Tag: Banque Nationale

  • Un “Pacte de solidarité” après le “Pacte des générations” ?

    Les six organisations patronales belges (d’entreprises et de classes moyennes, nationales et régionales) ont présenté en commun un « pacte de solidarité » dans lequel elles présentent leur vision commune des réformes nécessaires pour assurer l’avenir de « notre » prospérité. Les organisations patronales veulent 500.000 emplois supplémentaires d’ici 2020.

    Karel Mortier

    Ce Pacte de Solidarité réclame pour cela une poursuite des baisses de charges, une flexibilisation accrue du marché du travail et un « assainissement » de l’administration: «la politique doit alléger au maximum toutes les charges qui pèsent sur les entreprises.» En langage compréhensible : la collectivité doit surtout se mettre au service des employeurs.

    Danger : flexicurité en vue !

    Les employeurs introduisent aussi la notion de flexicurité dans notre pays. Ce mot barbare signifie une activation acharnée des chômeurs combinée à une formation aux frais de la communauté afin d’assurer que celui dont l’emploi devient superflu soit préparé dans un délai minimal à devenir rentable à un autre poste de travail. Dans cet objectif, les patrons veulent « moderniser » la législation des licenciements (lisez : l’assouplir notamment en raccourcissant la durée des préavis), augmenter les allocations de chômage – qu’ils appellent de façon subtile «l’assurance» de chômage – mais en les limitant à une durée fixée à l’avance et en les rendant dépendantes de la volonté du chômeur à se former afin d’atteindre non pas une sécurité d’emploi, mais au moins une sécurité « de travail » maximale (en acceptant donc de voler d’un emploi à l’autre).

    Toutes les organisations patronales nationales et régionales sont aussi tombées d’accord sur le fait qu’une réforme d’Etat est nécessaire pour que les régions obtiennent plus de compétences parce que les différences économiques entre les régions sont, selon elles, trop grandes pour qu’une politique commune puisse être menée. « Les choix politiques, socio-économiques et écologiques peuvent être plus efficaces quand ils sont à la mesure des différents besoins des entreprises de chaque région. » On ne mentionne ainsi plus dans ce texte d’économie belge, mais bien trois économies distinctes qui demandent chacune leur propre politique.

    Les employeurs plaident donc pour « responsabiliser » les régions en leur accordant plus d’autonomie sur le plan du marché du travail et de la politique fiscale. Les patrons sont en fait tombés d’accord sur le fait une concurrence fiscale et sociale entre régions peut leur rapporter plus.

    Les conséquences de la politique néolibérale

    Le patronat veut donc accélérer la politique néolibérale. Nous connaissons pourtant bien les conséquences de cette politique au cours de ces 25 dernières années.

    Bien que plus de personnes soient au travail, 15% de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, contre 6% dans les années ‘80. Un célibataire dépendant du CPAS, avec 684 euros par mois, vit par définition en dessous du seuil de pauvreté de 822 euros.

    Le nombre de personnes faisant appel aux banques de nourriture a augmenté sans cesse 13 ans d’affilée. En 2006, 106.900 personnes ont eu recours aux colis alimentaires, contre 70.000 en 1995.

    Celui qui s’en sort mieux n’échappe pas nécessairement à cette spirale. La centrale de crédit de la Banque Nationale a constaté fin 2007 plus 7,5 millions d’accords de crédit. C’est surtout le nombre d’achats à crédit pour de petits montants qui a fortement augmenté ces dernières années (de 75% entre 2003 et 2007). Par rapport à 2000, le nombre de familles qui ont eu recours au CPAS afin de s’en sortir avec leur budget a augmenté de 49%.

    Entre-temps, la réaction des syndicats face aux attaques systématiques des patrons se fait attendre. Un communiqué de presse ou une interview apparaît de temps en temps mais pour le reste, ils restent très silencieux. La discussion autour de la réforme d’Etat paralyse la politique belge depuis presque un an maintenant et les syndicats n’ont toujours pas de réponse commune, ne parlons même pas d’alternative. Les organisations patronales ont donc le champ libre pour leur propagande car les syndicats leur laissent la place dans le débat politique…

  • Gouvernement. Faites vos jeux, rien ne va plus !

    174 jours après les élections, Yves Leterme a dû pour la deuxième fois donner sa démission comme formateur. Son parti avait mené une campagne électorale basée sur le communautaire et reposant sur un cartel avec le petit parti de droite nationaliste N-VA. Il en paie maintenant le prix.

    Anja Deschoemacker

    Chrétiens et libéraux flamands rejetent la responsabilité de l’échec sur le CDH qui refuse toute avancée vers une nouvelle réforme d’Etat tandis que, du côté francophone, on pointe du doigt les revendications jugées inacceptables de la N-VA. Si Leterme semble hors service pour un bout de temps, d’autres se sentent pousser des ailes, en premier lieu Reynders. Mais, pour lui, le temps presse. Plus la formation d’un gouvernement s’éternise, plus Di Rupo se sent à l’aise pour expliquer que les partis de l’Orange Bleue ne peuvent pas réussir sans le PS.

    Tailler dans le vif

    Après les rebondissements en série des dernières semaines, plus personne n’ose tenter de prédire l’avenir. Deux choses sont pourtant claires. Il y a maintenant autant de chances d’avoir un gouvernement avant la fin de l’année que de rencontrer le Père Noël sortant de la chaudière du chauffage central. Et le prochain gouvernement, quel qu’il soit, va se traîner d’une crise communautaire à l’autre tandis que les noms d’oiseau vont voler tout au long des travaux de la future Convention, puisque tous les partis vont vouloir se positionner au mieux pour les élections régionales (et très vraisemblablement fédérales) de juin 2009.

    La fixation sur le projet de l’Orange Bleue – qui reste la formule souhaitée par le CD&V, l’Open VLD et le MR – paraît bizarre de la part des deux partis flamands qui réclament une importante réforme d’Etat. Car cette coalition ne dispose pas de la majorité des deux-tiers au parlement qui est nécessaire pour mener à bien une telle réforme. Certes, des gouvernements ont pu, par le passé, trouver un soutien dans une partie de l’opposition pour faire passer des réformes d’Etat mais un tel coup de main semble peu probable aujourd’hui puisque, pour l’opposition aussi, il y aura des élections en 2009 !

    Cette fixation sur l’Orange Bleue marque en fait la volonté de ces trois partis de gouverner sans le PS pour aller frapper rapidement au coeur des dossiers socio-économiques. Les partenaires de l’Orange Bleue (y compris le CDH) veulent à nouveau imposer une « modération » salariale alors que, selon la Banque Nationale, le « handicap salarial » de la Belgique a disparu (s’il a jamais vraiment existé, ce qui n’est pas le cas à condition d’avoir l’honnêteté d’inclure dans la comparaison avec les pays voisins la productivité du travail – très haute en Belgique – et pas seulement les salaires horaires). Ils veulent aussi imposer une limitation dans le temps ou une dégressivité pour les allocations de chômage, réduire le nombre de fonctionnnaires,…

    Patate chaude

    “L’atterrissage” de l’Orange Bleue s’est donc terminée (momentanément ?) par un crash magistral. Il ne reste pas beaucoup d’autres options : un gouvernement « d’urgence » ou d’ « intérêt national » qui tente de remettre à plus tard le traitement de la patate chaude communautaire ou une tripartite classique qui tente de mettre sur pied une réforme d’Etat. Mais un gouvernement d’urgence va devoir, dans les faits, être une tripartite pour avoir un semblant de représentabilité. Et les questions qui se posent depuis six mois – comment la N-VA et le FDF pourraient-ils coexister dans un gouvernement, jusqu’où le CD&V et le MR sont-ils prêts à aller pour conserver leurs encombrants partenaires ? – resteront aussi dures à résoudre, quelle que soit la formule gouvernementale.

    Même si le PS traîne parfois un peu la jambe, tous les partis traditionnels veulent continuer à mener une politique d’austérité néolibérale. Ils vont utiliser le ras-le-bol devant cette crise politique qui s’éternise – et bientôt aussi le ralentissement de la croissance économique annoncé par la majorité des économistes – pour tenter de convaincre la majorité de la population d’un nouverau « serrage de ceinture » est indispensable.

    Le 15 décembre, les syndicats vont descendre massivement dans la rue pour dénoncer la diminution du pouvoir d’achat. Et selon tous les chiffres et toutes les études, ils ont toutes les raisons d’être mécontents : pendant que les profits explosent, le pouvoir d’achat des travailleurs et de ceux qui vivent des allocations continue à baisser.

    Dans le climat actuel de surenchère communautaire – qui ne risque pas de s’améliorer à l’avenir – on ne peut qu’espérer que les syndicats seront tout à fait sérieux dans la mobilisation pour le 15 décembre. Une manifestation massive peut montrer aux négociateurs gouvernementaux que le mouvement ouvrier ne va pas se laisser diviser et manipuler. Mais le 15 décembre devra être le début d’une mobilisation et d’une lutte plus larges si nous ne voulons pas devoir payer les 10 milliards d’euros d’économies que Leterme estimait nécessaire de trouver pour fabriquer son budget.

  • Après l’explorateur : Un démineur ou un dynamiteur ?

    Crise gouvernementale :

    Faute d’un gouvernement capable de renouveler les subsides, des centaines d’emplois ont été un temps menacés dans le cadre du Plan fédéral des grandes villes ou encore d’ASBL comme les Restos du Coeur. Une solution provisoire a été trouvée mais l’Orange bleue aura au moins réussi un sacré tour de force : menacer directement des emplois alors même que le prochain gouvernement n’existe toujours pas ! C’est finalement assez symptomatique de l’avenir que nous réservent nos politiciens, qu’elle que soit leur langue (de bois).

    Nicolas Croes

    Depuis le 10 juin, nous avons eu droit à une valse de «carrures» politiques qui n’ont finalement rien pu faire d’autre que d’admettre l’impasse dans laquelle ils se trouvaient. L’informateur Reynders a été suivi du négociateur Dehaene, juste avant le formateur Leterme à qui a succédé l’explorateur Van Rompuy. Et puis quoi ensuite ? Un démineur ou un dynamiteur ?

    On a un peu l’impression d’être dans un de ces vieux films où deux camions se foncent dessus en espérant que l’autre flanchera le premier et sortira de la route. Sauf qu’ici, il manque la vitesse… A tel point que Guy Quaden, le gouverneur de la Banque Nationale, a averti qu’un tel retard dans la formation du gouvernement aura des répercussions économiques. Histoire de déjà prévenir la future coalition qu’elle aura peut-être encore plus à faire en termes d’attaques sociales? Avec la crise des crédits hypothécaires américains qui s’est transformée en crise boursière et financière et s’étend peu à peu au reste de l’économie mondiale, cela fait froid dans le dos…

    Ce qui est certain, c’est que la pression augmente sur les probables partenaires, qui semblent pourtant avoir tout essayé pour n’arriver encore à rien après plus de 100 jours de discusssions. Ecolo a été approché, sans succès. L’explorateur a même fait appel à l’ex-négociateur pour tâter le pouls du Boulevard de l’Empereur. Mais au siège du PS, on est fort peu désireux d’apporter le moindre soutien à Reynders et Leterme. Sans pour autant qu’il y ait de virage à gauche, comme vous pourrez le voir dans cet article. Alors quoi, un démineur ou un dynamiteur ?

    Vous trouverez plus de précisions sur notre position vis-à-vis de la question nationale dans le dossier de ce journal mais, en définitive, dynamiter les institutions actuelles n’est pas pour nous déplaire. Oui, une communauté profite de la situation. Oui, cette communauté d’intérêt repart sans cesse à l’attaque. Mais cette communauté, c’est celle des riches, celle des patrons et des acti-onnaires. Si Leterme, Reynders, Milquet, Verhofstadt ou Di Rupo patinent autant, ce n’est pas vraiment parce qu’ils sont en désaccord sur la manière de réagir à cette offensive. Ils l’appuient tous mais ils n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la sauce – toujours fédérale ou davantage régionalisée – à laquelle ils veulent l’assaisonner.

    Cette crise est la leur, aux travailleurs d’apporter leur propre réponse: celle de la solidarité, par-dessus toutes les frontières, y compris linguistiques.

  • Contre les attaques de la droite : Solidarité

    Lors des élections du 10 juin, le gouvernement violet a été puni. À défaut d’une alternative visible réellement de gauche, ce sont surtout les partis de droite qui ont pu en profiter . En Flandre, le CD&V-NVA sort grand vainqueur et la Liste Dedecker a dépassé ses propres espérances. Du côté francophone, Ecolo récupère une partie des pertes du PS mais la c’est la formation (très) libérale de Didier Reynders qui est pour la première fois la plus grande formation politique tant en Wallonie et à Bruxelles.

    Karel Mortier

    Après leur lourde défaite, le PS et le SP.a sont dans les cordes et doivent tenter de se refaire une santé. Une coalition orange bleue composée des démocrates-chrétiens et des libéraux est en marche, ce qui n’augure rien de bon pour la population de tout le pays.

    En décembre 2006, Yves Leterme avait déjà affirmé sa volonté d’opérer une série d’attaques sévères contre la sécurité sociale, ce qui pourrait « au besoin » mener à des « troubles » à l’automne. Durant sa campagne électorale, Leterme n’a d’ailleurs cessé de se référer au « modèle » de la politique économique menée par le premier ministre hollandais Balkenende : réduction de la sécurité sociale, de l’aide aux personnes âgées, des indemnités de chômage,…

    Leterme – qui est le mieux placé dans la course pour la direction du futur gouvernement – a donc averti, en termes prudents, qu’il était prêt à engager la confrontation avec les syndicats. Il n’est donc pas surprenant de voir l’empressement vorace avec lequel le patronat lui fait part de ses souhaits. Le précédent gouvernement avait déjà été un beau Père Noël pour les patrons mais leur soif de profits n’a pas de limites et ils attendent plus encore de preuves de loyauté de la part de l’Orange bleue.

    Mais l’euphorie du patronat provoquée par la progression des partis de droite, surtout en Flandre, est déplacée. Les victoires de Leterme et Dedecker sont en premier lieu une conséquence de l’aversion provoquée par la politique de la coalition violette. Et que représentent Leterme et Reynders comme alternative ? Une même politique, mais encore un cran au-dessus. Avec, entre autres, l’augmentation des prix chez Electrabel et la fermeture de nombreux bureaux de poste, nous savons à quoi nous en tenir pour les conséquences des libéralisations. Mais que veulent obtenir les patrons du prochain gouvernement ? Justement, plus encore de libéralisations.

    L’aversion grandira aussi parmi les électeurs de Leterme et Reynders contre la politique que ceux-ci représentent. Mais le PS ou ECOLO peuvent-ils apporter une alternative à cette politique ? Si les Verts ne sont pas ultralibéraux comme l’est Dedecker en Flandre – qui profite du même vote de protestation et de dégoût face aux partis précédemment au pouvoir – il est à parier que son opposition ne sera dure qu’en paroles. Et encore. Sur le fond, ECOLO se prononce aussi pour des cadeaux au patronat et ne s’oppose plus à la privatisation de services publics. Quant au PS, s’il fera payer cher au MR sa première place perdue, sa hargne viendra uniquement de sa volonté de reprendre rapidement les rênes du pouvoir.

    Selon Guy Quaden, gouverneur (PS) de la Banque Nationale, 1,2 milliard d’euros devra être épargné par l’Etat cette année et encore 2,3 milliards d’euros l’an prochain. Pour réaliser cet « assainissement », les mesures à effet unique, comme la vente de bâtiments publics, ne suffira plus et la probabilité d’attaques dures contre les acquis des travailleurs en sera d’autant plus grande. La résistance doit s’organiser dès aujourd’hui.

    Les résultats électoraux du CAP (Comité pour une Autre Politique) n’ont pas reflété ce que nous espérions et encore moins le potentiel et le dynamisme de cette nouvelle organisation. A l’avenir, la nécessité d’un nouveau parti large pour défendre les travailleurs et leurs familles ne cessera pourtant de s’affirmer. Nous avons besoin de solidarité entre les travailleurs, entre les jeunes et les plus âgés, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas, entre Wallons, Flamands et Bruxellois,… Pour tout cela, nous vous appelons à continuer à construire avec nous le Comité pour une Autre Politique.

  • Les partis traditionnels organisent la précarité de l’emploi

    L’emploi est l’un des thèmes privilégiés de cette campagne électorale. Tous les partis y vont de leurs propositions. Le VLD de Verhofstadt veut « de nouveau » créer 200.000 emplois. Vande Lanotte (SP.a) a fait encore plus fort: il fait miroiter 260.000 nouveaux postes de travail.

    Peter Delsing

    Des milliers d’emplois ont été perdus récemment dans des entreprises comme Arcelor, Volkswagen et Opel. Les « promesses » des partis traditionnels font donc vibrer une corde sensible. Mais, si même des entreprises prospères procèdent à des licenciements massifs, qui donc est encore sûr de garder son emploi ? Le profit maximum pour les grands actionnaires dicte sa loi à tout et à tous. Et pour eux « beaucoup » (de profits) n’est pas encore assez.

    Emplois précaires

    Verhofstadt joue avec les chiffres pour démontrer que le gouvernement n’est pas loin d’avoir créé les 200.000 emplois promis. Une étude évoquait 158.000 emplois il y a quelques mois. Mais de quels emplois s’agit-il ? D’après la Banque Nationale, le nombre d’emplois fixes a reculé de 2% depuis 2003. Ce sont les dizaines de milliers d’emplois à temps plein et à durée indéterminée que les patrons ont supprimés. Ils ont été remplacés par des contrats d’intérim ou à durée déterminée. Et par les titres-services aux frais de la Sécu.

    La seule chose que ce gouvernement a faite, c’est généraliser l’emploi précaire. Prenons les titres-services qui servent surtout à rémunérer l’aide à domicile. En janvier 2007, 4.212.000 titres-services (horaires) avaient été utilisés dans le pays, contre 2.206.564 en janvier 2006 et seulement 903.179 en janvier 2005.

    D’après la Banque Nationale, 18.000 nouveaux emplois à temps plein ont été créés en 2005 sous le régime des titres-services. En 2006, 61.759 personnes étaient employées avec des titres-service (dont 60.745 femmes !). Les moyens affectés à tous ces titres-services flexibles et précaires à outrance pourraient servir à créer de 30.000 à 40.000 emplois publics statutaires. Les pouvoirs publics pourraient organiser des services à domicile au niveau local, avec des droits syndicaux complets pour le personnel. Mais ça n’intéresse évidemment pas ce gouvernement néolibéral.

    Détricotage

    Ce qui l’intéresse en revanche, c’est de détricoter le statut des travailleurs qui ont encore un emploi fixe et bien payé. C’est tout bénéfice pour les patrons. Plus il y a de travailleurs précaires, plus les conditions de travail se détériorent pour tout le monde.

    Regardez La Poste. L’entreprise est aujourd’hui partiellement entre les mains du privé et l’une des plus grandes utilisatrices de travail intérimaire du pays. Des travailleurs presque sans droits – un intérimaire y regardera à deux fois avant de protester contre ses conditions de travail – servent ainsi de bélier contre les autres travailleurs, comme ce fut par exemple lors des grèves qui ont éclaté ces dernières années à La Poste.

    En 2006, le nombre d’heures de travail intérimaire a augmenté de 13% alors que 2005 avait déjà été une année record pour le secteur. Le nombre d’intérimaires a augmenté jusqu’à 363.000, auxquels il faut encore ajouter 129.000 jobs étudiants. On est loin désormais de « pallier à une hausse temporaire de la production », le motif officiellement invoqué à l’origine pour faciliter le travail intérimaire.

    Dans beaucoup d’entreprises, le travail intérimaire est devenu une donnée permanente. Les patrons l’utilisent souvent comme une période d’essai préalable à un contrat à temps plein et à durée déterminée ou indéterminée.

    En fait, tout ceci est illégal. Mais la chasse aux entreprises qui organisent la précarité de l’emploi semble moins prioritaire aux yeux du gouvernement et des médias que la chasse aux chômeurs.

    Partage du travail

    La croissance limitée du nombre d’emplois sous la coalition violette a été due pour moitié à des emplois subsidiés (les titres-services) ou à la prolifération sauvage des emplois intérimaires et à durée déterminée. Comment un travailleur peut-il construire un avenir dans ces conditions ?

    Ce que les chiffres ne révèlent pas non plus, c’est le stress et les problèmes psychiques qui affectent beaucoup de gens : d’après une étude récente, 17% de la population belge a déjà connu une dépression. On signale trop rarement que l’augmentation de la précarité de l’emploi y est pour quelque chose.

    Ce n’est pas la précarité qu’il faut partager, mais le travail disponible. La semaine des 32 heures sans perte de salaire et avec embauche compensatoire pourrait offrir un début de solution et diminuer la pression du travail. Le MAS pense que ce serait un pas en avant. Mais nous pensons aussi qu’une telle mesure ne pourrait être acquise de manière définitive que dans un autre type de société. Dans une société socialiste avec un gouvernement qui soit au service de la majorité de la population et pas d’une minorité de capitalistes.

  • Votez CAP!

