Your cart is currently empty!
Tag: De Standaard
-
En Bref…
Cette rubrique est destinée à mettre en avant différents faits, citations, vidéos ou petites nouvelles particulièrement frappantes.
‘Regardez la Chine’
Le samedi 3 septembre, dans cette rubrique, nous avions parlé de Roland Duchatelet, propriétaire du Standard de Liège et ancien élu du VLD (‘‘Envoyez les chômeurs au café !’’). La semaine dernière, ce néolibéral convaincu en a encore sorti de belles… Cette fois-ci, il était question de la politique et du modèle que représente la Chine. "Je me demande si les partis politiques n’ont pas fait leur temps. On ne trouve plus beaucoup de différences idéologiques. Tous les partis sont sociaux, écologistes et pour le marché libre. Ne serait-ce pas mieux de présenter aux électeurs des équipes de management ? (…) Regardez la Chine. Depuis des années, elle connaît une croissance économique de dix pourcents. La Chine n’est pas une démocratie. Elle fonctionne avec des équipes de management. Ils ne sont pas gênés par tout ce qui se dit dans les journaux et par les petits jeux politiques." Traduction : sans démocratie et sans médias, il serait bien plus facile d’imposer des politiques néolibérales et d’organiser des élections pour sauver les apparences. Tiens, quelle est au juste la différence avec ce que nous connaissons aujourd’hui ?
Un jeune sur cinq est au chômage en Europe
Partout en Europe pleuvent les plans d’austérité. Pendant ce temps, l’emploi est en berne, et les perspectives d’avenir pour les jeunes sont bien maigres. En juin, l’Union Européenne comptait plus de 5 millions de chômeurs de moins de 25 ans (ce qui devrait d’ailleurs encore empirer dans les temps à venir). En Grèce, 36% des 18-24 ans sont sans emploi, en Espagne, ils sont 44%.
Les travailleurs belges sont les plus stressés
Au moins 55% des travailleurs belges souffrent de stress au travail. Notre pays arrive donc au-delà de la moyenne européenne, qui est de 44%. Près de 20% sont au point d’arriver en plein burn-out, c’est-à-dire au point de ressentir des désordres mentaux et physiques à cause du stress. Il y a quatre ans, une étude similaire avait été réalisée. A l’époque, la Suède et l’Allemagne étaient devant la Belgique, qui est maintenant passée en tête.
Les riches sont prêts à donner l’aumône pour préserver leur richesse
Dans une carte blanche publiée dans le quotidien flamand De Standaard, l’écrivain hollandais Geert Buelens a abordé la question de ces riches qui veulent payer plus d’impôts. Il a à ce sujet fait référence à ce qu’avait déclaré George Soros dans le quotidien français Le Monde: "Warren Buffett est un investisseur talentueux et intelligent. Il pense à long terme et il sait comment défendre les intérêts des super-riches. Il réalise que si les riches ne font rien aujourd’hui, ils peuvent se retrouver avec l’opinion publique contre eux dans les années à venir. En termes moins diplomatiques, la révolte des masses est vraiment proche, et si nous voulons sauver notre peau, nous devons donner quelques cents. Warren Buffet est d’ailleurs rejoint par des collègues français, italiens et, en Belgique, par le Vicomte Etienne Davignon. Une lecture cynique (et probablement également très réaliste) de cet appel à l’auto-flagellation financière modérée est que ces messieurs cherchent uniquement à préserver leurs privilèges. Ils sont prêts à donner une aumône, à condition que le système financier auquel ils doivent leur richesse d’un autre monde reste inchangé." Il n’ya pas beaucoup à ajouter.
Pas de nourriture, mais des ordinateurs portables
Dans l’état indien de Tamil Nadu, les promesses électorales se limitent généralement à la distribution de cadeaux. Après les dernières élections régionales, chaque famille a ainsi reçu une télévision. Résultat: certains ont des logements à peine décents, mais ont une antenne au dessus de leur taudis pour regarder la télévision. Cette année, des élections régionales se sont à nouveau déroulées, et un autre parti est arrivé pouvoir. Le Premier ministre de l’Etat Jayalalithaa avait promis des ordinateurs portables gratuits. Résultat: le gouvernement va distribuer 912.000 ordinateurs portables cette année, et près de six millions en 4 ans. Les ordinateurs portables ont coûté au gouvernement environ 155 euros chacun. En attendant, rien n’est fait contre l’extrême pauvreté et la faim qui frappe l’Etat de Tamil Nadu. Un cinquième de la population (72 millions d’habitants) vivent sous le seuil officiel de pauvreté. Le gouvernement prétend faire quelque chose en distribuant pour 21 millions d’euros de chèvres et de moutons. Cette année, 100.000 familles pourraient bénéficier de cette mesure. Mais c’est la corruption qui va déterminer où vont parvenir les bêtes. Les pauvres des pauvres, les Dalits (intouchables) ne doivent pas s’attendre à la moindre amélioration. Cette semaine, lors d’une manifestation de Dalits, la police a tiré sur eux, et il y a eu des morts. Voilà l’attitude du nouveau gouvernement aux plus pauvres.
-
Le travailleur vit-il au-dessus de ses moyens ou le patronat et les riches s’accaparent-ils trop de richesses ?
Si on regarde les résultats de la nouvelle étude* de la HIVA (Haute Ecole du Travail, Louvain), la réponse à cette question est bien simple. Dans un scénario maximal l’État belge (et la sécurité sociale), par toutes sortes de déductions fiscales et de diminutions de recettes, touche 58 milliards d’euros d’impôts et de charges en moins par an. Si on rajoute encore l’estimation de fraude fiscale, on parvient même à 100 milliards d’euros par an. Ces chiffres offrent un tout autre regard sur les efforts nécessaires pour assainir le déficit budgétaire et la dette de l’État contre ce que veulent nous faire croire les partis au gouvernement.
Par Anja Deschoemacker
Même si les partis officiels de la “gauche”, PS et SP.a, parlent d’impôts supplémentaires sur les plus hauts revenus ou ‘‘d’adaptations’’ des intérêts notionnels, il s’agit généralement de mesurettes qui doivent servir de contrepartie pour venir puiser aussi, et surtout en fait, dans les poches des travailleurs, des pauvres et de leurs familles. L’étude de la HIVA démontre toutefois qu’en coupant toutes sortes de déductions et en menant une véritable lutte contre la fraude fiscale, une augmentation substantielle des revenus de l’État pourrait être obtenue.
