Your cart is currently empty!
Tag: Turquie
-
La Turquie après les élections : Interview d’Ismail Okay, Sosyalist Alternatif (CIO-Turquie)

L’interview ci-dessous a été réalisée par nos camarades du SAV, la section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO).
Comment analysez-vous les résultats des élections pour Erdo?an et son alliance avec le MHP ?
Le référendum de l’année dernière a abouti à un système présidentiel en Turquie, mais il ne devait être introduit qu’après les prochaines élections. C’est l’une des raisons pour lesquelles des élections anticipées ont été organisées. Une raison encore plus importante est la situation alarmante de l’économie. Bien qu’il y ait une reprise économique sur le papier, elle semble très différente dans la vie réelle pour les masses. Erdo?an a considéré une possible crise économique comme une menace majeure pour sa préservation du pouvoir. Avec cette victoire électorale, le régime d’Erdo?an est consolidé.
D’autre part, seule l’alliance avec le parti ultra-nationaliste MHP a permis à l’AKP et Erdo?an de remporter cette victoire électorale. Cela aura certainement des conséquences. Le MHP fera pression sur l’AKP, par exemple, en faveur d’une amnistie pour les patrons de la mafia condamnés actuellement en prison, ou pour une approche encore plus dure contre les Kurdes.
La Turquie sera-t-elle maintenant une dictature et Erdo?an sera-t-il un président fort ?
La Turquie a longtemps été de facto une dictature. On lui donne maintenant une façade de “légitimité” et de consolidation structurelle. En ce sens, Erdo?an est assez renforcé et la situation de la gauche et des autres forces d’opposition est rendue encore plus difficile.
Mais cela ne signifie pas que le fascisme a triomphé en Turquie et que tout est sans espoir. Il existe encore des syndicats, des partis et des organisations de gauche qui auront de nombreuses et importantes responsabilités au cours de la période à venir. L’une des plus importantes d’entre elles est de construire une force politique forte et indépendante de la classe ouvrière.La situation objective évoluera en faveur de la gauche dans la période à venir. L’économie se dirige vers une crise. Les conséquences de celle-ci ébranleront sévèrement la classe ouvrière et les pauvres, dont certains ont encore des illusions dans le régime.
Que pensez vous du résultat du HDP (Parti démocratique des peuples) ?
Le HDP était le seul parti qui ne participait à aucune alliance électorale. Le seuil électoral de dix pour cent était un obstacle potentiel, mais le HDP l’a dépassé (le HDP a obtenu 11,5 % des voix et 68 députés, NDLR). Si cela avait échoué, tous ses sièges auraient été attribués à l’AKP, faisant de cette dernière la force la plus puissante que le parlement ait jamais connue.
Le HDP est aujourd’hui la troisième force parlementaire. Mais, plus important encore, il a inclus de nombreuses forces de gauche sur sa liste et est ainsi devenue une alliance de gauche de facto. C’est d’une importance énorme pour la construction d’une force de gauche forte qui puisse rassembler la classe ouvrière kurde et turque ainsi que les pauvres.
De plus, le PDH souffre d’une énorme répression depuis trois ans. Pour beaucoup, il est considéré comme le bras légal du PKK (guérilla nationaliste kurde). Malgré ces circonstances, il a pu gagner des voix aux élections. C’est très important.
Le HDP a subi des pertes au Kurdistan. Peut-être en raison de ses références de gauche, certaines forces plus conservatrices et nationalistes parmi les Kurdes n’ont pas voté pour lui. Mais la vraie raison principale est l’occupation militaire sous laquelle les élections dans les régions kurdes ont dû avoir lieu, et la fraude électorale qui s’en est suivie.
Dans l’ouest de la Turquie, cependant, le HDP a augmenté ses suffrages. Il a certainement reçu des votes tactiques de la part de certains électeurs kémalistes. Mais même cela signifie beaucoup. Surtout, cela montre que la classe ouvrière turque peut surmonter ses craintes de contact avec un parti assimilé à tort au PKK ou au terrorisme.
Quelles sont vos revendications et vos propositions pour cette nouvelle situation ?
Juste après l’annonce des élections anticipées, Sosyalist Alternatif (section du CIO Turquie) a fait campagne pour une alliance entre le HDP et les forces de gauche, et c’est d’ailleurs ce qui s’est produite. De plus, dans nos déclarations, nous avons à maintes reprises mis en garde contre les illusions envers les partis bourgeois de l’opposition, soulignant que, quel que soit le résultat des élections, une lutte post-électorale difficile nous attend. Il est maintenant important de renforcer l’alliance de gauche qui a émergé avant les élections et de la transformer en une véritable force socialiste capable de lutter contre les effets de la crise à venir et contre le système capitaliste.
Le gouvernement décidera certainement bientôt de prendre d’autres mesures aux dépens de la classe ouvrière. Le HDP et la gauche doivent élaborer un plan dans les jours à venir sur la façon de lier la lutte au Parlement et à l’extérieur du Parlement. La convocation rapide d’une conférence à cet effet serait une étape importante.
-
Contre le bombardement de la Syrie, construire un mouvement anti-guerre de masse

L’administration de Donald Trump se prépare à une autre série de frappes de missiles contre des cibles du régime syrien. Cela pourrait déclencher une chaîne explosive d’événements et conduire à une conflagration militaire plus grave entre grandes puissances internationales et régionales au Moyen-Orient. Moscou a répondu aux menaces ouvertes de Trump en disant que la Russie ciblerait les unités américaines impliquées dans toute attaque sur le sol syrien.
Par Serge Jordan, Comité pour une Internationale Ouvrière
Trump et la première ministre britannique, Theresa May, traversent une période de turbulences politiques et ont besoin de détourner l’attention des malheurs de leurs administrations. En Grande-Bretagne, il a été très commode pour May que l’attaque chimique présumée, sans preuve concrète, ait eu lieu pendant la période précédant cette crise. Aux côtés de la France, où le président Emmanuel Macron est aux prises avec une nouvelle vague d’action de la classe ouvrière, et de l’Arabie saoudite, qui a offert des facilités pour soutenir les trois autres, tous sont en train de renforcer leur rhétorique et de bander leurs muscles contre le régime d’Assad et ses partisans au Kremlin. A cette fin, ils utilisent cyniquement le prétexte d’une prétendue attaque chimique à Douma, la principale ville de la Ghouta orientale dans la banlieue de Damas.
Cette attaque odieuse, qui aurait tué des dizaines de personnes, est imputée – sans aucune preuve à ce jour – au régime de Bachar el-Assad et à ses bailleurs de fonds étrangers. Certes, le régime d’Assad a défendu son pouvoir corrompu au fil des ans à travers des fleuves de sang versés par des innocents. Le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO, dont le PSL est la section belge, NDT) ne donne pas le moindre soutien à ce régime réactionnaire brutal, ni à ses mécènes russes et iraniens. Mais pourquoi l’armée syrienne lancerait-elle une attaque chimique maintenant, ce qui provoquerait la colère des puissances impérialistes occidentales ? Bien que ce ne soit pas à exclure, la logique tactique qui sous-tend une telle décision n’est pas évidente. La victoire militaire à la Ghouta orientale était en effet à la portée du régime, ancrant l’emprise d’Assad sur la plupart des centres urbains syriens. Certains commentateurs ont émis l’hypothèse que cette attaque récente aurait pu être initiée par les forces djihadistes “rebelles” afin d’entraîner l’impérialisme américain plus profondément dans le conflit.
Indépendamment de la responsabilité de cette attaque, son instrumentalisation comme excuse pour une autre intervention impérialiste au Moyen-Orient doit être rejetée et il faut s’y opposer. Quinze ans après l’invasion et l’occupation de l’Irak, des millions de personnes se souviennent encore des mensonges des politiciens au pouvoir et de leurs amis des médias pro-establishment et pro-capitalistes de l’époque pour justifier cette guerre calamiteuse. De façon compréhensible, nombreux sont donc ceux qui ne sont pas prêts à avaler sans critique la version officielle des événements présentée aujourd’hui par les gouvernements occidentaux et les médias dominants. Les autres interventions occidentales en Afghanistan et en Libye ont également représenté une catastrophe pour les populations de la région. Elles n’ont fait qu’aggraver la crise.
La guerre en Irak a précipité le déclin de l’impérialisme américain au Moyen-Orient ; la guerre en cours en Syrie l’a davantage exposé, offrant à la Russie et à l’Iran un espace ouvert pour étendre leur influence régionale. Ceci, combiné à l’évolution de l’administration de Trump vers un soutien plus direct et plus ouvert des ennemis jurés de l’Iran, Israël et l’Arabie Saoudite, a amené les tensions régionales à un niveau très élevé.
Les tensions dans la région entre les principales puissances, maintenues précairement sous contrôle pendant la lutte contre Daesh, sont maintenant revenues au premier plan avec une intensité renouvelée, car le proto-Etat de Daesh s’est pratiquement effondré. Les développements récents ont vu une escalade dans les escarmouches militaires “interétatiques” sur le territoire syrien, avec un engagement militaire plus profond de la part d’Israël, de la Turquie, de l’Iran et d’autres pays.
Les frappes aériennes de Trump sont susceptibles d’être une démonstration de force de durée limitée, à l’instar de ce qui s’est produit en avril 2017 lorsque la marine américaine a tiré 59 missiles de croisière Tomahawk sur une base aérienne syrienne. D’autres options, comme une guerre totale pour un “changement de régime”, risqueraient non seulement d’entraîner toute la région dans les flammes d’une guerre majeure, mais aussi de hâter des convulsions politiques et sociales majeures dans les capitales occidentales et à travers le monde. Mais la guerre a sa propre logique, et de nouvelles frappes aériennes américaines dans une telle situation combustible pourraient avoir des conséquences involontaires.
Hypocrisie
Alors que les tensions inter-impérialistes augmentent au Moyen-Orient et dans le monde entier, l’hypocrisie et les doubles standards des classes dirigeantes atteignent également des proportions stupéfiantes. Accusant Assad de “mépris pour les vies humaines”, Trump, May et Macron ont récemment déroulé le tapis rouge pour le prince héritier Mohammed Bin Salman, l’architecte en chef du carnage et de la famine délibérée du Yémen, qui tue un enfant toutes les dix minutes en moyenne ! Tous sont allés jusqu’à féliciter le boucher contre-révolutionnaire al-Sissi pour sa récente ” réélection ” farfelue en Égypte ; tous ont donné un laissez-passer de facto à l’opération de nettoyage ethnique du président turc Erdogan à Afrin, ainsi qu’aux tireurs d’élite israéliens qui ont abattu librement des Palestiniens non armés à Gaza – l’impérialisme américain opposant son veto à une condamnation du Conseil de sécurité de l’ONU.
Aucun des commentateurs scandalisés par l’utilisation d’armes chimiques qui justifient une nouvelle agression militaire en Syrie n’a levé de sourcils lorsque, l’année dernière, l’armée américaine a utilisé du phosphore blanc dans des zones fortement peuplées de Mossoul et de Raqqa dans la lutte contre Daesh. Des centaines de civils pouvaient alors apparemment périr et leurs villes être détruites au nom de la “guerre contre le terrorisme”. La même logique a été utilisée par les partisans d’Assad et de Poutine pour tenter de rationaliser les sièges meurtriers et les bombardements brutaux des populations civiles vivant dans les zones de la Syrie détenues par des groupes rebelles armés, dont la plupart sont à tendance islamiste-fondamentaliste, comme les salafistes de “Jaysh al-Islam” qui avaient jusqu’à récemment le contrôle de la Ghouta orientale.
En réalité, le déchaînement meurtrier d’Assad et de ses alliés – à l’instar des meurtres de civils qui accompagne la “libération” impérialiste occidentale des zones contrôlées par Daesh – combiné à la pauvreté de masse et à l’aliénation de millions de personnes sont susceptibles d’agir comme agents de recrutement pour de futurs groupes armés sunnites extrémistes – à moins qu’ils ne soient contestés par une véritable alternative. Parallèlement, les actions d’impitoyables gangs armés de type salafiste et djihadiste ont aidé Assad à maintenir – par la peur – le contrôle sur des portions importantes de la population. Une nouvelle série de frappes aériennes impérialistes aurait le même effet, renforçant le discours d’Assad qui compare son régime à une forteresse assiégée par des ennemis terroristes et impérialistes intérieurs et extérieurs.
Le Comité pour une Internationale Ouvrière s’oppose vigoureusement à toute attaque militaire contre la Syrie, ainsi qu’à toute intervention étrangère et à toute ingérence dans le pays. L’effusion de sang et la destruction qui se sont poursuivies presque sans relâche au cours des sept dernières années doivent être stoppées, et non pas aggravées. C’est une tâche que toutes les puissances capitalistes et impérialistes existantes impliquées dans la région – qui luttent entre elles pour le pouvoir, le prestige et le profit – se sont montrées totalement incapables de réaliser. Il ne peut tout simplement pas y avoir de solution aux horreurs auxquelles le peuple syrien est confronté sur base de ce système pourri.
Alors que le peuple syrien supporte les coups de la contre-révolution et de la guerre, une classe ouvrière importante et puissante existe dans des pays comme l’Iran, la Turquie et l’Egypte. Une telle force – alliée aux pauvres et aux opprimés de la région ainsi qu’à un très nécessaire mouvement anti-guerre en Occident de même qu’armée de politiques socialistes démocratiques – peut montrer la voie à suivre pour sortir du cauchemar auquel sont confrontées la Syrie et le Moyen-Orient plus largement.
- Non aux attaques de Trump sur la Syrie – retrait de toutes les forces étrangères de Syrie – non à l’ingérence de toutes les puissances extérieures dans la région.
- Pour la construction d’un mouvement de masse international contre la guerre.
- Pour la construction de comités de défense unitaires, multiethniques et non sectaires dans toutes les parties de la Syrie afin de défendre les travailleurs et les pauvres contre les attaques sectaires et militaires de toutes les parties.
- Pour la construction de syndicats indépendants et de partis des travailleurs de masse, avec un programme visant à donner les terres aux masses et les entreprises aux travailleurs.
- A bas la dictature, le capitalisme et l’impérialisme – pour l’unité des travailleurs et le socialisme.
- Pour une confédération socialiste démocratique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, respectant les droits de toutes les minorités.
-
Stop à l’occupation, au pillage et au nettoyage ethnique d’Afrin! Stop à l’assaut du Rojava!
Les troupes turques et les rebelles sunnites, soutenus par la Turquie, de la prétendue Armée syrienne libre, le Front al-Nosra et autres mercenaires djihadistes ont envahi le centre d’Afrin le 18 mars dernier et ont réussi à le mettre à sac. Au cours de l’offensive de 58 jours qui a précédé, au moins 289 civils ont été tués et 150.000 habitants ont dû fuir. Le président-dictateur turc Erdogan a immédiatement annoncé qu’il poursuivrait son offensive et qu’il voulait expulser les ‘‘terroristes’’ des régions autour de Manbij, Kamychli, Kobané et Ras al-Aïn. De plus, il n’exclut pas la possibilité d’intervenir également contre les combattants kurdes dans le nord de l’Irak.Par Eric Byl
Il n’est pas clair si Erdogan s’en tiendra aux accords passés avec le régime d’Assad et la Russie. L’opération ‘‘Rameau d’olivier’’, l’invasion d’Afrin, n’a été possible que parce que la Russie, qui contrôle l’espace aérien au-dessus d’Afrin, a laissé faire la Turquie. Et ceci en vertu d’un accord selon lequel la Turquie aurait le droit d’expulser les Unités de protection du peuple syro-kurdes (YPG) hors d’Afrin si elle se taisait sur l’offensive du régime d’Assad et de la Russie dans la Ghouta orientale. Cette enclave rurale dans la région de Damas est entre les mains des rebelles fondamentalistes depuis 2013. La population y est prisonnière entre la terreur des fondamentalistes et la contre-offensive des troupes de Bachar et de la Russie. Des bombes barils (engins explosifs composés d’un baril rempli d’explosifs, de gaz, de combustible et de ferraille) et des armes chimiques sont quotidiennement utilisées. Ce qui provoque de nombreuses victimes civiles.
Compte tenu du partage du pouvoir en Syrie après l’expulsion de l’EI, l’affaiblissement des YPG arrange bien Assad. Lui-même et la Russie ne pouvaient pas tolérer le maintien des YPG car cela les aurait mis en conflit avec les États-Unis qui avaient utilisé les YPG comme forces terrestres contre l’EI. Ils ont fait le pari que la Turquie, alliée au sein de l’OTAN, s’en sortirait bien. La Maison-Blanche et les gouvernements européens ont protesté verbalement mais n’ont pas levé le petit doigt pour arrêter l’offensive turque. Jusque-là, Assad et la Russie ont soigneusement évalué la situation. Le Vice-Premier ministre turc Bekir Bozdag a annoncé que les soldats turcs quitteraient Afrin et la rendraient aux ‘‘propriétaires légitimes’’, ce qui signifie que la Turquie veut y installer ses réfugiés syriens, et donc faire d’une pierre deux coups. Cependant Erdogan annonce aussi qu’il entend par la même occasion occuper tout le Nord, ce qui a poussé la Syrie à demander, dans une lettre aux Nations Unies, que les unités turques se retirent immédiatement.
Afrin était l’un des trois cantons autonomes du nord-ouest de la Syrie, le Rojava, principalement contrôlé par les Unités de protection du peuple syro-kurdes (YPG) depuis 2012. La région est isolée des territoires plus vastes de l’Est où les YPG gouvernent dans le cadre des Forces démocratiques syriennes (FDS). Elle est restée pendant des années en dehors du conflit syrien et était un asile pour de nombreux réfugiés. En dehors des Kurdes, la population, qui se compose aussi d’Arabes et de Turkmènes, a doublé en quelques années pour atteindre 4 à 500.000 personnes. La région et sa population sont aujourd’hui sacrifiées aux intérêts stratégiques des superpuissances locales et internationales, dont les appétits menacent toute la région.
Le PSL a été activement impliqué dans les mouvements de solidarité avec Afrin ces derniers mois. Nous avons participé à plusieurs activités parmi lesquelles un rassemblement à la gare de Bruxelles-Central le 27 janvier, le camp d’Afrin pendant 5 jours (du 19 au 23 mars) au Parlement européen et la manifestation du 27 mars. Les militants syndicaux du PSL proposent aussi des motions de solidarité dans les assemblées syndicales et auprès de leurs centrales syndicales. La domination impérialiste et l’anéantissement des droits démocratiques et sociaux ont non seulement un effet catastrophique dans la région concernée, mais seront également utilisées pour réduire les droits des travailleurs et des jeunes partout dans le monde.
-
Manifestation contre l’OTAN et contre l’invasion et l’occupation d’Afrin

Ce mardi 27 mars, quelque 2.000 personnes ont manifesté à Bruxelles contre l’invasion turque d’Afrin, au nord-ouest de la Syrie, et contre la complicité tacite des alliés de l’OTAN qui ne sont pas prêts à arrêter cette invasion. Le régime turc du président-dictator Erdogan veut conquérir Afrin et, en fait, l’ensemble du Rojava, la région à majorité kurde qui est autogérée. Son objectif est de renforcer sa position en Turquie sur une base nationaliste et, en même temps, d’accroître sa présence régionale. Parallèlement, Erdogan veut en finir avec l’exemple d’autonomie kurde afin que la population kurde turque ne s’en inspire pas.
La manifestation s’est concentrée sur la catastrophe humanitaire causée par l’invasion turque. La conquête d’Afrin s’est accompagnée de nombreux morts et de milliers de réfugiés. Le risque de nettoyage ethnique et de pillage est grand. Beaucoup des personnes présentes avaient des membres de leur famille à Afrin ou étaient eux-mêmes originaires de cette région.
Nous ne pouvons pas permettre aux victimes de cette guerre de lutter seules contre l’invasion et l’occupation d’Afrin ! Lors de la manifestation de Bruxelles, des Kurdes vivant en Belgique et dans les pays voisins ont démontré leur solidarité. On trouvait en outre parmi les manifestants des militants du Comité de solidarité Rojava, de l’ASBL pacifiste Vrede, du PSL et d’autres organisations. A la fin de la manifestation, Eric Byl a pris la parole au nom du PSL en exprimant notre solidarité avec la résistance à l’invasion d’Afrin. Il a défendu que les travailleurs et les jeunes prennent l’initiative, y compris ici et au-delà de la communauté kurde. Il a ainsi fait référence à la guerre du Vietnam, qui a conduit à un mouvement de masse aux Etats-Unis il y a 50 ans : les Etats-Unis ont perdu cette guerre non pas tant militairement, mais à cause de la pression de ce mouvement de masse dans leur propre pays. En nous organisant et en nouant des liens avec le mouvement des travailleurs ici en Belgique et ailleurs en Europe, nous pouvons poser des pas dans cette direction. Au nom de la campagne ROSA (Résistance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), Emily Burns a souligné l’importance de la lutte pour les droits des femmes, un élément qui est également fortement souligné dans le Rojava.
Reportage-photos de Mario :
Reportage-photos de Liesbeth :
Vidéo :
-
Action de sensibilisation en solidarité avec Afrin au Parlement européen
La Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin lance une tente d’information devant le Parlement Européen à Bruxelles, afin de fournir des informations détaillées sur les crimes de guerre de la Turquie à Afrin ainsi que sur la crise humanitaire causée par les attaques turques dans l’enclave. L’action prendra place chaque jour du lundi 19 au vendredi 23 mars entre 11 et 15h.Par la Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin
L’inauguration de la tente aura lieu à l’occasion d’une conférence de presse le lundi 19 mars à 13h, avec la participation des députés européens qui votèrent le jeudi 15 mars une résolution sur la Syrie appelant l’État turc à retirer ses forces du Nord de la Syrie.
Les représentants de la Fédération Démocratique du Nord de la Syrie, de même que divers groupes politiques de Turquie et du Kurdistan ainsi que des organisations kurdes, assisteront à la conférence de presse.
Tout au long des cinq jours durant lesquels la tente sera ouverte, les politiciens kurdes et les membres de notre plateforme fourniront des informations complètes et délivreront des fichiers concernant les crimes de guerre de la Turquie à Afrin de même que la crise humanitaire causée par le siège de la ville par la Turquie. Les membres de la plateforme rendront également visite au Parlement Belge et aux partis politiques, de même qu’à la société civile et aux organisations pour les droits humains.
La situation à Afrin a atteint une étape critique alors que des centaines de milliers de civils se retrouvent sous les intenses bombardements des avions turcs, pendant que le centre d’Afrin fut privé d’eau et d’électricité une semaine durant à la suite du siège de la ville par la Turquie.
La Plateforme Européenne de Solidarité avec Afrin, qui rassemble 94 organisations provenant de toute l’Europe, exhorte la communauté internationale, les Nations Unies et l’Union Européenne à briser leur silence vis-à-vis de l’agression turque sur Afrin, de même qu’à prendre des mesures urgentes pour arrêter cette attaque.
Nous demandons également :
- Nous appelons le Conseil de Sécurité des Nations Unies à se lever fermement en défense de la Résolution 2401, et à ne pas laisser le régime turc échapper à sa responsabilité concernant ses actions dans la région d’Afrin, en Syrie.
- Nous exhortons la communauté internationale à imposer le cessez-le-feu du CSNU et à garantir la livraison d’une aide médicale et humanitaire aux civils qui en ont désespérément besoin, tant à Afrin que dans la Ghouta.
- Nous insistons sur le besoin urgent d’implémenter une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la région d’Afrin dans le but de préserver les vies civiles et les zones résidentielles, l’infrastructure civile, les monuments importants et les artefacts culturels. Nous invitons la communauté internationale à aider à la mise en place de cette zone d’exclusion aérienne avec les troupes de maintien de la paix ou les délégations observatrices.
-
STOP à la guerre contre les Kurdes! #SolidaritéAvecAfrin

Manifestation à Londres, cette semaine. Photo : Amaliah (Socialist Party) Pour une résistance de masse !
L’État turc s’en prend aux Kurdes à Afrin au moyen de bombardements et d’une invasion terrestre. Ceci survient à la suite de l’offensive dévastatrice menée en 2016 contre les régions kurdes en Turquie. Le président Erdogan avait mis fin au “processus de paix” et déclenché une guerre, provoquant une vague de nationalisme anti-kurde en Turquie.
Ce n’est qu’en 2016 que des avions turcs ont bombardé pour la première fois les bases de Daesh en Syrie. Mais le prétexte de la prétendue “guerre contre le terrorisme” des forces occidentales a été saisi par le régime d’Erdogan pour couvrir le bombardement des régions kurdes.
Ces forces kurdes étaient celles qui combattaient Daesh sur le terrain ! Plutôt qu’une victoire kurde, l’Etat turc préférait que Daesh l’emporte.
Les Kurdes composent une nation sans Etat, divisée entre l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie depuis l’accord conclu après la Première guerre mondiale entre puissances impérialistes pour découper la région.
Dans l’instabilité créée par la guerre en Irak de 2003, ils ont développé des zones autonomes en Irak et en Syrie. La lutte contre Daesh a soulevé la possibilité de faire tomber les frontières de l’impérialisme. Grâce aux progrès réalisés par les Unités de protection du peuple (YPG, branche armée du Parti de l’union démocratique, PYD, organisation de gauche syrienne) kurdes, une grande zone conjointe dans le Nord de la Syrie et en Irak est sous contrôle kurde. Le régime turc craint ce que cela pourrait signifier pour la Turquie elle-même.
Les Kurdes trahis
Les combattants kurdes ont fait preuve d’héroïsme dans leur lutte contre Daesh. Mais bon nombre de leurs gains ont été réalisés au côté d’attaques aériennes des forces russes et américaines.
Le Parti Socialiste de Lutte (PSL) et le Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) ont à plusieurs reprises averti que les États-Unis et la Russie n’étaient pas des amis du peuple kurde. Ils utilisent les combattants kurdes quand cela leur convient pour ensuite les abandonner tout aussi facilement.
Dès que Daesh a été repoussé, les Etats-Unis et la Russie ont permis à la Turquie de déchainer sa machine de guerre dans l’espoir de stabiliser leurs relations avec le régime turc.
Les différentes puissances impérialistes, parmi lesquelles les États-Unis et la Russie, n’ont jamais eu les intérêts des Kurdes à cœur. Ils ne s’intéressent qu’à leurs propres intérêts et ne soutiennent les forces kurdes que dans la mesure où ces derniers n’entrent pas en conflit avec eux.
C’est ce que nous avons brutalement vu se produire en 1991, lorsque George H. W. Bush a encouragé un soulèvement contre Saddam Hussein pour ensuite laisser les Kurdes être massacrés.
Ni les puissances occidentales, ni les régimes répressifs de la région ne veulent que la détermination des Kurdes à lutter pour l’indépendance dans d’autres régions ne s’accentue davantage, en raison de l’instabilité profonde qui en résulterait, dont l’éclatement potentiel de la Turquie.
Les puissances capitalistes régionales sont toutes prêtes à favoriser les divisions ethniques et nationales et à dresser les peuples les uns contre les autres – les Arabes contre les Kurdes par exemple – pour servir leurs intérêts.
Pour une résistance de masse !
Les Kurdes ont bien entendu le droit de se défendre. Le PSL défend la création de comités de défense démocratiques, non sectaires et multiethniques, capables de donner un rôle actif à la population.
Les territoires actuellement sous contrôle kurde sont peuplés d’Arabes, de Turkmènes et de Kurdes. Il est vital de faire appel à ces masses pour qu’elles s’organisent ensemble.
En défendant le droit à l’autodétermination des peuples, il serait possible de construire un mouvement qui résisterait aux attaques turques et s’adresserait aux travailleurs et aux pauvres de toute la région.
Il est également important de lancer un appel à la classe ouvrière en Turquie. Dans une situation aussi terrible, cela peut sembler éloigné. Un tel appel doit reposer sur un programme de défense des droits démocratiques, pour de bons emplois et des logements décents ainsi que pour que les vastes ressources de la région soient détenues et contrôlées démocratiquement au bénéfice de tous. Cela serait de nature à briser la peur et la haine. Les travailleurs et les pauvres en Turquie n’ont rien à gagner de l’oppression des Kurdes, qui ne fait que renforcer le gouvernement et les patrons qui les exploitent et les oppriment également.
La plus grande crainte des riches, des grands patrons et des propriétaires terriens ainsi que de leurs représentants politiques serait le rassemblement des travailleurs kurdes, irakiens, turcs, syriens et iraniens dans un mouvement qui pourrait défier les gouvernements locaux, les impérialistes et le capitalisme lui-même.
Nous soutenons le droit démocratique du peuple kurde à l’autodétermination, y compris, s’il le souhaite, jusqu’à la pleine autonomie et à l’établissement d’États indépendants ou d’un État commun à tous les Kurdes.
Une confédération socialiste volontaire du Moyen-Orient permettrait à tous les peuples de décider librement et démocratiquement de leur destin.
Les socialistes et les organisations des travailleurs doivent construire des mouvements opposés à la guerre contre les Kurdes et contre l’intervention impérialiste, et exiger des droits et des conditions décentes pour les réfugiés.
[divider]
Déclaration conjointe de SOSYALIST ALTERNATIF (CIO-Turquie) & de PATRONSUZ DUNYA
Le régime d’Erdogan a lancé une opération militaire à Afrin, une ville kurde du nord-ouest de la Syrie, avec le soutien sans réserve du parti d’opposition social-démocrate, le CHP. Les acquis et la lutte de libération du peuple kurde – peuple réparti sur un territoire partagé entre la Turquie, l’Irak, l’Iran et la Syrie – sont visés par un accord commun entre les régimes de ces quatre pays ainsi que les forces impérialistes telles que la Russie et les Etats-Unis.
Le nom même de l’opération, ‘‘Rameau d’olivier’’, exprime le commun accord contre toutes sortes de revendications fondées sur le droit à l’autodétermination des Kurdes, même si ces puissances sont en conflit les unes avec les autres. Ce nom revient à voir un dictateur offrir un rameau d’olivier à un autre alors que tous deux qualifient l’autre de ‘‘dictateur aux mains pleines de sang’’. En tant que socialistes et marxistes révolutionnaires, nous appelons tous les travailleurs et les syndicats à s’opposer à cette attaque.
Il s’agit d’une guerre contre les Kurdes. Le mobile qui la sous-tend est simple : le peuple kurde est géographiquement divisé et opprimé par quatre pays, usurpé de ses droits démocratiques nationaux les plus élémentaires. Toute conquête éventuelle que les Kurdes pourraient obtenir dans l’un de ces pays impliquera des revendications nationales en matière de droit démocratique et, par conséquent, accélérera le processus de sensibilisation pour le peuple kurde dans les trois autres pays. C’est précisément ce qui inquiète les autres pays et leurs régimes oppresseurs. Ils n’hésitent donc pas à recourir à toutes sortes de moyens, y compris la guerre et les massacres, pour éliminer ces conquêtes.
Les médias, qui agissent tel un ministère de la propagande pour le palais d’Erdogan, injectent le racisme dans la conscience des masses en présentant cette campagne d’occupation comme une opération ‘‘contre le terrorisme’’. Il s’agit d’un énorme mensonge. Le régime d’Erdogan a alimenté la guerre civile syrienne, a soutenu les organisations djihadistes-terroristes et a causé des effusions de sang non seulement en Syrie mais aussi dans d’autres pays du monde. Il a utilisé ces organisations djihadistes-terroristes pour servir sa stratégie politique. Le régime d’Erdogan a ouvertement transporté en bus des djihadistes de Turquie à Afrin pour cette campagne d’occupation, sans même essayer de le cacher. Le régime d’Erdogan était assis à la table de négociation avec les régimes russe et syrien, pour Alep et Idlib, en tant que ‘‘représentant’’ des organisations terroristes djihadistes. Cela révèle quelle est la nature des relations entre le régime d’Erdogan et les djihadistes.
D’autre part, le régime fait taire toutes les voix de l’opposition par le biais de l’état d’urgence et des décrets d’urgence. Avec cette guerre, le régime d’Erdogan tente de se renforcer. Il ajoutera ‘‘l’état de guerre’’ à ‘‘l’état d’urgence’’. Cette guerre favorisera en outre l’atmosphère nationaliste dans le pays, ce qui diminuera la marge de manœuvre de l’opposition. Le CHP (le parti kémaliste prétendument social-démocrate) est en concurrence avec la ‘‘coalition AKP-MHP’’ (l’AKP est le parti d’Erdogan, le MHP le parti d’extrême droite) dans une ‘‘course au patriotisme’’.
Le véritable ennemi n’est pas le peuple d’Afrin, c’est le régime d’Erdogan. Ce régime réprime toute revendication démocratique en utilisant toute la force de l’appareil d’Etat. Les conditions de vie de la classe des travailleurs, dont les enfants sont envoyés à la guerre, sont grandissantes. Le régime d’Erdogan utilisera la guerre contre les Kurdes pour empêcher que le mécontentement des travailleurs ne vienne menacer le régime. De cette façon, il lui sera beaucoup plus facile de stigmatiser ceux qui revendiquent leurs droits en les qualifiant de ‘‘partisans des terroristes’’.
Il est presque certain qu’il sera interdit aux travailleurs du secteur métallurgique de faire grève dans ces prochains jours. Lors d’un meeting public à Kütahya, Erdogan a élevé la voix contre les travailleurs précaires exigeants des emplois permanents en leur disant : ‘‘Vous n’écoutez pas les explications, vous ne suivez pas les choses, vous ne savez pas (…) nous l’avons déjà dit au Parlement (…) vous insistez encore pour ne pas comprendre…’’ tout cela alors qu’il annonçait le début de la campagne d’occupation. Cela illustre l’apparente confiance en lui d’Erdogan, confiance créée par son pouvoir absolu sur le pays. Nous aurons à faire face à plus encore en raison de la guerre et des divisions au sein de la classe ouvrière à cause du racisme, du nationalisme, du sectarisme et du chauvinisme.
Tous les partis d’opposition et les médias, qui sont tout à fait d’accord avec le régime d’Erdogan sur ce sujet, accordent une attention extrême à la ‘‘lutte contre le terrorisme’’ comme raison de l’opération. Ils évitent autant que possible d’utiliser le mot ‘‘kurde’’ (y compris certains groupes qui se définissent comme ‘‘socialistes’’). C’est la raison pour laquelle le nom de Rojava a été rapidement changé, passant du terme de ‘‘corridor kurde’’ jusqu’à la Méditerranée à celui de ‘‘corridor de terreur’’. Même le MHP ultra-nationaliste et raciste affirme : ‘‘On ne peut pas prétendre que le MHP est contre les Kurdes’’. Leur véritable préoccupation est la conscience nationale formée autour des Kurdes.
Comme tous les autres peuples, les Kurdes devraient avoir le droit de vivre et de déterminer leur destin, que ce soit en Syrie, en Irak, en Iran ou en Turquie. La formation de la conscience nationale des Kurdes et leurs revendications démocratiques doit devenir une préoccupation pour toute la classe ouvrière exploitée. Il s’agit d’une condition préalable au succès en tant que force unifiée des travailleurs en Turquie. Il est nécessaire que la classe ouvrière turque défende collectivement les droits des Kurdes. Ce n’est que de cette manière qu’il sera possible de gagner la confiance puis le soutien du peuple kurde et de combiner la lutte pour les droits démocratiques nationaux à la lutte des classes.
Ni le peuple kurde, ni le peuple syrien ne sont nos ennemis. Le véritable ennemi, c’est la dictature d’Erdogan, qui protège les patrons, les voleurs, la corruption, les tueurs et les organisations terroristes djihadistes qui n’ont rien donné aux travailleurs et aux opprimés si ce n’est le chômage, la pauvreté, l’exploitation, du sang, des larmes, la guerre et la mort. Une dictature ne peut être détruite que par ses victimes. Les victimes de ce régime sont les Turcs ordinaires, les Kurdes, les Alevites, les Sunnites, c’est-à-dire la classe ouvrière et tous les peuples opprimés.
L’AKP, le CHP, le MHP et le ?Y? sont tous des partis nationalistes et chauvinistes. Ils tentent de démontrer que les travailleurs et les capitalistes ont les mêmes intérêts sous le toit d’une ‘‘nation unique’’. Ces intérêts ne se chevauchent toutefois pas, quelle que soit la nationalité, l’origine ethnique ou la religion à laquelle ils appartiennent. Ils sont plutôt opposés. C’est pourquoi il nous faut un parti des travailleurs capable d’organiser notre propre classe contre les partis nationalistes capitalistes.
Seule l’unité de la classe ouvrière peut stopper les guerres, les impérialistes et leurs collaborateurs. Par conséquent, nous appelons toutes les organisations de la classe des travailleurs, en particulier les syndicats, à s’opposer à cette guerre que l’Etat turc a déclarée contre les Kurdes, avec l’aide de des impérialismes américain et russe.
- Stop à l’occupation !
- Ne participez pas à l’occupation, dites non à l’offensive contre Afrin !
- Que les syndicats s’opposent à la guerre: grève générale !
- Unissons la lutte des métallos avec la lutte contre la guerre !
- Pour l’unité de classe contre le nationalisme et le sectarisme !
- Contre la guerre, l’exploitation, l’oppression et la pauvreté, pour une confédération socialiste volontaire du Moyen Orient !
-
Référendum en Turquie : la victoire à la Pyrrhus d’Erdogan
Le référendum du 16 avril sur la réforme de la Constitution turque a donné le ‘‘oui’’ vainqueur à 51%. La victoire d’Erdogan lui permettra d’étendre son pouvoir autoritaire dans toutes les branches de l’appareil d’Etat. A moins que sa stratégie n’atteigne ses limites ?Par Pierre (Namur)
La campagne qui a précédé le référendum a été marquée par les manœuvres politiques, les intimidations et la désinformation en faveur du ‘‘oui’’. Alors que les opposants à la réforme étaient intimidés physiquement ou détenus par la police, tout l’appareil d’Etat était mobilisé pour faire campagne pour le ‘‘oui’’.
Erdogan a profité de l’état d’urgence mis en place après le putsch manqué de l’été dernier pour décrédibiliser d’avance ses adversaires, les qualifiants tours à tour de ‘‘traîtres’’, de ‘‘diviseurs’’ ou de ‘‘terroristes’’. Les événements de juillet 2016 ont été une excellente occasion pour le pouvoir en place de se débarrasser de ses opposants et de miner toute discussion démocratique. Des centaines de milliers de fonctionnaires, soldats, journalistes, juges ou procureurs ont été démis de leurs fonctions et emprisonnés. Ils ont été accusés d’être des partisans de Fethullah Gülen, du nom de cet ancien allié d’Erdogan accusé d’avoir fomenté le coup d’Etat.
Dans le nord du Kurdistan, Erdogan a empêché toute organisation sérieuse de la campagne en faveur du ‘‘non’’ en emprisonnant des députés du HDP (parti de gauche, pro-kurde), le seul parti à même d’organiser la contestation dans cette région. Dans les villes kurdes, c’est la répression d’Etat qui a permis de gonfler les soutiens en faveur de la réforme. Partout en Turquie, le camp du ‘‘non’’ a été largement ignoré par les médias dominants durant la campagne. Le jour du vote, le Haut-Conseil électoral a déclaré que les bulletins de vote non scellés seraient déclarés valides, une violation flagrante des procédures électorales.
Un pas de plus vers la dictature
La nouvelle Constitution devrait permettre au président de cumuler énormément de fonctions (président de parti, chef de l’armée, chef des services secrets,…), de nommer des ministres à sa guise, d’intervenir dans les procédures judiciaires, de régner par décret, etc. La concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul homme constitue un pas de plus vers la mise en place d’un pouvoir dictatorial. Dans les faits, une présidence à vie devient possible pour Erdogan.
Mais malgré les purges, le climat de peur et les nombreuses irrégularités dénoncées le jour du scrutin, le ‘‘oui’’ l’emporte de justesse, avec 51,4% des voix. Alors que l’AKP (parti islamo-conservateur, dont est issu Erdogan) et le MHP (parti nationaliste d’extrême droite, allié d’Erdogan) avaient remporté ensemble 60% des voix lors des dernières élections générales, nombre de leurs électeurs se sont retournés contre eux. Dans les trois plus grandes villes du pays (Istanbul, Ankara et Izmir), la majorité a voté ‘‘non’’. A Ankara et à Istanbul, l’AKP avait remporté les dernières élections, et la perte de ces deux plus grandes villes du pays illustre que le soutien envers Erdogan a chuté.
Le mécontentement est alimenté par le ralentissement de l’économie ainsi que la poussée rapide de l’inflation et du chômage. Le pouvoir tente donc de se maintenir par une politique autoritaire et une rhétorique guerrière et paranoïaque, accusant l’ensemble de ses opposants de tous les maux. Bien qu’elle ait permis à Erdogan de rester en place jusqu’à présent, cette stratégie pourrait se retourner contre lui. Son soutien s’effrite parmi la population, et l’analyse précise des résultats du référendum renvoie l’image d’une ‘‘victoire à la Pyrrhus’’.
A Istanbul et en Chypre du Nord, des manifestations spontanées ont éclaté au soir du référendum, signe qu’une couche croissante de la population refuse que le pays ne sombre vers la dictature. Les travailleurs et les pauvres de Turquie ne doivent pas se faire d’illusions envers les ‘‘sociaux-démocrates’’ du CHP (principal parti d’opposition) qui, bien qu’opposés aux manœuvres autoritaires d’Erdogan, ne constituent pas de véritable alternative à la violence capitaliste. Nous avons besoin d’un mouvement ouvrier uni qui mène à la fois la lutte pour les droits démocratiques, les droits des minorités, et le combat pour la justice sociale et la répartition des richesses.
-
Etat turc. Seule l’unité des progressistes et des syndicats en lutte peut stopper le régime présidentiel

Photo : Wikipédia L’oppression brutale des minorités, la forte influence de l’armée et l’exportation des conflits politiques turcs en Europe n’ont jamais fait le poids face aux intérêts économiques, militaires et politiques turco-européens. Les élites européennes n’ont toutefois jamais pu se permettre d’entretenir des relations avec le régime turc sans émettre quelques critiques de temps à autre. A l’occasion du referendum turc du 16 avril portant sur la révision de la constitution – referendum qui revient dans les faits à un coup d’Etat présidentiel – ces relations chargées ont viré en engueulades et en succession de représailles.
