Tag: Verhofstadt

  • Accord interprofessionnel. Elio et Freya dans le camp du patronat

    Accord interprofessionnel

    Pour la première fois en Belgique, un accord interprofessionnel a été rejeté par un syndicat, la FGTB. Le contenu de l’accord sera cependant appliqué car le gouvernement a décidé de l’imposer d’autorité.

    Guy Van Sinoy

    A l’annonce du rejet par la FGTB, la bourgeoisie a poussé des hurlements grotesques: «La FGTB saute à la gorge du patronat» (L’Écho, 8/2/05). La CSC et la CGSLB, qui avaient approuvé le projet, n’ont pas osé signer sans la FGTB et ont appelé le gouvernement à l’appliquer intégralement par voie d’autorité. Ce que le gouvernement s’est empressé de faire quelques jours plus tard.

    Un projet qu’il fallait zapper

    Le projet d’accord prévoyait: une norme de hausse salariale maximale de 4,5% [y compris l’in-dex (on prévoit 3,3%), les augmen-tations barémiques (0,5% l’an), la hausse tendancielle du salaire moyen due à la diminution d’emplois non qualifiés (0,5% l’an)]. Etant donné la hausse de productivité (de 1 à 1,5% l’an), une norme de 4,5% signifie une baisse réelle des salaires par unité produite.

    Le projet prévoyait aussi que la limite des heures supplémentaires passerait de 65 heures à 130 heures. Le gouvernement avait promis 250 millions d’euros de cadeaux au patronat pour faire passer plus facilement l’accord.

    Accepter un tel accord, c’était se mettre un carcan autour du cou avant de négocier les conventions collectives dans les secteurs. La manifestation syndicale du 21 décembre à Bruxelles (50.000 manifestants) a montré que les militants de base ne voulaient pas d’un tel carcan.

    Fracture communautaire ?

    La CSC a approuvé le projet à 74,8%, la CGSLB à 67%. La FGTB l’a rejeté à 52% (67% de non en Wallonie, 55% de non à Bruxelles, 52% de oui en Flandre). Immédiatement les médias ont parlé de « fracture communautaire » au sein de la FGTB. Quand il s’agit d’essayer de diviser les travailleurs, la presse au service de la bourgeoisie n’en rate pas une!

    Au comité national de la FGTB, les centrales détiennent 2/3 des mandats et les régionales 1/3. C’est donc le poids des centrales qui pèse le plus dans la balance, et en particulier celui des grosses centrales. Le SETCa a rejeté le projet à 98% et la CMB (métal) à la majorité des 2/3. La Centrale générale a voté pour, mais d’extrême justesse: à Anvers et à Gand l’accord a été rejeté. La CGSP a voté pour à 80%, le textile et le transport à 100%. La Centrale de l’Alimentation : 50% pour, 49% contre.

    A la CSC, la LBC (les employés en Flandre, la plus grosse centrale de la CSC), a voté contre, de même que la CNE (les employés du côté francophone). La CNE et la LBC couvrent notamment le secteur du non-marchand, actuellement en lutte. Les fédérations CSC de Liège, Verviers, Mons, Brabant wallon, Charleroi ont voté contre. Anvers a voté contre à 100%. Au Limbourg il y a eu une forte opposition.

    Qu’est-ce que ça change ?

    Si le gouvernement l’impose, cela revient-il au même que si l’accord avait été signé? Pas du tout. Il faut savoir que la norme de 4,5% n’est qu’indicative. Autrement dit, dans les conventions de secteurs il est légalement permis d’aller au-delà. Si l’accord avait été accepté par les syndicats la norme aurait aussi été indicative, mais dans la mesure où les syndicats l’auraient acceptée, elle devenait un engagement moral à respecter dans les conventions de secteur. Cette norme de 4,5% a donc beaucoup moins de poids, en particulier pour les centrales qui ont massivement voté contre.

    Elio et Freya dans le camp du patronat

    Personne ne doutait que la ministre de l’Emploi Freya Van den Bossche (SP.a), qui trouvait l’accord «fantastique», l’appliquerait d’autorité s’il était rejeté par les syndicats. Cela fait un bon bout de temps que les politiciens du SP.a (Vandenbroucke, Vande Lanotte, Luc Van den Bossche,…) s’en prennent ouvertement et cyniquement au monde du travail.

    Elio Di Rupo par contre, à force de gesticulations verbales, parvient encore à donner du PS l’image d’un parti de gauche moderne. Mais c’est au pied du mur qu’on voit le maçon ! A peine rentré de Porto Alegre où il était allé faire le guignol, Elio a donné le feu vert à Verhofstadt pour faire appliquer le contenu de l’accord.

    Le SP.a et le PS sont les meilleurs garants de la politique de la bourgeoisie. Ceux qui votent pour ces partis, en pensant que c’est un moindre mal, se mettent eux-mêmes la corde au cou. Les travailleurs ont besoin d’un nouveau parti. Le MAS entend participer à ce travail de reconstruction du mouvement ouvrier. Et, dans l’immédiat, le meilleur moyen de progresser dans cette voie est de nous rejoindre.

  • Le gouvernement sauvé par les directions syndicales

    Le fait que le gouvernement fédéral ait pu imposer l’accord interprofessionnel sans trop de résistance lui enlève une grosse écharde du pied. Mais à présent vient le lourd dossier de la problématique des fins de carrière, les négociations dans les secteurs et évidemment le non-marchand qui continue à agir et à mobiliser pour obtenir ses revendications.

    Bart Vandersteene

    Le gouvernement n’est pas vraiment en bonne santé. Dans tous les sondages, les partis gouvernementaux reculent. Un avenir stable et durable est loin de leur être assuré…Mais pas de soucis, c’est dans le besoin qu’on reconnaît ses amis : la direction syndicale a sorti le grand jeu pour faire passer l’accord interprofessionnel et a ainsi pu dépanner le gouvernement.

    Verhofstadt n’avait pas encore fini sa conférence de presse -où il annonçait que le gouvernement allait appliquer intégralement l’accord interprofessionnel- que le patronat, avec le soutien de quelques ministres, annonçait déjà ses nouvelles attaques.

    Vande Lanotte a présenté un nouveau plan en douze points pour “impulser une nouvelle dynamique à l’Etat-social actif”. Enseignement, formation des travailleurs et transports publics, tels sont les thèmes à l’agenda du gouvernement pour la période à venir. L’essentiel de ce plan, c’est la “modernisation de la législation du travail”, à travers de nouvelles règles sur le travail intérimaire et la résorption du “handicap salarial” avec les pays voisins. Les salaires doivent donc baisser, les travailleurs être encore plus flexibles et leur sécurité revue à la baisse.

    La Fédération des Constructeurs d’Automobiles en Belgique a annonçé que, si les salaires dans le secteur ne baissaient pas de 10 à 12%, l’emploi, après 2010, ne pourra pas être garanti. Et ce malgré les profits monstrueux dans ce secteur en 2004: 3,55 milliards d’euros pour Renault, 716 millions pour Volkswagen. Les patrons veulent faire croire aux travailleurs que rien ne va plus. Pourtant, les entreprises américaines font leurs plus gros profits depuis 75 ans, tandis que les entreprises européennes réalisent les plus beaux chiffres depuis 25 ans. Les patrons et le gouvernement, ministres sociaux-démocrates en tête, chantent et rechantent sans cesse les mêmes refrains. La sécurité sociale: trop chère ; les salaires: trop hauts. On doit tous travailler plus et plus longtemps, etc. Il partent de l’idée que si on répète un mensonge 1000 fois et qu’il n’y a personne pour le contredire, la population va finir par l’avaler.

    On a besoin d’une représentation syndicale qui brise ces mensonges à chaque fois qu’ils montrent leur tête. Une représentation syndicale qui ne fonctionne pas dans la logique néolibérale et qui défende de façon résolue les intérêts des travailleurs. Une nouvelle génération de jeunes, avec le soutien de syndicalistes combatifs, va devoir se battre pour cela. Utilisons la Marche des Jeunes pour l’Emploi comme un premier pas dans cette direction.