Évidemment, nombre de ces déductions sont absolument justifiables, par exemple ceux sur les revenus de remplacement. Mais la HIVA indique que c’est surtout les gens avec les plus hauts revenus et les entreprises les plus rentables qui utilisent le plus ce genre de moyens pour faire baisser leurs impôts. Ceux qui se plaignent le plus de ‘’la pression fiscale intenable’’, sont justement ceux qui en payent le moins ! Ou, comme le professeur Pacolet de la HIVA le dit dans De Standaard (28 février 2011) : ‘’On dit parfois qu’on est tous ‘plumés’ par le fisc. Mais quand je regarde les chiffres, je pense plutôt à des poulets rôtis qui volent dans la bouche de beaucoup…’’ C’est certainement le cas pour les entreprises les plus grandes et les plus rentables qui, avec les intérêts notionnels, ne payent qu’à peine des impôts alors que beaucoup de petites entreprises ne peuvent pas appliquer de telles mesures.
Ce n’est pas seulement l’État même qui reçoit moins de revenus à cause de cette politique d’impôts maintenue, la sécurité sociale voit elle aussi ses caisses de plus en plus minées par ces diminutions de recettes. Ainsi, aujourd’hui, presque 20% de la masse salariale est exonérée sous la forme d’avantages extra-légaux, ce qui produit presque 10 milliards de baisse de revenus pour la sécurité sociale. Ajoutez à cela les 6 milliards de diminutions des contributions à la sécurité sociale et on arrive déjà à 16 milliards d’euros par an qui sont volés des caisses de la sécurité sociale. Et on entend encore crier que la sécurité sociale devient ‘‘inabordable’’!
Au regard de ces chiffres qui sont le résultat de 20 à 30 années de diminution d’impôts pour les groupes économiquement les plus forts, nous ne pouvons que rire en entendant le terme de ‘‘gauche’’ pour désigner le PS et le SP.a (au gouvernement presque sans interruption tout au long de cette période). De manière assez similaire, les partis verts n’ont fait que des remarques en marge de cette situation. Maintenant, tous les partis présents au Parlement défendent une marge salariale maximale de 0,3% en plus de l’index, alors que les riches et les plus grands entreprises deviennent encore plus scandaleusement riches en dormant. Qu’on essaye de limiter leur croissance de revenus à 0,3% et ce serait le tollé !
Si les travailleurs, les pauvres et leurs familles – la grande majorité de la population – veulent en finir avec ceci, ils sont de nouveau devant la tâche de ne pas mener seulement la lutte sur le plan syndical, mais aussi de se réorganiser sur le plan politique et de regagner leur indépendance par rapport à ces partis soi-disant de gauche ou social qui en mots offrent encore parfois du soutien au mouvement ouvrier, mais qui de l’autre côté ont approuvé cette politique déjà depuis des décennies.
* De kost van fiscale en parafiscale uitgaven en ontwijking in België, Pacolet J & Strengs T.
-
Une réforme d’Etat pour une démolition sociale plus efficace
Tous les partis traditionnels suivent la logique de démolition sociale. ‘Les marchés’ n’ont qu’à claquer des doigts pour que les politiciens néolibéraux prévoient docilement de nouvelles mesures antisociales. Tout le débat concernant la réforme d’Etat concerne d’ailleurs essentiellement la répartition des assainissements entre les différents niveaux de l’Etat.
Par Geert Cool
Réforme d’Etat : pour quel objectif ?
La nouvelle sommité de la NVA, le journaliste Siegfried Bracke, a déclaré: “Une réforme d’Etat n’est pas en soi intéressante. Ce n’est qu’un moyen de parvenir à une meilleure gouvernance.” (De Standaard, 08/01/11). Ce qui pour la NVA se cache derrière la notion de ‘‘meilleure gouvernance’’ est expliqué de façon limpide dans son programme: plus de dégradation sociale, plus de cadeaux au patronat, plus de flexibilité pour les travailleurs.
Le programme de la NVA dit ainsi:
- “Avec la régionalisation de l’impôt des entreprises, nos entreprises pourraient jouir d’une baisse du taux nominal qui, en Belgique, est toujours de 34%, ce qui est très élevé du point de vue international.’’ Le fait que les 500 plus grandes entreprises ont en réalité été imposées à moins de 5% n’est mentionné nulle part dans le programme de la NVA…
- ‘‘La NVA veut plus de flexibilité au niveau des entreprises grâce à un calcul généralisé de la durée de travail sur base annuelle. A certains moments, le travailleur travaillerait alors plus d’heures par jour que dans des moments de creux.’’ Des journées de dix heures ou des semaines de soixante heures, ce n’est pas un problème pour la NVA.
En Flandre, une régionalisation très poussée sera l’opportunité de mener une politique néolibérale plus dure. Mais ce sera aussi le cas du côté francophone. Les plans Marshall de Di Rupo & Co n’avaient pas pour objectif de répondre au chômage, mais de soutenir les entreprises dans leur recherche de profits rapides. Le ministre wallon André Antoine (CDH, notamment Ministre du Budget, des Finances et de l’Emploi) avait expliqué dans Le Soir, en décembre, que le Plan Marshall donne aux patrons de l’infrastructure gratuite et plus d’un milliard de cadeaux fiscaux.
Le mouvement ouvrier doit prendre position
Le mouvement ouvrier n’a rien à gagner des différentes formes de réforme d’Etat avancées par les partis traditionnels et la crise politique continuelle n’est en aucun cas une excuse pour se taire sur la politique antisociale qui se prépare ! Résoudre les contradictions nationales n’est possible qu’avec les moyens de garantir à chacun une vie et un avenir décents : des emplois décents et bien payés, des logements, un enseignement gratuit et de qualité, des services publics et une sécurité sociale renforcés,… Le niveau auquel cela s’organise est en soi d’un intérêt fort secondaire, notre résistance aux actuelles propositions de réforme d’Etat n’est pas synonyme de nationalisme belgicain.
Le mouvement ouvrier doit lui-même prendre en charge ce qui le concerne et s’opposer à chaque dégradation sociale, et donc rompre avec la politique de capitulation devant le patronat et les partenaires politiques du ‘‘moindre mal’’ comme le PS. Les appels répétés des directions syndicales – avec le patronat – pour aboutir à une réforme d’Etat et à un gouvernement, peu importe lequel, n’offrent aucune réponse face à l’austérité qui se prépare.
La lutte pour de meilleures conditions de travail, pour plus d’emploi,… doit être menée sur les plans syndical et politique. Cette lutte mettra en lumière la nécessité d’un nouveau parti des travailleurs et conduira à ce que la force sociale la plus importante, la classe des travailleurs, fasse effectivement sentir son pouvoir potentiel.
-
SETCA-BHV: Protestation contre le licenciement des 5 permanents du secteur industrie à BHV à la manif du 29 septembre
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
A propos du SETCA-BHV
- Quand la direction fédérale du SETCA décapite le secteur industrie à BHV
- Des dizaines de militants protestent au comité exécutif du Setca-BHV
- La direction nationale du Setca décapite le secteur industrie de la régionale Bruxelles-Hal-Vilvorde
- "Affaire" Faust: l’appareil syndical veut diviser la gauche… pour mieux la liquider (2002)
[/box]
Début septembre, la direction nationale du SETCA a licencié pour “fautes graves” l’équipe entière des secrétaires syndicaux du secteur industrie pour Bruxelles-Hal-Vilvorde. A La manifestation de ce mercredi 29 septembre, quelques dizaines de militants étaient présents pour réclamer la réintégration immédiate des cinq secrétaires limogés avec banderoles, tracts, slogans, affiches,… et cinq mannequins pendus symboliquement au carrefour où ils s’étaient postés.
Derrière ces licenciements se trouve la véritable chasse aux sorcières initiée en 2002 dans au SETCA-BHV. Comme nous l’avons déjà dénoncé dans un article précédent, "Un sommet syndical qui utilise les méthodes des patrons pour gérer la dissidence interne, a peu en commun avec la démocratie syndicale. Selon le quotidien flamand, De Standaard, Erwin De Deyn, président fédéral du Setca, aurait dit ce qui suit : “Un syndicat a des budgets et du personnel et doit donc être géré comme une entreprise.” Ceci ne demande aucun commentaire."
-
La direction nationale du Setca décapite le secteur industrie de la régionale Bruxelles-Hal-Vilvorde
Nous pouvons bien imaginer le désarroi et la colère de beaucoup de syndicalistes, des 2000 militants et des 14.000 membres du Setca secteur industrie BHV en particulier. Tous ces travailleurs, dans ces 400 entreprises, sont délaissés du jour au lendemain. Certains d’entre eux sont impliqués dans des dossiers de restructurations compliqués. Que les militants aient dû apprendre cette nouvelle par les médias rend la chose encore plus pénible.
Pour ceux qui sont actifs depuis longtemps à la section Setca/ BHV, la nouvelle du licenciement immédiat pour “fautes graves”, début septembre, de l’équipe entière des secrétaires syndicaux (5) du secteur industrie par la direction nationale, n’était pas tout à fait une surprise. C’est pourtant la conséquence ‘logique’, mais pas moins tragique, de la chasse aux sorcières qui avait commencé avec le licenciement forcé en 2002 d’Albert Faust (à l’époque le secrétaire général explicitement à gauche du Setca BHV, article du PSL en 2002). La question à se poser dans l’immédiat est: “Qui sera le suivant?”
Un sommet syndical qui utilise les méthodes des patrons pour gérer la dissidence interne, a peu en commun avec la démocratie syndicale. Selon le quotidien flamand, De Standaard, Erwin De Deyn, président fédéral du Setca, aurait dit ce qui suit : “Un syndicat a des budgets et du personnel et doit donc être géré comme une entreprise.” Ceci ne demande aucun commentaire.
L’ampleur de ‘l’opération’ se comprend dans le cadre d’un certain calendrier. Ce 24 septembre devrait se tenir, pour la première fois depuis 2005, un congrès statutaire de la régionale de BHV. En principe il faut organiser un tel congrès tous les 4 ans, mais depuis l’affaire Faust ces statuts n’ont même plus la valeur du papier-toilette. Un mois plus tard, en octobre, suit le congrès fédéral de deux jours du Setca fédéral. A l’approche du congrès de la régionale de BHV un certain nombre d’assemblées des militants devraient être organisé ce mois-ci.
Mais cette semaine les militants ont reçus une lettre par courrier: “Suite à des circonstances exceptionnelles, nous sommes amenés, à notre grand regret, à devoir postposer l’AG des secteurs.” La lettre conclut ainsi: “Nous reviendrons au plus vite vers vous pour vous donner une information complète à propos de ces circonstances exceptionnelles et vous proposer une nouvelle date pour notre assemblée générale.” En d’autres mots: entretemps les militants n’ont qu’à se débrouiller…
A suivre …
-
Nous ne voulons pas payer leur crise !
Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, dans la zone euro et au Japon, les dirigeants politiques ont, en 2009 en 2010, pris pas moins de 3.870 milliards d’euros des caisses des Etats pour soutenir le système financier et économique. Même s’ils ont ainsi pu éviter une dépression mondiale (pour le moment), cela n’a pas débouché sur une nouvelle période de croissance stable. Au contraire, le peu de croissance que nous avons vue était très fragile et fort dépendante des aides de l’Etat.
Par Els Deschoemacker
Les dettes des banques ont été épongées par de nouvelles dettes ; celles des autorités publiques. Il est évident que, pour les gouvernements, le plus facile est derrière eux : les caisses de l’Etat ont été pillées, des dettes massives ont été construites, et la crise reste là, sans solution à l’horizon.
En Belgique aussi, la dette de l’Etat a augmenté très rapidement. «En deux ans, un quart de siècle d’assainissement a été perdu», a ainsi titré le quotidien flamand De Standaard. «Il n’y a plus d’argent, il faut intervenir de façon dure maintenant», a averti l’économiste Geert Noels. Presque tous les partis adhèrent à ce constat. Ceux qui estimaient que l’époque du néolibéralisme (assainir l’Etat au détriment de l’Etat-Providence) était derrière nous et qu’on se dirigeait vers une période de keynésianisme (stimuler la demande avec, entre autres, la création d’emploi par l’Etat ou encore avec des allocations décentes) en sont pour leurs frais. Ce que nous avons vu, c’est un keynésianisme pour la classe capitaliste, qui doit maintenant être payé par un néolibéralisme très dur pour la masse laborieuse.
