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  • En Wallonie et à Bruxelles aussi… Le CAP passe au sud

    Né en Flandre il y a un an, le CAP s’est aussi développé ces dernières semaines à Bruxelles et dans plusieurs villes de Wallonie. Nous en avons parlé par Jean Peltier.

    Une liste du CAP aux élections en juin. Une grande première ?

    Oui et non. Oui parce que c’est évidemment la première fois que le CAP présentera des listes et que celles-ci seront présentes partout dans le pays. Non, parce que, ces dernières années, il y a eu, du côté francophone, au moins deux autres expériences de liste unitaire qui se voulaient une alternative au PS et à Ecolo. En 1993, les grèves menées par la FGTB contre le Plan Global (un programme d’austérité imposé par le gouvernement Dehaene-Di Rupo) avaient déjà provoqué une grosse tension entre la gauche de la FGTB wallonne et le PS. En réaction, un nouveau mouvement s’était formé à l’initiative du PC, du POS, de syndicalistes FGTB, de féministes,… sous le nom de Gauches Unies. Mais il n’a guère tenu qu’un an.

    En 1999, Roberto d’Orazio, dirigeant de la lutte des Forges de Clabecq, a présenté une liste Debout aux élections européennes, qui regroupait surtout des syndicalistes et des militants des divers partis de la gauche radicale (PTB, POS, MAS, PC). Cette liste a réussi une belle percée (2%) et avait une ouverture plus grande vers les milieux populaires mais n’a pas eu de suite non plus.

    Le CAP semble néanmoins moins avancé au sud du pays qu’en Flandre…

    Oui, pour des raisons qui tiennent tant à la société qu’à l’histoire propre du CAP. En Wallonie et à Bruxelles, l’attitude du PS pendant la lutte contre le Pacte des Générations a ouvert de nouvelles brèches dans les rapports entre ce parti et de larges couches de syndicalistes FGTB. Mais l’évolution du PS vers la droite a été moins rapide et moins profonde que celle du SP.a, le fossé entre le parti et le syndicat est moins ouvert chez nous qu’en Flandre, le PS garde des liens – et un contrôle ! – plus forts avec l’appareil de la FGTB que le SP.a. De plus, malgré ses revers, Ecolo a mieux tenu le coup électoralement que Groen !. Et l’échec des partis traditionnels à lutter contre l’extrême-droite est plus criant en Flandre qu’en Wallonie,… L’espace pour construire une alternative à gauche du PS et des Verts est donc moins dégagé du côté francophone que du côté flamand. Mais si les premiers pas seront plus difficiles à faire, il est clair que la base sociale et les traditions de lutte – au sein des syndicats et de la population – sont plus grands au sud et que cela jouera par la suite.

    Le CAP a aussi démarré plus tard du côté francophone..

    Au début de 2006, une autre initiative – intitulée Une Autre Gauche – a été lancée du côté francophone parallèlement au CAP. Dans un premier temps, le MAS a pris part à cette initiative. Mais il est rapidement devenu clair pour nous que cette initiative avait une autre orientation que celle du CAP. Dans les faits, UAG ne vise pas comme le CAP à se tourner vers des couches larges pour redonner une voix aux travailleurs et à leurs familles mais elle reste tournée vers les petits « milieux » de la gauche radicale et des associations et, de plus, uniquement au niveau francophone . Nous en avons déduit après quelques mois qu’UAG était une impasse. Le MAS a donc pris ses responsabilités et a commencé à construire le CAP également en Wallonie et à Bruxelles, ce qui correspondait d’ailleurs à l’objectif de départ de Sleeckx, Van Outrive et Debunne qui souhaitaient dès le départ que se développe un mouvement national. En trois mois, des dizaines de personnes, non membres du MAS, ont déjà adhéré au CAP et ce n’est qu’un début…

  • Communautaire : Cet article, lui, n’est pas une fiction…

    Ce mercredi 13 décembre, en soirée, la RTBF a réussi à faire croire à 89% des téléspectateurs (d’après un sondage effectué en cours de soirée) que le Parlement flamand venait de voter l’indépendance de la Flandre. La crédibilité de cette annonce se base sur un mythe relayé depuis longtemps par les partis politiques traditionnels et les médias: tous les flamands sont des flamingants (voire, parfois, de méchants nationalistes racistes).

    Stéphane Delcros

    Sous couvert d’humour, les «reportages» de la télévision «publique» francophone lors de l’émission spéciale qui a relayé l’intox étaient clairement orientés : un rassemblement de flamands au Sportpaleis d’Anvers acclamant la sécession, des manifestations de joies colorées de jaune et frappées d’un lion noir,… Les journalistes ont été jusqu’à poster, devant le Parlement flamand, des figurants venus applaudir la décision. Il ont très vite été rejoins par des militants flamingants, mais des vrais cette fois…

    S’il est vrai qu’il existe des nationalistes et des fanatiques (voire les deux en un) en Flandre (comme partout d’ailleurs), il est beaucoup moins vrai de dire qu’ils représentent la majorité des travailleurs et des jeunes. Comme en témoignent de récents sondages, la population flamande, en grande majorité (tout comme la francophone), se fout complètement du soi-disant important dossier de la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Halle-Vilvorde. Dans les faits, les dossiers communautaires suscitent peu d’intérêt chez les travailleurs, qui se rendent de plus en plus compte que l’existence de ces problèmes ne sert qu’à masquer le programme de démantèlement social prévu par les partis politiques traditionnels (du nord comme du sud). Les sondages démontrent au contraire que les sujets qui intéressent le plus les flamands sont ceux de l’emploi, de la sécurité sociale et du logement, et même que 84% de flamands et 92% de francophones sont pour le maintien de la Belgique.

    En laissant traîner ses oreilles, on entend fréquemment parler des wallons fainéants qui volent l’argent des flamands, ou des flamands génétiquement égoïstes. Il ne s’agit que d’un reflet déformé du mécontentement que vit une population aux prises avec une société qui n’est pas orientée vers son intérêt. Les médias et les politiciens traditionnels surfent d’ailleurs habillement et avec enthousiasme sur ce sentiment.

    Le fait que le Vlaams Belang soit présenté en Flandre comme un parti comme les autres, voire comme le seul à ne pas être mouillé dans la politique antisociale d’un gouvernement (tout simplement faute d’occasion), n’est pas étranger à l’impression de montée en puissance du flamingantisme. Une autre raison réside aussi dans le fait que des partis comme la N-VA sont très médiatisés, bien qu’ils ne représentent pas grand-chose. Cette organisation est issue de l’éclatement de la Volksunie, incapable en son temps d’adapter son discours et sa pratique à la situation réelle : la Flandre est loin d’être la région la plus pauvre de Belgique et la domination francophone sur les flamands n’existe plus. Aujourd’hui, la N-VA ne peut plus survivre sans le CD&V surtout si elle veut intégrer le prochain gouvernement. C’est d’ailleurs pour «sauvegarder» ce cartel que l’aventurier ex-VLD Jean-Marie Dedecker (ancien Judoka et politicien de droite «musclé») a été exclu de ce parti nationaliste juste après l’avoir rejoins.

    Le Mouvement Ouvrier Chrétien a toujours rejeté ce cartel, preuve que les travailleurs flamands s’inquiètent peu des questions communautaires, mais beaucoup des questions sociales. Depuis le début de «l’alliance», il a multiplié les avertissements à son allié politique traditionnel. Il est vrai que, au contraire du CD&V qui parvient encore à «emballer» socialement son programme néolibéral, la N-VA ne cache absolument pas sa politique droitière.

    L’image mise en avant dans une émission comme celle de la RTBF est loin d’être une réalité. Ce n’est pas parce que les parlementaires flamands ont, en grande majorité, des discours nationalistes que les travailleurs (même s’ils ont voté pour eux) le sont forcément. En 2005, aucun parti parlementaire n’a défendu les droits des travailleurs face aux propositions du «Pacte des Générations». Peut-on en conclure que tous les travailleurs flamands étaient pour ce Pacte? Les piquets de grèves et la rue ont démontré le contraire, et les travailleurs flamands, bruxellois et wallons marchaient ensemble contre le gouvernement. Si les travailleurs continuent, encore aujourd’hui, à voter pour ces partis, ce n’est pas pour leur programme socio-économique (et encore moins pour leur programme communautaire), mais parce qu’il n’y a rien d’autre.

    Ainsi prise dans son contexte, l’émission spéciale de la RTBF de ce mercredi soir, volontairement ou pas, s’inscrit dans un climat de renforcement du «front politique francophone» en vue des négociations pour la prochaine réforme de l’Etat en 2007.

    Grâce à ces négociations, les partis traditionnels, qu’ils soient francophones ou flamands, tenteront à nouveaux de tromper TOUS les travailleurs en leurs faisant avaler la tartine d’austérité sous une couche de communautarisme aussi épaisse que possible. Ce ne sont ni les francophones, ni les flamands qu’ils défendent, mais bien les patrons, quelques soient leurs langues.

  • Non marchand. Manifestation du personnel IRIS

    Environ 1500 travailleurs du réseau IRIS (fonction publique en région bruxelloise –hôpitaux, ville,…) ainsi que le personnel des CPAS ont manifesté mercredi matin dans les rues de Bruxelles.

    Un membre du CAP – Bruxelles (Comité pour une Autre Politique), ouvrier IRIS.

    Le front commun syndical appelait à une journée de grève et à une manifestation afin de réclamer une revalorisation des bas salaires ainsi que la réalisation de l’accord fédéral soins de santé. Les ouvriers de ce secteur, qui touchent en moyenne à peine 1100 euros par mois, ont exprimé leur volonté de lutter pour un respect des accords salariaux bafoués depuis des années mais aussi plus largement pour une amélioration de leurs conditions de travail.

    On pouvait ressentir dans cette mobilisation une énorme motivation au sein des diverses délégations. Malheureusement, le suivi de la grève et le nombre de participants étaient assez limités. Ceci est la conséquence directe du manque de sérieux des directions syndicales dans l’information et la mobilisation de leurs membres. De manière générale, la colère qui peut exister dans ce secteur ressortait très clairement dans les discussions. Mais l’incapacité de nos dirigeants syndicaux à donner une quelconque perspective pour obtenir une victoire a joué un rôle démobilisateur.

    Pour illustrer cela, les permanents syndicaux ont eu le plaisir de rencontrer le ministre président Charles Picqué. Après quasi deux heures d’attente dans un froid de canard, ceux-ci sont réapparus pour nous faire juste savoir que : « Rien n’a été obtenu, nous allons essayer de renégocier avec lui, merci à vous d’être venus » Point barre ! La frustration parmi les dernières personnes présentes était énorme.

    Une seule conclusion peut être tirée : aujourd’hui plus que jamais, il est temps de s’organiser sur notre lieu de travail pour construire une aile combative au sein de nos délégations afin de construire sérieusement un rapport de force qui peut faire aboutir nos revendications. Le potentiel est là, nous devons l’exploiter.

    Dans ce cadre, la réaction que les membres du Comité pour Une Autre Politique ont reçu était extrêmement favorable. Nos affiches en soutien aux travailleurs de VW ont connu un succès fulgurant. Le lien entre les licenciements massifs des ouvriers de VW et leur situation apparaissait comme évident aux yeux des manifestants. La nécessité de l’unité dans la lutte pour la défense de nos acquis venait à l’avant plan. D’ailleurs, une délégation s’est formée après la manif et a été soutenir les grévistes de VW.

    Le chômage massif, la pauvreté croissante et la politique de casse sociale touchent et sont les préoccupations premières d’énormément de travailleurs aujourd’hui. Les discussions autour de la nécessité d’un outil pour organiser nos luttes et d’un relais politique des revendications des travailleurs étaient très encourageantes. Nous appelons donc tout le monde à rejoindre le CAP et à commencer à renouer avec les traditions de luttes des travailleurs en Belgique.

    Assemblée Générale provinciale du Comité pour une Autre Politique de Bruxelles ce vendredi 15 décembre, à 19h à la VUB, bâtiment D. Venez nombreux !

  • Assemblée générale massive des travailleurs de VW

    Le front syndical au sommet est un obstacle pour l’action

    Pour un front syndical basé sur l’action à la base

    Des milliers de travailleurs de VW et des sous-traitants ont afflué mercredi matin pour entendre les propositions de leur direction syndicale. Pour ceux qui venaient pour écouter et discuter de la manière dont on peut lutter contre le scénario de licenciements massifs de la direction de VW – qui est probablement un scénario qui prépare la fermeture pure et simple de l’usine – ce fut une peine perdue.

    Les responsables syndicaux nous a expliqué minutieusement et dans les deux langues que le licenciement de 4.000 travailleurs et employés et une fermeture possible sont une vraie catastrophe et qu’on est tous dans le même merde.

    A juste titre, ils ont dit qu’on ne pouvait rien reprocher aux travailleurs et employés qui ont bien fait leur travail et ont livré à temps les voitures prévues avec les efforts d’austérité et de flexibilité demandés. L’usine belge était en 2005 la deuxième sur le plan de la productivité et de la qualité dans le groupe VW. Mais cela n’était pas suffisant pour garder notre boulot.

    Il n’y a pas eu d’évaluation de la stratégie qui a été menée les dernières années par les délégations syndicales. Une telle démarche aurait pourtant eu sa place à cette assemblée. Avons-nous assez résisté à la surenchère de la direction et des gouvernements nationaux destinée à dresser l’un contre l’autre les travailleurs de VW dans les différents pays et filiales ? N’avons-nous pas trop échangé la tradition de lutte et de solidarité internationale pour la flexibilité, les efforts d’austérité et les subventions d’Etat comme moyen de maintenir l’emploi ? N’avons-nous pas suivi de trop la logique des patrons et du gouvernement ? Fulminer maintenant contre le “nationalisme” des syndicats allemands est hypocrite. Notre gouvernement a lui-même pendant des années couvert les entreprises de cadeaux fiscaux et autres, utilisé des moyens provenant des impôts de la population pour convaincre les patrons d’investir ici et non ailleurs. Ce n’était pas du nationalisme, ça?

    A l’assemblée, les dirigeants syndicaux ont expliqué que la fermeture est le scénario le plus probable. Avec 4.000 travailleurs en moins Forest n’a probablement plus d’avenir. Pourquoi ne pas fermer toute l’entreprise en une fois ? Une prime de fermeture coûte plus cher qu’une prime de licenciements. Un scénario de fermeture en phases successives est par conséquent meilleur marché.

    Les dirigeants syndicaux ont souligné que les travailleurs sont le dindon de la farce pendant que les actionnaires vont s’enrichir encore fortement. Ils trouvaient cela très triste et avaient des difficultés de l’expliquer. Ils ont dit “Mais peut-être il y aura un peu d’espoir ?! 1.500 emplois pouvaient peut-être rester ?” avant de couler cet espoir en disant qu’il n’y a pas d’avenir pour cette usine avec 1.500 personnes. Ils faisaient sans doute référence au scénario de Ford d’il y a quelques années où 3.000 travailleurs ont perdu leur emploi mais où on embauche de nouveau depuis quelques mois. 800 ouvriers et employés ont été rembauchés par Ford. Mais dans des conditions de travail bien pires, avec des salaires plus bas,… Et on devrait être content avec cela ?

    Dans ce système néolibéral, aucun ouvrier, employé, chômeur, pensionné, étudiant,.. n’a encore de sécurité. Tout est cédé et laissé à l’arbitraire des entreprises. Une condamnation encore plus grande de la stratégie de la direction syndicale actuelle est difficile à s’imaginer. Pourtant les travailleurs et les employés du secteur de l’automobile sont parmi les mieux organisés de toute la classe ouvrière. Ils ont des syndicats forts, du moins en nombre d’affiliés, et ils occupent une position cruciale dans un des secteurs les plus rentables de l’économie. Cette puissance a été sacrifiée sans combat par le front syndical. La fermeture de Forest prouve encore une fois la faillite du syndicalisme de concertation qui n’est pas préparé à se battre.

    À la fin de l’assemblée, les responsables syndicaux ont encore fait référence à l’organisation d’un mouvement de solidarité, national et international. Bien que cela restait encore peu clair à l’assemblée, un appel a été lancé le soir même à une manifestation internationale de solidarité pour le samedi 2 décembre à Bruxelles. Selon nous, c’est une bonne chose. Un appel à la solidarité peut mettre des dizaines de milliers de gens dans la rue. Ce qui se passe aujourd’hui à Forest peut se passer demain ailleurs. Une manifestation du personnel des hôpitaux qui avait lieu à Bruxelles en même temps que l’assemblée de VW a reçu avec enthousiasme l’appel à la solidarité avec VW lancé par le Comité pour une Autre Politique (CAP) de Bruxelles. Il n’y a pas un travailleur un peu conscient en Belgique qui ne soit pas préparé à la solidarité. Mais pour faire quoi? Pour montrer notre pitié ? Cela ne peut donner qu’un peu de chaleur et de sympathie. Mais avec ce type de solidarité, rien ne pourra changer.

    Un mouvement de solidarité de travailleurs dans chaque entreprise, dans chaque ville, en Belgique et en Europe, qui exige la fin des restructurations et des profits sur leurs dos peut rendre possible un tout autre scénario. Un scénario dans lequel les ouvriers et les employés dans une entreprise comme VW sont soutenus par les ouvriers et les employés des autres entreprises, peut mettre sous pression la direction de VW – mais aussi celles d’autres entreprises – pour qu’elles ne touchent pas aux emplois et aux conditions de travail. Au lieu d’organiser une spirale vers le bas, les patrons doivent être confrontés à des travailleurs combatifs unis dans des syndicats bien organisés qui ne leur permettent pas de réaliser des profits sans que soient assurées de bonnes conditions de travail et de salaire.

    “Marx avait tort”, écrit le ‘’Financial Times’’, un journal d’affaires britannique, “la solidarité internationale ne peut pas surmonter le nationalisme syndical”. Quelle solidarité internationale? Cette solidarité nationale et internationale, dans et entre les secteurs, est bien la seule chose qui n’a pas encore été essayée ! Et c’est à cause de cela que les directions syndicales n’ont pas de réponse face à la décision de VW et qu’elles trouvent cette décision “honteuse”, non pas parce qu’on assainit pendant qu’il y a des méga-profits, mais honteuse parce qu’on licencie à Forest et non pas en Allemagne. Ce manque de réponse traduit l’impuissance engendrée par la pensée unique – celle du néolibéralisme – qui a infecté le sommet syndical. Et la base des syndicats en est la victime.

    Les direigeants syndicaux ont annoncé que la direction de VW paiera les salaires des ouvriers et des employés jusqu’à vendredi – Merci patron ! – mais que, dès lundi, elle les considérera comme en grève ! Ils ont dit que le travail ne reprendra pas avant qu’une prime de départ décente soit prévue par le patron et avant qu’une ou l’autre forme de prépension pour les 700 travailleurs de plus de 50 ans soit permise par le gouvernement. De dures heures de négociations vont suivre pour tirer le maximum de la direction de VW et pour arriver le plus tôt possible à un plan social. Ils ont promis de se battre ensemble avec les travailleurs des firmes sous-traitantes: “Nous ne pouvons pas accepter que ces travailleurs, qui ne disposent pas d’une représentation syndicale forte, restent dans le froid”. Mais aucune proposition ou promesse concrète n’a été faite. Ils ont encore ajouté qu’“ Il faut encore lutter aussi pour les 1.500 qui resteront ‘’.

    Mais beaucoup de travailleurs vont rentrer à la maison avec une solide gueule de bois. Au lieu d’impliquer les travailleurs dans les décisions et de discuter pour voir s’il y a des stratégies alternatives, les directions syndicales ont renvoyé les travailleurs à la maison avec le message de bien suivre la presse les jours qui viennent. Ils vont donc communiquer avec leurs membres à travers la presse parce que ce serait la méthode la plus rapide. ‘’Quelle démocratie syndicale !’’ penseront beaucoup – dont nous.

    Mais ce n’est pas encore fini. On a appris par la presse que l’assemblée ne s’est pas tenue dans les bâtiments de VW-Forest ni dans la salle de concert de Forest National parce que les directions syndicales craignaient le vandalisme et des émeutes. Sans doute craignaient-ils aussi une occupation de l’usine… C’est pour cela aussi qu’il n’y avait que deux porte-paroles à l’assemblée, les deux délégués principaux de la FGTB et de la CSC. Ni une participation des travailleurs ni un vote n’étaient à l’ordre du jour. Une opportunité importante pour stimuler la participation et un mouvement réel a été perdue. Mais rien n’est encore définitif. Un mécontentement profond était sensible. Un mouvement de solidarité peut lui permettre de s’exprimer et lui offrir un débouché.

    Avec le MAS/LSP, le CAP et d’autres forces, nous allons tout faire pour développer une solidarité aussi grande que possible. Un appel à la solidarité où tous les travailleurs dans toutes les entreprises et tous les services publics sont appelés à descendre dans la rue et à se battre pour le maintien de chaque emploi, pourrait bien recevoir une réponse massive. Et pourrait mettre sous pression la direction syndicale et la forcer de se tourner vers une stratégie plus offensive.

  • Rentrée étudiante et lycéenne. Résistance Internationale et Etudiants de Gauche Actifs rencontrent un grand intérêt !

    Le jour de la rentrée à Louvain-la-Neuve, le recteur de l’UCL a mis en avant l’idée de casser « le tabou » du plafonnement des minervals et d’utiliser le plan de réforme de l’enseignement supérieur flamand du ministre Vandenbroucke comme modèle pour transformer le financement des institutions en communauté française.

    Boris Malarme

    Le discours du recteur est le même que celui de la Commission européenne : laisser grimper les minervals en maintenant un système de bourses pour les familles à bas revenus rendrait l’enseignement plus équitable. Une telle explication est difficile à avaler. Chacun sait qu’un enseignement plus cher rend celui-ci moins accessible.

    Le manque criant de moyens accordés par le gouvernement à l’enseignement pousse les directions d’écoles supérieures et d’universités à mener une politique d’austérité brutale. La direction de l’Université de Bruxelles a sorti un nouveau plan. Après avoir diminué de 300.000 euros le budget accordé aux services sociaux de l’université, elle veut privatiser une partie des kots, vendre une partie du terrain universitaire et introduire une carte à puce pour contrôler chaque jeune sur le campus. Les étudiants ont immédiatement commencé à réagir.

    Aujourd’hui la part du budget consacré à l’enseignement ne représente plus que 4.9% du Produit Intérieur Brut, ce qui représente un manque de plus de 5.5 milliards d’euros par an en comparaison avec le début des années ‘80. Ce sont les jeunes et le personnel qui en paient le prix. En Flandre, notre organisation étudiante (Actief Linkse Studenten – ALS) a joué un grand rôle dans la lutte contre le plan Vandenbroucke (voir les nos précédents d’Alternative Socialiste). Elle a été avec les syndicats le moteur du mouvement de l’année dernière et elle a réussi à mettre largement en avant la nécessité d’un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7% du PIB. Notre organisation francophone (Etudiants de Gauche Actifs – EGA) veut jouer le même rôle contre la future version francophone de ces mesures de réorganisation de l’enseignement supérieur.

    EGA est présente dans toutes les universités du pays et dans plusieurs Hautes Ecoles. Ses meetings de rentrée ont été une réussite. Les débats sur Cuba et l’Amérique Latine à l’ULB, à l’UCL, à la VUB et à la KUL ont réuni chaque fois entre 25 et 40 étudiants. Une nouvelle génération d’étudiants a rejoint les rang de nos cercles EGA en ce début d’année. Plusieurs d’entre eux ont même franchi un pas supplémentaire en décidant d’adhérer aussi au MAS. Maintenant l’ensemble de nos forces sur les universités construisent la mobilisation pour la manifestation contre les étudiants fascistes du NSV à Anvers.

    Notre campagne antiraciste Blokbuster (BB) a acquis depuis le début des années ’90 une grande réputation. Son pendant francophone, Résistance Internationale contre le racisme et le fascisme (RI), est né cet été et rencontre déjà un franc succès. Les jeunes de RI-BB ont reçu pour près de 800€ de dons lors des divers concerts du 01/10. Ce qui est un bon début afin de mener une campagne sérieuse pour faire de la manifestation contre le NSV à Anvers un succès. Tant en Flandre qu’en Wallonie, la lutte contre l’extrême-droite est à l’avant-plan dans notre activité dans les écoles et les universités.

    Des dizaines de lycéens ont rejoint notre campagne antiraciste depuis la rentrée et de nouveaux comités d’action ont été créés à Louvain, Enghien et Huy. Le nouveau dimanche noir du 8 octobre en Flandre et les succès électoraux que le FN a remportés dans certaines villes wallonnes montrent une nouvelle fois l’incapacité des partis traditionnels à contrer la progression de l’extrême-droite. RI explique qu’il faut s’opposer à la politique antisociale qui crée les conditions idéales pour la croissance des idées racistes. A Gand, 25 écoliers ont participé à la réunion publique qui a suivi les élections. De nombreuses activités sont planifiées, parmi lesquelles un meeting à Enghien, une action à La Louvière contre les 3 élus du FN et une action des lycéens de Louvain contre la présence de Dewinter et du VB à l’université le 31 octobre. Ne reste pas sur le côté, toi aussi rejoins EGA et RI !

  • Chypre : Pas d’expulsion des réfugiés kurdes vers la Syrie

    10 Novembre: Journée d’action Internationale. Action devant l’ambassade de Chypre à Bruxelles

    Résistance Internationale et le MAS organisent une action devant l’ambassade de Chypre à Bruxelles, ce vendredi 10 novembre. Le gouvernement chypriote prévoit d’expulser une centaine de réfugiés kurdes qui ont joué un rôle crucial et dirigeant dans le mouvement des demandeurs d’asile de mai dernier.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière, l’internationale dont fait partie le MAS appel à une journée internationale d’action devant les ambassades et consulats chypriotes pour faire pression sur le gouvernement pour qu’il arrête son plan d’expulsion et pour le respect du droit d’asile. A Londres, il y aura une action devant la section locale de AKEL (le parti communiste chypriote qui participe au gouvernement et à sa politique répressive envers les réfugiés).

    En Chypre, les violences policières, les arrestations et les détentions illégales envers les réfugiés sont monnaie courante. La volonté du gouvernement de remettre les réfugiés kurdes à leurs oppresseurs et tortionnaires syriens montre son hypocrisie quand celui ci dénonce l’oppression des kurdes par le régime turc.

    Le territoire kurde est occupé par la Turquie, l’Iran, La Syrie et l’Irak qui refusent de reconnaître leurs droits d’être une nation. De tous cela, le gouvernement chypriote en à rien à faire. La plupart des 100 réfugiés qui ont participé jusqu’au bout à la lutte étaient des activistes en Syrie.

    Pendant la manifestation de mai, la police secrète syrienne a visité et menacé les familles des kurdes qui ont participé au mouvement. Ces réfugiés risquent la prison et de disparaître des prisons en Syrie.

    Aide-nous dans cette campagne de solidarité internationale pour le respect du droit d’asile pour les réfugiés kurdes. Participe à l’action le 10 novembre à 11h devant l’ambassade de Chypre, Avenue de Cortenbergh 61 (Metro Schuman). Le rendez vous est à 10h30 à Schuman.

