Tag: Coronavirus

  • Liège “La Santé A Du Sens”

    Ce mardi 2 juin, le SETCa – Groupe Santé CHC- délégation hôpitaux avait appelé à un rassemblement à Clinique CHC MontLégia. Plusieurs dizaines de personnes, essentiellement des membres du personnel, avaient répondu à l’appel.

    Ce rassemblement défendait l’engagement de plus de personnel, l’amélioration des salaires, la garantie d’équipement de protection pour toutes et tous, que plus de temps soit accordé pour être au chevet des patients, qu’il y ait moins de stress pour les soignants,… en bref : “rendre du sens à ces métiers qui ont du sens”. Ce rassemblement était bien entendu très utile pour mener campagne autour de ces revendications légitimes mais qui ne tomberont pas du ciel.

    Quelques militants du PSL étaient présents et ont souligné l’importance de la Grande manifestation de la santé organisée à l’initiative du groupe d’action militant La Santé en Lutte.

     

  • Les sans-papiers montrent le chemin vers le retour de la protestation dans la rue

    Tous ensemble on peut gagner la régularisation de tous les sans papiers !

    Ce lundi 25 mai 2020, une action a été organisée conjointement par le CTSP et le Collectif des Victimes 2009 devant la Tour des Finances au siège de Maggie De Block à Bruxelles et devant la Commune de Saint Josse Ten Noode. Une rencontre avec le bourgmestre a été organisée pour soutenir l’appel des communes à soutenir la régularisation via une motion qui est déjà passée à Liège, Charleroi, Mons, Forest, Ixelles et Saint Josse maintenant.

    La rage et la colère des travailleurs et travailleuses sans-papiers est énorme. Aucune mesure concrète n’a été prise par ce gouvernement : ni des dépistages massifs dans les squats, ni une accélération de l’aide médicale urgente pour accéder aux soins de santé ou encore même pas un permis de séjour temporaire pour protéger toute la population comme cela a été fait au Portugal.

    Le gouvernement a fermé les yeux pendant plus de 10 ans alors que les nombre des personnes sans titre de séjour légal continuait à grandir en Belgique : jusqu’à 150.000 personnes sont ainsi présentes de cette façon sur le sol belge. C’était bien évidement une volonté politique des gouvernements successifs : faire un cadeau au patronat belge pour construire un réservoir de main d’ouvre à bon marché pour les secteurs non délocalisables comme l’Horeca, la construction, la logistique et le nettoyage. Tous des métiers essentiels pour le fonctionnement de notre société qui ont été énormément précarisés pendant ces années et qui ont énormément exploité des travailleurs migrants avec ou sans papiers.

    Cette situation aujourd’hui devient un risque pour toute la population belge. Laisser autant de personnes en dehors l’état de droit est un crime contre la santé publique de tous les travailleurs. Les collectif sans-papiers le savent très bien c’est pour cela qu’ils mettent la pression maximale sur la ministre De Block pour qu’une porte pour la régularisation puisse s’ouvrir aussi en Belgique.

    Hier midi les militants avec et sans-papiers du PSL/LSP était présents à la manifestation à côté des camarades sans-papiers, ensemble avec à peu près 200 personnes. Les militants sans-papiers du PSL sont intervenus également dans la prise de parole pour rappeler qu’il faut construire un mouvement large autour de la cause des sans-papiers. Il s’agit maintenant de continuer les actions avec un plan crescendo qui va mettre pression sur le gouvernement. Les faux processus de régularisation qui se déroulent en Italie et au Portugal ont également été dénoncés : il s’agit de la légalisation de l’exploitation des travailleurs sans papiers et non d’une véritable régulation avec un accès au droit pour tous et toutes !

    Les militants du PSL ont été clairs : pour gagner la régularisation il faudra impliquer dans le mouvement larges couches de la classe des travailleurs belges pour pouvoir se battre ensemble contre ce qui nous divise : le racisme et le dumping social. Nous devons nous battre tous ensemble, en dehors de nos origines, de notre couleur de peau et de notre culture en essayant de construire le mouvement plus multiethnique possible. Il faudra également demander à toutes les organisations du secteur social, qui subissent aujourd’hui une attaque très dure, mais aussi au secteur de la santé d’être solidaire et de soutenir les revendications du mouvement. Les syndicats doivent également répondre positivement à cette action et ils doivent essayer de supporter au maximum le mouvement pour la régularisation.

    Pour se battre contre la pauvreté, l’exploitation et le virus : la régularisation !

    Voici quelques photos de la manifestation d’aujourd’hui en soutien aux sans-papiers.

    Nous revendiquons la régularisation immédiate et permanente de tous les sans-papiers! Mais pour cela il faudra se battre contre le capitalisme, la cause de toute nos oppressions et exploitations, pour une société socialiste démocratique gérée par la majorité de la population contre les intérêts des capitalistes.

  • Après les applaudissements, les couteaux dans le dos, l’épuisement… une première victoire !

    Action l’hôpital Saint-Pierre durant la visite de Wilmès. Photo : Collectif Krasnyi

    Les collègues ayant quelques années au compteur l’ont senti venir : les coups de couteau dans le dos ont suivi les applaudissements. Et cela s’est passé plus vite que prévu ! Il faut dire que les responsables politiques qui ont applaudi les ‘‘héros’’ sont coupables de nombreuses années d’économies budgétaires et de négligence dans le secteur de la santé.

    Par un délégué syndical du secteur

    Des coups de couteau dans le dos

    Le projet d’égalisation des conditions de travail des employés statutaires et contractuels des services de la ville de Gand, avec la ‘‘conséquence malheureuse’’ de la perte de centaines d’euros de congés payés pour les personnes des maisons de repos du CPAS, pouvait encore, mais avec vraiment beaucoup de bonne volonté, être interprété comme un ‘‘accident de parcours’’. Les syndicats ont fait entendre un autre son de cloche et ont affirmé qu’on leur avait tordu le bras pour parvenir à un ‘‘accord’’. Cependant, la grande indignation de la population a fait (temporairement ?) revenir le conseil communal sur ses pas.

    Le gouvernement flamand voulait instaurer des contrats flexibles et précaires dans les centres de soins résidentiels sous le prétexte de lutter contre la pénurie de personnel. Concrètement, il s’agissait de louer du personnel aux centres de soins résidentiels par l’intermédiaire d’entreprises extérieures. Toutefois, cela ne résout pas le problème de la pénurie de personnel et met en péril les conditions de salaire et d’emploi actuelles.
    Mais la principale attaque est venue du fédéral et de Maggie De Block sous la forme de deux Arrêtés royaux (AR) du gouvernement de pouvoirs spéciaux. Il s’agissait d’une pure provocation. Un AR visait à réquisitionner du personnel soignant (sous menace d’amendes et de peines de prison) alors que, dans toutes les régions, une véritable armée de volontaires (des personnes ayant un diplôme de soignant mais qui ne sont pas immédiatement sur le terrain, comme dans l’enseignement) est prête à intervenir si nécessaire. Rien qu’en Flandre, plus de 5.000 personnes de bonne volonté sont déjà impliquées !

    Un second AR visait à pouvoir déléguer des tâches d’infirmier à d’autres travailleurs. Pourquoi donc les infirmières et infirmiers devraient-ils alors étudier pendant 3 à 4 ans ? Cet AR suit la logique de l’industrialisation des soins de santé. En raison de la pression constante de la rationalisation (des économies déguisées en ‘‘gains d’efficacité’’), les soins sont compris comme une série d’actes consécutifs purement techniques comme sur une chaîne de montage. L’aspect humain et social est totalement oublié.

    Épuisement mental

    Il va sans dire que la crise du coronavirus a un impact mental sérieux sur le bien-être du personnel de la santé. Les résultats du deuxième baromètre (début mai) de la plateforme en ligne De ZorgSamen.be (réalisé par 3.298 professionnels de la santé) sont éloquents. Plus de la moitié des personnes interrogées ont déclaré qu’elles étaient sous haute pression. Les plaintes concernant la fatigue, les problèmes de concentration et l’incapacité à se détendre sont nettement plus nombreuses que d’habitude. Quatre fois plus de personnes se sentent malheureuses par rapport à la période précédant la crise. Presque trois fois plus de personnes que d’habitude pensent à quitter la profession.

    Une étude de l’Université d’Anvers, où 1.216 infirmières, soignants et aidants ont été interrogés, a montré que le matériel de protection pour les soins aux patients était encore insuffisant. ‘‘La confiance dans les autorités est faible parmi les prestataires de soins de santé : la moitié d’entre eux n’ont guère confiance dans la capacité à faire face à la crise’’. (De Standaard 9/5/20)

    Une première victoire !

    L’opposition des syndicats et des organisations professionnelles contre les arrêtés royaux, notamment, est plus forte du côté francophone. Mais l’indignation des soignants et des représentants syndicaux en Flandre n’était pas négligeable !

    L’action du personnel de l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles lors de la visite de la Première ministre Wilmès le 16 mai a frappé les esprits. Sans aucun doute, ‘‘la haie du déshonneur’’ dos tourné deviendra l’une des images emblématiques de la colère blanche. Depuis 2019, les hôpitaux bruxellois jouent un rôle moteur. D’une manière ou d’une autre, il existe un relatif boycott médiatique à ce sujet en Flandre. Mais ce n’était pas le cas cette fois-ci. Le lendemain, rien d’autre n’a été discuté au travail et nous pouvons dire sans risque que cette action sereine mais forte fut un signal d’espoir pour tous les travailleurs de la santé.

