Tag: 8 mars

  • 8 mars. Une nouvelle mobilisation historique dans l’Etat espagnol !

    Nous sommes à nouveau entrés dans l’histoire ! Des millions de personnes étaient dans la rue pour lutter contre la violence sexiste et l’oppression capitaliste.

    Il semblait difficile de surpasser l’ampleur de la mobilisation menée le 8 mars dernier, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Mais nous l’avons encore fait ! Des millions de femmes de la classe des travailleurs ont fait un nouveau pas en avant, soutenues par des centaines de milliers de leurs collègues, et une autre journée de grève a été inscrite en lettres capitales dans l’histoire des luttes sociales et politiques de l’État espagnol.

    Par Izquierda Revolucionaria (section du CIO dans l’Etat espagnol) et ‘Libres y Combativas’

    Le matin, les mobilisations organisées par le Sindicato de Estudiantes et Libres y Combativas ont été écrasantes : 2,5 millions d’étudiants en grève et plus de 400.000 personnes dans les dizaines de manifestations que nous avons organisées dans tout le pays. Dans l’après-midi, dans les mobilisations féministes unitaires, la participation a dépassé les prévisions les plus optimistes : près de 5 millions de travailleurs, avec des centaines de milliers de sympathisants à nos côtés, ont provoqué un tsunami qui a déclenché une vive inquiétude dans la classe dirigeante.

    De nombreux signes ont précédé l’explosion que nous avons connue. Tout d’abord, ni l’oppression, ni l’exploitation, ni la violence que nous subissons n’ont été résolus en dépit de la rhétorique “féministe” du PSOE. Cette situation a donné lieu à une véritable rage contre la justice patriarcale et les provocations du bloc politique réactionnaire et franquiste – Parti populaire (PP), Ciudadanos (Cs) et Vox.

    La pression sociale a été d’une telle ampleur que les dirigeants des syndicats ouvriers – CCOO et UGT – n’ont pas été en mesure d’appliquer la politique de paix sociale qu’ils ont pratiquée ces dernières années. La lutte de classe et le mouvement massif des travailleuses pour leurs droits les ont forcés à élargir leur appel à une grève de 2 heures vers une grève de 24 heures dans différents secteurs, comme l’avaient déjà fait d’autres syndicats (CGT, Cobas, CNT, CIG, LAB, ELA,…). Dès les premières heures du matin, le 8 mars, les médias n’ont eu d’autre choix que de souligner la participation à la grève, à laquelle près de sept millions de travailleurs ont participé.

    La jeunesse en première ligne de la lutte

    Le rôle de la jeunesse fut à nouveau crucial, comme en ont témoigné les mobilisations étudiantes massives qui ont rempli les rues et les places de tout l’État espagnol. Plus de deux millions et demi de personnes ont quitté leurs salles de classe pour soutenir la grève générale de 24 heures organisée par le Sindicato de Estudiantes et Libres y Combativas. Plus de 400.000 jeunes ont participé aux manifestations.

    A Barcelone, plus de 130.000 étudiants ont participé à notre manifestation. Plus de 6.000 autres ont manifesté à Tarragone. A Madrid, plus de 120.000 étudiants se sont rendus à la Puerta del Sol et ont bloqué la Gran Vía auprès du Ministère de la Justice. A Bilbao, Gasteis, Donosti et Iruña – dans le Pays Basque – la mobilisation a été énorme – des dizaines et des dizaines de milliers de personnes ont manifesté, tout comme à Valence, où 30.000 jeunes ont rempli les artères principales de la ville. Les manifestations étudiantes ont inondé tous les coins du pays avec des dizaines de milliers de manifestants à Séville, Malaga, Cádis, Córdoba, Grenade, Almería, Vigo, Ferrol, Oviedo, Gijón, Saragosa, aux Illes Baléares, à Guadalajara, Murcia et dans des dizaines d’autres villes.

    Les jeunes étudiants, au côté de nos camarades, ont rejoint des millions de travailleurs dans cette mobilisation massive contre la violence sexiste, la justice patriarcale et l’oppression capitaliste. Dans toutes les manifestations, les slogans étaient forts et clairs : “Assez de justice sexiste”, “Nous voulons être vivants, libres et combatifs”, “La Manada (la meute, en référence à un cas de viol collectif), c’est le système ” ou “Vive la lutte des femmes de la classe ouvrière” !

    Les manifestations organisées par le Sindicato de Estudiantes et Libres y Combativas ont été si massives que le journal bourgeois El País en a fait son principal titre du matin : “Les étudiants mènent la manifestation des femmes du 8 mars dans la rue”.

    Une marée humaine dans les manifestations de l’après-midi

    La mobilisation des jeunes le matin n’était que le prélude à ce qu’allait être les manifestations féministes unitaires de l’après-midi. Dès le début de l’après-midi, les bus, les métros, les trains et les rues de tous les quartiers de dizaines de villes étaient tous violets, remplis d’affiches et de banderoles faites maison, de visages peints, d’un désir de se battre et de montrer sa force et sa détermination.

    Plus de cinq millions de femmes et de jeunes de la classe des travailleurs, ainsi que des camarades de lutte, ont rempli tous les coins de l’État espagnol. Les images parlent d’elles-mêmes. A Madrid, plus d’un million de personnes sont descendues dans la rue ; tout comme à Barcelone. Des centaines de milliers de personnes ont manifesté à Valence, Bilbao, Séville, Séville, Grenade, Malaga, Gasteis, La Corogne, Gijon, Valladolid et dans des dizaines de villes…. Une marée humaine a rempli les manifestations qui étaient si massives qu’il n’était même pas possible de marcher.

    Cette journée historique de lutte a également fait apparaître clairement qui sont les véritables protagonistes de cette lutte. Ce sont les femmes et les filles de la classe ouvrière qui ont rempli les rues et fait de cette grève un succès. Ce sont elles qui souffrent continuellement de l’oppression de ce système, de la précarité, des bas salaires, du chômage de masse et des expulsions. Les femmes pauvres sont victimes des formes les plus extrêmes de violence sexiste, y compris la prostitution, et d’autres formes de marchandisation de notre propre corps, comme les mères porteuses rémunérées. Ce sont surtout les femmes et les jeunes filles de familles de travailleurs qui sont tuées, violées et maltraitées, et que la justice de classe et la justice patriarcale humilient par leurs peines honteusement légères.

    Un féminisme révolutionnaire, anticapitaliste et de classe

    C’est la composition de classe du mouvement qui a une fois de plus fait tenir les mobilisations debout, mais dans une plus large mesure encore que le 8 mars dernier. Une fois de plus, il était évident que cette composition de classe était au cœur de ce soulèvement. Comme l’ont expliqué sans relâche Libres y Combativas, le Sindicato de Estudiantes et Izquierda Revolucionaria, dans cette grande bataille pour notre libération, toutes les femmes ne sont pas nos alliées.

    Ni Inés Arrimadas de Ciudadanos, ni son “féminisme libéral” (qui prône la légalisation des formes les plus répugnantes d’exploitation et de violence sexiste contre les femmes), ni les députées du PP ne nous représentent. C’est tout le contraire. Elles sont responsables des coupes budgétaires et de l’austérité, elles n’hésitent pas à s’allier à une formation ultra-droite telle que Vox. Elles partagent le même ADN franquiste. Elles se sont déclarées ennemies des femmes qui souffrent de l’oppression capitaliste ! Nous déclarons la même chose d’Ana Patricia Botín, cette banquière qui se joint maintenant au féminisme, mais qui amasse une fortune obscène à la suite de l’exploitation des travailleurs et des travailleuses, hommes et femmes. Ce sont les défenseurs du système capitaliste, de leur justice patriarcale et de classe. Elles sont responsables de notre oppression autant que leurs partenaires masculins.

    Le féminisme que nous défendons n’a rien à voir avec le fait de simplement porter un drapeau violet le 8 mars. Le gouvernement actuel du PSOE, qui se dit le plus féministe de l’histoire, n’a dans la pratique rien fait pour mettre fin à la situation qui a conduit des millions de femmes à déclencher cette rébellion. Il a fermé les yeux sur les sentences méprisables rendues par la justice patriarcale comme celle de la “manada”. Il a maintenu les coupes budgétaires, la réforme du travail et l’écart salarial. Il s’est incliné devant l’Église catholique en garantissant sa position privilégiée dans le système d’enseignement, ce grâce à quoi l’Eglise répand son message sexiste et homophobe.

    Pour mettre fin à notre oppression, nous devons défendre un féminisme révolutionnaire et anticapitaliste, opposé aux grandes puissances économiques et aux institutions qui soutiennent ce système.

    Non au bloc réactionnaire du PP, de Cs et de Vox. NO PASARÁN!

    Le 8 mars, nous avons très clairement indiqué qui est responsable de notre oppression. Nous, les femmes et les hommes qui ont occupé les rues de l’État espagnol, sommes très clairs sur une chose : cette lutte n’est pas seulement une question de genre, c’est aussi une question de classe.

    C’est pourquoi les riches – hommes et femmes – sont alliés contre nous et ont l’intention de s’attaquer aux droits des femmes, à ceux de la classe ouvrière et à ceux de la jeunesse dans son ensemble, avec l’objectif clair de continuer à s’enrichir aux dépens de notre exploitation et de notre souffrance.

    Nous sommes très conscients de la menace que représentent le PP, Cs et Vox. Leur objectif est de nous ramener dans le passé et de mettre fin à nos droits les plus fondamentaux. C’est pourquoi ce 8 mars a été la meilleure réponse possible : un cri assourdissant contre leur offensive franquiste, un exemple de lutte contre la droite et l’extrême droite : en nous organisant et en nous mobilisant dans la rue.

    La mobilisation de cette année pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes reflète notre énorme force. Mais elle représente aussi un thermomètre du processus de radicalisation et de virage vers la gauche qui s’approfondit parmi des millions de travailleurs et de jeunes. Cette forme massive de soulèvement, qui constitue un jalon historique dans la lutte des classes de l’Etat espagnol et au niveau international, est également une étape décisive pour vaincre le bloc réactionnaire du PP, de Cs et de Vox lors des élections générales du 28 avril prochain. Mais il ne s’agit pas seulement de voter ; il s’agit de transformer la société, de mettre fin au fonctionnement du système, de parvenir à une véritable libération et à l’égalité, ce que seul le socialisme peut offrir.

    Libres y Combativas, Izquierda Revolucionaria et le Sindicato de Estudiantes appellent tous les étudiants et tous les travailleurs à continuer le combat pour notre présent et notre avenir. Ce que nous avons fait le 8 mars était impressionnant, mais le combat doit continuer 365 jours par an. C’est pourquoi nous devons construire un féminisme indépendant du système, un féminisme que ce dernier ne peut ni assimiler ni domestiquer : un féminisme révolutionnaire, anticapitaliste et de classe. Nous appelons les étudiants et les travailleurs à le construire avec nous et à rejoindre Libres y Combativas

  • 8 mars 2019. Women’s Strike UGent.

    Le Walk-out à l’université de Gand a commencé avec des speechs de profs et travailleurs de l’UGent. Ils ont proposé de nombreuses revendications progressistes.

    Ils exigent des efforts pour construire une université plus inclusive, comme le recteur l’avait promis lors des élections. Ils revendiquent également une diminution de la pression et du stress au travail, tout en offrant des chances égales à tous.

    Ils mentionnent également que la majorité des professeurs sont encore des hommes, alors qu’une majorité de femmes obtiennent leur diplôme à l’UGent. Mais la majorité du personnel de la cafétéria, de l’équipe de nettoyage,… sont encore des femmes et surtout des femmes issues de l’immigration. Ils exigent un salaire minimum décent pour ceux qui réalisent ces travaux essentiels pour l’université. Ils veulent cesser de sous-traiter ces emplois afin de ne pas pousser les gens dans des situations de travail encore plus précaires.

    Selon les organisateurs de cette grève, il faut aussi accorder plus d’attention au racisme, au sexisme, à la phobie LGBTQI+ et aux discriminations vécues par les personnes handicapées. Afin d’avoir un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ils exigent la semaine de travail de 30 heures comme la nouvelle semaine de travail à temps plein.

    Après les prises de parole des personnes à initiative de la grève, il y a eu un “micro ouvert” qui a offert la parole à qui le souhaitait.

