Tag: Comité pour une Internationale Ouvrière

  • Manifestations à travers le monde contre les incendies en Amazonie

    Ces derniers jours, les dirigeants du G-7 se sont réunis à Biarritz, en France. Le Président français Macron, entre autres, a continué à prétendre qu’il se soucie du climat. Il a promis plusieurs millions d’euros d’aide contre les incendies de la forêt amazonienne ce que le président brésilien Bolsonaro a rapidement refusé. Quelques millions, c’est de la poudre aux yeux ces dirigeants mondiaux : leur réunion a, en soi, coûté des millions d’euros et, pour accroître son propre prestige, Macron a même fait venir un ministre iranien. En outre, une série de multinationales basées dans leurs pays respectifs sont actives dans le pillage de la forêt amazonienne. Ce sont toujours les intérêts économiques qui prévalent pour les dirigeants du capitalisme. Le résultat est tout ce que nous voyons en Amazonie : les poumons de notre planète sont en flammes !

    Nous ne devons pas nous attendre à des actions audacieuses de la part du monde des affaires. Un certain nombre de grandes banques dans notre pays ont signé l’appel ” Sign for my future ” afin de relever ” tous ensemble ” les défis climatiques. Nous avons immédiatement mis en garde contre cette hypocrisie. Nous avons par exemple rappelé que selon un rapport du 11.11.11, BNP Paribas, ING et KBC ont des prises de participation importantes dans des sociétés minières telles que Glencore, Vale et BHP Billiton. Ces compagnies minières sont impliquées dans le pillage de la forêt amazonienne. Quelqu’un pense-t-il que nous arrêterons la catastrophe climatique en comptant sur la bonne volonté de ceux qui en sont responsables ?

    Nous devons nous organiser par nous-mêmes. L’avenir de la planète est trop important pour être laissé aux grandes entreprises et à leurs marionnettes politiques qui, au cours des dernières décennies, ont démontré qu’elles nous entraînent directement dans l’abîme de changements climatiques irréversibles. Nous entendons par ” par nous-mêmes ” les travailleuses et travailleurs ordinaires et leurs familles : la très grande majorité de la population. Beaucoup s’inquiètent de l’avenir des prochaines générations. Ils ont raison : nous devons nous en inquiéter. Dans le même temps, nous devons nous rendre compte qu’il est possible de forcer le changement, mais pas en le demandant gentiment. En construisant un rapport de force, l’establishment devra nous prendre en compte. Les manifestations de masse constituent un pas important dans cette direction. Nous devrons aller encore plus loin et, s’il n’y a pas de changement, utiliser notre force la plus importante : notre nombre. Sans les travailleurs, le système capitaliste ne peut fonctionner. Des actions dynamiques sont nécessaires pour établir un rapport de force dans lequel les grèves feraient la différence.

    L’appel international à l’action lancé fin septembre – du 20 au 27 septembre – est donc important. La ‘grève de la terre’ (Earth strike) peut devenir importante et donner une nouvelle dynamique au mouvement climatique dans notre pays. Les médias tentent de réduire le mouvement dans notre pays à quelques porte-parole connus, mais la force de la protestation est qu’elle est portée par des dizaines de milliers de jeunes. Leur mécontentement n’a pas disparu. Organisons-le en comités pour que les jeunes puissent contrôler démocratiquement leur propre mouvement de protestation et discuter ensemble des prochaines étapes et du changement de système que nous voulons.

    Lundi, une action réussie à l’initiative de Extinction Rebellion a réuni quelque 400 manifestants devant l’ambassade du Brésil à Bruxelles. Dans le monde entier, de multiples actions ont été menées. Le PSL et le CIO, l’organisation internationale dont nous sommes la section belge, étaient présents à nombre d’entre elles pour défendre une alternative socialiste au capitalisme. Voici quelques photos de différentes actions : Bruxelles, Dublin, Göteborg, Tel-Aviv, Vienne, Sao Paulo.

    Bruxelles

    Tel Aviv

    Viennes

    Dublin

    Goteborg

    Sao Paulo

  • La force politique de la majorité du CIO illustrée lors d’une réunion historique de son CEI

    La récente réunion du Comité exécutif international (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) faisait suite à un débat interne qui a duré sept mois ainsi qu’au départ d’une minorité dirigée par la plupart des membres de l’ancien Secrétariat international (SI) du CIO. Dans l’ensemble, cette réunion fut une démonstration de la force politique du CIO, dont l’écrasante majorité a choisi de rester dans nos rangs. Il s’agissait de la première réunion plénière du CEI depuis novembre 2018. Les anciens dirigeants, aux prises avec un processus de dégénération rapide, avaient refusé de convoquer une réunion de la direction internationale après avoir perdu la confiance de la majorité des membres du CIO.

    Par Andy Moxley, Socialist Alternative, USA

    Tout au long de la semaine, les dirigeants du CIO de 25 pays ont discuté d’une série de sujets auxquels les marxistes sont confrontés, parmi lesquels les perspectives du mouvement révolutionnaire dans cette situation mondiale chaotique et des questions d’importance particulière comme le féminisme socialiste et le mouvement environnemental. Des camarades du Nigeria et du Soudan n’ont pas pu participer en raison de problèmes de visa. Les débats ont également porté sur notre travail syndical ainsi que sur l’orientation et le travail du CIO afin de saisir les opportunités de construire les forces du socialisme et du mouvement ouvrier. Tous ces aspects sont essentiels dans notre stratégie de construction d’un parti révolutionnaire socialiste mondial.

    Avant même la tenue de cette réunion, il était clair qu’un profond changement avait pris place par rapport aux précédentes réunions du CEI, avec la réintroduction d’une liberté de débat entre camarades. L’événement a été marqué par une approche inclusive et collaborative, visant à tirer parti des compétences, de l’initiative et des capacités de tous les camarades.

    La discussion sur les Perspectives mondiales a été encadrée par plusieurs documents élaborés conjointement par des groupes de membres du CEI, l’un sur l’économie mondiale et un autre sur les révolutions en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

    Cette importante discussion a été introduite par deux camarades, qui ont mis l’accent sur différentes caractéristiques importantes de la situation mondiale. Cédric Gérôme, (membre du CEI et l’un des camarades minoritaires de l’ancien Secrétariat international), a abordé la situation générale des forces du marxisme, la faillite de l’establishment politique capitaliste à l’échelle mondiale, la dégradation environnementale et la présence du populisme de droite et de l’extrême droite. Il a mis l’accent sur la vague de mouvements sociaux et même révolutionnaires explosifs en cours dans le monde, en particulier en Afrique du Nord, ainsi que sur la croissance générale de la lutte de classe et de la popularité du socialisme.

    Vincent Kolo, membre du CEI de la section de Chine – Hong Kong – Taiwan, a parlé de l’importance du conflit américano-chinois dans l’évolution de la situation mondiale actuelle. Plus qu’une simple guerre commerciale, il a mis l’accent sur les caractéristiques du conflit, à savoir une sorte de “guerre froide”, non plus comme auparavant entre deux systèmes sociaux antagonistes, mais entre deux puissances impérialistes rivales pour déterminer qui dominera la scène mondiale dans la prochaine époque historique. Un certain nombre de camarades du monde entier sont intervenus au cours de la discussion, qui a duré plus d’une journée, afin de développer les thèmes clés et d’aider à les généraliser dans un contexte international.

    Après cette discussion sur les perspectives, il y a eu une brève mais importante session sur la campagne de réélection de Kshama Sawant à Seattle. Cette session fut un véritable échange d’expériences – avec des questions précises et des réponses précises. Les camarades américains ont expliqué le programme socialiste de cette campagne et comment nous sommes parvenus à atteindre la première position lors du premier tour de cette élection pour le conseil de ville (avec plus de 36% des voix) en dépit des plus de 300.000 dollars dépensés par les grandes entreprises contre nous. Cela a illustré l’incroyable force d’attraction de notre campagne, en particulier parmi la jeunesse. Cette campagne de réélection est de première importance dans la mesure où il s’agit de la seule élue marxiste aux Etats-Unis. Il s’agit d’une claire lutte de classe contre la classe des milliardaires (tout particulièrement contre Amazon qui a son siège social dans cette ville). Nous pourrions jouer un rôle très important dans la période à venir si nous somes en mesure de préserver ce poste lors du second tour en novembre.

    Un féminisme socialiste basé sur la classe ouvrière

    Comme Jane, membre brésilienne du CEI, l’a expliqué dans sa contribution à la session sur le féminisme socialiste, « cette discussion est celle que nous attendons depuis 14 ans », un symbole du type de révolution politique que cette réunion a représenté pour le CIO. Laura Fitzgerald, d’Irlande, a donné une introduction très percutante soulignant non seulement l’importance du mouvement des femmes, mais aussi le rôle des travailleuses et leur impact sur la lutte des classes en général.

    Ces deux éléments ne peuvent être séparés artificiellement, comme elle l’a expliqué. Ce fut illustré en Irlande par les ambulanciers irlandais du syndicat NASRA (National Ambulance Service Representative Association) qui ont adopté le slogan “notre syndicat, notre choix” en référence claire à la victoire massive sur le droit à l’avortement en Irlande à la fin de l’année dernière (sous le slogan « notre corps, notre choix »). Les camarades ont également fait remarquer que s’il existe des dangers évidents en termes d’idées bourgeoises et petites-bourgeoises qui divisent le mouvement, les combattre idéologiquement ne suffit pas, il faut intervenir.

    Bien qu’il n’existe pas de solution universelle, des initiatives audacieuses doivent être développées par les marxistes pour canaliser l’atmosphère radicale sur cette question dans une lutte de classe positive et dans une direction socialiste. C’est ce que nous avons fait avec des initiatives comme ROSA en Irlande et en Belgique. La discussion a abouti sur un accord pour s’engager dans une action internationale audacieuse autour de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (le 8 mars) et de la Journée internationale contre la violence envers les femmes (le 25 novembre). En outre, le CEI a pris la décision d’établir un Bureau femmes international provisoire afin de poursuivre le développement de notre matériel politique et de coordonner ces actions jusqu’au Congrès mondial de janvier 2020.

    Le mouvement pour le climat est une priorité internationale

    Les grèves des jeunes pour le climat et leur importance ont été mises en avant, dans ce contexte d’effroyable crise écologique imposée à la planète par le capitalisme. Plusieurs camarades ont parlé de l’incroyable ouverture qu’offre la crise climatique pour expliquer quelle solution socialiste mondiale signifierait une économie démocratiquement planifiée, sous le contrôle et la gestion des travailleurs.

    L’environnement ne peut pas être qualifié de “problème des classes moyennes” (comme l’ont fait certains de nos camarades qui nous ont récemment quitté). Il s’agit d’une question brûlante pour des milliards de travailleurs et de jeunes. Et bien que l’enjeu ait été correctement souligné, le fil conducteur n’était pas un fataliste “le monde va brûler”. Il est urgent d’agir, mais nous avons encore le temps de décider dans quel type de société nous voulons vivre avant que le changement climatique ne change fondamentalement la réalité matérielle de milliards de personnes, notamment en provoquant une augmentation significative de la migration massive causée par ses effets, que les États capitalistes seront incapables de gérer.

    Différentes sections du CIO se préparent pour la semaine de grèves et de protestations climatiques qui aura lieu du 20 au 27 septembre, ainsi que pour une intervention conjointe de plusieurs sections européennes du CIO à Paris le 21 septembre. Une telle intervention de la part du CIO n’a pas eu lieu depuis le mouvement antimondialisation de la fin des années 90 et du début des années 2000, ni depuis l’initiative très réussie des Jeunes contre le racisme en Europe (YRE/JRE) qui a conduit à la forte croissance de nombreuses sections du CIO.

    Cette réunion du CEI fut pleine de détermination pour revenir aux traditions du CIO en tant que force de combat mondiale dynamique qui se mobilise dans le cadre d’initiatives internationales.

    Discussion sur les racines et les leçons de la crise interne du CIO

    Bien qu’une grande partie de la réunion ait été axée sur l’avenir, pour savoir où nous allons, nous avons besoin de savoir d’où nous provenons. Toute la journée du mercredi a été consacrée aux racines de la crise du CIO et des leçons à en tirer. La discussion sur ce thème ne s’est pas limitée à cette session et, en réalité, a constitué un fil conducteur clair de toutes les discussions de la semaine. Danny Byrne, membre du CEI et ancien membre de la minorité du SI, et André Ferrari, membre de Liberdade, Socialismo e Revolucao (CIO – Brésil), ont introduit la discussion.

    Le thème central de la discussion, et sa principale conclusion, était la nécessité de lancer un processus approfondi de discussion et de débat dans l’ensemble du CIO, entre tous ses membres et pas seulement ses dirigeants, sur les racines et les leçons de la crise dont nous sommes issus. En cela, nous serons confrontés à un double défi : changer ce que nous devons changer pour éviter de futurs problèmes, tout en ne “jetant pas le bébé avec l’eau du bain” (ce qui a été répété à de nombreuses reprises dans la discussion !).

    Il était essentiel de reconnaître et d’analyser le rôle extrêmement positif qu’a joué notre ancienne direction durant toute une période : en jouant un rôle dans la fondation du CIO, en participant à des batailles de masse en Grande-Bretagne dans les années 1970 et 1980 et peut-être surtout en reconnaissant la signification de la chute du stalinisme et en réagissant rapidement pour faire face aux défis que cet événement posait aux marxistes dans les années 1990 et au début des années 2000.

    Toutefois, l’ouverture de la période actuelle après la crise financière de 2007/08 a mis en lumière certains problèmes au niveau de la direction. Celles-ci étaient relativement mineures au début et les camarades qui en avaient connaissance espéraient que le changement de situation et les mouvements de classe les résoudraient.

    Ce n’est que lorsque l’ex-SI a déclenché la crise à la fin de l’année dernière, en tentant d’anéantir notre organisation irlandaise avec une scission insensée et désastreuse, que la profondeur de la dégénérescence au sein de l’ancien SI et du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles a été pleinement exposée. Le manque de renouvellement de la direction par des cadres plus jeunes – une caractéristique absolument essentielle d’une direction marxiste saine – et le fait de faire reposer de plus en plus l’internationale sur l’expérience d’une seule section nationale dans une période spécifique (la Grande-Bretagne dans les années 1980) a eu des conséquences politiques et organisationnelles désastreuses.

    Celles-ci n’ont été pleinement exposées qu’au cours de la dispute qui a suivi. En réalité, ces camarades ont commencé à présenter une perspective unilatérale et pessimiste à l’égard des mouvements actuels. Ils ont cherché à répéter exactement les processus de l’après-guerre dans les événements tumultueux des dix dernières années, et lorsque cela s’est heurté à la réalité, ils ont adopté une attitude de plus en plus dépassée et sectaire.

