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Tag: Blokbuster
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Une fois de plus, la violence raciste tue en Allemagne. Stoppons la haine par la mobilisation et une alternative !

Manifestation antifasciste à Gand au lendemain des élections de mai 2019 à l’initiative de la campagne Blokbuster. Une fois de plus, l’Allemagne a été choquée par la violence raciste de l’extrême droite. Dix personnes ont été tuées, dont la mère de l’auteur du crime, et ce dernier s’est suicidé. Une fois de plus, le meurtrier a laissé derrière lui un texte confus, rempli de racisme et de frustrations. Combien d’autres actes terroristes devront suivre pour que l’on ne parle plus de ‘‘loup solitaire’’, mais d’une vague de terrorisme d’extrême droite ? Depuis combien de temps le rôle des partis d’extrême droite et des autres partis qui rendent le racisme, le sexisme et la discorde acceptables est-il passé sous silence ? Combien de temps devrons-nous encore subir ce système qui alimente les tensions et les frustrations sociales ?
Réaction de la campagne antifasciste Blokbuster
Au cours de ces 30 dernières années, la violence raciste a tué au moins 169 personnes en Allemagne. Cela fait du terrorisme d’extrême droite le plus grand danger à l’heure actuelle. Pourtant, les partis populistes de droite et même les partis et médias établis prétendent que la plus grande menace émane des migrants, qui sont généralement la cible du terrorisme d’extrême droite. Il convient d’ailleurs de noter que des groupes comme Daesh partagent beaucoup de caractéristiques avec les groupes d’extrême droite. La violence raciste n’est pas neuve. En Allemagne, il y a eu un certain nombre d’incidents ces derniers mois. Mais si l’on regarde un peu en arrière, on se souvient du scandale des ‘‘meurtres des kebabs’’, neuf petits commerçants dont huit d’origine turque et un originaire de Grèce, exécutés sur leur lieu de travail par le groupe NSU (Nationalsozialistischer Untergrund ou nazisme clandestin) entre 1999 et 2007 ou encore les incendies criminels commis dans les centres d’asile au début des années 1990.
Les politiciens traditionnels allemands ont à nouveau tous condamné la violence tout en lançant des appels à l’unité contre la violence. Ces politiciens établis jouissent d’encore très peu de crédibilité. Leur politique antisociale entraîne tensions et frustrations sociales. Elle conduit de plus en plus de gens en marge de la société. Ces politiciens se servent des divisions et des préjugés racistes pour dévier l’attention de l’impact de leurs politiques, ce qui renforce l’extrême droite et la rend plus acceptable. Récemment, il y a eu de l’agitation en Allemagne parce que les démocrates-chrétiens et les libéraux ont localement brisé le cordon sanitaire autour du parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) en Thuringe. Est-ce ainsi que les partis traditionnels veulent ‘‘s’unir contre la violence de l’extrême droite’’ ?
On constate également une augmentation des incidents racistes dans notre pays, tant sur les médias sociaux que dans le monde réel. L’essor du Vlaams Belang y joue un rôle et en est en même temps l’expression. Cela renforce la confiance en soi des militants d’extrême droite, ce qui se traduit sur les domaines de l’intimidation et de la violence. Il y a eu récemment l’incendie criminel d’un centre d’asile en construction à Bilzen ou encore la vague de propos racistes sur les médias sociaux lorsqu’on a appris que des réfugiés essayaient de passer en Grande-Bretagne via La Panne.
La haine est omniprésente. Beaucoup se demandent ce que nous pouvons faire à ce sujet. Deux choses sont importantes. Premièrement, nous ne devrions pas laisser les médias établis ou d’autres institutions être seuls à réagir, ni nous limiter à nous plaindre sur les médias sociaux. Nous devons nous mobiliser et montrer dans l’action qu’une grande majorité de la population n’accepte pas la haine. En ce moment, les racistes et l’extrême droite sont peut-être les voix les plus fortes sur les médias sociaux et même dans les médias établis en Flandre, mais nous pouvons occuper la rue et démontrer que la résistance à la haine est largement soutenue. En Allemagne, plusieurs manifestations ont déjà eu lieu ou sont en préparation. Chez nous, une manifestation antifasciste est également prévue pour la fin du mois de mars, contre le cercle étudiant d’extrême droite NSV à Anvers (le 26 mars très probablement).
Deuxièmement, nous devons nous attaquer aux problèmes à leur racine. La montée du racisme et de la division s’explique par la crise du système capitaliste et son déclin. Le capitalisme entraîne une aliénation et des tensions sociales croissantes. La soif de profits de l’élite implique qu’un groupe croissant de la population a du mal à garder la tête hors de l’eau, et une partie en attribue la responsabilité non pas aux super-riches mais aux boucs émissaires migrants. Le fait que l’extrême droite ne puisse pas apporter de réponse est démontré, entre autres, par le soutien du Vlaams Belang à de nombreuses mesures antisociales en Flandre. Une alternative à la haine signifie de défendre une société où le terrain propice à la division et à la haine n’existerait pas, une société où les ressources disponibles seraient utilisées en tenant compte des intérêts et des besoins de la majorité de la population.
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Action contre Salvini, le VB & Co : un pas en avant vers la renaissance d’un mouvement antifasciste à Anvers

Lundi soir, des centaines d’antifascistes se sont rassemblés sur la place Hendrik Conscience à Anvers pour dénoncer ensemble contre le message de haine et de division de l’extrême droite. Le Vlaams Belang veut se reconstruire à Anvers et, dans cette optique, le parti d’extrême droite avait invité le dirigeant de la Lega italienne, Matteo Salvini. Le VB n’a pas ménagé ses efforts : son comparse italien est arrivé en jet privé tandis que le meeting s’est tenu dans la prestigieuse Nouvelle Bourse louée pour l’occasion. Le VB a beau se prétendre anti-establishment, le terme est assez éloigné de la réalité ! L’ironie d’un parti raciste qui amène un étranger à Anvers en jet privé n’échappera à personne non plus.
Déclaration de Blokbuster
L’action de protestation était combative et de bonne ampleur. La police a parlé de 300 à 350 personnes présentes. C’est beaucoup plus que les actions antifascistes de ces dernières années. Espérons qu’il s’agit là des premiers pas de la renaissance d’un mouvement antifasciste à Anvers. Ce rassemblement a été suivi d’une action des ‘‘Sardines’’, en référence au mouvement italien anti-Salvini, qui s’est tenue sur la place De Coninck.
Les antifascistes représentaient une foule bigarrée où se mêlaient des activistes d’origine italienne criant des slogans en italien tandis que tout le monde apprenait à chanter en cœur le chant de résistance bien connu Bella Ciao. Des slogans ont encore été criés en français et des prises de parole ont eu lieu en espagnol et en anglais. Des activistes kurdes et cachemiris étaient présents aux côtés de militants et de dirigeants syndicaux, de militants politiques de diverses organisations et horizons, de jeunes et de nombreuses personnes non organisées qui voulaient faire quelque chose contre l’extrême droite et le fascisme. L’atmosphère était contagieuse et la confiance est allée grandissante : les slogans ont été criés de plus en plus fort. Un microphone ouvert permis à toutes les personnes qui le souhaitaient de s’exprimer afin de permettre à la discussion d’aborder les différents points de vue et de représenter la diversité du rassemblement.
La manifestation a mis l’accent sur les thématiques sociales. Dans son rapport de l’action, le journal Het Laatste Nieuws a donné la parole à un manifestant d’origine italienne qui a résumé les choses ainsi : ‘‘L’avantage de cette manifestation est qu’elle attire l’attention sur les questions vraiment importantes, telles que les transports publics, le salaire minimum, la pension minimum et les investissements dans la culture. Nous ne sommes pas seulement ici pour dénoncer des choses.” Le racisme et le sexisme nous divisent et nous affaiblissent dans notre combat pour un meilleur avenir. C’est un argument de première importance pour combattre le fascisme.
Un syndicaliste a fait remarquer que ses collègues touchés par les préjugés racistes ne se tournent pas vers le Vlaams Belang pour défendre leurs salaires, leurs emplois et leurs pensions. Ils se tournent vers le syndicat. Si nous voulons les convaincre de se détacher complètement du Vlaams Belang, ce n’est pas à coups de discours moralisateurs, c’est en luttant ensemble pour défendre nos conditions de vie et notre avenir !
Nous pouvons nous appuyer sur l’enthousiasme qu’a suscité cette action antifasciste. C’est malheureusement absolument nécessaire. La politique d’austérité, y compris celle du gouvernement flamand, s’attaque à nos conditions de vie. Parallèlement, les résultats électoraux ont donné des ailes à l’extrême droite pour propager son racisme et sa haine de l’autre. Cette confiance revigorée n’est pas limitée au VB : des groupes à sa marge se font aussi entendre et le nombre d’incidents racistes augmente. Ces dernières semaines seulement, il y a eu l’incendie criminel du futur centre d’asile de Bilzen et le fils d’un ancien parlementaire du VB s’est fait photographier alors qu’il faisait le salut hitlérien à la forteresse de Breendonk. Nous devons nous organiser sérieusement pour briser la confiance de l’extrême droite en montrant que de larges couches de la population refusent sa logique de haine et de division.Le prochain rendez-vous d’importance aura à nouveau lieu à Anvers. En mars, les étudiants du Vlaams Belang organiseront un défilé qui rassemble traditionnellement toute la flore et la faune de l’extrême droite. Il s’agit d’un événement où les étudiants de droite se mêlent aux ‘‘nazis-à-bières’’ marginaux et à toutes les variantes possibles de la peste brune. Une tradition conséquente de contre-manifestation a été installée. La campagne antifasciste du PSL Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) veulent apporter la plus forte contribution possible à tous ceux qui souhaitent poursuivre sur cette lancée. Ce n’est qu’un début, continuons le combat !
Quelques mots de Geert Cool, porte parole de la campagne Blokbuster
Reportage de la RTBF avec interview d’Aïsha, de la campagne Blokbuster et du PSL
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[VIDEO] Débat sur l’antifascisme au festival des Libertés
Ce jeudi 17 octobre, un débat a eu lieu au Festival des Libertés à Bruxelles avec pour thème “Quelles masses contre les bloks ?”
Nombreux sont ceux qui ont été abasourdis par les résultats des élections de mai 2019 : le Vlaams Belang est clairement réapparu dans le jeu politique, flanqué de ses représentants racistes, misogynes, homophobes et antisyndicaux. Comment déconstruire le discours de l’extrême droite ? Comment la combattre – efficacement et sans naïveté – sur notre lieu de travail et, plus largement, dans la société ?
Avec : Julien Dohet (secrétaire politique du SETCa Liège, participant au Front Antifasciste à Liège), Petya Obolensky (député PTB bruxellois et militant au groupe antiraciste PTB), Aisha Paulis (militante de la campagne antifasciste du PSL Blokbuster) et Francois Debras (Maître de conférence à l’ ULG).