Certains partis sont plus prudents que les autres. Mais, en réalité, nous pouvons nous épargner la peine d’étudier les différents programmes des partis. Mieux vaut partir de l’expérience vécue ces trente dernières années de politique néolibérale. Quel que soit le gouvernement qui sortira des urnes – qu’il soit d’unité nationale, sans les libéraux et avec les ‘socialistes’ ou l’inverse, rempli de nationalistes flamands et/ou de revanchards francophones, avec ou sans les verts,… – tous vont chercher les efforts à venir (22 milliards d’euros selon le Bureau du Plan) en grande partie dans notre poche.
Les développements actuels de la crise du capitalisme laissent très peu d’espace. Les capitalistes mènent une guerre contre la classe ouvrière pour restaurer leurs profits. Pour le moment, la peur ou l’idée qu’il faut des assainissements pour, à terme, pouvoir revenir aux acquis sociaux du passé peut être présente dans une grande partie de la classe. La réalité peut rapidement mettre en pièce ce genre d’idées. Nous allons vers des années de coupes budgétaires extrêmement dures, bien qu’avec un rythme différent dans les différents pays, dépendant des conditions spécifiques et des rapports de force. La croissance faible (dans notre pays, à peine 0,2%) peut rapidement se muer en récession.
N’y a-t-il pas d’alternative à ce système de misère, de chômage et de pauvreté pour la majorité de l’humanité ? Si. Les nouvelles générations vont devoir réapprendre dans la douleur les vieilles leçons de la lutte des classes. Cela va demander du temps, des luttes et des expériences, mais les idées du socialisme scientifique vont finir par regagner du terrain au sein de la classe des travailleurs.
-
DOSSIER: Capitalisme = barbarie. Pour une société socialiste !
Le capitalisme est plongé dans une profonde crise systémique. De temps à autre, certains essaient de sauver la face en annonçant que la fin du tunnel est proche, mais c’est toujours pour ajouter très vite qu’il faudra quand même faire de sérieux efforts et des assainissements drastiques. En clair, cela signifie démanteler l’Etat-providence au cours des 5 à 10 années à venir. A la population de régler la facture de la crise qui nous a déjà coûté une longue liste de concessions salariales et horaires, de flexibilisation, d’attaques contre la sécurité sociale, les fins de carrière, les services publics, les soins de santé,…
Dossier par Bart Vandersteene
Remettre en cause le marché ‘libre’ ou en éviter simplement les excès?
La chute du Mur en 1989 a inauguré le règne du dogme selon lequel le marché ‘libre’ était le meilleur système de création de richesses. On considérait comme une critique marginale de dire que cette génération de richesse était basée sur des bulles de savon spéculatives. Quant à l’écart grandissant entre pauvres et riches, tant au niveau mondial qu’en Occident, il ne devait s’agir que d’un grain de beauté destiné à disparaître avec le temps et la bonne gouvernance. La force soi-disant créatrice du marché ‘libre’ a engendré beaucoup d’illusions. Dans la pratique, elle s’est surtout révélée être une force destructrice.
Pourtant, aujourd’hui, le marché ‘libre’ n’est pas fondamentalement remis en question. Bien au contraire, on essaie même de le sauver en disant qu’il faut seulement en éliminer les pires excès. Selon certains, il suffirait d’écrémer quelque peu les bonus des top-managers et de saupoudrer le marché d’un peu plus de régulation pour parvenir à dompter le capitalisme. L’absence d’une alternative socialiste suffisamment forte et clairement définie est aujourd’hui le plus grand obstacle au développement d’une lutte massive contre l’impact de la crise. Avec la chute du Mur, a été prédite la fin du socialisme en tant que modèle de société. Mais ce qui a disparu n’était toutefois qu’une caricature dictatoriale et non pas des modèles d’Etats socialistes.
Le capitalisme conduit inévitablement à la crise. Avec leur salaire, les travailleurs sont incapables d’acheter la valeur qu’ils produisent collectivement, ce qui cause une tendance constante à la surproduction ou à la sous-consommation. Un tel problème peut être postposé un temps, en poussant grâce au crédit les travailleurs à déjà dépenser aujourd’hui leur salaire de demain. Mais un jour ou l’autre, la facture doit être payée.
La faillite du système de marché ‘libre’ ne peut que stimuler la quête d’une alternative. Le marxisme va à nouveau trouver un soutien parmi les travailleurs et les jeunes à la recherche d’une solution à l’avenir sans issue qu’offre le capitalisme. Cela explique sans doute pourquoi l’ouvrage de Marx Le Capital est republié en néerlandais (ce qui n’était plus le cas depuis une trentaine d’années) ou le fait qu’un film (une comédie) se référant au révolutionnaire russe Léon Trotsky sorte au Canada. Dans de nombreux livres, textes et articles, on trouve à nouveau des références au socialisme et au marxisme.
PS et SP.a: le capitalisme pour seul horizon
[box type=”shadow” align=”alignright” width=”100″]
Cherchez l’erreur : le socialisme selon…
- Dictionnaire Van Dale: ordre socio-économique dans lequel il n’y a plus de contradictions de classes.
- Woorden.org: système économique dans lequel les moyens de production n’appartiennent pas à des particuliers et où les revenus de ces moyens de production bénéficient autant que possible à toute la population.
- Larousse: Théorie visant à transformer l’organisation sociale dans un but de justice entre les hommes sur le plan du travail, de la rétribution, de l’éducation, du logement, etc.
- Caroline Gennez (présidente du SP.a): le socialisme est une forme évoluée du libéralisme (mai 2009).
Les quatre premiers articles de la Charte de Quaregnon:
1. Les richesses, en général, et spécialement les moyens de production, sont ou des agents naturels ou le fruit du travail – manuel et cérébral – des générations antérieures, aussi bien que de la génération actuelle ; elles doivent, par conséquent, être considérées comme le patrimoine commun de l’humanité.
2. Le droit à la jouissance de ce patrimoine, par des individus ou par des groupes, ne peut avoir d’autre fondement que l’utilité sociale, et d’autre but que d’assurer à tout être humain la plus grande somme possible de liberté et de bien-être.
3. La réalisation de cet idéal est incompatible avec le maintien du régime capitaliste qui divise la société en deux classes nécessairement antagonistes : l’une, qui peut jouir de la propriété, sans travail, l’autre, obligée d’abandonner une part de son produit à la classe possédante.