    Cela s’est traduit par l’absence d’initiatives dynamiques et de discussions constructives sur les questions les plus importantes au niveau international, ce qui a obligé les dirigeants nationaux à les développer exclusivement de leur propre initiative. Dans le même temps, l’ancien SI devenait de plus en plus un organe routinier qui considérait le travail des sections nationales sous un prisme “noir ou blanc” : soit elles devaient être présentées comme des “joyaux de la couronne”, soit elles devaient être dénoncées en bloc. Cette approche a conduit au déclenchement de la crise.

    De nombreux camarades ont réaffirmé la nécessité de restaurer les meilleures pratiques du CIO. Cela inclut la nécessité d’un débat et d’une discussion plus démocratiques, mais aussi d’une unité d’action puissante qui, ironiquement, étant donné leur centralisme bureaucratique, avait été sapée par l’approche de l’ancien SI qui, en pratique, encourageait les tendances fédéralistes. En fin de compte, cependant, les problèmes de la période passée étaient enracinés dans la politique, et bien que nous luttions pour les structures les meilleures et les plus responsables possibles, comme Stephen Boyd d’Irlande l’a souligné dans sa conclusion à cette discussion, la seule protection solide contre une future dégénérescence est le niveau politique des membres. C’est d’ailleurs ce qui a protégé l’intégrité de l’écrasante majorité des membres du CIO durant cette crise.

    Pour la première fois depuis plusieurs années, nous avons également eu une importante discussion sur la construction du parti révolutionnaire. Il a été réaffirmé qu’à la différence d’autres prétendues “internationales” qui fonctionnent comme un club ou une fédération de groupes nationaux, le CIO est un parti révolutionnaire mondial avec des sections nationales dans la tradition des périodes saines des 3ème et 4ème Internationales. Il s’agissait d’une discussion ouverte et honnête sur les progrès et les défis des sections et de l’Internationale au niveau mondial.

    Les camarades américains ont parlé la croissance explosive qu’ils ont connue ces dernières années tout en soulignant les défis de la consolidation d’une organisation à l’échelle continentale et la bataille idéologique nécessaire pour éduquer une nouvelle génération de socialistes révolutionnaires dans l’antre de la bête impérialiste. Les camarades irlandais ont parlé de leurs réalisations parmi la jeunesse, les femmes et les jeunes LGBTQ en particulier, et le rôle historique actuel que les camarades de Belfast jouent dans l’occupation du chantier naval de Harland et Wolff. Les camarades américains et irlandais ont tous deux souligné les complications et les pressions que les luttes de masse de premier plan peuvent exercer sur une organisation révolutionnaire, mais aussi l’incroyable valeur qu’elles ont pour la formation de cadres dans l’expérience concrète de la lutte de classe.

    Des camarades de Chine-Hong Kong-Taïwan ont parlé de l’expérience incroyable de la construction d’une section multinationale dynamique et forte dans des conditions difficiles. Les membres de la nouvelle section d’Angleterre, du Pays de Galles et d’Écosse ont également souligné les défis que représente la construction d’une section entièrement nouvelle à partir des cendres de l’ancienne, bien qu’avec les éléments les plus sains de l’ancienne organisation.

    Un certain nombre de camarades de groupes et de sections plus petits ont également commenté l’importance de telles discussions sur la création de partis pour développer de plus grands groupes dans des endroits comme le Mexique et la Tunisie. Un autre thème clé était la nécessité pour les dirigeants des sections de construire une direction internationale cohérente et active ainsi que la nécessité pour chaque camarade des sections du CIO de s’investir dans les structures internationales et la vie politique de l’internationale.

    Lors d’un meeting international le jeudi soir, plusieurs orateurs ont pris la parole, dont la députée Ruth Coppinger (Irlande), Eleni Mitsou (Grèce), Kelly Bellin (États-Unis), Jane Barros (Brésil), Elin Gauffin (Suède), Sarah Wrack (Grande-Bretagne), Pasha (Hong Kong) et Eric Byl (Belgique), avec un message lu par un camarade soudanais qui ne pouvait être présent. Ce meeting inspirant n’a pas seulement été présenté dans une salle remplie de membre du CEI et d’une petite foule de camarades de toute la Belgique, il a été retransmis en direct à des groupes de membres du CIO. D’autres projections en groupes avaient égélement été organisées pour les camarades de fuseaux horaires différents. L’appel financier a reflété l’enthousiasme et la confiance des camarades du monde entier dans le renouveau de la vie du CIO : il a permis de récolter plus de 40 000 € !

    Le vendredi, des discussions approfondies ont eu lieu sur le travail syndical, ce qui n’avait pas été le cas lors des récentes réunions internationales du CIO, ainsi qu’au sujet des finances de l’Internationale et de ses publications. Il ne s’agissait pas seulement de rapports, mais aussi de discussions fondées sur l’action – des plans ont été élaborés pour accroître la responsabilité et la solidité financières, ainsi que pour la production de documents écrits et de bulletins internationaux. En fin de compte, des décisions unanimes ont été prises pour adopter les documents de perspectives, approuver un certain nombre d’initiatives et élire un nouveau Comité provisoire de 19 camarades de différentes sections à travers le monde pour aider à diriger et coordonner le travail du CIO jusqu’au Congrès mondial, à la place de l’ancien SI qui a été officiellement démis de ses fonctions par vote unanime.

    La réunion d’août 2019 du CEI du CIO sera considérée à l’avenir comme un tournant décisif au sein du CIO et au-delà. Il s’agissait d’un important tremplin vers le Congrès mondial de janvier 2020, qui sera l’aboutissement de la renaissance d’un CIO politiquement renforcé. Au final, le thème de cette discussion était la préparation des forces du marxisme aux défis mais aussi aux grandes opportunités des années 2020. Nous avons un monde à gagner et les socialistes sont prêts à se battre pour cet avenir !

  • La révolte climatique mondiale discutée au Comité exécutif international du CIO

    Un rapport accablant publié l’année dernière par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) montre que nous n’avons plus que 11 ans pour adopter des mesures afin d’éviter que la température mondiale n’augmente au-delà de 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle. Nous ne sommes pas seulement confrontés au changement climatique, mais à une crise existentielle qui pose la question du monde dans lequel vont vivre les jeunes générations.

    Par Tom Costello, Socialist Alternative – (publication CWI en Angleterre et au Pays de Galles)

    Les effets de la crise se font déjà sentir dans le monde entier. Cette année, les climatologues ont constaté que le pergélisol de l’Arctique canadien a commencé à dégeler 70 ans plus tôt que prévu. Une nouvelle flambée mondiale d’incendies de forêt est en cours – en Californie, les feux de forêt font rage sur une superficie d’environ 500 % supérieure à celle de 1972 (NdT : la discussion et la rédaction de cet article ont pris place avant que ne commence le terrible incendie de l’Amazonie).

    Mais c’est dans le monde néocolonial que l’ampleur de la crise se révèle la plus révélatrice. 350 millions de personnes en Asie du Sud-Est et en Afrique ont connu cette année des vagues de chaleur mortelles. Des températures allant jusqu’à 48°C dans le nord et le centre de l’Inde ont déjà coûté la vie à plus de 36 personnes – le chiffre réel risque d’être encore plus élevé. Au rythme actuel, il y aura un pic énorme de réfugiés climatiques avant 2050. Des millions de personnes seront forcées de quitter leurs foyers car de vastes régions du monde seront rendues inhospitalières.

    C’est dans cette situation qu’une nouvelle génération de jeunes et de travailleurs a commencé à se demander : comment faire face à la crise ? Quel type de changement politique sera nécessaire pour y faire face ? C’est dans cette conjoncture, et dans le contexte d’une révolte climatique mondiale croissante, que le Comité exécutif international du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est réuni du 12 au 16 août en Belgique. Des socialistes révolutionnaires de plus de 20 pays, représentés sur tous les continents du monde, ont discuté et débattu pour développer une réponse et un programme communs pour faire face à cette crise.

    La jeunesse montre la voie

    Face à l’indignation et à la peur grandissantes suscitées par l’urgence climatique mondiale, les politiciens sont confrontés à une pression accrue pour trouver des réponses. Leur vielle réponse – blâmer la classe ouvrière en tant que consommateurs – s’est avérée totalement insatisfaisante.

    Un produit de ce développement est observé aux États-Unis. Alexandria Ocasio-Cortez, membre de la Chambre des représentants des États-Unis et démocrate socialiste autoproclamée, a introduit l’idée d’un ‘‘New Deal vert’’ (en savoir plus à ce sujet). Elle défend qu’une hausse d’impôt pour les ultra-riches serve à financer des emplois verts et des projets d’infrastructures durables. L’idée générer une approbation massive parmi les travailleurs et la classe moyenne du pays. Un récent sondage réalisé au Marist College, à New York, a révélé que 63 % des sondés soutenaient l’idée d’un New Deal vert.

    Cela reflète une tendance sociale plus large à l’échelle internationale. Les travailleurs, les étudiants et les jeunes en particulier ont commencé à chercher des idées de plus en plus radicales, tandis que l’establishment politique et la classe dirigeante n’ont fait que de fausses promesses et des gestes creux. Il est de plus en plus reconnu que le système économique actuel est incapable de répondre aux besoins de la planète. Un récent rapport de Carbon Majors a révélé que seulement 100 entreprises dans le monde sont responsables de 71 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre depuis 1988.

    L’insatisfaction et la colère de millions de jeunes ont trouvé leur expression dans les grèves scolaires pour le climat de #YouthStrike4Climate. Le mouvement a été lancé en août 2018 lorsqu’une étudiante de 16 ans, Greta Thunberg, a commencé manifester devant le Riksdag (parlement suédois) à Stockholm pour exiger une action immédiate afin de sauver le climat. Depuis, l’idée a fait fureur et 1,5 million de personnes dans le monde ont quitté leurs école et leurs universités le 15 mars pour le première grève internationale pour le climat. La vague suivante a été qualifiée de ‘‘grève de la terre’’ à la suite de l’appel lancé par Greta aux travailleurs pour qu’ils organisent des débrayages afin d’étendre et de développer la résistance.

    Lors d’un récent discours à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique en Pologne, Greta Thunberg a déclaré : ‘‘Nous ne pouvons pas résoudre une crise sans la traiter comme une crise. Nous devons garder les combustibles fossiles dans le sol et nous devons mettre l’accent sur l’équité. Si les solutions au sein du système sont si impossibles à trouver, nous devrions peut-être changer le système lui-même.’’ Cela reflète l’atmosphère grandissante parmi la jeunesse. A bien des égards, la conscience évolue dans une direction anticapitaliste. Pour une large couche de la jeunesse, la course aux profits sans fin du capitalisme rend ce système totalement incompatible avec une véritable justice climatique.

    Une révolte mondiale

    Ces grèves pour le climat ont été marquées par un haut niveau de sentiment internationaliste. Le changement climatique ne peut être combattu dans un seul pays, c’est largement reconnu. Le mouvement doit donc avoir un caractère mondial, les différentes campagnes doivent être solidement liées les unes aux autres à travers les pays. Le CIO, en tant qu’organisation internationale et unie de militants marxistes, a encouragé ce processus à chaque étape et l’a intégré dans tous les aspects de son travail.

    Nous estimons qu’il est d’une importance vitale de construire une solidarité par-delà les frontières entre les jeunes grévistes pour le climat et le mouvement ouvrier organisé. En Irlande du Nord, des travailleurs ont occupé le chantier naval de Harland & Wolff à Belfast afin de contester les pertes d’emplois. Suite à une baisse de rentabilité, 130 emplois sont menacés de disparition. La logique du marché capitaliste exige que les communautés ouvrières soient abandonnées dès lors que les profits sont insuffisants. Pour la nouvelle génération qui entre sur le marché de l’emploi, la vie est de plus en plus précaire.

    Le Socialist Party (CIO-Irlande) a joué un rôle clé dans son combat grâce à l’influence qu’il a acquise au sein du mouvement syndical d’Irlande du Nord. Nos camarades ont soutenu la revendication de la nationalisation de l’entreprise sous le contrôle des travailleurs afin de sauver les emplois. Ils ont lié cette question au mouvement pour le climat en réclamant la requalification des travailleurs dans la production d’équipements d’énergie renouvelable afin d’assister la transition écologique.

    Cette orientation vers la classe ouvrière est adoptée dans toutes les sections du CIO. De l’autre côté du globe, en Australie, les grèves scolaires pour le climat ont pris pour cible le gouvernement travailliste du Queensland qui a autorisé le géant des combustibles fossiles Adani à ouvrir une nouvelle mine de charbon. Cette mine est synonyme de désastre pour les travailleurs, les populations autochtones et les nombreuses espèces en danger qui vivent autour du site.

    L’extraction du charbon dans la région affectera la qualité de l’eau dans le bassin de Galilée, fournissant de l’eau à 20.000 personnes. Le Socialist Party (CIO-Australie) est intervenu avec enthousiasme ans le mouvement en soulevant la nécessité de la nationalisation afin d’offrir une formation rémunérée et une place dans des emplois verts aux communautés qui dépendent de l’industrie des combustibles fossiles.

    Cela illustre notre approche internationaliste commune, qui sera d’ailleurs concrètement exprimée à Paris lors d’une manifestation à Paris le 21 septembre prochain. Le CIO interviendra au niveau international, tant lors de cette manifestation à Paris que lors des grèves et manifestations dans le monde entier sous la bannière : ‘‘Changeons le système, pas le climat – pour une alternative socialiste !’

    Une planification démocratique pour sauver la planète

    Comme le disait Marx, la production capitaliste ‘‘sape les sources de toute richesse – la nature et la classe ouvrière’’. Cette idée a guidé la discussion lors de la réunion du Comité Exécutif International du CIO. Nous avons réaffirmé notre approche marxiste commune de l’environnement. La destruction de la planète est liée à ce système capitaliste qui se nourrit également de l’exploitation de la classe ouvrière à travers le monde.

    Toute action que les gouvernements capitalistes seront capables d’accomplir sera trop peu, trop tard. Nous devons agir en sachant que le capitalisme n’est pas fait pour faire face à l’urgence climatique et orienter l’humanité vers un avenir propre et durable. Un programme de lutte contre la crise devra d’abord garantir des transports publics gratuits, accessibles et de qualité et reposer sur des investissements publics massifs pour garantir des logements écologiques pour tous.

    Mais cela nécessitera un changement plus large. Nous devons nous attaquer au système capitaliste lui-même. Il faudrait, dans un premier temps, retirer les entreprises du secteur de l’énergie, des transports, de l’agro-industrie et des grandes industries des mains des profiteurs. Un système de contrôle et de gestion ouvriers pourrait jeter les bases d’une planification socialiste démocratique internationale et durable de la production, pour satisfaire les besoins des peuples et de la planète et non l’avidité de l’élite qui les exploite.

  • “Défense du marxisme”, 80 ans plus tard

    Le livre de Trotsky ‘‘Défense du marxisme’’ est un ouvrage que chaque marxiste devrait étudier. Il s’agit d’un recueil de lettres et de documents clés, issus d’un débat animé au sein du Socialist Workers Party aux États-Unis en 1939 et 1940.