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Mobilisation antifasciste contre la présence de Dries Van Langenhove à l’université d’Anvers

Une cinquantaine d’antifascistes se sont réunis mercredi soir devant l’entrée de l’université d’Anvers dans la Rodestraat, où le jeune député récemment élu du Vlaams Belang et fondateur du groupe néofasciste Schild & Vrienden Dries Van Langenhove devait prendre la parole lors d’une conférence. Les antifascistes ont clairement fait entendre qu’ils n’acceptent pas la haine et la division de l’extrême droite et veulent la combattons activement. Des slogans ont été criés en néerlandais, en anglais et en français, notamment « Résistance internationale contre le racisme et le capital » ou encore « Première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous des enfants d’immigrés ». Les activistes brandissaient également des affiches qui reprenaient les plus sombres déclarations de Van Langenhove et ses amis d’extrême droite. Dries Van Langenhove n’est pas en prison, il est au Parlement, mais ce n’est pas une raison pour ignorer sa haine raciste et sexiste.
L’initiative de cette action a été prise par la campagne antifasciste flamande du PSL Blokbuster et par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA). Jusqu’ici, nous n’avons reçu que peu de réponses de la part d’autres organisations. Certains n’ont pas osé rejoindre la protestation, d’autres n’en ont pas vu l’importance. Il est évident que tout le milieu de l’extrême droite profite de la victoire électorale du Vlaams Belang pour se renforcer ou se reconstruire. A l’Université d’Anvers, le NSV (organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang) avait été extrêmement affaibli ces dernières années, mais il semble maintenant attirer du sang neuf. L’ancien cadre du Vlaams Belang comme les militants du Voorpost sont prêts à former ces nouveaux sympathisants et membres. Cela pourrait conduire à de nouvelles explosions de violence. Les néofascistes n’ont pas tendance à se déradicaliser tout seuls. Nous ne devons pas attendre et construire dès aujourd’hui un puissant mouvement antifasciste.
Avec de telles actions de protestation, nous n’exprimons pas simplement le rejet de l’extrême droite largement ressenti dans la société, nous rendons également plus difficile de s’engager dans l’extrême droite. Si la résistance au racisme, au sexisme,… reste inaudible, il peut alors sembler que la logique de division domine. Mais ce n’est pas le cas : beaucoup de jeunes et de travailleurs ne veulent rien entendre de l’extrême droite ou du populisme de droite. A juste titre : le gouvernement flamand, dirigé par la N-VA, va prendre dans nos poches l’argent des allocations familiales, de la prime au logement, des budgets des services publics, de la sécurité sociale,… et le Vlaams Belang applaudit !
Curieusement, certains critiques ont soutenu qu’une action de protestation irait à l’encontre de la liberté d’expression. Depuis quand une action collective comme celle de ce mercredi ne fait-elle plus partie de la libre expression de l’opinion ? Nous utilisons notre droit démocratique pour construire un rapport de force contre le racisme et la division.
Nous invitons tous les antifascistes à contribuer à la construction d’une plate-forme plus large pour les actions à venir contre l’extrême droite à Anvers. Malheureusement, nous ne pouvons pas contrecarrer l’action du Vlaams Belang de ce dimanche : nos forces sont encore trop limitées pour organiser deux actions en cinq jours (renforcez-nous pour être en mesure de le faire !). Mais de telles manifestations peuvent encore avoir lieu et, en mars de l’année prochaine, le NSV organisera une marche de la haine à Anvers contre laquelle une forte mobilisation antifasciste sera nécessaire. N’hésitez pas à nous contacter pour coopérer : info@blokbuster.be ou à soutenir financièrement nos actions sur le compte BE05 0012 2824 0975 de Blokbuster.

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Retour sur le dimanche noir précédent et la riposte antifasciste qui a suivi

Blokbuster, début des années ’90 24 novembre 1991. Le jeune Filip Dewinter lève un gant de boxe en l’air pour encourager ses partisans. Son Vlaams Blok (qui deviendra le Vlaams Belang en 2004) est devenu le plus grand parti d’Anvers et a franchi pour la première fois le seuil des 10% en Flandre. De 3 sièges fédéraux, le Blok est passé à 17 députés (12 à la Chambre, 5 au Sénat). Immédiatement, on a parlé d’un ‘‘dimanche noir’’. Le choc est grand. Des jeunes et des travailleurs déferlent dans les rues contre le racisme et l’extrême droite.
La percée de l’extrême droite entraine une riposte antifasciste
La percée du Vlaams Blok s’est déroulée dans un contexte de perte de confiance dans les partis traditionnels. Dès le début des années 1980, une politique d’austérité néolibérale a entraîné une baisse du niveau de vie d’une grande partie de la population. Cette tendance s’est encore renforcée après la chute du mur de Berlin et l’offensive idéologique néolibérale qui l’a accompagnée. Il n’était pas surprenant que le rejet des partis traditionnels, en particulier des socialistes censés défendre les travailleurs, ait tant augmenté. Tout comme en France avec le FN, le Vlaams Blok a pu en profiter. Parallèlement, la violence raciste a fortement augmenté en Allemagne de l’Est, avec 3 morts et 449 blessés dans 1.300 cas enregistrés en 1991.
Cela a immédiatement suscité une réaction. Les jeunes et les travailleurs voulaient montrer leur rejet du racisme et de la violence raciste et de grandes manifestations nationales ont eu lieu, mais surtout des dizaines d’actions locales. Des actions ont été organisées contre de nombreuses réunions locales du Vlaams Blok. Au cours de l’été 1991, la campagne antifasciste Blokbuster a été créée par les marxistes qui forment aujourd’hui le PSL. L’objectif était d’organiser la colère des jeunes contre le racisme et le fascisme et de discuter des réponses à apporter autour de slogans tels que ‘‘Des emplois, pas de racisme’’ et ‘‘32 heures par semaine sans perte de salaire’’. Ces revendications entendaient s’en prendre au terreau fertile de l’extrême droite et apportaient une réponse sociale. Bientôt, il y eut environ 50 comités Blokbuster avec plusieurs milliers de jeunes antifascistes organisés en leur sein.
Blokbuster a pris l’initiative d’organiser une manifestation européenne, entre autres après le choc de la violence raciste mortelle exercée contre des demandeurs d’asile à Rostock, en Allemagne. Le 24 octobre 1992, un an après le dimanche noir, 40.000 jeunes et travailleurs ont ainsi manifesté à Bruxelles contre le racisme ! Un an plus tard, une nouvelle ‘‘Marche des jeunes pour l’emploi’’ a suivi, faisant suite aux précédentes grandes manifestations de 1982 et 1984. Entre-temps, le 24 novembre de chaque année, des grèves scolaires et étudiantes prenaient place contre l’extrême droite et le racisme. Beaucoup de jeunes actifs contre le Vlaams Blok dans les années 1990 sont devenus plus tard des délégués syndicaux très actifs et combattifs.
Similitudes et différences entre 1991 et aujourd’hui
26 mai 2019, nouveau dimanche noir. Le Vlaams Belang relégué dans l’arrière-cour électorale à partir de 2006 a fait un retour spectaculaire. Ceux qui pensaient que la N-VA coupait l’herbe sous le pied de l’extrême droite en sont pour leurs frais. La politique antisociale du gouvernement fédéral a poussé la N-VA à mettre de plus en plus l’accent sur les réfugiés. Cela a rendu le racisme plus acceptable, au grand bonheur du Vlaams Belang. En outre, le VB a instrumentalisé la colère contre le politique menée par la N-VA et le gouvernement.
D’importantes différences existent entre le dimanche noir actuel et celui de 1991. Aujourd’hui, le Vlaams Belang fait un score plus élevé que le Vlaams Blok à l’époque. Alors que le Blok était avant tout un phénomène urbain, les résultats les plus élevés du Belang ont été obtenus dans les zones périurbaines et à la campagne. Le Vlaams Belang n’est plus un phénomène neuf : en 2004, le parti a remporté jusqu’à 24% des voix. Par rapport à 1991, les partis traditionnels et toutes les institutions de l’establishment sont encore plus discréditées. Autre différence : il existe aujourd’hui une gauche radicale au Parlement, ce qui signifie que le débat officiel ne se limite pas aux partis établis et à l’extrême droite. Avec une présence parlementaire et une position forte dans le mouvement ouvrier, le PTB peut apporter une contribution importante à la résistance contre la politique d’austérité et contre l’extrême droite.
Des similitudes existent aussi avec la situation des années 1990. Beaucoup de jeunes n’ont pas encore connu le Vlaams Belang en tant que menace réelle, après plus de 10 ans d’érosion de l’extrême droite. Ils sont choqués par la percée du VB et par le fait que les organisateurs de forums de discussion néonazis, racistes, sexistes et homophobes siègent maintenant au parlement. Comme au début des années 1990, la croissance du VB s’est accompagnée d’un grand nombre de déclarations inacceptables, d’intimidation et de violence raciste. Beaucoup de jeunes et de travailleurs veulent riposter. C’est important : la mobilisation limite la portée de l’extrême droite dans la rue. En même temps, elle offre l’occasion de discuter de nos réponses au terrain fertile de l’extrême droite. Blokbuster a défendu cette approche dans le mouvement antiraciste des années 1990 et a continué ses activités alors que l’extrême droite était moins considérée comme une menace concrète. Nous entendons continuer sur cette voie.
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Retour sur le premier “Dimanche noir” et la naissance de la campagne antifasciste Blokbuster


Le logo initial de Blokbuster, le “Vlaams Belang” s’appelait encore “Vlaams Blok” à l’époque. Ce 26 mai 2019 fut un nouveau “Dimanche noir” qui a vu une nouvelle percée du Vlaams Belang en Belgique tandis que Le Pen, Salvini et d’autres figures d’extrême droite fêtaient leur succès aux élections européennes. Dans ce cadre, nous tenons à revenir sur l’expérience de la campagne antifasciste flamande Blokbuster lancée à l’été 1991, tout juste avant le “Dimanche noir” du 24 novembre 1991. Les trois articles ci-dessous sont issus de nos archives.
Le premier date de 2011 et revient sur les conditions de la fondation de Blokbuster 20 ans après sa naissance. L’article avertissait dans son paragraphe introductif “certains déclarent à tort que le danger de l’extrême-droite est passé”… Le second revient sur la manifestation du 24 octobre 1992 lorsque des jeunes issus de toute l’Europe se sont retrouvés à Bruxelles pour manifester contre le racisme et le fascisme à l’appel de “Youth Against Racism en Europe”. En première ligne se trouvaient des milliers de membres de Blokbuster. Enfin, le 3e revient sur des leçons utiles pour les combats d’aujourd’hui. Il a été écrit en octobre dernier à la suite du reportage de la VRT consacré à Shild & Vrienden.
- 20 ans de Blokbuster : Des emplois, pas de racisme ! Tout ce qui nous divise, nous affaiblit
- 40.000 personnes à la manifestation européenne contre le racisme et le fascisme
- La tradition de Blokbuster dans la lutte contre l’extrême droite – Leçons pour aujourd’hui
=> Mardi 4 juin, 18h30, Liège “Rencontre avec la campagne antifasciste flamande Blokbuster”

Manifestation de 1992. 
Blokbuster, lors d’une manifestation le 9 mai à Louvain contre la marche de la haine du cercle étudiant officieux du Vlaams Belang, le NSV. -
[PHOTOS] Manifestation nationale contre le racisme !

Pour la deuxième année consécutive, une manifestation nationale contre le racisme a eu lieu à Bruxelles. Plusieurs milliers de personnes ont répondu à l’appel de dizaines d’organisations et sont descendues dans les rues de la capitale à l’occasion de la journée internationale de lutte contre le racisme (le 21 mars). Samedi, à Amsterdam, c’est plus de 10.000 personnes qui ont également manifesté contre le racisme et l’extrême droite. La percée du bien mal nommé Forum pour la démocratie (extrême droite) de Thierry Baudet lors des dernières élections a provoqué un choc chez nos voisins du Nord.
Le danger de l’extrême droite est toujours présent en Belgique. En décembre, nous avons connu la plus grande mobilisation de l’extrême droite depuis des années avec la ‘‘Marche contre Marrakech’’. Le Vlaams Belang espère progresser aux élections de mai prochain, raison pour laquelle il a intégré le néonazi Dries Van Langenhove (Schild & Vrienden). Les étudiants du Vlaams Belang (NSV) veulent manifester à Louvain le 9 mai pour remettre la migration en tête de l’agenda politique, ou plus exactement : remettre le racisme au centre du débat public. Pour tenter de détourner l’attention des conséquences de sa politique antisociale, la N-VA est également de plus en plus audacieuse dans l’expression de son racisme.
Il reste important de mobiliser contre le racisme : dans une société reposant sur les inégalités et l’exploitation, l’establishment a besoin de division et de discrimination. Tout ce qui nous divise nous affaiblit dans la lutte pour une autre société ! Nous défendons un antiracisme et un antifascisme combatifs autour de revendications sociales telles que des emplois bien rémunérés, des investissements publics massifs dans les services publics (éducation, transports publics, soins,…) et le logement social, une sécurité sociale forte,… Lors de la manifestation du 24 mars, nous avons distribué un tract qui, avec cette approche, a appelé à organiser une contre-manifestation le 9 mai à Louvain.
Photos de Liesbeth:
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Photos de Jean-Marie Versyp:
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30 & 31 mars. SOCIALISME 2019 : du ras-le-bol à la riposte !- Programme complet & informations pratiques
- 13h30 – 15h30 : Parmi les ateliers de discussion : “Extrême-droite : NVA, Bolsonaro, Trump, Salvini,… Quelles différences et comment s’y opposer ?”
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Il faut organiser une offensive antifasciste contre l’extrême droite !

Manifestation anti-NSV à Louvain en mars !
L’extrême droite passe à l’offensive. La “Marche contre Marrakech” du 16 décembre a constitué la plus grande manifestation d’extrême droite dans notre pays depuis des années. Elle a été suivie d’une manifestation à Ninove le 3 janvier avec à nouveau plus de 1000 participants. Chaque fois, l’initiative est venue du Vlaams Belang et de Schild&Vrienden, dont le caractère néo-nazis a été publiquement dévoilé en septembre dernier. À chaque fois, la mobilisation a été renforcée par la N-VA : Francken a explicitement soutenu la “Marche contre Marrakech” et à Ninove, le membre de la N-VA qui a rendu possible une coalition sans l’extrême-droite a immédiatement été exclu du parti. Cette sanction n’avait, par contre, pas été imposée auparavant aux membres de Schild&Vrienden dans la N-VA !
Plateforme de la campagne Blokbuster et des Syndicalistes contre le fascisme
Si l’extrême droite a une plus grande confiance en elle, cela conduira nécessairement à une violence accrue contre les minorités et les travailleurs. La mobilisation de l’extrême droite est encore limitée, certainement comparée aux manifestations syndicales ou à la marche pour le climat, mais elle augmente. Si nous ne réagissons pas, l’extrême droite tentera de faire taire quiconque a l’air différent ou pense différemment. Ne laissons pas cela se produire ! Une résistance active est nécessaire.Pour ne pas avoir à parler de sa politique antisociale désastreuse en matière de pouvoir d’achat ou de pensions, la N-VA a dévié l’attention sur le Pacte migratoire, pourtant non contraignant et particulièrement vague. L’objectif était clair : concentrer le débat public uniquement sur les réfugiés sans prendre ses derniers en considération. C’est ainsi que la N-VA espère gagner les élections de mai. Le mécontentement de larges couches de la population face à la baisse du pouvoir d’achat (pensez aux Gilet jaunes) ou aux catastrophes climatiques (comme l’illustre le mouvement actuel pour le climat) est tout bonnement ignoré et discrédité. Cependant, ce ne sont pas les réfugiés qui attaquent notre sécurité sociale ou qui refusent de prendre des mesures sérieuses en matière de climat : ce sont les politiciens établis qui défendent les intérêts des grandes entreprises. Ils prétendent que les migrants menacent notre prospérité, alors que cette menace vient de l’avidité des 1% les plus riches. C’est la politique de guerre et de pillage néocolonial – défendue par la droite et l’extrême droite (rappelez-vous le slogan “Mains coupées, le Congo est à nous” de Schild&Vrienden) – qui cause la crise
des réfugiés. Si on regarde de ce côté-là, c’est la cause que l’on trouve et non la solution.Dix ans après la récession de 2008, une nouvelle crise économique se profile. Entre-temps, le système est de plus en plus discrédité. Après des années de coupes budgétaires, les travailleurs et leurs familles n’ont pas confiance en un avenir meilleur. Il n’est donc pas surprenant dans ce contexte qu’une instabilité politique s’installe avec l’émergence de populistes tels que Trump ou Bolsonaro. Avec une rhétorique de division et la recherche de boucs émissaires, les partis établis ont rendu l’extrême droite beaucoup plus acceptable. Cela ne signifie pas que de larges couches de la population ont viré à “droite”. Il n’y a pas de soutien général à une politique de casse sociale pour distribuer des cadeaux aux grandes entreprises. Nous devons répondre aux divisions créées depuis des années contre les migrants en travaillant ensemble pour promouvoir le progrès social : des salaires plus élevés, plus de services publics, des logements abordables, des allocations qui permettent une vie décente.
Il y aura sans aucun doute une tentative de poursuivre l’alliance entre le Vlaams Belang, Schild&Vrienden, le NSV et le KVHV formée à l’occasion de la Marche contre Marrakech et de la manifestation de Ninove. La marche de la haine annuelle du NSV (Association des étudiants nationalistes) dans les villes étudiantes flamandes était sous pression et semblait même menacée de disparition. Cela pourrait changer si le NSV parvient à faire en sorte que ses partenaires participent à la manifestation de cette année à Louvain. Ces dernières années, la manifestation anti-NSV a toujours été beaucoup plus importante que celle de l’extrême droite. Pour y parvenir cette année encore, une campagne forte sera nécessaire.
Les syndicats ont un rôle à jouer à cet égard. C’est la plus grande force sociale du pays. Si l’extrême droite se renforce, c’est une menace pour quiconque s’oppose à la politique d’austérité. Schild&Vrienden l’a déjà clairement fait savoir en intimidant des piquets de grève et en pénétrant dans les locaux de la FGTB à Gand pour y voler un drapeau. Ce n’est pas un hasard : une bataille offensive sur des revendications telles qu’un salaire minimum de 14 euros par heure, une pension minimum de 1 500 euros par mois, une réduction collective du temps de travail à 30 heures par semaine sans perte de salaire et avec embauche compensatoire, un programme massif d’investissements publics dans les infrastructures et les services,… indique clairement que la responsabilité de notre niveau de vie en déclin n’incombe qu’à une élite super riche et cupide et non aux réfugiés. L’extrême droite se présente comme une nouveauté, radicale et hors-système. Elle veut ainsi prétendre répondre au mécontentement de la population. Pourtant, elle représente la poursuite et l’intensification de l’ordre actuel et de son chaos.
Le racisme, le sexisme et l’homophobie sont des obstacles dans notre lutte pour une autre société. Ne laissons aucun espace à cela. C’est pourquoi nous appelons à une mobilisation contre l’extrême droite. La manifestation du NSV qui aura lieu à Louvain en mars – la date exacte ne sera connue que plus tard – constitue un autre rendez-vous pour l’extrême droite. Ne le laissons pas passer sans réaction. La campagne antifasciste flamande Blokbuster appelle chacun à participer à la construction d’une manifestation anti-NSV dans laquelle nous disons clairement que les jeunes n’acceptent pas l’idéologie néonazie de Schild&Vrienden et que les travailleurs ne se laisseront pas diviser.
Pour que la manifestation anti-NSV soit un succès, nous avons besoin de tout le monde. Nous voulons commencer une campagne de mobilisation dès maintenant pour que les antifascistes ne soient pas à nouveau surpris, comme lors de la Marche contre Marrakech ou la manifestation de Ninove. Nous prônons une manifestation antifasciste combative avec des revendications sociales unificatrices contre tout ce qui nous divise. Mobilise avec nous, contacte-nous !
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La tradition de Blokbuster dans la lutte contre l’extrême droite – Leçons pour aujourd’hui

À la suite de l’indignation causée par le reportage de la VRT consacré à Shild & Vrienden, nombreux sont ceux qui se demandent comment un tel groupe peut s’épanouir et même trouver sa place dans des institutions universitaires.
par Els Deschoemacker, ancienne coordinatrice nationale de la campagne antifasciste flamande Blokbuster dans les années 1990.Article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste
Le développement d’un tel groupe s’explique par le climat raciste qui sévit depuis de nombreuses années. Ce faisant, de nouvelles frontières sont constamment franchies en diabolisant les réfugiés et les migrants. Si nous le permettons, le discours raciste et anti-migrant fera partie de la nouvelle normalité.
Les politiciens traditionnels sont responsables de cette situation, tout comme les médias dominants qui sont devenus les porte-paroles de la droite et de ce qui est encore plus à droite. Sans sourciller, le gouvernement Michel, la N-VA en tête, va plus loin que les précédents ; il fait du vieux l’adage ‘‘diviser pour mieux régner’’ le cœur de sa stratégie. Pour s’assurer qu’une base sociale suffisante ne remet pas en question la logique d’austérité qu’il continue à imposer avec la plus grande détermination, il cherche à pointer du doigt les groupes sociaux les plus faibles comme responsables de tous les maux. Ceux qui fuient la guerre, les violences, la persécution politique et l’extrême pauvreté sont rendus responsables des problèmes sociaux causés par les économies budgétaires et le manque d’investissements.
L’extrême droite prospère dans un désert social – les leçons des années 90
Une période similaire s’est produite au début des années 1990. La social-démocratie et les partis communistes – les partis politiques traditionnels des travailleurs – avaient été durement impactés par la chute du mur de Berlin. Ils ont alors abandonné l’idéologie socialiste pour embrasser le ‘‘libre’’ marché. C’est avec une majorité sociale-démocrate que l’Union européenne a imposé un carcan budgétaire à tous les pays de la zone euro et a drastiquement réduit les dépenses sociales. Des privatisations ont été menées partout.
L’extrême droite a tout particulièrement bénéficié de cette trahison et de la perte progressive des conquêtes arrachées par le mouvement ouvrier au fil des décennies. Des groupes néofascistes sont apparus et ont acquis la confiance nécessaire pour sortir dans la rue. Comme aujourd’hui, cela a rapidement conduit à des actes de violence en Allemagne de l’Est, à Rostock et à Solingen, où des centres pour demandeurs d’asile ont été incendiés. Des jeunes de quartiers défavorisés ont été embarqués pour une action radicale contre les “migrations massives”.
Cela a effrayé le monde et a engendré le premier mouvement de jeunesse de masse post-chute du mur. La mobilisation antiraciste était beaucoup plus forte ce que le potentiel d’action des racistes de l’époque.
Au cours de l’été 1991, quelques mois avant le dimanche noir (le dimanche 25 novembre 1991 où le Vlaams Blok a pour la première fois triomphé aux élections), les prédécesseurs du PSL ont lancé la campagne antiraciste Blokbuster toujours active aujourd’hui. Un an plus tard, l’organisation internationale YRE (Youth Against Racism in Europe / Jeunes contre le racisme en Europe) a été créée et a organisé une marche internationale contre le racisme à Bruxelles en octobre 1992 avec 40.000 participants.
Blokbuster est devenu l’instrument idéal pour les jeunes principalement afin d’entrer en discussion dans leurs écoles, leurs quartiers, les centres de jeunesse,… pour discuter de la lutte contre le racisme, récupérer l’espace public et ralentir l’essor du Vlaams Blok. Il s’en est suivi une période de petites et grandes mobilisations, d’actions aux écoles et de grèves écolières, d’actions ludiques et moins ludiques, de rassemblements contre les réunions et les manifestations d’extrême droite. Parfois, si le rapport de force nous était favorable, ces dernières ne pouvaient tout simplement ne pas avoir lieu.
Sur le plan électoral, le mouvement antiraciste n’est pas parvenu à arrêter le Vlaams Blok. Il a toutefois largement compliqué la vie de l’extrême droite et réduit ses possibilités d’occuper la rue. La jeunesse, en particulier, a fait pression sur les politiciens traditionnels pour qu’ils n’entrent pas en coalition avec le Vlaams Blok ce qui a abouti au cordon sanitaire, toujours en vigueur, et à une condamnation par la justice du Vlaams Blok pour incitation au racisme, à la haine et à la violence. Le parti a été interdit, mais il s’est relevé en 2004 sous le nom de Vlaams Belang. La même année, il a obtenu son score électoral le plus élevé avec 24,2% en Flandre.
Des emplois, pas de racisme !
Nous avions déjà prévenu de ce danger à l’époque. Blokbuster a lié la lutte contre le racisme à celle contre la casse sociale. C’est pourquoi nous nous sommes toujours concentrés sur le mouvement des travailleurs et, en particulier, sur les syndicats.
Tout comme actuellement, la logique du ‘‘diviser pour mieux régner’’ donnait le ton social. L’un des slogans du Vlaams Blok était ‘‘500.000 chômeurs / 500.000 migrants’’. À l’époque, ce n’étaient pas tant les réfugiés, mais la migration économique qui constituait leur cible. L’augmentation rapide du chômage a provoqué une concurrence sur le marché du travail. Notre slogan ‘‘Des emplois, pas de racisme’’ visait à fournir un programme et une approche pour atteindre non seulement les convaincus, mais aussi la base sociale de l’extrême droite, en l’impliquant dans la lutte sociale. Avec un discours moralisateur, la gauche ne peut jamais récupérer les votes perdus à droite, disions-nous. Pour cela, il faut répondre à la base matérielle du succès de l’extrême droite.
La classe des travailleurs avait un sentiment d’insécurité et d’abandon. L’offensive idéologique néolibérale a toujours mêlé les problèmes sociaux à l’individu. L’effondrement du tissu social dans les quartiers les plus pauvres a rendu ces groupes sensibles à la propagande diviseuse de l’extrême droite.
Aujourd’hui, ces tensions sociales n’ont pas disparu, bien au contraire. La crise d’il y a dix ans a accéléré la dégradation sociale. Ce n’est pas par hasard que nous assistons à une nouvelle flambée de l’extrême droite, avec la violence raciste à Chemnitz, mais aussi à l’élection de Trump aux États-Unis, de Salvini en Italie, la coalition de droite avec l’extrême droite en Autriche,…
La crise du capitalisme replace à l’agenda la nécessité d’un changement de société
Depuis la crise de 2008, toute une génération de jeunes est confrontée à la réalité qu’ils seront plus mal lotis que leurs parents. Le programme antiraciste doit les organiser et lier la lutte contre le racisme à celle en faveur d’une autre société.
Ce n’est pas une perspective utopique. La crise du capitalisme annoncera inévitablement le retour de la lutte de classe et un regain d’intérêt pour les idées socialistes. Dans certains pays, cette nouvelle génération est déjà dans la rue et prend la tête des protestations de masse. En Espagne, en Irlande, aux États-Unis, en France, en Grande-Bretagne, la classe capitaliste est confrontée à une nouvelle génération politisée et radicalisée qui veut renverser le capitalisme. Cette génération commence à laisser sa marque sur l’agenda politique. Là où elle passe à l’action en masse, elle gagne en confiance et commence à défier la classe dirigeante. C’est un signe avant-coureur de ce qui va également se développer en Belgique.
L’initiative des Étudiants de Gauche Actifs et de la campagne ROSA pour une sortie collective des cours à Gand en réponse à Schild & Vrienden peut représenter un événement déclencheur important. Une approche juridique ne suffira pas, pas plus qu’un discours moralisateur. Cette action peut mener à la création de comités antiracistes dans les écoles. Si les jeunes ont l’idée qu’ils peuvent imposer le changement, rien ne les arrêtera. Par la mobilisation, ils peuvent à nouveau montrer qu’ils sont plus forts, mais l’expérience de la lutte contre le racisme dans les années ’90 nous a montré que ce n’est pas suffisant.
Outre la mobilisation, une réponse politique s’impose, allant à l’encontre du climat de racisme et de discrimination qui prévaut dans les médias de masse. Elle doit aussi lier la lutte des jeunes à celle de toute la classe ouvrière à travers un programme de transformation socialiste de la société. C’est la seule garantie pour pouvoir mettre une fois pour toutes un terme à un monde dans lequel une petite minorité condamne la majorité à se battre pour les déficits que cette première a créés.
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Manifestation antiraciste réussie à Gand. Solidarité internationale contre le racisme et le sexisme !

Photo : Jean Marie C’est une manifestation dynamique qui a défilé hier dans les rues de Gand. Deux semaines à peine après la grande marche contre le sexisme qui a réuni 1.200 personnes à l’appel de notre campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) le 8 mars dernier, une nouvelle mobilisation importante a eu lieu contre une marche de la haine d’extrême droite.
L’extrême droite entendait manifester en faveur de l’apartheid en Afrique du Sud. Sur les 18.000 personnes qui sont tuées chaque année dans ce pays en proie à une violence terrible, l’extrême droite a décidé de rendre hommage à 70 fermiers blancs. Seules les victimes blanches comptent à leurs yeux. ‘‘Bien entendu, nous nous intéressons davantage aux Africains blancs’’, a déclaré sans honte un responsable du NSV, l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, dans le magazine étudiant Veto. Nous ne voulions pas laisser la rue à l’extrême droite, il était nécessaire de réagir !
A la suite de la marche antisexiste du 8 mars ainsi qu’en raison de diverses provocations de l’extrême droite ces dernières semaines et d’une campagne intensive menée par les Etudiants de Gauche Actifs (EGA), la participation à la manifestation antifasciste a réuni 500 participants, ce qui a dépassé nos attentes. Nous avons confirmé la tradition d’une participation plus de deux fois plus élevée en comparaison de la mobilisation de l’extrême droite.
Notre manifestation était très animée, les slogans étaient scandés avec énergie. Quelques prises de parole ont eu lieu avant et après la manifestation, de la part de représentants d’EGA, de la campagne antifasciste flamande du PSL Blokbuster et de la campagne ROSA. Nous avons tenu non seulement à manifester, mais également à utiliser la dynamique d’une telle action collective pour entamer une discussion de fond. Comment mettre fin au racisme ? Comment construire une société différente et comment l’envisager ?
Le thème de la marche de la haine de l’extrême droite n’était qu’un prétexte pour descendre en rue. Mais nous avons saisi le thème de leur marche – la défense de l’apartheid – pour discuter de la situation actuelle en Afrique du Sud. Plusieurs prises de paroles ont abordé cet élément, mais nous disposions également d’un message vidéo du Workers and Socialist Party (WASP) d’Afrique du Sud qui a été diffusé à l’occasion du meeting que nous avions organisé pour clôturer la soirée. L’extrême niveau de violence dans la société sud-africaine s’inscrit dans un contexte plus large d’inégalité extrême et de désespoir pour de larges couches de la population. S’en prendre à cette inégalité est le seul moyen de mettre fin à la violence.
Du côté du Nationalistische Studentenverenvereniging (NSV), selon nos sources, il y avait entre 200 et 215 personnes présentes sur place. Ces dernière années, l’extrémisme ‘‘old school’’ du NSV a été sérieusement mis sous pression en raison de l’émergence de ‘‘nouvelles’’ forces de droite radicale. L’an dernier, le NSV n’était même pas parvenu à réunir 100 personnes. Cette année, leur mobilisation était plus conséquente, en partie en raison de la présence de ‘‘Schild & Vrienden’’, qui prétend incarner la ‘‘nouvelle droite’’. Ce qui est certain, c’est que cette ‘‘nouvelle droite’’ défend les mêmes idées pourries. Sur leur photo de groupe au début de la manifestation du NSV, le Front Antifasciste a compté environ 60 hommes. Dans cette marche de la haine, on pouvait également trouver pas mal de membres de la N-VA qui ont fraternellement fait un pas en avant aux côtés de militants du Vlaams Belang et de diverses personnes qui n’hésitent pas à s’associer à l’héritage et sont toujours présentes à cette manifestation annuelle.
Le capitalisme conduit à des inégalités croissantes et à l’essor de toutes les tensions qui en découlent. Le racisme et la division en sont l’expression. L’establishment capitaliste ne défend pas une politique capable de s’en prendre aux pénuries sociales ou à la guerre, il discute simplement de la manière dont ces déficits peuvent être encore aggravés. Aujourd’hui, deux ans après les terribles attentats de Bruxelles, il est question d’acheter de nouveaux avions de chasse pour des milliards d’euros. Pour ces avions de combat qui contribuent à la guerre et à la misère, les moyens ne manquent visiblement pas. Mais pour l’enseignement, le logement ou les pensions, les choses sont toutes différentes pour els autorités… Vopilà qui résume parfaitement la politique actuelle. Le racisme et la division sont utilisés pour couvrir les politiques antisociales. Francken criminalise les réfugiés. Le président de la N-VA De Wever ne manque pas une occasion de parler du port du voile. Mais personne ne parle du fait qu’une personne sans-abri a récemment trouvé la mort à Anvers, la ville qu’il dirige.
Le racisme et la division constituent des obstacles dans notre lutte pour l’emploi, de bons logements, de bons services publics,…. Tout ce qui nous divise nous affaiblit dans notre combat les ultra-riches. Avec des mobilisations dynamiques comme celle d’hier, nous voulons y répondre et défendre une alternative reposant sur la solidarité. Cette solidarité a un but précis : mener la lutte ensemble contre les politiques antisociales de ce gouvernement et pour un avenir sans guerre ni pillage néocolonial afin que les gens n’aient plus à fuir leur pays. Pour un avenir sans inégalités. Un avenir basé sur la satisfaction des besoins de la majorité de la population.
Tout comme Fred Hampton, des Black Panthers, le disait à l’époque : ‘‘On ne peut pas combattre le feu par le feu. Il faut combattre le feu avec de l’eau. Nous lutterons contre le racisme par la solidarité. Nous ne combattons pas le capitalisme avec le capitalisme noir. Nous combattons le capitalisme avec le socialisme.’’
