Tag: Afrique

  • Le trafic international de déchets tue

    COTE D’IVOIRE

    Six personnes décédées officiellement – mais officieusement il y en aurait 75 – et des milliers d’autres intoxiquées, tel est le résultat d’une pollution causée par le déversement de déchets extrêmement toxiques à Abidjan, la capitale de la Côte d’Ivoire.

    Marie Francart

    Dans la nuit du 19 au 20 août, un navire russe, le Probo Koala, battant pavillon panaméen (de complaisance évidemment) et affrété par une société immatriculée en Espagne, arrive au port d’Abidjan. Officiellement, sa cargaison est composée de 528 m3 d’eux usées contenant des hydrocarbures. En réalité, il s’agit de sulfure d’hydrogène, un produit très toxique et dangereux. Pourtant, à peine arrivés en terre africaine, ces produits sont transportés et ensuite déversés – en toute légalité – dans sept décharges d’Abidjan par une société locale.

    Quelques heures à peine après les déversements, une odeur nauséabonde d’œuf pourri se répand et les riverains sont victimes de violents malaises : maux de tête, diarrhées aigues, problèmes gastriques et difficultés respiratoires. Les centres hospitaliers se retrouvent rapidement débordés par l’afflux des malades et impuissants face au mal puisque, pendant longtemps, ils sont privés d’information quant à la nature exacte de la pollution.

    Qui sont les vrais responsables ?

    Les responsables en amont sont évidemment en premier lieu les patrons de la société multinationale Trafigura, qui a affrété le Probo Koala. Ils prétendent que les déchets sont des résidus issus du nettoyage de cuves de bateau. Pourtant, lorsque, quelques jours auparavant, alors que le navire était amarré en port d’Amsterdam, des tests avaient révélé la présence de produits toxiques inhabituels, qu’il aurait fallu stocker puis traiter à Rotterdam – ce qui allait coûter la somme de 285 000 dollars – la société a préféré « ignorer » le problème et envoyer le navire poursuivre sa route pour finalement aboutir à Abidjan où il a vidangé ses résidus. Actuellement, la société continue de réfuter toute responsabilité, arguant qu’Abidjan est un des ports les mieux équipés d’Afrique de l’Ouest. Or les responsables de Trafigura ne sont pas naïfs, le seul but de cet acte criminel était de s’épargner un maximum d’argent par rapport à ce que le traitement des résidus dans un pays européen leur aurait coûté.

    Mais les patrons de Trafigura ne sont pas les seuls à tremper dans cette eau sale. Les autorités ivoiriennes semblent elles aussi, mouillées jusqu’au cou dans cette affaire. D’ailleurs pas un seul Abidjanais ne doute que les ministres et responsables portuaires ont touché des pots-de-vin au passage, au mépris de la santé des habitants.

    En effet, le 16 août, alors que, le Ministre des Transports reçoit un courrier l’informant de l’arrivée de la cargaison et de la nécessité de traiter les résidus comme des « eaux chimiques », il donne l’autorisation pour le transport des produits dans des camions citernes pour des « eaux usées ». Le lendemain, les autorités ivoiriennes font savoir à la population qu’un traitement chimique sera effectué sur la ville pour désinsectiser (tuer les moustiques) et qu’il ne faudra pas s’inquiéter des mauvaises odeurs !!! Quelle hypocrisie ! Puis, dans la nuit du 19 au 20 août, les chauffeurs des camions-citernes commencent leur travail de transfert et de déversement, escortés par des agents de forces de sécurité. La suite, on la connaît …

    Mobilisation populaire et boucs émissaires

    L’ampleur du drame (le nombre de gens gravement malades) a amené la population à se mobiliser. Elle a commencé à organiser des séances d’information d’abord et des manifestations pacifiques ensuite, au nom du « droit à la vie ». La principale revendication de ces manifs est que les responsables soient publiquement désignés. Mais que peut-on attendre des représentants politiques dans un pays déchiré par la guerre civile depuis quatre ans et où les milices armées du pouvoir ont mis la population au pas ? Finalement, face à cette crise, le gouvernement de transition a démissionné. Mais alors à qui la population peut-elle s’adresser ?

    Il y a bien eu sept arrestations de responsables, deux dirigeants de Trafigura et des patrons d’entreprises travaillant sur le port d’Abidjan. Mais à part ces responsables-là, ce sont surtout les chauffeurs de camions qui ont transporté les produits toxiques qui sont stigmatisés et présentés comme les ennemis publics numéro un. A la télévision et à la radio, des avis de recherche, donnant les numéros d’immatriculation des camions passent d’ailleurs en boucle, invitant la population à venir témoigner à la police. Bien sûr, ces travailleurs ont fait un sale travail et se sentent coupables, mais comme le témoigne l’un d’eux : « On n’a pas pensé un instant que le produit n’était pas bon : tout s’est passé en plein jour, sous le contrôle des corps de police. Cela n’avait rien de clandestin. Si on avait su ce qu’on transportait, jamais on ne l’aurait fait. »

    L’affaire du Probo Koala n’est malheureusement pas un cas isolé. Chaque année, 4 ou 5 cas comparables de déversements (ou de tentatives de déversements) sont signalés. Selon les données collectées par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement, la quantité de déchets dangereux exportés est passée de 2 millions de tonnes en 1993 à 8,5 millions de tonnes en 2001. Le trafic illicite de déchets rapporte des milliards de dollars. Et ce n’est pas non plus pas un hasard si les déversements ont lieu surtout dans des pays d’Afrique et de l’ex-Union Soviétique – là où les règles de sécurité sont minimales et la corruption maximale – au mépris de la santé de la population. La mondialisation du commerce a produit la mondialisation du trafic des déchets et celle-ci non plus ne fait pas de cadeaux aux plus faibles.

  • Front National = Un parti pour les riches !

    A l’approche des élections communales, le FN nous ressort un de ses beaux discours : « le Front National, parti des petites gens ». Mais nous savons ce que vaut ce discours… Après Ducarme qui ne paie pas ses impôts, Cariat ou De Spiegeleerde responsables de détournements de biens sociaux et bien d’autres encore, c’est Féret qui s’y met. En réalité le FN ne vaut pas mieux que les partis traditionnels.

    Floriane, La Louvière

    En effet, tout un tas de plaintes ont été déposées à l’encontre du leader du FN, notamment par un ex-membre du parti. Etant donné que le FN a des élus aux parlement, le parti reçoit des fonds de la part de l’Etat (donc la collectivité). Ces fonds ne constituent pas moins de 90% des caisses du FN.

    Apparemment, Féret et sa compagne, Rorive, y ont vu là une belle opportunité : avec ces fonds, ils ont acheté une maison à Ixelles, une villa sur la Côte d’Azur et baignent dans le luxe. Le parlement bruxellois a évidemment réagi en levant les immunités de Féret et Rorive, mais ce n’est pas en combattant le FN devant les tribunaux qu’on en viendra à bout.

    Mais ce n’est pas tout. Il n’y a rien de plus faux que de dire que le FN et VB sont les partis des petites gens. En realité, ces partis sont des partis « pro patrons ». En effet, ils ne se sont pas opposés une seule fois aux attaques contre les prépensions. Ils veulent, pour les travailleurs, un maximum de flexibilité, augmenter les heures de travail sans augmentation du salaire et lancer de sérieuses attaques contre les chômeurs: diminution des allocations de chômage; ils approuvent l’idée des 345 euros par mois. Ils sont aussi partisans de supprimer ces alloc après un certain nombre de mois. En conclusion, il est certain que les partis d’extrême droite défendent le programme du patronat et tendent même à le rendre plus radical.

    De plus, ils aimeraient casser nos droits démocratiques en remettant en cause le droit de grève et en paralysant les syndicats.

    Le patronat et les politiciens poussent de nombreux immigrés dans la clandestinité, car le travail au noir permet de faire pression pour diminuer les salaires. Beaucoup de jeunes belges n’arrivent pas à trouver du travail. On préfère dire que les immigrés sont responsables de cela afin de masquer que c’est la politique néolibérale menée par tous les partis traditionnels qui crée une pénurie d’emploi. En parole, tous les politiciens sont contre le racisme ; mais en pratique, c’est leur politique de course aux profits records pour une poignée de capitalistes qui permet aux idées racistes de s’épanouir. Le racisme est utilisé pour diviser les travailleurs et ainsi les affaiblir. Et cela pour assurer un maximum de profits pour quelques-uns.

    L’extrême droite accuse les travailleurs venus de l’Est ou d’Afrique de nous « piquer » notre travail. Ils n’hésitent pas à désigner les immigrés comme seuls responsables de la pauvreté croissante, du manque d’emploi et du manque de logement,…. Mais est-ce les immigrés qui restructurent une entreprise?

    Qui licencient et délocalisent? Est-ce eux qui fixent les loyers exorbitants des habitations des grandes villes? Non, les travailleurs et les pauvres issus de l’immigration sont aussi victimes de ces ravages économiques. 50% des immigrés dans certains quartiers d’Anvers ou de Bruxelles vivent sous le seuil de pauvreté.

    Beaucoup de personnes déçues par les partis traditionels se tournent vers l’extrême droite. Pourquoi? Parce qu’elles ne voient pas d’alternative politique ayant des solutions à leurs problèmes (insécurité, pauvreté, chômage,…). Actuellement plus aucun des partis présents dans le parlement ne défend, ni ne soutien la majorité de la population. Ils appliquent tous à des degrés différents une politique néolibérale et antisociale. C’est pour cela qu’il nous faut une vrai opposition de gauche.

  • « Les pays occidentaux sont à 100% responsables de l’immigration »

    Témoignage de Tchatchoua Tchato Jules

    Si l’on parle beaucoup actuellement de la lutte pour la régularisation des sans-papiers, peu de gens savent vraiment ce que peut être la vie des candidats réfugiés ou des sans-papiers, de ceux qui sont en attentes d’un statut légal ou ont été rejetés dans la clandestinité. Jules nous raconte comment il a vécu pendant les mois où il attendait une réponse de sa demande d’Asile.

    Propos recueillis par Nicolas Croes

    Peux-tu te présenter ?

    Je viens du Cameroun et je suis en Belgique depuis le mois de septembre 2005. Je préfère ne pas parler de ce qui m’a poussé à quitter mon pays, j’y ai subi une situation très pénible, c’est un poids lourd à porter et j’essaye au maximum d’oublier cette période.

    Comment s’est déroulé ton accueil en arrivant ici?

    J’ai été conduit dans le centre ouvert de la Croix Rouge de Nonceveux après avoir fait ma demande. Le temps passé à ce centre est une période qui m’a beaucoup vieilli. J’ai rencontré là-bas beaucoup de personnes, et la seule chose que je partageais avec eux, c’était la souffrance, la galère. Penser que je suis parti en laissant là-bas des personnes que j’ai connu, que j’ai aimé, avec qui j’ai passé une partie très lourde de ma vie, me rempli de peine.

    Peux-tu nous décrire comment était la vie à ce centre ?

    La vie du centre est au-dessus des mots. On n’y vit pas, on y survit, même si c’était tout de même moins pire que ce que j’avais vécu avant de venir en belgique.

    J’ai partagé le quotidien avec des bébés, des enfants dont l’âge varie entre 1 an et 15 ans et qui sont là avec leurs parents. Je medemandais pourquoi ces enfants étaient là. C’est la chose qui m’a le plus frustré quand je suis sorti, cette question me revient toujours : qu’est ce que les enfants ont fait pour être là ?

    Il y a là-bas des gens de partout. D’abord, les communautés se regroupent ensemble, mais la même misère nous unis et une solidarité se développe rapidement. Il y a seulement de bêtes incompréhenssions de langage qui génèrent de grands conflits. Il faut comprendre que l’on est seul avec nos problèmes et, avec cette frustration, la moindre étincelle peut avoir de grandes conséquences. Parfois pour de petites choses, les gens s’en veulent. Mais si on a perdu l’espoir avec un avenir tellement sombre et incertain, c’est la seule chose que certains ont encore en plus de leur passé. Quand je pense qu’ils sont dans cette situation pour longtemps encore…

    Tout ceux qui vivent dans ces centres ont un passé très lourd, et la seule chose qu’ils cherchent c’est la paix et la liberté. Ils fuient la guerre, la torture, la famine,… J’ai du mal à comprendre pourquoi il est si difficile d’avoir cette paix et cette liberté. L’Afrique est le continent le plus pauvre et il doit rembourser des millions de dollars par jour. 30.000 enfants meurent chaque jour de maladies guérissables et je n’arrive pas à comrendre pourquoi on ne nous accepte pas ici, pourquoi on se méfie de nous. La seule solution qui est apportée à l’immigration est de renvoyer les gens d’où ils viennent avec tout les risques que cela comporte, ou alors de vivre exploité ici illégalement, pour revivre ainsi une part de ce qu’on a fuis.

    C’était un centre dit « ouvert », il vous était donc possible de sortir ?

    C’était un centre ouvert, on était libre d’en sortir, mais il était fort éloigné de la ville. Il faut payer les tickets de bus pour y arriver et nous n’avions que 4 euros par semaine, même pas assez pour un voyage. Dans les faits, « ouvert » ou « fermé », c’est la même chose.

    Toute ta vie à ce moment, c’était donc le centre et son ambiance de désespoir?

    Oui. Le quotidien, c’est un repas le matin, un repas le midi, et un le soir. Et puis l’attente. Le personnel organisait bien des activités pour nous détendre comme du tennis, du vélo, du football,… mais le nombre de personnes était limité et on était laissés fort seuls avec le vide dans nos coeurs et un peu d’espoir pour certains. Je tiens cependant à remercier vivement le personnel de ce centre. Leur sympathie et leur amitié nous aidait, mais cela ne réduit malheureusement pas la souffrance.

    Ce qui nous aide tous le plus là-bas, c’est l’espoir. Mais beaucoup étaient déjà perdus, ils avaient oublié cet espoir. C’est malgré tout dans cette ambiance que j’ai trouvé l’inspiration pour écrire une histoire : « La salle à palabres ».

    L’histoire que tu nous as présentée à Socialisme 2006, donc. Tu peux nous en parler un peu ?

    Cela raconte les causes de l’immigration, ça parle de la guerre, de la misère, de la famine et de la responsabilité des puissances occidentales face à ça. Une bonne partie parle de la vie dans mon village et mon pays avant la colonisation. Je parle ensuite surtout de la manière dont l’occident gère une immigration dont elle est à 80, ou plutôt à 100% responsable. C’est basé sur mon expérience, mais j’ai voulu y mettre beaucoup d’humour.

    Tu as finalement eu tes papiers…

    Oui, j’ai reçu le statut et je suis parti du centre. J’ai eu plus de chance que les autres, mais je ne l’ai pas mérité plus qu’eux. La seule chose qui me réconforte maintenant et après tout ce que j’ai vécu, c’est de pouvoir tout recommencer à zéro. Comme je l’ai déjà dit, au centre, on ne vit pas, on survit.

    Je dois tout recommencer, mais je ne connais pas le rythme de la société, la culture, les habitudes, et je suis seul. A 25 ans, après tout ce que j’ai vécu, c’est dur. Ce n’est vraiment pas facile avec l’administration qui est totalement différente de celle de mon pays. Cette difficulté administrative est la raison de l’échec de beaucoup d’immigrés. Depuis que je suis sorti du centre, tous les jours je suis à l’administration: au commissariat, au forem, voir mon avocat pour vérifier mon état sur le territoire, je dois renouveler plein de papiers,… L’Afrique est le continent le plus illettré, faute de moyens suffisants, et tout ça est un poids énorme à porter pour des gens qui n’ont pas la chance d’avoir un niveau d’éducation très élevé.

    On arrive d’un pays ou l’Etat nous laisse comme ça et le changement est dur à assumer. Un rendez-vous raté avec l’administration a des conséquences énormes et le langage est différent. Je suis pourtant francophone…

    Au centre comme maintenant, je dois aller chaque matin à la boîte aux lettres avec une grande angoisse, je vais voir ce qu’on a décidé de ma vie.

    Tu es maintenant membre du Mouvement pour une Alternative Socialiste, peux-tu nous expliquer ce qui t’a poussé à nous rejoindre ?

    C’est parce que les causes qui m’ont amené ici, qui m’ont fait quitter les seuls être que j’aimais, qui m’ont fait partir – ce qui est la pire chose qui soit – et ce que j’ai vécu ici, tout cela est combattu par le MAS. Je ne pense jamais quitter le MAS ou arrêter la lutte, je peux maintenant faire quelque chose pour ceux qui sont restés au centre. Si la cause défendue par le MAS, le socialisme, était défendue dans mon pays, je ne pense pas que je serais ici.

  • Avec ou sans papiers, nous sommes tous des travailleurs

    10.000 personnes ont participé le samedi 25 février à la manifestation de soutien des sans-papiers à Bruxelles et, parmi elles, il y avait une forte proportion de sans-papiers. Pour l’Union de Défense des Sans-Papiers et tous ceux qui soutiennent ce combat, c’est donc un grand succès. Mais, pour parvenir à une régularisation de tous les sans-papiers et obtenir la suppression des centres fermés, le chemin à parcourir reste encore long. Car cet objectif va à l’encontre de toute la politique menée en Belgique et en Europe depuis plus de trente ans.

    Xavier Dupret

    Depuis le choc pétrolier de 1974, les frontières de la Belgique et des autres pays européens sont, en effet, officiellement fermées aux migrations de nature économique. Cependant, loin de se tarir, les flux migratoires se sont, au contraire, intensifiés. Le démantèlement des politiques sociales en Europe de l’Est et en Afrique en est la principale raison. Les grandes institutions financières internationales (FMI et Banque Mondiale) ont imposé à l’ensemble de ces pays toute une série de plans d’assainissement des finances publiques, qui ont durement touché l’emploi, la santé, l’enseignement,… avec pour conséquence logique une détérioration des conditions de vie des populations.

    Une nouvelle couche de travailleurs clandestins s’est ainsi constituée dans les pays capitalistes avancés. Les «sans-papiers» sont en réalité des ouvriers fragilisés par les orientations restrictives des politiques migratoires. Ils travaillent souvent dans le bâtiment, la plonge des restaurants et autres métiers pénibles dans des secteurs connus pour leur recours au travail au noir. Les sans-papiers partagent donc – en plus dur encore – le sort de la masse des travailleurs précaires de chez nous, contrairement à ce qu’affirment patrons et racistes qui essaient de les faire passer pour des parasites et des concurrents des travailleurs belges.

    Au total, la multiplication des travailleurs sans-papiers apparaît comme un des éléments de la grande stratégie de précarisation du monde du travail qui, à des degrés divers, nous touche tous. Depuis la fin des années 80, c’est à. un mouvement de régression géénralisée que nous assistons. Une partie des précaires d’hier (femmes, jeunes, immigrés) devient les exclus d’aujourd’hui. Et ceux qui pouvaient espérer occuper un emploi fixe doivent le plus souvent se contenter d’un emploi flexible. Voilà le résultat de 20 ans de politique néolibérale.

    Dans ces conditions, comment le mouvement des sans-papiers peut-il continuer à avancer ? Nous pensons qu’une stratégie axée sur le lobbying auprès des partis représentés au parlement risque d’épuiser le mouvement parce que les partis traditionnels ne veulent pas réellement modifier la situation actuelle.

    Le combat le plus important est, en dépit des difficultés, d’ancrer la lutte des sans-papiers à l’intérieur du mouvement ouvrier belge, parce que celui-ci est le meilleur allié dans la construction d’un rapport de forces avec le gouvernement. Cette lutte n’est pas que syndicale. Elle est aussi politique.

    La lutte des sans-papiers doit être incluse dans la construction d’une nouvelle force de gauche défendant résolument les intérêts de tous les travailleurs, qu’ils soient belges, immigrés ou sans-papiers.

  • Le Mouvement Démocratique Socialiste (DSM) en Nigéria

    Le Mouvement Démocratique Socialiste (DSM), la section nigériane du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), a déjà une histoire de lutte de presque deux décennies. Formé par des activistes socialistes ouvriers et étudiants, nous avons eu notre conférence de fondation en 1986. Née dans l’ère de la dictature militaire notre organisation n’était que sémi-ouverte jusqu’à julliet 1998. Après, le DSM a été lancé comme organisation ouverte. Pendant la période de semi-illégalité, notre organisation était identifiée surtout par le nom de son journal: «Labour Militant» (1987-1994) puis «Militant» (1994-1998). Nous aspirons à la transformation socialiste de la société au Nigeria et nous sommes totalement opposés au pillage des pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique Latine par les puissances impérialistes.

    Democratic Socialist Movement, www.socialistnigeria.org

    La lutte contre la dictature militaire et pour un régime civil et des droits démocratiques était une des campagnes centrales du DSM dans les 13 premières années de son existence. Avec comme résultat que beaucoup de membres du DSM furent arrêtés et souffrirent des longues périodes en détention sans procès sous les régimes de Babangida et d’Abacha. Un point tournant dans notre implication dans cette lutte trouva lieu le 5 juillet 1993, lorsque les activistes du DSM ont vendus plus de 10.000 tracts dans les rues de Lagos pendant une révolte massive contre l’annulation des résultats des élections présidentiels par la junte du général Babangida.

    Depuis l’arrivée d’un régime civil en mai 1999, le travail du DSM a tourné autour des campagnes pour:

    · Un salaire minimum de 20,000 N par mois avec des augmentations régulières d’adaptation au degré d’inflation

    · Enseignement et soins de santé gratuits pour tous, une bourse de 20.000 N pour tous les étudiants dans l’enseignement supérieur

    · La propriété publique des secteurs clés de l’économie sous contrôle et gestion ouvriers

    · Rétablissement des activistes étudiants ou ouvriers exclus de l’école ou licencié de leur boulot

    · La formation d’un parti indépendant de masse des travailleurs avec un programme socialiste

    Le DSM a aussi mené des campagnes contre:

    · Les hausses des prix du carburant

    · La privatisation des entreprises publiques et la commercialisation des services sociaux

    · Licenciements des travailleurs

    · La dette extérieure du Nigeria et le soi-disant plan de soulagement de la dette de 2005.

    Le DSM a joué un rôle important dans les grèves générales et les luttes massives contre les hausses des prix de carburant qui ont eu lieu de manière répétitive depuis 2000. Les membres du DSM ont joués des rôles importants dans LASCO, le Labour Civil Society Coalition, et dans JAF, Joint Action Forum. Nous y avons toujours argumenté pour agir de manière résolue afin d’arrêter les hausses de prix du carburant et pour une mobilisation plus large afin de remplacer le régime d’Obasanjo par un gouvernement des travailleurs et des paysans pauvres dont la mission est de réaliser la transformation socialiste du Nigeria.

    Les membres du DSM ont aussi étés actifs en aidant à construire le National Conscience Party (NCP) depuis sa fondation par Gani Fawehinmi en octobre 1994. Dès le début le DSM a argumenté pour la création d’un parti ouvrier de masse avec un programme socialiste. Dans les années ’80 on a appelé le NLC à actualiser son appel pour un parti ouvrier. Les membres du DSM ont été actifs dans le Nigerian Labour Party qui n’a vécu que brièvement en 1989. La défaite des dirigeants du NLC de sérieusement lancer un parti ouvrier a eu pour résultat d’orienter beaucoup d’éléments qui cherchent à changer les choses vers le NCP. Depuis 1994 le DSM a travaillé pour construire le NCP en argumentant qu’une politique socialiste est nécessaire si le NCP veut être capable d’atteindre son but « d’abolir la pauvreté ». Lors des élections entachées de fraudes de 2003, les membres du DSM qui étaient candidats sur les listes du NCP ont obtenus les plus hauts scores pour le NCP, gagnant officiellement plus de 77.000 votes (9%) dans le district sénatorial de Lagos West et 11.000 votes (14%) dans le collège électoral fédéral de Ifako-Ijaiye à Lagos. Aujourd’hui nous argumentons que Labour et les forces radicales, comme le DSM et le NCP, doivent mettre sur pied une plateforme des travailleurs en préparation des luttes à venir et des élections prévues en 2007.

    Parmi les étudiants le DSM a une longue histoire de lutte également. Quelques-uns de nos fondateurs ont dirigé NANS (National Association of Nigerian Students) dans les années ’80 et, plus récemment, nous avons dirigé fréquemment le NANS de la zone sud-ouest. Aujourd’hui, à coté des différentes luttes contre le minerval et des autres attaques, le DSM s’oppose aussi à la tentative des sections de la direction actuelle de NANS de transformer sa structure nationale en un front pro-gouvernemental.

    Finalement, avec la montée des tensions ethniques et religieuses dans le pays, le DSM mène campagne pour l’unité des travailleurs et des jeunes des différentes origines ethniques et religieuses tout en défendant le droit a l’autodétermination complète pour tous. Opposé à la lutte sectaire, l’organisation plaide pour des luttes menées par les travailleurs unis pour des meilleures conditions de vie et de travail et contre les attaques capitalistes sur l’emploi, les salaires, l’enseignement, les soins de santé et les autres services sociaux.

    Democratic Socialist Movement: Ce pour quoi nous luttons.

    Droits démocratiques:

    * Réhabilitation inconditionnelle et immédiate des ouvriers et syndicalistes renvoyés et brimés.

    * Jugement des responsables des abus contre les droits de l’homme sous le régime militaire.

    * Compensation pour les victimes.

    * Annulation immédiate de toutes les lois anti-démocratiques et anti-ouvrières.

    * démantèlement des services de sécurité de l’état (SSS) et de tous les organes répressifs de l’Etat.

    * Abolition de la discrimination à l’encontre les femmes. Droits politiques, civils, sociaux et de propriété égaux pour les femmes. A travail égal, salaire égal. Des dispenses d’impôt pour les femmes identique à ceux des hommes.

    * Liberté d’expression, de rassemblement et d’association. Indépendance et liberté totales pour les syndicats et organes étudiants sans interférence de l’Etat ou du gouvernement.

    * Opposition à la restriction de la presse.

    * Une authentique démocratie à partis multiples, où chaque groupe ou individu a le droit d’organisation en partis politiques sans inscription auprès du gouvernement. Droit de se présenter aux élections en tant que candidat indépendant.

    * Un parti politique ouvrier de masse indépendant avec un programme socialiste pour fournir une alternative aux partis capitalistes existants.

    * Convocation d’une Conférence National Souveraine (SNC) élue démocratiquement comprenant des représentants élus de groupes sociaux tels que ouvriers, paysans, commerçants, éléments de base des forces armées et de police, professionnels et nationalités ethniques en relation avec leur force numérique, pour délibérer et décider du chemin à suivre par le pays et établir une nouvelle constitution.

    * Pour une fédération socialiste démocratique volontaire du Nigeria garantissant le plein respect des droits démocratiques, culturels et linguistiques de toutes les nationalités ethniques.

    CONDITIONS DE VIE ET DE RESPECT:

    * Education libre et gratuite à tous les niveaux.

    * Soin médicaux gratuits pour tous.

    * Assurance d’un logement publique décent et abordable.

    * Assurance d’allocation de chômage, maladie et pension.

    * Un salaire minimum de 20,000N avec des augmentations périodiques pour contrebalancer le taux d’inflation.

    * Opposition aux licenciements. Un travail pour chaque personne sans emploi.

    ECONOMIE:

    * Abolition du SAP. Arrêt des politiques capitalistes/impérialistes anti-pauvre de privatisation et commercialisation, licenciements des travailleurs, etc…

    * Propriété publique des vastes ressources et richesses du pays sous la direction et le contrôle démocratique des travailleurs.

    * Contrôle et direction démocratique des compagnies et paragouvernementales publiques par des commissions de représentants élus des travailleurs, consommateurs, syndicats, NLC et gouvernement.

    * Un programme massif de travaux publics pour construire des routes, habitations, voies ferrées, écoles et hôpitaux, pour fournir l’électricité, l’eau potable et les sanitaires ainsi que pour générer de l’emploi.

    * Rejet de la dette fictive étrangère, allié aux appels pour un support fraternel aux classes ouvrières des pays impérialistes.

    POLICES ET FORCES ARMEES:

    * Liberté pour les éléments de base des forces armées et policières de former des syndicats et de rejoindre le parti politique de leur choix.

    * Le droit des éléments de base des forces armées et policières de faire grève et de mener des actions pour protéger leurs droits.

    RESPONSABILITE:

    * Déclaration ouverte des possessions des autorités publiques avec un droit d’enquête de la part de la population et de recours en justice contre les officiels ayant de façon illégale acquis des fonds excédant leur revenu légal.

    * Confiscation comme fonds publique sans compensation de toutes les richesses acquises par corruption par l’élite militaire ou civile.

    * Direction démocratique de tous les départements publics, agences et compagnies. Comité de direction comprenant des représentants élus des travailleurs et du gouvernement, avec droit de révocation immédiat si le fonctionnement n’est pas satisfaisant.

    * Tribunaux publiques démocratiquement élus comprenant des représentants élus des travailleurs, paysans, étudiants, professionnels et le gouvernement pour déterminer les cas de corruption.

    UNE SOCIETE SOCIALISTE:

    * Un gouvernement d’ouvriers et de paysans pauvres basé sur un programme socialiste.

    * Une fédération socialiste d’Afrique comme étape vers une fédération socialiste mondiale pour endiguer la faim, la pauvreté, la guerre et la destruction de l’environnement.

  • AFRIQUE: OU LE SOCIALISME OU UNE BARBARIE SANS CESSE PLUS GRANDE

    L’Afrique est ravagée par un ouragan de pauvreté. C’est le seul continent devenu plus pauvre depuis 1980. Près de la moitié de la population vit avec moins d’un dollar par jour. La faim s’étend presque comme une maladie. Des millions d’africains sont mort faute de nourriture. Et l’avenir s’annonce plus triste encore. Le rapport de l’UNDP/UNICEF dit qu’en 2015 l’Afrique pourra nourrir moins de la moitié de sa population.

    Dagga Tolar et Peluola Adewale

    2015 est aussi l’année que les dirigeants du monde ont fixé comme date pour réduire la pauvreté et la faim de moitié entre autres « Objectifs du Millénaire pour le Développement » (OMD). Ces objectifs incluent également la réduction de la mortalité infantile de 75% et l’arrêt de l’extension de l’épidémie de SIDA/HIV. Cependant, la Banque Africaine de Développement a déclaré que l’Afrique est la région la moins prête à réaliser ces objectifs. Les Nations Unies ont exposés que si les indices de développement sociaux continuent sur leur voie, l’Afrique ne pourra rencontre les OMD qu’après 150 ans ! Plus de trois quarts des décès dû au SIDA se situent en Afrique sub-saharienne, et 65% des malades du SIDA vivent sur ce continent. Pour rendre les choses pires encore, l’histoire post-coloniale de l’Afrique est remplie des horreurs de la guerre qui ont pris la vie de millions de travailleurs.

    Les statistiques ci-dessus qui démontrent largement le sous-développement de l’Afrique sont horribles. Qu’est ce qui a bien pu se passer pour que la situation soit si épouvantable malgré des richesses stupéfiantes ? Les Socialistes disent que le capitalisme est coupable. Lénine le qualifiait d’horreur sans fin. Ce système basé sur les inégalités répand ses méfaits en Afrique plus encore que partout ailleurs. En terme de ressources naturelles, l’Afrique est peut-être le continent le plus riche au monde. Mais le capitalisme, à toutes ses étapes de développement, a extirpé du continent ses ressources, du commerce trans-Atlantique d’esclaves à travers le colonialisme à l’époque impérialiste. Les politiques néo-libérales d’aujourd’hui n’ont fait qu’empirer la situation des masses. Le continent est pillé de ses ressources pour financer son développement et pourvoir aux besoins basiques de la population. Les gouvernements comptent sur le capital étranger, pour la plupart sous forme de prêt avec des intérêts exorbitants qui sont autant de fardeaux étouffants.

    A présent, l’impérialisme mondial utilise la triade de la dette, de sa domination sur le commerce mondial et de la corruption des dirigeants africains comme armes pour forcer l’Afrique à se prosterner face au pillage impudent de ses richesses à travers les politiques néo-libérales.

    Les fardeaux de la dette et le néo-libéralisme

    En octobre 2005, l’Afrique avait remboursé 580 milliards de dollars à ses créditeurs (les nations et institutions impérialistes) pour une dette originale de 540 milliards de dollars, et il reste encore 330 milliards de dollars à payer. En luttant pour rembourser ces dettes, les gouvernements négligent l’éducation, la santé, l’approvisionnement en nourriture et autres besoins basiques des travailleurs. Les gouvernements ont pris le poison du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) ou les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation, de libéralisation du commerce, de coupes dans les dépenses publiques, etc., comme conditions pour récupérer les possibles restes de la souffrance due à une dette largement fictive et odieuse.

    Ce n’est donc pas accidentel si l’Afrique a le plus haut taux de malades du SIDA. Africa Action a dénoncé qu’en 2003 les pays africains ont dépensés plus de 25 milliards de dollars en remboursement de dettes, et ce même si 2,3 millions d’Africains ont perdu leur vie à cause du SIDA. Cette année, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que 4,1 millions d’Africains touchés par la maladie ont un besoin urgent de médicaments anti-rétroviraux, mais seulement 50.000 personnes peuvent en avoir.

    Le capitalisme et les politiques néo-libérales sont les causes majeures de faim en Afrique. Craig Timberg, du Washington Post a écrit que, bien plus que les désastres naturels comme la sécheresse ou le changement de climat, la famine que connaît le Niger est principalement due à la politique de libre marché débridée appliquée par le gouvernement nigérien. A la demande de la Banque Mondiale, le Niger a abolit le contrôle des prix avec pour conséquence que les prix de la plupart des denrées comestibles sont maintenant au-dessus des moyens d’une large part des travailleurs. Les taxes imposées sur la nourriture ont menés à deux actions de protestation massives pour le seul mois de mars 2005. Tout cela dans la lignée des demandes de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International concernant les « Pays Pauvres Hautement Endettés », initiatives entraînant le néo-libéralisme. Ceci explique pourquoi les autres pays pauvres, comme le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Ethiopie et le Mali sont dans la même angoisse face à la faim que le Niger et neufs autres pays africains, récemment assurés de l’annulation de leur dette extérieure après des années de soumission ininterrompues aux dictats du FMI et de la Banque Mondiale.

    Commerce inéquitable

    A travers le commerce inéquitable, l’Afrique a été pillée de ses énormes ressources. Entre 1980 et maintenant, la part du continent dans le commerce mondial a chuté de deux tiers, de 6% en 1980 à moins de 2%. Le prix de ses principales exportations ne cesse de plonger. Une étude a révélé qu’entre 1980 et 2001, les prix du café ont plongé de 85%, ceux du cacao de 67%, d’huile de palme de 60% et ceux du cuivre de 41%. Les autres exportations du continent à l’exception du pétrole, suivent la même tendance. Les pays impérialistes qui prêchent le dogme du libre commerce, libéré de tout subsides, etc. imposent des barrières artificielles aux produits africains et subsidient lourdement leurs riches fermiers. On estime que les pays développés dépensent 200 milliards de livres sterling par an pour subsidier leurs agriculteurs, soit 17 milliards de livres sterling en plus que le Produit Intérieur brut de l’entièreté des pays africains. La Banque Mondial déclare que si l’Amérique du Nord, le Japon et l’Europe laissaient tombés leurs barrières aux produits africains, les exportations africaines augmenteraient de 1,5 milliards de livres sterling par an.

    Mais pourquoi l’Afrique est-elle dans cette situation? Fondamentalement, la réponse est que l’économie mondiale est depuis longtemps dominée par les classes dirigeantes et compagnies des pays riches. Les 500 plus grandes compagnies internationales contrôlent 70% du marché mondial, alors que les 50 plus grosses banques et compagnies financières contrôlent 60% du capital global. Aujourd’hui, 300 multinationales et banques importantes effectuent 70% des investissements directs à l’étranger.

    Cette domination bloque le développement de rivaux indépendants de ces monopoles. Là où de nouvelles technologies et produits se développent, ils sont rapidement dominés par les pouvoirs impérialistes. Les exceptions à cette règle générale, comme la Corée du Nord ou la Malaisie, furent aidés par l’Ouest durant la guerre froide pour des raisons stratégiques. Dans le cas unique de la Chine, les bases économiques de son récent développement furent construites sur les avancées initiales dans l’infrastructure et l’éducation rendues possibles par une économie nationalisée et planifiée, malgré les effets de la direction anti-démocratique du stalinisme maoïste.

    Dirigeants corrompus

    La douleur de l’Afrique est combinée à la corruption caractéristique de ses dirigeants. Il est intéressant de voir que la corruption n’est en rien limitée à l’Afrique ou aux pays en voie de développement. La chute d’Enron, le géant américain de l’énergie, par exemple, démontre que la corruption est universelle sous le capitalisme. La plupart des ressources qui échappent au commerce inéquitable ou au remboursement de la dette sont volées par les dirigeant pro-occidentaux corrompus et placés dans des comptes privés en Europe et en Amérique du Nord. Ce vol montre aussi qu’ils n’ont aucune confiance envers le développement des pays africains sur une base capitaliste. Le capitalisme néo-libéral, philosophie régnante de gouvernance, a donné plus d’assises aux dirigeants africains pour le pillage, car ils n’ont plus à utiliser ses ressources pour les besoins basiques de la population. Les gains initiaux qui suivirent l’indépendance et avaient procurés des investissements relatifs de la part des gouvernements nationaux dans les services sociaux et entreprises publiques ont été érodés par les politiques néo-libérales de privatisation, de commercialisation et de coupes dans les dépenses publiques.

    La guerre et la question nationale

    Le néo-libéralisme pousse la masse de la population vers la pauvreté et la marginalisation et ne peut résoudre les questions nationales, héritage du colonialisme, qui sont dans la majorité des cas aux racines des guerres qui ravagent le continent. La plupart des pays africains sont des créations artificielles des maîtres coloniaux pour leurs intérêts stratégiques et économiques sans regards pour les différentes nations, histoires, traditions et langages qu’ils ont réunis.

    Il est clair que l’élite bourgeoise africaine est incapable de résoudre la question nationale. Les sections mécontentes de l’élite dirigeante capitalisent le désenchantement des masses laborieuses pour asseoir leurs gouvernements et exploitent les différentes ethnies pour les mobiliser dans des guerres, qui sont en fait dirigées pour servir leurs seuls intérêts. Hors de ces conflits, ils tirent des avantages excessifs pour prendre directement le pouvoir ou négocier pour être intégrer dans la classe dirigeante, au détriment des masses laborieuses utilisées comme chair à canon. Ces guerres ont laissés des millions de travailleurs sans vies, blessés pour le restant de leurs jours, ou encore sans logements. Les statistiques révèlent qu’il y a eu 4 millions de morts au Congo, 2 millions au Soudan, et 1 million au Rwanda, sans parler du Sierra Leone, du Liberia, de l’Ethiopie/Erythrée, de la Côte d’Ivoire, etc. où les guerres ont récemment coûtés des centaines de milliers de morts.

    Seule les masses laborieuses peuvent résoudrent les questions nationales en supportant les droits des nations et minorités, en incluant l’autodétermination des peuples, tout en luttant pour des mouvements unifiés contre les ennemis communs. Une caractéristique d’un réel mouvement des travailleurs est de voir des personnes issues de différentes nationalités marchant côte à côte contre les attaques capitalistes contre leurs conditions de vie. Cela montre le potentiel pour construire des mouvements unifiés capables de transformer la société.

    Le rôle des travailleurs

    La descente actuelle de l’Afrique vers la barbarie est une expression de la faillite de l’impérialisme et des élites capitalistes locales à développer l’économie africaine et les standards de vie de la population. Pour toute la période qui suivit l’indépendance de l’Afrique, tant les militaires que les sections civiles de la classe capitaliste ont dirigés le continent avec les mêmes effets contre-productifs et ruineux. En terme de développement économique général et de niveau de vie des travailleurs, l’Afrique aujourd’hui est encore plus loin derrière l’Europe et les pays capitalistes avancés que ce n’était le cas il y 4 ou 5 décennies.

    Cependant, une infime partie de la population africaine est aussi indécemment riche que les capitalistes des pays développés. C’est le résultat du vol des budgets gouvernementaux, et de la collaboration avec l’impérialisme pour piller le reste des africains et les ressources matérielles.

    Il ressort de l’histoire du capitalisme, et en particulier de l’histoire limitée du capitalisme en Afrique, que seule la classe ouvrière possède le potentiel de mettre fin à ce système qui signifie la misère pour les masses à côté d’une abondance indescriptible.

    Les progrès de la civilisation moderne restent pour une large part une application des connaissances technologiques pour convertir les ressources naturelles en produits fini consommables. Sous la logique capitaliste qui prévaut actuellement, la plupart de ces connaissances technologiques et des ressources mondiales sont passées sous la propriété privée d’une poignée de corporations ou de propriétaires capitalistes. Et c’est là que ce situe la contradiction majeure. Alors qu’au niveau international et même dans plusieurs secteurs de l’économie, continents ou pays, il existe une abondance de connaissance techniques et de ressources pour donner une vie décente à toute personne sur terre, la nature d’égoïsme et de profit du capitalisme fait que dans la majorité des cas, ces potentiels sont irréalisés.

    Pourtant, le côté positif du capitalisme est le développement et l’existence de la classe ouvrière. C’est la classe sociale qui a en main les clefs des opérations journalières du système sans lesquelles rien ne peut se passer et qui est également capable d’actions collectives.

    Pour pourvoir aux besoins de tous, et non d’une minorité, la classe ouvrière, supportée par d’autres couches de pauvres, doit mener une révolution sociale. Cela entraînera la propriété commune et un contrôle démocratique des commandes de l’économie et des ressources avec une planification et une organisation centralisée vers l’utilité, et non le profit.

    Il est extrêmement important de remarquer que l’histoire contemporaine de l’Afrique est en elle-même très riche en mouvements de masses et de luttes. Uniquement l’an dernier se sont déroulées des protestations de masse contre les politiques néo-libérales et capitalistes au Mali, au Liberia, au Burkina Faso, au Niger, en Afrique du Sud, au Nigeria etc.

    Des années ’90 au début des années 2000, c’est la classe ouvrière qui a mené les protestations/luttes/révoltes qui aidèrent à la défaite des gouvernements capitalistes impopulaires de Kerekou en République du Bénin, et de Kenneth Kaunda en Zambie. Le Mouvement pour des Changements Démocratiques au Zimbabwe dirigé par Morgan Tsvangirai s’est initialement développé à partir des syndicats et de la résistance de la classe ouvrière contre le gouvernement de Robert Mugabe. En Afrique du Sud, seul le COSATU a mené des grèves et des manifestations de masse contre la politique anti-pauvre et néo-libérale du gouvernement capitaliste de l’ANC.

    Au Nigeria, l’actuel pro-impérialiste et anti-pauvre gouvernement du président Olusegun Obasanjo a été ébranlé jusqu’aux racines en plusieurs occasions par une série de grèves et de protestation massives menées par le mouvement syndical.

    Malheureusement cependant, toutes ces luttes, nombreuses et collectives, ont montré la faiblesse qui doit être dépassée pour passer de la protestation et de la défensive vers le changement du système. Cela requiert la construction d’un mouvement avec un programme clair et une direction n’ayant pas peur d’affronter le capitalisme.

    Les socialistes disent que l’Afrique sortira seulement du cercle vicieux de déclin en rompant avec le capitalisme et en prenant les ressources économiques du continent des griffes de l’impérialisme et des capitalistes locaux. C’est seulement sur base d’une économie démocratiquement planifiée que les ressources seront utilisées dans les intérêts de la majorité de la population. Ce n’est pas l’ancien système où l’élite locale pille l’Etat et les entreprises nationalisées à leurs propres fins. Au contraire les socialistes luttent ils pour une nationalisation sous contrôle démocratique des travailleurs pour prévenir de la corruption et assurer que les ressources sont utilisées dans l’intérêts des masses laborieuses.

    L’Afrique n’est pas seule à avoir un avenir incertain sous le capitalisme. La santé de l’économie mondiale aujourd’hui est de plus en plus précaire. Internationalement, les travailleurs, y compris d’Europe et des USA, ne voient qu’un avenir fait d’attaques continuelles envers leur niveau de vie et leurs emplois. Dans cette situation si, même dans un pays africain, une cassure socialiste avec le capitalisme est effectuée, cela aura un écho gigantesque dans les autres pays africains et au-delà. C’est à travers cet impact international que l’isolement d’un pays en rupture avec le capitalisme pourra être dépassé. C’est sur cette base que les socialistes voient l’unité réelle des peuples d’Afrique.

    Mais pour faire cela, un programme et une politique clairement socialiste ainsi qu’une classe ouvrière disciplinée sont nécessaires. Sans cela, il y a le danger que les luttes ne mènent qu’à un simple changement du gang de voleurs au pouvoir. C’est ce qui s’est produit dans la Zambie de Chiluba, un gouvernement formé d’anciens activistes des syndicats, qui mène une politique néo-libérale. Bien sûr les travailleurs peuvent lutter aux côtés d’autres forces sociales dans certaines luttes, quand cela concerne des buts économiques, sociaux ou politiques. Cependant, à l’intérieur de ces mouvements, les socialistes défendront qu’un changement fondamental, la fin du capitalisme, est nécessaire pour rendre permanente n’importe quelle victoire obtenue lors de ces luttes partielles.

    En République du Bénin, les mouvements de masse de la classe ouvrière furent assez fort que pour mettre fin au gouvernement de Kerekou, mais par manque de leurs propres organisation et dirigeants, il n’y eu d’autre choix que d’investir Mr Soglo, un dissident de la classe dirigeante capitaliste, qui ne fit naturellement que continuer la politique antisociale au pouvoir.

    Tristement également, la tentative de créer un parti des travailleurs au Zimbabwe ne s’est soldée que par la fondation du parti pro-capitaliste MDC, ce qui a enlevé à la population une opportunité de combattre et de vaincre le parti capitaliste du dirigeant Mugabe. De façon similaire, c’est le manque d’alternative, de politique socialiste et de détermination pour chasser le gouvernement Obasanjo qui a permis que le très haï président du Nigeria soit capable de comploter pour s’assurer de revenir au pouvoir après la fin de sa législation, en mai 2007.

    Pour arrêter le déclin économique et les horreurs de la guerre qui ravagent l’Afrique, la création de mouvements politiques et d’organisations de luttes pan-africaines de la classe ouvrière jointes à la tâche ultime de l’abolition du capitalisme, la cause principale de l’inégalité sociale et des troubles. Cette tâche ne peut être transposée par les masses laborieuses africaines, les jeunes et les révolutionnaires.

    Rejoignez nous!

    “Tout spectateur est autant un lâche qu’un traître”– Amica Cabra. Si vous êtes mécontent des politiques anti-pauvres menées par les gouvernements africains pro-impérialistes et intéressés de lutter contre ces politiques, l’organisation à rejoindre est le Comité pour une Internationale Ouvrière. Le CIO (CWI en anglais) est une organisation socialiste internationale présente dans près de 40 pays et qui travaille à l’unité de la classe ouvrière et les peuples opprimés contre le capitalisme et pour lutter pour un monde socialistes. Le CIO a des sections au Nigeria et en Afrique du Sud.

    Pour plus de détails, écrivez au CIO/CWI, PO Box 3688, London, E11 1YE, Britain ou envoyez un e-mail à cwi@worldsoc.co.uk.

    Pour écrire au DSM au Nigeria, envoyez un e-mail à: dsmcentre@hotmail.com. Le site du DSM est: www.socialistnigeria.org et celui du CIO/CWI est: www.socialistworld.net

  • MANIFS MASSIVES CONTRE LE G8 EN ECOSSE

    En juillet, nous avons participé avec le MAS aux manifestations contre le sommet du G8. Nous avons diffusé nos idées et discuté avec beaucoup de manifestants sur l’alternative que nous proposons au système actuel. Par notre participation, nous avons démontré ainsi que nous ne sommes pas du tout d’accord avec le régime capitaliste qui dirige notre société aujourd’hui.

    Annemarijn Juffermans.

    Cette année la réunion du G8 a eu lieu en Ecosse. Le G8 se réunit annuellement. Ils comprend les dirigeants des 7 pays industrialisés les plus riches plus la Russie ; ces pays sont les Etats-Unis, le Royaume Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Japon et le Canada. Le G8 a surgi pour offrir une “solution” aux problèmes économiques actuels. Souvent, l’Afrique est un point important de leur ordre du jour, mais toutes les solutions trouvées sont vouées à l’échec. Ce sont des capitalistes qui donnent une réponse assez simpliste aux problèmes que connaît l’Afrique. Ainsi, on prétend que l’Afrique est confrontée à la pauvreté et à la guerre parce que ces pays sont conduits par des mauvais gouvernements. En réalité, ces crises ont été favorisées par les longues années d’exploitation par l’occident.

    Nous sommes allés manifester pour proclamer notre alternative socialiste. Les autres alternatives ne sont pas capables de résoudre les problèmes contemporains. Le sommet du G8 montre clairement qu’il est grand temps pour un nouveau régime.

    En Ecosse, nous avons organisé un camp de jeunes, auquel beaucoup de nos membres et contacts ont participé. De cette façon, nous pouvions lier les actions que nous avons menées à la théorie marxiste.

    Manifs Massives

    Ils y avaient différentes manifestations. La première manif était à Edinbourgh. Elle comptait environ 250.000 personnes. Les organisateurs avaient appelé à une manifestation en blanc. Le but était clairement de maintenir le niveau politique le plus bas possible. Notre délégation d’environ 250 personnes était habillée entièrement en rouge et était la plus combative. Nous avons ensuite organisé un meeting auquel beaucoup de personnes ont assisté.

    Répression

    Il y avait encore quelques manifestations plus petites, comme une devant un centre d’accueil pour des demandeurs d’asile et une autre devant une centrale nucléaire, auxquelles nous avons aussi participé. La dernière manif était à Gleneagles. C’est là où la réunion du G8 avait lieu. La police n’était pas très favorable à cette manif et beaucoup de mesures avaient été prises. On a mis du temps pour former notre délégation. Après un temps d’attente assez court, nous avons commencé la manif, mais après une demi heure elle était stoppée. On nous a dit qu’il y avait des affrontements avec la police au début de la manif. Après, les médias s’étendaient sur ces violences, même si elles n’étaient que très minimes.

    Le rôle des anarchistes

    Nous voulons ajouter encore un petit commentaire sur les anarchistes présents en Ecosse. Ils étaient venus avec l’idée de bien se faire entendre. Il l’ont fait de façon bizarre, en se séparant du reste des manifestants. Ils ont formé par exemple un ‘bloc noir’. Ils ont été directement par écartés par la police.

    Ils ont ensuite été vers l’affrontement avec la police. Bien sûr, les médias trouvent cela fantastique parce que c’est plus sensationnel qu’une manif tranquille. Nous trouvons que c’est stupide qu’ils se concentrent uniquement sur cela, parce que cela a un impact négatif sue l’ensemble de la manif.

  • Contre la guerre, la misère et l’occupation: construis Résistance Internationale

    Il n’y a jamais eu autant de richesses qu’aujourd’hui, pourtant le gouffre entre les pauvres et les riches est de plus en plus grand. Au niveau mondial, les 200 personnes les plus riche possèdent autant que 2,3 milliard des plus pauvre. En Belgique aussi, nous pouvons voir cette situation. Les dix dernières années, le nombre de pauvres en Belgique est passé de 6% à 13%. En 20 ans, la moyenne des allocations de chômage a diminué de 42% du dernier salaire à de 28% du dernier salaire.

    Nikei De Pooter

    Dans une ville comme Anvers, 1 personne sur 4 est au chômage. Depuis un certain nombre d’années, le gouvernement en train d’ épargner sur l’enseignement, sur nos allocations, sur les retraites et tous les autres acquis pour lesquels nos parents et nos grands-parents se sont battus..

    Parallelement, l’impact du monde des entreprises sur nos vies est de plus en plus grand. Nos festivals sont achetés par la multinationale américaine Clear Channel, qui ne fait qu’augmenter les prix, on voit de plus en plus de pubs pour Nike et des boissons froides dans nos écoles, partout à la télé et dans les magazines, on nous dit qu’il faut être les plus beaux, les meilleurs et les plus sportifs, … en fait tout notre environnement de vie est commercialisé. A tous les niveaux, ils essaient de faire des profits.

    Pendant nos études, nous devons faire du travail gratuit via nos stages obligatoires dans les entreprises. Et quand on aura terminé nos études, nous trouverons d’abord des jobs intérims à bas salaires et ultraflexibles. Pour les jobs qui sont encore disponibles et pour les structures sociales qui restent encore, il y a un dur combat. Le racisme est l’expression de ce combat dans les couches les plus pauvres de la société. Par le manque de perspectives, les gens cherchent des solutions individuelles à leurs problèmes et les trouvent dans le racisme.

    Au niveau international, le capitalisme signifie la guerre et la misère pour une majorité de la population mondiale Plus de la moitié de la population au niveau mondial vit avec moins de 2 dollars par jour. En Afrique, le niveau de vie n’a fait que reculé ces 20 dernières années. L’occupation de l’Irak est un exemple que l’impérialisme est prêt à utiliser des interventions militaires directes pour garantir leurs profits.

    Mais la résistance grandit. Dans toute l’Europe, les jeunes et les travailleurs entre en action contre la politique néo-libérale d’attaques des acquis sociaux et la diminution du niveau de vie. Le gouvernement est confronté à des grèves et à des manifestation massives. Aux USA, Bush perd de plus en plus de soutien.

    Dans différents pays européens, naissent des nouvelles formations à gauche de la sociale-démocratie et des verts. En Belgique, les syndicats ont annoncé qu’ils organiseraient des actions dans la fin de cette années contre les différent plansd’attaques de nos acquis. Déjà de plus en plus de jeunes cherchent une organisation où ils pourront se battre contre ce système capitaliste qui est responsable de l’augmentation de la pauvreté et de la misère. Nous voulons construire cette organisation avec Résistance Internationale et le Mouvement pour une Alternative Socialiste. Dans les écoles, les universites, les quartierset les entreprises, nous voulons organiser la résistance et construire notre organisation. Nous appelons tout le monde )à nous contacter pour mener avec nous la lutte pour une autre société, une société socialiste. Deviens actif, rejoins nous !

  • Venezuela: Rapport du Festival Mondial de la Jeunesse

    Un groupe de membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (notre organisation internationale) venus du Chili, d’Autriche, d’Angleterre et du Pays de Galles a fait une intervention très réussie au Festival mondial de la Jeunesse qui s’est tenu à Caracas au Venezuela. Beaucoup de jeunes se présentent comme socialistes et ont envie de discuter si et comment la « révolution bolivarienne » peut conduire au socialisme et faire progresser substantiellement le niveau de vie des masses vénézuéliennes. L’article qui suit reprend des extraits du « Journal de bord vénézuélien » écrit par Sonja Grusch, qui est la porte-parole du Parti Socialiste de Gauche (SLP), notre organisation sœur en Autriche, et membre du Comité Exécutif International du CIO.

    Sonja Grusch

    De grands espoirs (4 août)

    Des milliers de jeunes du monde entier vont se rassembler sur le thème de cette année “Pour la paix et la solidarité – Nous combattrons contre l’impérialisme et la guerre ».

    Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle le Venezuela est pour le moment une destination intéressante. Depuis l’élection d’Hugo Chavez comme président en 1998, le pays se trouve de plus en plus sous les feux de la rampe. La ‘Révolution Bolivarienne’ ne laisse personne indifférent. A côté de fermes partisans, il a aussi des opposants déterminés. Le pays a connu ses premières nationalisations d’entreprises et de terres. Les opposants se trouvent pour l’essentiel dans la classe dominante et dans certains secteurs de la classe moyenne au Venezuela mais également aux Etats-Unis.

    Le Venezuela est un des plus importants producteurs de pétrole pour les USA et un modèle populiste radical comme celui fourni par le gouvernement de Chavez, qui bénéficie d’une sympathie très étendue parmi les masses populaires de tout l’Amérique Latine, est un coin enfoncé dans l’impérialisme US.

    Sur le chemin menant à l’aéroport, j’ai vu une suite sans fin de graffitis et de peintures murales. Les opposants prétendent qu’une invasion cubaine est à l’ordre du jour. Il y a aussi beaucoup de graffitis contre Fidel et contre le communisme. Mais la seule « invasion » cubaine qu’on peut voir, ce sont les 10.000 médecins qui permettent à des milliers de gens d’avoir accès aux soins de santé.

    Mais la majorité des graffitis soutient Chavez et sa politique. Au cours des dernières années, des écoles et des universités ont ouvert, des programmes d’alphabétisation ont été mis en œuvre et d’énormes pas en avant ont été faits dans le secteur de la santé. Mais, malgré toutes ces améliorations, j’ai vu beaucoup de sans-abri dans le centre-ville de Caracas. Les bidonvilles et la misère sont encore largement répandus. Un élément qui illustre le niveau de la misère, ce sont les mesures de sécurité prises par les commerçants et les autres indépendants. Les fenêtres sont grillagées ou barricadées et, dans de nombreux magasins et hôtels, on ne peut entrer qu’une fois les portes déverrouillées et ouvertes de l’intérieur.

    Les attentes sont très grandes dans le pays où 80 % de la population est encore officiellement considérée comme pauvre. Les prochains jours, je veux essayer de comprendre qu’elles sont les attentes et les espoirs des gens et ce qu’ils pensent des changements en cours.

    Au cours des derniers mois, un débat sur le « socialisme » a démarré dans le pays. De plus en plus de gens se demandent s’il est possible de trouver dans le cadre du capitalisme une solution aux nombreux problèmes qui se posent aujourd’hui. Chavez a parlé d’un « socialisme du 21e siècle ». Mais ce que cela signifie pour lui n’est pas clair. Cette question – quel type de socialisme et, plus encore, comment y parvenir et comment le développer – sera la question centrale de ma visite.

    Sous le signe des élections (5 août)

    Dimanche il y aura des élections locales au Venezuela. C’est perceptible à chaque coin de rue, mais la manière de le voir dépend du quartier on se trouve. La différence est frappante entre les quartiers les plus pauvres et les plus riches de Caracas. Les quartiers pauvres de Valle et Coche sont presque entièrement pro-Chavez. A première vue, ces quartiers semblent assez pittoresques. Il y a beaucoup de petites maisons, parfois peintes, s’agrippant à flanc de montagnes. Mais quand on y regarde de plus près, cette impression change rapidement. La plupart de ces maisons ont été construites illégalement, sont très petites et presque construites les unes sur les autres. La plupart ne sont pas cimentées et sont partiellement construites en tôle ondulée.

    La pauvreté est omniprésente. Un jeune homme attend à l’extérieur d’un immeuble grillagé à appartements que quelqu’un lui demande de ramener ses courses à la maison. C’est un moyen pour lui de se faire quelque bolivars (la monnaie du pays). Un vieil homme aveugle erre de café en café en faisant tinter une cannette . En regardant les bus et les autos, on se demande comment ils peuvent encore rouler. Les affiches de l’opposition ne durent pas très longtemps ici.

    Dans les quartiers riches de la ville, il en va tout autrement. On se retrouve là comme dans une grande ville européenne : de grosses autos avec des gens bien vêtus. Et ici on trouve des affiches de l’opposition. Ce qui frappe, c’est que les candidats de l’opposition ont pour la plupart un teint beaucoup plus clair que la majorité de la population. Les différences sociales et de classes sont très visibles.

    Même si le soutien à Chavez et sa politique est grand, on se demande si la participation aux élections sera élevée. Il y a des critiques sur la manière dont les candidats sont sélectionnés : ils sont souvent choisis par en haut, beaucoup sont des inconnus dans les circonscriptions où ils se présentent. En fin de compte, il ne sera pas possible de résoudre les problèmes sociaux par la voie des élections.

    Les slogans qui appellent au socialisme se retrouvent partout. Mais le socialisme exige la démocratie et une participation active de la population. Les travailleurs, les paysans, les jeunes et les pauvres ne doivent pas être de simples observateurs, mais doivent prendre la direction du processus.

    Au Venezuela, une grande partie de l’économie, et en particulier l’industrie pétrolière, est nationalisée. En plus, il y a eu d’autres nationalisations au cours des derniers mois. Une discussion sur la « cogestion » est en cours. En fonction des gens avec qui on discute, cela peut signifier une participation des travailleurs, une co-direction de l’entreprise ou une autogestion par les travailleurs. Ce débat et les résultats qui en sortiront seront décisifs pour la période à venir.

    Les élections et le début du festival (7 août)

    14,4 millions de Vénézuéliens peuvent aujourd’hui apporter leur voix pour élire le gouverneur d’Amazonas, deux bourgmestres mais surtout 5.596 représentants locaux.

    Il est impossible de dire combien de partis participent aux élections. Le vote est électronique, ce qui sera probablement utilisé par l’opposition pour accuser Chavez de fraude électorale. Etrangement, cette même opposition ne considère pas que les votes électroniques aux USA soient anti-démocratiques alors qu’il y a eu néanmoins de nombreux « incidents » douteux. Devant les bureaux de votes il y a de longues files, mais il est difficile de préjuger quelle sera la participation.

    Le réceptionniste de mon hôtel me raconte qu’initialement dans ce quartier il y avait presque 100% de voix pour Chavez. Mais un certain nombre d’électeurs sont déçus parce qu’il n’a pas tenu toutes ses promesses et que, de toute évidence, il y a des gens qui se remplissent les poches au passage. Il dit qu’en général la corruption est un problème.

    Il est difficile de contrôler ce genre d’affirmations. Dans les médias qui sont dominés par l’opposition, on trouve beaucoup d’articles négatifs sur Chavez. Il est possible qu’un certain nombre de critiques soient réelles, mais beaucoup sont fausses ou racontées d’une manière complètement déformée.

    Un membre du CIO qui a visité le pays lors du référendum en août 2004 et qui est maintenant du nouveau sur place, raconte comment la situation a évolué depuis lors. A l’époque il y avait des discussions partout, dans la rue, les cafés, les transports publics,… Maintenant, tout cela a presque complètement disparu. Mais, en même temps, le « socialisme » est devenu un thème largement utilisé et un point de référence.

    Un processus révolutionnaire, comme celui qui se développe au Venezuela, porte en lui des éléments contradictoires et ne se développe pas en ligne droite. Mais il y a bien une donnée cruciale : le temps compte. Des possibilités et des opportunités s’ouvrent, mais elles peuvent de nouveau disparaître si elles ne sont pas utilisées à temps. La motivation pour les discussions était plus forte lors du référendum en 2004 quand la menace immédiate de l’opposition était plus palpable. Mais, à ce moment, l’essentiel du soutien à Chavez et à un nouveau Venezuela était orienté vers le terrain électoral.

    Aujourd’hui marque aussi l’ouverture du Festival de la Jeunesse. Mais, aujourd’hui comme hier, il sera cependant difficile de faire la fête parce que la Ley Seca (la « Loi sèche ») interdit la distribution d’alcool la veille et le jour des élections.

    Malgré cela, l’ambiance est bonne parce que le public, très majoritairement jeune, se réjouit de cet événement international et de passer du temps avec des gens qui pensent comme. Ils sont unis dans leur volonté de faire quelque chose contre la faim et l’exploitation, contre l’oppression et la violence et contre la guerre et le capitalisme.

    Les discussions seront intenses et également polémiques. Mais elles seront cruciales pour le Venezuela à cette étape de la lutte. Elles seront l’occasion d’apprendre du passé pour éviter les mêmes erreurs à l’avenir. Les évènements sanglants du 11 septembre 1973 au Chili ont prouvé que les tentatives de trouver un terrai commun et une unité avec la classe capitaliste se termine en défaite pour les travailleurs. Il y a également des leçons importantes à tirer de la révolution cubaine.

    Une opposition enragée et un long début du festival (9 août)

    Des discussions sérieuses se développent à propos du résultat des élections. D’une part, l’opposition se plaint que les bureaux de votes soient restés ouverts plus longtemps que prévu. D’autre part, on discute aussi de l’ampleur de la participation. L’opposition présente des chiffres montrant une abstention entre 77 et 78% des électeurs. Selon la commission électorale, ce chiffre n’atteint que 69,1%. Il faut savoir que ce sont des chiffres normaux pour des élections locales : en 2000, l’abstention était de 76,2%. Une partie de l’opposition avait même appelé au boycott des élections, ce qui rend leurs divagations à propos de la faible participation assez ridicule.

    Le parti de Chavez, le MVR (Mouvement pour une Cinquième République), a récolté 58% des sièges sur le plan national et l’ensemble des partis pro-Chavez en récoltent 80%. Cela semble être la véritable raison de la colère de l’opposition. Certains partis d’opposition ont un lourd passé de fraude électorale. Vu le manque de soutien de la population à leur égard, ils ne semblent pas avoir d’autre solution que de brandir des accusations de fraude.

    Le Festival de la Jeunesse a commencé hier. Les délégations des différents pays se sont rassemblées sur une grande place. Il y avait des jeunes et des moins jeunes. La délégation du CIO, même si elle était petite, a défilé en tant que groupe international. Elle comptait des camarades qui venaient d’au moins cinq pays différents. Notre matériel politique mettait l’accent sur les questions « Qu’est-ce que le socialisme ? », « Comment peut-on construire un mouvement pour le socialisme au Venezuela ? »,… Ces questions ont une énorme importance pour les Vénézuéliens. Nous ne pouvons pas distribuer gratuitement notre matériel. Il coûte assez cher en fonction du niveau de vie au Venezuela – 500 bolivars, l’équivalent d’une grande baguette au festival. Malgré cela, les gens font régulièrement la queue pour en acheter.

    Il y a un énorme intérêt pour les idées politiques. Les gens sont très ouverts et désireux de discuter, mais il y a également beaucoup de confusion sur ce que signifie le socialisme. Il y a un million de réponses à la question de ce qu’est le socialisme qui sont souvent contradictoires. Il n’y a certainement pas de réponse facile mais néanmoins la réponse sera d’une importance cruciale pour l’avenir du Venezuela.

    Le pétrole, source de richesse et de misère (10 août)

    Le Venezuela est un pays riche. Il est le cinquième plus grand producteur de pétrole à travers le monde. Mais l’énorme richesse de ce pays n’est pas redistribuée équitablement, c’est le moins que l’on puisse dire. Depuis l’augmentation du prix du pétrole au milieu des années ‘70, les revenus de l’Etat ont quadruplé. Une partie de cette somme a servi à améliorer le niveau de vie des travailleurs et des pauvres. Mais cela n’a pas duré longtemps. Avec la baisse du prix du pétrole dans les années suivantes sont venues des mesures néo-libérales drastiques d’austérité qui ont eu des conséquences sociales dramatiques.

    Les revenus réels ont chuté. Le pouvoir d’achat de ceux qui touchaient le salaire minimum a été amputé des deux-tiers entre 1978 et 1994. Des coupes sévères ont eu lieu dans les services sociaux à tel point que les dépenses pour la sécurité sociale ont été réduites de moitié. Les pertes d’emplois ont été énormes et les conditions de travail sont devenues de plus en plus précaires. Le taux de chômage a explosé et beaucoup de gens ont dû se tourner vers le secteur informel pour survivre. En 1999, on estimait que 53 % de la population travaillait dans le secteur informel. Le taux de pauvreté a lui aussi explosé : entre 1984 et 1995, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 36 à 66 %.

    Les partis dominants sont entrés en crise, à cause de leur arrogance et de leur implication croissante dans des scandales de corruption, mais surtout de la polarisation de la situation sociale. Chavez a réussi à offrir une alternative en mettant en avant une politique économique et sociale plus juste. Il s’est adressé « aux gens» et s’est engagé dans une direction de plus en plus anti-capitaliste. Un grand nombre d’améliorations ont eu lieu à l’initiative des ministres ou des « Missions » et de nouveaux emplois ont été créés, particulièrement dans le secteur public.

    Pendant le festival, il était parfois difficile de faire une distinction entre les ceux qui participaient aux activités et les salariés des services publics, comme les balayeurs et les nettoyeurs de rue. Tous portaient des T-shirts rouges avec des slogans pro-Chavez.

    Le programme d’alphabétisation mis en place a permis à plus d’un million de gens d’apprendre à lire et à écrire. Pour la première fois, les universités ont été ouvertes aux enfants de travailleurs et 3.200 nouvelles écoles sont aussi été construites. Des millions de gens ont, pour la première fois de leur vie, eu accès à des soins de santé. A tout moment, les gens parlent avec enthousiasme de ces améliorations et de la différence qu’elles font dans leur vie. Casanova, un dirigeant du MVR, a déclaré que « le pétrole était maintenant géré pour le peuple ».

    Il ne fait aucun doute qu’il y a eu d’énormes changements, même si la misère reste également énorme. La base de ces améliorations réside non seulement dans la volonté politique de changement, mais aussi dans le haut niveau des prix du pétrole. 50 % des dépenses publiques sont financées par les revenus pétroliers. Cela pose la question de savoir ce qui se passera si les prix du pétrole baissent.

    Une partie de la population espère que le processus actuel continuera indéfiniment et qu’elle connaîtra une augmentation continuelle et constante de son niveau de vie. Un enseignant m’explique que ce sera un long processus qui pourrait durer peut-être de 20 à 30 ans. Mais les gens sont-ils prêts à attendre si longtemps ? Peuvent-ils se permettre d’attendre si longtemps ? Et l’opposition bourgeoise et l’impérialisme se contenteront-ils d’observer ce processus en restant silencieux pendant encore 20 ans ? A toutes ces questions, on doit répondre par la négative.

    Le salaire minimum qui n’existe que dans le petit secteur formel est de 405.000 bolivars par mois. La compagnie d’électricité, Cadafe paie un salaire moyen de 600.000 bolivars par mois à ses travailleurs. Un repas bon marché coûte 6.000 bolivars, un petit yogourt 1.000. Un ticket de métro coûte entre 300 et 350 bolivars, une bière entre 1.000 et 1.500. Il n’y a pas d’allocations de chômage et les pensions sont une exception. C’est ce qui fait que la discussion sur le socialisme est si importante.

    Mais, comme je l’ai dit, le terme de socialisme a ici beaucoup de significations. Cela vaut également pour ce qu’on appelle la « co-gestion ». Certains y voient ou veulent y voir le contrôle des travailleurs et même la gestion par les travailleurs. Mais ce n’est pas nécessairement ce que le gouvernement entend par là. Ses représentants disent que cela signifie la propriété par l’Etat et l’implication des travailleurs dans la gestion. On en parle aussi comme d’une distribution d’actions et d’un paiement de dividendes aux travailleurs et aux populations locales.

    Une société socialiste signifie plus que de permettre aux travailleurs de se faire entendre et d’avoir mot à dire. Le socialisme signifie un véritable contrôle ouvrier et une gestion par les travailleurs de la production et des moyens de productions.

    Pour préparer un Venezuela socialiste, un programme clair est indispensable. A notre stand au Teatro Teresa Carreno, toutes nos discussions sont centrées sur le socialisme. Nous ne discutons pas qu’avec les participants du festival, mais aussi avec les nettoyeurs, les balayeurs et les gardiens qui travaillent sur place. Tous veulent discuter et sont intéressés à chercher des réponses à leurs questions sur la manière de procéder. Ils souhaitent entendre notre point de vue. Ces discussions sont vraiment excitantes et il y a beaucoup de gens qui sont d’accord avec notre opinion que la question du socialisme est vitale.

    Une fête pour Chavez (12 août)

    Le festival dure depuis quelques jours et de plus en plus il se transforme en une fête massive pour fans de Chavez et de Che Guevara. Il y a des posters de tous les formats montrant Chavez posant face à Bolivar. Il y a des t-shirts avec Chavez, des porte-clés et des petites photos à glisser dans le portefeuille. On peut aussi acheter des discours de Chavez sur CD, des fichus et des bikinis… aux couleurs du drapeau vénézuélien.

    Notre stand est unique en son genre parce qu’il est le seul à l’entrée du Teatro Teresa Carenno à proposer du matériel politique.

    L’enthousiasme pour les changements dans le pays est compréhensible. Mais l’admiration et le soutien sans critique pour Chavez en tant que personne sont autre chose. Chavez est une figure-clé qui peut jouer un rôle décisif, mais il n’est pas seul et il n’est pas infaillible.

    Chavez ne peut pas remplacer l’organisation de la classe ouvrière. En contraste avec l’attitude de beaucoup de Vénézueliens (et je ne parle pas de l’opposition), critiquer Chavez est vu presque comme un acte de blasphème par beaucoup de visiteurs internationaux.

    Beaucoup veulent penser que Chavez est infaillible. S’il commet une erreur, ce sera mis sur le compte de mauvais conseillers. Malheureusement, cette attitude acritique n’aide pas à faire avancer le processus révolutionnaire. Celui-ci a besoin de discussions ouvertes qui permettent de prendre en compte différentes idées et propositions, de les confronter les unes aux autres, de développer des perspectives et, plus encore, de tirer les leçons du passé. La participation active des travailleurs, des jeunes et des pauvres dans la prise de décision est une condition élémentaire. Sans leur participation, il ne pourra y avoir de socialisme véritable et démocratique.

    Au meeting du CIO sur le thème « Qu’est-ce que le socialisme et comment le réaliser ? », un jeune Vénézuélien a expliqué que le Festival ressemblait à un événement destiné à promouvoir le gouvernement. Beaucoup sont contents d’avoir la possibilité de discuter avec nous à notre stand.

    Tous les discours sur l’apolitisme des jeunes ont été démentis une fois de plus. Des jeunes venus de partout dans le monde sont ici pour discuter de politique. Le Festival est aussi l’expression de la solidarité et du soutien à la révolution bolivarienne. Une fois de plus, cela montre clairement que le peuple n’est pas trop mauvais ou trop égoïste pour le socialisme, mais que c’est le capitalisme qui est mauvais pour le peuple.

    Pour le socialisme, mais quel socialisme ? (15 août)

    Aujourd’hui, c’est le dernier jour du festival. Les deux jours précédents s’est tenu le tribunal anti-impérialiste qui a mis en évidence les crimes de l’impérialisme – les guerres contre le Vietnam et l’Irak, la misère et la faim, la répression et les attaques contre les droits démocratiques.

    Des milliers de gens dans la salle et des milliers d’autres dehors sont venus écouter le discours de clôture de Chavez. A côté de nombreuses références historiques à Bolivar, Sandino, Miranda et d’autres encore et de suggestions de livres à lire, Chavez a cité les fameuses paroles de Rosa Luxembourg : Socialisme ou Barbarie. L’enthousiasme avec lequel le socialisme est vu comme une alternative est un développement relativement récent. Après l’effondrement des Etats staliniens à fin des années ‘80, le socialisme était devenu très impopulaire.

    La situation a commencé à changer à nouveau la naissance du mouvement anti-mondialisation et a trouvé son expression dans le slogan « Un autre monde est possible ». Cependant, la signification exacte du mot « autre » n’était pas très claire.

    Depuis lors, beaucoup de choses ont changé. La classe des travailleurs est de retour dans l’arène de la lutte et nous avons assisté à de nombreuses grèves et grèves générales dans de nombreux pays et à de soulèvements et des mouvements insurrectionnels qui ont provoqué la chute de présidents et de gouvernements en Asie, en Afrique, en Amérique Latine et ailleurs.

    La discussion sur ce que peut être « l’autre monde possible » a continué d’avancer. C’est le message que je veux ramener chez moi de ce Festival.

    En 1997, lors du Festival de la Jeunesse à Cuba, la discussion sur le socialisme comme alternative au capitalisme était moins présente. En 2005, à Caracas, il y a presque un consensus sur le fait que le socialisme était l’alternative au capitalisme.

    Chavez a reçu le plus d’applaudissements quand il a fait référence au socialisme. Friedrich Engels a dit en son temps que le socialisme ne marquerait que le commencement de l’histoire de l’humanité. Aujourd’hui, nous nous n’en sommes qu’au début du commencement.

    Mais qu’est ce que c’est exactement le socialisme ? Que veut dire Chavez quand il parle du socialisme du 21e siècle ? Qu’est-ce que les Vénézuéliens et les participants au festival entendent par là ? Il est clair que cela signifie une répartition plus juste des richesses et l’élimination de la misère. Mais, à ce stade, beaucoup n’ont pas une idée plus claire ou plus élaborée de ce que signifie le socialisme.

    Chavez n’est pas plus clair quand il décrit le socialisme du 21e siècle. Il voit comme partenaires tant Fidel Castro (alors qu’à Cuba manque cruellement une démocratie pour les travailleurs) que Lula (dont le parti et le gouvernement sont impliqués actuellement dans un scandale majeur de corruption et qui est confronté à des actions de protestation contre l’application de mesures néo-libérales). Chavez a fait des références positives à Poutine (qui restreint les droits démocratiques et mène une guerre sanglante contre la Tchétchénie) et à l’établissement d’une Zone de Libre Commerce en Amérique Latine.

    Chavez a glissé vers la gauche, mais n’a pas un programme clairement socialiste. Le socialisme ne va pas se réaliser de lui-même. Il faut une progression révolutionnaire consciente vers le socialisme et un renversement actif du capitalisme, sinon le danger existe d’un retour à une politique néo-libérale au Venezuela. Développer un tel programme et travailler au renversement du capitalisme et à la construction d’une véritable société socialiste démocratique est la tâche des socialistes révolutionnaires aujourd’hui.

  • Sommet du G8 en Ecosse. Proteste avec nous contre la pauvreté et l’exclusion!

    Le fossé entre riches et pauvres n’a jamais été aussi grand qu’aujourd’hui. Les 200 personnes les plus riches possédent autant que les trois milliards les plus pauvres. Sur le plan mondial, un milliard de gens vivent avec moins d’un dollar par jour. 2,7 milliards de gens vivent avec moins de deux dollars par jour. Chaque jour, 30.000 enfants meurent de la faim et de maladies guerissables.

    Nikei De Pooter

    Mais les richesses disponibles sont plus grandes que jamais et les gains des entreprises n’ont jamais été aussi grands qu’aujourd’hui. Cette situation perverse n’est possible qu’avec une société qui se soucie d’avantage des profits d’une petite minorité de super-riches que des besoins de la majorité de la population humaine.

    Avec une fraction des richesses de tous ces super-riches ou avec ce que Bush dépense en un mois contre la résistance en Irak ; la faim, l’analphabétisme et l’extrême pauvreté pourrait disparaître de l’histoire. Sur le plan mondial, on dépense 100 millions de dollars par heure pour la défense! Pour que chacun puisse avoir accès à de l’eau potable, 37 milliards sont nécessaires…cette somme représente ce qui est dépensé pour la défense en deux semaines.

    Dans les médias, les conflits néo-coloniaux sont présentés comme " inhérents à la nature humaine " dans des " régions perdues ". Ce sont pourtant les énormes pénuries en tout genre qui ont mené à l’instabilité, aux conflits et aux guerres. En occident comme dans les pays ex-coloniaux, le capitalisme ne cesse d’augmenter la pression sur les travailleurs. Les problèmes dans le soi-disant " Tiers-monde " sont des problèmes qui nous touchent ici. Ainsi, il y a de plus en plus d’abus commis en faisant pression sur la population laborieuse par la menace de la délocalisation.

    Un exemple extrême du capitalisme est l’abandon à son sort de la majorité de la population africaine. Pendant de longues années, les colonies africaines furent empêchées de se développer économiquement et le rôle du continent resta limité à celui de citron à presser… pour l’occident. Ainsi les dettes se sont accumulées avec, en plus, les intérêts excessifs qu’il faut rembourser. Pour obtenir de nouveaux prêts, les conditions du FMI et d’autres institutions capitalistes doivent être observées. Aujourd’hui, l’Afrique paie par jour 30 millions de dollars pour rembourser sa dette. En Afrique Sub-Saharienne, cela demande autant d’argent que tout ce que ces pays reçoivent comme soutien.

    Il faut briser la puissance des multinationales en Afrique et abolir les institutions telles que le FMI ou la Banque Mondiale. Cela ne peut uniquement se faire par la nationalisation des multinationales sous le contrôle démocratique de la population laborieuse.

    Début juillet, les représentants du capitalisme international viennent à Gleneagles, en Ecosse. Au sommet du G8 (les sept pays les plus riches, plus la Russie), ils veulent parler des changements climatiques et des problèmes de l’Afrique. Ces sommets sont systématiquement confrontés à des protestations massives et en Ecosse également, des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes sont attendus. Nous mobilisons ensemble, avec nos camarades d’Ecosse et d’ailleurs, pour différentes actions et organisons en marge des manifestations un camp international de jeunes avec des discussions et des débats.

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