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Tag: Coronavirus
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Multinationales pharmaceutiques. La Bourse au détriment de la vie

Après deux ans d’épidémie et un an de vaccination, le capitalisme n’offre pas d’issue sérieuse. Nous ne sommes plus au Moyen Âge : les technologies, le savoir et les moyens de communication devraient nous permettre d’en finir avec cette pandémie. Qu’est-ce qui nous en empêche ? L’économie de marché reposant sur la propriété privée des moyens de production. Le capitalisme, en bref.
Par Julien (Bruxelles)
Au lieu de mobiliser les ressources existantes pour assurer la vaccination la plus rapide et efficace possible sur toute la planète, les actionnaires préfèrent planquer le savoir derrière des brevets. C’est bien facile d’accuser les non-vaccinés, ça permet de passer sous silence que l’émergence de nouveau variant est avant tout liée à la pénurie de doses pour les pays néocoloniaux, incapables de mettre autant d’argent sur la table que l’Union européenne ou les États-Unis (le variant Delta est d’ailleurs né en Inde et l’Omicron en Afrique). Selon l’OMS, fin novembre 2021, les pays à faibles revenus n’avaient reçu que 0,6 % des doses fabriquées dans le monde !
« Ne jamais gaspiller une bonne crise »Selon une étude du projet AccessIBSA (qui vise à améliorer l’accès aux médicaments en Afrique du Sud, au Brésil et en Inde), plus de 120 entreprises en Afrique, en Amérique latine et en Asie disposent de la capacité de fabriquer des vaccins à ARN-m. Elles pourraient le faire en ayant accès aux recettes technologiques et aux licences de Pfizer et Moderna. Il y a quelques mois, Joe Biden avait ouvert, d’une certaine manière, le débat sur la levée des brevets. Entre-temps, les vaccins contre le coronavirus ont permis aux actionnaires de s’en mettre plein les poches. D’un côté, cela alimente la méfiance envers les multinationales, qui rejaillit sur le principe de la vaccination. De l’autre, cela empêche toute campagne offensive de lutte contre la maladie en limitant les possibilités de production.
Autre manne de billets : les tests de dépistages. Eurofins, le numéro un mondial des analyses biologiques, entré en septembre dernier au sein du CAC40 (le principal indice boursier de la Bourse de Paris). L’entreprise réalise 60.000 tests PCR par jour en France. Sur les 9 premiers mois de 2021, la multinationale a réalisé un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros (dont un milliard uniquement dû au covid). Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise disait Winston Churchill. Les actionnaires l’ont bien compris.
Selon AccessIBSA, si les brevets sautent et que les plus de 120 entreprises du monde néocolonial susmentionnées s’engageaient immédiatement dans la production, la population mondiale pourrait être vaccinée en 6 mois. Et encore, ce calcul ne tient pas compte des autres géants du secteur pharmaceutique qui ne produisent pas de vaccins contre le corona. Pour défendre sa cause, AccessIBSA fait remarquer à juste titre que ces vaccins ont largement été financés par les moyens publics : à hauteur de 500 millions de dollars du gouvernement allemand pour BioNTech et de plus d’un milliard du gouvernement états-unien vers Moderna par exemple. Cette estimation de 6 mois est toutefois peut-être légèrement optimiste en considération des diverses pénuries, notamment dans le secteur pharmaceutique, qui ont explosé avec la crise du coronavirus.
Cette étude a l’immense mérite de donner un aperçu de ce qui serait possible dans une société débarrassée du profit. Aujourd’hui, même si les brevets disparaissaient pour les vaccins sous pression d’une lutte intense, les multinationales récupéreraient les sommes perdues sur d’autres médicaments. On n’apprend pas à un tigre à devenir végétarien. Dans cette société capitaliste, bien que l’humanité soit matériellement bien capable de sortir rapidement de la pandémie, les actionnaires sont tels ces personnages du film Dont Look Up qui observent une comète foncer sur la Terre et ne voient pas plus loin que leur bout de leurs comptes en banques. Comme Marx le disait : «Ce sont généralement les capitalistes les plus inutiles et les plus misérables qui tirent le plus grand profit de tous les nouveaux développements du travail universel de l’esprit humain et de leur application sociale par le travail combiné.» Une fois de plus, l’Histoire lui donne raison.
La levée des brevets sur les vaccins contre le coronavirus représenterait une certaine avancée, c’est certain. Mais il nous faudra cependant bien plus pour en finir avec l’épidémie, notamment en investissant massivement dans les soins de santé et dans l’enseignement. Le PSL/LSP défend la mise sous propriété publique sous contrôle et gestion démocratiques l’entièreté du secteur pharmaceutique, de même que des secteurs-clés de l’économie, pour organiser la production sur une base démocratiquement planifiée. Cela permettrait de répondre aux besoins sociaux et environnementaux du moment tout en ayant une perspective à plus long terme.
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Polarisation de la société : quels facteurs creusent le fossé ?

« J’ai très envie d’emmerder les non-vaccinés ! ». Ce n’est pas une infirmière en burn-out qui a parlé ainsi, mais Emmanuel Macron, qui a estimé qu’ajouter de l’eau au moulin de la polarisation de la société française lui sera électoralement profitable. Lorsqu’elle a éclaté, la pandémie a plutôt suscité des élans de solidarité et d’entraide, venant des citoyens : les uns organisaient des réseaux de soutien pour approvisionner les personnes isolées, les autres fabriquaient des masques de protection, et les démonstrations de solidarité envers le personnel soignant étaient quotidiennes. Mais que s’est-il passé pour que la solidarité cède la place à la division ?
Par Jean (Luxembourg)
La réponse se trouve en grande partie dans la gestion de la crise sanitaire, parsemée d’errements et d’erreurs qui ont semé le doute et la défiance dans la population (seulement 29% des habitants font confiance au gouvernement De Croo dans sa gestion de la pandémie). Deux éléments sont à souligner : d’une part, les mesures du gouvernement qui s’éloignaient régulièrement des recommandations des experts sanitaires pour ne pas entraver l’économie, ou plutôt pour ne pas entraver les profits des patrons et des actionnaires. D’autre part, la stratégie qui a consisté à faire du vaccin LA solution à tous les problèmes, alors qu’il était clair dès le départ que ce vaccin devait jouer un rôle majeur, mais qu’il ne fallait pas compter uniquement sur lui pour éradiquer le virus.
À cela s’ajoute un investissement toujours beaucoup trop faible dans les soins de santé, avec pour résultat un système de santé et des soignants sur les genoux. Dans ce contexte, les mouvements antivax ont pu trouver une audience significative en surfant sur la défiance croissante de la population envers le gouvernement et l’industrie pharmaceutique. Cette défiance parfaitement légitime a été exacerbée et extrapolée par les antivax pour contester des vérités scientifiques à coup de fake news et sur fond de complotisme préexistant. Pour le dire plus clairement, il y a de bonnes raisons de critiquer la politique vaccinale et de ne pas faire confiance aveuglément à « Big Pharma », mais ceux qui refusent par principe la vaccination nient dangereusement les évidences scientifiques et surtout, se trompent d’ennemi.
Ceci étant dit, diaboliser les non-vaccinés, c’est également se tromper d’ennemi. Plus grave, c’est créer de la division, dans une situation où la cohésion et la solidarité sont plus nécessaires que jamais. C’est aussi renforcer le sentiment victimaire chez les non-vaccinés qui se considèrent à tort comme des « résistants » à une politique sanitaire « totalitaire ».Face à cette situation, nous devons nous battre contre 2 adversaires en même temps : le gouvernement et ses solutions bancales d’une part, les antivax radicaux fascisant d’autre part. Pour mener cette bataille, nous devons mettre en avant des solutions qui soient sans concession sur le plan sanitaire, et en même temps de nature à renforcer la solidarité, seul véritable rempart contre la polarisation.
Nous devons exiger :
• Le droit universel à la vaccination par la levée des brevets sur les vaccins.
• Des tests de dépistage gratuits pour tous.
• Un plan d’investissement public massif dans les soins de santé, à la hauteur des besoins réels, déterminés par les travailleurs et travailleuses du secteur ; pour l’engagement de personnel supplémentaire avec de bonnes conditions de travail et de salaire.
• Un véritable service public national de santé, géré démocratiquement par les travailleurs et travailleuses, permettant une approche préventive des soins de santé ;
• Une campagne de vaccination aussi large que possible pour lutter contre la pandémie, accompagnée d’une information publique transparente menée par des instances indépendantes du gouvernement et des Big Pharma. Il faut convaincre les non-vaccinés et non les réprimer.
• La mise sous contrôle public de la recherche scientifique.Nous devons également rejeter toute atteinte aux droits des salariés sous couvert de politique sanitaire. La mise en place d’une obligation vaccinale ouvrirait inévitablement la porte à des licenciements. C’est inacceptable, surtout pour le personnel soignant qui a déjà payé un lourd tribut à cette crise sanitaire. Ce sont les travailleurs et leurs syndicats qui doivent décider des modalités d’application des règles sanitaires à mettre en vigueur dans leurs entreprises. Les règles sont toujours mieux acceptées quand on les a discutées et décidées ensemble, démocratiquement.
Dans cette crise sanitaire, c’est le gouvernement qui a creusé le fossé. « Diviser pour régner » est une vieille recette qui fonctionne toujours. Mais la polarisation a également des causes systémiques : une gestion efficace et harmonieuse de la pandémie est tout simplement impossible dans le cadre du capitalisme. Tant que les profits passeront avant la santé et l’environnement, nous vivrons des crises en cascade.
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La faiblesse des gouvernements mise à nu par les mobilisations du secteur culturel, un exemple à suivre

Des actions qui ont fait tomber le rideau sur la fermeture arbitraire du secteur culturel L’entrée en action du monde culturel et du secteur du divertissement bénéficiait d’un large soutien, les gouvernements ont été contraints de reconsidérer la décision de fermer ces secteurs. La faiblesse des différents gouvernements a été démontrée au grand jour. L’événement a également illustré à quel point les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie visent principalement à sauvegarder les profits des grands acteurs économiques. Dans ce cadre, la culture n’est considérée que comme un luxe parfaitement facultatif. Le dédain des autorités vis-à-vis du secteur a été maintes et maintes fois démontré depuis le début de la pandémie.
Le Comité de concertation, dans lequel tous les gouvernements du pays sont représentés, entendait prendre des mesures juste avant les vacances de Noël destinées à faire comprendre que la pandémie n’est pas terminée et que le danger du nouveau variant Omicron n’est pas à prendre à la légère. Mais adopter de nouvelles mesures restrictives étant une question sensible, une solution apparemment “facile” a été choisie : pas de nouvelles mesures, sauf pour les secteurs de la culture et du divertissement. La décision est tombée sur ceux-ci sans la moindre consultation avec les principaux concernés. Pourtant, l’institut scientifique Sciensano avait clairement fait remarquer que les théâtres, les cinémas et les salles de concert ne sont pas des lieux où de contamination massive.
La mobilisation du secteur culturel a pu compter sur un large soutien. Le dimanche 26 décembre, entre 5000 et 15.000 personnes se sont réunies au Mont des Arts à Bruxelles. Au même moment, des centaines d’autres étaient rassemblées devant le cinéma Sauvenière à Liège. Plusieurs lieux indiquaient clairement leur intention d’entrer en désobéissance civile en restant ouvert malgré l’interdiction. Plusieurs décideurs politiques, y compris de partis présents aux gouvernements, ont alors subitement tourné casaque. Le président du PS, Paul Magnette, a déclaré qu’une erreur collective avait été commise lors du comité de concertation tout en disant soutenir les critiques du monde culturel tout en rejetant la responsabilité de la décision sur les ministres de la culture qui n’ont pas su défendre “leur” secteur. Une décision du Conseil d’État a débloqué la situation et a contraint le gouvernement à revenir sur la fermeture du secteur culturel.
Le gouvernement fédéral n’est pas le seul a avoir reçu une baffe, c’est le cas de tous les gouvernements du pays. Déjà affaiblis, ils ressortent de l’aventure encore moins vigoureux. Le tandem De Croo-Vandenbroucke est aux prises avec l’opposition interne des partis gouvernementaux, dont l’imprévisible président du MR, George Louis Bouchez, qui a déjà failli faire exploser le gouvernement wallon récemment. Mais le PS tente de se profiler au risque de mettre à mal la coalition Vivaldi. Quant au gouvernement flamand, dont le discours est systématiquement qu’il se débrouille mieux que les autres, ce n’est visiblement pas le cas. Il est lui aussi aux prises avec des tensions internes, le leader de l’Open-VLD Bart Somers déclarant par exemple qu’en s’y prenant de la sorte le gouvernement « Jambon I ne sera pas un succès ».
Cette mobilisation a clairement mis en évidence la faiblesse des gouvernements. Le mouvement des travailleur.euse.s doit se saisir de l’occasion pour défendre plus catégoriquement les intérêts et les préoccupations de la classe travailleuse et passer à l’offensive.
N’est-ce pas le moment d’intensifier la lutte en faveur d’un plan massif et immédiat d’investissement public dans les soins de santé ? Pourquoi ne pas appeler à une manifestation nationale, couplée à des revendications telles que l’abolition des brevets sur les vaccins et la nationalisation du secteur pharmaceutique sous contrôle et gestion des travailleur.euse.s ?
D’autre part, dans ce contexte de hausse rapide de l’inflation, ne serait-il pas temps de développer un véritable plan d’action qui ne se contente pas de donner l’occasion de se défouler, mais vise consciemment à construire un rapport de forces autour de revendications claires, comme l’abolition de la loi sur les salaires de 1996 et la nationalisation de la totalité du secteur de l’énergie pour assurer une transition écologique et des prix abordables pour la population ? Si le mouvement des travailleur.euse.s (tant les syndicats que la gauche) ne s’engage pas dans la lutte pour une transformation de la société, d’autres forces tireront profit du mécontentement et de la frustration.
Chaque crise illustre l’étendue de l’échec du système tout en aggravant les autres. Les activistes du climat qui scandent le slogan « system change » ont raison. Nous devons renverser ce système où tout est sacrifié pour les profits des actionnaires. La crise sanitaire n’a-t-elle pas suffisamment démontrer dans quel cul-de-sac cela nous mène ? Il suffit encore de penser à la décision de la Commission européenne de donner au gaz et à l’énergie nucléaire un “label vert”…
Il nous faut un système différent, et celui-ci doit reposer sur les intérêts et les besoins de la majorité de la population. Les moyens ne manquent pas pour cet autre monde : en 2021, les dix personnes les plus riches de la planète se sont enrichies de 400 milliards de dollars supplémentaires. Imaginez ce qui serait possible si les ressources disponibles sur cette terre étaient utilisées démocratiquement pour permettre une vie saine et décente pour toutes et tous ! Cela nécessite de se battre : la transformation socialiste démocratique de la société ne tombera pas du ciel, aucun cadeau ne nous sera donné par les capitalistes qui regardent la planète brûler : nous devons nous organiser et nous battre pour finalement abattre le capitalisme.
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Propriété intellectuelle. Big Pharma gagne des milliards grâce à l’apartheid vaccinal

Image : wikicommons Tant que le monde ne sera pas protégé contre le COVID, chacun sera en danger et nous verrons l’émergence de nouveaux variants les unes après les autres. Le monde devra apprendre l’alphabet de bien d’autres langues si l’on ne met pas fin aux pratiques des multinationales pharmaceutiques.
Par Cathal Curran, Socialist Party (ASI-Irlande)
A peine un mois après la découverte du variant Omicron, celui-ci s’est déjà répandu dans le monde entier, a entraîné le retour de restrictions sévères sur la vie de millions de personnes et a rapporté des milliards aux actionnaires des fabricants de vaccins. Au cours de la première semaine qui a suivi la découverte du nouveau variant, les huit principaux actionnaires de Pfizer et Moderna ont gagné plus de 10 milliards de dollars grâce à l’envolée de leurs actions, en plus des centaines de milliards qu’ils étaient déjà prêts à gagner grâce à la production de vaccins.
L’apartheid vaccinal
La monopolisation de ces vaccins vitaux permet à Pfizer et Moderna de contrôler toute la production et de vendre au plus offrant, en laissant les pays pauvres avec un nombre minimal de doses. En Afrique, 10 % seulement de la population est entièrement vaccinée, alors que la moyenne en Europe, en Asie et en Amérique du Nord est d’environ 65 %.
La plupart des États membres des Nations unies ont voté en faveur de dérogations aux brevets sur les vaccins Covid afin que les sociétés pharmaceutiques partagent leurs “recettes” pour que la production soit assurée par les États eux-mêmes. Les installations que cela exige existent. L’Organisation mondiale de la santé a contré le discours raciste selon lequel ces pays ne disposent pas des capacités et compétences nécessaires en soutenant une usine et des scientifiques en Afrique du Sud pour développer et produire leur propre vaccin. Toutefois, il est admis que de nombreuses années et vies pourraient être sauvées s’ils n’avaient pas à créer leur propre recette.
La propriété intellectuelle
La plupart des grands gouvernements capitalistes ont résisté à cet appel jusqu’à présent, car ils considèrent la propriété intellectuelle comme une propriété fondamentalement privée, c’est-à-dire absolument cruciale pour l’existence du capitalisme. Dans le cas présent, les détenteurs de la propriété intellectuelle (Pfizer et Moderna) acquièrent des connaissances (des vaccins à ARNm qui sauvent des vies) par certains moyens (une recherche financée à 100% par les autorités publiques concernant Moderna, dans une large proportion concernant Pfizer) et font ensuite payer ce qu’ils veulent pour cela, en refusant l’accès à toute personne incapable de payer. Procéder de la sorte serait nécessaire afin de fournir une « incitation » et « s’assurer que nous avons quelqu’un pour développer le prochain vaccin », malgré le fait que les humains ont toujours développé des médicaments et de nouvelles technologies, bien avant que de telles lois ou le capitalisme lui-même n’existent.
Comme tous les produits, les produits de la connaissance sont créés par des travailleuses et des travailleurs. Toutefois, dans le cadre du capitalisme, celles et ceux-ci ne sont pas propriétaires de ce qu’ils produisent, mais plutôt du capitaliste qui loue l’utilisation de ces connaissances à un prix élevé. Les lois sur la propriété intellectuelle signifient que la méthode de production, le processus de création du produit, est également la propriété exclusive du capitaliste, ce qui prive les autres de la possibilité de l’utiliser. Par conséquent, ces lois inhibent le progrès au lieu de l’encourager, car elles empêchent l’expérimentation et la collaboration, et aboutissent à un système où le premier à revendiquer un brevet obtient tout et où toutes celles et ceux qui ont contribué à sa création, ainsi que le reste de la société, n’obtiennent rien.
Les gouvernements capitalistes craignent que la levée des brevets dans cette situation n’entraîne ne constitue un dangereux précédent. Cela ouvrirait la porte à la remise en question générale des lois sur la propriété intellectuelle qui restreignent la production d’autres médicaments vitaux ou encore de nouvelles technologies capables d’aider à affronter la crise climatique. Les grandes entreprises ne seront peut-être plus libres d’accaparer ces nouvelles avancées dans le but de faire plus de profits, mais l’humanité dans son ensemble pourra en bénéficier.
La propriété publique démocratique
Les multinationales pharmaceutiques réalisent leurs profits à nos dépens. En accaparant la propriété intellectuelle afin d’être les seuls à pouvoir fabriquer et vendre les vaccins, Pfizer et Moderna font ce que les entreprises d’une économie capitaliste doivent faire : placer leurs profits au-dessus de tout. Il appartient à la classe ouvrière et aux pauvres du monde entier de lutter pour mettre fin à ce monopole. C’est la seule façon de parvenir à l’équité mondiale en matière de vaccins dont nous avons désespérément besoin.
La levée des lois sur la propriété intellectuelle pour les vaccins Covid est une revendication immédiate, afin que les usines et les pays du monde entier puissent commencer à produire leurs propres vaccins et mettre fin à cette pandémie une fois pour toutes. Mais ces entreprises pharmaceutiques devraient être nationalisées sous contrôle et gestion démocratiques afin que tous les progrès de la science médicale soient partagés dans le monde entier dans le but de sauver des vies.
Si Pfizer et Moderna étaient détenues par le secteur public et dirigées démocratiquement par les travailleuses et travailleurs – c’est-à-dire par celles et ceux qui ont réellement créé le vaccin – ces entreprises pourraient partager leur travail afin de permettre de vivre dans une collectivité sûre et saine. Comme le disait Karl Marx : « Ce sont généralement les capitalistes les plus inutiles et les plus misérables qui tirent le plus grand profit de tous les nouveaux développements du travail universel de l’esprit humain et de leur application sociale par le travail combiné. »
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Ce système est malade – Tout sera différent une fois aux commandes la classe des travailleurs et travailleuses

Les vaccins contribuent à nous protéger. Il ne faut toutefois pas y voir la panacée qui nous conduira au « Royaume de la liberté », surtout en l’absence de stratégie de vaccination mondiale. Les capacités de production ne manquent pas pour ce faire, mais elles sont emprisonnées dans la propriété privée des moyens de production. La crise sanitaire met à nu les déficiences du capitalisme. Des problèmes économiques à l’escalade des catastrophes environnementales, les crises se renforcent les unes les autres et conduisent toutes à une même conclusion : ce système est malade, il est grand temps de le renverser !
Par Geert Cool, article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
La quatrième vague de la pandémie illustre dans la douleur le cul-de-sac où conduisent les raccourcis et les belles paroles. Celles-ci sont de moins en moins convaincantes, si bien que les gouvernants se rabattent sur la division et la répression.Cela ne peut que renforcer la méfiance qui se diffuse déjà aux quatre vents, avec son lot de conversations pénibles entre collègues et amis. Seul le mouvement des travailleuses et travailleurs est en mesure de nous tirer de cette impasse. La première vague a mis en lumière que c’est lui qui fait tout tourner, pas les actionnaires. C’est également lui qui peut tout renverser et prendre en main.
Quand notre vie est confrontée à de graves difficultés, nous ne négligeons aucun effort pour y faire face. À chaque catastrophe, nous constatons à quel les gens regorgent d’une grande inventivité et d’une grande solidarité instinctives. Nous devons traduire cela pour affronter un problème social comme cette pandémie. Il faut rassembler toutes les connaissances, tout le savoir-faire et toutes les capacités scientifiques pour les déployer de façon à vaincre la pandémie. Mais cette mise en commun des possibilités entre immédiatement en conflit avec la loi du profit aujourd’hui au centre de tout.
Pfizer, BioNTech et Moderna réalisent ensemble 1.000 dollars de bénéfices PAR SECONDE alors que les populations des pays les plus pauvres n’ont pas accès aux vaccins. Ces trois géants ont pu compter sur au moins 8 milliards de dollars d’argent public pour le développement de leurs vaccins. Le doublement du chiffre d’affaires de Pfizer a déjà permis à la société d’augmenter de 3 % ses dividendes par action.
La science qui sous-tend les vaccins est essentielle pour protéger la population mondiale de cette pandémie. Mais la stratégie vaccinale ne sera efficace que si cette technologie est libérée des contraintes imposées par la propriété privée de la connaissance et des capacités de production. Big Pharma n’a finalement absolument aucun intérêt à ce que cette pandémie se termine rapidement. Nous ne devons pas laisser ce secteur vital être la proie de la recherche du profit maximal !
Combien d’autres vagues nous faudra-t-il avant que le secteur des soins de santé ne soit revu de fond en comble ? En commençant par drastiquement augmenter le personnel et les infrastructures. Actuellement, le manque de moyens conduit la totalité du personnel soignant droit à l’épuisement. Quant aux capacités de dépistage et de traçage, tout a été réduit au premier signe de diminution des contaminations. Près de deux ans après le début de la pandémie, il n’existe toujours pas de véritable système de tests gratuits à grande échelle. Les gouvernements semblent n’avoir rien appris des vagues précédentes. Ils ne sont pas stupides, ils sont juste coincés dans la camisole de force de la logique du système capitaliste. Les travailleurs et travailleuses de la santé et la collectivité doivent pouvoir décider eux-mêmes de ce qui est nécessaire pour sortir de l’impasse.
Chaque contradiction du capitalisme renforce l’impact de la pandémie. La rupture croissante de l’harmonie entre l’homme et la nature a joué un rôle dans la transmission du virus de la chauve-souris à l’homme. Le capitalisme est fait de relations mondiales, mais le système reste essentiellement géré au niveau national. La propriété privée des moyens de production empêche la libre coopération dans le développement des vaccins et l’élaboration d’une stratégie globale pour la vaccination. Avec la logique austéritaire de ces dernières années, c’est à peine si des secteurs tels que les soins de santé et l’enseignement ont pu garder la tête hors de l’eau.
Notre destin doit être protégé de la course infernale aux profits. La classe des travailleurs et travailleuses elle-même doit passer à l’offensive et mobiliser toutes les ressources et richesses disponibles. Aucune crise ne peut être résolue sans remettre en question l’ensemble du système capitaliste. Nous en débarrasser exige de construire dès aujourd’hui le rapport de force nécessaire pour briser l’emprise de Big Pharma, arracher plus de moyens pour les soins de santé, placer la totalité de la recherche scientifique sous contrôle et gestions publics, élaborer une véritable stratégie mondiale contre la pandémie reposant sur la solidarité et la coopération,… Le potentiel pour des luttes croissantes est là : début novembre, des dizaines de milliers de jeunes et de travailleurs et travailleuses ont manifesté pour un « changement de système » lors de la COP26 à Glasgow ; fin novembre nous avons protesté contre les violences sexistes et LGBTQUIA+phobes ; dans de nombreux secteurs les travailleurs et travailleuses ont mené des grèves et actions. Nous devons réunir et mobiliser tout ça en une lutte commune pour une transformation socialiste de la société, c’est-à-dire une société où la classe des travailleurs et travailleuses est aux commandes !
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Nouvelle vague covid : le capitalisme et ses représentants politiques sont responsables !
Le mouvement des travailleurs et travailleuses doit réagir de manière offensivePrès de 2 ans après le début de la pandémie, c’est toujours l’impréparation la plus totale. Aucun scénario n’existait pour la possibilité d’une forte circulation du variant delta, y compris parmi les personnes vaccinées, ou de l’apparition d’un autre variant plus coriace. Un système de dépistage efficace qui n’alourdit pas l’énorme charge de travail des médecins se fait toujours attendre. À nouveau, des patients atteints de maladies ou victimes d’accidents graves ne pourront pas être pris en charge. Ce manque de prévoyance et de planification est criminel.
Dossier de Stéphane Delcros
Pointer du doigt les non-vaccinés et s’enfoncer dans une politique de répression ne résoudront rien au manque de moyens dans les soins de santé. Cela sert par contre surtout à dévier l’attention de la responsabilité des autorités tout en divisant la population. « Diviser pour mieux régner », la recette n’est pas neuve. Mais la gauche et le mouvement des travailleuses et des travailleurs ne doivent pas laisser la critique du gouvernement aux antivax et à l’extrême droite, qui n’ont aucune solution.
Encore heureux qu’il y ait eu, au début de la pandémie, le groupe d’action militant « La Santé en Lutte » pour réunir les témoignages de terrain, élaborer un programme de revendication sur cette base et appeler à des actions et manifestations, essentiellement à Bruxelles, mais aussi en Wallonie. Nos soins de santé craquaient déjà de partout avant la pandémie, minés par le manque de moyens, la marchandisation et la logique managériale. Une fois que la pandémie a frappé, le personnel s’est retrouvé démuni, sans suffisamment de matériel adéquat ou de collègues. Il n’a pourtant pas ménagé ses efforts, jusqu’à l’épuisement, parfois dans l’isolement le plus total, de crainte de contaminer des proches.
Toute la société était prête à soutenir un combat du personnel soignant. Un potentiel gigantesque. Mais les directions syndicales et le PTB n’ont pas pris au sérieux l’organisation d’un véritable rapport de force à la base avec agitation sur les lieux de travail, actions et manifestations. Le collectif La Santé en Lutte s’est retrouvé bien seul au front en jouant un rôle moteur dans diverses actions (dont la haie du déshonneur à l’Hôpital Saint-Pierre où les soignantes et soignants ont tourné le dos à la Première ministre Sophie Wilmès en mai 2020) et en organisant les seules manifestations nationales de la santé en septembre 2020 et en mai 2021. Le collectif a subi attaques et pressions de toutes parts, y compris de la part d’une partie des directions syndicales. Sans ce groupe militant et la « colère blanche » (Witte woede) en Flandre, relayés au Parlement par le PTB, il y a fort à parier que les budgets supplémentaires promis pour refinancer les soins de santé n’auraient pas été débloqués par les autorités. « La paix sociale dans ce secteur peut avoir ce prix », disait Servais Verherstraeten (CD&V). Ces sommes sont les bienvenues, mais elles restent largement insuffisantes et tardent d’ailleurs à arriver sur le terrain.
La 4e vague frappe les hôpitaux alors que la situation est bien plus grave qu’auparavant. L’ensemble du personnel soignant est à bout de souffle. Dans les hôpitaux, l’absentéisme est plus élevé que jamais. À l’Hôpital Universitaire de Gand (UZ Gent) – entre les burn-out, les maladies diverses et les quarantaines – 20% des soignants et soignantes sont absents en ce moment. À la surcharge de travail est venu s’ajouter le fait de devoir refuser de prendre en charge certains patients non-covid, chose qui pèse lourdement sur le mental du personnel.
La vaccination obligatoire du personnel soignant
Entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, les membres du personnel soignant qui ne seront pas vaccinés seront suspendus. À partir du 1er avril, ils seront licenciés (avec droit aux allocations de chômage), sauf s’ils ont demandé le maintien de leur contrat (ils seront alors suspendus et pourront chercher du travail dans un autre secteur). Comme le souligne Évelyne Magerat, secrétaire permanente CNE pour les hôpitaux Bruxelles et Brabant Wallon : « Si le 1er avril, il y a 15% du personnel en moins, en plus de celui qui est absent aujourd’hui, ça va être une catastrophe en termes de santé publique. (…) Aujourd’hui, on doit fermer des services, des lits hospitaliers parce qu’il n’y a pas assez de personnel. Est-ce que le gouvernement va mettre de côté ce personnel essentiel pendant la crise ? » En réalité, dans toutes les unités de soins, le personnel ne peut s’imaginer comment faire s’il perd ne serait-ce qu’un seul membre du personnel non vacciné…
Bien entendu, les soignants et soignantes doivent pouvoir travailler avec un maximum de sûreté ; de même que les patients ont le droit d’être soignés dans un environnement le plus sain possible. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est opposée au principe d’obligation vaccinale et insiste sur le fait de convaincre plutôt que contraindre. Au lieu de l’obligation vaccinale, des tests de dépistage devraient être régulièrement effectués afin de pouvoir détecter l’éventuelle présence de cas covid-positifs parmi le personnel. Le dépistage quotidien du personnel permettrait de maintenir l’unité du personnel et d’offrir le temps nécessaire à des campagnes visant à convaincre les collègues de l’utilité du vaccin. Cela s’impose également pour détecter les contaminations survenant en dépit de la vaccination. Mais évidemment, tout cela exige des moyens pour du personnel, du matériel et des laboratoires supplémentaires. Un éventail d’autres possibilités existent également, comme la possibilité pour les soignants non-vaccinés de s’occuper de tâches administratives ou autres qui ne nécessitent pas de contact avec les patients.
Comme le soulignent les organisations syndicales du secteur : « ce sont les conditions de travail déplorables qui sont le véritable danger en matière de qualité des soins ». Elles ont raison de s’opposer à cette mesure de vaccination obligatoire et d’organiser des rassemblements et une journée nationale d’actions en front commun le 7 décembre. Avec la manifestation nationale du 4 décembre des pompiers, cela offre l’occasion de rectifier le tir en donnant corps à la voix des travailleuses et des travailleurs. Il ne faut pas en rester là.
Une méfiance compréhensible
Faute de réactions de la gauche syndicale et politique à la hauteur des enjeux, la colère sociale a cherché à s’exprimer d’autres manières. C’est ainsi que le 21 novembre, deux jours après l’annonce de l’accord du gouvernement concernant la vaccination obligatoire dans le secteur des soins de santé, plus de 35.000 personnes ont participé à la manifestation « Ensemble pour la liberté » dans la capitale. Cette mobilisation faisait écho à d’autres aux Pays-Bas, en Italie, en Autriche ou encore en France métropolitaine. En Guadeloupe et en Martinique, l’imposition de l’obligation vaccinale pour le personnel soignant a été reçue comme une gifle supplémentaire par une population structurellement discriminée par l’État français. Des grèves générales y ont été déclenchées contre l’obligation vaccinale pour les soignants, mais aussi contre la cherté de la vie et le prix des carburants ainsi que pour des augmentations des salaires et des allocations sociales. Méfiance envers les autorités, colère contre la hausse des prix de l’énergie et le coût de la vie en général,… les événements ne sont pas sans rappeler le mouvement des Gilets jaunes fin 2018 -début 2019.
Alors oui, on trouvait à Bruxelles le 21 novembre bon nombre de complotistes et d’antivax de même que des individus et groupes d’extrême droite (Vlaams Belang, Voorpost, Schild&Vrienden, Nation, Civitas,…), qui ont habilement manœuvré pour se mettre en avant. Beaucoup d’autres, vaccinées ou non, les personnes présentes à cette manifestation expriment un ras-le-bol et des doutes bien plus généralisés. Les autorités ont collectionné les incohérences avec une arrogance jamais démentie. À l’été 2020, le problème, c’était les jeunes. Ce mois de septembre, c’était les Bruxellois. Et puis finalement non. Au même moment, la Flandre et ses 95% de vaccinés rouvrait toute la société comme si l’affaire était pliée. Bardaf, ça n’aura duré qu’un mois. Du cirque des masques au début de la pandémie à la réduction de la capacité de dépistage juste avant cette quatrième vague, nous avons pu voir à quel point les autorités n’étaient absolument pas préparées à changer de politique de la même manière que nous changeons de masque.
À raison, la population est devenue impatiente et constamment plus sceptique à l’égard de la politique menée. On restreint l’accès aux loisirs pour éviter les contacts ? Pendant ce temps, les bus et métros sont toujours aussi bondés et rien n’est fait pour augmenter le service. Les communiqués du Codeco n’ont pas mis longtemps avant de sentir l’hypocrisie ; or la crédibilité et la confiance sont primordiales dans les questions de santé.
La grande majorité des non-vaccinés se méfie d’un vaccin « arrivé très vite », qui « semble être surtout utile pour les groupes à risques et moins pour les autres », tandis que la perspective d’une 3e dose généralisée renforce le sentiment erroné d’un vaccin lancé en urgence à l’efficacité incertaine. Mais la technologie liée à l’ARN messager était à l’étude depuis plus de 20 ans et déjà utilisée en médecine vétérinaire dès le début des années 2000. D’autre part, un vaccin (outil collectif de santé publique) n’est pas un médicament (outil de santé individuel) : son efficacité ne se juge que s’il est administré à la collectivité. Dans le cas présent, il aurait fallu administrer de manière coordonnée le vaccin à 80% de la population mondiale. Mais la liberté d’une minorité d’actionnaires de multinationales pharmaceutiques à continuer de se remplir les poches sur notre dos a pris le monde en otage. C’est de « Big Pharma » qu’il faut se méfier, pas de la vaccination en soi.
Comme le souligne « La Santé en Lutte », le maintien des brevets, la propriété privée sur les vaccins et leur prix creusent un fossé entre les États qui peuvent se le permettre et les autres : « Dans 29 pays les plus pauvres, où vit environ 9% de la population mondiale, à peine 0,3% du nombre total de vaccins a été acheminé. Sur l’ensemble du continent africain, moins de 4% de la population a été vaccinée deux fois. Il est donc évident que la campagne mondiale de vaccination est un échec et que cette politique dangereuse abandonne les personnes fragiles qui ne vivraient pas au « bon endroit ». Ces choix politiques nous reviendront en pleine face, sous la forme de nouveaux variants. » Ce n’est pas dans la nature du système capitaliste d’envisager la mise sur pied d’une stratégie vaccinale à l’échelle globale.
D’autre part, toutes les études sur le sujet soulignent que fracture sociale et fracture vaccinale vont de pair. Il suffit de dire qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, 4 personnes sur 10 renoncent à des soins de santé pour des raisons financières. Avec une médecine de proximité gratuite garantie par un service national de soins de santé financé à hauteur des besoins, les choses seraient totalement autres.
Mais si la confusion règne parmi une bonne partie de la population, elle s’accompagne d’une recherche à tâtons d’une explication et d’une réponse face à la crise générale que traverse la société. Si la gauche syndicale et politique avait appelé à l’organisation de rassemblements et de manifestations pour arracher plus de moyens pour les soins de santé, en finir avec les brevets sur les vaccins, mettre sur pied un service national de soins de santé correctement financé et nationaliser le secteur pharmaceutique sous contrôle et gestion de la collectivité, les complotistes et l’extrême droite se seraient vu couper l’herbe sous le pied.
Briser le pouvoir de Big Pharma pour une campagne de vaccination efficace
Les vaccins fonctionnent, ils offrent une protection importante contre les formes graves du virus. De même, même là où les contaminations explosent, il permet de fortement limiter le nombre de décès. Toutes les études montrent aussi que le vaccin entraîne une réduction du risque de transmission ; mais pas une disparition, d’autant que l’efficacité du vaccin a tendance à très légèrement diminuer avec le temps.
Mais la vaccination a été présentée comme la solution ultime, ce qu’elle n’est pas si elle n’est pas planifiée à l’échelle mondiale. Dès qu’un pourcentage appréciable de vaccinés a été atteint en Belgique, la société a été complètement réouverte aux vaccinés, sur base du Covid Safe Ticket, comme si cela empêchait le virus de circuler. Dans la lutte contre le virus, la vaccination est importante, mais elle ne suffit pas à enrayer l’épidémie.
Le système capitaliste repose sur la concurrence et sur la course aux profits. Cela empêche le développement de campagnes médicales préventives sérieuses. Les gouvernements capitalistes courent d’une urgence à l’autre, en tentant de colmater des cratères à l’aide de rustines, en ayant comme priorité absolue la sauvegarde des marges bénéficiaires des grandes entreprises. Et protéger le portefeuille des plus riches et mobiliser toutes les ressources de la société pour affronter un péril tel qu’une pandémie, c’est inconciliable.
Il ne faut pas être un génie pour se rendre compte que les transports en commun sont trop remplis, que les écoles sont trop remplies et qu’il s’agit de grands vecteurs de transmissions. Nous avons besoin de bien plus de transports en commun (et gratuits, c’est une évidence écologique) ainsi que de nouvelles écoles avec des infrastructures sanitaires adéquates. En fait, nous avons besoin d’un plan d’investissements massif dans les infrastructures et les services publics, au premier rang desquels les soins de santé, afin de ne laisser personne de côté. Afin de pleinement mobiliser les ressources nécessaires, nous n’avons pas d’autre choix que de retirer les leviers économiques des mains de la minorité de capitalistes qui détruit la planète et nous exploite afin d’élaborer un plan de production respectueux de l’environnement consacré à la satisfaction des besoins sociaux. C’est ce que nous appelons le socialisme démocratique.
Aux travailleuses et travailleurs de donner le ton !
Si la pandémie et les confinements ont bien illustré quelque chose, c’est que ce sont les travailleuses et travailleurs qui font tourner le monde, pas les actionnaires ! Le mouvement ouvrier doit imprimer sa marque sur les événements, à l’aide d’un syndicalisme de combat et d’une gauche de combat. Si le mouvement ouvrier n’avance pas offensivement ses positions dans cette situation de crise, d’autres forces vont le faire. Un programme de revendications et d’actions centré sur les intérêts de notre classe sociale permettrait de fournir une clarté là où existe la confusion.
Sur les lieux de travail, les CPPT doivent jouer leur rôle
Sur les lieux de travail, les organisations syndicales doivent être davantage offensives. L’utilité des Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) a été fortement confirmée par cette pandémie, mais ils ont été largement sous-exploités. Ils peuvent pourtant stimuler la discussion collective avec les travailleurs et travailleuses sur les mesures à adopter sur le lieu de travail puisque ce sont eux et elles qui savent le mieux ce qui s’impose pour assurer leur sécurité. Ils peuvent aussi stimuler des discussions sereines entre collègues pour répondre patiemment aux doutes et questions concernant le vaccin.
Des moyens doivent être dégagés pour que chaque travailleur et travailleuse puisse travailler en toute sûreté, notamment avec un stock suffisant de masques FFP2. Des tests gratuits doivent également être disponibles pour tout le monde sur les lieux de travail, mais aussi dans les établissements scolaires et dans chaque quartier. Quand un ou une membre du personnel est testé positif, il ou elle doit être écarté. La mise en quarantaine ne doit impliquer aucune perte de salaire et du personnel supplémentaire doit être engagé pour assurer le remplacement des effectifs qui ne peuvent travailler. Dans le cas de la fermeture d’une école ou d’une crèche, les parents doivent être assurés d’obtenir un congé payé.
Un programme d’actions qui répond aux besoins – Luttons contre le système !
Il est plus que temps que le mouvement ouvrier réponde à la situation de crise actuelle et la division insérée, et entrent en action pour imposer l’application des revendications nécessaires :
- Pour la gratuité des tests de dépistage ; davantage de laboratoires doivent être mis sur pied, avec l’engagement de personnel et du matériel supplémentaire ;
- Pour un plan d’investissements publics massifs dans les soins de santé, à la hauteur des besoins réels, déterminés par les travailleurs et travailleuses du secteur ; pour l’engagement de personnel supplémentaire avec de bonnes conditions de travail et de salaire (conditions primordiales pour convaincre les milliers de soignants et soignantes diplômés mais travaillant dans un autre secteur de revenir dans les soins de santé) et la construction de nouvelles unités de soins publiques et l’amélioration des conditions de travail et de salaire du personnel soignant ;
- Pour l’instauration d’un véritable service public national de santé, géré démocratiquement par les travailleurs et travailleuses, permettant aussi enfin une approche préventive des soins de santé ;
- Il faut une campagne de vaccination aussi forte que possible pour lutter contre la pandémie, accompagnée d’une information publique transparente menée par des instances indépendantes du gouvernement et de Big Pharma. Pour une telle campagne de vaccination efficace ; toute la recherche scientifique et le développement doivent donc être placés sous contrôle et gestion publics ; il faut convaincre les non-vaccinés et non les réprimer ;
- Chaque personne à travers le monde doit avoir gratuitement accès au vaccin : pour la collaboration libre et complète de la communauté scientifique en toute transparence par la fin des brevets et de la propriété privée sur la connaissance scientifique, l’ouverture de la comptabilité des entreprises pharmaceutiques et leur nationalisation sous gestion et contrôle démocratique des travailleurs et travailleuses, et l’expropriation sans indemnisation de leurs installations, connaissances et matériels, sauf sur base de besoins prouvés.
Pour financer cela, les richesses existent largement, dans les comptes bancaires des ultra-riches et dans les paradis fiscaux, comme l’ont encore récemment révélé les Pandora Papers. Nationaliser les secteurs-clés de l’économie permettrait d’assurer que les richesses créées par nous-mêmes soient utilisées selon nos besoins.
Un tel programme offensif, assorti d’un plan d’action permettant la création d’un rapport de force favorable aux intérêts des jeunes et des travailleurs et travailleuses, c’est la meilleure manière de convaincre les sceptiques et même de les impliquer dans le combat pour une société débarrassée de la soif de profit et du chaos de l’économie de marché. Une lutte collective avec pour but d’arracher le contrôle des leviers politiques et économiques des mains de la classe capitaliste, et enfin pouvoir répondre pleinement aux besoins de tous et toutes.
Une société socialiste démocratique permettrait d’en finir avec l’incapacité qu’a notre société de répondre aux crises. La cupidité des ultra-riches y sera remplacée comme axe central de la société par une coopération et une solidarité internationales visant à satisfaire les besoins et les revendications de la majorité de la population.
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Vers une vaccination obligatoire ? Les autorités cherchent des boucs émissaires…

Avec l’émergence du variant Delta, la pandémie n’est pas encore sous contrôle. Le système capitaliste mondial repose sur la concurrence et la course au profit, il est donc impossible d’élaborer une réponse globale coordonnée. Face à l’anarchie capitaliste, le monde politique traditionnel préfère désigner des boucs émissaires. Le débat sur le pass-sanitaire et la vaccination obligatoire doit être considéré dans ce cadre.
Par Alain (Namur)
Les responsables politiques tentent de faire oublier leur gestion calamiteuse de la crise en faisant porter le chapeau aux personnes non vaccinées. L’émergence du variant delta n’est pourtant pas dû aux « sceptiques de la vaccination » mais bien aux grandes entreprises pharmaceutiques qui ont empêché la mise à disposition de leurs installations pour produire suffisamment de doses afin de vacciner l’ensemble de la population mondiale. Mais ça, c’est à peine si les médias de masse en parlent. Comment s’étonner que ces multinationales suscitent une large méfiance ?
En Belgique, les autorités pointent du doigt le personnel soignant non vacciné. L’ensemble du monde médical a collectivement effectué un travail remarquable durant la crise sanitaire dans des conditions très dures. Les travailleuses et travailleurs du secteur ont dû se battre pour arracher quelques moyens supplémentaires, notamment sous l’impulsion du groupe d’action La Santé en Lutte. Il est particulièrement immonde de s’en prendre aujourd’hui à une partie de ce personnel à bout de souffle.
La crédibilité et la confiance sont primordiales dans les questions de santé. Nous ne devons pas nous étonner que les mots d’ordre lancés par des partis responsables du manque de moyens dans les soins de santé rencontrent l’hostilité d’une partie du personnel du secteur. Rappelons tout de même qu’à la mi-juillet, les 3/4 du personnel soignant avaient reçu une première dose de vaccin. Pour les réfractaires, tant dans les soins de santé qu’ailleurs, une approche répressive ne pourrait que renforcer la méfiance dans de larges couches de la population, tout en aggravant la pénurie de personnel dans ce secteur crucial. Une vaste campagne menée par les Comités pour la prévention et la protection au travail (CPPT) et la médecine du travail serait bien plus efficace.
Bien entendu, les patients ont le droit d’être soignés dans un environnement sain, tout comme les collègues doivent pouvoir travailler en toute sûreté. Face au personnel qui refuse jusqu’ici d’être vacciné, des tests de dépistage obligatoires ainsi qu’une réorganisation des responsabilités professionnelles devraient être instaurés, sous gestion et contrôle des CPPT.
Plus globalement, il faut constater que la fabrication de la pauvreté est en soi un plus grand obstacle dans la réponse à la crise sanitaire que la fabrication de fake news. Chiffres à l’appui, le 23 août, le quotidien Le Soir a déclaré que « la précarité est un obstacle majeur à la vaccination ». Les inégalités croissantes s’expriment notamment par le fait que 40% des Bruxellois n’ont pas de généralistes, contre 20% en Flandre et 30% en Wallonie.
La fracture sociale et la fracture vaccinale vont de pair. Il est plus que temps que les organisations syndicales répondent à la situation de crise actuelle et entrent en action en faveur d’une augmentation massive des moyens publics pour les soins de santé, de l’instauration d’un véritable service public national de soins de santé démocratiquement géré par les travailleurs et de la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleurs des entreprises pharmaceutiques. C’est la meilleure manière de convaincre les sceptiques et même de les impliquer dans le combat pour une société débarrassée de la soif de profit et du chaos de l’économie de marché.
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Vers une vaccination obligatoire?

La question de la vaccination obligatoire est débattue dans plusieurs pays. Qu’ont à dire les socialistes sur cette question délicate?
De grandes manifestations ont secoué la France et son président Macron, qui veut mettre en place une vaccination obligatoire minimalement pour le personnel de la santé et des services sociaux, des services d’incendie et un certain nombre d’autres professions. Les comptes rendus selon lesquels 100 000 personnes ont participé à une manifestation et 160 000 à une autre indiquent que la question ne préoccupe pas seulement les adeptes de théories conspirationnistes grossières ou les gens d’extrême droite. Des travailleurs et des travailleuses de la santé, des syndicalistes et des gilets jaunes ont participé activement aux manifestations. La question de la vaccination obligatoire est débattue dans de nombreux pays. Qu’ont à dire les socialistes sur cette question délicate?
Par Sonja Grusch, Sozialistische LinksPartei (ASI-Autriche)
Nous défendons le droit de se faire vacciner pour tous et toutes
Il faut commencer par l’évidence : la grande majorité des gens sur cette planète attendent désespérément de se faire vacciner. Même dans les pays les plus riches, toutes les personnes qui veulent une piqûre dans le bras ne peuvent pas l’obtenir, sans compter les millions ou plus exactement les milliards de personnes du monde néocolonial. Moins d’une personne sur cinq est vaccinée au Brésil, moins d’une sur dix en Inde – deux pays où le nombre de décès est dramatique.
Alors que la question de la vaccination obligatoire est soulevée par de nombreux gouvernements – principalement dans les pays impérialistes – comme une tâche essentielle dans la lutte contre la pandémie, la même attention n’est pas accordée à la question bien plus importante de savoir comment produire et distribuer les vaccins à toutes les personnes qui en ont besoin et qui les réclament à travers le monde. L’incapacité à garantir un niveau élevé de vaccination à l’échelle mondiale augmente le risque de mutation du virus. Cela peut rendre le coronavirus plus résistant aux vaccins existants dans les pays où les revenus sont plus élevés.
Un scepticisme qui résulte des échecs à répétition
Nous ne soutenons pas les fausses affirmations de l’extrême droite et d’autres tendances qui ignorent les preuves scientifiques et affirment que les vaccins ne sont pas efficaces. Dans la partie du monde la plus développée, au moins 14 maladies potentiellement mortelles – dont la polio et la variole – ont été quasiment éliminées grâce à la vaccination.
En même temps, nous comprenons pourquoi le scepticisme à l’égard des vaccins et l’hésitation quant à leur utilisation atteignent déjà des niveaux importants dans de nombreux pays. Cette attitude se mêle à une colère et à une méfiance légitimes à l’égard du pouvoir en place et face aux grandes compagnies en général.
L’année dernière, les politiciens et les politiciennes ont ignoré la nécessité d’assurer des conditions de travail sécuritaires, en particulier dans le secteur de la santé qui manque de personnel et de fonds. Ce sont maintenant ces mêmes politiciens et politiciennes qui font pression pour la vaccination. L’ouverture totale de la Grande-Bretagne de Boris Johnson, mise en scène sous la forme d’une «Journée de la liberté», n’est que le revers de la médaille des projets de vaccination obligatoire de la France de Macron. En Russie, où le taux d’acceptation des vaccins est très faible, les employeurs ont reçu l’ordre de s’assurer que 80% des employé·es ont été vaccinés ou ont contracté le virus afin d’avoir le droit de licencier sans salaire les employé·es qui refusent. En juillet, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a résumé cette attitude en déclarant que désormais, la COVID-19 est une question privée étant donné la disponibilité du vaccin.
De cette manière, les politiciens et politiciennes capitalistes tentent de détourner la responsabilité des échecs structurels de leur système de contrôle de la pandémie en faisant de cette question une responsabilité purement individuelle.
Dans ce contexte, les méthodes de vaccination obligatoires sont susceptibles de créer une réaction négative importante qui rendra l’objectif de vaccination de masse encore plus difficile à atteindre.
Le profit avant la santé
Dès le premier jour de la pandémie, les gouvernements ont tenté d’empêcher les confinements ou d’en limiter la portée afin que les entreprises puissent fonctionner aussi normalement que possible. S’il est vrai que dans le secteur des services, de nombreuses petites entreprises ont dû fermer, les grandes compagnies, de nombreux grands bureaux et l’industrie en général ont maintenu leur production. Une étude britannique a montré que pour les personnes travaillant dans l’industrie, le risque de mourir de la COVID-19 était plus de 4 fois supérieur à celui du reste de la population.
Au cours de l’année, les gouvernements n’ont pas réussi à organiser des classes plus petites, à assurer une ventilation correcte ou davantage de personnel dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Ils ont laissé les personnes âgées mourir dans des maisons de soins privées, sans personnel ni équipement adéquats. Aujourd’hui, leurs échecs se poursuivent. Dans de nombreux pays, ils ne peuvent même pas organiser des tests de dépistage massifs gratuits et facilement accessibles. Dans d’autres pays où le dépistage est gratuit, des propositions sont faites pour y mettre fin. On fait valoir que tout le monde devrait se faire vacciner. Cette approche est plus qu’irresponsable, étant donné que certaines personnes ne peuvent ou ne veulent pas se faire vacciner et que même les personnes vaccinées peuvent propager le virus!
Après tous ces échecs et bien d’autres, en particulier leur incapacité à mettre en place un plan mondial coordonné et intégré pour lutter contre la COVID-19, les gouvernements présentent maintenant la vaccination obligatoire comme la solution à leur problème. Ils intensifient leur propagande pour suggérer qu’ils veulent nous faire vacciner pour notre propre sécurité, afin que nous ayons une chance de retrouver une vie «normale». Bien sûr, nous aimons tous et toutes partir en vacances, fréquenter les bars, les cinémas ou les fêtes. Mais ce n’est qu’un effet secondaire dans les calculs des classes dirigeantes. Leurs calculs sont basés sur la manière de rétablir des processus de production normaux et – ce qui est encore pire – sur la manière de le faire de façon à renforcer les intérêts nationaux face à une concurrence internationale croissante.
La santé n’est pas une responsabilité individuelle
Contrairement à Sebastian Kurz et à ses semblables, nous pensons que chaque personne a droit à la santé et qu’il est de la responsabilité de la société de fournir des soins de santé appropriés. En situation de pandémie, ces soins ne peuvent pas être simplement devenir une responsabilité individuelle. Assurer le droit à la santé nécessite une approche de la santé publique déterminée à mettre à disposition les ressources nécessaires pour informer, prévenir et traiter équitablement le virus. Étant donné la nature globale de la COVID-19, cela nécessite une coopération internationale.
Au lieu de cela, les gouvernements poursuivent leur approche hypocrite et cupide. Ils font pression sur le personnel de la santé pour qu’il se fasse vacciner, décrivant les personnes qui refusent comme irresponsables. Ce sont les mêmes élites politiques qui applaudissaient ces «héros» il y a un an, mais qui ne sont toujours pas prêtes à financer suffisamment l’achat d’équipement de protection individuelle (EPI), la sécurité et les salaires du personnel.
Le manque d’informations sérieuses, de mesures de prévention – comprenant l’approvisionnement suffisant en EPI et en vaccins – est une conséquence du fonctionnement, ou plutôt du mauvais fonctionnement, du capitalisme. Au cours des dernières décennies, les services essentiels comme la santé et l’éducation ont été de plus en plus privatisés. Cela les a laissés surchargés et à court de ressources.
En 1947, la ville de New York a pu organiser une campagne de vaccination de masse contre la variole, même si elle présentait certaines lacunes. Aujourd’hui, la ville ne dispose pas de l’infrastructure nécessaire pour distribuer des informations fiables, et encore moins pour mettre en œuvre un programme de vaccination en temps voulu. Où sont aujourd’hui les campagnes d’information publique, proposées en plusieurs langues pour donner des informations sérieuses et facilement compréhensibles sur le virus, la protection et la vaccination? Cette responsabilité aurait dû incomber à un service de santé publique, comprenant les médecins des compagnies, les comités de santé et de sécurité, les délégué⋅es syndicaux et, bien sûr, les syndicats eux-mêmes. Mais dans de nombreux pays, en dehors des conférences de presse gouvernementales, cette tâche a été laissée en grande partie aux médias privés. Y compris à des sources dangereuses comme Fox News et d’autres qui diffusent des informations erronées et des mensonges.
L’inaction de nombreux dirigeants et dirigeantes de syndicats n’a pas facilité la situation. Plusieurs ont considéré que la crise nécessitait une «unité nationale». Ces personnes ont contribué à faire tourner l’économie, au lieu de se battre pour davantage de sécurité avec, si nécessaire, la suspension de la production à plein salaire. Cela a aussi contribué à créer une approche sceptique de la vaccination.
En même temps, on ne fait pas confiance à l’industrie pharmaceutique. Les énormes compagnies ont prouvé à plusieurs reprises qu’elles étaient prêtes à marcher littéralement sur des cadavres pour faire du profit. Cette méfiance s’explique par le fait que ces entreprises sont privées et axées sur le profit. La solution consiste à organiser et à contrôler la recherche, la production et la distribution de médicaments et de vaccins. Pas grâce aux entreprises privées, mais par des institutions publiques contrôlées démocratiquement. L’argument selon lequel c’est le profit privé qui est le moteur de l’innovation s’est révélé faux après que l’un des premiers vaccins produits par AstraZeneca ait été développé à l’Université d’Oxford. Il existe de nombreux autres exemples. La santé publique serait mieux protégée et la confiance du public envers les vaccins serait bien plus grande s’ils étaient produits pour répondre à des besoins publics plutôt qu’à des profits privés. L’ensemble du secteur pharmaceutique devrait immédiatement devenir une propriété publique sous contrôle démocratique.
La classe dirigeante exploite toutes les opportunités
Mais comme si les échecs de l’an dernier ne suffisaient pas, des politiciens comme Macron veulent également utiliser la question de la vaccination obligatoire pour attaquer les droits des travailleurs et travailleuses par des moyens détournés. Cela implique notamment des réductions de salaire et même la suspension des contrats des travailleurs et travailleuses non vacciné·es.
Au fil des ans, les gouvernements français ont tenté de réduire les droits des travailleurs et travailleuses contre les licenciements. Certaines tentatives ont réussi, beaucoup ont été repoussées. Ainsi, alors que nous réclamons le droit à une vaccination gratuite et facilement accessible pour tous et toutes, nous constatons également que la classe dirigeante veut utiliser l’état d’esprit favorable à la vaccination pour servir son propre agenda.
Le plus grand syndicat français, la CGT, ainsi que des sections de Force ouvrière, soutiennent la vaccination. Ils sont toutefois contre la vaccination obligatoire et l’utilisation de mesures répressives, en particulier sur le lieu de travail, contre les travailleurs et travailleuses non vacciné·es. Ils rejettent à juste titre les tentatives visant à obliger les travailleurs et les travailleuses à se surveiller en vérifiant si leurs collègues ont été testé·es. Ils rejettent aussi les tentatives des patrons d’avoir accès aux données de santé de leurs employé·es. Les travailleurs et travailleuses savent que les patrons utiliseront ces informations pour licencier les personnes malades et se serviront des lois sur la vaccination obligatoire pour se débarrasser de ceux et celles dont ils ne pourraient pas se débarrasser autrement.
Le même danger s’applique aux divers instruments utilisés pour contrôler les déplacements des personnes sur la base de la «protection de la santé». La classe dirigeante n’a pas inventé le coronavirus pour introduire des mesures de contrôle plus restrictives. Mais elle utilise toutes les opportunités que lui offre le virus, surtout dans le contexte actuel de crise sociale, économique et climatique profonde. Elle sait qu’elle aura besoin de tous les moyens possibles pour combattre l’opposition croissante à son pouvoir. Déjà, des régimes autoritaires comme ceux de la Chine et de la Russie utilisent des systèmes de reconnaissance faciale légitimés par la lutte contre la COVID-19 afin d’identifier et d’arrêter des opposants politiques. Le régime du Myanmar a fait de la crise de la COVID-19 une arme pour attaquer les opposants et opposantes du régime militaire.
Si la vaccination doit être offerte à tous les travailleurs et toutes les travailleuses, elle nécessite une information, une organisation et un contrôle réalisés non pas par le patronat et ses laquais, mais par des organes démocratiquement élus par les travailleurs et travailleuses eux-mêmes.
Pour le contrôle ouvrier, pas celui du patronat
L’autre aspect de ce débat, bien sûr, est le droit des patients et des patientes à être soigné·es et celui des collègues à travailler dans un environnement sécuritaire. Une partie des travailleurs et des travailleuses, y compris ceux et celles du secteur de la santé, ne veulent pas être vacciné·es ou ne peuvent pas l’être pour d’autres raisons. Il devrait y avoir des tests de dépistage obligatoires ainsi qu’une réorganisation des responsabilités professionnelles afin qu’un environnement sécuritaire puisse être maintenu, géré et contrôlé par des comités de sécurité élus.
Les politiciennes et les politiciens arrogants d’extrême droite et issus de la bourgeoisie qui s’opposent à la vaccination ne reflètent pas les préoccupations des travailleurs et des travailleuses ordinaires. Leur attitude à l’égard des enfants, par exemple, est fondée sur l’idée qu’ils sont des biens, que les parents ont les pleins droits de «propriété» sur eux. Nous défendons plutôt les droits des enfants à la santé comme partie intégrante de la société.
Les élites dirigeantes ont une longue histoire de violation des droits et de l’intégrité physique des membres de la classe ouvrière, surtout de ceux et celles issus des secteurs les plus marginalisés et opprimés, par exemple par la stérilisation obligatoire. Cela alimente un scepticisme compréhensible et doit être pris en compte. En même temps, nous comprenons la pression de ceux et celles qui, préoccupé·es par leur propre sécurité et celle de leurs proches, soutiennent l’idée d’une vaccination obligatoire.
Ces tendances différentes et contradictoires ne peuvent être gérées de manière équilibrée si l’on tient compte que l’État, dans une société capitaliste, n’est pas seulement un représentant des intérêts de la classe dominante, mais qu’il est en fin de compte là pour maintenir son contrôle sur la société. Cela nous amène à conclure que les programmes de vaccination et de dépistage ne devraient pas être laissés entre les mains de la classe capitaliste. Ils devraient être décidés, gérés et contrôlés par des organes démocratiquement élus de la classe ouvrière.
Nous sommes convaincu·es, et de nombreux exemples viennent étayer notre point de vue, que les travailleurs et les travailleuses ordinaires sont plus que capables de comprendre et d’organiser de véritables alternatives. Des comités démocratiquement élus, composés de personnes qui travaillent et qui ont de l’expertise, pourraient élaborer des plans pour des tests de dépistage massifs et assurer la sécurité, la mise à disposition du personnel et des ressources nécessaires au secteur de la santé. Ils pourraient aussi gérer la diffusion d’information libre de préjugés non scientifiques et du discours du profit.
Si les travailleurs et les travailleuses étaient organisé·es, décidaient et organisaient démocratiquement la sécurité sur leur lieu de travail – avec des discussions complètes en assemblée concernant le système de santé au sens large – il y aurait davantage de confiance envers les mesures utilisées pour combattre le virus. Les gens n’auraient pas l’impression d’être utilisés comme des cobayes pour augmenter les profits de la Big Pharma si le secteur était nationalisé sous le contrôle démocratique des travailleurs et travailleuses. Et surtout, la confiance dans le déploiement des vaccins serait plus grande, puisque des vaccins sûrs seraient produits et distribués équitablement.
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La Santé en Lutte : Grande Manif’ de la Santé, Acte 2

GRANDE MANIFESTATION DE LA SANTÉ ❌
❌ ET DES OUBLIÉ·ES
❌ ACTE 2 !
29 MAI · 15H · BRUXELLES CENTRAL📣 Depuis plusieurs années, un sous-financement provoque la dégradation de notre système de soin. Malgré la pandémie, les gouvernements successifs n’ont pas changé leur politique. Il y a eu, certes, au bout de mois de lutte et sous la pression de l’actualité, des avancées dans le secteur mais les changements sont minimes et sur le terrain nous ne voyons guère d’évolution ! Où sont les moyens supplémentaires après trois vagues de contaminations?
📣 De plus, pour faire face à la pandémie, l’État prête aux hôpitaux, ceux-ci vont donc devoir rembourser ! La santé de la population à crédit !? En réalité, la volonté de restreindre les budgets de la santé reste la même et la pression financière perdure. La rentabilité quoiqu’il en coûte humainement se maintient sur les institutions et sur le personnel. Avec, à la clé, burn-out, licenciements, management autoritaire. En résumé : pression sur les effectifs, pas de reconnaissance, cacahuètes pour les salaires et marchandisation toujours en cours… La santé vite applaudie, vite oubliée…
📣 Pourtant, l’épidémie de Covid montre l’importance d’un service de santé fort où nous aurions tous droit à des soins de qualité. Pour cela, nous devons sortir le secteur de la logique marchande, renforcer les effectifs, revoir les normes d’encadrement, améliorer les conditions de travail et augmenter les bas salaires !
📣 La santé, notre bien commun, est trop souvent ignoré au profit des intérêts privés et financiers. Ces derniers, à l’instar des profits des entreprises pharmaceutiques, semblent en effet être le moteur des décisions politiques. La pandémie, au lieu d’avoir été l’occasion d’une remise en question de cette logique, a renforcé les inégalités, permis des profits obscènes pour les grandes fortunes et plongé dans la précarité nombre de foyers.
📣 Il faut développer une réelle politique de santé publique, qui englobe à la fois des changements concrets au sein du secteur mais aussi au delà: sur les déterminants de santé (logement, éducation, alimentation, environnement, culture, etc.) et sur les discriminations structurelles qui impactent l’accès universel à la santé.
📣 Seule une mobilisation de l’ensemble du secteur et de la population pourra inverser cette tendance qui veut que l’argent passe avant la santé !
🔺 REVENDICATIONS : REFINANCEMENT DES SOINS DE SANTÉ !
- Investissons dans nos institutions de soins. Du personnel médical au personnel d’accueil, logistique et hôtelier, nous devons être plus nombreux·ses et disposer des outils et moyens nécessaires !
- Il faut renforcer les normes d’encadrement pour plus de soignant·es au chevet des patient·es ! Les normes d’encadrement sont datées, dangereuses et ne correspondent plus à la réalité du terrain.
- Stop à la charge administrative et informatique qui nous éloigne de l’essentiel de nos métiers !
- Revalorisation salariale pour les bas salaires et la fin des contrats précaires.
- Pour un contrôle démocratique par les travailleur·euses et usagèr·es sur les budgets de santé. C’est à nous de décider !
- Pour des soins de qualité accessibles à toutes et tous : fin de la tarification à l’acte et de la médecine à plusieurs vitesses.
- Ouvrir les brevets, c’est bon pour la santé : levée des brevets sur les vaccins et sur la production pharmaceutique dans son ensemble ! Non aux profits sur notre santé !
La Grande Manif de la Santé Acte 2 s’inscrit dans un appel européen que nous avons lancé avec plusieurs collectifs pour une journée de mobilisation internationale le 29 mai ! Il y aura donc des mobilisations partout en Europe ce jour là.
Face à la crise sociale et sanitaire, renforçons la solidarité et la démocratie, renforçons nos salaires, nos effectifs, nos budgets et l’accès pour tou·te·s à des soins de qualité. À Bruxelles, soyons encore plus nombreuses et nombreux que le 13 septembre dernier !
ℹ️ Rendez-vous à 15h le 29 mai à Bruxelles Central !
✊ Venez avec vos plus belles pancartes, vos slogans, vos blouses (ou pas) et votre détermination ! 😍
ℹ️ Si vous voulez organiser un départ collectif d’une autre ville n’hésitez pas à nous contacter! -
Jeunesse en Lutte. Pour un mouvement inclusif, pluraliste et démocratique !

Déjà avant la crise sanitaire, les étudiant.e.s étaient à bout. Mais aujourd’hui, c’est encore pire : 32% des étudiant.e.s galèrent plus cette année que l’année passée à payer leurs études. Un tiers a perdu son job étudiant, un quart a même du mal à s’alimenter convenablement. Et tout cela conduit à ce que 60% des étudiant.e.s se sentent complètement ou partiellement en décrochage scolaire et à ce que 10% envisagent d’arrêter leurs études. Beaucoup d’entre nous sont désespérés. 8% des jeunes ont même sérieusement pensé à se suicider durant la première vague. La détresse psychologique prend une ampleur monumentale mais on manque de moyens pour y faire face. La pandémie a dramatiquement souligné l’impact dévastateur du manque de moyens dans l’enseignement.
Déclaration des Étudiants de Gauche Actifs / Actief Linkse Studenten // Tract en version PDF
C’est dans ce contexte que plusieurs initiatives et actions ont vu le jour dans l’enseignement supérieur francophone en ce début d’année 2021 à l’initiative de la FEF, de COMAC, de l’USE ou encore des Étudiants de Gauche Actifs (EGA). A l’ULB, en mars, cela a donné lieu aux premiers pas d’un mouvement qui a pris le nom de Jeunesse en lutte. Après de premiers rassemblements à l’ULB qui ont réuni plusieurs centaines de personnes, d’autres ont également été organisés à Liège et Louvain-la-Neuve le 15 mars. Hélas, ces débuts prometteurs sont gravement compromis par l’attitude adoptée hâtivement face au tout premier débat concernant l’orientation du mouvement.
EGA s’est de suite impliqué dans le mouvement, en le faisant connaitre et en mobilisant pour ses rendez-vous par tracts et sur les réseaux sociaux, en émettant des propositions constructives sur la manière d’élargir le mouvement, en défendant le principe d’assemblées larges ouvertes à chacune et chacun sur le modèle de celle du 1er mars à l’ULB (avec la participation de 150 étudiant.e.s), etc.
Pour EGA, la réouverture des universités et hautes écoles doit s’accompagner d’un investissement public massif d’urgence dans l’éducation pour permettre l’application des mesures sanitaires. Cette augmentation des moyens permettra notamment de diminuer la charge de travail sur le personnel, d’assurer un véritable accompagnement des élèves et des étudiant.e.s et de mener une campagne de dépistage systématique. Pour en finir avec le chaos du marché, la lenteur et la méfiance autour de la vaccination, nous défendons l’expropriation et la nationalisation sous contrôle démocratique du secteur pharmaceutique. Nous avons également souligné l’importance de lier le mouvement à la grève générale du 29 mars, à la lutte des sans-papiers, à celle du collectif d’action militant La Santé en Lutte,…
Chacune de ses propositions pour construire le mouvement ou affiner ses revendications n’a jamais été présentée comme un ultimatum à prendre ou à laisser mais comme une contribution au débat.
Réprimer l’activité politique, une attitude antidémocratique et dangereuse face aux divergences
Lors de l’Assemblée générale du 18 mars, une polémique a émergé concernant la lutte contre le racisme. Nous reviendrons sur ce thème dans un prochain texte, sur base de l’expérience acquise par EGA/ALS des années ‘90 et ses campagnes Youth Against Racism in Europe et Blokbuster jusqu’à aujourd’hui avec la campagne Fight Racism With Solidarity lancé à l’occasion de la nouvelle vague du mouvement Black Lives Matter en 2020. Nous voulons prendre le temps de débattre en profondeur de la lutte cruciale contre l’oppression et les discriminations, du programme qui lui est nécessaire ainsi que de sa stratégie. Une question aussi importante ne peut être réglée à la va-vite. Nous espérons que cela pourra donner lieu à un échange de textes et, pourquoi pas, à un débat public, ou une série de débats publics.
Hélas, il n’a fallu que quelques jours pour qu’une Assemblée convoquée en moins d’une journée, avec la participation de 24 personnes à peine, décide (à 20 voix contre 4) que Jeunesse en Lutte excluait tous les cercles étudiant.e.s et les organisations de jeunesses de ses rangs, interdisait dans ses rassemblements les drapeaux ou les tracts d’organisations et interdisait même de « représenter le point de vue de son organisation/cercle/parti en Assemblée générale ». Comment pourrait-on prendre la parole en AG en mettant de côté ses convictions politiques ? C’est impossible sauf en se taisant. Et c’est bien de cela dont il est question.
Il s’agit d’une très grave atteinte à la liberté de s’organiser et à la liberté de la presse. Elle bafoue le courageux combat des étudiant.e.s et des travailleurs.euses de 1968 qui avait permis d’arracher le droit de s’organiser librement dans les universités. Ce genre de restrictions, la société capitaliste n’a pas encore osé l’imposer aux mouvements sociaux depuis que la classe ouvrière a arraché le droit de se réunir librement et de s’organiser comme elle l’entend ainsi que la liberté de la presse, malgré les tentatives visant à instrumentaliser la crise sanitaire pour limiter les droits démocratiques.
Le comble étant que cette approche autoritaire au sein de Jeunesse en Lutte provient d’un courant politique spécifique, l’anarchisme, qui cherche ainsi à imposer sa prétendue hostilité aux formes d’organisation qu’il estime concurrentes. «Prétendue», car ce courant est organisé au sein Jeunesse en Lutte, au même titre qu’EGA, à la différence que nous le faisons ouvertement et publiquement.
Imaginons un instant que le gouvernement impose un contrôle des pancartes, banderoles, drapeaux et tracts lors de manifestations syndicales. Ce serait considéré – à juste titre – comme une mesure anti-démocratique. Imaginons que les dirigeants syndicaux imposent un contrôle des banderoles, pancartes, drapeaux et tracts lors des actions syndicales. Ce serait considéré – à juste titre à nouveau – comme une mesure bureaucratique inacceptable.
Construire l’unité et la solidarité
Pour le mouvement ouvrier, le fait de s’organiser est une nécessité absolue. Il lui serait sans cela impossible de se battre contre les capitalistes qui disposent de tous les moyens. Les capitalistes préfèrent évidement affronter chaque travailleur.euses individuellement. Ce n’est pas sans raison qu’ils défendent que les organisations syndicales et politiques instrumentalisent les travailleurs.euses et limitent leurs possibilités pour ne servir que les fainéants. Le patron a horreur du « syndiqué » de la même manière que celui qui accentue le rôle de l’individu plutôt que celui de la classe a horreur de « l’organisé ».
La nature du travail salarié, surtout dans les grandes unités de production, pousse à la solidarité et à l’organisation. Il est apparu de plus en plus clairement dans l’histoire que se libérer en tant qu’individu ne peut être réalisé qu’au moyen de l’organisation collective. La collectivité étant diverse par essence – croyants et athées, d’origine belge ou migrante, jeunes et aînés, etc. – l’objectif de parvenir à l’unité impose le respect de la liberté d’expression de chacun et chacune, sans limitations et sans encadrement similaire à celui qu’ont par exemple subi les journalistes durant la guerre en Irak ou les syndicats à l’ère du stalinisme.
Aucun mouvement ne connaît d’homogénéité parfaite. Et bénéficier de l’expérience de toutes et tous représente évidemment une chance. Pour construire un rapport de forces favorable, l’unité du mouvement pour frapper plus fort tous ensemble est évidemment plus efficace que d’agir chacun et chacune dans son coin. Cette unité ne se construit pas qu’entre convaincus d’une même approche, mais dans la diversité d’opinions. La liberté de donner son avis (et donc la liberté de matériel politique et la liberté de la presse) en constitue un élément essentiel.
Les manœuvres politiques et la censure ne peuvent que constituer un frein au développement d’une lutte. C’est justement en défendant ouvertement ses idées qu’il est possible d’avancer. L’unité se construit dans la diversité, par la solidarité, pas en encadrant ou en limitant les droits des autres. Cette manière de considérer l’unité comme une camisole de force est semblable à la logique de parti unique des staliniens ou à l’interdiction de s’écarter de la ligne définie par la bureaucratie syndicale. La décision prise à l’AG du 22 mars représente un dangereux précédent pour les mouvements de la jeunesse autant qu’une attaque directe et honteuse contre des droits démocratiques essentiels pour la lutte. Jeunesse en Lutte doit revenir sur cette décision au risque de mettre en péril son propre développement dans la construction d’un rapport de force contre l’isolement, la précarité étudiante et pour un refinancement massif de l’enseignement.
Revenir sur cette décision doit également permettre de débattre sereinement et largement de l’avenir du mouvement. A ce titre, nous estimons crucial de travailler à son élargissement, par le biais de comités locaux qui peuvent s’impliquer dans la discussion sur le programme politique nécessaire et mobiliser avec vers de nouvelles Assemblées générales et rassemblements.
En ce qui concerne, nous allons bien entendu continuer à nous impliquer dans ce combat. Nous organisons notamment un rassemblement de solidarité avec la grève du front commun syndical à Liège ce 29 mars (13h, place du XX Août), nous serons également présents au rassemblement organisé par Jeunesse en lutte à l’ULB ce même jour (16h, Solbosch).
Nous vous invitons par ailleurs à notre meeting national “TO CHANGE THE SYSTEM, LET’S ORGANISE”.