4.Les travailleurs ne peuvent attendre leur complet affranchissement que de la suppression des classes et d’une transformation radicale de la société actuelle. Cette transformation ne sera pas seulement favorable au prolétariat, mais à l’humanité toute entière; néanmoins, comme elle est contraire aux intérêts immédiats de la classe possédante, l’émancipation des travailleurs sera essentiellement l’œuvre des travailleurs eux-mêmes.
Le fait n’est pas neuf, les sociaux-démocrates ne remettent plus en question le capitalisme, ils considèrent le marché ‘libre’ et la propriété privée des moyens de production comme des lois naturelles, à l’instar de la gravité. Bruno Tobback, le chef du groupe parlementaire du SP.a à la Chambre ne laisse planer aucun doute à ce sujet. Il a ainsi répondu dans une interview que remettre en question le marché ‘libre’, c’était comme remettre en question le fait d’avoir des relations sexuelles…
Commentant cette situation, le journaliste Franck Albers a écrit dans le Knack (du 17 février 2010): ‘‘Evidement, le SP.a a d’autres accents que les capitalistes de Voka (une référence vers les extrémistes patronaux de la fédération patronale flamande, ndlr). L’un veut un peu plus de redistribution par l’Etat, l’autre veut un peu plus de ‘libre marché’. Le système en Europe fait yoyo entre ces deux pôles depuis déjà plus d’un demi-siècle. Mais peut-être faut-il des remèdes plus radicaux pour une solution fondamentale et orientée sur l’avenir.’’
Même si le PS essaie de travailler son image à gauche, bien plus que le SP.a, et si Elio Di Rupo est fier de prétendre que le PS est le plus à gauche de tous les sociaux-démocrates en Europe, il se garde bien lui aussi de remettre en question le ‘libre’ marché: ‘‘les socialistes d’aujourd’hui acceptent le libre marché. Ils le voient comme un facteur dans les relations, les échanges, le progrès et le bien-être de l’individu et du collectif. Ils le voient comme un moyen de satisfaire un grand nombre de besoins.’’ (Être Socialiste Aujourd’hui, 2009). Le PS peut bien se raccrocher de temps en temps à des slogans comme ‘‘Le capitalisme nuit gravement à la santé’’ (de la FGTB wallonne), ce n’est qu’une question d’image.
Nous pensons qu’il n’est pas possible d’éliminer les pires conséquences du capitalisme en restant dans ce système. La maximalisation des profits est un élément central, véritablement au cœur de la bête, auquel le reste n’est que subordonné. Nous assistons aujourd’hui à une spéculation contre la montagne de dettes grecques, les spéculateurs poussent la Grèce au bord de la faillite. De façon identique, la crise alimentaire de 2008 était une conséquence de la rétention de stocks de blé ou de riz par les spéculateurs, qui comptaient sur l’augmentation conséquente des prix. Des multinationales exploitent aujourd’hui des maisons de repos et même des prisons et elles n’ont aucune honte à expliquer, chiffres à l’appui, comment l’Etat peut servir de vache à lait, au mépris des conséquences sociales.
Tout se réduit à la notion de marchandise, tant les relations humaines que le corps humain ou encore la nature. La crise environnementale crée même de nouvelles ‘‘opportunités’’ avec le commerce des droits d’émission et la commercialisation des labels ‘‘écologiques’’. Le sommet de Copenhague s’est ainsi déroulé sous les slogans hypocrites et opportunistes de Coca-Cola, Mc Donald, Carlsberg, Siemens,… De leur côté, la recherche scientifique et la justice sont ‘‘influencées’’ pour aboutir à des conclusions ‘‘correctes’’. Cette société dégouline de la pourriture du capitalisme par tous les pores.
Le marché ‘libre’ n’est rien de plus et rien de moins que la dictature de la maximalisation des profits. On n’impose pas de règles à ce système, on l’élimine.
Que signifie le socialisme?
‘‘La tâche historique de notre époque consiste à remplacer le jeu déchaîné du marché par un plan raisonnable, à discipliner les forces productives, à les contraindre d’agir avec harmonie, en servant docilement les besoins de l’homme. C’est seulement sur cette nouvelle base sociale que l’homme pourra redresser son dos fatigué et – non seulement des élus – mais chacun et chacune, devenir un citoyen ayant plein pouvoir dans le domaine de la pensée.’’ (Leon Trotsky, En défense d’Octobre, 1932)
Nationalisation du secteur financier
L’an dernier, plusieurs Etats ont été obligés de prendre le secteur bancaire dans leurs mains, partiellement ou entièrement. De là est née l’expression de “socialisme pour les riches”: les profits éventuels sont réservés aux grands actionnaires tandis que les pertes sont prises en charge par le gouvernement (et donc la collectivité).
D’anciens apôtres du marché ‘libre’ en sont arrivés, avec une gêne sincère, à la conclusion que ce système n’est quand même peut-être pas l’idéal, comme Paul De Grauwe: ‘‘La théorie était que les banquiers savaient mieux que le gouvernement ce qui était bon pour eux et pour nous, et que le système avait assez de qualités autorégulatrices. Les faits nous ont démontré à quel point cette théorie était incorrecte.’’ (De Standaard, 26 janvier 2010)
On cherche actuellement de nouvelles règles pour le secteur bancaire, mais de nombreux commentateurs crient déjà depuis des mois que rien n’a changé depuis le début de la crise, que les produits et mécanismes responsables de la chute du secteur financier il y a deux ans sont à nouveau utilisés à plein régime. Ce n’est aucunement une surprise. Obama a par exemple nommé les top-managers de la banque Goldman Sachs à son cabinet des Finances. Goldman Sachs était d’ailleurs un des plus grands bailleurs de fonds de la campagne électorale d’Obama. Les politiciens traditionnels ne sont pas grand-chose d’autre que des marionnettes aux mains des décideurs économiques. Ils sont d’ailleurs richement récompensés par la suite avec des postes lucratifs dans les conseils d’administration: Dehaene chez Inbev et Dexia, Willy Claes chez Carrefour,…
Le secteur financier doit être retiré des mains de ces charognards. Seul un secteur financier aux mains de la collectivité sous le contrôle des travailleurs et des usagers peut garantir que ce secteur remplisse ses tâches essentielles.
Pour une économie nationalisée et planifiée
Affiche du PSL pour les élections de 2009
[/box]
Ce qui vaut pour le secteur bancaire vaut également ailleurs. Tant que les différents secteurs de l’économie restent aux mains d’une petite minorité de grands capitalistes, ils resteront bloqués dans la logique du système selon laquelle les profits sont prioritaires sur toute autre considération.
‘‘Le marché libre est un grand mensonge. Il n’existe d’ailleurs pas. La confusion entre libre marché et liberté humaine est dangereuse. (…) Cette crise confirme que le monde repose sur sa tête, les pieds en l’air et la tête en bas. Ce qui doit être puni est récompensé et vice versa. La spéculation est récompensée et le travail est puni. Aujourd’hui, le système est démasqué, c’est un système basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes.’’ (Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009)
Dans une société socialiste, les usines, les machines et les terrains des secteurs clés seraient propriété publique afin qu’ils soient au service de la satisfaction des besoins de la population.
Pour une société démocratique et socialiste
Une économie socialiste doit être une économie planifiée. C’est la seule option permettant que la technologie, les forces de travail, la science et les matières premières soient utilisées de manière efficace et durable pour la satisfaction des besoins humains.
Toute la société doit être activement impliquée dans l’élaboration d’un tel plan et dans les décisions sur la façon de produire. Des réunions locales pourraient élire des représentants mandatés à participer aux discussions et décisions au niveau régional, national et même international. Ces élus devraient systématiquement rendre des comptes à leur base et être révocables à tout moment. La motivation d’un élu ne pouvant jamais être basée sur des privilèges, les représentants ne pourraient pas gagner plus que le salaire moyen d’un travailleur.
Pour permettre à chacun de participer à la gestion de la société, le temps de travail doit être drastiquement réduit, mais cela est parfaitement possible si on stoppe toute production inutile et si la production est orientée vers des produits durables et non des produits jetables propres à la société capitaliste. La répartition du temps de travail en impliquant les centaines de millions de chômeurs actuels aurait aussi un impact important pour diminuer le temps de travail de chacun.
Enfin, seule une économie socialiste où la richesse et les investissements sont gérés collectivement est apte à garantir le développement de méthodes de production qui préservent notre environnement. Pour notre avenir, le socialisme est la seule option.
Les 125 ans du Parti Ouvrier Belge – Les 120 ans du premier mai
Le 5 et le 6 avril, nous avons fêté le 125e anniversaire de la fondation du Parti Ouvrier Belge (le prédécesseur du PS et du SP.a). La mise sur pied d’un parti ouvrier en 1885 a constitué un important pas en avant pour le mouvement ouvrier de notre pays. Avant cela, les travailleurs comptaient sur les libéraux de gauche présents au Parlement. Mais une telle approche ne faisait notamment pas progresser la lutte pour le suffrage universel. Avec la mobilisation des masses et la constitution d’un parti ouvrier indépendant de la bourgeoisie, une arme plus forte a été forgée.
Le POB a été fondé par une centaine de personnes représentant pas moins de 59 associations, dont des mutuelles, des syndicats, des groupes politiques, des groupes de lecteurs et des coopératives. Dès le début, il y a eu beaucoup de confusion. Les coopératives ont toujours plus déterminé les positions politiques du parti et cela a plusieurs fois signifié d’éviter tout élargissement conséquent de la lutte.
La lutte pour le suffrage universel (pour les hommes…) a été menée grâce à la grande pression de la base du parti et contre la grande peur qu’éprouvait la bourgeoisie face à la croissance du POB. Dans ce contexte s’est tenu en 1894 un congrès idéologique qui a adopté la Charte de Quaregnon (voir ci-contre). En comparaison, et même si un certain nombre de faiblesses étaient présentes, les programmes actuels du PS et du SP.a font pâle figure.
Le POB ne remettait pas suffisamment conséquemment en cause le capitalisme, mais c’était là un outil de taille à disposition des travailleurs afin qu’ils puissent lutter pour améliorer leurs conditions de vie et de travail. C’est cette lutte qui a donné d’importantes victoires, comme la journée des huit heures.
Ce combat pour la journée des huit heures est inséparablement lié au Premier mai. Il y a 120 ans, le premier mai était la première journée d’action internationale pour les huit heures. Dès 1890, après des actions antérieures qui se sont déroulées aux Etats-Unis, des grèves ont eu lieu partout le premier mai, souvent réprimées. En Belgique aussi, des travailleurs ont été tués parce qu’ils militaient le Premier mai.
Aujourd’hui, il n’y a plus de grand parti ouvrier – le PS et le SP.a sont devenus des partis vides où seule compte la politique gouvernementale néolibérale – et cela a dans beaucoup de cas vidé les commémorations du Premier mai de son essence combattive. Au même moment, le principe de la journée des huit heures subit des attaques de toutes parts.
En vue des attaques à venir contre nos salaires, nos pensions, les soins de santé, l’enseignement,… nous allons devoir renouer avec ces traditions établies il y a de cela 125 et 120 années. Nous avons besoin de notre propre parti des travailleurs de masse et nous allons devoir lutter, internationalement, pour défendre nos intérêts! Cela constitue une part de la lutte pour une alternative socialiste contre la barbarie capitaliste.
-
Y-a-t-il encore quelqu’un pour engager le débat idéologique ?
Durant 25 ans, le dogme du marché "libre" était intouchable. Proclamé meilleur système, le marché "libre" était soi-disant le plus favorable au développement de la prospérité. La critique selon laquelle cette prospérité n’était basée que sur des bulles de savon spéculatives était balayée d’un revers de la main. Il semblait pourtant aussi que le gouffre entre riches et pauvres s’approfondissait, tant au niveau mondial qu’en occident. Mais cette tache de beauté devait disparaître à l’aide de temps et de bonne gouvernance. En définitive, ce sont surtout des illusions qui sont nées de la prétendue force créatrice du marché "libre". Au cours des prochaines années, la force destructrice du marché "libre" et du capitalisme va pousser le niveau de vie de la majorité de la population sur une pente dangereuse.
Point de vue de Bart Vandersteene, porte-parole du PSL/LSP
Marché "libre" ou dictature du marché?
"Le marché libre est un grand mensonge. Cela n’existe pas. La confusion entre marché libre et liberté humaine est dangereuse. (…) Cette crise confirme que le monde se trouve sur sa tête, les pieds en haut et la tête vers le bas. Ce qui doit être sanctionné est récompensé, et vice versa. Spéculer est récompensé et travailler est puni. Nous voyons aujourd’hui la nature de ce système, basé sur la privatisation des bénéfices et la socialisation des pertes."Eduardo Galeano, Mo-magazine, 27 mai 2009.
Le marché "libre" est un grand mensonge, comme le confirme aujourd’hui le système lui-même. Le gouvernement intervient de plus en plus dans ce marché qui n’est pas libre du tout : 80% de la production mondiale et du commerce sont dans les mains de 200 à 300 multinationales. Nous vivons dans un capitalisme de monopoles où les géants de chaque secteur enregistrent des profits absolumment gigantesques et imposent une dictature aux consommateurs et aux employés. Une chose n’est produite que si ces géants peuvent en tirer bénéfice. Notre emploi, notre environnement et notre avenir dépendent donc de la mesure dans laquelle les capitalistes peuvent s’enrichir. Ils nous demandent un jour d’être meilleurs marché par rapport à nos voisins, et demandent à ces derniers le jour suivant d’être encore meilleurs marché. De cette manière, il n’y a qu’un seul gagnant, celui qui détient le sceptre de la dictature néolibérale et pour qui la maximalisation des profits constitue le centre même de l’économie. Au besoin, les capitalistes peuvent encore faire appel à leurs marionnettes politiques pour défendre leurs intérêts.
Paul De Grauwe, un professeur d’économie, a écrit dans les pages du quotidien flamand De Morgen le 16 mai : "La politique appliquée vis-à-vis de la KBC depuis le mois d’octobre, dès le début de la crise, a comme fil rouge la protection des actionnaires de la KBC. La raison est très simple. Les actionnaires de la KBC sont des familles flamandes politiquement très puissantes chez nous, et elles utilisent leurs réseaux politiques avant tout pour préserver leurs intérêts."
Avec cette formule, De Grauwe affirme indirectement que les partis traditionnels sont des marionnettes qui défendent les intérêts de l’élite économique du pays. La crise illustre plus clairement que jamais ce rôle joué par les politiciens traditionnels. C’est d’ailleurs peut-être également bien pour cette raison que la fraude fiscale n’a jamais été résolue dans ce pays et qu’il existe deux formes de justice. Tandis que l’approche de la justice est sévère pour les conflits sociaux et la petite criminalité, la criminalité en col blanc et la grosse fraude fiscale ne rencontre que l’impunité.
Un politique de bac à sable
Les partis traditionnels dépensent des dizaines de millions d’euros pour leurs imprimés électoraux avec des slogans creux ou de vagues promesses, bien peu souvent réalisées par ailleurs. Des agences de publicité sont engagées pour trouver de bons jeux de mots et créer une certaine image. Les idées et le programme sont devenus des accessoires, des gadgets. C’est normal, tous les partis traditionnels défendent la même politique néolibérale, à quelques très petites nuances près. Malgré la faillite éclatante du libéralisme et du marché "libre", tous les partis classiques restent accrochés à leur propre variante du libéralisme, du marché "libre", pour le défendre ouvertement, réclamer une légère correction – ou une correction verte – ou encore mettre en avant une adaptation raciste.
Le débat est bien plus présent dans la société, beaucoup plus que ce que l’on peut soupçonner en examinant simplement cette campagne électorale. Les discussions officielles autour de ces élections ne sont pas représentatives de ce qui vit aujourd’hui parmi la population. Les guéguèrres de partis et les noms d’oiseaux servent surtout à cacher le fait que les partis traditionnels n’ont pas du tout de solutions pour cette crise.
Nous avons besoin d’une alternative au libéralisme
Le choc avec la réalité ve être très dur les années à venir. Les fonds de pensions tombent en faillite, les prêts hypothécaires sont impayables, un contrat à durée indéterminée devient un luxe, l’incertitude devient la règle, la sécurité sociale et les services publics doivent céder le pas sur le sauvetage des banques et de leurs actionnaires. Ceux qui veulent lutter contre cette logique regardent souvent impuissants la marche des évènements. Parfois, ils ne trouvent même pas de relais dans leur propre syndicat, qui parle une autre langue. Ils n’ont pas de voix à eux dans le débat politique actuel. C’est la dictature du capital qui décide de ce qui est produit, si nous pouvons travailler ou pas, et c’est encore elle qui décide de notre avenir. Nous avons besoin d’une alternative qui se base fondamentalement sur une autre logique, sur une société où les travailleurs et leurs familles peuvent avoir le contrôle sur la richesse produite. Alors, cette richesse pourra enfin être consacrée aux besoins véritables de la collectivité.
Selon l’idéologie dominante, la chute du mur a prouvé qu’aucune alternative au capitalisme n’est possible. Le libéralisme a lié à cette affirmation que le système nous apporterait à tous la prospérité pour autant que l’on laisse au privé un maximum de liberté.
La gauche s’est alors trouvée dans une position défensive. Le stalinisme a sombré. Tant pour ses partisans que pour les opposants libéraux, cela signifiait que le modèle socialiste était voué à l’échec. A travers le monde, toutes sortes de mouvements de gauche ont supprimé la référence à une société socialiste dans leur programme. Nous sommes maintenant 20 ans plus tard, c’est le 20ème anniversaire de la chute du mur. Pour l’écrasante majorité des habitants des anciens pays staliniens, le pays tant promis où le lait et le miel devait couler à flots n’est pas devenu une réalité. La crise actuelle confirmera une nouvelle fois que cet espoir était vain. Les Etats staliniens sont devenus des terrains de jeux pour les capitalistes occidentaux. Les piliers de l’économie planifiée ont été pillés à court terme, et la population a pu découvrir une version brutale et maffieuse du capitalisme du marché «libre». Différents sondages d’opinion ilustrent ce constat. En ex-Allemagne de l’Est, 73% des sondés approuvent les critiques de Marx sur le capitalisme et 66% pensent que le socialisme est une bonne idée qui a été incorrectement appliquée.
Nous avons un grand besoin de débat idéologique. Pour l’emporter dans cette lutte, la gauche a besoin d’une idéologie et d’un programme socialistes capables de répondre aux besoins concrêts de la population tout en expliquant pourquoi le socialisme a échoué au 20ème siècle.
Remettre le socialisme à l’agenda
«Durant vingt ans, nous avons essayé avec du contenu. Mais cela ne marche plus aujourd’hui.» Peter Mertens, dans le quotidien flamand De Standaard, le 28 mai 2009.
Nous souhaitons beaucoup de succès au Parti du Travail de Belgique (PTB) avec leur campagne électorale, mais nous ne partageons pas avec eux cette opinion selon laquelle le contenu serait subordonné à la forme. Nous pensons que la gauche a plus que jamais besoin de contenu pour pouvoir offrir une alternative face à la crise du libéralisme.
Un sondage d’opinion rendu public début avril a révélé que 53% des américains sont partisans du capitalisme, 20% affirment que le socialisme est un meilleur système et 27% disent ne pas être en mesure de répondre à cette question. Beaucoup d’observations peuvent être faites sur cette base. Mais le fait qu’une minorité importante d’Américains ne se dit pas partisane de ce système illustre que la recherche d’une alternative au capitalisme se développe.
La force destructrice du marché «libre» et du libéralisme est visible pour chacun. Ce n’est que l’intervention massive des autorités qui a évité un scénario «1929». Avec cette crise, le néolibéralisme prouve sa totale incapacité de tenir compte des besoins de la classe des travailleurs (soit ceux qui travaillent maintenant, sont sans emploi, retraité,…). A la recherche d’une alternative, de plus en plus de personnes voudront en savoir plus sur le socialisme. Nous ne pouvons que leur conseiller d’aller suffisamment loin dans leur recherche. Caroline Gennez, la dirigeante du SP.a, a défini son socialisme comme étant une «une forme évoluée du libéralisme». Dans les faits, les mesures proposées par le PS illustrent que Di Rupo et Compagnie ne pensent pas différemment. De son côté, le comité national républicains, aux Etats-Unis, a voté ce 20 mai une résolution dans laquelle ils demandent aux démocrates «d’arrêter de pousser le pays en direction du socialisme.»
La campagne électorale du Parti Socialiste de Lutte n’est peut-être pas assez attractive pour les médias selon les normes actuelles défendues par les médias classiques. Mais nous mettons en avant des idées, un programme et une idéologie. Les réactions et le soutien que nous avons obtenu dans la rue ont été très encourageants. Notre campagne idéologique et les listes auxquelles nous participons n’ont pas pu trouver une large entrée dans les médias. Pour l’instant, malheureusement, nos possibilités électorales sont très très réduites. Néanmoins, nous avons apporté de l’idéologie dans cette campagne, et nous avons aussi stimulé le débat sur la manière d’en finir avec l’avidité capitaliste. Pour cela, nous avons besoin d’une société socialiste.
-
Reprise de GM: une icône du capitalisme sucée jusqu’à la moëlle
Les contribuables et les syndicats paient les pots cassés!
Lundi, l’impensable s’est produit. Le gouvernement américain a repris GM, entreprise qui a été durant 77 ans la plus grande entreprise automobile du monde. Mais c’est un cadeau bien empoisonné. A côté des 82,3 milliards de dollars d’actifs, il y a également une montagne colossale de dettes de 172,8 milliards de dollars! Rien que pour tenir la société debout au cours des deux prochains mois, le contribuable américain va devoir allonger 30 milliards de dollars venant s’ajouter aux 19,8 milliards de dollars que Washington a déjà injecté dans GM…
Par Eric Byl
Maintenant, la société est à genoux. Les gouvernements et les syndicats peuvent recoller les morceaux et tenter de reconstruire un nouveau modèle économique viable à partir d’un géant industriel que des centaines de milliers de travailleurs ont contribué à construire. Le gouvernement américain est maintenant propriétaire à 60% de la société appelée "New GM", le gouvernement canadien prennant 9,5 milliards de dollars en action, soit 12%, les syndicats -United Auto Workers (UAW)- consacreront de leur côté une partie de leurs fonds – auxquels les travailleurs ont cotisé depuis des décennies – en actions de la nouvelle entreprise à hauteur de 17,5%. Le reste appartient aux porteurs d’obligations (10%), et enfin aux investisseurs et les anciens actionnaires, qui ne détiennent que 1%.
Le journal flamand De Standaard parle des actionnaires comme des "grands perdants", De Tijd affirme qu’ils "demeurent dans une maison pleine de dettes et d’éléments impossibles à rentabiliser». Le Soir souligne que les actionnaires ont vu 90% de leurs investissements partir en fumée et La Libre écrit que les actionnaires ont "perdu le pari". La réalité est cependant que ces parasites ont sucé jusqu’à la moëlle un géant de l’industrie et que maintenant, la tâche de se débarrasser du cadavre retombe sur les épaules des autorités et des syndicats. L’ancien GM sera tout simplement déclaré en faillite et hop, fini les dettes. De bonnes affaires pourront être faites à partir du nouveau GM et les dizaines de milliards de dollars pourront recouler à flot. Les actionnaires vont laisser la collectivité payer.
Contrairement aux actionnaires, les syndicats, vu la manière dont l’assurance maladie et les fonds de pension sont organisés aux États-Unis, n’ont pas le choix de pouvoir laisser couler le Titanic. Une fois de plus, le couteau sous la gorge, ils ont dû accepter une diminution de la couverture-santé des retraités et n’ont pas eu d’autre choix que de prendre des actions. Si la résurrection de GM échoue, cela signifie que le personnel et les retraités sont menacés de tout perdre. Le gouvernement prétend qu’il s’occupera du personnel et des retraités, mais il ne faudra pas longtemps avant qu’ils ne soient eux-mêmes étiquetés de profiteurs. Que cela serve de leçon pour les travailleurs belges, face aux propositions des libéraux et autres Dedecker visant à commercialiser les soins de santé et à promouvoir les deuxième et troisième piliers de pension!
A partir de New GM, ils veulent ainsi faire une entreprise profitable où les «éléments rentables» seront à portée de mains. Des centaines de milliers d’emplois sont sur la sellette, 11 usines vont fermer leurs portes, sans compter les sous-traitants et les milliers de concessionnaires GM. Des villes entières et des communes seront privées de leur principale source de revenus. C’est le désert que le libéralisme, le "libre" marché qui, dans sa soif incessante de profit finit par s’attaquer à nos capacités de production. Au lieu de laisser la nouvelle entreprise dans les mains de gérants issus du secteur privé, le gouvernement américain et les syndicats devraient saisir cette occasion pour faire de GM une entreprise publique. Au lieu de la logique "toujours plus de retour sur investissements», un conseil de gestion public pourrait disposer des connaissances et des capacités techniques nécessaires pour les utiliser afin de développer des transports sécurisés et respectueux de l’environnement et de la mobilité. Cela serait vraiment un point tournant. Yes, we can !