Tag: Turquie

  • Manifestation européenne contre Erdogan et le régime de l'AKP dans l'Etat turc

    bruxelles_kurdes_01

    Des milliers de personnes sont venues aujourd’hui à Bruxelles à partir de divers pays d’Europe dans le but de participer à une manifestation européenne appelée par HDP (Parti Démocratique des Peuples, pro-kurde). Cette mobilisation fait suite à l’arrestation de plusieurs dirigeants du HDP dans l’Etat turc tandis que la répression continue de s’abattre sur les organisations de défense des droits humains, sur les journalistes et la presse, etc. et que plusieurs villes et villages du Kurdistan sont occupés par l’armée turque.

    Comme l’expliquent nos camarades turcs et kurdes de Sosyalist Alternatif : “Le HDP est dans la ligne de mire car il s’agit de la principale force d’opposition du pays qui ne s’est pas alignée sur le soi-disant ‘‘consensus national’’ qui a fait suite à la tentative de coup d’Etat militaire du 15 juillet dernier. Le HDP est perçu par Erdogan comme le principal obstacle politique sur la voie de la sécurisation des conditions nécessaires à l’instauration d’une dictature présidentielle. Après la tentative de coup d’État de cet été, un important contre-coup a eu lieu. Les attaques contre les droits démocratiques se sont intensifiées. Toutes les authentiques voix d’opposition sont ciblées : des universitaires, des journalistes et des militants politiques ont été arrêtés, des milliers de fonctionnaires ont perdu leur emploi et des médias critiques ont été arbitrairement fermés. (…) Parallèlement, la guerre prend de nouvelles proportions pour améliorer le prestige et les ambitions régionales d’Erdogan. Cela augmente le risque d’effusions de sang et d’insécurité pour tous les habitants de la Turquie, du Kurdistan et de la région en général.”

    Cette manifestation était soutenue par diverses organisations kurdes mais aussi par le PSL qui y a distribué la déclaration de Sosyalist Alternatif en français, néerlandais, allemand et anglais. La très faible présence de la gauche belge (Vrede, Solidarity for all et le Comité Rojava en plus du PSL) dans ce mouvement laisse hélas plus d’espace pour une organisation telle que la N-VA. Plusieurs de ses représentants figuraient dans le cortège. Le “soutien” de la N-VA pour cette mobilisation contre la répression que subit la gauche en Turquie signifie-t-il que ce parti de droite populiste changera d’approche vis-à-vis des grévistes en Belgique ? Ou De Wever et ses amis continueront-ils d’envoyer la police forcer les piquets de grève à Anvers ou ailleurs ? Rappelons d’autre part que la N-VA soutient totalement l’accord conclu entre l’Union européenne et le régime turc concernant les réfugiés.

    Il semble que la N-VA n’ait participé à cette manifestation que pour des raisons qui lui sont propres, comme le mécontentement de sa base nationaliste flamande au sujet des accords avec Erdogan. Mais la politique gouvernementale de la N-VA reste bel et bien de soutenir ce type d’accords. Les protestations de ce parti se limitent aux belles paroles. Il n’en a d’ailleurs pas été autrement concernant l’attitude de la N-VA vis-à-vis de la Palestine. Ceux qui luttent pour un avenir débarrassé de l’oppression sociale ou nationale ne trouveront pas d’allié chez la droite réactionnaire. Plus que jamais, ce qui est nécessaire, c’est l’unité et la solidarité des travailleurs et de la jeunesse contre la répression, la terreur et la guerre.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP

    Photos: Emily

    Manifestation européenne contre Erdogan (1)

    Photos : Nico

  • Manifestation européenne contre le dictateur Erdogan ce jeudi à Bruxelles

    manif_erdogan

    Jeudi 17 novembre, 10h, Gare de Bruxelles-Nord

    Une manifestation européenne contre le régime dictatorial d’Erdogan en Turquie défilera dans les rues de Bruxelles jeudi prochain, à l’initiative du HDP, le parti de gauche poursuivi en Turquie (11 députés et les deux dirigeants du parti ont été arrêtés il y a peu – en savoir plus). La manifestation est soutenue par des organisations kurdes.

    Le PSL appelle à participer à cette marche de même qu’à soutenir la résistance contre le dictateur Erdogan. La Turquie glisse de plus en plus vers un Etat policier dictatorial réprimant violemment la moindre forme d’opposition. Parallèlement, l’instabilité augmente, tant au niveau régional qu’en Turquie. Erdogan et sa clique conservatrice de l’AKP sont clairement responsables de cette situation.

    La solidarité internationale jouera un rôle important dans la lutte contre le régime dictatorial d’Erdogan. Au Kurdistan, des villages entiers sont occupés par les militaires et la répression est croissante dans toute la Turquie, ce qui rend plus difficile d’organiser la résistance au sein même du pays. Il sera crucial d’y développer un approche capable d’attirer les travailleurs et la jeunesse turcs qui souffrent eux aussi de la politique capitaliste d’Erdogan, mais sont simultanément influencés par la machine de propagande du régime. Les problèmes sociaux tels que la baisse du pouvoir d’achat, le manque de travail et l’insécurité ne sont pas causés par les Kurdes mais par le régime anti-social d’Erdogan. Ce dernier est bien plus préoccupé par son pouvoir et son prestige que par la réalité vécue par les Turcs ordinaires.

    La diaspora de militants kurdes est importante en Europe. Elle prendra la tête de cette manifestation, mais voulons-nous laisser les Kurdes progressistes lutter seuls ? Le week-end dernier, une grande manifestation contre Erdogan a déjà eu lieu à Cologne, en Allemagne, ce sera au tour de Bruxelles ce jeudi. A Cologne, diverses organisations de gauche allemande avaient également pris part à l’événement, y compris notre organisation sœur allemande (le SAV). Nous espérons également voir des délégations et des représentants d’organisations et de partis de gauche belges jeudi prochain à Bruxelles.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP
  • Turquie. Arrestation de dirigeants du Parti démocratique des peuples (HDP)

    hdp-rally

    Appel urgent à la solidarité pour leur libération immédiate

    Dans la nuit du 3 novembre, les habitations de plusieurs dirigeants et députés du parti de gauche pro-kurde HDP (Parti démocratique des peuples) ont été attaquées par la police turque. Les deux coprésidents du parti, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, ainsi qu’au moins neuf députés ont été arrêtés et placés en détention.

    Par Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc)

    Le siège du parti à Ankara a également été violemment attaqué. Ces raids ont eu lieu au milieu de la nuit en combinaison du blocage des médias sociaux, une méthode habituelle de l’État pour empêcher les réactions de colère de se propager.

    Cela fait suite à la mise aux arrêts des deux co-maires HDP de la ville kurde de Diyarbakir dimanche dernier. Au cours de ces derniers mois, les maires kurdes démocratiquement élus ont été arbitrairement démis de leurs fonctions par le gouvernement et remplacés par des administrateurs nommés agissant conformément à la volonté du gouvernement central. Tout ceci se passe sous le couvert de la lutte contre le ‘‘terrorisme’’, un prétexte utilisé à la discrétion du régime pour faire taire toute voix d’opposition.

    Ces nouvelles arrestations, ciblant des personnalités influentes du HDP et du mouvement kurde représentent toutefois un précédent inédit. Cela marque une nouvelle étape dans la répression qui a lieu en Turquie contre tout ce qui se trouve en travers du chemin du président Erdogan et de son parti au pouvoir, l’AKP, dans leur volonté de renforcer leur emprise sur le pouvoir.

    Le HDP est dans la ligne de mire car il s’agit de la principale force d’opposition du pays qui ne s’est pas alignée sur le soi-disant ‘‘consensus national’’ qui a fait suite à la tentative de coup d’Etat militaire du 15 juillet dernier. Le HDP est perçu par Erdogan comme le principal obstacle politique sur la voie de la sécurisation des conditions nécessaires à l’instauration d’une dictature présidentielle.