    Elise a notamment parlé de la marche qui devait avoir lieu ce soir-là à Gand et qui a finalement réuni 800 personnes. parlant au nom de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), elle a souligné que la campagne ROSA est anticapitaliste et combat toutes les formes d’oppression et de discrimination. Elle a également parlé de la lutte générale des femmes et de la manière dont leurs droits sont violés partout dans le monde. Mais la résistance renaît, et elle a abordé les mouvements grandissants de lutte pour les droits des femmes. Elle a bien entendu terminé en invitant à participer à la marche contre le sexisme et la précarité au soir en appelant toutes les femmes, tous les hommes et toutes les personnes qui n’entrent pas dans le système binaire à sortir dans les rues ! L’émancipation des femmes est à l’avantage de toutes et tous ! La solidarité doit aussi être mondiale avec tous les opprimés victimes d’un système qui profite du détournement du bien-être de milliards de personnes. Elise a par la suite été interviewée par les médias.

    De nombreuses personnes se sont précipitées sur les badges de la campagne ROSA et un soutien financier de plus de 60 euros a été récolté à cette seule occasion. Cet argent nous sera précieux pour l’impression de tracts et d’affiches à destination de nouvelles actions. Le soir-même, au cours de la marche, l’initiative et l’approche politique défendue par la campagne ROSA a pu compter sur un bel enthousiasme ! Il est clair que la campagne peut compter sur beaucoup de soutien à Gand.

    la dernière oratrice était Nina Power, une féministe bien connue auteure d’un livre sur le sujet. En plus de la Campagne ROSA, différentes organisations ont encore pris la parole : Comac, Students for climate, Tim Joosen (délégué syndical de l’ACOD-Onderwijs), Queer pride, #DurfDenken, et une activiste du spoken word.

  • 8 mars. Bruxelles. Quel enthousiasme, quelle énergie, quel bloc ROSA incroyable !

    Nous étions une dizaine de milliers dans les rues de Bruxelles ce 8 mars 2019 pour la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes. Et nous avions un bloc de la Campagne ROSA très dynamique et combatif! Nous avons scandé des slogans tels que « Mon corps, mon choix, pas leur profit », « My body, my choice », « Travail précaire, travail intérimaire, c’est du sexisme qu’en a pas l’air », « Women’s rights are under attack, stand up, fight back » ou encore les légendaires « Stop sexisme, stop racisme, éen strijd, international solidariteit » et « Résistance internationale contre le sexisme et le capital ».

    Nous avons décidé de crier et chanter en français, en néerlandais, en anglais … et nous nous sommes même essayé à l’espagnol. A travers nos slogans, ce sont de réelles revendications que nous défendons. Nous y dénonçons la marchandisation de nos corps, rendue possible par la société capitaliste. Nous y exigeons que les femmes aient le choix d’avorter ou d’avoir des enfants sans tomber dans la pauvreté. Nous voulons de vrais emplois avec de vrais salaires. Nous voulons la réduction collective du temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Nous voulons une lutte unifiée des jeunes et des travailleu(r)ses contre le sexisme, et toutes les formes de discrimination. Nous voulons lutter contre le système qui est à la base de ces inégalités et de ces oppressions : le système capitaliste.

    Quelle ambiance combative dans cette manifestation qui marque une étape importante dans la lutte contre le sexisme et la précarité. Nous devons utiliser cette combativité et cet enthousiasme pour organiser la lutte dans les lieux de travail, dans les écoles, dans les universités, dans les quartiers. Nous devons nous unir pour s’opposer à ceux qui s’enrichissent sur l’exploitation du corps des femmes, sur le travail gratuit ou sous-payé fourni par les femmes, … Nous devons nous unir contre ceux qui nous divisent et nous font vivre dans la précarité.

    Ceux qui détiennent la grande majorité des richesses et qui continuent à s’enrichir sur notre dos. Ceux qui n’en ont rien à faire que nous fassions des métiers pénibles, des journées de 10 heures de travail ou plus, des carrières jusqu’à 67 ans pour recevoir une pension de misère, des boulots instables … Les actionnaires, les patrons, les multinationales et, ceux qui les protègent, ces gouvernements qui appliquent l’austérité.

    Rejoignez la campagne ROSA, luttons ensemble, préparons le rapport de force pour gagner des luttes dans les entreprises, les écoles, dans la rue,…. Luttons ensemble pour une autre société, une société socialiste !

    Photos de Liesbeth
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    Photos de Fabian
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    Quelques vidéos :

  • 8 mars. La campagne ROSA au piquet de l’hôpital Brugmann

    La CAMPAGNE ROSA était présente sur le piquet de grève de l’hôpital Brugmann où une trentaine de travailleurs étaient présents. Mais dans un secteur très féminisé, il y avait surtout des femmes grévistes !

    Par Celia (Bruxelles)

    Notamment un groupe d’infirmières des soins intensifs qui mènent une lutte au sein de l’hôpital. Une lutte qui ressemble à celle des brancardiers que vient de mener les travailleurs de Brugmann : des revendications sur des embauches supplémentaires, sur le temps de travail, sur les conditions de travail, etc.

    Nous étions également présents au débat sur les droits des femmes organisées par la Commission Femmes de la CGSP. Débat très intéressant sur les luttes du mouvement ouvrier et les acquis sociaux gagnés, mais également sur tous ceux à gagner ou regagner contre ce système qui nous divise et applique l’austérité. De nombreux secteurs présents, une centaine de participants et un bel enthousiasme pour venir à la manifestation de l’après-midi. Ensuite, nous avons décidé d’aller soutenir le piquet de l’hôpital Saint-Pierre, où également une trentaine de travailleurs étaient présents. Ils distribuaient des tracts avec comme titre « Non au sexisme » et prenaient le temps de discuter avec les patients et les travailleurs qui rentraient et sortaient de l’hôpital. Il s’agissait également d’un moment pour discuter avec tout ceux présents du nombre incroyable de travailleurs intérimaires, du nombre d’heures supplémentaires trop élevé, du harcèlement sexuel au travail, etc.

  • Le 8 mars : une journée de lutte !

    Bruxelles, délégation de la campagne ROSA dans la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes.

    La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes redevient de plus en plus une journée de lutte. Cette année, il y eut à nouveau des actions, mais encore plus importantes que l’an dernier avec de premières grèves féministes dans un certain nombre d’endroits. La plus importante manifestation fut la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes à Bruxelles avec une participation de 10.000 personnes. A l’instar des années précédentes, une autre manifestation a eu lieu à Gand à l’initiative de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) avec plusieurs centaines de personnes. D’autres actions ont également pris place dans le pays, notamment à Liège.

    Manifestation de Gand

    Au cours de cette journée, la campagne ROSA défendu que la lutte contre le sexisme et celle contre l’austérité sont les deux facettes d’une même médaille. Nous estimons essentiel de construire une lutte offensive pour imposer des revendications syndicales comme un salaire horaire minimum de 14€ (2300€ brut / mois) et une pension minimale de 1500€ net / mois ; pour exiger l’individualisation des allocations, de chômage par exemple, avec un montant qui permette de vivre. Est-il normal que tant de femmes dépendent toujours financièrement de leur partenaire en 2019 ?

    Ces revendications ne peuvent être arrachées que par une lutte de masse, femmes et hommes côte-à-côte dans le combat. Un système caractérisé par l’inégalité la plus profonde – le pourcent le plus riche de l’humanité possède autant que les 99% restants – est incapable de garantir une égalité réelle. C’est pourquoi nous devons nous battre pour un changement de système. Nous défendons donc un féminisme socialiste : nous luttons pour une société socialiste où l’économie serait aux mains de la collectivité pour assurer ainsi démocratiquement que la production satisfasse les besoins de chacun et non la seule soif de profit de l’élite capitaliste.

    A Bruxelles, diverses actions ont eu lieu au cours de la journée. La campagne ROSA a pu prendre la parole lors du piquet de grève de l’hôpital Brugmann et lors de la grève à la VUB (université flamande de Bruxelles), où une centaine de personnes étaient présentes pour se rendre ensuite vers la manifestation de la Marche Mondiale des Femmes qui démarrait à 17h de la Gare centrale. Des prises de parole et de chants s’étaient succédé là-bas toute l’après-midi sur le podium placé face à un village féministe organisé par le Collecti.e.f 8 maars. La campagne ROSA y a tenu un stand. Nous avons également pris part à un rassemblement de protestation devant l’ambassade iranienne. A Gand, nous avons participé à un rassemblement l’après-midi devant au rectorat de l’université.

    Le soir, la manifestation de Bruxelles a dépassé toutes les attentes, la Gare centrale fut envahie de toutes parts. La campagne ROSA était bien entendu présente avec une délégation dynamique et imposante. Notre bloc a pu compter jusqu’à 500 manifestants environ, essentiellement des jeunes. Cela a notamment attiré l’attention de la VRT et de RTL. ‘‘My body my choice’’ et ‘‘Résistance’’ figuraient parmi les slogans les plus populaires. À la fin de la manifestation, Emily Burns, coordonnatrice nationale de la campagne ROSA, a pris la parole au côté d’autres représentantes de mouvement et d’associations. ‘‘Le sexisme est un puissant instrument de division ! On voudrait nous faire croire que ce sont les hommes qui gagnent trop ; mais ce sont nos salaires qui sont trop bas !’’, a-t-elle déclaré. Emily a également souligné la victoire du personnel municipal de Glasgow dans la lutte pour l’égalité salariale, en terminant son discours par la nécessité d’une transformation socialiste de la société.

    Discours d’Emily

    => Reportage de RTL

    Photos de la manifestation de Gand (par Jean-Marie)
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    Photos de la manifestation de Bruxelles (par Liesbeth)
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    Photos de la manifestation de Bruxelles (par Fabian)
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  • 8 mars. Hong Kong – Les travailleuses migrantes en lutte contre l’esclavage moderne


    ‘‘Ma première expérience en tant que travailleuse domestique à Hong Kong a été très mauvaise, je n’ai pas eu de jours de congé et l’employeur m’a même confisqué mon téléphone portable’’, raconte Mica, une travailleuse domestique migrante de 27 ans originaire d’Indonésie. La bataille que Mica a dû mener pour se sortir d’un contrat de travail cauchemardesque et éviter d’être expulsée de Hong Kong l’a poussée à s’organiser.

    Par Socialist Action (CIO-Hong Kong)

    Elle a rejoint le groupe indonésien de militantes migrantes KOBUMI, qui coopère étroitement avec Socialist Action dans diverses campagnes, et organise avec nous une manifestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes pour défendre des revendications propres aux migrants mais aussi en solidarité avec les luttes féministes mondiales.

    Notre manifestation aura lieu à Hong Kong le dimanche 10 mars, le seul jour de congé pour les travailleurs domestiques migrants. Et certains n’ont même pas ça. Selon une nouvelle étude, environ six pour cent d’entre eux se voient refuser le moindre jour de congé, en toute illégalité.

    ‘‘L’employeur a refusé de me donner des congés, j’ai travaillé pendant trois mois sans prendre un seul jour de congé’’, nous explique Mica. ‘‘Le travail était très dur. Le patron avait fait une liste de mes tâches et du nombre de minutes que je pouvais y consacrer. On m’a accordé 15 minutes pour emmener l’enfant à l’école et ensuite revenir à la maison. Me rendre à l’école et au supermarché étaient les seules occasions où j’avais le droit de sortir. Ils avaient pris mon téléphone pour le placer sous vidéosurveillance afin de voir si je l’avais utilisé pendant la journée en leur absence. Une fois rentrés, ils vérifiaient ce que j’avais fait en leur absence grâce aux caméras.’’

    Aussi mauvais que ça puisse paraître, il y a des histoires encore pires que celle de Mica. 380.000 travailleurs domestiques migrants représentent 10 % de la main-d’œuvre de Hong Kong. La plupart sont issus d’Indonésie et des Philippines et travaillent ici pendant des années, voire des décennies, en ne voyant leurs propres enfants et leurs familles qu’une fois par an. Amnesty International qualifie cela de ‘‘sorte d’esclavage des temps modernes’’. Les conditions de vie des femmes migrantes sont souvent bien pires en Arabie saoudite et dans les États du Golfe – Hong Kong est généralement considérée comme un “paradis” en comparaison.

    Beaucoup de travailleuses domestiques ont vécu des expériences terribles. Les heures de travail sont longues pour des salaires de misère, mais il y a aussi des violations telles que la confiscation de passeports, de cartes bancaires et de téléphones. Les abus physiques et sexuels constituent de graves problèmes qui ne sont souvent pas signalés par les victimes de peur d’être licenciées et de devoir quitter Hong Kong.

    En février, une employée de maison philippine, Baby Jane Allas, a été diagnostiquée d’un cancer du col de l’utérus. Son médecin lui a prescrit un congé de maladie mais, peu de temps après, ses employeurs ont mis fin à son contrat, ce qui l’obligeait à quitter Hong Kong dans les deux semaines, selon ce qui est prévu par la loi. De cette façon, elle serait tout simplement privée de soins. Allas est une mère célibataire qui subvient aux besoins de cinq enfants aux Philippines. Des sympathisants et des amis l’aident aujourd’hui à porter l’affaire devant les tribunaux locaux et à demander une prolongation de visa.

    Pour le gouvernement de Hong Kong, les migrantes sont un moyen bon marché pour combler le vide créé par son refus d’investir dans les services publics tels que la garde d’enfants et les soins aux personnes âgées. Ces secteurs sont affamés alors que l’argent coule à flots vers les magnats capitalistes.

    Un gouvernement des riches et une exploitation infâme 

    C’est l’une des rares économies où les déficits budgétaires et le ‘‘socialisme’’ sont interdits en vertu de la mini constitution de Hong Kong, la Loi fondamentale. Le gouvernement ne consacre qu’environ la moitié de la moyenne de l’OCDE aux soins de santé et à la protection sociale en pourcentage du PIB (OCDE : les 36 pays les plus riches au monde). Les maisons de repos pour personnes âgées sont en nombre insuffisant en raison du sous-financement. Plus de 30.000 personnes sont sur liste d’attente pour une place dans un centre de soins et, chaque année, environ 4.000 d’entre eux décèdent avant d’en obtenir une.

    Le gouvernement de Hong Kong est l’un des plus riches au monde : ses réserves dépassent les mille milliards de dollars de Hong Kong (soit 127 milliards de dollars US). Ce gouvernement non élu, nommé par la dictature chinoise, consacre des sommes gigantesques pour des contrats d’infrastructure alors que Hong Kong possède déjà une infrastructure de classe mondiale, cela afin de transférer des moyens publics aux grands propriétaires et aux magnats de l’immobilier milliardaires qui dominent l’économie.

    Les travailleurs domestiques sont exportés à Hong Kong par les gouvernements capitalistes d’Asie du Sud-Est, des gouvernements qui appliquent des politiques capitalistes similaires et qui considèrent cette traite des êtres humains comme un bon moyen d’attirer au pays des devises fortes puisque les fonds envoyés par les travailleurs à l’étranger représentent une part importante du PIB de l’Indonésie et des Philippines. Cela atténue également la pression sur le marché intérieur du travail. Cette activité est gérée par des ‘‘agences de recrutement’’ sans scrupules, malhonnêtes et parasitaires qui perçoivent des honoraires illégaux et forcent les femmes migrantes à s’endetter.

    Une étude réalisée en 2017 par des étudiants de l’Université de Hong Kong a révélé que plus de 70% des agences de recrutement facturent des frais excessifs. La limite légale est de 431$HK, mais des frais de 15.000 $HK à 20.000 $HK – équivalent à presque cinq mois de salaire – ne sont pas rares. Cela pousse les femmes à s’endetter et elles sont obligées de tolérer toutes sortes de traitements – du déraisonnable au violent – afin de rembourser ces dettes.

    Une enquête réalisée en 2019 par l’Université chinoise révèle que plus de 70 % des travailleurs domestiques migrants travaillent plus de 13 heures par jour, tandis que près de 9 % d’entre eux déclarent travailler plus de 16 heures par jour et 5,9 % déclarent ne pas avoir droit à leur jour de congé légal une fois par semaine.

    La règle de résidence, qui oblige les travailleurs domestiques migrants à être logés chez leur employeur, est la cause principale de cette surcharge de travail et du refus d’accorder un temps de repos suffisant. Les heures ne peuvent pas être réglementées lorsqu’un travailleur vit aussi à la maison et qu’on lui demande d’accomplir des tâches ménagères, de nettoyer ou de s’occuper d’enfants, à toute heure du jour ou de la nuit. Seulement 43 pour cent des travailleuses domestiques de l’enquête disposaient de leur propre chambre. Les autres sont obligées de dormir dans les couloirs, les salles de bains, les réserves ou même de partager un lit avec les enfants.

    Voici la réalité telle qu’elle se présente dans une ville aux appartements notoirement trop petits, sauf pour les riches. Plus de 120 travailleurs migrants sont décédés à Hong Kong en 2016, principalement de maladies liées au stress comme l’hypertension.

    La riposte est vitale !

    Les organisations de migrants militent depuis des années pour l’abolition de la règle de résidence. Cette mesure a été introduite en 2003 en tant que mécanisme de contrôle social afin d’empêcher les migrants de s’implanter davantage dans l’économie locale et de limiter leur pouvoir de négociation. Ne pas respecter cette règle peut entraîner diverses sanctions allant de l’annulation d’un permis de travail à des poursuites pénales et à 14 ans d’emprisonnement.

    Le résultat peut-être le plus choquant de ces enquêtes concerne les niveaux de rémunération moyens qui, en 2017, étaient de 4.277 $HK (soit 545 $US) par mois, soit en dessous du salaire minimum des migrants qui était de 4.310 HK$ à l’époque (il a depuis été augmenté de 100 $HK par mois).

    Il y a des douzaines de raisons pour lesquelles les travailleuses migrantes et les travailleuses locales doivent s’unir et combattre ce système injuste, en s’assurant d’utiliser la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes comme prochain point de ralliement pour cette lutte. L’écart de rémunération à Hong Kong s’est creusé, les femmes gagnant en moyenne 22 % de moins que les hommes, contre 19 % il y a dix ans. A 60 ans, l’écart de rémunération entre hommes et femmes est encore plus important : les travailleuses ne perçoivent en moyenne que la moitié du salaire de leurs homologues masculins ! Les syndicats locaux, historiquement faibles à Hong Kong, n’ont pas fait assez pour défendre les droits des femmes ou pour assister l’organisation des migrants. Nous exigeons que cela change !

    Notre manifestation ce 10 mars comprendra des danses et des chants de femmes migrantes indonésiennes et des discours de Socialist Action, de KOBUMI et d’autres groupes de militants migrants. L’événement sera donc très international. Socialist Action diffusera des tracts en trois langues (anglais, chinois et indonésien). Nous marcherons également jusqu’au consulat indonésien. Des militants pour la démocratie et le député empâché Leung ‘‘cheveux longs’’ Kwok-hung, seront parmi les orateurs.

    • #MeToo : de la rue vers les lieux de travail ! Non aux abus sexuels et à la violence – pour le droit à “vivre dehors” pour les travailleurs domestiques migrants !
    • Non au racisme et au sexisme ! A travail égal, salaire égal !
    • Non à la “règle des 2 semaines” pour trouver un nouveau contrat : égalité des droits pour les travailleurs domestiques migrants pour changer de contrat de travail !
    • 8 heures de travail par jour pour tous !
    • Non aux agences de recrutement pour migrants : droits égaux pour l’engagement des travailleurs domestiques migrants !
    • Libérez les féministes et militantes ouvrières emprisonnées en Chine !
    • Pour un système de retraite universel à Hong Kong – Taxez les riches au lieu de favoriser les projets immobiliers !
    • Des investissements massifs dans les services publics – pour la gratuité des soins de santé, des écoles, des soins aux personnes âgées et des services de garde d’enfants afin d’alléger le fardeau des femmes de la classe ouvrière !
    • Pour le socialisme et un nouveau parti des travailleurs : brisons le règne antidémocratique des magnats milliardaires !
  • Journée internationale de lutte pour les droits des femmes & lutte pour le socialisme

    Ce sont les ouvrières russes du textile qui, il y a 100 ans, le 8 mars 1917 ont donné le coup d’envoi à la révolution de Février. À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, elles sont descendues en masse manifester dans les rues de Saint-Pétersbourg aux abords des usines pour protester contre l’explosion des prix des denrées alimentaires en conséquence de la guerre. Ce fut le début d’une période de lutte intense qui se traduira par la prise du pouvoir par les soviets et la création du premier état ouvrier.

    Par Anja Deschoemacker et Liesje (Gand), article de 2017

    Cette révolution a eu un énorme écho international et a signifié un immense pas en avant pour le mouvement ouvrier. En ce qui concerne les conditions de vie et de travail des femmes, ce sont des pas de géants qui ont été réalisés. Les mesures prises il y a 100 ans ont représenté une amélioration fondamentale des conditions de vie des femmes (et des hommes). Ces réalisations sont, pour l’époque, phénoménales en comparaison de ce que les pays occidentaux dits “développés” avaient alors à offrir.

    Le jeune état ouvrier russe a légalisé le droit à l’avortement en 1920. Aux Pays-Bas, ce ne fut le cas qu’en 1981 et en Belgique en 1990. L’accès au divorce a été facilité et les droits qu’avaient les hommes mariés sur leur femme ont disparu. En Belgique, refuser des rapports sexuels au sein d’un couple marié a été longtemps considéré comme un non-respect des devoirs qu’impliquait le mariage. C’est seulement depuis 1989 que le viol au sein du mariage est officiellement reconnu et donc punissable. Le congé de maternité est introduit en Russie juste après la révolution alors qu’il a fallu attendre l’après-Seconde Guerre mondiale pour l’obtenir en Belgique. Le travail de nuit pour les enfants a été interdit alors que dans la même période les enfants étaient encore envoyés dans les mines en Belgique.

    Les acquis de la révolution russe sont donc énormes (cette énumération n’en est qu’une petite partie) et indiquent clairement ce qui est possible dans une société où la logique du profit cesse de prévaloir et où les richesses existantes sont utilisées pour répondre aux besoins de la majorité de la population. On peut aujourd’hui se demander : si cela a déjà été possible dans les conditions de développement de la Russie de 1917, qu’est-ce qui serait aujourd’hui possible si la science et la technologie, le développement économique et la richesse actuelle étaient mis au service de la majorité de la population et non pas pour répondre aux intérêts d’une élite toujours plus petite?!

    L’origine de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes

    La Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes trouve son origine dans une grève de travailleuses de l’industrie textile et du vêtement à New York, menée pour une journée de travail de 8 heures, pour de meilleures conditions de travail et pour le droit de vote des femmes, le 8 mars 1908. L’année suivante, un appel du Socialist Party américain a débouché sur une lutte de plusieurs semaines pour de meilleurs salaires et conditions de travail, dans laquelle 30?000 travailleuses ont été impliquées. Cette journée est restée longtemps un jour de fête et de lutte pour les organisations de femmes du mouvement ouvrier, même si la mobilisation s’affaiblissait d’année en année.

    De ce point de vue, l’histoire de l’origine de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes ressemble beaucoup à celle du 1er Mai. Tout comme celle-ci, elle célèbre des actions qui ont eu lieu aux États-Unis et qui ont été ensuite reprises internationalement par le mouvement ouvrier organisé. La première célébration internationale, celle qui a été en ce sens la première véritable Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes, date de 1911.

    La Journée de lutte pour les droits des Femmes du 8 mars 1917 fut cependant la plus tumultueuse et la plus enthousiasmante. Celle aussi qui a eu le plus de conséquences : elle annonçait le début de la Révolution russe. Ce n’est qu’en 1922, à l’appel de l’Internationale Communiste, que la journée a été fixée à une date qui s’est imposée à travers le monde : le 8 mars.

    Cette date trouve sa source dans la Russie du début du 20e siècle, une période où le capitalisme exigeait la participation active des femmes dans l’économie du pays. Chaque année, le nombre de femmes qui devaient travailler dans les usines et les ateliers ou comme domestiques augmentait. Les femmes travaillaient ensemble avec les hommes et elles créaient, de leurs mains, une partie de la richesse du pays. Pourtant, les femmes n’avaient pas le droit de vote.

    Les femmes ont lutté pour l’acceptation de leurs revendications au sein du mouvement ouvrier

    L’acceptation de la revendication du droit de vote des femmes n’était pas évidente dans l’Internationale Socialiste (aussi connue comme la Deuxième Internationale), tout comme ne l’était d’ailleurs pas l’ensemble de la lutte pour les droits des femmes. L’organisation en 1907 par Clara Zetkin et les femmes socialistes allemandes d’une Conférence internationale des Femmes Socialistes – la veille de la Conférence de la Deuxième internationale – a marqué les origines du mouvement de défense des droits des femmes au sein du mouvement socialiste. Une motion y est votée par laquelle les partis adhérents à la Deuxième Internationale s’engagent à lutter pour le droit de vote des hommes et des femmes.