    Et envois le plus rapidement une lettre de protestation à

    • Dimitris Christofias, President of Parliament, gen. secretary of AKEL president@parliament.cy
    • N. Silikiotis, Minister of Interior, cgregoriades@moi.gov.cy
    • Office of the Ombudsman ombudsman@ombudsman.gov.cy
    • Government spokesman, govspokesman@pio.moi.gov.cy
    • Greek Cypriot embassy, ambassade.cyprus@skynet.be

    envoi aussi une copie à Youth against Nationalism in Cyprus: youthagainstnationalism@gmail.com

    Committee for a Workers International: cwi@worldsoc.co.uk

    Model Protest Letter for Kurdish Solidarity Campaign

    Dear Sir/Madam,

    We would like to bring to your attention and protest at the inhuman conditions facing Kurdish refugees in Cyprus who amongst others were involved in a protest campaign last May 2006 to force the government to implement their legal welfare and benefit rights. The campaign involved an occupation of Eleftheria square and the Red Cross buildings.

    Since then about 100 Kurdish refugees, the huge majority of them from Syria, applied for asylum but have had their appeals rejected. The asylum application procedure was severely flawed with no account taken by government officials of the oppression of Kurds in Syria (but also Iran, Iraq and Turkey). Most of the interviews lasted a little more than an hour, including translation, and the applicants complain that they were repeatedly interrupted and not allowed to finish what they wanted to say. Whenever they tried to speak about the oppression they face as a nationality they were told this was irrelevant to their application.

    Most of the applications for asylum were rejected. Nobody was granted political asylum! Not even asylum for humanitarian purposes was granted to anybody. No tolerance was shown either. Everything shows that the authorities particularly the police authorities, moved in a vindictive way, and many Kurdish refugees face the prospect of deportation.

    The authorities seem to disregard the fact that if the refugees are deported back to Syria they will face certain imprisonment and torture at the hands of the Syrian regime – most of them will probably “disappear”! We want to stress to you that after the May mobilisations of the Kurds in Cyprus, the families of those who participated were visited by the Syrian secret police to be informed that the authorities know about the activities of their family members in Cyprus. They were threatened that they would pay for it.

    We understand that the Cypriot people suffered a lot in the past, due to the coup de etat organised by the far right and the Greek military regime, and through the Turkish invasion of the island that caused 200,000 refugees (1/3 of the population). The representatives of the Cypriot people would be expected therefore to show sensitivity when other people face similar conditions.

    We would like to express our complete opposition to the Cypriot government’s present treatment of the Kurdish refugees. You should understand that we will fight for the rights of the Kurdish refugees and the Kurdish people in the same way that you would expect us to fight for the rights of the Cypriot people and refugees. If there is no change in policy by the Cypriot government, therefore, you should know that we will spread publicity about this issue as widely as possible internationally and explain the role of your government in taking part in the oppression of Kurdish refugees.

    We demand asylum and a policy of tolerance and hospitality to the Kurdish refugees.

    Yours,

  • Analyse des élections communales. Un recul masqué de la coalition violette

    Quelques tendances principales se dégagent des élections communales et provinciales du 8 octobre. Les partis chrétiens-démocrates en sortent victorieux dans les trois régions du pays. C’est aussi le cas de l’extrême droite en Flandre et, dans une moindre mesure, en Wallonie, mais pas à Bruxelles. Le VLD et les écologistes sont en net recul, à l’une ou l’autre exception locale près. Le MR équilibre les gains et les pertes.

    Par Els Deschoemacker, Thierry Pierret et Jean Peltier

    Le SP.a progresse fortement dans les grandes villes, surtout à Anvers où il reprend au Vlaams Belang la position de premier parti. Une réussite qu’il faut néanmoins tempérer par le fait qu’il n’a pris des sièges qu’à ses partenaires de coalition, mais aucun au VB. Le PS recule significativement là où des scandales ont éclaté (Charleroi, La Louvière, Namur, Mons, Huy,…) mais il reste le principal parti en Wallonie où il maintient, voire conforte, nombre de majorités absolues.

    Les chrétiens-démocrates: retour au “bon vieux temps” de l’Etat-CVP

    Le CD&V a reconquis la majorité des cantons flamands et dépasse à nouveau la barre des 30%. Il n’avait plus engrangé une telle victoire depuis 20 ans. Du côté francophone, le CDH poursuit lui aussi sa remontée et a conquis 10 cantons de plus qu’aux élections régionales de 2004.

    Cela signifie-t-il pour autant un retour au « bon vieux temps » où la famille CVP-PSC (les anciens noms du CD&V et du CDH) était le parti-pivot de toute coalition gouvernementale grâce à une base stable dans toutes les couches de la société ? Loin de là !

    D’une part, parce qu’au fil des ans et quels que soient leurs scores électoraux, tous les partis traditionnels ont perdu de leur autorité dans la société. D ‘autre part, parce que, s’il reviennent au pouvoir national en 2007 (ce qui est probable), le CD&V et le CDH ne pourront pas compter sur une grande stabilité politique dans leur propre zone d’influence. Du côté francophone, les liens sont nettement plus distendus aujourd’hui entre la CSC et le CDH. En Flandre même, une partie des membres de la CSC ont participé aux grèves contre le Pacte des Générations du gouvernement violet, contre l’avis de la direction de la CSC et surtout contre l’avis du CD&V qui trouvait que ce pacte n’allait pas assez loin !

    En outre, tant le CD&V que la N-VA (un petit parti autonomiste flamand de droite issu de l’éclatement de la Volksunie) ont jusqu’ici tiré profit du cartel qui les unit. Mais pour combien de temps ? Le nationalisme flamand risque à terme de devenir une véritable épine dans le pied des chrétiens-démocrates flamands. Le fait qu’une majorité de petits patrons flamands prônent plus d’indépendance pour la Flandre va sans doute inciter le parti à aller plus loin dans cette direction. Une attitude qui est en porte-à-faux par rapport aux positions du CDH et surtout aux aspirations de la base syndicale comme l’a encore rappelé le congrès national de la CSC il y a quelques jours…

    La coalition violette en sursis?

    La coalition violette a perdu ces élections. Elle n’aurait plus de majorité en Flandre avec un VLD – le parti du Premier ministre – qui plafonne à 16%. Du côté francophone aussi , la violette est en recul. Si on extrapole le résultat des élections provinciales au niveau fédéral, tant le MR (-5) que le PS (-2) perdraient des sièges par rapport aux élections de 2003. La coalition libérale-socialiste passerait de 98 à 79 sièges à la Chambre en 2007, soit une majorité de seulement 4 sièges.

    La défaite globale de la violette est pourtant reléguée à l’arrière-plan par la victoire de l’une ou l’autre de ses composantes dans quelques grandes villes comme Bruxelles, Liège, Gand et surtout Anvers.