    Après la tentative de coup d’État de cet été, un important contre-coup a eu lieu. Les attaques contre les droits démocratiques se sont intensifiées. Toutes les authentiques voix d’opposition sont ciblées : des universitaires, des journalistes et des militants politiques ont été arrêtés, des milliers de fonctionnaires ont perdu leur emploi et des médias critiques ont été arbitrairement fermés. Lundi dernier, le rédacteur en chef et plusieurs membres du personnel de ‘‘Cumhuriyet’’, l’un des principaux journaux d’opposition turcs, ont été arrêtés.

    Parallèlement, la guerre prend de nouvelles proportions pour améliorer le prestige et les ambitions régionales d’Erdogan. Cela augmente le risque d’effusions de sang et d’insécurité pour tous les habitants de la Turquie, du Kurdistan et de la région en général.

    Sosyalist Alternatif et l’ensemble des sections du Comité pour une Internationale Ouvrière condamnent ces nouvelles arrestations et exigent la libération immédiate de tous les représentants du HDP. Nous soutenons la mobilisation et les protestations populaires de masse et nous ne tomberons pas dans le piège de répondre aux provocations de l’État par des actions individuelles de violence. Une explosion de voiture a eu lieu ce matin à Diyarbakir, peut-être en réponse aux arrestations, tuant au moins huit personnes. Ce genre de réaction contre-productive ne fera que faciliter les visées de répression et de division du régime. Ces actes minent la construction d’un mouvement efficace d’opposition unitaire contre le régime d’Erdogan.

    Plus que jamais, ce qui est nécessaire, c’est l’unité et la solidarité des travailleurs contre la répression, la terreur et la guerre. Le mouvement ouvrier et étudiant ainsi que le reste de la gauche, des deux côtés de la fracture ethnique, doivent se réunir et discuter d’une riposte urgente face à l’assaut de l’Etat turc. Des manifestations de masse et des grèves devraient être organisées à travers le pays, assistées par des actions de solidarité internationale, afin de développer une lutte soutenue capable de défier les politiques d’Erdogan.

    • Libération immédiate de tous les dirigeants et élus du HDP
    • Restitution de leurs postes aux maires destitués démocratiquement élus
    • Fin de l’état d’urgence et de toutes les persécutions contre les voix dissidentes
    • Droits démocratiques pleins et entiers, parmi lesquels celui de s’organiser et de protester
    • Liberté d’expression et de presse
    • Non aux guerres et aux occupations, que les soldats reviennent chez eux
    • Pour des actions de protestation unitaires en Turquie et internationalement, comme point de départ d’une riposte contre le règne d’Erdogan
    • A bas Erdogan et le régime capitaliste de l’AKP

    Envoyez des lettres de protestation au Ministère turc de la Justice à : info@adalet.gov.tr, avec des copies à cwi@worldsoc.co.uk

  • Turquie: le durcissement du régime n’amènera de stabilité durable ni à l’intérieur, ni à l’extérieur

    Turkey Attacks Kurd, Government Forces in Syria, Mulls Ground Assault

    La tentative de coup d’État ratée de la nuit du 15 juillet en Turquie, commise par une faction des forces armées, a donné lieu à une purge monumentale dans le pays. Un peu plus d’un mois plus tard, le 24 août, l’armée turque a lancé son opération la plus conséquente dans la Syrie voisine depuis le début du conflit en reprenant à l’État Islamique la ville de Djarabulus. Mais si l’EI était visé, il s’agissait aussi d’une démonstration de force contre les milices kurdes. Quelle voie s’offre aux travailleurs et à la jeunesse révolutionnaire au beau milieu de cette sanglante toile d’araignée où s’entremêlent les intérêts complexes et contradictoires de diverses puissances impérialistes et forces régionales ?

    Par Nicolas Croes, article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste

    Aucun soutien ni à Erdogan, ni aux militaires

    La majorité de la population et tous les partis politiques se sont opposés au retour d’un régime militaire. Du côté de l’armée, en majorité composée de conscrits, peu de soldats étaient prêts à mettre leur vie en danger pour les putschistes, des officiers uniquement intéressés par la défense de leurs privilèges. Il manquait au coup d’État une réelle base sociale et politique. Comme l’expliquaient nos camarades de Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’État turc) : ‘‘Alors qu’il est de la plus haute importance de résister aux attaques d’Erdogan sur les droits sociaux et démocratiques, ce coup d’État illustre le fait que la dictature ne peut être combattue avec des méthodes dictatoriales. Un tel coup d’État implique que plus de mesures répressives imposées aux masses, en cas de victoire ou non. Le coup d’État manqué sera désormais utilisé par Erdogan pour encore plus concentrer le pouvoir entre les mains de ses proches, ainsi que pour réprimer encore plus fortement les droits démocratiques.’’

    Et cela n’a pas manqué. Le gouvernement a décrété un état d’urgence de 3 mois en prévenant que le pays allait temporairement déroger à la Convention européenne des Droits de l’Homme. Au 19 août 2016, pas moins de 25.917 personnes avaient été placées en garde à vue suite à la tentative de coup d’État. 13.419 personnes avaient été mises en détention préventive tandis que les passeports de 74.562 personnes avaient été confisqués. Près de 5.000 fonctionnaires de l’État turc avaient été licenciés de leurs fonctions et 80.000 suspendus (parmi lesquels 21.738 fonctionnaires du ministère de l’Éducation). 4.262 fondations, hôpitaux, institutions éducatives, associations, médias, syndicats et entreprises avaient été fermés.

    Le pays traverse une crise politique croissante dans un contexte de crise économique grandissante. Le gouvernement a utilisé le système judiciaire et l’appareil militaire pour tenter de surmonter cette impasse en imposant le silence à l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement et en utilisant l’armée (purgée de ses élites kémalistes entre 2007 et 2013 avec le procès Ergenekon) pour écraser dans le sang l’opposition kurde depuis de longs mois.

    L’offensive turque en Syrie

    En Syrie, la prise de Manbij par les milices kurdes le 12 août a sans aucun doute précipité la décision de lancer l’offensive sur Djarabulus pour éviter qu’une nouvelle ville de la région ne tombe entre leurs mains. Cette intervention turque est intervenue dans un contexte d’équilibres régionaux mouvants. Erdogan en veut aux États-Unis pour avoir privilégié leur soutien aux forces kurdes contre l’État Islamique sans tenir compte des intérêts turcs. La Turquie a commencé à normaliser ses relations avec la Russie (avec laquelle elle peut parvenir à des compromis économiques) et a multiplié les rencontres avec l’Iran (qui partage ses préoccupations sur la question kurde), mais elle reste fondamentalement opposée au régime syrien, contrairement à ces deux pays. De là, l’attitude jusqu’il y a peu (très) conciliante du régime turc envers l’État Islamique commence à tourner.

    L’État Islamique est confronté à une énorme pression militaire de même qu’à un mécontentement populaire grandissant dans les territoires qu’il contrôle. Il cherche à compenser ses pertes territoriales en recourant plus systématiquement à des méthodes terroristes plus ‘‘conventionnelles’’ pour impressionner ses ennemis et tenter de consolider son soutien. Le 3 juillet, plus de 300 personnes ont été tuées à Bagdad, l’attentat le plus meurtrier depuis l’invasion de l’Irak en 2003.

    Les militants kurdes au nord de la Syrie (Rojava) ont été loués pour leur héroïsme et leurs succès militaires remportés contre l’État Islamique. Cette détermination sur le champ de bataille est à n’en pas douter alimentée par leur aspiration à construire une autre société à Rojava basée sur la solidarité, l’égalité des genres et le droit du peuple kurde à déterminer lui-même son avenir après des décennies d’oppression. Il est très improbable de pouvoir y parvenir à travers le ‘‘confédéralisme démocratique’’ sans transformation socialiste de la société. Mais le rapprochement des milices kurdes YPG (liées au Parti de l’union démocratique, PYD) avec l’impérialisme américain et la Russie est un danger pour l’avenir de ce combat pour une autre société. En Turquie, dans toute la région, de même qu’ailleurs dans le monde, aucune confiance ne saurait être accordée à des forces dont le seul but est d’assurer la domination de leur élite dirigeante.

    Imposer des défaites militaires à l’État Islamique et éliminer le terreau économique, social et politique sur lequel il a pu se développer sont deux choses fondamentalement différentes. Selon le département américain de la Défense, le coût des opérations militaires liées à l’État Islamique depuis le 8 août 2014 est de 8,4 milliards de dollars. Une somme si colossale pourrait être investie dans l’amélioration profonde des conditions de vie des masses dans la région au lieu d’être consacrée à la destruction. Mais cela nécessite de lutter pour une transformation socialiste de la société et pour une planification démocratique de l’économie afin de répondre aux besoins des travailleurs et des pauvres.

  • Coup d'État manqué en Turquie. Ni militaire, ni Erdogan! Pour une alternative des travailleurs!

    A tank moves into position as Turkish people attempt to stop them, in Ankara, Turkey, early Saturday, July 16, 2016. Turkey's armed forces said it "fully seized control" of the country Friday and its president responded by calling on Turks to take to the streets in a show of support for the government. A loud explosion was heard in the capital, Ankara, fighter jets buzzed overhead, gunfire erupted outside military headquarters and vehicles blocked two major bridges in Istanbul. (AP Photo)

    Dans la nuit du 15 juillet, des généraux de rang intermédiaire, des ex-généraux et des colonels de l’armée turque ont tenté de prendre le pouvoir en de renversant le gouvernement de l’AKP ainsi que le président Erdogan. Au moment de cette tentative de coup d’Etat, Erdogan était en vacances sur la côte de la mer Egée.

    Par Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc)

    Les comploteurs ont d’abord réussi à se saisir de l’Agence nationale de renseignement dans la capitale, Ankara, ainsi que de l’académie de police, à la suite de féroces bombardements aériens. Ils ont aussi pris le contrôle des aéroports d’Ankara et d’Istanbul. En dépit d’affrontements également survenus dans d’autres villes à travers le pays, la tentative de coup d’Etat a principalement été concentrée sur ces deux villes importantes. Des locaux de police, des bureaux de l’AKP, les hôtels de ville, le serveur Internet central et les deux ponts sur le Bosphore reliant les parties asiatiques et européennes d’Istanbul ont également été pris. Le Parlement, où tous les partis politiques étaient en session, a été bombardé à plusieurs reprises par des avions de combat et le palais présidentiel a été attaqué par des unités militaires liées aux comploteurs afin de tenter d’en prendre le contrôle.

    Le cœur du complot se trouve au quartier général militaire suprême, la plus grande base aérienne militaire du pays ainsi que le siège de la police militaire. Les putschistes avaient enlevé la plupart des commandants militaires les plus élevés, y compris le chef suprême des forces armées. Ils ont pris le contrôle de la radio d’État, des plus grandes chaînes de télévision privées ainsi que de la télévision d’Etat, d’où ils ont diffusé une déclaration annonçant la reprise du pouvoir politique des mains du régime illégitime, corrompu et non laïque d’Erdogan et de l’AKP. Ils ont déclaré le couvre-feu et la loi martiale, plaidant en faveur d’une nouvelle Constitution.

    L’avion d’Erdogan a été empêché de se poser pendant des heures. Le Président et le Premier ministre ont tous deux fait appel au peuple pour résister à la tentative de coup d’Etat. Des ailes concurrentes de la machine d’Etat se sont engagées dans des affrontements violents tout au long de la nuit, l’appareil policier restant largement fidèle à Erdogan. Les mosquées ont également appelé à se rallier au gouvernement. Quelques milliers de personnes, pour la plupart des islamistes de droite et le noyau dur des partisans de l’AKP, sont ensuite descendus dans les rues. Des avions et hélicoptères de l’armée ont tiré sur des manifestations dans les deux villes principales. Le samedi matin, plus de 150 militaires (des deux côtés) et plus de 50 civils avaient été tués.

    La majorité de la population et tous les partis politiques sont opposés au retour d’un régime militaire tandis que les rangs de l’armée sont pour la plupart composés de conscrits qui ne sont pas prêts à mettre leur vie en jeu pour les comploteurs. Ces derniers sont des officiers privilégiés de longue date qui ne sont intéressé par la prise de pouvoir qu’en fonction d’eux-mêmes. Le coup d’Etat n’a pas trouvé de base sociale et politique suffisante pour connaître la victoire. La principale fédération turque des grandes entreprises (TUSIAD) et l’impérialisme américain, par la voix du président Obama, ont rapidement fait savoir qu’ils ne fourniraient aucun soutien aux comploteurs.

    Comme nous l’avons expliqué dans des articles et déclarations précédents, le pays traverse une crise politique croissante qui s’est intensifiée depuis les élections de l’année dernière, dans un contexte de crise économique grandissante et de réduction du soutien populaire pour le régime d’Erdogan. Le gouvernement AKP a utilisé le système judiciaire et l’appareil militaire pour tenter de surmonter cette impasse politique croissante en réprimant les voix de l’opposition à l’intérieur et à l’extérieur du Parlement et en utilisant l’armée pour écraser l’opposition kurde. La tentative du parti au pouvoir de forcer l’instauration d’un changement constitutionnel vers un système présidentiel cadre dans la même tendance à un bonapartisme croissant et à la volonté de gouverner par ses seules forces.

    Cette manière répressive de résoudre l’impasse politique a fourni aux comploteurs les outils qu’ils ont retournés contre l’AKP. Alors que les deux camps ont travestis leurs objectifs derrière la façade de la démocratie, ils ne représentent tous les deux que des variantes de la dictature capitaliste, l’une civile et l’autre militaire. Ces méthodes ne peuvent pas résoudre la crise qui secoue le pays, mais seulement l’exacerber. De plus grands bouleversements sont encore à venir. Cette récente tentative de coup d’État a exposé au grand jour le fait que les efforts d’Erdogan pour construire un pouvoir monolithique sont incapables de cacher les divisions internes croissantes et les querelles dans les sphères supérieures de l’État. Elles ont davantage été encouragées.

    Alors qu’il est de la plus haute importance de résister aux attaques d’Erdogan sur les droits sociaux et démocratiques, ce coup d’État illustre le fait que la dictature ne peut être combattue avec des méthodes dictatoriales. Un tel coup d’État implique que plus de mesures répressives soient imposées aux masses, en cas de victoire ou non. Le coup d’Etat manqué sera désormais utilisé par Erdogan pour encore plus concentrer le pouvoir entre les mains de ses proches ainsi que pour réprimer encore plus fortement les droits démocratiques. C’est déjà ce que nous constatons, de nombreux avocats publics ayant été arbitrairement démis de leurs fonctions tandis que le gouvernement a fait part de son intention de réintroduire la peine de mort. Ces mesures sont présentées comme des réactions au complot militaire, mais elles sont idéales pour contrer les futures luttes qui seront menées contre le régime.

    Le Comité pour une Internationale Ouvrière et sa section en Turquie, Sosyalist Alternatif, s’opposent à la tentative de coup d’Etat, car cela aide Erdogan à imposer son agenda dictatorial. Les deux camps représentent différentes ailes de la classe dirigeante oppressive et ils doivent être combattus.

    La résistance populaire contre toute tentative de prise de pouvoir par les militaires ne peut pas être laissée entre les mains du régime pourri de l’AKP. Il faut organiser une riposte de masse de la part du mouvement ouvrier, de la jeunesse, de la gauche et du HDP de manière totalement indépendante des mobilisations du parti au pouvoir, qui ont parfois eu recours à la violence contre leurs opposants politiques et ne dispose d’aucune alternative. Le mouvement des travailleurs et la gauche doivent d’urgence organiser des comités d’autodéfense contre la violence utilisée par les deux camp. Un troisième pôle politique autour de la classe ouvrière, des pauvres et des jeunes doit être développer pour arrêter la violence et les attaques sur les droits démocratiques et politiques ainsi que l’offensive de l’Etat contre le peuple kurde ou encore contre les politiques néo-libérales défendues par les deux factions de la classe capitaliste.

    Les jours où la Turquie était saluée comme un modèle de prospérité et de stabilité sont révolus. La crise multiforme croissance qui engloutit la Turquie est un reflet de la crise du capitalisme à l’échelle mondiale. La seule solution réside dans une lutte pour une transformation socialiste de la société, en liaison avec la solidarité ouvrière à apporter dans le Moyen Orient, en Europe et dans le monde. C’est ainsi que nous pourrons mettre fin au chaos et à la violence qui frappe actuellement la Turquie.

  • Attentat à l’aéroport Atatürk. Non à la guerre et au terrorisme! Oui à l'unité et à la solidarité des travailleurs!

    Ambulance cars arrive at Turkey's largest airport, Istanbul Ataturk, Turkey, following a blast June 28, 2016.     REUTERS/Osman Orsal - RTX2IQUY

    Une attaque terroriste, présumément commise par l’État islamique (Daesh) a tué au moins 43 personnes et blessé 239 autres à l’aéroport Atatürk d’Istanbul le 28 juin dernier. Trois kamikazes ont ouvert le feu sur des passagers et le personnel de sécurité à l’aide de fusils automatiques avant de se faire sauter au contrôle de sécurité à l’entrée de l’aéroport. Le modus operandi et le moment choisi pour cette attaque, alors que Daesh est confronté à d’importants revers militaires dans la région, suggère que l’infâme organisation djihadiste est bel et bien derrière ce nouveau bain de sang terroriste. Elle cherche à afficher au grand jour sa capacité destructrice opérationnelle.

    Par Ahmet Küçük, Sosyalist Alternatif (section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc)

    L’aéroport Atatürk d’Istanbul dispose de normes de sécurité relativement élevées en comparaison des aéroports européens. Des contrôles de sécurité sont également effectués à son entrée. Ces mesures ne peuvent toutefois assurer qu’il s’agisse d’un îlot de sécurité vis-à-vis du terrorisme. Cette récente attaque illustre les limites d’une approche exclusivement basée sur le renforcement de l’appareil de sécurité en négligeant de traiter les causes sous-jacentes du terrorisme. La manière de lutter contre le terrorisme est devenue une question de la plus haute importance dans un pays secoué par 10 attentats terroristes commis contre des civils au cours de ces 11 derniers mois et qui ont causé plus de 250 décès parmi les civils.

    Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie) s’oppose totalement aux attaques terroristes à l’encontre de la population civile de même qu’à l’idéologie de l’organisation qui les opère. Chacune de ces attaques a été utilisée comme excuse pour s’en prendre aux droits démocratiques et renforcer les pouvoirs du président Erdo?an et de la machine d’Etat. Après l’attaque de ce 28 juin, le gouvernement a temporairement bloqué les médias sociaux, tout comme ce fut le cas après chaque incident, et tous les reportages ont été censurés ou interdits.

    Il est particulièrement important d’examiner et de combattre l’atmosphère politique qui a créé le terrain pour de telles attaques terroristes. Le gouvernement turc dirigé par l’AKP a déclaré un jour de deuil national après ‘attentat de l’aéroport. Il s’agit d’hypocrisie pure et simple. Les attaques de Daesh contre des cibles turques font penser à un chien qui mord la main qui l’a nourri. L’AKP (le Parti de la Justice et du Développement) a soutenu les rebelles armés de l’opposition soi-disant «modérée» en Syrie des années durant. En pratique, la Turquie est devenue une «autoroute djihadiste» et une zone d’appui pour Daesh derrière les lignes de front. Ironie du sort, l’aéroport Atatürk d’Istanbul est un aéroport par lequel un nombre considérable de combattants djihadistes et de recrues étrangères de Daesh ont transité dans le cadre de leur voyage vers le soi-disant Califat de l’Etat islamique. Ce n’est que récemment que les mesures ont été renforcées pour empêcher ce flux de djihadistes, probablement l’une des raisons pour lesquelles Daesh a commencé à se retourner contre l’Etat turc. Mais c’est majoritairement la population ordinaire qui paie le prix de ce jeu cynique.

    Ces deux dernières années, les groupes terroristes islamistes radicaux ont développé un réseau de cellules terroristes dans toute la Turquie. L’instabilité causée par les guerres en Irak et en Syrie ainsi que l’approvisionnement en armes de ces pays par les puissances impérialistes et régionales ont augmenté les possibilités d’accès aux armes lourdes et automatiques de même qu’aux explosifs dans toute la région. La répression du gouvernement AKP contre ses opposants politiques, y compris contre le parti pro-kurde HDP (Parti démocratique du peuple), ainsi que la destruction des villes kurdes et le massacre de civils sous le prétexte «d’opérations militaires contre le PKK» nourrit l’instabilité politique et la polarisation croissante dans la société. Cela crée un terrain plus fertile pour le terrorisme.

    La croissance du terrorisme à laquelle nous assistons en Turquie est pour une grande part un choc de retour pour la politique du gouvernement turc. Il est évident que l’on ne peut accorder aucune confiance à un gouvernement lui-même responsable de la terreur d’Etat pour prendre en main nos inquiétudes concernant la sécurité. Pour commencer, une enquête indépendante doit être menée au sujet des événements du 28 juin, avec l’implication des syndicats et des représentants des travailleurs de l’aéroport.

    Mais, plus fondamentalement, nous avons besoin d’un changement fondamental politique et économique en Turquie. Cela ne viendra pas du sommet de la société. Le mouvement syndical, le HDP et la gauche ont besoin de se rassembler et de mobiliser en masse les travailleurs et la jeunesse contre la terreur et les dévastations militaires de l’Etat contre les Kurdes ainsi que pour la justice sociale et les droits politiques. Cette lutte permettrait de développer les forces d’une alternative politique indépendante pour la classe ouvrière, une alternative socialiste, en liaisons avec la défense de la transformation socialiste de la société à travers le Moyen-Orient.

  • L’accord conclu avec la Turquie aggrave la situation des réfugiés

    stopfortresseLe nombre de réfugiés syriens qui atteint l’Europe diminue fortement. Pour l’establishment, c’est le signe que la crise des réfugiés est résolue. Ils se moquent du fait que nombreux sont ceux qui fuient des pays comme la Syrie. La seule chose qui leur importe, c’est qu’ils n’arrivent pas jusqu’ici. La Belgique n’est pas en reste.

    Le gouvernement était presque fier de pouvoir annoncer sa participation aux interventions aériennes en Syrie, comme si ces guerres n’avaient pas de conséquences. C’est l’intervention impérialiste en Irak qui a ouvert la voie au développement d’un groupe aussi terriblement réactionnaire et sanguinaire que Daesh. Le triste bilan des 15 ans de ‘‘guerre contre le terrorisme’’ nous enseigne pourtant que bombarder un pays ou une région, cela ne conduit pas à la paix, au contraire ça alimente la barbarie.

    L’accord conclu entre l’Union européenne et la Turquie vise à stopper l’afflux de réfugiés en Turquie. Pour amadouer le président-dictateur turc Erdogan à cette fin, l’Union européenne a mis plusieurs milliards d’euros sur table. Tout à coup, les ‘‘valeurs occidentales’’ telles que la démocratie ne comptent plus ! À l’heure actuelle, 2,5 millions de réfugiés syriens s’entassent en Turquie. La promesse de l’UE d’en recueillir 20.000 en plus sur deux ans fera peu de différence. Au total, 160.000 réfugiés en provenance de Turquie, de Grèce, d’Italie,… devraient être répartis dans toute l’UE. Au moment d’imprimer ce journal, le compteur n’en était encore qu’à 1500.

    Cette stratégie visant à bloquer les réfugiés en Turquie est vouée à l’échec. Cet accord a immédiatement été critiqué par des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International et Human Rights Watch. La Turquie est loin de constituer un pays sûr… Des preuves existent concernant l’exploitation d’enfants syriens dans des usines turques. La Turquie a fermé ses frontières avec la Syrie à plusieurs reprises, laissant des camps de réfugiés en Syrie sans moyen et sous la menace constante de la guerre. Sur le plan intérieur, Erdogan mène une véritable guerre contre la population kurde et réprime tous ses opposants. Que faire si la Turquie glisse davantage vers une guerre civile incontrôlable ? Que faire si la Turquie devient une nouvelle Syrie ou un nouveau Pakistan ? Où iront les 2,5 millions de réfugiés syriens qui sont déjà en Turquie ?

    Ailleurs, les problèmes demeurent énormes. La guerre civile en Afghanistan a connu un nouvel essor ces derniers mois. Le nombre de personnes déplacées dépasse désormais le million. D’autres points chauds existent encore : l’Irak, la Libye, la Somalie,… La fin de la crise des réfugiés n’est pas à l’horizon.

    Le sort des réfugiés en Europe n’est pas rose non plus. Un grand nombre d’enfants (mineur étranger non accompagné – MENA) a tout simplement disparu. Au cours des quatre premiers mois de cette année, Child Focus a ouvert 32 dossiers en Belgique uniquement. Ce n’est là que la ‘‘pointe de l’iceberg’’, selon les dires de l’organisation. Ces enfants atterrissent souvent dans l’esclavage sexuel ou domestique.

    La situation des réfugiés est encore aggravée par les pénuries sociales en termes d’emploi, de logement, de services publics,… Le rêve d’un avenir meilleur est devenu cauchemar pour beaucoup. Cela ne vaut pas pour tout le monde, les passeurs font des affaires en or. Europol estime que ce “business” équivaut à un chiffre d’affaires de 5 à 6 milliards de dollars en 2015.

    Ce système sans avenir permet à des criminels de faire des profits au détriment de la majorité de la population. Nous devons nous soulever contre le capitalisme et défendre un système débarrassé des guerres, de la pauvreté et de la misère.

  • Turquie: quel antidote à la guerre, la terreur et l'exploitation?

    erdogan_assassinPour l’unité des classes ouvrières turque et kurde!

    Les deux attaques terroristes en l’espace d’un mois n’ont pas seulement pris beaucoup de vies innocentes, mais ont aussi fait le jeu du régime d’Erdo?an, en discréditant les revendications de liberté du peuple kurde et leur lutte contre le régime. En termes de méthode utilisée et de résultats, ce type d’actes politique n’est pas différent des attaques des jihadistes assassins contre les Kurdes, la classe ouvrière et les socialistes. Cela ne peut pas être la voie vers un monde libéré de la violence et de l’oppression. Quelle que soit la justification, Sosyalist Alternatif ne s’identifie pas aux actes politiques et aux méthodes qui font le jeu de la classe dominante, car ces dernières ternissent la réputation de la lutte légitime de la classe ouvrière et du peuple Kurde. La principal de ces méthodes est le terrorisme individuel.

    Par Sosyalist Alternatif, section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc

    Deux attentats terroristes ont eu lieu au cœur des deux plus grandes villes de Turquie. 42 personnes sont mortes dans ces attaques ; celle d’Ankara a été revendiquée par TAK (Teyrêbazên Azadiya Kurdistan/Faucons de la Liberté du Kurdistan) ; l’autre a été menée par Daesh à Istanbul.

    Comme ces attaques visaient directement les civils et ont généré la peur et l’inquiétude, ceux qui défendent leur pouvoir essaient de nous faire croire que c’est la « destinée ». Par exemple, Abdulkadir Aksu, un journaliste pro-AKP très connu, a déclaré que nous devons « nous habituer » à vivre avec le terrorisme.

    Le président Erdo?an et le premier ministre Davuto?lu ont essayé de mettre le bombardement de janvier sur le compte des Kurdes des PYD, pour l’utiliser comme prétexte pour une intervention militaire contre Rojava en Syrie. Ils ont l’intention d’utiliser les dernières attaques pour qualifier tous ceux qui s’opposent à eux de terroristes, et donc les réprimer. D’après cette logique, ils vont élargir la signification de « terrorisme » à tout opposant d’Erdo?an ! Ils ont déjà concocté le concept de « terroriste sans armes » et ont commencé à l’utiliser.

    Erdo?an, qui adore défier les Etats occidentaux dans ses discours, les imite en fait. Erdo?an et le gouvernement AKP utilisent les mêmes méthodes que les gouvernements impérialistes des USA, de France et de partout comme opportunité de tailler dans les droits démocratiques à l’encontre des revendications de la classe ouvrière et de renforcer les pouvoirs de la police. Ils comptent faire passer une loi sur ces lignes en attisant la peur que la dernière attaque a inévitablement créé dans une grande partie de la population.

    Toute les lois et régulations planifiées par Erdo?an et le gouvernement sont élaborées pour réprimer toutes formes de revendications et de droits par la classe ouvrière turque et kurde. Ce sont des moyens politiques de répression contre tous ceux qui s’opposent à la corruption, au chômage, au coût élevé de la vie et à la destruction de l’environnement (à Artvin Cerattepe, une ville au Nord-Est de la Turquie, les habitants ont organisé la résistance contre les activités minières pour défendre l’environement) de même que contre les revendications continuelles des Kurdes pour les droits démocratiques. La législation sera utilisées contre les métallurgistes qui luttent pour leurs revendications, et contre tout autre lutte possible des travailleurs dans la prochaine période.

    Erdo?an et l’AKP sont responsables

    Erdo?an et ses partisans du gouvernement AKP sont les premiers responsables de cela. Ils ont transformé la question Kurde en « guerre civile » et ont soutenu les groupes jihadistes, pour servir leurs ambitions néo-ottomanes sur la Syrie.

    Aucune attaque terroriste ne peut arrêter les massacres de l’Etat. Le peuple Kurde a vécu une grande tragédie depuis juillet 2015. Ayant brutalement interrompu les négociations avec les Kurdes, Erdo?an mène une énorme guerre au nom du « contre-terrorisme » en utilisant toutes les sections des forces armées. La situation à Cirze après trois mois de couvre-feu est de plus en plus comparable à celle d’Aleppo et Kobane, qui a été détruite par le siège de Daesh. Récemment, 200 personnes, surtout des civils et des blessés, qui étaient piégés dans les sous-sol d’un bâtiment, ont été assassinés sour les yeux de toute la Turquie. Devenir insensible à ces attaques contre les Kurdes n’est pas différent de rester silencieux sur les attaques terroristes qui ont frappé Ankara et Istanbul.

    L’AKP n’a jamais hésité à soutenir les horribles organisations jihadistes, à cause de ses ambitions néo-ottomanes et de son « cauchemar », la possibilité que les Kurdes du Nord de la Syrie utilisent leur droit à l’auto-détermination. En résultat, l’Etat Turque s’est tourné vers l’arrière-cour des jihadistes. Jusqu’ici, les jihadistes ont commis des attaques contre les Kurdes, le mouvement ouvrier, les socialistes et les touristes non-Musulmans. Trente-trois jeunes socialistes à Suruç, 102 manifestants à Istanbul ont été tués par cette boucherie. Apparemment, Daesh n’a pas pris l’Etat pour cible ; quand cela arrivera, ce sera le commencement de la « Pakistanisation » de la Turquie. Les partisans de Daesh en Turquie et les militants qui se battent dans leurs rangs en Syrie aimeraient certainement transformer la Turquie en un nouveau Afghanistan ou Pakistan, où l’infrastructure est détruite et où des gens perdent la vie chaque jour – même si la société en Turquie est plus développée que dans ces pays, et la classe ouvrière plus forte.

    Pendant ce temps, Erdo?an et le gouvernement accusent toute voix critique et tout opposant au régime d’espionnage ou de soutien au terrorisme. Can Dundar et Erdem Hul ont été accusés et traduits en justice pour espionnage juste parce qu’ils ont révélé des documents d’Etat sur les politiques d’appui aux forces jihadistes. Donc, rester silencieux dans cette situation signifie rester silencieux sur la « Pakistanisation » rampante de la Turquie.

    Nos méthodes sont les grèves, les manifestations de masse et les occupations

    Il est très ironique que les deux attaques, celle menée par TAK, qui dit lutter pour les droits du peuple kurde, et celle commise par Daesh, qui ont brûlé vifs, décapité et tué des gens sans pitié ont été fortement associées dans l’esprit des gens.

    Dans son interview au service Turque de la BBC, Serhat Varto, porte-parole du KCK (l’organisation urbaine du PKK) a déclaré : « Nous ne luttons pas seulement pour le peuple kurde. Nous luttons pour que tous les peuples de Turquie vivent en égaux, librement et fraternellement… De tels actes politiques nuisent à nos objectifs. Nous appelons tout le monde à éviter cela. Tout en menant des actes contre les forces de l’Etat, nous devons rester à distance des attitudes qui peuvent éroder le désir et la volonté de co-existence ». Il a nié toute connexion avec les attaques ; cependant, il n’est pas convaincant que TAK ait mené ces attaques sans que le PKK soit au courant.

    Si la situation continue, il sera de plus en plus difficile de construite l’unité entre la lutte légitime des Kurdes et la lutte de la classe ouvrière plus large. L’HPD a condamné les attaques terroristes ; cette position politique correcte a partiellement déçu Erdo?an et les nationalistes. Sosyalist Alternatif (section-soeur du PSL en Turquie) soutient cette déclaration de l’HPD. Ceux qui vivent dans l’Ouest du pays ne sont pas responsables des massacres par l’Etat dans le Nord du Kurdistan, ni les Kurdes qui demandent leurs droits démocratiques responsables des bombardements terroristes.
    Une lutte contre à la fois Erdo?an et l’AKP est nécessaire. Pour un régime qui détruit même les derniers vestiges de la légalité, arrête les académiciens juste pour avoir signé un traité de paix, emprisonne les journalistes pour avoir fait leur travail et répondent à la moindre manifestation avec des canons à eau, la seule façon de survivre est la division. Nous rejetons les tentatives de la classe dirigeante de maintenir leur domination en nous divisant. Sur une base de classe, nous sommes la majorité et ils ne sont qu’une poignée. Nous sommes les plus forts tant que nous nous organisons consciemment pour cette lutte. La classe ouvrière détient un énorme pouvoir dans le processus de production et dans l’économie en général. Rien n’arrivera si nous ne déchaînons pas ce pouvoir par des grèves de masse, des manifestations et des occupations.

    Non aux guerres, aux massacres, à l’exploitation, ni à Ankara ni à Cizre !

  • Le cruel système capitaliste est responsable de la crise des réfugiés

    La campagne référendaire pour le maintien ou nom de la Grande-Bretagne dans l'Union Européenne se prépare et la question des migrations a été placée au centre du débat par les campagnes pro-big business tant du côté du maintien que de celui de la sortie. Certains de ceux qui sont – à juste titre – repoussés par le nationalisme de la campagne capitaliste pour quitter l'UE seront tentés de voter pour rester en son sein dans l'espoir que cela puisse être synonyme d'une attitude plus humaine envers les réfugiés fuyant la guerre.

    Éditorial de l’hebdomadaire The Socialist, journal du Socialist Party (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) 

    Mais la vérité est toute différente. La discussion portant sur les réfugiés menace de déchirer l’UE, elle met en évidence à quel point les politiciens capitalistes – européens ou non – sont incapables d’offrir une solution à la crise des réfugiés. Ils tentent tous de se décharger du problème sur d’autres pays que le leur, tout en laissant les réfugiés vivre dans des conditions inhumaines effroyables.

    Les politiciens capitalistes à l’échelle continentale se présentent comme des «durs sur la migration» en jouant sur les craintes des travailleurs quant à la capacité des services publics à faire face à une augmentation du nombre de réfugiés, services publics dont les budgets été coupés jusqu’à l’os par ces mêmes politiciens capitalistes.

    Contrairement à la propagande des gouvernements capitalistes, la plupart de ceux qui tentent d’atteindre l’Europe n’ont entamé un tel périple qu’en conséquence d’une situation véritablement désespérée. Parmi ceux qui arrivent d’abord en Grèce (actuellement plus de la moitié du total) plus de 85% sont issus de Syrie, d’Afghanistan, d’Irak et de Somalie. Dans tous ces pays, l’intervention militaire occidentale a contribué à créer les situations de cauchemar qui contraignent maintenant la population à prendre la fuite. La plupart n’atteindront jamais l’Europe. Autour de six millions et demi de réfugiés syriens sont par exemple déplacés à l’intérieur même du pays.

    La guerre d’Irak

    Le gouvernement travailliste de Grande-Bretagne dirigé par Tony Blair a pris part à l’invasion de l’Irak en 2003 malgré l’opposition massive de la population, intervention qui a marqué le début de l’enfer sur terre qui a depuis lors englouti une bonne partie du Moyen-Orient – surtout la Syrie. L’actuel gouvernement britannique conservateur de David Cameron a rejoint les bombardements effectués par les USA en Syrie aux côtés de la France et d’autres pays. Cela ne fera rien pour ramener la paix en Syrie, cela ne fera qu’augmenter la mort, la misère et le nombre de réfugiés contraints de fuir pour sauver leur vie.

    Et cela coûte une fortune – 438.000 £ (environ 556.000 euros) par raid aérien selon le journal Metro. Alors qu’une fortune est dépensée pour faire pleuvoir la mort sur les Syriens, peu d’entre eux se voient accorder l’asile. Au cours du dernier trimestre de 2015, après que Cameron ait été forcé de promettre d’aider les demandeurs d’asiles syriens sous la pression publique, seuls 339 d’entre eux ont reçu le statut de réfugié par le gouvernement britannique.

    Mais l’UE n’est pas non plus un havre pour les réfugiés: elle n’est pas connue sous le nom d’Europe-Forteresse pour rien. La tragédie des réfugiés qui se noient dans la Méditerranée a précisément été causée par la politique de l’UE au cours de ces dernières années.

    La construction de murs énormes, gardés par des soldats armés, a stoppé les gens qui traversent l’Europe par voie terrestre, ils ont donc pris la mer. Les politiciens capitalistes d’Europe, y compris le gouvernement britannique, ont réagi en réduisant le nombre de navires de sauvetage. La logique barbare de l’argument était que si plus de réfugiés se noient, cela convaincra les autres de ne pas venir.

    Cette incroyable cruauté n’a bien entendu pas fonctionné. Le nombre de noyés a augmenté de façon exponentielle. En avril 2015, 1.308 migrants sont soupçonnés d’être décédés de cette façon, contre 42 dans le mois d’avril précédent, quand les bateaux de l’opération Mare Nostrum étaient encore en activité.

    L’été dernier, les politiciens capitalistes ont temporairement changé leur fusil d’épaule face à la clameur publique qui a suivi les photographies d’un enfant en bas âge syrien noyé, Aylan Kurdi. Un certain nombre de pays – en particulier l’Allemagne – ont assoupli leurs frontières et ont permis à plus de réfugiés d’entrer. Cette phase n’a cependant pas duré longtemps.

    Rapidement les différents pays de l’UE ont commencé à se chamailler en essayant de se décharger des réfugiés. L’accord de Schengen censé permettre la libre circulation dans de grandes parties de l’UE (sans la Grande-Bretagne) a été suspendu dans les faits alors que divers pays ont réintroduit des contrôles à leurs frontières nationales les uns après les autres.

    L’Etat turc

    La dernière ruse qui a émergé d’un sommet de l’UE est d’essayer de payer le gouvernement turc pour qu’il agisse comme une police des frontières en retenant les réfugiés qui tentent d’atteindre l’Europe. En retour, les dirigeants européens ont promis 6 milliards € d’aide à l’Etat turc (bien que l’engagement précédent de 3 milliards € n’a toujours pas été effectivement payé) et d’accélérer les négociations d’adhésion à l’UE.

    En outre, pour chaque individu renvoyé dans l’Etat turc, l’UE a accepté de prendre un réfugié syrien de ce pays (où il y en a actuellement plus de 600.000). Ce plan désespéré sera un cauchemar logistique quand il faudra le mettre en oeuvre.

    Cela n’incitera pas non plus le gouvernement Erdogan à essayer d’arrêter les bateaux de réfugiés qui partaient pour la Grèce. Au contraire, l’Etat turc peut conclure que permettre aux bateaux de partir forcera l’UE à accepter plus de Syriens.

    Dans leur désespoir pour se décharger de la crise des réfugiés sur l’Etat turc, l’UE a fermé les yeux sur le caractère antidémocratique du régime turc et la guerre qu’il mène contre le peuple kurde. Le gouvernement turc est encore récemment intervenu pour reprendre en main le plus grand journal du pays parce qu’il avait osé le critiquer.

    Le gouvernement turc mène une guerre civile brutale contre le peuple kurde dans le sud-est du pays qui a fait des centaines de morts. Il a également été bombarder des villages contrôlés par les Kurdes en Syrie, ce qui a efficacement aidé l’Etat Islamique (Daesh). Les puissances européennes n’ont rien fait de plus que de doucement réprimander le président Erdogan pour ce crime.

    Les propositions de l’UE visent aussi à transformer la Grèce en un enclos géant – un camp de prisonniers en réalité – pour les réfugiés. Il y aura bientôt environ 70.000 réfugiés bloqués en Grèce suite à la fermeture de la frontière de la Grèce avec la Macédoine. Cette décision n’a pas été prise par le gouvernement macédonien à lui seul, elle provient d’un «mini-sommet» qui a réuni les autorités autrichiennes et les Etats d’Europe centrale et orientale. La Grèce n’a même pas été invitée.

    La grande majorité des réfugiés n’a pas pour objectif de rester en Grèce mais de traverser le pays pour se rendre en Europe du Nord. Ils se retrouvent maintenant affamés et sans abri dans les rues de Grèce. La Grèce souffre déjà des conséquences d’une vicieuse politique d’austérité imposée par l’UE, avec plus de 50% de taux de chômage parmi les jeunes et le salaire moyen qui a chuté de plus d’un tiers. Le pays est maintenant censé se débrouiller avec les réfugiés qui parviennent à atteindre l’Europe .

    Le contrôle des décisions d’accorder ou non l’asile ne peut pas être laissé entre les mains des conservateurs ou des gouvernements tout aussi impitoyables du reste de l’UE. Le mouvement des travailleurs à travers l’Europe devrait exiger que des comités élus des travailleurs, avec des représentants des organisations de migrants, disposent du droit d’examiner les demandes d’asile et d’accorder l’asile.

    Beaucoup de gens de la classe ouvrière – en Grèce, mais aussi en Grande-Bretagne et dans d’autres pays – estiment qu’alors qu’ils sympathisent avec les souffrances des réfugiés les services publics de leur pays et l’offre de logements ne peuvent pas faire face au nombre de personnes à la recherche d’un abri. Cette idée est martelée par les politiciens de droite qui racontent constamment que si les travailleurs ne sont pas assez payés ou ne peuvent pas trouver de logement ou d’emploi décent, c’est à cause des migrants.

    Les plus pauvres

    Parallèlement, ce sont généralement les communautés les plus pauvres de la société qui doivent accueillir les réfugiés. En Grande-Bretagne, par exemple, les entreprises privées sur lesquelles le gouvernement s’est déchargé de la responsabilité des réfugiés en matière de logement ont un «modèle d’affaires» pour loger les réfugiés dans des logements compris dans les endroits de Grande-Bretagne où les loyers sont les plus bas.

    Pendant ce temps, dans les arrondissements les plus riches de Londres, il y a environ 75.000 propriétés résidentielles inoccupées, la plupart appartenant à des spéculateurs uniquement intéressés par les profits qu’ils peuvent réaliser. Si les maisons appartenant aux spéculateurs étaient réquisitionnées par le gouvernement, cela permettrait de fournir des logements tant pour les 68.000 ménages actuellement enregistrés comme sans-abri en Grande-Bretagne que pour les réfugiés.

    Les réfugiés et les migrants ne sont pas responsables de l’austérité sans fin que nous avons enduré en Grande-Bretagne et dans toute l’UE. En Grande-Bretagne 80 milliards £ (environ 100 milliards d’euros) ont été coupés des dépenses publiques sous le précédent gouvernement de David Cameron (où les conservateurs étaient en coalition avec les Libéraux-Démocrates). Ce montant est identique à celui des bonus reçus par les banquiers depuis que la crise économique a commencé.

    Si nous laissons les gouvernements européens rejeter à tort la responsabilité de l’austérité sur les migrants au lieu de pointer du doigt le système capitaliste en crise et les banquiers et milliardaires qui en bénéficient, les capitalistes vont réussir à broyer nos conditions de vie. Il est vital que le mouvement des travailleurs offre une issue faute de quoi l’extrême droite pourra en profiter.

    Le fait que l’UE soit en pleine crise existentielle devant son incapacité d’accueillir environ un million de réfugiés sur une population totale de 500 millions est une vibrante condamnation du projet capitaliste européen. Pourtant, selon le journal The Guardian, il y a onze millions de foyers inoccupés dans l’UE, soit assez pour résoudre la crise du logement de la population et abriter les réfugiés.

    La richesse existe pour fournir une aide aux réfugiés – mais elle ne doit pas être recherchée dans les poches de ceux qui souffrent déjà d’austérité. Cette richesse, il faut la saisir dans les caisses du pourcent le plus riche de la société, à la fois en Grande-Bretagne et à l’étranger. Abdullah Kurdi, le père des tout-petits qui se sont noyés dans l’été, a ainsi souligné que les régimes du Moyen-Orient ne font rien non plus pour aider les réfugiés, pas même reconnaître le droit d’asile dans leur pays.

    Le référendum sur l’appartenance à l’Union Européenne

    De vastes sommes détenues par les élites milliardaires d’Arabie Saoudite et d’autres régimes du Moyen-Orient sont placées au loin en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens. Plus de 80% des propriétés d’une valeur de plus de 2 millions de £ à Londres sont propriétés de personnes issues des milieux d’affaires de l’étranger, dont beaucoup du Moyen-Orient. Les richesses des élites du Moyen-Orient en Europe devraient être elles aussi saisies pour s’occuper des réfugiés qui fuient leurs régimes et leurs guerres.

    The Socialist (hebdomadaire de la section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Angleterre et au Pays de Galles) exhorte ses lecteurs à voter en faveur de la sortie de l’UE lors du prochain référendum sur cette question, sur une base socialiste et internationaliste. L’UE, comme le démontre le traitement réservé aux réfugiés, n’est pas internationaliste.

    C’est en substance un rassemblement de grandes entreprises à travers l’Europe afin de maximiser les marchés et les profits. Loin d’aboutir à l’harmonie européenne, comme l’illustre la crise actuelle des réfugiés, tout problème grave conduit à une augmentation des tensions nationalistes alors que les différentes classes capitalistes d’Europe tentent d’assurer qu’elles ne doivent pas supporter le fardeau.

    Les lois et les traités de l’UE sont conçus pour aider les classes capitalistes d’Europe au détriment de la classe ouvrière et des pauvres. En conséquence de quoi les plus modestes propositions visant à faire payer le 1% le plus plus riche de la société pour la crise seraient déclarées illégales en vertu du droit de l’UE. Bien sûr, cela ne suffirait pas pour empêcher un gouvernement socialiste déterminé à mettre en oeuvre de telles politiques, mais cela représenterait une difficulté supplémentaire à surmonter.

    Un gouvernement qui instaurerait une politique véritablement socialiste ne serait pas isolé. Il serait même extrêmement populaire, non seulement dans son pays mais aussi à l’échelle internationale. Il serait en mesure de lancer un appel international pour mobiliser le soutien des travailleurs à travers l’Europe et le monde.

    La seule manière de mettre définitivement fin à la crise des réfugiés est de se battre pour un monde socialiste démocratique. Il y aura toujours des gens contraints de fuir leur pays, non pas par choix, mais en désespoir de cause à la suite de guerres, d’une catastrophe environnementale et de famines en restant dans le cadre du système capitaliste.

    Une société socialiste pourrait exploiter les richesses, la science et la technique créées par le capitalisme pour satisfaire les besoins de la majorité de la population à travers le monde. Ce n’est que sur cette base qu’il serait possible de disposer d’un monde où les gens seront libres de se déplacer s’ils le souhaitent et non pas pour fuir un cauchemar.

    ref_band

  • Grève de la faim symbolique ‘‘Massacre au Kurdistan, brisons le silence!’’

    kurdes_alevis_GFSolidarité contre la sanglante répression exercée par le régime de l’AKP contre les Kurdes

    Le Comité de la Jeunesse kurde de Liège a décidé, en collaboration avec le centre culturel alevi de Liège, d’entamer une grève de la faim ce vendredi jusque dimanche, en soutien aux populations kurdes du sud-est anatolien, dans l’Etat truc. La population kurde est victime d’une féroce répression où bombardements, massacres et viols se succèdent, dans un silence complice de la part de l’essentiel des médias et des politiciens occidentaux.

    Cette situation dure maintenant depuis plusieurs mois, les estimations faisant état d’un demi-millier de morts parmi la population kurde, dont 150 ce mois-ci uniquement. Socialisme.be s’est rendu ce vendredi soir au centre culturel alevi de Liège où les grévistes de la faim et leurs partisans se reposaient après une journée passée sur la place Saint-Lambert, en plein centre-ville, pour sensibiliser les passants à la cause kurde.

    GF_01Un groupe de militantes enthousiaste a de suite expliqué en détail la dramatique situation qui s’est développée à l’instigation du président Erdogan (AKP, Parti de la justice et du développement) et de son gouvernement depuis l’été 2015. Une cinquantaine de couvre-feux illégitimes ont été instaurés dans le sud-est anatolien, les habitations sont bombardées, l’approvisionnement en eau et nourriture est bloqué, les civils sont tués en toute impunité quel que soit leur âge. ‘‘Le président Erdogan, par l’intermédiaire de l’armée et la police a instauré un climat de terreur sans égal ! Pouvez-vous imaginer qu’un membre de votre famille se fasse tuer pour simple fait d’être Kurde ? Pouvez-vous imaginer que le corps de cette personne ne peut être allé rechercher par les membres de sa famille et ce, même si vous êtes muni d’un drapeau blanc ? Pouvez-vous imaginer que vous soyez contraints de conserver le corps de votre proche tué par les forces de l’ordre dans le congélateur car vous avez même l’interdiction d’enterrer son corps ? C’est la triste réalité des Kurdes de Turquie.’’

    La première journée de sensibilisation au centre-ville dans le cadre de cette grève de la faim s’est globalement bien déroulée, marquée toutefois par diverses provocations de groupes turcs proches de l’AKP ou des Loups Gris (mouvement néofasciste turc). Une militante nous explique : ‘‘Nous sommes restés disciplinés et n’avons pas répondu aux provocations. Ils veulent nous empêcher de parler de la situation au Kurdistan, mais nous allons poursuivre notre action, dans le calme.’’ La police s’est toutefois rapprochée du rassemblement suite à cette suite d’agressions… non sans demander que cessent les slogans contre Erdogan et son gouvernement ! Un comble !

    Le prétexte du terrorisme

    GF_02C’est sous prétexte de lutter contre le terrorisme qu’Erdogan a lancé son offensive en commençant par rompre les pourparlers de paix qui avaient été entamés en 2013 avec le PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan). De quoi les autorités turques ont-elles peur ? ‘‘Le HDP, un parti pro-kurde, a franchi pour la première fois le seuil électoral antidémocratique de 10% pour entrer au gouvernement. Son autorité faiblit, et beaucoup de Turcs se sont aussi orientés vers le HDP. Erdogan considère comme une nécessité vitale de stopper ce rapprochement entre Kurdes et travailleurs turcs.’’ (pour en savoir plus, nous invitons le lecteur à prendre connaissance des précédents articles publiés sur socialisme.be à ce sujet ici et ici).

    Il est vrai que ces dernières années ont été marquées par un remarquable renouvèlement des luttes dans le pays. En octobre dernier, une grève générale de deux jours avait immédiatement suivi les attentats d’Ankara (pour lesquels la politique de l’AKP est à blâmer). Cela a clairement illustré la puissance potentielle de la classe des travailleurs. Malheureusement, cette grève n’a pas été suivie d’un appel à intensifier la mobilisation, en laissant ainsi le mouvement sans stratégie claire (voir notre article à ce sujet). L’année 2013 avait été marquée par le formidable mouvement de masse du Parc Gezi (pour en savoir plus : Une ‘‘violence guerrière’’ pour écraser le mouvement – Leçons d’une lutte de masse). En 2014, catastrophe de Soma, le pire désastre minier au monde en 40 ans, avait aussi déclenché de larges protestation ouvrières (voir notre article à ce sujet).

    A cela s’ajoutent encore les victoires remportées par les combattants kurdes en Syrie contre Daesh (organisation qui bénéficie par ailleurs du soutien de l’Etat turc). Il devenait urgent pour Erdogan de s’engager dans une répression féroce contre le peuple kurde mais aussi contre ses opposants politiques de manière plus globale.

    GF_03Nous avons aussi discuté de l’attentat à la voiture piégée de ce 17 février à Ankara contre un convoi de soldats. L’Etat turc a été marqué par plusieurs attentats dans la période récente (plusieurs d’entre eux ayant spécifiquement pris pour cibles des militants de gauche et kurdes et ayant été commis par Daesh, comme à Suruç). Mais ce dernier attentat a été revendiqué par le TAK (les Faucons de la liberté du Kurdistan, un groupe distinct du PKK). Une militante kurde exprime, avec l’assentiment général : ‘‘nous pouvons comprendre une certaine volonté de revanche, mais de tels attentats ne vont faire que renforcer tout le discours d’Erdogan selon lequel chaque Kurde est un terroriste.’’ Cet attentat est un cadeau pour poursuivre sa politique de répression et de diviser pour mieux régner et renforcer sa campagne médiatique nationaliste, démagogique et manipulatrice.

    Un orage qui risque d’éclater

    Commentant les dramatiques évènements de Cizre, nos camarades turcs de Sosyalist Alternatif (Section du Comité pour une Internationale Ouvrière dans l’Etat turc) écrivaient récemment : ‘‘Le pays est tel un ciel avec deux sombres nuages, l’un à l’Est et l’autre à l’Ouest, qui se chargent jour après jour en électricité et qui risquent d’entrer en collision. Mais il est certain qu’il n’y aura qu’un seul gagnant de cette collision, Erdogan et les magnats qu’il représente.’’

    ‘‘La classe ouvrière turque n’a aucun intérêt à priver les Kurdes de leurs droits civils et démocratiques. Au contraire, elle doit s’unir aux travailleurs et aux pauvres kurdes contre la répression et l’exploitation, en soutenant les revendications démocratiques des Kurdes. De leur côté, les Kurdes doivent consciemment lancer appel à leurs frères et sœurs de classe à l’Ouest dans le but de construire une lutte commune et unitaire contre les politiques antisociales et sécuritaires d’Erdogan. (…) Ce qui est arrivé en Irak et en Syrie comprend d’importantes leçons et avertissements pour la classe ouvrière de l’Etat turc. Le choix posé est le suivant : une lutte commune et égalitaire contre le système capitaliste ou le chaos, la guerre civile et plus encore de violence d’Etat.’’


    Socialisme 2016

    Lors de la journée Socialisme 2016 qui se déroulera le 9 avril prochain, nous accueillerons Cédric Gérôme, représentant du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) et particulièrement en charge du développement du travail politique du CIO dans cette région. (Plus d’infos et programme complet)

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop