Tag: Coronavirus

  • Liban. La crise économique, le Covid-19 et la révolte de la faim

    A travers une grande partie de la planète, les mesures de confinement ont mis fin à la vague de soulèvements de masse qui a touché des pays tels que l’Irak, l’Algérie, le Chili, la France et Hong Kong en 2019. Aujourd’hui, le Liban est le premier pays à voir les masses occuper les rues à nouveau.

    Par Christian Pistor

    Au Liban, le confinement a commencé à la mi-mars et a mis fin à une vague de protestations de masse qui avait débuté le 17 octobre 2019. Initialement dirigée contre une série de nouvelles taxes prévues dans un programme d’austérité sans précédent, la contestation a connu une croissance exponentielle. À un moment donné, près de deux millions de personnes étaient dans les rues, soit environ un tiers de la population du pays, pour manifester leur colère contre des années de politiques néolibérales. De manière significative, cette mobilisation a transcendé les divisions religieuses et communautaires sectaires.

    Au fur et à mesure, les revendications des manifestants sont devenues plus radicales pour exiger la démission du gouvernement et la fin du système politique sectaire du pays. Le Premier ministre a été contraint de démissionner. Les revendications sociales comprenaient un système fiscal progressif, la sécurité sociale et des investissements massifs dans les réseaux d’eau et d’électricité. Les jeunes, dont de nombreuses jeunes femmes, ont joué un rôle essentiel pour maintenir l’élan des manifestations. Cependant, le mouvement a été affaibli en raison du manque de structures démocratiques pour débattre et décider de la suite des événements ainsi que de l’absence d’organisations ouvrières indépendantes.

    Le contexte économique

    Le Liban est très dépendant des importations. Quatre-vingt pour cent de l’approvisionnement alimentaire et près de quatre-vingt-dix pour cent des biens de consommation sont achetés à l’étranger. Le modèle économique du pays repose sur la consommation plutôt que sur la production. En 2017, le secteur des services représentait les quatre cinquièmes de son PIB. Les fonds envoyés au pays par les Libanais travaillant à l’étranger sont essentiels à l’économie : ils représentant pas moins de 12,7 % du PIB, soit le dix-huitième taux le plus élevé au monde. La plupart des transferts de fonds des migrants provenant des États du Golfe sont fortement dépendants des pétrodollars, et comme les prix du pétrole ont baissé depuis la crise de 2008, les transferts de fonds stagnent. L’effondrement récent des prix du pétrole signifie que les transferts de fonds vont encore se tarir.

    Outre le système politique profondément corrompu et sectaire du Liban, des facteurs géopolitiques ont aggravé le déclin de l’économie du pays, dont la guerre civile de huit ans en Syrie voisine, un différend avec l’Arabie saoudite en 2017 et les sanctions américaines contre l’Iran. L’économie a connu un taux de croissance moyen de 0,3 % au cours de la dernière décennie. Bien entendu, ce dernier chiffre doit être considéré dans le contexte d’une croissance mondiale atone depuis la crise de 2008-2009.

    La crise économique s’approfondit

    Déjà en novembre 2019, la Banque mondiale prévoyait que le nombre de personnes vivant dans la pauvreté passerait de 30 à 50 % en 2020. Au début de l’année, le taux de chômage s’élevait à 46%, selon le président libanais. Dans l’ensemble, deux tiers des personnes qui avaient un emploi gagnaient un faible salaire. C’était avant que le confinement n’aggrave encore la situation.

    Le Liban comprend la plus forte proportion de réfugiés par habitant au monde. Les réfugiés syriens représentent à eux seuls un quart des 5,9 millions d’habitants du pays. 97% des réfugiés travaillent dans le secteur informel, qui représente 55% de l’économie libanaise. Leur vie est donc plus fortement mise en péril par la faim et le virus.

    Malgré les restrictions sur les retraits, les dépôts bancaires ont chuté de 5,7 milliards de dollars rien qu’au cours des deux premiers mois de cette année, selon le Premier ministre. Une grande partie de cet argent a probablement quitté le pays, une proportion beaucoup plus faible étant cachée dans les maisons de la population. Bien qu’en mars, le gouvernement ait bloqué tout nouveau retrait de dollars et que les transferts à l’étranger aient été interdits, le Premier ministre se plaint toujours que la fuite des capitaux se poursuit. Les petits épargnants ont pratiquement perdu l’accès à tout l’argent qu’ils avaient en dollars, tandis que les sommes en lires libanaises s’évaporent en raison de l’inflation. Mais les riches, eux, peuvent toujours transférer leur fortune à l’étranger. Ce sont ces contrôles des capitaux et le sentiment d’injustice inhérent à la situation qui ont alimenté la colère envers les banques.

    Avec une dette nationale qui explose, et qui s’élève actuellement à 170 % du PIB (l’une des plus élevées au monde), le gouvernement libanais a fait défaut sur une euro-obligation de 1,2 milliard de dollars. C’était la toute première “défaillance souveraine” du Liban. Actuellement, le FMI prévoit que l’économie se contractera de 12 % en 2020, après une contraction de 6,5 % en 2019. La pandémie et le confinement qui l’accompagne n’ont fait qu’aggraver une situation déjà très difficile.

    Ces derniers mois, la lire libanaise a effectivement perdu les deux tiers de sa valeur. Officiellement, elle est rattachée au dollar américain à un taux de 1,507 pour un. Pourtant, sur le marché parallèle des changes, la monnaie est maintenant négociée, au moment où nous écrivons ces lignes, à 4.300 pour un. Cela a conduit à une explosion des prix à un moment où de larges pans de la population, notamment ceux qui travaillent dans le secteur informel et saisonnier, ont été privés de revenus en raison du confinement.

    Le confinement

    Le 15 mars, le gouvernement a décrété un embargo national. Les forces de sécurité ont été envoyées pour patrouiller dans les rues et un couvre-feu nocturne a été imposé.

    Il est interdit de se réunir en groupe et les établissements commerciaux non essentiels sont fermés. La promesse du gouvernement d’aider les familles les plus pauvres n’a pas été tenue. Aucune mesure n’a été prise non plus pour protéger les locataires contre les expulsions. La seule mesure que le gouvernement a réussi à prendre a été de prolonger la date d’échéance des impôts et des factures. L’aide a été laissée aux mains des organisations de la société civile, qui comptaient sur les dons.

    Bien que le bilan officiel du Covid-19 reste relativement faible, avec 845 personnes infectées et 26 morts au 10 mai, la véritable propagation du virus est certainement considérablement plus élevée en raison de la rareté des tests, notamment parmi les réfugiés.

    Les signes de désespoir sont devenus évidents dès le début du confinement. Fin mars, l’image d’un ouvrier du bâtiment au chômage proposant de vendre son rein pour éviter que sa famille ne finisse à la rue s’est répandue sur les médias sociaux. Plusieurs tentatives d’auto-immolation ont également été signalées. Dès la dernière semaine d’avril, le gouvernement a estimé que 75 % de la population avait besoin d’aide, y compris alimentaire. Parmi les réfugiés, ce chiffre atteindrait 90 %. Bien que le confinement ait été assoupli et que certains magasins aient été autorisés à rouvrir le 23 avril, l’ordre de rester chez soi a été prolongé jusqu’au 10 mai.

    La rébellion fait son retour

    Les premiers grondements de la réémergence de la contestation se sont fait sentir le 21 avril avec des manifestants à travers tout le pays qui circulaient en grands convois de voitures drapées du drapeau libanais. L’une de ces manifestations, à Beyrouth, visait une réunion de députés. Ces manifestations ont eu tendance à être assez importantes et ont parfois vu la participation de familles entières, y compris d’enfants. Parfois de nature festive, ces manifestations ont été marquées par des pancartes faites par les participants eux-mêmes et par le drapeau national.

    Ces protestations, qui respectaient les règles de la distanciation sociale, étaient assez modérées par rapport à celles qui ont éclaté à Tripoli, la deuxième ville du Liban, dans la nuit du dimanche 26 avril, les premières à véritablement contester le couvre-feu imposé par le blocus. Pour l’instant, elles regroupent relativement peu de monde, se comptant par centaines plutôt que par milliers. Cela est compréhensible dans un contexte de pandémie et de confinement. Les personnes dans la rue sont suffisamment désespérées et/ou radicalisées pour courir le risque d’infection et de répression de l’État. Les participants étaient principalement de jeunes hommes et femmes qui luttaient avec les forces de sécurité en utilisant des pierres et des cocktails Molotov. Ces derniers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc, et dans certains cas également des munitions réelles. Un homme de 26 ans a été tué. Dans certains cas, le soutien de couches plus larges de la population aux émeutes s’est exprimé depuis leur domicile par le bruit des casseroles.

    La faim est un thème récurrent parmi les manifestants. Pourtant, ils continuent également à exiger la démission du gouvernement. Outre le système politique corrompu et sectaire, les banques sont considérées comme responsables de la crise. “L’Orient le Jour”, le quotidien libanais francophone très populaire, a cité un manifestant : “Notre protestation n’est pas sectaire, c’est une lutte de classe opposant le peuple libanais écrasé par le poids de la pauvreté au système bancaire qui est responsable de la détérioration de la situation économique”. Ce n’est pas un hasard si, alors que les manifestations s’étendaient à d’autres villes, lors de la deuxième nuit consécutive de protestation, quinze banques libanaises ont été la cible d’incendies criminels et de vandalisme.

    Au milieu de tout cela, le Premier ministre Hassan Diab et le directeur de la Banque centrale, qui occupe ce poste depuis 1993, échangent des accusations sur les responsables de la crise économique. Aux yeux de larges couches de la population, le gouvernement et les banques ont perdu toute crédibilité. Le commandement de l’armée a accusé des “infiltrés” d’attiser la violence.

    Après quatre jours de violents affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité, le gouvernement a été contraint d’adopter un plan de sauvetage économique. Le gouvernement espère obtenir un prêt de 10 milliards de dollars du FMI, en plus de la libération de 11 milliards de dollars promis en 2018. Mais cela ne se fera pas avant que des réformes politiques et économiques majeures, ainsi que des mesures de lutte contre la corruption, soient mises en œuvre. On estime que le Liban a besoin d’au moins 80 milliards de dollars pour sortir de sa situation difficile. De tels fonds ne seront pas faciles à trouver, surtout en période de profonde crise économique mondiale.

    Les réformes exigées par le FMI ne favoriseront bien entendu pas la classe ouvrière et les opprimés. Les plans de sauvetage prévoient par exemple la dévaluation de la lire libanaise à un taux de 3.500 par rapport au dollar, ce qui reflétera plus fidèlement sa valeur réelle mais fixera aussi dans le marbre les récentes hausses de prix. Ce sont précisément ces hausses de prix qui, pour une grande partie de la population, sont devenues une question de vie ou de mort. Cette incapacité du système politique et économique à assurer les besoins les plus fondamentaux des masses à court terme est une recette pour la poursuite et la croissance des protestations.

    Un signe des temps à venir ?

    Bien que le cas du Liban puisse être particulier, du fait que son économie a déjà connu une crise sévère l’année dernière, les événements qui s’y déroulent sont susceptibles d’être un signe avant-coureur de ce qui se passera ailleurs. En effet, on s’attendait à ce qu’une grave crise économique mondiale se développe avant la pandémie. En tant que telle, l’évolution de la situation au Liban pourrait n’être que légèrement en avance sur la tendance générale. Des centaines de manifestants sont d’ailleurs déjà descendus dans les rues de l’Irak voisin.

    Au Liban, comme ailleurs, la pandémie et les mesures prises pour l’endiguer mettent à nu toutes les contradictions existantes. Le monde est sorti de la crise de 2008-09 au prix d’une augmentation massive de l’endettement. Avec la crise actuelle, l’endettement va encore s’aggraver. De même, la question de la fuite des capitaux, ingrédient majeur du drame libanais, se pose avec acuité dans le monde néocolonial. Jusqu’à présent, la fuite des capitaux des “économies émergentes” est déjà quatre fois plus importante que lors de la crise de 2008-2009. En outre, l’État libanais est loin d’être le seul à être confronté à une éventuelle faillite dans la période à venir.

    Alors que la tendance mondiale générale pour la prochaine période est à la déflation, en raison de la baisse de la demande, en particulier dans des secteurs tels que le tourisme et les services, dans des pays comme le Liban, à la suite de la dévaluation de la monnaie, l’inflation et même l’hyperinflation peuvent, pendant certaines périodes, alimenter considérablement le mécontentement.

    Outre le Liban, les économies de pays tels que la Jordanie et l’Égypte risquent également de souffrir d’une baisse des fonds en provenance des États du Golfe en raison de la chute des prix du pétrole. Le problème va bien au-delà de la disponibilité des pétrodollars. Les travailleurs migrants étant généralement plus vulnérables à la perte d’emploi ou de salaire, la baisse des transferts de fonds sera un problème mondial. La Banque mondiale prévoit une baisse de 19,7 % des envois de fonds vers les pays à faible et moyen revenu en 2020, soit la plus forte baisse de l’histoire récente.

    Le Liban est également loin d’être exceptionnel en ce qui concerne la vulnérabilité économique de sa population aux mesures de confinement. En 2018, l’Organisation internationale du travail a indiqué que deux milliards de personnes, soit 61 % de la population active mondiale, travaillent dans l’économie informelle. Même dans l’économie formelle, les emplois sont souvent précaires et les allocations de chômage sont loin d’être garanties. Les Nations unies ayant prédit des famines aux “proportions bibliques”, des centaines de millions de personnes pourraient bientôt être poussées par le spectre de la faim à se révolter.

    Les tâches politiques

    Il est urgent de créer des organisations ouvrières indépendantes, y compris des syndicats indépendants et combatifs, afin que la classe ouvrière puisse jouer le rôle principal dans le mouvement. Ceci est crucial si l’on veut éviter la réapparition de divisions sectaires parmi les masses.

    La classe ouvrière a également besoin de sa propre organisation politique, avec une perspective socialiste révolutionnaire. La situation désastreuse que connaît le Liban montre clairement que la réforme du système actuel n’est pas une option. Il n’y a plus de place pour des avancées sociales, même limitées.

    Les travailleurs et les masses opprimées doivent s’organiser sur leur lieu de travail et dans leur quartier. Des comités démocratiquement élus, formés sur cette base, sont nécessaires pour assurer la satisfaction des besoins fondamentaux des populations, tels que l’alimentation et la santé, ainsi que pour contrôler les prix.

    Des comités démocratiquement élus, constitués sur cette base, sont nécessaires pour assurer la satisfaction des besoins fondamentaux des populations, tels que l’alimentation et la santé, ainsi que pour contrôler les prix.

    Ces comités liés les uns aux autres pourraient constituer la base d’une assemblée constituante révolutionnaire qui remplacerait le système politique actuel, basé sur le sectarisme et la corruption, et s’emparerait des banques, des ressources naturelles et des moyens de production dans le cadre d’une économie planifiée gérée démocratiquement, une économie socialiste, afin de répondre aux besoins de la population.

    La crise économique et la pandémie sont toutes deux mondiales, elles nécessitent une réponse internationale. Le mouvement de la classe ouvrière et des opprimés au Liban recevrait une incroyable solidarité si un appel était lancé à leurs frères et sœurs du Moyen-Orient et de la communauté internationale. Plus que cela, cependant, la résolution des problèmes économiques ne sera pas possible si une économie démocratiquement planifiée n’existait qu’au Liban. Il est donc crucial que des liens soient tissés avec les mouvements ouvriers dans d’autres régions afin qu’un Liban socialiste puisse faire partie d’une fédération socialiste démocratique plus large du Moyen-Orient.

  • Message aux autorités : ‘‘Aujourd’hui on soigne, demain vous rendrez des comptes !’’ 

    Photo : La Santé en Lutte

    Au déconfinement : grande manifestation de la santé !

    Le désastre sanitaire actuel n’est pas tombé du ciel. En 2017 le secteur des soins de santé a subi des coupes budgétaires de 900 millions d’euros et de 7 millions d’euros dans les maisons médicales. En même temps la sécurité sociale perdait 5,8 milliards par an en raison des cadeaux fiscaux. Chacun peut constater que l’austérité tue.

    Par Luna (Bruxelles)

    Les coupes budgétaires dans les soins de santé ont signifié la perte de 200 à 250 équivalents temps plein rien qu’à Bruxelles ! Les bas salaires, les horaires décalés et une intense pression au travail sont devenus la norme dans les soins de santé. Déjà avant la pandémie, le métier était très peu attractif en raison de la pénurie dans tous les domaines. De plus, le nombre de cadres intermédiaires a augmenté ces dernières années alors que celui du personnel soignant a diminué. Le taux de patients par infirmière est de 9,4 alors qu’il devrait être de 8. En temps ‘‘normal’’, on travaillait déjà de plus en plus à la chaîne.

    L’arrivée du Covid-19 n’a fait que révéler la faiblesse du système de soins et aggraver des conditions de travail déjà très dures. La pénurie de matériel de protection essentiel et le manque de tests met en danger les professionnels, leurs proches et le reste des patients. Pour l’instant, environ 4% du personnel est officiellement infecté, mais la réalité est bien plus dramatique.

    Le gouvernement a tardivement pris des mesures insuffisantes et qui ne protègent pas les travailleurs mais les intérêts du capital. Les directions des hôpitaux ont fait de même en annulant les réunions des Conseils d’entreprises et des Comités pour la Prévention et la protection au travail (CPPT), en mettant des centaines de professionnels au chômage technique alors que ceux qui travaillent font parfois des journées de 12 heures ! L’idée d’obliger les gens à travailler même en étant malade et la possibilité de restériliser les masques sont sur la table. On parle des professionnels de la santé comme de ‘‘héros’’, mais ils ont été déconsidérés pendant des années et ils souffrent du manque de moyens même en pleine crise ! Voilà ce qui se passe quand les soins de santé deviennent une marchandise!

    Dans les situations de crise, on fait toujours appel à la solidarité, mais cette solidarité vient toujours d’en bas et pas d’en haut. Quand la crise du coronavirus sera finie, on sera toujours dans la crise du capitalisme, une crise encore plus profonde. Ça n’échappe à personne : ils vont essayer de nous faire payer la note encore une fois et il y aura de grosses économies budgétaires.

    Tous les droits que nous avons ont été arrachés par la lutte. En ce moment, c’est difficile de mener des actions dans les soins de santé. Mais nous devons penser sur le long terme et commencer à organiser la riposte face aux coupes budgétaires à venir et la lutte pour arracher un refinancement public massif de la santé. C’est pour cela que le groupe d’action militant La Santé en Lutte appelle déjà à l’organisation d’une grande manifestation quand la situation sanitaire le permettra. Le potentiel est présent pour que cette manifestation soit un rassemblement de masse !

    Parmi les patrons et leur personnel politique, on entendra que ce n’est pas le moment de revendiquer, mais de se serrer la ceinture. On nous dira qu’il faut attendre que la crise économique et sanitaire soit passée. Mais nous savons très bien que quand tout va bien économiquement, les profits ne sont jamais redistribués aux travailleurs, sauf si l’on se bat pour ça. Nous devrons nous organiser, par des assemblées générales sur les lieux de travail dès que ce sera possible, et passer à l’offensive pour défendre un programme clair, qui défende les soins de santé comme un bien de la collectivité et pas comme une marchandise dans des mains privées. Ce changement ne sera jamais possible sous le capitalisme. Un changement de système s’impose, pour une société socialiste démocratique !

    Plus d’infos :
    Facebook ‘‘La Santé en lutte’’
    • Facebook ‘‘Grande manifestation de la santé’’ Pour des raisons évidentes, le jour et l’heure de cette manifestation ne sont pas encore connus.

  • Une réponse socialiste à la nouvelle “Grande Dépression” – Le capitalisme menace notre santé et nos conditions de vie

    “Le cliché le plus trompeur sur le coronavirus est qu’il nous affecte tous de la même manière. Ce n’est pas le cas, ni médicalement, ni économiquement, ni socialement, ni psychologiquement. Le Covid-19 renforce partout les inégalités préexistantes. Cela provoquera bientôt des troubles sociaux, allant jusqu’à des soulèvements et des révolutions”.

    Non, cette citation ne provient pas de la rédaction de Lutte Socialiste et de socialisme.be. Elle provient d’un article rédigé par un rédacteur du site d’information financière Bloomberg. Son auteur, Andreas Kluth, affirme que l’effet immédiat de la crise sanitaire est que la plupart des formes de troubles sociaux disparaissent sous la surface, mais que la colère demeure bel et bien et qu’elle va éclater, prévient-il à destination des capitalistes.

    La crise sanitaire s’accompagne d’un effondrement économique. La Banque nationale et le Bureau du Plan estiment que le PIB belge diminuera de 8% en 2020. La banque KBC avait précédemment prédit une baisse de 9,8 % et dans un scénario plus pessimiste, où le virus n’est pas sous contrôle, il était même question d’une baisse de 13,2 %. En comparaison, la récession mondiale de 2008 n’avait entraîné qu’une baisse de 2 % du PIB en 2009.

    Un recul de 8% ne peut être comparé qu’à la Grande Dépression. En Belgique, l’activité économique a chuté de 9,5 % entre 1931 et 1934. Les conséquences ont été immenses : chômage, faim, mais aussi révolte des travailleurs, notamment des mineurs, pour ne pas subir les conséquences de la crise. Si les conséquences sociales ne sont pas pour l’instant pires en Belgique, c’est uniquement grâce à la sécurité sociale. Le mouvement ouvrier s’est battu avec acharnement pour l’obtenir, notamment suite à l’expérience de la Grande Dépression. De là sont nées les allocations de chômage, l’assurance maladie et les mesures de sécurité sur le lieu de travail.

    Avec une protection sociale plus limitée, les conséquences sont carrément dramatiques. Au cours des trois premières semaines de la crise, 17 millions de personnes supplémentaires se sont retrouvées au chômage aux États-Unis. Ce nombre pourrait atteindre 50 millions. Aux États-Unis, perdre son emploi signifie aussi de perdre son assurance maladie. L’inaccessibilité des soins et les problèmes financiers menacent de provoquer non seulement une catastrophe médicale, mais aussi une catastrophe sociale. Dans le monde néocolonial, la situation est encore pire. La “distanciation sociale” est généralement le privilège des plus riches. Les masses ne sont pas seulement à la merci du virus, mais se retrouvent aussi dans une misère encore plus profonde. A travers le monde, 2,7 milliards de travailleurs ont été touchés par les mesures de confinement.

    Les économistes osent parler d’une nouvelle croissance rapide après une forte récession. La Banque nationale et le Bureau du plan espèrent une croissance de 8,6% en 2021. Les économistes avertissent toutefois qu’il s’agit d’un scénario optimiste et que le problème de la dette publique va s’aggraver. De plus, la banque JP Morgan part du principe que même avec une reprise de la croissance, les chiffres du chômage à la fin de 2021 seront beaucoup plus élevés qu’avant le début de la récession. L’Organisation internationale du travail a averti que jusqu’à 195 millions d’emplois pourraient disparaître dans le monde et que le revenu de 1,25 milliard de personnes pourrait chuter de manière dramatique en raison de cette crise.

    Le capitalisme mène non seulement à la crise sanitaire, mais aussi à une crise économique douloureuse. Et les patrons voudront nous en faire payer le prix. Nous n’aurons pas d’autre choix que de nous organiser et de lutter pour une alternative socialiste au capitalisme.

    ‘‘La crise du coronavirus renforce toutes les contradictions et les faiblesses du capitalisme.’’

    Le 12 avril, Alternative Socialiste Internationale (ASI) a organisé une réunion en ligne intitulée : ‘‘Une nouvelle grande dépression ? A cette occasion, Eric Byl, Per-Ake Westerlund et Claire Laker-Mansfield ont répondu à diverses questions sur la crise. Voici un résumé de ce débat.

    Le ralentissement économique est lié au fait que de nombreuses personnes ne peuvent pas travailler en raison du confinement, mais leur emploi est maintenu. Cela signifie-t-il qu’une fois le virus sous contrôle, l’économie se redressera ?

    Eric : ‘‘Le lourd tribut de cette crise sur de nombreuses vies signifie que la question de la reprise économique n’est malheureusement plus pertinente pour beaucoup. La crise du coronavirus est causée par le capitalisme, qui est incapable d’organiser la société d’une manière socialement et écologiquement harmonieuse. Sous le capitalisme, les préoccupations relatives aux exigences sociales, à l’environnement ou à la protection au travail sont balayées au bénéfice de la cupidité. Les conséquences de la crise du coronavirus n’auraient pas été aussi dévastatrices si le budget du secteur des soins n’avait pas été réduit, si des stocks avaient été prévus et si les avertissements n’avaient pas été ignorés.

    ‘‘Le rapide ralentissement économique que nous connaissons aujourd’hui portera à jamais le nom du Covid-19. Pour la classe dirigeante, le virus sera le méchant : l’imprévisible catastrophe naturelle. En réalité, tous les éléments d’une nouvelle récession étaient en place depuis la précédente récession de 2008. Le tournant décisif avait alors été la faillite de Lehman Brothers, provoquée par les subprimes. Le coronavirus d’aujourd’hui représente ce qu’était Lehman Brothers pour la précédente récession.

    ‘‘Après 2008, la croissance a été systématiquement plus faible qu’auparavant. La croissance de la productivité a continué de diminuer. Des bulles spéculatives ont remplacé les bulles qui avaient éclaté. Malgré les faibles taux d’intérêt et l’injection massive de capitaux ans l’économie, il n’y a pas eu de véritable croissance des investissements productifs. Les salaires sont restés bas, les prix des logements élevés et ce que payent les travailleurs pour l’enseignement ou la santé a continué d’augmenter. Les bénéfices de la reprise limitée sont massivement allés dans les poches de l’élite capitaliste. L’injection massive de capitaux dans l’économie est allée en grande partie vers la spéculation plutôt que vers l’investissement productif.

    ‘‘En fait, la politique des pays capitalistes développés a été de retarder la crise en injectant de plus en plus d’argent dans l’économie. Cela a conduit à un niveau record de dette publique. Cela aurait pu en soi déclencher une nouvelle récession, plus importante. La lutte pour les profits a accru les tensions au sein des blocs commerciaux et entre ceux-ci. Cela a entraîné des mesures protectionnistes, un nationalisme politique croissant et un renversement partiel de la mondialisation. Tout cela constitue la base de la crise actuelle. Le coronavirus et le confinement ont joué un rôle important en tant que déclencheur, mais même sans cette pandémie, d’autres causes auraient conduit à la crise.’’

    Claire : ‘‘Le coronavirus a exposé et renforcé toutes les contradictions et les faiblesses existantes du capitalisme. C’est important de garder en tête dans le débat sur la nature de la récession. Certains économistes espèrent qu’après un effondrement brutal et rapide, il y aura une croissance solide une fois levées les mesures de confinement. Cependant, la plupart des économistes capitalistes sérieux commencent à remettre en question ce scénario optimiste d’une crise en forme de ‘‘V’’. Ils se rendent compte qu’il s’agit de la crise bien la plus grave de leur système. Des processus économiques déjà à l’œuvre, comme la démondialisation, sont accélérés par cette crise.

    ‘‘Peu à peu, les optimistes parmi les économistes se dirigent vers un modèle en ‘‘U’’ : une crise qui exigera un certain temps pour que les effets de la récession soient conjurés. L’économiste Nouriel Roubini, en revanche, qui avait prédit la récession de 2008, parle d’une crise en forme de ‘‘I’’ : un déclin sans fin, une ligne verticale qui représente l’effondrement abyssal des marchés financiers et de l’économie réelle. De plus en plus, la seule comparaison historique possible est celle de la Grande Dépression au début des années 1930.’’

    Per-Ake : ‘‘Bien entendu, nous ne savons pas combien de temps durera le confinement. Les tentatives désespérées pour relancer l’économie portent le risque d’une nouvelle vague rapide d’infections. Même avec une relance rapide de l’activité, tout commencera à un niveau inférieur. Les exportations chinoises ont chuté de 20 % en janvier et février et elles continuent à baisser. La diminution des importations est encore plus importante. Il n’est pas surprenant que le magazine The Economist écrive que la sortie du confinement sera très difficile avec des consommateurs incertains, de nouvelles réglementations sanitaires et peut-être une vague de fusions et d’acquisitions après les faillites.

    ‘‘Même avant la pandémie, le nationalisme connaissait un essor. Trump, Bolsonaro, Orban,… Cette tendance s’est maintenant intensifiée : en Europe, presque tous les États membres disent que leur pays passe en premier et qu’il n’est pas question de solidarité entre eux. Des frontières ouvertes depuis des décennies se ferment. Une des grandes contradictions du capitalisme est que les capitalistes eux-mêmes sont attachés à leurs pays, alors que la production est devenue de plus en plus internationale. Cependant, les mesures protectionnistes et nationalistes n’offriront pas d’issue : lors de la grande dépression des années 1930, elles n’ont fait qu’aggraver la crise.

    ‘‘Les tensions géopolitiques mondiales, en particulier entre la Chine et les États-Unis, représentent un facteur de complication pour l’économie mondiale et rendent le cours de la crise imprévisible. Une nouvelle croissance rapide est très peu probable en raison de tous ces éléments.’’

    Cette crise peut-elle être comparée à celle de 2008 ? La crise est-elle due à une demande insuffisante?

    Claire : ‘‘Il y a autant des problèmes d’offre, en raison de la fermeture d’usines et d’ateliers, que des problèmes de demande, en raison du confinement et des conséquences directes de l’augmentation du chômage ou des réductions de salaires. Toutefois, les facteurs sous-jacents sont les mêmes qu’en 2008. Les contradictions qui ont conduit à la récession de 2008 n’ont jamais été résolues et n’en ressortent aujourd’hui que plus fortes. La reprise économique après 2008 reposait sur des taux d’intérêt historiquement bas et l’accès à l’argent bon marché. Cependant, les investissements productifs ne se sont pas matérialisés et la croissance de la productivité a continué à stagner. Cela a conduit à de nouvelles bulles spéculatives, y compris sur la dette. La nouvelle récession frappe une économie déjà affaiblie. En outre, une réponse plus globalement coordonnée, comme ce fut le cas après 2008, est beaucoup plus difficile.

    ‘‘Aujourd’hui, les familles des travailleurs subissent déjà la crise avec des salaires plus bas, des pertes d’emplois et une vie confinée dans cette crise sanitaire. Après 2008, nous avons connu une vague d’austérité. Mais les capitalistes vont maintenant réfléchir à deux fois avant de faire la même chose. En 2019, une vague de soulèvements de masse a déjà eu lieu. De nouvelles économies, en particulier sur les soins et la protection sociale, pourraient conduire à des troubles sociaux et même à une insurrection.’’

    Per-Ake : ‘‘Une des causes de la crise capitaliste est la surproduction : les capitalistes ne peuvent pas vendre tout ce qui est produit. Les travailleurs et les pauvres n’ont souvent pas les moyens de s’offrir les biens les plus élémentaires, même dans les pays capitalistes développés. Dans sa brochure de 1939 intitulée ‘‘Le marxisme et notre époque’’, Trotsky fait référence à Marx: ‘‘Accumulation de la richesse à un pôle, signifie donc en même temps accumulation de misère, de souffrance, d’esclavage, d’ignorance, de brutalité, de dégradation mentale au pôle opposé, c’est-à-dire du côté de la classe dont le produit prend la forme de capital.’’ Pour les capitalistes, peu importe ce qu’ils produisent : ils veulent de la valeur ajoutée, ils veulent du profit.

    ‘‘Les salaires n’ont pas vraiment augmenté ces dernières années, ils ont plutôt stagné. La part des salaires dans l’économie a diminué. Cette situation a été compensée par le crédit et la dette. La consommation joue un rôle important dans le PIB. Aux États-Unis, elle représente 68 % du PIB. Actuellement, 1,25 milliard de travailleurs dans le monde perdent leur salaire ou une partie importante de celui-ci, et nous ne savons pas pour combien de temps cela va durer. Ils auront un accès plus difficile au crédit. Même si les gouvernements adoptent l’argent dit ‘‘hélicoptère’’ (de l’argent donné directement aux consommateurs), cela ne compensera pas les pertes. La demande va diminuer et, par conséquent, les investissements aussi. The Economist prédit qu’il y aura jusqu’à 50 % de demande en moins dans certains secteurs, le seul moteur pour stimuler la demande dans les deux prochaines années étant le gouvernement.

    ‘‘En ce qui concerne l’approvisionnement, il y a aussi un problème. Par exemple, la production de voitures est en grande partie paralysée. De nombreuses entreprises voient des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement et n’ont pas de plan B. Les prix des denrées alimentaires peuvent augmenter fortement. Le cynisme du capitalisme est que des entreprises qui fabriquent des armes et des produits de luxe qui ne sont pas fermées alors qu’en même temps il y a une grande pénurie de matériel médical. Le capitalisme montre ainsi sa véritable nature et cela aura un effet sur la conscience des masses.

    ‘‘Les socialistes y répondent par leur programme pour axer l’économie sur les besoins de la majorité de la population, y compris le respect de l’environnement. Au lieu de simplement rouvrir des usines polluantes, il faut un contrôle démocratique pour réorganiser la production de façon planifiée au niveau national et international.’’

    Éric : ‘‘Les marxistes ne se sont jamais fait d’illusions sur un ‘‘capitalisme malin’’ qui trouve un moyen de surmonter les crises récurrentes. Après tout, le capitalisme comporte des contradictions : la production est socialisée, mais l’appropriation des profits reste individuelle. Les travailleurs font partie d’une chaîne de production collective avec une division du travail, mais sans avoir leur mot à dire sur ce qui est produit et comment on le produit, et encore moins sur ce qu’il advient des bénéfices. De plus, la division du travail est internationale, alors que les capitalistes sont dépendants des États nationaux. Cela crée des tensions non seulement avec la classe ouvrière, mais aussi avec les classes capitalistes des pays concurrents.

    ‘‘Les capitalistes tirent profit du travail non rémunéré des travailleurs. Cela conduit à une lutte des classes pour les salaires contre les profits et crée une tendance à la surproduction. Le plus grand problème du capitalisme aujourd’hui est le développement de la science et de la technologie. Une concurrence féroce exige que la recherche et le développement donnent des résultats de plus en plus rapides. Cela nuit à la productivité et limite l’accès aux connaissances sous forme de brevets. Aujourd’hui, les entreprises versent en moyenne 70% de leurs bénéfices en dividendes au lieu de les investir dans la production. Heureusement, les progrès scientifiques et technologiques existent, mais ils ne contribuent guère à l’augmentation de la productivité, car ils sont entravés par la propriété privée des moyens de production. Marx a déclaré un jour que tout système de production peut continuer à exister tant qu’il est capable de développer les forces productives, mais que sinon le moteur de l’histoire, en particulier la lutte des classes, fera son travail.’’

    Divers gouvernements interviennent dans cette crise avec des mesures qui étaient auparavant impensables. Par exemple, on envisage d’augmenter les allocations de maladie, d’augmenter les allocations de chômage et même de nationaliser un certain nombre d’entreprises. Cette crise signifie-t-elle la fin du néolibéralisme, qui signifie la course aux privatisations et à l’abolition des mesures de protection collective ?

    Claire : ‘‘Bien que pendant des années, on nous a dit que seul la libre concurrence fonctionnait et que les services publics devaient répondre la logique du marché pour être efficaces, même les grands partisans de la loi du marché doivent maintenant reconnaître que le secteur privé n’est pas capable de répondre aux besoins de la population. Partout, on se tourne vers les gouvernements pour qu’ils interviennent activement. L’objectif est d’éviter un effondrement économique et des troubles sociaux plus graves. Ces mesures ne sont pas prises dans l’intérêt des travailleurs et de leur famille, mais pour sauver les meubles capitalistes. Si la priorité devait vraiment être les besoins de la population, les entreprises pharmaceutiques, par exemple, seraient nationalisées. Cela permettrait une coopération dans le développement et la production de vaccins. Toutefois, ces entreprises ne seront pas nationalisées, car elles réalisent d’importants bénéfices avec cette crise.’’

    Per-Ake : ‘‘Un certain nombre de mesures ou de discussions rappellent la façon dont Roosevelt a réagi à la Grande Dépression aux États-Unis avec son New Deal d’investissements dans les infrastructures et l’emploi. Ce programme a été rejeté comme ‘‘socialiste’’ à l’époque, mais Roosevelt lui-même a fait remarquer qu’il proposait ces mesures pour sauver le capitalisme. Le New Deal a provoqué une forte augmentation de la dette publique américaine et n’a pas mis fin aux contradictions qui avaient conduit à la Grande Dépression.

    ‘‘Avec cette crise, les citoyens doivent passer à des mesures qui étaient auparavant impossibles ou impensables : payer plus cher les personnes malades ou au chômage, augmenter le budget des soins de santé, nationaliser les entreprises. Lors de la crise de 2008-2009, des mesures similaires avaient déjà été adoptées, entre autres pour sauver les banques. De nouvelles privatisations et une sévère politique d’austérité ont suivi. Si certaines parties du néolibéralisme sont abandonnées, nous devons bien sûr en prendre note. Elle montre clairement que le changement est possible. Les luttes de masse menées à partir de la base peuvent faire hésiter la classe capitaliste à imposer de nouvelles mesures d’austérité.

    ‘‘Dans ce contexte, des revendications telles que la nationalisation ou l’augmentation des allocations sociales ne sont pas suffisantes. Nous ne voulons pas que les entreprises déficitaires soient nationalisées et pour ensuite en rendre les parties rentables au secteur privé. Le mouvement ouvrier et les jeunes doivent se mobiliser et se battre pour le contrôle démocratique, la planification démocratique et l’abolition de tout le système capitaliste.’’

    Éric : ‘‘Les mesures d’incitation sont proposées pour aider les familles et les petites entreprises. Mais seuls 11 % de l’énorme plan de relance américain vont directement aux familles. Dans le même temps, une bombe à retardement fiscale fait tic-tac aux États-Unis : les collectivités locales vont chercher des économies ailleurs en raison de la perte de recettes fiscales et de dépenses résultant du plan de relance, et éventuellement procéder à des licenciements. Il y a encore des bombes à retardement dans la situation actuelle : on estime que le marché du logement aux États-Unis va chuter de 35 % cette année. Il y a un risque d’une série de faillites et d’un effondrement financier.’’

    ‘‘Les néo-keynésiens prônent aujourd’hui la ‘‘théorie monétaire moderne’’ : encore plus d’argent créé par les banques centrales. Ils pensent qu’ils sont en train de gagner la bataille. L’offre mondiale dépasse actuellement la demande, ce qui maintiendra l’inflation et les taux d’intérêt à un faible niveau pendant un certain temps. Mais le manque de productivité fait que les capitalistes n’investissent pas. Même si cette politique est maintenue pendant un certain temps, l’inflation des capitaux menace de se propager à l’économie réelle avec un risque d’hyperinflation. Les illusions peuvent ouvrir la voie à des régimes plus réactionnaires qui font appel au nationalisme et à la xénophobie. Le réformisme et le néo-keynésianisme ne répondent pas aux défis auxquels est confronté le mouvement syndical.

    ‘‘Il faut un programme socialiste audacieux en commençant par la nationalisation de secteurs clés de l’économie sous contrôle et appropriation démocratiques, afin que la planification devienne possible.’’

  • Pourquoi est-il si difficile pour les écoles de reprendre les cours le 18 mai? Réponse d’enseignants du PSL

    Depuis que l’éventualité d’une reprise des cours a été annoncée, de nombreux parents, membres du personnel et élèves sont inquiets. Bien entendu, personne ne souhaite que la situation actuelle ne s’éternise et nous ne pouvons pas, à ce stade, compter sur la découverte d’un vaccin. Il est donc normal de chercher des solutions pour progressivement sortir de cette situation. Cependant, s’il est vrai que les écoles doivent s’adapter et trouver de nouveaux modes de fonctionnement, la priorité doit être la sécurité de tous et de toutes.

    Par des enseignants du PSL

    Une première réflexion qui s’impose face au plan de déconfinement prévu par les autorités est que l’échéance d’une semaine entre chaque étape ne permet pas d’évaluer ses effets correctement. Les experts s’accordent sur un minimum de deux semaines avant de faire une nouvelle évaluation de la situation. Alors qu’en conclure si ce n’est que le gouvernement opère des choix politiques à court terme basés sur des impératifs de profits des entreprises? Cette priorité aux objectifs économiques explique d’ailleurs que la balle ait été renvoyée vers les communautés, sans la moindre préoccupation sanitaire et pédagogique.

    Le Conseil national de Sécurité a donc décidé que les cours devaient reprendre le 18 mai pour les 6e primaire et des 6e/7e secondaire. Une semaine plus tard, des 1re et 2e primaire et des 2e secondaire devraient les suivre. Dans le meilleur des cas, sans jour férié, chaque groupe d’élèves de 6e ou 7e passerait donc 12 jours en classe du 18 mai au 26 juin, en tenant compte des délibérations. Si nous faisons le même calcul pour les 1re et 2e primaire, ils viendraient 5 jours à l’école. On peut s’interroger sur l’efficacité pédagogique que cela représente. D’autant plus que cette reprise aurait certainement lieu dans un climat anxiogène, dans lequel les règles d’hygiène et de distanciation devront sans cesse être répétées. Combien de temps restera-t-il pour réellement donner cours ? Et est-ce bien réaliste de donner cours avec un masque toute une journée, avec les problèmes de compréhension que cela peut poser ?

    Depuis le début du confinement, les écoles sont restées ouvertes dans le but d’accueillir les enfants des parents travaillant dans les soins de santé, la sécurité et d’autres métiers de première ligne. Toutefois, très peu d’enfants se sont retrouvés dans les garderies organisées, à hauteur généralement de 0 à 5 enfants par école. Cela s’explique très simplement: tout le monde savait pertinemment que les conditions d’hygiène n’y seraient pas respectées. Alors le seront-elles davantage aujourd’hui?

    Dans tous les cas, comme le signale la circulaire, “au regard de la reprise progressive de l’activité? économique et professionnelle, il convient d’anticiper une montée en puissance des garderies”. En effet, certains parents n’auront d’autre choix que d’envoyer leur(s) enfant(s) à l’école vu la reprise des différents secteurs ce 4 mai et le phénomène gagnera encore de l’ampleur ce 11 mai. Or, à l’instar d’autres secteurs, dans les écoles aussi le matériel manque. Actuellement, il n’y a pas de masques et/ou de gel hydroalcoolique en suffisance à disposition. Sans parler du manque criant de personnel de nettoyage – non ou peu formé à la situation particulière -, de toilettes ou de poubelles fermées. De plus, les mesures de distanciation sont difficiles à faire respecter aux plus petits enfants ou à certaines catégories d’élèves du spécialisé.

    Par ailleurs, le travail des enseignants durant cette période s’avérera complexe: donner cours avec un masque et en expliquant sans cesse les règles d’hygiène et de distanciation, organiser des réunions en visio-conférence avec les parents, participer à des réunions avec les autres enseignants pour décider par exemple de quel élève dans quelle classe a besoin de venir à l’école un jour par semaine au vu de ses difficultés scolaires, surveiller les élèves inscrits en garderie, continuer à donner des travaux à faire à domicile pour les élèves qui ne sont pas à l’école et communiquer avec eux, etc.

    La circulaire concernant la reprise des cours ne dit pas un mot sur la question du dépistage de chaque personne qui passe la porte de l’école. Il s’agit pourtant d’une condition de sécurité impérative. Depuis le début de la crise, la production de tests est insuffisante, mais les autorités en sont responsables puisqu’elles n’ont guère anticipé et ont refusé de considérer la réquisition de lignes de production afin d’assurer un approvisionnement suffisant en matériel de protection et en tests de dépistage. Faute de répondre à cet impératif, il nous semble évident que le système de garderie généralisé à tous les enfants de celles et ceux qui travaillent est dangereux.

    La crise du coronavirus exacerbe des problèmes présents de longue date

    Durant l’année scolaire, le secteur de l’enseignement souffre déjà d’une pénurie d’enseignants, d’un haut taux de burn-out, d’un manque de matériel et de moyens financiers criant. Dès lors, comment répondre efficacement à une situation de crise sans moyens humains et financiers supplémentaires?

    La crise du COVID-19 met en lumière le manque drastique de moyens dans tous les services publics, conséquences des coupes budgétaires dues aux politiques d’austérité. L’école en est un exemple parmi d’autres. Ainsi, des infrastructures scolaires, le ministre du budget et de la fonction publique en Fédération Wallonie-Bruxelles, Frédéric Daerden (PS) disait encore il y a quelques mois : « il y a un sous-investissement annuel de 60 millions ». Il estimait alors qu’«il faudrait grosso modo débourser la somme de 1,2 milliard.» [1] Et le journal L’Echo nous rappelait également début janvier que « le parc immobilier scolaire de la FWB est vétuste et sa rénovation urgente. Composé d’environ 2.930 bâtiments, dont 41% en semi-préfabriqués. (…) Face à cette situation, la direction générale des infrastructures scolaires (DGI) pose un constat clair : « sans intervention (…) un scénario catastrophe entraînerait la disparition de 75.000 places dans les écoles. »[2].

    Nous sommes clairement face à une crise des infrastructures dans l’enseignement causée par un sous-financement chronique. Aujourd’hui, il n’est pas inhabituel qu’il pleuve dans des classes de certaines écoles, certains bâtiments contiennent encore de l’amiante, il fait souvent trop chaud ou trop froid dans les locaux car les châssis sont vétustes et/ou la chaudière défaillante, du matériel de base comme des chaises et des bancs sont parfois insuffisants, de même que les toilettes. Les locaux sont souvent sales faute de personnel d’entretien en suffisance…

    Notre enseignement est un enseignement à plusieurs vitesses qui reflète toutes les inégalités de la société. Les chiffres sont alarmants, plus d’un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté en Fédération Wallonie-Bruxelles [3]. Selon les enquêtes PISA, un quart des élèves n’atteint pas le niveau de base en sciences, mathématique ou lecture. Un quart des élèves de 4e secondaire a déjà doublé plusieurs fois. Le système scolaire belge est l’un des plus inégalitaires : 3/4 des élèves de milieux modestes sont en retard dans leur scolarité, contre 10 % dans les milieux aisés. Or, la situation actuelle va encore accroître la concurrence entre écoles et réseaux, de même que la pression mise par et sur les directions. Certaines directions estiment qu’il faut ouvrir coûte que coûte compte tenu du fait que nous sommes dans une période d’inscription. Dans son interview du 26 avril, la secrétaire de l’inter-régionale bruxelloise de la CGSP-enseignement, Valérie Denayer, a d’ailleurs fait état de ses craintes concernant les «pressions de certains chefs d’établissements, à cause du marché scolaire pour ouvrir à tout prix ». [4]

    Quelle issue ?

    Ce qui est proposé pour le moment n’a pas de sens. Il s’agit d’une perte de temps et d’énergie. Sans doute faudrait-il plutôt s’occuper des difficultés scolaires que rencontrent certains élèves, des élèves en garderie et s’atteler posément à la préparation de la rentrée de septembre. Ce qui aurait plus de sens serait également d’assurer la tenue de délibérations correctes reposant sur la totalité du parcours scolaire des élèves au lieu de prévoir une accumulation de travaux d’été comme cela semble être la voie qui se dessine aujourd’hui. Le front commun a d’ailleurs sorti un communiqué de presse demandant du personnel supplémentaire pour les remédiations à partir de septembre [5]. C’est sur une telle évaluation continue que devrait reposer un enseignement qui place vraiment l’apprentissage des élèves au cœur de ses préoccupations. Mais pour ce faire, il faut notamment moins d’élèves par classe, plus de temps pour un accompagnement individualisé,… Et donc plus de moyens.

    Les enseignants n’ont pas attendu la crise sanitaire pour se préoccuper des élèves et de leurs parcours. Nous ne sommes pas dupes, les représentants politiques néolibéraux qui semblent s’inquiéter tout à coup des difficultés scolaires, de la fracture numérique ou des inégalités instrumentalisent ces sujets avec hypocrisie pour justifier la reprise des cours et surtout de l’économie.

    Celles et ceux qui ont la meilleure connaissance de la réalité de terrain sont les travailleurs du secteur eux-mêmes, qu’ils soient syndiqués ou non. Comme le front commun syndical le met en avant, il faut impérativement consulter les organes de concertation sociale locaux, mais il faudrait également les élargir aux élèves, aux parents et à l’ensemble du personnel, y compris ouvrier, syndiqué ou non. Ces organes doivent pouvoir décider, par la consultation de l’ensemble des travailleurs via des assemblées du personnel, si les conditions sont réunies pour les reprises des 18 et 25 mai.

    Tant qu’une réouverture saine et sûre de l’école ne peut être garantie, les enfants et le personnel doivent pouvoir continuer à rester à la maison. Pour alléger le fardeau des familles la réduction de moitié du temps de travail tout en maintenant les salaires est une solution. C’est la seule façon de maintenir une période de confinement nécessaire, tant aujourd’hui qu’en cas de reprise de la pandémie à l’avenir.

    La circulaire ministérielle l’affirme: « Si la sécurité n’est pas garantie, la reprise des leçons est retardée jusqu’à ce que des solutions soient trouvées. » Seule l’action des travailleuses et des travailleurs peut assurer que cette phrase soit plus qu’une simple tentative de faire passer la pilule au personnel des écoles à l’annonce de la reprise des cours. La CGSP et la CSC enseignement Bruxelles appellent d’ailleurs tous les pouvoirs organisateurs et les directions à leur envoyer les preuves de ce qu’ils vont mettre en place dans les écoles avant le 11 mai afin de pouvoir juger de la réouverture ou non des écoles. La CGSP enseignement Bruxelles invite également les membres du personnel à faire grève si les conditions ne sont pas garanties et que le PO ou les directions forcent la reprise des cours.

    À plus long terme, l’action des travailleuses et des travailleurs sera nécessaire pour riposter face aux pénuries constantes auxquelles l’enseignement doit faire face toute l’année. Nous entrons en effet dans une période de crise économique qui ne peut être comparée qu’à la Grande Dépression des années ’30, et nous savons d’expérience que la solution des partis traditionnels repose sur des cures d’austérité qui toucheront de nombreux secteurs essentiels. Le secteur de l’enseignement aura à se battre auprès de collègues d’autres secteurs. Le collectif d’action militant La Santé en lutte appelle d’ailleurs déjà à une grande manifestation de la santé dès que les conditions de déconfinement le permettront. Mobiliser dès aujourd’hui pour y constituer une délégation de travailleuses et travailleurs du secteur de l’enseignement serait une bonne occasion de faire converger nos luttes et de discuter plus spécifiquement des revendications qui s’imposent non seulement pour faire face à la crise, mais plus globalement en faveur d’un enseignement qui repose sur l’apprentissage et l’épanouissement des élèves.

    Nous exigeons donc un refinancement public de l’enseignement à hauteur des besoins – fixés par les comités de travailleurs, de parents, d’élèves – pour étudier et travailler dans des conditions correctes. Nous avons besoin de matériel pédagogique supplémentaire, de personnel en suffisance (enseignants, éducateurs, personnel d’entretien, personnel administratif, etc.), d’un maximum de 15 élèves par classe, de la rénovation de tous les bâtiments, de la construction de nouvelles écoles et enfin, de la gratuité complète et réelle durant tout le parcours scolaire ! Nous exigeons également des mesures telles que la réduction collective du temps de travail, l’abaissement de l’âge de la pension, ainsi que le statut de “définitifs” à tous les travailleurs afin de garantir une stabilité et une sécurité d’emploi.

    Pas de retour à la normale, la normale était le problème !

    Permettre un réel épanouissement des élèves doit également s’envisager en dehors des murs de l’école: par la garantie d’un accès réel à la culture, à l’éducation populaire, à des centres de jeunesse, de loisirs, de sports. Ce dont les jeunes ont le plus besoin, c’est d’une société qui leur offre des perspectives d’avenir. Et pour cela, le combat se mène également en dehors des murs de l’école. On ne peut pas demander à tous les élèves d’arriver de la même manière à l’arrivée alors qu’ils ne démarrent pas de la même façon !

    Cette crise a un effet loupe sur toute la société. La séquence extra-ordinaire que nous vivons a ainsi le mérite de mettre en lumière les nombreux dysfonctionnements systémiques dans divers secteurs vitaux/nécessaires pour la collectivité. Nous devons repenser l’école de fond en comble, mais aussi repenser toute la société. Une fois de plus nous avons pu constater que ce sont les travailleurs qui font tourner le monde, il est donc normal que ce soient eux qui le prennent en main pour le gérer de manière démocratiquement planifiée. C’est pourquoi, nous estimons que le prolongement logique de notre combat pour un enseignement qui repose sur l’épanouissement de toutes les personnes qui y sont impliquées est le renversement du capitalisme et l’instauration d’une société socialiste démocratique, où les secteurs-clés de l’économie seraient aux mains de la collectivité et gérés de manière démocratique.

    Notes :
    [1] https://www.lalibre.be/belgique/enseignement/1-2-milliard-d-euros-necessaires-pour-renover-les-ecoles-5e4a32bed8ad58685c1ec8f4
    [2] https://www.lecho.be/economie-politique/belgique/wallonie/quelque-75-000-places-menacees-par-la-vetuste-des-batiments-scolaires/10203831.html?fbclid=IwAR29UhAUb69bYVT4dBSVV9QPI2cpnY6QrFcO4XTdBm82OANBfPjj3-ognUA
    [3] https://www.rtbf.be/info/societe/detail_sans-l-ecole-certains-enfants-ne-mangent-pas?id=10097642”
    [4] https://bx1.be/news/les-syndicats-enseignants-souhaitent-deposer-un-preavis-de-greve/?fbclid=IwAR32bM9HAQXQvTgm6Ow86ISJrvc-IUZcr6EVpVRMGfR8Ri-2FOmJPHTbrBA
    [5] “Nous demandons donc des garanties de moyens NTPP pour faire face à ces enjeux””

  • Le personnel essentiel doit gagner des salaires essentiels !

    “14 euros de l’heure – L’argent est là”. Le PSL et les Etudiants de Gauche Actifs en campagne à Gand.

    Il nous faut des salaires plus élevés et un salaire minimum de 14 euros de l’heure !

    Tout le monde constate aujourd’hui ce qui fait tourner le monde. Ce ne sont pas les dirigeants politiques qui regardent leur nombril quand il faut prendre des décisions. Ce ne sont pas non plus les spéculateurs qui achètent et vendent frénétiquement des actions. Ce ne sont pas non plus les managers ou les directeurs que vous ne voyez pas sur le terrain dans les secteurs essentiels pour le moment. Non, ce sont les travailleurs de ces secteurs qui produisent et qui montrent maintenant à quel point ils sont essentiels, dans la distribution, le nettoyage ou les soins. Les salaires y sont peu élevés et où beaucoup ont un salaire inférieur à 14 euros de l’heure.

    Par Thomas (Gand)

    Avant tout, bien sûr, il y a le personnel soignant qui est dans l’œil du cyclone. Ils sont envoyés au front sans avoir été suffisamment testés et parfois sans protection adéquate. Des hôpitaux aux maisons de repos, on se plaint depuis des années de la pénurie de personnel pour offrir des soins dignes de ce nom. A chaque accord pluriannuel, le personnel ne demandait qu’une augmentation minimale des salaires, mais surtout davantage de collègues. Chaque soir à 20 heures, on applaudit maintenant les soignants. Ils méritent beaucoup plus que ça : non pas une prime unique sur laquelle aucune cotisation de sécurité sociale n’est payée, mais un salaire et des conditions de travail décents pour tous dans tout le secteur, du personnel d’entretien aux infirmières. C’est ce qu’exige le personnel. Après les applaudissements, ils auront besoin de notre soutien pour arracher cela !

    Il y a aussi beaucoup d’autres travailleurs qui continuent à travailler. Il suffit de penser au personnel des supermarchés, de l’entretien, des transports publics, de la collecte des déchets,… Ils se rendent souvent au travail avec la peur au ventre et beaucoup de doute, mais ils sont également fiers de pouvoir aider la population. Dans les supermarchés, ils ont travaillé très dur. Malheureusement, il a fallu beaucoup de temps avant que la direction ne prenne des mesures de protection. Souvent, cela ne s’est produit qu’à la suite de pressions exercées par le personnel.

    Les conseils d’administration examinent chaque mesure à l’aune de leur chiffre d’affaires et de leurs profits. Ainsi, Colruyt a brièvement essayé de stopper l’usage des masques de protection en prétendant que cela pourrait dissuader les clients… Dans les supermarchés, le personnel exige une prime conséquente : une compensation sérieuse pour la forte pression au travail dans des circonstances dangereuses. Cette prime doit servir de tremplin vers de meilleures conditions salariales dans le secteur !

    De nombreux héros qui continuent à travailler touchent un salaire bien maigre. La FGTB fait également campagne pour une augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure. Cela représente 2.300 euros bruts par mois, le minimum pour vivre dans la dignité. En fait, 14 euros est encore trop bas, mais ce serait une amélioration importante par rapport au salaire minimum actuel d’environ 9,5 euros de l’heure. Toutes les propositions relatives aux primes pour remercier les héros ont en général été accueillies favorablement. Mais le respect sous forme de salaires plus élevés et de 14 euros minimum, c’est encore plus !

    Et après la crise du coronavirus ? Allons-nous revenir à ce qui était considéré comme normal auparavant ? Ou allons-nous donner aux héros qui répondent à nos besoins quotidiens la reconnaissance qu’ils méritent ? Les actionnaires et les patrons profitent de la crise pour défendre leurs intérêts. Dans le domaine de la distribution, le gouvernement a rendu possible l’extension des heures d’ouverture par le biais de procurations sans aucune consultation sociale. Si nous voulons éviter que les patrons ne soient les gagnants de la crise, nous devrons nous organiser autour de nos revendications : des salaires plus élevés, un salaire minimum de 14 euros de l’heure, une protection adéquate, suffisamment de collègues,…

    Avec cette crise, nous constatons qui se trouve à nos côtés : les militants et les délégués syndicaux qui ont défendu notre sécurité sur le terrain. Pour faire respecter nos revendications, il va falloir nous battre avec eux et agir ensemble. Quand les travailleurs s’arrêtent, tout s’arrête ! Nous ne méritons pas seulement des applaudissements, nous méritons un salaire décent !

  • ‘‘Sauver des vies ou l’économie ?’’ Le capitalisme révélé pour ce qu’il est

    Les travailleurs font tourner le monde, il est temps qu’ils le prennent en main !

    La crise du coronavirus a fait éclater la montagne de problèmes économiques qui n’avaient été que repoussés depuis 2008. Nous entrons dans la pire crise économique depuis 1929. Des millions de travailleurs rejoignent aujourd’hui les rangs des chômeurs. D’après le FMI, la Belgique peut s’attendre à une récession de 6,9% en 2020 et à au moins 100.000 chômeurs en plus. Elio Di Rupo a déjà prévenu ‘‘Il faut être honnête, tout le monde va perdre une partie de ses revenus.’’

    L’expérience de la crise de 2008 nous a douloureusement appris que chacun ne fait pas partie de ce ‘‘tout le monde’’. Pour sauver la classe capitaliste, ceux qui ont envoyé 172 milliards d’euros de Belgique vers les paradis fiscaux en 2019, l’argent n’a pas manqué. La facture, ‘‘tout le monde’’ l’a payée, c’est-à-dire les travailleurs et leur famille.

    Il n’y a pas que pour la santé que l’on s’inquiète. “Entre la crainte de tomber malade et celle de perdre son emploi, il faut choisir”, résumait amèrement un travailleur de Colruyt sur 7sur7.be suite au décès d’un collègue, après avoir expliqué à quel point la direction de son magasin se moquait des mesures de distanciation sociale. En dépit des risques, nombreux sont celles et ceux dont la situation les pousse à espérer la fin du confinement et la fin du chômage technique, quitte à aller bosser la peur au ventre.

    Passons à l’offensive !

    Le mouvement des travailleurs doit se battre pour son propre plan de relance économique et sanitaire. Face aux menaces qui pèsent sur l’emploi, il faut assurer aux travailleurs que chaque entreprise qui procèdera à des licenciements collectifs sera expropriée et placée sous contrôle et gestion des travailleurs. Nous devons répartir le travail disponible par une réduction de la semaine de travail à 30 heures sans perte de salaire pour fournir à chacun un emploi aux conditions de travail équitables. Nous devons nous donner les armes pour faire face à la crise sanitaire, économique et écologique.

    De tels mots d’ordres socialistes peuvent rapidement saisir l’imagination des masses. Des associations françaises de soignants ont récemment exigé la ‘‘réquisition des moyens de production’’ de médicaments et matériel. Hier, ce terme pouvait sembler d’une radicalité abstraite. Aujourd’hui, c’est une évidence.

    Imaginons ce qui serait possible si un plan d’investissements publics massifs s’attaquait à la pénurie de logements sociaux, aux infrastructures sanitaires défaillantes, à l’isolation énergétique,… en créant des emplois socialement utiles avec un vrai salaire. Imaginons ce qui serait possible si un large et puissant secteur public de la recherche scientifique était à l’œuvre pour trouver un vaccin sur base de la coopération. C’est ainsi qu’on pourrait en finir avec le gaspillage d’énergie et de moyens engendré par la concurrence féroce entre multinationales pharmaceutiques. Imaginons ce qui serait possible si une approche planifiée était à l’œuvre pour que l’économie soit pensée et organisée pour répondre aux besoins de la population et non à la cupidité frénétique des actionnaires. Personne n’aurait à poser la question ‘‘sauver des vies ou l’économie’’.

    Cela signifie le non-paiement de la dette publique, sauf sur base de besoins prouvés, l’expropriation et la nationalisation du secteur financier et de secteurs-clés de l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. De cette manière, l’argent ne manquera pas pour assurer le bien-être collectif.

    Les murs les plus puissants tombent par leurs fissures

    La crise du Covid-19 montre l’étendue de la faillite du capitalisme, mais aussi que les ‘‘héros’’ qui tiennent la société sur leur dos, ce sont les éboueurs, les infirmières, les conducteurs de train et de bus, le personnel d’entretien, celui de la distribution,… Personne n’a parlé des actionnaires comme d’une activité essentielle.

    La situation actuelle est propice à la remise en question globale du système capitaliste. Nous devons nous enfoncer dans cette brèche avec audace. Sur le terrain syndical avec une riposte partant de la base pour défendre chaque emploi menacé, y compris par l’occupation des entreprises. Mais aussi sur le terrain politique en attaquant ouvertement la propriété privée des grands moyens de production et d’échange et en s’appuyant sur l’entrée en action des travailleurs et pas seulement sur leurs votes.

    La perspective d’une transformation socialiste de la société renforcerait ce combat et pourrait en même temps être davantage popularisée. La faillite du capitalisme exige de défendre une alternative.

    1) Le Soir, 13 avril 2020

  • [VIDEO] La lutte contre le coronavirus sur le terrain : un pompier / ambulancier prend la parole

    Lors du meeting en ligne du 1er mai organisé par le PSL / LSP, nous avons donné la parole à divers syndicalistes, dont Pablo Nyns, pompier et ambulancier à Bruxelles. Il a parlé de la situation dans le secteur des soins et a appelé à participer à la grande manifestation pour la santé à venir, une manifestation à l’initiative du collectif d’action militant La Santé en Lutte qui aura lieu dès que la situation sanitaire le permettra.

  • [VIDEO] Le capitalisme est le virus le plus mortel qui soit !

    Ce premier mai, le PSL / LSP avait organisé un meeting en ligne qui s’est conclu par une intervention de Bart Vandersteene, porte-parole national de notre parti. Dans celle-ci, il revient sur les nombreux avertissements lancés par le monde scientifiques concernant la probabilité d’une telle pandémie. Mais le capitalisme s’est révélé incapable d’y faire face pour une simple raison : ce système ne repose pas sur la santé et le bien-être de la population, mais sur la course aux profits à court terme. Mais une colère grandit et va atteindre des proportions inédites.

  • Carte rouge de la CGSP ALR / Hôpitaux IRIS : Refinancer les services publics et la santé !

    Refinancer les services publics et le secteur de la santé : une conclusion qui s’impose à l’heure de la pandémie.

    Depuis plus de vingt ans, nous dénonçons un sous-financement dans les soins de santé et l’ensemble des services publics. Cette pandémie n’a fait que mettre en lumière ce que nous, travailleuses et travailleurs de la santé, n’avons cessé de répéter.

    Cette situation chronique de manque de personnel, de dégradation de la qualité des soins, d’accélération des cadences, de gestion purement économique de nos institutions de soins, de lourdeur administrative des tâches informatisées n’ont fait qu’aggraver nos conditions de travail et la qualité du service rendu. Mais surtout, elle a créé, chez beaucoup trop d’entre nous, un sentiment profond de perte de sens dans notre travail.

    Bien que nous ne fussions pas prêts (décideurs politiques, gestionnaires d’institutions et travailleurs de terrain) à faire face à cette crise, nous avons, en quinze jours de temps, réorganisé toutes nos institutions grâce à la volonté et l’expérience des travailleurs.

    Aujourd’hui, après deux mois de travail intense en première ligne, nous sommes en colère. En colère car le gouvernement n’a pas fait face aux nécessités vitales du personnel des institutions de soins (pénurie d’équipements de protection, de tests de dépistages et insuffisance de mesures générales fortes de prévention sanitaire). En colère car la seule solution que le gouvernement nous propose pour la suite de la crise, c’est celle d’un système de réquisition du personnel soignant sous certificat médical imposé par la Ministre de la Santé Maggie De Block. En colère parce qu’elle se permet de brader la profession d’infirmière en permettant que d’autres travailleurs d’institutions de soins puissent effectuer des actes infirmiers. En colère car ce ne sont pas des « merci pour votre sacrifice » que nous voulons du gouvernement, mais des moyens financiers, du matériel de protection de qualité et en suffisance ainsi que des effectifs supplémentaires pour que nous ne devions, précisément, pas nous sacrifier.

