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Tag: Antisexisme
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En action contre le sexisme !
#MeToo – Des réseaux sociaux à la construction active de la lutte contre le sexisme!
Les nombreux témoignages de violence et de harcèlement sous le hashtag #MeToo continuent d’être au cœur du débat. Même les plus aveugles ne peuvent plus nier l’ampleur qu’atteint le sexisme dans cette société. Des décennies durant, des personnes telles qu’Harvey Weinstein ont fait du harcèlement sexuel une pratique quotidienne, souvent en toute impunité.Par Brune (Bruxelles)
Avec le hashtag #MeToo, la parole de milliers de femmes s’est libérée sur les réseaux sociaux, faute de pouvoir le faire dans les postes de police et au tribunal, ou de n’y trouver qu’une faible audience. Cela n’a fait que remettre en lumière la prise en charge manquante ou inexistante de ce genre de dossier. Hors des réseaux sociaux, le mouvement a également pris un caractère combattif lors des manifestations #MeToo ‘‘dans la vraie vie’’, qui ont rassemblé dans plusieurs villes des milliers de gens pour exiger des solutions concrètes. Le mouvement n’en est qu’à ses balbutiements et a besoin de clarté sur le programme, les revendications et les méthodes. Faute de quoi l’espace sera laissé pour des attaques réactionnaires, comme la tribune célébrant la ‘‘liberté d’importuner’’, ou pour une récupération de la part des élites.
Le phénomène #MeToo est une première étape importante dans la construction de la lutte contre le sexisme. La conscientisation sur l’ampleur du problème s’est élargie, il est maintenant temps de discuter des origines de celui-ci pour trouver les solutions adéquates. Il est essentiel de mettre le doigt sur les responsables, les capitalistes qui, dans le cadre du système, engrangent des profits record en marchandisant le corps des femmes. Pour faire toujours plus de profit et diviser les travailleurs, le sexisme est une arme dans les mains de la classe capitaliste.
L’oppression sexiste, sous toutes ses formes, puise sa racine dans l’inégalité sociale que les femmes subissent, dû en partie à leur position économique plus faible dans la société. De plus, les femmes étant vues et traitées comme des objets, à travers les publicités sexistes ou bien dans l’industrie du porno, cela nourrit tout autant cette oppression.
Les travailleuses, les étudiantes, les écolières doivent aujourd’hui plus que jamais s’organiser et construire un mouvement féministe combattif avec des revendications sociales concrètes. Elles doivent faire de la lutte contre le sexisme une affaire de classe – celle des travailleuses et des travailleurs – et non pas des féministes bourgeoises à la Oprah Winfrey, qui ne proposent rien pour changer concrètement les inégalités sociales d’où découlent les violences sexistes que vivent la majorité des femmes. Il est nécessaire d’organiser une résistance active dans la rue, à travers des manifestations, mais aussi sur les lieux de travail, dans les écoles, les universités…
La campagne ROSA est pour cela un outil primordial car à travers celui-ci, la construction de comités de résistances locaux peuvent s’organiser contre le sexisme, et discuter des solutions avec toutes celles et ceux qui veulent nous rejoindre dans l’action. La question de l’alternative à une société capitaliste où se trouve l’origine de l’oppression des femmes doit être discutée au sein de ces groupes. Il offre une tribune pour discuter d’une autre société dans laquelle les causes de l’oppression sont éliminées.
Passer de #MeToo sur les réseaux sociaux à la résistance en rue nécessite un mouvement femme organisé et conscient, qui s’attaque à la source du problème. A travers du 8 Mars, journée internationale des droits des femmes, ROSA veut mettre cette idée en avant et ainsi permettre de créer, en unissant ses forces à d’autres, un événement pour toutes les femmes qui souhaitent se battre contre le sexisme, contre l’austérité et la précarité économique. L’année dernière, ROSA avait organisé une marche contre le Sexisme à Gand avec 600 participants. Cette année, il y aura une deuxième édition à Gand, ainsi que des marches à Anvers et Bruxelles. Nous participons également à d’autres initiatives à Bruxelles, Liège et ailleurs. Participe avec ROSA aux actions du 8 Mars dans ta région !
Le 31 mars aura lieu une conférence nationale de ROSA où différentes thématiques seront abordées sur le sujet du genre, du sexisme sur le lieu de travail, des droits des femmes dans les communes, des 50 ans de mai 68, du rôle de Rosa Luxembourg dans la Révolution allemande il y a 100 ans, etc. A côté de ces discussions, nous parlerons également des projets que nous avons développés depuis le lancement de ROSA l’an dernier et de la manière avec laquelle continuer à s’organiser. La conférence vise à renforcer notre position dans la lutte contre le sexisme. Rejoignez-nous!
BRUXELLES: Jeudi 8 mars à 16h ULB solbosch devant le foyer – avenue Paul Héger. Pour rejoindre l’action de La Marche Mondiale des Femmes à la Gare Centrale à 17h30.
LIEGE: jeudi 8 mars à 18h Place Saint Etienne, où se tiendra un village féministe à partir de 17h30 (après une cycloparade féministe l’après-midi).
GAND: Jeudi 8 mars à 19h30 à la Hôtel de ville de Gand
ANVERS: Jeudi 8 mars à 19h00 Ossenmarkt
Mais aussi des actions à Mons le mercredi 7 mars et à Namur le samedi 10 mars. Contacte-nous!
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Bruxelles. Débat #metoo, sexisme: la précarité nous rend vulnérables

La campagne ROSA organise un débat sur Bruxelles le jeudi 22 février sur le campus du Solbosch, auditoire H1309 – ULB sur le thème : “#metoo, harcèlements, sexisme et prostitution étudiante : la précarité nous rend vulnérables”.
Nous aurons le grand plaisir d’accueillir pour ce débat :
- Renaud Maes, professeur de sociologie à Saint-Louis et auteur d’une enquête sur la prostitution étudiante en Belgique,
- ainsi que Marisa Cabal, coordinatrice de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) à Bruxelles.
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Bruxelles. Manifestation contre le sexisme et la précarité

16H ULB SOLBOSCH devant le foyer – avenue Paul Héger – pour rejoindre l’action de la Marche Mondiale des Femmes à la Gare Centrale à 17h30
#STOPSEXISME #STOPPRÉCARITÉ #STOPHARCÈLEMENTS #STOPINÉGALITÉS #STOPPROSTITUTIONÉTUDIANTE #STOPRACISME&LGBTQI-PHOBIE
Ce 8 mars sera marqué par le succès de #Metoo qui témoigne de la gravité du sexisme toujours présent. Les femmes brisent aujourd’hui le silence pour dénoncer les violences, mais aussi le sexisme institutionnalisé dans les relations hiérarchiques du monde professionnel.La précarité de l’emploi et les bas salaires rendent les dénonciations d’abus sur les lieux de travail plus difficiles. Les coupes budgétaires et la limitation des droits sociaux renforcent encore cette tendance. L’arrêt des violences sexistes passe par l’indépendance économique des femmes. Les nombreuses années de sous-financement de l’enseignement et l’augmentation du coût de la vie créent un boulevard pour des entreprises comme Rich Meet Beautiful pour pousser les étudiantes à se prostituer. La marchandisation du corps des femmes banalise les violences qu’elles subissent.
Opposons-nous aux tentatives du gouvernement de pointer du doigt les migrants comme responsables du sexisme et des pénuries sociales. Le racisme n’est pas une réponse. Les populistes de droite comme Trump & Francken s’en prennent aux femmes, aux LGBTQI+, aux réfugiés et sans-papiers, aux jeunes, aux pensionnés, … Il nous faut y répondre collectivement.
L’oppression et les inégalités croissantes sont inhérentes au capitalisme. L’émancipation des femmes nécessite une société basée sur la satisfaction des besoins de tous, une société socialiste.
Ce 8 mars, nous allons faire descendre #Metoo dans les rues de Bruxelles pour clarifier que ça suffit. La place des femmes est dans la lutte !
Stop au sexisme et à la précarité !
- Stop à la marchandisation du corps des femmes pour augmenter les profits. Pas de prostitution pour payer ses études.
- Stop à la banalisation des violences faites aux femmes. Stop à la culture du viol.
- Stop aux codes vestimentaires. Pour le droit de s’habiller comme on le souhaite.
- Luttons contre toutes les formes de discriminations. Pour des campus et des écoles sans sexisme, racisme et LGBTQI-phobie.
- Solidarité avec les femmes sans-papiers. Pour une régularisation de toutes et tous.
Contre les violences, luttons pour l’indépendance économique des femmes !
- Pour un salaire de minimum 14 €/h brut. Pour un salaire étudiant qui couvre l’ensemble des coûts des études.
- Pour la fin du statut de cohabitant. Suppression du stage d’attente. Pour une revalorisation des allocations sociales au-dessus du seuil de pauvreté.
- Pour des emplois de qualité, ce n’est pas aux aînés de travailler plus longtemps. Pour des pensions décentes.
- 32h par semaine sans perte de salaire et avec embauches compensatoires pour pouvoir combiner travail, vie de famille et loisirs.
- Pour un enseignement gratuit, de qualité et accessible à tous. Pour un refinancement public de l’enseignement, des soins de santé et du secteur social.
Contact : Marisa 0486/30.18.91 // contact@campagnerosa.be
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La professeure Anne Morelli versus #MeToo
Réaction de la Campagne ROSA

Anne Morelli. Photo – Wikimedia Le Vif a interviewé Anne Morelli, une des signatrices belges de la tribune des 100 femmes autour de Catherine Deneuve qui réagissaient à propos de #MeToo. Morelli, une célèbre professeure de gauche à l’ULB, met en garde contre le “féminisme puritain” dans l’interview. Elle déclare, comme dans la tribune, que #MeToo « a attiré à juste titre l’attention sur les problèmes de violence sexuelle, mais que cela a entre-temps dégénéré ».
Par Anja Deschoemacker
Morelli commence tout de suite en faisant une distinction entre le viol et une tentative de drague maladroite ou insistante. « Il y a une zone de transition grise entre un ‘non’ très clair et un ‘oui’ très clair. Dans cette zone de transition, il y a aussi des choses qui ne sont pas approuvables. Un homme qui force une femme à coucher avec lui en échange d’un emploi ? C’est de l’abus de pouvoir et c’est inacceptable.»
« Mais je souhaite ajouter une observation. Le célèbre psychologue Steven Pinker explique dans un de ces livres que les guenons essaient toujours de se faire féconder par le mâle le plus puissant du groupe. Nous les femmes n’avons-nous pas cette tendance ? Ne cherchons-nous pas l’attention de l’homme le plus puissant ? On ne peut ignorer le fait que les hommes puissants attirent de belles femmes, qui espèrent devenir leurs maîtresses. Prenez l’ancien président français François Hollande, qui n’est pas vraiment beau. S’il était un simple employé de bureau, de belles actrices se bousculeraient-elles pour lui ? Je ne pense pas. Dans le jeu de séduction entre les hommes et les femmes, on ne peut pas toujours dépeindre la femme comme une victime. Les femmes ne sont pas seulement des créatures sans défense, elles sont également des séductrices. Et souvent, la femme joue à la victime quand l’affaire est finie. Alors, elle dit soudain ‘”Je devais coucher avec lui”. »
Pour continuer sur l’affaire Weinstein : « dans le milieu cinématographique certaines filles sont prêtes à tout pour décrocher un rôle. (…) Ce n’est vraiment pas toujours le vieux porc d’un côté et la jeune créature sans défense de l’autre. Mais de ça on ne parle pas dans la vague #MeToo. Ce que je trouve terrible aussi, c’est le décalage entre certains actes et les punitions qui en suivent. Des hommes peuvent perdre leur emploi parce qu’ils ont posé la main sur le genou de quelqu’un et sont publiquement cloués au pilori sans aucune forme de procès. »
#MeToo a commencé comme une dénonciation d’abus de pouvoir, où Weinstein abusait de sa position afin de forcer des femmes à avoir des rapports sexuels avec lui. #Metoo n’a pas changé le monde, mais ça a ouvert la voie à beaucoup de femmes pour finalement se faire entendre. Et ça a mis en route un mouvement, où les femmes deviennent plus assertives et revendiquent leur droit d’être traitées avec respect.
Morelli dit qu’un homme qui force une femme à coucher avec lui en échange d’un emploi abuse de son pouvoir et cela est inacceptable, pour ensuite entièrement miner tout plainte possible pour abus de pouvoir en faisant référence aux ‘guenons’. L’avocat de l’homme accusé ne pourrait pas faire mieux.
Ce déterminisme biologique revient encore ailleurs dans le texte : « en italien nous disons : l’uomo è cacciatore, l’homme est un chasseur. » Les êtres humains sont évidemment des animaux avec des besoins de base et des instincts pour les satisfaire. Mais nous sommes des animaux qui cherchons à satisfaire notre faim avec un bon repas, la soif avec un verre de vin, qui dormons dans un lit et qui allons aux toilettes. En bref nous sommes assez « cultivés » pour qu’un homme comprenne qu’il ne peut pas voir et traiter toutes les femmes comme sa proie.
Evidemment que les femmes peuvent aussi être des séductrices et « pas seulement des êtres impuissants ». Personne ne nie cela ! Les femmes victimes d’harcèlement sexuel par des hommes puissants et qui veulent les dénoncer doivent-elles d’abord faire une liste de qui elles ont séduit ? Ce qui est dénoncé avec #Metoo ce ne sont pas les jeux de séduction. Les gens qui ont une position de pouvoir, comme Weinstein, sautent cette étape complètement ! Mélanger les deux, comme la tribune fait et comme Morelli semble faire dans cet interview, signifie mener une discussion malhonnête.
Au sujet de la frontière entre la drague insistante et le harcèlement criminel (1) elle dit : « Je fais aussi partie de la commission contre le harcèlement et le comportement inapproprié et je trouve qu’il faut mieux définir la notion de harcèlement. Prenez l’hôpital Erasmus, qui fait partie de l’université. Là aussi, on voit aussi beaucoup d’infirmières qui tortillent leurs fesses dès que le grand patron passe. Et quand je vois la peine que prennent de jeunes étudiantes pour se rendre désirables auprès du professeur… Un collègue de 55 ans vient de me raconter qu’il vit avec une de ses étudiantes. Elle est pleine d’admiration pour lui (rires) et elle espère peut-être obtenir plus facilement une bourse d’études ou quelque chose de ce genre. »
Pas un mot sur le mail qui avait conduit en mai l’année passée à l’indignation et l’action à l’ULB -l’université d’Anne Morelli- ; ce mail notoire dans lequel les étudiants étaient informés des règles vestimentaires pour la proclamation de médecine le 28 juin. « D’un point de vue esthétique il est préférable que les jeunes femmes portent une jupe ou une robe ainsi qu’un beau décolleté et les hommes un costume. Ce conseil n’est évidemment pas obligatoire. » Est-ce qu’on ne demande pas ici aux étudiantes de « se rendre désirable » ?
Elle n’explique pas non plus comment elle veut changer la définition de « harcèlement ». De plus, qu’est-ce que les « fesses qui se tortillent » des infirmières ont à voir là-dedans ? Est-ce que les femmes qui se tortillent ou qui s’habillent de manière désirable provoquent le harcèlement, on espère que ce n’est pas ce qu’Anne Morelli essaye de dire…
Elle parle de la « disproportion » entre actes et punitions. « Les hommes peuvent perdre leur emploi », selon elle. Mais pas un mot d’empathie pour les nombreuses femmes qui doivent accorder des faveurs sexuelles ou qui doivent subir le harcèlement sexuel pour garder leur emploi. Si les hommes accusés ne deviennent pas “plus assertifs” et n’apprennent pas à “se mordre les doigts”, c’est le seul conseil que les femmes reçoivent dans cette entrevue.
Non, en réalité, ce n’est pas le seul. Sur la question « mais s’il y a une relation de force, c’est pour les femmes souvent bien difficile de juste dire non, n’est-ce pas ? » elle répond : « Cela signifie alors que le mouvement femmes doit en première lieu se battre pour conquérir des positions de pouvoir. La vraie lutte tourne autour de l’égalité sociale, économique et politique des femmes. Toutes ces histoires à propos de l’intimidation sexuelle omniprésente sont pour moi fort exagérées et détournent l’attention de l’essentiel. »
Ici la professeure, qui se décrit pourtant en tant que « vielle marxiste », suit la logique simpliste du mouvement femmes bourgeois. L’égalité sociale, économique et politique ne s’obtient pas en mettant plus de femmes dans des positions de pouvoir – les femmes au sommet ont la même tendance à vouloir le conserver ainsi que le système qui leur donne ce pouvoir. Elles développent les mêmes jeux de pouvoir que leur collèges hommes puissants – mais en renversant celui existant.
Il est illusoire de penser que les femmes peuvent parvenir à l’égalité alors que des inégalités fondamentales persistent dans la société. Si cela c’est du marxisme, alors c’est une version sérieusement déformée à l’image de ce qui était présent dans l’ancienne social-démocratie et dans les partis staliniens – des partis dont la direction ne disait rien sur la question femme « parce que cela créerait une division dans la classe ouvrière ». Mais lorsqu’un mouvement se construisait et les forçait à s’exprimer, ils se faisaient simplement l’écho du programme du féminisme bourgeois.
Les féministes marxistes affirment que c’est seulement par la révolution socialiste, un changement fondamental de la société, que les femmes peuvent obtenir une réelle émancipation. La révolution socialiste est menée sous la direction du mouvement ouvrier – aujourd’hui la majorité de la population dans la plupart des pays – qui tire derrière lui toutes les couches opprimées dans la lutte contre l’oppresseur commun : la classe capitaliste. Pour unifier la classe ouvrière et les masses, celle-ci doit aller à l’encontre de la division qui se développe par la réalité de la vie sous le capitalisme, stimulé systématiquement par une stratégie de « diviser pour régner » menée par la bourgeoisie. Cette unification se fait par la défense des intérêts et des droits de tout groupe opprimé. Le meilleur exemple d’une attitude marxiste reste la Révolution Russe, qui n’a pas libéré que les travailleurs, mais aussi les petits paysans, les femmes, les homosexuels, les lesbiennes et les transsexuels (NDT : le terme n’existait toutefois pas encore à l’époque, au même titre que transgenre), les nations opprimées par le tsarisme,…
On n’obtient pas cette unité en banalisant et en se taisant sur le sexisme, le racisme, la LGBTQI-phobie,… mais en soutenant la lutte contre ces discriminations et en luttant pour des conditions de vie décentes dont personne ne devraient être exclus.
A la question « Votre tribune banaliserait la violence sexuelle ? », Anne Morelli répond :
“Je ne pense pas. Mais je trouve qu’il est urgent de ramener le débat aux choses vraiment délictueuses, et que nous devons nous détendre par rapport au reste. La présidente de l’asbl Sos Viol m’a écrit qu’elle était totalement d’accord. Le viol, c’est une chose, mais pour le reste, les femmes sont libres de dire “oui”, “non”, de crier ou même de frapper s’il y a quelque chose qu’elles ne veulent pas. #MeToo ne doit pas poursuivre sur cette voie, car cela tournera à l’hystérie pure. “Oh non ! Il a posé sa main sur mon bras !”
Une fois de plus, de nombreuses femmes ne sont pas libres de dire “oui” ou “non” ou de crier ou de frapper, mais doivent subir des remarques ou des attouchements si elles ne veulent pas perdre leur emploi. Cela devrait quand même être évident pour une « vieille marxiste ».
Morelli connaît aussi sans aucun doute les statistiques qui montrent que, par exemple, un tiers des femmes de ménage sont confrontées au harcèlement sexuel au travail. Elle connaît aussi sans aucun doute les études sur les conséquences néfastes du harcèlement au travail, comme la diminution de l’image de soi, la dépression et même les suicides. Elle est également consciente du fait que, dans de nombreux endroits, ce problème a déjà un tel impact sur la productivité que de nombreuses entreprises tentent de trouver une stratégie contre le harcèlement. Mais Morelli n’a que ce conseil à donner : “prenez-le de manière plus détendue”.
À propos du sexisme dans la rue, elle raconte une anecdote : « J’étais arrêtée devant le feu rouge et soudain un jeune homme est entré par la fenêtre et a poussé sa main sous ma jupe. Je l’ai évidemment enguirlandé, et il s’est enfui. Nous devons apprendre à nos filles à être plus assertives dans ce genre de situations et à ne pas en faire trop grand cas. Ce n’est pas agréable, mais ce n’est pas un viol. Est-ce que j’ai un traumatisme perpétuel, ma dignité de femme est-elle atteinte, ne suis-je plus la personne que j’étais avant ? Non, n’est-ce pas “? »
Et si la journaliste lui dit que souvent d’autres femmes n’osent pas sortir seules dans la rue après un tel incident, elle répond : « Parce que ces femmes n’ont pas appris à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Et il faut évidemment essayer de créer un espace public sûr où les femmes peuvent se déplacer librement. »
Mais alors, quand les femmes “ne se laissent pas marcher sur les pieds” et utilisent les médias sociaux dans le monde entier pour dire qu’elles en ont assez d’être harcelées, et font des revendications assertives pour y mettre fin, Morelli est toute suite dans l’autre camp pour dire que tout cela est quand-même exagéré…
Quand on lui demande d’où vient la contradiction “entre deux camps qui se disent tous deux féministes” et s’il s’agit d’un conflit de génération, elle répond : « Je le vois comme le pendule de l’horloge. Les féministes historiques dont je suis ont lutté durement pour la libération sexuelle de la femme, et maintenant c’est un mouvement opposé qui d’après moi dégénère totalement et c’est un grand pas en arrière, car #Metoo ne libère pas les femmes ».
MeToo ne libère pas les femmes, dit-elle, et nous sommes tout à fait d’accord. La proposition suédoise d’un accord écrit préalable à chaque « contact sexuel » nous semble aussi absurde qu’elle paraît à Morelli. Nous ne pensons pas non plus comme elle qu’un ensemble de règles ou, pire encore, une police des moeurs constitue une solution.
Le pendule de l’horloge qui revient est certainement là, mais pas sous la forme du nouveau mouvement femme soi-disant puritain – #MeToo n’est que la première discussion sur ce qui mettrait fin au harcèlement – mais sous la forme des Trumps, des Erdogans, des Poutines de ce monde, sous la forme des djihadistes et d’autres fanatiques religieux comme les mal-nommés activistes pro-vie. Il y a des critiques à faire sur le programme très limité qui a été distillé à partir de #MeToo (voir l’article sur « Time’s Up » qui paraîtra dans le numéro de février de Lutte Socialiste), mais ces critiques doivent être données au sein même du mouvement pour le faire évoluer vers une lutte qui peut apporter de réels changements. Il n’y a aucune raison pour que la lutte contre le harcèlement, en particulier sur le lieu de travail et dans les écoles et les universités, ne puisse pas aller de pair avec une campagne pour des emplois permanents à salaire décent.
Morelli prétend que ce dernier a déjà été atteint, comme si les femmes avaient déjà acquis une position égale. Les femmes sont pourtant surreprésentées dans les études sur la pauvreté, sont le plus victimes des coupes dans les allocations sociales, sont les plus nombreuses dans l’emploi à temps partiel, temporaire et mal-payé. Toutes les études montrent, par exemple, que le divorce a un impact financier plus important sur les femmes que sur les hommes, qu’un pourcentage plus élevé de femmes sont incapables d’acheter leur propre logement et que le manque de logements sociaux signifie qu’elles doivent dépendre d’un marché locatif privé coûteux, qui est souvent de mauvaise qualité.
Il faut soutenir la lutte contre le harcèlement, défendre un programme alternatif contre ces forces qui cherchent des solutions purement bourgeoises et individualistes, et organiser les femmes, les impliquer dans la discussion sur la manière dont nous pouvons progresser… Mais aussi les impliquer dans la lutte autour des salaires et des conditions de travail sur les lieux de travail… Construire une position indépendante de la classe ouvrière dans la lutte pour les droits de femmes et offrir ainsi aux jeunes femmes travailleuses une stratégie alternative et les gagner pour les idées socialistes. Les marxistes traitent un tel mouvement -#Metoo- de cette façon-là. Morelli jette l’éponge tout au début.
(1) NDT : En Belgique, le harcèlement est défini comme étant un comportement répété et affectant gravement la tranquillité de la victime. http://www.actualitesdroitbelge.be/droit-penal/droit-penal-abreges-juridiques/le-harcelement/le-harcelement. Ce terme n’existe que dans le cadre juridique canadien : https://www.educaloi.qc.ca/capsules/le-harcelement-criminel
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Quand les préjugés sexistes s’invitent chez Saint-Nicolas et le Père Noël

Photo : Flickr/ Lambda’s Les fêtes de fin d’années sont la période des cadeaux… et du matraquage publicitaire qui va avec ! Et cette année encore, il semble que Saint-Nicolas sera muni de deux hottes : une rose pour les filles et une bleue pour les garçons.
Par Elise (Hainaut), article de décembre 2016
“Oh, une robe de princesse !’’ s’écrie une petite fille. ‘‘Oh, un camion !’’, lui répond un petit garçon. Et la gamine de lui répondre, plus enthousiaste que jamais : ‘‘Oh, un cheval !’’ Cette publicité radio pour Dreamland n’est qu’un exemple parmi tant d’autres des publicités genrées à la radio et à la télé qui accompagnent la période des fêtes. Que ce soit dans les rayons des grands magasins ou dans les catalogues de jouets, tout est organisé pour bien indiquer aux enfants et à leurs parents quels jouets leur sont destinés : ceux liés aux soins et au paraître pour les filles et les jeux d’action et d’ingénierie pour les garçons. C’est même un phénomène qui est en augmentation : des marques comme Légo ou Playmobil, qui étaient autrefois destinées aux deux genres, produisent maintenant des boîtes de jeux spécifiques pour les filles et pour les garçons.
Diviser pour vendre deux fois plus
Cette division des jouets par genre n’est pas le fruit du hasard ; elle relève d’une réelle stratégie de marketing qui permet aux grandes enseignes de jouets d’en vendre deux fois plus. Ainsi, des parents qui achètent un vélo de ‘‘La Reine des Neiges’’ pour leur fille auront du mal à convaincre plus tard son jeune frère de rouler avec, et seront donc incités à en acheter un deuxième.
Le dommage collatéral de ce marketing n’est pas minime. Les enfants se voient inculquer dès leur plus jeune âge que les hommes et les femmes n’ont pas le même rôle dans la société. Non seulement les enfants intègrent les préjugés sexistes de cette façon, mais en plus ils se voient limités dans leur choix de jouets et d’activités en fonction de leur genre. Et puisque les jouets sont un moyen d’apprentissage, les filles et les garçons ne développeront pas les mêmes compétences et les mêmes goûts et n’auront pas accès à l’univers réservé à l’autre genre.
Seule solution : l’éducation ?
L’augmentation du phénomène des jouets genrés entraîne depuis quelques années une vague de réactions et critiques. Face à ce constat, certaines enseignes réagissent en adaptant leur publicité et en présentant leurs jouets comme neutres. On se rappelle que les magasins Super U en France avaient créé le buzz en 2015 via un spot publicitaire allant à l’encontre des préjugés sexistes, qui était rapidement devenu viral sur les réseaux sociaux.
Bien sûr, dans le cas de Super U, l’objectif de la chaîne était avant tout de surfer sur la vague de critique des jouets genrés pour faire parler d’elle et engendrer plus de profits. Toutefois, beaucoup de personnes sont persuadées que la seule façon de lutter contre le sexisme, et notamment les jouets genrés, c’est d’éduquer les gens par des campagnes d’information et dans les écoles. Ce type d’approche a pourtant ses limites.
Les jouets genrés apprennent aux enfants le rôle qu’ils sont censés prendre dans la société en tant qu’homme ou femme. Or, si les hommes et les femmes se voient attribuer des rôles sociaux différents, c’est parce que la position économique qu’ils occupent est également différente. Ainsi, le fait qu’une femme touche en moyenne un salaire plus faible que son conjoint aura pour conséquence que c’est généralement elle qui va abandonner son travail ou passer à temps partiel pour s’occuper des enfants.
La manière dont sont organisés les services publics et la sécurité sociale a un impact direct sur cette répartition des rôles. Par exemple, le congé de paternité est très court en Belgique force dès le départ les jeunes mères à s’occuper seules de leurs enfants. De même, la pénurie de places dans les crèches et dans les maisons de repos et le coût de ces services en constante augmentation poussent les femmes à rester à la maison pour s’occuper de leur bébé ou d’un parent malade.
L’éducation est bien sûr un outil important, mais elle ne change pas la manière dont la société est organisée. Convaincre les parents d’acheter des jouets neutres n’est pas suffisant si on ne s’attaque pas aux causes des inégalités entre hommes et femmes et des préjugés sexistes qui vont avec.
Toujours plus de jouets, toujours moins de temps en famille
Pour des parents qui courent toute la journée entre leur travail, les courses et la crèche ou l’école, offrir des jouets – qu’ils soient genrés ou non – peut être une façon de se déculpabiliser de ne pas prendre plus de temps pour jouer avec leurs enfants. Cette tendance est bien évidemment exploitée par les enseignes de jouets qui y voient une façon de maximiser leurs profits.
Pourtant, le meilleur cadeau pour ces familles ne serait-il pas de pouvoir passer plus de temps ensemble pour les loisirs, et moins de temps au boulot, dans les embouteillages ou à faire le ménage ? Cela nécessiterait un projet de société qui va à l’encontre des politiques d’austérité actuelles, de la flexibilisation toujours plus accrue du travail (Loi Peeters), une société qui réponde aux besoins de base des familles. Cela signifie d’assurer que chacun dispose de revenus suffisants, d’offrir des allocations familiales qui couvrent réellement le coût d’un enfant, et de renforcer les services publics : crèches, écoles, loisirs, écoles de devoirs, transports publics, etc. et la création de nouveaux : blanchisseries, ateliers de repassage, services de nettoyage, services de repas frais et de qualité sur les lieux de travail, dans les écoles et les quartiers, etc.
Et puisque ces services publics libéreraient les femmes de tâches qui leur sont traditionnellement dévolues (le ménage et l’éducation des enfants), ils participeraient à lutter contre les préjugés sur les rôles que les hommes et les femmes sont censés remplir. Les jouets genrés n’auront qu’à bien se tenir.
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POUR EN FINIR AVEC LES VIOLENCES CONTRE LES FEMMES

MANIFESTATION CONTRE LA VIOLENCE FAITE AUX FEMMES SAMEDI 25 NOVEMBRE, 14h Gare du Nord à BRUXELLES, à l’appel de la plateforme Mirabal
Il n’y a pas de capitalisme sans sexisme
À l’approche de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, il est important de dresser le bilan de la situation des femmes dans le monde. Viols, féminicides, harcèlements, violences conjugales, mutilations génitales, transphobie,… Le 25 novembre représente une journée de lutte pour dénoncer ce fléau. Mais pas uniquement !
Par oumayma
Cette journée doit également participer à la construction d’un mouvement large pour lutter contre le sexisme ainsi que les politiques d’austérité qui augmentent la précarité des femmes et diminuent les possibilités d’accompagnement des personnes en difficulté. Des chiffres horrifiants En moyenne, au moins une femme sur trois dans le monde est battue, victime de violence sexuelle ou autrement maltraitée au cours de sa vie. En Belgique, la police dénombre environ 8 viols et 9 attentats à la pudeur par jour. Chez nos voisins français, une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les 3 jours.
En Amérique du Sud, le mouvement ‘‘NI UNA MENOS’’ (Pas une de moins) mène une campagne historique afin de dénoncer les féminicides, à l’origine de la disparition de centaines de femmes chaque année. En Inde, les femmes ont aussi fait entendre leur voix pour révéler au monde que toutes les 20 minutes, une Indienne est victime de viol.
Combattre un système néfaste pour les femmes
De nombreux mouvements contre le sexisme s’organisent à travers le monde. Pour beaucoup de femmes, la nécessité de lutter et de s’organiser devient de plus en plus claire. Pour nous, il ne s’agit pas seulement de dénoncer les injustices subies par les femmes, mais d’en comprendre les causes afin de les combattre. Les violences contre les femmes sont omniprésentes : à l’école, dans la rue, au travail, dans la famille,… Il ne s’agit pas d’un problème de culture ou de ‘‘mauvais choix’’ des femmes, mais bien d’une violence liée au fonctionnement du système actuel, le capitalisme.
La violence n’est pas inhérente à l’individu, comme le prétendent certains. Non, on ne naît pas violent, on le devient. D’une part, le capitalisme produit ouvertement de la violence à travers ses nombreux canaux de diffusion : la culture du viol présente dans tous les médias, l’objectification et la marchandisation du corps des femmes visibles partout et chaque jour on peut entendre des discours politiques sexistes. D’autre part, ce système maintient les femmes dans une position inférieure par la précarisation de l’emploi, l’écart salarial, le harcèlement au travail, la dévalorisation des secteurs dits ‘‘féminins’’, la difficulté de combiner travail et vie de famille, la destruction des services publics et la surcharge de travail domestique que cela occasionne…
ROSA. Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité
Ce scénario d’inégalité et de misère sociale permet à ce système de s’enrichir. La classe dirigeante n’a donc aucun intérêt à ce que les individus soient égaux. Et les politiques d’austérité menées par les différents gouvernements renforcent cette position secondaire des femmes. La casse des services publics, le manque de structures sociales, la chasse aux chômeurs, le statut de cohabitant, le développement des jobs hyperflexibles,… diminuent la capacité de nombreuses femmes de pouvoir s’échapper de situations violentes. C’est pourquoi, selon nous, il est essentiel de lier la lutte contre les violences faites aux femmes au combat contre l’austérité.
Pour s’émanciper, les femmes doivent disposer de toutes les conditions matérielles pour ne plus être dépendantes des hommes. Pour cela, il faut garantir un emploi pour toutes et tous, des soutiens financiers, des logements sociaux en suffisance, des services publics de qualité et gratuits,…
La réalisation de ces revendications passera uniquement par la construction d’une lutte collective et par un véritable changement de système. Manifeste le 25 novembre avec ROSA contre les violences faites aux femmes ! Participe à la construction d’un mouvement féministe anticapitaliste et rejoins la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) !
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Stop au harcèlement et aux violences sexistes! Manifestation à Bruxelles le 25 novembre
Manifestation nationale / Samedi 25 novembre 14h / Gare du Nord à Bruxelles
- Participe à cette manifestation organisé par la plateforme Mirabal, dont la campagne ROSA est signataire !
- Participe au bloc ROSA ! Le combat antisexiste n’oppose pas les femmes aux hommes,
c’est une lutte contre le capitalisme !
Le succès de #Metoo et #Balancetonporc témoigne de la gravité du sexisme dans la société : à l’école, sur les campus, dans les familles, en rue, sur internet ou au travail. En Belgique, 98% des femmes déclarent avoir été victimes de harcèlement. Certaines tentent d’éviter certains lieux, de ne pas prendre les transports en commun, ne portent pas certains vêtements, ne sortent pas seules de chez elles. D’autres quittent leur travail ou se retrouvent bloquées dans une relation violente, entre autres pour des raisons financières. Révéler, signaler, dénoncer ; tout cela est crucial. Et ensuite?Combattre l’austérité pour éradiquer le sexisme La loi du 3 août 2014 considère le sexisme dans l’espace public comme une infraction. Une première à l’échelle internationale. Mais, en même temps, les autorités réduisent les budgets de la police locale, de la justice, des services de prévention, des centres d’accueil, du secteur social,… Résultats : manque de personnel formé à la gestion des agressions sexistes, manque de centres d’accueil,… Cette loi illustre l’hypocrisie des politiciens traditionnels prêts à sanctionner quelques comportements sexistes sans s’en prendre aux racines du problème. Que font-ils par exemple contre les publicités sexistes ? Cela ne participe pas à la banalisation du harcèlement et des violences sexistes peut-être ? Non, nous ne sommes pas des objets !
Le sexisme, ce n’est pas un problème individuel, mais de société ! Il nous faut plus de moyens publics pour l’accompagnement des victimes et pour des campagnes de prévention ainsi que pour la formation et l’embauche de personnel dans les services publics.
Stop à la marchandisation du corps des femmes !
• Stop à la banalisation des violences faites aux femmes dans les médias (pubs, porno, séries,…) !
• Stop à l’utilisation de nos corps comme des objets pour augmenter les profits des entreprises !
• Pour l’utilisation des espaces publicitaires à des fins sociales (prévention, culture,…) et non uniquement commerciales !
• Pour le droit de s’habiller comme on le souhaite : Mes habits ne sont pas un “oui” !Stop à la culture du viol ! Stop à l’austérité ! Pour des investissements massifs dans les services publics et sociaux !
• Pour un refinancement public de l’enseignement, afin notamment d’assurer que l’éducation sexuelle et affective des jeunes ne se fasse pas principalement par internet et le porno.
• Pour un refinancement public du secteur social afin d’offrir un accompagnement correct aux victimes mais également de faire un réel travail de prévention et de conscientisation. • Pour la formation des travailleurs de terrain (police locale, éducateurs, accompagnateurs de bus et trains, …) à la prévention et à la gestion des agressions.
• Pour plus de transports en commun avec plus de personnel d’accompagnement.Pour obtenir une réelle émancipation des femmes, il faut garantir leur indépendance financière !
• Pour des emplois de qualité avec de bons salaires pour toutes et tous !
• Pour la fin du statut de cohabitant et une revalorisation des allocations sociales ! -
Sexisme et harcèlement : un quotidien à éradiquer

98% des femmes déclarent avoir été harcelées au moins une fois dans leur vie(1). Accablant ? Ce n’est pourtant que le début d’une longue liste de chiffres sur le harcèlement qui révèlent l’étendue de cette violence que subissent les femmes au quotidien ! Ce sujet, longtemps considéré comme sans importance, est aujourd’hui sur le devant de la scène grâce à l’impulsion des mouvements de lutte contre le sexisme.Par Brune (Bruxelles)
46% des femmes ne se sentent pas du tout en sécurité pour marcher seules dans un centre-ville après la tombée de la nuit. 95% des Wallonnes ont fait l’objet de sexisme dans l’espace public. Le plus souvent, il s’agit de blagues, de propos déplacés, de huées, de sifflements. Cependant, dans 1/3 des cas, le sexisme s’est traduit par des agressions physiques(2). 83% des femmes affirment avoir été harcelées au moins une fois dans l’année dans un transport public et, dans 88,6% des cas, les témoins d’incidents n’ont eu aucune réaction(3).
Les conséquences du harcèlement sont dévastatrices pour beaucoup de femmes. Certaines tentent d’éviter certains lieux et ne portent pas les vêtements qu’elles souhaitent pourtant mettre. D’autres ont tendance à rester cloîtrées chez elles, à éviter les transports en commun, quittent leur travail, tombent en burnout,…
Loi anti-sexisme
En 2012, le documentaire ‘‘Femmes de la rue’’, tourné en caméra cachée par une étudiante dans les rues de Bruxelles, oblige les politiques à réagir. Joëlle Milquet, alors ministre CDH de l’Intérieur, développe la loi de 2014 contre le sexisme dans l’espace public. Cette dernière punit d’une peine d’emprisonnement d’un mois à un an et/ou d’une amende de 50 à 1000 euros l’auteur de tout geste ou comportement qui a pour but d’exprimer un mépris envers une personne en raison de son sexe.
Cette dernière est toutefois difficilement applicable. La première année, seules 25 plaintes ont été déposées à travers le pays, ce qui démontre directement les limites d’une telle approche. Si les femmes ne portent pas plainte, c’est parce que ces comportements sont tout à fait banalisés dans la société. De plus, le fardeau de la preuve incombe à la victime et il n’est pas évident de prouver quoi que ce soit.
Pour les politiciens traditionnels, il s’agit juste de montrer ‘‘qu’ils font quelque chose’’. Parallèlement, ils réduisent les budgets de la police locale, ceux de la justice ainsi que ceux des services de prévention et du secteur social. Résultat : le personnel manque, de même que la formation, notamment à la gestion des agressions sexistes, racistes ou homophobes.
Cette loi illustre toute l’hypocrisie des politiciens traditionnels. Ils sont prêts à sanctionner quelques comportements sexistes, mais pas à s’attaquer aux racines du problème. Alors qu’ils pointent du doigt les hommes, rien n’est fait contre les publicités sexistes omniprésentes dans les rues et les médias. Pourtant, l’objectivisation du corps de la femme – au seul service des profits d’une minorité – continue à répandre l’idée malsaine que les femmes ne sont au final que des objets à traiter comme tels. Cela participe très certainement à la banalisation des harcèlements sexistes.
De temps en temps, les politiques mènent des campagnes de sensibilisation au sexisme, aux violences faites aux femmes ou au harcèlement. Mais il ne s’agit que d’un rideau de fumée. À Anvers, le conseil communal a placardé la ville d’affiches s’adressant uniquement aux hommes avec des slogans tels que : ‘‘est-ce que quelqu’un peut suivre ta fille en rue ?’’, ‘‘est-ce que quelqu’un peut toucher ta femme?’’, … Le pronom possessif employé en dit long sur le chemin à parcourir ! Au même moment, ces politiciens retiraient les travailleurs sociaux des rues et s’appliquaient à privatiser une partie du secteur social.
Cette approche stigmatise les hommes et s’attaque à ceux qui, sur le terrain, peuvent faire une différence. Ce n’est qu’un paravent hypocrite pour des politiciens qui se disent ‘champions de la cause’, mais qui appliquent les mesures d’austérité qui touchent très durement les femmes. En s’attaquant aux services publics, au secteur non marchand, en traquant les chômeurs – sans qu’il y ait suffisamment d’emplois et encore moins d’emplois décents – en négligeant les structures accessibles pour accueillir les enfants,… les politiques ne font que renforcer la précarité des conditions de vie de nombreuses femmes.
Les mouvements féministes en action
Heureusement, les politiciens ne sont pas les seuls à réagir. De plus en plus de femmes s’organisent et revendiquent de pouvoir circuler, travailler, aller à l’école,… sans se sentir en insécurité. Ces mouvements mettent souvent l’accent sur la prévention et l’éducation comme point central pour améliorer la situation. Il est certain qu’un cours d’éducation sexuelle impliquant des discussions sur le sexisme est nécessaire dans toutes les écoles. Mais comment le faire décemment quand les classes sont surchargées, le personnel épuisé,… ? Il faut revendiquer plus de prévention, mais cela doit être lié à la revendication d’un refinancement public de l’enseignement et également à un refinancement public du secteur social, pour qu’il soir capable de jouer un rôle plus important d’accompagnement, de prévention et d’intervention dans les rues, les lieux de sortie,…
Face au manque de solutions globales, de nouvelles stratégies sont apparues dans les mouvements féministes comme la revendication d’espaces non mixtes : des wagons pour femmes, des heures de piscines ou au de fitness réservées aux femmes, des festivals uniquement pour femmes,… S’il est tout à fait compréhensible que les femmes recherchent des lieux protégés du harcèlement, nous estimons important de souligner les limites de telles propositions.
Il ne s’agit pas d’une solution pour rendre l’espace public plus accessible aux femmes en toute quiétude, mais bien d’une restriction des lieux et heures où les femmes peuvent faire du sport, se déplacer,… Le combat contre le harcèlement doit être lié à des revendications permettant une meilleure utilisation de l’espace public pour toutes et tous : plus de transports en commun, plus de lieux de loisirs publics,… encadrés par du personnel formé et en nombre suffisant.
Une solution collective contre un problème collectif
Le harcèlement – et le sexisme plus globalement – n’est pas un problème individuel, mais bien un élément structurel lié au fonctionnement de ce système. Le capitalisme utilise le sexisme, de même que le racisme ou l’homophobie, pour diviser la majorité de la population. Le sexisme permet aux classes dirigeantes d’augmenter leurs profits en ayant une main-d’œuvre moins bien payée (le salaire des femmes étant en Belgique, toujours en moyenne 25% plus basse que celui des hommes), en utilisant massivement le corps de la femme dans la publicité, à travers le secteur de la pornographie,… et enfin en laissant entre les mains des femmes de nombreuses tâches (éducation des enfants, soins aux personnes âgées,…), ces dernières fournissant dès lors du travail gratuit.
Participez avec la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) à la manifestation nationale contre les violences faites aux femmes le samedi 25 novembre prochain, 14h, gare du Nord à Bruxelles.
La campagne ROSA revendique la fin de la politique d’austérité. Elle souligne d’autre part qu’il n’y a pas de capitalisme sans sexisme. L’un se nourrit de l’autre. C’est pourquoi il est primordial de développer le mouvement féministe socialiste, afin de construire les bases matérielles nécessaires à une réelle émancipation des femmes et en finir avec toutes les formes de sexisme nauséabond, dont les violences faites aux femmes est l’expression la plus dure.

(1) ‘Mon expérience du sexisme’, une enquête réalisée auprès de 3294 femmes de Belgique et de France
(2) Campagne de Vie Féminine « Brisons l’engrenage infernal »
(3) Étude du collectif français ‘Stop harcèlement de rue’ sur notamment le harcèlement dans les bus, trams, métros à Bordeaux, 2016. -
Stoppons la publicité pour la prostitution ! Mon corps, mon choix, pas leurs profits !
Ce lundi matin, un camion publicitaire de la société RMB (RichMeetBeautiful) a été posté à côté de l’ULB : « Hey les étudiantes ! Améliorez votre style de vie. Sortez avec un sugar daddy ». Ni plus ni moins cette société banalise la prostitution étudiante à travers sa publicité nauséabonde. Plus que jamais, il est nécessaire de lutter contre le sexisme, la précarité et pour un avenir décent pour toutes et tous.
Le départ se fera à 16h Av. Héger devant le foyer (campus du Solbosch).

Entre le coût des études, les transports, le logement… la précarisation s’approfondit parmi les étudiants. Tout compris, c’est près de 10.000 € que les familles doivent débourser par étudiant chaque année, et cela dans un contexte de pénuries généralisées (manque de logements sociaux, de place en crèche…) et de coupes budgétaires à tous les niveaux de pouvoir. De 2006 à 2016, le nombre d’étudiants au CPAS a doublé et le nombre de jobistes étudiants employés toute l’année a augmenté de 70 % en cinq ans, un secteur où les inégalités salariales entre homme et femme est aussi une réalité : 262€ en moins par an en moyenne.
Une situation dans laquelle une société comme RMB peut s’immiscer. Face à la précarisation étudiante, les étudiantes peuvent bien vendre leur corps aux riches pour subvenir aux coûts des études et de la vie. Le PDG de RMB, Sigurd Vedal, prévoit « 300 000 inscriptions de membres belges d’ici la fin de l’année 2018 ». La Belgique constituant un de ses « 5 marchés prioritaires, nous avons choisi d’utiliser un marketing de masses. » Ils prévoient la circulation de 10 véhicules publicitaires à travers Bruxelles le mois prochain, prioritairement aux abords des universités.
Les dégoûtants s’affichent en pleine rue ? Les dégoutées et dégoutés doivent faire de même ! Une plainte a été déposée auprès du Jury d’Éthique publicitaire. Cela pourrait empêcher cette publicité d’être diffusée, mais ce n’est pas suffisant pour résoudre les problèmes. Ce jeudi 28 septembre, ROSA a pris l’initiative d’organiser un cortège contre le sexisme au départ de l’ULB, pour rejoindre la manifestation européenne pour l’accès à l’avortement.
Le départ se fera à 16h Av. Héger devant le foyer (campus du Solbosch).- Luttons pour un campus sans sexisme.
- Luttons contre la précarité, pas de prostitution pour payer ses études.
- Stop à la marchandisation du corps des femmes, qui banalisent la prostitution et les agressions sexuelles.
- Pour un enseignement gratuit et accessible à tous.
- Pour un refinancement public de l’enseignement à hauteur de 7 % du PIB.
- Pour un salaire étudiant qui couvre l’ensemble des coûts des études.
Nous y avons esquissé des réponses à des questions telles que : A qui profite le sexisme ? Nous ne pensons pas qu’il est en premier lieu favorable aux hommes, mais bien à une minorité de super-riches qui profitent de la marchandisation de nos corps (publicité,…) et des bas salaires dans le secteur des soins aux personnes, s’appuyant sur le stéréotype que ce sont des compétentes naturelles des femmes qu’il est inutile de rémunérer. Le sexisme permet au gouvernement de plus aisément couper dans les services publics en glorifiant le rôle traditionnel des femmes et en omettant la surcharge de travail domestique non payé. Le sexisme – comme le racisme, l’homophobie, etc. – est également un puissant instrument de division !
ROSA est une campagne orientée vers l’action. À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes, nous avons organisé une manifestation contre le sexisme à Gand auquel 600 jeunes ont participé. Cela faisait longtemps que l’on n’avait plus vu une telle mobilisation un 8 mars.
Le très combatif bloc ROSA à la manif « Trump Not Welcome » ; les stands aux Prides; les interventions dans les grèves et actions du non marchand où l’on retrouve le plus de femmes en lutte ; le cortège contre le sexisme à l’ULB et la manif pour le droit à l’avortement ; etc. : ROSA veut être présent sur différents terrains et mettre en avant que les luttes féministes sont des luttes contre le système, mais aussi qu’une lutte efficace contre l’austérité doit aussi comprendre une lutte contre toutes les formes de division.
Durant l’été, nous avons milité sur de nombreux festivals avec notre campagne ‘‘My body, my choice’’, contre la marchandisation du corps des femmes, pour le droit de choisir si et quand on veut des enfants sans que la question financière rentre en ligne de compte,… Nous avons surtout pu faire connaître ROSA et son approche, ainsi plusieurs personnes sont devenues membres de la campagne. À l’aide de nos autocollants et badges, nous avons également récolté des fonds sans lesquels il nous est impossible d’imprimer des tracts, affiches,… pour pouvoir continuer à militer.
D’autres sont en cours de constitution. Ces réunions sont l’occasion d’aborder un point plus spécifique tel que le harcèlement sexiste, c’est cause et comment le combattre, l’impact des coupes dans les services publics sur les femmes ou encore l’essor des luttes pour les droits des femmes dans le monde. Nous discutons aussi des revendications que nous voulons mettre en avant dans les prochaines actions que l’on organise ou auquel on participe.