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  • On ne peut plus attendre davantage : sur la nécessité de mesures anticapitalistes immédiates

    La triple crise sanitaire, économique et sociale que nous traversons n’en finit plus de démontrer l’impuissance du mode de production capitaliste. Une impuissance mainte fois documentée ici même. Mais pour pouvoir juger réellement de la responsabilité du capitalisme, il est nécessaire de pousser l’analyse un peu plus loin : non seulement le capitalisme n’offre pas de solution, mais il est également un frein, un boulet encombrant pour toute tentative de résoudre la situation.

    Mobilisons tous les moyens nécessaires de toute urgence ! La négligence capitaliste nous envoie au drame

    Par Jérémy (Namur)

    Même les politiciens les plus libéraux ont du se rendre à l’évidence et mettre en place des mesures exceptionnelles que ces mêmes idéologues qualifiaient encore d’irréalistes il y a à peine 8 mois : extension du droit au chômage, refinancement — hélas trop léger et tardif ! – de la santé publique, droit passerelle pour les indépendants… Toutes ces mesures, et bien d’autres, sont une tentative de stabiliser le système capitaliste secoué par la crise. Néanmoins, il faut soulever un paradoxe et souligner à quel point ces mesures vont à l’encontre de la logique du capital : l’assurance chômage est une des conquêtes du mouvement ouvrier, tout comme la sécurité sociale qui assure le financement public et la (quasi) gratuité des soins de santé. Et que dire de la tentative de sauvetage des travailleurs indépendants qui s’oppose à la logique du laissez-faire qui tient la libre concurrence pour le moyen de déterminer quel commerce doit survivre ou périr ?

    Tout ça illustre bien l’instabilité intrinsèque du mode de production capitaliste, pétri de contradictions, et qu’il faut sans cesse sauver contre lui-même !

    Mais il est possible d’aller encore plus loin. Un confinement généralisé, en étant une entrave à la liberté individuelle de chacun, serait également un obstacle à la valorisation du capital (par la réduction du travail) et à la réalisation du profit (par la diminution de la consommation). Le positionnement de la FEB est très clair à ce sujet. Mais la FEB ne conçoit l’économie que comme la poursuite de l’enrichissement de la minorité d’actionnaires. Elle ne s’intéresse pas à la vie des millions de gens qui créent les richesses. Sinon elle s’opposerait aussi à la vague de licenciements en cours dans le pays. Elle réduirait les dividendes pour investir dans la production utile pour solutionner la crise. C’est pour cette raison qu’alors même que les chiffres des contaminations s’envolent et en dépit des cris d’alerte de tous les experts compétents et des travailleurs de la santé à bout de souffle, les dirigeants politiques rechignent à y avoir recours. Notons au passage que l’extrémité d’un nouveau confinement aurait certainement pu être évitée si des mesures sérieuses avaient été prises plus tôt. Ce qui met une nouvelle fois en lumière l’enseignement trop bien connu du mouvement ouvrier, à savoir que les capitalistes n’agissent que s’ils y sont absolument contraints.

    Lors du dernier Conseil National de Sécurité, le gouvernement s’est une nouvelle fois dédouané sur la responsabilité individuelle. C’est la musique qu’ils chantent depuis 40 ans : « l’individualisme méthodologique », « il n’y a pas de société que des individus et leur famille ». C’est oublier que, contrairement au fantasme des « élites néolibérales », la société réelle est structurée en classes sociales. Et cette structure limite de fait la liberté individuelle des travailleuses et des travailleurs qui ne subsistent que grâce à leurs salaires. Or, combien d’endroits manquent encore des dispositions essentielles garantissant la santé de ceux qui y travaillent ! La grève des travailleurs de Jupille est exemplaire à cet égard. Elle illustre le rôle que les syndicats ont à jouer dans la défense de la santé de toutes et tous.

    Notre force, nous la tirons de notre solidarité. C’est pourquoi il est impératif de soutenir le personnel de santé en lutte. À la fois dans la rue, comme nous l’avons fait en manifestant à leur côté cet été. Mais également en faisant tout ce qui est possible pour ne pas saturer les hôpitaux. Les Comités pour la Prévention et la Protection du Travail (CPPT) doivent avoir toute latitude pour évaluer les conditions sanitaires sur les lieux de travail et pour décider de la suspension du travail sans perte de salaire partout où ces conditions sont insuffisantes pour éviter la propagation du virus.

    À plus large échelle, il reste à traiter la question de l’allocation des moyens pour la production du matériel de soin et de prévention nécessaire. Nous avons déjà décrit le gaspillage de ressources que constitue la chasse gardée et la mise en compétition des firmes pharmaceutiques pour obtenir les brevets de vaccin avant leurs concurrentes. Il faut également évoquer la vaste capacité de tests inutilisée sous le contrôle de capitaux privés alors que le nombre de tests sous contrôle public est saturé. Le refus de les réquisitionner relève du choix politique de faire passer le droit de propriété privée capitaliste avant les intérêts de la majorité de la population. Or nous avons déjà illustré plus haut comment toutes les mesures prises contre la crise sont anticapitalistes. Nous réclamons simplement de pousser cette logique jusqu’au bout !

    La réquisition des ressources nécessaires, la réallocation des moyens vers la production utile et l’arrêt des secteurs non essentiels auraient des conséquences catastrophiques pour les profits des groupes privés. Cependant, la recherche de leur maximisation est la condition sine qua non du mode de production capitaliste. Une contestation sérieuse du principe de rentabilité qui étouffe les capacités productives de la société devra donc, nécessairement, s’accompagner d’une lutte politique déterminée pour la sauvegarde de nos emplois par la nationalisation des secteurs clés de l’économie comme la production pharmaceutique.

  • C’est leurs profits ou notre santé !

    «Chaque jour, un hôpital supplémentaire est rempli de patients», a déclaré Geert Meyfroidt de l’hôpital universitaire de Louvain le 22 octobre. Nous allons droit dans le mur, s’accordent à dire tous les experts. Les hôpitaux liégeois doivent renvoyer des patients, mais le manque de moyens sévit partout! Le personnel n’avait pas encore récupéré de la première vague qu’il est déjà frappé par la nouvelle. «Plus de personnes sont déjà absentes que lors de la première vague en raison de la fatigue permanente», a expliqué le directeur de la Communication du CHU de Namur, Benjamin Vallée.

    Les partis gouvernementaux et le reste de l’establishment ont échoué lors de la première vague et échouent à nouveau! Le Premier ministre De Croo appelle la population à faire preuve de solidarité. Il n’y a jamais eu de manque de solidarité. Nous le constatons à chaque catastrophe.

    Mais nous avons besoin de beaucoup plus de tout : de capacités de test et de recherche des contacts suffisantes, de ressources et d’infrastructures plus nombreuses pour les soins,… Impossible sans cela de riposter au terrible virus en allant au-delà de méthodes moyenâgeuses comme l’isolement à domicile. A la différence que le travail et l’enseignement continueront de tourner. Les intérêts économiques priment sur tout dans ce système.

    Nous devons prendre nos responsabilités pour protéger notre santé. C’est la classe ouvrière qui produit tout d’une manière générale. Les travailleuses et travailleurs sont les mieux placés pour décider des mesures sanitaires qui s’imposent sur leur lieu de travail. La situation devient-elle dangereuse? Que l’on arrête de travailler ! C’est arrivé dans un certain nombre de supermarchés notamment. En Grèce, les écoliers ont manifesté en rue pour réclamer des classes de moins de 15 élèves.

    Pour éviter les contaminations sur le lieu de travail, il est essentiel que celles et ceux qui doivent être mis en quarantaine ne subissent aucune perte de revenus. Des tests réguliers sur le lieu de travail peuvent aider à les isoler plus rapidement, avant même l’apparition de symptômes. Mais les personnes renvoyées chez elles conservent doivent conserver tout leur revenu pour éviter que quelqu’un ne continue de travailler pour raisons financières.

    Après des années d’austérité, il peut sembler impossible de répondre immédiatement aux pénuries. Dans la santé ou l’enseignement, où trouver suffisamment de personnel qualifié en un laps de temps aussi court ? Comment répondre au manque d’infrastructures ? Faire face à une crise telle que celle-ci exige de mobiliser toutes les ressources sociales disponibles.

    La Belgique dispose d’un vaste secteur pharmaceutique aux capacités de test gigantesques, y compris pour obtenir rapidement les résultats. Dans les grandes villes, on pourrait réquisitionner de nombreux bureaux vides pour en faire des salles de classe ou d’autres infrastructures utiles. Au lieu de faire appel à des bénévoles, du personnel supplémentaire doit immédiatement être recruté pour des tâches non médicales. Qu’est-ce que les autorités attendent pour investir immédiatement dans la formation de personnel soignant ? Nous avons déjà perdu 7 mois !

    Réfléchir à ce qui est nécessaire – et possible ! – entre directement en confrontation avec les barrières de la loi du profit capitaliste. Cette logique risque d’être désastreuse pour la production et la distribution de vaccins. Laisser l’initiative au secteur privé signifie d’avoir la répétition de la saga des masques. En pire. Respecter la logique de profit signifie que certains travailleurs croulent sous les tâches tandis que d’autres sont licenciés.

    Ce sont les travailleuses et travailleurs eux-mêmes qui ont imposé les mesures nécessaires à leur sécurité. C’est la mobilisation du personnel de la santé qui a contraint le gouvernement à faire de premières concessions (bien que largement insuffisantes). Continuons sur cette voie ! Exigeons le développement de services médicaux dans les grandes entreprises pour permettre des tests de masse. Mettons en place, avec des collègues, des comités pour surveiller l’organisation et le respect des mesures sanitaires ! En cas de menaces de licenciements, exigeons l’ouverture des livres de comptes et exerçons le contrôle ouvrier avant de mettre l’entreprise dans les mains du public. Il n’y a pas la moindre solidarité entre patrons et employés car ils n’ont pas les mêmes intérêts !

    Le capitalisme montre l’ampleur de sa faillite dans le secteur de la santé, dans l’enseignement, dans les tests et le tracing, dans le développement d’un vaccin, et certainement tôt ou tard dans sa distribution. Cela nous prive de toute perspective d’avenir. Le capitalisme pourri sur pied. Il doit être remplacé. Il est grand temps d’avoir un autre système, un système qui repose sur les besoins et les revendications de la majorité de la population. Seule une planification démocratique peut apporter une réponse à une telle crise mondiale. Organisez-vous et rejoignez la PSL pour lutter ensemble en faveur d’une alternative socialiste démocratique !

  • Distribution. “Tout indiquait une deuxième vague, mais la direction semble surprise.”

    Lors de la première vague de la pandémie, les employés des supermarchés étaient largement considérés comme des héros de la crise. En même temps, le secteur a réalisé un chiffre d’affaires plus important et les bénéfices ont augmenté. Ahold Delhaize, par exemple, a doublé son bénéfice global au deuxième trimestre pour atteindre 693 millions d’euros nets. La fédération syndicale néerlandaise FNV demande actuellement une augmentation de salaire de 5 % pour toutes celles et ceux qui travaillent dans le secteur. Même si cela ne suffit pas pour que tout le monde dépasse les 14 euros de l’heure, c’est une indication de l’appel à plus de respect pour le personnel. Nous avons discuté de la situation du secteur avec Dylan Van Looy, candidat SETCA aux élections sociales chez Lidl. (Cet entretien a été réalisé avant les mesures liées au deuxième confinement et ses conséquences dans la distribution).

    Les supermarchés sont-ils prêts pour la deuxième vague ?

    Au début de la deuxième vague, tout était rentré dans l’ordre. Tout pointait vers une deuxième vague, mais pour la direction, c’est une surprise. Presque toutes les mesures sanitaires avaient été supprimées, sauf les masques. La sécurité supplémentaire à l’entrée a été remplacée par un portique, ce qui signifie que le personnel doit surveiller le magasin. Il faut déjà être fort pour faire parfois accepter les mesures sanitaires aux clients. Les mesures visant à réduire la pression du travail ont été progressivement supprimées.

    Au cours de la première vague, la direction a rapidement sauté dans le train pour nous qualifier de héros. Il s’avère maintenant que c’était surtout pour se mettre sous les feux de la rampe et récupérer une partie du soutien populaire. S’ils devaient vraiment nous traiter comme des héros, les collègues qui doivent être mis en quarantaine recevraient un salaire mensuel garanti au lieu de se rabattre sur des allocations de chômage. Ensuite, tous les collègues du magasin d’un employé infecté seraient immédiatement testés, au lieu de laisser ça à l’initiative personnelle. Si la direction le pensait, elle aurait au moins transmis toutes les informations sur les contaminations au CPPT (Comité pour la Prévention et la Protection au Travail).

    Quelles sont les mesures à prendre maintenant ?

    Nous devons à nouveau défendre les mesures de la première vague. Il s’agit notamment de la possibilité de fermer une heure plus tôt pour réduire la charge de travail, de l’augmentation du personnel, de l’absence de promotions spéciales dans les magasins, de la sécurité à la porte ou dans le magasin, de l’assurance qu’il n’y ait pas plus d’un client pour 15 mètres carrés, des pauses supplémentaires pour reprendre son souffle (ce qui n’est pas un luxe superflu si vous devez porter un masque pendant toute une journée),… Au cours de la première vague, les collègues malades étaient remplacés par des intérimaires. Avec la possibilité de fermer une heure supplémentaire, cela a rendu la charge de travail possible. Cependant, cette pratique a été rapidement abandonnée et, en plus, le climat d’anxiété sur le lieu de travail est revenu, les collègues étant régulièrement écartés.

    Nous devons réfléchir aux revendications en matière d’indemnisation. Lors de la première vague, il y avait différentes compensations par chaîne de supermarchés. La première proposition de la direction de nous donner 175 euros de bons d’achat à dépenser dans le magasin avec une réduction de 1 euro par achat de 5 euros a été convertie en 250 euros maximum d’écochèques et de congés supplémentaires. Dans d’autres chaînes, il y a eu d’autres compensations, la plupart du temps temporaires. Chez Aldi en Flandre orientale, une grève a éclaté à la fin du mois d’août pour que ces mesures restent d’application. Il est temps de lutter ensemble, à travers les différentes chaînes de magasins, pour obtenir une compensation permanente qui soit égale pour toutes et tous. Ensemble, nous sommes plus forts pour nous faire respecter. Les travailleurs essentiels doivent gagner un salaire essentiel !

    Après la première vague, nous aurions peut-être dû faire davantage usage de notre rôle nouvellement reconnu de travailleurs essentiels pour faire appliquer de meilleures conditions de travail et de meilleurs salaires. Aux États-Unis, le salaire minimum de 15 dollars de l’heure a été imposé par des luttes et des grèves dans de nombreux endroits. Il y a des leçons à tirer de notre revendications d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure. Il est aussi important de réfléchir à la manière d’utiliser les représentants des travailleurs pour imposer et contrôler les mesures de prévention et de protection sur le terrain, plutôt que de se contenter de donner des conseils dans le cadre du CPPT, conseils que les dirigeants disent toujours “emporter avec eux”. Cela dépendra évidemment du rapport de force sur le lieu de travail avec lequel nous obligeons la direction à nous respecter. Pour ce faire, il faut des délégations fortes qui fassent la différence dans l’application des améliorations. C’est l’enjeu des élections sociales.

  • Mobilisons tous les moyens nécessaires de toute urgence ! La négligence capitaliste nous envoie au drame

    Après sept mois, l’effondrement complet des hôpitaux est imminent. Ensuite il faudra décider qui soigner et qui laisser mourir. Il n’y a pas de temps d’attente pour voir si les mesures actuelles fonctionnent ou non. Il est scandaleux que dans un pays comme la Belgique, avec un secteur pharmaceutique aussi développé et un tel savoir-faire en matière de soins, cela puisse arriver. Combien de vies humaines allons-nous encore perdre pour préserver « l’économie » (c’est-à-dire : la soif de profits) ?

    Déclaration du Bureau Exécutif du PSL/LSP

    Toutes les entreprises qui ne sont pas en mesure de garantir la santé et la sécurité doivent fermer, avec maintien des salaires

    N’accordons aucune confiance au patronat. Le 14 octobre, Pieter Timmermans, de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) osait encore dire : « Force est de constater que le problème se situe dans la sphère privée, et dans les universités. Nos entreprises, elles, ont fait tout ce qu’elles pouvaient faire. » Cela a été contredit dans le journal patronal L’Echo ce 29 octobre : au total 67% des entreprises sondées négligent les mesures de sécurité en vigueur.

    Chez AB InBev, il a fallu plus d’une semaine de grève après qu’une dizaine de travailleurs aient été infectés pour que de nouvelles mesures soient prises. Ce mardi 27 octobre, une dizaine de magasins Carrefour Market (Mestdagh) étaient en grève face à des mesures de sécurité à géométrie variable, le non-respect des horaires, des travailleurs assumant des responsabilités qui ne leur sont pas attribuées, le recours d’intérimaires par centaines ainsi que des étudiants,…

    Il est vrai que les données manquent en Belgique concernant les foyers de contamination – les « clusters » – en milieu professionnel, contrairement aux autres pays européens. En France, selon une analyse réalisée par Santé Publique France, près de 25 % des clusters identifiés depuis le déconfinement l’ont été sur les lieux de travail (entreprises privées et services publics). Une étude de Médecine pour le Peuple parvient à un chiffre à ses alentours avec 21% de contaminations liées au travail.

    Toutes les entreprises qui ne peuvent pas garantir la santé et la sécurité doivent être fermées maintenant sous condition contraignante du maintien du salaire. Et cela pour deux raisons. La première est d’enrayer l’explosion actuelle de contamination. Deuxièmement, cela permettrait de libérer du personnel afin de renforcer les soins de santé, sur une base volontaire et bien entendu entièrement rémunérée. C’est aussi nécessaire dans l’enseignement, car un certain espace doit être laissé pour que la société puisse prendre en charge les enfants qui en ont besoin.

    Mobiliser dans l’immédiat tous les moyens et les forces disponibles

    Nous ne parviendrons pas à répondre aux besoins sanitaires sans réquisition de ce qui est nécessaire. Il est totalement absurde que l’on se retrouve à court de tests en Belgique quand on sait quelle est la taille du secteur pharmaceutique dans le pays. Le plus grand centre de contrôle qualité pharmaceutique au monde se trouve par exemple à Wavre, chez GSK. Le personnel et l’infrastructure du secteur doivent être mobilisés, notamment pour assurer une quantité suffisante de tests et l’analyse rapide de leurs résultats. Sauvegarder ce secteur de la logique de profit est aussi essentiel pour la production et la diffusion d’un futur vaccin.

    Tous les experts et médecins le disent d’une même voix : ce ne sont pas seulement les lits qui manquent, c’est aussi le personnel. Cela ne tombera pas du ciel : les décennies successives de politiques d’austérité et de réduction des budgets sont responsables. En raison du manque de moyens, le personnel restant s’est retrouvé en nombre insuffisant, avec une charge de travail et des conditions de salaire et de travail si mauvaises que beaucoup ont jeté l’éponge. Cette situation, on l’a connue dans les soins de santé, mais aussi dans l’enseignement.

    Un plan d’investissements publics massifs doit de toute urgence être concrétisé pour le secteur des soins de santé et celui de l’enseignement, pour débuter la formation de nouveaux personnels. De meilleurs salaires et conditions de travail sont nécessaires pour mettre fin à l’important turn-over du personnel. S’il faut doubler le personnel soignant pour faire face à une 3e ou une 4e vague, cela ne tombera pas du ciel ! Pour financer cela, appliquons une taxe immédiate sur les fortunes, la meilleure manière de nous prémunir de la fuite des capitaux étant et la prise en mains publiques du secteur financier.

    En 2008, quand la crise financière a éclaté, l’État belge a déboursé 27,3 milliards d’euros pour sauver les banques. Comparons aux insuffisantes promesses pour les soins de santé qui doivent encore être concrétisées. Les banques ont été sauvées, mais le personnel de santé doit retourner dans les tranchées après n’avoir reçu que des applaudissements. Cette différence d’approche est criminelle. Si nos soins de santé étaient une banque, ils auraient été sauvés depuis longtemps !

    C’est au mouvement des travailleurs de décider

    C’est aux travailleuses et aux travailleurs de décider eux-mêmes des entreprises et activités qui sont essentielles ainsi que des conditions sous lesquelles organiser le télétravail. Les délégués syndicaux font tout ce qui est en leur pouvoir pour transformer la colère sur le terrain en mesures efficaces pour contrer la propagation du virus. Mais à ce stade de la pandémie, les vannes sont ouvertes.

    Des comités de crise du personnel de l’entreprise doivent être constitués autour du représentant syndical dans le Comité pour la prévention et la protection au travail (CPPT) pour assurer le respect de toutes les mesures de protection nécessaires. Là où il n’existe pas de CPPT, des comités de crise sont essentiels et peuvent constituer un tremplin vers un futur CPPT. Ces comités de crise représentent des éléments importants du contrôle des travailleurs à un moment où il est évident que ce sont les travailleurs qui font tourner le monde.

    C’est du reste la meilleure manière de se préparer à réagir en cas d’annonce d’un plan de restructuration ou de fermeture autour de revendications telles que la nationalisation sous contrôle et gestion des travailleuses et des travailleurs des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs.

    Les dirigeants syndicaux doivent prendre leurs responsabilités le plus tôt possible et soutenir la colère de la base en l’organisant au niveau national par la déclaration d’une grève générale. C’est la seule façon d’augmenter la pression sur le gouvernement et le patronat pour que les entreprises qui ne peuvent pas garantir la santé et la sécurité soient fermées.

    En Espagne, la grève a permis d’arracher l’augmentation du budget des soins de santé de 151 %. En Allemagne, la lutte des travailleuses et travailleurs du secteur public a permis d’assurer au personnel soignant une hausse de salaire de 8,7 %. Seule la lutte paye !

    Nous allons devoir nous battre pour nous assurer de disposer d’une société responsable qui protège la population et non la soif de profits d’une infime élite. Ce que nous voulons, c’est une société où nous travaillons pour vivre et non pas où nous vivons pour travailler, encore moins avec le risque d’être contaminés et de mourir. La seule société qui permettrait cela est une société socialiste démocratique.

    Nos vies, pas leurs profits !

    • Fermeture immédiate de toutes les entreprises qui ne peuvent pas garantir la santé et la sécurité, avec maintien du salaire !
    • Création de comités de crise du personnel – autour des délégués du CPPT là où ils existent – pour imposer et superviser les mesures sanitaires !
    • Mise en mains publiques de l’industrie pharmaceutique pour une expansion massive des capacités de test et d’analyse ainsi que pour une politique de vaccination contrôlée par le public !
    • Amélioration immédiate des conditions de travail et de salaire dans les soins de santé et l’enseignement !
    • Des soins psychologiques et sociaux gratuits pour le personnel soignant et toutes celles et ceux qui souffrent d’isolement afin de faire face aux conséquences de cette situation émotionnellement stressante !
    • Développement d’un plan d’investissements publics massifs dans les soins de santé et l’enseignement !
    • Taxation immédiate sur la fortune pour dégager les moyens nécessaires, nationalisation du secteur financier contre la fuite des capitaux !
    • Pour une société socialiste démocratiquement planifiée par la classe ouvrière !
  • Écoles. Des congés prolongés ? Un code orange qui ne nous protège pas?

    Le jeudi 15 octobre 2020, la ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, a annoncé, sans concertation avec le terrain, que le congé d’automne sera prolongé de deux jours reliant ainsi la semaine du 2 au 6 novembre et le jour férié du 11 novembre. Cette annonce a suscité de vives réactions au sein de la population pour plusieurs raisons.

    Par des enseignantes du PSL

    D’abord, l’octroi de ce congé supplémentaire a été présenté comme une forme de cadeau « pour permettre aux enseignants et aux directions de souffler ». Cette lamentable communication démontre un manque total de considération. En effet, ce ne sont pas les excuses de la ministre qui vont régler les problèmes organisationnels, notamment dans la garde des enfants et les inquiétudes quant au retard accumulé dans les apprentissages. Non, une fois de plus, les solutions devront être trouvées, organisées et financées au niveau local ou juste par les parents tout seuls.

    De plus, c’est gentil de nous “offrir” 2 jours supplémentaires, mais si c’est pour ne rien changer à la situation actuelle, après ces jours, c’est en dessous de tout. Ne pas mettre en place de nouvelles mesures pour nous protéger tous de ce virus, ne va pas nous permettre de “souffler”.

    Enfin, le déchainement des foudres à l’encontre des enseignant·e·s illustre le déficit de valorisation du secteur de l’enseignement dans le chef de la population. Le secteur souffre des politiques d’austérité fomentant ainsi un système inéquitable, reproduisant les inégalités socio-économiques et empêchant un travail de qualité dans de bonnes conditions, un système dont souffre aussi bien les enseignants (burn-out, turn-over des équipes …) que les élèves (échecs, décrochages scolaires, perte de motivation et de perspectives).

    Donc oui, les membres du personnel de l’enseignement sont fatigués. Bien-sûr, le port du masque dans un métier où la voix est un outil et la relation à l’autre un élément essentiel de la confiance et du bien-être fatiguent les professionnels de l’éducation plus qu’à l’accoutumée. Mais les enseignant·e·s étaient déjà fatigué·e·s avant que la pandémie ne les mettent à l’épreuve dans leur pratique professionnelle et dans leur vie personnelle, à l’instar de l’immense majorité de la population.

    Rappelons que ce que les enseignant·e·s veulent, ce ne sont pas des petites mesures ou des petits congés supplémentaires, mais un réel investissement financier des pouvoirs publics dans l’éducation. Cela passe par du matériel suffisant et gratuit (masques, gel hydroalcoolique, ordinateur et connexion internet pour les élèves), des dépistages massifs, systématiques et rapides, l’embauche de personnel supplémentaire et la réduction du nombre d’élèves par classe.

    En réalité, ce que cache cette apparente générosité, c’est un manque d’organisation et de planification. Ils ont eu 7 mois pour se préparer et à présent, ils nous sortent un nouveau code orange avec presqu’aucune différence. Les statistiques montrent que les cas positifs augmentent, la seconde vague est bien présente, nos libertés se voient à nouveau réduites, nous ne pouvons plus rien faire à part travailler. Et dans les écoles ? Le nombre de quarantaine et de personnes testées positives au Covid-19 augmentent tant chez les profs que chez les élèves, ce qui pose des problèmes logistiques aux équipes éducatives et aux directions. Celles-ci sont livrées à elles-mêmes pour faire face à cette situation inédite et régler les problèmes en interne, sans aucune aide du ministère de l’éducation, qui démontre son incapacité à apporter de vraies réponses aux enseignant·e·s, élèves et parents.

    Cette décision est finalement très révélatrice de nombreux dysfonctionnements, à savoir du manque de considération des responsables politiques de leur domaine de compétence, d’une profonde défaillance dans leur capacité de planification à long terme et de gestion d’une situation de crise, de l’absence de dialogue et de concertation avec les niveaux de pouvoirs du secteur et les travailleur·euse·s de terrain et d’une volonté constante de division au sein de la population par l’octroi de minuscules faveurs – qui ne répondent ni aux besoins ni aux demandes et revendications réelles du secteur – à certain·e·s au détriment d’autres.

    Toutes les surfaces d’une école doivent être nettoyées et désinfectées plus qu’avant, et aucun personnel de nettoyage n’a été engagé pour aider le personnel déjà présent et épuisé. Les éducateurs, essentiellement en secondaire, ont vu leurs tâches doublées voire triplées, ils doivent remplacer des enseignants, démultiplier les salles d’étude, imposer le port du masque en plus du reste, et pourtant, à nouveau, aucun éducateur supplémentaire n’a été engagé par les pouvoirs organisateurs.

    Il nous faut :

    • Des dépistages systématiques et réguliers avec des résultats rapides ;
    • Des masques chirurgicaux gratuits, à disposition de tout le monde ;
    • Du gel hydroalcoolique et des lavabos dans toutes les classes ;
    • moins d’élèves par classe ;
    • Du personnel supplémentaire (des éducateurs, des enseignants, du personnel administratif, des ouvriers, du personnel pour les PMS)
    • La réquisition des bâtiments et des locaux vides pour créer des espaces de cours pour les élèves de maternelle et primaire ;
    • L’organisation d’un enseignement à mi-temps en présentiel pour les élèves du 2ème, 3ème et 4ème degrés du secondaire lorsque cela est nécessaire ;
    • Décaler les heures d’arrivée et de départ des élèves à l’école si cela est possible ;
    • La réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire pour avoir le temps de s’occuper de sa famille, des loisirs, militer politiquement,…
    • La diminution de l’âge de la pension et pension minimum à hauteur de 1500€/mois
    • Un refinancement publique et massif de l’enseignement pour ne plus devoir gérer les pénuries et avoir un enseignement moins inégalitaire ;
    • Stopper les mesures managériales du “Pacte pour un enseignement d’excellence” (surtout le plan de pilotage et le projet pour l’évaluation des enseignants par les directions) ;
    • Rénover et construire toutes les écoles pour notamment réduire le nombre d’élèves par classe et augmenter la qualité de l’enseignement ;

    Ces revendications représentent le minimum pour être en mesure d’assurer que l’enseignement soit gratuit, de qualité et se donne dans des conditions sûres. Un système incapable de les mettre en oeuvre doit être combattu, renversé et remplacé par un système économique qui repose sur les besoins des travailleuses et travailleurs et non sur la soif de profit.

     

     

  • Les travailleurs de Colruyt montrent les dents

    Colruyt : Grève au magasin de Chênée ce lundi 19. Photo : Setca Liège

    3 magasins ont mené des actions de grève la semaine dernière et d’autres actions sont prévues la semaine prochaine. La raison de ce mouvement de grèves tournantes : le refus de la direction de prolonger les accords pris en juin (dits accords « corona ») augmentant le montant des chèques-repas, attribuant des temps de pause supplémentaire et des aménagements de carrières pour les plus de 45 ans.

    Par Simon (Liège)

    Alors que nous sommes en pleine deuxième vague d’épidémie de covid 19, les métiers essentiels que l’on couronnaient du titre de héros lors du confinement ne méritent manifestement plus d’être revalorisés, même faiblement.

    Dans le même temps, les profits des grandes enseignes du secteur de la distribution explosent.

    Les actionnaires (la famille Colruyt représente la 5ème plus grande fortune de Belgique) pensaient continuer à encaisser les dividendes à l’abri de leurs bureaux mais les travailleurs de première ligne exigent légitimement une compensation pour les risques qu’ils prennent quotidiennement.

    Les travailleurs de Colruyt réclament également le renforcement des mesures sanitaires alors que les cas de contagions se multiplient dans les magasins.

    Comme c’est souvent le cas depuis le début de la crise sanitaire, managers du public comme du privé hésitent à prendre leurs responsabilités et à mettre en place les mesures nécessaires afin de limiter la propagation du virus : dans les écoles, les usines, les magasins, c’est la pression du mouvement des travailleurs qui les imposent.

    La grève chez Inbev il y a quelques semaine en est un exemple éclatant que les travailleurs de Colruyt suivent avec raison : seul le rapport de force permettra de faire passer nos vies avant les profits.

  • Coronavirus. Où sont les dirigeants syndicaux ?

    Manifestation de La Santé en Lutte du 13 septembre.

    Pour un syndicalisme de combat !

    Le nombre d’infections causé par le terrible virus reprend son envol. Sept mois après le déclenchement de la pandémie, la stratégie pour l’endiguer demeure Moyenâgeuse  : le confinement. Pourtant, les connaissances scientifiques et les possibilités technologiques existent pour ne pas avoir à recourir à des mesures qui limitent autant notre vie sociale : des capacités de dépistage rapides et massives, une recherche sérieuse des contacts qu’ont eu les personnes contaminées,….

    Après 7 mois, il n’y a toujours pas de données précises sur les lieux principaux de contamination en Belgique. Cependant les chiffres français et britanniques démontrent que les contaminations au travail sont loin d’être négligeables. Dans la plupart des entreprises où des mesures ont été adoptées, elles sont nées de l’entrée en action des travailleuses et des travailleurs. En ce sens, nous ne sommes pas aussi mal préparés qu’en mars-avril. Mais combien de contamination au travail ont encore lieu ? Combien de travailleuses et de travailleurs se rendent au travail avec des symptômes légers de peur de perdre trop de salaire ?

    Les représentants syndicaux ont joué un rôle important dans l’adoption des premières mesures de sécurité : qui sait mieux ce qui est nécessaire que celui ou celle qui se trouve sur le lieu de travail ? Ce n’est pas tombé du ciel. Partout il a fallu faire pression pour que des mesures sérieuses soient prises. Comme en témoigne la lutte exemplaire de plus d’une semaine menée par les travailleuses et les travailleurs d’AB InBev à Jupille, relayée par des grèves de solidarité dans d’autres sites belges de la multinationale, pour qu’enfin des mesures plus sérieuses soient mises en place dans leurs usines. Et ce après qu’une dizaine de travailleurs aient été contaminés (lire notre article à ce sujet).

    Tout au long de la première vague, il est clairement apparu que c’est nous, les travailleuses et travailleurs ordinaires, qui faisons tout tourner. Et c’est d’autant plus vrai en ce qui concerne les secteurs essentiels. Cette conscience de classe accrue offre une opportunité à l’ensemble du mouvement ouvrier de passer à l’offensive pour enfin obtenir les moyens nécessaires pour les organismes de santé et une augmentation du salaire minimum. Il faut la saisir.

    Renoncer à imposer ces sujets primordiaux au centre du débat public par le moyen de campagnes actives, c’est laisser l’espace libre à une rhétorique antisociale. Il suffit de penser à la façon dont le Vlaams Belang diffuse son racisme et sa haine en Flandre. Pourtant, la vague de licenciements qui se met en place montre bien que ce ne sont pas les migrants qui volent les emplois et sont responsables de la misère sociale : ce sont les actionnaires.

    Nous ne devons pas nous contenter d’attendre l’arrivée d’un vaccin d’ailleurs elle-même ralentie par les errements du capitalisme : une concurrence féroce est à l’oeuvre entre multinationales du secteur, qui gaspille l’énergie et les moyens dont nous avons tellement besoin pour repousser la pandémie (lire notre article à ce sujet). Et pour peu que la distribution du vaccin soit aussi chaotique que celle des masques, nous serons encore loin d’être débarrassés de cette pandémie l’été prochain !

    Les dirigeants syndicaux devraient organiser la lutte pour le déploiement d’une capacité de test beaucoup plus importante et massive, y compris avec des tests plus rapides réguliers dans les entreprises (à l’image de ceux développés par l’université de Liège), en impliquant les représentants du personnel dans le contrôle de l’organisation de ces tests. Dans l’enseignement, cela pourrait être réalisé par le personnel et des comités d’étudiants.

    Défendre la nationalisation du secteur pharmaceutique est une évidence pour que le personnel de ce secteur et la collectivité disposent du contrôle et de la gestion du développement des capacités de dépistage et de vaccins, ainsi que de leur répartition. Nous constatons aujourd’hui que sept mois après le début de la pandémie, la capacité de test est déjà à nouveau sous pression. Les syndicats disposent d’une présence solide dans ce secteur, ils ont donc tous les outils en main pour faire une campagne de cette revendication. Qu’attendons-nous ?

    Afin de prévenir les contaminations sur le lieu de travail, il est essentiel que les personnes testées positives ne perdent pas de revenus. Des tests réguliers peuvent aider les personnes contaminées à être plus rapidement en confinement, avant même l’apparition des symptômes. Il est nécessaire d’envoyer immédiatement les personnes contaminées chez elles, mais en garantissant qu’elles ne perdent pas de revenus pour éviter qu’elles ne soient tentées de continuer de travailler à cause de la pression financière.

    Quant aux fermetures d’entreprises ou aux annonces de licenciements collectifs, notre riposte ne doit pas se limiter à demander un meilleur plan social. La comptabilité de ces entreprises doit être ouverte de manière à ce qu’elle puisse être vérifiée et les syndicats doivent lier cette question à celle de la nationalisation des entreprises qui procèdent à des licenciements collectifs. Que ces entreprises soient placées dans les mains de la collectivité, sans la moindre compensation pour les actionnaires qui condamnent le personnel à la misère !

    La deuxième vague menace d’être désastreuse pour le personnel de la santé encore épuisé par la première vague. Après des années d’économies, le secteur est sur les rotules. Les ressources supplémentaires promises sont d’ailleurs largement insuffisantes. Combler le manque de moyens et de personnel est une affaire urgente et de première importance. Et si des promesses ont été réalisées, c’est en grande partie parce que les politiciens traditionnels craignent les troubles sociaux.

    La manifestation combative appelée par le groupe d’action militant La Santé en Lutte le 13 septembre dernier à Bruxelles méritait de disposer du soutien le plus total de la part des appareils syndicaux. Mais le personnel soignant est largement laissé à lui-même. Grâce aux efforts déterminés de centaines de travailleurs et au soutien de structures syndicales locales à Bruxelles, cette manifestation s’est avérée être un grand succès compte tenu des circonstances avec 7.000 personnes présentes (lire notre article à ce sujet). Si les syndicats avaient décidé de sérieusement soutenir l’initiative à partir de tout le pays, beaucoup plus de monde aurait fait entendre les revendications légitimes du personnel soignant. Cela en aurait fait la plus grande manifestation de cet automne, au lieu de la caravane du Vlaams Belang…

    La logique du marché est un échec. Cela se voit dans le secteur de la santé. Cela se voit dans le dépistage du virus et le tracing. Cela se voit dans le développement d’un vaccin et cela ne manquera pas non plus d’être constaté plus tard quand il faudra en assurer la distribution. En 2020, le capitalisme n’a pas su aller plus loin que la méthode médiévale du confinement. Le capitalisme est en faillite et il doit céder la place. Il est grand temps d’instaurer un autre système reposant sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population et capable de répondre aux défis de notre temps de manière démocratiquement planifiée. C’est ce que nous appelons le socialisme.

  • Face au coronavirus, la capitalisme a échoué. Même le Pape François doit l’admettre…

    Il y a une dizaine de jours, le Pape François a déclaré que face à la crise du coronavirus, le capitalisme a échoué. Et bien que le pape ne fasse pas forcement partie des figures citées le plus souvent par les socialistes révolutionnaires, il est difficile de ne pas être d’accord avec lui sur ce point…

    Article basé sur une intervention de Cédric Gérôme lors de la journée de formation marxiste du PSL du 17 octobre

    Le système capitaliste n’a pas seulement ravagé notre environnement, exposant l’espèce humaine à l’émergence de nouveaux virus. Il n’a pas seulement laissé le secteur des soins de santé dans un état dilapidé pour répondre à cette pandémie. Il n’a pas seulement forcé des centaines de millions de travailleurs et leurs familles à travers le monde à risquer inutilement leur vies afin de préserver les marges des patrons et des actionnaires.

    Piloté par la seule logique du profit, ce système s’est vu aussi incapable – malgré les sommes d’argent inédites injectées dans l’économie par les Etats et les banques centrales – d’utiliser le laps de temps qui nous sépare du début de la pandémie afin de réorienter son action vers la création des moyens nécessaires pour faire face à une deuxième vague d’infection. Cette deuxième vague se matérialise maintenant de plus en plus clairement dans toute une série de pays du globe.

    En France, qui fait face à une nouvelle et rapide montée d’infections et d’hospitalisations, les médecins, infirmières et infirmiers et les autres travailleuses et travailleurs de la santé sont entrés en grève et descendus dans la rue ce jeudi 15 octobre. Ils et elles entendaient dénoncer le fait que plus d’une demi-année après le début de la pandémie, les investissements nécessaires n’ont toujours pas été réalisés pour combler le manque criant de moyens, de lits en soins intensifs, de personnel soignant et même de matériel de protection.

    Un sondage auprès de 60.000 infirmières et infirmiers a révélé que déjà avant la crise, 33% se disaient en burn-out. Ce chiffre a presque doublé pour atteindre 57% aujourd’hui. Et ça, ce sont les conditions dans lesquelles le capitalisme a laissé les soins de santé en pleine pandémie dans un des pays ou le degré d’investissement public dans ce secteur est comparativement parmi les plus élevés au monde !

    Une des caractéristiques de cette crise est à quel point les pays dits avancés, en particulier les États-Unis et la Grande-Bretagne, ont graphiquement exposé l’inaptitude de ce système à faire face à la situation, aussi bien sur le plan sanitaire qu’économique. Ces pays ont historiquement été des piliers du capitalisme mondial et les chantres du néo-libéralisme !

    Voilà ce que le capitalisme est capable d’offrir de mieux : 54 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire au Etats-Unis, des embouteillages de plusieurs kilomètres de long à cause du nombre de personnes qui font la queue pour se nourrir auprès de banques alimentaires, des fosses communes au plein cœur de New York,… Il est évident qu’il s’agit d’un système historiquement condamné.

    Durant l’été, on nous faisait encore miroiter une soi-disant “reprise” économique rapide. Mais comme on l’avait prédit, ce discours a déjà fait long feu et est de plus en plus éclipsé par une remontée en puissance des mises en garde et des inquiétudes des classes dirigeantes elles-mêmes quant au fait que nous sommes sans doute partis pour une nouvelle longue agonie, avec la possibilité de nouvelles dégradations sévères de la situation économique dans les prochains mois.

    Bien sûr si on veut parler de l’orgie spéculative sur les marchés boursiers, alimentée par les largesses monétaires et fiscales de ces derniers mois, celle-ci se porte assez bien. Mais en réalité, ce phénomène ne fait que poser les bases de nouveaux séismes financiers, contre lesquels même l’économiste en chef de la Banque Mondiale a récemment mis en garde. Ce n’est qu’un symptôme de la saturation du marché mondial, de la profondeur de la crise à laquelle est confrontée l’économie réelle, de même que du caractère hautement parasitaire du système capitaliste. Comme le soulignait déjà le révolutionnaire russe Léon Trotsky : «En période de déclin capitaliste, les crises ont un caractère prolongé et les booms sont limités, superficiels et de caractère spéculatif »

    Le capitalisme mondial se trouve aujourd’hui dans une phase générale de déclin et de désordre sans commune mesure historique. Les chiffres publiés récemment sur la polarisation des richesses depuis le début de la pandémie donnent une indication assez claire de la proportion vertigineuse des contradictions atteintes par ce système. Toutes les contradictions présentent dans le système capitaliste ont été tout à la fois mises à nue, exacerbées et accélérées par la pandémie de Covid et la vague de dépression économique qu’elle a enclenché, qui est particulièrement aiguë et brutale dans le monde néocolonial.

    Alors que plus de 400 millions d’emplois sont déjà passés à la trappe, que le nombre de personnes menacées de famine a doublé depuis le début de l’année, on voit une augmentation énorme de l’océan de richesses dans lequel baignent les milliardaires. Jeff Bezos, le patron d’Amazon, a augmenté sa richesse personnelle de 92 milliards de dollars depuis le début de la pandémie. Oxfam a calculé que cela suffirait à verser à chacun de ses 876.000 salariés une prime de 105.000 $ tout en conservant le même montant d’argent qu’il avait au mois de mars. Les sept plus grandes sociétés pharmaceutiques au monde vont terminer l’année avec au moins 12 milliards de dollars de bénéfices additionnels en raison de la pandémie.

    La vaccination de masse est le meilleur moyen de pouvoir mettre fin au cauchemar de nouvelles vagues d’infections, de morts et de confinements répétés. Mais les intérêts financiers des actionnaires de ces compagnies privées – aux mains desquels la recherche d’un vaccin est confiée – et le refus de ces entreprises de mettre le savoir scientifique en commun dans le but d’être le premier à profiter de ce marché juteux, sont les principaux obstacles vers la mise à disposition d’un vaccin de qualité, sûr et accessible à tous.

    La course au profit et la rivalité nationaliste croissante entre grandes puissances est aussi au cœur de la menace de nouvelles guerres, depuis la mère de Chine jusqu’à la mer Méditerranée en passant par le Caucase – un argument de plus sur l’urgence de s’organiser pour renverser un système qui nous mène droit vers de nouvelles catastrophes.

    Ceci étant dit, il est clair que la réponse des masses face à cette crise ne s’est pas faite attendre non plus. La semaine dernière, l’Afrique du Sud a été traversé par une grève générale : c’était la première fois depuis la fin du régime de l’apartheid qu’une initiative de grève nationale était soutenue par toutes les fédérations syndicales, un moment historique qui a clairement été imposée par la pression de la base. L’Indonésie a connu trois jours de grève et de manifestations de masse contre une loi visant à démanteler toute une série de protections sociales et environnementales au profit du capital.

    Et c’est sans parler des développements prérévolutionnaires au Bélarus, de la révolte historique de la jeunesse en Thaïlande, des manifestations contre la brutalité policière en Tunisie, en Colombie et tout particulièrement au Nigeria. Dans ce dernier pays, le mouvement a été capable d’arracher une victoire contre l’Etat en obtenant le démantèlement d’une unité sécuritaire notoire responsable de nombreuses tueries, tortures et autres exactions envers la population locale.

    En Tunisie, un des slogans brandis sur une pancarte faite par un jeune lycéen dans les manifestations la semaine dernière était: “vous vous en êtes pris à la mauvaise génération”. Une génération qui n’a connu que la crise comme horizon et qui voit ses espoirs et son futur sans cesse battus en brèche par cette société malade, en proie à une crise structurelle et multiforme sur le plan économique, sanitaire mais aussi climatique.

    Une anecdote assez éloquente, c’est que récemment, en Angleterre, le département de l’éducation a donné des instructions aux écoles pour ne pas utiliser de matériel “critique envers le capitalisme”. Il il est évident que la bourgeoisie a très bien compris que cette génération est susceptible d’être particulièrement perméable aux idées anticapitalistes et socialistes.

    Et soyons en surs: la jeunesse est un baromètre assez fiable de ce qui vit parmi les couches plus larges de la société. L’augmentation du sentiment anti-système et la détermination avec laquelle on a vu la jeunesse descendre dans la rue dans toute une série de pays offrent une mesure des explosions de la lutte de classes qui nous attendent dans la période à venir, et dont 2019 nous avait déjà donné un avant-goût.

    Bien sûr, comme le disait Gramsci, quand le vieux monde se meurt et que le nouveau monde tarde à apparaître, c’est aussi le temps des monstres ; le temps du racisme et du nationalisme, du populisme de droite, des théories conspirationnistes et d’autres idées et courants réactionnaires.

    Mais l’exemple de la victoire, bien que provisoire, récemment imposée conte les néo-fascistes d’Aube Dorée en Grèce nous a encore une fois démontré là ou réside le potentiel pour en finir avec ces monstres : non pas dans les institutions, les partis et les politiciens du système en place, mais dans la mobilisation active et indépendante des forces vives de la classe ouvrière et de la jeunesse, sans laquelle cette décision juridique n’aurait jamais été obtenue.

    Et la meilleure manière de nous préparer à se débarrasser de ce système dégénéré et de tous les monstres qu’il produit, c’est de redoubler d’efforts pour construire les forces du socialisme révolutionnaire au sein d’Alternative Socialiste Internationale et de ses sections, dont le PSL/LSP en Belgique, et de développer sans relâche notre ancrage parmi les travailleurs et les jeunes, pour que les socialistes révolutionnaires soient les mieux positionnés possible pour orienter les luttes futures.

  • Grèce: occupations d’écoles contre le manque de mesures sanitaires

    Moins de deux semaines après la rentrée des classes en Grèce, 94 écoles et classes ont dû fermer à cause de l’augmentation des cas positifs en COVID 19. Ceci illustre de manière plus qu’évidente que le Ministère de l’Education n’a pas été préparé à faire face à la situation et n’a pas pris de mesures sérieuses.

    Article de Zissis Sourlas, Xekinima (ASI-Grèce)

    Des mesures insuffisantes de la part du Ministère de l’Education

    Pendant la période qui a précédé à la rentrée, le gouvernement et ses collaborateurs ont présenté toute une série de justifications et d’arguments sans base scientifique au sujet de la crise sanitaire. Au départ c’était les graphiques irrationnels du virologue Gkikas Malliorkinis (membre de l’équipe spéciale CoVid19 du gouvernement), selon lequel le nombre d’élèves par classe n’a pas d’influence sur la propagation du virus, une opinion qui va à l’encontre de toutes les études scientifiques connues. Ensuite, la Ministre, Mme Kerameus a affirmé que “les écoles grecques ont 17 élèves par classe en moyenne”: effectivement, s’il y a des classes de 5 élèves et d’autres de 29 élèves, la moyenne est sans doute 17. La Ministre apparemment n’est pas au courant de la situation dans la plupart des écoles des grandes villes, comme Athènes ou Thessalonique, dans lesquelles d’habitude il y a 25 ou même 30 élèves par classe.

    En même temps, le port obligatoire du masque dans les écoles constitue la mesure par excellence du gouvernement contre la propagation du virus. Effectivement le masque est nécessaire, mais il est insuffisant si la distanciation sociale est impossible à observer. Observer les distances est vraiment impossible dans les écoles où il y a 25 élèves dans des classes minuscules, comme c’est le cas dans la plupart des écoles de la capitale et de grandes villes. En plus, il y a des doutes si cette mesure est efficace pour les jeunes de maternelle, si elle n’est pas accompagnée d’autres mesures.

    Le Ministère n’a pas procédé à des embauches d’enseignants nécessaires pour le bon fonctionnement des écoles; tandis qu’il y a de graves manques au niveau du personnel de nettoyage et d’entretien. En pleine pandémie, au moment où la propreté et la désinfection des espaces communs des écoles devrait être la plus importante priorité du Ministère, ils se sont avérés incapables d’au moins embaucher du personnel de nettoyage!

    Oui, mais on a des bouteilles !

    Par contre, la Ministre de l’Education a pensé à ce que tous les élèves reçoivent des masques gratuits, même si à cause d’une erreur sur la commande, celles-ci sont d’une taille gigantesque: cela a fait le sujet de centaines de communications hilarantes sur les réseaux sociaux. Elle a aussi prévu des bouteilles d’eau pour tous les élèves, sauf que celles-ci sont minuscules et peuvent à peine contenir un verre d’eau. Ces bouteilles ont été fabriquées par une compagnie dont le propriétaire est un ami de la famille du Premier Ministre, ce qui a évidemment suscité diverses questions.

    Le premier jour de la rentrée des classes est marqué par une cérémonie religieuse, qui a lieu dans toutes les écoles. Ceci est dû à la longue tradition d’implication des institutions orthodoxes dans la vie civile et politique du pays; la séparation de l’Eglise et de l’Etat fait l’objet de demande de longue date de la part de la gauche, même réformiste. Or, même le gouvernement de SYRIZA n’y est pas parvenu. Mais la plupart des prêtres soutiennent le mouvement anti-masque et se sont ainsi présentés aux écoles pour faire cette cérémonie sans en porter un; les élèves ont dû baisser le leur pour honorer la croix avec une bise, comme l’oblige la tradition. Au moins dans une école, le prêtre a été testé positif le lendemain de la rentrée.

    Aucune mesure substantielle en cas de cas positifs

    Au cas où un élève positif est détecté, selon les instructions du Ministère, seule sa classe doit être fermée, tandis qu’aucun tracing des contacts n’est pas prévu. Rien n’est prévu non plus pour les enseignants des cours spécialisés qui travaillent dans plusieurs classes ou même écoles, ce qui augmente considérablement le danger de propagation du virus. Rien n’est prévu non plus pour des classes mixtes, dans lesquelles des élèves de différentes classes sont mêlés.

    Le Ministère nous rassure que tout est prêt pour lancer la procédure des cours en ligne, au cas où une classe ou une école doit fermer. Personne ne s’est par contre assuré que tous les élèves aient accès à internet, ni que tous soient en possession de l’équipement nécessaire. L’enseignement en ligne n’est pas couvert au niveau légal, ainsi les données personnelles des élèves et des enseignants ne seraient pas correctement protégées, tandis que le contrat convenu entre le gouvernement et la compagnie Cisco n’a jamais été publié. L’autorité responsable pour la protection des données de caractère personnel ne s’est toujours pas prononcée sur la question, ainsi la procédure pourrait être bloquée d’un jour à l’autre.

    Les occupations des écoles et les mobilisations des écoliers

    En réponse à tout ça, plus de 200 écoles étaient occupées fin septembre. La demande principale des écoliers est la diminution des élèves par classe à 15, ce qui est bien sûr lié à l’embauche d’enseignants. Une série d’autres demandes figure aussi sur la liste, liées aux mesures sanitaires qui doivent être prises pour les écoles. Le 24 septembre, les écoliers d’Athènes ont réalisé une manifestation massive au centre de la ville; les parents, les enseignants et les étudiants les ont rejoints en soutenant ces revendications.

    Ces dernières semaines, les médias essaient de présenter les mobilisations des écoliers comme un mouvement contre le port du masque ou des négationnistes du CoVid19. Cela bien sûr n’est pas vrai du tout! Même si des occupations sont ponctuellement soutenues par des anti-masque, la grande majorité des occupations revendique ce qui est bien évident: aller aux cours dans une école qui ne constitue pas une bombe sanitaire.

    Et comme les efforts en direction de la diffamation du mouvement n’ont pas porté leurs fruits, une autre manifestation des élèves et des enseignants le 15 octobre, à laquelle les étudiants universitaires ont aussi participé, a été brutalement réprimée par la police. Des élèves de 13 ou 14 ans ont été interpellés et menottés, comme le témoignent les photos qui ont circulé dans les réseaux sociaux en abondance. Il est évident que le gouvernement essaie de casser le mouvement des écoliers, en utilisant tous les moyens possibles, que ce soit la diffamation ou la violence.

    Les dimensions massives de ce mouvement doivent être perçues comme un appel à l’action. Il faut construire des comités d’élèves à chaque école, qui à leur tour vont former des comités des districts. C’est ainsi que le mouvement pourra être coordonné au niveau national et également parvenir à avoir des contacts avec les syndicats des enseignants, les associations d’étudiants et de parents, dans le but de construire un front commun de l’éducation. La gauche devra aussi agir dans la même direction, parce que c’est le seul moyen pour le mouvement de réussir ses objectifs et de réaliser ses revendications, qui au moins dans un premier temps devraient être les suivants:

    • La diminution du nombre des élèves à 15 maximum par classes (tout en prenant en considération la taille de chaque salle);
    • Des embauches d’enseignants pour couvrir les besoins qui en découlent;
    • Des investissements en infrastructures, comme il y a toujours des écoles dont les bâtiments sont inadéquats;
    • Des tests massifs aux élèves et enseignants, c’est le seul moyen de contrôler la propagation du virus aux écoles;
    • Des embauches massives de personnel de nettoyage;
    • La création d’un service médical spécialisé pour les écoles, qui sera chargé de gérer les cas dans les écoles.
  • Coronavirus. Encore une fois : leur approche est un échec et leur système est en faillite

    Photo : Pixabay

    Le nombre d’infections augmente à nouveau rapidement, les hôpitaux menacent à nouveau d’être saturés. Le personnel soignant est épuisé par la précédente vague d’hospitalisations et de nombreux maisons de repos et de soins ne se sont pas encore remis. Parallèlement, beaucoup de gens sont fatigués de la situation et en ont totalement assez. Nous pourrions toutefois être à nouveau confrontés à des mesures plus strictes qui limiteraient encore davantage notre vie sociale.

    Personne ne souhaite un nouveau confinement ou des mesures qui briment notre vie sociale et notre vie tout court. Est-ce évitable ? Au mois de mars, on pouvait encore dire que personne n’était préparé à une telle situation. Ce n’est toutefois pas vrai : les scientifiques avaient averti de longue date au sujet du risque de pandémie, mais les mesures préventives coûtaient de l’argent. Mais aujourd’hui, nous connaissons les terribles conséquences du Covid-19 depuis plusieurs mois déjà alors que nous savons toutes et tous qu’un virus ne disparaît pas tout simplement sans qu’un vaccin ne soit trouvé.

    Lorsque le virus est apparu, les masques, le matériel de protection et les tests manquaient. En Belgique, nous avons connu la destruction du stock stratégique de masques, une était bévue motivée par la logique d’austérité et d’économie budgétaire : détruire était moins cher que déplacer le stock ailleurs. Depuis lors, l’approvisionnement en masques a été assuré. Après tout, ce n’est pas si difficile à produire. La raison pour laquelle un processus aussi simple de production n’a pas été mis en route à échelle de masse beaucoup plus rapidement s’explique par le fait que cela a été laissé à l’initiative privée. Les autorités ont refuser d’envisager d’exiger que les chaînes de production soient réorganisées pour assurer que ce qui était nécessaire soit fourni à la collectivité.

    La capacité de test a été considérablement augmentée, mais des problèmes apparaissent déjà. Dans certaines régions, les tests ne sont pas effectués si une personne ne présente aucun symptôme. Nous avons entendu l’exemple d’une personne à qui un test avait été refusé alors que plusieurs de ses collègues avaient été infectés ! Son médecin généraliste a dû manipuler les faits et affirmer qu’elle présentait des symptômes légers pour obtenir un test. Le déploiement à grande échelle de millions de tests se fait attendre. Cela peut toutefois être relativement simple : à l’Université de Liège, la salive de 30.000 membres du personnel et étudiants est testée chaque semaine. Pourquoi ne pas faire de même ailleurs ? En plus d’un tel test salivaire (qui est moins fiable), il est bien sûr nécessaire de disposer d’une capacité de tests plus sensibles plus importante à plus grande échelle. Il faut également assurer que les résultats puissent être connus plus rapidement, sans avoir à attendre trois ou quatre jours. “Si les personnes sans symptômes ne sont plus testées, alors nous sommes de nouveau dans la situation où nous étions au début du mois de mars”, a déclaré le biostatisticien Geert Molenberghs dans la quotidien flamand De Standaard. Retour à la case départ ?

    Le traçage n’est pas près d’avoir lieu non plus. Nous connaissons probablement tous maintenant des personnes qui ont été infectées et qui peuvent témoigner des défaillances du système de traçage. Nous avons entendu l’exemple d’une personne à Bruxelles qui a été testée positive au Covid-19 et qui a rapidement reçu un message l’avertissant d’un coup de fil à venir du service de traçage. L’appel n’a jamais eu lieu. Des dizaines similaires, il en existe des dizaines. Afin de connaître la propagation des infections, il est important de savoir où elles ont lieu. Toutefois, il n’existe aucune trace de cela dans notre pays. Pourquoi ? Les données britanniques permettent de comprendre ce silence. Le Royaume Uni a organisé un registre des lieux où les infections sont contractées à l’extérieur : 38% dans les écoles et les établissements d’enseignement, 26% au travail, 18% dans les maisons de repos, 4% dans les hôpitaux, 4% dans les restaurants et 10% ailleurs. Ces données sont peut-être limitées, mais elles indiquent que de nombreuses infections se produisent au travail et dans l’enseignement (supérieur). Ce sont justement les deux domaines où les hommes et femmes politiques préfèrent prendre le moins de mesures possibles…

    Les décisions se succèdent au pas cadencé, mais les mesures visent principalement notre vie sociale : les loisirs, la culture, les bars, le sport,… Ces mesures manquent de popularité, ce qui entrave leur efficacité. Qui croit encore les autorités ? Limiter la question à la communication, c’est ce que l’on trouve dans les livres de marketing que les présidents de partis traditionnels dévorent. Mais pour la population ordinaire, la vie sociale et la santé ne sont pas des questions de marketing. Ce sont des préoccupations quotidiennes. D’autre part, les inégalités présentes dans notre société sont exacerbées par la crise sanitaire. La seule chose qui convainc aujourd’hui les gens de faire preuve d’un certain degré de discipline en matière de coronavirus est la crainte du virus lui-même.

    Les lieux de travail et les écoles resteront ouverts aussi longtemps que possible. Le besoin de contacts sociaux et d’éducation des jeunes est mis en avant par les autorités, mais e qu’elles ont en tête est d’assurer que les parents aient les mains libres pour aller travailler. Ce sont les intérêts économiques qui restent centraux. L’impact des mesures sanitaires est bien entendu énorme, elles ont déclenché une contraction économique qui couvait depuis un moment déjà, la plus forte depuis des décennies. Nous assistons au début d’une vague de licenciements. Mais si cela démontre une chose, c’est à quel point ce système est bien peu capable de répondre à un défi tel qu’une crise sanitaire. L’économie capitaliste était déjà mal en point au départ. Quand le coronavirus est apparu, il a rapidement fallu placer l’économie sous respirateur artificiel avec d’impressionnantes mesures.

    La politique traditionnelle n’est pas suffisamment préparée à une deuxième vague de virus, plusieurs mois après l’apparition du virus. Le personnel de santé est encore épuisé par la vague précédente et ne dispose que de promesses d’amélioration. Des années de politiques d’austérité ont laissé le secteur de la santé à lui-même, les maisons de repos et de soin à la merci de la marchandisation et les mesures sanitaires essentielles (telles que les équipements de protection, les tests, le développement et la distribution de vaccins) à l’initiative privée. L’approche des politiciens traditionnels échoue partout pour une raison : le capitalisme qu’ils défendent tombe en faillite. Il est grand temps d’adopter un autre système, un système qui repose sur les besoins de la majorité de la population, un système qui ne repose pas sur le chaos du marché mais sur une approche démocratiquement planifiée : une société socialiste démocratique.

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