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Tag: Blokbuster
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Il y a 25 ans – 40.000 personnes à la manifestation européenne contre le racisme et le fascisme
24 octobre 1992. Des jeunes de toute l’Europe se retrouvent à Bruxelles pour manifester contre le racisme et le fascisme. A l’avant de la manifestation de Youth Against Racism en Europe, des milliers de membres de Blokbuster. Retour sur cet évènement.Violence à Rostock, marche contre l’extrême-droite en Europe de l’Ouest
Fin août 1992, des militants d’extrême-droite ont attaqué à coups de pierres et de bombes artisanales un bâtiment abritant des immigrés vietnamiens à Rostock, en ex-Allemagne de l’Est. Avec la restauration du capitalisme en Europe de l’Est, une petite élite s’est enrichie tandis que la majorité était condamnée au chômage et à la misère. Un sol fertile pour le racisme et l’extrême-droite. En 1991, l’Allemagne comptait pas moins de 40.000 membres d’organisations néo-nazies. Cette année-là, on a relevé 1.300 cas de violence raciste qui ont causé 3 morts et 449 blessés.Parallèlement, en Europe de l’Ouest, des partis d’extrême-droite ont commencé à faire une percée, à la suite du Front National. En 1986, le parti alors dirigé par Jean-Marie Le Pen a profité de la représentation proportionnelle introduite par Mitterrand afin de diviser la droite. Mauvais calcul de sa part : le FN a également capté pas mal d’électeurs déçus du PS et a obtenu 10 %. L’enthousiasme pour les réformes initiales du gouvernement Mitterrand est devenu déception lors du ‘‘tournant de la rigueur’’, quand le gouvernement français s’est rangé au néolibéralisme en 1983.
En Belgique, le Vlaams Blok (l’ancien nom du Vlaams Belang) a fait sa première percée (18%) à Anvers aux élections communales de 1988. Le ‘‘dimanche noir’’ du 24 novembre 1991, le VB obtenait 10% dans toute la Flandre. Du côté francophone, des groupuscules d’extrême-droite atteignaient les 5 % à Liège. En Autriche, un groupe d’extrême-droite autour de Haider a pris le pouvoir au FPÖ en 1986 et est devenu un parti ouvertement raciste. Ce parti a notamment essayé, en vain, de rassembler un million de signatures contre les étrangers en 1992.
La chute du Mur de Berlin a renforcé l’offensive néolibérale lancée dans les années 1980. Chez les capitalistes, c’était l’euphorie : ‘‘nous avons gagné, il n’y a pas d’alternative’’. La social-démocratie est restée muette et s’est compromise dans la politique d’austérité afin de protéger les bénéfices et la ‘‘position concurrentielle’’ des plus riches. Le mouvement des travailleurs se retrouvait sur la défensive et cela a créé un espace dans lequel l’extrême-droite s’est engouffré.
Les jeunes contre le racisme
Cela ne s’est pas fait sans réaction. Beaucoup de gens étaient choqués par la violence raciste et l’essor de l’extrême-droite. Ce sont les jeunes qui ont pris l’initiative.
La campagne Blokbuster a été lancée au cours de l’été 1991 par les marxistes qui constituent aujourd’hui le PSL. Elle offrait aux jeunes le moyen d’organiser leur colère contre le racisme et le fascisme et débattre des réponses à apporter. Après le fameux ‘‘dimanche noir’’, des grèves d’écoliers et d’étudiants et de nombreuses manifestations spontanées antiracistes ont eu lieu jusque dans les plus petites villes. Très vite, une cinquantaine de comités Blokbuster ont été mis sur pied avec quelque 2000 membres.
Des mouvements de jeunes antiracistes équivalents existaient dans divers pays européens et ils se sont coordonnés sous le nom de ‘‘Jeunes contre le racisme en Europe’’ (Youth Against Racism in Europe, YRE). L’internationalisme de cette nouvelle génération d’activistes s’est également concrétisé dans la manifestation antiraciste internationale du 24 octobre 1992.
Blokbuster défendait de mobiliser activement pour ne laisser aucun espace à l’extrême-droite tout en s’en prenant au terreau sur lequel se développait l’extrême droite à l’aide d’un programme socialiste résumé autour du slogan ‘‘des emplois, pas de racisme’’. Ce mouvement de jeunes s’orientait vers le mouvement des travailleurs, même si la lutte des travailleurs était alors limitée à des actions défensives.
Les marxistes n’ont jamais perdu leur confiance envers le mouvement ouvrier. Cette période difficile d’échecs et de triomphalisme néolibéral allait inévitablement être suivie de nouvelles luttes offensives. Nous ne nous sommes pas limités à émettre des commentaires, nous avons voulu aider la lutte à prendre son envol. La dynamique du mouvement antiraciste du début des années ‘90 a eu un certain effet de contagion sur les éléments de la classe ouvrière les plus tournées vers l’avenir. Renforcer le mouvement antiraciste en les organisant et en leur proposant une alternative politique était dès lors un grand défi. Avec des initiatives audacieuses comme Blokbuster, YRE et la manifestation internationale du 24 octobre 1992, le ton était donné.
40.000 manifestants
Le 24 octobre 1992, des jeunes et des travailleurs étaient venus en nombre d’Allemagne (avec notamment 300 jeunes de Rostock) mais aussi de Grande-Bretagne, des Pays-Bas, de Suède, d’Irlande, de France,… Un service d’ordre bien organisé, propre au mouvement qui avait également accompagné les manifestations britanniques contre la Poll Tax, a empêché toute provocation. Les précédentes grandes manifestations, les marches des Jeunes pour l’Emploi de 1982 et 1984, s’étaient malheureusement terminées par des bagarres de sorte que la direction syndicale a décidé de ne plus organiser des marches de jeunes.
40.000 manifestants ont donc pris part à une manifestation combative et paisible dans les rues de Bruxelles clôturée par un concert antiraciste à Forest National. 100 personnes ont rejoint Blokbuster durant cette manifestation qui a fait la une de huit journaux et figurait parmi les titres principaux des journaux télévisés. Le mensuel ‘‘Militant’’ (le prédécesseur de Lutte Socialiste) soulignait : “La manifestation aurait pu être encore plus grande si la direction syndicale nationale et le PS n’avaient pas fait l’autruche et avaient mobilisé.” Le cortège était particulièrement combatif. “Tout au long de la manifestation et du concert, le fil rouge était que la lutte antiraciste est liée à la lutte contre ce système capitaliste malade et pour une alternative socialiste.”
25 ans plus tard
La violence fasciste à Charlottesville (USA) et l’augmentation des crimes racistes depuis l’élection de Trump soulignent que l’extrême-droite représente toujours un danger. En Europe aussi, Marine Le Pen, Geert Wilders (Pays-Bas),… connaissent de bons résultats électoraux.
Nous devons correctement estimer ces phénomènes. Nous n’avons jamais déclaré que le fascisme était à nouveau à nos portes. Le fascisme classique était un mouvement de masse qui a pu briser le mouvement ouvrier. Aujourd’hui, les forces d’extrême droite parviennent régulièrement à bénéficier d’un important soutien passif aux élections, sans qu’il n’y ait de grande participation active. Pour consolider leur soutien passif, les partis néofascistes doivent même se reposer sur le populisme.
Ni le FN, ni le Vlaams Belang ne sont parvenus à élargir leur base militante ces 25 dernières années. Dans un contexte de plus grande méfiance à l’égard des institutions et des partis traditionnels, diverses formations d’extrême-droite peuvent cependant enregistrer de plus gros scores électoraux, ce qui accroît le risque de leur participation au pouvoir.
En l’absence d’une riposte suffisamment forte contre la politique néolibérale, les politiciens établis ont repris systématiquement plus d’éléments du populisme de droite dans l’espoir de gagner en popularité mais aussi afin de ‘‘diviser pour régner’’. Des propositions qui ne pouvaient être défendues que par l’extrême-droite il y a 25 ans sont maintenant adoptées par d’autres partis. Et Theo Francken en remet une couche.
La conjugaison d’éléments tels que le fait de ne pas trouver tout de suite une réponse à la crise migratoire, les attentats terroristes et le discours islamophobe des politiciens établis et des autorités a repoussé la lutte antiraciste dans une position défensive en comparaison du début des années 1990.
Nous ne sommes pas pour autant pessimistes. Le triomphalisme néolibéral bat sérieusement de l’aile depuis la Grande Récession de 2007-2008, une différence majeure par rapport aux années ’90. Des luttes offensives sont à nouveau à l’ordre du jour et de nouvelles formations de gauche peuvent compter sur un large enthousiasme. L’ouverture est aussi plus grande aujourd’hui pour l’alternative socialiste que nous défendions déjà il y a 25 ans comme alternative au désespoir de l’extrême-droite.
Dans le ‘‘Militant’’ d’octobre 1992, nous écrivions: “Le noyau dur des néonazis ne disparaîtra pas, en dernière instance, il faudra lutter pour mettre un terme au chômage et à la crise sociale du capitaliste. C’est la lutte pour une société socialiste qui détruira les nazis.” Nous partions du principe que les travailleurs se manifesteraient à nouveau comme étant la plus grande force de la société. Cette approche se confirme aujourd’hui.
Mais le retour de la lutte offensive et un intérêt renouvelé pour le socialisme ne conduisent pas automatiquement aux victoires. Nous devons rendre les mouvements de lutte plus massifs, y compris au niveau de la participation concrète, en répondant aux inquiétudes de tous les jours. Des revendications sociales en matière de travail, d’enseignement, de soins de santé,… représentent la meilleure réponse à la politique de diviser pour mieux régner dont le racisme est un élément. Nous n’obtiendrons ces revendications que par un changement de société : les inégalités grandissantes sont propres au capitalisme. Une société socialiste réalisera l’espoir en un meilleur avenir de la majorité de la population et barrera définitivement la route au désespoir réactionnaire.
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Les antifascistes manifestent contre la marche de la haine du NSV à Anvers
Et maintenant, en route vers les mobilisations contre la venue de Trump en Belgique !
Une manifestation antifasciste dynamique et combative a battu le pavé dans le quartier de Berchem à Anvers dans la soirée de ce jeudi 16 mars. Les manifestants entendaient montrer leur opposition au populisme de droite ou à l’extrême droite représentés par les Trump, Le Pen et Wilders. Ils voulaient aussi réagir alors que l’extrême droite manifestait et diffusait son message de haine et de division au même moment ailleurs dans la ville. Les slogans et prises de parole en fin de manifestation ont également souligné l’importance de la lutte contre le sexisme et l’homophobie, ou encore contre l’austérité et le capitalisme.
L’extrême droite peine à mobiliser ses troupes
L’extrême droite a défilé en nombre particulièrement restreint: plusieurs sources nous confirment qu’environ 100 personnes étaient présentes au maximum, parmi lesquelles le président du Vlaams Belang Tom Van Grieken, lui-même ancien membre du NSV (Nationalistische Studentenvereniging, organisation étudiante officieuse du VB et initiatrice de la manifestation) et amateur de violence de rue. Même à Anvers, l’extrême droite peine à mobiliser ses troupes. Ce constat est bien évidemment positif, mais nous ne devrions pas estimer si vite que tout danger est écarté.
Riposter contre l’extrême droite continue d’être nécessaire. Aujourd’hui, nombre de positions de l’extrême droite sont adoptées par la droite ‘‘normal’’ – il suffit de penser aux déclarations du Premier ministre néerlandais Rutte concernant les migrants ou aux nombreuses provocations racistes de la N-VA. Nous devons nous tenir prêts pour une nouvelle croissance de l’extrême droite si la bulle de De Wever & Co explose.
Non au racisme, non au sexisme, non au capitalisme !
La bataille est loin d’être finie. C’est pourquoi la campagne antifasciste flamande Blokbuster et les Etudiants de Gauche Actifs (EGA) avaient pris l’initiative d’appeler à la tenue d’une manifestation antifasciste pour ne pas tout simplement laisser la rue à la marche de la haine du NSV. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le cortège antifasciste était très colorée et dynamique, rempli d’enthousiasme et de confiance dans l’avenir de la lutte pour une autre société.
La mobilisation limitée de l’extrême droite a également mis une certaine pression sur la participation à cette contre-manifestation. Mais avec 250 participants, nous étions encore 2,5 fois plus nombreux que les étudiants du Vlaams Belang et leurs comparses. Le chiffre du quotidien ‘Het Laatste Nieuws’ faisant état ‘‘d’environ 100’’ antifascistes est largement contredit par les photos que nous publions ci-dessous.
Cette mobilisation antifasciste avait reçu le soutien de divers activistes: de militants du Cachemire et d’origine tamoule aux syndicalistes de divers secteurs en passant par des antifascistes d’Anvers (Antifa Antwerpen), un groupe d’étudiants de Comac (organisation de jeunesse du PTB), un groupe de ‘‘femmes contre le racisme’’ avec leur banderole,… Un micro ouvert avait été prévu pour la fin de la manifestation, où ont des représentants de Blokbuster, des Etudiants de Gauche Actifs, des Syndicalistes contre le fascisme et de Comac ont pris la parole.
Blokbuster et les Etudiants de gauche Actifs remercient tous les participants à cette action et souligne l’importance de mobiliser contre la visite de Trump en Belgique, les 24 et 25 mai prochains. Cela peut donner lieu à une très grande mobilisation. Avant cela, d’autres actions sont encore prévues, notamment une manifestation contre Theo Francken jeudi prochain. Le 26 mars se déroulera la manifestation annuelle contre le centre fermé de Vottem à Liège et, le mardi 28 mars, une action de solidarité avec les sans-papiers est organisée à Bruxelles.
Rejoignez la lutte contre l’extrême droite, le racisme, le sexisme, l’homophobie et le système qui permet à ces discriminations de subsister : le capitalisme !
Photos de Jente
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Après une fête réussie à Gand, des manifestations contre les prochaines actions de Pegida?
La campagne antifasciste néerlandophone du PSL, Blokbuster, et les Étudiants de Gauche Actifs (EGA) ont mené une enquête durant la « Fête de la diversité » qui a illustré le large soutien pour l’organisation de manifestations.
Ce lundi soir, Pegida Vlaanderen, dont l’ambition est de copier les mobilisations xénophobes organisées en Allemagne par le mouvement du même nom (dont l’acronyme signifie « Patriotes européens contre l’islamisation de l’Occident »), a réuni environ 200 racistes et membres de l’extrême droite à Gand. Parmi eux se trouvaient notamment Filip Dewinter (Vlaams Belang) ainsi que des militants du Voorpost. Au même moment, en périphérie du centre-ville, 400 antiracistes se sont retrouvés pour défendre un message positif de solidarité contre la haine et la division. L’organisation de jeunesse du PSL, les Étudiants de Gauche Actifs, ainsi que notre campagne antifasciste Blokbuster étaient bien sûr présents au rendez-vous.Rapport de Michael (Gand)
Nous saluons le fait qu’une initiative ait été prise par Hart Boven Hard afin d’éviter que Pegida ne puisse occuper les rues sans la moindre réponse antiraciste. Sur base de l’intérêt des médias et d’une opposition limitée à ses actions, Pegida peut toutefois gagner de l’ampleur. Nous devons donc nous tenir prêts à réagir si Pegida développe la confiance d’organiser de nouvelles actions.
C’est dans ce cadre que les Étudiants de Gauche Actifs et la campagne Blokbuster ont diffusé une enquête parmi les participants à la « fête de la diversité ». Nous avons demandé aux antiracistes réunis comment ils estimaient préférable de répondre aux futures actions de Pegida. Nous avons proposé trois options :
• ne rien faire pour éviter que Pegida puisse bénéficier de plus d’attention;
• ré-organiser une fête de la diversité en périphérie du centre-ville afin de démontrer que plus de personnes se réunissent pour la diversité et contre la xénophobie;
• organiser une manifestation à travers le centre-ville pour illustrer que les habitants de nos communautés de font partie de la ville et refusent d’être montés les uns contre les autres et se réapproprient donc la ville, pour la majorité de la population.Nous avons rempli 132 enquêtes. De ces 132 personnes, 78 ont indiqué préférer participer à une manifestation la prochaine fois, 48 estimaient nécessaire d’organiser une fête similaire à celle de ce lundi et 6 ont expliqué vouloir une nouvelle fête, mais cette fois-ci au centre-ville (bien que cela n’ait pas été explicitement proposé comme possibilité). 59,09% sont donc favorables à l’organisation d’une manifestation ; 36,36% à une fête de la diversité en dehors du centre-ville ; 4,54% pour une fête au centre-ville et 0% pour ne rien faire.
Nous soutenons l’idée défendue par la majorité des personnes ayant répondu à notre enquête. Nous pensons qu’il faudra organiser de bonnes mobilisations pour mettre la ville de Gand suffisamment sous pression afin qu’elle autorise la tenue d’une manifestation antiraciste non-violente. Cette manifestation peut par ailleurs être liée à une fête populaire avec musique, discours,…
A l’occasion de cette enquête, nous avons eu de nombreuses discussions très intéressantes et animées au sujet de Pegida, de ses origines, de la lutte antiraciste qui a été menée en Allemagne mais aussi sur l’alternative de société à défendre pour en finir avec le terreau sur base duquel peuvent croitre les idées xénophobes et réactionnaires.
Les discussions entre antiracistes ne doivent pas être limitées aux méthodes à utiliser mais aussi aborder en profondeur le contenu politique de chaque action. Une manifestation ou une fête de la diversité ne constituent pas une réponse concrète contre la douloureuse réalité : la diversité signifie malheureusement chômage, pauvreté et racisme pour beaucoup de personnes d’origine immigrée. Cela ne répond pas non plus en soi au désespoir, à la peur et à la pauvreté qui peuvent pousser certains dans les bras de l’extrême droite. La question centrale, c’est le programme de revendications à défendre pour instaurer une alternative aux divisions causées par l’austérité, le chômage et la casse sociale!
EGA et Blokbuster défendent une politique de gauche basée sur le partage du temps de travail, l’expansion des services publics et sociaux, l’accès garanti à un enseignement gratuit et de qualité pour tous,… Nous sommes donc résolument opposés aux coupes budgétaires et à la politique d’austérité chers aux partis traditionnels (y compris le SP.a, au pouvoir à Gand). Cette politique assure qu’un groupe croissant de la population se retrouve en marge de la société, aliénés, et c’est sur cette base qu’augmente l’espace que peuvent investir toutes sortes de courants réactionnaires, qu’ils soient d’extrême droite ou fondamentalistes religieux. Intégristes religieux et néofascistes cherchent à semer la discorde parmi les travailleurs et leurs familles par la haine et le racisme. Seule une lutte unitaire destinée à améliorer les conditions de vie de chacun et à accorder à tous de bonnes perspectives d’avenir, indépendamment de leur origine, peut constituer une réponse au désespoir instrumentalisé par les réactionnaires.
Dans le cadre de cette lutte unitaire et solidaire pour une réelle alternative de société, nous pensons qu’une manifestation est de nature à donner un signal plus fort et est capable de mobiliser plus de personnes de toutes les communautés et de tous les coins d’une ville. Ce signal serait encore plus fort si la manifestation était liée à la défense de revendications réellement socialistes, bénéficiant à l’avenir de la majorité de la population.
Ne laissons pas l’extrême droite sentir que ses militants peuvent occuper les rues tranquillement. Nous ne devons pas accepter une nouvelle fois qu’un centre-ville soit occupé par l’extrême droite tandis que les antiracistes se réunissent en périphérie. Les manifestations et mobilisations de masse ont été couronnées de succès en Allemagne, où le mouvement Pegida a pu être stoppé. Dans les villes où une telle réaction n’a pas pris place, comme à Dresde, Pegida a pu gagner en confiance rapidement croitre jusqu’à plusieurs milliers de partisans.
Photos de Liesbeth
Photos de Jean-Marie
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400 antifascistes manifestent à Gand
Selon la police, ce jeudi soir, une centaine de manifestants d’extrême-droite ont participé à la manifestation organisée par la NSV (Nationalistische Studentenvereniging, association des étudiants nationalistes), organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang. La proportion de néonazis, y compris du groupuscule francophone Nation et du néerlandophone Autonome Nationalisten, était plus grande que pour les autres années, notamment en raison du moindre nombre de manifestants de la NSV. Le travail étudiant du Vlaams Belang est aussi sous pression de la concurrence d’autres groupes de droite et d’extrême droite, comme le KVHV (cercle des étudiants catholiques). C’est également ce même public que la NSV voulait mobiliser la semaine dernière à Anvers pour une manifestation “Pegida” (du nom de ce mouvement islamophobe allemand) qui fut interdite. La manifestation de la NSV de cette année d’une taille historiquement petite.

A l’initiative de la campagne antifasciste néerlandophone du PSL, Blokbuster, et des Etudiants de Gauche Actifs, une autre manifestation a pris place à Gand. Militants antifascistes jeunes et syndicalistes se sont retrouvés à 400 participants pour un cortège dynamique sous le slogan “contre la haine et la terreur, notre solidarité”. La manifestation antifasciste était donc plus grande que celle d’extrême droite, même si la mobilisation a été plus compliquée du fait que la NSV et ses activités ne sont plus aussi connus que par le passé. Mais la nécessité de lutter activement contre l’extrême droite a été rendues évidente au cours de ces dernières semaines, puisque l’extrême droite a essayé à plusieurs reprises d’intimider les militants de gauche, y compris en empêchant un meeting à l’Université de Gand. L’extrême droite a aussi récemment mené des actions contre des syndicalistes. D’autre part, Pegida-Vlaanderen tente de construire un mouvement anti-immigrés sur le modèle du mouvement allemand.Si Pegida perd de son importance en Allemagne actuellement, cela est principalement dû à la pression des grandes mobilisations antifascistes. Pegida a donc été empêché d’aller à l’offensive contre les migrants, le mouvement s’est retrouvé dans la défensive et les contradictions internes sont apparues au grand jour. Nous devons dès le début réagir à cette tentative de construire un mouvement similaire en Belgique avec des protestations massives. Le fait que l’action de Pegida interdite à Anvers n’ait pas suscité un plus grande réaction n’est pas une bonne chose. Le 13 avril, Pegida manifestera à Gand et nous voulons activement mobiliser contre ce rassemblement raciste.

La manifestation anti-NSV a constitué un bon point de départ pour cela. On trouvait parmi les antifascistes divers militants syndicaux et plusieurs organisations politiques, dont les Etudiants de Gauche Actifs et Blokbuster, à l’initiative du rendez-vous, les JOC, People help People, Comac, des anarchistes,… Les manifestants étaient francophones, néerlandophones, migrants ou non, jeunes et moins jeunes,… EGA et Blokbuster remercient tous ceux qui se sont mobilisés pour participer à cette action.Les manifestants ont scandé des slogans contre la haine et la terreur et pour la solidarité, de même que contre Pegida. Un appel à la mobilisation contre Pegida a été lancé, pour le 13 avril. Enfin, il a également été fait référence à la lutte contre les politiques d’austérité du gouvernement de droite, une politique qui est associée au renforcement des divisions au sein des travailleurs, des allocataires sociaux et des jeunes. Contre la politique de droite, nous devons être unis et ne laisser aucun espace aux divisions racistes et autres. Le problème, ce n’est pas l’immigré, c’est le banquier! Quant à la menace terroriste, elle ne diminuera pas en mettant tous les migrants ou les musulmans dans le même sac.
Un système en crise conduit à une exacerbation des problèmes sociaux, seule une alternative sociale peut fournir de véritables solutions. Tout comme Malcolm X, assassiné il y a 50 ans, le disait en son temps : il ne peut y avoir de capitalisme sans racisme. La lutte contre le racisme est inextricablement liée à la lutte contre le capitalisme. Militez avec nous pour une alternative socialiste contre la société d’exploitation capitaliste ! Pour une société où les besoins de la majorité de la population seront centraux, et non la soif de profits d’une poignée de super-riches! -
Manifestation antifasciste combative à Bruxelles
Par Blokbuster, campagne antifasciste flamande du PSL
Quelques jours à peine après la grande manifestation syndicale du 6 novembre – on parle de la mobilisation syndicale la plus massive depuis les années ’80 – une nouvelle manifestation a eu lieu hier dans les rues de Bruxelles. Des centaines de jeunes et de syndicalistes s’étaient rassemblés pour une manifestation dans le cadre d’une journée d’action européenne contre l’extrême droite, une initiative lancée par la coordination des comités antifascistes grecs. La date du 9 novembre n’avait pas été choisie au hasard, puisque c’est celle de la Nuit de Cristal, un pogrom anti-juif perpétré an Allemagne nazie en 1938.Il y a 76 ans, près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits, 7.500 commerces et entreprises exploités par des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs furent assassinés, des centaines d’autres se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures et près de 30 000 furent déportés en camp de concentration. Il s’agissait d’un étape particulièrement violente dans l’élaboration de la terreur nazie contre les Juifs et tous les opposants au projet nazi, parmi lesquels, en premières lignes, le mouvement organisé des travailleurs. Le but des nazis était de défendre un ultra-capitalisme qui ne tolérait aucune résistance. À cette fin, le mouvement syndical a été écrasé. Si cela ne dépendait que des néo-nazis actuels, il en serait à nouveau ainsi.
Des partis comme l’organisation néonazie grecque Aube Dorée visent à dévier la colère et à masquer la responsabilité des spéculateurs, des banquiers et des grandes entreprises concernant la crise. L’évasion fiscale massive qui s’opère notamment via le Luxembourg n’est pas le problème selon eux. pareil pour les 240 milliards d’euros de liquidités qui dorment sur les comptes des grandes entreprises de se pays parce qu’investir n’est pas suffisamment rentable. Non, pour eux, ce sont les migrants les responsables, il n’y a pas lieu de s’impliquer dans la lutte de classe, il faut s’opposer aux personnes d’origine étrangère.
Mais la lutte de classe existe. Le camp d’en face lance une offensive inédite sur nos conquis sociaux et nos conditions de vie. Mais notre camp a commencé à riposter et à organiser la lutte avec notamment la manifestation phénoménale de jeudi dernier. Il faudra lutter non seulement pour renverser le gouvernement Michel amis aussi pour repousser toute la politique d’austérité. Un gouvernement anti-travailleur ne doit pas être remplacé par un autre gouvernement anti-travailleur, mais par un gouvernement pour et par les travailleurs. Dans le cadre de notre lutte pour une autre société, le racisme ou encore le sexisme sont des obstacles. les balayer est une partie intégrante de notre combat.
Hier, nous avons clairement crié ‘No Pasaran’ à l’extrême droite, à l’échelle internationale. Tant la violence d’Aube Dorée que le populisme de droite et l’extrême droite actifs chez nous ont été dénoncés. Aube Dorée sévit d’ailleurs également en Belgique. Samedi encore se tenait un meeting ouvertement néonazi. parmi les participants figurait Rob Verreycken, un membre éminent du Vlaams Belang a menacé de représailles contre la manifestation antifasciste de ce dimanche en utilisant des symboles d’Aube Dorée. Nous n’avons rien vu de cette action hier, mais c’est une indication inquiétante, particulièrement au vu du fait que le prochain président du Vlaams Belang est connu pour apprécier recourir à la violence de rue.
La manifestation antifasciste de ce 9 novembre a été l’oeuvre de différentes organisations qui ont collaboré à plusieurs reprises ces derniers mois dans le cadre de diverses initiatives. L’objectif qui nous fait face est de parvenir à une plus grande coordination antifasciste, ce à quoi a contribué la mobilisation d’hier.
Blokbuster remercie les organisations qui ont permis à cette manifestation de prendre place ou l’ont soutenue : les JOC Bruxelles (Jeunes Organisés et Combatifs), les Jeunes FGTB Charleroi-Sud Hainaut, l’USE (Union Syndicale Etudiante), l’Initiative solidarité à la Grèce qui résiste, EGA (Etudiants de gauche Actifs), le CADTM (Comité pour l’annulation de la dette du tiers monde), le SAF (Steunpunt Antifascisme), l’AFF (Anti-Fascistisch Front), les Jeunes FGTB, le PSL (Parti Socialiste de Lutte), Fewla (soutien à la lutte du peuple mapuche), les Syndicalisten tegen Fascisme, le SETCa-BBTK BHV Hôpitaux, le groupe Réagis de la FGTB de Bruxelles, les JAC (Jeunes Anticapitalistes) et Comac. Nous remercions aussi pour sa présence la délégation kurde qui était à la base de la grande manifestation qui s’est tenue à Bruxelles il y a une semaine en solidarité avec la lutte de Kobanê et contre la barbarie de Daesh, l’Etat Islamique.
Cette manifestation a représenté un pas qui a renforcé la lutte antifasciste en Belgique, n’en restons pas là !
=> Plusieurs reportages-photos de la manifestation
=> Reportage de Télé Bruxelles
Quelques photos de PPICS :
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Manifestation antifasciste le 9 novembre à Bruxelles!
Stop à la violence fasciste ! Des emplois, pas de racisme!
Plate-forme pour une manifestation contre l’extrême droite et le racisme le 9 novembre à Bruxelles dans le cadre du weekend d’action européen des 8 et 9 novembre.
Six ans après le début de la crise, les dernières élections européennes ont lancé une nouvelle onde de choc à travers l’Europe. Trois néonazis grecs, un hongrois et pour la première fois un allemand ont rejoint le parlement européen. Ils y rejoignent les autres formations d’extrême droite regroupée autour du FN de Marine Le Pen, qui a remporté ces élections en France.
Depuis le début de la crise, le chômage en Europe a presque doublé, plus de la moitié de la jeunesse espagnole et grecque est au chômage. Ceux qui trouvent du travail se retrouvent dans des emplois précaires : mini-salaires pour une maxi-flexibilité. Chez nous, c’est un tiers des jeunes qui sont coincés dans des contrats à temps partiel dans le secteur privé. Partout, la crise sert de prétexte pour attaquer le bien-être des gens : baisses de salaires (plus de 30% en Grèce), démantèlement des services publics (enseignement, soins de santé, accueil des enfants, privatisations de masse, etc.). La protection du travailleur est remplacée par des systèmes de charité.
Les prochains gouvernements prévoient de poursuivre et d’accélérer cette démarche en Belgique, ce qui sert le gouvernement de droite pour des attaques encore plus brutales au fédéral (allongement de l’âge de la pension, saut d’index,…). On fait payer aux 99%, une crise qu’ils n’ont pas causée. La colère est donc énorme.
Le racisme fait partie de la logique capitaliste de diviser pour régner. Les dirigeants n’ont pas de solutions et mènent des politiques de division qui banalisent le racisme, le sexisme et l’homophobie, comme en France. L’Union Européenne n’hésite pas à s’associer avec l’extrême droite en Ukraine où à mener des politiques répressives en tentant de désigner les migrants, les chômeurs et les prépensionnés comme étant le problème.
Même si le Vlaams Belang a subi un grave revers lors des élections et que les différentes listes d’extrême-droite du côté francophone n’ont pu forcer une percée, le problème n’a pas disparu en Belgique. La tactique du silence contre le racisme et l’extrême droite n’a jamais fonctionné. Il faut agir dès maintenant ! La mobilisation réussie du 4 octobre dernier a obligé les néonazis d’Aube dorée de se cacher pour tenir leur meeting en Belgique. Les meurtres des antifascistes Clément Méric (en France) et de Pavlos Fyssas (en Grèce), l’augmentation des agressions islamophobes en France, la violence extrême d’Aube Dorée en Grèce, les patrouilles anti-tsiganes du Jobbik en Hongrie,… l’illustrent: l’extrême droite ira de provocation en violence jusqu’à ce qu’on l’arrête.C’est à travers une mobilisation offensive pour nos droits que nous parviendrons à obtenir que les responsables de la crise payent la facture. Pour vaincre les spéculateurs, les banquiers et les patrons qui utilisent leurs gouvernements pour nous faire payer l’addition, il nous faudra être unis et combattre tous ceux qui tentent de nous diviser.
Pour cela, nous ne pouvons compter que sur la force de la jeunesse et des travailleurs organisés. Le mouvement syndical doit être l’espoir d’amélioration du quotidien à travers la lutte collective, une lutte qui doit conduire à une société sans exploitation avec un avenir garanti pour tous. Le racisme et le fascisme mettent notre capacité à gagner cette lutte en danger, il faut donc les combattre.
Un appel européen pour un weekend d’action les 8 et 9 novembre (le 9 novembre étant la date de la Nuit de Cristal, une violente campagne coordonnée contre les magasins juifs en Allemagne nazie en 1938) a été lancé lors d’une rencontre européenne organisée en avril dernier à Athènes par les comités antifascistes grecs. Blokbuster, les Jeunes Organisés et Combatifs – Bruxelles, les Jeunes FGTB Charleroi Sud-Hainaut, Union Syndical Etudiante (USE) et l’Initiative de solidarité avec la Grèce qui résiste appellent donc à une manifestation contre le racisme et l’extrême droite le 9 novembre 2014 à Bruxelles, à 15h, au départ du mégaphone de l’avenue de Stalingrad pour que le 9 novembre soit une journée de résistance en Europe contre la barbarie.
• Résistance internationale contre le racisme et l’austérité!
• Stop à la répression et au racisme dans la police! Stop au contrôle au faciès!
• Stop à la criminalisation des migrants!
• Pour des Emplois, logements et services publics; Luttons contre le racisme, le sexisme et l’homophobie!Premiers signataires : Blokbuster, JOC Bruxelles, Jeunes FGTB Charleroi-Sud Hainaut, Union Syndical Etudiante (USE), Initiative solidarité à la Grèce qui résiste,…
Contact pour signer la plateforme: info@blokbuster.be
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Lutter contre les néofascistes et les populistes de droite avec une alternative sociale contre l’austérité
Par Geert Cool, porte-parole de Blokbuster, article tiré de l’édition de juin de Lutte Socialiste
Le spectre allant du populisme de droite au néonazisme est aujourd’hui représenté par près de de 100 eurodéputés. En France, le Front National est sorti des urnes en première place, de même que les populistes de droite de l’UKIP en Grande-Bretagne. Le parti néonazi allemand NPD entre au Parlement européen, en compagnie de trois néonazis grecs d’Aube Dorée et de trois collègues hongrois du Jobbik. La croissance des diverses forces d’extrême-droite a conduit à des protestations dans plusieurs pays, avec une impressionnante manifestation à Bruxelles contre la venue de Marine Le Pen le 28 mai, où se sont retrouvés 2.500 manifestants après un simple appel lancé par les JOC (Jeunes Organisés et Combattifs) sur Facebook, appel notamment soutenu par les Etudiants de Gauche Actifs.
Les populistes de droite progressent
Il y a 20 ans, le phénomène de l’extrême-droite se limitait essentiellement à des partis néo-fascistes qui avaient dû nager à contre-courant des années durant en construisant un cadre de parti et qui, tout à coup, se sont développés sur base d’une rhétorique raciste. L’extrême-droite actuelle est bien plus diversifiée. Une partie de la direction des partis néo-fascistes a siégé pendant des années aux parlements, se sont adaptés à cet environnement et ont connu des difficultés internes. Une concurrence est aussi arrivée de la part de toutes sortes de formations qui pouvaient à peine se qualifier de ‘‘partis’’ mais ont obtenu de bons scores électoraux avant de rapidement baisser, voire de totalement disparaître.
L’exemple du Parti de la liberté néerlandais de Geert Wilders (PVV) est significatif à cet égard. Quelques années seulement après l’émergence de Pim Fortuyn, ce fut au tour de Wilders. Mais aux dernières élections municipales néerlandaises, son parti est parvenu à se présenter dans deux villes seulement. Une grande partie des élus nationaux et locaux du parti l’ont quitté en réaction à un commentaire très polémique de Wilders sur les Marocains. Wilders ne dispose plus vraiment de parti pour organiser son soutien, ce qui rend tout come-back difficile.
Des phénomènes similaires existent aussi ailleurs, à l’instar de l’UKIP de Nigel Farage. Cet ancien courtier se présente comme un ‘‘homme ordinaire’’ opposé à l’establishment, alors qu’il est tout heureux d’y appartenir. La progression de telles formations exprime la radicalisation à l’œuvre chez certaines couches de la petite bourgeoisie, des managers qui ne sont pas parvenu au sommet ou de petits patrons qui souffrent de la concurrence féroce devenue plus insoutenable avec la crise. Le large soutien sur lequel ils peuvent électoralement compter est d’autre part une expression de l’hostilité grandissante auquel est confronté l’ensemble de l’establishment. Même des populistes scandaleux comme Laurent Louis et son ‘‘Debout les Belges’’ ou encore le Parti Populaire de Modrikamen parviennent dans une certaine mesure à s’attirer un certain soutien.
Le petit bourgeois radical pleure très fort, et il peut parfois s’attirer des couches plus larges de travailleurs qui ne voient pas encore d’alternative suffisamment viable dans leurs propres rangs.
L’extrême-droite ‘‘traditionnelle’’ n’est pas morte
Le Front National a profité du boulevard que constitue l’aversion pour le PS actuellement au pouvoir et pour l’UMP qui y était encore jusqu’il y a peu. Toutes les dernières élections ont illustré le retour du FN, la baisse connue à l’époque de Sarkozy semble bien loin. Le Parti de la liberté autrichien (FPÖ) est lui aussi de retour après avoir été affaiblit par sa scission constituée autour de l’ancien leader Jörg Haider. Le Vlaams Belang espère suivre ce même chemin, mais il est aujourd’hui dans une position très défensive.
Les néonazis entrent au Parlement européen
Nous savons très bien ce dont est capable Aube Dorée. Ses militants ont commis de nombreux actes de violence et des assassinats d’immigrés ou encore du rappeur militant antifasciste Pavlos Fyssas. Une partie de la direction du parti est aujourd’hui en prison, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre les 9% et d’envoyer trois élus à Bruxelles, dont deux généraux à la retraite. Le Jobbik hongrois, connu pour sa violence contre les Roms, envoie lui aussi trois élus au Parlement européen.
En Allemagne, plusieurs dirigeants du NPD ont gravité autour du groupe terroriste Nationalsozialistischer Untergrund (NSU) dans les années 1990, qui avait commis plusieurs meurtres. Un responsable du NPD, Rolf Wohlleben, a été arrêté pour les avoir aidé à entrer dans la clandestinité et leur avoir donné de l’argent, des armes et des munitions. Leur nouvel eurodéputé, Udo Voigt, avait déclaré en 2007 à la télévision que ‘‘Six millions de morts, cela ne peut pas être exact. Au maximum, 340.000 personnes sont mortes à Auschwitz.’’ Selon le NPD, l’élection d’Obama aux Etats-Unis s’expliquait par une ‘‘alliance américaine des Juifs et des Noirs.’’
Chez nous aussi, on trouve des cercles d’extrême-droite qui sympathisent avec ces partis. L’an dernier, le NSV, organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, avait organisé une réunion à Anvers avec pour orateur un membre du Jobbik, qui a pris la parole aux côtés du député flamand Tom Van Grecs et d’Udo Voigt. La section de Louvain du NSV n’a pas hésité à faire référence à Aube Dorée dans sa propagande. Côté francophone, le groupuscule néonazi Nation a organisé durant sa campagne électorale un meeting intitulé ‘‘Après les élections du 25 mai : une aube dorée ?’’ qui masque mal les sympathies entretenues pour ce parti…
Le Vlaams Belang doit resserrer les rangs. Mais maintenant que son échec électoral peut entrainer moins d’attention médiatique, il n’est pas exclu que la direction du parti donne le feu vert à toutes sortes de néo-nazis présents dans ses rangs pour qu’ils sortent en rue.
L’heure est à la résistance !
Immédiatement après les élections européennes, plusieurs villes françaises ont connu de grandes manifestations et grèves de lycéens. A Bruxelles, le 28 mai, une manifestation antifasciste impressionnante s’est tenue contre l’arrivée de Marine Le Pen avec 2.500 antifascistes, parfois très jeunes, qui ont défilé du Parlement européen aux bâtiments de la commission européenne. Cette action fut organisée en très peu de temps, mais a su compter sur un large soutien ayant dépassé toutes les attentes.
C’est une bonne base pour renforcer le combat antifasciste. Cette lutte ne doit pas se limiter à exprimer notre opposition à l’extrême-droite et au racisme, nous avons besoin de nous en prendre au terreau sur lequel l’extrême-droite se développe : la crise du capitalisme. La vague d’austérité et ses attaques contre chômeurs, pensionnés et travailleurs laissent un espace pour que grandisse la logique de division et de recherche de boucs émissaires. Il faut organiser notre colère en une résistance efficace. Les élections européennes ont aussi montré que là où le mouvement des travailleurs est entré en action, la gauche radicale a également connu une percée.
Un programme offensif pour un changement de société fait partie intégrante de notre résistance antifasciste. La crise capitaliste conduit à une polarisation et exige des réponses audacieuses. Nous voulons aussi concrètement faire avancer la lutte dans le contexte d’un appel à manifester partout à travers l’Europe le 9 novembre prochain (date de la Nuit de Cristal, un pogrom anti-juif commis en 1938 dans l’Allemagne nazie). Les actions tenues spontanément en France et la manifestation de Bruxelles du 28 mai dernier démontrent le potentiel d’une telle journée d’action. Participez vous aussi, contactez-nous !
L’extrême-droite au Parlement européen
Voici ci-dessous un aperçu non-exhaustif des résultats obtenus par l’extrême-droite aux dernières élections européennes. Nous avons classé ces résultats en trois catégories : populistes de droite, extrême-droite ‘‘traditionnelle’’ et formation néonazies.
Populistes de droite : 48 sièges
• Grande-Bretagne. UKIP : 26,6% et 24 sièges
• Pays-Bas. PVV : 13,3% et 4 sièges
• Finlande. Parti des Finlandais : 13% et 2 sièges
• Danemark. Parti du Peuple Danois : 27% et 4 sièges
• Allemagne. AFD : 7,04% et 7 sièges
• Pologne. Congrès de la Nouvelle Droite : 7% et 4 sièges
• République Tchèque. Parti des Citoyens Libres : 5,2% et 1 siège
• Lituanie: Ordre et Justice : 14,3% et 2 siègesExtrême-droite ‘‘traditionnelle’’ : 36 sièges
• France. Front National: 25% et 24 sièges
• Italie. Ligue du Nord: 6% et 5 sièges
• Autriche. FPÖ: 20% et 4 sièges
• Suède. Démocrates Suédois : 9% et 2 sièges
• Belgique. Vlaams Belang : 6,8% et 1 siègeNeonazis: 7 sièges
• Hongrie. Jobbik : 14,8% et 3 sièges
• Allemagne. NPD : 1,03% et 1 sièges
• Griekenland. Gouden Dageraad: 9,4% en 3 zetelsFormation de fraction
Pour former un groupe au Parlement européen, 25 sièges issus de sept États membres sont nécessaires. Ces fractions doivent être constituées pour fin juin. Le groupe autour de l’UKIP peut facilement répondre à ces exigences. Autour de ses 24 sièges, il peut compter sur des élus de Finlande (Parti des Finlandais), du Danemark (Parti du Peuple Danois), de Suède (Démocrates Suédois), des Pays-Bas (le SGP, parti religieux conservateur) et éventuellement sur des partis eurosceptiques allemands, polonais et tchèques.
Le groupe autour du Front National français aura plus de mal, surtout au vu de la pression de l’opinion publique qui s’exerce sur les Démocrates Suédois pour qu’ils rejoignent plutôt groupe autour de l’UKIP. La Ligue du Nord italienne, qui était précédemment dans la fraction autour de l’UKIP, fait le mouvement inverse et rejoint Le Pen avec ses quatre élus. Il reste deux autres partenaires à trouver, mais en dehors de quelques partis populistes de droite d’Europe de l’Est, il ne reste de possibilités que parmi les néo-nazis.
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Antifascisme. Pourquoi manifester contre le NSV?
Article par Geert Cool, porte-parole de la campagne antifasciste flamande Blokbuster
Le Nationalistische Studentenvereniging (NSV, cercle des étudiants nationalistes) se présente comme un sympa petit club d’étudiants flamingants qui ne s’occupe que de l’organisation d’activités estudiantines (soirées de chants,…). En réalité, il s’agit du vivier du Vlaams Belang, ce milieu étant même plus radical que le parti d’extrême-droite. En dépit de la présence de quelques membres de la N-VA, le NSV reste essentiellement un lieu de formation pour de futurs cadres du Vlaams Belang.
Lorsque le VB était au faîte de sa gloire électorale, le NSV a parfois dû quelque peu masquer son côté plus radical. Mais maintenant que le VB enregistre de moins bons résultats électoraux, l’attention des médias dominants est également moindre quant aux agissements de ses excroissances. Fin novembre dernier encore, le NSV a tenu à Anvers un meeting comprenant des orateurs internationaux dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont controversés : le NSV a ainsi offert une tribune à un militant d’extrême-droite italien qui se proclame ouvertement héritier du fascisme de Mussolini ou encore à un pionnier d’une milice privée hongroise mise à l’index. Même le Vlaams Belang a trouvé l’événement risqué et n’a pas désiré mettre de salle à disposition du NSV.
Ce dossier est destiné à examiner d’où provient le NSV ainsi que ce que préconise cette organisation.
D’où vient le NSV ?
Manifestation du 20 mars : page francophone de l’événement facebookLe NSV a été créé en 1976 pour regrouper des étudiants d’extrême-droite. Très vite, le NSV a également eu une aile d’écoliers avec le Nationalistische Jongstudentenverbond (NJSV) (Union des Jeunes Etudiants Nationalistes) où Filip Dewinter et Frank Vanhecke (à Bruges), Philip Claeys (à Bruxelles) ou encore Karim Van Overmeire (à Alost) ont notamment joué un rôle.
Le NJSV a eu à son apogée quelque chose comme 18 sections (entre autres à Bruges, Anvers, Sint-Niklaas, Le Coq, Mol, Koekelare, Grammont,…). Son secrétariat national était basé à l’adresse privée de Filip Dewinter, qui habitait encore Steenkaai à Bruges, Dewinter étant le président national du NJSV. Les activités du NJSV brugeois, codirigé par Dewinter et Vanhecke, n’étaient pas spécialement ”fréquentables” : violence, racisme et défense ouverte du fascisme. Dewinter et Vanhecke organisaient aussi une bourse du livre “anticommuniste” où la police a saisi des livres révisionnistes (niant l’holocauste). Les membres du NJSV brugeois participaient également aux activités violentes de la milice privée ultérieurement interdite VMO (Vlaamse Militanten Orde, Ordre des Militants Flamands). Les responsables du VMO brugeois se sont chargés de la formation politique de Dewinter et Vanhecke.
Dans le journal commun du NSV et du NJSV, Anton de Grauwe a écrit : “Et naturellement, des termes tels que commandement, hiérarchie, ordre civil, discipline, éducation, autorité sont taxés de fascistes. Nous pouvons être fiers d’un tel fascisme.” Et en effet, dans les cercles du NJSV et du NSV, on était très fier du fascisme. C’est sans doute pourquoi Koen Dillen, dans le même numéro du périodique Signaal, a présenté le bourreau nazi Göring comme un idéaliste, ce qu’il a encore répété dans sa critique d’une biographie d’Adolf Eichman.
Les membres du VMO et du NJSV brugeois ont régulièrement fait preuve de violence. Dans d’autres sections, c’était aussi le cas et les jeunes d’extrême-droite en étaient tellement fiers que lors des cantus (soirée de chants), ils chantaient des chansons destinées à glorifier leur propre violence : “le sang coule dans les rues, des rats crèvent dans les égouts mais nous n’en resterons pas là, tous ces gauchistes doivent mourir” disait ainsi le refrain de la chanson ”A mort” (sur la mélodie de Blauwvoet) qui se terminait par : “Toute cette vermine rouge doit être abattue. Repoussons-les, repoussons-les. Tous ces gauchistes à la tombe.” Nous ne pouvons qu’apprécier la subtilité du propos…
Arrivé à Anvers pour y étudier, Dewinter a joué un rôle important dans le Nationalistisch Studentenverbond, nom du NSV de l’époque. Le NSV avait une tradition très radicale.
Ainsi, le 7 mars 1984, il y eut une occupation du café d’étudiants ‘Het Stuc’ à Louvain, dont les portes avaient été forcée à coups de barres de fer et de bâtons. Un étudiant en a gardé des blessures incurables suite à une une fracture ouverte. A ce moment-là, Jurgen Ceder était président du NSV-Leuven. En 1985, une étudiante a été menacée d’un couteau à cran d’arrêt à l’UFSIA parce qu’elle demandait qu’un calicot portant le slogan “le NSV a gagné” (après une victoire électorale du Vlaams Blok…) soit enlevé. Cette même année, un commando du VMO et du NSV a attaqué une manifestation anti-missiles à Gand.
Dans la deuxième moitié des années 1980 et au début des années 1990, le NSV a eu des difficultés à maintenir sa position. La percée électorale du Vlaams Blok, le 24 novembre 1991, a constitué un tournant à la suite duquel une nouvelle génération a repris en mains les traditions du NSV. Les années 1990 se sont déroulées suivant les mêmes recettes que dans les années 1980 : racisme ouvert, nostalgie pour le fascisme et, là où c’était possible, actions musclées et violentes. C’est de ces actions que vient son surnom de Rob Verreycken, qui devait lui aussi devenir une figure de premier plan du Vlaams Belang ; ‘Rob Klop’ (”Rob la frappe”).
Dans une édition controversée des ‘nouvelles de l’association’ gantoise du NSV datant de décembre-janvier 1996-97, sous le titre “Egalité : un mythe”, un point de vue extrêmement raciste avait été avancé, à tel point que le NSV a tenté de détruire cette édition et que des militants du NSV s’en sont violemment pris à un nationaliste flamand de gauche qui avait confirmé l’authenticité de l’édition. En voici un extrait, traduit par nos soins : “Un nègre coiffé de bouse de vache et avec des dents burinées donne une meilleure image de la vraie nature d’un nègre qu’un nègre élevé comme un blanc et qui a appris à rouler en voiture et parle couramment une langue de blanc. La culture nègre est non seulement différente de la culture blanche, elle est aussi moins avancée et INFERIEURE par rapport à la culture blanche.” Rien à ajouter. Le président du NSV gantois de l’époque, Dieter Van Parys siège encore aujourd’hui au conseil communal d’Oostkamp pour le Vlaams Belang.
A la même période, l’organisation écolière NJSV a un peu refait surface à Bruges. Dans le journal des membres de cette organisation, au milieu des années 1990, on pouvait lire, entre autres : “le NSDAP [le parti nazi, NDLR] n’existe hélas plus”, “l’homosexualité reste une maladie à éradiquer”,… Le NJSV brugeois a aussi commencé, au milieu des années 1990, une violente campagne contre la gauche, les immigrés et les jeunes alternatifs. Cette violence a dégénéré, entre autres, avec un commando qui a conduit une attaque contre de militants faisant campagne contre le rôle joué par la multinationale pétrolière Shell au Nigéria et a fait irruption dans des cafés de jeunes alternatifs. La campagne antifasciste flamande Blokbuster a riposté par une campagne nationale contre la violence fasciste qui a rassemblé des centaines de manifestants début 1997.
Le NJSV a connu une fin douloureuse lorsque l’un de ses chefs de file n’a manifestement plus supporté la pression des protestations contre la violence et a commis un acte de désespoir : l’ancien militaire a mis en scène un attentat à la bombe raté contre lui pour ensuite pourvoir accuser la campagne Blokbuster. Il a vite fini par avouer. Il était dangereux, certes, mais pas très malin.
A la même époque, il y a eu une série d’incidents à Gand aussi, parfois avec les mêmes personnages que ceux qui faisaient du grabuge à Bruges. Les militants de gauche, surtout, ont à nouveau été pris pour cible. Des réunions d’Etudiants de Gauche Actifs (EGA, organisation étudiante du PSL) ont été attaqués et, lorsque le NSV n’a pas été reconnu à l’université pour cause de racisme et de violence, un groupe de 30 membres du NSV a pris en otage l’assemblée de la Convention politique et philosophique gantoise (Gentse Politiek en Filosofisch Konvent – PFK) du 27 janvier 1997. En mars 1998, des militants de Blokbuster ont subi une attaque de la part de membres du NSV au restaurant universitaire De Brug. Le militant de Blokbuster Eric Byl a dû être emmené aux urgences de l’hôpital Jan Palfijn. Quelques jours plus tard, des menaces de mort à l’encontre d’autres militants de Blokbuster, Els Deschoemacker et Geert Cool, ont suivi. Quelques squats anarchistes ont également été attaqués et/ou menacés. Blokbuster a de suite réagi par des mobilisations contre la violence fasciste. Depuis lors, les manifestations organisées par le NSV reçoivent chaque année une riposte antifasciste sous la forme d’une contre-manifestation qui est devenue aujourd’hui le plus grand événement antifasciste de Belgique.
Le NSV aujourd’hui : toujours une bande raciste et violente
Sous la pression de la protestation antifasciste et électorale du Vlaams Blok puis du Vlaams Belang, les jeunes du NSV ont dû se tenir à carreau depuis les années 2000. Cela a conduit de ci de là à une certaine frustration et à des fractions dissidentes suivant les lignes des anciennes traditions. Ainsi, une réunion des Etudiants de Gauche Actifs d’Anvers a été attaquée en octobre 2009 par un commando de ‘Camarades Autonomes’. Cette attaque est survenue après plusieurs provocations, y compris du NSV, qui avait une telle confiance en lui que l’attaque a été annoncée à l’avance. La charge a été stoppée net par un service d’ordre des Etudiants de Gauche Actifs et de Blokbuster.Mais, généralement, les néofascistes arrivaient sans problème au NSV. Ainsi, en 2005, une nouvelle section du NSV à Hasselt a été mise en place par un militant qui n’hésitait pas à faire des déclarations douteuses sur des forums internet. En voici une : ”Une fois que la démocratie se mêlera au chaos, j’espère qu’une main de fer fasciste sera là pour reprendre les choses en mains.” Et il n’y a pas eu que des figures de second rang qui ont été prêtes pour des actions musclées et punitives. Dans des discussions sur internet, le futur parlementaire flamand Tom Van Grieken a ainsi revendiqué l’indépendance flamande “par les armes si nécessaire” et, en tant qu’étudiant, il en est venu plusieurs fois aux mains avec des opposants politique. Et en 2004, une authentique charge a été menée contre la manifestation anti-NSV organisée par Blokbuster à Gand. Un groupe d’extrême-droite entraîné a procédé à une attaque physique à la suite de laquelle plusieurs antifascistes ont eu besoin de soins médicaux.
Aujourd’hui, le NSV est face à un nouveau tournant. La croissance électorale du Vlaams Belang est stoppée et, au sein des cercles nationalistes flamands, il y a la forte concurrence de la N-VA. Au NSV, il semble y avoir plusieurs courants, de ceux qui regardent explicitement vers la N-VA à ceux qui préconisent un cap plus radical et voient, avec non pas la N-VA mais plutôt Aube Dorée comme exemple. Lorsque Filip Dewinter a déclaré, sous la pression des médias, que des partis tels que le NPD et Aube Dorée sont une “caricature”, le président du NSV à Anvers de l’époque, ‘Stijn v Boebel’ (il n’ose pas écrire sous son nom propre) a alors réagi par un article dans lequel il déclarait le NPD ‘brothers in arms’ (frères d’armes). Ce n’est pas étonnant quand on sait que le NSV-Anvers a déjà organisé un meeting avec Udo Voigt du NPD.
Fin novembre 2013, le NSV a tenu un meeting international. Sous pression de la protestation, il n’a pas pu se tenir à l’université de Louvain et ils se sont ensuite rabattus sur Anvers. Ce n’était pas la première fois qu’un militant de Casa Pound était invité (une organisation italienne ouvertement fasciste), mais à ses côté se trouvait aussi un orateur de la Garde hongroise, une milice privée hongroise qui a été interdite. Même le Vlaams Belang trouvait le meeting à ce point discutable qu’il n’a pas mis l’infrastructure des locaux du parti à disposition.
La direction du parti ferme les yeux sur tout ça. Que voulez-vous d’autre comme réaction dans un parti dont les mauvaises langues de ses propres rangs affirment que quelques dirigeants fêtent, chaque année, l’anniversaire d’Hitler le 20 avril… La violence n’est pas un problème non plus, du moment qu’elle n’attire pas trop l’attention des médias, car cela pourrait effrayer des électeurs. Mais sans ça, pas de problème. L’ancien président du VB, Bruno Valkeniers disait encore en 2007 dans une interview : “Le Vlaams Belang a toujours recruté dans les sphères du NSV. Beaucoup de membres du Belang comptaient parmi mes amis pendant mes années NSV. C’est vrai que ce n’était pas des enfants de chœur. Mais bon, quand on est jeune, on veut que ça bouge. Alors, on se radicalise. Je n’ai pas honte de cette violence de rue occasionnelle.” Occasionnelle ?
Aujourd’hui, le VB est moins fort d’un point de vue électoral mais des exemples dans l’Europe entière montrent que l’extrême-droite et la droite populiste peuvent souvent connaître à nouveau une rapide progression. Il n’y a qu’à regarder ce qui se passe en France, où le Front National est, à nouveau, annoncé comme le plus grand parti dans les sondages. Sur fond de crise, un retour électoral n’est pas exclus, de même que l’apparition de groupes plus radicaux, comme les néonazis d’Europe de l’Est ou d’Aube Dorée en Grèce. Nous verrons peut-être les premiers signes de tels développements chez les jeunes générations. Ce n’est pas par hasard que les néonazis liés à Blood&Honour se rendent chaque année à la manifestation NSV.
Une campagne solide qui maintient une forte pression antifasciste est importante pour étouffer dans l’oeuf tout éventuel développement d’un courant plus ouvertement néonazi en le démasquant et en répondant par la mobilisation.
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Manifestation antifasciste contre le NSV : Des emplois, pas de racisme !
20 mars 2014, 19h, gare d’Anvers-Berchem
Le NSV (cercle des étudiants nationalistes, le groupe estudiantin officieux du Vlaams Belang) organise chaque année une manifestation – une marche de la haine – dans une ville universitaire flamande. Cette année, c’est au tour d’Anvers. Il y a heureusement systématiquement une contre-manifestation beaucoup plus imposante, ce qui limite l’espace dont peut profiter l’extrême-droite pour manifester ses idées dans la rue. Cette manifestation annuelle contre le NSV constitue la plus grande mobilisation antifasciste du pays, et ce fut également le cas lorsque le Vlaams Belang était électoralement plus robuste. Ce n’est toutefois pas parce que le VB a perdu des plumes sur le plan électoral que le danger est passé ! Les protestations antifascistes restent nécessaires !
Proposition de plateforme pour une contre-manifestation, par la campagne antifasciste flamande Blokbuster
L’austérité, un terrain fertile pour l’extrême-droite
Un rapport de la Croix-Rouge publié en octobre dernier a examiné les désastreuses conséquences de la politique européenne d’austérité. Pour pouvoir se nourrir, des millions d’Européens dépendent d’organisations caritatives. Le chômage des jeunes est en pleine explosion dans tous les pays et est actuellement de 24,4% dans la zone euro. Pas moins de 120 millions d’Européens vivent sous ou au niveau du seuil de pauvreté.
Cette situation suscite angoisse et colère parmi la population, ce sur quoi tente de jouer l’extrême-droite en blâmant diverses minorités, et plus particulièrement les immigrés. Une organisation comme le parti néonazi grec Aube Dorée ne se contente pas de paroles, et plusieurs immigrés sont déjà décédés en Grèce du fait de ses actions. Des militants de gauche grecs ont aussi été victimes de cette violence fasciste, et le rappeur antifasciste Pavlos Fyssas a été assassiné en septembre dernier en raison de ses prises de position politiques. Dans les autres pays, les mesures d’austérité assurent que la montée en puissance de partis d’extrême-droite violents ne soit pas limitée à la Grèce.
Les autorités locales participent à l’avalanche d’austérité
Partout en Europe se développe un désert social en conséquence des mesures d’austérité. Les politiciens établis semblent ne pas pouvoir se réveiller, ils ne font que s’enfoncer plus encore dans la logique néolibérale. Tout au plus sont-ils pinaillent-ils entre eux sur le rythme que doit adopter cette politique de casse sociale. C’est ce à quoi nous assistons en Belgique également, y compris au niveau local depuis les élections communales de 2012. L’avalanche d’austérité est générale.
Le collège échevinal anversois – sous direction N-VA – est aux premières loges de ce processus. La coalition au pouvoir à Anvers s’en ait déjà durement prise aux secteurs culturel et social : les CPAS ont vu leur budget raboté de 8,6 millions d’euros et les soins de santé de 2,75 millions. Au moment où l’impact de la crise se fait douloureusement sentir et que le taux de pauvreté augmente, ces mesures sont synonymes de catastrophe sociale. Parallèlement, le collège échevinal adopte une rhétorique de division, illustrée par les propos de Liesbeth Homans (bras droit de Bart De Wever) pour qui le racisme n’est qu’une excuse utilisée par les immigrés pour justifier leurs échecs. Ce discours ouvre grand la porte à l’extrême-droite. La nouvelle percée du Front National en France constitue à ce titre un sérieux avertissement.
Contre la répression, contre les SAC !
La seule ‘‘réponse’’ des politiciens établis face aux problèmes sociaux causés par leur politique, c’est la répression, notamment avec les Sanctions Administratives Communales (SAC). A Gand, les mendiants s’en sont vu imposer pour avoir fait la manche. A Anvers, on peut en recevoir pour quasiment n’importe quoi, même un ouvrier communal en a reçu une dans le cadre de son travail. L’arbitraire est des plus total, elles peuvent être imposées pour avoir jeté un noyau de cerise à terre ou avoir mangé un sandwich sur les marches d’une église, tout dépend de l’endroit où l’on se trouve. Un moyen bien pratique pour renflouer les caisses communales…
Ces amendes SAC menacent également nos droits démocratiques en ouvrant la voie à la criminalisation de toute forme de protestation. Ainsi, à Anvers, des participants à une action de protestation contre Monsanto se sont vus infliger de telles amendes. Des campagnes comme StopSAC du côté francophone et TegenGAS en Flandre sont bien nécessaires.
Ne laissons aucun espace à l’extrême-droite : NON au NSV !
Le 30 novembre dernier, le NSV a organisé à Anvers un meeting en présence du président de Casa Pound, groupuscule italien se décrivant comme des ‘‘fascistes du 21e siècle’’. Ce n’était d’ailleurs pas la première fois que des fascistes italiens venaient rencontrer le NSV. Par le passé, le président du parti néonazi allemand NPD, Udo Voigt, et le négationniste britannique Nick Griffin ont également pu disposer d’une audience mobilisée par le NSV.
Le NSV est l’organisation étudiante officieuse du Vlaams Belang, et s’en distingue par sa radicalité. Quand le porte-parole du VB Filip Dewinter a déclaré à la télévision qu’Aube Dorée n’est qu’une caricature, le président anversois du NSV a riposté avec une carte blanche où il qualifiait notamment le NPD allemand comme des ‘‘frères d’armes’’ du NSV. Laisser de l’espace au NSV ouvre la voie à l’importation des pratiques violentes d’Aube Dorée.
Tout ce qui nous divise nous affaiblit !
Ni la droite populiste ni l’extrême-droite n’ont de réponse face à la crise actuelle. Toute leur rhétorique de division ne sert qu’à rendre plus facile l’imposition de la politique d’austérité. Les véritables responsables – cette élite de nantis qui devient de plus en plus riche en dépit de la crise – n’ont rien à craindre de leur part.
L’extrême-droite peut se construire sur base du mécontentement causé par la casse de nos conquêtes sociales. La lutte contre le fascisme et le racisme doit donc également s’attaquer à la logique d’austérité.
Des emplois, pas de racisme !
Faute d’une alternative crédible, certaines couches de la population peuvent se laisser séduire par les slogans populistes de l’extrême-droite. Avec le slogan ‘‘des emplois, pas de racisme’’, nous voulons souligner la nécessité d’une lutte unitaire pour une alternative qui réponde aux problèmes sociaux.
- Pas de reconnaissance du cercle étudiant fasciste NSV à l’Université d’Anvers !
- Non aux Sanctions Administratives Communales et à la criminalisation de la jeunesse !
- Organisons l’opposition aux politiques antisociales !
- Des emplois, pas de racisme ! Pour des emplois décents, des logements abordables et un enseignement gratuit pour tous !



