Tag: Vlaams Belang

  • La fin de Blokwatch – Fin de la lutte ?

    C’en est fini du site antiraciste flamand “Blokwatch”. Depuis des années, ce site était une excellente source d’info sur l’extrême-droite. Les animateurs du site ne sont plus en mesure de continuer le travail à cause de changements dans leurs vies professionnelles.

    Malheureusement, ils ont utilisé des arguments politiques à l’appui de leur décision de fermer Blokwatch en affirmant que la lutte contre le VB était finie, comme si celui-ci ne représentait plus un danger…

    La nécessité de continuer la lutte contre l’extrême-droite en Flandre est pourtant claire. La possibilité d’une croissance électorale continue d’exister, surtout avec la crise politique actuelle dans laquelle s’empêtrent les partis traditionnels.

    Dans les universités nous continuons la bataille contre la reconnaissance du NSV – le cercle étudiant du Vlaams Belang – comme organisation officielle. Maintenant que le NSV est reconnu à Anvers, il s’en sert pour appuyer sa demande de reconnaissance à Gand. Nos camarades anversois font signer une pétition contre le NSV et ont déjà récolté plus de 500 signatures. La pétition sera aussi présentée aux professeurs et au personnel.

    Le 3 décembre, 5 membres du NSV doivent comparaître devant le tribunal correctionnel d’Anvers pour leur participation à des actes violents commis en marge de la manif du NSV en mars – ils avaient saccagé le mobilier d’un café « trop progressiste » à leurs yeux. Des incidents comme celui-là démontrent la dangerosité du NSV. Il est déplorable qu’ALS/EGA (Etudiants de Gauche Actifs, le cercle étudiant du MAS/LSP) soit la seule organisation étudiante à Anvers qui mène encore des campagnes contre le NSV et sa reconnaissance officielle.

  • Les fausses excuses de Bart De Wever

    Le président de la NVA Bart De Wever s’est mis récemment dans une situation difficile pour avoir condamné les excuses présentées par Patrick Janssens, l’actuel bourgmestre d’Anvers, pour l’implication des services communaux dans la chasse aux juifs durant l’occupation nazie.

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    Bart De Wever, plus jeune, en visite chez Le Pen
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    Selon De Wever, ces excuses étaient “gratuites”. De Wever a dû s’excuser après une tempête de protestations mais ses excuses n’ont pas convaincu grand’monde, et en particulier pas les organisations juives.

    Plus qu’ailleurs, les services communaux anversois ont en effet collaboré avec les autorités nazies : 9.009 des 13.779 juifs anversois ont été déportés alors que dans les autres grandes villes, moins de 40% des juifs ont été victimes des déportations. Les excuses de la ville d’Anvers arrivent très tard (peut-être parce que l’échevin libéral Delwaide, le fils du bourgmestre durant l’occupation, n’a plus été élu en 2006 ?)

    Mais, pour De Wever, il n’était pas nécessaire de s’excuser pour la chasse aux juifs. Voulait-il ainsi tenter de nouer des liens plus étroits avec une couche plus âgée de la population qui justifie encore toujours actuellement la collaboration et de piquer des électeurs au Vlaams Belang ? Dans ses « excuses », De Wever a en plus insulté la résistance antifasciste en disant qu’il voulait seulement indiquer qu’Anvers n’est et n’était pas la citadelle de l’intolérance. Comme si les excuses faites par la Ville signifiaient que tous les Anversois avaient été responsables de cette collaboration !

    Cela ne rend pas compte de l’existence d’Anversois et d’Anversoises actifs dans la Résistance durant toute l’occupation. Nous sommes fiers au MAS/LSP de pouvoir compter l’un d’entre eux dans nos rangs.

  • Un plan d’action pour défendre le pouvoir d’achat. Un parti des travailleurs pour l’appliquer !

    Leterme a remis ça. Il avait déjà dit que les francophones étaient “intellectuellement incapables d’apprendre le néerlandais”. Maintenant il compare la télé de la RTBF avec la Radio Mille Collines, la radio rwandaise qui avait appelé au génocide des Tutsis et des Hutus modérés. Il faut oser !

    Tract du MAS

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    > Version pdf

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    Bêtises ou provocations ?

    Mais Leterme n’est pas le seul à jouer ce petit jeu. Depuis six mois, nous assistons à une surenchère de déclarations et de « petites phrases » assassines. Ce n’est pas seulement dû au stress des négociations. Pour nous, ces déclarations et ces provocations sont destinées à diviser les travailleurs flamands, wallons et bruxellois ainsi qu’à créer un climat qui rende possible l’attaque frontale que le patronat voudrait lancer sur nos acquis.

    Nous connaissons les lignes directrices de cette attaque :

    • une forte diminution du nombre de fonctionnaires
    • la libéralisation et la privatisation de La Poste et la SNCB
    • la liquidation des logements sociaux par les partenariats public-privé
    • encore plus de flexibilité et de travail précaire
    • un enseignement moins accessible, au service des entreprises et aux dépens de l’enseignement général
    • la limitation ou la dégressivité dans le temps des allocations de chômage
    • un « pacte de solidarité entre les générations » bis, etc.

    Mais comme la politique du « diviser pour régner » de Leterme et autres risque de ne pas suffire, le patronat se méfie : un nouveau renforcement de l’arsenal antigrève (astreintes, requêtes unilatérales,…) et l’instauration d’un service minimum en cas de grève seraient les bienvenus. Le patronat rêve par exemple d’une victoire dans le procès qui l’oppose aux grévistes de SN Brussels.

    Un plan d’action pour le pouvoir d’achat

    Le MAS/LSP (Mouvement pour une Alternative Socialiste / Linkse Socialistische Partij) soutient le Front commun syndical pour exiger une sécurité sociale forte et fédérale, plus de pouvoir d’achat et une fiscalité plus équitable. Les travailleurs et leurs familles n’ont pas pu profiter de la croissance économique de ces dernières années. Après 19 années de participation gouvernementale des partis « socialistes », le nombre de pauvres « officiels » a plus que doublé tandis que les entreprises, leurs actionnaires et leurs managers ont empoché le butin.

    Les premiers symptômes d’une crise économique sont déjà visibles. Les prix s’enflamment. Les patrons vont de nouveau appeler les travailleurs à « modérer » leurs salaires et remettre en question un index-santé pourtant déjà bien malade. Dans les entreprises, ils vont aussi essayer d’imposer des « économies » notamment sous la menace de fermetures.

    Seule une offensive syndicale pour rétablir complètement l’index et pour lier les allocations au bien-être peut éviter une extension accélérée de la pauvreté, y compris parmi des travailleurs actifs. Une telle offensive demande une bonne préparation dans les entreprises, les régions et les secteurs, y compris avec des réunions interprofessionnelles régionales, pour établir un plan d’action. Il faudra en plus mobiliser la population pour soutenir l’offensive syndicale. Les militants et délégués doivent construire un réseau ferme de militants combatifs afin de conduire cette offensive en paroles et surtout en actes.

    Il faut un parti de masse pour les travailleurs

    Nous pouvons et devons mener la lutte syndicale sur le plan de l’entreprise et du secteur. Mais les syndicats ne peuvent pas se limiter à cela. La politique économique et la réglementation du travail sont fixés par des lois et des règlements établis au niveau politique. Nous ne pouvons pas compter sur le PS et les Ecolos pour nous défendre. C’est pourquoi le MAS/LSP appelle depuis des années à la création d’un nouveau parti des travailleurs, large et de masse.

    Celui-ci permettrait d’unifier les travailleurs et tous les opprimés en menant la lutte contre chaque forme d’exploitation et d’oppression. Il pourrait organiser le débat sur une alternative politique partant des besoins de la population face à la politique néolibérale qui ne cherche qu’à favoriser la course au profit d’une poignés de riches. Il pourrait représenter dans les institutions politiques les actions menées dans les entreprises, les quartiers et les écoles et mettre les politiciens néolibéraux au pied du mur. Les syndicats ont les meilleurs atouts afin de créer un tel parti.

    Mais celui qui attend, les bras croisés, que les dirigeants syndicaux prennent l’initiative ne verra jamais la naissance de ce parti. Pour faire avancer les choses, le MAS/LSP s’est uni avec d’autres (syndicalistes, militants,…) au sein du CAP (Comité pour une Autre Politique) pour populariser l’idée d’un nouveau parti des travailleurs. A ce titre, le CAP distribue aujourd’hui 20.000 tracts dans cette manifestation. Un nouveau parti des travailleurs pourrait nous permettre de sortir de la défensive et nous offrir la possibilité de passer à l’offensive. Un tel parti pourrait aussi lutter contre le poison du racisme et du nationalisme et faire fondre le soutien populaire que reçoivent malheureusement aujourd’hui le Front National, le Vlaams Belang et la Liste Dedecker.

    Le MAS/LSP, un outil pour lutter pour le socialisme démocratique

    Le MAS/LSP veut pleinement collaborer à la formation d’un parti des travailleurs. Nous ne voulons pas lui imposer notre programme mais l’offrir en contribution à la discussion à côté d’autres. Nous pensons que la lutte contre la pauvreté, l’exploitation et l’oppression ne peut arracher que des améliorations temporaires que le patronat remettra inévitablement en question. A terme, cela ne peut mener qu’à la démoralisation. Des améliorations durables ne sont possibles que dans un autre système, basé non pas sur la course au profit mais sur la solidarité. Et la solidarité ne s’impose pas, elle s’obtient par la participation et le respect mutuel. Nous pensons que cela ne peut se faire que dans le cadre d’une société socialiste démocratique.

    La défense des intérêts des travailleurs et des opprimés exige un parti des travailleurs, sinon des populistes de droite instrumentaliseront la frustration afin d’injecter leur poison raciste et communautaire. Parallèlement, la lutte pour un changement de société demande une organisation socialiste et révolutionnaire, construite avec patience et détermination. Celle-ci doit être capable de défendre et de diffuser ses opinions à travers le débat avec d’autres opinions. Elle ne peut le faire simplement en “commentant de l’extérieur” mais en illustrant quotidiennement par la pratique la nécessité d’un changement de société, même quand cette idée n’est pas (encore) populaire. Le MAS/LSP veut être cet instrument ou en faire partie s’il s’avère à l’avenir que d’autres seront arrivés à la même conclusion. Rejoignez-nous.

  • Pas de reconnaissance des néo-fascistes à l’université d’Anvers !

    Depuis cette année académique, il existe à l’Université d’Anvers le PFK (Politiek Filosofisch Konvent), un groupe qui réunit toutes les organisations étudiantes politiques d’Anvers et leur procure une reconnaissance officielle. Le NSV (Nationalistische StudentenVereniging), l’organisation étudiante étroitement liée au Vlaams Belang (VB), est aussi membre du PFK et est donc officiellement reconnue par l’Université d’Anvers.

    Jarmo Van Regemorter

    Dans les autres villes étudiantes, le NSV n’est pas reconnu comme cercle étudiant par les universités. Et on comprend pourquoi en regardant de plus près ce qu’est réellement le NSV. C’est une organisation ouvertement néofasciste qui défend des positions racistes et propage ouvertement le Solidarisme (c-à-d nier le fossé qui existe entre travail et capital, la base idéologique du parti nazi pour interdire les syndicats par exemple). Le président du NSV de Hasselt a, par exemple, déclaré sur un forum internet qu’il espérait que « si la démocratie faisait faillite, une main de fer fasciste serait prête à prendre les choses en main ». De même, les méthodes du fascisme – violences et intimidations – ne sont également pas étrangères au NSV. L’année passée, quatre membres d’EGA ont été attaqués en rue à Anvers parce qu’ils se sont risqués à exprimer leurs opinions et à organiser la lutte anti-fasciste. C’est l’incident le plus récent d’une longue série d’actes de violence contre les étudiants de gauche et les immigrés. Et c’est cette organisation qui obtient maintenant des salles pour se réunir et un droit de parole à l’université. Il est clair que l’adhésion du NSV au PFK n’est pas acceptable et que nous devons lutter contre cela.

    Au début de l’année, nous avons milité avec une pétition parmi les étudiants contre la reconnaissance officielle du NSV. Nous n’avons pas dû faire beaucoup d’efforts pour obtenir un succès : la grande majorité des étudiants savent ce que valent l’idéologie et les méthodes de cette organisation et sont absolument opposés à leur reconnaissance officielle.

    Nous avons déjà récolté 500 signatures et nous voulons diffuser cette pétition dans l’université par les délégués de cours, les syndicats et le personnel. De cette manière, nous espérons construire une relation de force suffisante. Les autres organisations du PFK doivent aussi prendre leurs responsabilités. Nous montrons ainsi que l’important est l’implication de la communauté étudiante dans le combat pour un PFK démocratique et sans néofasciste.

    Est-ce que le recteur de l’Université d’Anvers veut être tenu responsable de la rupture en pratique du cordon sanitaire sur son université? Que se passerait-il s’il y avait, dans les membres du NSV, un nouveau Hans Van Themsche, et qu’il décide de tuer quelques immigrés sur son campus? Devons-nous vraiment attendre pour lancer la lutte contre l’extrême droite? A Anvers, où le Vlaams Belang réussit à créer un climat de haine et de racisme, la lutte contre l’extrême droite reste une affaire sensible. Tout comme le VB, le NSV essaie de se faire passer pour une organisation comme les autres et acceptable. En tant qu’organisation étudiante reconnue, cela leur sera certainement beaucoup plus facile et ils y réussissent déjà en partie.

    Mais il faut être clair : le NSV est une organisation néofasciste (et violente) et EGA continuera à tout faire pour qu’ils soient traités comme tel. Nous allons continuer notre travail avec la pétition. Et là où le NSV distribuera des tracts, nous serons présents avec des sacs poubelles en dénonçant leur vrai programme et demanderons aux étudiants de jeter ces tracts immédiatement. Quelque soit le résultat de cette lutte, EGA prendra ses responsabilités.

    Si comme nous tu as horreur du fascisme et de l’extrême droite et tu crois en la nécessité d’une opposition de gauche pour stopper leur croissance, prends contact avec EGA.

  • Gand : soirée sous pression au conseil communal

    Lundi soir, au conseil communal de Gand, une majorité alternative comprenant le Vlaams Belang, l’Open VLD et le CD&V-NVA (le cordon sanitaire est une mesure toute relative…) a voté une motion pour interdire de porter le voile à cinq membres du personnel de la ville. Le partenaire « rouge » au sein de la coalition, le SP.a (les « socialistes » flamands) a voté contre, après avoir pourtant avancé une mesure similaire à Anvers ! Le MAS/LSP était présent contre cette mesure discriminatoire, avec également des militants du CAP. Au même moment était organisée une protestation contre la fermeture d’un bureau de poste (le CAP avait réussi à récolter assez de signatures pour prendre la parole au conseil communal).

  • Crise politique : Le théâtre de guignols continue…

    Le mouvement ouvrier doit se préparer pour sa propre lutte

    Lors d’une conférence de presse, Jo Vandeurzen (président du CD&V) et Bart De Wever (président de la NVA) ont donné un message clair : il faut une réforme d’Etat et les partis francophones doivent faire un « geste » en ce sens (alors que ces derniers demandent justement aux partis flamands de rétablir la confiance après le vote de la scission de BHV…)

    Anja Deschoemacker (09/11/07)

    Les libéraux francophones ne doivent pas compter sur une reconnaissance ouverte qu’il ne peut être question d’une grande réforme d’Etat dans ces circonstances. La logique du « compromis à la belge » est justement que tout le monde doit baisser sa culotte au même moment, pour qu’après l’on puisse se lancer des fleurs grâce à ce que chacun a pu obtenir. C’est là la preuve ultime du sérieux politique et du fait d’être un homme d’Etat.

    Les déclarations de Frank Vandenbroucke, le flamingant de service du SP.a, selon lesquelles le cartel CD&V/NVA se donne en spectacle pour éviter de devoir montrer qu’il se met à plat ventre sur la question de la réforme d’Etat, contiennent certainement des éléments de vérité. La nouvelle présidente du SP.a, Caroline Genez, fait aussi allusion au manque de crédibilité du CD&V et de la NVA sur le plan communautaire. Nous ne pouvons qu’espérer – dans l’intérêt même du SP.a – que cela ne devienne pas le message central de leur « opposition », si du moins leur but est de regagner quelques voix chez les travailleurs.

    Tout cet épisode clarifie à nouveau l’évidence que le mouvement ouvrier n’a plus rien à attendre de ce parti. Peut-être prononcera t’il encore quelques mots contre l’introduction du service minimum durant les grèves des services publics (bien qu’un un tel accord a déjà été signé sous leur règne à De Lijn – les TEC flamands). Selon l’ancien chef de cabinet de Vande Lanotte (SP.a lui aussi), Jannie Haeck, actuellement grand patron de la SNCB, il serait préférable de réfléchir à un temps minimum d’annonce pour les grèves. En d’autres mots : les syndicats ne seraient alors plus en état de reconnaître des grèves spontanées ! Même en dehors du gouvernement fédéral, et sans perspective d’en faire partie, le sommet du SP.a ne peut pas s’empêcher de corriger les devoirs de la bourgeoisie !

    De son côté, si le PS va certainement faire plus de bruit (également par rapport aux thèmes sociaux), il aura grande peine à se détacher totalement de la politique néolibérale qu’il a lui-même mené 19 ans durant sur le plan fédéral et qu’il continue d’ailleurs encore à mener sur le plan régional avec, entre autres, le Plan Marshall. Le terrain communautaire va certainement devenir le point central de son opposition. Mais au moins sera-t-il vu comme une équipe de défense alors que son pendant du nord a, dans les faits, rejoint les revanchistes flamands.

    Et quoi maintenant pour la formation ?

    Le vote dans la Commission de la Chambre sur la scission de BHV où la majorité flamande a imposé sa volonté de manière unilatérale avec une seule abstention (du parlementaire bruxellois de Groen ! Tinne Van der Straeten) est un fait sérieux. C’est un véritable problème pour les équilibres qui ont été constitués en Belgique : la protection de la minorité francophone en Belgique en compensation de la protection de la minorité flamande à Bruxelles.

    Les francophones ont maintenant pris en main les mécanismes de protection introduits pour les diverses minorités, en commençant par celui de conflit d’intérêt introduit par le Parlement de la Communauté Française le lendemain du vote sur BHV. Cette procédure signifie que la question de BHV est de nouveau arrêtée au niveau parlementaire et passe à des négociations entre communautés (avec PS, donc). Ce report peut, dans le meilleur des cas, permettre aux différents négociateurs pour la formation du gouvernement, et à Leterme en premier, d’avoir un peu de temps pour mettre enfin sur pied un gouvernement. Dans le passé, un « sentiment de crise » a déjà été nécessaire pour arriver à des accords communautaires.

    Mais tout ne devient pas facile pour autant. Les deux partis les plus forts dans les négociations, le CD&V et le MR, sont liés à des partenaires embêtants qu’ils peuvent à peine contrôler : la NVA et le FDF. Leurs déclarations et provocations sans fin n’ont pour effet que de casser sans cesse l’illusion de « confiance » méticuleusement créée. Qu’importe le nombre de fois où Reynders et Leterme vont aller assister à un match de foot ensemble, ils sont tous deux aussi dépendants de ces partenaires afin de maintenir leur position de parti dominant dans leur communauté.

    Directement après le vote, Reynders est retombé sur ses pieds en répétant à nouveau son plaidoyer pour un gouvernement surtout socio-économique: la cas « BHV » est reparti vers des négociations entre les communautés tandis que la réforme d’Etat avec une majorité des deux tiers peut être le problème d’une « commission de sages ». Cela semblait confirmé par la communication du roi et du formateur, la tantième crisette dans les rangs du CD&V et de la NVA a cependant conduit à la conférence de presse citée au début de cet article. Reynders ne doit pas penser qu’il peut pousser le CD&V dans une position où il sera le seul à baisser sa culotte.

    Au plus dure est ce théâtre de guignols, au plus monte la pression pour obtenir un gouvernement. Le déficit budgétaire commence à faire peur, de mauvaises prévisions économiques sont publiées,… Finalement, une solution va être trouvée, qui peut aller d’un « gouvernement normal » (ce que veut le CD&V) à un « gouvernement socio-économique » (ce que désire le MR, mais qui ferait perdre la face au CD&V) qui sera de courte durée, c’est-à-dire avec un accord gouvernemental jusqu’en 2009. Des variantes plus « exotiques » existent aussi : un gouvernement (partiellement) technocratique (du type « socio-économique »), une coalition fédérale totalement asymétrique, ou encore un gouvernement d’unité nationale : la tripartite classique, qui est presque toujours un gouvernement de crise.

    Une solution arrivera, pour la simple raison que l’alternative voulue par la NVA et le Vlaams Belang, l’indépendance de la Flandre, n’est voulue que par une petite minorité, tant parmi les travailleurs et leurs familles que parmi la bourgeoisie. Cette dernière aime bien utiliser la question nationale pour diviser le mouvement ouvrier au moment de l’attaque, mais elle n’aime pas du tout que la question nationale bloque l’application de son programme – même si ce n’est que pour la raison que, sans gouvernement, elle ne peut pas introduire une attaque sur les restes de l’Etat – providence. Leur opinion, « la voix de la raison », va finalement être reprise par le CD&V comme par le MR, à moins que ces derniers ne veulent perdre la confiance de la classe qu’ils veulent défendre. Ceux qui ne sont pas préparés au compromis vont en payer le prix: Reynders peut encore voir que le PS, qu’il déteste tant, rejoindre le gouvernement alors que le CD&V peut en cas de chaos total payer un prix électoral élevé si il est vu comme responsable du désordre.

    Les deux partis vont devoir apprendre la leçon que le PS et le SP ont appris lors de la précédente grande crise de formation (’87-’88, le précédent record de 148 jours) : pour arriver au gouvernement, il ne faut pas seulement gagner les élections, il faut aussi être préparé à mener la politique de ses maîtres et donc… de temps en temps être préparé à baisser sa culotte en ce qui concerne les promesses électorales. Il faut cependant savoir faire cela tout en le masquant, ce en quoi le CD&V était l’exemple ultime quand il s’appelait encore le CVP. De leur côté, le PS et le SP.a ont chacun prouvé au cours des dernières 19 années que des fesses nues et le rouge de la honte ne sont en rien un problème pour eux.

    Quant à messieurs De Wever et Maingain, leur avenir sera-t-il fait d’un poste de ministre ou de l’isolation politique? Tout comme le CD&V et le MR ont besoin de la NVA et du FDF, ces derniers ont aussi besoin des premiers. La NVA a aujourd’hui 5 sièges au Sénat et la dernière fois qu’elle a participé aux élections indépendamment du CD&V, elle n’a à peine obtenu que 5% ! Le FDF n’est pas non plus au sein du MR par grand amour et par grande unité programmatique, mais bien parce que le MR offre des carrières confortables. Dans cette question, les personnes clefs ne sont évidemment pas De Wever et Maingain (la politique belge n’a jamais eu un manque de fous du roi) : ce sont Leterme et Reynders. Tous deux peuvent dire adieu à leur carrière s’ils perdent aujourd’hui dans le poker politique qui occupe le pays depuis déjà 5 mois.

    Les syndicats ont raison de mettre en garde

    Les directions de la FGTB et de la CSC ont, à juste titre, dévoilé lors d’une conférence de presse commune ce qui se déroule derrière les rideaux – la « colle » entre Leterme et Reynders est clairement leur volonté de lancer un nombre d’attaques structurelles au service des supers profits du patronat. Leur réussite dépendra plus de la lutte du mouvement ouvrier contre une nouvelle attaque sur les restes de « l’Etat – Providence » (Etat – Providence que nous avons acquis par la lutte) que de la division communautaire et du cirque auquel nous sommes forcés d’assister depuis des mois.

    Le climat à venir est déjà visible : des données sont publiées sur un déficit budgétaire de 1,5 milliard d’euros, chiffre qui pourrait augmenter jusqu’à 3 ou 4 milliards pour 2008 « avec une politique qui n’est pas changée ». De plus, les perspectives de croissance économique ont été révisées par le bas pour 2008 et l’on parle dans les médias des « 50 mensonges gris » du gouvernement précédent autour du dossier des pensions. Et il faut encore compter le coût des 2 milliards d’euros nécessaires pour augmenter les allocations les plus basses (une douceur que le CD&V veut offrir) et de nouveau quelques milliards pour les diminutions d’impôts et de charges salariales (entre autres, de nouveau, sur les heures supplémentaires). Par contre, l’intérêt notionnel – qui a, notamment, permis à Electrabel de voir ses impôts diminuer de pas moins de 30 millions d’euros – n’est remis en question par aucun des négociateurs pour le futur gouvernement.

    S’ils arrivent à former un gouvernement – et d’une façon ou d’une autre, ils vont y parvenir- les attaques sur le mouvement ouvrier ne vont être longues à attendre. C’est aussi la raison qui explique toutes ces propositions sur une limitation du droit de grève. Le cirque communautaire va durer avec une commission, avec des séances bruyantes dans la Chambre et le Sénat, avec des déclarations musclées et tout cela au moins jusqu’aux élections de 2009. Si le mouvement ouvrier se laisse dévier ne serait-ce qu’un petit peu par cette division communautaire, nous courrons droit aux défaites.

    Pour cette raison, c’est une bonne chose que la FGTB ait appelé à une concentration des militants ce vendredi 16 novembre. Mais une concentration de 1000 syndicalistes ne va pas faire une grosse impression et n’a de sens que comme point de départ pour une campagne d’information large parmi les membres des syndicats pour les préparer à la lutte qui va devoir être menée. Cela doit à son tour être le point de départ d’un plan d’action et de mobilisation pour réagir collectivement à chaque attaque d’un gouvernement qui sera sans aucune doute un gouvernement instable.

  • Scission au FN : on prend les mêmes et on recommence ?

    Traîné en justice pour racisme et pour détournements de fonds, Daniel Féret ne semble plus non plus contrôler le FN : celui-ci se retrouve scindé en deux parties. Le Front National et l’extrême-droite wallonne appartiennent-ils pour autant au passé ?

    Baptiste Libois

    Le Front National a beau adopter une phraséologie virulente à l’égard de la corruption des politiciens traditionnels et déclarer vouloir balayer les pourris du monde politique, les faits démontrent que le grand maître du FN a détourné des fonds de son parti (financé à hauteur de 90% par l’Etat ) pour s’attribuer, par exemple, une villa dans le Sud de la France. Et en grand despote qui se respecte, Daniel Féret a dirigé d’une main de fer le FN ; quiconque n’en était pas heureux était écarté.

    Néanmoins, certains membres du FN ne se sont pas résignés à cette mainmise et, en 20 ans, il y aurait eu pas moins de 35 courants anti-féretistes dans le FN. Ainsi, si le Front National se retrouve aujourd’hui coupé en deux, il s’entredéchire déjà depuis des années. Mais le FN ayant à présent éclaté, est-ce la fin de l’extrême-droite en Wallonie ? Rien n’est moins sûr.

    Si le FN n’atteint pas les scores électoraux du Vlaams Belang, ce n’est certainement pas parce que les Flamands sont plus nationalistes et racistes que les Wallons. La raison est que le FN n’a que très peu de militants actifs et ne possède pas un véritable dynamisme de construction. Toutefois, sur base du mécontentement face aux politiques antisociales des derniers gouvernements et du racisme face auquel aucun parti traditionnel n’a de réponse, le potentiel pour une organisation d’extrême-droite reste présent. Les suffrages que récolte le FN malgré son absence d’activité illustrent ce processus.

    A présent, alors que l’Orange Bleue promet d’autant plus d’attaques contre les acquis sociaux, les anti-Féret du FN ne comptent pas en rester là. Ils envisagent de “refonder le Front National de manière structurelle, sur le modèle du Vlaams Belang, et idéologique, sur la base d’un corpus nationaliste et populiste”.

    Le FN, s’il devient plus actif, sera d’autant plus dangereux sur le plan politique, et sera d’autant plus capable de recueillir les voix de protestation contre le néolibéralisme, sans cependant pouvoir bénéficier du temps sur lequel le VB a pu compter pour se construire.

    Comme nous pouvons le voir, si les néo-fascistes ne représentent en rien une alternative, il ne faut pas non plus s’attendre à ce que leur fin découle de leurs bagarres internes.

    Le seul moyen d’anéantir l’extrême droite, c’est de proposer une réelle alternative de gauche à la politique de casse sociale des partis capitalistes traditionnels et de l’extrême droite pour les travailleurs, les chômeurs, les jeunes et les retraités, flamands, wallons, bruxellois ou immigrés.

    Toi aussi, rejoins-nous dans le combat anti-fasciste, défends avec nous l’idée qu’un nouveau parti des travailleurs est nécessaire. Le CAP est aujourd’hui un bon moyen pour cela !

  • Bye Bye Belgium? Questions / réponses sur la crise communautaire

    La crise politique paralyse la Belgique

    Plus de cent jours après les élections, aucune issue n’est en vue. Journalistes et politiciens étrangers regardent ce spectacle avec stupéfaction, comme The Economist qui a prédit la fin de la Belgique. On peut être plus que certain que les classes dirigeantes des pays européens confrontés à des régions qui aspirent à plus d’autonomie – la Grande-Bretagne, l’Espagne, la France ou encore l’Italie – suivent ces développements avec grande attention.

    Dossier par Anja Deschoemacker

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    Fédéralisme responsable?

    Alors que les deux syndicats juraient leurs grands dieux avant les élections qu’ils s’opposeraient à toute régionalisation du marché de l’emploi, les dirigeants flamands de la CSC – maintenant que “leur” parti a de nouveau la possibilité d’avoir le Premier ministre – laissent désormais la porte ouverte sur cette question. Les déclarations de Cortebeeck prouvent que la direction de la CSC pourrait donner son accord à, par exemple, une proposition de Bea Cantillon (Centre pour la Politique Sociale de l’Université d’Anvers), pour qui on peut transférer partiellement le budget de la sécurité sociale en fixant des objectifs. « Un Etat régional qui par sa politique diminue les dépenses de la sécurité sociale serait recompensé. Un Etat régional qui augmente les coûts sera financièrement puni. » (Knack, 25/07). Elle appelle ça « un fédéralisme social responsable ». Cela serait – suivant la veille tradition belge – présenté comme une victoire à la fois par les nationalistes flamands (« un premier pas vers une régionalisation ») et par les partis francophones (« pas de régionalisation »).

    Les syndicats ne doivent pas se battre pour une division de de la pénurie –résultat de l’écrémage systématique de la richesse produite qu’opèrent patrons et actionnaires – mais doivent mener une lutte contre contre chaque démantèlement social et pour plus de moyens.
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    Mais si la discussion sur l’éclatement de la Belgique se mène ouvertement, les prises de positions en faveur du maintien du pays gagnent en force. A la surenchère communautaire répond le sentiment grandissant que « la récréation est terminée » et qu’il est temps de faire appel à un « véritable homme d’Etat».

    Comment un tel chaos a-t-il pu arriver ? Et que va-t-il arriver maintenant ? Pour nous, socialistes révolutionnaires, s’ajoute la question du programme à défendre. Les revendications nationalistes flamandes – caractérisées par la suffisance, et l’égoïsme – ne sont en aucun cas une option. Mais les « belgicistes » ont-ils pour autant une solution valable ? Pas vraiment… Le MAS/LSP ne défend ni l’élite nationaliste flamande – qui ne veut rien d’autre qu’exploiter plus encore les travailleurs flamands – ni les intérêts de patrons comme Albert Frère (la plus grosse fortune de Belgique) ou encore de la monarchie.

    D’où vient la surenchère communautaire?

    Dans le passé, l’oppression passée de tout ce qui avait trait au flamand a ouvert la voie à l’amertume et la méfiance. Les écoliers flamands apprennent dans leurs cours d’histoire que les Flamands ont dû se battre pour acquérir le simple droit d’utiliser leur langue et ont été souvent trompés quand la lutte imposait des concessions. Dans cette logique, « les francophones » reçoivent aujourd’hui, selon les flamingants, la monnaie de leur pièce.

    Ici, c’est à dessein que « les franco-phones » sont entre guillemets, car il n’existe pas de groupe linguistique homogène. L’élite francophone qui a jadis laissé la Flandre stagner dans le sous-développement est la même que celle qui a durement exploité et opprimé les travailleurs wallons. Ce n’est pas par hasard si Marx a décrit le jeune Etat belge – créé par les grandes puissances européennes comme Etat-tampon contre la volonté d’expansion de la France qui suivit la révolution française – comme un vrai « paradis pour le patronat ».

    La majorité du mouvement flamand a toujours recherché une solution au sein de la Belgique. Aujourd’hui encore, seuls la N-VA et le Vlaams Belang sont séparatistes, mais les études sur l’électorat de ce dernier démontrent paradoxalement qu’il comprend plus d’unitaristes et de monarchistes que d’indépendantistes. La surenchère communautaire n’est donc en rien une lutte consciente pour une Flandre indépendante.

    De l’autre côté, le régionalisme wallon – dont la direction se référait au programme de réformes de structures de la FGTB – est depuis longtemps déjà en déclin. Il faut dire que le rêve d’une Wallonie autonome et « donc plus sociale » a viré en cauchemar face à la croissance du chômage, aux salaires et au niveau de vie en général plus modeste qu’en Flandre, etc.

    La surenchère communautaire est à la fois le résultat de cette histoire et du jeu de poker politique de la classe dirigeante belge. Cette dernière possède le pouvoir économique – et donc le réel pouvoir politique – et mène les partis traditionnels par le bout du nez. Elle a toujours su manipuler les différences de langue et de mode de vie pour faire payer ses profits et ses privilèges à la majorité de la population. Le but n’a jamais été la scission finale de l’Etat. Comme l’expliquait l’écrivain flamand Geert Van Istendael au Soir, on peut tout faire avec un bouc émissaire sauf le tuer, à moins de devenir soi-même responsable. Mais, combinée à la politique antisociale qui engendre toujours plus de manque et de frustration, la surenchère communautaire peut mener à l’exacerbation des tensions nationales.

    Comme l’écrit le journal néerlandais HRC Handelsblad: si le pays se désintègre aujourd’hui, ce sera plus à cause du désintérêt de la population que pour de véritables tensions nationalistes dans les couches larges. Nous sommes du même avis et voyons surtout un jeu politique où la population est réduite à l’état de simple spectateur dans les développements actuels.

    Quels sont jusqu’ici les résultats de la régionalisation?

    La scission de diverses compétences – la communautarisation de l’enseignement ou la régionalisation partielle des villes – a donné d’excellents résultats… pour la classe dirigeante ! Tous les commentateurs politiques sérieux admettent que cela a été une aide précieuse pour « l’assainissement du pays », c’est-à-dire le démantèlement de « l’Etat providence ».

    Depuis presque 20 ans, les partis flamands ont été obligés de gouverner avec le PS. S’ils veulent aller plus loin dans la satisfaction de leurs revendications aujourd’hui, ce n’est que pour améliorer la situation du patronat: un marché de l’emploi encore plus flexible, des conditions de travail et de salaire encore pires, moins de sécurité sociale,… Ce jeu se joue également de l’autre côté de la frontière linguistique. Le PS a de cette manière réussi à être considéré comme un parti d’opposition tout en étant au gouvernement : «nous devons assainir», «nous devons couper dans le budget de l’enseignement», «nous devons chasser les chômeurs», etc «sinon la Flandre scissionnera la sécurité sociale ou même le pays».

    Pendant ce temps les riches restent en dehors du collimateur et reçoivent cadeaux sur cadeaux: diminutions de charges et d’impôts, amnistie fiscale,… Les revenus du capital prennent une place toujours plus grande dans la richesse nationale au détriment des revenus salariaux. Mais tant que dure le show communautaire, personne ne pense aux poches qui engloutissent réellement la richesse nationale ! Ce ne sont pas celles des travailleurs, chômeurs et pensionnés wallons, flamands ou bruxellois !

    Dans une situation de ralentissement de la croissance économique mondiale suite à la crise du crédit hypothécaire américain, la surenchère communautaire ne va pas disparaître de si tôt car car il faut bien en faire payer le prix à quelqu’un.

    Le scénario d’une séparation est-il réaliste?

    Cette question se pose surtout à cause de l’impasse actuelle dans les négociations entre les deux « communautés » pour le gouvernement. Mais une séparation devra également être négociée, notamment pour les frontières des Etats, l’avenir de Bruxelles, la division de la dette nationale et de ce qui reste encore du patrimoine national après Verhofstadt I et II. Sans scission négociée, le seul autre scénario est celui d’une guerre civile autour des questions territoriales et surtout autour de Bruxelles et sa périphérie.

    Car une Flandre sans Bruxelles est immédiatement beaucoup moins intéressante. La région bruxelloise est responsable de 20% du PIB belge et sur les 340.000 navetteurs qui travaillent à Bruxelles, il n’y a pas moins de 230.000 flamands. De plus, la Wallonie et Bruxelles sont les partenaires commerciaux les plus importants des entreprises flamandes.

    Une Flandre indépendante qui voudrait garder Bruxelles devrait par contre accepter que cette Flandre soit un Etat bilingue. Et afin d’être acceptée comme membre de l’Union Européenne, la Flandre devrait très probablement souscrire au traité sur les minorités, ce qu’elle refuse de faire jusqu’à présent. Elle devrait alors accorder à la minorité nationale francophone en Flandre des droits ou des facilités et pas seulement dans les communes à facilités actuelles, mais partout où il y a une minorité francophone importante.

    Et là, c’est encore dans l’hypothèse où la population bruxelloise voudrait rejoindre une Flandre indépendante, ce qui est déjà extrêmement improbable dans le cadre d’une scission négociée, mais devient totalement impensable dans un scénario de déclaration unilatérale d’indépendance.

    C’est pour cela que le groupe De Warande (auteur d’un Manifeste pour une Flandre indépendante) ne men-tionne pas Bruxelles et que Bart De Wever (N-VA) place l’indépendance de la Flandre dans un avenir lointain dans lequel la Belgique se serait « vaporée » entre des Etats régionaux presque autonomes et l’Union Européenne.

    Selon le MAS/LSP, ce dernier scénario est utopique : la création d’un véritable Etat européen n’est pas possible dans le cadre du capitalisme car elle présuppose que les différents Etats européens (et les élites économiques qu’ils représentent) stoppent leur concurrence entre eux alors que l’objectif actuel de l’UE est justement un projet dans lequel cette concurrence peut s’effectuer de façon encore plus brutale, entre autres en libéralisant et démantelant totalement les services et les systèmes de sécurité sociale. Et ces dernières années ont été les témoins de bien des problèmes dans la construction de l’UE: le Pacte de stabilité n’est presque plus respecté, il n’existe pas de politique extérieure unifiée, la Constitution est momentanément enterrée, le protectionisme économique réapparaît,…

    Nous pensons donc qu’une scission de la Belgique n’est pas une perspective probable à court terme. D’ailleurs aucune partie du pays ne compte une majorité qui y soit favorable, ni dans la classe dirigeante ni dans le mouvement ouvrier.

    Au contraire des nationalistes flamands, le MAS/LSP n’est pas non plus convaincu de l’inexistence d’un « sentiment belge » ou du fait que les différences culturelles entre la Flandre et la Wallonie soient insurmontables. La différence linguistique masque justement de fortes similarités, des choses qui tombent directement sous le sens des étrangers mais que beaucoup de Flamands et de Wallons ne voient plus derrière les institutions, les politiciens et les médias. On ne connait pas le nombre de « familles mixtes » entre les régions et une scission ferait du tissu économique un gigantesque gruyère.

    Un divorce n’est facile qu’avec consentement réciproque et accord sur la séparation des biens. Sans accord, la scission de la Belgique ne saurait être qu’une grande bagarre. Et dans un tel type de divorce, les politiciens doivent pouvoir compter sur une réelle volonté de séparation auprès de la majorité de leur population, ce qui n’est pas le cas.

    Cette question nationale peut-elle être résolue?

    Le seul lieu où reste encore des traces de l’oppression et de l’humiliation nationale est la périphérie de Bruxelles, où la population d’origine, flamande et moins aisée, est sous pression depuis déjà longtemps, mais ce phénomène est plus une donnée socio-économique qu’une invasion francophone consciente.

    Tout d’abord, les nouveaux arrivants plus aisés ne sont pas seulement des francophones, mais aussi des eurocrates ( il faut noter que les eurocrates néerlandais ne choississent qu’exceptionnellement le côté flamand, vu comme « provincial » et « borné »). Pour arrêter ce développement, la politique actuelle du logement – qui partout donne priorité au plus grand portefeuille – doit être remplacéé par une politique qui offre des habitations sociales confortables et abordables comme garanties à ceux qui veulent rester dans la région. Cependant, tous les nouveaux arrivants ne sont pas riches; bon nombre d’entre eux sont des familles de travailleurs qui souhaitent élever leurs enfants dans une environnement plus vert et plus agréable. Une politique sociale de logement, combinée à une masse de stimulants pour permettre aux populations parlant d’autres langues de s’intègrer dans la communauté locale donnerait de biens meilleurs résultats que la politique actuelle de harcèlement qui a pour effet de pousser tous les francophones dans les bras des partis francophones dont la politque antisociale ne diffère en rien de celle de leurs collègues flamands.

    Le MAS/LSP n’est pas d’accord avec les nationalistes flamands pour qui la cohabitation des différents peuples au sein d’un Etat est impossible. En soi, le MAS/LSP n’a rien contre un élargissement des compétences des autorités régionales et locales. Mais à la condition que cela soit demandé par une majorité de la population dans la région impliquée et que le but soit d’arriver à une meilleure politique, à une politique sociale qui pourvoit aux besoins de tous.

    Le MAS/LSP défend une démocratie aussi large que possible. Nous reconnaissons le droit à l’autonomie et même à la séparation si cela est demandé par la majorité de la population de la région impliquée. Le MAS/LSP s’oppose par contre à une régionalisation si le but est d’arriver à une politique d’austérité encore plus dure, imposée dans une région pour l’être ensuite dans l’autre. La scission de l’enseignement illustre cette tactique. Pour cette raison, nous nous opposons de façon résolue à la scission de la sécurité sociale, de la politique d’emploi et de la concertation sociale.

    Nous sommes pour un élargissement des droits démocratiques, ce qui signifie entre autres lutter pour le droit à un travail et à des services dans sa propre langue. Le bilinguisme ne peut pas être imposé, seulement stimulé, notamment avec un enseignement de bonne qualité pour tous les élèves. Le MAS/LSP pense que les droits linguistiques des minorités nationales – flamande à Bruxelles et en Wallonie, francophone dans la périphérie de Bruxelles, en Flandre et en communauté germanophone, germanophone en Wallonie – doivent être inscrit dans la Constitution. Une politique linguistique démocratique n’est possible qu’avec assez de moyens. C’est la seule manière de faciliter la cohabitation. La contrainte n’entraîne qu’une résistance aigrie.

    Les droits des immigrés – sur le plan linguistique, mais aussi dans l’enseignement et les autres services – doivent être également inscrits dans la Constitution. Les travailleurs autochtones y ont aussi grand intérêt : c’est justement leur manque de droits qui fait la présence de travailleurs étrangers sur le marché de l’emploi qui fait peser une pression sur tout les salaires.

    Bruxelles-Hal-Vilvorde est le dossier symbolique par excellence. N’importe quelle « solution » – scission et/ou élargissement de Bruxelles – n’en est pas une si on ne tient pas compte des droits de la minorité qui s’y trouve. Ce n’est que si les minorités voient leurs droits garantis qu’on peut arriver à une solution bénéfique pour tous.

    Plus de moyens pour une vraie politique sociale et des droits pour chaque groupe de la population sont les seules véritables conditions pour une cohabitation harmonieuse. Notre pays possède plus qu’assez de richesses pour pourvoir aux droits et besoins de tous les travailleurs et de leurs familles. Mais nos gouvernements choisissent de donner des milliards au patronat sous forme de baisse des soi-disants charges patronales, de diminutions d’impôts pour les riches et de toutes sortes de manoeuvres fiscales.

    En manipulant la question nationale dans le passé et aujourd’hui, la bourgeoisie crée des problèmes de société plus grands encore qu’elle est incapable de résoudre ensuite. Cela ne veut pas pour autant dire qu’ils ne peuvent pas être résolus: avec assez de moyens et une démocratie aussi conséquente que possible les travailleurs peuvent faire en sorte que la cohabitation ne soit pas seulement viable, mais aussi agréable.

    Dans un système où la production des biens et de la richesse est basée sur la soif de profit d’une petite élite qui règne en Belgique à travers les divers gouvernements, il y aura fatalement toujours des besoins non-satisfaits qui mèneront à des luttes diverses. Mais la seule lutte qui peut offrir une issue est celle du mouvement ouvrier pour une société basée sur la satisfaction des besoins de la majorité et qui mette en oeuvre une planification démocratique de l’économie afin de répondre de la façon la plus efficace aux besoins de tous, c’est-à-dire une lutte pour le socialisme.


    La question nationale en Belgique:

    Une réponse du mouvement ouvrier est nécessaire!

    Fin 2005, une Conférence Nationale du MAS/LSP a mené une discussion sur la question nationale en Belgique sur base d’un texte retravaillé par la suite.

    Vous pouvez trouver cette brochure sur www.marxisme.org ou demander une version papier de ce texte à la rédaction!

  • Leterme échoue: Le “bon gérant” ne gère plus… (sans doute à suivre)

    74 jours après les élections, après cinq semaines de négociations, Leterme a du admettre sa défaite. Ce qui va se passer ensuite n’est toujours pas clair au moment où Alternative Socialiste part à l’impression. La plupart des médias affirment qu’une coalition Orange Bleue continue à avoir la préférence mais les discussions sur des formules alternatives reprennent vigueur.

    Anja Deschoemacker

    En fait, la classe dirigeante a obtenu le 10 juin un énorme cadeau bien inattendu : pour la première fois en 20 ans, un gouvernement pouvait être formé sans le PS francophone. Reynders avait alors crié victoire et il pensait que son argument – « un gouvernement sans PS est une réforme de l’Etat en soi » – serait assez convaincant pour que le CD&V laisse tomber l’essentiel de ses revendications communautaires.

    Et si on regarde les revendications qu’avance l’Union des Classes moyennes flamandes Unizo – au premier rang desquelles figure la régionalisation de la politique du marché de l’emploi – cela aurait pu être le cas. Tout comme les autres organisations patronales, Unizo réclame une « modernisation du marché de l’emploi » (comprenez : un démantèlement des acquis du mouvement ouvrier) mais elle pense l’obtenir plus rapidement au moyen d’une régionalisation accrue. La Flandre pourrait ainsi pousser sur l’accélérateur et approfondir sa réforme du marché de l’emploi, pour pouvoir ensuite mettre encore plus de pression sur la Wallonie. La logique de Reynders est que, débarassé du PS, on pourrait désormais faire cela directement à l’échelle de tout le pays.

    Mais les choses ne sont évidemment pas aussi faciles que cela. Car le MR n’est pas nécessairement capable d’imposer les mêmes concessions au mouvement ouvrier que le PS.

    Avant les élections, tout le monde s’attendait à ce que le prochain gouvernement soit dominé d’un côté par le CD&V et de l’autre par le PS. Le PS se serait certainement contenté de monnayer son accord à une réforme de l’Etat (bien sûr accompagnée de concessions aux revendications francophones) contre des compensations sociales. Il aurait certainement pu obtenir l’accord du CDH et d’Ecolo et convaincre la FGTB et la CSC d’accepter ce marché.

    Le seul scénario auquel les Etats-majors des partis flamands prêts à participer à un gouvernement s’étaient préparés afin de couper plus durement, plus profondément et plus structurellement dans les dépenses sociales était donc une régionalisation accrue – baptisée « responsabilisation ».

    Puis sont tombés les résultats des élections… Le CD&V, et Leterme lui-même, avait crié trop fort pour réclamer une réforme de l’Etat pour laisser ensuite cet objectif être réduit à rien ou presque. Aujourd’hui, le blocage est donc profond, avec d’un coté des partis flamands qui ont pris des engagements électoraux fermes et qui doivent obtenir quelque chose – au moins la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde, au prix des concessions nécessaires – et de l’autre coté des partis francophones pour qui accepter de grandes concessions communautaires avec le PS dans l’opposition signifie en réalité préparer un suicide politique aux élections régionales de 2009.

    Ce n’est pas la première crise communautaire que connaît la Belgique et ce ne sera sans doute pas la dernière non plus. Un compromis sera certainement trouvé – qui sera sans aucun doute très compliqué et très technique – parce tous les partis qui sont représentés au parlement (y compris ceux qui ne sont repris dans aucun scénario de gouvernement, comme le Vlaams Belang et la Liste De Decker) sont convaincus que la politique néolibérale doit être poursuivie.

    Le MAS/LSP n’a jamais été un défenseur du royaume unitaire de Belgique, qui n’a d’ailleurs jamais été un Etat au service de la population travailleuse. Nous soutenons les revendications communautaires qui répondent de manière correcte aux problèmes créés par la politique conservatrice de la bourgeoisie belge – comme le droit d’avoir accès réellement à des services dans sa propre langue tant à Bruxelles que dans sa périphérie.

    Mais les surenchères communautaires des partis qui ont l’ambition de former un gouvernement et de la soi-disant opposition n’ont rien à voir avec cela. Leur seul objectif est de semer la division parmi les travailleurs dans l’espoir de pouvoir appliquer une politique encore plus dure au service des riches. Pour éliminer l’oppression, quelle soit basée sur la langue ou sur l’origine, les travailleurs ne peuvent avoir aucune confiance dans les politiciens du patronat – qu’ils soient flamands, wallons ou bruxellois – mais seulement en eux-mêmes en s’organisant indépendamment de la bourgeoisie.

  • Tour de France ou Tour de Farces ?

    Tour de France ou Tour de Farces ?

    Malgré l’héroïsme, la tension, les prestations des coureurs et le jeu d’équipe, ce n’est pas le sport, mais bien les affaires de dopage qui font depuis quelques jours l’actualité du Tour de France. Nombreux sont ceux qui, ces dernières années, sont tombés de leur piédestal ou nagent complètement la tête à peine hors de l’eau: pensons à Pantani et Vandenbroucke. Dans le cyclisme, le populaire, le social et l’authentique étaient avant de mise. Mais cette année encore, quelques favoris tombent au champ d’honneur au cours du Tour, certains peuvent d’ailleurs faire une croix sur leur carrière. Comment en est on arrivé jusqu’à ce point dans le cyclisme, et dans le sport d’une manière générale ?

    Bart Vandersteene

    Si les aveux et dévoilements de ces dernières années (Ullrich, Basso, Hamilton, Landis…) n’ont été – comme il l’est sous-entendu régulièrement – que le sommet de l’iceberg, il est raisonnable de se demander si quelqu’un a gagné le Tour au cours de ces 15 dernières années sans recourir au dopage. Bjarne Riis a par exemple avoué avoir gagné le Tour de ’96 avec l’aide d’EPO. Il est depuis 2000 manager de l’équipe Team CSC qui compte à chaque fois un favori pour remporter le Tour dans ses rangs. Si le responsable a agi de la sorte dans le passé, comment le considérer comme fiable pour l’accompagnement qu’il donne aux coureurs actuels ? C’est l’environnement presque total des coureurs d’aujourd’hui qui a participé aux années EPO, soit en tant que coureurs, soit en tant qu’accompagnateurs. Comment peuvent-ils maintenant être crédibles en déclarant vouloir sauver la course ? Comment veulent-ils faire le grand nettoyage ?

    Par extension, on peut se demander si quelqu’un peut encore gagner une grande course sans dopage. A en croire le témoignage de l’ancien coureur Hedwig Van Hooydonck, cela est plus que douteux. Et pourquoi remettre sa parole en doute ? Il a quitté ce milieu après plus de trente années, fatigué d’avoir eu à engager le combat avec ses collègues qui volaient au-dessus des collines et des difficultés grâce à l’EPO. Son récit n’a pas été vendu à la presse à scandale et il n’a plus aucun intérêt dans le cyclisme.

    Mais n’y a-t-il pas encore que peu de coureurs qui sont pris ? Effectivement, mais la question à poser est « qu’est-ce que le dopage » ? Uniquement ce qui est aujourd’hui repérable et qui figure sur les listes d’interdiction ? La recherche effectuée sur les produits dopant et donc la lutte contre le dopage n’est-elle pas toujours en retard sur les nouvelles méthodes utilisées ? Cela a toujours été comme ça, et ça sera toujours ainsi?

    Dire que le dopage a toujours existé et qu’il en sera toujours ainsi est presque devenu un adage populaire. Les grecs anciens avaient déjà recours à des méthodes comme de boire du lait maternel pour améliorer leurs prestations. Mais était-ce d’une telle ampleur ou faut-il reconnaître un développement extraordinaire au cours de ces dernières décennies ? Et n’y a t il aucune différence entre des méthodes naturelles et populaires et des stimulants étrangers au corps humain ?

    Les intérêts qui dépendent du sport, que cela soit dans le cyclisme, dans le football ou dans la Formule 1, ont augmenté de façon phénoménale. La masse d’argent concernée est gigantesque. Les sportifs ressemblent parfois bien plus à des panneaux publicitaires qu’à des athlètes. Le sport a changé pour ne devenir qu’un prétexte aux considérations et messages commerciaux. Investir dans le "sport" est pour les sociétés une décision commerciale qui n’a pas spécialement avoir avec l’amour du sport, mais bien avec les cours de la Bourse et les chiffres de bénéfices. Le sport ne concerne plus aujourd’hui la mesure du talent, l’effort, l’entraînement, la performance, le jeu d’équipe,… il est réduit à de pures considérations commerciales.

    Chaque sponsor veut que l’un de ses coureur remporte le Tour, mais il n’y a malheureusement place que pour une personne dans le maillot jaune. Mais le monde économique sait très bien que pour peu d’y mettre suffisamment d’argent, aucun but n’est impossible. En ce sens, les coureurs ne sont jamais qu’autant de numéros, de moyens, de robots ou encore de petits jouets, tout comme c’est le cas avec les employés dans une société. Le pression monte donc énormément pour réaliser une bonne prestation et mène à l’utilisation de moyens interdits ou au moins à la prise de risques inconsidérés. Entre le blanc et le noir se trouve une zone grise d’ampleur qui comprend beaucoup d’étapes. Et la science n’est malheureusement pas libre d’émettre un jugement véritablement indépendant au sujet de ce qui est nuisible ou pas au corps humain.

    L’exploitation de l’homme, de son travail et de son corps

    On est en train d’épuiser et de piller les ressources humaines et cela se voit aussi dans le sport de haut niveau. Mais ce qui arrive dans le sport, n’est en aucune manière un hasard. Ce n’est qu’un reflet de ce qui se passe dans le reste de la société. La société capitaliste est basée sur le profit à court terme, l’exploitation, la corruption et la fraude et elle englobe sous son contrôle par sa politique néo-libérale l’ensemble des aspects de la vie ; le sport ne fait pas exception.

    Pression, vous avez dit pression ?

    Le sport ne peut pas être détaché des développements sociaux. Le dopage ou les moyens visant à améliorer les prestations des individus ne sont pas présents uniquement dans le sport. Combien de personnes ne sont pas tombées sous l’emprise des somnifères, des anti-dépresseurs, des calmants,… pour poursuivre leur vie ? La charge de travail, le stress et la pression ont énormément augmenté ces dernières années et cela se remarque partout dans la société.

    Le nombre de personnes atteintes de problèmes mentaux, physiques et/ou émotionnels augmente lui aussi rapidement, de même que l’utilisation de drogues, de stimulants et de médicaments (où se trouve d’ailleurs la frontière ?). Au sein des entreprises, les drogues sont même consommées pour pouvoir tenir le rythme de travail. Parmi les étudiants, on alterne de plus en plus des boissons énergisantes comme RedBull avec des drogues dangereuses, tandis que pour laisser de côté les soucis quotidiens et trouver le sommeil, on fait sans cesse plus appel aux somnifères.

    Depuis notre plus jeune âge, nous sommes éduqués dans un système de prestation où de temps en temps les moyens utilisés pour atteindre les objectifs fixés sont détestables: l’influence (avoir le bras long), la force de persuasion (aussi bien le chantage que la corruption), la fraude (quel étudiant écrit encore lui-même son mémoire si l’on entend les histoires sur l’ancienne ministre du budget Freya Vandenbossche (SP.a) ou de Marie Rose Morel (parlementaire du Vlaams Belang) qui sont soupçonnées d’avoir payé quelqu’un pour faire ce travail à leur place ?).

    Il ne suffit pas uniquement de regarder les intérêts matériels directs pour analyser ce qui se déroule dans le sport de haut niveau, des phénomènes plus difficiles à cerner sont à regarder également de plus près, comme le prestige, la reconnaissance ou la satisfaction. Selon la moralité dominante, cela ne peut être obtenu que par des prestations clairement visibles et rentables. D’où la tendance à frapper fort quelque-part , à briller, à être le meilleur. Ceci explique aussi pourquoi le dopage est également utilisé dans le sport amateur. Il ne s’agit pas là d’obtenir une récompense matérielle, par ailleurs quasi-inexistante, mais surtout d’avoir une reconnaissance sociale à laquelle beaucoup d’individus aspirent.

    Dans le sport de haut niveau comme le Tour de France, les aspects matériels jouent naturellement aussi un grand rôle. La récompense du Tour est d’environ 450.000 euros, le licenciement de Rasmussen n’est donc pas une décision bon marché.

    Quel est le but du sport ?

    Aussi longtemps que les fins commerciales règneront dans le sport, on obtiendra les même effets que dans le reste de la société. Les socialistes luttent pour chaque garantie qui permet au sport de rester sous une forme saine, et de détente, aussi bien pour le sportif que pour le spectateur.

    Nous sommes donc partisans des différentes formes de lutte contre le dopage. Mais nous savons que cela ne pourra se faire dans le sport à la condition que l’homme se libère des lois économiques qui dictent aujourd’hui sa vie et son existence. C’est la seule lutte contre le dopage qui pourra être véritablement appliquée et efficace. A l’heure actuelle, presque rien ne peut être fait. Les investissements et contrats d’une valeur de plusieurs millions d’euros pour les éditions suivantes du Tour sont déjà fixés. Même si l’idée de faire une édition avec des coureurs amateurs serait appliquée, les intérêts commerciaux demeureraient encore centraux.

    Un monde socialiste peut libérer le sport de toutes les caractéristiques du capitalisme qui tiennent l’humanité sous sa poigne: l’animosité, l’égoïsme, l’hypocrisie, l’avidité, les mensonges et la tromperie. Sous le socialisme – où une progression énorme du temps libre est possible – de réelles conditions où chaque individu aura l’occasion et le temps de faire du sport, de découvrir ses talents et de se mesurer aux autres de façon saine peuvent être créées. Tout cela dans une ambiance de compétition amicale emplie du respect et de l’admiration de soi.

    Nous ne pouvons pas laisser l’énorme enthousiasme qui existe aujourd’hui pour les sports populaires comme le cyclisme et le football sombrer dans le cynisme et l’acceptation des excès actuels. Cela ouvre la porte pour des populistes de droite comme Dedecker en Flandre qui de temps en temps mettent en lumière un problème spécifique. Mais à un moment où les “affaires” pleuvent, ce n’est pas en soulevant simplement un coin du voile que l’on peut résoudre le problème, car le système en lui-même n’est pas remis en question.

    Un changement fondamental est nécessaire. Les socialistes pensent que le sport et la détente appartiennent aux masses et doivent être radicalement ôtées des mains du "big business".

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