  • Rapport du comité lycéen de St Victor à Turnhout

    Dans plusieurs écoles secondaires du pays, des comités lycéens sont actifs dans la mobilisation pour la Marche des Jeunes pour l’Emploi. Voici l’expérience de Francesco Picqueur et Johan Vandenbrande, deux lycéens de St Victor à Turnhout, qui ont mis sur pied un comité pour la Marche des Jeunes. Ce comité tient régulièrement des réunions à l’école avec des discussions politiques (sur des sujets tels que «Bush est-il invincible?», «Quel est le rôle de l’enseignement?», «Comment combattre le racisme et le Vlaams Belang?»,…), mais également avec des discussions sur la mobilisation parmi les lycéens. Cela ne se déroule pas toujours avec l’approbation de la direction puisque la Police a parfois été envoyée contre des lycéens qui distribuent des tracts. Mais malgré cela, l’appel pour la Marche des Jeunes reçoit une bonne réaction aussi bien auprès des lycéens que des enseignants. Les deux lycéens expliquent pourquoi il est nécessaire de mobiliser pour le 19 mars:

    – « Les lycéens ont pleinement le droit de se battre pour leur avenir. Nous considérons cela même comme notre devoir, car nous allons à l’école pour trouver un emploi stable et de bonne qualité plus tard, au lieu de devoir accepter un job incertain et temporaire. »

    – « Il est regrettable qu’aujourd’hui, en Belgique, la majorité des étudiants diplômés ne trouve pas d’emploi convenable. Les conséquences de ceci sont clairement visibles: tout le monde connaît un diplômé qui est sans emploi et qui doit vivre avec une allocation de chômage scandaleusement basse. C’est pourquoi il est important que nous nous organisions pour la Marche des Jeunes pour l’emploi du 19 mars à Bruxelles contre le gouvernement et le patronat qui attaquent les acquis des travailleurs et la sécurité sociale. Nous n’avons toujours rien vu des emplois promis par Verhofstadt. Au contraire, le taux de chômage chez les jeunes ne fait qu’augmenter. »

    – « La Marche des jeunes est une bonne occasion de montrer au gouvernement que les jeunes lycéens sont également touchés par les problèmes sociaux dans notre pays! Nous voulons également montrer que nous sommes ouverts à une alternative socialiste démocratique et que, pour cela, nous voulons lutter. Nous voulons clairement faire savoir que nous nous opposons à toute forme de discrimination et qu’ensemble, avec le mouvement ouvrier, nous allons répondre à l’offensive du gouvernement et du patronat. Par des comités d’action locaux mis sur pied dans les écoles, nous pouvons et nous allons faire un succès de la Marche des Jeunes du 19 mars. »

  • Choisir l’emploi ET la santé. PAS LA SOIF DE PROFIT!

    Choisir l’emploi ET la santé

    La santé et l’emploi sont-ils incompatibles? L’emploi est-il seulement possible au détriment du sommeil des riverains? Si on croit la direction de DHL, les divers gouvernements et les médias, la réponse est trois fois oui.

    Santé et emploi: contradictoires?

    La direction, les politiciens et les médias parlent beaucoup de l’incompatibilité entre santé et emploi. Quand ils parlent de «santé» ils veulent dire «le sommeil des riverains», quand ils parlent de «l’emploi» ils veulent dire «le job des travailleurs de DHL». C’est une définition au sens étroit. La santé des travailleurs de DHL , travaillant dans des conditions précaires, privés eux aussi d’un sommeil réparateur et confrontés à un avenir incertain, tombe visiblement sous la catégorie «emploi». Mais beaucoup de riverains sont eux aussi des travailleurs. Ce sont eux qui, avec le consentement du gouvernement flamand, Biac et depuis le début des années 80 DHL (qui ne comptait alors que 20 travailleurs), ont été séduits par les offres d’agences immobilières qui leur ont proposé de s’établir là où le terrain était bon marché. Les riverains paient maintenant le prix: leur sommeil est perturbé et ils ne sentent sans doute pas bien pendant le reste de la journée – ça aussi c’est du travail. En bref : au lieu d’être contradictoires, santé et emploi sont inséparables, sans bonne santé pas de bon travail. Tout travailleur le sait.

    La vraie contradiction n’est pas entre l’emploi et la santé, mais entre l’emploi et la santé d’une part et la soif de profit d’autre part. DHL, dépendant de la Deutsche Post, un ancien service public, veut à tout prix devenir un concurrent mondial vis-à-vis d’UPS, Fedex et TNT. Voilà pourquoi DHL veut à tout prix réduire les coûts. C’est possible en faisant travailler le personnel de façon très flexible et en ayant recours massivement au travail intérimaire. En outre, en utilisant des avions bon marché, de seconde main, de gros volume et faisant beaucoup de bruit la nuit. Deutsche Post, de son côté, ne manque pas de moyens. L’an dernier ses profits ont atteint 2,975 milliards d’euros (120 milliards de FB). Pour les cinq dernières années, le profit de la Deutsche Post s’élève à 11,7 milliards d’euros (450 milliards de FB). En termes économiques, une telle politique se nomme pillage de l’homme, de l’environnement et de l’entreprise.

    Le gouvernement n’est pas innocent non plus!

    Toute la Flandre, en particulier les partis dits "linguistiques", se révoltent quand un avion de trop survole la périphérie Nord ou Est de Bruxelles. Le gouvernement a, pendant des années, mené une politique irresponsable d’aménagement du territoire. De nouveaux quartiers résidentiels ont été construits à deux pas de l’aéroport. Les bureaux et les agents immobiliers ont empoché les bénéfices, le gouvernement a encaissé les taxes, et les problèmes prévisibles ont été reportés à plus tard. Certains partis communautaires souhaiteraient que Bruxelles prenne en charge davantage de vols de nuit. En bref: les Bruxellois devraient subir plus de vols. Quelle explication les lèche-culs du patronat donneront-ils si jamais un avion s’écrase au beau milieu de Bruxelles? Verser des larmes de crocodile?

    Depuis des années, Verhofstadt et Vandelanotte ont mené une politique d’austérité et de privatisation. Ce qui est public est déclaré «inefficace», ce qui signifie pour eux «non-rentable». Le privé est pour eux «plus efficace», ce qui ne signifie pas «de meilleurs services», mais «plus rentable». Entre-temps, les désastres se succèdent. La Sabena a fait faillite, à La Poste et à la SNCB 20.000 emplois vont disparaître et 9.000 ont déjà disparu chez Belgacom. Les conditions de travail ont été systématiquement saccagées par les contrats temporaires, à temps partiel et intérimaires. La base légale pour permettre cela a été élaborée par tous les partis réunis.

    Existe-t-il alors une solution? Si on suit la logique de DHL, bientôt personne ne pourra plus dormir la nuit. Soit parce qu’on travaille la nuit pour DHL ou pour un sous-traitant avec un contrat précaire et un petit salaire, soit à cause des avions bruyants qui rasent les toits. Un gouvernement à la hauteur aurait immédiatement mis le couteau sous la gorge de DHL. DHL aura au moins besoin de quatre ans pour délocaliser. Entre-temps, DHL reste basé à Zaventem car c’est un endroit clé pour le marché le plus important: le Benelux, l’Allemagne et la France. Ni Vatry, et certainement pas Leipzig n’offrent d’alternative à Zaventem. Un gouvernement à la hauteur aurait menacé de nationaliser les infrastructures sans indemnités. Il aurait repris les infrastructures et le personnel de DHL et aurait transformé la société en société publique offrant des services. Dans le pire des cas il aurait proposé une collaboration avec un des concurrents de DHL sur base d’une convention collective conclue préalablement avec les syndicats, le personnel et, sur base des normes de bruit, avec tous les riverains.

    Une solution qui garantisse tant l’emploi que la santé est possible, mais pas si on continue à raisonner dans la logique du profit du système actuel. Les problèmes chez DHL ne sont que l’expression de la crise du capitalisme, de même que les problèmes du non-marchand, de la STIB (les transports en commun bruxellois), de la Poste, de la SNCB, d’Opel, de Cockerill, de VW et de tant d’autres. Soit on continue à lutter chacun dans son coin, soit on essaye de contraindre le patronat et le gouvernement à céder si on lutte tous ensemble, de manière intersecto-rielle, organisés dans des assemblées générales afin que chacun et chacune reste concerné.

    Pour faire un pas en avant, le MAS (Mouvement pour une Alter-native Socialiste) a pris l’initiative d’organiser, avec les organisations de jeunesse des syndicats, une Marche des Jeunes pour l’Emploi le 19 mars 2005.

    Afin de faire de cette Marche un succès le MAS lance un appel à la formation de comités locaux dans les quartiers, les lycées et les entreprises.

  • Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs…

    Nous sommes tous attaqués. Défendons-nous tous ensemble!

    Si nous ne défendons pas activement nos droits, les patrons et le gouvernement nous prendront tout. En Allemagne, les manifestations hebdomadaires contre les baisses d’allocations font trembler le gouvernement Schröder. Nous devons suivre cet exemple de résistance active! Seule la solidarité entre les chômeurs, couplée à une mobilisation de tout le monde du travail, nous permettra d’empêcher la mise en oeuvre des mesures du gouvernement. C’est pourquoi le Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS) propose d’organiser une première action de protestation dans plusieurs villes du pays le lundi 11 octobre. Vous en êtes?

    RASSEMBLEMENT:

    11 octobre, 19h, Place Saint-Paul, Liège


    Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs… NON A LA CHASSE AUX CHÔMEURS!

    Nombre de jeunes chômeurs ont déjà reçu la lettre. Ils seront convoqués par l’ONEm en octobre pour un contrôle. L’ONEm, qui agit pour le compte du gouvernement, va contrôler s’ils ont fait des efforts “suffisants” pour trouver un emploi. Sinon gare aux sanctions. Les contrôles des chômeurs les plus jeunes (moins de 30 ans) commencent déjà cette année-ci. L’année prochaine, ce sera le tour des 30 à 40 ans. L’année suivante, ce sera le tour des 40 à 50 ans et ensuite celui des chômeurs âgés de plus de 50 ans.

    Est-ce qu’on est pour autant assuré de garder son allocation si on parvient à exhiber un tas de lettres de sollicitation sous le nez des contrôleurs de l’ONEm? Le MAS pense qu’il ne faut pas tomber dans le panneau. L’ONEm n’est pas une institution qui accompagne les chômeurs, comme l’ORBEm ou le FOREm. C’est une institution qui contrôle et qui sanctionne. Les syndicats se sont toujours opposés dans le passé à un contrôle direct par l’ONEm. Ils craignaient à raison la mise en place d’une machine à suspendre.

    Les gouvernements et le patronat mènent partout en Europe des programmes d’austérité de grande ampleur. Nos acquis sociaux se réduisent comme une peau de chagrin. En Allemagne, on veut ramener après 1 an le montant de l’allocation de chômage à 345 euros majorés d’un maigre supplément pour le loyer. En Belgique, les patrons ont jeté sur la table toute une kyrielle de revendications pendant les vacances: semaine des 40 heures sans hausse de salaire, suppression de la prépension, plus de flexibilité, gel des salaires, … Comment les patrons peuvent-ils imaginer créer plus d’emplois en faisant travailler les salariés plus longtemps pour le même salaire?

    Le “contrôle des chômeurs” veut atteindre le même résultat que les mesures en Allemagne. Le gouvernement belge veut limiter dans le temps le droit aux allocations de chômage. En menaçant d’envoyer plus vite les gens au CPAS, ils veulent nous faire accepter n’importe quel boulot pour n’importe quel salaire. Les patrons et le gouvernement espèrent de cette manière faire pression sur les salaires et les conditions de travail actuels.

    Pour être “compétitif” avec les autres pays capitalistes, le gouvernement veut brader notre force de travail. Suivre cette logique désastreuse revient à plonger dans l’exclusion et la misère un nombre croissant de familles de salariés.

    “Suspendre 30.000 chômeurs d’ici 2007”…

    Vous aurez beau envoyer des lettres de sollicitation, l’ONEm ne tiendra compte que d’une chose: le quota de suspensions que le gouvernement a fixé à l’avance! Le gouvernement Verhofstadt et l’artisan du contrôle des chômeurs, Frank Vandenbroucke (SP.a), se sont évidemment bien gardé d’en piper mot “officiellement”. Le journal financier De Tijd a pourtant fait état de notes internes aux cabinets SP.a et PS selon lesquelles le gouvernement entendait suspendre 30.000 chômeurs d’ici 2007 (10/01/2004). Cela permettrait d’économiser 209 millions d’euros en 3 ans. Avant même que la première rangée ne soit “contrôlée”, le gouvernement sait déjà combien de chômeurs il veut radier!

    Le PS et le SP.a au gouvernement, les anciens partis ouvriers, ne défendent plus d’aucune manière que ce soit les intérêts des travailleurs et des jeunes. Ils appliquent la politique de régression sociale de la bourgeoisie en invoquant – comble de cynisme! – des arguments “sociaux” à l’appui de cette politique. Les directions syndicales ne se compromettent que trop souvent dans la régression “socialement” assistée. Elles s’abstiennent de mobiliser leur base lorsque plane la menace de licenciements collectifs et s’inscrivent dans la logique de la flexibilité.

    Les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer à cette mesure d’austérité antisociale qu’on nomme “contrôle des chômeurs”. La responsabilité du manque d’emplois et de la crise économique incombe au système lui-même et pas à ses victimes que sont les chômeurs. Le VDAB (l’équivalent flamand de l’ORBEm et du FOREm) a même dû reconnaître récemment qu’il y avait (officiellement) 6 demandeurs d’emploi pour chaque offre d’emploi. En août, il y en avait même 18 pour chaque emploi fixe et à temps plein – par opposition aux emplois temporaires ou à temps partiel. Si on additionne toutes les catégories de chômeurs que les gouvernements successifs ne prennent officiellement plus en compte pour enjoliver leurs statistiques, on arrive peut-être à 1 emploi à temps plein et à durée indéterminée pour 30 chômeurs! On comptait pas moins de 1.143.500 allocataires à charge de l’ONEm à la fin 2003 contre 71.000 en 1970! La crise est structurelle.

    La quête d’un emploi nous met en “concurrence” avec des dizaines, voire des centaines d’autres demandeurs. Dans une telle situation, nous ne pouvons pas accepter qu’on se mette à faire la chasse aux chômeurs! Il faut s’attaquer au chômage causé par le système de profit capitaliste. Pas aux chômeurs!

    Il faut s’attaquer au chômage, pas aux chômeurs…

    NON A LA CHASSE AUX CHÔMEURS!

    N’hésitez pas à prendre contact avec nous pour collaborer!

    Tél. 02/345.61.81 ou envoyez un e-mail à une section locale du Mouvement pour une Alternative Socialiste (MAS): liege@lsp-mas.be

  • Les réponses des grands partis ne tiennent pas la route

    Il n’y a pas beaucoup d’obserteurs qui font le rapport entre le score de l’extrême droite du 13 juin et les problèmes liés au travail. Cela fait pourtant 25 ans que la bourgeoisie est à l’offensive sur ce front.

    Peter Delsing

    1975-’81: travail et capital sont en équilibre

    En 1975, la crise atteint la Belgique. Le chômage double quasiment: de 96.933 à 174.484. Frappés de plein fouet par la crise pétrolière, les patrons exigent la suppression de l’index qui adapte les salaires à la hausse des prix. La puissance des syndicats y fera obstacle pendant des années. Les grands mouvements de grève du début des années 70 toute l’Europe s’était radicalisée dans la foulée de Mai 68 avaient mis sous pression les bénéfices des entreprises. De 1970 à 1975, les salaires réels ont crû de 44%, la productivité «seulement» de 31%.

    La crise de surproduction était pourtant déjà annoncée. La hausse des salaires des années 60 et du début des années 70 n’avait pas empêché les investissements de croître énormément.

    A tel point que, à cause de la répartition inégale des richesses entre les capitalistes et le reste de la population, la croissance du marché ne pouvait plus suivre celle de la capacité de production.

    Dans un premier temps, le gouvernement cherche la parade dans une politique keynésienne: stimuler la demande. De 1974 au début des années 80, près de 200.000 emplois sont créés dans la fonction publique. On emprunte sans compter pour financer des «programmes d’embauche» et subsidier les industries en crise. Toutes ces mesures n’ont pourtant pas fait baisser le chômage. Elles n’ont fait que limiter les dégâts.

    La bourgeoisie a mis les pouvoirs publics à contribution pour faire face à la crise, ce qui a donné lieu à des déficits budgétaires galopants, une charge de la dette écrasante et de fortes hausses de prix. Tandis que le gouvernement faisait fonctionner la planche à billets, la production cessait d’être rentable: la phase d’expansion généralisée était terminée. Dans les années 60, la croissance économique réelle était de 4,8% en moyenne. Dans les années 70, c’était 3,4%. Dans les années 80, ce n’était plus que 2% malgré la forte croissance de la dette publique. Dans les années 90, elle est passée sous la barre des 2%. Depuis la crise économique de 2001 aux Etats-Unis, les chiffres de la croissance pour l’économie belge sont encore plus faibles.

    1982: l’offensive néo- néolibérale libérale

    C’est le gouvernement Martens V qui a donné le coup d’envoi de la politique d’austérité drastique en 1982. Dès le mois de février, les dirigeants syndicaux pliaient le genou. Le président de la CSC, Jef Houthuys, avait alors permis au gouvernement de dévaluer le Franc belge de 8,5% afin de stimuler la croissance et les exportations. Le pouvoir d’achat des travailleurs a durement accusé le coup.

    Pour achever de les prendre à la gorge, on a effectué plusieurs sauts d’index. De 1981 à 1985, les salaires réels baisseront de 13% à 21% selon les catégories!

    Comment le gouvernement comptet- il résorber le chômage? L’idée de départ est qu’il faut rétablir les profits et la compétitivité des entreprises. Dans cette logique, il faut comprimer les coûts salariaux pour diminuer les frais d’embauche. A côté des attaques directes comme les sauts d’index, il y a eu le plan Maribel de 1981: les cotisations «patronales» à la sécurité sociale faisaient pour la première fois l’objet d’une réduction généralisée. C’est une atteinte au salaire indirect des travailleurs qui doit couvrir le chômage, la maladie et la vieillesse. La politique néo-libérale signifie aussi une percée de la flexibilité au milieu des années 80: on fait table rase des limitations au temps partiel et et au travail en équipes, du congé du dimanche, de la durée maximale du temps de travail,…D’autres mesures contre le chômage étaient les programmes de mise à l’emploi: stages des jeunes, Cadre Spécial Temporaire, Troisième Circuit de Travail, Agents Contractuels Subventionnés,… Il s’agit de statuts subsidiés totalement ou partiellement par les pouvoirs publics.

    L’introduction de différents systèmes de prépension devait aussi contenir le chômage. Tous ces statuts continuent pourtant de dépendre des allocations de chômage.Tous ces cadeaux au patronat n’ont pas fait reculer le chômage. Même pendant le bref regain de croissance de 1986-89, le chômage réel est resté au même niveau (phénomène de la «croissance sans emploi»). Ceci alors que le gouvernement falsifie les chiffres en recourant aux suspensions du droit aux allocations (près de 110.000 exclusions temporaires ou définitives entre 1983 et 1985) ou en évacuant des statistiques les chômeurs âgés, les stages d’attente, les prépensionnés, les chômeurs à temps partiel contre leur gré, les pausescarrières,…

    Plusieurs de ces catégories continuent pourtant de dépendre des allocations de l’ONEm.Si le chômage n’a pas reculé, ces mesures n’ont cependant pas été un coup d’épée dans l’eau pour tout le monde. Les bénéfices des entreprises sont passés de 20 milliards de FB en 1980 à 169 milliards en 1987 (en valeur de 1980).

    La chute du stalinisme (’89- ’92) et ses effets sur le mouvement ouvrier

    L’offensive néo-libérale a été entamée par des politiciens ouvertement de droite : Verhofstadt, Martens, Thatcher, Reagan, etc. Après la chute du stalinisme et l’offensive idéologique de la bourgeoisie en faveur du marché libre, les dirigeants de la socialdémocratie, eux, n’ont pas hésité non plus à saisir cette occasion pour mener une politique antisociale.Dans le cadre de la réalisation des normes du Traité de Maestricht (1993), visant à introduire l’euro, le gouvernement belge ébaucha le Plan Global, un programme d’austérité sévère. Ce plan officialise le lien entre l’emploi et la baisse des ‘charges patronales à la sécurité sociale’. Cette recette s’est déjà avérée inefficace dans les années quatre-vingt. Le Plan Global comprenait les plans d’entreprise qui lient partage du travail, flexibilité et allègement des charges patronales.

    Mais, même lors du boom des années 90, les dépenses de la Sécurité Sociale ont continué à grimper. Entretemps, le taux de chômage n’a pas baissé. La politique d’austérité mise en place dès le début des années 80, comprenant la baisse des salaires réels et des allocations sociales, n’a fait qu’appauvrir le pouvoir d’achat et aggraver la crise de surproduction. A quelle situation était-on confronté à la fin des années 90 ? 35 pc des salariés avaient un statut flexible (travail de nuit, du soir, du week-end, en équipe).

    En 1998, 17,8% des salariés travaillaient à temps partiel (contre 3% en 1973). Seuls la moitié des embauches à temps plein étaient à durée indéterminée. Les entreprises avec 10% d’intérimaires sont devenues la règle. Entre 1993 et 1997, 130 mille personnes, surtout des femmes, ont été virées du chômage. Après 2001, une année de crise, le nombre de sansemplois (de toutes sortes) était supérieur à un million, soit 25% de la population active. En 1970, il n’y avait encore que 71.000 personnes sans emploi, soit 1,9%. La crise du capitalisme est devenue structurelle.

    L’Etat social actif (1999): bosser pour son allocation

    Avec le gouvernement arc-en-ciel, la mise au travail forcée – sous peine de perdre leur allocation – des chômeurs de longue durée et des minimexés est devenue la norme (ce processus avait déjà été inauguré par les emplois-Smet et les ALE). Il s’agit ainsi de veiller à ce qu’ils soient « disponibles sur le marché du travail » et à ce qu‘ils acquièrent une « discipline de travail ».

    On veut insuffler l’idée que les individus doivent faire un effort d’adaptation pour décrocher un emploi. Selon les statistiques du VDAB (l’organe de placement en Flandre) publiées en 2003, il y a 6 chômeurs pour chaque offre d’emploi.Le sommet européen de Lisbonne (2000), qui voulait faire de l’Europe la zone la plus compétitive du monde capitaliste d’ici 2010, fournira une nouvelle occasion d’imposer aux chômeurs n’importe quel emploi-bidon. Le taux d’activité doit augmenter pour pouvoir financer à terme le coût du vieillissement et maîtriser les dépenses de la sécurité sociale. Le but est de démanteler le système des prépensions et de jeter les chômeurs en pâture à un marché du travail répondant aux normes américaines de flexibilité et de coût salarial. Les entreprises devraient ainsi être incitées à investir davantage dans l’emploi dès que l’économie manifestera des signes de reprise. Cette politique ne fera qu’élargir le fossé entre riches et pauvres, comme aux Etats-Unis.

  • L’extrême droite sort grand vainqueur. Qu’est-ce que c’est et comment la combattre?

    L’extrême droite sort grand vainqueur

    Depuis les élections du 13 juin, la presse se répand en analyses de la victoire de l’extrême droite. Comment expliquer ce phénomène ? D’où tire-t-elle son succès et comment pouvons-nous la combattre ? Le MAS a acquis une longue tradition de mobilisations contre l’extrême droite à travers ses campagnes jeunes (Blokbuster) et ses organisations étudiantes (Actief Linkse Studenten/Etudiants de Gauche actifs). Nous ne prétendons pas détenir la vérité. Cet article se propose de donner notre vision des raisons du succès de l’extrême droite et de la façon dont on peut la combattre.

    Eric Byl

    Le Vlaams Blok plonge ses racines dans la collaboration lors de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant plus de trente ans, il s’est attelé à construire une organisation de cadres, d’abord au sein du CVP jusqu’en 1954, ensuite au sein de la Volksunie jusqu’en 1970. Dès sa création en 1978, le parti disposait non seulement d’un cadre mais aussi de tout un réseau de connections. L’argent ne lui a jamais fait défaut. Il n’avait qu’à attendre que le contexte politique devienne favorable pour briser son isolement.

    Ce contexte existait depuis le début de la crise économique dans les années septante. A l’époque, le Blok devait toutefois compter avec des dirigeants syndicaux qui savaient encore organiser des actions collectives et avec des partis (le PSB et à partir de 1976 le PS et le SP) qui, s’ils collaboraient déjà avec le patronat, défendaient au moins en paroles les intérêts des travailleurs et plaidaient encore pour le socialisme.

    Du côté francophone, le FN – créé par Daniel Féret en 1985- s’il n’atteint pas le score du Vlaams Blok en Flandre, réussit quand même à doubler et tripler son score par apport aux régionales de 99.Et cela malgré le fait que le FN, contrairement au Blok, n’est pas présent sur le terrain et n’a pas un cadre organisé. Et également en dépit du fait que l’extrême droite est depuis de nombreuses années déchirée par des conflits de chapelles. Il ne faut pas sous-estimer les possibilités de croissance de l’extrême droite en wallonie. Le terreau est présent .

    Avant toute percée électorale, le Vlaams Blok a dû attendre la chute du Stalinisme dans le bloc de l’Est (1989-91). Depuis lors, tant le PS que le SP se sont soumis aux lois du marché libre et au néo-libéralisme. Des pans entiers du mouvement ouvrier se sont sentis exclus, non seulement par la société, mais aussi par tous les partis politiques, y compris le PS et le SP. C’était d’abord les chômeurs, puis les travailleurs intérimaires, ensuite ceux qui travaillent encore dans l’industrie et ils sont de plus en plus nombreux ceux qui ont jadis connu la sécurité d’emploi et qui souffrent aujourd’hui de mauvaises conditions de travail ou qui craignent pour leur emploi (La Poste et la SNCB).

    C’est la combinaison de la crise économique et de la politique antisociale, ainsi que le refus des dirigeants syndicaux de mobiliser et l’obstination du PS et du SP.a à exécuter loyalement la politique d’austérité, qui est à la base du succès de l’extrême droite.

    Le Flamand, un petit blanc apeuré ?

    Certains vont expliquer le résultat électoral du Blok par la psychologie des Flamands. "J’ai honte", "1 Flamand sur 4 est un blokker", etc… Nous comprenons évidemment ce type de réaction, mais elle est inadéquate. Nous n’avons pas plus à avoir honte qu’à être fiers d’être Flamands, Wallons, Bruxellois, immigrés ou quoi que ce soit d’autre. Si nous devons avoir honte de quelque chose, c’est de la politique antisociale, de l’exclusion, de la pauvreté et du chômage. Stigmatiser les victimes de cette politique ne nous avancera à rien, qu’il s’agisse d’immigrés ou qu’il s’agisse de Flamands.

    "C’est un dimanche noir de noir. Tous les Flamands devraient avoir honte", assène Etienne Vermeersch, professeur de philosophie morale à l’Université de Gand (RUG), qui était le philosophe-maison du SP.a dans un passé récent. De quelle autorité Vermeersch se prévaut-il pour parler ainsi? Qu’a-t-il fait pour stopper le Blok? Nous ne l’avons jamais vu à nos côtés lorsque nous menions l’action contre des débats avec le Vlaams Blok ou contre la présence de Roeland Raes, un idéologue révisionniste du Blok, au Conseil d’Administration de la RUG.

    Mais la Flandre n’est-elle pas une des régions les plus riches? Yves Desmet du quotidien De Morgen incrimine ce que l’économiste américain Galbraith nomme "le chauvinisme du bien-être"; plus les gens possèdent, plus il craignent de le perdre. En bref: pour Desmet, la Flandre va bien et si on vote quand-même pour le Blok, c’est que les Flamands sont des écureuils apeurés qui craignent de devoir céder une parcelle de leur bien-être. Si au lieu de parler pour lui-même, Desmet avait essayé de percevoir la signification sociétale de la formule de Galbraith, il aurait peut-être réalisé que le pays le plus riche au monde, les Etats-Unis, est en même temps le pays où le fossé entre riches et pauvres est le plus grand. Desmet aurait alors peut-être vu que le fossé entre riches et pauvres s’est aussi élargi en Europe et en Belgique. Qu’il y a donc des gens qui votent Vlaams Blok parce qu’ils se sentent exclus et d’autres qui votent Vlaams Blok parce qu’ils veulent protéger leurs biens contre ceux qui sont exclus.

    Walter Pauli du Morgen écrit que ça illustre la faillite de la lutte contre l’extrême droite. "On a tout essayé", dit-il, "seule une voie demeure inexplorée". Il se garde bien de l’écrire, mais la voie dont il parle est bien évidemment celle de prendre le Blok dans une coalition et de le brûler au pouvoir. Mais a-t-on vraiment tout essayé? Aucun parti traditionnel ne remet en cause la politique d’austérité néo-libérale qui lèse tant les travailleurs et leurs familles. Blokbuster, la campagne antifasciste du MAS, a toujours dû tout faire soi-même, a été mis sur le même pied que le Blok lui-même par les politiciens traditionnels, mais contrairement à ce dernier n’a pas reçu des millions d’argent public. Essayé? Nous l’avons fait, pas Pauli ni "le monde politique". Pauli conclut: "le droit de vote pour les immigrés était une erreur et il faut aussi rediscuter du cordon sanitaire".

    Tout est socio-économique dans la crise

    Nombre d’analyses pointent du doigt les bévues des excellences libérales pour expliquer le succès du Vlaams Blok. Les bévues libérales ont sans aucun doute joué un rôle important dans la défaite du VLD et du MR. Cette explication est pourtant insuffisante. Le cartel SP.a-Spirit était un modèle d’unité et a quand même perdu près de 4% par rapport à 2003. De plus, le rififi au VLD et au MR ne tombait pas du ciel. Les milieux patronaux voulaient que le gouvernement fasse avaler une politique d’austérité encore plus drastique à la population. Les libéraux devaient coûte que coûte afficher leur détermination. Ils ont pourtant été doublés sur leur droite par les ministres SP.a. Dans cette situation, des pontes libéraux ont essayé de marquer des points à titre individuel en sautant sur le dossier de l’heure sans se soucier des conséquences. Le cas d’Alain Destexhe est assez exemplatif à cet égard.

    Le débat sur le droit de vote des immigrés non-européens a été le principal facteur de dissensions chez les libéraux. Toutefois, là où le MR a su maintenir une unité de façade sous la férule de Louis Michel, le VLD s’est déchiré au grand jour. Si le SP.a a été le seul parti flamand à voter pour, il n’a pas su donner la réplique aux opposants. Il n’a pas su démasquer la politique de diviser pour régner du patronat ni replacer la nécessité des droits égaux entre Belges et immigrés dans le cadre de la lutte commune pour leurs droits. Résultat: les opposants au droit de vote ont monopolisé le débat. C’est trop facile de dire aujourd’hui que le droit de vote aux immigrés était une erreur. La seule erreur qui a été commise dans ce dossier, c’est le mutisme des partisans du droit de vote.

    Il ne fait pas de doute que l’élargissement de l’Europe ira de pair avec une régression au niveau des conditions de vie et de travail. Si le patronat en retirera de plantureux bénéfices, les travailleurs et leurs familles payeront la note. L’"unification européenne" n’a pourtant pas d’autre but. Le commissaire européen Bolkestein fait déjà circuler une proposition de libéralisation des services. Si sa directive passe, des Polonais et des Tchèques travailleront bientôt ici, non pas à un salaire belge, mais à un salaire d’Europe de l’est. Les patrons saisiront l’occasion pour exiger des travailleurs belges de nouvelles concessions en termes de salaires et de conditions de travail. Le PS et le SP.a auraient dû plaider pour la nécessité d’une lutte unifiée des Belges et des immigrés contre le projet européen antisocial. Quiconque divise les travailleurs belges et immigrés en leur refusant l’égalité des droits ne fait que jouer le jeu du patronat européen. Si le SP.a a préféré se taire, c’est parce qu’il est d’accord avec Bolkestein sur le fond même s’il aurait sans doute souhaité plus de doigté dans la forme.

    La faute de la presse?

    Les partis traditionnels ont tout fait pour imposer le silence à leurs concurrents. Du côté francophone, il s’en est fallu de peu que tous les petits partis voient leurs listes invalidées pour le scrutin européen. Ils n’ont finalement pas osé aller jusque là, c’eût sans doute été trop flagrant. Nous avons dû faire une croix sur les médias, qu’ils soient publics ou commerciaux. Qu’on ne vienne plus nous dire que la presse commerciale serait "moins partisane" que les médias publics. Le MAS a dû faire des pieds et des mains pour avoir droit à deux courtes tribunes sur les ondes de la RTBF, l’une en radio, l’autre en télévision à une heure tardive. Plutôt que de permettre à des partis comme le MAS ou le PTB+ de s’exprimer, les médias francophones ont préféré se livrer à une campagne tapageuse contre l’extrême droite. Celle-ci a pu ainsi apparaître comme la seule alternative crédible. Les médias ont sans aucun doute une lourde responsabilité dans le succès du FN comme du Vlaams Blok.

    La question nationale

    A l’exception de Groen!, tous les partis flamands plaident pour des baisses d’impôt… afin de stimuler l’économie et de lutter contre le chômage. Seul Groen! défend l’idée que ces impôts sont nécessaires pour financer les soins de santé et les services à la collectivité. Rares pourtant sont ceux qui croient encore les Verts après leur participation à Verhofstadt I et la kyrielle de taxes écologiques qui s’en sont suivies. Les Verts sont perçus comme des partis qui veulent responsabiliser les petites gens en les accablant de taxes tout en épargnant les gros pollueurs industriels qui tirent à chaque fois leur épingle du jeu.

    De tous les partis flamands, seul le Vlaams Blok a fait ses comptes. Il veut en finir avec les milliards de transfert nord-sud, 10 milliards d’euros paraît-il, et utiliser cet argent pour une politique "sociale" flamande. Les partis traditionnels ont beau promettre des baisses d’impôt, ils ne disent pas où ils vont aller chercher l’argent. Tout au plus se contentent-ils d’assurer qu’il y a assez d’argent en caisse. Mais si c’est vrai, comment se fait-il qu’il y ait de si longues files d’attente dans les institutions de soin, les logements sociaux et que les bâtiments scolaires tombent en ruine?

    Rares sont ceux qui sont dupes des promesses de Verhofstadt et du Ministre-Président flamand sortant Bart Somers. La grande majorité des Flamands craignent la hausse du chômage et de la pauvreté. Ils sont évidemment pour un certain degré de solidarité, mais, du fait que le Blok accuse la Wallonie d’en abuser et que les autres partis flamands se taisent là-dessus, voire abondent dans le même sens, nombre d’entre eux deviennent réceptifs à l’idée que les Flamands doivent d’abord penser à eux-mêmes.

    Il est pourtant facile de répondre à l’argument du Vlaams Blok que chaque ménage flamand transfère une petite voiture familiale (400.000 fr) par an à la Wallonie. La Wallonie a été pendant des décennies le creuset de toute la richesse en Belgique. L’industrie lourde n’en a pas moins exigé un lourd tribut avec beaucoup plus de maladies professionnelles qu’en Flandre. La crise de l’industrie lourde a durement frappé la région qui connaît des taux de pauvreté et de chômage qu’on a peine à imaginer en Flandre. Le Blok utilise les travailleurs wallons et leurs familles comme des boucs-émissaires. Il ne dit pas un mot sur la voiture de luxe que chaque famille belge paye par an aux patrons. Ceux-ci empochent chaque année 25 milliards d’euros de bénéfices, bien plus que les 10 milliards de transfert. Le Blok tait aussi les 15 milliards d’intérêts que nous payons chaque année en remboursement de la dette publique, laquelle n’est que la conséquence des cadeaux plantureux qui ont été faits aux patrons sous forme de baisses de charges et d’impôts. Enfin, le Blok ne dit rien des 20 milliards de fraude fiscale qui minent notre économie année après année. On cherchera en vain dans le programme du Vlaams Blok le rétablissement des pouvoirs de police judiciaire de l’Inspection spéciale des Impôts.

    La question flamande a sans aucun doute joué un rôle important dans la construction du Blok. Tous les sondages démontrent pourtant que ça ne joue pas un rôle significatif dans son succès électoral actuel. Cela se reflète d’ailleurs dans la rhétorique du Blok. Le slogan "que la Belgique crève" a été mis en sourdine, il n’y a plus qu’au CD&V qu’on parle encore d’un big bang communautaire. Le Blok mesure ses propos:

    S’il n’y a pas de réponse collective à la crise, le bras de fer sur la clé de répartition des déficits reprendra de plus belle. Dans ce cas, les contradictions nationales éclateront de nouveau.

    Rompre le cordon sanitaire?

    Maintenant que le Blok est devenu le deuxième parti flamand faute de réponse collective à la crise et à cause de la politique d’austérité néo-libérale, des voix se font entendre, non pas pour remettre en cause cette politique, mais bien pour "brûler" le Blok dans une participation gouvernementale. On espère ainsi obtenir le même résultat qu’avec le FPÖ de Haider en Autriche. Lors des dernières élections, le FPÖ y est passé de 23% à 6%.

    Le Blok se verrait bien au gouvernement flamand. Il est même prêt à soutenir depuis les bancs de l’opposition un gouvernement minoritaire du CD&V-NV-A, éventuellement flanqué du VLD. Le MAS considère le Blok comme un parti néo-fasciste. Néo parce que les conditions sociales d’aujourd’hui sont totalement différentes de celles des années trente, fasciste parce que la direction et les cadres du Blok n’ont pas renoncé à briser les organisations du mouvement ouvrier en mobilisant contre lui les groupes moyens de la société et les éléments déclassés de la classe ouvrière, c’est-à-dire des travailleurs que le chômage et la misère ont rendus étrangers à leur propre classe.

    Le Blok sera obligé de faire des concessions sous la pression de sa base électorale et de carriéristes qui estiment qu’il est temps de rompre avec le passé. Enfin, les voix pour le Blok ne sont pas un vote de soutien à son programme fasciste, mais principalement un vote de protestation. La nature d’un parti, y compris celle du Blok, peut changer. Il semble que la condamnation en justice du parti ait donné à sa direction l’occasion de donner au Blok un visage plus acceptable en le profilant comme un "parti conservateur de droite". Même dans ce cas, le Blok continuera d’abriter en son sein toutes sortes de néo-fascistes.

    Quoi qu’il en soit, la Belgique n’est pas l’Autriche et le Vlaams Blok n’est pas le FPÖ. Les partis traditionnels réalisent qu’ils doivent faire quelque chose, mais personne n’est prêt pour le moment à signer un contrat de mariage avec le Blok. Un meurtre, un grave fait de drogue, un membre en vue qui bat sa femme publiquement et devant ses enfants, il s’en sera passé des choses en pleine campagne électorale. Une candidate d’ouverture, débauchée à la NV-A, qui reconnaît ouvertement être à la tête d’un bureau d’escorte, un joli nom pour une agence de prostituées de luxe, ce n’est pas le genre de choses sur lesquelles les partis traditionnels peuvent fermer les yeux pour entrer dans une coalition. Les points de vue du Blok sur la Belgique et la Maison royale ne trouveront guère plus de succès auprès de l’establishment. De plus, il n’est pas du tout certain que le Blok prendra le même chemin que le FPÖ en cas de participation gouvernementale.

    Il en faudra donc plus avant que l’establishment n’accueille le Vlaams Blok dans ses rangs. Tant que la bourgeoisie et ses laquais politiques auront la politique néo-libérale pour seule réponse à la crise et tant que les syndicats refuseront de mobiliser massivement les travailleurs, l’extrême droite se remettra toujours de défaites temporaires comme celle du FPÖ. La bourgeoisie sera placée tôt ou tard devant un dilemme: ou bien rompre le cordon sanitaire, ou bien abandonner la politique d’austérité. Si c’est ça le choix, alors les jours du cordon sanitaire sont comptés. Il y aura peut-être des coalitions locales avec le Blok après les élections communales de 2006. Il n’y a qu’une seule réponse sensée au Blok, c’est la création d’une véritable alternative de gauche qui joue résolument la carte de la lutte collective pour changer la société.

  • La politique néo-libérale repose sur du sable

    Elections du 13 juin

    Les élections ont signifié en Flandre une victoire pour la droite et surtout pour l’extrême droite, mais cette dernière gagne également du terrain à Bruxelles et en Wallonie. Ce sont de tristes nouvelles pour tous les gens de gauche qui voient les choses en termes de solidarité, d’égalité et de bien commun. La radicalisation de la droite a triomphé – notre peuple d’abord, nos entreprises surtout, moi d’abord, le reste après. Normalement cela devrait être une excellente nouvelle pour le patronat. La victoire de la droite lui laisse pourtant un arrière-goût amer. Le pays devient comme ingouvernable alors que le patronat désire actuellement un fort plan d’austérité.

    La coalition violette a néanmoins fait un bon calcul. En 2003 tous les partis de la coalition actuelle avaient gagné les élections fédérales avec brio. Le « renouveau », l’attention pour l’emballage, la mise en avant de ce qui en terme moderne est appelé « la perception » avait porté ses fruits. Les bureaux de communication faisaient merveille. Entre-temps, les partenaires de la coalition violette avaient plus que mouillé les verts dans le bain de la participation gouvernementale; ils les avaient presque noyés. Agalev disparaissait du parlement fédéral, Ecolo perdait plus de la moitié de ses élus. La coalition violette estimait avoir fait du bon boulot. Apporter un message positif diminue la pression sur les aspects négatifs, c’est le mode d’emploi de la coalition violette. La politique des gouvernements Verhofstadt I et II peut se résumer à ces quelques points: une politique néo-libérale de privatisations, de poursuite de la flexibilité, de baisse d’impôts pour le patronat. Cette politique a été atténuée par les revenus de la vente des biens collectifs comme les bâtiments et les entreprises publiques. Le Ministre du budget Vande Lanotte a encore pu, année après année, équilibrer les budgets par le bradage ahurissant des biens collectifs. Verhofstadt mène, a un rythme plus modéré, essentiellement la même politique que Balkenende aux Pays-Bas, Raffarin en France et les sociaux-démocrates Blair et Schröder en Grande-Bretagne et en Allemagne

    La pression du patronat pour la poursuite d’une politique libérale encore plus dure a cependant eu des effets. Il s’est avéré qu’en dépit de toutes les affirmations les impôts ne diminuaient pas sous Verhofstadt; la fameuse amnistie fiscale n’a été qu’un coup d’épée dans l’eau, la communauté internationale a rappelé la Belgique à l’ordre pour sa politique de mesures uniques destinées à maintenir la croissance. L’augmentation du nombre de chômeurs de 35.000 unités, soit 7.1 %, depuis mai 2003 constitue un douloureux écho à la promesse de Verhofstadt de créer 200.000 emplois. Pour redresser la situation, la coalition avait organisé les supers-conseils des ministres (les conclaves). Il en a résulté de nombreux cadeaux fiscaux pour le patronat mais également plus de contrôle des chômeurs, le FOREm et l’ORBEm devenant de véritables machine à suspendre du fait qu’ils sont désormais associés à ces contrôles. En outre, Frank Vandenbroucke a permis le retour de la journée des 10 heures en accord avec le secteur de la construction. Cela peut nous donner un avant-goût de ce qui nous attend après le 13 juin.

    La « perception » peut créer un sentiment illusoire de satisfaction pendant un certain temps, mais on finit tôt ou tard par être rattrapé par la réalité. La politique traditionnelle fustige le négativisme (dénonciation que « rien ne va » dans la société), l’anti-politisme sur lequel le Vlaams Blok construit son fond de commerce. Le Blok ne pourrait pourtant pas se repaître de ce négativisme sans que ce sentiment ne trouve une base matérielle quelque part. Celle-ci n’est pas difficile à trouver : il suffit de constater l’augmentation du chômage et de la pauvreté, l’augmentation de la durée du travail, l’allongement des listes d’attentes pour des logements sociaux et des institutions de santé, la flexibilité croissante du marché du travail, l’état des bâtiments scolaires, les licenciements à La Poste et à la SNCB pour préparer l’ouverture à la concurrence, etc…

    Contrairement à ce que certains espèrent et/ou affirment, la population n’est pas bête. Elle sait que les mesures prises seront drastiques pour ses conditions de travail et pour son niveau de vie. Elle sait également que ni les patrons ni les politiciens ne feront les frais de cette politique. Dans une telle situation il n’y a pas 36.000 solutions. La lutte collective devrait offrir une issue, mais avec le sommet de la FGTB qui, en la personne de Mia de Vits, s’est littéralement conduit en vassal du pouvoir gouvernemental, il semblait ne pas y avoir de solutions. S’en remettre au SP.a/Spirit pour empêcher une nouvelle détérioration n’était pas plus réaliste: les ministres SP.a sont les meilleurs gestionnaires que le patronat puisse imaginer. En Wallonie et à Bruxelles, le PS l’a emporté malgré sa participation gouvernementale et bien qu’il ne fasse qu’un avec la politique néo-libérale. Comme le PS se présente comme le seul frein aux mesures brutales d’austérité dans le gouvernement, il a pu être le seul parti de la coalition à enregistrer une forte avancée.

    Groen!. C’est avec une copie de la campagne de Tobback « le SP est nécessaire » qu’il a pu se rétablir spectaculairement de sa défaite de 2003. Vera Dua et Cie sont assez réalistes pour ne pas rempiler au gouvernement. Ce n’est pas le cas d’ECOLO qui souhaite une pariticipation malgré leur défaite des législatives en 2003 et malgré qu’ils n’aient pas su rétablir leurs position autant qu’ils le voulaient (ils perdent 11 sièges au parlement wallon et 7 sièges au parlement bruxellois). Une fois que l’on a gôuté au pouvoir, il est difficile de s’en passer! Si ils participent effectivement au gouvernement régional, ils auront fort à faire pour défendre leur positions dans des formations où ils auront le moins bon rapport de force. Groen! se rend compte qu’il lui serait fatal de participer à un gouvernement qui sera de toute façon fortement instable. Imagine-t-on pour autant que Groen! va organiser la résistance contre le pillage néo-libéral ? Groen! est contraint de rester dans l’opposition. Son plus grand concurrent, le SP.a/Spirit, est en position difficile. Groen! espère ainsi se refaire une santé avant de tenter à nouveau une participation gouvernementale.

    En bref : la résistance collective semble en rade. Dans ces circonstances, beaucoup de gens se tournent – dans l’espoir de ne pas devenir une victime – vers de fortes figures qui tirent profit de l’offensive antisociale. Dewinter et le Vlaams Blok s’en sont fait une spécialité. Dehaene également, avec sa mine bourrue et son profil de bûcheur acharné. Si Le cartel CD&V-NV-A devient bel et bien la plus grande formation, il doit avoir le triomphe modeste. En 1999, le CVP récoltait seul 30 sièges, la Volksunie 12. Aujourd’hui le cartel doit se satisfaire de 35 sièges, dont 6 sièges pour le partenaire NV-A. Pour former une majorité, il faut 63 sièges. Seule une coalition CD&V-NV-A Vlaams Blok permettrait d’avoir une majorité avec deux formations. Le Blok devrait cependant faire beaucoup de concessions pour que le sommet du CD&V et surtout Yves Leterme, son président, se résolvent à rompre le cordon sanitaire. Vu que Groen! a fait le choix de l’opposition – à moins que, mis sous la pression, il ne retourne sa veste – il ne reste comme option qu’une tripartite classique.

    Di Rupo a toute latitude de choisir entre le MR et le CDH. En guise de clin d’oeil vers le MOC (Mouvement Ouvrier Chrétien), de toute manière moins lié avec le CDH qu’en Flandre, une coalition rouge-romaine serait peut-être la meilleure option pour lui. Quoi qu’il en soit, le cartel CD&V-NVA est dans une position difficile pour manœuvrer dans les négociations communautaires comme la régionalisation d’une partie de la sécurité sociale et la scission de l’arrondissement de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Un PS puissant va se positionner comme leader de la Communauté française. Il va argumenter que le gouvernement flamand veut imposer à la Communauté française une politique d’austérité antisociale. Si le PS est déjà d’accord avec une nouvelle réforme de l’état, il en exigera le prix fort dans les négociations. Avec de l’autre côté de la table une tripartite qui a comme seule opposition le Vlaams Blok et la petite fraction Groen!, Di Rupo sait que le gouvernement flamand ne dispose pas d’une assise solide. De plus, le patronat n’a pas non plus intérêt à voir s’installer une crise communautaire de longue durée.

    Quel que soit le gouvernement qui émergera, les résultats électoraux n’offrent pas de base stable à la bourgeoisie pour prendre les mesures d’austérité qu’elle aurait souhaitées. Sa seule consolation est qu’il n’y a pas un seul parti dans le(s) parlement(s) qui soit prêt à défendre les intérêts des travailleurs et de leurs familles. Le contrôle de la base par les appareils syndicaux n’est pourtant pas total. Et cela se voit encore plus dans les faibles résultats de Mia De Vits pour le SP.a aux élections européennes. Si les travailleurs descendent massivement dans la rue, ils pourront contrarier temporairement l’offensive néo-libérale. Cependant, tant que nous n’aurons pas de nouveau un grand parti des travailleurs, l’offensive de la bourgeoisie repartira de plus belle

  • 13 juin: VOTONS CONTRE LA RÉGRESSION SOCIALE

    5 juin : Manifestons contre l’Europe des patrons!

    LE 5 JUIN, la Confédération européenne des Syndicats (à laquelle sont affiliées la FGTB et la CSC) manifestera contre le projet de directive de Bolkestein. Cette directive permettrait, si elle devait être adoptée, d’appliquer les bas salaires et les mauvaises conditions de travail existant dans les 10 nouveaux pays qui viennent d’adhérer à l’Europe des 25 à tous les états-membres. Sous le slogan « Notre Europe – l’Europe c’est nous! », la CES veut envoyer un message au parlement européen qui sera élu le 13 juin. La FGTB et la CSC appellent le gouvernement belge à rejeter le projet au Conseil des ministres européens.

    Anja Deschoemacker

    Le MAS appelle à participer à cette manifestation. Si la directive Bolkestein passe, un maçon polonais ou une nettoyeuse slovène pourront travailler légalement en Belgique à des conditions plus mauvaises que leurs collègues belges. Les entreprises de service pourront employer des travailleurs étrangers aux salaires et aux conditions de travail de leur pays d’origine.

    Tous les services publics, y compris les soins de santé, vont être encore plus détricotés. La directive considère toute subvention publique comme une «distorsion de concurrence». Il faut bloquer cette directive! On n’y arrivera qu’en faisant pression le plus massivement possible et en montrant notre détermination. C’est ainsi que la résistance internationale des dockers a pu porter un coup d’arrêt à la libéralisation des services portuaires. La directive Bolkestein réduirait la victoire des dockers à néant.

    Bolkestein partage le même credo que Verhofstadt: tant que le marché est «libre», tout ira bien. Et Frank Vandenbroucke ne pense pas autrement lorsqu’il dit qu’il faut assouplir la réglementation du travail car elle est un frein à l’embauche. Cela fait déjà des décennies que la social-démocratie, les chrétiens-démocrates et les libéraux écornent ces acquis. Le résultat est là: la hausse de la pauvreté et du chômage va de pair avec la réduction des droits des travailleurs. Jamais le fossé entre riches et pauvres n’avait été aussi grand dans notre pays.

    Nombre de travailleurs voteront sans doute le 13 juin pour le PS en espérant ainsi «limiter les dégâts» et donner moins de poids à la droite. Mais dans les faits tous les grands partis sont d’accord de mener après les élections une offensive générale contre les services publics (privatisation de la SNCB et de La Poste), contre la sécurité sociale (dans les allocations de chômage, les pensions et les soins de santé) et contre la réglementation du travail (à cet égard, le nouvel accord dans le secteur de la construction, qui réintroduit la journée des 10 heures, doit servir de précédent). Et dans cette perspective d’offensive contre les travailleurs, plus le score électoral du PS sera élevé, plus il aura de poids pour museler la FGTB.

    Manifestons avec le secteur non-marchand le 3 juin! Manifestons avec la CES le 5 juin! soutenons les grèves spontanées à La Poste contre Géoroute! Construisons un nouvel instrument pour donner un prolongement politique à ces luttes!

    Ce nouveau parti des travailleurs ne tombera pas du ciel. Manifestons, résistons, mais ne sous-estimons pas l’importance de construire un instrument politique qui défende un programme de lutte, de solidarité et de socialisme. Votez pour la liste du MAS! Rejoignez-nous!

  • Elections Sociales. Ce que les chiffres ne disent pas

    LES RESULTATS provisoires, sur base de 83% des résultats, annoncent une légère avancée pour la CSC et la CGSLB aux dépens de la FGTB. Les résultats complets ne seront publiés qu’à la fin septembre. La FGTB espère encore pouvoir améliorer un peu son score puisque un nombre de résultats de grandes entreprises comme Caterpillar, Carrefour, Match et Lidl ne sont pas encore connus.

    Eric Byl

    Finalement les rapports de forces entre les syndicats n’ont pas changé. Ce n’est pas étonnant. Il fallait être un fin connaisseur pour découvrir les différences entre «10 mesures sur lesquelles nous signons à deux mains» (FGTB) et «Le Programme de 10 points» (CSC). Les instances officielles ont suivi leur tactique traditionnelle: dépolitiser les élections par des slogans sans contenu et ne pas se lier les mains par des revendications concrètes qui pourraient être comprises par la base comme un feu vert pour passer à l’action. Pour la FGTB le slogan était «Notre force, c’est vous!», celui de la CSC était «Notre boulot: défendre le vôtre». Les deux slogans expriment vers où les directions syndicales entendent aller: transformer les syndicats en entreprises purement de services.

    Pour trouver un contenu concret à la campagne, il fallait se contenter d’un nombre restreint de délégations syndicales. La délégation CGSP à la VUB a diffusé une édition spéciale «Elections sociales» de son bulletin d’information. On y trouve un cahier de revendications concrètes et une argumentation élaborée. Résultat: le score massif de 2000 (63,2%) progresse de 1,5% (64,7%). Malheureusement cet exemple de la VUB est une exception. Pas mal de syndicalistes combatifs ont été placés en milieu de liste sans consulter la base, et il n’y avait presque pas de propositions concrètes. L’ère où la FGTB défendait la lutte et la CSC la concertation fait partie du passé. Surtout depuis la formation des gouvernements Verhofstadt I et II la FGTB s’est profilée en partenaire loyal du gouvernement.

    Les militant syndicaux combatifs récoltent en général plus de voix que leurs camarades qui se limitent au syndicalisme de services. Mais ils ne sont que très exceptionnellement capables de casser la tendance nationale et de compenser au niveau de l’entreprise le déficit de combativité des structures nationales, notamment parce qu’il n’y pas de gauche syndicale organisée. Le sommet syndical argumentera que son image ne peut être tellement mauvaise, puisque pas moins de 80% des électeurs potentiels – bien plus qu’en 2000 – ont voté. Il se réjouira sans doute du fait que le nom-bre de syndiqués progresse et que la composition des listes a été plus facile que jamais. La CSC avait plus de 63.000 candidats, la FGTB plus de 50.000 et le nombre de candidats de la CGSLB a fortement augmenté.

    Selon le MAS cela ne s’explique pas par la popularité du sommet syndical, ni par un choix clair pour ou contre les propositions d’un des syndicats. Pour nous c’est l’expression d’une insécurité croissante dans une période de montée du chômage et d’attaques contre la sécurité sociale. L’avancée de la FGTB dans le non-marchand s’explique par le fait que le monopole de la CSC dans les institutions catholiques n’est plus de notre temps.

    Le recul de la FGTB dans l’industrie et les finances est partiellement dû à la désindustrialisation. La légère avancée de la FGTB à Bruxelles est principalement le résultat d’une croissance dans l’enseignement libre et dans les cliniques privées et pas de l’éviction de l’ancien président de la FGTB de Bruxelles, Albert Faust, plus à gauche que l’actuelle direction.

    Les nouveaux élus dans les entreprises devront faire face à une situation difficile. Ils devront défendre les travailleurs et leur famille contre un patronat déterminé à leur faire payer la crise, contre un gouvernement prêt à couper de manière drastique dans les dépenses sociales. Ils ne pourront pas compter sur les états-majors syndicaux, qui agissent plutôt comme représentants des partis gouvernementaux au sein des syndicats. La seule garantie dans la prochaine période c’est la politisation de la base par son implication active, la construction d’un réseau de syndicalistes et une campagne pour briser le lien entre la CSC/ ACV et les partis sociaux-chrétiens d’une part, entre la FGTB et le PS/ SP.A d’autre part. Ceci ouvrira la voie à un syndicat unifié et à un nouveau parti des travailleurs qui lutte vraiment pour nos intérêts.

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