    Pour nous, la priorité du gouvernement aurait être plutôt de réquisitionner immédiatement l’ensemble du matériel existant ainsi que les entreprises capables d’en produire. Ensuite, et afin de pouvoir suivre les recommandations de l’OMS sur le testing massif des prestataires des soins de santé et de la population, il aurait fallu élargir directement à l’ensemble des laboratoires agréés la compétence d’effectuer ces tests. Cela aurait été la seule manière d’atteindre une capacité de testing suffisante pour aider à diminuer radicalement l’ampleur de la crise. C’est une erreur grave dans le chef de notre gouvernement.

    Concernant les manquements du gouvernement en matière de prévention, il est clair aujourd’hui que le choix a été fait de maintenir la pleine activité économique, alors que l’épidémie faisait déjà de nombreuses victimes en Europe. Nous constatons que ce choix a été réitéré avec les mesures prévues pour le déconfinement, où l’économique prime à nouveau sur le reste.

    Ce dernier choix constitue une des grandes inquiétudes pour le personnel en première ligne. Quand on sait que rien n’est prévu pour soutenir l’activité dans les soins de santé en cas de deuxième vague, voire de troisième vague. Les équipes en première ligne sont fatiguées et ne pourront pas supporter les conséquences d’un déconfinement précipité et mal réfléchi.

    Certaines choses doivent également être clarifiées. A l’heure actuelle, le personnel hospitalier ou celui de certaines maisons de repos n’est toujours pas testé systématiquement et continue, malgré lui de transmettre le virus. Le matériel de protection (en quantité limitée et souvent de mauvaise qualité) ainsi que les médicaments, risquent à tout moment de faire défaut. N’oublions d’ailleurs jamais ce qu’il s’est passé dans les MR/MRS où les mesures ont été trop tardives, où le manque de matériel était encore plus important (et caché par les directions) et où le personnel a vécu et vit encore des situations dramatiques.

    Nous craignons que ce gouvernement continue sa politique sans écouter les travailleurs du terrain et sans concertation avec les représentants de ces travailleurs. Derrière l’appel à soutenir les « héros » de cette crise, la politique défaillante et, au fond, très méprisante envers les premiers concernés, crée les conditions optimales pour avoir une nouvelle vague catastrophique de personnes atteintes de Covid-19.

    Les services publics ont prouvé une fois de plus qu’ils sont essentiels au fonctionnement de notre société. Quand la société « se met à l’arrêt », nous continuons à travailler pour le bien-être de l’ensemble de la population. La sécurité sociale a ainsi permis d’éviter jusqu’à aujourd’hui une grande crise sociale comme celle que sont en train de vivre les travailleurs de certains autres pays. Ce sont ces deux piliers, services publics et sécurité sociale, que nous devons dès aujourd’hui renforcer. Comme tout le monde aura pu le remarquer, ce ne sont ni les fédérations patronales, ni les banques qui ont sauvé des vies, ou encore, garanti des revenus à la population pendant la pandémie.

    Nous avons donc rapidement besoin d’un réinvestissement massif dans la sécurité sociale et les soins de santé, afin d’améliorer les conditions de travail et pouvoir soigner dans les meilleures conditions possibles. Nous avons besoin d’une révision des normes d’encadrement en personnel soignant, la réduction du temps de travail sans perte de salaire et une gestion humaine des équipes pour permettre au personnel des établissement de soins de santé de tenir le coup toute une vie durant et ainsi assurer que des soins de qualité redeviennent un droit pour tous, sans distinction de classe sociale ou d’âge.

    A ceux qui diraient que, sous prétexte de crise économique, il n’y a pas d’argent pour réaliser cela, nous leur répondons qu’il faut aller chercher l’argent là où y est : dans les paradis fiscaux, en faisant payer les banques et les grandes entreprises. Même le FMI (qui ne peut sérieusement pas être suspecté d’être du côté des travailleurs) fait des recommandations de taxation des grandes fortunes et des entreprises pour relancer l’économie réelle et pour profiter de la crise afin d’opérer une reconversion dans l’économie verte. Pour une fois, nous sommes presque d’accord avec eux.

    Pour la CGSP ALR, il est clair que si nous nous laissons faire et que nous ne nous mobilisons pas pour une autre société, demain sera pire qu’hier. D’ores et déjà, nous appelons à soutenir l’appel à la Grande Manifestation de la Santé initiée par La santé en lutte. C’est, tous ensemble, que nous pourrons construire un avenir meilleur !

    Bruxelles, le 4 Mai 2020

    Les permanents santé IRIS de la CGSP ALR : Rosteleur Carine, Lancharro Rodriguez Marc, Renier Roxanne, Godfroid Dominique, Brikci-Nigassa Karim, Lorge Véronique

    Contact Presse : Carine Rosteleur 0498973618

  • Sans notre travail, leur capital ne vaut pas un balle !

    La crise du coronavirus démontre qui fait tourner le monde

    Ces dernières semaines, il est apparu clairement qui fait tourner le monde et qui ne le fait pas. Ce ne sont pas les CEO qui ont besoin de personnel pour compter leur argent afin que d’autres employés puissent le transférer vers des paradis fiscaux. Pas non plus les responsables politiques traditionnels qui, du haut de leur tour d’ivoire, n’ont pas vu cette catastrophe pourtant prévisible arriver et ont donc réagi beaucoup trop tard. Ni les commentateurs professionnels dominent nos médias depuis des années en prônant l’austérité et le démantèlement des services publics et de nos conditions de vie.

    Par Geert Cool

    Non, ceux qui font tourner le monde, ce sont les ‘‘héros’’ des soins, du secteur de la distribution (supermarchés et autres magasins), des transports publics, les facteurs, les enseignants,… Ces secteurs où les salaires sont généralement bas, mais dont le travail est pourtant essentiel. Kshama Sawant, Conseillère de ville à Seattle, a fait référence à juste titre à Karl Marx dans le magazine populaire Teen Vogue : ‘‘C’est la classe ouvrière qui crée de la valeur dans l’économie, tandis que les patrons s’en réservent la part du lion’’.

    Ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde. Alors pourquoi ne pourraient-ils et elles pas le prendre en main ? Même pour déterminer la stratégie de sortie du confinement en Belgique, aucun représentant du monde du travail n’est impliqué dans le GEES. Les ‘‘héros’’ d’aujourd’hui sont-ils les articles à mettre au rebus de demain ?

    Les gouvernements n’ont pas vu venir cette crise sanitaire. Il était pourtant déjà clair en janvier que le virus était hautement contagieux et mortel. Qui pensait sérieusement que le virus resterait confiné à la Chine ? Mais se préparer à l’éventualité aurait affecté les bénéfices des entreprises. Les gouvernements ont donc adopté la politique de l’autruche en espérant que tout irait bien.

    Cette négligence criminelle s’est ajoutée à une longue cure d’austérité dans le domaine des soins de santé tandis que les maisons de repos étaient la proie des multinationales. Un reportage de la chaîne flamande VRT avait résumé les choses en 2017 sous le titre éminemment approprié : ‘‘Soins minimums, profits maximums’’. Aujourd’hui, les personnes âgées paient jusqu’à 2.000 euros par mois pour être enfermées dans des maisons de la mort. Aucune préparation, aucune planification, une négligence mortelle et aucune mesure décisive pour faire face à la crise : voilà comment résumer la politique capitaliste.

    Cette situation désastreuse ne provient pas d’une simple catastrophe naturelle. Le capitalisme perturbe les équilibres écologiques et repose sur une logique où les soins sont progressivement supprimés tandis que le secteur pharmaceutique dépense aux Etats-Unis plus d’argent en publicité qu’en innovation et en recherche. Le Covid-19 est un virus qui a proliféré sur le terreau fertile de la pourriture du capitalisme.

    Les puissants de cette terre, ceux qui se sont isolés en toute sécurité dans leurs spacieux yachts et villas privés, veulent remettre la main-d’œuvre au travail le plus rapidement possible. Mesures de protection, distanciation sociale,… tout devient subordonné au profit. Pendant que nous comptons nos morts, ils comptent leur argent. À quoi servent tous ces appels à rester chez nous, alors que des dizaines de milliers de personnes sont obligées d’aller travailler quotidiennement, même dans des entreprises non-essentielles ? Avec cynisme, les patrons reconnaissent qu’une reprise rapide de l’économie entraînera des morts, mais cela ne compte pas face aux dommages que peuvent subir leurs profits.

    Le capitalisme est un système malade, c’est clair ! Nous avons besoin d’une société différente. Nous constatons déjà aujourd’hui les possibilités qui s’offrent à nous à cet égard. Oui, il y a beaucoup de peur et de frustration. Mais nous voyons aussi le développement extraordinaire d’une solidarité dans la population. L’engagement, souvent désintéressé, des travailleurs est phénoménal. C’est la classe ouvrière qui fait tourner le monde. Nous n’accepterons pas que les patrons nous fassent payer la crise par des licenciements, des économies sur les soins et les services publics ou une réduction de la protection sociale.

    Nous défendons une société socialiste où les besoins de la majorité de la population, y compris la défense de l’environnement, sont essentiels. Une utilisation démocratiquement et rationnellement planifiée de la richesse et des connaissances technologiques disponibles peuvent concentrer la créativité et l’engagement de la classe ouvrière vers un progrès bénéfique à tous. Cette alternative socialiste est nécessaire plus que jamais. Elle ne tombera pas du ciel, il va falloir nous battre pour y parvenir, autour de revendications directement liées à notre quotidien mais placées dans la perspective d’une transformation totale de la société. N’hésitez pas et rejoignez-nous dans ce combat!

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop