Tag: Verhofstadt

  • Une Autre Politique. Un nouveau mouvement politique va naître

    La création d’une nouvelle formation politique en automne a le potentiel de planter une petite bombe dans la situation politique en Belgique. Le fait que tous les partis flamands ont jugé nécessaire de réagir à l’annonce de la conférence du 28 octobre montre la peur qui existe chez certains devant l’apparition d’une voix nouvelle, fraîche et clairement de gauche.

    Bart Vandersteene

    28 OCTOBRE

    Tu viens aussi?

    Quel est le programme de la journée? Elle sera divisée en trois grandes parties. Une première session plénaire traitera du contexte politique dans lequel a été lancée l’initiative, de l’actualité politique et des défis auxquels nous allons être confrontés. Ensuite, nous aurons dix groupes de travail thématiques où seront discutés les thémes les plus importants pour la nouvelle formation politique. La journée se concluera avec une pléniaire où seront prises les décisions sur le type d’organisation, les structures et la composition de la direction qui devra traduire les décisions de cette journée dans la pratique.

    Où? A l’ULB, avenue Franklin Roosevelt, Bâtiments H & J

    Quand? le 28 octobre dès 13h.

    Comment s’Inscrire? Vous pouvez vous inscrire via le MAS ou directement sur le site www.anderepolitiek.be

    Depuis des années, les différents partis traditionnels racontent la même histoire et répètent qu’on ne peut pas échapper à la logique néolibérale de réduction des salaires et de démantèlement des services publics. De plus en plus de gens ne sont pas d’accord avec cette idée mais ne trouvent pas de traduction politique à leur résistance. C’est là qu’est la base sociale pour la création d’un nouveau mouvement politique.

    De quel genre de mouvement avons-nous besoin?

    Un nouveau mouvement politique doit d’abord faire la différence en défendant de manière systématique les intérêts des travailleurs et des chômeurs. Mais il doit aussi se différencier du monde politique traditionnel en faisant de la politique d’une autre manière. Un nouveau mouvement doit devenir le lieu de rassemblement pour tous ceux qui veulent s’organiser pour mener la lutte dans les entreprises, les écoles et les quartiers en unissant travailleurs et chômeurs, jeunes et vieux, hommes et femmes, Belges et immigrés. Il doit avant tout être un instrument pour renforcer et organiser les luttes et non une simple machine électorale.

    Que faire le 28 octobre?

    Les attentes seront grandes le 28 octobre. Suite aux articles annonçant la conférence parus dans les médias flamands, le nombre de réactions positives, de demandes d’informations et surtout d’adhésions a été impressionnant. Cela montre aussi une idée claire combien les gens attendent une alternative intéressante et crédible de gauche.

    Au cours des derniers mois, des discussions intenses ont eu lieu entre les différents groupes impliqués dans cette intiative. L’initiative francophone Une Autre Gauche va aussi s’impliquer dans l’organisation de la journée. Cela n’a pas été facile. Certains dans UAG disaient encore en juillet qu’ "ils ne voulaient pas être entraînés dans une dynamique précipitée imposée par les Flamands" ou qu’"ils voulaient avoir le temps de construire d’abord UAG avant de s’engager dans une intiative nationale". Aujourd’hui les esprits se sont calmés et tout le monde semble avoir compris qu’il n’existe pas d’autre possibilité que de construire un nouveau mouvement ensemble. Ce sont ces deux éléments qui forment la base d’un nouveau mouvement.

    Selon nous, il faut suivre un schéma clair dans la construction du projet. Nous avons tous appris depuis la toute petite enfance qu’il ne faut pas essayer de courrir avant d’avoir appris à marcher. Le mouvement ne doit pas faire face immédiatement au défi de developper un programme élaboré. Une initiative qui s’oppose au néolibéralisme et tire la conclusion de ne jamais participer à des coalitions qui mèneraient une politique néolibérale est une base suffisante pour lancer ce mouvement.

    La decision de participer aux élections de 2007 signifie que le mouvement devra élaborer progressivement un programme après le 28 octobre. Sur base de l’experience accumulée, du résultat de la participation aux élections et de l’avancement dans la construction du mouvement, on pourra commencer la discussion sur le lancement du nouveau parti à l’automne 2007.

    Un potentiel énorme

    Noël Slangen, l’ancien responsable des relations publiques de Verhofstadt, voit un bel avenir pour un nouveau parti de gauche ayant un caractère anti-establishment. "Un tel parti peut atteindre les 10 % , à condition que ce nouveau parti ne se laisse absolument pas tenter par une participation au gouvernement". Nous ne pouvons qu’être d’accord avec cette remarque de Monsieur Slangen de même qu’avec l’idée que "seul un parti de gauche anti-establishment pourra reprendre des voix au Vlaams Belang". Le MAS plaide déjà depuis des années pour un nouveau parti de ce type où tous ceux qui veulent résister au néolibéralisme peuvent trouver une place.

    Mais nous n’en sommes pas encore là. Le 28 octobre doit d’abord être un succès. Un nouveau mouvement politique doit surtout être porté par une couche importante de militants, de syndicalistes de gauche, de jeunes et de plus âgés. C’est pour cela qu’a été fixé l’objectif de rassembler 500 personnes afin de pouvoir ensemble mener la discussion et prendre la décision de lancer ce mouvement. Nous appellons chaque lecteur de notre journal, chaque sympathisant et bien sûr chaque membre du MAS à être présent le 28 octobre à Bruxelles et à mobiliser ses amis, ses collègues et ses connaissances.

    28/10/2006, une date dans l’Histoire?

    Le 28 octovre 2006 peut devenir une journée trés importante dans l’histoire politique de la Belgique du 21e siecle. Il y a exactement 130 ans, en 1886, le Parti Ouvrier Belge faisait ses premiers pas et lançait sa première campagne de masse. Sur base de la lutte pour le suffrage universel, un parti de masse est né et a grandi. Dans les années qui viennent, les luttes des travailleurs seront de plus en plus présentes dans l’actualité sociale. C’est dans cette période qu’une nouvelle formation pourra et devra s’affirmer et qu’elle devra saisir la chance de construire un nouveau "parti des travailleurs".

  • Leurs profits explosent, pas nos salaires!

    Le Bel 20 regroupe les 20 principales sociétés cotées à la Bourse de Bruxelles. Et les 20 patrons les mieux payés aussi, chacun d’entre eux percevant en moyenne 1,75 million d’euros par an. Le salaire des membres de la direction des entreprises du Bel 20 a augmenté de presque 10% en 2005.

    Salaires des managers: + 12% en 1 an

    Bénéfices des entreprises: + 25%

    Part des salaires dans le PNB: -10%

    Pouvoir d’achat des travailleurs en 20 ans: -2%

    Pour défendre les hauts salaires des top managers, Karel Vinck, ancien administrateur délégué d’Umicore et de la SNCB, a déclaré qu’« un manager en Europe sait ce que gagne son collègue en Amérique et ne veut pas recevoir moins ». Mais quand on discute de nos salaires, ce n’est pas avec les salaires américains qu’on fait la comparaison mais avec ceux d’Europe de l’Est ou d’Asie !

    Vinck dit que les super-salaires sont raisonnables parce que “le job d’un manager est devenu beaucoup plus difficile” et que “c’est logique que les gens qui prennent une telle tâche sur eux doivent être payés plus.”

    Cette logique n’est jamais utilisée dans le débat sur les salaires des travailleurs. Ici, on parle tout le temps du “handicap salarial” provoqué par la concurrence exercée par les pays à bas salaires. Et on ne tient jamais compte de l’augmentation de la productivité des travailleurs, qui fait que la pression au travail est devenue plus forte sur chacun. Tout cela permet aux patrons de dire qu’il n’est pas “logique” que les travailleurs soient “payé plus” et que cette revendication est immédiatement dénoncée comme “conservatrice” !

    L’actuelle explosion des profits ne se limite évidemment pas aux cadres de (très) haut vol. Les actionnaires, eux aussi, se frottent les mains. Les profits des entreprises ont augmenté en Belgique de près de 25 % en un an selon la Banque Nationale. Pendant ce temps, la pauvreté augmente. 15% des Belges vivent en-dessous du seuil de pauvreté et 6% des travailleurs en Belgique sont pauvres.

    La part représentée par les salaires dans le Produit Intérieur Brut (l’ensemble des richesses créées par le système économique) n’a cessé de reculer au cours des 20 dernières années (10% en moyenne pour les pays développés). Les salaires des travailleurs ont progressé bien moins vite que la production. C’est ce qui a permis aux

    Hypocrisie sur les hauts salaries

    Verhofstadt prépare un super-conseil des ministres consacré au maintien de la compétitivité pour la mi-juin. Objectif de l’opération : geler les salaires des travailleurs.

    A l’occasion du 1er Mai, le parti socialiste flamand (SP.a) a critiqué les très hauts salaires des managers tandis que le PS a plaidé pour la « transparence » en matière de hauts revenus.

    En faisant semblant de s’en prendre aux très gros salaires, les partis socialistes préparent la discussion sur la modération salariale. Des concessions symboliques demandées aux top managers (par exemple la limitation de leurs allocations de préavis à l’équivalent de deux années de salaire) vont être utilisées pour imposer la “modération” à tous les autres travailleurs. Préparer une politique antisociale avec un discours apparemment social, voilà bien l’hypocrisie des partis « socialistes » !

  • Ne pas politiser le débat revient à laisser la voie libre aux politiciens traditionnels

    Autour du meurtre de Joe

    Durant tout le déroulement de l’affaire, l’ensemble des politiciens n’a eu de cesse de demander que la politique soit muette sur ce sujet, ce qui ne les a cependant pas empêché d’être omniprésents dans les colonnes de la presse ou dans les reportages des informations télévisées. L’idée d’empêcher toute récupération politique de ce triste événement revenait à laisser cette récupération uniquement aux mains des partis politiques traditionnels.

    Nicolas Croes

    Ainsi, le lendemain de la Marche Silencieuse du 23 avril qui a rassemblé 80.000 personnes dans un même sentiment de solidarité avec la famille de la victime et de rejet de cette violence qui peut sembler absurde, on a pu lire dans les colonnes du Soir les réactions d’Elio Di Rupo et de Didier Reynders.

    Le président du PS et bourgmestre de Mons a ainsi pu mettre en avant la nécessité de renforcer la police de proximité… avant de parler de l’exemple de Mons où cela a été fait et où « ça va bien ». Au-delà du fait qu’un habitant de cette ville peut rapidement se rendre compte que ça ne va pas aussi bien qu’il le proclame, une telle déclaration dans la presse à l’approche des communales ressemble furieusement à de la récupération politique.

    De même Didier Reynders a pu parler de tout et de rien (« il faudra travailler à plus de sécurité par rapport aux jeunes », « l’arrestation des coupables doit intervenir le plus rapidement possible »,…) en terminant par « gare à toute tentative de récupération politique. On a évité ça jusqu’à présent, que ça continue ». Voilà une belle demande de la part de quelqu’un qui, étant à Washington pour une réunion du Fonds Monétaire International, ne pourrait pas autant en profiter que d’autres s’il était laissé plus d’opportunités de débattre politiquement de cette affaire.

    L’hypocrisie des politiciens traditionnels a tout simplement été révoltante dans le suivi de cette affaire, et le gouvernement n’était pas en reste. Pour un gouvernement bloqué depuis de nombreux mois et duquel rien ne sort si ce n’est des preuves de l’incapacité à répondre aux attentes des travailleurs et de leurs familles (ce dont ils n’ont globalement que peu à faire), il s’agissait là d’un moyen à bon marché pour se montrer apte à quelque chose d’autre qu’à appliquer les plans d’austérité du patronat. La presse a ainsi été unanime pour féliciter le trio qui assure dans la crise (titre d’un article du Soir du 26 avril), trio composé du chef du gouvernement Verhofstadt, du ministre de l’Intérieur Patrick Dewael et de la ministre de la Justice Laurette Onkelinx. Il faut dire qu’il s’agissait d’une histoire de gestion de la communication, et si il y a bien un domaine dans lequel nos politiciens professionnels excellent faute d’avoir un véritable programme à défendre autre que celui des patrons, c’est bien celui-là.

    Il y avait également la crainte de voir l’appareil politique aussi décrédibilisé qu’en 1996 à l’époque de la Marche Blanche. Un proche du Premier ministre a d’ailleurs déclaré que « son obsession était d’éviter la comparaison avec les évènements de 1996, l’affaire Dutroux, la marche Blanche, quand le « système » était mis en cause, les politiciens cloués au pilori pour leur indifférence.…».

    Par contre, en terme de proposition pour régler véritablement le problème, c’est-à-dire pas seulement s’occuper du moment présent, mais s’atteler à ce que de pareilles douleurs n’arrivent plus à personne, le gouvernement remontre l’étendue de son décalage avec la situation réelle. On peut résumer les propositions effectuées par ces mots : répression, répression, et encore de la répression. Laurette Onkelinx, actuellement Ministre de la Justice, montre décidément plus d’enthousiasme à créer de l’emploi à la police (3.200 supplémentaires) qu’à en préserver dans son secteur à l’époque où elle était Ministre de l’Enseignement. Alors qu’il y a quasi-unanimité pour dénoncer le fait que plus de répression ne permettra pas de régler le problème – tout juste de faire baisser la pression de la rue (mais peut-être est-ce là sa véritable intention ?) – ce cruel rappel des licenciements dans un enseignement dont le manque de moyen a été éclairé par cette crise tombe mal. Mais aucun journaliste ne mentionne ce genre de chose, et c’est parfois dans le courrier des lecteurs que l’on peut avoir les meilleurs articles…

    De plus personne ne sait actuellement ou trouver l’argent de cet « ambitieux » projet. A force d’avoir octroyé baisses de charges sur baisses de charges au patronat, le gouvernement n’a presque plus rien, et certainement pas pour améliorer nos conditions de vie qui ne cessent de se détériorer. En cas de protestations trop importantes contre la casse de nos acquis sociaux, des services public, etc, les policiers et cameras supplémentaires, si l’on arrive à les payer, seront d’une utilité précieuse pour nos dirigeants…

    Le premier ministre Verhofstadt disait espérer que le signal de la Marche Silentieuse aurait comme résultat une diminution de la violence au sein de la jeunesse. En ce sens, la manifestation n’est pour lui qu’à voir que comme un appel à la responsabilité. D’après Verhofstadt, c’est la responsabilité individuelle des parents – qui doivent avoir assez de temps pour s’occuper de leurs enfants – qui est primordiale. La responsabilité du gouvernement ne se limiterait qu’à augmenter la répression.

    Mais la raison pour laquelle beaucoup de familles, et pas seulement polonaises, ont en Belgique peu de temps disponible pour leurs enfants est que ces fammilles doivent travailler toujours plus afin de survivre. Comment Verhofstadt pense-t-il résoudre cela? En attaquant encore les salaires? Le pouvoir d’achat des travailleurs Belges a déjà bien diminué ces vingt dernières années, et de nouvelles coupes salariales n’auront comme résultat que d’accroître encore le temps de travail nécessaire à garder un même niveau de vie.

    Tant le renforcement de la répression que la vitesse à laquelle les politiciens ont annoncé la création d’une nouvelle prison pour jeunes sont en contradiction flagrante avec les besoins du secteur de l’accompagnement de la jeunesse. Ce manque de moyens a été illustré au début de cette année par les actions effectuées par ce secteur en Flandres. Si au nord du pays les cas d’application d’accompagnement de jeunes « difficiles » ont augmenté de 25%, le budget, lui, n’a pas évolué en conséquence. Au vu de cette situation, les problèmes ne peuvent que s’amplifier.

    La construction de nouvelles prisons pour jeunes est finalement fort révélatrice de la politique actuelle: une politique qui ne s’occupe que des conséquences des problèmes au lieu de s’attaquer à leurs causes.

  • France. Chômage, Précarité, Exclusion… la rue a dit NON

    Trois mois de lutte. Des milliers d’assemblées dans les universités et les lycées, des milliers de réunions d’information et de mobilisation dans les quartiers et les entreprises. Des centaines de manifestations locales. Trois millions de personnes dans les rues le 7 et le 14 mars. Et au bout de cela, une victoire incontestable : la capitulation du gouvernement Villepin, obligé d’enterrer son Contrat de Première Embauche, qu’il avait pourtant déjà fait voter en toute urgence à l’Assemblée Nationale.

    Jean Peltier

    Comment ne pas faire la comparaison avec ce qui s’est passé chez nous à l’automne 2005 quand le mouvement syndical s’est lancé dans la bataille contre le Pacte des Générations de Verhoofstadt. Une première journée de grève générale organisée par la FGTB le 7 octobre, une manifestation nationale de 100.000 travailleurs en front commun FGTB-CSC trois semaines plus tard,… puis des semaines de négociations et d’attente avant une autre journée de mobilisation FGTB fin novembre et un « atterrissage » sans gloire du mouvement. Ces mobilisations ont certes forcé le gouvernement à adoucir son projet mais n’ont pu empêcher ni le Parlement de voter le Pacte ni le gouvernement de le mettre en application.

    Comment expliquer que le mouvement syndical belge, beaucoup moins dispersé et plus massif (CSC et FGTB organisent à elles seules deux millions d’affiliés, soit près de 60% de l’ensemble des salariés actifs), n’a pas pu étouffer les mauvais coups de Verhofstadt dans l’oeuf alors qu’en France, où le mouvement syndical est éclaté en une dizaine de syndicats n’organisant plus que 7% des salariés, la mobilisation a conduit à une victoire impressionnante ?

    10 ans de résistance au néo-libéralisme

    Il existe parmi les travailleurs, et même au-delà dans la société, un fort sentiment d’opposition au néo-libéralisme, qui s’est marqué tout au long des dix dernières années. Il est apparu avec force lors de la grande grève des services publics contre le Plan Juppé de réformes des retraites (déjà !) en décembre 1995 et s’est traduit politiquement par la victoire surprise de la gauche en 1997, puis par le rejet de celle-ci en 2002 (l’échec de Jospin aux élections présidentielles et le second tour Chirac-Le Pen) après que le gouvernement de gauche ait privatisé plus que les gouvernements de droite avant lui. Il a repris lors des divers mouvements contre les mesures des gouvernements de droite – particulièrement les manifestations et les grèves contre le plan de réforme des pensions (encore !) en 2003,… – et s’est marqué à nouveau politiquement avec les défaites électorales de la droite en 2004 et surtout avec la victoire du Non au référendum sur la Constitution européenne en 2005. L’ampleur du mouvement contre le CPE s’explique en grande partie par ce climat général de résistance contre le néo-libéralisme.

    Un gouvernement de droite agressif et arrogan

    Depuis la réélection de Chirac en 2002, la France est dirigée par des gouvernements de droite particulièrement conservateurs qui disposent, grâce à un système électoral renforçant le parti dominant, d’une majorité parlementaire écrasante. Raffarin d’abord, Villepin ensuite ont, avec obstination et arrogance, imposé les mesures et les lois réclamées par le patronat. Bien qu’ils aient rencontré plusieurs fois une forte résistance, leurs mesures ont toujours été votées et appliquées. Récemment, le Contrat Nouvelle Embauche (qui permet aux patrons de petites sociétés employant moins de 20 personnes d’engager des travailleurs avec un stage de deux ans au cours duquel lequel ils peuvent licencier ceux-ci sans devoir motiver leur décision) a été promulgué sans rencontrer de fortes réactions syndicales. Mais l’extension de cette mesure à tous les jeunes de moins de moins de 26 ans – le désormais célèbre Contrat Premier Embauche (CPE) – a été la provocation de trop.

    Le CPE, un enjeu énorme

    En créant le CPE dans la foulée du CNE, le gouvernement avait une stratégie claire : précariser au maximum les jeunes sortant des études afin de mettre la pression sur les autres salariés, avec comme objectif final de précariser l’ensemble des travailleurs en liquidant les Contrats à Durée Indéterminée (CDI). Ce plan était clair. Et, malheureusement pour Villlepin, il a été très vite compris par un grand nombre de jeunes et de travailleurs. Ce qui explique qu’une fois lancé, le mouvement a pu, beaucoup plus facilement que lors de luttes passées, unir étudiants et lycéens (se voyant comme futurs travailleurs précarisés) et adultes (en tant que parents inquiets de l’avenir de leurs enfants et en tant que travailleurs menacés dans leurs conditions de travail).

    La jeunesse en pointe

    Encore fallait-il que le mouvement démarre. Ce sont les étudiants qui l’ont lancé. Plusieurs raisons expliquent cela. Ils étaient les plus directement visés par le CPE dès la sortie de leurs études. Une partie d’entre eux s’étaient déjà radicalisés l’an dernier dans la lutte des lycéens contre le plan Fillon (qui visait à « réformer » l’enseignement secondaire). Ensuite, vu leur âge, les étudiants sont beaucoup moins marqués par le poids des échecs des luttes passées que les salariés. Et il est évidemment plus facile aujourd’hui de faire une grève des cours qu’une grève en entreprise.

    Cela ne suffit pourtant pas à expliquer complètement pourquoi cette mobilisation a été la plus forte depuis au moins vingt ans (les grandes luttes étudiantes de 1986) et peut-être même depuis Mai’68. La force du mouvement étudiant a été sa capacité de s’organiser de manière démocratique et massive : réunions d’information innombrables pour expliquer les enjeux du CPE et de la lutte et mobiliser le plus grand nombre ; assemblées générales quasi-quotidiennes pour débattre les plans du gouvernement, la situation du mouvement et les actions à mener ; refus que le mouvement soit contrôlé par le syndicalisme étudiant « classique » (ultraminoritaire et fortement lié au PS) ; constitution de multiples Coordinations locales et d’une Coordination nationale pour organiser démocratiquement la mobilisation ; blocage des universités pour assurer la réussite de la grève et occupation de bâtiments transformés en lieux permanents de débats et de préparation des actions ;…

    Tout cela a donné une force énorme au mouvement étudiant, a entraîné les lycéens dans l’action, suscité une sympathie générale dans l’opinion et poussé les syndicats de travailleurs a rejoindre le mouvement.

    Syndicats : mobiliser et contenir !

    Le CPE est une attaque directe contre tous les travailleurs. Le gouvernement l’a imposé sans la moindre concertation avec les syndicats. La généralisation de ce type de contrat rendrait impossible la syndicalisation des jeunes dans les entreprises. Les syndicats avaient donc toutes les raisons de se joindre au mouvement. Mais les directions syndicales ont tout fait pour limiter le mouvement à la lutte contre le seul CPE sans élargir celle-ci contre le CNE et l’ensemble du plan gouvernemental. Et s’ils ont mobilisé fortement pour les manifestations, ils ont quasiment tous refusé de mettre en avant la perspective d’une grève générale, par peur d’un débordement qui remettrait en cause leur contrôle sur le mouvement et la politique attentiste qu’ils ont depuis des années face au gouvernement.

    La gauche : voter est mieux que manifester !

    Le Parti Socialiste et les Verts ont soutenu le mouvement mais n’ont rien fait pour le renforcer. Les dirigeants de ces partis n’ont qu’un seul objectif en tête : profiter de l’impopularité du gouvernement pour remporter les prochaines élections. Dans ce cadre, la poursuite et l’élargissement du mouvement gênait autant la gauche que la droite, ce qui explique les appels incessants du PS au gouvernement pour « sortir de la crise ».

    Une première victoire et après ?

    Confrontée à un mouvement qui continuait à grandir – 3 millions de manifestants dans les rues les 28 mars et le 4 avril, de plus en plus de travailleurs dans les manifestations, des grèves qui touchaient non seulement les services publics mais aussi le privé – et minée par les divisions et les haines entre Chirac, Villepin et Sarkozy, la droite a fini par céder et retirer le CPE.

    Pour les jeunes et les travailleurs, c’est une victoire éclatante mais qui aurait pu être plus grande encore si les syndicats avaient jeté leur poids pour remettre en cause le reste de l’arsenal des mesures gouvernementales. Le gouvernement Villepin est fortement affaibli et il serait étonnant qu’il ose encore lancer des attaques importantes d’ici aux élections présidentielles de mai 2007. Mais la droite n’est pas encore morte. Sarkozy peut encore rétablir sa position, notamment en jouant à nouveau la carte de l’insécurité. La gauche sort renforcée du conflit mais sans pouvoir crier victoire : dans un récent sondage, 67% des personnes interrogées estimaient que le PS ne ferait « pas mieux » que la droite pour résorber les problèmes de chômage et de précarité !

    Deux grands faits émergent de la lutte contre la CPE. Le premier, c’est que toute une nouvelle génération – celle qu’on disait abrutie par la téléréalité et gagnée à l’individualisme – s’est mobilisée, politisée et radicalisée. La deuxième, c’est que le néo-libéralisme n’est pas tout-puissant et qu’une mobilisation de masse peut faire reculer patronat et gouvernement.

    Nous en tirons enfin une troisième leçon : c’est que pour donner une perspective d’avenir à ces jeunes et aux travailleurs et remporter de nouvelles victoires plus complètes, il faut que tous ceux qui veulent s’opposer au néo-libéralisme et au capitalisme – pas seulement en paroles mais surtout en actes – unissent leurs forces.

  • Il faut un nouveau parti pour les travailleurs !

    Qui a porté la voix des 100.000 travailleurs qui ont manifesté à Bruxelles le 28 octobre dernier contre le Pacte de « Solidarité » des Générations ? Qui s’est fait l’écho des centaines de milliers de travailleurs qui ont fait grève contre la casse de leurs pré-pensions ? Qui a repris les revendications de la FGTB et de la CSC qui organisent ensemble 3,6 millions de travailleurs ?

    Tract du MAS

    Sûrement pas le PS et le SP.a dont TOUS les députés ont voté pour ce Pacte avec leurs amis libéraux. Et pas non plus le CD&V, le Vlaams Belang, le cdH et Groen qui se sont abstenus (les deux premiers parce qu’ils disaient ouvertement que ce Plan n’allait pas assez loin !).

    D’un Pacte à l’autre, le PS contre les travailleurs

    Ce vote n’a pas été une erreur de parcours. En 1993 déjà, une coalition des partis socialistes et chrétiens dirigée par Dehaene nous avait aussi imposé un Plan Global que tous les parlementaires de ces partis avaient voté comme un seul homme, le doigt sur la couture du pantalon.

    Le PS et le Sp.a ne défendent plus depuis longtemps les intérêts des travailleurs. Présents au gouvernement depuis 18 ans, ils se sont définitivement aligné sur la politique néolibérale et ont participé à tous les mauvais coups contre les acquis sociaux.

    Alors que les profits des patrons et les salaires des managers atteignent des sommets, les privatisations s’accélèrent et les licenciements et les plans de restructurations pleuvent à torrent. Et à chaque fois la réponse du PS et du Sp.a est la même : plus de cadeaux aux patrons sous forme de nouvelles diminutions de charges patronales et moins de pouvoir d’achat pour les salariés et les allocataires sociaux.

    Et cela va continuer : Verhofstadt prépare pour la fin de l’année un Pacte de Compétitivité dont le but avoué est de remettre en cause l’indexation des salaires.

    Pour bloquer cette politique de recul social permanent, il faut que la FGTB et la CSC rompent avec les PS/SP.a et les CD&V/CDH.

    Une nouvelle voix pour les travailleurs

    Plus personne ne vote encore aujourd’hui pour le PS ou le SP.a en espérant que ces partis vont apporter un réel progrès social. Beaucoup votent encore pour eux parce qu’ils les voient comme un « moindre mal » face aux libéraux, mais cela n’empêche pas le fossé entre les militants syndicaux de base et le PS et Sp.a de grandir chaque jour. D’autres reportent leurs votes vers l’extrême-droite pour sanctionner le monde politique. Mais, en votant FN ou VB, ils renforcent des partis qui haïssent les syndicats et veulent liquider tous les droits des travailleurs.

    Pour arrêter les plans d’austérité et faire reculer les partis fascistes, nous avons besoin d’un nouveau parti qui défende clairement les intérêts de tous les travailleurs – au sens large de ce mot, c’est-à-dire les travailleurs actifs et non actifs; wallons, flamands, immigrés et sans papiers; encore étudiants ou déjà à la retraite; actifs dans des entreprises ou cherchant de l’emploi, FGTB et CSC – et à leurs familles.

    Cette nouvelle voix, nous voulons qu’elle se fasse entendre pas seulement au moment des élections, mais tous les jours dans les entreprises, les quartiers, les écoles et partout où les opprimés sont prêts à résister. Le MAS est prêt à collaborer avec toutes les autres forces de gauche pour construire ce parti large, dans lequel nous défendrons notre orientation anticapitaliste et socialiste.

    Comment un tel parti large pourra-t-il se développer ? Pas simplement en réunissant les gens qui aujourd’hui sont déjà conscients de la nécessité de s’opposer totalement à la politique néo-libérale. Mais en se tournant résolument vers des couches plus larges de militants et de délégués syndicaux, de jeunes, de sans-papiers qui peuvent comprendre eux aussi cette nécessité et s’engager… pour autant qu’on aille à leur rencontre et qu’on discute avec eux.

    Ce n’est qu’un début…

    Des premiers pas on été fait dans ce sens depuis la manifestation du 28 octobre. En Flandre, le MAS soutient pleinement l’initiative « Pour une autre politique » lancée par l’ex-député SP.a Jef Sleeckx et l’ancien président de la FGTB Georges Debunne. Cette initiative a déjà reçu le soutien de dizaines de militants et de délégués combatifs. Nos camarades flamands diffusent aujourd’hui à l’occasion de la Fête des Travailleurs le tract de « Pour une autre politique » à Bruxelles, Anvers, Gand, Louvain, Malines, Courtrai, Alost, Grammont, Ninove, Ostende, Bruges, Menin, Harelbeke, St-Nicolas, Tirlemont, Turnhout, St-Trond, Diest, Lokeren.

    Du coté francophone, une initiative « Pour une autre gauche » a été lancée il y a quelques semaines. Le MAS espère qu’elle prendra la même orientation qu’en Flandre et qu’ensemble nous pourrons construire une nouvelle force politique nationale et démocratique qui mette autant d’acharnement à défendre les intérêts des travailleurs que les partis traditionnels en mettent à défendre ceux des patrons.

  • Les raisons cachées des poussées communautaires

    Les prochaines élections fédérales auront lieu dans un an et demi mais un parfum de campagne électorale flotte déjà dans l’air. Et, comme toujours en Belgique, ce parfum a de très forts relents de surenchère communautaire.

    Jean Peltier

    La principale raison de ce climat de pré-campagne est que le gouvernement Verhofstadt 2 cafouille fréquemment et n’avance plus guère. Certes, il a fait passer son Pacte de Solidarité entre les Générations mais il a dû, devant les grèves et les manifestations, l’amender et modérer sérieusement ses ambitions de « réforme ». Depuis lors, le projet d’un Pacte de Compétitivité, qui devrait inclure blocage des salaires et nouveaux tripatouillages de l’index, a été envoyé à de laborieuses discussions entre patrons et syndicats. On reste à des années-lumière de l’objectif avancé fièrement par Verhofstadt en 2003 de créer 200.000 emplois nouveaux en quatre ans et les taux de chômage ne bougent pas. Pour le reste, chaque ministre annonçant à grand fracas une « idée nouvelle » – les chèques-mazout, le blocage des loyers,… – se trouve rapidement contredite par un autre.

    La coalition libérale-socialiste paraît donc bien fatiguée mais personne ne pense réellement qu’une autre formule, en particulier le retour à la formule « classique » chrétiennesocialiste, aurait plus de punch et de succès, vu la ressemblance frappante des orientations et des programmes entre tous les grands partis. Dès lors, chaque parti a tendance à se replier sur le domaine qui coûte le moins et peut rapporter le plus électoralement: les déclarations communautaires incendiaires.

    Du côté flamand, les propositions fusent à jet continu. Le CD&V veut mettre le paquet pour que la Flandre se dote de sa propre Constitution. Vande Lanotte, le nouveau président du SP.a, veut régionaliser rapidement la politique de l’emploi,… Côté francophone, ces revendications sont présentées systématiquement comme la preuve que les Flamands bien portants et égoïstes veulent abandonner à son sort une Wallonie appauvrie et embourbée dans les difficultés économiques.

    Dès lors, en retour, tous les partis francophones se sont remis à rouler des mécaniques sur le thème bien connu « Wallons et Bruxellois unis, nous n’accepterons aucune nouvelle réforme institutionnelle que les Flamands voudraient nous imposer et on verra bien leur tête après cela». Le tout emballé dans de nobles considérations sur le maintien de la solidarité entre les régions et les personnes, la défense des plus faibles, la lutte contre le séparatisme et l’intolérance,… Au cours des deux derniers mois, tous les partis francophones, PS, MR, CDh, FDF et même Ecolo, ont entonné le même refrain guerrier.

    Cette touchante unité des partis dans chaque région n’annonce pourtant rien de bon pour les travailleurs, au Sud comme au Nord. Car le raisonnement commun des dirigeants francophones est simple. «La Wallonie va mal économiquement. Il n’y a pas de salut en dehors de gros investissements venant du secteur privé (que le Plan Marshall de Di Rupo est sensé attirer). Il faudra au moins vingt ans pour redresser la région. Pendant ce temps, pas question d’accepter des réformes institutionnelles qui entraîneraient une baisse des transferts financiers venant de Flandre, notamment en matière de sécurité sociale, parce que cela plomberait les projets de relance. Mais, quoiqu’il arrive, pendant ces vingt ans, il va falloir continuer à se serrer la ceinture et utiliser les rares armes qui nous restent (les salaires sont plus bas en Wallonie qu’en Flandre !) pour séduire le patronat».

    Côté flamand, ce n’est pas mieux. Car si la situation économique y est – relativement – meilleure, dirigeants patronaux et politiques savent que la moindre crise économique réduirait cet avantage à peu de choses, relancerait l’attrait des délocalisations et ferait grimper le chômage. Dans cette perspective, l’attrait d’une plus grande autonomie vis-à-vis de la Wallonie est moins de pouvoir garder un peu plus d’argent flamand dans les caisses régionales que d’affaiblir le mouvement syndical flamand et le contraindre à la modération en le coupant des « bastions durs » wallons.

    Se laisser gagner par la fièvre communautaire montante serait dramatique pour le mouvement syndical et les travailleurs. Seule une lutte commune peut permettre de bloquer la poursuite d’une politique néo-libérale qui fait – et fera – autant de dégâts dans les trois régions.

  • PS et SP.a. Il n’y a plus d’excuses

    Depuis le Pacte des générations, rien ne va plus entre le SP.a et la base de la FGTB en Flandre. De plus, toutes les tentatives du SP.a de se profiler plus à gauche tournent au fiasco. Du côté francophone, le fossé entre la base de la FGTB et le PS semble moins profond, mais l’idée de couper les liens y fait son chemin également.

    Eric Byl, membre du Bureau exécutif du MAS, ancien membre du Bureau national des Jongsocialisten et ancien secrétaire politique du SP à Grammont.

    PS: dissimuler le néolibéralisme derrière une rhétorique communautaire

    Les dirigeants du PS et du SP.a l’ont bien compris. Leur attitude dans la lutte contre le Pacte des Générations n’est pas près d’être oubliée. Le PS se traîne à 28% dans les sondages, loin en-dessous des 36% qu’il avait obtenus lors des élections de 2004. Depuis lors, le parti est aux prises avec d’innombrables scandales et son plan Marshall pour relancer la Wallonie est très néolibéral. Si une nouvelle formation de gauche ne voit pas le jour d’urgence pour capter les suffrages des déçus, la Wallonie connaîtra un nouveau dimanche noir.

    Le PS en est conscient. Il tente de redorer son blason auprès des jeunes par une proposition de dépénalisation de l’usage du cannabis pour les plus de 16 ans ; il tente la même opération auprès des travailleurs par une proposition de loi visant à instaurer un représentation syndicale dans les PME de plus de 20 travailleurs. Fort bien. Mais le PS ne fait rien pour créer un rapport de force pour faire aboutir ces propositions. Va-t-il en faire une question de gouvernement? Chiche !

    Une fois que ces effets d’annonce se seront dissipés, le PS va sans doute tenter de rééditer le tour de force de 1987 en profilant le PS comme le défenseur des francophones face à l’agressivité flamande. Il va se retrancher derrière la soif de nouvelles compétences des politiciens flamands pour cacher sa responsabilité dans la politique néolibérale de régression sociale.

    SP.a : le populisme ne paie pas

    Les dirigeants du SP.a n’en mènent pas large. Ils se sont profilés ces dernières années comme des bûcheurs de dossiers et comme les principaux auteurs de la politique néolibérale de régression sociale. Jadis le populisme de Stevaert pouvait encore faire illusion, avec sa politique de gratuité et ses sorties médiatiques. Stevaert, patron d’une chaîne de cafés, savait s’y prendre pour plaire aux travailleurs et à leurs familles.

    La seule sortie dont le nouveau président du SP.a et ancien vice-premier ministre a été capable – «qui tourne le dos au SP.a lorgne vers la droite» – était une injure à l’adresse de la base de la FGTB. Une tentative de sa collègue Freya Vanden Bossche de se profiler comme celle qui allait faire payer le secteur pétrolier s’est soldée par un fiasco. Cela lui a valu de faire la une de l’hebdomadaire Knack qui a titré « Qui a encore confiance en Freya ? »

    Le professeur Vande Lanotte n’est pas un patron de café. Sa sortie populiste – réduire de moitié les effectifs de l’armée – a eu l’effet inverse. Les pacifistes et les antimilitaristes se souviennent du plaidoyer du SP.a pour la Constitution européenne qui prévoit justement d’augmenter les dépenses militaires. En outre, Vande Lanotte a réussi à inquiéter 40.000 familles de militaires qui voient leur sécurité d’emploi menacée sans qu’une alternative ne leur soit proposée. La nouvelle déclaration de principes du SP.a ressemble à un livre de recettes néolibérales qui n’a rien à envier au Manifeste du Citoyen de Verhofstadt.

    Le SP.a a perdu sa base active

    Voilà 10 ans que les prédécesseurs du MAS ont cessé de travailler dans le SP afin de construire une organisation indépendante. Le SP tournait alors déjà le dos à une partie importante de sa base traditionnelle. Le travail de quartier, les fêtes du parti, les maisons du peuple et une riche vie associative ont été remplacés par des campagnes publicitaires et des bals de gala où les militants n’avaient plus leur place. Les travailleurs en action se heurtaient frontalement au SP. Les habitants des quartiers s’en détournaient à cause de sa politique de rénovation urbaine taillée sur mesure pour les bien nantis. Le SP n’était plus le parti des travailleurs et de leurs familles. Si les prédécesseurs du MAS avaient continué à travailler au sein du SP, nous aurions été réduits à l’impuissance comme ce qui reste de la gauche au sein du SP.a.

    Nombre de travailleurs ont quitté le PS et le SP. D’autres, surtout des syndicalistes, leur sont restés fidèles à contre-coeur par manque d’une alternative large et suffisamment implantée, avec l’espoir de contrer la droite. Le fait que même un secrétaire national de la FGTB comme Verboven soit maintenant obligé de remettre prudemment en question les liens avec le SP.a démontre que ce parti est en train de perdre ce qui lui reste de crédit. Au lieu de contrer la droite, le PS et le SP.a sont en effet devenus les instruments par excellence pour faire avaler la politique d’austérité néolibérale aux travailleurs. Celui qui pense pouvoir détourner le paquebot PS de sa route vient 20 ans trop tard.

  • Scandales à répétition, froid avec la FGTB, sondages en chute libre,… Le PS peut-il remonter la pente?

    Scandales à répétition, froid avec la FGTB, sondages en chute libre,…

    En un an et demi, le PS est passé d’un score de 36% aux élections régionales de juin 2004 à des intentions de vote qui ne sont plus que de 28% selon les derniers sondages. Cela signifie que, sur dix électeurs du PS, plus de deux ont l’intention de se faire la malle.

    Jean Peltier

    La raison de ce désamour massif, c’est évidemment la combinaison détonante des divers scandales (la douche d’Arena, la Carolo et les autres sociétés de logements sociaux, Francorchamps,…) et du soutien actif et sans faille du parti au Pacte de soi-disant Solidarité entre les Générations concocté par le gouvernement Verhofstadt.

    Le PS peut-il se remettre d’une telle chute (qui n’est peut-être pas encore finie) ? Peut-il repartir comme si rien ne s‘était passé et espérer refaire un tabac aux élections communales de 2006 et fédérales de 2007? A première vue, cela paraît difficile… Pourtant cela s’est déjà produit plusieurs fois par le passé et encore tout récemment.

    A la fin des années ’90, le PS se trouvait dans une situation fort proche de la situation actuelle. Il a connu alors plusieurs reculs électoraux, dont le pire a eu lieu en 1999, payant à la fois son soutien au plan Global de 1993 (un plan d’austérité du gouvernement chrétien-socialiste de Dehaene qui avait mis les syndicats dans la rue pendant plusieurs semaines), la suppression par les ministres Di Rupo puis Onkelinx de 6.000 postes d’enseignants dans le secondaire (qui avait provoqué des mois de grèves, d’actions et de manifestations) et une série d’ « affaires » retentissantes (l’assassinat d’André Cools, les pots-de-vin d’Agusta qui avaient coûté leur carrière à Spitaels, Coëme et Mathot,…). A ce moment déjà, le PS avait été prestement enterré et les faire-part envoyés par de nombreux commentateurs. Et pourtant, à la faveur de la prise du pouvoir par Di Rupo et du changement d’alliance gouvernemental avec les libéraux et les écolos, le PS a réussi à se redresser électoralement et à faire de véritables cartons en 2003 et 2004.

    Alors, les problèmes actuels, juste un mauvais moment à passer ? Ce n’est pas sûr et pour, au moins, trois raisons.

    D’abord, pour beaucoup d’électeurs du PS, ce qui s’est passé à la rentrée est beaucoup plus grave que les « affaires » qui avaient plombé le PS dans les années ’90. A ce moment, des dirigeants du parti avaient contourné la légalité pour remplir les caisses du parti, sans en tirer un profit personnel. Aujourd’hui, des mandataires du parti se remplissent les poches en puisant de l’argent dans les caisses des sociétés de logements sociaux au détriment d’habitants à bas revenus.

    Ensuite, la «positive attitude» que Di Rupo espérait développer grâce à son Plan Marshall (« Tous ensemble pour relancer la Wallonie ») et utiliser au bénéfice politique du PS a pris une méchante décharge de chevrotine avec le scandale de La Carolo et les diverses révélations sur la manière dont les dirigeants locaux du PS utilisent le pouvoir qu’ils détiennent dans les administrations, les intercommunales et les sociétés de logement.

    Mais la raison la plus profonde qui fait douter de la capacité du PS à se relancer durablement, c’est la cassure de plus en plus profonde entre un nombre grandissant de syndicalistes FGTB et un parti qui, participant au gouvernement depuis bientôt 18 ans, a soutenu tous les plans d’austérité, vendu au privé la CGER, Belgacom, Cockerill et un paquet d’autres entreprises publiques, participé au remplacement de l’index par un index-santé truqué, mis en œuvre la «norme salariale» qui impose une modération salariale contraignante, appliqué les mesures de chasse aux chômeurs, avalé la réforme fiscale libérale de Reynders, réduit les impôts des sociétés et augmenté d’année en année les réductions de charges patronales,…

    Chez beaucoup de syndicalistes grandit l’idée que le PS n’est même plus un «moindre mal» face aux libéraux et au patronat mais un parti comme les autres qui a abandonné les travailleurs, les pensionnés, les chômeurs et leurs familles au profit des gens aisés et du patronat.

    Certes, faute d’alternative à sa gauche, le PS (comme d’ailleurs les autres partis sociaux-démocrates en Europe) peut certainement encore remonter dans les sondages et gagner des élections en agitant le danger de la droite et de l’extrême-droite. Mais la confiance et le soutien actif que lui ont apportés les travailleurs pendant des dizaines d’années s’évaporent de plus en plus vite. Et la possibilité de construire un nouveau parti qui mettrait au cœur de son programme et de son activité la défense des travailleurs grandit d’autant.

  • Néolibéralisme: 15,2% de pauvres en Belgique

    6,4% des travailleurs sont pauvres

    Selon une enquête de l’Université d’Anvers, le taux de pauvreté en Belgique est de 15,2%, ce qui signifie que cette proportion de la population dispose d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté, soit moins de 772,46 € par mois. Après analyse, deux faits fondamentaux sautent aux yeux.

    Xavier Dupret

    D’une part, le seuil de pauvreté défini par l’enquête est supérieur au montant des prestations pour certaines catégories d’allocataires sociaux (minimexés isolés et statuts cohabitants). L’importance croissante du risque de pauvreté en Belgique s’explique par le démantèlement de la protection sociale.

    Si l’on se réfère aux chiffres du GRESEA pour la période 1995-2005, le montant des cadeaux concédés par les gouvernements Dehaene et Verhofstadt au patronat est passé de 1,05 à 4,88 milliards € par an. Présentée à l’origine comme une aide à la création d’emploi, cette politique n’a bénéficié qu’au patronat. Pour mémoire, l’ONEM dénombrait 545.000 demandeurs d’emploi en septembre 1995 contre 591.000 dix ans plus tard.

    La présence du PS et du SP.a au gouvernement n’aura finalement qu’affaibli la protection sociale dans un contexte de fort taux de chômage et de précarité croissante.

    D’autre part, en ventilant les résultats de l’enquête par catégories sociales, on peut relever que 6,4% des travailleurs vivent sous le seuil de pauvreté!

    Ce type de constat fait clairement ressortir l’absurdité du concept d’”Etat social actif” qui scelle l’union entre socialistes et libéraux au niveau fédéral et qui définit l’insertion sur le marché de l’emploi comme la seule forme de protection contre la pauvreté.

    Dans le contexte actuel de détricotage de la sécurité sociale, il va de soi que cette politique a conduit à une détérioration des conditions de vie des classes laborieuses.

    En effet, en laissant filer les allocations de chômage vers le bas (en Belgique, 30% des chômeurs sont pauvres), en organisant la chasse aux chômeurs tout en prônant plus de flexibilité, on a de plus en plus contraint les candidats à l’emploi à accepter n’importe quel job.

    En bout de course, le pouvoir d’achat de l’ensemble des travailleurs a baissé de 0,50% au cours de l’année 2003. En comparaison, à la même époque, les profits des entreprises belges ont grimpé de 15% …

    Pour mettre fin à cette situation inaxeptable, il faut tourner le dos à la politique néolibérale et anti-sociale mise en oeuvre depuis 20 ans. Seule une reprise des luttes peut amener ce changement plus que jamais nécessaire.

    Pour cela, la formationd’un nouveau parti des travailleurs résolument ancré à gauche est essentiel.

    En effet, comme ailleurs en Europe, la remise en cause des acquis sociaux en Belgique a été orchestrée par des formations politiques social-démocrates. Que la faillite du système soit aussi la leur!

  • La base le demande: un plan d’action contre le pacte des générations!

    La mobilisation de ce 28 octobre a confirmé ce que la grève du 7 octobre laissait déjà penser: les travailleurs en ont assez de la politique du moindre mal qui les a obligé à avaler durant douze ans des plans d’austérité. L’arrogance du patronat, des politiciens et des journalistes sur le pacte des générations a toutefois obligé les appareils syndicaux à se mettre en branle. La base a prit cette opportunité pour pousser à aller encore plus de l’avant.

    Eric Byl

    Quelle surprise pour Verhofstadt et Co. Qui le pensait encore possible? En 1993 les travailleurs ont pris l’initiative eux-même contre le Plan Global. Mais cela se déroula dans le cadre de la chute de la monstrueuse caricature de socialisme à l’Est, le stalinisme, allant de pair avec une énorme offensive idéologique contre tout ce qui avait trait au socialisme et la lutte des classes. Cette période est maintenant derrière nous. La fable selon laquelle les efforts d’aujourd’hui vont assurer un meilleur avenir est décrédibilisée.

    Le gouvernement veut néanmoins appliquer son pacte des générations, pour " préparer le pays au vieillissement ". Sur ce phénomène circulent d’innombrables données. Apparemment le coût s’élèverait à 9 milliards d’euros vers 2030. Le gouvernement peut bien penser qu’on est tous des idiots, qu’on n’a rien compris à cause d’une mauvaise communication, que les syndicats ont menti,… mais on sait compter. Depuis 2000, les patrons ont reçu 23,3 milliards d’euros de diminutions de charges (voir le rapport n° 66 du Conseil National du Travail sur le financement de la sécurité sociale du 12 juillet 2005). Si le gouvernement, plutôt que de donner cet argent aux patrons, l’avait utilisé pour créer des emplois publics stables, les salaires de 155.000 travailleurs supplémentaires pendant 6 ans auraient été payés, et le problème du vieillissement pour la sécurité sociale aurait également été réglé.

    Tous les politiciens, au moins ceux qui sont représentés au parlement, sont bloqués dans une logique d’austérité néolibérale. Il n’est pas totalement exclu que le gouvernement fasse quelques concessions afin de sauver son pacte, mais cela ne peut servir qu’à diviser et à affaiblir le mouvement. Les syndicats ne peuvent pas se laisser prendre au piège. La base est claire: retrait du pacte des générations. Pour cela, il faut un plan d’actions de grèves régionales et provinciales, avec à une grève générale nationale de 48 heures, à commencer le 23 novembre quand le gouvernement va traduire son pacte en loi.

    Les syndicats vont devoir se confronter à leurs partenaires politiques "privilégiés", CD&V et CDh pour l’ACV-CSC et PS et SP.a pour la FGTB-ABVV. Le Setca Bruxelles-Hal-Vilvorde a déjà appelé la FGTB à retirer ses représentants de la direction du PS et du SP.a. La délégation FGTB de Agfa appelle la FGTB à couper les liens avec le SP.a. Dans bien d’autres endroits cette même discussion est relayée. Cela supprimera un énorme frein à l’action, mais ne suffira pas. Les syndicats doivent proposer leur propre alternative au pacte des générations. En 1954 et 1956, la FGTB proposa des réformes de structure irréversibles comme alternative à la politique du patronat. C’est d’une telle alternative qu’il faut discuter aussi aujourd’hui.

    De toute façon, les travailleurs ont besoin d’un parti qui traduit leurs revendications sur le plan politique. Certains mènent un combat d’arrière-garde dans l’espoir de faire changer d’esprit le PS et le SP.a. C’est l’énième tentative honorable, mais ils se trompent. Le MAS n’est pas seul à regarder au dehors des frontières de la Belgique, et tous peuvent voir comment de nouvelles formations politiques commencent à remplir le vide à gauche. Selon nous, il faut marcher sur ce chemin ici aussi.

    Si la FGTB et la CSC lançaient une telle initiative en commun, cela aurait immédiatement un énorme impact. Pour stimuler ce débat, le MAS a lancé une pétition pour un nouveau parti des travailleurs, à coté de la construction d’un réseau syndical. Un tel parti serait évidemment un reflet de la conscience générale du mouvement ouvrier. Un programme socialiste révolutionnaire comme celui du MAS ne pourrait en ce moment qu’en toucher une minorité. Un tel parti serait toutefois un forum pour l’action et le débat politique, et vu que la conscience politique est formée d’actions, cela pourrait élargir considérablement l’intérêt envers notre programme. Un nouveau parti des travailleurs répond aux besoins actuels des travailleurs et de leurs familles. Contrairement à ce que colportent certains, ce n’est pas un concurrent pour les organisations socialistes révolutionnaires existantes, mais justement un instrument qui peut nous offrir l’audience qui nous a manqué durant des années.

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