Tag: Belgique

  • Quel plan d’action nous faut-il ?

    Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire !

    Les négociations salariales ne devaient commencer qu’en automne mais, dans au moins 80 entreprises, des votes ont eu lieu et il y a eu des négociations salariales anticipées. Il faut retourner aux années ‘70 pour retrouver une telle pression sur les négociations salariales au départ des lieux de travail.

    Eric Byl

    C’est que, d’année en année, les entreprises réalisent des profits record(1) et distribuent copieusement des dividendes(2) tandis que les salaires des managers explosent (3). Même les anciens services publics n’échappent pas à la soif de profit et à l’égoïsme propres aux dirigeants du secteur privé(4). Beaucoup de travailleurs s’attendaient à une indemnité raisonnable pour leurs efforts, maintenant que les prix des produits de base ont explosé. Le fait qu’environ un demi-million de travailleurs ont été confrontés à un gel salarial de fait dans les secteurs où les accords-all-in sont en vigueur(5) a mis le feu aux poudres.

    Ce n’est pas un hasard si la vague de grève a commencé en Flandre. Depuis des années, les travailleurs y sont inon-dés de bonnes nouvelles : la Flandre appartient aux régions les plus riches au monde, les offres d’emploi ne sont guère remplies, le chômage aurait presque disparu et le Flamand serait de nature un bon travailleur. Comment dès lors ne pas avoir confiance en soi? On oublierait presque que la Flandre a une position élevée au classement de la longueur des listes d’attente pour les handicapés, qu’elle ne construit presque plus de logements sociaux, qu’elle est en retard d’un demi-siècle pour la rénovation des bâtiments scolaires, qu’elle comprend énormément de prépensionnés et qu’elle impose une telle pression au travail sur les travailleurs que la Flandre est à la première place au niveau des infarctus et de l’utilisation de calmants. Les travailleurs flamands en ont marre de ce trafic à sens unique. Maintenant que le coût de la vie explose, ils revendiquent leur part du gâteau avant que les profits ne soient consommés.

    L’arrogance avec laquelle le patronat les accuse «d’hystérie du pouvoir d’achat» et rejette leurs revendications justifiées sous prétexte qu’elles sont « émotives » ne fait que jeter de l’huile sur le feu. Au moment où la vague de grèves a semblé perdre en vitesse, les collègues des services de l’administration flamande ont pris le relais.

    En Wallonie et à Bruxelles, on a pu entendre un soupir de soulagement : tous les Flamands ne parlent pas la langue de Leterme, de Somers, de De Wever et du VOKA(6). En Flandre aussi, il existe des gens qui revendiquent des salaires décents et des conditions de travail plus humaines. Depuis des années, la Belgique francophone a été montrée du doigt par le patronat, les médias et les politiciens. Elle serait conservatrice et fermée au renouvellement. Le chômage y est le double de celui de la Flandre, et les dépenses de santé y sont aussi plus élevées. En Wallonie et à Bruxelles aussi, le patronat, les médias et les politiciens essaient de faire croire aux familles des travailleurs que tout cela est de leur faute : contrairement aux «bons travailleurs» flamands, ils seraient des «paresseux» et des «profiteurs» pour qui, en plus, ces bons travailleurs flamands devraient payer. Il n’est donc pas surprenant que la Wallonie et Bruxelles, à l’exception de quelques entreprises, soient restés à la traîne lors de la récente vague de grève.

    Pouvoir d’achat : Rien de prévu

    On ne peut évidemment pas compter sur Leterme & Co pour nous aider à compenser la perte du pouvoir d’achat des familles. L’argument principal du gouvernement et du patronat pour ne pas accorder d’augmentation salariale est la crainte d’une «spirale salariale» à l’ancienne, où les augmentations salariales provoqueraient des hausses de prix qui entraîneraient des revendications salariales plus importantes encore, qui, à leur tour, engendreraient une augmentation des prix plus forte encore.

    Il s’agit là d’un tour vieux de cent cinquante ans qui vise à nous faire croire qu’il n’est pas nécessaire de lutter pour des augmentations salariales. Marx y a déjà répondu à l’époque dans sa brochure “Salaire, prix et profit”. En réalité, le patron s’efforce de s’emparer d’une partie toujours plus importante de la valeur que les salariés ont produite. La crainte d’une croissance de l’inflation n’a jamais empêché le patronat de réaliser un maximum de profits, de distribuer de gigantesques dividendes aux actionnaires ou de payer les managers avec des salaires scandaleusement élevés.

    Parfois, on propose d’instaurer un contrôle des prix comme outil dans la lutte contre l’inflation. C’est d’ailleurs ce que propose la FGTB dans un tract, de bonne qualité, « Parlons franc, parlons pouvoir d’achat ! ». Un contrôle sur les prix de l’alimentation, de l’énergie et du loyer serait le bienvenu pour beaucoup de personnes. Au Venezuela, Chavez a également introduit un contrôle sur les prix des denrées alimentaires, mais le résultat est que les rayons des magasins sont presque vides. Cela ne va pas se produire de si tôt en Belgique, ni avec la nourriture, ni avec les logements, ni avec l’énergie, mais la leçon à tirer de cette expérience, c’est qu’il est illusoire d’espérer contrôler la distribution tant que la collectivité ne prend pas en main la production et, dans le cas des petits producteurs, ne garantit pas leurs revenus.

    Quelle réponse syndicale ?

    La FGTB a dressé une plate-forme de revendications forte, qui doit encore être massivement distribuée avant les élections sociales et la CSC a, elle aussi, laissé entendre qu’elle partage les inquiétudes des travailleurs.

    Hélas, il n’y a aucun mot d’ordre ni appel qui clarifie ce que nous allons concrètement pouvoir faire ou comment nous allons lutter ensemble au lieu de combattre chacun de son côté. Le temps de la sensibilisation est tout de même loin derrière nous. Après des actions dans 80 entreprises et une grève des fonctionnaires flamands, ni les militants ni les délégués n’ont été consultés sur la stratégie à adopter. Les dernières actions interprofessionnelles datent d’avant la vague de grève de février! Que sont sensés penser les travailleurs?

    Les syndicats veulent-ils des augmentations salariales oui ou non ? Comment les délégués sont-ils sensés mener la campagne pour les élections sociales? La faiblesse incite à l’agression, c’est ce qui explique le ton bleu foncé de l’accord gouvernemental.

    Nous appelons à mettre un maximum de pression dans les réunions interprofessionnelles à travers toutes les régions pour discuter de la plate-forme de revendications et avant tout pour établir un plan d’action pour le pouvoir d’achat.

    Une grève interprofessionnelle liée à une manifestation massive, cette fois-ci bien préparée à l’avance dans les entreprises et accompagnée d’un tract massif destiné à la population. Voilà ce qui pousserait tant le gouvernement que le patronat sur la défensive. En outre, cela affaiblirait ceux qui se servent d’une rhétorique communautaire pour dresser les salariés les uns contre les autres pour mieux leur imposer un programme néolibéral.

    Pour en savoir plus:

    • Rubrique "Pouvoir d’achat" de ce site

      Notes :

      1. En 2007, les 30.000 plus grandes entreprises belges ont enregistré ensemble, selon l’hebdomadaire Trends/Tendances un bénéfice record de 77 milliards.
      2. Selon l’édition du journal flamand De Tijd du 21 mars 2008, les dividendes annoncés pour les sociétés cotées en Bourse de notre pays sont 40% plus élevés que l’année précédente.
      3. Selon l’hebdomadaire Trends/Tendances (en décembre 2007) les salaires des PDG des entreprises du BEL20 ont augmenté de 30% en 2006.
      4. L’édition de « L’Echo » du 17 mars 2008 a donné un aperçu choquant des salaires des managers des services publics dans l’article « Les salaires fous du secteur public ».
      5. Dans un accord all-in, les augmentations d’index sont entièrement ou partiellement supprimées passé un certain taux fixé dans l’accord salarial.
      6. Le VOKA est le « syndicat » du patronat flamand (l‘équivalent de l’Union Wallonne des Entreprises)
  • Lucky Reynders arrose les patrons plus vite que son ombre

    Cadeaux fiscaux

    La Belgique : ses frites, sa bande dessinée, ses intérêts notionnels. Une nouvelle campagne de promotion de la Belgique a été lancée par les gouvernements fédéral et régionaux d’inciter les investisseurs étrangers à se tourner vers notre pays. Le personnage choisi pour animer cette campagne est Lucky Luke ! Histoire d’illustrer la politique de cow-boy des politiciens traditionnels ?

    Peter Delsing

    Les salariés normaux ont récemment bénéficié d’une baisse d’impôts mais ce que l’Etat donne aux travailleurs d’une main, il le reprend de l’autre : impôts locaux et soi-disant «écologiques» ont ainsi augmenté et sont venus s’ajouter à la hausse des prix de la nourriture, du mazout, du loyer, etc.

    Les patrons, eux, n’ont pas à se plaindre de leur pouvoir d’achat. Les mesures pour augmenter leurs revenus sont prises plus rapidement, comme avec la réduction des impôts sur la personne physique qui profite surtout aux gros revenus.

    Intérêts fictifs et profits réels

    La déduction des intérêts notionnels est une mesure supplémentaire qui permet aux patrons de réduire leurs impôts (de près de 2,4 milliards d’euros par an) en plus des réductions déjà « classiques » des contributions patronales à la sécurité sociale (entre 5 et 6 milliards d’euros par an).

    Cette déduction des intérêts notionnels est destinée à compenser l’abolition des « centres de coordination », une mesure que l’Etat belge avait prise pour attirer les multinationales et que l’Union Européenne a fini par lui faire supprimer. Ces centres ont permis aux grandes entreprises de réduire fortement leurs impôts. Tandis que les salariés doivent payer au moins 43% d’impôts (pour que les services publics que nous avons payés soient peu à peu vendus au privé par la suite…), les multinationales n’ont parfois à payer que 1% ou encore moins d’impôts.

    Le coup des «intérêts notionnels» vise au même but. Lorsque des entreprises doivent emprunter en banque pour investir, elles peuvent déduire les intérêts de cet emprunt de leurs profits avant de payer leurs impôts. Désormais, si elles investissent en utilisant leurs propres capitaux, elles pourront déduire de leurs profits des intérêts fictifs (« notionnels ») équivalents aux intérêts qu’elles auraient dû payer si elles avaient eu recours à un emprunt en banque.

    Officiellement, il s’agissait d’éliminer des discriminations entre entreprises et d’attirer des capitaux étrangers, tout en créant beaucoup d’investissements et d’emplois, ce qui devait compenser le coût de cette mesure. En réalité, il s’agit d’une subvention aux profits patronaux qui rend surtout les actionnaires plus riches.

    Nous exagérons ? Pas du tout. Le gouvernement avait déjà mené une campagne de promotion à l’étranger en 2005 pour faire la publicité des intérêts notionnels, le bébé favori de Verhofstadt et de Reynders. Son slogan était : « Invest in Belgium. Increase your profit » (Investissez en Belgique. Augmentez vos profits) ». Comme ça, vous l’entendez aussi de quelqu’un d’autre que nous…

    Paradis fiscal sélectif

    Le fisc ne laisse rien passer aux modestes salariés, mais les grandes et moyennes entreprises ne sont guère menacées de telles investigations : seules 4% d’entre elles sont contrôlées de façon approfondie sur base annuelle. Avec un peu de chance, cela signifie donc un contrôle toutes les 25 ans ! Alors que le gouvernement et l’ONEm ne laissent aucun répit aux chômeurs, le personnel chargé des contrôles fiscaux a été consciemment limité.

    Les études universitaires les plus récentes estiment que la fraude fiscale nous coûte chaque année 30 milliards d’euros. Combien d’emplois stables et bien payés généreraient ces milliards d’euros, sans devoir passer par des cadeaux plantureux aux patrons ?

    Les fédérations patronales belges ne cessent d’envoyer des communiqués de presse déclarant que la fraude sociale des chômeurs doit être attaquée et que les allocations doivent être limitées dans le temps. Mais qui sont donc les véritables profiteurs ?

  • Socialisme 2008

    Une rencontre enthousiaste qui a confirmé la volonté de bâtir une alternative clairement socialiste !

    Le week-end « SOCIALISME 2008 » vient juste de se terminer et les nombreuses prises de parole et discussions qui s’y sont déroulées, tant sur l’actualité que sur des sujets historiques, résonnent encore à nos oreilles. Le succès de cette rencontre restera longtemps une grande source de motivation pour l’ensemble des participants…

    C’est très probablement Virginy Prégny, membre de notre organisation-soeur française, qui a le mieux résumé le fil rouge de ce week-end : « la meilleure manière de commémorer l’anniversaire de mai 68 est de faire vivre à nouveau la nécessité du socialisme au sein des mouvements de lutte actuels. »

    Environ 200 personnes ont participé à cet évènement. Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’agenda de ces deux journées était bien rempli, bien serré, et il était parfois difficile pour les participants de suivre le tout. Mais les coulisses et les pauses ont aussi été l’occasion d’aborder les différents thèmes présentés, de demander de plus amples explications à l’un ou l’autre,… Tous ces thèmes seront aussi abordés à l’avenir dans nos sections et nous publierons bientôt sur ce site des rapports de discussions, d’interventions, d’introductions,… Cependant, nous voulons avec ce court rapport faire ressortir le fil rouge du week-end.

    Mettre à nouveau le socialisme à l’ordre du jour !

    Le week-end a commencé par les interventions de quatre orateurs, en commençant par Mirre Vercoutere – une écolière activement impliquée dans la section gantoise de « Résistance Internationale » – qui a appuyé l’importance de l’implication de la jeunesse dans les luttes. Els Deschoemacker, responsable nationale de l’organisation du MAS/LSP, a ensuite parlé de la crise de l’establishment politique dans ce pays, qui trouve ses sources dans la volonté de poursuivre et amplifier la politique néo-libérale. Virginy Prégny, membre de la Gauche Révolutionnaire, a suivi et a rebondi sur cette question de la politique néo-libérale pour parler de la résistance croissante que rencontre la politique arrogante de Sarkozy.

    Le dernier orateur de ce « tour de chauffe » a été Sascha Stanicic, venu à la place de notre camarade allemande Lucy Redler qui devait être présente à la conférence du nouveau groupe de jeunes de « Die Linke » et dans lequel notre organisation-soeur en Allemagne, le SAV, veut jouer un rôle actif. Sascha nous a expliqué jusqu’à quel point l’expression de « développement vers la gauche » est centrale aujourd’hui dans la politique allemande : les revendications de gauche reçoivent beaucoup de soutien et la toute nouvelle formation « Die Linke » fait une percée dans les sondages. Mais, très certainement dans le contexte de crise économique croissante actuel, un programme clairement socialiste est absolument primordial.

    5 commissions,

    5 exemples pour aborder l’actualité des méthodes et de l’analyse socialistes

    Après cette première session plénière a suivi une première fournée de discussions en commissions plus petites, avec une grande participation des personnes présentes. Incontestablement, c’est la discussion sur la Chine qui a eu le plus de succès parmi les différents thèmes proposés. Vincent Kolo, du site internet Chinaworker.info, y a abordé la situation actuelle en Chine (le Tibet, les Jeux Olympiques, les problèmes économiques et écologiques,…) mais plusieurs aspects de l’histoire de la Chine ont aussi été pris en considération.

    La discussion portant sur la lutte contre les restructurations lancées par les multinationales et surtout sur la construction d’une gauche syndicale forte a été également fort bien suivie. Deux délégués qui possèdent une expérience sérieuse (Levi Sollie de l’ABVV/FGTB-Bayer et Rudi Dom de l’ABVV/FGTB-Agfa) y ont pris la parole au milieu d’une salle qui comprenait tant d’anciens militants que de représentants de la jeune génération qui posent leurs premiers pour s’organiser syndicalement. Il y avait là des syndicalistes des transports en commun, de l’enseignement, du secteur privé,… De quoi obtenir un échange d’expérience plus qu’intéressant.

    Au groupe de travail sur mai ’68, un grand groupe de jeunes qui voulait tirer les leçons de ces évènements a pu discuter avec des militants actifs à cette époque ou dans les années ’70. Conclusion de cet échange : un mouvement révolutionnaire est encore possible aujourd’hui, mais pour conduire un tel mouvement vers le succès, il faut une force révolutionnaire conséquente armée d’un programme socialiste.

    Il y avait enfin des commissions particulièrement intéressantes au sujet du Moyen-Orient et de l’extrême-droite. Dans la discussion sur le Moyen-Orient, des militants originaires d’Iran (avec lesquels nous avons pris ensemble l’initiative de mener des actions aux ambassades américaines et iraniennes ainsi que d’organiser une manifestation le 8 mars dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes) étaient présents. La discussion sur l’extrême-droite, quant à elle, a bien entendu abordé notre programme et notre méthode de lutter contre le fascisme. La discussion et les questions ont principalement porté sur la situation du côté francophone avec, entre autres, la question d’un petit groupuscule néo-fasciste qui organise un rassemblement le 1er mai à Charleroi.

    Question nationale en Belgique :

    Une réponse des travailleurs est nécessaire !

    Cette première journée de « SOCIALISME 2008 » a été clôturée par un débat sur la question nationale en Belgique. Le deuxième débat qui devait initialement prendre place au même moment (au sujet du pouvoir d’achat) a hélas dû être annulé en raison de l’impossibilité de plusieurs orateurs de prendre part à la discussion.

    Le débat contradictoire au sujet de la question nationale a été organisé avec Anja Deschoemacker, du MAS/LSP, Sven Naessen (le militant syndical de Total qui est à l’initiative de la pétition pour le maintien de la sécurité sociale fédérale), Tony Van de Calseyde de B-Plus et Johan Denys de « Meervoud » (un courant nationaliste flamand de gauche). Dans ce débat intéressant, les conceptions qui se sont affrontées étaient parfois fortement éloignées les unes des autres. Tant Anja Deschoemacker que Sven Naessen ont à chaque fois remis l’accent sur le social et la nécessité de la solidarité et de l’unité des travailleurs. Par contre, l’orateur de « Meervoud » a plus mis l’accent sur l’élément flamand tandis que l’orateur de B-Plus a plus abordé les questions institutionnelles et ne s’est pas étendu sur l’aspect social de cette question.

    Nouvelles formations de gauche en Europe

    Le dimanche, la deuxième journée a été entamée par trois orateurs qui se sont succédés en abordant l’état de la gauche aujourd’hui en Europe. Alex Rouillard, de la Gauche Révolutionnaire, s’est évidemment concentré sur la situation en France et sur l’attitude de notre organisation-sœur face à l’initiative de la LCR, qui a lancé un appel pour un nouveau parti anticapitaliste. Nous participons à cette discussion, mais nous pensons que cette initiative doit être réellement organisée et qu’elle doit se baser sur le développement réel des mouvements de lutte qui prennent place en France.

    Sascha Stanicic a parlé de l’Allemagne, de « Die Linke » et du potentiel énorme pour la gauche dans ce pays. Le SAV, notre organisation-soeur allemande, est aussi actif au sein de « Die linke », mais a des critiques à faire sur cette formation, certainement dans l’ex Allemagne de l’Est où « Die Linke » est en grande partie constitué de l’ancien PDS. Là, la formation participe à différentes coalitions régionales qui signifient une politique néo-libérale contre les travailleurs, avec des privatisations et des attaques contre les condition s de travail et de vie des travailleurs.

    Pour la situation et le potentiel de la gauche en Belgique, Eric Byl a pris la parole, en abordant entre autres les actions qui se mènent autour de la baisse du pouvoir d’achat ainsi que l’indignation ressentie face aux grands salaires. Le CAP (Comité pour une Autre Politique) a été une étape importante et utile dans l’implantation de l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire, mais cette initiative a perdu son dynamisme au cours des derniers mois. Le MAS/LSP reste ouvert pour engager la discussion avec d’autres sur la question de la représentativité politique des travailleurs, mais pour cette prochaine période, nous allons plus mettre l’accent dans notre travail sur le renforcement d’une force clairement socialiste.

    2e fournée de commissions :

    Encore des discussions intenses

    Il n’était pas non plus facile de se décider le dimanche pour choisir une des 5 commissions proposées. Mais, sans réelle surprise, l’assemblée la plus nombreuse a été celle qui a assisté à la discussion sur l’expérience de Liverpool en 1983-87, quand une majorité socialiste était présente au conseil communal. Une des pages parmi les plus importantes de l’histoire récente des révolutionnaires socialistes. Il faut dire aussi que nous avions la chance de compter comme orateur Tony Mulhearn, à cette époque président de la section locale du Parti Travailliste et qui se trouvait donc de se fait au devant de cette lutte. Sa contribution a été d’importance pour comprendre concrètement ce que signifie une véritable politique socialiste.

    La commission sur l’insurrection de l’île de Cronstadt, en 1921, a attiré également pas mal de monde. Ce thème est peut-être moins évident à aborder 87 années après les faits, mais il est toujours intéressant d’examiner l’histoire pour pouvoir répondre aux arguments anti-bolcheviks qui n’ont pas manqué de fleurir à l’occasion du 90e anniversaire de la Révolution russe, l’an dernier. Le principal point de cette discussion a été la nécessité primordiale de toujours replacer un événement dans son contexte. L’oppression de la révolte qui s’est développée à Cronstadt en mars 1921 n’est certainement pas le moment le plus glorieux pour les blocheviks, mais il n’existait aucune autre alternative à moins d’ouvrir la porte à la contre-révolution des monarchistes et des puissances capitalistes. Comme l’a affirmé Trotsky, il s’agissait d’une « tragique nécessité ».

    Les autres commissions abordaient des thèmes plus directement actuels. La commission sur l’Amérique Latine a été particulièrement riche, mais il faut y voir aussi le résultat d’une période assez longue durant laquelle certains membres de notre parti ont accordé, et accordent toujours, une attention particulière à la situation de ce continent en révolte. Parmi eux, certains ont eu l’occasion de prendre part à des interventions en Amérique Latine ou à l’activité qu’y ont nos sections-sœurs. La discussion au sujet de l’environnement et de la politique énergétique s’est développée autour d’une introduction sérieusement étayée de Kristof Bruyland et sur la réponse socialiste à adopter sur cette question.

    Enfin, il y avait encore une discussion sur la religion et son rôle aujourd’hui, de nouveau en présence de militants iraniens sans que cela n’ait pour autant empêcher une discussion plus globale de prendre place.

    EN AVANT !

    Le week-end a été clôturé par un meeting qui a une nouvelle fois accentué la nécessité de remettre le socialisme à l’ordre du jour. Vincent Kolo a parlé du gouffre énorme qui existe entre riches et pauvres et qui n’épargne pas la Chine. La récession économique qui se développe aux USA et ses conséquences dans le monde vont constituer un point tournant. Les actions que nous avons pu voir dans cette dernière période contre, entre autres, la diminution de notre pouvoir d’achat et pour plus de salaire sont encore survenues dans un contexte de croissance économique qui n’a pas pu empêcher que le gouffre entre riches et pauvres atteignent des proportions inconnues jusque là. Dans le contexte d’une crise économique, ce fossé se creusera de façon encore plus brutale.

    Bart Vandersteene a aussi commencé son intervention en prenant base sur le fossé grandissant entre riches et pauvres. Les riches deviennent plus riches et les profits réalisés en Bourse ont été gigantesques. Mais, dès que les choses vont mal, c’est à la collectivité de payer. Nous avons pu le voir avec les sommes faramineuses injectées par les Banques Nationales dans l’économie. Pour répondre à la crise du capitalisme, seul un projet socialiste avec un programme et une stratégie clairs sera efficace.

    Tony Mulhearn est revenu ensuite, mais cette fois en session plénière, sur l’expérience de Liverpool en 83-87 et en a expliqué les leçons les plus importantes : ce mouvement de masse (qui a par exemple connu une grève de 24 heures à Liverpool avec la participation de 100.000 grévistes ou encore une manifestation de 50.000 personnes pour défendre le conseil communal) a été uniquement possible parce qu’une direction politique consciente était présente. Mais nous ne pouvons pas créer d’îlot de socialisme dans un océan capitaliste. A Liverpool, nous avons pu traduire le socialisme en termes de logement sociaux, d’emploi, de services sociaux, de centres de détente, d’écoles de quartier,… Cela a donné un avant-goût de ce qui peut être possible, mais pour pouvoir réaliser cela de manière permanente, il nous faut un puissant parti révolutionnaire.

    Aisha Paulis est ensuite intervenue comme dernière oratrice du week-end en appelant les participants à poursuivre ces discussions et à renforcer les révolutionnaires socialistes dans leur lutte pour une société socialiste.

    Nous remercions ici une nouvelle fois l’équipe de cuisine et tous ceux qui ont aidé à faire de ce week-end « SOCIALISME 2008 » une réunion particulièrement réussie, à l’enthousiasme énorme et véritablement palpable. Le dévouement des volontaires a permis une organisation pratique particulièrement professionnelle.

    Ce week-end a encore été l’occasion de récolter du soutien, et un appel financier a notamment récolté quelques 3.000 euros. Les stands de livres et brochures ont aussi tourné à plein régime, reflétant ainsi l’atmosphère politique de cette rencontre.

    La détermination et l’enthousiasme présents à ce week-end doivent maintenant se traduire les semaines prochaines en un fonctionnement optimal de chacune de nos sections, notamment dans la poursuite de notre campagne pour plus de pouvoir d’achat.

    En avant !

    Lien:

  • Discussions intenses aux congrès régionaux du MAS/LSP

    Les 6 Congrès régionaux qui ont eu lieux entre le 1er et le 15 mars à Bruxelles, Liège, Mons, Louvain, Gand et Anvers ont eu pour tâche de préparer politiquement l’organisation pour les prochains mois qui promettent d’être explosifs.

    Els Deschoemacker

    Dans la partie consacrée aux perspectives, la crise économique a tenu une position centrale, de même que l’instabilité sociale et économique qui en découle et la manière dont ces deux aspects interagissent et se renforcent. La croissance économique de ces dernières années n’a pas été bénéfique pour tout le monde : profits, salaires gigantesques et diminutions d’impôts pour l’élite riche ; charge de travail immense, flexibilité et perte de pouvoir d’achat pour l’immense majorité de la population.

    Les grèves, spontanées ou non, sont la conséquence de cet ensemble de fait. « Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire » est devenue une revendication importante. La classe capitaliste doit maintenant tenir compte d’une nouvelle résistance des travailleurs qui prennent conscience de leurs propres forces.

    Sur le plan politique, les tensions économiques se sont traduites par des tensions communautaires, ce qui a conduit à la plus longue crise de l’histoire de Belgique et depuis peu à un gouvernement instable qui a les yeux fixé sur 2009. C’est en de tels moments que des initiatives doivent être tentées. Nous avons eu beaucoup de discussions portant sur la capacité du CAP à être un contre-pouvoir face aux politiciens néolibéraux.

    L’incapacité du CAP à se construire malgré nos efforts décidés et répétés lui a fait perdre le crédit qu’il avait auparavant gagné auprès de syndicalistes. Les Congrès de District ont décidé que notre engagement dans le CAP devait être réévalué et discuté, mais sans toutefois que cela nous détourne de la priorité donnée à la lutte pour le pouvoir d’achat.

    Les Congrès ont aussi évalué les structures de district qui fonctionnent depuis trois ans déjà et qui ont permis de développer des directions régionales du MAS/LSP.

    Des jeunes membres ont ainsi eu l’occasion de prendre d’avantage de responsabilités. Il est d’ailleurs très important que nous puissions continuer à garder un lien avec la jeunesse, les travailleurs de demain. Cinq des six congrès de district se sont ainsi déroulés juste avant les manifestations anti-NSV et pour la Journée Internationale des Femmes.

    Les membres des différents districts se sont aussi exprimés en faveur d’une plus grande organisation locale du travail syndical, au vu de la progression de notre implantation syndicale, qui concerne aussi beaucoup de jeunes sur leur lieu de travail. Bref, les Congrès de Districts ont illustré les progrès d’un jeune parti marxiste de lutte, qui doit encore apprendre beaucoup de choses mais qui a néanmoins obtenu un certain succès à travers son programme et sa volonté de mener le combat avec le mouvement ouvrier et pour le socialisme.

    Pour en savoir plus

  • L’avenir de Bombardier à Brugges est incertain.

    Selon le journal « De Standaard », la SNCB a entrepris des pourparlers avec l’entreprise allemande Siemens pour la livraison de rames pour le Réseau Express Régional de Bruxelles pour un montant de plus d’un milliard et demi d’euros. Cette nouvelle a de suite inquiété Bombardier à Bruges, qui avait espéré obtenir le contrat.

    Article de Karel Mortier

    Bombardier était en concurrence avec trois autres entreprises pour obtenir ce contrat. Le porte-parole de Bombardier affirme que l’avenir de l’entreprise de Bruges et des 850 membres du personnel est en jeu. Aujourd’hui, il y a encore du travail pour quelques années, grâce à une commande de trains à deux étages pour la SNCB et de trams pour la STIB. Cela assure le travail jusque, respectivement, 2009 et 2013 mais, pour la période qui suivra, il n’y a encore aucune commande, ce qui signifie que l’avenir de l’établissement à Bruges est en jeu. Bombardier avait déjà dit auparavant que l’avenir de son installation à Bruges serait dépendant des commandes qu’ils obtiendraient en Belgique.

    Le 11 mars, à Bruges, il y a eu un arrêt de travail et une réunion à l’Hôtel de Ville. Celle-ci a rassemblé 300 travailleurs et les syndicats ont demandé l’appui des politiciens locaux auprès de la direction de la SNCB, afin que le contrat puisse encore être accordé à Bombardier. Les syndicats affirment qu’il ne faut pas seulement tenir compte du prix mais aussi de l’emploi local. Selon les syndicats, les rames de la concurrence n’existeraient que sur papier et seraient de moins bonne qualité que celles qui seraient fabriquées à Bruges.

    Le 14 mars, le personnel est allé à Bruxelles pour mettre la pression auprès de la direction de la SNCB. Landuyt (SP.a) a déjà réagi en disant qu’il interpellerait Leterme sur le cours de la procédure. Selon Landuyt, Leterme doit contrôler si un traitement égal des différentes candidatures est bien garanti. Pol Vandendriesche (CD&V) était présent à l’Hôtel de Ville et veut un « signal » de tous les parlementaires brugeois, en dehors des différences de partis.

    Bombardier, à Bruges, mieux connu sous le nom « la Brugeoise », est un des plus importants pourvoyeurs d’emploi dans la ville et la dernière entreprise en Belgique qui fabrique de façon indépendante et complète des trains et des trams. Si c’était la fin de la Brugeoise, non seulement 850 emplois directs et 500 indirects seraient perdus (selon la direction), mais aussi beaucoup de connaissances et d’habileté disparaîtraient pour toujours de notre pays, comme cela a déjà été le cas plus tôt dans la construction navale, après la fermeture du Boelwerf à Temse.

    La réaction des syndicats est compréhensible et ils ont raison de réagir de suite et de prendre l’initiative afin de préserver l’emploi à Bruges, mais la question est de savoir si le protectionnisme ou l’appel à acheter des produits belges est la meilleure réaction face à la décision possible de la SNCB de commander chez Siemens. Finalement, Bombardier utilise l’argument de l’emploi en premier lieu pour obtenir des commandes belges aux meilleures conditions, afin de faire un maximum de bénéfices. A chaque fois qu’il y a un problème ou que Bombardier n’arrive pas à obtenir une commande (quelle qu’en soit la raison), la menace de fermer l’installation de Bruges s’élève. La réaction des politiciens brugeois est facile à prévoir. Les gardiens du marché libre et de la libre circulation des marchandises et des services en Europe, font un tour à 180° lorsqu’ils sont confrontés aux conséquences et à la logique de leur propre politique lors des deux dernières décennies.

    Le financement défectueux de la SNCB et l’introduction de la logique de marché dans le secteur du rail font que le prix devient un des arguments les plus déterminants lors du choix d’un fournisseur. D’une part, les politiciens reprochent à la SNCB que les coûts sont trop élevés et, d’autre part, on lui reprocherait de choisir l’option la moins chère. Les politiciens locaux se présentent depuis des décennies comme les défenseurs de la libre concurrence et du libre marché. La réaction de Landuyt pointe aussi les possibilités limitées qu’ont les politiciens de réagir. Tout le monde à Bruges connaît l’importance du contrat Réseau Express Régional pour Bombardier. Sans aucun doute, cela fait longtemps que les politiciens brugeois sont en train de conspirer mais cela n’a pas marché. A présent, ils veulent se protéger contre des réactions de colère du personnel.

    Le contrat offre une occasion d’emploi jusque 2016 au maximum et après, le risque d’être à nouveau confronté à un manque de commandes reviendra. Si le gouvernement belge prend la décision (quelle qu’en soit la raison) d’acheter des rames à l’étranger, alors ce gouvernement devra aussi prendre ses responsabilités envers les travailleurs de Bruges qui en seront les victimes. Cela signifie bien plus que poser des questions parlementaires ou le fait de donner un « signal ». Le gouvernement doit tout faire pour que l’emploi et les connaissances soient maintenus à Bruges , sans pour autant entrer dans le chantage de Bombardier qui pourrait éventuellement se répercuter dans le porte-monnaie des utilisateurs des transports en commun, des contribuables et, à la fin, des travailleurs eux-mêmes.

    Ce n’est pas une solution de signer un chèque en blanc à Bombardier en lui passant des commandes sans tenir compte des besoins spécifiques des transports publics ou des coûts qui en découleraient pour les utilisateurs. C’est l’option la plus facile pour les politiciens qui ne devront pas payer la note et qui n’utilisent pas les transports publics. Cela permettrait peut-être une continuité de quelques années à Bruges mais cela ne ferait que repousser les problèmes.

    La seule réponse possible et durable afin de garantir l’existence de la Brugeoise à plus long terme est la nationalisation de l’entreprise et la mobilisation des connaissances et de l’habileté du personnel pour moderniser et étendre les transports publics dans notre pays et dans toute l’Europe.

    De cette façon, on ne se retrouve plus à la merci des fantaisies du marché internationale ou d’une multinationale qui n’est pas intéressée par l’avenir de l’entreprise de Bruges, ni par l’avenir du personnel et laisse tomber la qualité des transports publics dans notre pays. Le besoin urgent d’investir plus de moyens dans les transports publics (pour des raisons écologiques aussi) peut être combiné aux connaissances et à l’habileté qui sont présentes à Bruges. Pourquoi attendre pour utiliser ce potentiel ?

  • Ni en Afghanistan, ni au Tchad ! Pas de participation belge à des guerres impérialistes !

    Ni en Afghanistan, ni au Tchad !

    Notre pays possédait à peine un gouvernement que les tambours de guerre se faisaient déjà entendre. Notre nouveau ministre de la Défense (sic) Pieter De Crem a annoncé vouloir maintenir les troupes belges en Afghanistan et en faire participer d’autres à l’opération française pour soutenir le dictateur du Tchad. En même temps, le nouveau ministre a supprimé les subsides pour que des classes scolaires aillent visiter les anciens camps de concentrations nazis…

    Emiel Nachtegael et Jean Peltier

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    5 ans de guerre en Irak. Pour quels résultats ?

    • 1.220.580 morts irakiens. A Bagdad, une famille sur deux a perdu un de ses membres.
    • 3.900 morts dans les armées américaine et britannique.
    • Pour 2008, le budget de la Défense des Etats-Unis est de 670 milliards de dollars, dont 190 pour l’Afghanistan et l’Irak.
    • A Bagdad, il n’y a en moyenne que 8 heures par jour d’électricité. Seul un tiers de la ville a accès à l’eau courante.

    [/box]

    Le credo de Jules César, « Si tu veux la paix, prépare la guerre », semble écrit sur le front de De Crem. Mais tout comme pour le glorieux Jules, ces fières déclarations ne sont qu’un prétexte pour notre Pieter.

    Vous avez dit démocratie ?

    Les agressions militaires américano-britanniques sont le résultat de la volonté de la classe dirigeante US de restaurer son prestige militaire et politique (en Afghanistan) et de contrôler le pétrole (en Irak). Qu’est-ce que la Belgique vient faire là-dedans? Apporter la paix et la démocratie aux indigènes, comme au bon vieux temps des colonies ?

    La vraie raison de la présence belge en Afghanistan est que la machine de guerre américaine s’est embourbée dans une ligne de front trop élargie et qu’elle dispose de peu de réserves pour éteindre tous les feux en même temps. Bush a donc dû réorienter sa stratégie et faire appel à ses «alliés» pour soutenir l’armée américaine dans ses projets de « démocratisation ».

    En Afghanistan, l’intervention militaire a chassé du pouvoir les Talibans fondamentalistes (d’anciens alliés pourtant…). Mais le nouveau régime qui a émergé, comme en Irak, ne repose pas sur le soutien des masses de paysans, d’ouvriers et de pauvres, mais sur celui des chefs tribaux et des couches aisées. La population reste confrontée au chômage, à la corruption et à l’insécurité. Depuis le départ des Talibans, la culture du pavot est redevenue la plus grande source de revenu de ce pays, l’un des plus pauvres au monde. Dans la plupart des régions de l’Afghanistan et de l’Irak, le droit islamique est de nouveau d’application sous une forme extrêmement conservatrice avec des conséquences très dures pour la population, et particulièrement pour les femmes, sans que cela empêche Bush et De Crem de dormir.

    Après l’Afghanistan et l’Irak, de nouvelles interventions militaires occidentales se profilent en Afrique. Et si De Crem souhaite que la Belgique y fourre son nez sous le couvert d’une « mission de paix » guidée par la France pour soutenir le dictateur du Tchad Idriss Déby, c’est sans doute parce que ce nez a reniflé une bonne odeur de pétrole pas cher dans la région.

    Pas en notre nom !

    Les protestations contre la guerre ont été massives dans le monde entier, y compris aux USA. Certes, en Belgique, le gouvernement de l’époque ne soutenait pas le plan de guerre de Bush (ce qui n’a pas empêché les armes de transiter par le pays). Mais cette opposition officielle ne concernait que la guerre en Irak, essentiellement à cause du fait que l’impérialisme français, le grand frère de la bourgeoisie belge, n’avait pas les mêmes intérêts que l’impérialisme américain. Si certains partis, comme les Verts flamands et francophones, se profilent aujourd’hui comme des colombes de paix contre les F-16, il ne faut pas oublier que pendant leur participation au gouvernement, ils ont laissé donner le feu « vert » aux (très secrets) transits militaires américains par notre pays.

    Aujourd’hui la guerre en Irak est beaucoup plus impopulaire qu’en 2003. Le mouvement antiguerre peut contribuer à imposer le retrait des troupes mais il devra éviter de se mettre à la remorque de politiciens opportunistes comme Barak Obama. Le candidat à la présidence s’est opposé à l’intervention en Irak en 2003 mais dit aujourd’hui qu’il faut augmenter le budget militaire américain et laisser en Irak une partie des troupes pour y défendre les «intérêts américains».

    Aux USA comme en Belgique, face à la guerre que le capitalisme porte en lui comme la nuée porte l’orage (comme le disait si justement Jaurès), il ne suffit pas de manifester contre la guerre : il faut remettre en cause le capitalisme.

  • Défendre les salaires, c’est défendre le pouvoir d’achat

    La hausse des prix pèse lourdement sur le budget des ménages et attise le mécontentement de la population. L’indice des prix à la consommation (le fameux « index ») a ainsi augmenté de 18,5% entre 2000 et 2007. Dans le même temps, les salaires, eux, n’ont augmenté que de 16%. Mais la perte de pouvoir d’achat est bien supérieure à la différence entre ces deux chiffres…

    Thierry Pierret

    En effet, les produits de première nécessité, comme les denrées alimentaires, l’énergie et le logement, ont augmenté bien plus fortement que la moyenne. Test-Achat a calculé que, depuis 2000, le prix des pommes de terre a augmenté de 68%, celui du mazout de 98%, celui des pommes de 46,5%, celui des œufs de 32%, …

    Tout cela a pour conséquence que la perte du pouvoir d’achat réelle a été de 19% en moyenne entre 2000 et 2007. La perte est de 19 euros par mois pour un revenu de 2.500 euros. Mais les plus bas revenus perdent encore plus. Les 10% des ménages les plus pauvres perdent ainsi entre 26 et 33 euros par mois.

    C’est que les allocations ont augmenté moins vite que les salaires. Car les travailleurs peuvent obtenir, en plus de l’indexation, des augmentations de salaires via des accords au niveau national, de leur secteur ou de leur entreprise. Par contre, les allocations n’augmentent que par le mécanisme de l’indexation.

    Un index manipulé

    La Belgique et le Luxembourg sont les deux derniers pays d’Europe qui appliquent un mécanisme d’adaptation automatique des salaires et des allocations à la hausse des prix. Comment cela fonctionne-t-il ?

    L’indice des prix à la consommation est calculé sur base d’un panier de produits-témoins. On relève les prix de ces produits dans les commerces de 65 localités réparties dans tout le pays avant de faire une moyenne de l’évolution des prix de chaque produit d’une année à l’autre. Ensuite, on donne un poids particulier à chacun de ces produits dans l’ensemble du panier sur base d’une enquête auprès de quelque 3.500 ménages dont on fait la moyenne des habitudes de consommation. Enfin, on établit un indice global pour l’ensemble des produits.

    Dans un monde parfait, l’indexation devrait empêcher toute perte de pouvoir d’achat en adaptant les salaires et allocations à l’évolution des prix. Mais nous sommes dans un monde capitaliste où il y a une tension permanente entre les patrons qui veulent augmenter leurs profits et les travailleurs qui veulent sauvegarder leur niveau de vie et celui de leurs familles. La composition et la pondération du panier de produits-témoins fait l’objet tous les deux ans d’un âpre débat entre syndicats et patronat. La pression du patronat a fait en sorte que la composition et la pondération du panier de produit ne reflète pas fidèlement les habitudes de consommation des ménages.

    L’exemple le plus frappant est celui du logement. Alors que les frais de logement, d’eau, d’électricité et de gaz représentent 26,1% du budget d’un ménage aux revenus moyens en 2007 – et 38,5% du budget des 10% des ménages les plus pauvres ! – ils ne comptent que pour 15,7% dans l’index. C’est dû au fait qu’on ne tient compte que des loyers… et pas des charges d’emprunt des propriétaires qui sont pourtant beaucoup plus nombreux que les locataires.

    De plus, les carburants, l’alcool et le tabac ne sont plus pris en compte depuis 1993 dans le calcul de l’index-santé qui détermine l’augmentation des salaires et allocations. Vu l’augmentation en flèche des prix du pétrole, cette mesure nous coûte aujourd’hui 4% de salaire en moins rien que pour l’essence. Mais c’est beaucoup plus si on cumule chaque année le manque à gagner depuis 1993.

    Enfin, on a introduit récemment dans l’index une série de produits comme les GSM, les écrans plats et les ordinateurs dont les prix ont tendance à baisser. Mais on n’achète pas une TV à écran plat tous les jours ! En attendant, l’introduction de ces produits a pour effet de tempérer la hausse de l’index.

    Bonus salarial ou augmentation de salaire ?

    Depuis le 1er janvier de cette année, les entreprises ont la possibilité d’accorder un bonus salarial à leur personnel pour un maximum de 2.200 euros net par an et par travailleur. Ce bonus salarial est exempt d’impôts et de cotisations de la part du salarié. Il est juste soumis à une cotisation patronale de 33% (contre 44% pour le salaire) qui est affectée à la Sécurité sociale. Mais le patron peut déduire le bonus et la cotisation de ses impôts ! D’où une perte sèche pour le fisc et la Sécu (jusqu’à 50% d’impôts en moins pour les entreprises).

    Beaucoup de travailleurs accueilleront sans doute favorablement cette mesure. L’idée que les augmentations de salaire brut sont mangées par l’impôt et qu’il vaut mieux avoir des avantages extra-salariaux comme les chèques-repas ou des bonus est fort répandue. Mais il faut bien voir que la perte pour le fisc et la Sécurité sociale sera compensée soit par une hausse des taxes locales (communes et provinces), soit par une baisse des prestations de sécurité sociale ou des services publics. C’est-à-dire qu’on pourra se payer moins de choses avec un bonus salarial qu’avec une hausse du salaire brut qui alimente les caisses de l’Etat et de la Sécu.

    De plus, le bonus salarial est conditionné par la réalisation d’objectifs assignés par l’entreprise. On ouvre ainsi la porte au principe du salaire au mérite et à la compétition entre différentes catégories de personnel. Cette concurrence ne pourra que miner la solidarité qui est pourtant nécessaire pour arracher des améliorations pour tous.

    La seule solution, c’est de lutter tous ensemble pour nos salaires et nos allocations. Il faut avancer des revendications qui unissent les différentes catégories de travailleurs et qui améliorent réellement le pouvoir d’achat.

    Le MAS défend les revendications suivantes :

    • Plus de pouvoir d’achat par plus de salaire ! 1 euro en plus de l’heure ! Augmentation des allocations !
    • Suppression de la loi sur la sauvegarde de la compétitivité qui interdit les hausses de salaires supérieures à la moyenne de l’évolution des salaires en Allemagne, en France et aux Pays-Bas
    • Suppression de l’index-santé (retour des carburants, de l’alcool et du tabac dans l’index); introduction d’un index-foyer qui tienne compte des coûts réels du logement dans le budget des ménages
    • Suppression de la TVA sur les produits de première nécessité comme le logement et l’énergie.

    Pour en savoir plus:

  • Pouvoir d’achat. Face au discours patronal, une alternative politique est nécessaire

    2007 a été une nouvelle année record pour les profits patronaux. La palme d’or va aux cinq principales multinationales pétrolières du monde qui ont récolté à elles seules pas moins de 93 milliards d’euros de profits. Chez nous aussi, les patrons se frottent les mains. Les entreprises du Top 30.000 ont fait ensemble 77 milliards d’euros de profits, un montant historique. Par contre, pour les travailleurs et leurs familles, les derniers mois ont été ceux de l’envolée des prix à la pompe et à la caisse et de la dégringolade du pouvoir d’achat. Mais, avec la crise financière et économique née aux Etats-Unis cet été et qui gagne peu à peu l’ensemble de la planète, les patrons n’ont aucune envie de faire des concessions.

    Geert Cool

    Guy Quaden (gouverneur de la Banque Nationale – et membre du PS !) a pu déclarer le plus franchement du monde que toute augmentation salariale est «catas-trophique», sans provoquer de réaction parmi les partis établis. Lorsqu’un représentant d’ING a osé reconnaître dans les médias que les prix de la nourriture augmentaient de manière spectaculaire, il a bien vite été rappelé à l’ordre par d’autres qui ont précisé que les prix sont en moyenne encore à 7,5 % sous la moyenne européenne. La Banque Nationale a quand même reconnu que ce sont les produits à bas prix qui ont le plus augmenté et que le rythme de hausse des prix des produits alimentaires transformés est plus élevé en Belgique que dans la zone euro. Pourtant, pour la Banque, pas question d’intervenir sur les prix, elle préfére laisser la population adapter ses habitudes de dépenses…

    L’économiste Paul De Grauwe a reconnu le problème du pouvoir d’achat (sans en tirer de conclusions, il reste tout de même libéral) dans une interview au Vif : « Je peux comprendre les grèves et les revendications salariales des syndicats. Nous sortons d’une période de profits d’entreprise énormes. Les salaires n’ont pas suivi cette tendance. La partie des salaires dans le revenu national a chuté.(…) Je n’ai plus aucune sympathie pour le patronat: ce qu’ils récoltent maintenant, ils l’ont semé eux-mêmes. Qui plus est, l’avidité des topmanagers est révoltante. »

    Dans le Financial Times, le chroniqueur Martin Wolf est encore allé plus loin: « Je crains que la combinaison de la fragilité du système économique avec les profits records qu’il a générés ne détruise quelque chose de plus important : la légitimité politique de l’économie de marché elle-même. »

    C’est pour cette même raison que le PS et le SP.a essaient de surfer sur le sentiment anti-néolibéral en donnant de la voix contre les intérêts notionnels, les super-profits et la fraude fiscale.

    Mais la meilleure garantie pour construire une alternative politique au néolibéralisme n’est pas de se tourner vers les vieux complices de cette politique, qu’ils continuent d’ailleurs à appliquer à tous les niveaux de pouvoir où ils se trouvent. Nous devrons construire notre propre instrument politique : un parti des travailleurs qui se base sur les milliers de travailleurs qui ont mené des actions pour le pouvoir d’achat et qui défende les centaines de milliers d’autres qui voient fondre leur pouvoir d’achat et s’inquiètent de l‘avenir.

    Pour en savoir plus:

  • Le capitalisme se dirige-t-il vers une crise économique profonde?

    Récession aux USA – Bientôt ici aussi ?

    L’économie mondiale est sans doute à un tournant. Une récession économique ou une crise aux USA aurait des conséquences bien plus profondes que la baisse des Bourses à laquelle nous avons assisté ces derniers mois. Elle se traduirait très certainement en Europe par de nouvelles vagues de licenciements massifs, de délocalisations et d’attaques contre les salaires et contre la sécurité sociale.

    Peter Delsing

    Au cours des années ‘90, le capitalisme a connu une forte croissance économique grâce, entre autres, aux nouvelles technologies (en particulier en informatique) ainsi qu’aux privatisations et aux délocalisations. L’ouverture de l’Europe de l’Est, de la Russie et de la Chine au capitalisme a aussi permis de réaliser des profits massifs parce que les sociétés multinationales ont trouvé sur place une gigantesque réserve de main-d’œuvre qualifiée et à bon marché. Tout cela a provoqué en retour une forte pression à la baisse sur les salaires dans les pays capitalistes les plus développés, encore une fois au bénéfice des patrons.

    Mais les années ‘90 ont aussi déjà connu différentes « bulles spéculatives » (des hausses de prix excessives sur différents marchés) à cause de l’afflux d’argent provenant des énormes profits réalisés par les entreprises. Ainsi, en 1997, la crise asiatique a entraîné une chute des monnaies et de valeurs boursières surestimées ainsi que l’éclatement d’une première bulle immobilière.

    Spéculation: le capitalisme de casino

    La part des sociétés financières dans le chiffre des profits globaux de toutes les entreprises après impôt a considérablement augmenté aux USA : elle est passée de 5% en 1982 à 41% en 2007 ! Ce poids des profits spéculatifs illustre le caractère malsain et pourri du capitalisme actuel. Les grands actionnaires se servent de la richesse qu’ils se sont appropriées sur le dos des travailleurs pour investir non pas dans la production réelle, mais bien dans toutes sortes de constructions financières en espérant réaliser ainsi de plus grands profits basés sur la spéculation.

    Après la crise de 2001, ce développement malsain et parasitaire du capitalisme n’a pu être maintenu que par la consommation des salariés. Mais comme leurs salaires réels avaient chuté, ceux-ci ont été incités à dépenser de l’argent qu’ils n’avaient pas encore gagné – en l’empruntant. En 2005, aux USA, les dettes pour le remboursement d’une maison s’élevaient en moyenne à 98% du revenu disponible alors que ce chiffre n’était encore “que” de 60% dans les années ’90.

    Afin de contrôler cette montagne de dettes, la Banque Centrale des Etats-Unis, la Federal Reserve (Fed), a commencé très progressivement à augmenter le prix de l’emprunt. Mais cette hausse – même limitée – des taux d’intérêts a eu immédiatement un effet ravageur sur les subprimes (les crédits à haut risque) et les prêts « NINJA » (pour « No Income, No Job, No Assets » : sans revenu, sans travail et sans patrimoine). Grâce à de tels emprunts, des gens qui n’étaient pas du tout solvables avaient tout de même pu acheter une maison puisqu’ils étaient sensés s’enrichir grâce à la hausse de la valeur de celle-ci et pouvoir décrocher ensuite de nouveaux prêts plus avantageux. Mais la saturation du marché et la hausse des taux d’intérêt par la Fed a fait s’écrouler cette illusion.

    L’économie américaine au-dessus de ses moyens

    Tant que les prix de l’immobilier augmentaient, beaucoup d’Américains ont eu l’impression de s’enrichir et ont ainsi contracté massivement d’autres types d’emprunts (voitures, MasterCard, etc.). C’est cette bulle de crédit qui a poussé la croissance américaine dès 2001 et qui a aussi gonflé artificiellement le dollar. Comme le gouvernement américain recevait aussi beaucoup d’argent, il pouvait se permettre de maintenir pour une certaine période des prix bas pour les bons d’Etats, c’est-à-dire les emprunts qu’il accorde lui-même. Pour soutenir une économie américaine basée sur la consommation, des pays asiatiques comme la Chine, dont l’économie repose sur l’exportation, ont acheté des bons d’Etats US afin de consolider leur propre position et de maintenir des prix élevés pour les produits américains.

    Cet équilibre artificiel entre les USA et les banques asiatiques devait immanquablement conduire un jour à un retour de flamme économique et à l’éclatement de la bulle du dollar. Les USA vivent depuis longtemps au-dessus de leurs moyens. Le capital américain espérait qu’à travers une baisse progressive du dollar, il pourrait faire endosser la crise au reste du monde. Ainsi, il a joué à la roulette russe avec les banques asiatiques et les investisseurs de l’OPEP en leur disant : « Si nous baissons le dollar, oseriez-vous changer en une autre monnaie vos dollars achetés avec vos surplus commerciaux et provoquer ainsi une crise économique et financière mondiale? »

    La récession touche les salariés et les pauvres

    L’économie américaine ne peut pas se sauver elle-même en se rattrapant sur ses exportations. Le développement de la consommation intérieure demeure crucial. Aujourd’hui, nous ne nous trouvons encore que dans la première phase de la chute des prix de l’immobilier et pourtant les USA sont déjà menacés d’une récession. Alors que les prix de l’immobilier n’ont chuté « que » de 8%, deux mil-lions d’Américains ont déjà perdu leur maison. Or on estime aujourd’hui que cette baisse pourrait atteindre au final 20 ou 30%. Dans un pays où le système de retraites est privé et côté en bourse, la chute de la valeur des maisons couplée à celle des Bourses constitue une catastrophe pour beaucoup de familles.

    A partir du secteur limité des crédits à haut risque, la crise s’est étendue, par l’intermédiaire des banques, au reste du système financier. C’est que les banques avaient « titrisé » ces mauvais emprunts, c’est-à-dire les avaient inclus dans des paquets comprenant aussi des emprunts plus sûrs, des actions et des obligations. L’idée était de répartir le risque et même de l’éliminer mais il s’est en réalité étendu comme un virus en infectant au passage de larges parts du système financier.

    Prises de panique, les banques ont limité fortement leurs opérations de prêts entre elles et aux entreprises, provoquant ainsi un ralentissement de l’activité économique. Au quatrième trimestre de 2007, la croissance américaine a chuté de 0,6% sur base annuelle alors qu’une croissance de plus de 3% serait nécessaire pour garantir le maintien de l’emploi. Deux Américains sur trois estiment déjà que leur pays se trouve en crise économique et la confiance des consommateurs a connu la baisse la plus prononcée depuis seize ans.

    Les bons de consommation ne suffiront pas

    La décision de la Fed de diminuer à nouveau à deux reprises le taux d’intérêt indique qu’une certaine panique s’est installée. En janvier, l’inflation a gonflé de 4,3% sur base annuelle. Si ce phénomène de stagflation – stagnation ou récession économique liée à une inflation – se maintient, le taux d’intérêt devra à nouveau être augmenté pour diminuer la quantité d’argent disponible et une récession profonde s’ensuivra.

    Le reste du monde n’est pas immunisé

    Il est illusoire de penser que le reste du monde est immunisé contre une récession survenant aux USA. Si, jusqu’ici, les répercussions se remarquent surtout sur les Bourses, les prévisions de croissance ont tout de même été revues à la baisse tant en Asie que dans la zone euro.

    D’après une déclaration récente de la Banque Mondiale, le PIB par habitant de la Chine est équivalent à 9,8% de celui des USA. Les classes moyennes limitées de la Chine ou de l’Inde ne pourront pas reprendre le rôle moteur joué jusqu’ici par le consommateur américain.

    L’économie mondiale se trouve à un tournant de la période post-stalinienne. Et au moment même où s’effectue ce tournant, dans des pays comme la Belgique et l’Allemagne, les salariés se mettent en mouvement contre la baisse du pouvoir d’achat. L’intensification du taux d’exploitation qui a permis la croissance économique dans les années 90 commence à se retourner contre le système : il n’existe plus de marge pour que les travailleurs puissent faire face à l’augmentation des prix.

    La plupart des travailleurs n’ont connu la croissance de l’après 2001 que sous la forme d’une baisse du pouvoir d’achat. Dans ces conditions, une nouvelle crise économique entraînera une ouverture plus large pour les idées socialistes et offrira plus d’occasions pour le développement d’une alternative révolutionnaire.

  • Intérêt notionnels : PS/SP.a : A gauche toute ?

    La guerre semble déclarée entre «socialistes» et libéraux. Principale pomme de discorde : les intérêts notionnels qui, selon Laurette Onkelinx, sont d’un « machiavélisme fiscal inouï ». Et Di Rupo de continuer: « la droite a vidé les caisses ». Et quoi les gars ? Vous n’avez pas été au pouvoir avec les libéraux ces 8 dernières années ?

    Nicolas Croes

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    Une fiscalité pour les riches !

    En 1996, l’impôt moyen sur les sociétés était encore de 45%. Aujourd’hui, il est (officiellement) de 33,99%. Encore de trop ? Selon l’institut canadien C.D. Howe Institute, la Belgique se positionne en tête d’une liste de 36 pays industrialisés et de 45 en voie de développement comme la destination la plus intéressante en matière d’investissements. Les calculs d’un professeur de l’Université de Toronto – relayés par le VLD et le quotidien l’Echo, en octobre 2006 (déjà) – illustrent que les intérêts notionnels auraient fait chuter d’un seul coup l’impôt réel moyen sur le capital étranger investi de 23,5% en 2005 à -4,4% en 2006 !

    Il faut encore ajouter que tous les bénéfices des entreprises ne sont pas taxés. Loin, très loin, de là. Pour l’exercice d’imposition 2003, par exemple, les bénéfices des entreprises étaient de 46,212 milliards d’euros. Après les nombreuses déductions, la base soumise à l’impôt n’était plus que de 20,277 milliards d’euros. De fait, les impôts des entreprises représentent aujourd’hui moins de 12% des recettes fiscales de l’Etat.

    Qui paye le reste? Nos salaires et allocations soi-disant trop élevés…
    [/box]

    Car à l’époque de la mise en place de ces fameux intérêts notionnels, les « socialistes » ont été beaucoup moins critiques… Annemie Roppe (SP.a-/Spirit) l’avait à l’époque qualifié de « projet révolutionnaire » dont employeurs, salariés et syndicats «peuvent être fiers». Eric Massin (PS) déclarait, lui, que l’opération était «indolore du point de vue budgétaire» et que rien ne permettait de «remettre en cause les chiffres présentés», c’est-à-dire 566 millions d’euros. Et pourtant…

    Derrière ces intérêts « conceptuels »…

    …il y a une manœuvre magnifique. Un coup en or pour les patrons. Quant aux po(n)tes « socialistes », ils ont été, au mieux, des dupes incapables de la déceler ou, plus probablement, des complices enthousiastes de ce véritable hold-up légal.

    A la base de tout cela, il y a la polémique sur l’existence en Belgique des Centres de Coordination qui appartiennent à des multinationales et qui jouent pour elles le rôle de banquier. En encourageant la création de ces Centres, le gouvernement visait officiellement à attirer les quartiers-généraux des multinationales pour créer de l’emploi (même si les conditions en termes d’emplois sont de 10 équivalents temps-plein engagés par chaque centre !).

    Que payent-ils comme impôts ? Quasiment rien. En 2002, les 207 centres de coordination fonctionnant en Belgique ont payé 73 millions d’euros d’impôts pour un bénéfice de… 5,36 milliards d’euros! Un taux d’imposition de 1,36%! Par rapport à celui des sociétés encore en vigueur à l’époque, le manque à gagner pour l’Etat était de 2,08 milliards d’euros.

    Mais l’Union Européenne a jugé que ces Centres de Coordination relevaient de la concurrence déloyale vis-à-vis des autres pays. Alors, au lieu de supprimer cette pratique, Didier Reynders l’a appliquée à tout le monde (enfin, aux entreprises…) sous la forme des désormais fameux « intérêts notionnels ».

    Il s’agit d’un mécanisme permettant aux entreprises ayant fait des investissements sans passer par des emprunts bancaires (et donc sans payer d’intérêts) de déduire des intérêts « fictifs » équivalents de leur déclaration d’impôts. Reynders avait fait la promesse totalement ridicule que cela allait coûter beaucoup moins que les Centres de Coordination. Et cette fois, sans l’argument de la création d’emplois, mais avec celui de la suppression d’une inégalité (on croirait rêver).

    Aujourd’hui, le même Reynders avoue que la mesure coûte (au bas mot) 2,4 milliards d’euros au lieu des 566 millions de départ. Et ce n’est certainement pas dans son intérêt de surévaluer ce chiffre, bien au contraire…

    Les « socialistes » aveugles ?

    Ce n’est qu’en janvier de cette année que le PS a commencé à formuler des critiques. Pour Laurette Onkelinx : « On ne peut faire un budget 2008 sans réformer les intérêts notionnels ». Car, que cela soit bien clair, aucun parti traditionnel ne réclame, malgré leurs hauts cris, l’annulation de ces cadeaux « offerts » aux patrons par les contribuables. C’est juste que, sous la pression de l’arrivée de la crise économique, les patrons vont vouloir en faire payer les dégâts aux travailleurs. Le PS et SP.a, en voulant amender quelque peu ces intérêts notionnels scandaleux, affirment simplement haut et fort que sans un minimum de poudre aux yeux, cela ne passera pas… Qui en sera dupe ?


    Beaucoup d’informations fiscales de cet article et du cadre ci-contre sont tirées de l’ouvrage de Marco Van Hees «Didier Reynders, l’homme qui parle à l’oreille des riches».

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