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  • Il y a 135 ans. La Commune de Paris

    Le 18 mars, il y aura 135 ans que naissait la Commune de Paris, la première démocratie ouvrière que le monde ait connue. Mais qu’était exactement cette Commune et quels enseignements pouvons-nous encore en retirer? Nous publions une version raccourcie d’un dossier de Peter Van der Biest.

    Peter Van der Biest

    La naissance de la Commune

    Le matin du 18 mars 1871, Paris se réveille au cri de « Vive la Commune », C’est le résultat des bouleversements qui ont secoué la France au cours des six mois précédents.

    En juillet 1870, l’empereur Napoléon III a déclaré la guerre à la Prusse, l’Etat qui domine la Confédération allemande. Cette guerre se transforme rapidement en déroute militaire. L’empereur doit abdiquer tandis que les troupes prussiennes font une percée en direction de Paris et finissent par dresser leur campement aux portes de la ville. Plutôt que d’armer les travailleurs parisiens pour continuer la résistance, le nouveau gouvernement républicain français dirigé par Adolphe Thiers préfére accepter la défaite fin janvier. La Prusse exige des indemnités de guerre gigantesques.

    Aux yeux des Prussiens mais aussi du beau monde français, Paris apparaît toujours comme un danger. Elle a conclu une trêve avec la Prusse mais ne s’est pas rendue. Les travailleurs s’y sont armés et veillent attentivement à ce qu’aucun Prussien ne traverse la ligne de démarcation fixée. Paris est affamée, tourmentée par les maladies et la misère provoquées par guerre, mais l’esprit révolutionnaire y souffle toujours aussi fort qu’avant.

    Dès lors, la tentative du gouvernement de Thiers pour désarmer les Parisiens est ressentie comme une véritable provocation. Elle montre aux Parisiens que la nouvelle République n’est déjà plus la leur et que les grands discours républicains ne servent que de camouflage aux ennemis du peuple et aux traîtres à la nation : les grands propriétaires fonciers et les riches bourgeois qui constituent le gouvernement de Thiers préparent, dans les coulisses, le rétablissement de la monarchie antidémocratique.

    La tentative de Thiers aboutit au résultat inverse de celui qu’il souhaitait : une révolte armée chasse les troupes gouvernementales de la capitale. Le 18 mars, le Comité Central de la Garde Nationale, une milice populaire forte de plus de 165.000 membres, prend la direction provisoire de la ville. Il vote immédiatement l’établissement de la Commune, un type de conseil communal marqué par la démocratie directe. Cette Commune trouve son inspiration dans la première Commune créée en 1792, lorsque la Révolution Française était sous le feu de tous les côtés et que les masses populaires avaient pris temporairement le pouvoir à Paris.

    Mais dans le Paris de 1870, les « masses populaires » ne sont plus la masse socialement sans formes de 1792. Le développement d’une société industrielle et moderne a fait en sorte que, depuis les années 1850, les salariés sont devenus la couche populaire la plus importante dans la capitale française.

    La mise sur pied de la Commune signifie donc le passage du pouvoir politique aux travailleurs et à leurs alliés, comme le confirment les élections du 26 mars 1871. Même si celles-ci se tiennent sous le mode de suffrage restreint et élitiste datant de l ‘époque de Napoléon III, sur les 229.167 voix émises, les candidats de gauche en récoltent 190.000 tandis que les candidats antirévolutionnaires n’en obtiennent que 40.000.

    Démocratie ouvrière

    La Commune incarne pour la première fois une véritable démocratie ouvrière. Chaque élu doit tout au long de son mandat rendre des comptes à l’assemblée qui l’a élu et est, de plus, révocable à tout moment par cette même assemblée. Cette aspiration populaire à la vraie démocratie se concrétise ainsi en une nouvelle forme d’Etat.

    Le changement est fondamental. Le nouveau pouvoir ne s’appuie plus sur une armée permanente placée sous la dictature antidémocratique d’officiers arrogants, autoritaires et bornés. La population en armes élit ses propres officiers et les soumet eux aussi à une révocabilité permanente.

    La Commune en finit également avec la une vision de la politique comme domaine de chasse réservé à des carriéristes qui pensent avant tout à se remplir les poches. La rémunération des élus est limitée au salaire moyen d’un travailleur qualifié. Ici aussi, la révocabilité permet de limiter les possibilités de corruption. En outre, la Commune en finit avec toutes les anciennes barrières élitistes en permettant à chaque travailleur d’accéder à chaque mandat. Parallèlement, la rotation de toutes les fonctions sert de remède à la pétrification bureaucratique.

    Enfin, la Commune en finit avec les ministres tout-puissants trônant à la tête d’administrations coûteuses à l’abri de tout contrôle. Les décisions sont exécutées par des commisssions composées de Communards et présidées chacune par un délégué désigné par la Commune. Il n’y a donc plus de séparation entre le pouvoir exécutif (le gouvernement) et le pouvoir législatif (le parlement). C’est la Commune elle-même qui a la responsabilité d’exécuter elle-même ses propres décisions. Ces mesures seront reprises par la suite lors de toutes les tentatives faites par les travailleurs pour instaurer leur propre pouvoir.

    Mesures sociales de la Commune

    La courte durée de vie de la Commune a réduit sa marge de manoeuvre pour appliquer des réformes économiques anticapitalistes. Mais ce qu’elle a réussi à réaliser est la preuve qu’elle était sincère quand elle affirmait que son drapeau était ‘celui de la république mondiale du travail’.

    Le travail de nuit est aboli dans les boulangeries, un système d’amendes imposé aux entreprises qui cherchent sous divers prétextes à diminuer les salaires, la vente des propriétés mises en gage est annulée et les outils que les travailleurs ont dû mettre en gage leur sont rendus. La Commune désigne une commission chargée d’examiner les possibilités de transférer les lieux de travail abandonnés par les capitalistes aux coopératives organisées par les travailleurs.

    Par contre, la Commune ne trouve pas le temps de mettre en oeuvre une réforme profonde de l’enseignement. Mais en abolissant les contraintes religieuses à la conscience et en accordant gratuitement les livres et le matériel scolaire aux éleves, la Commission d’enseignement indique que, selon ses convictions, l’intérêt des salariés l’emporte sur celui de l’eglise et des possédants.

    D’une ville où des souteneurs mettent sur le trottoir des milliers de prostituées intoxiquées à l’opium et où le cambriolage, le vol et l’assassinat sont monnaie courante, Paris se transforme, sous la protection des travailleurs en armes, en un endroit où l’on peut se balader paisiblement et sans crainte avant comme après le coucher du soleil.

    Limites et erreurs

    Que le conseil communal d’une ville de deux millions d’habitants réussisse à accomplir autant en 70 jours, et de plus en pleine guerre, donne à réfléchir quand on compare son action avec les palabres sans fin qui se mènent aujourd’hui dans des assemblées parlementaires à l’abri du contrôle du public et, en plus, souvent sans résultats concrets.

    Mais l’action de la Commune reste incomplète. Au lieu de lancer les Parisiens à l’assaut du gouvernement de Thiers qui s’est réfugié dans la ville voisine de Versailles, les Communards s’enferment dans Paris. Si la Commune avait nettoyé à fond ce bourbier politique, elle aurait pu affirmer sa force face au reste de la France, qui restait aux deux-tiers composé d’une population paysanne souvent conservatrice et ignorante.

    Les Communards ne touchent pas non plus à la Banque Nationale. La prise de celle-ci aurait pourtant permis de saisir à la gorge les Versaillais et de mettre à la disposition de la Commune des moyens énormes en faveur des réformes économiques et sociales.

    La Commune vivra !

    Mais les Communards ne peuvent pas compter sur autant de générosité de la part de leurs adversaires. Adolphe Thiers manigance avec le chancelier prussien Bismarck pour obtenir que lui soient remis les prisonniers de guerre français afin de pouvoir les utiliser contre les Parisiens.

    Fin avril, Thiers lance l’assaut militaire sur Paris. L’offensive est sanglante. Le 21 mai, les Versaillais réussissent à pénétrer dans la ville. Durant la Semaine Sanglante du 21 au 28 mai, lors des batailles sur les barricades, la répression contre les Communards est terrible. Les blessés sont sauvagement achevés. Les femmes sont massacrées tout autant que les hommes. Selon les estimations, entre 20.000 et 30.000 Parisiens tombent sous le feu des Versaillais.

    Les Versaillais ont écrasé avec une brutalité sans équivoque Paris en tant que capitale révolutionnaire mondiale. Mais les traditions créées par la Commune et son rôle historique pionnier pour le mouvement ouvrier n’ont pas pu être effacés. Quand le mouvement ouvrier recommencera à s’organiser en parti politique indépendant, il saluera à nouveau les Parisiens de 1871.

    Vive la Commune !

  • Patronat et gouvernement veulent nous bouffer tout crus! D’abord nos pensions, ensuite nos salaries

    Patronat et gouvernement veulent nous bouffer tout crus!

    A peine le Pacte des Générations était-il voté que la Banque Nationale annonçait la nécessité d’un nouveau pacte. Cette fois, ce ne sont plus nos retraites qui sont visées mais nos salaires. La Banque Nationale prétend que les salaires horaires devraient augmenter de 5,1% au cours des exercices 2006 et 2007, tandis que la FEB évoque un handicap salarial de 10% par rapport aux pays voisins.

    Els Deschoemacker

    Cette hypothèse est totalement exclue par les syndicats.. “Ce handicap de 10% n’existe pas”, déclare Cortebeeck. Les chiffres de l’Institut Allemand pour l’Economie montrent que les coûts salariaux horaires dans l’industrie belge sont plus bas qu’en Allemagne. De plus, déclare la CSC, il faut encore voir dans quelle mesure ces prévisions salariales se réaliseront d’ici la fin de l’année.

    Mais quand bien même ce handicap existerait-il, quelles en sont les causes? L’augmentation du prix des produits pétroliers joue un rôle en la matière, mais aussi les sévères mesures de modération salariale que les travailleurs allemands, pour ne citer qu’eux, ont dû encaisser. La CSC estime que si nous entrons dans cette logique en Belgique, nous entrerons dans une spirale régressive dont les travailleurs seront les victimes. Au cours des dix dernières années, le pouvoir d’achat des travailleurs a déjà baissé de plus de 2%.

    Peut-on, dès lors, insinuer que les profits des entreprises sont en danger? LA FEB et d’autres organisations d’employeurs hurlent au loup. La compétitivité de nos entreprises serait mise à mal à cause du niveau de nos salaires. Mais de qui se moquet-on?

    En 2005, les profits des banques ont doublé par rapport à 1999! En 2004, les bénéfices des entreprises hors secteur financier étaient de 26 milliards d’euros. “Et cela fait 20 ans qu’on n’a plus enregistré une telle croissance d’une année sur l’autre des bénéfices nets des entreprises ”, déclare la Banque Nationale.

    La machine de propagande des patrons et du gouvernement n’a qu’un seul but: préparer l’opinion publique à une nouvelle attaque contre son niveau de vie, à l’instar de ce qui se passe dans toute l’Union Européenne et ailleurs dans le monde, et ce dans le seul but de maximiser davantage les profits.

    …. à moins que les travailleurs ne refusent

    Nous devons opposer à la réthorique du patronat nos propres arguments. Suite à la généralisation des politiques néolibérales, on compte, à l’heure actuelle, 15% de Belges vivant dans la pauvreté. La prise de position fin 2004 contre la norme salariale et le mouvement de grève générale contre les attaques sur les fins de carrière indiquent clairement qu’une volonté de résistance existe. Cela a conduit à adoucir le Pacte des Générations de sorte que les points de désaccord les plus criants ont été aménagés afin de calmer la colère des grévistes. Cependant, si la bataille n’est pas perdue, elle n’est pas gagnée pour autant.

    L’offensive renouvelée du patronat contre les salaires le prouve de façon évidente. Le gouvernement fait machine arrière par peur d’une nouvelle confrontation. Il est fort probable que la modération salariale soit repoussée au-delà des élections communales mais nous y serons confrontés à nouveau tôt ou tard.

    Cela doit nous conduire à préparer le combat à l’intérieur des organisations syndicales mais aussi à la base en contrant les arguments du patronat de façon radicale.

    Enfin, il nous incombera également de mettre sur pied un nouveau parti politique qui défendra les intérêts des travailleurs.

  • Après le pacte des generations. Continuons le combat

    Le mécontentement continuel du patronat et ses demandes ressemblent à la liste de Saint Nicolas d’un enfant gâté. La hausse de l’acier, du pétrole, de l’euro… sont autant de belles excuses pour justifier l’austérité imposée aux seuls travailleurs car les bénéfices des entreprises ne décroissent pas.

    Nicolas Croes

    Le pacte des générations n’était pas encore voté au Parlement que l’on parlait déjà lors du congrès du VLD d’une seconde attaque sur les fins de carrière. Cela ne pouvait que satisfaire le Fonds Monétaire International pour qui le Pacte, s’il va dans le bon sens, se caractérise surtout par sa «faiblesse». Mais, sans résistance, ce n’est pas seulement plus longtemps que les travailleurs se feront exploiter…

    Pour Guy Quaden, gouverneur de la Banque Nationale (et membre du Parti «Socialiste»…), il y aurait une croissance économique de 2,2% en 2006. Ce serait une amélioration par rapport à l’année précédente, mais dont ne saurait profiter assez le beau monde des entreprises pour cause de handicap salarial. Quaden poursuit en comparant nos salaires à ceux des pays voisins, moins élevés et surtout non-indexés. Et c’est pour lui évidemment là que se situe le problème, dont la solution serait un «Pacte de Compétitivité» impliquant modération salariale, remise en question de l’index et de nouvelles baisses de charges pour les patrons… Il est hors de question de son point de vue de prendre en compte la productivité supérieure des travailleurs belges, cette donnée est probablement réservée aux patronats voisins, pour qui cela peut servir d’explication pour les bas salaires pratiqués chez eux. Quaden ignore aussi le coût de la vie sans cesse croissant, comme vient encore de le démontrer la récente étude du Service Public Fédéral de l’Economie qui calcule ce fameux index dans lequel n’est toujours pas prise en compte la hausse du pétrole.

    La FEB est moins optimiste et prévoit une croissance de 2% (ce qui est toujours supérieur au 1,4% de cette année). Mais sur le fond, l’analyse est la même: nos revenus sont trop élevés. Les travailleurs sont doublement visés dans le rapport de la FEB qui demande aussi une diminution des dépenses publiques. Moins de services à la population, donc, et de nouvelles privatisations avec les conséquences que l’on sait.

    A cela, il faut encore ajouter les pressions du Conseil Central de l’Economie et la bonne volonté du gouvernement pour appliquer les plus infimes désirs du patronat, seule voix «raisonnable» dans la société.

    C’est la faiblesse qui attire les coups et pour stopper le racket, c’est par des actions résolues, massives, et unies que les travailleurs doivent répliquer. La logique du profit est aux seuls avantages des inustriels et autres exploiteurs. Nous ne l’acceptons pas!

  • Débat fins de carrière. L’heure de vérité approche – il nous faut un plan d’action!

    Le débat sur les fins de carrière en question/réponse par Anja Deschoemacker

    De quoi s’agit-il?

    Il s’agit de ce que veut la bourgeoisie depuis les années 80 sans vraiment y parvenir jusqu’ici: le démantellement de la sécurité sociale. La sécurité sociale a été acquise après la seconde Guerre Mondiale, et fut élargie jusqu’à la moitié des années ’70. Depuis la fin des années ’70, ce système fut mis sous pression par la période de dépression qui s’ensuivit.

    Quelles sont les propositions du gouvernement ?

    La question devrait être: y-a-t-il encore un gouvernement? La Ministre du Travail Freya Van den Bossche (SP.a) a publié la note « Vieillir activement ». Dans cette note, figurent des propositions inacceptables pour les syndicats comme pour le PS, par exemple l’abolition de fait de la prépension, le système de malus pour les pensions (une amende de 4% sur la pension par année de départ anticipé),… Cette note n’est pas celle du gouvernement, mais un rassemblement de propositions élaborées par Van Den Bosche et Verhofstadt.

    Le conseil général de la CSC a depuis lors voté 13 points à problème, voire de rupture, dont pas mal de propositions de cette note. Si le gouvernement reprend telle quelle cette note comme base de négociation ou s’il reprend ces points de ruptures dans une nouvelle note, la CSC décidera le 20 septembre de ne pas négocier et commencera à mobiliser. Des dirigeants de la CSC se réfèrent à l’énorme mouvement de grève de 1977, qui fit alors tomber le gouvernement.

    Le ministre des affaires sociales Rudy Demotte (PS) a fait une autre proposition à titre personnel. Contrairement à « Viellir activement » , cette note est bien acqueillie par la FGTB et carrément applaudie par la CSC. Demotte s’oppose directement aux propositions des VLD, MR et SP.a (le financement alternatif par une hausse de la TVA), ce qui toucherait surtout les plus pauvres. Le Bureau du Plan – suivi par la Banque Nationale et la CNT – déclare de plus que cela plomberait fortement l’économie.

    En bref, Demotte propose une forte diminution des charges patronales, mais non-linéaire. Demotte veut baisser les charges sur les salaires les plus bas (et sur ceux des plus de cinquante ans), tout en augmentant celles sur les plus hauts salaires. En outre, il veut élargir l’assiette des charges à tous les revenus, y compris les revenus mobiliers et immobiliers, mais aussi la fameuse « taxe-robot ». En contradiction avec les autres partis, Demotte propose de lier les allocations au bien-être.

    Quelles sont les tendances internationales?

    Tous les pays européens ont subi une offensive de grande ampleur sur le système des pensions. On essaye d’augmenter « le taux d’activité des travailleurs les plus âgés », c-à-d augmenter l’âge de la pension. En Belgique, ce taux d’activité est bas, dû surtout à la haute productivité de l’économie, avec une pression de travail presque intenable qui use les travailleurs très rapidement.

    Il va de soi que la bourgeoisie belge ne veut pas pas être en reste. Mais le fait est que les pensions belges ont déjà été réformées, pas d’un coup, mais sur base des assainissements des 20 dernières années. Pour avoir une pension complète, il faut 45 années de travail (depuis 1997 également pour les femmes), condition parmi les plus hautes en Europe, alors que les allocations sont parmi les plus basses (plus de 60% des pensionnées ont une pension inféreieure à 1000 euros par mois).

    Est-ce que les pensions sont effectivement impayables?

    Pas du tout! Alors que les pensions pesaient 5,4% du produit intérieur brut (PIB) en 1980, ce n’est plus que 5,2% aujourd’hui. Les déficits dans la sécurité sociale sont négligeable comparés à la richesse produite : en 2003 un déficit de 0,5% du PIB, en 2004 de 0,1%. Ensuite, les cinq dernières années prises globalement dégageaienrt toujours un surplus (de 0,6% du PIB en 2000, de 0,7% en 2001 et de 0,3% en 2002). Enfin, les dépenses de sécurité sociale ne pèsent que 16,7% du PIB, malgré la hausse spectaculaire du chômage et des coûts des soins de santé, contre 16,2% en 1980.

    Que faire?

    Le MAS va, avec tous les moyens dont il dispose, participer à la lutte syndicale contre le démantèlement de nos droits acquis. Nos militants syndicaux vont défendre dans les deux grands syndicats la nécessité d’un plan d’action. Seule la construction d’un rapport de force par des manifestations, des actions, des grèves et des grèves générales nous permettra d’obtenir le maximum, de maintenir nos droits acquis et de les élargir avec une hausse plus que nécessaire des allocations et leur liaison au bien-être.

    De l’autre côté, nous n’allons pas défendre les propositions du PS. Le PS – et les directions syndicales – sont fondamentalement d’accord avec l’argument des « charges salariales trop élevées ». Nous pensons au contraire que la classe ouvrière est assez forte pour stopper l’offensive contre les salaires directs et indirects pour autant que les syndicats élaborent une stratégie de lutte appropriée.

    La sécurité sociale n’est pas impayable. Le « déficit » futur n’est pas causé par le vieillissement, mais organisé de façon consciente par la diminution continue de l’intervention de l’Etat et des charges soidisant patronales. C’est contre cela qu’il faut agir, sans entrer dans des négociations qui vont miner la structure même de la sécurité sociale.

  • Travailler plus longtemps pour le même salaire?

    Emploi

    LES DERNIERS mois ont été féconds en exigences patronales, toutes plus exorbitantes les unes que les autres. Semaine de 40 heures sans augmentation de salaire; suppression des prépensions; gel des salaires; assouplissement des heures supplémentaires; annualisation du temps de travail; des crédits-temps à payer de notre poche;… La bourgeoisie belge s’apprête à emboîter le pas aux Pays-Bas et à l’Allemagne qui imposent des mesures d’austérité «historiques». Le patronat belge ne veut pas être en reste.

    Peter Delsing

    Chez Siemens en Allemagne, les syndicats ont été mis au pied du mur en juin: soit le passage des 35 heures aux 40 heures/semaine sans augmentation de salaire, soit la délocalisation en Hongrie avec la perte de 2000 emplois à la clé. La direction syndicale s’y est finalement résignée. Daimler Chrysler et Thomas Cook ont aussitôt emboîté le pas à Siemens. En France et aux Pays-Bas aussi, les patrons «brisent les tabous». En Belgique, la FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) pense également qu’il faut «débattre» de la semaine de 40 heures sans augmentation de salaire. Paul Soete, administrateur-délégué d’Agoria, assène que «nous devons choisir entre travailler plus ou perdre notre emploi»(1).

    Le problème avec cette logique de concurrence, c’est qu’on n’en voit pas la fin. En Pologne, le salaire mensuel moyen est de 460 euros. Faudra-t-il s’y aligner?

    Si le phénomène de la délocalisation est réel, il ne faut cependant pas le surestimer. Dans son rapport annuel de 2003, la Banque Nationale dit que les 10 nouveaux Etats-membres de l’UE – à l’exception de la Slovénie – ont une balance commerciale déficitaire. La BN ajoute que les investissements étrangers directs en Europe de l’Est (donc y compris les délocalisations) «commencent à se raréfier». Les investissements directs de l’UE y ont baissé successivement en 2002 et 2003. Les menaces de délocalisation ne sont souvent rien d’autre qu’un chantage mensonger des patrons.

    Dans une tribune de La Libre Belgique, Paul Soete va droit au but: «Mais revenir par exemple dans les secteurs de l’industrie technologique à 40 heures, permettrait de réduire le coût horaire moyen de 7,4%».(2) Les patrons veulent diminuer leurs coûts – à nos frais – pour rester compétitifs vis-à-vis de la concurrence internationale.

    Dans les pays concurrents, on dit la même chose aux travailleurs. Nous ne pouvons pas faire nôtre la logique de profit et de concurrence des patrons sous peine de perdre tous nos acquis. La politique néo-libérale de baisse des allocations et des salaires réels, de flexibilité à outrance, de hausse de la pression du travail,… est à l’oeuvre depuis les années ’80. La grande majorité des salariés, des chômeurs, des pensionnés,… ont vu reculer leur pouvoir d’achat et leurs conditions de vie et de travail. Après 25 ans de politique néo-libérale de régression sociale, les patrons et leurs gouvernements n’ont rien trouvé de mieux qu’un plan d’austérité encore plus drastique. Quel aveu d’échec !

    La Belgique est le pays le plus productif au monde à l’exception des Etats-Unis. Un allongement de la semaine de travail ne fera qu’augmenter le stress. Ce n’est pas ça non plus qui va aider les gens à trouver du travail alors qu’il y avait à la fin de l’année passée 1.143.500 allocataires à charge de l’ONEm. Certains patrons, comme ceux de l’industrie automobile où le marché est déjà saturé, proposent le «gel des salaires» comme alternative à l’allongement de la semaine de travail. Soete (Agoria) et De Muelenaere (Confédération du Bâtiment) plaident en choeur pour l’annualisation du temps de travail. De Muelenaere le dit sans ambages: «C’en est fini des horaires hebdomadaires uniformes pendant toute l’année». (3)

    Herwig Jorissen, qui est pourtant une figure droitière de la FGTB, a dit que l’allongement de la semaine de travail n’était «pas négociable». (4) Cela reflète la pression de la base. Chez Marechal Ketin à Liège, le personnel a rejeté à l’unanimité une proposition de la direction en ce sens. Chez Volkswagen à Forest en revanche, la FGTB tente d’éviter 200 licenciements en liant la baisse du temps de travail à une baisse des charges salariales pour le patron. Cela sape pourtant les fondements de la sécurité sociale qui serait déjà confrontée à un déficit d’un milliard d’euros.

    Les patrons se servent de l’allongement de la semaine de travail comme d’un bélier pour battre en brèche tous les acquis sociaux. Si la logique du capitalisme est incompatible avec les besoins de la majorité de la population, alors il faut en finir avec elle. Nous devons remettre à l’ordre du jour la vieille revendication syndicale de la semaine des 32h avec embauche compensatoire obligatoire pour commencer à résorber le chômage. Sans perte de salaire: on a déjà pris plus qu’assez dans nos poches pendant 25 ans. Seule la formation d’une tendance combative au sein des syndicats, prolongée sur le plan politique par un nouveau parti ouvrier avec des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes dans ses rangs, permettra d’en finir avec les profits d’une petite élite et l’enrichissement d’une minorité au détriment de la grande majorité.



    (1) De Morgen, 19/8/2004

    (2) La Libre Belgique, 12/8/2004

    (3) De Standaard, 25/8/2004

    (4) De Morgen, 19/8/2004

  • Austérité pour le monde du travail

    Maximum à facturer pour les gros utilisateurs industriels d’énergie

    Les gros utilisateurs industriels font la bonne affaire

    Après le durcissement du contrôle des chômeurs, l’introduction d’un maximum à facturer pour la consommation d’électricité est de loin la mesure la plus importante du conclave. Les 25 plus grosses entreprises paient ensemble 40% de la facture totale de l’énergie en Belgique. Puisque l’industrie achète l’électricité à des tarifs inférieurs à ceux des particuliers, cela signifie que ces 25 entreprises consomment largement plus de 40% de la consommation totale d’électricité en Belgique. Le gouvernement veut rémunérer cela en «plafonnant» les taxes sur la consommation d’énergie. 145.000 entreprises vont en profiter, parmi lesquelles la SNCB. Etant un service public, la SNCB payait annuellement 2 millions d’euros en taxes sur l’électricité. Maintenant que l’entreprise va être scindée en vue de la libéralisation et de la privatisation, ce qui était impossible à discuter auparavant devient possible: la SNCB ne paiera plus que 250.000 euros au maximum en taxes sur l’électricité.

    C’était prévisible! La coalition violette ne tient pas debout. On cherche à grand peine une politique commune. En revanche, les annonces ministérielles pleuvent, les unes plus irréalistes que les autres (les Jeux Olympiques en Belgique, les trains gratuits,….). Il était donc temps pour le Premier ministre Verhofstadt d’impulser une dynamique de groupe. Le gouvernement a donc fait une retraite, le temps d’un week-end, dans une ferme château à Gembloux. Après ce week-end, les organisations patronales n’ont pas ménagé leurs éloges tandis que les syndicats affichaient leur déception. Et pour cause !

    Eric Byl

    Victoire libérale

    Tous les observateurs sont d’accord: les libéraux sont sortis vainqueurs du conclave. C’était nécessaire du point de vue du gouvernement. Le fait que la Belgique avait été critiquée internationalement pour la croissance des impôts sous la coalition violette doit surtout avoir été dur à avaler pour les partis «anti-impôts», le VLD et le MR. De plus, l’image de marque du bon père de famille, que le gouvernement aime à se donner, a été mise à mal par le Fonds Monétaire International. Le FMI a donné un avertissement au gouvernement pour la façon dont il a équilibré son budget. Le FMI aimerait voir remplacer la reprise des pensions de Belgacom et la vente de bâtiments par des mesures plus structurelles.

    Ensuite, il y eut les bricolages successifs de la déclaration libératoire unique (DLU), autrement dit de l’amnistie fiscale. A l’origine, celle-ci devait s’appliquer à partir du 1er janvier 2004. L’ordonnance d’application a été coulée par le Conseil d’Etat. Le cabinet du ministre des Finances Reynders a tenté d’arranger la chose, mais la nouvelle ordonnance est tellement ambiguë que les banques conseillent à leurs clients d’attendre encore un peu. Bref: l’ordonnance ne vaut rien.

    Tant de bévues devaient inévitablement mener à des grognements et à de la nervosité sur les bancs libéraux. Le VLD voit s’exprimer, depuis quelques semaines, sinon quelques mois, des voix dissidentes fortes sur son aile droite. Cela a commencé avec l’ancien ministre Daems, qui a déclaré à l’hebdomadaire populaire Dag Allemaal que la fraude sociale était pire que la fraude fiscale, tout en trônant sur le perron de sa luxueuse villa. Cela a continué avec la flibuste menée par Coveliers sur le droit de vote des immigrés, sa démission comme dirigeant de la fraction VLD au Sénat et sa menace de démissionner du parti. Puis ce fut à nouveau Dewael, qui a lancé à mauvais escient le débat sur le foulard. Enfin le VLD a été obligé d’exclure Claudine De Schepper, parlementaire anversoise, pour son adhésion au Comité contre le droit de vote des immigrés, lancé et contrôlé par le Vlaams Blok. Aller aux élections d’une manière aussi divisée et peu crédible n’était pas possible pour Verhofstadt et le VLD et, dans une moindre mesure, le MR. Ils avaient besoin de concessions pour apaiser leur aile droite et pour augmenter leur crédibilité. C’était là le véritable objectif de Gembloux.

    Un maigre résultat?

    "Quand les libéraux obtiennent un succès, alors c’est bien aussi pour les socialistes"

    (Steve Stevaert, président du SP.a)

    Selon la presse, en fin de compte peu a été décidé: de vieilles décisions ont été confirmées, d’autres reportées. Se-lon l’hebdomadaire Knack: «Il faut encore attendre le grand projet de société dont Guy Verhofstadt parlait dans ses Manifestes du Citoyen. Quel projet? «Le gouvernement sait pourtant que la même tâche l’attend que celle qui a déjà commencé dans les pays voisins, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas. Il s’agit de la réorganisation complète de notre sécurité sociale et du marché de travail.» Voilà qui est très clair, mais les journalistes pensaient-ils vraiment que le gouvernement annoncerait cela publiquement moins de six mois avant les élections?

    Qu’est-ce qui est alors sorti de Gembloux? Toutes sortes de cadeaux aux patrons sous la forme d’une réduction des charges sur le travail de nuit et le travail en équipes, de la possibilité de faire travailler le personnel des magasins le dimanche et de l’assouplissement de la loi sur l’implantation des centres commerciaux, d’une plus grande réductibilité des déjeuners et des dîners d’affaires. Le plus grand cadeau est le maximum à facturer sur l’utilisation d’électricité par les grands entreprises (voir cadre).

    Comme les petits indépendants s’opposent à la révision de la loi sur l’implantation des surfaces commerciales en faveur des grandes surfaces et à l’élargissement du travail de dimanche, le gouvernement leur offre en compensation un statut social meilleur… qu’ils payeront eux-mêmes au travers de cotisations plus élevées. Le gouvernement veut aussi réduire la TVA de 21% à 6% dans le secteur Horeca (mais ceci doit encore être approuvé par l’Europe). Bref: les libéraux ont obtenu les succès qu’ils voulaient.

    Il se peut que les succès des libéraux soient bien aussi pour certains «socialistes», surtout ceux qui – comme Stevaert – sont patrons d’une chaîne de cafés. La majorité des socialistes – et les travail-leurs qui ont été il y a long-temps «représentés» par eux – devront malheureusement constater que le gouvernement n’a pas seulement été géné-reux avec la santé des travailleurs – en impulsant le travail en équipe, le travail de nuit et le travail du dimanche – mais qu’il sera aussi de plus en plus difficile d’être malade ou vieux. En effet, pour favoriser l’engagement de travailleurs à bas salaires, le gouvernement à décidé de «donner» un «bonus crédit d’emploi». Ce-lui qui gagne moins de 1.956 euros brut par mois paiera moins de cotisations sociales, celui qui gagne moins de 1.095 euros brut n’en paiera même plus. Ainsi nous gagnerons plus en net, mais que se passera-t-il quand nous serons malades, licenciés où retraités? Nous devrons payer de notre propre poche parce que la baisse des cotisations sociales aura ruiné la sécurité sociale. Ainsi le gouvernement reprendra (largement) d’une main ce qu’il a donné de l’autre.

    Les chômeurs dupés

    Selon Alfons Verplaetse, l’ancien gouverneur de la Banque Nationale, la tâche de ce gouver-nement et de ses successeurs est comparable à celle de Wilfried Martens pendant les années 80. Les gouvernements de cette époque ont appliqué de lourdes mesures d’austérité. Durant cette période, les salaires ont baissé en moyenne de 15% et les allocations de 20% en moyenne. Simultanément la productivité des travailleurs est devenue une des plus élevées au monde. Les profits ont battu tous les records, la dette publique a triplé. En bref, ce fut un transfert massif de moyens financiers des pauvres vers les riches.

    C’est ce que le FMI, la Banque Nationale, la FEB et com-pagnie attendent aujourd’hui du gouvernement: un carnage social en limitant dans le temps le droit à une allocation de chômage et en allongeant la durée moyenne d’une carrière professionnelle. Les décisions concernant ce dernier point ont été reportées jusqu’après les élections. Nous pouvons deviner pourquoi. Le droit à une allocation de chômage n’a pas été officiellement limité dans le temps. Mais, en pratique, cela reviendra au même par la centralisation accrue du contrôle des chômeurs par l’ONEm fédéral au détriment des services d’emplois régionaux, l’ORBEm, le FOREm et la VDAB.

    Contrairement aux services d’emplois régionaux, qui accompagnent les demandeurs d’emplois dans leur recherche d’un emploi et essaient d’éviter une suspension, l’ONEm est purement un mécanisme de contrôle. Après 18 mois en moyenne de chômage, tous les demandeurs d’emploi seront obligés de prouver à l’ONEm qu’ils ont activement recherché du travail. Celui qui ne pourra prouver «suffisamment d’efforts» sera définitivement suspendu après trois convocations. Il faudra démontrer au moins 312 journées de travail dans une période de 18 mois pour avoir de nouveau droit à une allocation. Knack appelle cela «une percée de principe pour limiter le chômage dans le temps». Cette mesure asociale sera aussi appliquée aux chômeurs âgés (50 ans et plus). On comprend après tout cela pourquoi petits et grands patrons crient victoire… et pourquoi, à gauche, il vaut mieux être patron de café(*) que chômeur!


    (*) Steve Stevaert, président du SP.a, est patron de café.

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