un enfant est une dépense qu’ils ne peuvent se permettre. Les histoires de bébés que des parents pauvres en Grèce sont obligés de donner en adoption, sont autant de condamnations révoltantes des programmes d’austérité exigés par les banquiers et par les riches politiciens. Des millions d’enfants, même dans les pays dits modernes et développés, sont aujourd’hui confrontés à la pauvreté et à la faim.

    Même en Suède, une tempête de privatisations a ruiné le légendaire “État-providence”. Les maisons de repos, les cliniques et les écoles sont rachetés et revendus en tant qu’entreprises devant faire du profit. On s’attend maintenant à des attaques sur les droits de maternité et de paternité, aux côtés d’autres soi-disant réformes dans le but de baisser les taxes sur les riches.

    La crise sociale et économique a été accompagnée par de nouvelles attaques sur les droits à l’avortement dans divers pays. Des manifestations de masse en Espagne contre les tentatives d’annuler des lois progressistes, comme la loi sur l’avortement dans les 14 premières semaines, ont révélé la profonde colère et l’empressement des jeunes femmes à se battre. En Irlande, les socialistes vrais ont joué un important rôle dans la mise sous pression du gouvernement pour obtenir des réformes légales, après la mort de la jeune Savita Halappanavar fin 2012, décédée parce que son médecin refusait de l’avorter alors qu’elle était en danger de mort.

    L’alternative politique

    Avant cette dernière crise très profonde, qui a révélé l’incapacité du capitalisme à satisfaire même les besoins de base de l’immense majorité de la société, il y avait une période de triomphalisme et de jubilation par rapport à la soi-disant absence d’alternative à ce système pourri. C’est ce qui avait suivi l’effondrement des économies planifiées staliniennes. « Il n’y a pas d’alternative », tel était la devise de Margaret Thatcher à son heure de gloire. Quand elle est décédée l’an dernier, beaucoup de personnes se sont réjouies de la mort de cet ennemie des travailleurs, mais cela n’empêche pas que depuis lors, le mouvement ouvrier n’a toujours pas acquis une très grande confiance dans sa capacité à changer les choses de manière radicale.

    L’affaiblissement distinct des traditions combatives des syndicats et la dégénérescence des partis que les travailleurs soutenaient traditionnellement (partis “socialistes” français, allemand, espagnol…), a eu un effet sur la société dans beaucoup de pays. Les premières luttes féministes telles que l’égalité de salaire, le droit à l’avortement, les droits des LGBT, la lutte contre la violence domestique, etc. avaient permis d’obtenir de nombreuses avancées. Les représentations sexistes dans les médias ou dans la publicité, qui rabaissaient les femmes et approuvaient la violence envers les femmes, étaient moins tolérées. Aujourd’hui, l’histoire semble régresser sur ces thèmes également. Sur la question LGBT par exemple, les avancées dans certains pays sont aujourd’hui contrebalancés par de véritables attaques dans d’autres.

    En même temps que le reste des coupes dans les budgets publics, on a eu une diminution de l’aide aux personnes qui souffrent de violence domestique, alors que l’on rapporte une hausse de ces violences dans de nombreux pays. Les socialistes ont été à la pointe de la lutte contre cette tendance, en mettant en avant le problème de la violence domestique et en convaincant d’autres personnes, comme les syndicats, de reprendre ce thème dans leurs campagnes. On a également vu à quel point la lutte de classe peut changer la conscience des femmes et l’attitude envers les femmes lors de la grève des mineurs au Royaume-Uni il y a 40 ans (voir prochains articles sur le site de notre section anglaise à ce sujet).

    Le logement

    Les scandales du logement, dans un pays après l’autre, affectent des millions de femmes qui tentent de s’en sortir tout en gardant un toit au-dessus de la tête de leurs familles. Les spéculateurs et les riches laissent des millions de maisons à l’abandon, tandis que de plus en plus de familles se voient jetées à la rue, en Amérique comme ailleurs, parce qu’elles n’ont pas de quoi payer le loyer ou l’emprunt à la banque.

    On a vu plusieurs mouvements anti-expulsion se produire, dans lesquels participent souvent des femmes très courageuses. Au Kazakhstan, les manifestants étaient prêts à se battre jusqu’au bout, en organisant des manifestations de masse et des grèves de la faim. Ce désespoir leur venait du fait qu’ils ont vu les grandes banques se faire renflouer par l’État, au même moment où on leur dit que leurs maisons leur seront enlevées. En Espagne, les huissiers ont été chassés par les manifestants (dont de nombreuses femmes) au moment où ils s’apprêtaient à expulser des familles de leurs maisons ou appartements. Alors que dans ce pays, tout comme en Irlande, des centaines de milliers de nouvelles maisons récemment construites restent vides !

    Aux États-Unis aussi, des foyers ont été sauvés par des campagnes telles que celle organisée dans la ville de Minneapolis par nos camarades de Socialist Alternative. En Écosse, l’injuste taxe “de la chambre vide” (Bedroom tax) a été vaincue par une campagne de masse dirigée par les socialistes. Les mouvements des “paysans sans terre” et des “sans abris” du Brésil sont eux aussi soutenus par des milliers de femmes. Ces mouvements ont regagné une nouvelle dynamique dans un contexte ou des milliards de dollars sont dépensés pour la construction de stades et d’hôtels de luxe en vue de la Coupe du monde de football qui s’y déroulera cette année.

    Des guerres et des révolutions

    Les femmes sont en général plus nombreuses que les hommes dans la plupart des camps de réfugiés – victimes de conflits ou de guerres civiles. De la Syrie à l’Irak, du Soudan à la Somalie, les personnes qui fuient les conflits ne possèdent rien – ni vêtements, ni nourriture, ni abri pour eux et pour leurs enfants. Les viols de masse sont monnaie courante dans les camps de réfugiés, tout comme ils sont utilisés en tant qu’arme de guerre. Les ONG, les organisations charitables et les Nations-Unies ne sont pas capables de s’en prendre aux causes de ces catastrophes. Parfois, elles font elle-mêmes partie du problème ! Les guerres sont des phénomènes qui font inévitablement partie de la vie sous le capitalisme.

    La lutte pour le socialisme est une question de vie ou de mort. La construction de forces qui puissent mener à la transformation victorieuse de la société commence dans certains pays, vu que de plus en plus de gens y sont maintenant en train de tirer les conclusions nécessaires concernant le capitalisme. Nous avons vu, l’année passée, des mouvements de masse atteindre des proportions révolutionnaires, avec de nombreuses femmes dans les rues participant aux combats – en Turquie, en Thaïlande, en Ukraine… Elles luttaient pour chasser du pouvoir des régimes discrédités et corrompus, mais sans une alternative claire par rapport au règne des patrons, des banquiers et de leurs représentants politiques, leurs sacrifices seront en vain.

    Dans beaucoup de pays où des avancées pour les femmes ont été obtenues précédemment, des gouvernements réactionnaires sont maintenant en train de tenter de revenir plusieurs siècles en arrière – au moyen-âge ! Dans d’autres pays, comme en Russie sous le régime de Vladimir Poutine, qui est maintenant en train de préparer l’invasion de l’Ukraine, on utilise des méthodes qui rappellent celles du stalinisme, voir du tsarisme. Nadejda Tolokonnikova, une des “Pussy Riot” emprisonnées pour avoir chanté une “prière punk” dans une cathédrale du centre de Moscou, a été placée en cellule d’isolement après sa grève de la faim visant à dénoncer le “régime d’esclavage”en vigueur dans sa prison. Les prisonniers doivent travailler 17 heures par jour et subir des punitions d’inspiration “goulag” pour la moindre “incartade” – forcés d’aller s’exercer dehors alors que le temps ne le permet clairement pas, privés de toilette pendant une journée, etc.

    La lutte contre l’exploitation capitaliste

    Les véritables socialistes se battent contre toute injustice dans la société, concentrent leur lutte autour de slogans qui démontrent la putréfaction du système capitaliste et de tous ses “représentants”. Notre programme par rapport aux questions concernant les travailleuses et les femmes pauvres est défini dans de nombreux tracts, brochures, journaux et livres.