    Lorsque la ministre Marghem a versé encore plus d’huile sur le feu, des annonces de grève ont suivi du côté francophone. A peine deux jours plus tard, le gouvernement minoritaire a annoncé que les deux AR étaient suspendus.

    La colère blanche arrive…

    Pour obtenir de véritables victoires, il faudra construire un rapport de force tant sur le lieu de travail que dans la société. Si nous souhaitons une colère blanche massive, nous devrons en faire un véritable tsunami en procédant par étape, avec la patience nécessaire. Et ce dans une perspective concrète via un plan d’action discuté le plus largement possible.

    Une initiative telle que La Santé en Lutte peut contribuer à rassembler toutes les parties prenantes et leurs organisations, y compris les employés des autres services essentiels (sous-payés), autour d’objectifs communs. Son appel à une grande manifestation de/pour les soins de santé après le confinement peut déjà compter sur un intérêt croissant des deux côtés de la frontière linguistique.

    Tous ensemble ! Pour des soins de santé de qualité pour tous !

  • Le confinement ne doit pas être un prétexte pour limiter la liberté d’expression !

    Photo : Rupture et Renouveau

    Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) expriment leur soutien aux militants de Rupture & Renouveau qui se sont faits arrêter par la police pour le simple fait d’avoir distribué des masques et des tracts. Les difficultés pour militer politiquement en rue dans la ville de Mons ne sont pas nouvelles. Pourtant, la liberté d’expression philosophique et politique est un droit conquis par les luttes et inscrit dans la constitution, les communes qui tentent de limiter ce droit en le soumettant à des demandes d’autorisations sont dans l’illégalité. Elles le savent, mais n’en n’ont rien à faire.

    Le confinement est évidement un contexte particulier, mais il ne justifie en rien l’arrestation et les amendes des militants de R&R qui semblent avoir pris des précautions en terme sanitaire et de distanciation physique. C’est l’Etat qui devrait distribuer des masques gratuitement, et on les attend toujours.

    La grande distribution devrait également les fournir gratuitement au moment des courses, comme cela se fait dans d’autres pays. Avec les immenses surprofits réalisés ces dernier mois, ce serait la moindre des choses. Que quelques jeunes attirent l’attention sur ces problèmes par une petite distribution de masques en rue et en profitent pour mener quelques discussions politiques à l’extérieur ne devrait pas mener à une répression policière et administrative. Finalement, ils ont aidé à la protection des personnes qui allaient faire leurs courses dans les commerces de la grand-rue.

    Il est déjà scandaleux qu’une mesure moyenâgeuse comme le confinement nous soit imposée à cause du chaos capitaliste, qui a signifié un sous-investissement public chronique, notamment dans les soins de santé, mais aussi un manque de préparation totale face au risque de pandémie ou encore une incapacité a réquisitionner le matériel nécessaire, pourtant présent dans les entreprises privées, ou à réorienter la production vers le matériel manquant lorsqu’il le faut. Il est d’autant plus inadmissible que ce confinement serve de prétexte à limiter nos droits démocratiques plus de deux mois après qu’il ait commencé.

    Nous invitons les militants de R&R à nous tenir informé des suites de cette affaires car, pour nous, la solidarité est quelque chose qui se construit dans la pratique, pas seulement dans les simples déclarations et postures publiques. Si des actions ont lieu contre l’application de ces amendes, nous y participerons.

  • L’Amérique latine plongée dans la crise du coronavirus

    “Avec des corps abandonnés sur les trottoirs, affalés dans des fauteuils roulants, tassés dans des cercueils en carton et empilés par centaines dans les morgues, il est clair que l’Équateur a été dévasté par le coronavirus”. New York Times 24/4/2020

    Par Alan Rivas, Socialist Alternative, États-Unis

    Le début de la pandémie COVID-19 va infliger d’immenses souffrances et un grand nombre de morts à la classe ouvrière et aux pauvres de toute l’Amérique latine. La région souffre de la pandémie – qui en est encore à ses débuts et qui devrait s’aggraver dans les pays clés – parallèlement à une situation économique difficile, caractérisée par la faiblesse des prix des matières premières, une fuite massive des capitaux, un endettement record, le krach du marché pétrolier et l’effondrement du tourisme. Le COVID-19 appauvrit des millions de travailleurs de la région et fait chuter leurs conditions de vie dans l’abîme.

    Le Financial Times et les stratèges du capitalisme international sont contraints de brosser un tableau réaliste et sombre de la catastrophe humaine et du cauchemar qui se déroule. Le FMI a prédit en avril que le PIB du continent chuterait de 5,2% cette année, ce qui est pire que l’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient ou l’Asie du Sud.

    La Commission économique des Nations unies pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) prévoit que le taux de pauvreté en Amérique latine et dans les Caraïbes atteindra 34,7 % d’ici la fin de l’année, son plus haut niveau depuis 2007. L’extrême pauvreté devrait augmenter de 16 millions pour atteindre 83 millions (Financial Times). Ce sont certainement des estimations basses, car l’Amérique latine est déjà la région du monde la plus inégale en termes de revenus et, pour plusieurs pays, la forte augmentation de la pauvreté attendue fait suite à sept années de crise économique.

    Avant même que le coronavirus ne se propage en Amérique latine et dans les Caraïbes, le capitalisme était déjà mal en point dans la région. Avec la faiblesse des prix des matières premières et un endettement massif, la croissance économique était anémique, avec une moyenne annuelle de 0,7 % seulement au cours des six dernières années.

    “La crise sociale qui a explosé l’année dernière est un signe de l’énorme inégalité qui continue de submerger notre région. Cette crise pourrait exacerber ces problèmes”, avertit Alicia Barcena, directrice de la CEPALC. Cette nouvelle crise survient quelques mois seulement après une vague de manifestations de rue explosives dans toute la région à cause des mesures d’austérité, des inégalités et des l’insuffisance des systèmes de santé, de protection sociale et d’éducation. Ces mouvements ont secoué les régimes au pouvoir, du Chili à Puerto Rico et Haïti, en passant par la Bolivie, l’Équateur et la Colombie.

    L’impact réel de la nouvelle crise est difficile à évaluer pleinement : Près de la moitié des travailleurs d’Amérique latine travaillent dans l’économie informelle, avec des emplois précaires et des salaires au jour le jour ; il n’existe aucune trace écrite de leurs revenus, ni même du fait qu’ils travaillent.

    Gravement préoccupées par les implications sociales et politiques de la crise, certaines des plus grandes économies ont annoncé la mise en place de nouveaux programmes d’aide ou l’élargissement de programmes existants pour les catégories les plus pauvres de leur population. Mais les aides à court terme qui remplacent une infime partie des revenus perdus sont nettement insuffisantes pour une énorme partie de la population qui doit faire face aux effets combinés du marasme économique et des quarantaines.

    “Il ne s’agit pas seulement de compenser la perte de revenus”, a déclaré Nora Lustig, professeur d’économie latino-américaine à l’université de Tulane, dans une interview au Miami Herald, en rappelant les conditions de vie horribles et le manque d’infrastructures dans les bidonvilles tentaculaires, les favelas : “Les pauvres sont plus exposés aux infections et aux taux de mortalité élevés. Comment les gens peuvent-ils se laver les mains efficacement dans les bidonvilles ?

    Désastre au Brésil et en Équateur

    L’Équateur, avec le Brésil, a été le plus durement touché par le coronavirus, avec des milliers de morts, connaissant l’une des pires épidémies au monde et rivalisant avec les taux astronomiques de l’Espagne ou de l’Italie.

    Le New York Times a rapporté les effets choquants de l’épidémie et suggéré que le nombre de décès dus au COVID-19 en Équateur est 15 fois plus élevé que le chiffre officiel, en montrant les dommages que le virus peut causer dans les pays frappés par la pauvreté et le sous-financement des systèmes de soins de santé. Les équipes médicales ont documenté des centaines de cadavres retirés des résidences et des morgues surpeuplées des hôpitaux de Guayaquil. Dans certaines zones, des corps ont été abandonnés dans la rue ou à l’entrée des cimetières. Le système de santé s’est totalement effondré, le personnel hospitalier ayant été infecté, ce qui a entraîné une pénurie massive de personnel.

    Le désastre auquel est confronté le peuple équatorien est le résultat direct de la négligence criminelle de la classe dirigeante et du gouvernement Moreno. Ils ont imposé des coupes massives dans le financement des soins de santé – dans le cadre des mesures d’austérité exigées par le FMI et les banques internationales. Il a été rapporté qu’à la fin du mois de mars, au moment où se déroulait l’une des pires contagions au monde, Moreno a effectué un paiement de 320 millions de dollars pour le remboursement des dettes internationales, ce qui est de fait un acte criminel.

    Au Brésil, le régime de droite de Jair Bolsonaro est entré dans une période de crise, faisant campagne contre la quarantaine et votant des lois pour rouvrir l’économie, ignorant le potentiel d’un désastre encore plus grand.

