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Tag: 8 mars
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Les femmes du monde du travail en lutte pour la fin de l'oppression
Chaque année, le 8 mars, nous célébrons dans le monde entier la contribution apportée par les travailleuses et les pionnières dans la lutte pour une société nouvelle. Cette date a été décidée lors d’une réunion internationale des socialistes il y a plus de cent ans. Le 8 mars 1917, en Russie (le 25 février selon l’ancien calendrier julien), les travailleuses de Petrograd ont déclenché la révolution de Février, prélude à celle d’Octobre, qui a renversé le régime autocratique du tsar.Clare Doyle, Comité pour une Internationale Ouvrière
Aujourd’hui, dans de nombreux pays, les médias et intérêts commerciaux vont essayer de travestir le contenu politique initial de la journée, basé sur la lutte des classes, en un argument de vente pour divers cadeaux à destination des femmes – des inévitables chocolats et bouquets de fleurs aux weekends «romantiques» et ainsi de suite! En Grande-Bretagne, la fête des mères a lieu quelques jours avant le 8 mars, un choix destiné à éclipser l’importance de cet anniversaire de première importance pour le mouvement des travailleurs.
Traditionnellement, le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge, NDT) saisit toujours cette occasion pour rendre hommage aux géants pionniers du mouvement des travailleurs tels que Mother Jones aux Etats-Unis ainsi qu’Eleanor Marx, Rosa Luxemburg et Clara Zetkin en Europe. Nous saluons également le courage de nombreuses femmes qui se sont soulevées et se battent pour leurs droits à travers le monde.
Le capitalisme, synonyme de souffrances indicibles
Le système capitaliste ne fait qu’aggraver la pauvreté et le fossé entre les classes. Les 1% les plus riches le deviennent encore plus jour après jour alors que près des trois quarts de la population mondiale doivent se battre pour joindre les deux bouts avec moins de 10 $ par jour. Plus d’un sixième de la population mondiale – 1,5 milliard de personnes – ont moins de 2 $ par jour pour qu’eux-mêmes et leurs enfants puissent survivre. Dans les nombreuses guerres et guerres civiles à travers le globe causées par le féodalisme et le capitalisme, le viol et l’esclavage des femmes sont aussi largement utilisés que les fusils et les bombes afin d’intimider et de maintenir des populations entières sous leur joug.
La moitié des réfugiés du monde sont des femmes. On peut trouver dans les médias des scènes déchirantes de femmes et d’enfants fuyant la guerre et les persécutions en Syrie, en Birmanie ou en République démocratique du Congo. Les femmes sont aussi prédominantes parmi les volontaires héroïques qui leur viennent en aide. Elles se retrouvent également aux premières lignes à risquer leur vie pour apporter de la nourriture et de l’aide médicale dans des zones de guerre ou des endroits ravagé par la pauvreté et les maladies.
Stop au vol de nos richesses!
Aucun de ces sacrifices ne serait nécessaire sans la rapacité du système capitaliste. Les représentants des banques et des monopoles parcourent le monde à la recherche de profits tels un énorme monstre dévorant sans cesse plus de richesses. Ce système devient de plus en plus parasitaire, pas de moins en moins.
Les grandes entreprises du monde entier disposent de vastes réserves d’argent – 7.000 milliards de dollars en 2013 déjà. Elles préfèrent stocker leurs profits plutôt que les investir dans la production utile – des aliments sains, des médicaments, des logements décents pour tous, une production énergétique et des transports écologiques,… Les gouvernements qui ont appliqué l’austérité dans les dépenses publiques pour sauver leur système ont alourdi la détresse et les difficultés du monde du travail, et plus particulièrement des femmes.
Combattre le système
Lorsque se développent les luttes contre l’austérité et contre le système capitaliste, les femmes se retrouvent au-devant, elles doivent bénéficier de tous les encouragements et du soutien que les révolutionnaires socialistes peuvent réunir. Le programme du Comité pour une Internationale Ouvrière comprend des revendications en faveur de l’égalité salariale ou de réformes qui permettent aux femmes de choisir si et quand elles désirent avoir des enfants. Le Comité pour une Internationale Ouvrière lutte pour une société où, grâce aux nouvelles technologies, les heures de travail seraient réparties entre tous les travailleurs et où les corvées ménagères seraient pratiquement éliminées (par le développement de services publics pour les tâches domestiques),…
Notre programme visant à mettre fin au chaos du marché pour construire une société socialiste implique la nationalisation des ressources des banques, des industries, des grandes propriétés terriennes et des mines sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs. Il s’agit de la seule manière de parvenir à un véritable changement pour les femmes pauvres et de la classe des travailleurs, de même que pour leurs collègues, conjoints, maris, pères, frères et fils. Cela ouvrirait la voie à l’instauration d’une société débarrassée des guerres, de la famine et de la souffrance et au contraire basée sur la coopération et l’harmonie internationale. Voilà les idéaux des pionniers de notre mouvement et qui restent ceux du Comité pour une Internationale Ouvrière. Rejoignez-nous!
Lors du récent Congrès mondial de notre Internationale, un document important appelé «Les femmes et l’oppression dans la société de classe» a été débattu et voté. Ce texte est intégralement disponible en anglais sur le site du CIO.
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Près d'une centaine de participants à notre journée sur la lutte pour les droits des femmes
Ce fut donc ce samedi que s'est tenue notre journée de discussion et de débats "Émancipation des femmes et socialisme, deux luttes indissociables!", dans le cadre de la Journée Internationale des Femmes. Avec un peu moins d’une centaine de personnes, cette édition a réuni bon nombre de participants en plus que l’an dernier.
Le programme, riche et varié, a su susciter l’enthousiasme de la salle et les divers ateliers en plus petits nombre ont permis de laisser plus d’espace aux discussions, aux questions,…
L’un des éléments parmi les plus marquants de cette journée fut son caractère international, avec des oratrices venues d’Irlande et d’Allemagne, mais aussi la présence d’activistes de Belgique aux origines kurdes, espagnoles, guinéennes, pakistanaises, amazighes (berbères),…
Le moins que l’on puisse dire, c’est que nous étions gonflés à bloc pour participer à la manifestation appelée par le Comité des femmes sans-papiers le lendemain!
- Combattre l’oppression : Un point de vue marxiste sur le féminisme
- Contre le sexisme, une lutte unitaire pour une autre société est nécessaire! (dossier issu de l’édition de mars de Lutte Socialiste)
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Le comité des femmes sans-papiers manifeste à Bruxelles
Le temps était exécrable, mais quelques centaines de personnes se sont tout de même réunies à l’appel du Comité des femmes sans-papiers à Bruxelles pour une manifestation combattive en faveur des droits des femmes et du droit de chacun à bénéficier d’une vie digne, avec de bonnes conditions de vie, de bons logements, un emploi décent et des services publics accessibles à tous. Les femme sans-papiers sont plus particulièrement frappées par la politique actuelle. Elles n’ont nulle part où se rendre pour porter plainte et sont plus facilement proies à la violence et à l’exploitation sexuelle. Le nombre de victimes de violences sexuelles parmi les femmes sans-papiers est très élevé. Et le secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration Theo Francken a encore le culot de parler de cours de respect des femmes… En maintenant les femmes sans-papiers dans l’illégalité, la politique gouvernementale les expose aux violences et aux abus.
Comme l’une d’entre elles l’a expliqué à la presse : “C’est comme si on n’existait pas. Nos situations de femmes sont peu prises en compte par l’Office des étrangers. On n’a pas le droit de travailler. Pour une femme c’est difficile de s’en sortir, alors imaginez si elle est sans-papiers. Si une femme sans-papiers subit des violences, il lui sera difficile de demander de l’aide. Elles craignent de s’adresser à la police, car elles ont peur de se faire arrêter et expulser. Elles ont pour les mêmes raisons peur de demander une aide médicale. Elles ont fui des violences faites aux femmes et elles font face ici à une violence sociale.”
la manifestation est partie de la gare centrale pour se rendre au centre de Saint-Gilles (le bourgmestre Charles Picqué avait d’ailleurs eu bien du mal à autoriser cette destination). Comme nous l’avons expliqué dans le tract distribué à cette manifestation : “Dans le combat contre l’austérité et l’exploitation, nos meilleurs alliés sont les autres victimes de ce système de plus en plus inégalitaire. Il faut lutter pour la régularisation de tous les sans-papiers afin qu’ils puissent disposer des mêmes droits que les autres travailleurs et qu’ils ne puissent plus être instrumentalisés pour diminuer les conditions de vie de l’ensemble. Parallèlement, il nous faut lutter collectivement contre toute forme de sexisme, pour des logements abordables, des services publics de qualité et des emplois et des revenus décents permettant l’indépendance financière des femmes.”
Photos de Nico :
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Contre le sexisme, une lutte unitaire pour une autre société est nécessaire!
Femmes-objets, harcèlement, violence, précarité : Le sexisme reste une réalité…Il y a 10 ans encore prédominait l’idée que l’égalité homme-femme était acquise. Mais depuis lors, un nombre croissant de personnes reconnaissent que les inégalités persistent malgré l’égalité juridique et légale. Le sexisme quotidien est régulièrement abordé dans l’actualité. La crise économique joue un rôle dans ce regain d’attention, en exacerbant les inégalités et en clarifiant que l’égalité n’existe le plus souvent que sur papier. Harcèlement et violences physiques et sexuelles restent des choses bien trop courantes, tout comme la violence économique qui a gagné en importance.
Un dossier d’EMILY BURNS
Harcèlement sexuel : en rue comme dans les hautes sphères
100 % des femmes se sont déjà fait harceler dans les transports en commun parisien, selon une étude publiée en avril 2015. Si de telles statistiques ne sont pas disponibles en Belgique, les articles et témoignages pleuvent concernant des cas de harcèlement dans l’espace public. Quelle femme ne s’est jamais fait accoster en rue avec insistance et entendre dire qu’elle devrait considérer cela comme un compliment ?
Le harcèlement dans l’espace public est le plus rapporté par les médias, mais le phénomène touche toute la société avec la même ampleur, comme au boulot. Lorsqu’il est le fait d’un supérieur hiérarchique, les obstacles pour en sortir seule peuvent paraitre insurmontables. En plus du facteur psychologique, il est difficile d’accéder à des allocations de chômage complètes – en particulier en cas de démission – et de trouver un nouvel emploi dans le contexte actuel.
Au Texas, le Président du Parlement de l’État a récemment demandé aux élues de ne porter ni jupe courte, ni décolleté pour éviter de distraire leurs collègues masculins. Comme si le harcèlement dont elles pourraient être victimes était dû à leurs tenues ! Cette attitude considère les victimes du harcèlement comme responsables de la situation, tout en induisant également que les hommes seraient conduits par un instinct bestial.
Le harcèlement et le sexisme ne sont pas le fait d’un groupe spécifique de la population. Toutes les couches de la société sont atteintes. S’y opposer est indispensable, sans que cela ne devienne le prétexte à la stigmatisation de jeunes ou d’hommes issus de l’immigration. Quant aux médias, ils ont beau dénoncer le harcèlement dans leurs pages actu, ils continuent à véhiculer le sexisme dans leurs pages culture et ‘‘life style’’.
Refusons la banalisation de toutes les violences à l’encontre des femmes
Si le cas des agressions de Cologne a fait la une des jours durant, les violences vis-à-vis des femmes sont malheureusement bien plus larges. 1/3 des femmes ont subi des violences graves depuis l’âge de 15 ans. Les violences les plus courantes sont les moins visibles : 1/4 des femmes subissent ou ont subi des violences conjugales (IWEPS – février 2016).
Ce n’est pas parce que ces violences sont omniprésentes que l’on peut accepter leur banalisation et encore moins leur normalisation. En ce sens, le résultat du procès pour viol d’une femme par un animateur radio gantois est particulièrement choquant. Malgré qu’il ait reconnu le viol, l’inculpé a bénéficié d’une suspension du prononcé. Le juge a considéré, d’une part, que le viol n’était pas agressif et même amical malgré les ‘‘non’’ répétés de la victime (ils s’étaient embrassés plus tôt dans la soirée) et, d’autre part, qu’un casier compromettrait l’avenir du violeur.
Refusons la culture du viol ! Lorsqu’une personne déclare ne pas vouloir de relation sexuelle, c’est qu’elle n’en veut pas, et ce, y compris si elle a dit l’inverse plus tôt, quelle que soit sa tenue. Et c’est toujours valable dans le cadre d’un couple. Refusons la culpabilisation des victimes !
Précarisation : l’austérité s’en prend aux femmes
Les groupes les plus opprimés de la population – comme les femmes – subissent la crise économique avec plus de violence. Les mesures d’austérité prises aux différents niveaux de pouvoir jettent des dizaines de milliers de femmes dans la pauvreté. Alors que les conséquences sont catastrophiques, les médias traditionnels n’en font que peu état.
Les mesures prises par le gouvernement Di Rupo continuent de faire des ravages. Des dizaines de milliers de personnes sont exclues des allocations de chômage dites d’insertion. Ce sont souvent des personnes ayant travaillé à temps partiel durant des années, majoritairement des femmes. La non-individualisation des allocations de chômage couplée à la dégressivité rapide de celles-ci précarise les autres. À nouveau, les femmes sont plus nombreuses dans le statut de cohabitant, nombreuses sont celles qui se retrouvent avec 125 €/mois pour vivre…
En allongeant les carrières, le gouvernement Michel s’en prend lui aussi aux femmes. 65 % d’entre elles ne pourront pas prétendre à une pension complète, faute d’atteindre les 42 années de carrière. Cette mesure d’appauvrissement prend place alors qu’un quart des pensionnées touche actuellement moins de 500 €/mois. La minuscule compensation de 1 % de la pension légale ne touchera pas ces femmes âgées et précarisées puisque cette mesure sera réservée à ceux qui sont parvenus à une pension complète.
Les coupes budgétaires dans les services publics ont également un impact particulier sur les femmes. Elles sont majoritaires dans la fonction publique et la diminution du nombre de postes dans le secteur a des conséquences directes sur l’emploi. Ce sont aussi les principales utilisatrices des services publics. Et, enfin, ce qui n’est plus pris en charge par la collectivité, au travers des services publics, retombe sur le dos des familles, essentiellement sur les femmes.
À qui profite le sexisme ? – Le sexisme est un instrument qui permet d’augmenter les profits de l’industrie en utilisant le corps des femmes comme outil marketing et comme objet sexuel pour vendre tout et n’importe quoi/qui.
– Le sexisme, par les préjugés qu’il véhicule, participe à la justification de bas salaires dans les secteurs des soins aux personnes (crèches, écoles, soins de santé, maisons de repos…) fortement féminins, par la mise en exergue des aptitudes ‘‘maternelles’’ naturelles des femmes qui ne nécessitent donc pas une rémunération sur base de compétences.
– Le sexisme permet au gouvernement de plus aisément couper dans les services publics en glorifiant le rôle traditionnel des femmes et en omettant la surcharge de travail domestique.
– Le sexisme, comme le racisme, l’homophobie et toutes les discriminations permettent de diviser les luttes pour une société qui réponde davantage aux besoins de la majorité sociale. Il s’ancre dans l’adage ‘‘diviser pour mieux régner’’.
Le sexisme n’est donc pas le fait des hommes ou d’une culture spécifique. Un seul groupe de la population profite de l’oppression spécifique des femmes : les super-riches c’est-à-dire la classe dominante capitaliste.
Un violeur bénéficie d’une suspension de prononcé – Quelle réponse face aux violences vis-à-vis des femmes ?
36 % des femmes ont déjà été victimes de violence physique ou sexuelle. Face à cette situation, il est essentiel de développer des pistes de solutions. Le ‘‘néo-féminisme’’ des magazines féminins portant au rang de grande avancée pour les droits des femmes la nouvelle poupée-Barbie ‘‘plus ronde’’ n’est clairement pas à la hauteur de la tâche. Face aux violences, l’action est nécessaire. Mais sous quelle forme ? Par la répression ou par la lutte pour un changement de système ?
Pour plusieurs mouvements femmes, la loi contre le harcèlement constitue une grande avancée symbolique (Vie Féminine – Le Soir 9 février 2016). Toutefois, son impact se révèle extrêmement ténu puisque les faits de harcèlement doivent être constatés par un agent sanctionnateur. Plusieurs communes envisagent de revenir sur le principe même de Sanction Administrative Communale (SAC), trop onéreux à mettre en place au niveau de la formation des agents. Cela rendrait de facto cette loi caduque.
En justice, les condamnations pour faits de violences restent faibles. Seulement 7 % des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation. Avec environ 10 % des victimes qui portent plainte, cela revient à une quasi-impunité des violences sexuelles (approximativement 7 condamnations pour 1000 cas). Toutefois, il serait simpliste d’attribuer cette relative impunité uniquement au machisme ou à la misogynie des juges. Si cela existe, bien entendu, c’est le fruit d’un système qu’il s’agit de démonter.
Pousser les femmes à porter plainte en cas d’agression et plaider pour une politique répressive plus énergique n’est pas suffisant. Malgré qu’un quart des plaintes pour coups et blessures volontaires rapportées au parquet ont lieu au sein du couple (IWEPS – février 2016), la police n’a depuis près d’un an plus pour tâche prioritaire de s’en occuper, en raison des mesures d’austérité.
De plus, il ne faut pas négliger la différence de traitement – tant médiatique que juridique – que peuvent recevoir des affaires d’agressions. Celles de Cologne la nuit du Nouvel An ont reçu une place retentissante dans les médias (avec également de la désinformation à la clé) et il ne faut pas douter que les peines seront lourdes. À contrario, l’animateur-radio gantois ou encore DSK ont bénéficié d’une clémence du système que l’on pourrait qualifier d’incroyable si on omet de prendre en considération pour qui roule ce système.
Comme pour le reste des affaires judiciaires, cette justice bourgeoise protège largement les plus nantis. Nous ne devons pas placer tous nos espoirs dans ce système de justice de classe.
Construisons une autre société
Nous devons lutter contre les sources matérielles de l’oppression spécifique des femmes. Les industries du cosmétique, du divertissement et du spectacle ainsi que celles de leurs sponsors ont pour vocation de générer un maximum d’argent pour les actionnaires. L’instrumentalisation du corps des femmes comme objet de marketing ou sexuel ne leur pose aucun problème. Cette utilisation constante ‘‘objectivise’’ les femmes et favorise l’idée que, comme pour un objet, on peut en disposer quand et comme on le souhaite. Du point de vue des capitalistes, cette violence est un effet collatéral négligeable. Luttons pour un contrôle et une gestion démocratique de ces secteurs par les travailleurs et les usagers – de même que pour l’ensemble des secteurs clés de l’économie !
Alors qu’un Belge sur 5 reste en couple principalement pour des raisons financières (Belga – 9 février 2016), il est clair que le manque d’indépendance financière peut prolonger le calvaire de femmes n’ayant pas les moyens financiers de quitter leurs conjoints. Cette indépendance doit passer par une lutte pour l’individualisation des allocations sociales (non au statut de cohabitant !) et pour des emplois de qualité avec des salaires décents. Une réduction collective du temps de travail, sans perte de salaire et avec des embauches compensatoires est également nécessaire. Elle permettrait de mettre fin au chômage structurel et au temps partiel involontaire. Cette mesure favoriserait également un meilleur équilibre entre vies privée et professionnelle et faciliterait l’implication des travailleurs dans la gestion de leur quartier, de l’école de leurs enfants ou encore de leur entreprise.
Des services publics accessibles et de qualité permettent quant à eux de lutter contre le travail domestique non rémunéré et la double journée de travail auxquels sont particulièrement astreintes les femmes. Des crèches aux maisons de retraite, en passant par l’enseignement, les activités extra-scolaires et les soins de santé (etc.), ce sont autant de secteurs qui doivent être pris en charge par la collectivité pour ne pas retomber sur le dos d’individus avec les complications que cela engendre. Des logements à prix abordable ainsi que des allocations familiales sont également indispensables pour que bâtir une famille ne signifie plus s’appauvrir.
Lutter contre l’oppression spécifique des femmes passe donc par une lutte contre les bases matérielles de celle-ci. Les revendications contre l’oppression des femmes rejoignent celles du mouvement des travailleurs dans son ensemble : lutter pour une société gérée collectivement et démocratiquement pour répondre au mieux aux besoins de tous et toutes.
Unité de genre ou de classe : Comment venir à bout de l’oppression spécifique des femmes ?
Le 5 mars, la LCR a pris l’initiative de lancer, tout comme l’an dernier, un appel à la tenue d’une manifestation exclusivement composée de femmes. Nous comprenons bien que l’on peut penser que ‘‘c’est aux femmes de se libérer elles-mêmes’’,… Et s’il est utile que des femmes se réunissent en tant que femmes au sein des organisations de gauche, (pour élaborer le programme à défendre dans leur parti, leur syndicat ou leur mouvement concernant les droits des femmes, etc.), nous estimons que dès lors qu’il s’agit de lutter, tout ce qui nous divise nous affaiblit. La majorité des acquis des femmes résultent des luttes du mouvement des travailleurs dans son entièreté. Une telle approche insère un élément regrettable de division dans notre combat alors que c’est ensemble que nous sommes plus forts.Le sexisme n’est pas le fait des hommes ou d’une culture, l’oppression des femmes n’a d’ailleurs pas toujours existé. Identifier la source de cette oppression permet d’adopter la méthode la plus efficace pour venir à bout de ce problème crucial. La présence d’hommes lors de manifestations féministes renforce justement l’idée que notre combat ne repose pas sur une opposition entre hommes et femmes mais sur une lutte de classe contre le système capitaliste et pour une société qui développera les conditions matérielles pour en finir avec toutes les discriminations, l’exploitation et les oppressions.
L’oppression spécifique des femmes est apparue avec la notion de propriété privée et le développement de la société divisée en classes sociales. Mais pendant la plus longue partie de l’Histoire de l’humanité qui a précédé, elle n’existait pas. Dans ces temps lointains, la collaboration était indispensable à la survie de la tribu. Dans ce cadre, aucune subordination n’était possible et le concept de propriété et celui d’héritage qui en découle étaient inexistants. Le sexisme n’est donc en rien inscrit dans les gènes des hommes.
Néanmoins, l’oppression spécifique des femmes existe depuis des millénaires à travers le monde. Ce n’est pas en un tour de baguette que l’on en viendra à bout, cela nécessitera un travail en profondeur ! Comme nous l’avons dit, c’est un des outils de la classe dominante pour accumuler toujours plus de richesse sur le dos de la majorité de la population. Les super-riches, voilà notre ennemi dans le combat contre le sexisme. À nous de mettre ce qu’il faut en œuvre pour renverser le système capitaliste.
Qui sont nos alliés dans ce combat ?
Le sexisme est un problème collectif, ce n’est que par une lutte collective que l’on pourra le combattre. L’unité doit se faire depuis la base entre tous ceux qui ont les mêmes intérêts : les jeunes, les allocataires sociaux et les travailleurs hommes et femmes. Refusons de rentrer dans le piège de la division et dans le raccourci que les hommes profiteraient de cette situation. L’unité dans la lutte n’est pas un choix, c’est une nécessité. Aucune avancée majeure pour l’émancipation des femmes ne pourra se faire sans l’implication de l’ensemble de la classe dominée.
S’il est vrai que toutes les femmes sont opprimées du fait de leur genre, les femmes de la classe laborieuse le sont doublement. Contrairement à ce que voudrait faire croire Hillary Clinton, avoir une femme au pouvoir ne garantit en rien les intérêts de l’ensemble des femmes. Au contraire ! Les mesures d’austérité à l’encontre des femmes de la classe ouvrière prises par Margaret Thatcher en son temps en sont un exemple éloquent. Ainsi, une femme travaillant au service clientèle de Proximus a bien plus en commun avec son collègue masculin qu’avec Mme Dominique Leroy, PDG du groupe. Si les employés de la firme entament une lutte pour de meilleurs salaires – permettant plus aisément une indépendance financière – c’est depuis la base que l’unité se fera et non entre toutes les femmes de l’entreprise. Le seul moyen pour les femmes de la bourgeoisie de lutter contre le sexisme est de rompre avec leurs privilèges de classe, pour honnêtement combattre le capitalisme au côté de la classe ouvrière, pour enfin en finir avec le sexisme.
Émancipation des femmes et socialisme : deux faces de la même pièce
La lutte pour les droits des femmes est une lutte contre le système capitaliste et pour le socialisme démocratique. Un contrôle démocratique des secteurs clés de l’économie ne nécessiterait plus d’utiliser le corps des femmes comme objets, puisque le but ne serait plus de maximiser les profits, mais de répondre aux besoins de la population. Puis, grâce à une indépendance financière et des services publics accessibles et de qualité, de réels choix de vie pour les femmes deviendraient enfin possibles.
Si mettre définitivement fin au sexisme nécessite de construire une autre société, nous ne pourrons gagner ce combat qu’en luttant parallèlement contre le sexisme dès aujourd’hui. Comme dans le reste de la société, le mouvement ouvrier est parcouru par le sexisme. Nous devons lutter contre lui au sein du mouvement ouvrier et permettre l’implication des femmes dans les luttes qui se profilent devant nous. Cela ne peut se faire largement que par une attention spécifique aux difficultés particulières qu’elles peuvent rencontrer. Poussons nos organisations syndicales à faciliter l’implication des femmes dans le mouvement (choix des heures des réunions, baby-sitting, …) pour qu’elles puissent plus aisément se présenter sur les listes dans le cadre des élections sociales, par exemple. Notre force, c’est le nombre : aucune révolution ne pourra être gagnée sans les femmes et sans une révolution, le sexisme perdurera.
- Ce samedi 5 mars: Journée de débat et de discussion “Émancipation des femmes et socialisme: des luttes indissociables!”
6 mars – 13h gare de Bxl Central : manifestation des Femmes Sans-Papiers Violence vis-à-vis des femmes sans-papiers : une lutte unie comme unique solution
Les femmes sans-papiers sont extrêmement vulnérables : en plus d’une précarité économique souvent extrême, elles n’ont aucun recours possible lorsqu’elles sont sujettes à de la violence. Leur seul perspective pour un avenir, c’est de participer à la construction d’une lutte la plus unie possible pour un changement de société.
En solidarité, soyons le plus nombreux possible pour participer à la manifestation organisée par le Comité des Femmes Sans-Papiers. Contre les tentatives de division, toujours plus agressives, nous devons opposer une lutte et un combat unitaires : hommes et femmes, avec ou sans papiers, jeunes et travailleurs avec ou sans emploi,… Nous avons tous droit au logement, à l’éducation, aux soins,… à la dignité.
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La Commune d'Ixelles veut-elle faire taire les femmes?
Le PSL menait campagne ce samedi en divers endroits de Bruxelles au sujet de la lutte pour les droits des femmes en vue de la Journée internationale des femmes du 8 mars. La campagne s’articule autour de notre journée de débats et de discussions du samedi 5 mars avec des féministes d’Irlande, de Cologne et de Belgique d’une part et, d’autre part, autour de la manifestation des femmes sans-papiers du 6 mars, ouverte à tous.La section d’Ixelles du PSL qui organisait sa campagne place Flagey, aux abords du marché, s’est vu interdire toute distribution de tracts et vente de notre mensuel, Lutte Socialiste, par la police. Un procès verbal en vue de nous adresser une SAC (sanction administrative communale) a été établi pour “distribution de tracts sans autorisation”.
Sous prétexte d’atteinte à la civilité, le fourre-tout que représente les SAC, que nous combattons et dénonçons depuis longtemps, a une fois de plus montré à quel point il représente une atteinte à la liberté d’expression. Ce serait donc à la majorité MR-PS-Sp.a au pouvoir de décider de notre droit de distribuer ou non des tracts et de diffuser un journal politique?
Cela est non seulement totalement contraire au règlement communal et à la Constitution, mais il s’agit aussi d’une grave atteinte à la liberté d’expression ainsi qu’à la liberté de presse dans un contexte où la contestation est progressivement muselée et où le droit de grève mis en danger.
La défense du droits des femmes sera-t-elle considérée comme une incivilité par la commune d’Ixelles? L’autorité communale devra trancher cette question politique en confirmant ou en infirmant le PV de police en vue d’une amende SAC. Si une amende nous est adressée, nous la contesterons. Nous devons fermement réagir contre toute atteinte à nos libertés fondamentales.
Le fait qu’on ait interdit le mouvement des femmes dans une commune dirigée par une bourgmestre montre aussi que l’émancipation des femmes de la classe des travailleurs ne se fera pas via quelques belles carrières de femmes des partis traditionnels. Ces partis appliquent une austérité brutale qui appauvrit la majorité des femmes et les rendent toujours plus dépendantes économiquement de leur conjoint. Nous devons lutter tous ensemble, homme et femmes, avec et sans-papiers pour un changement radical de société.
STOP AUX SAC
STOP A LA RÉPRESSION
STOP A LA CRIMINALISATION DU MOUVEMENT SOCIAL ET SYNDICAL! -
"Émancipation des femmes et socialisme: des luttes indissociables"
Il n’y a pas de capitalisme sans sexisme
La lutte pour les droits des femmes fait partie intégrante du combat pour l’émancipation de l’ensemble du mouvement des travailleurs. La journée du 8 mars, Journée Internationale des Femmes, est à considérer en liaison avec l’histoire du mouvement des travailleurs. Elle puise ses origines dans une grève de travailleuses du textile à New York en 1908 qui, en 1911, a été prise comme référence par le mouvement socialiste internationale pour devenir la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. En 1917, ce sont les mobilisations qui prirent place en cette journée qui lancèrent la Révolution russe. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter notre dossier à ce sujet.Cette année encore, le PSL commémorera la Journée Internationale des Femmes sous la forme d’une journée de formation politique, comme ce fut le cas l’an dernier. L’évènement est ouvert à qui le souhaite, les femmes comme les hommes. La lutte contre l’exploitation et l’oppression est une lutte à mener ensemble contre le capitalisme.
AGENDA:
Samedi 5 mars à partir de 10h à Bruxelles
– 10h00 Accueil et café.
– 10h30 Meeting – Oppression des femmes : qui est responsable ? Quelle réponse aux évènements de Cologne ? Avec Julie (Étudiants de Gauche Actifs), Anja Deschoemacker (porte-parole de Gauches Communes) et une membre du SAV (parti-frère allemand du PSL) de Cologne.
– 12h00 Quatre ateliers au choix :
- Le racisme n’est pas une réponse au sexisme. Avec une camarade de Sozialistische Alternative (SAV) de Cologne.
- Politique d’identité et lutte contre l’oppression des femmes. Avec Laura Fitzgerald, porte-parole de ROSA (for Reproductive Rights against Oppression, Sexism and Austerity) en Irlande.
- Luttes des femmes et solidarité internationale. Avec Andleeb, activiste pakistanaise.
- 50 ans après la grève des femmes de la FN Herstal pour l’égalité salariale. La place des grèves dans les conquêtes sociales des femmes. Avec Maud, militante syndicale.
– 13h -14h Pause midi – repas à prix démocratique.
– 14h00 Suite et fin des ateliers.
– 15h30 Meeting – Quel programme pour les femmes dans la lutte contre l’austérité ? Avec Laura Fitzgerald et Aisha, responsable de la Commission femmes du PSL.
– 17h00 Mot de clôture – Les discussions peuvent ensuite se poursuivre au bar.
Facebook — Debate: There is no Capitalism without Sexism —
Entrée : prix libre // Baby-sitting : inscription indispensable // Repas : inscription souhaitée
Rue du Jardinier 45, 1080 Molenbeek // Métro Ribaucourt ou Comte de Flandre
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Journée du 8 mars : Unis contre le capitalisme pour en finir avec le sexisme
Contre l’austérité et le sexisme, la lutte des Femmes est nécessaire !
Ce dimanche 8 mars, à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, la Commission femmes du PSL avait organisé une journée de formation et de débat qui a réuni une soixantaine de personnes. Cet évènement riche en discussions avait notamment pour vocation de mieux nous armer face aux grands défis que représente la lutte contre l’austérité. Les suites de cette journée sont immédiates par notre implication dans la lutte contre le gouvernement de droite thatchérien et pour de nouvelles conquêtes sociales.Par Emily (Namur)
La journée a débuté avec une présentation de ce qu’est pour nous la Journée Internationale des Femmes. Ce jour n’a pas pour vocation de fêter les femmes et de les remercier d’être de bonnes mères, de bonnes travailleuses ou de bonnes ménagères ou encore de célébrer les femmes de la classe dominante. Nous voulons remettre à l’avant-plan la nécessité de lutter contre le sexisme et ses causes matérielles : la précarité économique des femmes dans la société de classe. Il est de plus en plus clair avec les mesures d’austérité mises en place par les gouvernements successifs que l’égalité entre hommes et femmes n’existe toujours pas. En effet, les mesures d’économie prises par l’ensemble des partis traditionnels sur notre dos touchent en premier lieu ceux qui sont déjà les plus affaiblis et jettent ainsi des dizaines de milliers de femmes dans la pauvreté.
Le sexisme est un mot générique pour parler des différentes formes de violences que subissent particulièrement les femmes. Ce sujet a fait l’objet d’une commission. La violence économique représente le nœud du problème. La précarité économique des femmes entraine une moindre considération pour elles dans la société. Les préjugés, le harcèlement et la violence physique et sexuelle à leur encontre sont monnaie courante. Mais attention, ce phénomène n’est pas le fait des hommes contre les femmes. Ce sont les capitalistes qui tirent profit de cette situation. Marx déclarait d’ailleurs que, sous le capitalisme, tout devient une marchandise. C’est très clairement ce qu’il est advenu du corps des femmes, utilisé pour maximiser le profit des plus riches. Les préjugés favorisent la mise en concurrence des travailleurs et justifient, par exemple, le faible salaire annuel moyen des femmes.
Le sexisme est expérimenté par toutes et tous et profite aux capitalistes pour assoir leur pouvoir. C’est donc ensemble – jeunes, travailleurs et allocataires sociaux – que nous devons nous battre pour de nouvelles conquêtes sociales. La place que doivent prendre les femmes dans ses luttes a fait l’objet d’une autre commission. Nous devons avoir une attention spécifique, tant au niveau organisationnel qu’à celui de la formation, pour que les femmes soient présentes dans tous les organes du syndicat et plus généralement du mouvement des travailleurs. Sans elles, de nouvelles conquêtes sociales sont impossibles.Une revendication qui nous parait importante pour lutter contre l’oppression des femmes, et des travailleurs en général, est celle du partage du temps de travail entre tous, avec réduction des cadences et sans perte de salaire. Cette journée de formation du 8 mars s’est ainsi conclue par un débat autour de la proposition de FEMMA (Vie Féminine en Flandre) des 30 heures de travail par semaine. Il s’agit d’une revendication essentielle pour permettre un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle mais elle permet aussi, en touchant le cœur de l’exploitation capitaliste, de remettre en cause le fonctionnement même du système actuel. Elle n’est donc pas à considérer isolément, loin de là. Il nous parait d’ailleurs essentiel d’aborder ce sujet lors de chaque action syndicale.
Toutefois et pour conclure, ce qui est ressorti tout au long de cette journée de discussion, c’est que dans le cadre du capitalisme, l’égalité homme – femme est impossible. Les différents intervenants ont rappelé qu’il nous faut lutter pour mettre en place les conditions matérielles capables de mettre fin à l’oppression des 99% par une minorité qui s’enrichit sur notre dos. Construisons une société basée sur les besoins de la majorité sociale plutôt que sur les profits, une société socialiste démocratique ! Ce n’est que dans ce cadre d’égalité économique que nous pourrons définitivement abattre le sexisme.
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Histoire de la Journée Internationale des droits des Femmes
La Journée Internationale des droits des Femmes trouve son origine dans une grève de travailleuses de l’industrie de textile et de vêtements à New York, le 8 mars 1908, menée pour une journée de travail de 8 heures, pour de meilleures conditions de travail et pour le droit de vote des femmes. L’année suivante, un appel du Socialist Party américain a débouché sur une lutte de plusieurs semaines pour de meilleurs salaires et conditions de travail, dans laquelle 30.000 travailleuses ont été impliquées,. Cette journée est restée longtemps un jour de fête et de lutte pour les organisations de femmes du mouvement ouvrier, même si la mobilisation s’affaiblissait d’année en année. La nouvelle vague d’activités féministes après Mai’68 a repris cette vielle tradition et, cette année encore, il y aura des activités partout dans le monde, bien que celles-ci ne mobilisent plus les masses.
Par Anja Deschoemacker
L’histoire de l’origine de la Journée Internationale des Femmes ressemble beaucoup à celle du 1er Mai. Tout comme celle-ci, elle célèbre des actions qui ont eu lieu aux Etats-Unis et qui ont été ensuite reprises internationalement par le mouvement ouvrier organisé. La première célébration internationale, celle qui a été en ce sens la première véritable Journée Internationale des Femmes, date de 1911. La Journée des Femmes la plus tumultueuse et la mieux connue, celle aussi qui a eu le plus de conséquences, a été celle du 8 mars 1917 (23 février en Russie), qui annonçait le début de la Révolution de Février dans ce pays. Ce n’est qu’en 1922, à l’appel de l’Internationale Communiste, que la journée a été fixée à une date qui s’est imposée partout : le 8 mars.
Les ouvrières ont lutté pour l’acceptation de leurs revendications dans le mouvement ouvrier
L’acceptation de la revendication du droit de vote des femmes n’était pas évidente dans l’Internationale Socialiste (aussi connue comme la Deuxième Internationale), tout comme ne l’était d’ailleurs pas l’ensemble de la lutte pour les droits des femmes. L’organisation en 1907, par Clara Zetkin et les femmes socialistes allemandes, d’une Conférence internationale des femmes, qui s’est réunie la veille de la Conférence de la Deuxième Internationale, a donc marqué la préhistoire du mouvement. Une motion y a été votée par laquelle les partis adhérents s’engageaient à lutter pour le droit de vote des hommes et des femmes.
Clara Zetkin était une figure importante dans le parti socialiste allemand, une socialiste convaincue et une championne des droits des femmes, mais aussi une opposante déterminée au féminisme bourgeois. Lors de la réunion où a été décidée la mise sur pied de la Deuxième Internationale (1889), elle avait déjà argumenté que le socialisme ne pouvait pas exister sans les femmes, que les hommes devaient lutter ensemble avec les femmes pour les droits des femmes, que cette lutte faisait partie aussi de la lutte des classes. La réponse peu encourageante qu’elle avait reçue l’avait conduite à prendre l’initiative d’un mouvement socialiste des femmes, ayant pour but d’influencer les partis socialistes. Elle avait essayé d’acquérir et d’élargir cette influence avec le journal femme socialiste Die Gleichheit, dont elle était rédactrice en chef.
Mais, malgré l’acceptation de la résolution, l’enthousiasme pour le droit de vote des femmes était tiède dans la plupart des partis socialistes. Pour changer cela et pour impliquer davantage les femmes dans la lutte, la deuxième Conférence Internationale des Femmes Socialistes a décidé de tenir chaque année une journée internationale des femmes, une journée pendant laquelle on manifesterait, on ferait de la propagande,… En 1911, la Journée Internationale des Femmes a été célébrée en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suisse et aux Etats-Unis. La liste des pays s’est élargie jusqu’à la Première Guerre Mondiale.
Cette guerre n’a pas signifié seulement un massacre massif, mais aussi la désintégration de la Deuxième Internationale. Le soutien à la guerre, venu d’abord de la social-démocratie allemande mais adopté ensuite par tous les partis de la Deuxième Internationale, a montré que, dans chacun de ces partis, le soutien à sa propre bourgeoisie dans le cadre d’un socialisme réformiste avait pris le dessus sur l’internationalisme, sur le refus de laisser les travailleurs de « son » pays tirer sur ceux d’autres pays, au seul bénéfice de leur propre bourgeoisie belliqueuse. Le seul parti qui est resté fidèle aux principes internationalistes du socialisme a été le parti russe, et en particulier son aile gauche majoritaire (les bolcheviks) sous la direction de Lénine, suivi dans cette voie par une partie de l’aile gauche de l’Internationale Socialiste.
L’organisation internationale des femmes a continué d’exister et s’est rangée dans le camp anti-guerre. Les Femmes Socialistes allemandes, au contraire de la direction du Parti Social-Démocrate allemand, ont aussi continué à mobiliser contre la guerre et contre la répression de l’Etat, notamment en 1914 contre la guerre qui approchait à grands pas et contre l’arrestation de Rosa Luxembourg, qui participait avec Clara Zetkin à la direction des groupes de gauche dans le SPD.
Les protestations à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes ouvrent la voie à la Révolution de Février en Russie
Pendant la guerre, les femmes socialistes ont poursuivi les actions de protestation à l’occasion de la Journée Internationale des Femmes, dont la date varie alors entre le 23 février et le 18 mars. Ces protestations étaient fortement centrées sur le manque de vivres et les prix élevés de la nourriture provoqués par la guerre, ainsi que sur l’opposition à la guerre elle-même.
C’est ainsi les femmes socialistes italiennes de Turin ont diffusé une affiche, adressée aux femmes des quartiers ouvriers. L’arrière-plan de leur propagande, c’est alors l’augmentation générale des prix de la nourriture de base, comme la farine (dont le prix a grimpé de 88% entre janvier 1910 et 1917) et les pommes de terre (+ 134%). Ces affiches disaient : « N’avons-nous pas assez souffert à cause de cette guerre ? Maintenant la nourriture qu’il faut pour nos enfants commence à disparaître aussi. (…) Nous crions : à bas les armes ! Nous faisons tous partie de la même famille. Nous voulons la paix. Nous devons montrer que les femmes peuvent protéger ceux qui dépendent d’elles. »
Mais les protestations les plus spectaculaires ont eu lieu lors de la célébration de la Journée Internationale des Femmes en 1917 en Russie. Sous la direction d’Alexandra Kollontaï, les femmes russes sont descendues dans les rues. Au centre de leurs préoccupations se trouvaient les conditions de vie qui continuaient à empirer. Le loyer d’un logement à Saint-Pétersbourg avait doublé entre 1905 et 1915. Les prix des produits alimentaires, surtout ceux de la farine et du pain, avaient augmenté de 80 et 120%. Le prix d’une livre de pain de seigle, qui était la base de la nourriture des familles ouvrières de Saint-Pétersbourg, était monté de 3 kopecks en 1913 à 18 kopecks en 1916. Même le prix du savon avait augmenté de 245%. Une spéculation énorme et un marché noir de la nourriture et de l’énergie se développaient à toute allure alors que les entreprises fermaient leurs portes l’une après l’autre faute d’énergie. Les femmes et les hommes qui étaient licenciés partaient souvent en grève. En janvier et février 1917, plus d’un demi-million de travailleurs russes ont ainsi fait grève, surtout à Saint-Pétersbourg. Comme dans les autres pays impliqués dans la guerre, les femmes formaient une grande partie de ces travailleurs, vu que beaucoup d’hommes avaient été envoyés au front.
A l’occasion de la Journée Internationale des Femmes (le 23 février du calendrier russe correspond au 8 mars) les femmes ouvrières ont organisé une manifestation passant le long des usines de Saint-Petersbourg. Beaucoup de travailleurs des usines métallurgiques ont rejoint l’action. Le 25 février, deux jours après le début de l’insurrection des femmes, le Tsar a commandé à l’armée de tirer sur les masses pour arrêter le mouvement. Ainsi a commencé la Révolution de Février, qui a forcé le tsar à abdiquer le 12 mars.