    Clara Zetkin était une figure importante dans le parti socialiste allemand, une socialiste convaincue et une championne des droits des femmes, mais aussi une opposante déterminée au féminisme bourgeois. Lors de la réunion où a été décidée la mise sur pied de la Deuxième Internationale (1889), elle avait déjà argumenté que le socialisme ne pouvait pas exister sans les femmes, que les hommes devaient lutter ensemble avec les femmes pour les droits des femmes et que cette lutte faisait partie de la lutte des classes. La réponse peu encourageante qu’elle reçut l’a conduite à prendre l’initiative d’un mouvement socialiste des femmes, ayant pour but d’influencer les partis socialistes. Elle essaya d’acquérir et d’élargir cette influence avec le journal femme socialiste « Die Gleichheit », dont elle était rédactrice en chef.

    Mais, malgré l’acceptation de la résolution, l’enthousiasme pour le droit de vote des femmes était tiède dans la plupart des partis socialistes. Pour changer cela et pour impliquer davantage les femmes dans la lutte, la deuxième Conférence internationale des Femmes Socialistes (1910) a décidé de tenir chaque année une journée internationale de lutte pour les droits des femmes, une journée pendant laquelle on manifesterait, on ferait de la propagande,… En 1911, la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes est célébrée en Allemagne, en Autriche, au Danemark, en Suisse et aux États-Unis. La liste des pays participants s’est allongée jusqu’à la Première Guerre mondiale.

    Cette guerre n’a pas seulement signifié un massacre, mais également la désintégration de la Deuxième Internationale. Le soutien à la guerre des différents partis socialistes – d’abord la social-démocratie allemande et ensuite tous les partis de la Deuxième Internationale – montre que, dans le cadre d’une analyse réformiste, le soutien à la bourgeoisie nationale avait pris le dessus sur l’internationalisme, sur le refus de laisser les travailleurs de “son” pays tirer sur ceux d’autres pays, et ce au seul bénéfice de leur propre bourgeoisie belliqueuse. Le seul parti qui est resté fidèle aux principes internationalistes du socialisme a été le Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie et en particulier son aile gauche majoritaire (les bolcheviks), sous la direction de Lénine et suivie dans cette voie par une partie de l’aile gauche de l’Internationale Socialiste (la Deuxième Internationale).

    L’organisation internationale des femmes a continué d’exister et s’est rangée dans le camp anti-guerre. Les femmes socialistes allemandes, au contraire de la direction du Parti Social-Démocrate allemand, ont aussi continué à mobiliser contre la guerre et contre la répression de l’État. En 1914 notamment, elles ont milité contre la guerre qui approchait à grands pas et contre l’arrestation de Rosa Luxembourg, qui participait avec Clara Zetkin à la direction des groupes de gauche au sein du SPD.

    Les protestations à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes ouvrent la voie à la Révolution de février en Russie

    Pendant la guerre, les femmes socialistes ont poursuivi les actions de protestation à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes, dont la date varie alors entre le 23 février et le 18 mars. Ces protestations étaient fortement centrées sur le manque de vivres et les prix élevés de la nourriture provoqués par la guerre ainsi que sur l’opposition à la guerre elle-même.

    C’est ainsi que les femmes socialistes italiennes de Turin ont diffusé une affiche, adressée aux femmes des quartiers ouvriers. L’arrière-plan de leur propagande, c’est alors l’augmentation générale des prix de la nourriture de base, comme la farine (dont le prix a grimpé de 88 % entre 1910 et janvier 1917) et les pommes de terre (+ 134 %). Ces affiches disaient : “N’avons-nous pas assez souffert à cause de cette guerre?? Maintenant la nourriture nécessaire à nos enfants commence aussi à disparaitre. (…) Nous crions : à bas les armes?! Nous faisons tous partie de la même famille. Nous voulons la paix. Nous devons montrer que les femmes peuvent protéger ceux qui dépendent d’elles.”

    Mais les protestations les plus spectaculaires ont eu lieu lors de la célébration de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes en 1917 en Russie. Sous la direction d’Alexandra Kollontaï, les femmes russes sont descendues dans les rues. Au centre de leurs préoccupations se trouvaient les conditions de vie qui continuaient à empirer. Le loyer d’un logement à Saint-Pétersbourg avait doublé entre 1905 et 1915. Les prix des produits alimentaires, surtout ceux de la farine et du pain, avaient augmenté de 80 à 120 % dans la plupart des villes européennes. Le prix d’une livre de pain de seigle, qui était la base de la nourriture des familles ouvrières de Saint-Pétersbourg, était monté de 3 kopecks en 1913 à 18 kopecks en 1916. Même le prix du savon avait augmenté de 245 %. Une spéculation énorme et un marché noir de la nourriture et de l’énergie se développaient à toute allure alors que les entreprises fermaient leurs portes les unes après les autres faute d’énergie. Les femmes et les hommes qui étaient licenciés partaient souvent en grève. En janvier et février 1917, plus d’un demi-million de travailleurs russes ont ainsi fait grève, surtout à Saint-Pétersbourg. Comme dans les autres pays impliqués dans la guerre, les femmes formaient une grande partie de ces travailleurs, vu que beaucoup d’hommes avaient été envoyés au front.

    À l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes (le 23 février du calendrier russe correspond au 8 mars), des ouvrières ont organisé une manifestation passant le long des usines de Saint-Pétersbourg. Beaucoup de travailleurs des usines métallurgiques ont rejoint cette action. Le 25 février, deux jours après le début de l’insurrection des femmes, le Tsar a ordonné que l’armée tire sur les masses pour arrêter le mouvement. Ainsi a commencé la Révolution de Février, qui força le tsar à abdiquer le 12 mars. Le Gouvernement Provisoire qui est mis au pouvoir est le premier gouvernement d’une grande puissance à accorder le droit de vote aux femmes.

    Mais, pour le reste, ce gouvernement n’était pas du tout prêt à augmenter le niveau de vie de la majorité de la population et d’ailleurs en était incapable. Le Tsar était parti, mais les grands propriétaires fonciers et les capitalistes continuaient d’exploiter la grande partie de la population et d’accaparer les richesses. À côté de ce Gouvernement Provisoire, une autre force s’est cependant construite, les Conseils (soviets) de délégués élus des travailleurs, paysans et soldats. Ces Soviets sont entrés en concurrence avec le Gouvernement Provisoire sur la question centrale : qui va diriger le pays. De plus, le gouvernement refusait également de mettre fin à la guerre, une revendication qui gagnait toujours plus de soutien parmi les masses, en raison aussi de la campagne menée sans répit par les bolcheviks.

    Ce double pouvoir – d’un côté le Gouvernement Provisoire et de l’autre les soviets – ne pouvait pas durer longtemps. Lors de la Révolution d’Octobre, les Soviets, réunissant les représentants élus des masses laborieuses, ont répondu à l’appel des bolcheviks et ont pris le pouvoir. Ces événements ont fixé la date de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes en Russie et en Europe au 8 mars. En 1922, l’Internationale Communiste (ou Troisième Internationale), mise sur pied à l’initiative de Lénine et Trotsky, a fait de cette journée un jour férié communiste.

    La dégénérescence du mouvement communiste révolutionnaire coïncide avec celle de la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes

    L’État ouvrier, arrivé au pouvoir par la Révolution d’Octobre, a donné aux femmes travailleuses des acquis dont les femmes en Occident ne pouvaient alors que rêver. À côté de l’égalité devant la loi, les femmes ont obtenu le droit au travail et à des régimes de travail spéciaux (diminution du temps de travail, interdiction du travail de nuit, congé de maternité,…) qui tenaient compte de la fonction sociale des mères en plus du travail hors de la maison. Et le jeune état ouvrier a aussi été le premier à prendre réellement ses responsabilités envers la majorité de la population sur le plan du logement et des services de base. Les richesses produites par la population ont été, pour la première fois, réellement utilisées pour servir les intérêts des masses par le biais d’une économie planifiée, qui avait au cœur de ses préoccupations les besoins des masses et qui également avait été élaborée dans une première période de manière démocratique à travers les soviets, les conseils des travailleurs, paysans et soldats.

    Mais le jeune État ouvrier a fait beaucoup plus encore. L’oppression des femmes est en effet un problème plus profond qu’une simple question de revenu et de salaire. Le droit à l’avortement, la possibilité de divorcer plus facilement, l’abolition des “droits” que les hommes avaient sur les femmes dans le mariage,… tout cela a fait partie des acquis des femmes de la classe ouvrière en Russie – des acquis que les femmes en occident ont dû attendre longtemps encore. Afin de stimuler et d’aider les femmes à sortir de leur foyer et à s’engager dans la société, un travail de formation à grande échelle a aussi été mis sur pied, au moyen de campagnes d’alphabétisation dans les zones rurales et d’un travail de formation pour élever le niveau culturel. Des femmes socialistes ont parcouru cet immense pays pour expliquer aux femmes les droits dont elles disposaient.

    Mais la Révolution Russe ne pouvait pas tenir debout et évoluer vers une société socialiste dans l’isolement total dans lequel se trouvait le pays après la défaite des mouvements révolutionnaires en Europe, et tout particulièrement en Allemagne. Ces défaites se sont succédé surtout à cause de la trahison des dirigeants des partis socialistes de la Deuxième Internationale. La société russe se heurtait à un manque de développement technique, à une arriération culturelle dans les vastes régions rurales,… et était en plus entraînée dans une guerre sans fin : les puissances capitalistes de l’extérieur faisant tout pour aider l’ancienne élite dirigeante russe à reprendre le pouvoir, en bloquant les relations commerciales, mais aussi en envoyant des troupes (les armées de 21 pays ont ainsi foncé à travers le territoire russe). La poursuite de la guerre imposée à la société russe a conduit à des famines dans différentes parties du pays.

    Le soutien – ouvert et concret – donné par tous les partis russes, excepté les bolcheviks, à la contre-révolution a conduit à une situation dans laquelle de plus en plus de partis ont été mis hors-la-loi. Cette période de “communisme de guerre” est toujours perçue, même aujourd’hui, par une série de partis communistes comme un “modèle” alors qu’il ne s’agissait que d’une adaptation à la guerre, concrète et nécessaire, imposée au jeune État ouvrier. Beaucoup de penseurs bourgeois mettent cela en avant pour montrer combien le “communisme” est “antidémocratique” – bien que dans les pays capitalistes la démocratie ait également été suspendue en temps de guerre et parfois d’une manière encore plus profonde qu’en Russie.

    Mais l’échec des révolutions en Europe occidentale et les difficultés économiques internes dans un pays détruit par la guerre ont fait qu’en Russie, une bureaucratie a pu concentrer dans ses mains toujours plus de pouvoir. Cette bureaucratie, sous la direction de Staline, a progressivement étranglé toute opposition et a remplacé le fonctionnement démocratique de l’économie planifiée par son propre pouvoir tout-puissant. Cette prise de pouvoir de la bureaucratie s’est marquée aussi à travers l’adaptation graduelle du programme du Parti Communiste russe envers les femmes, qui a glissé de plus en plus vers la glorification de la maternité et de la famille nucléaire dans laquelle la mère préoccupée du bien-être de la famille occupait la place centrale.

    Parallèlement, l’Internationale Communiste (la Troisième Internationale) est devenue partout dans le monde un instrument de cette bureaucratie russe, donnant chaque jour davantage la priorité aux intérêts de la politique extérieure de l’URSS sur les intérêts de la classe ouvrière dans le reste du monde. C’est ainsi qu’a commencé une longue chaîne de trahisons, débutant avec la première Révolution Chinoise dans les années ’20 (au cours de laquelle le Parti Communiste chinois a été forcé d’aider le Kouo-Min-Tang, le parti bourgeois nationaliste au pouvoir), se poursuivant avec la guerre civile espagnole en 1936-39 (au cours de laquelle le Parti Communiste espagnol a notamment utilisé son influence pour retirer leurs armes aux femmes ouvrières et les cantonner au rôle de cuisinières et d’infirmières dans l’armée), dans laquelle les intérêts des travailleurs et paysans espagnols ont reçu une importance bien moindre que les accords que Staline avait conclus avec différents pays capitalistes (ce qui a mené à la victoire de Franco) ou encore avec la Révolution Iranienne de 1979 (au cours de laquelle le Parti Communiste iranien a refusé de jouer un rôle indépendant et de diriger lui-même la lutte, a apporté son soutien à Khomeiny et a totalement abandonné les femmes iraniennes à leur sort. Dans ce cadre, la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes a changé de nature dans les pays staliniens pour devenir une sorte de fête des Mères ou de Saint-Valentin, un jour où les femmes reçoivent des petits cadeaux et des fleurs.

    Relance de la lutte des femmes dans les années ‘60

    Dans le reste du monde, la Journée internationale de lutte pour les droits des Femmes a été de plus en plus oubliée pour n’être reprise qu’à la fin des années ’60 par le nouveau mouvement féministe, ce qu’on a appelé la “deuxième vague” (après une “première vague” pour le droit de vote). C’est également la période durant laquelle d’autres mouvements d’émancipation, comme le mouvement pour les droits pour les homosexuels, a connu une forte poussée.

    Les années ’60 ont vu un grand afflux de femmes sur le marché du travail. Vu le chômage très bas, les femmes ont été stimulées à aller revendiquer leur place au travail. La nouvelle vague féministe s’est donc développée sur la base de ces conditions économiques favorables. En Belgique, la montée de ce mouvement a été annoncée par la grève des ouvrières de la FN d’Herstal sur la revendication “à travail égal, salaire égal”, qui a duré 12 semaines.

    Cette nouvelle vague féministe, qui a coïncidé avec le développement d’autres mouvements d’émancipation comme celui des homosexuels, avait comme objectifs d’obtenir l’indépendance économique, de rompre avec la répartition classique des rôles entre hommes et femmes, d’arracher la libération sexuelle, de casser le “plafond de verre” qui maintenait les femmes loin des hautes fonctions, y compris en politique. Dans beaucoup de pays, des acquis importants ont été obtenus grâce à cette lutte, entre autres sur les questions de la contraception et de l’avortement, de l’assouplissement des lois sur le divorce,… illustré par des slogans comme le très célèbre “maître de mon ventre” ou “le personnel est politique”.

    En termes légaux, la revendication “à travail égal, salaire égal” a été obtenue tout comme l’interdiction des discriminations professionnelles, mais sur on doit bien constater encore aujourd’hui que les salaires réels des femmes sont toujours en moyenne 25 % plus bas que ceux des hommes.

    La lutte n’est pas encore terminée

    Malgré les énormes acquis pour les femmes – l’accès à l’enseignement et au marché du travail, la légalisation de l’avortement, la facilitation des procédures de divorce, l’égalité devant la loi,… – obtenus par les luttes dans les pays capitalistes industrialisés, les problèmes ne sont pas fondamentalement résolus. Au contraire. Suite aux dizaines d’années de politique antisociale et néolibérale, un grand nombre d’acquis ont été rabotés. Et ceci touche les femmes très durement.

    Une partie d’une liste malheureusement longue :

    Un quart des femmes pensionnées ont droit à une pension de moins de 500 euros par mois. Le gouvernement Michel veut augmenter l’âge de la retraite de 65 à 67 ans d’ici 2030 et dans le même temps exige une carrière plus longue pour avoir droit à une pension complète. En 2017, il faudra une carrière de 41 ans, en 2019, de 42 ans. Les trois quarts des travailleuses (et un quart de la main-d’œuvre masculine) ne répondent pas à cette exigence de carrière. Ces mesures, auxquelles s’ajoute la suppression prévue d’un certain nombre de périodes assimilées (crédit temps, régimes de congé, chômage, études,…), aggraveront encore la situation déjà pénible des femmes au niveau des pensions.

    L’accès aux allocations d’insertion (les ex-allocations d’attente), qui avaient déjà été limitées à 3 ans par le gouvernement Di Rupo, a encore été restreint par le gouvernement Michel. Près de deux tiers des 40?000 chômeurs qui ont perdu leurs allocations de cette façon ou à qui elles ont été refusées sont des femmes, dont la moitié sont seules avec enfants. Le gouvernement Michel en a encore rajouté une couche en baissant les allocations complémentaires pour les travailleurs à temps partiel.

    Avec la loi Peeters, la demande croissante de flexibilité atteint son paroxysme. Si l’horaire d’une personne peut toujours être modifié 7 jours à l’avance, comment peut-elle encore par exemple prendre ses dispositions pour la prise en charge des enfants.

    Les coupes dans les services publics affectent doublement les femmes. Les femmes y sont surreprésentées et donc les premières victimes en tant que membres du personnel. De plus, à cause de la baisse des services, de plus en plus de tâches retombent sur les familles au lieu d’être prises en charge par la société. Et dans les ménages, les femmes prennent en charge en moyenne à 80 % des tâches ménagères.

    Nous appelons la double journée de travail, la combinaison des tâches ménagères et des soins avec le travail rémunéré. Beaucoup de femmes travaillent en dehors de la maison aujourd’hui et très peu de filles et de jeunes femmes se voient comme des futures femmes au foyer. Mais la société ne voit toujours pas les tâches ménagères et les soins – que ce soit pour les enfants, pour le mari et, à cause du coût élevé des maisons de repos combiné au faible montant des pensions, toujours plus aussi pour les parents âgés – comme des tâches sociales pour lesquelles il faut créer des services publics. Tout le poids repose dès lors sur les épaules des femmes qui subissent une double journée de travail. Cette double journée, dans la situation d’un marché du travail de plus en plus flexible, fait que beaucoup de femmes ne gagnent pas assez pour être indépendantes sur le plan financier.

    Ce manque d’indépendance financière fait que les femmes sont particulièrement vulnérables face à la violence. Même si elles veulent échapper à une relation violente, elles rencontrent plein d’obstacles sur leur route. Comment, avec les bas salaires que beaucoup de femmes subissent à cause du temps partiel, avec les titres-services et autres “petits boulots”, avec l’insécurité d’un contrat temporaire ou intérim,… trouver un nouveau logement et des revenus suffisants pour vivre, en particulier s’il y a des enfants??

    La violence contre les femmes est inhérente au capitalisme : elle fleurit sur la division et les préjugés entretenus envers les groupes spécifiques afin de diviser et de paralyser la majorité de la population qui est exploitée et opprimée par la bourgeoisie. Les femmes sont souvent confrontées au harcèlement sexuel dans l’espace public, dans les écoles et les lieux de travail, mais aussi à la violence physique et sexuelle dans leurs familles. Les préjugés envers les femmes font aussi qu’elles doivent souvent travailler bien plus dur pour être perçues comme égales aux hommes. Le sexisme installe des limitations très réelles dans la vie des femmes. Malgré les énormes pas en avant qui ont été faits et la plus grande liberté que les femmes ont aujourd’hui pour décider de leur vie, cette violence perdure.

    Une femme sur trois est confrontée un jour à la violence au cours de sa vie. En Belgique, une femme sur sept est victime de violence intrafamiliale grave et 68 % des femmes déclarent avoir un jour été victimes de violence physique ou sexuelle. Environ 70 % des femmes victimes de meurtre ont été tuées par leur partenaire. 8,9 % des femmes ont déjà été victimes avant leurs 18 ans de contact ou de relations sexuelles forcés.

    De nouvelles formes d’oppression sont aussi apparues, ou plus exactement de vieilles formes sous une nouvelle apparence. La croissance de l’internet a été utilisée par la mafia du sexe pour assurer un élargissement jamais vu de l’industrie du sexe – le porno est un des plus grands secteurs sur internet. On voit aussi une évolution vers du porno de plus en plus dur, vers la pornographie enfantine. Le porno est présent partout aujourd’hui et diverses études ont montré que cela exerce une pression sérieuse sur les jeunes femmes, en particulier sur le plan de leurs “prestations” sexuelles. Ces études ont montré que, dans 97 % du matériel pornographique, les relations entre les sexes reposent sur l’obéissance et la soumission des femmes. La plus grande partie du matériel porno déborde de clichés du genre “les femmes veulent dire oui quand elles disent non”, etc.

    Pour beaucoup de jeunes femmes qui atterrissent dans cette industrie du porno, faire des photos est une manière rapide de se faire un peu d’argent, mais cela s’avère aussi souvent être un tremplin vers la prostitution.

    Dans la société, le point de départ dans le débat au sujet de la prostitution c’est souvent la notion de ‘choix’. Cependant pour la plupart de ces filles, il n’est aucunement question de choix. Leurs ‘choix’ sont limités par la nature restreinte du capitalisme en crise. Une enquête récente dans neuf pays indique que 60 % des prostituées travaillent dans des conditions d’esclavage, que 38 % disent ne pas avoir d’autre choix en raison de la pauvreté, du racisme, du manque de possibilités et du sexisme. Seulement 2 % des prostituées interrogées pensent qu’elles peuvent arrêter cette activité à tout moment.

    Les médias grand public mettent en avant volontiers les compagnies d’escortes qui offrent de la prostitution de luxe afin de démontrer que la prostitution serait un choix. La réalité est différente. Les prostituées de luxe ne représentent qu’une petite minorité. Beaucoup de personnes qui atterrissent dans la prostitution n’ont aucune autre ‘solution’ pour survivre. Il s’agit entre autres des sans-papiers ou des personnes restées sur la touche et qui n’ont aucune source de revenus.

    En affirmant que “la prostitution est un droit humain”, Amnesty International se joint à un nombre croissant d’institutions, de personnalités publiques et même d’États qui sont mis sous pression afin de faire de l’industrie du sexe un secteur comme les autres. Une organisation des droits de l’Homme qui présente la prostitution comme faisant partie des droits de l’Homme fait naître l’illusion que la prostitution sans exploitation est possible. En fait, la position d’Amnesty International revient à dire que les hommes – ce sont en effet presque toujours des hommes qui font appel à des prostituées – ont le droit d’acheter du sexe et qu’un commerce basé sur l’oppression des femmes ne pose aucun problème. Des études menées aux Pays-Bas et en Allemagne indiquent que ceux qui font des bénéfices sur base de la vente du corps des autres – les proxénètes donc – bénéficient de la légalisation de l’industrie du sexe. La traite des personnes a même augmenté dans ces pays. La plupart des prostituées vivent encore toujours dans l’illégalité et sont vulnérables à la violence sexuelle et physique en plus des autres formes d’abus.

    Plutôt que de voir la prostitution comme un «droit de l’Homme», la nécessité de se prostituer pour de nombreuses femmes est entraînée selon nous par les manques de droits sociaux comme le droit au travail, des salaires et des allocations décents et le droit à une vie sans pauvreté. Le chômage élevé, les bas salaires et allocations, le coût élevé du logement, des soins et des services … font tout simplement que beaucoup de femmes atterrissent dans la prostitution. Et également de plus en plus d’hommes, surtout les hommes appartenant à des groupes défavorisés tels que les sans-papiers, atterrissent dans la prostitution, principalement la prostitution homosexuelle. Cela reflète la façon dont, dans la société, des couches toujours plus larges – aussi au-delà des couches traditionnellement défavorisées – atteignent une situation où leurs possibilités de faire des choix sont de plus en plus limitées.

    La prostitution n’est pas une question de “choix”, mais d’un manque de choix?! ROSA défend les droits des femmes – et des hommes – et lutte contre la criminalisation de la prostitution, ce qui a comme seul effet de pousser ce secteur à travailler encore plus “underground” et à rendre la situation des prostituées encore plus difficile. Mais pour défendre les droits des femmes, nous devons surtout, en plus de la lutte contre la criminalisation, mener une lutte pour un programme social qui offre des possibilités pour les personnes qui se prostituent de quitter la prostitution, même pour celles sans-papier . Les enquêtes réalisées à travers le monde montrent déjà que c’est ce que la majorité d’entre elles veulent.

    Nécessité d’une nouvelle Journée internationale de lutte pour les droits des femmes combative dans le cadre de la lutte pour le socialisme

    La lutte des générations précédentes pour plus d’indépendance, de liberté et d’égalité a débouché sur de nombreux acquis. Cependant, nous voyons que le capitalisme est capable de convertir tout progrès à son propre avantage et d’en faire une source de profit. Dans une société où la logique du profit continue de prévaloir, aucun acquis ne sera définitif.

    Pour arriver à un changement réel de la situation des femmes et des hommes, nous avons besoin d’une société qui fait disparaitre les bases matérielles de l’oppression. La lutte pour l’émancipation d’un groupe opprimé doit être menée par l’ensemble de la classe ouvrière. Quand celle-ci se mettra massivement en action, elle devra tirer avec elle tous les groupes opprimés. C’est ce qui s’est passé au cours de la Révolution russe. Les hommes et les femmes de la classe ouvrière ne peuvent pas se laisser diviser, mais doivent s’unir dans leur lutte pour une société dans laquelle ils y gagnent tous.

    Nous voyons dans le monde entier des femmes qui se révoltent contre la réalité quotidienne. Aux États-Unis, il y a des manifestations massives contre les déclarations sexistes de Trump. Les femmes polonaises et irlandaises luttent pour mettre fin à l’interdiction de l’avortement. En Islande, les femmes ont fait grève contre l’écart salarial. En Belgique ces dernières années, les femmes sont principalement descendues dans les rues lors des mobilisations syndicales et elles étaient massivement représentées lors des actions contre les coupes budgétaires dans le secteur non marchand.

    Le nombre de femmes et de jeunes filles qui veulent dénoncer et combattre le sexisme augmente à nouveau. Il y a un sentiment de “c’en est assez” et le mouvement féministe connait un nouvel élan. Il y a un rejet radical et marqué de toute forme de subordination et de sexisme. La volonté de s’engager dans la lutte s’accroît. Nous appelons à faire à nouveau de la Journée internationale pour les droits des femmes une journée de résistance des masses.

    Nous de luttons pas pour que plus de femmes occupent des postes élevés, telles que la PDG de Proximus, Dominique Leroy, ou la présidente de l’organisation patronale (la FEB), Michèle Sioen, et qu’elles appliquent ensuite la même politique que leurs homologues masculins, c’est-à-dire défendre les intérêts de la classe capitaliste au détriment de millions de travailleurs et travailleuses. Leur objectif et ceux de leur classe sociale ont été clairement expliqués dans un article de ‘De Tijd’, le 31 décembre 2016. Elles font pression sur le gouvernement pour qu’il mette le paquet pour une énième réduction d’impôt pour les entreprises, ce qui mènera indubitablement à des coupes supplémentaires dans la sécurité sociale, avec toutes les conséquences que cela comporte pour la vie de milliers de femmes et de leur famille. Nous n’avons justement pas besoin de telles figures emblématiques, qu’elles soient femmes ou non?! Ainsi, il est apparu que Sanders, d’inspiration socialiste, était beaucoup plus populaire auprès des femmes que Clinton, la candidate pro-Wallstreet. Cela montre que ce genre de politiques identitaires longtemps en vogue n’est pas la voie à suivre.

    La place des femmes est dans la lutte contre l’oppression, le sexisme et les économies sans fin que le capitalisme nous impose et qui rendent la vie de la plupart des femmes toujours plus difficile. C’est une lutte pour un programme et un parti qui pourrait libérer la classe entière, les hommes et les femmes, de toutes les formes d’oppressions et de discriminations. Une lutte pour un programme de transformation socialiste de la société?!

  • En lutte contre le sexisme, et donc aussi contre la précarité !

    Le 8 mars fait son retour comme journée de lutte, et nous ne pouvons que nous en féliciter ! Non, le 8 mars, ce n’est pas la date des bonnes affaires au rayon maquillage ! Dans cette société, les femmes occupent toujours une position de second rang. Et nous ne l’acceptons pas ! Le 14 mars, jeudi prochain, ce sera la Journée pour l’égalité salariale. En 2019, il faut encore aux travailleuses 1 an, 2 mois et 14 jours pour gagner ce que les hommes obtiennent en 1 an (soit 21% d’écart salarial annuel).

    Le sexisme est un puissant instrument de division ! On voudrait nous faire croire que ce sont les hommes qui gagnent trop ; mais ce sont nos salaires qui sont trop bas, en particulier dans les secteurs des soins, du nettoyage et de la distribution. La campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), nous estimons nécessaire de construire une lutte offensive pour imposer des revendications syndicales comme un salaire horaire minimum de 14€ (2300€ brut / mois) et une pension minimale de 1500€ net / mois ; pour exiger l’individualisation des allocations, de chômage par exemple, avec un montant qui permette de vivre. Est-il normal que tant de femmes dépendent toujours financièrement de leur partenaire en 2019 ? Nous devons pouvoir librement choisir de vivre avec quelqu’un ou non !

    Les élections approchent. Tous les partis traditionnels se prétendent en faveur de l’égalité hommes/femmes. Les faits prouvent le contraire ! Le gouvernement a généralisé les emplois précaires et pénalise les sans-emploi : cette violence économique touche principalement des femmes ! Et comment dénoncer le harcèlement sexuel au travail sans sécurité d’emploi ?! Comment s’extraire d’une situation de violence domestique sans indépendance financière ?! Les coupes budgétaires repoussent la solidarité dans les limites de la famille, au lieu de l’ensemble de la société. Cela ne fait qu’aggrave la double journée de travail des femmes. L’évidence s’impose : nous avons besoin d’une lutte de masse, comme en Espagne où la mobilisation a été massives, les femmes ayant été rejointes par les hommes, quoi qu’en disent les médias !

    La lutte paie ! En octobre, à Glasgow (Ecosse), les travailleuses municipales ont fait grève contre les inégalités salariales. Les éboueurs ont refusé de rejoindre leur poste de travail en solidarité. Toutes et tous étaient convaincus que la victoire s’arrache ensemble. Et ce fut le cas ! Cette victoire est historique. Les travailleuses seront payées rétroactivement pour toutes ces années d’inégalité : elles se partagerons 567 millions d’euros. Par la suite, leurs salaires seront augmentés pour une vraie égalité !

    C’est dans cet esprit qu’il nous faut poursuivre le combat, collectivement, contre le sexisme et la précarité, avec un plan de bataille sérieux et crescendo ! Mais soyons clairs : aucune égalité – y compris de genre – n’est possible dans une société où 1% de la population possède autant de richesse que les 99% restant. C’est pour cela que la campagne ROSA combine antisexisme et anticapitalisme. Il nous faut une société qui réponde à nos besoins, où nos corps ne seront plus utilisés pour faire du fric… : une société socialiste. Ce n’est qu’ainsi que nous poserons les bases pour en finir avec le sexisme.

    • 14 mars – Journée pour l’égalité salariale. Actions dans le cadre de la campagne Fight for €14 de la FGTB.
    • 30 – 31 mars – Week-end Socialisme 2019. ROSA y organise des ateliers avec entre autre Ruth Coppinger, députée Solidarity et porte-parole de ROSA-Irlande. Elle a été l’une des figures de proue de la campagne victorieuse pour le droit à l’avortement et contre la culture du viol (“un string n’est pas un oui”).
    • 28 juin – 4 juillet – Camp d’été co-organisé par la campagne ROSA.
  • Le 8 mars 2019 en Belgique : actions, débrayages, manifestations, grèves…

    La Journée internationale de lutte pour les droits des femmes renoue avec ses traditions combatives !

    L’an dernier, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) était la seule organisation à prendre l’initiative pour de réelles actions et à refuser de se limiter à des conférences, des débats, des actions orientées vers les médias,… en organisant des marches dans plusieurs villes. Cette année, les appels à entrer en action se sont faits plus nombreux. L’appel à la grève lancé par différents syndicats représente un grand pas en avant.

    Deux raisons principales expliquent ce phénomène. Les mobilisations croissantes concernant l’émancipation des femmes ont d’une part constitué une véritable tendance ces dernières années. D’autre part, un agenda social tumultueux s’est développé depuis la chute du gouvernement fin de l’an dernier. Les négociations sur la norme salariale entre syndicats et organisations patronales ont été rompues et une grève générale massive a pris place le 13 février. La jeunesse s’est soulevée pour le climat et c’est dans ce contexte que se préparent les prochaines élections régionales, fédérales et européennes.

    Avec cet article, nous voulons examiner de plus près le mouvement féministe actuel. D’où provient-il ? Sur quoi repose-t-il ? Quelles sont ses revendications et quelle est son orientation ? Quelles sont ses similitudes et ses différences avec les vagues féministes antérieures ? Quelles forces y sont présentes ? Qui sont les alliés du féminisme socialiste et quelle est actuellement la force du féminisme bourgeois ?

    Un niveau d’activité élevé tel que celui d’aujourd’hui ne tombe pas du ciel. On a pu de plus en plus entendre les jeunes femmes et les travailleuses au travers d’un nombre croissant de campagnes autour du sexisme et du harcèlement, mais aussi par le biais de conflits sociaux croissants dans les ‘‘secteurs de travail féminisés’’, en particulier dans les soins de santé où la ‘‘colère blanche’’ n’a jamais vraiment disparu depuis les premières actions de masse du secteur en 1988.

    Le nombre de femmes travaillant à l’extérieur du foyer a explosé depuis les années 1960

    Depuis la vague féministe des années 1970, la participation des femmes au marché du travail s’est généralisée. Alors que dans les années 1950 et 1960, il était encore habituel pour les femmes mariées avec enfants de se retirer du marché du travail (le modèle du soutien de famille), le modèle à deux revenus est aujourd’hui complètement dépassé.

    Aujourd’hui, un pourcentage élevé de femmes sans-emploi se trouve principalement dans les familles monoparentales. Chez elles, combiner responsabilités familiales et professionnelles est souvent irréalisable en raison d’une part de la combinaison infernale des bas salaires de de la grande flexibilité et, d’autre part, de services comme les crèches trop peu accessible, trop coûteux et peu flexibles. La part la plus forte des femmes sur le marché du travail se retrouve parmi les femmes célibataires sans enfant et les femmes en couple avec enfants.

    Une étude réalisée en 1994 par le Centre de politique sociale de l’Université d’Anvers donne les chiffres suivants : ‘‘Depuis les années 1960, et surtout depuis les années 1970, la participation des femmes au marché du travail n’a cessé d’augmenter. En Belgique, le taux d’activité des femmes est passé de 27,7% en 1970 à 33,1% en 1985 et 41% en 1993. Au cours de la même période, le taux d’activité des hommes est passé de 70% en 1970 à 58% en 1993. (…) L’augmentation de la participation au marché du travail a été très importante, en particulier chez les femmes mariées et les femmes vivant en couple. En Flandre, cette participation est passée de 34,5% (1976) à 61% (1992) sur une période relativement courte de 15 ans. La Wallonie suit la même tendance, mais à un rythme un peu plus lent.’’ (1)

    Depuis 1994, cette tendance s’est totalement inversée. Dans ‘‘Tendances du marché du travail belge 1983-2013’’, Statbel, l’office belge de statistique, a réalisé l’analyse suivante sous le titre ‘‘Profil socio-économique de la population active (1983-2013)’’ : ‘‘Le nombre de femmes qui travaillent a augmenté de 75%. Le nombre total de personnes actives a augmenté de plus d’un million entre 1983 et 2013. En 2013, 4.530.000 personnes étaient employées comparativement à 3.457.000 en 1983. Bien qu’il y ait encore toujours moins de femmes que d’hommes sur le marché du travail, le nombre de femmes au travail a augmenté de façon spectaculaire au cours des trois dernières décennies. En 30 ans, 890.000 femmes ont intégré la population active, soit une augmentation de 75 %. Le nombre d’hommes ayant un emploi a augmenté beaucoup moins rapidement (+ 8%). En 2013, les femmes représentaient 46% de la population active, contre 34% en 1983. Nous assistons donc clairement à une féminisation du travail.’’

    ‘‘Alors qu’en 1983, 36,3 % des femmes âgées de 15 à 64 ans occupaient un emploi, ce pourcentage était de 57,2 % en 2013. Le taux d’emploi masculin, qui était de 66,4% en 2013, est resté relativement stable au long de cette période (entre 66% et 69,5%). Ces dernières années, le taux d’emploi des hommes a connu une légère tendance à la baisse en raison de la crise financière et économique, qui a principalement affecté l’emploi des hommes dans l’industrie. L’important mouvement de rattrapage des femmes sur le marché du travail assure que l’écart entre le taux d’emploi des hommes et celui des femmes diminue, passant de 32,5 points de pourcentage en 1983 à 9,2 points en 2013.’’ (2)

    Les femmes surreprésentées dans les secteurs forcés d’entrer en lutte

    Aujourd’hui, la majorité des femmes occupent un emploi, mais cela ne signifie pas qu’elles sont devenues financièrement indépendantes. Près de la moitié des femmes qui travaillent occupent un emploi à temps partiel. Elles ne peuvent souvent pas prétendre à l’indépendance économique sans vivre sous le seuil de pauvreté dans cette période où le coût d’un logement et celui de la vie de façon générale est très élevé. Une partie de cette situation provient également du fait que la quasi-totalité des aides, comme les allocations de chômage pour temps partiel, ont été supprimées au cours de ces trois décennies de politiques néolibérales.

    Les femmes représentent la majorité des travailleurs dans de nombreux nouveaux secteurs caractérisés par de bas salaires, le temps partiel, les contrats temporaires et précaires et les faibles traditions syndicales, voire leur absence pure et simple. Elles sont même plus de 90% dans des secteurs tels que celui des accueillantes d’enfants ou encore dans les sociétés de Titres-Services. La croissance du secteur des services – tant privés que subventionnés par l’État – a longtemps été le principal facteur de croissance de l’emploi sur le marché du travail, tandis que l’emploi industriel n’a cessé de baisser.

    La croissance des statuts précaires sévit également dans les services publics. En de nombreux endroits, le nombre d’employés contractuels a dépassé le nombre d’employés statutaires. C’est le fruit de décennies de politique de coupes budgétaires, notamment par le biais de l’interdiction des nominations. En d’autres termes : le nombre d’emplois publics incapables d’offrir une sécurité suffisante pour vivre de manière indépendante sans connaître la pauvreté a considérablement augmenté.

    Depuis des années, on observe une grande volonté d’entrer en action dans ces secteurs. Dans le secteur des soins – un secteur féminin par excellence, même si de plus en plus d’hommes y travaillent – la colère des blouses blanches est bien connue. Depuis la fin des années 1980, le secteur entre régulièrement en lutte et de manière massive pour de meilleurs salaires et conditions de travail. La présence syndicale et les traditions syndicales se sont renforcées et cela continue d’être le cas. Dans le secteur de la grande distribution, le patronat a lancé une attaque généralisée contre les conditions de travail précédemment obtenues. Les travailleuses y sont au cœur de la résistance.

    La réalité du marché de l’emploi – et ses conséquences sur la vie et la position de larges couches de femmes – entre durement en conflit avec le post-féminisme qui a dominé durant toute une période historique après la dernière vague féministe. Un énorme fossé s’est creusé entre d’une part les organisations féministes officielles et leur propagande et de l’autre la réalité vécue par les femmes, surtout les plus jeunes d’entre elles. Lorsque les luttes des femmes ont refait surface, ce n’était pas autour de figures connues du féminisme bourgeois, ni autour des revendications habituelles de ces milieux. Aux Etats-Unis, la nouvelle lutte des femmes a commencé au moment même où Hillary Clinton – figure centrale du féminisme bourgeois soutenue par toutes les organisations féministes officielles – avait subi une défaite douloureuse contre Trump.

    Les femmes représentent une minorité plus conséquente dans les syndicats

    La FGTB a illustré sa campagne vers la grève générale du 13 février et sa campagne pour un salaire minimum horaire de 14 euros par toute une série d’emplois ‘‘féminins’’ où le salaire horaire minimum est bien inférieur à 14€ : dans le nettoyage, l’assistante maternelle, la coiffure,…

    Au cours des 10 à 15 dernières années, dans les deux grandes fédérations syndicales, la présence d’un grand nombre d’affiliés féminins exigeant que des actions soient adoptées s’est traduite par une plus grande sensibilité à l’égard de quelques revendications essentielles pour les travailleuses. Il n’est plus seulement de quotas dans les structures syndicales (comme dans les années ‘80), mais de prise en charge de revendications et d’organisation ou de soutien pour des luttes qui intègrent les femmes dans les luttes syndicales.

    Ces dernières années, les deux grandes fédérations syndicales ont développé des campagnes spécifiques pour les droits des femmes. Et la recherche de revendications, de programmes, de stratégies et de tactiques va bon train. Il y a deux ans, en Flandre, la FGTB a rompu sa coopération avec Zij-kant autour de la Journée pour l’égalité salariale. Zij-kant est l’organisation des femmes de la social-démocratie flamande bourgeoisifiée, une organisation que l’on ne distingue qu’avec grand peine des organisations de femmes libérales. Les commissions femmes des syndicats sont à la recherche d’inspiration et d’un programme, ROSA est régulièrement invitée à ce titre pour y présenter son approche, ce qui s’est tout récemment produit pour la première fois également du côté du syndicat chrétien.

    La grève du 8 mars

    En Belgique, l’absence de traditions ou le manque d’attention dans le mouvement ouvrier vis-à-vis de l’oppression spécifique des femmes entraine une certaine confusion dans le débat, comme cela a été illustré par la collaboration de la FGTB et de Zij-kant.

    Après l’émergence du phénomène MeToo, le syndicat chrétien a non seulement lancé des études sur l’importance du harcèlement sexuel dans un certain nombre de secteurs féminins, mais il a également eu une grande discussion interne sur la question du sexisme et du harcèlement sexuel au sein de ses propres rangs. Il a favorablement réagi à l’appel à la grève d’un collectif d’activistes féministes essentiellement petites-bourgeoises qui s’est formé l’an dernier sous le nom de ‘‘Collecti.e.f 8 maars’’.

    En lançant cet appel, le collectif a donné l’impulsion à un appel croissant pour la grève, ce qui est très positif. Leur appel lui-même est cependant très limité. Le collectif appelle à une grève des femmes du travail rémunéré, des soins aux autres, des tâches ménagères, du sexe et de la consommation. L’appel a été repris tel quel par la CNE (syndicat chrétien des employés) mais, une fois en discussion à l’intérieur du syndicat, ce caractère n’a pas pu être maintenu. Le préavis de grève dans les secteurs où il a été déposé – avec dans certains lieux de travail une véritable mobilisation en vue d’une grève en bonne et due forme – mobilisent les femmes comme les hommes et, évidemment, le préavis couvre les grèves sur les lieux de travail.

    La campagne ROSA soutient l’appel à la grève, mais seulement l’appel à une véritable grève, une grève du travail rémunéré – évidemment aussi bien des travailleuses que des travailleurs – pour des salaires plus élevés, contre l’austérité et contre le sexisme. Nous pensons qu’une grève des tâches ménagères et des soins aux autres dans les foyers est impossible pour une couche importante de femmes (en région bruxelloise, un tiers des familles avec enfants sont des familles monoparentales). Mais le plus important est qu’une telle ‘‘grève’’ n’est pas une grève, mais une action individuelle dont on ne sait pas clairement contre qui elle est dirigée. Elle met l’accent sur la lutte individuelle au sein de la famille pour savoir qui fait quoi.

    Pour la campagne ROSA, ce n’est pas la voie à suivre. Ce ne sont pas les individus, mais les éléments structurels de la société qui assurent que la division traditionnelle du travail entre femmes et hommes est toujours bien présente. Nous défendons la revendication de la socialisation des tâches et des soins ‘‘ménagers’’. Si le travail supporté par les familles a augmenté ces derniers temps, c’est en raison de l’effondrement des politiques sociales et des services publics.

    ROSA a également défendu que les syndicats ne se contentent pas du dépôt d’un préavis de grève mais qu’ils organisent réellement la grève et l’utilisent dans le but de renforcer l’unité et la solidarité du personnel sur les lieux de travail en impliquant l’ensemble du personnel. Dans un certain nombre de lieux de travail où les membres du PSL ont construit une base autour d’eux au cours d’une longue période et où ils sont intervenus avec la campagne ROSA en défense de la grève du 8 mars, des débrayages sont combinés avec une assemblée du personnel visant à discuter de la problématique telle qu’elle se présente sur le lieu de travail et dans la société en général. C’est le cas à l’Université de Gand, à l’Université flamande de Bruxelles et à l’hôpital Brugmann à Bruxelles.

    #MeToo et le large mouvement contre le sexisme

    L’attitude des syndicats vis-à-vis des questions relatives aux femmes a changé en raison de la présence croissante des femmes dans les syndicats combinée à la nécessité de lutter dans toute une série de secteurs féminins (à cause de l’austérité dans les services publics et le secteur des soins subventionnés et de restructurations dans le secteur privé des services largement syndicalement non-organisé). Mais la pression pour passer à l’action est venue de jeunes femmes en colère contre le sexisme quotidien.

    En Flandre, les campagnes #WijOverdrijvenNiet (nous n’exagérons pas, en 2015) #WijSprekenVoorOnszelf (nous parlons pour nous-mêmes, en 2015 également) ont impliqué un nombre massif de jeunes femmes et ont maintenu le thème du sexisme en tête du débat public. Même si c’était surtout de jeunes femmes qui y étaient impliquées, il ne fait aucun doute qu’un grand nombre de militantes syndicales s’y sont de plus en plus intéressées. Cela fait déjà de nombreuses années que les badges féministes proposés par le PSL étaient parmi les plus vendus lors des manifestations syndicales.

    Quand le phénomène #MeToo a commencé dans le monde entier, en Flandre, c’était l’acte 2. Dans ces premières campagnes flamandes sur les réseaux sociaux, le harcèlement sexuel au sein des relations de pouvoir (entre élèves ou étudiants et enseignant, entre victimes inconnues et célébrités, entre travailleurs et patrons ou managers) n’était qu’un élément parmi d’autres dans la vaste dénonciation du sexisme dans la société, surtout dans la rue. Avec le développement de #MeToo tel qu’il a émergé en Belgique, l’accent a immédiatement été mis sur les milieux professionnels, des délégués syndicaux prenant leurs responsabilités pour que des plaintes puissent être concrétisées. Depuis lors, plusieurs initiatives ont été prises dans les syndicats, souvent encore confuses quant aux idées et au programme, mais avec une grande ouverture pour les idées que défend la campagne ROSA.

    Mais la raison principale derrière le préavis de grève déposé par un grand nombre de structures syndicales, c’est la dynamique positive actuelle des conflits sociaux, avec le magnifique et dynamique exemple des grèves des jeunes pour le climat. L’agenda social pour le mois de mars est rempli d’actions menées par les syndicats, le mouvement des femmes, le mouvement des jeunes, le mouvement des sans-papiers,… qui commencent à se chevaucher et à donner naissance à une plus large résistance contre le système actuel, les grandes entreprises et leurs gouvernements. Sans ce contexte plus large, l’idée d’une grève pour le 8 mars (pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes) et le 15 mars (la grève pour le climat) n’aurait pas vu le jour de cette manière.

    L’anti-sexisme est un facteur de radicalisation important chez les jeunes, le féminisme bourgeois n’a rien à offrir

    En Belgique, il n’y a pas eu de mouvement de masse des femmes, contrairement à d’autres parties du monde, notamment en Irlande, en Espagne, en Pologne, en Islande, en Inde, en Turquie, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Amérique latine. Mais il existe une atmosphère très largement présente, très certainement parmi la jeunesse, et qui se caractérise par un fort sentiment anti-système.

    On trouve toutes sortes de forces dans les actions liées à l’émancipation des femmes, dont le nombre de participants ne cesse de croître, et dans le débat en cours sur les médias sociaux et ailleurs. Ces forces exigent leur place dans la discussion. Mais il est clair que l’élément dynamique de cette nouvelle vague de lutte ne provient pas des anciennes organisations féministes bourgeoises, qui ont du mal à s’imposer dans le mouvement. Bien qu’elles soient parfois présentes dans les médias, les jeunes militantes n’en ont souvent jamais entendu parler ou estiment impensable que des figures féminines de l’establishment puissent faire la moindre différence.

    C’est ce qui s’est produit dans l’évolution de la question du droit à l’avortement en Belgique. Les partis sociaux-démocrates et libéraux ont fait une proposition de loi en défense d’une véritable dépénalisation de l’avortement et pour des avancées en la matière (portant notamment sur une plus longue période), mais sans organiser la moindre lutte autour de la question. La situation qui en a découlé est que le gouvernement de droite a travaillé sur sa propre proposition, qui ne change rien à la réalité et qui a finalement été signée également par les partis libéraux. Tout le monde s’était profilé et c’était la fin de l’histoire.

    La participation d’une importante couche de femmes de la classe ouvrière dans le mouvement féministe n’est pas une chose neuve, cela était également le cas dans les vagues féministes précédentes. En Belgique, les mobilisations de la fin des années ’60 et surtout des années ’70 ont été déclenchées par la grève des femmes de la FN en 1966, une grève qui a duré 12 semaines et qui a conduit à d’importantes concessions. Ce qui est neuf, c’est que les organisations de femmes bourgeoises et les femmes politiques bourgeoises n’ont rien à offrir au mouvement.

    Le droit de vote, l’égalité juridique, l’abolition des stipulations misogynes dans le droit de la famille, le droit à l’avortement,… étaient des revendications autour desquelles les femmes de différentes classes sociales pouvaient se rassembler. La rupture du mouvement sur des lignes de classe, entre les organisations de femmes bourgeoises et le mouvement des travailleuses (lié aux partis socialistes ou communistes et/ou aux syndicats), s’est produite dans un autre domaine : la lutte de la classe des travailleurs pour des revendications générales qui étaient importantes pour les femmes de la classe ouvrière et que les organisations des femmes bourgeoises ont refusé de soutenir.

    Les choses sont aujourd’hui différentes. Depuis les années ‘80, les organisations de femmes bourgeoises se sont limitées à des revendications telles que l’imposition de quotas de femmes pour des fonctions importantes dans la vie économique et politique. C’est le seul point de programme qui leur reste. Pour la grande majorité des femmes, cela ne fait aucune différence. Il en est allé de même avec la loi contre le sexisme – symbolique parce qu’irréalisable – votée après le premier grand débat public sur le sexisme après le documentaire ‘‘Femme de la rue’’ sur le harcèlement de rue. Elle était tout sauf impressionnante.

    Les revendications défendues par les organisations de femmes liées au mouvement des travailleurs sont d’un tout autre ordre. Il y a quelques années, Femma (l’organisation des femmes du mouvement ouvrier chrétien en Flandre) a popularisé la vieille revendication d’une semaine de travail plus courte pour permettre de mieux combiner travail et famille et dans le but de l’égalité entre femmes et hommes. Cette revendication d’une semaine de travail de 30 heures a depuis lors été largement reprise par plusieurs structures syndicales selon la formule plus traditionnelle d’une semaine de travail de 30 ou 32 heures sans perte de salaire et avec embauches compensatoires. Cette vieille revendication syndicale était très longtemps restée dans les tiroirs. L’accent est mis sur les salaires et les pensions, un domaine dans lequel les revendications et les actions actuelles du syndicat socialiste en faveur d’un salaire minimum horaire général de 14 euros et une pension minimum de 1500 euros par mois cadrent parfaitement.

    Les politiciennes féministes bourgeoises sont très éloignées de ces revendications. Des élues social-démocrates les ont mises en avant par opportunisme, sans grande crédibilité.

    Dans la lutte contre le sexisme, il leur manque en outre un certain nombre d’éléments cruciaux pour accroître leur popularité. L’anti-sexisme d’aujourd’hui ne vise pas tous les hommes en général, mais plus que par le passé, il vise les grandes entreprises et les politiques qui se décident dans l’intérêt des grandes entreprises. En ce sens, la conscience a beaucoup en commun avec ce qui est présent dans le mouvement des jeunes pour le climat : on y trouve de la confusion, des éléments de recherche de solutions individuelles, un certain moralisme, mais aussi une large compréhension que tout cela est insuffisant et qu’une intervention plus profonde dans le fonctionnement même de la société est nécessaire.

    Féminisme petit-bourgeois contre féminisme socialiste

    Les idées des femmes de la classe des travailleurs trouvent leur chemin dans le mouvement, mais elles font face aux forces petites bourgeoises qui se basent aujourd’hui principalement sur des théories autour des politiques d’identité. En Belgique, ces forces ont tenté ces dernières années de mettre en pratique le principe des actions non-mixtes (des manifestations uniquement de femmes, par exemple), sans obtenir de grand succès jusqu’ici. Mais ces idées ont un certain attrait par leur rhétorique radicale.

    Ces dernières années, en Belgique, tous les mouvements sociaux se sont orientés vers le mouvement syndical et ont repris ses méthodes d’action. C’est une conséquence naturelle de l’action de masse continue de la classe ouvrière depuis l’énorme plan d’action de l’automne 2014. L’agenda syndical chargé de ce début d’année n’est cependant pas quelque chose qui peut être maintenu éternellement, c’est un nouveau point culminant dans la vague de grèves qui a suivi l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement purement de droite pour la première fois depuis le milieu des années 1980.

    La puissance du mouvement des travailleurs dans la société, son énorme poids numérique et sa capacité à mobiliser les masses dans les rues se sont ouvertement manifestés ces dernières années. Mais il est également évident pour une large couche de syndicalistes combatifs que la direction n’a pas de stratégie pour gagner. Le plan d’action de 2014 a été une expérience extrêmement positive et enthousiasmante, mais elle s’est terminée par une douloureuse capitulation de la part de la direction. Cette dernière avait abandonné l’idée de poursuivre la construction du mouvement afin de porter le dernier coup au gouvernement de droite. Elle a décidé ‘‘d’attendre les prochaines élections’’. L’actuel programme d’actions sociales se déroule sans plan d’action réel et sans perspective sur ce à quoi il devrait arriver.

    Ce manque de perspective et de stratégie aux directions syndicales a tout à voir avec l’absence d’une organisation politique de la classe des travailleurs. Les deux grandes fédérations syndicales sont toujours liées (bien que beaucoup plus faiblement) aux anciens partis sociaux-démocrates et démocrates-chrétiens. Des développements intéressants prennent place : la FGTB wallonne appelle à la formation d’un gouvernement de gauche en Wallonie PS-Ecolo-PTB (ancienne formation maoïste aujourd’hui comparable en termes de programme et d’approche avec le SP des Pays-Bas ou Die Linke en Allemagne) et un débat interne prend place dans les syndicats wallons concernant la représentation politique des revendications syndicales.

    Pour l’instant, nous restons dans cette situation où la classe ouvrière est politiquement sans-abri. Les syndicats sont considérés comme des organisations combatives fortes qui défendent des revendications importantes, mais ce ne sont pas des organisations dont la cible principale et centrale est la transformation de la société. Ils n’ont pas de stratégie et ce n’est qu’au cours des dernières années que la lutte défensive a fait place, ici et là, à une rhétorique offensive et à des revendications générales qui peuvent avoir un large effet dans la société.

    Dans ce cadre où les forces bourgeoises n’ont pas de solutions à proposer et où la classe ouvrière n’a pas les instruments nécessaires (un parti qui permettrait de discuter et de débattre du programme et de passer à une action unifiée sur cette base) pour diriger cette discussion plus largement dans la société, les idées petites bourgeoises resteront présentes dans tous les mouvements de protestation contre le système actuel et la multitude de problèmes qui en découlent.

    Il est évident que les féministes socialistes doivent répondre à toutes les propositions qui surgissent dans le mouvement des femmes avec le potentiel de diviser la classe des travailleurs. C’est en participant à la lutte et en proposant les meilleures revendications et méthodes d’action que nous serons le mieux à même de le faire.

    Rosa Luxemburg a défendu la participation du mouvement des travailleurs dans la lutte pour le droit de vote des femmes parce que politiser les femmes de la classe ouvrière et les entraîner dans la lutte n’apporte que des gains à la classe des travailleurs : un renforcement de ses organes avec les masses de femmes de la classe des travailleurs et un renforcement de l’unité et de la solidarité dans ses propres rangs. La campagne ROSA vise à impliquer les femmes dans le mouvement des travailleurs, y compris en veillant à ce que le mouvement ouvrier réponde aux exigences de tous les groupes opprimés. Sans cela, les jeunes femmes et les travailleuses qui en ont assez du sexisme qu’elles subissent quotidiennement seraient laissées à la merci de la propagande féministe bourgeoise stérile et de la propagande radicale mais sectaire et diviseuse du féminisme petit-bourgeois.

    => Rejoignez ou soutenez la campagne ROSA !

    NOTES

    (1) Les hommes et les femmes étaient-ils plus égaux ? (Berichten Centrum voor Sociaal Beleid, UFSIA – Universiteit Antwerpen, “Werden mannen en vrouwen gelijker? Beroepsloopbanen en inkomens van mannen en vrouwen in de 80’er jaren”. B.Cantillon, R. Vanherck, M. Andries, I. Marx, december 1994 http://www.centrumvoorsociaalbeleid.be/sites/default/files/D%201994%206104%2003.pdf
    (2) Statbel ‘‘Tendances du marché du travail belge 1983-2013’’ https://statbel.fgov.be/sites/default/files/files/documents/Analyse/NL/analyse-b_en_tcm325-261813.pdf
    (3)

  • Où trouver la campagne ROSA ce vendredi 8 mars 2019 ?

    Manifestation du 8 mars 2018 à Gand

    Le 8 mars doit être l’occasion de remettre en avant les meilleures traditions du mouvement organisé des travailleurs. Ce jour-là, la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité) organise des marches contre le sexisme et l’austérité et participera à différentes actions, principalement syndicales, afin de défendre la lutte pour de réelles avancées en faveur de l’émancipation des femmes.

    Par Emily Bruns, coordinatrice nationale

    Les délégués syndicaux membres du PSL ont proposé à leur délégation d’entrer en action à l’occasion du 8 mars afin de remettre la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes à l’agenda en tant que date de combat et non plus comme simple une journée d’hommage aux femmes. Dans certaines entreprises, les travailleuses et les travailleurs sont invités à se réunir au local syndical pour y manger et discuter de la lutte contre l’oppression des femmes avant de partir ensemble manifester en fin de journée.

    La campagne ROSA est d’autre part invitée à prendre la parole au Walkout des travailleuses et travailleurs accompagnés d’étudiants à la VUB (l’université flamande de Bruxelles) et à l’UGent (l’Université de Gand), tout comme à celui de l’hôpital Brugmann. Là-bas, les militants de la CGSP-ALR (Centrale des services publics bruxellois du syndical socialiste – administrations locales et régionales) mènent une lutte offensive en faveur de conditions de travail décentes et d’une augmentation des barèmes de 10% dans un secteur largement féminin. Nous interviendrons également au rassemblement syndical prévu devant la gare centrale de Bruxelles durant l’après-midi avec notre journal, Lutte Socialiste, dont un dossier est consacré à la journée du 8 mars.

    Lors des différentes occasions où nous pourrons prendre la parole, nous défendrons la nécessité d’un salaire minimum horaire de 14€ et d’une pension minimale de 1500€ net/mois, mais aussi l’individualisation des allocations sociales et leur revalorisation au-delà du seuil de pauvreté. C’est de cette manière qu’il est possible d’assurer l’indépendance économique des femmes et de lutter contre la généralisation des emplois précaires.

    Une autre revendication qui nous est chère est la réduction collective du temps de travail à 30h/semaine, sans perte de salaire, avec embauches compensatoires et réduction des cadences. Cela permettrait de combiner harmonieusement travail, vie de famille et loisirs. D’autre part, nous soulignerons encore la nécessité d’un refinancement public massif de l’enseignement, des soins de santé et du secteur social de même que la construction de logements sociaux ou encore de crèches publiques. Concernant l’enseignement, nous défendons également la nécessité d’une éducation sexuelle non hétéro-normée abordant les notions de consentement, de genre,… Bien entendu, nous défendons aussi le droit complet à l’avortement et une contraception accessible, gratuite et de qualité.

    Nous rappellerons systématiquement que les conquêtes sociales pour les droits des femmes sont le résultat de la lutte de l’ensemble du mouvement des travailleurs. Les syndicats doivent jouer un rôle central dans ces luttes.

    A l’occasion des 40 ans de la Révolution iranienne – une révolution volée à la classe des travailleurs – nous participerons également à une action de protestation devant l’ambassade d’Iran (à 14h30). Nous y défendrons le droit des femmes de disposer de leur corps et de pouvoir s’organiser sur leur lieu de travail, choses interdites par le régime iranien. La lutte pour l’émancipation des femmes en Iran, tout comme la lutte pour l’émancipation de l’ensemble de la classe des travailleurs, ne pourra aboutir que lors de l’avènement d’une société socialiste. Dans ce but, l’unité de classe est un élément vital.

    Manifestons contre le sexisme et la précarité !

    Le point d’orgue de cette journée de lutte sera les manifestations contre le sexisme et la précarité que nous organisons à 17h à Gand, à Bruxelles et à Courtrai.

    A Bruxelles, nous organisons cette manifestation de concert avec la Marche Mondiale des femmes tandis qu’à Gand, nous portons seul cette initiative. Un groupe de jeunes membres de la campagne ROSA à Courtrai organise également sa propre marche. Nous avons mené campagne pour ces événements aux universités, dans les écoles secondaires et au sein du mouvement des jeunes activistes pour le climat. Dans ce mouvement qui bat son plein, de nombreux jeunes font également le lien entre la lutte contre le sexisme et pour le climat : dans les deux cas, le système capitaliste est responsable.

    Nous insisterons sur ce lien lors de la marche pour le climat de ce 7 mars : l’oppression, le sexisme, l’austérité et le dérèglement climatique désignent un seul coupable : le capitalisme. Il nous faut lutter pour renverser ce système et pour la transformation socialiste de la société. Nous avons également distribué nos tracts à toute une série de lieux de travail. Deux centrales syndicales professionnelles ont également invité des représentantes de la campagne ROSA lors de réunions qui ont rassemblé des dizaines de délégués syndicaux afin de présenter notre approche et de préparer une journée du 8 mars combative. La jeunesse ainsi que les travailleuses et les travailleurs soutenus par l’ensemble des organisations syndicales sont attendus en nombre lors de ces actions, en dépit du fait que le 8 mars tombe cette année un vendredi de vacances scolaires.

    Le 8 mars

    • à Bruxelles : rdv à 17h Gare Centrale (marche organisée avec la Marche Mondiale des Femmes)
    • à Gand : rdv à 17h30 devant l’Hotel de Ville de Gand

    Le 9 mars

    • à Courtrai : rdv à 17h Casinoplein

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