    Fin avril, on dénombrait officiellement plus de 5 000 morts. Les agences sanitaires alarmées avertissent que le nombre réel est 12 fois plus élevé, avec des centaines de milliers de personnes infectées. Les chiffres augmentent plus rapidement qu’en Espagne au même stade de l’infection, selon l’observatoire COVID-19. Comme en Équateur, la pandémie conduit un système de santé déjà affaibli vers un effondrement total. Les plus lourdes pertes se situent dans les zones urbaines denses des États industriels de São Paulo, Rio Grande do Sul et Minas Gerais, déjà dévastés par la profonde crise économique qui a débuté en 2017. Selon la Banque mondiale, l’économie brésilienne devrait encore se contracter de 4,4 % en 2020.

    L’économie : “De morne à calamiteuse”

    Peu encline aux exagérations, la Banque mondiale décrit la situation de la région comme allant de ” morne à calamiteuse”. Les prévisions pour le Venezuela – le plus grand producteur de pétrole de la région, confronté à un effondrement du prix du pétrole et à des sanctions inhumaines de la part du régime impérialiste américain – font état d’un effondrement économique de 18 % supplémentaires cette année. Selon les projets de la CEPALC, l’Argentine et l’Équateur, tous deux accablés par une dette énorme envers l’impérialisme international, devraient voir leur économie se contracter de 6,5 %.

    Lorsque le coronavirus a frappé, Haïti se remettait encore des troubles politiques de l’année dernière : les protestations contre le régime corrompu de Jovenel Moise se poursuivaient, avec des dizaines de morts et des centaines de blessés et des entreprises fermées pendant des semaines. Depuis le mois de mars, le pays est en état de confinement et l’Agence des Nations Unies prévoit maintenant que la nation la plus pauvre de l’hémisphère connaîtra un nouvel effondrement économique de 3,1 %.

    Début avril, les ministres des finances du G20 – les plus grandes économies du monde – ont convenu de mettre fin au recouvrement des dettes des pays les plus pauvres et les moins avancés d’ici à la fin de l’année. Cette décision devrait permettre de libérer quelque 20 milliards de dollars qui, autrement, seraient consacrés au remboursement de la dette.

    Par ailleurs, le Fonds Monétaire International a commencé à offrir des prêts d’urgence à des taux inférieurs à ceux du marché, ce qui pourrait permettre à certains pays de renforcer leurs services de santé ou de proposer des programmes d’aide pour maintenir les travailleurs en activité. Mais dans la grande majorité des pays, cela ne fait qu’accumuler une dette supplémentaire envers les financiers internationaux, en plus des montagnes d’obligations insoutenables déjà existantes.

    Les données de la Banque Mondiale montrent que la dette extérieure des pays à faible et moyen revenu a doublé entre 2000 et 2018. Même avant la pandémie, des pays comme l’Argentine étaient confrontés à des crises économiques structurelles, largement liées à leur dette extérieure. En octobre 2019, le FMI a averti que plusieurs pays étaient effectivement en défaut de paiement ou couraient un risque élevé de ne pas honorer leurs dettes massives.

    La pandémie a maintenant exacerbé une crise économique qui se développait déjà dans le monde entier et en particulier en Amérique Centrale et du Sud, déclenchée par une chute des prix des matières premières et des exportations. Selon Bloomberg News, les prix des principales matières premières d’exportation avaient chuté de 27 % en 2020.

    Afin de continuer à payer leurs dettes extérieures, les gouvernements d’Amérique du Sud ont imposé de sévères politiques d’austérité et de privatisation ainsi que des coupes drastiques dans les soins de santé, l’éducation et les services publics, réduisant les salaires et les pensions à l’extrême. Selon un récent rapport de CADTM International, les pays les plus endettés consacrent 7,8 % de leur PIB au service de la dette extérieure et seulement 1,8 % aux soins de santé publics.

    De nouvelles explosions sociales à l’horizon

    La crise économique imminente due au COVID-19 aura de graves implications politiques et entraînera de nouvelles explosions sociales. Le désespoir, l’incertitude, la colère et l’absence d’alternative claire offerte par le mouvement ouvrier créent un cocktail toxique aux conséquences imprévisibles.

    Dans des pays comme Haïti, la Colombie, le Venezuela et la Bolivie, des émeutes ont déjà failli éclater, souvent à l’encontre des mesures de sécurité. Au Salvador et au Honduras, la pauvreté et le bouleversement menacent de dégénérer en chaos alors que des gangs criminels défient les régimes corrompus au pouvoir.

    Il est de plus en plus évident que le capitalisme latino-américain se dirige vers l’abîme. La classe capitaliste et ses représentants politiques vont essayer de décharger la crise de leur système et leurs politiques criminelles sur le dos de la classe ouvrière et des pauvres de la région.

    Ce qui inquiète les élites dirigeantes d’Amérique latine, c’est le souvenir récent des mois d’octobre et novembre 2019 où une vague de révoltes a explosé et menacé de se propager comme un feu de forêt dans la région. (Voir l’article d’Andre Ferrari de novembre 2018)

    Les mouvements ont éclaté en Équateur avec une quasi-insurrection des travailleurs et des indigènes contre les mesures d’austérité imposées. Le Chili a suivi avec une révolte de masse héroïque des travailleurs et des jeunes contre le gouvernement de Piñera et le système capitaliste. En novembre, la classe ouvrière colombienne s’est mise en mouvement avec une grève générale massive. Cette grève faisait suite au magnifique mouvement de la classe ouvrière portoricaine qui a fait tomber le régime de Rossello et à la révolte en Haïti contre le régime corrompu de Jovenel Moise.

    Bien que ces mouvements se soient calmés, ils couvent sous la surface et menacent d’éclater à nouveau.

    En Argentine, le nouveau gouvernement d’Alberto Fernandez a adopté des mesures précoces contre le COVID-19, notamment l’éloignement social obligatoire, la fermeture provisoire des écoles et a apparemment réussi à réduire la courbe de contagion. Cela a accru la popularité de Fernández. Mais 40% de la population argentine vit dans la pauvreté ou “l’extrême pauvreté” en raison de l’austérité, de la crise et de la dette extérieure. La classe dirigeante est confrontée à une radicalisation croissante qui a vu cinq grèves générales contre le précédent gouvernement Macri et un énorme mouvement de femmes pour l’égalité et pour le droit à l’avortement. La question de la dette va également revenir avec le FMI qui exige des paiements et l’imposition de nouvelles mesures d’austérité et de privatisation.

    En réalité, les ressources existent pour faire face à la crise à laquelle sont confrontées les masses en Amérique latine, sans doute l’une des régions les plus riches du monde. Mettre un terme au pillage du continent et exproprier les immenses richesses des classes capitalistes est désormais une question de vie ou de mort pour des millions de personnes. Cela permettrait d’affecter des ressources au financement de services de soins de santé d’urgence, d’installations de dépistage, des quarantaines, du personnel médical et des équipements nécessaires. Le pillage de la région par les multinationales et les banques ainsi que par les classes capitalistes dirigeantes nationales doit cesser.

    Alors que la région a un besoin urgent d’investissements massifs pour s’attaquer de front à la crise combinée de la pandémie et de l’effondrement économique, une fuite de capitaux colossale a lieu, avec des milliards de dollars fuyant vers les principaux centres impérialistes. Il ne s’agit pas d’une “erreur”. Il s’agit d’un exemple de la manière dont l’ensemble du système fonctionne. Il illustre l’échec du “marché libre” et du capitalisme à faire face à l’urgence actuelle.

    Comme dans le cas de la catastrophe environnementale évitée, cette pandémie illustre la nécessité d’une révision radicale de la manière dont la société humaine est gérée. Ce qu’il faut, c’est une économie socialiste démocratique fondée sur la propriété publique des principaux moyens de production et planifiée démocratiquement pour satisfaire les besoins de la grande majorité, par opposition aux intérêts d’un petit nombre.

  • Faut-il s’attendre à d’autres pandémies ?

    Plus de la moitié de l’humanité est en confinement suite à la pandémie actuelle, qui fait suite à des épidémies de moindre importance mais néanmoins mortelles telles que le virus Zika en Amérique latine (2016), Ebola en Afrique de l’Ouest en 2013, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (Mers) depuis 2012 ou encore le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras) en 2002-2003. Aujourd’hui, le monde entier se pose cette angoissante question : faut-il nous préparer à de nouvelles pandémies ?

    ‘‘Le risque de pandémie mondiale s’accroît de plus en plus et le monde n’est pas prêt’’, prévenait l’Organisation Mondiale de la Santé en septembre 2019. L’OMS se basait sur l’expérience de la ‘‘grippe espagnole’’ de 1918 et affirmait que les éléments nécessaires à l’apparition d’une pandémie mondiale étaient réunis :

    • une souche virale extrêmement contagieuse, variable et virulente;
    • des déplacements de masse dans le monde entier de la même manière qu’à la suite de la première guerre mondiale ;
    • un contexte hygiénique, nutritionnel et médical médiocre favorisant la mort par complications induites par l’infection.

    Mais à l’image des rapports de scientifiques sur le climat, cette étude et ses conclusions pratiques (notamment des investissements massifs dans les soins de santé) ont été ignorés.

    Un risque en constante augmentation

    Le Covid-19 est une maladie ‘‘zoonose’’, transmise de l’animal à l’humain. C’est le cas de la tuberculose, de la rage, de la toxoplasmose, du paludisme,… Selon le Programme des Nations-Unies pour l’Environnement (PNUE), 60 % des maladies infectieuses humaines ont cette origine. Mais ce chiffre grimpe à 75 % pour les maladies ‘‘émergentes’’ : Ebola, VIH, grippes aviaires, SRAS, Zika,… Cela s’explique notamment par la destruction de la biodiversité et des écosystèmes, comme le faisait remarquer le PNUE en 2016. C’est tout particulièrement le cas dans les zones tropicales détruites pour faire place à des monocultures intensives industrielles ou à de l’élevage industriel intensif. A cela, il faut ajouter la fonte du Permafrost en raison du changement climatique, qui pose la question inquiétante de la réactivation de virus et bactéries fossiles actuellement prisonniers dans le sous-sol gelé.

    Tout porte donc à croire que la fréquence de l’émergence de nouveaux agents infectieux va augmenter, avec le risque de pandémies récurrentes. D’autre part, la pollution atmosphérique est un facteur aggravant pour les pathologies respiratoires. La propagation du Covid-19 aurait ainsi été grandement favorisée par la pollution de l’air et plus précisément par certaines particules fines très présentes dans les zones polluées de Wuhan, mais également au nord de l’Italie.

    Le constat qui s’impose est que pour faire face à ces dangers, nous devons totalement revoir le fonctionnement de nos soins de santé, de la recherche scientifique, de la coopération internationale et plus fondamentalement de notre mode de production économique. Cela exige de renverser le système capitaliste.

  • Capitalisme, éco-destruction et catastrophes

    Par Bill Hopwood, Socialist Alternative (Alternative Socialiste Internationale – Canada)

    Criquets et incendies

    Des incendies dévastateurs en Australie et une invasion de criquets en Afrique de l’Est ont dominé l’actualité mondiale au début de l’année 2020. La prise de conscience de ces phénomènes s’est rapidement effacée lorsque la pandémie de COVID-19 a éclaté dans un monde déjà dangereusement vulnérable du fait du capitalisme. La dévastation climatique s’intensifiait dans le monde entier. L’économie mondiale vacillait au bord d’une récession majeure. Aujourd’hui, tous ces problèmes sont empilés les uns sur les autres.

    Tant les incendies que les criquets ont été présentés comme des catastrophes naturelles qui se produisent simplement. Jusqu’à un certain point, ce n’est pas faux. Les incendies font partie de l’écologie de l’Australie et les essaims de criquets existent depuis des millénaires. Ces deux phénomènes ont toutefois été aggravés par le changement climatique.

    Habituellement, l’eau évaporée de l’océan Indien est transportée vers l’est pour arroser l’Asie de l’Est. Cependant, dans certaines conditions, l’humidité s’écoule vers l’ouest, vers l’Arabie et l’Afrique de l’Est. Cette condition, appelée phase positive du dipôle de l’océan Indien, s’est produite dans la deuxième partie de 2018 et de 2019. Cela a produit des pluies exceptionnellement fortes durant ces années, condition nécessaire pour que les criquets se reproduisent rapidement et se transforment d’insectes solitaires en énormes essaims. On considère que le changement climatique contribue à la phase dipolaire positive, cette phase étant de plus en plus fréquente.

    L’année 2019 a été l’année la plus chaude et la plus sèche en Australie depuis le début des relevés en 1910. Les températures moyennes ont augmenté de 2°C et la saison estivale a duré un mois de plus. La phase de dipôle positif a également signifié que l’Australie a reçu moins de pluie que d’habitude et a rendu les conditions pour les incendies en Australie “beaucoup plus sévères”.

    Le capitalisme est le moteur du changement climatique, aggravant les catastrophes dites naturelles. Les gouvernements australien et canadien, plutôt que de passer aux énergies renouvelables, subventionnent les combustibles fossiles. La subvention directe du Canada est d’au moins 3,3 milliards de dollars, plus l’achat d’un pipeline surévalué, les provinces ajoutant des subventions supplémentaires. On estime que l’Australie fournit 8 milliards de dollars. Le Fonds monétaire international a estimé que les subventions directes et indirectes s’élèvent à 60 milliards de dollars au Canada et à 29 milliards de dollars en Australie. Et ce, bien que l’on sache que la combustion de combustibles fossiles augmente l’intensité des incendies de forêt, parmi les nombreux impacts dommageables. Après des décennies d’échecs, il a fallu un confinement mondial de la société causée par le COVID 19 et une profonde dépression économique pour réduire les émissions de dioxyde de carbone. Bien que la classe capitaliste soit parfaitement au courant de l’existence du changement climatique depuis quarante ans, elle a préféré assurer ses profits à court terme au contraire d’une résilience à long terme pour l’humanité.

    En outre, le capitalisme sape la capacité de réaction de la société. L’Afrique de l’Est a été dévastée par des décennies de coupes budgétaires et de privatisations dictées par le capitalisme international, en plus de siècles d’exploitation coloniale. Bien que l’Australie soit un pays riche, ses services d’incendie et ses actions préventives telles que les brûlages contrôlés ont souffert d’une réduction des investissements et des dépenses, ce qui a affaibli la capacité de réaction aux incendies. Le capitalisme a un impact à la fois sur les causes et les effets des événements naturels, les transformant en de graves catastrophes.

    La propagation des virus s’accroît

    Les virus existent dans tout type de vie. Dans la plupart des cas, l’animal hôte a développé des défenses afin que le virus ne provoque pas de taux de mortalité élevé. Cependant, les virus peuvent passer d’une espèce à l’autre. L’homme est un hôte idéal pour un virus, car il y a beaucoup d’humains et notre mode de vie facilite la propagation du virus. On estime à 1.415 le nombre d’agents pathogènes (tels que des bactéries, des virus et des parasites) connus pour infecter les humains, dont 61 % sont dus à des agents pathogènes qui ont sauté d’un animal non humain à un humain. Avec la domestication des animaux par l’homme, on a constaté une augmentation des maladies qui se sont propagées à l’homme, faisant de l’homme un nouveau foyer, notamment la variole et la rougeole.

    Au fil du temps, la plupart des humains ont développé une résistance à la variole. Cependant, lorsque la variole a atteint les Amériques avec le colonialisme européen, elle a eu un impact dévastateur car les peuples indigènes des Amériques n’y avaient jamais été exposés.

    Au fil des siècles, les incursions accrues dans les territoires à faible densité humaine ont ajouté de nouveaux virus provenant des animaux. Par exemple, avec le déboisement des forêts africaines pour l’agriculture au XIXe siècle, la dengue est passée d’une transmission entre les moustiques et les primates non humains à une infection des humains.

    De même, la croissance des échanges commerciaux et des voyages favorise la propagation des maladies. La peste noire est causée par un bacille qui était commun chez les rongeurs d’Asie centrale, propagé entre les animaux par les puces. Pour diverses raisons, elle a pu se propager d’homme à homme et s’est répandue en Chine, à travers l’Asie et a atteint l’Europe en 1347.

    Ces dernières années, on a assisté à une augmentation du nombre de virus passant des animaux aux humains. Kate Jones, de l’University College London, a déclaré que les maladies infectieuses d’origine animale constituent une “menace croissante et très importante pour la santé, la sécurité et les économies mondiales”. Ses recherches ont révélé que sur les 335 maladies apparues entre 1960 et 2004, 60% provenaient des animaux.

    Il est entendu que cette augmentation des sauts de maladies est due à un contact accru entre l’homme et la faune. Thomas Gillespie, professeur à l’université d’Emory, explique : “Les changements majeurs du paysage font que les animaux perdent leurs habitats, ce qui signifie que les espèces se regroupent et entrent également davantage en contact avec les humains. Les espèces qui survivent au changement se déplacent et se mélangent maintenant avec différents animaux et avec les humains”.

    Richard Ostfeld, du Cary Institute of Ecosystem Studies, New York, souligne que “les rongeurs et certaines chauves-souris prospèrent lorsque nous perturbons les habitats naturels. Ils sont les plus susceptibles de favoriser la transmission [des agents pathogènes]. Plus nous perturbons les forêts et les habitats, plus nous sommes en danger”.

    Une équipe de scientifiques a écrit que “plus de 70% de toutes les maladies émergentes affectant l’homme ont pour origine des animaux sauvages et domestiques … [et] la déforestation rampante, l’expansion incontrôlée de l’agriculture, l’agriculture intensive, l’exploitation minière et le développement des infrastructures, … ont créé une “tempête parfaite” pour la propagation des maladies de la faune sauvage à l’homme”.

    L’agriculture intensive a créé des conditions idéales pour que les virus puissent se développer et se propager. Le virus Nipah, qui vit dans les chauves-souris mais qui peut se transmettre aux porcs, a fait son apparition en Malaisie en 1999 avec l’expansion de l’élevage intensif de porcs. Il a tué 105 personnes en Malaisie et depuis lors, d’autres épidémies ont éclaté. L’augmentation de la production industrielle de poulets et d’autres oiseaux destinés à l’alimentation a favorisé l’apparition et la propagation de différentes variétés de grippe aviaire.

    Le capitalisme empire les choses

    La pollution de l’air provoque des dommages aux poumons et au cœur et est responsable d’au moins 8 millions de décès prématurés par an. L’épidémie de coronavirus du SRAS en Chine en 2003 a démontré que les personnes infectées qui vivaient dans des régions où la pollution atmosphérique était plus importante avaient deux fois plus de chances de mourir que celles qui vivaient dans des endroits moins pollués.

    La pollution atmosphérique a augmenté le nombre de décès dus au COVID-19 dans les villes du nord de l’Italie. Une autre étude menée aux États-Unis a révélé qu’une “légère augmentation de l’exposition à long terme aux PM2,5 [particules fines dans l’atmosphère qui tuent plus de 4 millions de personnes par an] entraîne une forte augmentation du taux de mortalité par COVID-19”.

    Le fléau des criquets pèlerins, provoqué par le changement climatique, en Afrique de l’Est, menace de dévaster les cultures. Les efforts pour éradiquer les essaims de criquets sont entravés par le COVID-19, transformé en désastre par le capitalisme. Les restrictions de vol retardent les livraisons de pesticides et d’autres équipements vitaux.

    L’hémisphère nord est sur le point d’entrer dans la saison des feux de forêt. Le 15 avril, la Colombie-Britannique a connu son premier feu “hors de contrôle” à une heure de route au nord de Vancouver. Un peu plus d’une semaine plus tard, Fort McMurray a été frappé par une importante inondation due à la fonte des neiges. Ces deux événements ont provoqué des ordres d’évacuation pour les résidents locaux. Le changement climatique aggrave les inondations et les incendies.

    La lutte contre ces événements, et bien d’autres, sera rendue beaucoup plus difficile et dangereuse en cette période de COVID 19. Comment prendre ses distances sociales tout en évacuant des personnes ou en remplissant des sacs de sable ? Les incendies produisent des nuages de fumée et la pollution de l’air rend les maladies graves et les décès dus à la COVID-19 plus probables. Que faire si des hôpitaux déjà surchargés doivent s’occuper de personnes blessées par des inondations, des incendies, des tempêtes et d’autres événements naturels aggravés par le changement climatique ? Preuve supplémentaire de l’extrême vulnérabilité que le capitalisme a créée, le Kenya, déjà frappé par des criquets et le COVID-19, a été frappé début mai par des pluies torrentielles et des inondations majeures.

    Le capitalisme a placé le bien-être humain, en particulier celui de la classe ouvrière et des pauvres, sur le fil du rasoir – tout cela pour le profit.

    De multiples désastres, une seule cause

    De plus en plus, les écrivains font référence à des catastrophes aux “proportions bibliques”. Peut-être faudrait-il changer cela pour des catastrophes aux proportions capitalistes. Pendant plusieurs siècles, le capitalisme a traité l’humanité et la nature comme des choses à utiliser et à jeter ensuite. Le capitalisme a miné la résilience et les forces de la société. Il a mis à rude épreuve la capacité du monde naturel à absorber les chocs, peut-être jusqu’à des points de rupture.

    Les scientifiques parlent de boucles de rétroaction avec les impacts d’une tendance renforçant encore cette tendance. L’Arctique se réchauffe à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale en raison du changement climatique. À mesure que l’Arctique se réchauffe, la glace d’été fond davantage et les eaux libres sont plus exposées, ce qui absorbe l’énergie alors que la glace la reflète. Ainsi, l’eau se réchauffe et davantage de glace fond. Le sol gelé de l’Arctique, le permafrost, contient de grandes quantités de méthane, un gaz à effet de serre plus puissant que le CO2, de sorte que la hausse des températures renforce le changement climatique.

    La société a également des boucles de rétroaction. Si la classe capitaliste obtient ce qu’elle veut, l’énorme augmentation de la dette publique, dépensée pour amortir le blocage de la COVID-19 et la dépression économique, sera payée par des coupes dans les dépenses publiques et des attaques contre le niveau de vie des travailleurs, comme cela s’est produit après la récession de 2008-2009. Cela rendrait la société encore plus vulnérable à la prochaine pandémie et aux événements naturels que le capitalisme transforme en catastrophes.

    L’époque dans laquelle nous vivons a été appelée l’Anthropocène. Il est de plus en plus clair que nous vivons dans le capitalisme-cène. Si l’humanité ne renverse pas le capitalisme, cette époque pourrait, du moins pour les humains, être l’Anthropo-cide.

    Ce n’est pas certain. Il y a une marée montante de personnes qui exigent des changements, qui s’interrogent sur la manière dont l’humanité s’est retrouvée dans ce pétrin, et de plus en plus de personnes désignent le capitalisme comme la cause première. Cela nous donne l’espoir que nous pouvons retourner le monde dans le bon sens.

  • La lutte pour le bien-être des personnes LGBTQI+ est toujours d’actualité !


    Nous sommes le 17 mai, journée internationale de lutte contre la LGBTQI+phobie. En temps normal, des activités et des défilés ont lieu dans divers pays à l’occasion de cette journée. Mais avec la crise sanitaire actuelle, presque tout est à l’arrêt. Pire, outre l’annulation et/ou le report d’événements et de manifestations symboliques et politiques, la crise du coronavirus entraîne une répression, une violence, un isolement et une discrimination accrus pour de nombreuses personnes LGBTQI+.

    Par Elise (Bruxelles)

    La crise du coronavirus comme prétexte pour intensifier les attaques et la violence

    Alors que le Covid-19 est “le” thème qui prévaut dans les médias du monde entier, divers politiciens et régimes saisissent la crise sanitaire comme prétexte pour mettre en œuvre toutes sortes de mesures antisociales (prévues en réalité de longue date). En comptant sur l’effet des mesures de distanciation sociale et du confinement sur la contestation, ils tentent de mettre rapidement en œuvre des projets de loi et des mesures d’économie impopulaires et discriminatoires. Dans de nombreux pays, les personnes LGBTQI+ sont l’un des groupes dont le bien-être et les droits (souvent déjà très limités) sont sous pression.

    En Hongrie, Victor Orban a immédiatement abusé du pouvoir presque illimité qui lui est accordé pendant cette période exceptionnelle pour s’attaquer aux transgenres de son pays. En pratique, son projet de loi signifie qu’il devient impossible d’être officiellement reconnu comme transgenre. En Pologne aussi, les attaques ont rapidement suivi l’épidémie. Le parti conservateur de droite “Droit et Justice” a profité du confinement pour introduire une interdiction complète de l’avortement (contre laquelle des millions de personnes sont descendues dans la rue ces dernières années) ainsi qu’un nouveau projet de loi. Celui-ci punit l’éducation sexuelle des mineurs d’une peine de prison allant jusqu’à 3 ans et assimile l’homosexualité à la pédophilie.

    Ces discours et mesures vont de pair avec une augmentation de la violence à l’encontre des personnes LGBTQI+. Les organismes officiels et les institutions religieuses et politiques conservatrices appellent ouvertement à des attaques contre ces personnes. Ainsi, en Ouganda, la police a fait une descente dans un refuge LGBTQI+ et a arrêté 20 personnes sous prétexte de “non-respect des règles coronavirus”. Au début du Ramadan, Ali Erbas, représentant religieux officiel dans l’Etat turc, a accusé les homosexuels de propager des maladies (c.à.d le coronavirus) et d’infecter la société. Au Maroc, des chasses à l’homme sont organisées contre des homosexuels après un appel lancé par une célébrité turque sur les médias sociaux.

    Ces changements législatifs et la rhétorique violente dans laquelle les personnes LGBTQI+ sont présentées comme anormales et comme un danger pour la société sont populaires auprès des dirigeants de droite. En cette période de crise, ils tentent de se renforcer sur base de la stratégie de « diviser pour mieux régner » et cherchent invariablement des boucs émissaires (les réfugiés, les personnes LGBTQI+, etc.) afin de détourner l’attention de la véritable cause des problèmes, des inégalités et des pénuries de la société. L’énorme crise sanitaire a fait éclater au grand jour la mauvaise gestion de la classe politique au fil des ans. Ces mêmes politiciens s’en servent maintenant pour s’en prendre aux minorités.

    La coronavirus et la politique antisociale : un cocktail mortel

    Outre ces attaques juridiques, la majorité des personnes LGBTQI+ subissent également les conséquences désastreuses des coupes budgétaires et des privatisations néolibérales de ces dernières décennies. La pandémie met en lumière les pénuries croissantes d’investissements dans les soins de santé, les services publics, l’éducation, les emplois, les logements décents, etc. dans le monde entier. Ces pénuries existaient avant la crise, mais elles jettent désormais plus rapidement davantage de personnes dans la précarité et dans des conditions de vie malsaines voire mortelles.

    Des politiques de confinement sont organisées dans de nombreux pays. Avec le manque criant de centres d’accueil pour les personnes LGBTQI+ et de logements sociaux en nombre suffisant, de nombreuses personnes LGBTQI+, en particulier les jeunes, sont obligées de rester 24 heures sur 24 dans une situation potentiellement hostile et violente à la maison. La violence domestique est en augmentation, tout comme le taux de suicides, qui est déjà élevé dans une société LGBTQI+phobe. Dans les centres d’accueil pour réfugiés, en raison du manque de moyens, l’hébergement ne se prête pas du tout à des mesures telles que la distanciation sociale, les mesures d’hygiène, etc., l’encadrement et la protection des réfugiés LGBTQI+ sont sous pression pendant les périodes de confinement.

    En outre, les personnes LGBTQI+ sont surreprésentées dans la population de sans-abris dans de nombreux pays. Les jeunes LGBTQI+ ont un risque de sans-abrisme 120 % plus élevé aux États-Unis par exemple. Cela les expose bien sûr à beaucoup plus de risques de maladie et de répression pendant cette période de crise du coronavirus. La discrimination dans la recherche d’un logement et d’un emploi, un phénomène alimenté par des années d’économies sur les logements sociaux et de précarisation de l’emploi, a pour conséquence que de nombreuses personnes LGBTQI+ ont du mal à joindre les deux bouts. Perdre son emploi (temporairement ou définitivement) pendant la période de crise plonge beaucoup d’entre elles dans une terrible précarité.

    Enfin, les années de sous-investissement dans le secteur de la santé publique ont entraîné des pénuries de personnel, d’infrastructures et d’équipements de protection. Dans les pays où les opérations pour les personnes transgenres sont possibles, les listes d’attente dans les hôpitaux étaient déjà longues avant cette crise et il fallait souvent attendre une ou plusieurs années avant d’être pris en charge. Dans ce contexte de pandémie, beaucoup de ces établissements de santé sont désormais obligés de se transformer en “départements coronavirus” et il n’y a dès lors pas de place pour les soins de santé “non essentiels” ou “non indispensables à la vie”. Les listes d’attente vont donc s’allonger, mais l’accès aux hormones sera également limité, ce qui aura des conséquences psychologiques et physiques, notamment un risque accru d’exposition à la violence.

    La lutte pour les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+

    Les droits et le bien-être des personnes LGBTQI+ sont en jeu dans le monde entier. La crise du coronavirus accélère ce processus, mais il est clair que le problème à la racine était déjà présent avant la propagation de cette maladie.

    Tant qu’il n’y aura pas de véritable démocratie et tant que la majorité de la population devra se déchirer pour les miettes restantes après que le profit de entreprises aient été détournés vers des paradis fiscaux, des figures telles que Trump, Bolsonaro, Orban, Poutine, etc., dans des contextes de crise et de manque d’alternatives crédibles, arriveront au pouvoir et abuseront de celui-ci pour s’en prendre aux minorités, aux femmes, aux personnes LGBTQI+, aux migrants et aux réfugiés. Ils n’offrent aucune solution à la crise sanitaire, ils représentent et défendent au contraire un système qui est en partie responsable de l’ampleur de celle-ci et qui place les bénéfices d’une petite minorité au-dessus de la santé, du bien-être collectif et de la vie de la majorité de la population. Le capitalisme est un système qui porte dans son ADN la crise, l’inégalité, l’exploitation et la discrimination.

    Les droits des personnes LGBTQI+ doivent être défendus. Cela signifie d’organiser des actions de solidarité internationale avec les personnes LGBTQI+ vivant dans des pays où les lois coloniales ou religieuses souvent conservatrices qualifient leur naissance de crime. Nous devons nous tenir prêts maintenant et après la crise du coronavirus et exiger et appliquer des mesures et des investissements au niveau local, national et international pour combattre la violence et la discrimination LGBTQI+phobe. Dans cette lutte contre des décennies de privatisation et d’économies sur des services publics vitaux sous le néolibéralisme, la lutte pour le bien-être des LGBTQI+ et la lutte sociale se rejoignent. Nous exigeons des investissements massifs dans les soins de santé, l’enseignement, les logements sociaux, les emplois décents, la culture, les refuges, le secteur social, etc. Ceux-ci peuvent sauver des vies, LGBTQI+ ou non, crise sanitaire ou non.

    La lutte pour les moyens nécessaires ne peut être victorieuse si la classe des travailleurs est divisée, seulement si elle est unie. Et c’est possible. La LGBTQI+-phobie n’a rien de naturel. C’est un moyen de diviser et d’affaiblir la classe des travailleurs. Elle repose sur une société de classe où la préservation des relations de pouvoir existantes renvoie à la famille traditionnelle et à des normes strictes en matière de genre comme moyen de maintenir le contrôle social et le travail reproductif libre.

    Les revendications sociales conduisent nécessairement à la discussion sur la nécessité d’un changement fondamental dans l’organisation de la société, car dans ce système capitaliste, les droits sont toujours en danger et le bien-être sera toujours secondaire par rapport au profit. Nous défendons une société socialiste où le profit produit serait investi dans notre bien-être, une société loin du capitalisme, loin de l’oppression, qui poserait les bases d’une liberté et d’un bien-être réels.

  • [DOSSIER] COVID et Politique migratoire 

    Action du 7 mai à la Tour des finances. Photo : Collectif Krasnyi

    Le capitalisme ne peut pas répondre aux besoins des travailleurs migrants et leurs familles

    Depuis 30 années de politiques néolibérales, les inégalités ont explosé au cœur du système capitaliste. Si la pandémie est révélatrice des inégalités engendrées par un système qui écrase la majorité de la population, elle les approfondit encore plus. Cela nous montre l’incapacité et le manque de volonté politique de la classe capitaliste pour répondre aux besoins des plus démunis, les travailleurs migrants et leurs familles.

    Par Pietro (Bruxelles)

    Le mercredi 7 mai 2020, à Malte, en pleine pandémie, une cinquantaine de migrants naufragés ont été repoussés alors que leur embarcation avait déjà pénétré la zone de secours relevant de cet État membre de l’UE (1). D’après une enquête détaillée du New York Times (2), le gouvernement maltais aurait affrété trois navires privés pour intercepter des migrants en Méditerranée et les renvoyer vers la Libye, malgré la crise sanitaire mondiale. L’opération a eu lieu dès le début du mois d’avril.

    Le gouvernement maltais avait prévenu qu’il ne pouvait plus garantir de porter secours aux naufragés ou de leur permettre de débarquer sur l’île, toutes ses ressources étant occupées par la lutte contre le Covid-19. C’est donc à cela que ressemble la politique migratoire européenne en temps de crise du coronavirus.

    La politique mortifère de l’Union Européenne

    Les États-membres de l’Union européenne ont décidé, mercredi 27 mars, de retirer leurs navires militaires engagés en Méditerranée dans le cadre de l’opération militaire dite « Sophia », au moins temporairement. Depuis 2015, ces bateaux ont pourtant permis de sauver la vie d’environ 45.000 migrants.

    Avec l’augmentation des infections en Afrique et au Moyen-Orient, les migrants vont continuer à quitter leur pays, avec le risque de provoquer des épidémies dans les énormes camps de réfugiés. Ces camp sont des lieux où s’entassent les gens dans d’horribles conditions, sans hygiène de base ni aide médicale. Un chiffre pour illustrer cette réalité : le camps grecs accueillent actuellement plus de 40.000 migrants alors qu’ils n’ont officiellement de place que pour 7.000. Près d’un tiers des personnes qui s’y sont retrouvées sont mineurs d’âge, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (UNHCR).

    Si les dirigeants européens refusent d’investir afin de sécuriser la vie de la population migrante et de la régulariser, ils ne manquent pas de stratagèmes concrets pour empêcher les migrants d’atteindre l’Union européenne. Leur idée est d’élargir les pratiques de refoulement (ou « push back ») des demandeurs d’asile y compris par le recours à des entreprises privées.

    Au lieu d’exiger la protection des migrants dans les circonstances de la crise sanitaire, les mesures de confinement imposées par la pandémie du Covid 19 représentent un nouveau prétexte non seulement pour fermer les frontières de l’UE, mais aussi pour enfermer des dizaines de milliers de migrants en Europe, dans des camps aussi insalubres que favorables au développement de l’épidémie.

    Les autorités appliquent l’enfermement des réfugiés dans les camps de Grèce en particulier dans le « hotspot » surpeuplé de Moria sur l’île de Lesbos tandis que les ports italiens et maltais sont fermés et qu’il ne subsiste qu’un seul bateau de sauvetage encore actif en Méditerranée centrale. Les naufrages d’embarcations emmenant migrantes et migrants vers l’Europe se multiplient.

    Le système capitaliste – avec ses guerres, son exploitation et sa destruction de la nature qui a notamment comme effet de provoquer des pandémies globale telle que celle du COVID-19 – force des millions de personnes sur la planète à fuir leurs pays.

    Le racisme comme arme contre le COVID

    Au début de la crise sanitaire, la propagande raciste qui empoisonne la société depuis des décennies a déjà conduit à des attaques racistes contre des Chinois ou d’autres personnes d’apparence “asiatique” en France, en Allemagne, en Italie, en Grande-Bretagne, en Russie, aux États-Unis et dans d’autres pays.

    L’extrême droite s’en prend déjà aux migrants et aux réfugiés en utilisant le Covid-19 comme excuse, notamment en Grèce. Bientôt, sans aucun doute, elle sera suivie par divers partis traditionnels, y compris des partis sociaux-démocrates et verts apparemment “progressistes”. Ces partis tenteront de mettre en œuvre des règles de migration encore plus racistes, de construire des murs et de renforcer le principe de l’Europe-Forteresse, en faisant valoir que cela est nécessaire pour « se protéger » contre le virus. Sans réaction de la part du mouvement ouvrier sur cette question, même des gens de gauche et des travailleuses et travailleurs pourraient avoir le sentiment que, même s’ils n’aiment pas les mesures adoptées, ils n’ont d’autre choix que de les accepter.

    Mais le Covid-19 est “antiraciste” : il se moque du genre, de la religion ou de la nationalité. Toute mesure fondée sur de telles caractéristiques est donc, au mieux, inutile. Mais ceux qui utilisent le virus pour créer la division nous empêchent de collaborer ensemble pour stopper la propagation du virus et résoudre la crise. Les classes dirigeantes et la gestion de la société via la concurrence du libre marché ont démontrée toute l’étendue de leur incapacité à gérer cette pandémie mondiale.

    Aucun contrôle aux frontières ne peut empêcher tous les réfugiés d’entrer sur le territoire, et encore moins n’importe quel virus. « On ne peut pas murer un virus », a expliqué Larry Gostin, professeur de droit de la santé mondiale à l’université de Georgetown. La raison pour laquelle les gens craignent les migrants et les réfugiés est l’incapacité de la classe dominante de répondre avec des mesures sérieuses contre le Covid-19. Les énormes inégalités créées par ce système notamment via les politiques migratoires inhumaines et le manque total d’investissements publics dans les soins de santé illustre que les classes dirigeantes vont faire payer la crise aux travailleuses et aux travailleurs, dont les réfugiés et encore plus les travailleuses et travailleurs sans-papiers

    Mais ni les réfugiés ni les travailleurs ne sont responsables de la guerre, du changement climatique et de la pauvreté et la mauvaise gestion de la pandémie – les raisons habituelles pour lesquelles les gens doivent fuir leur foyer.

    L’hypocrisie des gouvernements européens, le Portugal et L’Italie

    L’idée d’une possible « régularisation » pour permettre aux États de faire face aux retombées de la crise sanitaire fait petit à petit son chemin en Europe.

    La Ministre italienne de l’Agriculture a plaidé ce mardi 14 avril pour la régularisation de 600.000 clandestins afin de faire repartir l’économie durement touchée par l’épidémie de coronavirus. Le Mouvement 5 Etoiles s’est tout de suite opposé à cela en disant que ce n’était pas le moment pour un « appel d’air ». Les fédérations patronales elles-mêmes, surtout dans le secteur de la grande agro-industrie, reconnaissent que la migration est une réponse nécessaire aux besoins économiques des régions.

    En France, 104 parlementaires issus de 10 partis ont adressé il y a quelques jours une lettre au Premier ministre Edouard Philippe pour réclamer la régularisation des sans-papiers face à l’épidémie de Covid-19.

    Les pouvoirs publics portugais ont aussi annoncé, samedi 28 mars, la régularisation temporaire des immigrés en attente de titre de séjour. Il s’agirait de se montrer solidaire avec les plus démunis dans une situation d’urgence, c’est en tout cas comme cela que le gouvernement a justifié la mesure exceptionnelle de régularisation. Même si, en termes de santé publique, la mesure est à féliciter, elle n’est pas du tout suffisante. La réalité, c’est que ce type de mesures dévoile le véritable objectif de la classe dominante : utiliser la main d’oeuvre migrante à bon marché pendant la crise pour répondre aux besoins dû manque de main d’ouvre dans les secteurs en pénurie. C’est notamment le cas des Brésiliens qui, en attendant leur carte de séjour, travaillent souvent dans le secteur du tourisme, totalement à l’arrêt, ou encore les travailleurs agricoles asiatiques du sud du pays. Il est clair que l’attitude de la classe dominante est de mettre toujours les profits avant des intérêts de la majorité de la population.

    Et en Belgique….

    En Belgique sévit une crise sanitaire et sociale sans précédent. La population a quasiment été mise sous couvre-feu afin d’empêcher la propagation du coronavirus. Les mesures de confinement ne sont pas capables de préserver les publics fragiles dont l’exposition au virus peut se révéler dramatique, dont les personnes âgées, les malades, les plus vulnérables,… Parmi les plus vulnérables actuellement abandonnés par la classe dominante se trouvent les travailleurs migrants qui souffrent tout particulièrement de ce confinement. Les laisser hors état de droit est un crime contre l’humanité. Un crime que nous devons combattre pour le bien-être de tous !

    Dix années ont passé depuis les derniers grands mouvements sociaux de sans-papiers en Belgique. Dix années durant lesquelles les gouvernements successifs ont mis en places des politiques inhumaine en laissant de centaines de milliers de personnes illégales sur notre territoire. Un simple coup d’œil sur le passé révèle l’échec cuisant du modèle actuel, en termes d’humanité et d’efficacité ! La leçon qui s’impose est que ce n’est que via l’organisation d’un rapport de force conséquent et d’une alliance entre les différents collectifs de sans-papiers, les syndicats et toutes la population opprimée que l’on pourra gagner la régularisation de tous les sans-papiers.

    La classe dominante avait par contre la claire volonté politique de laisser sans papiers autant autant de travailleurs afin de renforcer le dumping social et d’attaquer les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs. Le but était de créer de la main d’oeuvre à bon marché pour les secteurs non délocalisables (comme l’horeca, la logistique, le nettoyage, la construction, etc.).

    La crise globale du capitalisme à l’ère de la pandémie frappe également de manière très importante de nombreuses femmes sans-papiers dans les soins aux autres. La grande majorité des femmes sans papiers en Belgique remplit le vide crée par des décennies de coupes budgétaire dans les services publics et dans le soin aux autres. De plus, avec cette crise, la majorité des sans-papiers ne peuvent plus travailler, et toutes les sommes d’argent envoyées toutes les semaines à leurs familles au pays a été stoppée. Cela aura un énorme impact dans les pays du monde néo-colonial, où la majorité des emplois sont dans l’économie informelle tandis qu’une partie importante de la population survit tout simplement avec l’argent envoyé de l’étranger.

    Tout cela représente l’horrible tableau de l’impact de la crise du coronavirus en Belgique. Et quand le chômage va exploser dans la prochaine période, il y aura une énorme concurrence sur le marché du travail au noir, ce qui va instaurer une pression à la baisse sur les salaires en mettant en compétition de plus en plus de Belges avec les travailleurs sans-papiers. C’est une véritable bombe sociale à retardement.

    Déjà en plein confinement, le 20 avril 2020, une action a été lancée par un groupe des militants sans papiers (relayée par le réseau Migrant libre) qui a mis l’attention de l’opinion public sur la régularisation. Suite à cela, ce lundi 4 mai, les organisation syndicales FGTB-CSC et les associations de soutien des migrants du côté francophone mais aussi néerlandophone (qui se regroupent dans une plateforme plus large IK BEN SOLIDAIR) ont lancé une campagne sur les réseaux sociaux : Contre le Virus, la régularisation c’est maintenant !

    C’est un bon pas en avant vers la construction d’un soutien large à la cause des travailleurs migrants, mais il nous faudra aller plus loin dans la construction d’une relation de force et d’actions de solidarité avec la population.

    Jusqu’à présent, ces arguments n’ont pas convaincu les autorités en charge du dossier. En commission de la Chambre, la ministre de l’asile et de la migration Maggie De Block (Open-VLD) ne s’est pas montrée fort emballée par la proposition. « Les personnes en séjour illégal étaient censées avoir quitté le pays souvent depuis bien longtemps. La crise sanitaire actuelle n’est pas une raison qui, à elle seule, permet de régulariser leur séjour, même temporairement ». Et d’ajouter : « Actuellement, les demandes de séjour sont toujours traitées au cas par cas, donc sur une base individuelle. Aucune initiative n’est prévue pour une régularisation de type collectif à destination des personnes en séjour illégal en Belgique »(3).

    Selon Le Soir, c’est la coalition fédérale MR-VLD-CD&V dans son ensemble qui ne verrait pas d’un bon œil une régularisation temporaire inconditionnelle, surtout avec une N-VA en embuscade, prête à dégainer au quart de tour sur les questions d’asile et de migration. Les partis traditionnels et le gouvernement en pouvoir spéciaux s’entêtent à nier l’impact positif qu’aurait la régularisation de la situation administrative des sans-papiers dans la gestion e la crise sanitaire et sur le financement de la sécurité sociale. Cela représenterait 58 millions d’euros par semaines via les cotisations sociales des travailleurs sans papiers pour financer nos caisses collectives. À l’heure des restrictions budgétaires, ce choix est incompréhensible ! Non seulement le gouvernement ne veut pas aller chercher l’argent où il est, chez les actionnaires et les riches, mais il ne nous permet pas de financer les caisses communes du mouvement ouvrier, tout cela pour assurer le maintien des bas salaires.

    Si on se base sur les estimations du Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE), il y avait en 2015 entre 85.000 et 160.000 sans papiers en Belgique. C’est donc potentiellement des dizaines de milliers de personnes qui passeraient sous les radars du dépistage, ce qui pourrait diminuer l’efficacité du déconfinement.

    Notre programme

    Dans ce contexte, les marxistes et le mouvement ouvrier doivent défendre un programme pour les travailleurs migrants et les réfugiés. Dans un premier temps, l’argent qui sert à subventionner les grandes entreprises telles que les compagnies aériennes et le secteur militaire devrait être utilisé immédiatement pour protéger les migrants.

    Nous voulons lutter contre les causes qui poussent les gens à fuir. Les guerres, les interventions impérialistes, la surexploitation des gens et de la nature : voilà? ce qui pousse tant de personnes a? fuir la violence, la misère et les catastrophes.

    Des emplois décents, des investissements publics massifs dans le logement social, l’éducation et les soins, etc. sont nécessaires. Mais cela nécessite de rompre avec la logique de profit du capitalisme, ou? la concentration des richesses chez une infime élite signifie misère et risque sanitaire grandissante pour le reste de la population. Encore l’année dernière, l’OTAN a appelé ses Etats-membres à dégager 2% de leur budget pour la défense. Pour se rapprocher de ce chiffre, notre gouvernement a dégagé 3 milliards d’euros pour de nouveaux avions de guerre. Ils sèment la misère et pointent des doigts les victimes.

    Dans le contexte actuel de crise du capitalisme, pour arracher chaque réforme, il nous faut une lutte révolutionnaire. La régularisation nécessitera une lutte de masse de la majorité des travailleurs sans-papiers alliée aux organisations du mouvement des travailleurs et aux couches larges de la population. Il faudra aussi mettre en avant l’égalité salariale pour les travailleurs migrants selon barèmes de chaque secteur et assurer assurer la protection des travailleurs sans papiers qui portent plainte contre leurs employeurs en exigeant que l’inspections sociale ne s’effectue pas avec la police pour arrêter les travailleur sans-papiers.

    Ces revendications doivent être couplées à une lutte incessante pour l’unité du mouvement de tous les travailleurs contre les politiques d’austérité et le racisme, pour une société libérée de toutes les inégalités. Il faut nous opposer à ce système qui engendre misère et exploitation et qui repose sur la guerre et le pillage néocolonial poussant tant de personnes à fuir leur région au péril de leur vie.

    Dire que les moyens manquent pour offrir un bon avenir et de bonnes conditions de vie à la population – quelle que soit son origine – est un mensonge. Ce qui se produit dans les faits, c’est que les gros actionnaires et grands patrons pillent les caisses de la collectivité, la richesse créée à la sueur de notre front, pour ne laisser que des miettes tout en proclamant les poches et la bouche pleines ‘‘attention, les immigrés veulent vous voler ce qui reste !’’ Comme le dit le slogan : ‘‘le problème, c’est le banquier, pas l’immigré’’ !

    La seule issue de sortie réaliste de la crise des réfugiés est une lutte unitaire de tous les travailleurs, indépendamment de leur origine, de leur genre ou encore de leur orientation sexuelle, pour arracher les leviers de l’économie des mains de l’élite capitaliste. Il sera ainsi possible de disposer des moyens nécessaires pour mettre fin aux guerres, à la misère, à la destruction de l’environnement. Seule l’instauration d’une nouvelle société, une société socialiste démocratique, sera de nature à voir naître un monde où la liberté de circulation sera réelle et débarrassée de la logique d’exploitation.

    • Régularisation immédiate de tous les sans-papiers.
    • Création d’un mouvement pour défendre les migrants contre la violence et l’intimidation de l’extrême droite.
    • Mettons fin à toutes les attaques meurtrières contre les réfugiés qui s’approchent des frontières européennes sur le continent et en mer.
    • Annulation de la suspension de l’enregistrement des réfugiés et de toutes les demandes d’asile et d’introduire de procès accélérés en vue de la régularisation.
    • Fournir sans délai de la nourriture, des vêtements, des abris et des médecins/services médicaux, dépistage massifs à tous les réfugiés bloqués aux frontières.
    • Créer davantage de bureaux d’asile afin que toutes les demandes d’asile puissent être rapidement examinées, ce qui permettrait d’accorder le statut de réfugié ou d’autres statuts juridiques et de permettre aux réfugiés de se rendre sans entrave dans le pays de leur choix.
    • Démanteler l’accord raciste et inhumain entre la Turquie et l’UE, ainsi que l’accord Dublin III, afin que les réfugiés puissent demander l’asile dans tous les États membres de l’UE.
    • Appliquer une répartition proportionnelle des réfugiés dans l’UE.
    • L’UE est suffisamment riche pour financer une telle politique, et elle peut lever plus d’argent en taxant les riches et les multinationales, ce qui n’existe pas, c’est la volonté politique des patrons de l’UE.
    • Pour un plan massif d’investissements publics : logements sociaux, enseignement de qualité et gratuit, des vrais emplois décents avec un salaire de minimum 14 euros de l’heure et dépistage pour tous.
    • Abolition des politiques inhumaines de détention et d’expulsion massive, tous les migrants doivent bénéficier de tous les droits légaux.
    • Luttons contre les causes qui poussent à se fuir : la guerre, le terrorisme, l’exploitation et la destruction de l’environnement. Dans ce cadre, le non-paiement de la dette est une revendication cruciale.
    • Défendons une alternative au capitalisme : une société socialiste ou? seraient prioritaires les besoins de de la majorité de la population et non les profits d’une poignée grâce à la nationalisation sous contrôle et gestion démocratique des secteurs clés de l’économie.

    Notes :

    1) https://www.mediapart.fr/journal/france/070520/malte-enrole-des-chalutiers-prives-pour-repousser-des-migrants?utm_source=20200507&utm_medium=email&utm_campaign=QUOTIDIENNE&utm_content=&utm_term=&xtor=EREC-83-[QUOTIDIENNE]-20200507&M_BT=1740178511094

    2) https://www.nytimes.com/2020/04/30/world/europe/migrants-malta.html

    3) https://plus.lesoir.be/297882/article/2020-04-29/le-front-commun-syndical-appelle-regulariser-temporairement-les-sans-papiers

  • Le personnel de la STIB a raison : sans sécurité, pas question de travailler !

    Avec l’ouverture d’un plus grand nombre d’entreprises et de magasins cette semaine et le redémarrage partiel des écoles la semaine prochaine, les transports publics doivent également revenir à un horaire plus soutenu, ce qui ramène à la surface un grand nombre de problèmes préexistants. Ceux-ci combinés à la pandémie de Covid-19 créent des situations inacceptables pour le personnel et les usagers.

    La foule dans les bus, les trams et les métros augmente lentement depuis plusieurs semaines maintenant. Souvent, le nombre de passagers prévu a déjà été dépassé. La semaine prochaine, les écoles rouvriront également en partie. La STIB a donc voulu revenir à son cours normal, sans garantie que les bus, les trams ou les métros ne seraient pas surchargés.

    En outre, le personnel de conduite peut prendre son service en ligne sans passer par le dépôt. Au cours du service alternatif, chaque changement de conducteur était effectué au dépôt, sans voir un autre collègue et avec suffisamment de temps et d’espace pour décontaminer correctement le véhicule. Avec la prise du service en ligne, le conducteur et les passagers doivent attendre sur des quais éventuellement surchargés et/ou se rendre au dépôt avec un bus, un tramway ou un métro éventuellement surchargé. En outre, ce changement doit être effectué immédiatement, sans prendre suffisamment de temps pour décontaminer la cabine.

    Il n’est donc pas surprenant que certains membres du personnel considèrent ces circonstances comme dangereuses et s’appuient sur le droit de retrait, un droit souvent appliqué en France, qui repose sur l’obligation de l’employeur d’offrir des conditions de travail sûres. Un travailleur qui s’estime en situation dangereuse peut selon ce droit refuser de travailler sans subir aucun désavantage. En cas de danger grave et imminent, un travailleur peut donc quitter son lieu de travail. La direction de la STIB refuse de reconnaître de droit et considère ses employés comme étant en congé injustifié et, puisque les syndicats refusent de reconnaître cette action, cela ouvre la voie à des mesures disciplinaires individuelles. C’est scandaleux ! Cette attitude est irresponsable tant de la part de la direction que de la par des directions syndicales. Les dirigeants syndicaux feraient mieux de reconnaître cette action et de soumettre toute proposition d’accord au personnel afin que la base puisse décidée par un vote.

    Bien entendu, ce ne sont pas les seuls points de discorde : outre la sécurité immédiate du personnel, il est aussi question d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Dans l’horaire ajusté du confinement, il n’y avait pas de service fractionnés, mais cela revient également maintenant sur la table. De nombreux employés veulent se débarrasser de cela depuis longtemps déjà. Cette crise aurait pu être l’opportunité de le faire et d’ainsi permettre de limiter le nombre de trajets pour se rendre au travail et en revenir. En raison des services fractionnées aux heures de pointe du matin et du soir, un travailleur doit se rendre au travail et en revenir deux fois par jour. Cela comporte évidemment des risques. Celles et ceux qui habitent loin n’ont d’autre choix que de rester au dépôt entre deux quarts de travail. C’est aussi un risque.

    Une fois de plus, il est clair que des conditions de travail sûres et décentes pour le personnel des transports publics ne sont pas une priorité sous le capitalisme. Pour les voyageurs également, la sécurité des transports publics est impossible en suivant la logique d’austrité. À New York, l’une des villes les plus touchées au monde, les scientifiques estiment que le métro a joué un rôle important dans la propagation du virus.

    Se concentrer sur les intérêts des passagers et du personnel présuppose un investissement massif dans les transports publics. Comme dans d’autres secteurs essentiels, assurer la sûreté de l’environnement de travail exige davantage de moyens et de personnel. Transporter un nombre normal de passagers dans des conditions sûres nécessite en fait davantage de trajets et le contrôle du nombre maximum de passagers. En outre, des masques gratuits pourraient être distribués et du personnel supplémentaire est nécessaire pour décontaminer les véhicules et les stations de métro. L’organisation de trajets supplémentaires avec plus de personnel peut ne pas sembler évidente en ce moment. Mais du personnel ayant un savoir-faire dans le secteur des transports (les autocars par exemple) est actuellement au chômage. Pourquoi ne pas faire étudier les pénuries en fonction des possibilités ? Mais cela nécessite une planification plus globale de l’économie.

    Pour cela, nous devrons nous organiser dans des syndicats combatifs où les membres décident ensemble des revendications nécessaires et des tactiques à utiliser pour obtenir satisfaction. Cette crise du covid-19 n’a pas mis fin aux divisions de classe, nous devons donc poursuivre la lutte pour les intérêts de la nôtre. Contrairement à ce que les médias traditionnels voudraient nous faire croire, nous ne sommes pas tous dans le même bateau.

     

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