Le Gouvernement Provisoire qui a pris le pouvoir en main est le premier gouvernement d’une grande puissance à accorder le droit de vote aux femmes. Mais, pour le reste, ce gouvernement n’était pas du tout prêt à augmenter le niveau de vie des masses. Le Tsar était parti mais les grands propriétaires fonciers et les capitalistes continuaient d’exploiter les masses et d’accaparer les richesses. A coté de ce Gouvernement Provisoire, une autre force s’est construite, les Conseils (soviets) de délégués élus des travailleurs, paysans et soldats. Ces Soviets sont entrés en concurrence avec le Gouvernement Provisoire sur la question centrale : qui va diriger le pays. En outre, le gouvernement refusait également de mettre fin à la guerre, une revendication qui gagnait toujours plus de soutien parmi les masses, en raison aussi de la campagne menée sans répit par les bolcheviks.
Ce double pouvoir – d’un coté le Gouvernement Provisoire et de l’autre les soviets – ne pouvait pas durer longtemps. Lors de la Révolution d’Octobre, les Soviets, réunissant les représentants élus des masses laborieuses, ont répondu à l’appel des bolcheviks et ont pris le pouvoir en main. Ces événements ont fixé la date de la Journée Internationale des Femmes en Russie et en Europe au 8 mars. L’Internationale Communiste (ou Troisième Internationale), mise sur pied à l’initiative de Lénine et Trotsky, les principaux dirigeants de la Révolution Russe, a fait en 1922 de cette journée un jour férié communiste.
La dégénérescence du mouvement communiste révolutionnaire coïncide avec celle de la Journée Internationale des Femmes
L’Etat ouvrier, arrivé au pouvoir par la Révolution d’Octobre, a donné aux femmes travailleuses des acquis dont les femmes en Occident ne pouvaient alors que rêver. A coté de l’égalité devant la loi, non seulement il leur a offert le droit au travail et des régimes de travail spéciaux (diminution du temps de travail, interdiction du travail de nuit, congé de maternité,…) qui tenaient compte de la fonction sociale des mères en plus du travail hors de la maison, mais il a aussi été le premier à prendre réellement ses responsabilités envers les masses populaires sur le plan du logement et des services de base. Les richesses produites par la population laborieuse ont été pour la première fois réellement utilisées pour servir les intérêts des masses, par le biais d’une économie planifiée qui avait au cœur de ses préoccupations les besoins des masses et qui, dans une première période, était aussi élaborée de manière démocratique à travers les soviets, les conseils des travailleurs, paysans et soldats.
Mais le jeune Etat ouvrier a fait beaucoup plus encore. L’oppression des femmes est en effet un problème plus profond qu’une simple question de revenu et de salaire. Le droit à l’avortement, la possibilité de divorcer plus facilement, l’abolition des « droits » que les hommes avaient sur les femmes dans le mariage,… tout cela a fait partie des acquis des femmes travailleuses russes – des acquis que les femmes occidentales ont du attendre longtemps encore. Afin de stimuler et d’aider les femmes à sortir de leur foyer et à s’engager dans la société, un travail de formation sur une grande échelle a aussi été entamé, au moyen de campagnes d’alphabétisation dans la campagne et du travail de formation pour élever le niveau culturel. Des femmes socialistes ont parcouru cet immense pays pour expliquer aux femmes les droits dont elles disposaient.
Mais la Révolution Russe ne pouvait pas rester debout et évoluer vers une société socialiste dans l’isolement total dans lequel se trouvait le pays après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe, et tout particulièrement en Allemagne, des défaites qui se sont succédées surtout à cause de la trahison des partis socialistes de la Deuxième Internationale. La société russe se heurtait à un manque de développement technique, à une arriération culturelle dans les vastes régions rurales,… et était en plus entraînée dans une guerre sans fin, les puissances capitalistes de l’extérieur faisant tout pour aider l’ancienne élite dirigeante russe à reprendre le pouvoir, en bloquant les relations commerciales mais aussi en envoyant des troupes (les armées de 21 pays ont ainsi foncé à travers le territoire de la Russie). La continuation d’une situation de guerre imposée à la société russe a conduit à des famines dans différentes parties du pays.
Le soutien – ouvert et concret – donné par tous les partis russes, excepté les bolcheviks, à la contre-révolution a conduit à une situation dans laquelle de plus en plus de partis ont été mis hors-la-loi. Cette période de « communisme de guerre » reste toujours vue, même aujourd’hui, par une série de partis communistes comme un « modèle » alors qu’elle n’était qu’une adaptation concrète et nécessaire à la guerre qui était imposé au jeune Etat ouvrier. Beaucoup de penseurs bourgeois mettent cela en avant pour montrer combien le « communisme » est « antidémocratique » – bien que dans les pays capitalistes la démocratie ait été également suspendue en temps de guerre et parfois d’une manière encore plus profonde qu’en Russie.
Mais l’échec des révolutions en Europe occidentale et les difficultés économiques internes dans un pays détruit par la guerre ont fait qu’en Russie, une bureaucratie a pu concentrer dans ses mains toujours plus de pouvoir. Cette bureaucratie, sous la direction de Staline, a progressivement étranglé toute opposition et a remplacé le fonctionnement démocratique de l’économie planifiée par son propre pouvoir tout-puissant. Cette prise de pouvoir s’est marquée aussi à travers l’adaptation graduelle du programme du Parti Communiste russe envers les femmes, qui a glissé de plus en plus vers la glorification de la maternité et de la famille nucléaire dans laquelle la mère préoccupée du bien-être de la famille occupait la place centrale.
Parallèlement, l’Internationale Communiste est devenue partout dans le monde un instrument de cette bureaucratie russe, donnant chaque jour davantage la priorité aux intérêts de la politique extérieure de l’URSS sur les intérêts de la classe ouvrière dans le reste du monde. C’est ainsi qu’a commencé une longue chaîne de trahisons, débutant avec la première Révolution Chinoise dans les années ’20 (au cours de laquelle le Parti Communiste a été forcé à aider le Kouo-Min-Tang, le parti bourgeois nationaliste au pouvoir), se poursuivant avec la guerre civile espagnole en 1936-39 (au cours de laquelle le Parti Communiste a notamment utilisé son influence pour retirer leurs armes aux femmes ouvrières et les cantonner au rôle de cuisinières et d’infirmières dans l’armée), dans laquelle les intérêts des travailleurs et paysans espagnols ont reçu une importance bien moindre que les accords que Staline avait conclus avec des différents pays capitalistes, ce qui a mené à la victoire de Franco ou encore avec la Révolution Iranienne de 1979, au cours de laquelle le Parti Communiste a refusé de jouer un rôle indépendant et de diriger lui-même la lutte, a apporté son soutien à Khomeiny et a abandonné les femmes iraniennes totalement à leur sort. Dans ce cadre, la Journée Internationale des Femmes a changé de nature dans les pays staliniens pour devenir une sorte de fête des mères ou de Saint-Valentin, un jour où les femmes reçoivent des fleurs.
Relance de la lutte des femmes dans les années ‘60
Dans le reste du monde, la Journée Internationale des Femmes a été de plus en plus oubliée pour n’être reprise qu’à la fin des années ’60 par le nouveau mouvement féministe, ce qu’on a appelé la « deuxième vague » (après une « première vague » pour le droit de vote). C’est également la période dans laquelle d’autres mouvements d’émancipation, comme le mouvement des homosexuels, a connu une forte poussée.
Les années ’60 ont vu un grand afflux de femmes sur le marché de travail. Vu le chômage très bas, les femmes ont été stimulées à aller revendiquer leur place au travail. La nouvelle vague féministe s’est donc développée sur la base de ces conditions économiques favorables. En Belgique, la montée de ce mouvement a été annoncée par la grève des ouvrières de la FN d’Herstal sur la revendication « à travail égal, salaire égal » qui a duré 12 semaines.
Cette nouvelle vague féministe, qui a coïncidé avec le développement d’autres mouvements d’émancipation comme celui des homosexuels, avait comme objectifs d’obtenir l’indépendance économique, de rompre avec la répartition classique des rôles entre hommes et femmes, d’arracher la libération sexuelle, de casser le « plafond de verre » qui tenait les femmes loin des hautes fonctions, y compris dans la politique. Dans beaucoup de pays, cette lutte a obtenu des acquis importants, entre autres sur les questions de la contraception et de l’avortement, de l’assouplissement des lois sur le divorce,… illustrés par des slogans comme le très connu « maître de mon ventre » ou « le personnel est politique ».
En termes légaux, la revendication “à travail égal, salaire égal” a été obtenue, tout comme l’interdiction des discriminations professionnelles, mais sur ce plan on doit aujourd’hui bien constater que les salaires réels des femmes sont toujours en moyenne 25% plus bas que ceux des hommes.
La Journée Internationale des Femmes doit être remise à l’ordre du jour
Malgré les énormes acquis – accès à l’enseignement et au marché du travail, légalisation de l’avortement, facilitation des procédures de divorce, égalité devant la loi,… – obtenus par les femmes dans les pays capitalistes développés, les problèmes ne sont pas fondamentalement résolus. Au contraire, au cours des 20 à 30 dernières années de politique antisociale et néolibérale, un grand nombre d’acquis ont été rabotés. Les femmes sont touchées de façon très dure : les chômeurs qui ont perdu leur allocation de chômage à cause du fameux article 143 (devenu 80) limitant la durée des allocations pour les chômeurs cohabitants sont en grande majorité des femmes, les allocations de chômage partiel des travailleurs à temps partiel non-volontaire ont été graduellement abolies, le démantèlement de services comme ceux des hôpitaux (notamment avec la réduction du temps de séjour) a pesé surtout sur elle,…
Beaucoup de femmes travaillent en dehors de la maison aujourd’hui et très peu de filles et de jeunes femmes se voient comme futures femmes au foyer. Mais la société ne voit toujours pas les tâches ménagères et de soins – que ce soit pour les enfants, pour le mari et, à cause du coût élevé des maisons de repos combiné au faible montant des pensions, toujours plus aussi pour les parents âgés – comme des tâches sociales pour lesquelles il faut créer des services publics. Dès lors, tout le poids repose dès lors sur le dos des femmes qui subissent une double journée de travail. Cette double journée, dans la situation d’un marché de travail de plus en plus flexible, fait que beaucoup de femmes ne gagnent pas assez pour être indépendantes sur le plan financier. De bas salaires, le temps partiel, des périodes de non-présence sur le marché de travail,… font qu’arrivées à un certain âge, les femmes sont aussi en moyenne bien plus pauvres parce que leurs pensions sont plus faibles, et parfois beaucoup plus faibles.
Ce manque d’indépendance financière fait que les femmes sont vulnérables face à la violence. Même si elles veulent échapper à une relation violente, elles rencontrent plein d’obstacles sur leur route. Comment, avec les bas salaires que beaucoup de femmes subissent à cause du temps partiel, avec les titres-services et autres « petits boulots », avec l’insécurité d’un contrat temporaire ou intérim,… trouver un nouveau logement et des revenus suffisants pour vivre, en particulier s’il y a des enfants ?
La violence contre les femmes est inhérente au capitalisme : elle fleurit sur la division et les préjugés entretenus envers les groupes spécifiques afin de diviser et de paralyser la majorité de la population qui est exploitée et opprimée par la bourgeoisie. Les femmes sont souvent confrontées au harcèlement sexuel dans l’espace public, dans les écoles et les lieux de travail, mais aussi avec la violence physique et sexuelle dans leurs familles. Les préjugés envers les femmes font aussi qu’elles doivent souvent travailler bien plus dur pour être vues comme égales aux hommes. Le sexisme installe des limitations très réelles dans la vie des femmes. Malgré les énormes pas en avant qui ont été faits et la plus grande liberté que les femmes ont aujourd’hui pour déterminer leur vie, cette violence dure toujours : la principale cause de mort et de handicap permanent pour les femmes entre 16 et 44 ans en Europe est la violence du partenaire.
De nouvelles formes d’oppression sont aussi apparues, ou plus exactement de vieilles formes sous une nouvelle apparence. La croissance de l’internet a été utilisé par la mafia du sexe pour assurer un élargissement jamais vu de l’industrie de sexe – le porno est un des plus grands secteurs sur internet. On voit aussi un glissement vers du porno de plus en plus dur, vers la pornographie enfantine. Le porno est présent partout aujourd’hui et diverses études ont montré que cela impose une pression sérieuse sur les jeunes femmes, en particulier sur le plan de leurs « prestations » sexuelles. Elles ont montré que, dans 97% du matériel pornographique, les relations entre les sexes reposent sur l’obéissance et la soumission des femmes. La plus grande partie du matériel porno déborde de clichés du genre « si les femmes disent non, elles veulent dire oui.
Pour beaucoup de jeunes femmes qui sont attirées dans cette industrie du porno – faire des photos est quand même une façon « innocente » et facile de se faire un peu d’argent – ces premiers pas s’avèrent être un marchepied pour la prostitution. Bien qu’on entende aujourd’hui dire de plus en plus souvent que c’est un « choix » que les femmes font, il est quand même remarquable que même ces femmes qui pensent que c’était leur « choix » doivent à terme utiliser des drogues pour pouvoir continuer à faire ce « travail ». Toutes les prostituées sont confrontées régulièrement à la violence. Bien que différentes organisations, y compris des organisations soi-disant progressistes, veulent présenter aujourd’hui la prostitution comme « un boulot comme un autre », ce n’est pas du tout le cas. Pour la grande majorité des prostituées, il ne s’agit pas d’un « choix », mais d’une pure nécessité économique. Une grande partie du marché de la prostitution est en outre occupée par ce qu’on ne peut pas appeler autrement que des esclaves sexuelles, importées par des réseaux de traite d’êtres humains. Ce n’est pas étonnant que cette industrie du sexe ait profité à fond de la désintégration des Etats staliniens en Europe de l’Est et en Russie et qu’un grand nombre de femmes submergent le marché de prostitution, forcées de façon directe ou indirecte par les trafiquants de chair humaine.
Malgré le fait qu’une plus grande proportion de femmes que d’hommes se trouvent dans une situation de pauvreté, leur surconcentration dans les emplois mal payés, temporaires et à temps partiel, la violence, le harcèlement et les préjugés,… une grande partie des politiciens et politiciennes prétendent pourtant que les femmes ne sont plus opprimées ni discriminées. En réalité, la situation s’est détériorée au cours des dernières décennies pour les femmes qui travaillent ou qui dépendent d’une allocation. La dépendance économique fait que toute une série de droits dont les femmes disposent légalement ne peuvent pas être appliqués dans la réalité.
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1920. La Journée Internationale des Femmes [Kollontaï]
Texte d’Alexandra Kollontaï paru dans Mezhdunarodnuy den’ rabotnitz, Moscou 1920.
Une fête militante
La Journée de la Femme ou la Journée de l’Ouvrière est un jour de solidarité internationale et un jour pour passer en revue la force et l’organisation des femmes prolétariennes.Mais ce n’est pas un jour spécial uniquement pour les femmes. Le 8 mars est une journée historique et mémorable pour les ouvriers et les paysans, pour tous les ouvriers russes, et pour tous les ouvriers du monde. En 1917, ce jour là, la grande Révolution de Février a éclaté [1]. Ce sont les ouvrières de Petersbourg qui ont commencé cette révolution; ce sont elles qui, en premier, ont décidé de soulever la banderole de l’opposition au tsar et à ses associés. C’est pourquoi la journée de la femme est une double fête pour nous.
Mais si c’est un jour férié général pour tout le prolétariat, pourquoi l’appelle-t-on ‘Journée de la Femme’? Pourquoi alors tenons-nous des fêtes et des réunions spéciales destinées avant tout aux ouvrières et aux paysannes? Cela ne compromet-il pas l’unité et la solidarité de la classe ouvrière? Pour répondre à ces questions, nous devons regarder en arrière et voir comment la Journée de la Femme est arrivée et pour quelle raison elle a été organisée.
Comment et pourquoi la Journée de la Femme a-t-elle été organisée?

Alexandra Kollontaï (1872-1952) est une femme politique communiste et militante féministe soviétique. Elle est la première femme de l’Histoire contemporaine à avoir été membre d’un gouvernement et ambassadrice dans un pays étranger. Il n’y a pas longtemps, en fait, il y a dix ans environ, la question de l’égalité des femmes et la question quant à savoir si les femmes pourraient prendre part au gouvernement aux côtés des hommes étaient chaudement débattues. La classe ouvrière dans tous les pays capitalistes luttait pour les droits des ouvrières: la bourgeoisie ne voulait pas accepter ces droits. Ce n’était pas dans l’intérêt de la bourgeoisie de renforcer le vote de la classe ouvrière au parlement; et dans chaque pays, elle a entravé l’adoption des lois qui donnaient ce droit aux ouvrières.
Les socialistes en Amérique du Nord ont insisté sur leurs exigences pour le droit de vote avec une particulière persistance. Le 28 février 1909, les femmes socialistes des USA ont organisé d’énormes manifestations et réunions à travers le pays, exigeant les droits politiques pour les ouvrières. C’était la première ‘Journée de la Femme’. L’initiative d’organiser une journée de la femme appartient donc aux ouvrières américaines.
En 1910, durant la Seconde Conférence Internationale des Ouvrières, Clara Zetkin [2] a mis en avant la question d’organiser une Journée Internationale de l’Ouvrière. La conférence a décidé que chaque année, dans tous les pays, on devrait célébrer le même jour une ‘Journée de la Femme’ avec le slogan ‘Le droit de vote pour les femmes unira notre force dans la lutte pour le socialisme’.
Durant ces années, la question de rendre le parlement plus démocratique, par exemple, en élargissant le droit de vote et en l’étendant au vote des femmes, était une question vitale. Même avant la première guerre mondiale, les ouvriers avaient le droit de voter dans tous les pays bourgeois, sauf en Russie [3]. Seules les femmes, ainsi que les fous, restaient sans ces droits. Cependant, la réalité discordante du capitalisme exigeait la participation des femmes dans l’économie du pays. Chaque année, il y avait une augmentation du nombre de femmes qui devaient travailler dans les usines et dans les ateliers, ou comme domestiques et femmes de ménage. Les femmes travaillaient aux côtés des hommes et la richesse du pays était créée par leurs mains. Mais les femmes restaient sans droit de vote. Mais dans les dernières années avant la guerre, l’augmentation des prix a forcé même la ménagère la plus pacifique à s’intéresser aux questions de la politique, et à manifester fortement contre l’économie de pillage de la bourgeoisie. Les ‘soulèvement des femmes au foyer’ sont devenus de plus en plus fréquents, s’intensifiant soudainement à des moments différents en Autriche, en Angleterre, en France et en Allemagne.
Les ouvrières ont compris qu’il n’était pas suffisant de détruire les étals au marché ou de menacer le commerçant singulier: elles ont compris qu’une telle action ne réduit pas le coût de la vie. Il faut changer la politique du gouvernement. Et pour réussir cela, la classe ouvrière doit voir que le droit de vote est élargi.
Il a été décidé d’avoir une Journée de la Femme dans tous les pays en tant que forme de lutte pour obtenir le droit de vote pour les ouvrières. Ce jour était destiné à être une journée de solidarité internationale dans le combat pour des objectifs communs et une journée pour passer en revue la force organisée des ouvrières sous la bannière du socialisme.
La première Journée Internationale de la Femme
La décision prise lors du Second Congrès International des Femmes Socialistes n’est pas restée sur papier. Il a été décidé de tenir la première Journée Internationale de la Femme le 19 mars 1911. Cette date n’a pas été choisie au hasard. Nos camarades allemandes ont sélectionné ce jour à cause de son importance historique pour le prolétariat allemand. Le 19 mars de l’année de la Révolution de 1848, le roi prussien a reconnu pour la première fois la force de la population armée et a cédé devant la menace d’un soulèvement prolétarien. Parmi les nombreuses promesses qu’il a faites, et qu’il a plus tard échoué à tenir, figurait l’introduction du droit de vote pour les femmes. Après le 11 janvier, des efforts ont été faits en Allemagne et en Autriche pour préparer la Journée de la Femme.
Ils ont fait connaître les projets pour une manifestation à la fois par le bouche à oreille et par la presse. Durant la semaine précédant la Journée de la Femme, deux journaux sont apparus: ‘The Vote for Women’ (Le Droit de Vote pour les Femmes) en Allemagne et ‘Women’s Day (Journée de la Femme) en Autriche. Les divers articles consacrés à la Journée de la Femme – ‘Women and Parliament’ (Femmes et Parlement), ‘The Working Women and Municipal Affairs’ (Les ouvrières et les Affaires Municipales), ‘What Has the Housewife got to do with Politics?’ (Qu’à la Femme au Foyer à voir avec la Politique?), etc – ont analysé à fond la question de l’inégalité de la femme dans le gouvernement et dans la société. Tous les articles ont souligné le même point: qu’il était absolument nécessaire de rendre le parlement plus démocratique en étendant le droit de vote aux femmes.
La première Journée Internationale de la Femme a eu lieu en 1911. Son succès a dépassé toutes les attentes. Durant cette Journée de l’Ouvrière, l’Allemagne et l’Autriche n’étaient qu’une mer de femmes grouillante et tremblante. Des meetings ont été organisés partout – dans les petites villes et même dans les villages, les salles étaient tellement remplies qu’on a du demander aux ouvriers de laisser leurs places aux femmes.
Ceci a certainement été la première démonstration de militantisme de la femme ouvrière. A cette occasion, les hommes sont restés à la maison avec leurs enfants, et leurs femmes, les femmes au foyer prisonnières, sont allées aux meetings. Durant les plus grandes manifestations dans la rue, auxquelles 30000 ont participé, la police a décidé d’enlever les calicots des manifestants: les ouvrières ont résisté. Dans la bagarre qui a suivi, le carnage n’a été empêché que grâce à l’aide des députés socialistes au parlement.
En 1913, la Journée Internationale de la Femme a été transférée au 8 mars. Ce jour est resté le jour du militantisme de l’ouvrière.
Une Journée de la Femme est-elle nécessaire?
La Journée de la Femme a eu des résultats ahurissants en Amérique du Nord et en Europe. Il est vrai que pas un seul parlement bourgeois n’a pensé à faire des concessions aux ouvriers ou à répondre aux exigences des femmes. Car à cette époque, la bourgeoisie n’était pas menacée par une révolution socialiste.
Mais la Journée de la Femme a réussi quelque chose. Elle s’est avérée par dessus tout être une excellente méthode d’agitation parmi nos sœurs prolétaires les moins politisées. Elles ne pouvaient pas aider, mais ont tourné leur attention vers les réunions, les manifestations, les affiches, les tracts et les journaux qui étaient consacrés à la Journée de la Femme. Même l’ouvrière politiquement arriérée s’est dit à elle-même «Ceci est notre journée, le festival pour les ouvrières», et s’est précipitée aux meetings et aux manifestations. Après chaque Journée Internationale de la Femme, plus de femmes rejoignent les partis socialistes et les syndicats grandissent. Les organisations se sont améliorées et la conscience politique s’est développée.
La Journée de la Femme a encore servi à une autre fonction: elle a renforcé la solidarité internationale des travailleurs. Les partis des différents pays échangent habituellement des conférenciers pour l’occasion: des camarades allemands vont en Angleterre, des camarades anglais vont en Hollande,… La cohésion internationale de la classe ouvrière est devenue solide et ferme et cela signifie que la force combattante du prolétariat en tant qu’ensemble qui a grandi.
Journée de la Femme Ouvrière en Russie
Les ouvrières russes ont pour la première fois pris par à la ‘Journée de l’Ouvrière’ en 1913. C’était une période de réaction alors que le tsarisme tenait les ouvriers et les paysans dans son étau – comme un contrôle. Il ne pouvait y avoir aucune pensée de célébrer la ‘Journée de l’Ouvrière par des manifestations au grand jour. Mais les ouvrières organisées étaient capables de marquer leur journée internationale. Les deux journaux légaux de la CLASSE ouvrière – la ‘Pravda’ bolchévique et la ‘Looch’ menchévique – ont transmis des articles à propos de la Journée Internationale de la Femme [4]: ils ont publié des articles spéciaux, des portrait de certaines de celles qui prenaient part au mouvement des ouvrières et des salutations de camarades tels qu’August Bebel et Clara Zetkin [5].
Durant ces sombres années, les meetings étaient interdits. Mais à Petrograde, à la Bourse de Kalashaïkovsky, ces ouvrières qui appartenaient au Parti (bolchévique) ont organisé une réunion publique sur ‘La Question de la Femme’. Le prix d’entrée était de cinq kopecks. C’était un meeting illégal mais la salle était absolument pleine. Les membres du parti ont parlé. Mais cette réunion ‘fermée’ animée s’est terminée péniblement quand la police, alertée par de tels débats, est intervenue et a arrêté de nombreux conférenciers.Il a été d’une grande importance pour les travailleurs du monde que les femmes en Russie, qui vivaient sous l’oppression tsariste, devraient se joindre et d’une manière ou d’une autre s’arranger pour se reconnaître dans les actions de la Journée Internationale de la Femme. C’était un signe bienvenu que la Russie se réveillait et que les prisons et les gibets tsaristes étaient impuissants pour tuer l’esprit de lutte et de protestation des travailleurs. En 1914, la Journée de l’Ouvrière en Russie a été mieux organisée. Les deux journaux des ouvriers se sont concernés eux-mêmes par la fête. Nos camarades ont mis beaucoup d’efforts dans la préparation de la Journée de l’Ouvrière. A cause de l’intervention policière, ils ne sont pas parvenus à organiser une manifestation. Ceux qui étaient impliqués dans l’organisation se sont retrouvés dans les prisons tsaristes et beaucoup ont été plus tard envoyés dans le grand nord. Car le slogan ‘pour le droit de vote des femmes’ était naturellement devenu en Russie un appel public pour le renversement de l’autocratie tsariste.
Journée de l’Ouvrière durant la guerre impérialiste
La première guerre mondiale a éclaté. La classe ouvrière de chaque PAYS était recouverte du sang de la guerre [6]. En 1915 et 1916, la Journée de l’Ouvrière à l’étranger a été une faible affaire – les femmes de l’aile gauche socialiste qui partageaient les vues du Russion Bolshevik Party (Parti Bolchévique de Russie) ont essayé de transformer le 8 mars en une manifestation des ouvrières contre la guerre. Mais ces traîtres du parti socialiste en Allemagne et dans d’autres pays ne permettraient pas aux femmes socialistes d’organiser des rassemblements; et les femmes socialistes se sont vues refuser des passeports pour aller dans des pays neutres où les ouvrières souhaiteraient tenir des réunions internationales survivait.
En 1915, il n’y a qu’en Norvège qu’elles se sont débrouillées pour organiser une Journée de la Femme en Russie, car ici, la puissance du tsarisme et de la machine militaire était effrénée.
Ensuite est arrivée la grande, grande année 1917. La faim, le froid et les épreuves de la guerre, ont brisé la patience des ouvrières et des paysannes de Russie. En 1917, le 8 mars (23 février) pour la Journée de l’Ouvrière, elles sont hardiment sorties dans les rues de Petrograd. Les femmes – certaines étaient ouvrières, certaines étaient des femmes de soldats – ont exigé du ‘Pain pour nos enfants’ et le ‘Retour de nos maris des tranchées’. A ce moment décisif, les protestations des ouvrières ont présenté une telle menace que même les forces de sécurité tsaristes n’ont pas osé prendre les mesures habituelles contre les rebelles mais ont regardé avec confusion la mer orageuse de la colère populaire.
La Journée de l’Ouvrière de 1917 est devenue mémorable dans l’histoire. Ce jour là, les femmes russes ont soulevé la torche de la révolution prolétarienne et ont mis le feu au monde. La Révolution de Février a débuté ce jour là.
Notre appel au combat
La ‘Journée de l’Ouvrière’ a été organisée pour la première fois il y a 10 ans durant la campagne pour l’égalité des femmes et pour la lutte pour le socialisme. Cet objectif a été rempli par les femmes de la classe ouvrière en Russie. En république soviétique, les femmes ouvrières et paysannes ne doivent pas se battre pour le droit de vote ou leurs droits civils. Elles ont déjà gagné ces droits. Les travailleurs russes et les femmes paysannes sont des citoyens égaux – dans leurs mains se trouve une arme puissante pour rendre la lutte pour une vie meilleure plus facile – le droit de vote, de participer aux soviets et dans toutes les organisations collectives [7].
Mais les droits seuls ne sont pas assez. Nous devons apprendre à les utiliser. Le droit de vote est une arme que nous devons apprendre à maîtriser pour notre propre bénéfice, et pour le bien de la république des ouvriers. Durant les deux années de pouvoir des soviets, la vie en elle-même n’a pas absolument changé. Nous sommes seulement dans le processus de lutte pour le communisme et nous sommes encerclés par le monde dont nous avons hérité du PASSÉ, sombre et répressif. Les entraves de la famille, du ménage, de la prostitution pèsent toujours lourdement sur la femme ouvrière. Les ouvrières et les paysannes ne peuvent se débarrasser de cette situation et obtenir l’égalité dans la vie elle-même, et pas juste dans la loi, que si elles mettent toutes leurs énergies pour faire de la Russie une vraie société communiste.
Et pour accélérer son arrivée, nous devons d’abord redresser la barre de l’économie délabrée de la Russie. Nous devons examiner la solution de nos deux tâches les plus urgentes – la création d’une force de travail bien organisée et consciente politiquement et la restauration du transport. Si notre armée du travail fonctionne bien, nous devrions bientôt avoir à nouveau des machines à vapeur; les chemins de fer recommenceront à fonctionner. Cela signifie que les ouvriers et les ouvrières recevront le pain et le bois de chauffage dont ils ont désespérément besoin.
Obtenir le retour à la normale du transport accélérera la victoire du communisme. Et avec la victoire du communisme viendra l’égalité complète et fondamentale des femmes. C’est pourquoi le MESSAGE de la ‘Journée de l’Ouvrière’ doit cette année être «Ouvrières, paysannes, mères, femmes et soeurs, tous les efforts pour aider les travailleurs et les camarades à surmonter le chaos des chemins de fer et à rétablir le transport. Tout le monde dans la lutte pour le pain, le bois de chauffage et les matières premières».
L’an dernier, le slogan de la Journée de l’Ouvrière était: «Tous pour la victoire du Front Rouge» [8]. Maintenant, nous appelons les ouvrières à rallier leur force sur un nouveau front sans effusion de sang: le front du travail! L’Armée Rouge a battu l’ennemi extérieur parce qu’elle était organisée, disciplinée et prête à l’abnégation. Avec de l’organisation, du travail dur, de l’auto-discipline et de l’abnégation, la république des travailleurs surmontera l’ennemi interne – la dislocation du transport et de l’économie, la famine, le froid et la maladie. «Tous pour la victoire du front du travail sans effusion de sang! Tous pour la victoire!»
Les nouvelles tâches de la Journée de l’Ouvrière
La Révolution d’Octobre a donné aux femmes l’égalité avec les hommes, pour autant que les droits civils sont concernés. Les femmes du prolétariat russe, qui étaient il n’y a pas si longtemps, les plus malheureuses et opprimées, sont aujourd’hui dans la République Soviétique, capables de montrer avec fierté aux camarades d’autres PAYS le chemin vers une égalité politique par l’intermédiaire de l’établissement de la dictature du prolétariat et du pouvoir des soviets.
La situation est très différente dans les pays capitalistes où les femmes sont toujours surmenées et défavorisées. Dans ces pays, la voix de l’ouvrière est faible et inanimée. Il est vrai que dans divers pays – en Norvège, en Australie, en Finlande et dans certains des états d’Amérique du Nord – les femmes ont gagné les droits civils même avant la guerre [9].
En Allemagne, après que le kaiser ait été rejeté et qu’une république bourgeoise dirigée par les ‘conciliateurs’ [10] ait été établie, 36 femmes sont entrées au parlement – mais pas une seule n’était communiste!
En 1919, en Angleterre, une femme a été élue pour la première fois en tant que membre du parlement. Mais qui était-elle? Une ‘lady’. Cela signifie une propriétaire de terres, une aristocrate [11].En France aussi, la question de l’extension du droit de vote aux femmes est apparue plus tard. Mais de quelle utilité sont ces droits pour l’ouvrière dans la structure des parlements bourgeois? Tant que le pouvoir est dans les mains des capitalistes et des propriétaires terriens, aucun droit politique n’évitera à la femme ouvrière la position traditionnelle d’esclavage dans la maison et dans la société. La bourgeoisie française est prête à envoyer une autre mouillette à la classe ouvrière, face à la croissance des idées bolchéviques parmi le prolétariat: elle est prête à donner le droit de vote aux femmes [12].
Monsieur le Bourgeois – il est trop tard!
Après l’expérience de la Révolution d’Octobre russe, il est clair pour chaque ouvrière en France, en Angleterre et dans d’autres pays, que seule la ‘dictature de la classe ouvrière’, seul ‘le pouvoir des soviets’ peuvent garantir l’égalité complète et absolue, la victoire ultime du communisme démolira les chaînes de la répression centenaires et le manque de droits. Si la tâche de la ‘Journée Internationale de l’Ouvrière’ était antérieurement de combattre pour le droit de vote des femmes face à la suprématie des parlements bourgeois, aujourd’hui, la classe ouvrière a une nouvelle tâche: organiser les ouvrières autour des slogans de combat de la Troisième Internationale. Au lieu de prendre part au fonctionnement du parlement bourgeois, écoutez l’appel de la Russie. «Ouvrières de tous les pays! Organisez un front prolétarien uni dans la lutte contre ceux qui pillent le monde! A bas le parlementarisme de la bourgeoisie! Nous accueillons le pouvoir le pouvoir des soviets! Supprimons les inégalités subies par les hommes et les femmes travailleurs! Nous nous battrons avec les ouvriers pour le triomphe du communisme mondial!»
Cet appel a été entendu pour la première fois au milieu des épreuves d’un nouvel ordre, il sera entendu dans les batailles de la guerre civile et aura une résonance dans les coeurs des ouvrières dans d’autres pays. Les ouvrières écouteront et croiront cet appel à la raison. Jusqu’à il y a peu, elles pensaient que si elle s’arrangeaient pour envoyer quelques représentantes au parlement, leurs vies seraient plus faciles et que l’oppression du capitalisme seraient plus supportables. Maintenant, elles savent le contraire.
Seul le renversement du capitalisme et l’établissement du pouvoir des soviets les sauvera du monde de souffrances, d’humiliations et d’inégalités qui rendent la vie de l’ouvrière dans les pays capitalistes si difficile. La ‘Journée de l’Ouvrière’ est passée d’une journée de lutte pour le droit de vote à une journée à une journée internationale de lutte pour la libération totale et absolue des femmes, ce qui signifie une lutte pour la victoire des soviets et pour le communisme!
A BAS LE MONDE DE LA PROPRIÉTÉ ET DU POUVOIR DU CAPITAL!
A BAS INÉGALITÉ, LE MANQUE DE DROITS ET L’OPPRESSION DES FEMMES – HÉRITAGE DU MONDE BOURGEOIS!
EN AVANT VERS L’UNITE INTERNATIONALE DES OUVRIÈRES ET DES OUVRIERS DANS LA LUTTE POUR LA DICTATURE DU PROLÉTARIAT – LE PROLÉTARIAT DES DEUX SEXES!Notes:
[1] La Russie tsariste utilisait toujours le vieux calendrier ‘Julien’ du Moyen-Age qui était 13 jours derrière le calendrier ‘Grégorien’ utilisé dans la plupart du reste du monde. Ainsi, le 8 mars était le ’23 février’ dans l’ancien calendrier. C’est aussi pourquoi la révolution de mars 1917 est appelée ‘la Révolution de Février’ et celle de novembre 1917 ‘la Révolution d’Octobre’.
[2] Clara Zetkin était une dirigeante du mouvement socialiste allemand et la dirigeante principale du mouvement international des ouvrières. Kollontaï était une déléguée à la conférence internationale représentant les ouvrières du textile de St-Pétersbourg.
[3] Ceci n’est pas correct. La grande majorité des ouvriers non-qualifiés en Angleterre, en France et en Allemagne ne pouvaient pas voter. Un plus petit pourcentage des hommes de la classe ouvrières aux États-Unis ne pouvaient pas voter – en particulier les hommes immigrés. Dans le sud des USA, les hommes noirs étaient souvent empêchés de voter. Les mouvements de la classe moyenne pour le suffrage dans tous les pays européens ne se sont pas battus pour donner le droit de vote aux femmes de la classes ouvrières, ni aux hommes de la classe ouvrières.
[4] Durant son Congrès de 1903, le Russian Social Democratic Labour Party (Parti Russe Social Démocratique du Travail) s’est divisé en deux ailes, les bolchéviques (ce qui signifie ‘majorité’ en russe) et les menchéviques (ce qui signifie ‘minorité’). Dans la période entre 1903 et 1912 (quand la division est devenue permanente), les deux ailes ont travaillé ensemble, se sont unifiées pendant un moment, et puis se sont encore divisées. De nombreux socialistes, y compris l’ensemble des organisations locales, ont travaillé avec les deux ailes ou ont essayé de rester neutres dans les désaccords. Kollontaï, une socialiste active et combattante pour les droits des femmes depuis 1899, était d’abord indépendante des factions, puis est devenue menchévique pour plusieurs années. Elle a rejoint les bolchéviques en 1915 et est devenue la seule femme membre de leur comité central. Elle a également siégé comme commissaire du bien-être de la République Soviétique et comme directrice de la section féminine du Parti Bolchévique.
[5] August Bebel (1840-1913) était un dirigeant du German Social-Democratic Party (Parti Social-Démocrate Allemand). Il était un supporter bien reconnu du mouvement des femmes et l’auteur d’un ouvrage classique sur le marxisme et les femmes ‘Die Frauenfrage’, traduit en anglais ‘Woman under Socialism’ (Femme et Socialisme), qui a été traduit en de nombreuses langues.
[6] Lorsque la guerre a éclaté en 1914, il y avait une énorme scission dans le mouvement socialiste international. La majorité des sociaux-démocrates en Allemagne, en Autriche, en France et en Angleterre soutenait la guerre. D’autres socialistes, tels que Kollontaï, Lénine, le Parti Bolchévique et Leon Trotsky en Russie, Clara Zetkin et Rosa Luxemburg en Allemagne, et Eugene Debs aux Etats-Unis, pour ne nommer que quelques dirigeants, ont dénoncé les socialistes pro-guerre d’être des traitres à la classe ouvrière et au combat pour la révolution des ouvrières.
[7] Le mot ‘soviet’ signifie ‘conseil’. Les soviets, ou conseils des ouvriers, sont des corps démocratiques dans lesquels les délégués sont élus dans des réunions des usines et du voisinage et sont contrôlés par leurs frères et soeurs ouvriers. Les représentants des soviets doivent faire rapport à leur circonscription électorale et sont sujets à un rappel immédiat.
[8] Après la saisie du pouvoir par la classe ouvrière en octobre/novembre 1917, l’état ouvrier russe était confronté à deux problèmes majeurs. L’un était une invasion, y compris des États-Unis, l’autre était la résistance des éléments pro-monarchistes et pro-capitalistes en Russie. Principalement sous la direction de Léon Trotsky, les soviets ont créé une armée ‘des ouvriers et des paysans’, l’Armée Rouge’, qui a battu les forces de contre-révolution.
[9] Les femmes avaient gagné le droit de vote dans plusieurs états des États-Unis avant la Première Guerre Mondiale. Un amendement fédéral garantissant à toutes les femmes de plus de 21 ans le droit de vote a été voté le 26 août 1920. Il a fallu attendre les années 60 pour que la dernière barrière légale au vote de personnes de la classe ouvrière aux États-Unis soit abolie.
[10] Les conciliateurs auxquels Kollontaï fait référence sont les dirigeants du Parti Social-Démocrate qui formaient un nouveau gouvernement capitaliste en Allemagne après la chute du kaiser en 1918. Ils sont activement soutenu la contre-révolution après leur arrivée au pouvoir.
[11] Alors que l’aristocrate Lady Astor était en effet la première femme à siéger au parlement anglais, la première femme élue au parlement a été la révolutionnaire irlandaise Constance Markievicz. Avec d’autres membres du parti Sinn Fein, elle a refusé de prendre son siège au parlement impérial.
[12] Les femmes françaises n’ont finalement pas obtenu le droit de vote avant la Deuxième Guerre Mondiale.Traduction et commentaires réalisés par le site “La Bataille Socialiste”
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La Marche Mondiale des Femmes et le Comité “V'là la facture” contre l'injustice et la violence de l'austérité
Ce vendredi 6 mars, quelques centaines de personnes se sont rassemblées à 12h devant la Gare Centrale de Bruxelles à l’occasion du lancement de la 4ème Marche Mondiale des Femmes (MMF) et dans le cadre de la Journée Internationale des Droits de la Femme. Le PSL a aussi participé à l’événement qui s’est poursuivi à 14h avec une marche de la gare vers le Palais de Justice. Les différentes représentantes de la MMF et du Comité “V’là la facture” ont dénoncé que pour rembourser une dette illégitime, nos dirigeants politiques continuent à prendre des mesures qui impactent plus durement les femmes.Par Marisa (Bruxelles)
La diminution des dépenses publiques pousse les femmes à compenser les pénuries. De plus en plus de femmes sont obligées de restreindre leur temps de travail rémunéré ou de quitter leur emploi. Les femmes migrantes généralement sans-papiers suppléent à ce manque sans avoir accès à aucune forme de protection sociale. Pour 15,8% des femmes, le risque de vivre en-dessous du seuil de pauvreté est devenu une réalité et dès que le seuil est franchi, elles n’arrivent que rarement à sortir de la précarité. Suite aux dernières mesures restrictives en matière de chômage mises en place par le gouvernement Di Rupo, 37.000 personnes sont susceptibles d’êtres exclues du chômage dont 65% sont des femmes. Mais en réalité, les allocations sociales ne représentent que 3% du budget public contre 20% attribués au remboursement de la dette!
Face à cette offensive austéritaire, le Comité “V’là la facture” défend trois revendications principales: l’arrêt immédiat des plans d’austérité, l’annulation de la dette illégitime et une fiscalité qui cesse de favoriser les riches. Parmi les signataires se trouvent plusieurs organisations des femmes dont Vie Féminine Bruxelles, Le Monde selon les Femmes, la Marche Mondiale des Femmes, le Collectif “Elles s’en mêlent” et aussi le CADTM (Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde).
Nous approuvons ce constat que la violence des mesures d’austérité a fortement dégradé l’indépendance économique des femmes. Nous pensons aussi que la lutte pour les revendications féministes passe par une lutte collective contre la destruction de nos services publics et pour la défense d’un emploi de qualité, telle que la proposition des 30h de travail par semaine, avec réduction des cadences, sans perte de salaire et avec embauche compensatoire faite par FEMMA (Vie Féminine en Flandre). Ce 8 Mars, Journée Internationale des Droits des Femmes, la Commission femme du PSL organise une journée de formation et de discussions sur les différentes expériences de luttes du passé, les revendications à mettre en avant aujourd’hui et l’alternative face à la société capitaliste patriarcale.