Par Eric Byl
Tout semblait pourtant plein de promesses pour l’Occident. En 2009, le gouvernement AKP a présenté son ‘‘Initiative kurde’’. Il semblait que la langue kurde allait être autorisée. Une sixième chaîne émettant en kurde s’est ajoutée à l’offre de la télévision publique. Le gouvernement a promis d’investir dans la région et des frigos ont même été distribués gratuitement.
En 2007 déjà, l’AKP avait coupé l’herbe sous le pied du Parti kurde (DTP) et était parvenu à sortir grand vainqueur des élections législatives dans les territoires kurdes. Au moment des révolutions et mouvements de masse en Afrique du Nord et au Moyen orient (2011-2012), l’AKP et Erdogan semblaient représenter un islam modéré et moderne considéré par les puissances occidentales comme une alternative aux tendances plus fondamentalistes.Erdogan montrait cependant déjà régulièrement son vrai visage. ‘‘Un musulman ne peut commettre de génocide’’, a-t-il déclaré en défense d’Omar al-Bashir (Soudan) alors poursuivi par la cour pénale internationale pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. En 2012, il comparait la contraception à la haute trahison. En 2013, un petit sit-in à Istanbul pour le maintien du parc Gezi s’est transformé en protestations de masse contre Erdogan. La répression policière a causé des morts et fait plusieurs milliers de blessés. Fin 2014, le palais qu’Erdogan s’était fait construire pour 600 millions de dollars dans un domaine protégé à Ankara a été ouvert. Il est impliqué dans plusieurs scandales de corruption et impose personnellement une censure sur les médias turcs. Erdogan en est même venu aux mains avec les proches des victimes de la catastrophe minière de Soma (2014).
Mais ce sont surtout les succès militaires des Kurdes syriens et la crainte du développement d’un Etat kurde indépendant qui ont provoqué un revirement, en plus du fait que l’AKP n’a pas obtenu de majorité absolue aux élections de 2015 étant donné le succès du HDP pro-kurde. La forte croissance économique du pays s’est aussi effondrée fin 2015, de parfois plus de 10%. L’inflation a atteint les 8%, le chômage presque 13%. La fuite des capitaux fut massive. Le coup d’Etat manqué du 15 juillet 2016 a fourni l’excuse à Erdogan pour imposer un état d’urgence permanent. Plus de 45.000 personnes, dont 59 députés du HDP et 162 journalistes, ont été jetées en prison. 130.000 fonctionnaires ont été licenciés. 2100 établissements scolaires et 149 journaux ont été fermés. Des actions pour une valeur de 10 milliards de dollars ont été saisies et distribuées aux oligarques fidèles à Erdogan. Le prochain referendum vise à instaurer un régime présidentiel pour consolider son emprise sur la société.
En cas de réussite, Erdogan pourrait alors régner par décret, déterminer le budget, déclarer l’état d’urgence et nommer personnellement qui il veut. Il serait chef de l’armée et des services secrets. Les ministres ne seraient responsables que vis-à-vis de lui et le parlement serait mis hors-jeu. Les tribunaux et même la Cour constitutionnelle perdraient toute indépendance. Selon ses propres termes : ‘‘Il s’agit d’une chance historique. Grâce à un pouvoir fort, notre pays sera libéré de toute tutelle, des groupes de pression et des coups d’Etat.”
Pour la gauche, la défaite serait cuisante. Jusqu’à il y a un mois, le camp du ‘‘non’’ était en tête dans les sondages (45,7%, contre 43,7% et 10,6% d’indécis). C’est pourquoi Erdogan veut mobiliser les presque 2 millions d’électeurs turcs en Europe qui sont généralement plus en sa faveur. Mais son coup d’Etat constitue une telle violation ouverte de tout ce que l’UE prétend défendre que les gouvernements de l’UE ne peuvent pas simplement fermer les yeux. L’interdiction des meetings avec des représentants gouvernementaux turcs en Allemagne à Gaggenau et Hamburg et ensuite, l’interdiction à Rotterdam et l’expulsion par le premier ministre néerlandais Rutte d’un ministre turc pour des raisons purement électorales sont tombées à point.
Il est compréhensible que certains progressistes turcs et kurdes espèrent que des sanctions et des interdictions d’entrée pour des représentants gouvernementaux turcs renforcent l’opposition démocrate en Turquie. Ils se trompent.
Cela pourrait au contraire jouer sur le scepticisme – justifié – de la population turque à l’égard de l’impérialisme occidental et de sa politique au Proche-Orient. Cela soulignera qu’il y a deux poids, deux mesures par rapport à Trump, Poutine ou aux Saoudiens dont on n’entrave pas l’action. Erdogan pourra se présenter en ‘‘victime des intérêts occidentaux’’ et détourner l’attention de l’effondrement économique ainsi que de l’échec de sa politique syrienne.
La gauche ne doit pas tomber dans le piège de la surenchère réciproque entre les gouvernements occidentaux et turc et tomber dans le camp de l’une des puissances capitalistes. Ces interdictions pourraient créer un précédent qui pourrait se retourner contre des activités des Kurdes ou des Turcs progressifs. L’opposition turco-kurde doit au contraire pouvoir faire appel au mouvement ouvrier et à tous les progressistes. La solidarité avec les représentants du HDP emprisonnés, le mouvement féministe et les grèves de protestation en faveur des droits démocratiques sont cruciaux pour contrer la division nationale et religieuse de la population dans l’Etat turc. De grandes mobilisations communes des Turcs, Kurdes, de la gauche européenne et des syndicats ainsi qu’une campagne commune dans les quartiers et les entreprises pour un ‘‘non’’ au referendum sont les réponses qu’il faut donner aux meetings organisés par le régime dans l’Etat turc et en dehors.
-
La Turquie glisse vers la dictature
Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la police turque arrêtait Selahattin Demirta? et Figen Yüksekda?, les deux codirigeants du parti d’opposition de gauche pro-kurde HDP. À côté d’eux, 10 autres parlementaires du HDP ont été arrêtés. Ces arrestations furent un nouvel exemple de la manière dont le président Erdogan essaie d’écraser chaque opposition à sa politique autoritaire.
Par Tim (Gand), article tiré de l’édition de décembre-janvier de Lutte Socialiste
Aux élections de juin 2015, il était devenu clair que l’hégémonie indiscutable du parti d’Erdogan, l’AKP, était désormais chose du passé. Pour la première fois depuis 2002, le parti perdait sa majorité absolue. Après plus d’une décennie d’attaques néolibérales de la part d’un régime autoritaire de plus en plus répressif à l’encontre du mouvement ouvrier et des autres forces d’opposition, et alors que les promesses d’amélioration des conditions de vie des couches plus larges de la population en restaient toujours au stade de paroles, l’autorité d’Erdogan c’est vue de plus en plus contestée dans l’État turc.
La défaite électorale a servi d’avertissement. Erdogan a donc instrumentalisé les attentats commis dans son pays pour y limiter encore plus fortement les libertés démocratiques. Ce fut le cas après les attentats de juillet 2015 contre un groupe de jeunes socialistes à Suruç, mais aussi après les attentats d’Ankara et contre l’aéroport d’Istanbul en juin 2016. À l’aide d’un discours nationaliste, l’AKP a su récupérer une partie de ses pertes de voix aux élections de novembre 2015 et est parvenu à regagner une majorité absolue au parlement.