    Par Per-Åke Westerlund (Rättvisepartiet Socialisterna, CIO-Suède)

    C’est un livre très riche quant à l’application de la théorie marxiste à un monde en rapide mutation confronté au stalinisme en Union soviétique, au fascisme au pouvoir en Italie et en Allemagne et à la Seconde Guerre mondiale. En parallèle, il traite concrètement de la construction d’un parti révolutionnaire : l’orientation vers la classe ouvrière, la démocratie de parti et l’internationalisme. Une chose est évidente tout au long du livre: Trotsky n’était pas un «marxiste» qui se contentait de répéter de vieilles formules et il n’avait pas peur d’admettre ses erreurs.

    La Seconde Guerre mondiale a bien sûr représenté un test pour chaque organisation et chaque individu. Au niveau international, les politiciens bourgeois avaient déjà massivement capitulé devant le fascisme, qu’ils considéraient comme leur seul moyen d’écraser la classe ouvrière et de se venger de la révolution russe.

    En août 1939, juste avant le déclenchement de la guerre, les travailleurs et l’ensemble de la population étaient abasourdis par l’annonce du pacte germano-soviétique. C’était une décision désespérée de Staline, qui n’avait pas réussi à obtenir l’alliance qu’il souhaitait avec la France et la Grande-Bretagne afin d’éviter une attaque immédiate de l’Allemagne nazie. Lorsque cet assaut militaire inévitable eut lieu, en juin 1941, Staline a tout d’abord refusé de croire à la nouvelle.

    Le pacte a changé la propagande de l’Internationale communiste en mettant l’accent sur la critique de l’impérialisme britannique et français au lieu de celui de l’Allemagne nazie. Militairement, le pacte a signifié que l’armée allemande a envahi la Pologne occidentale le 1er septembre tandis que suivit l’invasion de l’Est du pays par l’Union soviétique à la mi-septembre. Les troupes soviétiques ont également attaqué les États baltes et la Finlande.

    À la suite de ces événements, une partie du SWP (Socialist Workers Party) trotskyste aux États-Unis, y compris une partie de la direction, a changé d’avis concernant le caractère de l’Union soviétique. Ils ont capitulé devant la forte pression de l’opinion démocratique bourgeoise dans les médias et les «cercles de gauche», qui assimilaient la dictature stalinienne en Union soviétique à celle de Hitler en Allemagne.

    A partir de là, l’opposition qui s’est développée au sein du SWP a rapidement abandonné la théorie marxiste et la nécessité d’un parti révolutionnaire. Pour cela, « Défense du marxisme » devrait être étudié avec soin afin de comprendre la nécessité de combiner une base théorique solide avec une analyse concrète.

    Qu’est-ce que le stalinisme?

    Lénine et Trotsky étaient les dirigeants de la révolution russe de 1917. Ils ont assuré que la classe ouvrière, avec le soutien de la paysannerie, puisse prendre le pouvoir pour la première fois de l’Histoire. Ils ont également été les premiers à reconnaître les faiblesses et les dangers du nouvel État, en particulier suite à son isolement à la suite de la défaite des révolutions en Allemagne et dans d’autres pays.

    Une bureaucratie s’est développée dans le pays avec Staline comme chef de file. La défense du statu quo et de la «stabilité» était sa première priorité, ce à quoi s’est progressivement ajoutée sa propre soif de privilèges et de pouvoir. Staline, qui n’a joué aucun rôle de premier plan en 1917, s’est montré incapable de donner des conseils judicieux à la révolution allemande de 1923 et à la révolution chinoise de 1925-1927. Ces révolutions ont toutes deux été vaincues par les forces contre-révolutionnaires.

    Dans les années 1920, la bureaucratie constituait un frein inconscient aux révolutions, mais elle devint plus tard un facteur qui a consciemment mis fin aux révolutions et aux luttes des travailleurs, tout particulièrement en Espagne en 1936-1939. En Union soviétique, cela a conduit à une véritable guerre contre tous les vestiges du bolchevisme, celui-là même qui avait conduit les travailleurs au pouvoir en 1917. Le régime stalinien a recouru aux purges, aux camps de prisonniers, aux procès et aux exécutions contre toute forme d’opposition, notamment contre les véritables marxistes.

    Durant le processus d’émergence du stalinisme, Trotsky a maintes fois fait référence au «Thermidor», évoquant ainsi la contre-révolution française en 1794. Au début, Trotsky pensait qu’un Thermidor en Russie signifierait la destruction de l’État ouvrier. Au début des années 1930, cependant, il s’est rendu compte que cette position était erronée : Thermidor était une contre-révolution politique, et non sociale. En France, Thermidor avait bien signifié un changement de régime contre-révolutionnaire, mais le nouveau régime a conservé le nouveau système économique capitaliste-bourgeois que la révolution avait mis en place et n’est pas retourné au féodalisme.

    Tout comme l’économie capitaliste peut prendre différentes formes, du fascisme à la démocratie bourgeoise, le règne de Staline représentait une contre-révolution politique, mais sans restauration du capitalisme. L’économie planifiée a survécu. Mais une dictature bureaucratique a remplacé le régime de démocratie ouvrière au cours d’une sanglante bataille prolongée. Ce développement fut possible en raison du retard et de l’isolement de la Russie, ainsi qu’à cause de l’environnement impérialiste agressif.

    Trotsky avait conclu que la Russie était devenue un État ouvrier bureaucratiquement dégénéré. Ce caractère ouvrier s’expliquait par l’existence d’une économie planifiée reposant sur la propriété de l’État. Le capitalisme avait véritablement été aboli.

    Sur cette base, la IVe Internationale fondée par Trotsky en 1938 défendait sans réserve l’Union soviétique contre les guerres impérialistes, sans toutefois apporter aucun soutien au régime de Staline. Le programme de la Quatrième Internationale et de ses partis consistait à appeler à la révolution politique en vue d’instaurer un régime de démocratie ouvrière dans l’économie planifiée et de construire une société socialiste qui suivrait les décisions démocratiques de la révolution de 1917. Ces dernières avaient toutes été abolies par le stalinisme. Dans une lettre à Max Shachtman, Trotsky souligna que « les idées de la bureaucratie sont maintenant presque à l’opposé des idées de la révolution d’Octobre ».

    Hésitation et débat

    L’opposition minoritaire qui est apparue au sein du SWP américain a changé de position sur cet aspect, en défendant que l’attaque contre la Finlande et le pacte conclu avec Hitler avaient fondamentalement modifié le caractère de l’Union soviétique.

    Trotsky, à qui on avait accordé l’asile au Mexique mais qui n’était pas autorisé à entrer aux États-Unis, a s’est impliqué dans ce débat par écrit, en demandant à cette opposition d’expliquer comment les marxistes devaient décrire l’Union soviétique sinon en tant qu’État ouvrier.

    Certains d’entre eux ont répondu que la bureaucratie constituait une nouvelle classe sociale, d’autres ont déclaré que l’Union soviétique était devenue capitaliste. D’autres encore ont fait valoir que le fascisme en Europe, le New Deal aux États-Unis et le stalinisme faisaient partie du même processus tendu vers des dictatures d’État bureaucratiques. En cela, ils ne faisaient pas de différence entre révolution et contre-révolution. Le fascisme, en tant qu’outil du capital financier, n’a bien sûr pas exproprié les capitalistes.

    Trotsky a montré que la bureaucratie stalinienne était un phénomène temporaire, dépourvu de mission historique, tandis qu’une nouvelle classe dirigeante serait indispensable. La forte croissance économique en Union soviétique n’est pas due à la bureaucratie, mais à l’économie planifiée et à l’importation de nouvelles techniques. La bureaucratie fut un frein au développement de l’économie planifiée.

    Le stalinisme était une dictature totalitaire, mais pas un régime stable. Trotsky avait prédit 50 ans à l’avance les conséquences négatives de l’effondrement du stalinisme et de la restauration du capitalisme : un affaiblissement du prolétariat mondial et un renforcement de l’impérialisme. Ce processus avait été retardé en raison de l’issue de la Deuxième guerre mondiale.

    Trotsky avait donc pris position pour la défense de l’Union soviétique, malgré la politique de Moscou qui «conserve complètement son caractère réactionnaire» et constitue «un obstacle majeur à la révolution mondiale». Il a comparé cette approche avec le fait que les socialistes révolutionnaires soutiennent toujours les syndicats qui soutiennent leurs gouvernements, en les considérants comme des syndicats réactionnaires mais néanmoins nécessaires pour se défendre contre l’ennemi de classe. L’opposition du SWP a proposé que le parti adopte une position de «révolution contre Hitler et Staline», car leurs armées respectives s’étaient partagé la Pologne.

    En répondant, Trotsky développa la situation réelle en Pologne. En Occident, les révolutionnaires, les juifs et les démocrates fuyaient l’armée allemande ; à l’Est, c’étaient des propriétaires fonciers et des capitalistes qui tentaient de s’échapper. Trotsky prédit que l’invasion de l’Armée rouge serait suivie d’une expropriation des terres et des usines. Cela fut confirmé par les médias capitalistes et même par les journaux mencheviks en exil, relatant une «vague révolutionnaire» dans l’est de la Pologne.

    Trotsky avait averti qu’Hitler retournerait ses armes contre l’Union soviétique pour établir un régime fasciste et restaurer la propriété capitaliste. Lorsque l’Allemagne nazie attaquerait, la tâche la plus urgente serait de vaincre ses troupes.

    Que devaient donc dire les marxistes au sujet de l’avancée de l’Armée rouge ? La « préoccupation première pour nous », écrivit Trotsky, n’est pas le changement des relations de propriété, bien que ce dernier soit progressiste, mais la conscience du prolétariat mondial. La IVe Internationale était opposée à la conquête de nouveaux territoires et aux «missionnaires à baïonnette». Une révolution doit avoir une base solide parmi la classe ouvrière et les pauvres pour réussir. Là où l’invasion a déjà eu lieu, Trotsky a plaidé pour une expropriation indépendante des capitalistes et des propriétaires par la classe ouvrière.

    Comment Trotsky a abordé le débat

    Trotsky s’est engagé dans ce débat en polémiquant de manière politique et aiguë tout en insistant toujours sur la nécessité de l’unité. Il a souligné la manière dont les membres et les dirigeants du SWP s’étaient jusqu’alors mis d’accord sur la question cruciale du caractère de l’Union soviétique. Le débat, disait-il, était nécessaire, mais il serait « monstrueusement illogique de se séparer des camarades (…) il serait préjudiciable, voire fatal, de lier le combat idéologique à la perspective d’une scission, d’une purge, d’une expulsion. » Il était en faveur d’une « censure ou d’un avertissement sévère si un membre de la majorité » faisait de telles menaces. Sinon, «l’autorité des dirigeants serait compromise».

    Trotsky a proposé que le débat soit mené de telle sorte que les deux parties refusent de menacer leurs adversaires. Dans le cas contraire, il défendait qu’une enquête soit menée par le Comité national ou une commission spéciale. Trotsky argumentait en faveur d’une collaboration loyale des deux côtés. James P. Cannon, proche de Trotsky et membre de la majorité, accepta et défendu cette position à la direction du parti.

    Bien entendu, Trotsky ne manquait pas d’expérience avec les débats qui avaient pris place parmi la social-démocratie russe et les bolcheviks. « Même s’il y avait eu deux positions irréconciliables, cela ne signifierait pas un « désastre », mais soulignerait la nécessité de mener à terme la lutte politique.»

    En conseillant Max Shachtman (mentionné plus haut), un dirigeant du parti qui était parmi ceux qui avaient changé de position, Trotsky a proposé que de nouvelles études soient faites afin de soulever la question au sein de la direction, mais sans rechercher immédiatement à adopter une position fixe.

    Une opposition petite-bourgeoise

    Trotsky et la majorité du SWP ont qualifié le nouveau groupe minoritaire « d’opposition petite-bourgeoise ». Qu’est-ce que cela signifie ?

    Au lieu de développer leurs positions et leurs analyses, l’opposition diffusait «des histoires et des anecdotes qui se comptent par centaines de milliers dans chaque parti», dans le but de trouver des erreurs et des fautes. À l’intérieur du parti, ils avaient «presque le caractère d’une famille» ou d’une clique.

    Trotsky a souligné certains traits de cette minorité. Ils avaient un manque de respect pour les traditions de leur propre organisation et une attitude dédaigneuse envers la théorie. C’était notamment le cas de James Burnham, un professeur de philosophie de 34 ans qui avait rejoint le parti en 1935 et avait été nommé rédacteur en chef du magazine théorique du parti, New International.

    Burnham était opposé au matérialisme dialectique – la philosophie du marxisme – en le comparant à une religion. Mais les autres dirigeants de la minorité n’entendaient pas débattre de cette position. Avant même que ce débat ne soit lancé, en janvier 1939, Trotsky avait critiqué Schachtman pour un article qu’il avait écrit avec Burnham dans New International dans lequel on pouvait lire «l’un de nous est pour la dialectique, l’autre est contre». Le contenu de l’article était une bonne critique d’anciens-marxistes, comme Max Eastman, qui s’étaient déjà retournés contre le socialisme parce qu’ils ne pouvaient supporter la pression dans la société.

    Trotsky avait prévenu que ne pas ‘engager dans un débat sur la dialectique avec Burnham était une grave erreur. Dans ce livre, la défense du matérialisme dialectique explique la philosophie mieux que dans la plupart des autres travaux marxistes. La dialectique explique que tout dans la société de même que la nature sont en état de changement perpétuel, au prise avec des processus dont le développement repose sur contradictions, des changements quantitatifs et qualitatifs et des sauts soudains. Politiquement, la dialectique est une loi générale pour le développement de la société et la lutte des classes, a résumé Trotsky.

    Au lieu de cela, l’opposition, sous la forte influence de Burnham, a utilisé des abstractions figées. Ils avaient conclu que l’Union soviétique n’était plus un État ouvrier, mais ne pouvaient pas répondre à ce qui avait changé en quantité ou en qualité. D’où ces processus avaient-ils émergés et jusqu’où ? L’opposition manquait de théorie et d’analyse concrète.

    Burnham a également souligné son «indépendance personnelle» et le fait qu’il n’était pas prêt à devenir un permanent du parti, alors que des permanent à temps plein étaient absolument nécessaires à la construction du parti. Cela a également mis en évidence un manque de compréhension du centralisme révolutionnaire.

    Parmi les autres traits de l’opposition petite-bourgeoise, il y avait la nervosité politique et l’habitude de sauter d’une position à l’autre, y compris concernant ces choix d’alliés, et de mener le combat de fraction à la légère.