    Un des principaux principes du socialisme est que toutes les femmes doivent avoir le droit de décider elles-mêmes si elles veulent des enfants ou non, sans que ne soit prise en compte la moindre contrainte financière ou autre. Ceci signifie : l’accès à la contraception et à l’avortement mais aussi aux centres de fertilité pour tous, gratuitement et sur simple demande, ainsi que des allocations familiales pour chaque enfant, qui représentent réellement le coût de l’éducation d’un enfant. Il est scandaleux qu’aujourd’hui au contraire, des services telles que l’aide à la conception et les soins de grossesse sont perçus comme autant de moyens de gagner de l’argent.

    Les politiciennes

    Il faut bien garder à l’esprit que le fait d’avoir plus de femmes en politique ou plus de femmes élues au gouvernement n’est en rien une garantie que l’on aura une politique qui sera plus en faveur des intérêts des femmes. Au Rwanda, il y a deux femmes politiciennes pour chaque député masculin, la majorité des députés sont des femmes ; pourtant le Rwanda reste un des pays d’Afrique où les femmes ont le plus de risques de violence domestique ou de violence liée au genre. Il faudra plus que veiller à l’équilibre dans les institutions représentatives du pays ou même à la tête du pays pour mener la lutte contre la subordination des femmes dans la société. Demandez au Allemandes ce qu’elles pensent d’Angela Merkel, aux Brésiliennes ce qu’elles pensent de Dilma Roussef, aux Chiliennes ce qu’elles pensent de Michelle Bachelet.

    En Inde, où plusieurs femmes se sont déjà retrouvées à la tête du gouvernement au niveau régional ou national, très peu de choses ont changé et les femmes continuent à être traitées comme des citoyens de seconde classe. On a récemment beaucoup parlé du trafic de petites filles nées dans les plantations de thé de l’Assam qui sont vendues comme domestiques pour des femmes riches ou nobles, qui trouvent cela normal car “chez nous c’est comme ça”. Le nombre de viols rapportés à la police à Delhi et à Mumbai a doublé depuis qu’a éclaté un scandale par rapport à deux cas particulièrement horribles qui ont été repris par les médias internationaux. Depuis, les campagnes publiques et les manifestations de masse ont donné aux femmes indiennes le courage d’aller se plaindre à la police, même si ce genre de crimes est encore présent partout dans la société.

    Les attitudes réactionnaires envers les femmes dans la société, l’interdiction de livres, comme on l’a vu dernièrement avec un livre sur l’histoire de l’hindouïsme, en plus des restes du système de castes, devront être combattus plus vigoureusement encore si le parti chauvin de droite Parti du peuple indien (BJP – Bharatiya Janata Party) dirigé par Narendra Modi devait arriver au pouvoir lors des élections du mois de mai.

    Bien que la vision politique et le programme des candidats soient plus importants que leur genre si nous parlons de la lutte de la moitié de la population mondiale pour un meilleur traitement, les travailleuses et femmes pauvres sont certainement encouragées par la victoire de quelqu’un tel que notre camarade Kshama Sawant lors des récentes élections de Seattle – où elle a gagné son siège malgré le fait qu’elle soit une femme immigrée et socialiste.

    Kshama a attiré une large attention des médias pour ses puissants discours contre le capitalisme, contre les banquiers et contre les 1 % de riches, et pour la nationalisation des grandes banques, de l’industrie et pour une planification démocratique de l’économie. Le slogan central de sa campagne – un salaire minimum à 15 $ de l’heure pour tous – a suscité un grand écho parmi les travailleurs. Pour les femmes qui sont souvent moins bien payées, la pleine entrée en vigueur de ce nouveau salaire permettrait de réparer une des plus grandes injustices auxquelles ces femmes sont confrontées tous les jours. Pour un travail égal, leurs salaires seraient augmentés en plus d’être remis à niveau avec le salaire de leurs collègues masculins (qui augmenterait lui aussi).

    L’hostilité affichée par les patrons et par les politiciens qui mangent avec eux envers la revendication d’un salaire minimum expose toute la corruption de l’ensemble du système de profits. La lutte contre toute forme de répression et d’oppression revient à mener la lutte au finish dans le cadre de batailles politiques et syndicales.

    La seule manière d’obtenir la transformation complète de la vie que connaissent les femmes, en même temps que l’éradication de toutes les formes d’exploitation, est de lutter pour une alternative au capitalisme. Lutter ensemble pour l’objectif commun d’une société socialiste qui rassemblerait hommes et femmes dans le but commun d’une émancipation de l’ensemble de la classe des travailleurs.

    Au fur et à mesure que le capitalisme se retrouve embourbé dans une série de crises économiques et sociales de plus en plus grandes, des centaines, des milliers et des millions de gens seront petit à petit convaincus, par leur propre expérience et par l’agitation des socialistes vrais, de la nécessité d’en finir avec ce système injuste. Le soutien affiché envers des candidats tels que Kshama Sawant, le WASP sud-africain, et les idées et le programme du Comité pour une Internationale Ouvrière, ne feront que s’accroitre au fur et à mesure que s’approfondira la crise. Le socialisme représente la clé pour mettre fin à toute forme d’exploitation ; c’est la seule manière de développer une société harmonieuse, libérée de la guerre, de la misère, de l’injustice et de toute forme de discrimination et d’inégalité.

  • Stop à l’utilisation de nos corps pour maximiser leurs profits!

    Les avancées en matière de droit des femmes, obtenues de dures luttes par les générations précédentes du mouvement des travailleurs (en particulier durant les années ’60), n’ont en rien enrayé le sexisme millénaire. La libération sexuelle a été reprise de manière sexiste par le grand patronat. La classe dominante utilise désormais le corps de la femme pour faire vendre.

    Par exemple, au Salon de l’auto, les filles en mini-jupes sont là pour attirer le public. Selon la ministre de l’Égalité des chances, la solution serait le rallongement des jupes qu’elle trouve scandaleusement courtes. Des marques telles que Suzuki ont trouvé une autre solution : l’embauche de mannequins masculins. Elles sont doublement gagnantes : les hôtesses ont leurs gardes du corps et de potentielles clientes sont également attirées au Salon de l’auto par l’utilisation d’hommes-objets. Quelle avancée pour l’égalité des genres !

    Sans changement drastique de société, les capitalistes réussiront toujours à retourner la situation à leur avantage. Pour eux, le concept de « femme libérée » n’a d’intérêt que pour maximiser leurs profits. Notre ennemi, c’est le capitalisme !

    L’action promotionnelle du magasin namurois appartenant à une célèbre chaîne colorée en est un autre exemple. Les clients étaient invités à venir presque à poil et à repartir avec des vêtements neufs sur le dos. Au-delà de la promo pour 100 clients, c’était surtout un gigantesque coup de pub. Les corps dénudés, c’est « sexy », ça attire les journalistes venus en nombre faire gratuitement la publicité de cette enseigne.

    Nous refusons cette logique d’utiliser nos corps pour maximiser leurs profits. La lutte contre le sexisme est indissociable de la lutte contre le capitalisme ! Organisons-nous et battons-nous pour une société qui ne soit pas basée sur les profits de quelques-uns, mais pour les besoins de la majorité sociale, ce que nous appelons une société socialiste démocratique dans laquelle chacun et chacune pourraient s’épanouir.

    Rejoins-nous le mardi 25 février à 16h30, Place de l’Ange pour scander notre désaccord et revendiquer une autre société !

    [divider]

    Prends contact avec le groupe Étudiants de Gauche Actifs – Namur.

    Construisons ensemble un outil de lutte avec lequel nous bâtirons une société différente, dans laquelle les intérêts de la majorité ne seront plus étouffés par ceux d’une infime minorité.

    • Via cette adresse e-mail : info@gauche.be

    • Via SMS : « Membre EGA, nom et ville » au 0474.35.30.36.

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