    Dans ces élections, le vote pour le moindre mal a de nouveau joué en faveur de la social-démocratie. Bien qu’ils soient les architectes et les maîtres d’oeuvre de la politique néolibérale au niveau national, PS et SP.a ont encore réussi à présenter leurs réformes antisociales comme un mal nécessaire pour préserver notre sécurité sociale ou assurer une bonne gestion communale.

    Poursuivre dans cette voie mène pourtant à une impasse. L’augmentation de la pauvreté, le bradage des services communaux, la disparition des emplois correctement payés, … ne feront que nourrir le terreau de l’extrême-droite. La seule digue qui puisse tenir contre l’extrême-droite, c’est aussi une digue contre ce genre de politique. Ces élections ont de nouveau démontré la nécessité d’une opposition de gauche sous la forme d’un nouveau parti des travailleurs.

    Flandre: un coup d’arrêt au Vlaams Belang?

    Une des principales questions de cette campagne était : le Vlaams Belang peut-il encore progresser à Anvers et arriver au pouvoir dans certaines communes flamandes ? Le verdict est tombé : le Vlaams Belang recule à Gand ainsi que dans les districts d’Anvers-Centre et de Borgerhout. Et les commentateurs de proclamer aussitôt que « un SP.a fort peut stopper la montée du VB ». Au lieu d’être vu comme l’une des causes de la marée noire montante depuis 1991, le SP.a est maintenant présenté comme le sauveur et le bourgmestre d’Anvers et ex-président du SP.a Patrick Janssens fait figure de héros !

    Qu’en est-il réellement ? Pour l’ensemble de la Flandre, le Vlaams Belang progresse de 6,6% par rapport aux élections communales de 2000. Il a augmenté d’un tiers le nombre de villes où il se présentait, passant de 459 à 794 conseillers communaux. Ce qui ne peut que renforcer l’implantation du parti. Dans ce sens, le triomphalisme ambiant est totalement déplacé.

    A Anvers, grâce à la campagne médiatique centrée sur « Patrick », le SP.a a pu présenter l’enjeu du scrutin comme un duel entre Patrick (Janssens) et Filip (Dewinter). Patrick Janssens a récolté un peu plus de 70.000 voix de préférence, Filip Dewinter un peu plus de 60.000. Le parti de Janssens a progressé de 16% et devient du même coup – mais de peu – le premier parti d’Anvers à la place du VB.

    Mais le grand soupir de soulagement à Anvers ne doit pas empêcher de voir la réalité en face : personne n’a réussi à prendre un siège au VB ! Comme Dewinter l’a fait remarquer, le SP.a a « cannibalisé » ses propres partenaires dans la coalition. Le VLD perd 5 sièges, Groen ! 4 et le CD&V 1. Le SP.a en gagne 10 avec un score de 35%.

    Pour expliquer la victoire des coalitions au pouvoir à Anvers et Gand, les commentateurs mettent en avant la « bonne gouvernance » de ces villes, et en particulier les opérations de rénovation urbaine. Mais celles-ci ont surtout été mises en oeuvre dans l’intérêt de la classe moyenne qui a réinvesti certaines portions du centre-ville au détriment de toute une population fragilisée qui y vivotait depuis des années et qui avait offert au Vlaams Blok sa première percée électorale à la fin des années ‘80 et au début des années ‘90. La composition sociale de certains quartiers a changé parce que les pauvres en ont été chassés.

    Ceci explique les progrès successifs du SP.a, le champion de la nouvelle classe moyenne et le maître d’oeuvre de ce type de « rénovation urbaine ». Mais la valeur des logements a tellement grimpé que les moins nantis ont dû quitter certains quartiers de Borgerhout et d’Anvers-Centre… pour s’établir dans les quartiers plus périphériques où le Vlaams Belang continue à se renforcer.

    Bruxelles: une politique “proche des gens”?

    A Bruxelles, le PS conforte sa position de premier parti régional qu’il avait déjà ravie au MR en 2004. C’est d’autant plus remarquable que le MR – sauf à Bruxelles-Ville où il s’effondre – et le CDH progressent également. Le PS progresse dans les grosses communes de la première ceinture comme Schaerbeek (où il fait plus que doubler son score mais où Onkelinx rate le poste de bourgmestre grâce à la nouvelle alliance entre MR et Ecolo), Molenbeek ou Anderlecht et il franchit pour la première fois la barre des 30% à Bruxelles-Ville. C’est surtout Ecolo qui fait les frais de cette progression. L’extrême-droite (FN et VB) stagne, sauf à Schaerbeek où la Liste Demol, apparentée au VB, perd la moitié de ses voix et 3 de ses 4 élus. Est-ce à dire que les politiciens bruxellois ont su rester « proches des gens et de leurs préoccupations » comme ils aiment à le dire? Rien n’est moins vrai.

    Le vote des Belges d’origine immigrée et des étrangers non européens, qui pèse lourd dans certaines communes, a certainement fait barrage à l’extrême-droite. Les partis, surtout le PS, ont joué à fond la carte du vote communautaire en ouvrant largement leurs listes à des candidats d’origine turque, marocaine et africaine. Le principal, sinon le seul critère de sélection était leur capacité à récolter des voix dans leur communauté. Nombre d’entre eux ont été élus le 8 octobre. Ils vont rapidement être associés à la politique néolibérale. Ils vont sans doute essayer d’en atténuer les effets dans leur quartier ou leur communauté en aidant leurs électeurs à surmonter individuellement les problèmes sociaux qu’ils auront contribué à créer par leur soutien à des mesures antisociales. Mais le clientélisme – ce que les politiciens appellent « être proche des gens » – se heurtera à ses limites et ceux-ci devront tôt ou tard rendre des comptes sur leur attitude au Conseil communal ou au Collège.

    Wallonie: le PS en équilibre instable

    Une marée noire était parfois annoncée le 8 octobre. Les résultats sont beaucoup plus diversifiés. Mais le lien est clair entre les résultats du PS et du FN. Dans le Hainaut, là où les scandales à répétition ont ébranlé le PS, celui-ci connaît des reculs parfois impressionnants (13% à Charleroi, 14% à La Louvière, 10% à Mons) et le FN refait une percée. Par contre, là où le PS a échappé (pour le moment ?) aux scandales, comme dans la région liégeoise, il maintient ses résultats, voire les améliore, après avoir réussi à se présenter comme le rempart contre le libéralisme agressif du MR et de Reynders. Et le FN ne perce pas (1 seul siège à Liège).

    Si le PS n’a pas été envoyé au tapis lors de ces élections, ses résultats mitigés et la reprise des inculpations (le bourgmestre de Charleroi Van Gompel en tête) minent quand même sa position tant au sein du gouvernement Verhofstadt qu’à la Région wallonne. Cela explique certainement sa volonté d’ouvrir ses majorités dans plusieurs villes au MR ou au CDH. Mais le résultat en sera immanquablement une politique encore plus néolibérale. Et un espace encore plus grand pour le développement du FN dans les prochains scrutins.

    Le PTB triple le nombre de ses sièges

    La gauche se souviendra de ces élections en raison du « décollage électoral » du Parti du Travail de Belgique. Le PTB progresse un peu partout et triple le nombre de ses sièges qui passe de 5 à 15. En Wallonie, il conserve ses 2 sièges à Herstal et en gagne 1 à Seraing et La Louvière ; par contre, il n’obtient pas de siège à Bruxelles. Mais 11 de ces 15 sièges sont gagnés par des « Médecins pour le Peuple » est révélateur. Autour de ses Maisons médicales, le PTB a construit une intervention locale et mené des actions contre les sacs-poubelles payants, pour le logement social, pour plus de facilités pour les jeunes, … qui, avec sa participation active à la lutte contre le Pacte des Générations, a pu convaincre une partie des électeurs.

    Ce résultat démontre en tout cas le potentiel pour une politique d’opposition au néolibéralisme. Un nouveau parti, défendant réellement les travailleurs et reposant sur une forte base syndicale, pourrait obtenir de tels scores dans toute la Belgique. C’est ce qui fait toute l’importance de l’initiative du Comité pour une autre politique (CAP)…

  • Le Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij a 5 ans

    Il y a 5 ans, le Militant / Militant Links a changé son nom en Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij. L’orientation en Flandre essentiellement, voulait répondre au vide politique dû au virage à droite du SP.a, qui défendait ouvertement les intérêts du patronat. Du côté francophone ce vide existait aussi, mais dans une moindre mesure. Etant donné que nos forces du côté francophone étaient moins grandes, le nom de Mouvement pour une Alternative Socialiste a été choisi.

    Els Deschoemacker

    La volonté était de dépasser l’image d’un “groupe d’action” liée au nom ‘Militant’. Ce nom était adapté à la période suivant la chute du Mur de Berlin, alors que les idées socialistes étaient en position défensive. Toutes les organisations de gauche ont dû durant cette période essayer de préserver leurs forces et de trouver un soutien parmi la petite minorité de ceux qui s’opposaient encore au système.

    Nous voulions nous donner un profil clairement socialiste. Durant ces 5 dernières années, notre organisation a bien renforcé ses rangs: nous avons doublé le nombre de nos membres et triplé celui de nos sections et la balance entre néerlandophones et francophones est plus équilibrée avec un tiers des membres qui sont francophones. Le MAS/LSP a des sections dans 18 villes en Flandres, ainsi qu’à Bruxelles et en Wallonie (avec parfois plusieurs sections par ville).

    Mais cette évolution n’est pas uniquement quantitative, elle est également qualitative : ces 5 dernières années, notre organisation est devenue plus active sur le terrain syndical. Avec notre intervention dans le mouvement contre le Pacte des Générations et le lancement du Comité pour Une Autre Politique, il devient désormais difficile de continuer à dire que le MAS/LSP est un groupe d’étudiants…

    Les contradictions entre riches et pauvres comme conséquence de la globalisation néolibérale devraient mener à une remontée des luttes et au développement d’une conscience de classe liée à celles-ci. La nécessité d’un programme socialiste et d’un parti des travailleurs apparaîtra plus clairement dans les actions.

    Nous allons faire de notre mieux pour construire un nouveau parti des travailleurs en Belgique. Nous n’avons pas l’intention de nous taire sur la nécessité d’un changement socialiste de la société. Nous allons continuer à faire le lien entre des revendications concernant la vie quotidienne et la nécessité d’une alternative socialiste.

    Nous sommes d’avis qu’il n’existe pas d’autres alternatives. Le socialisme n’est pas une utopie ou une théorie sans conséquences pratiques. C’est une réponse concrète aux problèmes avec lesquels les travailleurs et leurs familles sont confrontés dans la vie de tout les jours.

  • Conférence du 28 octobre Rejoignez-nous!

    La conférence du 28 octobre sera un moment important pour tous ceux qui cherchent une réponse à la politique néolibérale menée par tous les partis traditionnels. Ci-dessous nous publions quelques motivations pour venir à la conférence du 28 octobre.


    « L’appel de Sleeckx, Debunne et Van Outrive trouve un écho parmi les syndicalistes. La délégation CGSP à la VUB à Bruxelles a joué un rôle important dans la lutte contre les mesures d’austérité dans l’enseignement supérieur du côté flamand. Les actions contre ces mesures ont forcé le ministre à retirer ses plans.

    « Si les partis peuvent continuer à mener leur politique néolibérale, la menace des assainissements va perdurer. C’est pourquoi 15 des 19 délégués CGSP à la VUB soutiennent l’initiative d’Une Autre Politique. Déjà 17 membres de la CGSP sont inscrits pour la conférence du 28 octobre et ce nombre va encore augmenter. »

    Jo Coulier, Délégué CGSP à la VUB


    « Il y a quelques années, je me suis à nouveau intéressé à la politique et à la résistance sociale aux attaques contre les acquis sociaux. J’ai très vite découvert qu’aucun grand parti ne défendait les intérêts des travailleurs et des pauvres.

    « J’ai alors rencontré quelques délégués qui étaient temporairement unis sous le nom ‘Debout’. On a beaucoup discuté de la nécessité d’une réelle opposition à la politique néolibérale. De cette façon je suis devenu actif dans la campagne contre la constitution européenne. Il y a un an, j’ai lancé avec quelques camarades l’initiative d’un syndicat du quart-monde.

    « Toutes les organisations officielles des pauvres se laissent faire par les politiciens traditionnels. Des pauvres qui survivent avec peu d’argent n’ont en réalité aucun parti qui défende leurs intérêts. J’ai vite été gagné à l’idée d’une autre politique. Le 28 octobre nous pourrons animer le débat concernant des solutions structurelles pour la pauvreté. »

    Stefan Roumen, Syndicat du Quart-Monde, Limbourg


    « Récemment Johan Vande Lanotte du SP.a a proposé de limiter les allocations de chômage pour les jeunes. Après 6 mois, ils devraient choisir entre un boulot flexible ou une formation. Avant même d”être au chômage, les jeunes sont confrontés à la dure réalité de ce système. L’enseignement est gratuit jusqu’à 18 ans, mais en réalité les coûts sont de plus en plus élevés. La prime scolaire ne va pas changer cela d’une manière fondamentale, c’était plutôt un petit cadeau dans le cadre des élections.

    « Beaucoup de jeunes détestent la politique. Il est important que les jeunes aient connaissance du 28 octobre et qu’il y ait ensuite construction d’une alternative crédible contre la logique néolibérale. On ne peut pas laisser la politique aux politiciens ! »

    Benoit Douchy, Etudiants de Gauche Actifs, Gand

  • Les préparatifs de la réforme de l'Etat de 2007

    Les préparatifs de la réforme de l’Etat de 2007

    Les Flamands ont jadis mené un juste combat contre leur oppression au sein de la Belgique francophone. Le mouvement ouvrier socialiste n’y ayant accordé que peu d’attention, la voie était ouverte au mouvement ouvrier chrétien. Cette faute historique a aussi poussé le sommet du Mouvement flamand à rallier les rangs de la droite et, finalement, de l’extrême droite.

    Anja Deschoemacker

    La Flandre est aujourd’hui la région la plus riche du pays. Le mouvement flamand ne lutte plus pour une quelconque libération. Bien au contraire, il prône la manière forte pour imposer aux autres sa propre culture. Les socialistes – ceux dignes de ce nom! – ne peuvent en aucun cas soutenir ce revanchisme flamand; ils doivent aussi lutter contre ce chantage flamand qui vise à contraindre la Wallonie à mener une politique encore plus antisociale.

    Ce que les Flamands font eux-mêmes, le font-ils mieux?

    Le budget flamand se porte bien: il ne cesse d’engranger des surplus d’année en année, ce qui n’est possible qu’en imposant un taux de productivité élevé aux travailleurs flamands d’une part, en limitant drastiquement les dépenses sociales d’autre part. Dans cette Flandre qu’on décrit volontiers comme "riche" de part et d’autre de la frontière linguistique – pour s’en vanter au nord, pour la blâmer et la jalouser en même temps au sud – une maison de repos sur cinq n’a pas d’attestation de sécurité d’incendie, des centaines de bâtiments scolaires attendent depuis des années des travaux de restauration indispensables, les handicapés se morfondent sur des listes d’attente interminables pour avoir accès à des structures adaptées, …

    Dans cette Flandre "riche", le fossé entre riches et pauvres ne cesse de s’élargir. Sur le site officiel de la Communauté flamande, on peut lire que quelque 13% des Flamands sont confrontés à un risque de pauvreté et que 7% végètent dans une situation de pauvreté de longue durée.

    Wallonie: des réformes de structures au Plan Marshall

    La régionalisation n’a pas davantage apporté quelque chose de bon aux travailleurs et à leurs familles en Wallonie. Du couple fédéralisme /réformes de structures (le programme de la FGTB en 1956) que défendait le mouvement wallon lorsqu’il était à son apogée sous la direction d’André Renard, il n’est vite resté que le seul fédéralisme. Depuis lors, le PS n’a cessé d’en faire son cheval de bataille. La régionalisation n’a pas pu contrer la désindustrialisation, ni le chômage et la pauvreté qui l’accompagnent.

    Aujourd’hui, le Plan Marshall néolibéral est sur les rails. Certains en Wallonie proposent même de faire baisser les salaires plus fortement qu’en Flandre. Si le PS y fait encore obstacle, il ne propose lui-même comme solution que la " modernisation " du marché du travail.

    Par "modernisation" il faut entendre dégraissage de l’emploi dans les services publics et flexibilité accrue du marché du travail par la multiplication d’emplois précaires (à temps partiel, à durée déterminée) et à bas salaires.

    Fin 2005, 8.700 personnes avaient été engagées en Wallonie via les chèques-services et ce chiffre ne cesse d’augmenter.

    Bruxelles: capitale de l’Europe et de la pauvreté

    Avec 21% de chômage (35% chez les jeunes), Bruxelles est comparable à certaines régions d’Europe de l’Est. Près des deux-tiers des chômeurs complets indemnisés sont sous-qualifiés. En septembre 2005, 69% des chômeurs étaient au chômage depuis au moins un an et 48% depuis au moins deux ans. Près de 30% des enfants bruxellois grandissent dans une famille privée de tout revenu du travail. Et tout ça n’empêche pas la politique bruxelloise d’être dominée par le rififi communautaire.

    Il faut l’unité du mouvement ouvrier en Belgique

    Le MAS/LSP ne veut pas maintenir à tout prix l’unité de la Belgique, mais l’unité des travailleurs est une nécessité absolue pour maintenir et étendre les acquis du passé.

    Les secteurs où la fédéralisation a déjà mené à l’éclatement de l’action syndicale, comme l’enseignement, ont vu se succéder les régressions et les défaites. La scission de la Centrale des Métallos de la FGTB ne présage rien de bon pour les travailleurs du secteur. Cette scission a été imposée sans tenir compte – ou si peu – de l’opinion des militants de base.Nous exigeons la fin de toutes les vexations et de toutes les mesures qui éloignent les communautés l’une de l’autre.

    • Stop aux vexations et aux mesquineries – des Francophones comme des Flamands – envers l’autre communauté à Bruxelles et dans la périphérie, mais également en Wallonie envers les Germanophones.
    • Nous exigeons l’accès de tous les services dans les diverses langues nationales là où les différentes communautés vivent ensemble et où le besoin s’en fait sentir. Nous dénonçons aussi bien les tentatives d’affaiblir le bilinguisme des services à Bruxelles au détriment des Flamands que les innombrables atteintes aux droits des francophones (et des Flamands du fait de certaines majorités francophones) dans la périphérie. Nous revendiquons des facilités pour les germanophones dans l’enseignement supérieur de la Province de Liège, mais aussi que les Francophones vivant en Communauté germanophone puissent suivre l’enseignement en français dans les infrastructures scolaires existantes.
    • Les employeurs n’ont pas à imposer des exigences linguistiques s’ils ne mettent pas la main au portefeuille. Il faut rémunérer le bilinguisme, voire le plurilinguisme, dans l’entreprise par des hausses de salaire. Si les employeurs veulent du personnel bilingue ou plurilingue, ils doivent organiser à leurs frais des cours de langue pendant les heures de travail. Les pouvoirs publics doivent organiser des cours de langue gratuits pour les chômeurs qui le souhaitent et leur accorder un salaire d’étude qui couvre le surcroît de dépenses (transport, crêche,…) que ces cours entraînent.
    • A Bruxelles, il faut mettre en oeuvre, en concertation étroite avec les habitants, un programme d’ampleur de construction de logements sociaux et de rénovation urbaine pour donner la possibilité à tous ceux qui le souhaitent de continuer à habiter dans la Région.
    • Pas de scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, pas d’élargissement des limites de Bruxelles sans garantie d’accès au travail et aux services pour tous dans sa propre langue.
    • Pour mettre en oeuvre un tel programme, il faudra dégager beaucoup plus de moyens, ce qu’aucun parti n’est prêt à faire ni d’un côté ni de l’autre. Lutter pour plus de moyens, cela signifie s’en prendre aux bénéfices de l’élite pour augmenter les salaires, les dépenses sociales, l’offre de services publics et, en fin de compte, nationaliser les secteurs clés de l’économie pour que toutes les richesses reviennent entre les mains de ceux qui les ont produites.
    • Pour y arriver, les travailleurs et leurs familles doivent construire leur propre parti, soucieux des intérêts de tous les travailleurs, indépendant de la classe dominante qui se livre au petit jeu de diviser pour mieux régner et en rupture avec tous ces partis montés sur leurs ergots communautaires.
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