    Unité et fractions

    Trotsky décrivit globalement l’évolution du débat: « L’opposition a engagé une dure lutte de fraction qui paralyse le parti à un moment extrêmement critique. Pour qu’une telle lutte de fraction soit justifiée, et non impitoyablement condamnée, il faudrait des raisons très graves et très profondes. Pour un marxiste de telles raisons ne peuvent avoir qu’un caractère de classe. »

    Il était clair que la minorité avait entamé un combat vicieux en créant une fraction sans fondement politique sérieux. La majorité s’est montrée ferme concernant le programme et les perspectives de la IVe Internationale : c’était une position reposant sur la classe ouvrière, alors que l’opposition s’éloignait de plus en plus du socialisme révolutionnaire, devenant de ce fait petite-bourgeoise. Trotsky n’a pas découvert cette tendance petite-bourgeoise pour la première fois en 1939, mais a donné de nombreux exemples où il avait lancé des avertissements au cours des années précédentes. Par exemple, lorsque Shachtman, trois ans plus tôt, estimait que le parti socialiste des États-Unis (un parti plus large dans lequel les trotskystes travaillaient, avant d’en être expulsés en 1937) devenait un parti révolutionnaire.

    Malgré cette analyse, Trotsky prônait l’unité, contrairement à Martin Abern, un chef de l’opposition, qui a utilisé la menace de scission pour effrayer ses membres. D’autres leaders de l’opposition ont voulu ouvrir le débat au public.

    Quelques semaines seulement avant la scission de la minorité, en avril 1940, Trotsky avait insisté sur la nécessité de respecter les droits démocratiques internes. « Mais si l’unité est préservée, on ne peut avoir un secrétariat composé des seuls représentants de la majorité. On pourrait même envisager un secrétariat de cinq membres -trois majoritaires et deux minoritaires. »

    Lorsque Trotsky a souligné les contradictions internes de la fraction minoritaire, Shachtman a répondu en donnant des exemples historiques de « blocs » impliquant Trotsky et les Bolcheviks. Trotsky a répondu en montrant comment, par exemple, le bloc avec Kamenev et Zinoviev contre le stalinisme en 1926, était correct : ce bloc n’a pas masqué les différences politiques existant entre ses membres derrière des programmes communs, et il était clair que les partisans de Trotsky constituaient la force la plus puissante du bloc.

    Aux États-Unis, en 1939-1940, Shachtman forma une fraction, mais il s’agissait en réalité d’un bloc de forces divergentes, dirigé contre la majorité du SWP. Et au sein de la fraction, les forces dominantes étaient Burnham et Abern, tandis que Shachtman n’était que leur alibi politique à court terme pour quitter le marxisme.

    Même à ce stade, Trotsky a adopté une attitude patiente, écrivant que les événements peuvent changer les individus, qui peuvent ensuite revenir au parti révolutionnaire. Il s’est donné lui-même comme exemple : Trotsky n’a rejoint les bolcheviks qu’en 1917, mais en jouant immédiatement un rôle décisif. Cinq ans plus tôt, en 1912, il avait tenté d’unir toutes les tendances différentes de la social-démocratie russe: «En dépit de ma conception de la révolution permanente qui, sans aucun doute, dessinait la perspective juste, je ne m’étais pas encore affranchi à cette époque, en particulier dans le domaine de l’organisation, des traits caractéristiques du révolutionnaire petit-bourgeois. Je souffrais de “conciliationnisme” envers les mencheviks et de méfiance envers le centralisme de Lénine.»

    Clarté politique

    Politiquement, le débat s’est étendu à davantage de questions. Bien entendu, Trotsky a compris que tous les articles et textes ne devaient pas nécessairement tirer toutes les conclusions, mais il a souligné la nécessité pour les membres qui rédigent ces documents de comprendre l’ensemble du programme et de l’analyse.

    La minorité est allée dans la direction inverse. Ils voulaient réduire le programme du parti à des « problèmes concrets », ce qui a conduit Trotsky à faire des comparaisons avec les débats en Russie, contre les économistes et les narodniks, qui ont tous deux évité les problèmes politiques plus généraux. En 1939-1940, la minorité du SWP estimait que la guerre était concrète, mais pas l’État ouvrier.

    Shachtman a cité Lénine qui, dans un débat avec Trotsky en 1920, avait déclaré que «l’État ouvrier est une abstraction» et que la Russie n’était pas un État ouvrier, mais un État ouvrier et paysan. Cependant, Shachtman n’avait pas compris que Lénine, quelques semaines plus tard, avait conclu qu’il avait eu tort. La Russie était un « État ouvrier avec des caractéristiques particulières », ces caractéristiques étant une population paysanne majoritaire et des vices bureaucratiques.

    Shachtman a utilisé l’expression «un degré» de dégénérescence en Russie. Pourtant, il était allié à Burnham qui, bien que ne croyant pas en la dialectique, avait conclu à un changement qualitatif de l’Union soviétique, l’assimilant à l’Allemagne nazie. La minorité n’était pas unie et peu après, elle s’est scindée et a formé le nouveau «Parti des travailleurs». Burnham est parti et est devenu un réactionnaire de premier plan.

    Ce livre contient de nombreux autres événements concrets analysés: les événements survenus en Finlande au début de la guerre, la manière dont les marxistes doivent agir dans la guerre civile espagnole et la position de Marx sur les guerres bourgeoises.

    L’avis général de Trotsky aux membres de la Quatrième Internationale était d’orienter et d’aider la classe ouvrière, les grèves et les syndicats, tout en prévenant qu’il y avait toujours des «déviations opportunistes» dans les syndicats.

    Trotsky a montré il y a 80 ans que la crise de la direction révolutionnaire, qui avait éclaté avec la capitulation social-démocrate pour la guerre mondiale de 1914, n’avait pas encore été résolue. Certains socialistes en ont accusé le prolétariat, comme certains l’ont fait en Russie après la défaite de la révolution en 1905.

    La réponse est survenue en 1917, lorsque les bolcheviks ont pu créer une telle direction. Les marxistes sont aujourd’hui aux prises avec une situation objective bien différente de celle d’il y a 80 ans. D’une part, la classe ouvrière s’est agrandie, ce qui limite l’espace de la réaction. D’autre part, le mouvement syndical doit être reconstruit dans la plupart des endroits. Cela a entraîné des mouvements explosifs en provenance de la base dans de nombreux pays.

    La nécessité de construire des partis et une internationale marxistes révolutionnaires est aussi urgente qu’à l’époque de Trotsky, sinon davantage, face à l’aggravation de la crise climatique, de la crise économique, de la crise sociale et de la crise politique. Étudier et utiliser « Défense du marxisme » est important, sinon nécessaire, car il est crucial de tirer des leçons de la nécessité d’une base théorique solide, d’analyses concrètes et de méthodes correctes pour la formation de partis et la tenue de débats.

  • Le Comité exécutif international du CIO évalue les perspectives mondiales

    Une réunion historique du Comité exécutif international (CEI) du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) s’est tenue en Belgique du 12 au 16 août.

    Cette réunion confiante et dynamique était chargée de faire le point à la suite d’une crise historique survenue au sein du CIO et de lancer un processus de discussion et de débat menant à un Congrès mondial au début de l’année 2020.

    Divers rapports aborderont prochainement sur worldsocialist.net les discussions politiques et les conclusions de cette réunion. Voici ci-dessous le premier d’entre eux, consacré à la session d’ouverture de la réunion, couvrant les perspectives mondiales.

    Par Danny Byrne, Comité provisoire du CIO

    Le Comité exécutif international a commencé par une discussion animée et éclairante au sujet des perspectives mondiales. Deux camarades du Comité provisoire du CIO, Vincent Kolo et Cédric Gérome, ont introduit la discussion, Tom Crean de Socialist Alternative (CIO – Etats-Unis) se chargeant de la conclusion. Pendant une journée et demie, des camarades d’Autriche, d’Australie, de Belgique, du Brésil, de Grande-Bretagne, de Chine, de Hong Kong, de Taïwan, de Grèce, d’Allemagne, d’Irlande, d’Italie, d’Israël/Palestine, du Mexique, de Pologne, du Québec, de Russie, du Canada, de Suède, de Tunisie, de Turquie et des États-Unis sont intervenus pour contribuer au débat.

    Trois éléments centraux de la conjoncture mondiale actuelle constituaient le fil rouge de cette discussion : l’avènement d’une nouvelle récession qui menace l’économie mondiale, l’escalade dramatique des rivalités inter-impérialistes qui s’exprime surtout dans la nouvelle “guerre froide” entre la Chine et les Etats-Unis, et les bouleversements de masse en cours dans le monde, surtout en Afrique du Nord, à Hong Kong et à Porto-Rico.

    Le développement de ces processus de même que leur énorme impact sur la politique mondiale et les vies de millions de personnes seront le facteur décisif dans le développement de la lutte des classes dans les mois et années à venir.

    Tout au long de la discussion, il a été souligné que la “révolution politique” menée par les sections et les membres du CIO au cours de la dernière période afin de sauver notre organisation internationale d’une dégénérescence sectaire, dogmatique et bureaucratique (voir notre article à ce sujet) était un élément crucial de la préparation politique nécessaire pour que nos forces soient en mesure d’intervenir dans cette nouvelle période stimulante et difficile.

    Un nouveau ralentissement économique mondial

    La discussion a révélé qu’à bien des égards, un nouveau ralentissement économique mondial a déjà commencé. C’est ce qu’indiquent tous les derniers chiffres, qui montrent que la Chine connaît sa croissance la plus lente depuis 30 ans, et qu’en Europe, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne sont toutes proches de récessions officielles ou déjà en récession.

    Cette nouvelle vague de crise économique sera unique dans l’histoire, en ce sens qu’elle sera la première crise de mémoire vivante à avoir été déclenchée principalement par des facteurs géopolitiques. L’impact accablant que le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, ainsi que des facteurs moins importants comme Brexit, ont sur la croissance économique mondiale est une illustration du lien dialectique étroit qui existe entre la politique et l’économie. C’est aussi une confirmation brutale de la manière dont les contradictions inhérentes au capitalisme, au cœur desquelles se trouvent les tensions et les conflits entre les classes dirigeantes nationales, font obstacle au progrès économique.

    La réunion du CEI a donné lieu à de nombreuses discussions sur la nature du ralentissement économique à venir et son impact. Si les facteurs géopolitiques ont été le déclencheur décisif, le moteur sous-jacent de cette crise est identique à celle de 2007/8 : la crise fondamentale de production et de rentabilité du capitalisme mondial. Cela se reflète dans le problème colossal de l’endettement, qui s’est aggravé depuis 2008, et dans le manque chronique d’investissements productifs qui alimente les bulles spéculatives.

    Il a également été souligné qu’une nouvelle crise frapperait une économie mondiale qui ne s’est pas fondamentalement remise de la dernière crise. De nombreuses cartes jouées par les classes dirigeantes internationales pour lutter contre le krach de 2007/8 – y compris les baisses de taux d’intérêt et une intervention coordonnée à l’échelle internationale – sont beaucoup moins à leur portée pour faire face à la récession à venir.

    L’impact d’une nouvelle crise sur les perspectives de la classe ouvrière, des jeunes et de tous les opprimés sera également différent de 2007/8. L’expérience de ces dix dernières années d’attaques, d’appauvrissement et de lutte ne sera pas oubliée. Alors qu’une nouvelle crise économique, le chômage et l’insécurité pourraient temporairement réduire à néant la volonté de lutter dans les entreprises, l’impact politique et idéologique d’une nouvelle récession aggravera sans aucun doute la radicalisation qui a eu lieu au cours de la dernière décennie. Cela mettra à l’ordre du jour des explosions sociales encore plus révolutionnaires.

    Une nouvelle “guerre froide” entre la Chine et les Etats-Unis

    Dans le domaine des relations mondiales, le conflit entre les deux grandes puissances mondiales gagne en intensité. Ce conflit historique, qui va bien au-delà d’une “guerre commerciale”, se fraie un chemin vers le centre des événements politiques et économiques mondiaux. En ce sens se dessine une tendance au “découplage” économique, politique et technologique de la planète, les deux parties cherchant à consolider et à développer leurs sphères de pouvoir et d’influence.

    Le discussion a fourni divers exemple de cette situation en Europe, en Amérique latine, en Australie et en Afrique. La crise autour du géant chinois de la technologie Huawei en est l’un des exemples les plus frappants, en relation avec le développement de la technologie clé 5G aux implications productives et militaires cruciales.

    Il ne s’agit pas d’une répétition de la dernière “guerre froide”, qui était à la base un affrontement entre deux systèmes politiques et économiques fondamentalement antagonistes. La “guerre froide” entre les Etats-Unis et la Chine représente aujourd’hui un affrontement historique entre la puissance impérialiste dominante du monde (les Etats-Unis) et son rival impérialiste croissant (la Chine). Cependant, comme lors de la dernière guerre froide, elle tend à diviser le monde en blocs opposés et constitue de plus en plus l’axe central de toutes les relations mondiales.

    Plusieurs camarades ont commenté comment la nature “froide” du conflit ne doit pas masquer sa gravité. Ce conflit aurait très probablement déjà abouti à une guerre militaire “chaude” dans toute période historique antérieure. Mais avec la prolifération des armes nucléaires, une nouvelle guerre mondiale est une option impensable pour la classe dirigeante sous ces conditions.

    L’intensité de ce conflit fluctuera au cours des prochaines années, mais les contradictions fondamentales qui le sous-tendent ne seront surmontées par aucun accord ou aucune résolutions de manière durable.

    Son développement reflète également l’évolution de la situation intérieure au sein des deux puissances. Les camarades américains ont expliqué que si la faible croissance de l’économie américaine se poursuit bien encore, elle s’essouffle toutefois clairement, alors que le pays connaît une renaissance des grèves et que la vague de radicalisation “socialiste” se poursuit, comme en témoigne la nouvelle campagne électorale de Bernie Sanders pour les primaires démocrates. A Seattle, Socialist Alternative (CIO – Etats-Unis) est engagé dans une campagne de réélection pour assurer la position de Kshama Sawant au conseil municipal, face à l’homme le plus riche du monde, le dirigeant d’Amazon Jeff Bezos. Cette bataille est absolument cruciale pour les forces du socialisme mondial.

    Le mouvement historique à Hong Kong, prélude à la révolution chinoise

    Des camarades de Hong Kong et de Taïwan ont abordé en profondeur les racines et implications du mouvement de masse historique qui secoue atuellement Hong Kong. Depuis plus de 10 semaines, les masses sont en mouvement presque constant, avec une manifestation d’au moins plusieurs centaines de milliers de personnes chaque semaine. Le week-end dernier encore, 1,7 million de personnes sont descendues dans la rue !

    Les représentants de la classe dirigeante internationale discutent ouvertement de la possibilité d’une intervention armée de la part du régime chinois, ce qui ferait de Hong Kong un “nouveau Tian’anmen”. Les camarades ont expliqué que si cela est peu probable à court terme, cela illustre cependant la profondeur de la crise et ce qu’elle représente pour le régime chinois, qui craint énormément les bouleversements révolutionnaires.