Après le coup d’État raté de juillet 2016, la répression contre l’opposition s’est encore accélérée : des milliers de journalistes, d’académiciens et d’autres figures de l’opposition ont été emprisonnés. L’AKP a utilisé l’occasion pour reprendre en mains toute une série d’entreprises et de petits commerces qui étaient précédemment propriété du mouvement Gülen, accusé d’avoir organisé le coup d’État. Ces entreprises ont par la suite été vendues au rabais à des hommes d’affaires liés à l’AKP, une manœuvre visant à partiellement restaurer la base sociale fissurée du parti.
La guerre qu’Erdogan mène contre la population kurde et ses organisations politiques constitue un élément spécifique de cette répression. Les dirigeants arrêtés du HDP sont accusés de ne pas suffisamment collaborer avec la police dans l’enquête contre les éléments terroristes du mouvement nationaliste kurde. Même si certains individus et organisations au sein du large mouvement nationaliste kurde recourent toujours aux méthodes de terrorisme individuel contre l’armée et la police turque, il n’y a aucun lien formel entre ceux-là et le HDP. Bien en contraire : le HDP a été créé comme une force de gauche dont l’objectif est de regrouper au-delà du mouvement national kurde.
Si ce parti est très fort dans les régions kurdes, il obtient aussi beaucoup de soutien dans d’autres parties du pays, d’où son succès dans les élections de juin 2015.
Les tentatives d’Erdogan de lier le HDP au terrorisme visent essentiellement à diminuer le soutien pour le parti, surtout dans les parties non-kurdes de l’État turc. Au Kurdistan, la répression a entretemps été intensifiée jusqu’à devenir une guerre civile directe contre la population kurde.
L’AKP et Erdogan ne ménagent pas leurs efforts pour rester au pouvoir suivant la maxime de Tywin Lanniser : ‘‘Un lion n’est pas intéressé par l’opinion d’un mouton’’. Mais en dépit de tous ces efforts, le régime turc parvient de moins en moins à dépasser ses faiblesses intrinsèques : de moins en moins de gens se laissent diriger comme des moutons.Erdogan s’est montré très méritant par rapport aux dirigeants européens dans la crise de réfugiés. En échange de quelques milliards d’euros, il a transformé de larges parties de son pays en d’énormes ghettos pour réfugiés où son armée viole les droits humains à grande échelle des réfugiés syriens et iraquiens. Même si les dirigeants européens sont contents de son application à stopper l’afflux de réfugiés vers l’Union européenne et qu’ils ne condamnent pas son approche inhumaine et scandaleuse, l’attitude prudente des pays occidentaux durant le coup d’État de 2016 démontre que leurs relations avec le régime d’Erdogan ne sont pas au beau fixe.
Malgré la répression, l’armée turque ne parvient pas contrôler les territoires kurdes au sud-est de l’État turc, et encore moins à avoir un pied à terre dans la guerre civile syrienne. L’armée turque est affaiblie. Elle ne parvient pas à remporter des victoires et le danger des nouveaux coups d’État n’est pas loin.
Au même moment, l’économie turque continue à s’embourber dans une mauvaise passe. Les protestations sont quotidiennes contre la politique néolibérale et la répression. Le mouvement du parc Gezi et de la place Taksim de 2013 démontre le potentiel pour un mouvement de masse en Turquie. L’organisation sœur turque et kurde du PSL, Sosyalist Alternatif, défend la nécessité d’une telle action de masse contre la politique asociale et contre la répression d’Erdogan. Elle intervient dans ce mouvement avec un programme basé sur l’unité de classe entre les différentes populations dans la région et sur la nécessité du socialisme, seule manière d’utiliser les richesses de la région en fonction des besoins de la population entière, indépendamment de son origine ethnique ou religieuse. Ce n’est qu’ainsi qu’une paix durable et stable existera au Moyen-Orient.
-
La Turquie glisse vers la dictature
Dans la nuit du 3 au 4 novembre, la police turque arrêtait Selahattin Demirta? et Figen Yüksekda?, les deux codirigeants du parti d’opposition de gauche pro-kurde HDP. À côté d’eux, 10 autres parlementaires du HDP ont été arrêtés. Ces arrestations furent un nouvel exemple de la manière dont le président Erdogan essaie d’écraser chaque opposition à sa politique autoritaire.
Par Tim (Gand)
Aux élections de juin 2015, il était devenu clair que l’hégémonie indiscutable du parti d’Erdogan, l’AKP, était désormais chose du passé. Pour la première fois depuis 2002, le parti perdait sa majorité absolue. Après plus d’une décennie d’attaques néolibérales de la part d’un régime autoritaire de plus en plus répressif à l’encontre du mouvement ouvrier et des autres forces d’opposition, et alors que les promesses d’amélioration des conditions de vie des couches plus larges de la population en restaient toujours au stade de paroles, l’autorité d’Erdogan c’est vue de plus en plus contestée dans l’État turc.
La défaite électorale a servi d’avertissement. Erdogan a donc instrumentalisé les attentats commis dans son pays pour y limiter encore plus fortement les libertés démocratiques. Ce fut le cas après les attentats de juillet 2015 contre un groupe de jeunes socialistes à Suruç, mais aussi après les attentats d’Ankara et contre l’aéroport d’Istanbul en juin 2016. À l’aide d’un discours nationaliste, l’AKP a su récupérer une partie de ses pertes de voix aux élections de novembre 2015 et est parvenu à regagner une majorité absolue au parlement.
Après le coup d’État raté de juillet 2016, la répression contre l’opposition s’est encore accélérée : des milliers de journalistes, d’académiciens et d’autres figures de l’opposition ont été emprisonnés. L’AKP a utilisé l’occasion pour reprendre en mains toute une série d’entreprises et de petits commerces qui étaient précédemment propriété du mouvement Gülen, accusé d’avoir organisé le coup d’État. Ces entreprises ont par la suite été vendues au rabais à des hommes d’affaires liés à l’AKP, une manœuvre visant à partiellement restaurer la base sociale fissurée du parti.
La guerre qu’Erdogan mène contre la population kurde et ses organisations politiques constitue un élément spécifique de cette répression. Les dirigeants arrêtés du HDP sont accusés de ne pas suffisamment collaborer avec la police dans l’enquête contre les éléments terroristes du mouvement nationaliste kurde. Même si certains individus et organisations au sein du large mouvement nationaliste kurde recourent toujours aux méthodes de terrorisme individuel contre l’armée et la police turque, il n’y a aucun lien formel entre ceux-là et le HDP. Bien en contraire : le HDP a été créé comme une force de gauche dont l’objectif est de regrouper au-delà du mouvement national kurde. Si ce parti est très fort dans les régions kurdes, il obtient aussi beaucoup de soutien dans d’autres parties du pays, d’où son succès dans les élections de juin 2015.
Les tentatives d’Erdogan de lier le HDP au terrorisme visent essentiellement à diminuer le soutien pour le parti, surtout dans les parties non-kurdes de l’État turc. Au Kurdistan, la répression a entretemps été intensifiée jusqu’à devenir une guerre civile directe contre la population kurde.
L’AKP et Erdogan ne ménagent pas leurs efforts pour rester au pouvoir suivant la maxime de Tywin Lanniser : ‘‘Un lion n’est pas intéressé par l’opinion d’un mouton’’. