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Tag: Banque Nationale
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Journée d'action européenne contre l'austérité à Mons
Ce 29 février, la Confédération Européenne des Syndicats avait appelé à organiser une action devant la Banque Nationale pour dénoncer les responsables de la crise dont nous faisons les frais. Réunis en front commun, les syndicats ont dénoncé les millions d’Européens souffrant de la crise économique et sociale qui a été provoquée par les banques et les spéculateurs.
par Aurore (Mons)
- Un syndicalisme de concertation et de service ou un syndicalisme de combat et démocratique ?
- Bruxelles, photos de Karim
- Charleroi, rapport de Gilles
- Verviers, Namur, Luxembourg
- Gand, photos de Jean-marie
- Action de solidarité avec les luttes étudiantes de Valencia
Partout en Europe, le taux de chômage explose. Les chiffres mis en avant sont choquants : on constate que dans certains pays, un jeune sur deux est sans emploi. UN sur DEUX! 115 millions d’Européens, soit 23,5% de la population, sont menacés par la pauvreté ou l’exclusion sociale.
Les dirigeants européens et le gouvernement belge ont encore renforcé les mesures d’assainissement alors qu’on sait pertinemment que l’austérité ne peut pas et ne réussira pas à nous sortir de la crise. Tous les pays européens sont obligés d’assainir leur finances, ce qui va engendrer des coupes sombres dans les budgets les plus essentiels : soins de santé, enseignement,… Là où justement on a besoin de plus de moyen, il va falloir faire avec moins… et pour une demande croissante. Les demandes d’aides sociales explosent mais les caisses seront vides et une foule de gens laissés dans la misère.
A Mons, l’action, qui a rassemblé près de 300 personnes, était une manifestation qui a démarré de la gare de Mons à 10h15 et s’est déplacée jusqu’au siège de la Banque Nationale, avenue Frère Orban, où les discours ont été virulents à l’égard de nos politiques. La crise sert d’alibi pour démanteler les droits des travailleurs et la sécurité sociale. La réponse des syndicats belges et européens est sans équivoque : Nous ne nous laisserons pas faire !
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Réussite de l'action de Solidarité avec Valencia!
Depuis quelques semaine, à Valencia, en Espagne, des écoliers et des travailleurs sont en lutte contre l’austérité et la répression policière à l’encontre des manifestants. A cette occasion, nous avons pris l’initiative, avec d’autres organisations (Fgtb-ULB, Attac-ULB, JAC, JOC, FEWLA) d’organiser une action de solidarité internationale devant l’Office régionale de Catalogne. Malgré le peu de temps de mobilisation, nous avons pu réunir une trentaine de personnes au cris de "Résistance internationale contre l’Europe du capital". Cette action fut aussi l’occasion de rappeler que si le plan d’austérité espagnol passe sans résistance, les gouvernements européens prendront cette exemple pour appliquer les leurs. Après l’action, nous somme parti en délégation vers la Banque Nationale, pour le rassemblement syndical pour montrer que les étudiants aussi se mobilisent contre l’austérité!
Rapport par Julien, photos par Karim (Bruxelles)
- Un syndicalisme de concertation et de service ou un syndicalisme de combat et démocratique ?
- Bruxelles, photos de Karim
- Mons, photos et rapport d’Aurore
- Charleroi, rapport de Gilles
- Verviers, Namur, Luxembourg
- Gand, photos de Jean-marie
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La réforme des retraites illustre le choix à faire : Un syndicalisme de concertation et de service ou un syndicalisme de combat et démocratique ?
En dépit de la promesse de ne pas se contenter de points et de virgules, les dirigeants syndicaux ont organisé l’atterrissage du mouvement contre la réforme des retraites avec le gouvernement et les patrons. Pour les dirigeants du front commun syndical, la page est tournée. Désormais, nous travaillerons plus longtemps pour accéder à la retraite. Si nous ne voulons pas être totalement plumés lors des prochaines vagues d’austérité, il faudra que les trois millions de syndicalistes mettent un peu d’ordre en interne. Devons-nous nous satisfaire de soins palliatifs, d’un syndicalisme de concertation et de services, ou allons-nous nous battre pour disposer de syndicats combatifs et démocratiques ?
Par Eric Byl
Pour les travailleurs des professions lourdes, les invalides, ceux que le travail de nuit concerne, et les personnes âgées entre 57 et 61 ans, les concessions arrachées au gouvernement par la grève du 30 janvier répondent à des préoccupations réelles. Cela démontre que la lutte paie. Nous sommes surpris que le gouvernement soit aussi rapidement revenu sur ces mesures. C’était probablement déjà calculé à l’avance. Mais ce qui nous surprend et nous consterne encore plus, c’est que le front commun syndical s’en est satisfait et a clôturé le dossier. Qu’en est-il des pilotes de navires, des gardiens de prison et des pompiers ? Doivent-ils se démerder seuls ? Pour tous ceux qui ne font pas partie des exceptions citées ci-dessus, l’issue de la concertation laisse un goût amer.
N’était-ce pas l’objectif d’empêcher que les travailleurs paient encore la crise bancaire ? Nous proposions une alternative : 10 à 20 milliards d’euros par une lutte réelle contre la fraude fiscale, 5,4 milliards par l’abolition des intérêts notionnels, 9 milliards en mettant fin aux cadeaux fiscaux aux entreprises, et puis des taxes supplémentaires sur les profits d’Electrabel et sur les transactions boursières. Cela rapporterait beaucoup plus que les 11,3 milliards que Di Rupo Ier collecte chez les retraités, les malades et les chômeurs. La révision budgétaire de mars aurait été superflue, tout comme les spéculations sur l’index, sur la TVA, sur une cotisation sociale généralisée ou sur une déclaration libératoire ‘‘unique’’ destinée à rapatrier de l’argent noir.
Une manifestation de masse combative le 29 février dernier (journée d’action de la Confédération Européenne des Syndicats) aurait pu montrer à toute l’Europe que nous étions sérieux en parlant d’alternative. Nous aurions pu répondre aux menaces de licenciements, de fermetures ou de délocalisations par un appel à la nationalisation de ces entreprises, tout comme à ArcelorMittal. Si tout le mouvement syndical avait été ainsi mobilisé, cela aurait en outre inspiré les travailleurs à travers l’Europe et poussé les dirigeants européens à revoir leur politique de casse sociale. Les actions symboliques devant les bureaux de la Banque Nationale et la présentation solennelle du cahier de revendications de la CES aux dirigeants européens est aussi inutile que ne l’a été cette action pour des euro-obligations sur la place Schuman, le jour de la grève générale du 30 janvier.
L’attitude des dirigeants syndicaux n’est pas proportionnelle à la guerre de classe que livrent le gouvernement et le patronat, qui ne souhaitent pas de compromis honorable. Trop longtemps, les dirigeants syndicaux ont étés entraînés dans la logique néolibérale par les politiciens sociaux et chrétiens – démocrates. Cela explique notamment la politique spéculative d’Arco, la coopérative du mouvement ouvrier chrétien.
Sur 17,3 milliards d’euros de déduction des intérêts notionnels accordés en 2009, seulement 5% l’étaient pour les PME. Cela nuance l’utilisation qui en a été fait par la société de la famille de Rudy De Leeuw, le président de la FGTB. Bien sûr, il s’agissait d’une attaque orchestrée, mais n’aurions nous pas pu être en droit d’attendre un peu plus de fermeté sur les principes de la part d’un dirigeant syndical ?
Les dizaines de milliers de syndicalistes méritent une direction à leur image, une direction démocratiquement élue qui s’engage quotidiennement pour ses membres sans gain personnel, qui est droite dans ses bottes, qui négocie sur base de la construction d’un rapport de force, au lieu de parlementer et de soumettre les résultats à la base.
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Assainissements : le gouvernement veut toujours aller plus loin
La ‘‘réforme’’ des pensions a vite été soutenue par le parlement en décembre. Si ces mesures ne sont pas annulées, les vieux travailleurs finiront épuisés pendant que les jeunes n’auront pas de boulot. Les travailleurs sont beaucoup plus productifs, travaillent plus intensément et de manière plus ‘‘flexible’’ qu’il y a 30 ans. Mais le gouvernement veut toujours nous faire travailler plus longtemps ! Entretemps, l’économie européenne se dirige à nouveau vers une crise qui pourrait être plus grave que celle de 2008 : les instruments avec lesquels la classe dirigeante essaye de limiter les dégâts commencent à être épuisés.
Par Peter Delsing
Selon un sondage interne de la FEB (organisation patronale), 70% des secteurs économiques dans notre pays s’attendent à une détérioration de leur rentabilité au cours des six prochains mois. Le pessimisme est aussi un élément dominant lors des investissements et des ventes d’entreprises. L’économie Belge est donc depuis fin 2011 en récession ou en scénario de contraction. Les pertes d’emplois suivent toujours quelques mois plus tard. Sans investissements, le nombre d’offres d’emploi va également tomber.
La crise dans la zone euro peut aggraver la situation sur le court terme. Une crise profonde peut mener à une nouvelle série ‘‘d’aides aux banques’’, ce qui risque d’être possible dans une telle crise – avec une pression sur les dettes des Etats. Ces dettes sont pour l’instant à 97,2% du PIB (fin 2011, chiffre de la Banque Nationale) mais, avec de nouvelles opérations ‘‘sauver les banques’’, les dettes seront de nouveau bien au-dessus de 100%. Vu les diktats des ‘‘marchés’’, cela impliquerait des taux d’intérêts plus élevés sur les obligations d’Etat.
Les médias essaient de présenter les jeunes comme étant opposés aux grèves ; ils tentent même de présenter les jeunes et les travailleurs plus âgés comme engagés dans un ‘‘un conflit entre générations’’. Les jeunes doivent prendre conscience des conséquences d’une nouvelle crise dont ils seront les premières victimes, même si, pendant ce temps, les médias traditionnels essaient de nouveau de les opposer à la génération baby-boom ‘‘privilégiée’’, ou aux syndicats. Un jeune qui prolonge ses études de quelques années ‘‘à cause de la crise’’ ou qui a besoin de quelques années en plus pour trouver l’étude appropriée, ou – pourquoi pas ? – qui prend une année sabbatique pour aller ‘‘découvrir le monde’’, devra travailler 40 ans au lieu de 35 dans le secteur privé.
Ce ne sont pas seulement les années de travail qui comptent, mais aussi les périodes de chômage. Les jeunes qui commencent à bosser à 25 ans ne pourront arrêter de travailler avant 65 ans. Vu le niveau d’éducation plus élevé et le marché du travail peu attractif, de nombreux jeunes seront confrontés à une telle situation. Du moins si on laisse faire ce gouvernement de droite…
Selon une étude commandée par la Commission Européenne, les travailleurs belges pensent qu’ils travailleront jusqu’à 58,1 ans (ouvriers) et 60 ans (employés). Avec les nouvelles mesures, le gouvernement ne veut plus comptabiliser certains périodes de chômage, prépension, crédit-temps,… des 40 ans de carrière nécessaires pour une pension complète. D’après la FGTB, une carrière dure en moyenne 42 ans pour les hommes et 31 pour les femmes, dont environ 1/3 de ‘‘périodes assimilées’’ (chômage, congé parental, crédit- temps). Nous allons travailler plus longtemps pour une petite pension, et les femmes seront particulièrement touchées alors qu’il y a déjà 20% des pensionnées qui vivent dans la pauvreté en Belgique !
Pour nous : prix plus élevés, chasse aux chômeurs,… Pour les super-riches et les banquiers : cadeaux !
Pour une famille de quatre personnes, les prix de l’électricité et du gaz ont augmenté de 12% et 20% en 2011. Le gouvernement prévoit d’augmenter les droits d’accises sur les spiritueux, la bière et le tabac ; l’impôt sera augmenté sur la télévision numérique et le prix des billets de train, tram et bus seront plus chers à partir du premier février; les transports en commun continueront à être peu attrayant car ils recevront encore moins d’argent public ; les services bancontact et accès aux comptes en banque sur internet seront facturés par les banques, les mesures d’économie d’énergie seront beaucoup plus coûteuses. Alors qu’arrive cette nouvelle période de hausse générale des prix, certains patrons osent encore proposer d’attaquer l’indexation automatique des salaires !
Un gouvernement qui défend les intérêts des travailleurs, des jeunes et des pensionnés mettrait les entreprises énergétiques aux mains du public au lieu de les laisser faire des grands profits. Idem pour les banques qui font leurs profits sur base de notre argent, avec des frais fictifs et des prêts coûteux – après avoir été sauvées avec notre argent ! Ces secteurs doivent être mis sous contrôle de la communauté, des travailleurs et des comités de consommateurs démocratiquement élus.
Le gouvernement Di Rupo a terminé l’année 2011 avec un déficit budgétaire de 4% du PIB. Il veut réduire ce déficit à 2,8% en 2012 avec des assainissements supplémentaires. Les gouvernements flamand, wallon et bruxellois mais aussi les communes se voient obligés d’augmenter les assainissements.
En Grèce, au Portugal, en Irlande,… nous avons vu qu’une politique d’austérité n’est pas une solution. Cette politique sape la croissance et mine les revenus. Le gouvernement veut plus de contrôleurs contre la fraude fiscale et sociale, mais entretemps les cadeaux des milliards d’euros pour les grandes entreprises ne sont pas remis en question. Avec les réductions des impôts et la déduction des intérêts notionnels, ces cadeaux sont de vrais transferts d’argent des pauvres aux riches. Les victimes de la crise – les jeunes qui doivent attendre plus longtemps pour une allocation, les chômeurs qui perdent rapidement une quantité importante de leur allocation – doivent payer de nouveau. Et, ce, alors que la richesse dans ce pays a encore plus que doublé au cours des 30 dernières années… L’austérité n’est pa s temporaire, la crise est structurelle.
Battons-nous pour un gouvernement ouvrier !
Les politiciens bourgeois réduisent leur salaire brut de 5%. Avec leur salaire – encore très généreux – et alors que beaucoup d’entres eux ont encore d’autres revenus (des conseils d’administration qu’ils fréquentent par exemple), ils essaient de donner la fausse impression que ‘‘tout le monde’’ doit assainir ‘‘un peu’’. Il s’agit quand même du paquet d’austérité le plus important depuis des décennies, et ce n’est qu’un début. L’année prochaine (ou même plus tôt) le gouvernement alourdira de nouveau les mesures d’austérité.
Les patrons et le gouvernement attaquent tout le monde, mais pas forcément en même temps. Ils commencent avec les plus vieux, les jeunes, les chômeurs,… mais les autres suivront lorsqu’on passera aux attaques sur les salaires. Cette spirale négative, nous la subissons depuis déjà 30 ans. La grève et la lutte de masse peuvent et doivent empêcher qu’elle ne continue ! Pour cela, nous devons mener des actions correctement organisées, apporter une réponse politique avec un nouveau parti de masse pour les travailleurs et les jeunes, et un programme socialiste qui nous permette de réaliser un vrai changement. TEXT
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Les syndicats ripostent contre la politique d’austérité : vers une grève générale fin janvier?
La manifestation du 2 décembre dernier, où 80.000 personnes étaient présentes, a illustré le mécontentement gigantesque qui existe contre la politique d’austérité du gouvernement Di Rupo 1er. Après que les banques et les spéculateurs aient été sauvés, les travailleurs, les allocataires et leurs familles doivent payer le prix fort pour une crise dont ils ne sont en aucun cas responsables. Les trois fédérations syndicales ont annoncé qu’elles pousseraient la résistance contre la casse sociale plus loin dans le cas où la concertation échouerait, avec une grève générale. Nous publions ci-dessous le communiqué de presse des syndicats ainsi que leur cahier de revendications.
Communiqué de presse syndical
La CSC, la FGTB et la CGSLB réclament une concertation avec le Gouvernement fédéral, voire avec les employeurs : pour un assainissement plus juste et une politique crédible de création d’emplois de meilleure qualité. Pour y parvenir, un préavis de grève est déposé conduisant à une grève générale, et/ou des grèves sectorielles, le lundi 30 janvier 2012 au plus tard.
Samedi dernier, le Parlement fédéral a voté la confiance au nouveau gouvernement Di Rupo. Mais ce vote n’a pas rétabli la confiance ébranlée des travailleurs et des allocataires sociaux. Au contraire. Les partis gouvernementaux et les employeurs sont restés sourds à l’indignation des nombreux travailleurs, avec ou sans emploi, exprimée lors de la manifestation du 2 décembre. Et cette indignation augmente de jour en jour au fur et à mesure que les travailleurs comprennent les conséquences drastiques que l’assainissement aura sur bon nombre de travailleurs et de chômeurs.
Les organisations syndicales n’ont jamais contesté la nécessité d’un assainissement des finances publiques. Mais elles contestent la façon dont cette opération est organisée. Elles continuent à affirmer que les mesures décidées sont déséquilibrées, injustes et inéquitables, d’autant qu’elles n’offrent pas de perspectives crédibles pour la création d’emplois de meilleure qualité et alors même que l’effondrement de la croissance et de l’emploi est causé en partie par ce type d’opération d’assainissement et par des programmes semblables imposés dans d’autres pays sous la pression de l’Europe, du FMI et des agences de notation.
Cet assainissement est injuste, parce que les grandes fortunes et les gros investisseurs échappent à l’effort, parce qu’au fil des négociations gouvernementales, on a demandé de moins en moins à ceux qui refusent de faire un effort et échappent de toutes les manières possibles à la fiscalité et aux cotisations sociales, transférant ainsi le poids de l’opération vers les travailleurs et les allocataires sociaux, et plus particulièrement sur les quatre catégories suivantes :
- les jeunes chômeurs dont l’allocation d’attente ne sera octroyée qu’après seulement 12 mois de chômage et ne sera plus payée au bout de trois ans aux cohabitants et chômeurs de plus de 30 ans ;
- les chômeurs de longue durée pour lesquels les allocations évoluent vers le strict minimum : avec un montant trop faible pour vivre et sans distinction selon les efforts faits ou l’aptitude au travail ;
- les travailleurs âgés à qui on impose un pacte des générations bis extrêmement lourd à digérer quasi sans mesures d’atténuation et, ce, même pour les métiers pénibles;
- les femmes qui ont toute la peine du monde à se constituer une carrière complète (dont les conditions de carrière sont renforcées).
En outre, il n’y a même pas un début d’amorce crédible pour la création d’emplois de meilleure qualité ni des perspectives pour l’accompagnement, la formation et l’emploi de chacune de ces catégories.
La critique la plus forte concerne les ruptures de contrat :
- pour les travailleurs qui sont déjà entrés dans un régime (crédit temps, interruption de carrière, prépension) et qui verront diminuer leurs droits en matière de pension à partir du 1er janvier 2012;
- pour les travailleurs âgés qui souhaitent rester au travail mais voient remis en cause leurs droits conventionnels à une réduction de leur temps de travail ;
- pour les travailleurs dont les droits déjà constitués en matière de pension sont rabotés.
Le seul espoir visible vient de l’ouverture que le gouvernement a concédée, samedi, au Parlement, sous la pression syndicale, pour organiser une concertation avec les partenaires sociaux. Les trois organisations comptent l’utiliser pleinement pour obtenir des améliorations. Cette concertation doit déboucher à court terme sur des résultats concrets.
Le front syndical exige également que cessent les attaques lancées contre l’indexation automatique par les employeurs et la Banque Nationale.
En annexe (PDF), le cahier de revendications envoyé au Gouvernement.
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Electricité : La Belgique, championne du prix élevé !
La Banque Nationale l’avait déjà dit il y a quelques mois ; les prix du gaz et de l’électricité augmentent plus vite et plus fortement chez nous que dans les pays voisins. La nouvelle étude de Test- Achats enfonce encore le clou en s’en prenant aux distributeurs d’énergie de Wallonie et de Bruxelles tandis qu’en Flandre, la facture d’électricité moyenne a augmenté de pas moins de 22,7% au cours des six premiers mois de l’année, et de 10% pour le gaz !
Les entreprises énergétiques engrangent de gros profits, ne payent quasi aucune taxe et veulent nous faire payer toujours plus. Avec la libéralisation des prix, elles ont pu faire comme bon leur semblait et ce sont principalement les consommateurs résidentiels, les ménages, qui en payent le prix fort. A tel point que la Banque Nationale a dénoncé une tarification ‘‘discrétionnaire’’ et opaque. Aucune certitude n’existe quant au fait que les tarifs en vigueur correspondent réellement à une quelconque évolution des coûts de production.
En 2009, Electrabel a empoché pas moins de 1,55 milliard d’euros de profits en Belgique, ce sur quoi elle n’a payé que 0,04% d’impôts grâce à diverses réductions. En 2008, elle a même retouché 94 millions d’euros de retour des impôts, soit retirés de nos poches !
L’organisation Test-Achats s’est plus particulièrement penchée sur les coûts de distribution (qui peuvent parfois représenter jusqu’à 41% d’une facture d’énergie à côté du transport, des frais de fournisseur et des taxes), qui ont augmenté de 14% en Wallonie et à Bruxelles depuis la libéralisation du marché opérée en 2007. Test-Achats dénonce notamment le nombre de distributeurs (pas moins de 25 différents en Belgique), qui proposent des tarifs très différents d’un endroit à l’autre, sans véritable raison, et qui savent très bien jouer sur le fait qu’aucun utilisateur ne s’y retrouve. Actuellement, tous les mois, près de 20.000 familles changent de fournisseurs d’énergie pour tenter de baisser les coûts, qui augmentent de toute manière partout. Combien de journées faut-il passer maintenant à éplucher les propositions des différents opérateurs d’énergie, de téléphone, etc. ?
La politique énergétique va dans une direction totalement fausse. C’est un bien de première nécessité, qui doit impérativement être placé dans les mains du public pour assurer que la facture soit abordable et que suffisamment d’investissements soient consacrés à la sécurité, à la prestation du service (y compris l’isolation des bâtiments et d’autres mesures d’économies d’énergie), au respect de l’environnement, etc.
Production d’énergie, distribution,… l’entièreté du secteur doit être nationalisée et placée sous le contrôle démocratique de la collectivité. Cela permettrait aussi de mettre en oeuvre le maximum de mesures, d’études et de recherches afin d’assurer une production énergétique écologique tout en permettant d’éliminer l’angoisse de la facture énergétique dans chaque foyer.
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Quatre mensonges patronaux démontés
Les patrons reviennent systématiquement avec les mêmes arguments : coûts salariaux trop élevés, nécessité de diminuer les charges,… et proposent que l’on doive travailler plus longtemps ou assainir. A force de répétition, on commence parfois à y croire, et c’est bien pourquoi ils ne se gênent pas pour le faire, quitte à franchement entrer dans la démesure. Avec ce dossier, nous voulons démonter les quatre principaux mythes de la rhétorique patronale.
Par Geert Cool
1 ‘‘Les coûts salariaux élevés minent la compétitivité’’
Cet argument est destiné à intimider les revendications salariales et à remettre en cause l’indexation des salaires. On a été jusqu’à faire une loi pour comparer l’évolution des coûts salariaux en Belgique avec celle de nos pays voisins. L’argument du patronat est simple: si l’on veut maintenir l’économie, les salaires (ou au moins les coûts salariaux) doivent baisser. Ce modèle est aussi connu sous le nom de ‘‘modèle allemand’’
Cet été, Fons Verplaetse, gouverneur honoraire de la Banque Nationale, a dénoncé ce mythe dans l’hebdomadaire flamand Knack. Il y a comparé l’évolution des coûts salariaux horaires dans les secteurs privés belge et allemand en se basant sur les Rapports Techniques du Conseil Central de l’Economie, une source dont les patrons ne peuvent contester l’objectivité. Il a de plus utilisé des moyennes calculées sur trois ans pour éviter tout fruit du hasard et a comparé ces données avec l’évolution du pourcentage des exportations du marché belge (chiffres de l’OCDE et d’Eurostat). ‘‘Spontanément, tout le monde a tendance à penser que les exportations de notre pays vont beaucoup diminuer si les coûts salariaux augmentent plus fortement que dans les pays voisins, mais les chiffres objectifs démontrent le contraire’’ conclut-il.
Entre 1999 et 2004, la différence entre le coût des salaires dans notre pays et les pays voisins a diminué de 0,7% mais, à partir de 2001, notre pays a également perdu de plus en plus de part de marché dans l’exportation (2,4%). À partir de 2004, les coûts salariaux ont augmenté de 4,2% plus vite que dans les pays voisins, alors que la diminution de la part de marché était de 0,5%. Verplaetse déclare : ‘‘Les chiffres démontrent donc clairement qu’il n’existe certainement pas de relation positive entre les coûts salariaux et la perte de part de marché.’’ Selon Verplaetse, la perte de part de marché est due à un ensemble complexe d’éléments, comprenant entre autres la stratégie du prix de vente et des éléments plus structurels comme la recherche et le développement, l’innovation et l’entreprenariat.
Diminuer les salaires mène par contre au rétrécissement du marché interne, dans la mesure où l’exportation est plus facile vers les pays dont on importe aussi, et donc cette diminution des salaires mine notre propre position d’exportation. La diminution des salaires a pour unique objectif de servir à court terme le propre intérêt d’une poignée de riches.
2 “Une pression fiscale trop élevée”
Cet argument est utilisé pour revendiquer des diminutions de charges pour les employeurs, car cela conduirait à une augmentation du nombre d’emplois. En réalité, les employeurs semblent payer déjà bien peu d’impôts, et ces diminutions n’ont pas entraîné de nouveaux emplois.
Le célèbre milliardaire Warren Buffet a récemment expliqué qu’il trouvait remarquable que lui et ses amis ne doivent payer que si peu d’impôts. Les diminutions d’impôts ayant surtout été introduites après 2000 aux USA, Buffet s’étonne de constater que 40 millions d’emplois ont été créés entre 1980 et 2000 ‘‘et vous savez ce qui a été observé par la suite : des taux d’impôts plus bas et une croissance d’emplois encore plus basse.’’
Les grandes entreprises paient de moins en moins d’impôts en Belgique, certains disent même que le pays est devenu un paradis fiscal. La CSC a démontré que le taux d’imposition réel pour les entreprises a diminué de 19,9% en 2001 jusqu’à (à peine) 11,8% en 2009. Une des explications les plus importantes est la fameuse Déduction des intérêts notionnels. En 2009, les entreprises ont payé 93,956 milliards d’euros d’impôts sur les sociétés mais si le taux d’imposition de 2001 avait été appliqué, l’État aurait perçu 7,6 milliards d’euros de revenus supplémentaires. La CSC parle d’une ‘‘hémorragie fiscale massive’’.
Les intérêts notionnels et autres mesures similaires n’ont pas conduit à la création de nouveaux emplois, aucune différence significative n’existant entre le nombre de nouveaux emplois avant et après l’introduction de cette mesure favorisant les grandes entreprises. Dans les 20 entreprises qui ont le plus bénéficié des intérêts notionnels (qui représentent un tiers du coût de la mesure, soit 5,6 milliards d’euros), il n’y a que 242 employés de plus qu’en 2007. Sans l’entreprise GSK Biologicals uniquement, il y aurait même une diminution de 347 emplois.
3 ‘‘Nous devrons travailler plus longtemps’’
Dans bon nombre de pays voisins, l’âge de la retraite a été augmenté jusqu’à 67 ans. Chez nous aussi, le patronat plaide en la faveur de cette augmentation avec une argumentation toute simple : nous vivons plus longtemps. C’est indéniable, mais ce n’est pas le seul élément à prendre en compte.
Il y a par exemple l’augmentation de la productivité, qui fait que nous produisons davantage durant la période pendant laquelle nous travaillons. Cet élément est systématiquement mis de côté par le patronat. Entre 1964 et 2002, il s’agissait d’une augmentation de 215%. Cela provoque une forte augmentation du stress et de la pression au travail, il n’est donc pas évident de travailler plus longtemps que 60 ou 65 ans.
De plus, le montant des pensions diminue par rapport aux salaires. Une pension moyenne ne représente plus que 60% du dernier salaire. Un quart des pensionnés vit même en dessous du seuil de pauvreté. La diminution de la pension légale et les augmentations continuelles de productivité des travailleurs font que le budget total pour les pensions dans le PIB (produit intérieur brut) n’augmentera pas durant les années qui viennent.
Il est remarquable de voir comment le patronat plaide à la fois pour la prolongation de l’âge de la retraite et se retrouve en même temps en toute première ligne pour faire appliquer les mesures de prépension lors des restructurations. Pour les employeurs, il ne s’agit pas tellement de l’âge de la retraite, mais bien de la poursuite du démantèlement de la pension légale et de la sécurité sociale.
4 ‘‘Le gouvernement a vécu au-dessus de ses moyens et doit épargner’’
L’astronomique dette de l’État est utilisée par le patronat pour en appeler à de sérieuses coupes budgétaires. L’augmentation récente des dettes de l’État est la conséquence de la prise en charge des dettes privées par la société. Après s’être délestés de leurs propres dettes sur le dos de la collectivité, les patrons et les banquiers exigent de celleci qu’elle paie immédiatement les dettes. La course aux profits s’accompagne d’une belle arrogance à l’égard des travailleurs.
Car nous devons être bien clairs, ceux qui devront payer les dettes, pour les employeurs, c’est nous. Le président de la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) avait déclaré dès le début de la crise : ‘‘nous devons ajuster nos attentes d’augmentation systématique du bien-être en Occident. Notre système n’est psychologiquement et financièrement pas structuré pour ça. Un processus d’adaptation est nécessaire.’’ Traduisons : le niveau de vie d’un travailleur doit diminuer.
Les politiques d’assainissements conduisent à une amplification des problèmes économiques. Même les économistes néolibéraux renommés doivent maintenant le reconnaitre. Marc De Vos du ‘‘Think Tank’’ Itinera en fait partie. Dans le Knack, il a parlé de l’option d’assainissements très durs : ‘‘Des coupes budgétaires drastiques et des réformes européennes sont sensées réveiller les marchés financiers. Mais cela semble fonctionner difficilement. D’un côté, le remède semble pire que la maladie, dans le sens qu’il envoie l’économie à la catastrophe, ce qui fait qu’un pays comme la Grèce se retrouve dans une spirale infernale sans perspectives et avec de plus en plus de dettes. De l’autre, la population ne peut pas continuer à avancer sans perspective, les protestations en rue en témoignent. Et sans coopération de la part de la population, aucun programme de réformes ne peut réussir.’’
Pendant que la droite et les employeurs exigent des contre-réformes et des assainissements, selon le Financial Times, la relativement bonne position économique de notre pays est due au fait que, en Belgique, on ne mène pas encore de politique économique très dure. La droite veut changer cela, en suivant le modèle irlandais de baisse de charges patronales, le modèle allemand de bas salaires, le modèle français de réforme des pensions, mais aussi le modèle britannique d’assainissements très durs. Peut-être De Wever devrait-il vérifier ce pourquoi les économies des pays qu’il met en avant comme modèles tombent les unes après les autres ?
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Algérie: De la lutte pour l’indépendance au développement du fondamentalisme
Une région en révolte – ce qui a précédé… (1)
Cette semaine, nous allons accorder une attention particulière à l’histoire du mouvement ouvrier en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Bien entendu, au vu des révoltes et des révolutions qui touchent cette région, jeter un coup d’œil au contexte sur base duquel prennent place ces développements est particulièrement important. Nous commençons cette série avec cet article, consacré à l’Algérie et basé sur dossier plus long rédigé par nos camarades de la section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière.
C’est en 1830 qu’a commencé l’occupation française de l’Algérie, et la répression coloniale a de suite été particulièrement brutale pour les populations arabes et berbères. La résistance et la lutte pour l’indépendance se sont rapidement développées, avec notamment les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, où quelque 40.000 Algériens ont été tués par l’armée française en 1945 lors d’une révolte. En septembre 1947 est arrivée une loi visant à stopper le mouvement indépendantiste en accordant la citoyenneté française à tous les Algériens. Mais c’était bien trop tard pour enrayer la lutte pour l’indépendance.
Lors de la période qui a suivi la seconde guerre mondiale, le niveau de vie de la population n’avait pas fondamentalement évolué. Le revenu moyen d’un Algérien européen était de sept fois supérieur à la moyenne de la population autochtone. Deux tiers du pays appartenaient alors à des sociétés françaises ou à de gros propriétaires terriens. En 1954, à la veille de la guerre d’Algérie, au moins un million de personnes étaient au chômage, et pas moins de deux millions de personnes connaissaient des emplois temporaires. Pas moins de 82% de la population autochtone était analphabète, alors que tous les Algériens européens savaient lire et écrire. La mortalité infantile connaissait l’un des taux les plus élevé au monde : 284 pour 1.000, soit quatre fois plus que parmi les Algériens européens.
Le 1er novembre 1954 éclata une révolte. Une fois rendu clair le fait que les mouvements nationalistes traditionnels étaient dans l’impasse et que la voie parlementaire ne conduisait pas à l’indépendance, la voie était libre pour la lutte armée. Au début, les combattants de l’indépendance étaient à peine armés, alors qu’ils avaient engagé le combat contre une nation industrielle puissante disposant en outre d’une minorité européenne raciste au sein même du pays. L’élément déterminant grâce auquel l’indépendance a finalement pu être arrachée a été le soutien grandissant parmi la population et la résistance croissante de la classe ouvrière. Les jeunes français se sont aussi de plus en plus retournés contre la guerre d’Algérie.
En 1962, l’indépendance a été obtenue sous la direction du mouvement de libération FLN, le Front de Libération National, après une guerre qui a coûté la vie à 1,5 million de personnes (soit 10% de la population totale). Environ un million de colons français (généralement des capitalistes, des ingénieurs, des techniciens, des fonctionnaires, etc.) ont quitté le pays, et c’est à peine si une bourgeoisie indigène existait pour reprendre en main l’économie capitaliste algérienne.
Au sein du FLN, la direction du mouvement était dominée par des éléments petit-bourgeois radicaux qui avaient fait appel à la classe ouvrière ainsi qu’aux agriculteurs. Le FLN, sous la pression des masses, a adopté des positions socialistes. Si ces positions avaient été mises en pratique de façon conséquente, il aurait été possible de balayer la grande propriété terrienne et le capitalisme avec un mouvement de masse. Mais ce n’est pas la voie qu’a suivi la direction du FLN. Lors des accords d’Evian, en mars 1962, les sociétés et le gouvernement français ont ainsi obtenu la garantie que leurs intérêts économiques seraient défendus.
Le FLN s’était développé de la guérilla en un parti qui, sous la pression issue d’en bas, a toutefois dû prendre des mesures contre les capitalistes. Durant l’été et l’automne 1962, de nombreuses propriétés étrangères ont été nationalisées. En mars 1963, les comités ouvriers qui avaient repris différentes entreprises des propriétaires européens qui les avaient abandonnées ont été légalisés. Environ la moitié des terres cultivables étaient en possession de l’Etat. En 1963, un système a été introduit sous le nom ‘‘d’autogestion’’, la base de se qui sera connu comme le ‘‘socialisme algérien’’. Les travailleurs pouvaient alors élire leur propre administration pour collaborer avec un directeur désigné par l’Etat.
Toutes ces mesures ont été imposées par décret et n’étaient pas le résultat d’une large implication des ouvriers et paysans et du contrôle de ces derniers sur le processus. À cause de cela, les bases ont de suite été jetées pour la corruption et une mauvaise planification. De plus, l’indépendance était uniquement politique, l’Algérie restait économiquement dépendante des puissances impérialistes, et de la France en particulier.
L’Etat qui a surgi de la guerre d’indépendance était un type de régime bourgeois-bonapartiste qui recourait à une rhétorique ‘‘socialiste’’ mais était dirigé par une élite petite-bourgeoise. Cela signifiait que les décisions n’étaient pas démocratiquement prises, il n’y avait pas d’implication active des travailleurs et des paysans dans le processus de prise de décision. C’est ce vide qui a permis l’arrivée d’un gouvernement autoritaire. En 1965, Ben Bella – qui essayait de pousser le FLN dans une direction anticapitaliste et socialiste – a été arrêté à l’occasion du coup d’Etat militaire de Houari Boumediene. Mais la misère économique et sociale s’est toutefois poursuivie sous ce régime, et ce dernier a été forcé de prendre des mesures contre le capitalisme. Le régime a ainsi renforcé les interventions d’Etat dans des secteurs qui auparavant étaient laissés au secteur privé. Une entreprise de construction publique a été mise en place et, en 1966, onze mines qui étaient encore en possession étrangère (avec des propriétaires absents) ont été expropriées et nationalisées. Toutes les activités d’assurance ont aussi été placées sous le contrôle de l’Etat et une Banque Nationale a été instaurée.
En 1971, un conflit entre le gouvernement algérien et les grandes entreprises pétrolières françaises concernant le prix du pétrole a été réglé par la décision du gouvernement de prendre en main 51% de deux sociétés françaises et d’entièrement nationaliser les oléoducs de gaz et de pétrole. La même année, un programme de réforme agraire a été adopté, qualifié de ‘‘révolution agricole’’. Une forme d’élection de ‘‘conseils ouvriers’’ a également été instaurée dans le secteur public. La distribution de nourriture est elle aussi arrivée dans les mains de la collectivité.
Lors d’une deuxième phase, en 1973, les propriétaires terriens qui ne faisaient rien avec leurs terres cultivables ont été obligés d’entreprendre des activités agricoles ou de donner leurs terres aux fermiers. Un programme a été mis en place afin d’instaurer des ‘‘villages socialistes’’ et les jeunes étaient encouragés d’aller travailler et étudier à la campagne durant leurs vacances. L’enseignement privé a été supprimé en 1976.
Après la mort de Boumediene, en 1978, le comité central du FLN a pris le pouvoir. Les nationalisations opérées sous Boumediene avaient assuré un énorme développement économique, la mortalité infantile avait diminué de moitié, le nombre de médecins avait augmenté de 1279 à 29.506 et le degré d’alphabétisation avait augmenté, de 12% à 80% parmi les femmes par exemple.
Mais, en Algérie également, on a pu constater que le développement du pays, en restant dépendant du capitalisme mondial, n’était pas possible. Le pays a été durement touché par la récession mondiale des années ‘80 et par l’effondrement des prix du pétrole. Le régime a réagi par des libéralisations et, ainsi, les fermes d’Etat ont été bradées au privé.
Le déclin économique continuel a conduit à des protestations contre le régime, et le pays a ainsi connu des ‘‘émeutes de la faim’’ en 1988. La fin des interventions des autorités avait assuré qu’une majorité de la population souffre de la faim. Plus de 500 personnes, majoritairement des jeunes, ont perdu la vie lors de ces protestations. Cette révolte avait été précédée d’une grève des ouvriers de l’automobile, ces derniers exigeant des augmentations de salaire. Cette grève a été suivie par le personnel postier et, plus tard, d’autres pans de la classe des travailleurs ont eux aussi rejoint la protestation. Les revendications ont alors été élargies, jusqu’à s’en prendre directement au régime de parti unique.
Le calme a été rétabli après 1988, mais a au prix fort. Tout d’abord, la répression a été cruelle, avec quelques bien maigres concessions. Les magasins ont reçu plus de nourriture, les salaires ont connu une augmentation et on a parlé de réformes politiques mais, au final, le mouvement n’a pas rencontré la victoire. C’est ce contexte qui a assuré que l’espace existe pour le développement du FIS (Front Islamique du Salut) qui, lors des élections locales de 1990, les premières élections ‘‘libres’’ du pays, a de suite remporté 54% des voix. Lors des élections parlementaires, le FIS a récolté 47% au premier tour, un an plus tard. Le FLN craignait de perdre le pouvoir et l’armée craignait l’arrivée d’un régime fondamentaliste. L’appareil d’Etat bourgeois est alors intervenu, et le FIS a été interdit, ce qui a conduit à une guerre civile qui a fait plus de 100.000 morts.
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Estivage avec le formateur Elio Di Rupo
La seule chose certaine, c’est que chaque gouvernement nous fera payer pour la crise d’une façon ou l’autre !
Après ‘‘explorateur royal’’ et ‘‘clarificateur’’, nous pouvons ajouter “estivage’’ à notre dictionnaire politique. Ce n’est pas que beaucoup de monde ait confiance en cette nouvelle phase pour trouver une solution mais, au moins, il ne faudra pas se casser la tête cet été ! Le PSL appelle toutefois à rester vigilant : qu’importe la mesure dans laquelle partis flamands et francophones peuvent être sur des planètes différentes, ils semblent être bien d’accord sur ceux à qui présenter la facture de la crise. A nouveau, il ne s’agira pas des grandes entreprises et des détenteurs de capitaux.
Par Anja Deschoemacker
En Flandre, on sonne le tocsin concernant le manque de personnel pour les soins aux personnes handicapées, l’aide à la jeunesse ou les maisons de repos (où, malgré des prix bien plus élevés qu’une pension moyenne, on utilise massivement des antidépresseurs et des calmants pour faire face à la surcharge de travail). Mais les militants syndicaux reçoivent du ministre-président Kris Peeters une réponse identique à celle que les enseignants francophones ont reçue du ministre-président Rudy Demotte : il n’y a pas de moyens, priorité au dés-endettement.
La réforme d’Etat sert aussi d’excuse pour expliquer pourquoi il est impossible de renforcer la politique sociale et les services publics. Les fonctionnaires bruxellois (qui attendent leur nomination en masse) entendent du ministre-président Charles Picqué qu’il faut un refinancement de la Région Bruxelles-Capitale.
L’histoire du gouvernement en affaires courantes n’est pas différente. Le gouvernement a par exemple postposé l’adaptation au bien-être de nombre de pensions. Sur ce sujet, le gouvernement est capable de prendre une décision, y compris en étant affaires courantes. Mais prendre position pour dire que les grandes entreprises et les riches doivent stopper leur évasion fiscale légale, semi-légale et illégale, là, ce n’est ‘‘évidemment’’ pas possible en affaires courantes : interdiction de toucher aux intérêts notionnels. Aucun parti ne propose d’ailleurs d’abolir cette mesure, ni même de la réduire fondamentalement une fois qu’un vrai gouvernement installé.
Elio Di Rupo n’a pas dit grand-chose dans son discours annonçant sa fonction de formateur, mais il a de suite clarifié qu’il accepte totalement de trouver les 17 à 20 milliards d’euros d’assainissement pour obtenir un budget équilibré en 2015. Le PS affirme s’opposer à une politique d’austérité dure, mais cette somme dans un délai aussi court représente la plus grande opération d’austérité de l’histoire de Belgique.
Concernant le refinancement nécessaire pour la sécurité sociale (non pas à cause du vieillissement de la population, mais à cause de la diminution systématique des contributions patronales), Laurette Onkelinx a elle aussi été très claire. Même si la Banque Nationale et le Bureau du Plan évoquent l’augmentation des impôts des entreprises (en diminuant l’impact de la déduction des intérêts notionnels), elle propose de son côté une Cotisation Sociale Généralisée, procédé par lequel ce que les patrons ne payent plus pour les salaires globaux sera payé… par tout le monde, avec son salaire net !
Que nous ayons après l’été un nouveau gouvernement, toujours un gouvernement en affaires courantes avec compétences élargies ou des élections, cela ne changera finalement que peu de choses. La seule chose sur laquelle nous pouvons compter, c’est notre propre force et notre mobilisation. Six Belges sur dix s’inquiètent de la crise politique, et ils ont évidemment raison.
Mais si nous ne gardons pas les yeux ouverts sur l’unité des partis traditionnels concernant la sauvegarde des intérêts de la minorité super riche et leur volonté de refiler la facture de la crise à la grande majorité de la population, nous allons droit dans le mur. Ils ne sont peut-être pas d’accord sur la manière de nous faire payer la crise, mais aucun de ces partis n’a comme priorité de défendre bec et ongle nos conditions de vie et celles de nos enfants.
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Concentration syndicale à Bruxelles : la CNE/LBC fait tomber le mur du profit
Ce lundi à 11h, 4.000 militants LBC/CNE s’étaient donnés rendez-vous au Mont des Arts à Bruxelles pour une concentration contre l’AIP. Les speechs Mont des Arts ont salué la présence des milliers de militants et délégués. Des militants du SETCa mais aussi de la centrale générale ABVV d’Anvers étaient également présents, entre autres. Le sentiment de colère contre cet AIP et les reculs sociaux qu’ils impliquent était présent dans la foule et s’exprimait dans les discours.
La volonté de lutter pour les statuts de tous les travailleurs, ouvriers et employés a été redite, histoire de clarifier les attaques médiatiques contre les centrales employées taxées d’égoïsme à cause de leur rejet de l’AIP. A la tribune, les dirigeants ont aussi lancé un appel pour un front commun syndical combatif contre l’AIP. C’est en scandant ‘‘tous ensemble tous ensemble’’ que le cortège s’est dirigé en manifestation vers la Banque Nationale.
De manière très claire, devant la Banque Nationale, des discours ont souligné le fossé existant entre les attaques contre les travailleurs et les profits des grandes entreprises du BEL-20. Une par une, les entreprises ont été citées : profits, salaires et bonus de leur dirigeants, le tout noté sur des cartons empilés. Le dernier chiffre cité est explicite : BEL-20, plus de 17 milliards de profits ! A la fin de cette énumération c’est la norme restrictive de 03% qui a été comparée. Ce genre d’action doit être encouragé. La LBC/CNE a illustré hier comment politiser une manifestation syndicale. A la fin, les syndicalistes ont symboliquement détruit ce mur de profits.
Nous avons besoin dès aujourd’hui d’un plan d’action combatif contre toutes attaques du patronat : index, salaires, statuts. Ce plan doit être largement débattu dans les bases militantes des syndicats et couplé à des discussions politiques. Malgré les profits, malgré les bonus, les entreprises s’accaparent toujours plus de richesses.