Tag: Belgique

  • Attention ! Une attaque contre nos revenus se prépare

    La note de Verhofstadt III a de nouveau confirmé que les partis traditionnels flamands veulent poursuivre leur marche sur le chemin de la régionalisation. De son côté, le « front francophone » est lézardé, plus encore depuis que la rivalité entre le MR et le PS a trouvé un nouveau terrain d’expression au sein du gouvernement intérimaire. Mais, ironiquement, la crise économique qui menace notre avenir – les prévisions de croissance pour 2008 ont aussi été revues à la baisse pour la Belgique, en dessous des 2% attendus – pourrait être une chance pour Verhofstadt et Leterme.

    Anja Deschoemacker

    Le gouvernement intérim de Verhofstadt a disposé dès son entrée en fonction d’une sorte de colle forte : il fallait sauver le pays. Et pourquoi ? Pour pouvoir opérer des coupes budgétaires sur le dos des travailleurs et des allocataires, comme toujours. C’est là que se situe la véritable discussion : comment imposer un plan d’austérité alors que les nerfs du mouvement ouvrier ont déjà été mis à rude épreuve ? Déjà, la diminution du pouvoir d’achat (à cause de l’augmentation rapide des prix ces derniers mois après 20 années de modération salariale et de démantèlement de la sécurité sociale) mène à des revendications salariales et à des actions dans les entreprises.

    Comment faire, dans de telles conditions, pour trouver 3,5 milliards d’euros dans les poches de ces mêmes personnes ? La préparation de cet attentat s’effectue activement, avec le PS et le CD&V dans les rôles principaux, car une attaque frontale n’est pas de tout repos dans un pays qui comprend des syndicats aussi forts. Verhofstadt a lui-même appris cette leçon dans les années ’80 : le prix que les libéraux ont eu à payer pour ses propositions ultra-libérales a été 11 années d’opposition.

    Quelles dépenses restent encore aux mains de l’Etat fédéral ? La Défense, une partie des fonctionnaires (contre lesquels se préparent aussi des attaques), mais aussi et surtout la sécurité sociale. S’oriente-t-on vers une attaque généralisée contre les restes de ce système déjà fortement érodé ou alors vers une régionalisation partielle de la sécurité sociale sans que les Régions reçoivent de nouveaux moyens ? Chaque option est difficile à réaliser : une réaction des syndicats semble inévitable dans le premier cas tandis que les partis francophones ne pourront jamais vendre une telle mesure à leurs électeurs dans le second.

    Revêtir, envelopper, emballer. Ce n’est pas sans raison que l’hypocrisie et la tromperie sont les atouts les plus importants d’un politicien bourgeois. Comme nous avons immédiatement expliqué après les élections qu’il y aurait en fin de compte un accord, nous pensons qu’un nouvel accord sera finalement conclu, quelque chose de proche des propositions avancées par le professeur flamand Bea Cantillon : « Ne pas scissionner, mais responsabiliser ». Selon cette idée, le financement des régions serait conditionné à l’atteinte d’objectifs précis.

    Une telle « solution » permettrait au CD&V d’éviter les critiques du côté flamand en expliquant que les régions seraient alors elles-mêmes responsables de l’utilisation de ces fonds nouveaux et que la Wallonie et Bruxelles seraient donc « responsabilisés » sans que l’argent ne continue à se déverser dans un « puits sans fonds ».

    Du côté francophone, les partis traditionnels pourraient gonfler la poitrine en clamant haut et fort que la scission aurait été évitée. Quant au grand patronat, il recevrait en définitive satisfaction selon ses désirs – quoiqu’avec un certain retard et plutôt dans le style habituel de la « tactique du saucissonnage » : cette régionalisation «responsabilisante» ouvrirait la voie au démantèlement ultérieur des différents pans de la sécurité sociale. Des revenus issus de la TVA ou d’autres sources de financement qui épargneront les patrons pourront couvrir une partie de ce que les diminutions des charges patronales ne permettent plus de payer, le reste étant destiné à l’assainissement.

    Il faut sonner l’alarme pour les travailleurs et les allocataires. Les politiciens bourgeois peuvent rouler des mécaniques autour du thème communautaire, ils sont en réalité en total accord – aussi bien le PS et le CDH que le CD&V – sur le fait que ce sont nos poches qui doivent être « structurellement » vidées. Et s’il faudra changer un petit quelque chose à l’intérêt notionnel en guise de poudre aux yeux, gageons que dans le cas où le gouvernement osera y toucher, on laissera assez de portes ouvertes à l’arrière pour qu’aucun patron ne perde significativement quelque chose! L’hypocrisie et la tromperie, voilà les véritables valeurs de la politique bourgeoise en Belgique, en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles !

  • Liège : Grève de 24 heures dans la sidérurgie

    Début janvier, la FGTB-Métal avait annoncé qu’elle partirait en grève le 21 du même mois si le Haut Fourneau n°6 de Seraing n’était pas relancé, comme l’avait annoncé la direction du groupe pour cette date. Les filiales d’ArcelorMittal et les sous-traitants ont donc été à l’arrêt, avec la participation de 7.000 grévistes.

    Nicolas Croes

    Mais Francis Gomez, le président de la FGTB-Métal à Liège, insiste sur le fait que la FGTB ne se bat « pas pour polluer, mais pour l’avenir de toute une région ». La phase à chaud liégeoise représente tout de même 2.700 emplois directs et 10.000 emplois indirects.

    Et on comprend la nervosité des travailleurs. Ils ont d’abord subi la fermeture du Haut Fourneau, annoncée en 2003 et effective en 2005. Puis, dans une interview accordée au « Soir » du 16 mai 2007, le numéro 2 de la multinationale avait officialisé la décision de rouvrir le haut fourneau de Seraing, et une première date de relance avait été fixée pour le mois de novembre 2007. Date reportée. Tout cela pour arriver enfin au blocage actuel, officiellement en raison du problème des quotas de CO2.

    Mais Liège Info a relayé l’avis d’un chercheur universitaire selon lequel le problème se situerait plutôt au niveau du coût de l’énergie, qui plomberait les résultats d’ArcelorMittal. Pour ce chercheur, donc, les quotas seraient un bon alibi pour retarder la réouverture du HF6. Pourtant, l’unité liégeoise à chaud de Cockerill a augmenté en 2007 son chiffre d’affaires de 1,890 milliard d’euros (contre 1,766 en 2006) et la croissance du revenu brut a été de 110% en une seule année. Et déjà 20 millions d’euros investit dans la relance du haut fourneau depuis cet été. En pure perte ?

    Les responsables ?

    ArcelorMittal, la Région, le fédéral et l’Union Européenne

    De son côté, la FGTB réclame qu’ArcelorMittal investisse dans des outils visant à réduire la production de CO2. Elle explique : « l’absence de quotas est la conséquence de la décision de fermeture prise par Arcelor en 2003. Cette décision était une idiotie, tout le monde l’admet aujourd’hui. (…) Le groupe Mittal a les moyens de faire un effort : le marché de l’acier tourne à plein ; les profits sont énormes ; Liège est bénéficiaire. »

    Et c’est vrai, la famille Mittal, principal actionnaire d’ArcelorMittal, se porte bien. Par exemple, Lakshmi Mittal est, selon le magazine américain Forbes, la cinquième personne la plus riche au monde, avec une fortune estimée à 32 milliards de dollars… et sa famille devrait recevoir sous peu 637,5 millions d’euros de dividendes issues de leurs actions ! Comme pour illustrer dramatiquement de quelle manière cette richesse a été accumulée, l’annonce de ces résultats avait été précédée, une semaine plus tôt, par celle de près de 600 licenciements d’ici avril 2009 en France, dans une aciérie sur un site de Moselle, à Gandrange. Plusieurs centaines de personnes ont ainsi défilé devant le siège de la multinationale basé au Luxembourg trois jours à peine après la grève de 24 heures dans la sidérurgie liégeoise.

    Mais la multinationale a fait son choix et « Mittal met la pression plus fort que prévu et menace de partir ailleurs, dans les pays où on peut polluer comme on veut », comme l’a déclaré Francis Gomez. En fait, il était à l’origine prévu que les quotas de CO2 allaient être rapidement donnés au HF6, la Région Wallonne a affirmé que c’était possible, pour ensuite négocier des quotas supplémentaires à utiliser à partir de 2010.

    Toujours selon Francis Gomez, « Jean-Claude Marcourt (ministre PS de l’économie, de l’emploi et du commerce extérieur de la Région Wallonne, NDLR) avait fait des promesses mais on ne voir rien venir. » La FGTB en appelle aussi au fédéral (qui a déjà financé l’achat de dix millions de tonnes de quotas de CO2 pour la Flandre) et enfin à l’Union Européenne, « dont la législation va à l’encontre de l’activité industrielle tout en permettant le transfert des pollutions vers l’Afrique et l’Asie ».

    Egidio Di Panfilo (FGTB-SECa) a fait une proposition pour faire pression sur l’Europe : « La région pourrait refuser de ratifier le traité de Lisbonne si l’Europe refuse de revoir sa position sur les quotas. Ce serait un moyen de mettre la pression ». Mais au vu de l’empressement témoigné par « nos » parlementaires régionaux pour ratifier la défunte proposition de Constitution Européenne sans débat – par crainte de voir se développer des mobilisations similaires à celles de la France et de la Hollande – au vu aussi de la manière dont l’Union Européenne a réagi à l’échec de cette proposition – en mettant en place le traité de Lisbonne tout aussi asocial – nous doutons de l’efficacité de cette proposition. Mais proposer à nos politiciens d’agir de cette manière serait toutefois une bonne occasion de les démasquer une fois de plus…

    Toujours sur cette même question des quotas, la FGTB ironise : « Mittal veut-t-il ainsi faire de notre région un laboratoire et prouver l’absurdité du mécanisme actuel de quotas de C02 ? ». Il est vrai que la politique des quotas ne règle rien : quand un capitaliste fait face à un barrage contre ses bénéfices, il va voir ailleurs. « C’est un risque pour Liège, puis pour les autres sidérurgies d’Europe qui vont être bientôt confrontées au même problème » affirme la FGTB.

    Et quand un capitaliste va voir ailleurs, il en profite ! Les pays où les normes environnementales sont (quasi) inexistantes sont généralement aussi laxistes en termes de législation du travail. Ainsi, 30 mineurs sont encore décédés en janvier de cette année dans une filiale d’ArcelorMittal au Kazakhstan. Les travailleurs y sont payés au rendement et sont donc encouragés à prendre tous les risques pour gagner un peu plus de quoi joindre les deux bouts. Depuis 2004, près de 100 mineurs travaillant pour le leader mondial de l’acier ont ainsi perdu la vie dans des accidents miniers au Kazakhstan. Un responsable régional d’Arcelor Mittal, qui ne manque pas de culot, a déclaré que ces morts étaient dus à « une catastrophe naturelle ». Une catastrophe naturelle, oui, mais uniquement sous le capitalisme…

    Et la grève ?

    Francis Gomez tire un bilan positif de la participation de 7000 travailleurs à cette grève : « c’est une vraie réussite, nous avons atteint notre but ». De plus, durant la journée, une centaine d’ouvriers sont partis rejoindre d’autres militants de la FGTB devant le siège d’Electrabel, rebaptisée pour l’occasion « Electracash », pour y revendiquer la diminution des tarifs du gaz et de l’électricité ainsi que l’instauration d’un chèque énergie pour les plus pauvres. Mais il y a au moins une autre raison, moins réjouissante, de se souvenir de cette journée…

    Comme le dénonce un tract du SETCa diffusé aux piquets, cette grève restera dans les annales de l’histoire sociale de Cockerill comme la première où un représentant syndical a demandé à la direction d’envoyer des huissiers à chaque piquet ! En effet, la CSC avait jugé la grève « trop prématurée » et l’un de ses responsables, Gino Butera, a même été jusqu’à menacer la direction de dénoncer l’ensemble des accords syndicaux si ces huissiers n’étaient pas envoyés.

    Un autre responsable de la CSC, Jordan Atanasov, a déclaré, après avoir estimé que la grève de la FGTB mettait pression inutilement sur le dossier des quotas, que « si rien ne bouge dans les prochaines semaines, nous prendrons également position ». La FGTB a elle aussi parlé d’actions futures, et un calendrier d’actions devrait bientôt être rendu public, en direction de Mittal, de l’Etat belge, de la Région wallonne et de l’Europe. Mais avec ses méthodes, la direction régionale de la CSC a sérieusement mis des bâtons dans les roues de toute future action en front commun syndical. Ce sera à la base de la CSC de démontrer qu’ils ne soutiennent en rien les méthodes antisyndicales de certains.

    Pour la suite

    Pour les responsables de la CSC, l’attitude du syndicat socialiste est « incohérente et unilatérale » car « la grève pourrait compromettre tout le processus de relance du HF6 et le maintien d’une sidérurgie intégrée au-delà de 2012 ». Face à l’ampleur de l’adversaire, le n°1 mondial de l’acier, il est vrai que l’on peut être intimidé. La production de la sidérurgie liégeoise ne représente-t-elle pas que 0,002% au niveau mondial et un peu plus de 2% au niveau d’ArcelorMittal (2,6 millions de tonnes pour 2008, selon les prévisions initiales, contre 118 millions pour le groupe) ? Mais il ne faut pas confondre la quantité et la qualité du travail qu’effectue la sidérurgie liégeoise. De plus, le centre de recherche d’ArcelorMittal à Liège engage un treizième des chercheurs du groupe, ce qui renforce déjà plus la position de Liège.

    Mais c’est un fait que face à ce géant, en plus de mots d’ordres syndicaux combatifs à Liège et en Belgique pour préserver ET l’emploi ET l’environnement, la solidarité internationale s’impose. Il ne s’agit pas d’un combat de « David contre Goliath », mais d’une multitude de David dont la soumission seule fait la puissance d’un Goliath. Les travailleurs Belges, Kazakhs ou Français d’ArcelorMittal font face au même ennemi et à la même logique de profit au détriment de leurs emplois et/ou de leur sécurité.

    Des motions de solidarités peuvent être une occasion de renforcer, même de peu, la combativité des travailleurs d’autres pays et d’ici, mais peuvent surtout être une excellente opportunité pour faciliter et amplifier le développement dans les entreprises des discussions sur la stratégie syndicale à adopter, sur la base d’exploitation sur laquelle sont fondés les profits d’ArcelorMittal (et des autres entreprises d’ailleurs), sur le double jeu des partis traditionnels, etc. Ce climat de discussion renforcerait de beaucoup les mobilisations, y compris de la part de la base de la CSC contre les mots d’ordre de sa direction.

    Comme l’affirme le tract de la FGTB-Métal, « Mittal est un patron comme les autres. Avec lequel on discute d’abord, mais qu’on combat s’il le faut. Et la lutte paye. » Pourquoi ne pas imaginer un lutte en commun avec les travailleurs français, par exemple avec une manifestation commune au Luxembourg, qui pourrait aussi être l’occasion du dépôt d’une motion de solidarité envers les travailleurs exploités partout dans le monde par ArcelorMittal, en prenant appui sur la situation au Kazakhstan ?

    Beaucoup de choses peuvent être faites, mais beaucoup de doivent être faites, comme de mener la discussion sur l’absence actuelle de représentativité pour les travailleurs. Les liens entretenus par la direction de la FGTB avec le PS, et le SP.a en Flandre, freinent tout développement de la combativité des travailleurs et renforcent le syndicalisme de service – dans une situation où la pénurie de moyens se généralise en conséquence des nombreux cadeaux fiscaux et autres accordés au patronat – au détriment du syndicalisme de combat.


    Liens

  • Des (contre)-feux du patronat

    Le système capitaliste est en crise et ce n’est pas les injonctions massives de fluidités dans le circuit économique par les principales banques centrales qui vont nous prouver le contraire.

    Article par Alain

    En Belgique, le gouverneur de la banque centrale s’est exprimé. Il conseille la modération salariale, il dit au travailleurs que face à l’inflation, l’index suffira et qu’il faut être raisonnable pour ne pas aggraver la crise.

    Les quotidiens financiers du pays (le Tijd et l’Echo) nous disent que les travailleurs et les allocataires sociaux ont une perception tronquée de la crise et que leurs inquiétudes sont irrationnelles. Quelle aberration, sous prétexte d’arguments faussement scientifiques (l’économie est une science, donc sans parti pris) on tente de faire avaler des couleuvres à l’ensemble des salariés et allocataires sociaux : l’inflation, ce n’est pas grave ; l’augmentation du coût de l’énergie suite aux privatisations, un détail et le meilleur, la diminution du pouvoir d’achat malgré l’augmentation des prix des produits de première nécessité n’existe pas ! Tel est leur credo.

    Mais ce n’est qu’un début. L’ensemble des travailleurs doit voir dans ces prémisses la réponse que préparent les capitalistes et leurs thuriféraires à la crise qui s’annonce : la faire payer par les travailleurs. Les Quaden et consorts ne doivent certainement pas avoir les mêmes revenus que nous pour tenir des discours pareils. Il est vrai que quand son salaire est calculé en « kilo euro », on ne doit pas voir l’inflation du même œil. Ces gens ainsi que l’ensemble de la classe politique traditionnelle sont totalement déconnectés de la vie réelle, perdu qu’ils sont dans les méandres de la realpolitik. Il faut que nos mobilisations leur montrent notre dure réalité.

  • Recomposition du FN en Wallonie et à Bruxelles : Quel danger ?

    Daniel Féret, l’ex-président du Front National (FN), a utilisé l’argent du parti néofasciste à des fins personnelles durant son long mandat. Il a notamment puisé dans la caisse pour se construire une villa à la Côte d’Azur. En fait, depuis sa création en 1985, le parti fonctionne comme une bande de gangsters. Le FN, en campagne permanente contre la corruption du PS, montre ainsi toute son hypocrisie. Suite à son inculpation, Féret et son clan ont été écarté du parti. Non pas pour changer les pratiques internes, mais pour permettre à des envieux d’en prendre le contrôle.

    Michel Delacroix, sénateur autour de qui se réorganise le FN, s’apprête à accueillir dans ses rangs une ancienne dissidence, le Front Nouveau de Belgique (FNB). En effet, suite à un sondage réalisé au sein du FNB, 51,7% des membres auraient été favorables à une fusion avec le FN (contre 20,9% pour une fusion avec Nation). Nation, un petit groupe néo-nazi violent, était présent sur les listes du FNB aux dernières élections. Malgré l’absence de base électorale, Nation est probablement, dans le milieu néo-fasciste francophone, l’organisation la plus active. Avec cette réunion des « fronts », le nouveau FN soutenu, par Jean-Marie Le Pen, pourrait se renforcer. Mais cette fusion pourrait peut-être aussi mener, à terme, à de nouvelles divisions internes voire scissions.

    Lors des dernières élections, le FN avait stagné et obtenu un peu moins de 6% des votes. Ceux-ci sont basés sur le mécontentement passif envers les partis traditionnels. Nous rejetons le préjugé affirmant que les néerlandophones seraient naturellement plus racistes, étant donné les résultats élevés du Vlaams Belang en Flandre et à Bruxelles. Le manque d’emplois décents, de logements à un prix abordables, de moyens pour les écoles, d’infrastructures pour les jeunes,… qui sont les conséquences de la politique néo-libérale, constituent la base pour le succès des idées racistes. L’extrême droite peut ainsi profiter du mécontentement passif des jeunes et des travailleurs alors qu’en réalité, son but est d’approfondir cette politique anti-sociale. Jusqu’à présent, c’est plutôt l’extrême droite francophone qui n’a pas su saisir le potentiel présent pour des succès similaires à ceux du Vlaams Belang. Participe aux actions de Résistance Internationale contre la tentative des néofascistes francophones de s’organiser !

  • A quand une voix pour les travailleurs au Parlement ?

    Il y a deux ans, les grévistes et leurs sympathisants se sont retrouvés bien seuls face au Pacte des Générations. Aucun grand parti n’a jeté ses forces dans la bataille pour défendre les revendications syndicales. Seuls 4 députés Ecolo ont voté contre ce pacte, tous les autres élus l’ont approuvé ou se sont abstenus parce qu’ils trouvaient qu’il n’allait pas assez loin. Et les 100.000 manifestants de la 2e journée de grève générale le 28 octobre 2005 se sont retrouvés sans véritable alternative aux élections l’année suivante.

    Bart Vandersteene

    Aujourd’hui encore, une seule voix se fait entendre sur la question nationale. Les politiciens du nord et du sud clament qu’il y a une fracture dans le pays sur base communautaire. Il y a bien une fracture, mais pas là où la placent les politiciens établis… Selon un sondage du quotidien flamand De Standaard, 44% des Flamands interrogés à propos de la structure de l’Etat belge veulent la conserver telle qu’elle est ou même aller vers une Belgique fédérale plus forte. Après (au bas mot) une année de propagande communautaire intense, beaucoup s’attendaient à un chiffre bien inférieur. De plus, les sondés restants, quand ils se disent favorables à plus de régionalisation, sont loin de s’affirmer séparatistes pour autant.

    Le Soir Magazine a lui aussi publié un sondage fort intéressant réalisé durant les deux jours qui ont suivi le vote sur la scission de BHV. Cette enquête dévoile un ras-le-bol généralisé. A la question « Estimez-vous que le monde politique belge est encore en phase avec la population ? », 67% des Flamands, 72% des Bruxellois et 78% des Wallons (soit 71% au total) ont répondu « non ». Seuls 10% des Belges estiment encore que les politiciens sont proches de leurs préoccupations !

    Interrogés sur la scission de BHV, 60% des Flamands, 66% des Bruxellois et 71% des Wallons sondés estiment que cela ne méritait pas une crise institutionnelle majeure. Et, contrairement à certaines idées largement diffusées ces derniers temps, on remarque qu’il n’y a que peu de différence entre les réponses des différentes régions. La bataille communautaire dispose de bien plus d’officiers que de troupes…

    A force d’utiliser le communautaire pour masquer les problèmes socio-économiques – le manque de logements sociaux, la hausse générale des prix, les emplois sans cesse plus précaires et plus mal payés, les conditions de travail et de vie qui se dégradent,… – les politiciens ont favorisé la création d’un monstre qu’ils contrôlent de moins en moins. Alors, que faire ? Dans le même numéro du Soir Magazine, François De Brigode – le journaliste de la RTBF bien connu pour sa participation à la célèbre fiction « Bye Bye Belgium » – déclare que « même si les Belges émettent un désaveu face aux politiciens, il faut écouter ceux-ci ». Comme s’il suffisait de mieux écouter de mauvais acteurs réciter de mauvais dialogues pour transformer un mauvais film en chef d’oeuvre…

    Seuls les travailleurs peuvent arrêter ce cinéma et changer le scénario de fond en comble. Pour cela, il faut qu’ils se mobilisent et résistent aux attaques. Mais il faut surtout qu’ils puissent exprimer clairement leurs aspirations au changement. Et, pour cela, il faut que puisse se faire entendre une nouvelle voix politique.

    Que nous soyons jeunes ou âgés, avec ou sans emploi, wallons, bruxellois, flamands ou immigrés, nous devons forger ensemble un nouveau parti politique qui soit vraiment le nôtre. Car la seule communauté contre laquelle nous devons nous battre, c’est celle des patrons et des actionnaires, c’est celle des riches.

  • RETABLIR NOTRE POUVOIR D’ACHAT

    Les prix s’envolent : Il faut…

    Dans les bureaux, les usines ou les cafés, tout le monde ne parle que de la hausse continuelle des prix et de la baisse de notre pouvoir d’achat. Ouvriers, employés, pensionnés, chômeurs,… nous nous inquiétons tous pour notre budget et nos fins de mois.

    Par Jo Coulier, délégué principal de la FGTB à la VUB (à titre personnel)

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    • Rétablissement de l’index total !
    • Gel des prix de l’énergie !
    • Augmentation réelle des salaires !

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    Le taux officiel de pauvreté est passé de 6 à 15% au cours des 25 dernières années, et cela alors que les partis prétendument « socialistes » ont participé à tous les gouvernements depuis 1987. Les politiciens et les patrons, avec leurs salaires énormes et leur vie luxueuse, sont très éloignés, par exemple, de la réalité d’un jeune qui quitte l’école et ses parents et qui doit vivre seul avec une allocation de chômage qui ne dépasse pas 657 euros.

    Pour les pensionnés, ce n’est pas simple non plus : 39% d’entre eux doivent vivre avec un revenu mensuel inférieur à 750 euros ! Si, en 1981, la part du revenu national composée des salaires et des allocations était encore de 59,2%, elle représente depuis 2006 moins de 50%.

    Mais tout le monde n’est pas atteint par la baisse des salaires et l’augmentation des prix. En 2006, la richesse totale a augmenté de 7,5% à travers le monde. Mais 1% des familles possède un tiers de toute la richesse mondiale ! Le nombre de millionnaires en dollars a atteint cette année 9,5 millions. Ceux-là au moins n’auront pas à s’inquiéter pour leur facture de chauffage ! Mais cela ne les empêche pas de vouloir tout de même plus, toujours plus.

    Pour les patrons, nos salaires sont trop élevés. Les négociateurs de l’Orange Bleue voulaient d’ailleurs encore offrir 3 milliards d’euros aux patrons, une somme qui serait suffisante pour donner à toutes les familles belges plus de 1.000 litres de mazout gratuit. Mais cela, ce n’est pas une priorité pour les partis de droite : même l’imposition d’un prix maximum pour le mazout est encore de trop pour eux. Leur seul objectif, c’est renforcer la « position concurrentielle » de « nos » entreprises en poussant encore une fois les profits vers le haut. Si les profits ne sont pas encore assez hauts pour l’instant, comment peut-on assister à une telle augmentation du nombre de millionnaires ? Le lien est direct entre la baisse de nos salaires et de notre pouvoir d’achat et les profits et la richesse croissante des patrons.

    Pour en finir avec cela, il faut lutter. La CSC a souligné à juste titre que les salaires dans les entreprises où existe une représentation syndicale sont en moyenne 3% plus élevés que dans les autres entreprises. Les pays où les syndicats sont forts connaissent de meilleurs salaires et conditions de travail. De même, l’existence de systèmes collectifs de sécurité sociale protège beaucoup de travailleurs qui autrement sombreraient dans la pauvreté. Grâce au mécanisme d’indexation qui existe en Belgique, les travailleurs qui n’ont plus d’emploi et ceux qui travaillent dans les petites entreprises sans représentation syndicale sont – relativement – protégés contre la perte du pouvoir d’achat.

    Mais les patrons ne veulent plus de cela et revendiquent à cor et à cri l’abolition de l’index. Les dirigeants syndicaux ont pourtant déjà fait de leur mieux pour les aider. Depuis l’introduction de l’index-santé en 1994, nous avons perdu 2% de notre pouvoir d’achat uniquement parce que la progression de l’index est plus basse que la véritable évolution des prix. Et, en 2006, l’index a de nouveau été adapté. Y sont entrés toutes sortes de produits dont le prix baisse régulièrement, comme les ordinateurs. Mais les gens qui vivent avec un budget modeste se moquent de la diminution des tarifs hôteliers (-1% entre 2004-2007), des tickets d’avion (-25%) ou des appareils-photo ou caméras (-36%). Ils regardent surtout les coûts du mazout (+65%), les honoraires des médecins (+20%) ou encore le prix du pain (+14%). Voilà ce qui pèse dans un budget !

    La manifestation du 15 décembre est une bonne initiative. Elle doit être combinée à une campagne d’information et de mobilisation autour de revendications concrètes. Elle donnera aussi l’occasion de mettre en avant la nécessité d’une alternative politique Car tous les partis traditionnels sont d’accord avec la logique néolibérale ! Pour se faire entendre et se défendre, les travailleurs et leurs familles n’ont plus aucun grand instrument politique. Un nouveau parti des travailleurs est donc nécessaire ! Le MAS/LSP veut aider à la construction d’un tel parti et participe activement au Comité pour une Autre Politique (CAP), une initiative née des luttes contre le Pacte des Générations.

  • La politique néolibérale rogne notre niveau de vie !

    Sécurité sociale et pouvoir d’achat sous pression

    Les négociateurs de l’Orange Bleue sont très vite arrivés à un accord sur des mesures socio-économiques qui sont autant d’attaques contre notre niveau de vie et contre la sécurité sociale. Pour payer les nouveaux cadeaux promis au patronat (les libéraux veulent au moins 3 milliards d’euros de réduction de charges), ce sont notamment les allocations et les salaires qui devraient casquer. La sécurité sociale conquise par le mouvement ouvrier est en danger.

    Geert Cool

    Sécurité sociale: produit de la lutte des travailleurs

    Tous les aspects de la sécurité sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui sont le résultat des luttes des travailleurs. La grande grève de 1886 a conduit à la suppression de la loi « Le Chapelier » qui interdisait les grèves et les organisations de travailleurs (les idéologues antigrèves d’aujourd’hui trouvent visiblement que c’était une erreur !).

    Organisés, les travailleurs ont pu conquérir de nouveaux acquis sociaux, d’abord sur leurs propres épaules (en constituant, par exemple, des caisses de chômages indépendantes), avant d’obtenir l’organisation de ces avancées par l’Etat. Les travailleurs eux-mêmes ont répondu à l’insécurité individuelle par la solidarité collective.

    L’impact international de la Révolution russe de 1917 a permis d’obtenir des avancées sociales chez nous aussi. Le patronat belge craignait la contagion de l’exemple russe et il a donc concédé le suffrage universel masculin (en 1919) mais aussi la journée des 8 heures (en 1921), l’octroi des pensions (en 1924-25) ou encore les allocations familiales (en 1927). Ensuite, la grève générale de 1936 a arraché les congés payés.

    La sécurité sociale telle que nous en bénéficions actuellement provient de la « loi sur la sécurité sociale » du 28 décembre 1944. Juste après la Deuxième Guerre Mondiale, la situation sociale préoccupait la bourgeoisie. L’expérience leur avait appris que la guerre pouvait entraîner des révolutions et qu’accorder des concessions importantes aux travailleurs était le prix à payer pour garantir l’avenir du système capitaliste. L’instauration de la sécurité sociale – une assurance obligatoire et généralisée permettant de faire face à la maladie au veillissement, à la charge des enfants et au chômage – est arrivée dans ce cadre.

    Pourquoi épargner sur la sécurité sociale ?

    La logique néolibérale adoptée par tous les partis traditionnels affirme que les cadeaux reçus par le patronat favorisent les investissements et augmentent de ce fait l’emploi, ce qui a un double effet bénéfique pour la sécurité sociale en augmentant les rentrées (en nouvelles cotisations) et en diminuant les dépenses (en allocations de chômage). Pour permettre la réalisation d’une succession de mesures de ce type, le prochain gouvernement devrait trouver environ 10 milliards d‘euros – le double des assainissements du Plan Global de 1993 ! Et où veulent-ils trouver cet argent ? Notamment dans la sécurité sociale elle-même, en épargnant sur les allocations ! Pourtant, les réductions successives de charges patronales n’ont en rien permis une diminution du chômage.

    La sécurité sociale n’a pas seulement eu à souffrir des diminutions de charges sociales. Les chèques services sont aussi passés par là. L’année passée, cette mesure qui permet à l’employeur de payer une partie seulement du salaire – le reste étant pris en charge par l’Etat, c’est-à-dire par nous – a coûté 200 millions d’euros à la caisse de sécurité sociale. Ce chiffre pourrait même atteindre 1 milliard d’euros en 2008! Mais les chèques services signifient emplois précaires à bas salaire.

    Le résultat de cette politique est l’accroissement d’un gouffre vertigineux entre riches et pauvres. Le taux de pauvreté est maintenant de 15% en Belgique, contre 6 % dans les années ‘90. La pauvreté grandissante met sous pression la sécurité sociale. Face à cela, les partis traditionnels réagissent contre les victimes alors que c’est leur politique qui crée cette misère. Au lieu d’agir contre le chomâge, on agit contre les chômeurs. Les pensionnés sont aussi pointés du doigt parce qu’ils partiraient « trop tôt » en retraite, mais on oublie de préciser que les retraites belges sont parmi les plus basses d’Europe alors que ces mêmes pensionnés ont contribué durant des années à la sécurité sociale. Ces contributions n’avaient peut-être comme seul objectif de pouvoir baisser encore les charges patronales ?

    La dernière note de Leterme :

    • La seconde note de formation de Leterme appelait les partenaires sociaux à « poursuivre un développement justifié des salaires » pour effacer « le handicap des coûts salariaux de 1,5% face aux partenaires commerciaux les plus importants». Donc : les salaires ne pourraient pas augmenter et la baisse du pouvoir d’achat actuelle devrait se poursuivre.
    • Les patrons devaient aussi recevoir 3 milliards d’euros de réduction de charges, autant en moins pour la sécurité sociale. Les contributions « patronales » à la sécurité sociale n’ont cessé de baisser ces dernières années : pour la seule année 2006, il s’agissait de 5,415 milliards d’euros.
    • Libéraux comme chrétiens-démocrates veulent voir les institutions privées jouer un plus grand rôle dans les soins de santé tandis que les dépenses publiques ne devraient connaître qu’une légère hausse. Cet accent sur les institutions privées ne conduit qu’à agrandir encore le fossé entre riches et pauvres.
    • La note proposait que les pensions ne dépendent plus de l’âge mais de la « durée de carrière ». En d’autres termes : un Pacte des Générations bis avec le risque pour certains de ne pouvoir accéder à la retraite à l’âge de 70 ans.
    • Toujours sur ce thème, Leterme voulait favoriser les assurances privées sous forme de pensions additionnelles. Le résultat d’une telle évolution est une différence grandissante entre les pensions les plus basses et les plus hautes : actuellement, les 20% des pensions les plus hautes sont environ 16 fois supérieures aux les 20% des plus basses!
    • Allocations de chômage : les négociateurs voulaient les réduire, soit en les limitant dans le temps (tout en renforçant la « chasse aux chômeurs »), soit en augmentant les allocations lors des premiers mois de chômage pour les diminuer fortement après un an.

    25 ans de politique néolibérale et d’attaques contre notre niveau de vie

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    Le prix de la politique néolibérale :

    • 4% des travailleurs sont officiellement pauvres (c’est-à-dire qu’ils touchent moins de 772 euros par mois).
    • En 2007, 55.000 familles ont dû recourir au CPAS faute de pouvoir payer leur facture de gaz et d’électricité, contre 37.500 familles « seulement » en 2006.
    • 9% de la population reporte à plus tard des soins médicaux parce qu’ils ne peuvent pas les payer.
    • Les 10% des familles les plus pauvres consacrent en moyenne 25 euros par an à l’enseignement, contre 30 fois plus (776 euros) pour les 10% de familles les plus riches.
    • Un chômeur chef de famille touchait au minimum 49 % du salaire moyen en 1985, pour 43% en 2000.
    • En 1990 le revenu minimal d’insertion était encore mensuellement équivalent à 739 euros, il n’est plus que de 711 euros en 2006.

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    Ces 25 dernières années ont vu déferler plusieurs offensives contre la sécurité sociale, et plus généralement contre notre niveau de vie. La part des revenus du travail dans l’ensemble des revenus au sein de l’Union Européenne est descendu en 2006 jusqu’à 57,8%, le niveau le plus bas depuis 25 ans. En Belgique, ce taux est même passé l’an dernier pour la première fois sous la barre des 50% ! Cela signifie que les salaires cèdent de plus en plus la place aux profits, ce qui en pratique revient à une augmentation de l’inégalité et à une concentration des richesses dans les poches d’une minorité toujours plus petite.

    Les salaires réels ont eux aussi baissé : depuis 1981, ils diminuent en moyenne de 0,4% chaque année ! Ils ne peuvent donc pas suivre le rythme de l’augmentation du coût de la vie et de la productivité. Aux travailleurs de payer pour les immenses profits des entreprises. On nous raconte que nous devons être concurrentiels face aux travailleurs des pays de l’Est ou de la Chine, alors que les managers reçoivent des salaires records (pour être concurrentiels avec les salaires des managers américains). Un manager américain reçoit environ en une journée ce que ses travailleurs gagnent en une année. Va-t’on en arriver là chez nous aussi ?

  • Contre la surenchère communautaire… Mais pas avec le Roi et les patrons !

    Ce dimanche 18 novembre, plus de 35.000 personnes sont descendues dans les rues de Bruxelles pour manifester contre la surenchère communautaire. Cette manifestation est née à l’initiative d’une fonctionnaire liégeoise, Marie-Claire Houard, qui a récolté 140.000 signatures en trois mois sur une pétition exprimant ses inquiétudes sur la situation politique et appelant à défendre l’unité de la Belgique.

    Par Karel Mortier

    La présence massive à cette manifestation a montré que beaucoup de personnes en ont marre des jeux des politiciens et sont prêtes à manifester pour le montrer. Mais comme les syndicats ne se sont presque pas fait entendre au cours des premiers mois de la crise politique, cette manifestation a été dominée par les drapeaux noir-jaune-rouge et les déclarations belgicaines, c’est-à-dire par une position nationaliste qui défend l’unité de la Belgique sans remettre en cause la domination du patronat et de la monarchie. Comme si, par le simple fait d’être Belge, un chômeur qui vient de subir la suppression de ses allocations avait les mêmes intérêts qu’un capitaliste richissime comme Albert Frère ou que les locataires du Palais de Laeken…

    Si nous défendons l’unité des travailleurs et de leurs familles en Belgique – comme ailleurs – cela ne signifie pas pour autant que nous soutenons l’Etat belge. Celui-ci a été construit sur base de l’exploitation des travailleurs et aussi dans le passé sur l’oppression des droits linguistiques d’une partie importante de la population.

    Cette crise politique a également remis à nu le rôle de la monarchie, celui d’instrument de défense des intérêts de la classe dominante. Le « joker royal » avait déjà été utilisé par la bourgeoisie lors du mouvement « blanc » en 1996 : le Roi avait alors reçu chez lui les parents des enfants disparus afin de les « réconforter », mais surtout pour les ramener au calme et démobiliser les centaines de milliers de gens qui se posaient des questions sur le rôle de la justice, de la police et de l’Etat. Aujourd’hui, le Roi Albert appelle les politiciens à trouver une solution à la crise politique pour qu’on puisse passer aux choses sérieuses, comme l’introduction d’une nouvelle giclée de mesures d’austérité pour la population.

    L’exaltation belgicaine ne conduit pas au renforcement de la solidarité mais à faciliter l’imposition d’une politique néolibérale exigée par le patronat. La manifestation du 18 novembre était l’expression d’un vide politique et du désarroi qui peut en découler mais les drapeaux tricolores n’offrent pas de solution.

    Une solidarité qui surmonte la frontière linguistique contre la politique néolibérale est indispensable. D’ailleurs, cette politique et tous les problèmes qu’elle crée sont nés dans le cadre belge existant. Que le démantèlement de la sécurité sociale et des conventions de travail se déroule au sein de la Belgique unie ou au sein de la Flandre ou de la Wallonie séparées importe peu pour ceux qui en feraient les frais.

    Mais il est clair aujourd’hui qu’une scission de la sécurité sociale renforcerait les attaques, ouvrirait la voie de la privatisation et rendrait plus difficiles les luttes contre ces mesures. C’est pourquoi il faut une lutte commune et solidaire pour utiliser les moyens financiers et matériels existants au bénéfice de la majorité de la population.

  • Parti Socialiste. Quand la Brabançonne remplace l’Internationale…

    Où est le PS depuis six mois ? On serait tenté de dire : aux abonnés absents ! Mais cette discrétion illustre bien son projet politique. Depuis les élections, le PS a assisté – sans doute avec un plaisir gourmand mais en tout cas de manière fort discrète – aux problèmes que rencontrait la coalition Orange bleue. Mais cette discrétion a été sélective. On l’a très peu entendu quand l’Orange bleue a commencé à empiler les propositions les plus antisociales.

    Jean Peltier

    Par contre, Di Rupo est monté aux barricades quand les partis flamands ont voté la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde en Commission de l’Intérieur de la Chambre : agression inqualifiable, insulte aux francophones, atteinte aux droits de l’homme, on en passe et des meilleures. Il a ensuite continué à se profiler avant tout sur le terrain communautaire, en enfourchant le cheval belgicain et en participant à la manifestation pour la défense de l’unité de la Belgique.

    En se profilant comme le super-défenseur des francophones, Di Rupo essaie de redonner au PS son image de « premier parti de la Communauté et père de la nation francophone »… et de mettre en difficulté un Reynders prêt à toutes les concessions à la droite flamande pour pouvoir mettre en place un gouvernement sans le PS. En jouant la défense de la Belgique, il mise sur la peur qui grandit dans la population wallonne et bruxelloise. Et en s’opposant à toute nouvelle avancée de régionalisation, il tente de gagner du temps en espérant que son Plan Marshall permettra dans quelques années de relancer l’économie wallonne.

    Par contre, sa discrétion face aux attaques préparées par l’Orange bleue contre les travailleurs s’explique parce qu’il sait que si celle-ci s’écrase au décollage, le PS pourrait être appelé à participer aux nouvelles négociations gouvernementales dans un contexte où une récession économique approche et où plus de six mois auront été perdus en vaines palabres. Dans ce cas, le PS devrait sans l’ombre d’un doute s’associer à une nouvelle volée de mesures d’austérité. Ce n’est donc pas le moment pour les dirigeants du parti de jouer le mariolle dans les rues aux côtés de la FGTB et de faire de grandes promesses aux travailleurs.

    Il suffit de se rappeler comment Rudy Demotte, quand il est devenu Ministre-Président de la Région wallonne cet été, promettait de refaire de la Wallonie une « terre laborieuse » en « libérant le marché », en « offrant les meilleures conditions aux investisseurs » et en limitant le droit de grève.

    Alors que le SP.a ne jure plus que par le lion flamand, le PS veut nous faire marcher au pas vers un avenir néo-libéral, au son de la Brabançonne et main dans la main avec nos patrons, le tout au nom de la Belgique éternelle et de la Wallonie renaissante. Plus que jamais, nous avons besoin d’un nouveau parti qui appelle tous les travailleurs, wallons comme flamands, belges comme immigrés, à manifester et à lutter sous leur propre drapeau – le rouge – et surtout sur leurs propres revendications.

  • « Il ne s’agit pas seulement de gros sous, mais aussi de personnes »

    Licenciements à Janssen Pharmaceutica :

    Du 19 au 26 novembre, les travailleurs de Janssen Pharmaceutica ont fait grève contre la décision de la direction de supprimer 600 emplois. Le premier plan social a été rejeté par 92 % des travailleurs, le second à 54%, ce qui n’était pas assez (puisqu’il faut 66% pour poursuivre une grève). La grève a donc été levée mais la tension reste vive. Au piquet de grève, nous avons discuté avec Luc Van der Schoot, délégué CSC.

    Interview par Emiel Nachtegael

    Quel est le principal motif de cette grève ?

    Luc : « Les travailleurs ont trouvé le plan social et la convention collective (CCT) largement insuffisants. Le nombre de licenciements et le fait que la CCT prévoit un blocage salarial de trois ans sont inacceptables. Nous ne voulons pas nous laisser tromper par les employeurs. La volonté d’action est grande. 92 % des travailleurs ont refusé ce plan.

    «La participation au vote – 88 % – a été très importante. C’était un vote particulièrement représentatif de tous les ouvriers et employés. Les chercheurs ont également voté. Ceux qui étaient sûrs de ne pas perdre leur travail aussi. Il ne s’agit pas seulement de gros sous mais aussi de la considération et du respect dus aux travailleurs. C’est pourquoi le plan social, qui était pourtant meilleur que celui d’il y a cinq ans, a rencontré une opposition aussi large.

    Les piquets de grèves tournent bien, mais un piquet de grève est-il nécessaire lorsque 92 % des travailleurs se sont exprimés contre le plan social ?

    « Avec 92 % de travailleurs contre le plan social, personne n’est venu pour travailler. Au contraire, chaque jour des gens viennent spontanément au piquet pour apporter leur soutien et montrer que nous ne sommes pas seuls.

    « Le piquet de grève est pourtant nécessaire pour éviter que la direction ne livre des médicaments. Naturellement, nous laissons passer les médicaments destinés aux affections graves. Mais la direction a essayé d’en abuser. Elle a tenté d’entasser d’autres médicaments entre ceux qui pouvaient être livrés.

    « Au piquet, il y a beaucoup de monde. Les gens veulent de la considération et de la reconnaissance pour leur job. Ce n’est pas évident et il est même difficile de toucher les médias avec cette grève. La grève chez Janssen est éliminée de la une des médias. Mais le piquet est prêt à répondre à toutes les questions.

    Nous avons pu lire dans les médias les chiffres des bénéfices de la maison mère J&J (2,55 milliards de dollars au troisième trimestre, 3,08 milliards de dollars au deuxième trimestre) et de Janssen même (200 millions d’euros de bénéfice l’année dernière). Janssen n’est pas vraiment une entreprise en difficulté ?

    « Les chiffres des bénéfices sont de l’huile sur le feu. J&J veut s’étendre vers les pays asiatiques et africains, mais il n’aurait pas assez d’argent pour l’emploi en Belgique ? Nous ne le croyons pas.

    « De plus, il y a beaucoup d’insuffisances dans la communication de la part de la direction. Tout le monde a reçu une lettre avec un prétendu résumé de ce que contenait le plan social. En fait, la direction avait inséré entre les lignes de quoi faire pression pour que les travailleurs acceptent le plan, en disant que, s’il fallait recommencer les négociations, l’accord serait moins bon encore. »


    Après une semaine de grève, il est acquis qu’il y aura 25 licenciements en moins et que la prime de départ sera portée de 11.000 à 15.000 euros. Le blocage salarial reste mais deux primes de 750 euros ont été promises en plus du salaire. Le mécontentement reste toutefois profond.

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