    Les membres de Socialist Action (CIO – Hong Kong) sont quotidiennement actifs au sein du mouvement et encouragent actuellement une initiative cruciale de grève étudiante. Dans un mouvement largement “sans leader” et décentralisé – ce qui reflète le manque de confiance des masses dans l’opposition bourgeoise “pan-démocrate” de Hong Kong – nos camarades défendent la nécessité d’une entrée en action massive de la classe ouvrière au coeur du mouvement tout en insistant sur la nécessité de l’extension du mouvement au continent chinois.

    Ce mouvement de masse représente, à bien des égards, le début d’une nouvelle révolution chinoise et coïncide avec une vague de lutte et de radicalisation sur le continent. En Chine, où sévissent le contrôle et la censure des médias de même que la désinformation systématique, le mouvement à Hong Kong est dépeint comme un complot réactionnaire occidental pour miner le potentiel de manifestations de solidarité de masse sur le continent. Cependant, il est tout à fait possible que l’escalade des nombreux mouvements sociaux et luttes dans les entreprises qui sont monnaie courante en Chine coïncide et s’unisse avec le mouvement de masse en cours à Hong Kong.

    Les bouleversements révolutionnaires en Afrique

    Alors que les camarades soudanais du CIO n’ont pas pu obtenir de visa pour assister à la réunion, les événements du mouvement révolutionnaire de masse qui s’y est développé ont été discutés en profondeur, tout comme les événements d’Algérie.

    Les luttes révolutionnaires de masse ont secoué les deux pays cette année, jusqu’à la chute de deux dictateurs. Ces mouvements ont surpris de nombreux commentateurs capitalistes et effrayé les élites dirigeantes de la région, mais ils ont aussi inspiré des millions de travailleurs et de jeunes. La brutalité de la contre-révolution qui s’est abattue sur certaines régions du Moyen-Orient ces dernières années rend ces poussées révolutionnaires d’autant plus significatives.

    La lutte au Soudan, en particulier, est l’une des luttes révolutionnaires les plus avancées du XXIe siècle. Elle a été témoin de l’émergence généralisée de comités de résistance de base, qui ont été au cœur des mobilisations de masse. Le massacre perpétré par le Conseil militaire au pouvoir et par ses milices le 3 juin, plutôt que d’en finir avec la révolution, a provoqué une contre-offensive encore plus massive, avec une grève générale de trois jours et une “marche des millions” le 30 juin.

    Malheureusement, l’énergie révolutionnaire déployée par les masses soudanaises n’a pas été accompagnée d’une résolution similaire de la part des dirigeants du mouvement. Les forces de la déclaration de liberté et de changement (FDFC), dont l’épine dorsale est l’”Association des professionnels soudanais” (SPA) ont maintenant signé un accord de partage du pouvoir avec le Conseil militaire contre-révolutionnaire. Cet accord est combattu par un nombre croissant de personnes et risque de s’effondrer sous la pression des événements. La clique dirigeante corrompue exerce une emprise encore plus forte sur l’économie et a augmenté le déploiement militaire des forces soudanaises dans la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen, alors que les masses souffrent le plus de la hausse des prix et de la pénurie de nourriture, de carburant et de médicaments. Dans ces conditions, de nouvelles confrontations révolutionnaires se préparent.

    Pas de stabilité politique pour le capitalisme

    La probabilité croissante d’un Brexit sans accord dans les mois à venir est la manifestation la plus aiguë de l’instabilité sans fin qui secoue le capitalisme européen. Celui-ci s’est révélé totalement incapable de rétablir un équilibre politique après la crise de 2008. Des camarades de tout le continent ont parlé de l’instabilité politique et de la polarisation qui touchent tous les pays, jusqu’aux pays “noyaux” que sont l’Allemagne, la France, l’Autriche, etc.

    Alors que le capitalisme britannique et européen s’oppose à un Brexit désordonné, des considérations politiques poussent inexorablement les événements dans cette direction. Avec Boris Johnson au pouvoir et les partis travailliste et conservateur en crise profonde, le capitalisme britannique manque de représentants politiques viables capables de trouver une solution conforme à ses intérêts. L’establishment de l’UE, inquiet de la crise existentielle de l’UE, se sent également obligé de “jouer au dur” avec la Grande-Bretagne.

    Les élections européennes ont été marquées par une polarisation toujours plus forte et par un plus grand soutien aux partis verts dans de nombreux pays. Elles ont illustré que la classe dirigeante n’a absolument pas réussi à restaurer la confiance dans ses représentants politiques privilégiés. C’est dans cette situation que la classe dirigeante va entrer dans une nouvelle phase de turbulence économique.

    Il en va de même pour l’Amérique latine, où plusieurs gouvernements de droite ont été élus dans des pays clés au cours de ces dernières années. Qu’il s’agisse de néolibéraux classiques (comme Macri en Argentine) ou de populistes de droite (comme Bolsonaro au Brésil), aucun n’a bénéficié d’une “lune de miel” de stabilité, malgré l’espoir des grandes entreprises.

    Bolsonaro est confronté à la pire cote d’approbation de tous les nouveaux présidents depuis la chute de la dictature, et son gouvernement est embourbé dans des contradictions internes entre les “familles” conservatrices, néolibérales et militaires. Macri a été confronté à une vague de luttes ouvrières et féministes, et a en effet reçu une claque lors des élections primaires en Argentine, avec 15% de retard sur son principal adversaire, Alberto Fernandez.

    La réunion du CEI a abordé le Mexique, qui a connu un tremblement de terre politique il y a un an de cela avec l’élection du président de gauche Lopez Obrador (AMLO). Le pays a connu une vague de luttes de la part d’une classe ouvrière enhardie après son élection.

    La période à venir mettra à l’épreuve les gouvernements de toutes les couleurs politiques. La tâche du CIO est de souligner le pouvoir du mouvement uni des travailleurs et des opprimés. Seul un programme socialiste visant à mettre fin aux crises chroniques, aux inégalités, à l’oppression et au chaos du capitalisme offre une issue pour développer l’économie, la vie et le niveau de vie de l’écrasante majorité de la population mondiale tout en protégeant la planète dans ce processus.

    Des discussions séparées ont eu lieu durant cette semaine de discussion au sujet de l’oppression des femmes et du féminisme socialiste ainsi que concernant l’environnement, reflétant l’importance politique de ces thèmes de même que les projets ambitieux pour des initiatives dynamiques de la part de notre internationale. Mais cette discussion a souligné que ces questions constituent des éléments clés de toute discussion sur les perspectives mondiales à notre époque. Les mouvements de masse des femmes ont stimulé la lutte de la classe ouvrière dans le monde entier, les camarades du CIO jouant souvent des rôles de premier plan dans ceux-ci, et les travailleuses et les jeunes ont été à l’avant-garde des luttes de classe de toutes parts.

    La révolte mondiale des jeunes contre le changement climatique, avec de plus en plus de sympathie et de soutien de la part de la classe ouvrière au sens large, verra un nouveau point culminant atteint pendant les “grèves climatiques” du 20 au 27 septembre, auxquelles le CIO interviendra de manière audacieuse à l’échelle mondiale.

    Cette discussion électrisante a montré la force politique, la détermination et l’optimisme révolutionnaire qui demeurent dans l’ADN du CIO, une internationale socialiste révolutionnaire en pleine forme et pleine de vitalité.

  • Seattle. Kshama Sawant affrontera le candidat d’Amazon


    Par Ty Moore, Socialist Alternative

    Les candidats des grandes entreprises passent le premier tour dans les sept districts du conseil municipal de Seattle

    Les premiers résultats du premier tour des élections du conseil municipal de Seattle aiguiseront considérablement les divisions de classe dans cette ville. Sous la direction d’Amazon, les grandes entreprises de Seattle mènent une campagne féroce pour vaincre tous les candidats qui ne sont pas fermement alignés sur la défense de leurs intérêts. Grâce à une injection record de fonds des PAC pro-entreprises (Political Action Commitee, comités d’action politique chargés de recueillir des fonds pendant les campagnes électorales américaines, NdT), les candidats soutenus par les entreprises sont parvenus à passer le premier tour dans les sept districts du conseil. Ils devront affronter des candidats plus progressistes lors de l’élection générale de novembre.

    Mais la Chambre de commerce de Seattle, l’oeil de Sauron, se concentre tout particulièrement sur le District 3 pour vaincre la candidate sortante Kshama Sawant, comme le dit l’hebdomadaire influent de Seattle, The Stranger. La Chambre a déjà dépensé 245.000 $ pour soutenir Egan Orion, qui s’est classé deuxième aux premier tour du 6 août et affrontera Kshama aux élections générales. Au total, les PAC pro-entreprise ont amassé un trésor de guerre totalisant 1,5 million de dollars. Et ce n’est pas fini.

    La campagne électorale de Seattle fait la une des médias nationaux. The Hill a récemment commenté : “Une lutte apparemment insoluble entre progressistes favorables aux affaires [?] et extrême gauche a consumé la politique de Seattle” 7/28/19). The Guardian a ensuite publié un article intitulé “Amazon prend sa revanche sur une socialiste de Seattle…”, qui cite Kshama Sawant : “Cette course et toutes les élections de la ville cette année sont un référendum portant sur une question fondamentale : qui va diriger Seattle ? Les grandes entreprises comme Amazon et les sociétés immobilières ou les travailleurs ?” (8/5/19).

    Au cours du premier tour du District 3, qui comportait 6 candidats, les premiers résultats ont permis à Kshama Sawant de battre le candidat de la Chambre de Commerce Egan Orion de 9 points avec 33% contre 24%. Les quatre autres candidats ont tous été en dessous des 15%. Seuls 60 % environ des votes ont été comptés le soir du scrutin en raison du système de vote par correspondance de l’État de Washington. Le résultat total de Kshama augmentera probablement de quelques points de pourcentage au cours des deux prochaines semaines, à mesure que les votes tardifs arriveront, essentiellement issus de la classe travailleurs et des jeunes.

    Dans le contexte de toutes les forces déployées contre notre campagne, 200 personnes ont accueilli les résultats de Kshama Sawant au Langston Hughes Performing Arts Institute, comme l’a relaté la première page du Seattle Times ce jeudi matin. En même temps, il était clair pour tous qu’un combat très difficile nous attend. Les résultats du District 3 constituent un signal d’alarme pour les travailleurs et la gauche. Remporter plus de 50% pour Kshama en novembre et bloquer les candidats soutenus par Amazon dans les autres districts exigera une lutte acharnée contre l’establishment politique et économique de Seattle.

    Dans son reportage sur notre soirée électorale, KUOW a commenté : Sawant, membre du Conseil, a déclaré à ses partisans que si le monde des affaires était unifié pendant le premier tour, les syndicats étaient quelque peu divisés… Nous devons travailler à l’unité des candidats de gauche autour d’une stratégie de lutte”, a-t-elle dit. “S’unir autour d’une lutte pour le contrôle des loyers et le logement social, s’unir autour d’un mouvement pour un New Deal vert, et s’unir contre les PAC pro-entreprise.”

    Nous saluons les succès remporté par Shaun Scott, candidat des Democratic Socialists of America (DSA) dans le district 4, et Tammy Morales, candidate progressiste dans le district 2. Morales a remporté 45% des suffrages en dépit des attaques du maire Durkan et des grandes entreprises. Scott a obtenu la deuxième place au premier tour avec 19% des voix et fait face à une bataille difficile contre Alex Pederson, candidat soutenu par Amazon, qui a remporté 45% des voix.

    Le premier tour est généralement biaisé avec un pourcentage plus élevé d’électeurs plus riches et plus âgés, ces élections n’ont pas fait exception. Les quartiers riches du District 3 ont connu les taux de participation les plus élevés, avec une participation électorale beaucoup plus faible à Capital Hill et dans le District central où les locataires, les personnes de couleur et les résidents à faible revenu prédominent.

    Le faible taux de participation électorale parmi la classe ouvrière, les pauvres et les communautés opprimées est un problème persistant qui fait partie intégrante du système politique américain. C’est l’une des raisons pour lesquelles les élections ne sont pas le terrain le plus favorable pour la classe ouvrière et la politique socialiste. Bien que la participation électorale à l’élection générale du 5 novembre sera probablement plus élevée, avec un plus grand nombre de locataires et de ménages de la classe ouvrière à l’écoute de la campagne, un énorme effort sera nécessaire pour mobiliser davantage de gens de la classe ouvrière aux urnes pour remporter le suffrage de novembre.

    Jeff Bezos “prend sa revanche”

    Alimentée par l’industrie technologique en plein essor, Seattle est devenue au cours de la dernière décennie la ville qui a connu la croissance la plus rapide des Etats-Unis. Les loyers augmentent encore plus vite. Seattle est aujourd’hui le marché locatif le plus cher du pays en dehors de la Californie. Les communautés ouvrières sont déplacées et chassées de la ville. C’est particulièrement vrai dans le district 3 de Kshama, où les locataires sont majoritaires. Les Noirs représentaient 73% du District Central en 1970, mais sous l’effet de l’embourgeoisement, le nombre total de résidents noirs a diminué des deux tiers depuis lors et la part de la population noire devrait chuter au-dessous de 10% dans le District Central d’ici 2025.

    Le développement rapide de Seattle et l’augmentation spectaculaire des coûts déchirent les communautés et ont conduit à la plus grande population de sans-abris par habitant du pays. Les nombreux campements de tentes sont un contraste saisissant avec les grues de construction et les nouveaux immeubles de luxe étincelants qui dominent le paysage de Seattle.

    The Hill a expliqué plus en détail : « Une tentative de payer une réponse à la crise [du logement] par une taxe sur les grandes entreprises a échoué l’année dernière lorsque le conseil a changé de position face à la vive opposition des entreprises… » Kshama a aidé à mener la lutte pour arracher la taxe sur Amazon et les grandes entreprises. Elle a été l’une des deux seuls à dire “non” lorsque la maire Jenny Durkan a obtenu l’abrogation honteuse de la taxe. La maire Durkan n’était entré en fonction que six mois plus tôt, après qu’Amazon l’eut aidée à acheter les élections avec une contribution de 350.000 $ issue d’un PAC.

    « Après la lutte contre la taxe, Amazon et d’autres grandes entreprises ont versé des centaines de milliers de dollars à un comité d’action politique dirigé par la Chambre de commerce de la ville, et un ancien membre du conseil municipal a formé son propre PAC visant à encourager des démocrates plus favorables aux affaires », continue The Hill pour conclure : « Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos… prend sa revanche».

    La véritable motivation des grandes entreprises est, comme toujours, de protéger leurs profits. Après près de six ans au pouvoir, les grandes entreprises connaissent bien le bilan de Kshama en matière de création de mouvements réussis pour remporter des victoires majeures face à leur opposition, depuis l’instauration du salaire minimum horaire de 15 $ jusqu’à la loi historique sur les droits des locataires.

    « Amazon craint que la réélection de Kshama n’insuffle un nouveau souffle à un mouvement pour les taxer », explique le directeur politique de la campagne, Calvin Priest. « La lutte pour le contrôle des loyers et l’expansion massive des logements abordables publics, qui est au centre de notre campagne, fait peur aux grands promoteurs et à l’industrie immobilière. Puget Sound Energy, le plus grand pollueur de la région, s’oppose farouchement aux appels croissants en faveur d’un New Deal vert pour Seattle. Les grandes entreprises veulent un conseil municipal qui s’opposera fermement à ces revendications populaires.”

    Une atmosphère anti-titulaire

    Au cours des dernières élections au conseil municipal de Seattle, les électeurs ont exprimé leur mécontentement à l’égard des candidats démocrates au conseil élus avec le soutien des entreprises et qui promettaient des changements progressistes. Cette colère contre les démocrates pro-entreprise a également alimenté les victoires de Kshama en 2013 et 2015. Cependant, malgré les victoires importantes que nous avons remportées, l’échec complet du conseil municipal actuel à s’occuper de la crise du logement et du sans-abrisme alimente une forte atmosphère anti-titulaire, contre les élus déjà en poste.

    Les grandes entreprises et les groupes de droite ont pu profiter de l’humiliante retournement de veste des libéraux du conseil concernant la « taxe Amazon », mais cela a davantage discrédité ces derniers. En dépit des désaccords ouverts de Kshama avec les membres du conseil et son vote contre l’abrogation de la taxe, les médias pro-entreprises sont en partie parvenus à compromettre Kshama avec le statu quo et la “débâcle de la taxe”, comme ils le disent. « Les électeurs de Seattle ont clairement le choix cet automne entre une nouvelle direction ou plus de la même chose », a déclaré Marilyn Strickland, présidente de la Chambre de Commerce de Seattle, dans une déclaration faisant suite au premier tour.

    En même temps, la pression intense exercée par Amazon et les grandes entreprises dans cette campagne a révélé au grand jour les différences politiques très réelles qui existent entre le libéralisme dominant de la plupart des membres du conseil municipal de Seattle et les socialistes qui s’appuient sur la construction de mouvements sociaux. Les politiciens libéraux et certains dirigeants syndicaux ont été en colère quand Kshama a refusé de leur offrir un vernis de gauche en les accompagnant dans leur capitulation concernant la taxe Amazon et d’autres votes. Ils se sont joints aux grandes entreprises pour s’opposer à la réélection de Kshama Sawant.

    Parmi les électeurs les moins informés, ces attaques contre Kshama Sawant lancées par les soi-disant progressistes et les dirigeants syndicaux ont clairement eu un impact. Ces attaques sont considérées par beaucoup d’électeurs comme des divisions et des dysfonctionnements “à gauche”. Elles ont aidé les médias et les politiciens du monde des affaires à renforcer le sentiment anti-titulaire. La plupart des titulaires ont simplement décidé de ne pas se présenter aux élections. Aucun des trois autres titulaires n’a obtenu plus de 50 % des suffrages au premier tour, un phénomène rare dans l’histoire politique de Seattle.

    Bien que le premier tour ait également révélé de profondes divisions entre les sections les plus libérales et celles plus pro-entreprises de l’establishment politique de Seattle, beaucoup sont susceptibles de s’unir avec Amazon et la Chambre de commerce pour soutenir Orion contre Sawant lors des élections générales. Le décor est planté pour l’élection du conseil municipal la plus chère et la plus âprement disputée de mémoire d’homme, donnant une expression politique tranchante aux divisions de classe de plus en plus claires qui façonnent Seattle.

    Le débat à gauche

    Une grande majorité des travailleurs et des progressistes ne veulent pas d’un conseil municipal dominé par les grandes entreprises. En même temps, un débat majeur divise le mouvement ouvrier de Seattle et les militants progressistes sur la façon de faire face à cette menace.

    Les socialistes ont toujours soutenu que, sous le capitalisme, la course aux profits des entreprises aggrave inévitablement les inégalités et les divisions de classe. Lorsque les travailleurs exigent des salaires plus élevés ou que les locataires exigent des loyers plus bas, cela menace les marges de profit de la classe capitaliste. Tout au long de l’histoire, chaque pas en avant pour la justice sociale a été franchi lorsque les travailleurs et les communautés opprimées ont reconnu que le seul moyen d’améliorer leur vie était de lutter contre l’élite capitaliste.

    Bien que cette compréhension ait animé l’approche de Socialist Alternative à la politique de Seattle, la plupart des politiciens libéraux ainsi que de nombreux dirigeants syndicaux sont totalement opposés à cette stratégie de combat. Au premier tour, l’aile la plus libérale de l’establishment de Seattle craignait à juste titre que l’alliance ouverte d’Orion avec les grandes entreprises ne repousse de nombreux électeurs du district 3 qui avaient un esprit progressiste. Les membres du Conseil Teresa Mosqueda et Lorena Gonzalez ont énergiquement soutenu Zachary DeWolf, candidat qui s’est présenté comme progressiste.

    « DeWolf a également obtenu le soutien des dirigeants syndicaux les plus conservateurs menacés par le soutien de Kshama aux voix de l’opposition à leurs bases », a déclaré Ian Burns, organisateur de Labor for Sawant. « Entre autres désaccords, son vote contre le contrat illégal du syndicat de la police réduisant la responsabilité de la police les a énervés. » Kshama est déjà soutenue par 15 syndicats et maintenant, avec la menace de la Chambre d’étendre sa domination à l’Hôtel de ville en novembre, « nous nous attendons à ce que la pression de la base conduise à plus de syndicats à nous soutenir » explique Burns « malgré l’hésitation de certains dirigeants ouvriers à soutenir une candidate ouvertement socialiste ».

    Expliquant la décision du Conseil du travail de soutenir Zachary DeWolf plutôt que Sawant, Monty Anderson, secrétaire exécutif du Conseil des métiers de la construction, a déclaré : « Vous êtes censés faciliter les affaires en ville, et nous pensons que [Kshama] fait le contraire. » Avant cela, Anderson et d’autres dirigeants syndicaux conservateurs se sont publiquement opposés à la taxe Amazon. Ils avaient joué un rôle non négligeable en aidant les grandes entreprises à obtenir l’abrogation de la taxe et en fournissant une couverture politique aux membres libéraux du conseil qui avaient capitulé face à la pression d’Amazon.

    Comme on pouvait s’y attendre, ces tentatives de gagner la faveur des grandes entreprises n’ont pas été suivies de remerciements par ces derniers. L’un des PAC pro-entreprise a envoyé des lettres à toute la ville pour attaquer d’autres candidats soutenus par les travailleurs en les qualifiant de “diviseurs” et “d’extrémistes” tout en les assimilant à Kshama Sawant ! L’une de ces lettres a même été envoyées dans le District 3 contre Zachary DeWolf, en dépit des attaques de ce dernier et d’Anderson contre Kshama.

    La stratégie de la plupart des politiciens libéraux et de nombreux dirigeants d’ONG et de syndicats pour trouver un terrain d’entente avec les grandes entreprises a toujours échoué. À moins que les travailleurs et la gauche n’apprennent cette dure leçon – à Seattle et à l’échelle nationale – nous ne serons pas en mesure de repousser les grandes entreprises et les forces de droite.

    Unir la gauche et les travailleurs contre le capital

    Amazon et la Chambre de commerce ont maintenant une liste claire de démocrates à leur solde dans toutes les courses électorales. Ils sont prêts à dépenser des millions de dollars dans un déluge d’annonces en ligne et de publipostages avec une stratégie médiatique coordonnée pour remodeler le débat politique à Seattle en leur faveur.

    Les travailleurs et les candidats socialistes doivent s’unir, au moins autour d’une plate-forme commune, pour défier ensemble les grandes entreprises dans cette élection. Il ne suffit pas de s’opposer simplement à l’influence des entreprises, étant donné le mécontentement général à l’égard de l’échec du conseil municipal actuel à résoudre les problèmes brûlants de notre ville. Les grandes entreprises essaient d’exploiter l’humeur anti-titulaire en appelant cyniquement au “changement” et en blâmant l’aile soi-disant “activiste” du conseil pour l’impasse politique.

    Une alliance de candidats de gauche réclamant un contrôle des loyers, la taxation des grandes entreprises pour financer des logements abordables et un New Deal vert pour Seattle – entre autres revendications – pourrait fournir une vision ouvrière et socialiste claire pour transformer Seattle dans l’intérêt de la majorité. Au lieu de cela, la plupart des candidats progressistes et soutenus par les travailleurs ont échoué en voulant esquiver un combat direct contre Amazon et les grandes entreprises. Ils espéraient qu’une approche moins combative que celle de Sawant les épargnerait des attaques des entreprises.

    Malgré cela, au moment même où les PAC lançaient un déluge d’attaques contre Tammy Morales, la maire Jenny Durkan s’est adressée aux médias avec sa propre attaque à : « Ajouter une autre socialiste comme Tammy Morales causera plus de division dans notre ville ». Ce premier tour des élections a montré montre jusqu’où les grandes entreprises et l’establishment politique de Seattle sont prêts à aller pour vaincre leurs détracteurs. Les travailleurs et la classe moyenne, le mouvement ouvrier, les socialistes et les progressistes de Seattle perdront du terrain si nous ne nous réunissons pas autour d’un programme de lutte unifiant les travailleurs, les communautés, les migrants, les personnes LGBTQ, les pauvres et tous ceux qui sont confrontés aux attaques du grand capital.

    Une puissante campagne de terrain

    La tentative agressive et nue d’Amazon et des grandes entreprises d’intimider et d’acheter leur voie vers la domination politique a choqué la plupart des gens. Dans le District 3, cela a également contribué à inspirer la plus grande campagne de terrain de l’histoire moderne de Seattle.

    « Plus de 4.000 donateurs individuels ont participé à la campagne de Kshama pour nous aider à riposter », a déclaré Eva Metz, directrice financière de la campagne de Sawant. « Nous sommes très fiers d’annoncer que c’est trois fois plus de donneurs que n’importe lequel de nos concurrents. Les médias pro-entreprises ont essayé de nous dénigrer en disant que nous sommes financés par de grosses sommes d’argent provenant de l’extérieur de l’État, mais nous avons 2363 donateurs de Seattle, 1602 du district 3. C’est à peu près le double du nombre de donateurs de Seattle et trois fois plus de donateurs du District que toute autre campagne. Nous avons un don médian de 20 $, ce qui nous a permis d’amasser près de 290.000 $ aux primaires, détruisant tous les records[sans compter l’argent de PAC] ».

    Plus de 350 personnes se sont portées volontaires pour la campagne, rappant aux portes, accrochant des affiches, fabriquant des badges, occupés à la saisie de données, etc. « J’étais vraiment fier que mon syndicat ait soutenu Kshama et que beaucoup d’enseignants l’aient aidé » a expliqué Maley, qui est aussi ‘organisateur de la branche de Capital Hill pour Socialist Alternative, « l’épine dorsale de cette campagne était les membres de Socialist Alternative. Nous comprenons ce qui est en jeu pour les travailleurs et la classe moyenne, non seulement ici à Seattle, mais partout dans le monde, si nous laissons des milliardaires comme Jeff Bezos diriger les choses. Les membres se sont vraiment mobilisés et ont donné tout ce qu’ils avaient. »

    Greyson Van Arsdale, organisateur de l’équipe de campagne de Sawant, a été sans relâche impliqué dans la campagne dans la rue. « Alors que d’autres candidats comptent principalement sur les publicités payées, les expéditions de courrier et les médias pro-entreprises pour communiquer leurs attaques contre nous, nous avons répondu à leur campagne négative par des dizaines de milliers de conversations au porte-à-porte : nous avons frappé à plus de 90.000 portes depuis le 1er juin ! »

    Lors de la soirée électorale, Kshama a résumé ce qui motive politiquement la détermination infatigable de nombreux membres de Socialist Alternative : « La maire Jenny Durkan dit qu’on n’a pas besoin de plus de socialistes au conseil. Nous répondons en construisant fièrement et sans excuses le mouvement socialiste. Plus fondamentalement, expliquons aux gens que le capitalisme est incapable de résoudre les crises auxquelles sont confrontés les travailleurs, qu’il s’agisse de la catastrophe climatique ou de la crise du logement. Nous devons nous organiser pour construire les forces du socialisme. J’espère vous voir tous dans la rue avec nous dans les mois à venir. Disons non à Jeff Bezos ! Quand on se bat, on gagne !”

  • Solidarité internationale : Non à la persécution d’Abbey Trotsky au Nigeria!

    Ce lundi, nous avons mené une action de protestation devant l’ambassade du Nigeria à Bruxelles dans le cadre d’une campagne internationale contre la persécution du militant socialiste nigérian Abiodun Bamigboye, alias Abbey Trotsky. Il devait se présenter devantles tribunaux hier en raison du rôle de premier plan qu’il a joué dans la lutte des travailleurs de la société alimentaire Summal Foods Ltd dans l’État d’Oyo.

    Abbey avait déjà été arrêté et détenu. De nombreuses protestations internationales avaient rapidement conduit à sa libération. Cependant, les accusations restent sur table : l’organisation du personnel de Summal pour la défense de leurs salaires et leurs conditions de travail. Lors de la campagne électorale menée voici quelques mois, on pouvait voir des affiches du Socialist Party of Nigeria (SPN), avec Abbey comme candidat au poste de gouverneur de l’Etat d’Oyo, au sein de l’usine. Cette question a également été soulevée par l’accusation.

    Il est clair qu’il s’agit d’une persécution pour opinions politiques et suite aux campagnes menées en défense des droits des travailleurs. Le procès devait initialement se déroulé il y a deux semaines de cela, mais il a été reporté jusqu’à hier. Tout comme à l’époque, nous nous sommes rendus à l’ambassade du Nigeria à Bruxelles pour exiger l’acquittement complet de Abbey Trotsky. Nous nous opposons également à de nouvelles attaques contre les travailleurs au Nigeria.

    Mise à jour : l’affaire a été reportée au 24 octobre après que le procureur ait porté une série de nouvelles accusations. La tentative de faire à nouveau arrêter Abbey suite à ces nouvelles accusations s’est toutefois révélée infructueuse. La seule décision prise a été de reporter l’affaire.

  • Le putsch bureaucratique n’empêchera pas la majorité du CIO d’édifier une forte internationale socialiste révolutionnaire

    Une minorité du CIO a bureaucratiquement imposé une scission regrettable et préjudiciable au sein de l’organisation socialiste révolutionnaire la plus importante et la plus influente au monde : le Comité pour une Internationale Ouvrière.

    Ceux qui suivent les publications et activités du CIO connaissent les débats importants qui ont pris place dans notre internationale socialiste révolutionnaire au cours des 7 derniers mois environ. Ces débats sont survenus dans une situation mondiale complexe où le capitalisme est économiquement, socialement et écologiquement exposé comme un parasite tandis que ses institutions sont largement discréditées. Parallèlement, à travers le monde, la plupart des organisations des travailleurs et de gauche ainsi que leurs dirigeants ne se sont pas montrés à la hauteur du défi. En conséquence, le mouvement des travailleurs n’a en général pas encore imprimé sa marque sur les événements de façon décisive.

    Des initiatives audacieuses ou un conservatisme dans les idées et dans l’action

    D’autre part, les conditions de vie d’un grand nombre de travailleurs, de jeunes, de femmes, de migrants et d’autres couches de la société ont poussé de nombreuses personnes à entrer en action. Dans le cas des mouvements de masse contre des formes spécifiques d’oppression, ceux-ci ont souvent été marqués par une confusion idéologique et, à des degrés variables, par des influences bourgeoises et petite-bourgeoises. La majorité du CIO et de ses membres considèrent que la meilleure façon d’aider à surmonter ces confusions est de participer à ces mouvements en tant que composante la plus dynamique et la plus claire sur le plan programmatique, en traçant clairement une ligne entre notre approche reposant sur la classe ouvrière et celle de nos opposants.

    L’ancienne direction quotidienne du CIO – qui a mené un putsh bureaucratique dans l’organisation (la majorité du Secrétariat international (SI) et la fraction minoritaire qu’elle rassemblait autour d’elle – a fait preuve d’un manque de confiance pour intervenir dans ces mouvements. Ils ont exagéré la crainte que nos membres soient intoxiqués par les politiques d’identité petite-bourgeoises et autres “idées étrangères” à la classe ouvrière dans ces mouvements et ont préféré, selon leurs propres termes, “s’enterrer” et attendre que des développements surviennent au sein du mouvement des travailleurs officiel.

    Ils ont accusé nos sections en Irlande et aux Etats-Unis – qui ont mené avec succès des luttes de masse de travailleurs, de femmes et de jeunes, et ont remporté des victoires tout en brandissant la bannière du socialisme révolutionnaire d’une manière flexible et principielle – d’avoir “capitulé devant les politiques d’identité petite-bourgeoises”. La majorité du CIO estime que, loin de protéger les principes socialistes de la classe ouvrière, une telle attitude laisserait nos membres impréparés et les influences petite-bourgeoises non contestées dans certaines des plus importantes mobilisations de masse de notre époque. De plus, ces mouvements ont souvent été caractérisés par une forte participation de la classe ouvrière et s’expriment de plus en plus dans des actions de grève de la classe ouvrière, par exemple au cours des actions sur les lieux de travail contre le sexisme dans le monde entier, des Etats-Unis jusqu’à l’Afrique du Sud.

    Au sein de mouvements de masse prenant des formes nouvelles et innovantes dans le monde entier, souvent mais pas toujours en dehors des structures officielles du mouvement ouvrier, les marxistes qui y sont intervenus énergiquement avec une perspective socialiste et de classe ont été dénoncés par la faction minoritaire du CIO autour de la majorité du SI comme “tournant le dos aux syndicats”. Au contraire, les forces de la majorité du CIO conservent une orientation stratégique, mais flexible, vers les syndicats, où nous avons remporté des victoires cruciales dans la lutte, parfois reflétées par le gain de positions au sein des directions syndicales de nombreux pays.

    Traditions démocratiques

    La tenue de débats démocratiques a toujours fait partie de la riche tradition du CIO. Dans le passé, nous avons eu d’importants débats concernant l’Europe et l’introduction de l’euro, le caractère de certains partis populistes de droite, la nature de classe du régime chinois et de nombreux autres thèmes. Nous estimons que ces débats et échanges ont renforcé la compréhension politique de tous les participants.

    S’appuyant sur les traditions du mouvement ouvrier révolutionnaire et de ses organisations, le CIO dispose dans sa constitution de même que celles de ses partis-membres d’un certain nombre de garanties internes protégeant ses membres contre un éventuel comportement antidémocratique de la part de ses dirigeants. Tous les postes de direction sont élus et peuvent être révoqués, aucun poste élu ne procure de gain matériel et, tous les trois ans, un Congrès mondial composé de délégations élues des sections nationales élit un Comité Exécutif International (CEI). Le CEI dirige le CIO entre ces congrès et élit un secrétariat International (SI) qui assume des fonctions de direction quotidienne. Aucune section nationale ou combinaison de quelques sections ne peut à elle seule être suffisamment représentée pour dominer un congrès mondial. Si un tiers des membres du CEI demande l’organisation d’une réunion du CEI, le SI a l’obligation constitutionnelle de le faire. Les auditeurs financiers sont élus lors du Congrès mondial et vérifient les finances, etc.

    Mais aussi démocratiques que puissent être les règles dans une organisation marxiste, nous croyons que la principale garantie d’une démocratie saine ne réside pas dans les statuts, mais dans l’existence de membres travailleurs et jeunes à la pensée critique, prêts à demander aux dirigeants qu’ils rendent des comptes, et avec une compréhension et une éducation politiques qui permettent une participation pleine et significative à toutes les discussions clés.

    Le CIO, comme toute autre organisation, n’est pas à l’abri des phénomènes présents dans la société, y compris la croissance de couches conservatrices et du bureaucratisme. Au cours de nos 45 années d’existence, nous avons dû lutter contre ces phénomènes à différents niveaux, et surtout nous avons pu les corriger sans trop de dégâts. Cependant, il a parfois fallu l’intervention politique consciente de membres contre une direction centrale dégénérée pour sauvegarder le programme du CIO. Ce fut le cas lorsque la grande majorité du CIO s’est soulevée contre la direction autour de Ted Grant en 1992, et cela a malheureusement dû être le cas face à la direction autour de Peter Taaffe cette année. Les violations bureaucratiques de nos statuts démocratiques n’ont jamais suffi à empêcher les membres du CIO de continuer à construire leurs sections et leur internationale.

    La majorité du CIO – unie et intacte dans 35 pays à travers le monde – continuera à lutter pour un monde socialiste. Nous fournirons prochainement des informations et analyses supplémentaires sur notre débat et notre crise interne, notamment par la publication des principaux documents internes relatifs à ce conflit.

    Un putsh bureaucratique

    A mi-chemin de la période prévue pour les discussions et les débats politiques démocratiques, un groupe minoritaire, basé autour de la majorité du Secrétariat International (SI) du CIO et de la direction du Socialist Party d’Angleterre et du Pays de Galles, a déclaré dans un article publié le 25 juillet sur  socialistworld.net (une ressource précieuse volée à la majorité des membres du CIO) avoir pris, lors d’une conférence, la “décision de refonder le Comité pour une Internationale Ouvrière” et “de convoquer un Congrès mondial en 2020 des sections et groupes du CIO qui défendent le programme du CIO”.

    Cela signifie en réalité qu’ils fondent une nouvelle organisation ouverte uniquement à la minorité qui soutient leur direction. Il s’agit d’une mesure prise sans aucune référence aux structures démocratiques existantes du CIO. En réalité, il s’agit d’une démarche bureaucratique sans légitimité politique ou organisationnelle.

    Dans le même temps, ce regroupement s’est également approprié illégitimement les ressources matérielles, financières et politiques collectives du CIO (y compris son site Web international et la plupart de ses comptes sur les médias sociaux), contre la volonté claire de la majorité de ses sections et membres. Sur 45 pays dans lesquels le CIO est présent au travers de ses organisations nationales, ce regroupement a une majorité dans seulement 7 pays.

    Le putsh bureaucratique que représentent leurs actions constitue une rupture nette avec des sections nationales entières et membres du CIO en Autriche, Australie, Belgique, Brésil, Canada, Chine, Chypre, République tchèque, Grèce, Hong Kong, Israël/Palestine, Irlande, Italie, Côte d’Ivoire, Mexique, Pays-Bas, Norvège, Pologne, Portugal, Québec, Roumanie, Russie, Soudan, Suède, Taiwan, Turquie, Tunisie et Etats-Unis, ainsi qu’avec une majorité des membres en Allemagne et en Afrique du Sud qui s’opposent à leurs plans.

    De plus, en Angleterre et au Pays de Galles, plus de 100 membres, représentant une majorité de militants dans plus d’une douzaine de villes-clés, ont été exclus du Socialist Party pour avoir soutenu la majorité du CIO, et ont été forcés de commencer la reconstruction des forces du CIO sur place. Le 21 juillet, un congrès exceptionnel du Socialist Party a adopté une résolution stipulant que les partisans du CIO devaient militer en dehors du Socialist Party, la direction du parti leur envoyant un “au revoir et bon débarras” de la tribune.

    Une dégénérescence bureaucratique accélérée

    En novembre 2018, la majorité du Secrétariat International (SI – un organe dirigeant élu par le Comité Exécutif International du CIO), se retrouvant en minorité au sein de l’organe qui l’a élu, s’est lancé dans une frénésie fractionnelle. A partir d’une campagne de dénonciations déformées et sectaires visant le Socialist Party d’Irlande, un récit politique a alors été construit accusant la grande majorité du CIO d’avoir rompu avec les principes fondamentaux du socialisme et du marxisme – en particulier l’orientation vers la classe ouvrière en tant que force destinée à conduire la transformation de la société.

    Lors d’une réunion du CEI en novembre 2018, au cours duquel la majorité du SI a perdu le vote, une fraction minoritaire a été mise sur pied au sein du CIO (nommée : “En défense d’un CIO trotskyste et reposant sur la classe ouvrière). Immédiatement après, la majorité du SI a commencé à ignorer la légitimité démocratique et politique de l’organe qui l’avait élu. Le CEI avait décidé à l’unanimité d’engager un débat politique d’un an sur les questions politiques fondamentales que la fraction minoritaire mettait sur la table, une année au cours de laquelle le CEI se réunirait alors à nouveau en août 2019 et un Congrès mondial – l’organe décisionnel suprême composé des délégués des sections nationales – serait organisé en janvier 2020.

    La majorité du SI a immédiatement cherché à torpiller cet accord, boycottant le Comité d’Organisation du Congrès qui avait été élu pour superviser le débat. Ils ont ensuite déclaré que les structures démocratiques du CIO étaient illégitimes, en raison de l’existence de “différences politiques fondamentales”. Cela équivaut à un rejet ouvert de la légitimité même de ceux qui les ont élus.

    Les procédures démocratiques d’une organisation ouvrière, particulièrement importantes en période de débat et de désaccord, ont été complètement rejetées. La majorité des membres du SI a explicitement déclaré qu’ils ne pouvaient participer à aucune réunion où ils risquaient d’être ‘’démis de leurs fonctions’’ (ce qu’ils ont qualifié de “changement de régime”) lors d’un vote démocratique. L’écrasante majorité du CIO, qui défendait le principe fondamental de démocratie ouvrière, a été rejetée en tant que “fétichistes constitutionnel”.

    La majorité du SI, techniquement en possession de centaines de milliers d’euros des membres du CIO, a également entravé l’accès à la comptabilité et aux comptes du CIO à un auditeur financier élu, en préparation évidente de leur fuite avec cet argent, ce qu’ils semblent maintenant avoir fait.

    La décision orwellienne de “refonder” une organisation contre la volonté de ses seules structures démocratiques existantes constitue un putsh bureaucratique. La saisie des biens collectifs d’une organisation sur cette base est particulièrement odieuse. Alors que tout groupe de membres a le droit de se séparer du CIO et de créer une entité séparée, toute organisation née sur la base de telles méthodes sera couverte d’opprobre dans le mouvement ouvrier.

    Cette approche bureaucratique représente une rupture totale avec la culture démocratique de discussion et de débat qui existait jusqu’à présent au sein du CIO, qui a vu d’innombrables débats internes et des discussions menées de manière démocratique, avec une direction confiante pour défendre ses idées sans recourir à des mesures bureaucratiques.

    Le CIO continue

    Cette scission sectaire et bureaucratique du CIO, qui a réussi à désorienter et à faire dérailler de nombreux combattants honnêtes de la classe ouvrière, est un sérieux revers pour le CIO. Mais comme le dit le proverbe : ne nous lamentons pas, organisons-nous (don’t mourn, organize!) !

    Outre  les actions criminelles d’une direction bureaucratique dégénérée et irresponsable, cette crise pour notre organisation a montré son contraire : le CIO est une organisation saine et vivante dans laquelle une majorité a été capable de se soulever contre la dégénérescence bureaucratique et de maintenir l’unité de la grande majorité de notre internationale, malgré qu’elle ait dû tenir tête, dans ce processus, à certains de ses dirigeants fondateurs les plus influents.

    La majorité des membres du CIO est unie, intacte et conserve une importante capacité de combat dans plus de 30 pays à travers le monde ! Nous sommes déterminés à discuter et à débattre pour tirer toutes les leçons de la crise que nous avons traversée, pour construire un parti mondial jeune, démocratique et puissant dédié à la lutte pour une révolution socialiste. En ce moment même, nous intervenons dans les événements explosifs de Porto Rico, de Hong Kong, du Soudan et d’ailleurs.

    Nous lancerons bientôt un site internet international et d’autres publications.

    Nous appelons tous les membres du CIO, les travailleurs et les jeunes de tous les pays à discuter avec nous et à nous rejoindre !

    Le  Comité provisoire de la majorité du Comité Exécutif International du CIO :

    • Stephen Boyd
    • Eric Byl
    • Danny Byrne
    • Tom Crean
    • Andre Ferrari
    • Cedric Gerome
    • Sonja Grusch
    • Vincent Kolo
    • Claire Laker-Mansfield
    • Andros Payiatsos
    • Per-Ake Westerlund

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  • USA. L’importance nationale de la campagne pour la reelection de Kshama Sawant

    Kshama Sawant a été élue pour la première fois au conseil municipal de Seattle en 2013 avec plus de 90.000 voix, en se présentant ouvertement comme membre de Socialist Alternative, avant que Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez ne soient connus. Kshama a profité de sa campagne électorale de 2013 pour défendre vigoureusement l’instauration d’un salaire minimum horaire de 15 $, alors qu’aucun élu de premier plan n’en parlait en dépit des grèves des travailleurs de la restauration rapide. La victoire électorale de Kshama et le mouvement des syndicats, des travailleurs et des socialistes ont fait de Seattle la première grande ville à remporter le salaire minimum de 15 dollars.

    Par Bryan Koulouris, Socialist Alternative (CIO-USA)

    Le mouvement des 15 $ à Seattle a surmonté l’opposition féroce de l’establishment capitaliste, mais après la victoire à Seattle, la loi des 15 $ s’est répandue comme une traînée de poudre dans tout le pays. L’élection de Kshama en 2013 a également été la première grande percée pour les socialistes aux urnes, ce qui a donné confiance aux autres militants de gauche pour vaincre le pouvoir corporatif et l’establishment politique ; ceci a été renforcé par la réélection de Kshama Sawant en 2015.

    Mais pour que les travailleurs, les jeunes et les opprimés gagnent du terrain, les élections ne suffisent pas. La fonction politique doit être utilisée pour construire des mouvements de lutte et accroître la conscience de la classe ouvrière pour changer la société. Kshama Sawant et Socialist Alternative ont brillamment illustré à Seattle comment cela pouvait être fait.

    D’innombrables victoires que beaucoup pensaient auparavant impossibles à gagner ont été remportées à Seattle au cours des cinq dernières années. Avec l’élection de Kshama, les militants de la classe ouvrière ont acquis de la confiance et ont disposé d’une voix à l’hôtel de ville et d’une ressource inestimable pour mieux s’organiser. Des lois historiques pour les droits des locataires, l’instauration de la Journée des peuples indigènes, le blocage de la construction d’un bunker monumental de la police, etc. ne sont que quelques exemples de ce qui a été obtenu.

    Actuellement, la campagne pour la réélection de Kshama lutte en faveur du contrôle universel des loyers et de la taxation des grandes entreprises pour financer une expansion majeure du logement social. Si nous pouvons remporter une victoire massive en matière de logement à Seattle – tout comme avec le mouvement des 15 $ – cela pourrait ouvrir les vannes des luttes et de la législation dans les villes à travers le pays, partout où les travailleurs font face à une profonde crise du logement.

    La crise du logement et de puissants ennemis

    Alors que la région de Seattle abrite deux des cinq milliardaires les plus riches au monde, on trouve des campements de tentes pour sans-abri dans presque tous les quartiers – sauf là où la police les a brutalement démolis. Le marché du logement à but lucratif a laissé tomber cette ville, et les gens de la classe ouvrière sont chassés par les expulsions, la hausse des loyers et le système fiscal le plus régressif du pays. Seattle est en tête du pays en ce qui concerne les grues de construction par habitant, et les grands promoteurs tentent de transformer la ville en un terrain de jeu pour les riches. Ils savent que l’appel audacieux de Kshama en faveur d’un contrôle universel des loyers et des taxes sur les riches pour financer des logements sociaux de qualité constitue un obstacle majeur sur leur chemin.

    Les grandes entreprises essaient donc d’acheter cette élection. Ils ont investi plus d’un million de dollars dans deux comités d’action politique (PAC) pour tenter de renverser Kshama. Cet argent sera dépensé dans des lettres envoyées par la poste et l’engagement de frappeurs de porte professionnels qui tenteront de cacher aux électeurs de Seattle les véritables intentions des milliardaires derrière une rhétorique “progressiste”. Mais leur objectif est clair : “n’importe qui, sauf Kshama”.

    Les grandes entreprises de Seattle sont encouragées en ce moment même. Leur programme avait été repoussé sur de nombreux fronts par le bureau de Kshama Sawant, la croissance de la gauche socialiste, l’augmentation des luttes ouvrières et des victoires clés sur les 15 dollars de l’heure et les droits des locataires. Cependant, au cours de ces deux dernières années, la classe des milliardaires s’est réaffirmée avec la défaite de la “Taxe Amazon” (en savoir plus) et l’élection du maire.

    L’année dernière, Kshama et Socialist Alternative ont aidé à mener une grande campagne pour taxer Amazon et les grandes entreprises et utiliser ces fonds pour construire des logements sociaux de qualité. Au départ, lorsque la campagne a proposé cette taxe, la pression organisée des locataires et des travailleurs a fait en sorte que le Conseil municipal adopte la taxe à l’unanimité. Ensuite, l’homme le plus riche du monde – Jeff Bezos – a utilisé son intimidation économique et le lobbying des entreprises a fait son chemin. La taxe Amazon a finalement été abrogée et la grande majorité des membres du conseil municipal ont fait volte-face. Bezos a été aidé dans l’orchestration de cette trahison par la maire Jenny Durkan élue en 2017 avec une contribution de 350.000 $ d’Amazon au travers d’un PAC.

    En 2017, Socialist Alternative avait activement soutenu le candidat indépendant de gauche du Parti populaire, Nikkita Oliver, pour le poste de maire. Malheureusement, une section de dirigeants syndicaux a activement soutenu Durkan et s’est ensuite opposée à la lutte pour taxer Amazon et les grandes entreprises. Cette dynamique – un establishment enhardi et un mouvement ouvrier divisé – a conduit Socialist Alternative à comprendre très tôt que cette campagne de réélection serait une bataille très difficile. Le débat au sein des syndicats de Seattle est d’importance nationale et contient des leçons clés sur la voie à suivre pour le mouvement syndical.

    Le mouvement ouvrier de Seattle

    Avec des niveaux record d’inégalité, pour que le mouvement ouvrier grandisse et prospère, nous devons lutter contre les grandes entreprises qui veulent attaquer nos droits, nos salaires et nos conquêtes sociales. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’adopter des revendications audacieuses et une stratégie de lutte, de bâtir la démocratie au sein des syndicats et de ne pas nous limiter à ce qui est acceptable pour les grandes entreprises.

    Une recrudescence de la lutte ouvrière a eu lieu ces dernières années avec les enseignants en première ligne, et les sondages montrent que les opinions favorables aux syndicats ont augmenté de façon spectaculaire, en particulier chez les jeunes. Reflétant cette atmosphère, Kshama est fière d’être soutenue par 13 sections syndicales locales de Seattle jusqu’à présent, représentant plus de 80.000 travailleurs de l’État de Washington.

    Malheureusement, certains dirigeants syndicaux plus “pragmatiques” estiment que nous pouvons renforcer notre influence en “établissant un consensus” avec les PDG et l’establishment politique plutôt qu’en comprenant que ces forces font obstacle à l’amélioration de la vie des travailleurs. Ces dirigeants syndicaux, dont beaucoup ne disposent pas de processus démocratique au sein de leur syndicat, ont voté contre l’approbation de Kshama au Conseil du travail du comté.

    Dans la foulée de ce vote, Monty Anderson, du King County Construction Trades Council a déclaré : “Quand nous avons dû rompre les liens, c’est quand elle a commencé à jouer avec le nouveau poste de police, la taxe [Amazon], qu’elle s’est mise entre les camionneurs et UPS. Nous estimons qu’un politicien local ne devrait pas se mêler de cela. Nous pensons qu’un politicien local devrait faciliter les affaires dans la ville, et elle fait le contraire.”

    Nous devons rejeter ce genre de syndicalisme d’entreprise et nous baser sur une stratégie de lutte pour obtenir le contrôle des loyers, un New Deal vert pour les travailleurs, une plus grande responsabilisation de la police et plus encore.

    Il est malheureux que, intentionnellement ou non, une section de dirigeants syndicaux ait pris vis-à-vis de ces élections une décision qui renforcera Amazon et la Chambre de commerce, au lieu de défendre les intérêts des travailleurs et des gens de couleur. Gagner cette élection et renforcer la gauche combative à Seattle aurait des implications nationales pour le renforcement du mouvement ouvrier.

    L’importance nationale de ces élections

    De plus en plus de socialistes auto-identifiés sont élus et mènent campagne dans tout le pays. Cela a suscité un débat à gauche sur une question clé : comment les socialistes peuvent-ils utiliser efficacement les fonctions électives dans un système capitaliste ? Certains prétendent que nous devrions abaisser notre profil socialiste en nous basant uniquement sur les limites du Parti démocrate, mais les victoires de Kshama sont un exemple des possibilités de populariser les idées socialistes, de mener des campagnes indépendantes et de construire des mouvements pour gagner des victoires. Le maintien de ce siège de combat pour les travailleurs à Seattle peut être un phare pour la gauche au niveau national dans le débat sur la manière de changer la société.

    La stratégie de Socialist Alternative repose sur la reconnaissance que la classe des milliardaires piétinera nos droits, notre niveau de vie et notre planète à la recherche du profit. Seule la force organisée et unie des travailleurs peut changer le monde. Les élections sont un outil que nous pouvons utiliser dans cette lutte, mais tout comme pour une grève ou une campagne communautaire, nous devons donner tout ce que nous avons dans cette lutte pour la gagner !

  • Irlande : Une voix socialiste féministe pour les travailleurs, les femmes et la planète !

    Le texte ci-dessous est une traduction du dépliant électoral de Rita Harrold, candidate de notre parti-frère irlandais (le Socialist Party, section irlandaise du Comité pour une Internationale Ouvrière), pour les élections européennes à venir.  

    Révoltons-nous ! Défendons les besoins publics, pas l’avidité du privé !

    ‘‘Les mouvements contre la taxe sur l’eau (une tentative de mettre fin à la gratuité de l’eau qui a été repoussée suite à un splendide mouvement de masse anti-austérité, NdT) et pour l’abrogation (du 8e amendement de la constitution, celui qui interdisait le droit à l’avortement et qui a été abrogé suite à une victoire obtenue par référendum, NdT) ont démontré que les choses peuvent changer. Rita Harrold et le Socialist Party ont été en première ligne de ces victoires. Les infirmières (entrée en grève dernièrement, NdT) ont aussi montré la voie !

    La richesse et les ressources existent pour assurer un niveau de vie de qualité pour tous, ainsi qu’un environnement durable, mais les gouvernements et l’Union européenne les gaspillent parce qu’ils font passer en premier le profit, et non les gens.

    Nous avons besoin d’un mouvement de masse des syndicats et des communautés locales en faveur du logement et des salaires. Mais cette fois, il nous faut aller encore plus loin. Nous devons nous attaquer aux principaux partis politiques et au marché capitaliste pour que les besoins des gens et de la planète soient protégés.

    Les jeunes sont essentiels dans cette lutte. C’est pourquoi je suis fier de proposer Rita Harrold comme candidate au Parlement européen’’ – Joe Higgins (ancien député européen du Socialist Party)

    Qui est Rita ?

    • Rita a 29 ans et une nourrice de Crumlin.
    • Dirigeante de la campagne de ROSA (for Reproductive rights, against Oppression, Sexism & Austerity) pour le OUI au référendum sur l’abrogation du 8e amendement ‘‘Time4Choice’’, Rita a organisé des actions autour des pilules abortives qui ont été commentées par beaucoup comme ayant été cruciales pour atteindre que le droit à l’avortement obtenu aille jusqu’à 12 semaines sur demande.
    • En tant que députée européenne, Rita continuera à mettre l’accent sur la violence basée sur le genre, sur l’écart de rémunération entre les genres et sur l’impact écrasant de l’austérité sur les femmes travailleuses et pauvres.
    • Rita fut l’une des organisatrices de la campagne We Won’t Pay qui a aidé à organiser le boycott de masse du payement de la taxe sur l’eau.
    • Rita est une activiste du Socialist Party depuis 10 ans.

    Logement : Notre crise, leurs profits

    En maximisant les profits, les banquiers, les promoteurs et les propriétaires immobiliers transforment la vie des gens en misère. L’État maltraite et discrimine également les gens du voyage et les allocataires sociaux. Mobilisez pour la marche du samedi 18 mai organisée par la National Homeless & Housing Coalition (coalition nationale des sans-abris et du logement).

    • Interdiction des expulsions et des fonds vautours ; instauration de contrôle pour assurer des loyers, des prix de l’immobilier et des hypothèques abordables.
    • Nationalisation des banques et des grandes compagnies du secteur de la construction sous contrôle public démocratique.

    Solidarité internationale : Non à l’Union européenne des patrons !

    L’UE défend le capitalisme néolibéral et continue d’imposer à l’Irlande de payer des milliards d’euros pour renflouer le système bancaire européen, au détriment des fonds de services publics dont le pays a tant besoin. L’UE a soutenu la répression de l’État espagnole contre le droit démocratique de la Catalogne à l’indépendance et apique la politique raciste et meurtrière de “l’Europe-Forteresse”.

    Dans le cas du Brexit, les conservateurs britanniques (tories) et l’UE représentent des intérêts commerciaux différents. Mais aucun d’entre eux, ni même le gouvernement irlandais, ne représente les intérêts de la classe des travailleurs. Rita Harrold affirme que les travailleurs et les syndicalistes d’Irlande, d’Écosse, d’Angleterre et du Pays de Galles doivent s’y associer :

    • Pour agir ensemble en defense de l’emploi, des salaires et des conditions de travail de tous les travailleurs, pour les droits des migrants et pour de meilleurs normes environnementales et sanitaires.
    • S’opposer à tout durcissement des frontières, Nord/Sud ou Est/Ouest.
    • Non au sectarisme – pour la solidarité entre tous les travailleurs – pour une Irlande socialiste et une Europe socialiste.

    Mettons fin aux inégalités de richesse – Il nous faut un changement socialiste !

    En Irlande, les 10% les plus riches possèdent plus de 53% de la richesse nette et possèdent 82% des terres. Les grandes entreprises et les super riches doivent être défiés. Rita se présente aux élections européennes en tant que membre du Socialist Party, sous la bannière de Solidarity-People Before Profit (groupe qui réunit les députés de gauche radicale de Solidarity (par ailleurs membres du Socialist party) et de People Before Profit, NdT). Tout comme Joe Higgins et Paul Murphy avant elle, Rita Harrold serait une puissante représentante de la classe des travailleurs de Dublin et du socialisme. Rita se bat :

    • Pour taxer les grandes entreprises et doubler le taux d’imposition des entreprises (qui passerait ainsi de 12,5% à 25%, NdT).
    • Pour en finir avec le marché capitaliste et l’économie truquée.
    • Pour la propriété publique démocratique des secteurs clés de l’économie afin d’assurer une transition rapide vers un environnement durable et que la richesse et les ressources de la société soient utilisées pour répondre aux besoins de tous, et non aux profits de quelques-uns.

    Dr. Rebecca Gomperts, directrice de Women On Web (service d’aide à l’avortement qui utilise la télémédecine et est destiné aux femmes qui vivent dans des pays où elles n’ont pas accès à des services d’avortements sûrs) : “Rita a été à l’avant-garde de la légalisation de l’avortement en Irlande et a aidé beaucoup de femmes lorsque l’avortement était encore illégal en Irlande. C’est une activiste, une animatrice et une éducatrice étonnante.”

    Rita mène campagne pour :

    • Les travailleurs: 15 euros de salaire horaire minimum & une campagne syndicale sérieuse contre les conditions de travail précaires.
    • La petite enfance : Congé parental rémunéré de deux ans et garde d’enfants gratuite dans la communauté et sur le lieu de travail.
    • Les femmes 😕Une campagne dirigée par les syndicats contre le harcèlement sexuel au travail & des investissements massifs dans l’enseignement et les services publics afin de lutter contre la violence basée sur le genre.
    • Le climat : Une transition équitable et rapide vers une économie zéro carbone & des investissements publics dans l’énergie éolienne, houlomotrice & renouvelable.
    • Les transports : Suppression de tous les tarifs pour les transports publics – extension massive des trains, trams et bus.

    Si elle est élue, Rita vivra au salaire moyen et fera dont du surplus de son salaire aux lutte pour le changement.

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