    Contre la politique d’austérité des 25 dernières années…

    Pour la construction d’un nouveau parti des travailleurs…

    Le 1er mai est le jour de l’année où des gens comme Elio Di Rupo, Laurette Onckelinx et Michel Daerden – mais aussi Frank Vandenbroucke, Johan Vande Lanotte et Freya Vandenbossche en Flandre – se rappellent qu’ils ont « quelque chose » à faire avec le mouvement ouvrier. Mais, dans quelques semaines, lorsqu’ils participeront aux négociations pour former le prochain gouvernement, ce souvenir sera de nouveau enfoui sous la poussière…

    Anja Deschoemacker

    Après le Pacte des Générations et la chasse aux chômeurs, les partis socialistes doivent redorer leur blason. Ce n’est pas si simple après avoir participé pendant 20 ans à des gouvernements de casse sociale ! En guise de poudre aux yeux, le PS utilise José Damilot, l’ancien dirigeant CGSP des cheminots, tandis que le SP.a met en avant Jan Vanderpoorten, délégué principal FGTB à VW. En ce qui concerne les promesses sociales, ils s’en tiennent à une (légère) augmentation des pensions (PS) ou à un congé parental plus long et à l’accueil gratuit dans les crèches pour les enfants des familles mono-parentales (SP.a).

    Bien. Mais ce n’est pas en allongeant le congé parental qu’on le rendra beaucoup plus attractif (pour les hommes aussi) avec des allocations aussi basses. L’accueil gratuit des enfants n’est en réalité qu’une subvention aux secteurs à bas salaires, ceux dans lesquels des emplois ne sont pas occupés parce que les salaires sont trop bas, surtout si la travailleuse doit aussi payer la crèche. Et l’augmentation des pensions ? Les pensions ont fortement baissé en terme de pouvoir d’achat pendant les 20 dernières années. La grande majorité des pensionnés reçoivent moins de 1.000 euros par mois, chiffre vers lequel le PS veut faire augmenter les pensions (qui resteraient insuffisantes). Avant de dire qu’on ne peut pas tout obtenir dans une coalition ?

    Beaucoup de gens vont de nouveau voter PS ou SP.a sur base de l’idée du “moindre mal”. Et en entendant le CD&V parler de mettre en oeuvre un nouveau Pacte des Générations flamand (c’est notamment pour cela que ce parti réclame une augmentation des compétences pour les Régions) ou les libéraux avancer la nécessité de limiter les allocations de chômage dans le temps, c’est compréhensible. Mais n’oublions quand même pas que le Pacte des Générations a été élaboré par le cabinet de Freya Vandenbossche (SP.a), qu’il a été voté par tous les parlementaires PS et SP.a et que les politiciens wallons des différents partis, PS inclus, vantent publiquement l’efficacité de la chasse aux chômeurs en Wallonie.

    Selon la Banque Nationale, l’austérité sera encore de rigueur pour les 20 prochaines années ! Si les partis flamands réussissent à imposer une régionalisation du marché de l’emploi ou de certains pans de la sécurité sociale, la défense de nos acquis d’après-guerre deviendra encore plus difficile. Quelle que soit la composition du prochain gouvernement, la lutte contre la politique antisociale devra donc être menée fermement.

    Le 10 juin, le CAP n’aura sans doute pas d’élus car le seuil électoral de 5% rend presque impossible d’avoir des élus lors d’une première participation électorale. D’autre part, le CAP est un mouvement en formation et il est encore trop tôt pour dire si l’on réussira bien à construire un nouveau parti des travailleurs. Mais il offre une opportunité magnifique pour commencer à reconstruire un instrument pour le mouvement ouvrier, un instrument qui casse les tactiques de division menées par la classe dirigeante en se positionnant contre la surenchère communautaire et en luttant de façon conséquente contre chaque forme de discrimination et d’oppression. Le 10 juin, votez pour le CAP mais ne vous contentez pas de cela : rejoignez le CAP et aidez-nous à concrétiser cette opportunité !

  • AU SECOURS !!!! Sapeurs-pompiers à la recherche de respect !

    Quelque milliers de sapeurs-pompiers sont venus des 4 coins de la belgique, dans le capitale ce 28 février en front commun syndical. Ils ( et elles!!!) revendiquent, notamment, la reconnaissance du caractère à risque de leur métier, la pension complète à 55 ans et un refinancement massif de nos services d’incendie (certaines unités travaillent avec des véhicules de près de 30 ans !).

    CAP

    Différents membres du Comité pour une Autre Politique, de Gand, de Liège et de Bruxelles sont venus manifester avec les travailleurs du feu. Le même bus qui avait accompagné les travailleurs de VW à leur piquet de grève était dans le cortège et a servi de refuges à bien des pompiers sous l’averse. Une bonne tasse de café n’était pas de trop !

    Le message du CAP (voire annexe) a d’ailleurs été fort bien reçu. Des dizaines de manifestants ont signé les listes de parrainage pour aider le CAP à se présenter aux élections législatives.

    La différence entre le CAP et les partis au pouvoir a aussi été vivement démontrée aujourd’hui. Les centaines de pompiers n’ont eu personne pour les recevoir, le ministre de l’Intérieur, Patrick Dewael (Open-VLD), était absent. Ce mépris des travailleurs a été vivement ressenti parmi les manifestants. L’ordre a même été donné à la police de bloquer le parcours de la manifestation. La police a également fait usage de ses auto-pompes, plusieurs manifestants ont été blessés, dont au moins un grièvement.

    Les revendications des travailleurs se sont heurtées à un mur, mais les pompiers sont retournés chez eux résolus à continuer la lutte. Solidarité et changement de CAP !

    Pompiers: Gouvernements et communes économisent sur notre sécurité

    Tract du Comité pour une Autre Politique

    Sapeurs-pompiers, vos revendications sont on ne peut plus légitimes. Elles entraînent de nombreuses questions quant aux priorités du gouvernement.

    La reconnaissance du caractère à risque du métier de sapeur-pompier, la pension complète à 55 ans, un refinancement important du secteur, la réorganisation complète des services d’incendie en fonction de ses besoins et l’engagement de personnel suplémentaire ne sont pas des demandes uniquement en faveur des pompiers, c’est la population surtout qui en bénéficiera !

    A côté de la situation préoccupante des travailleurs du feu, nous voyons la fermeture de nombreux bureaux de poste (277 uniquement avant les élections), l’augmentation des tarifs des transports en commun (sans que la qualité du transport ni les conditions de travail ne soient meilleures), ou encore les moyens de l’enseignement sans cesse moins en rapport avec le nombre d’élèves. Doit-on s’étonner qu’il y ait plus de violence scolaire ?

    Pour les partis traditionnels, un véritable service à la population passe après avoir loyalement servi les intérêts des patrons.

    Les réponses faites aux revendications des travailleurs des services publics sont identique : « il n’y a pas d’argent dans les caisses». Mais qui les a vidées ? La politique des partis établis est faite de diminution de charges patronales. C’est autant d’argent de nos salaires indirects qui manque pour le service à la population. Selon la Banque Nationale, en 2003, les diminutions de charges patronales à la sécurité sociale s’élevaient à 3.451 millions d’euros, en 2004, à 4.073 millions, en 2005, à 4.547 millions et à 4.697 millions l’an dernier !

    Nos entreprises seraient donc en difficulté ? Non ! En 2005, les entreprises belges (à l’exception du secteur financier) ont réalisé 41 milliards d’euros de profits : 50% de plus qu’en 2004, et même quatre fois plus qu’en 1996.

    Mais par la lutte, plus de moyens sont possibles! Les pompiers de Liège ont ainsi pu obtenir de nouveaux engagements et une augmentation après leurs actions.

    L’argent existe !

    Mais pour l’utiliser, nous avons besoin d’une autre politique, une politique qui mette au centre de son action les intérêts des travailleurs et de leurs familles et non ceux des actionnaires et des patrons.

    Le comité pour une autre politique (CAP) veut faire entendre une autre voix et construire une alternative à cette politique néo-libérale et aux partis traditionnels. Nous voulons agir de manière concrète et quotidienne dans nos quartiers, nos entreprises, nos écoles,… et nous voulons aussi nous présenter aux élections légilatives du 10 juin.

  • Quelle stratégie contre l’extrême-droite? Après le cordon sanitaire, l’illusion de la “bonne gestion”

    Dans le cadre de la lutte contre l’extrême-droite, beaucoup d’idées ont été lancées ces dernières années par les partis traditionnels et leurs politiciens. Au début, il fallait simplement ignorer l’extrême-droite. Il y a eu ensuite le cordon sanitaire. Puis certains ont avancé l’idée qu’une participation de l’extrême-droite au pouvoir permettrait de la „mouiller“ dans la gestion quotidienne. La nouvelle “tactique” contre le VB s’appelle maintenant “la bonne gestion”.

    Geert Cool

    Cordon sanitaire

    Le cordon sanitaire se veut un barrage contre toute participation de l’extrême-droite au pouvoir. C’est en fait le prolongement de la stratégie basée sur la négation des résultats de l’extrême-droite. Si toute participation des fascistes au pouvoir doit bien entendu être rejetée, nous ne pensons pas que cela change fondamentalement quelque chose au succès de l’extrême-droite.

    Certains cultivent l’illusion qu’en associant l’extrême-droite au pouvoir, il y aurait moyen de diviser le VB entre ceux avec qui on peut travailler et les autres. Mais chaque scission de l’extrême-droite observée au niveau international n’a pas mené à un renforcement des “modérés”. Lors des élections autrichiennes en octobre – après plusieurs années de participation au pouvoir du parti d’extrême-droite FPÖ de Haider suivie de la scission de ce parti – le BZÖ (la scission „modérée“ du FPÖ à l’intérieur de laquelle se retrouvent Haider, les ministres et presque tous les parlementaires) n’a obtenu “que“ 4% alors que le FPÖ a récolté 11% des suffrages. Les “radicaux” l’ont donc emporté sur les “modérés” et ont même poussé le BZÖ à défendre des positions plus radicales qu’avant durant sa campagne électorale.

    De plus, la base de cette scission n’était pas le résultat direct de la participation gouvernementale, mais la conséquence du fait que le FPÖ a été rejeté sur la défensive suite à la large mobilisation des travailleurs contre les mesures gouvernementales, qui a connu son apogée en 2003 et a montré à beaucoup de gens que le FPÖ n’était pas du côté des travailleurs et de leurs familles.

    Vous avez dit “bonne gestion”?

    L’écrivain anversois Tom Lanoye a déclaré après les élections: “Anvers a montré qu’en Flandre, avec une bonne politique et un projet clair, on peut remettre à sa place un parti négatif”. C’est une remarque dangereuse quand on regarde les résultats dans presque toutes les communes en Flandre, y compris dans les districts anversois tels que Hoboken, Merksem ou Deurne, où le VB gagne encore du terrain. La “bonne gestion” n’existait pas dans toutes ces localités?

    De plus, nous ne sommes pas d’accord sur le constat de “bonne gestion” menée à Anvers et Gand. En guise de gestion, les projets de prestige ont repoussé les problèmes – et les populations en difficultés – en dehors du centre-ville. Les difficultés n’ont été que déplacées. La détérioration de la position du VB dans les districts d’Anvers et de Borgerhout est entièrement compensée par les progrès qu’il réalise dans les districts situés autour du centre ville.

    Des expériences tirées de l’histoire belge nous montrent les limites de la “bonne gestion” par des “techniciens” et des “experts”. En 1935, en réponse à l’instabilité et à la crise économique, un gouvernement d’experts extérieurs au monde politique a été formé sous la direction d’un haut dirigeant de la Banque Nationale, Paul Van Zeeland, pour gérer le pays. Ce gouvernement et sa politique ont mené à une victoire sans précédent de l’extrême-droite aux élections de 1936…

    Une “bonne gestion” est évidemment nécessaire. Mais, pour nous, elle exige de partir des intérêts de la majorité de la population et non des couches les plus aisées. Comment les partis traditionnels en seraient-ils capables alors qu’ils sont les prisonniers – volontaires – d’une logique néolibérale ?

    Les antifascistes qui veulent offrir une réponse politique aux électeurs du VB doivent plutôt s’engager dans des initiatives qui viennent du mouvement ouvrier et dans les luttes. L’initiative du Comité pour une Autre Politique (CAP) offre une chance d’avancer dans cette voie.

  • Accord Interprofessionnel: les patrons veulent continuer à baisser le pouvoir d'achat

    Accord Interprofessionnel: les patrons veulent continuer à baisser le pouvoir d’achat

    Les patrons ont beau réaliser des profits de plus en plus exorbitants, ils en veulent toujours plus. Poussés par la concurrence, ils veulent aussi faire mieux que les capitalistes des pays voisins. Or, en Allemagne, entre 1996 (l’année où est entrée en application la loi sur la ”capacité concurrentielle”) et 2005, l’augmentation les coûts salariaux a été inférieure de 10% à celle de la Belgique. Même si aux Pays-Bas et en France, les coûts salariaux ont augmenté respectivement de 20% et de 5% de plus que chez nous, la Belgique devrait connaître, face à la moyenne des trois pays, un ”handicap” salarial de 1,8%.

    Peter Delsing

    Attaques sur les salaires

    Ces chiffres sont devenus un instrument de choix pour les organisations du patronat et des classes moyennes afin d’exiger une modération salariale lors des négociations salariales. Dans son document ‘Statégie 2010’, la FEB a déclaré que "la suppression de l’indexation salariale automatique serait la meilleure solution pour (améliorer) la capacité concurrentielle des entreprises belges". L’Union des Classes Moyennes flamandes (UNIZO), par la voix de Karel Van Eetvelt, a repris cette argumentation.

    Pour arriver à ce but, il est probable que, lors des prochaines négocations sur l’Accord Interprofessionnel (AIP) de l’automne, les patrons vont essayer d’imposer une généralisation des accords ”all-in”, c’est-à-dire fixant un plafond aux augmentations salariales dans lequel l’indexation est déjà incluse. En 2005 déjà, 20% des entreprises belges du secteur privé fonctionnaient déjà avec des conventions collectives incluant de telles normes. Une généralisation de ce genre d’accords à tous les secteurs saperait encore un peu plus l’indexation automatique de nos salaires.

    Les patrons développent aussi parallèlement une autre stratégie : dépeindre, via les médias, les négociations salariales nationales comme ”dépassées” afin de pouvoir diviser les travailleurs dans des ”accords salariaux régionaux”.

    Régression négociée?

    Malheureusement les directions syndicales montrent peu de résistance face à cette arrogance patronale. Début 2006, après que les directions syndicales aient organisé la fin du mouvement contre le Pacte de Solidarité entre les Générations, elles ont conclu un ”préaccord” avec le patronat pour contrôler les ”coûts salariaux”. Elles ont intégré complètement la logique concurrentielle, même si celle-ci va complètement à l’encontre des intérêts de leur base.

    De plus, les principaux leaders de la FGTB et de la CSC se rendent compte que les travailleurs ont pris conscience de leur force collective lors des grèves contre le Pacte de Solidarité. Les leaders syndicaux veulent éviter à tout prix la répétition de ce scénario. C’est particulièrement sensible dans la FGTB flamande (ABVV) dont la direction ne veut absolument pas que les ruptures qui sont apparues avec le SP.a lors de ce mouvement se développent, d’autant plus qu’augmente la possibilité de création d’un nouveau parti de gauche porté par une couche de syndicalistes combatifs et de militants politiques. Il en va de même à la CSC/ACV où la direction, qui a été poussée à entrer en action par sa base, ne souhaite pas la répétition d’un tel scénario.

    Il est pourtant clair que la stratégie du ”syndicalisme de concertation”, c’est-à-dire la cogestion de la régression sociale entre patrons et syndicats, a fait faillite et a provoqué une baisse significative du pouvoir d’achat. Depuis le début de la politique néolibérale en 1981, nos salaires et nos allocations ont subi une baisse du pouvoir d’achat estimée à 20% (en incluant le coût des manipulations successives de l’index).

    Les salaires réels en recul

    Ces dernières années, le pouvoir d ‘achat a continué à chuter, en conséquence de l’augmentation continue du coût du logement et surtout de l’envolée des prix de l’essence et du diesel. Rien que pour cette année, le prix du diesel a augmenté de 7% et celui de l’essence de 11%. Et cette hausse des prix va continuer puisqu’aujourd’hui le pétrole atteint des prix records aux alentours de 80 dollars le barril et qu’on parle de plus en plus de la possibilité d’arriver prochainemment à un prix de 100 dollars le barril ! Or, depuis 1994, ces deux produits ne sont plus compris dans le nouvel ”index-santé”.

    Selon la Banque Nationale, l’inflation pour 2005-2006 devrait être supérieure de 0,6% à la hausse estimée des salaires. Et cette estimation de l’inflation ne comprend même pas les futures hausses du prix du pétrole. Même si ce prix restait stable, cela coûterait en moyenne 280 euros de plus par an par famille !

    Partout en Europe, la même politique est à l’ordre du jour. Les salaires dans la zone euro ont connu une croissance moyenne de 1,6% en 2005 mais, vu que l’inflation a été de 2,2%, le salarié moyen a perdu en réalité 0,6% de son pouvoir d’achat. Céder sur la revendication patronale de modération salariale ne ferait qu’accentuer ce recul.

    La richesse est pourtant là

    Les 97 entreprises cotées en Bourse à Bruxelles ont conclu leur comptabilité 2005 avec un profit net global de 18 milliards d’euros, ce qui signifie une hausse de 31% par rapport à 2004. Mais cela n’empêche pas les patrons de nous dire que nos salaires doivent baisser!

    L’augmentation de la production n’est pas allée de pair avec celle de nos salaires mais avec la hausse du crédit à bon marché et avec un taux d’endettement toujours plus important. La somme des dettes des familles belges en 2005 a atteint le niveau record de 43,5% du PIB. Il y a vingt ans, ce taux ne s’élevait encore qu’à 28%. Les emprunts hypothécaires, en particulier, ont connu une forte hausse de 16%.

    Dans beaucoup de cas, les profits énormes qui ont été réalisés ont été écrémés par les top managers. Les top managers des entreprises cotées dans le Bel-20 (l’indice des 20 plus grosses sociétés belges cotées en Bourse) gagnent chacun en moyenne 1,5 millions d’euros par an. Pour Michel Tilmant d’ING, ce montant s’élève même à 4 millions d’euros par an. Les salaires des managers ont augmenté de 12% en moyenne en 2005. A titre de comparaison, le salaire mensuel moyen d’un travailleur belge s’élève à 1.487,7 euros.

    Il faut une mobilisation!

    La lutte pour le maintien et l’amélioration de notre niveau de vie et contre tout recul social à l’occasion du prochain AIP doit être préparée dès maintenant sur la base d’une discussion large et de la mobilisation des affiliés dans les entreprises afin que les militants puissent eux-même décider des objectifs et des méthodes de cette lutte.

  • Leurs profits explosent, pas nos salaires!

    Le Bel 20 regroupe les 20 principales sociétés cotées à la Bourse de Bruxelles. Et les 20 patrons les mieux payés aussi, chacun d’entre eux percevant en moyenne 1,75 million d’euros par an. Le salaire des membres de la direction des entreprises du Bel 20 a augmenté de presque 10% en 2005.

    Salaires des managers: + 12% en 1 an

    Bénéfices des entreprises: + 25%

    Part des salaires dans le PNB: -10%

    Pouvoir d’achat des travailleurs en 20 ans: -2%

    Pour défendre les hauts salaires des top managers, Karel Vinck, ancien administrateur délégué d’Umicore et de la SNCB, a déclaré qu’« un manager en Europe sait ce que gagne son collègue en Amérique et ne veut pas recevoir moins ». Mais quand on discute de nos salaires, ce n’est pas avec les salaires américains qu’on fait la comparaison mais avec ceux d’Europe de l’Est ou d’Asie !

    Vinck dit que les super-salaires sont raisonnables parce que “le job d’un manager est devenu beaucoup plus difficile” et que “c’est logique que les gens qui prennent une telle tâche sur eux doivent être payés plus.”

    Cette logique n’est jamais utilisée dans le débat sur les salaires des travailleurs. Ici, on parle tout le temps du “handicap salarial” provoqué par la concurrence exercée par les pays à bas salaires. Et on ne tient jamais compte de l’augmentation de la productivité des travailleurs, qui fait que la pression au travail est devenue plus forte sur chacun. Tout cela permet aux patrons de dire qu’il n’est pas “logique” que les travailleurs soient “payé plus” et que cette revendication est immédiatement dénoncée comme “conservatrice” !

    L’actuelle explosion des profits ne se limite évidemment pas aux cadres de (très) haut vol. Les actionnaires, eux aussi, se frottent les mains. Les profits des entreprises ont augmenté en Belgique de près de 25 % en un an selon la Banque Nationale. Pendant ce temps, la pauvreté augmente. 15% des Belges vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 6% des travailleurs en Belgique sont pauvres.

    La part représentée par les salaires dans le Produit Intérieur Brut (l’ensemble des richesses créées par le système économique) n’a cessé de reculer au cours des 20 dernières années (10% en moyenne pour les pays développés). Les salaires des travailleurs ont progressé bien moins vite que la production. C’est ce qui a permis aux

    Hypocrisie sur les hauts salaries

    Verhofstadt prépare un super-conseil des ministres consacré au maintien de la compétitivité pour la mi-juin. Objectif de l’opération : geler les salaires des travailleurs.

    A l’occasion du 1er Mai, le parti socialiste flamand (SP.a) a critiqué les très hauts salaires des managers tandis que le PS a plaidé pour la « transparence » en matière de hauts revenus.

    En faisant semblant de s’en prendre aux très gros salaires, les partis socialistes préparent la discussion sur la modération salariale. Des concessions symboliques demandées aux top managers (par exemple la limitation de leurs allocations de préavis à l’équivalent de deux années de salaire) vont être utilisées pour imposer la “modération” à tous les autres travailleurs. Préparer une politique antisociale avec un discours apparemment social, voilà bien l’hypocrisie des partis « socialistes » !

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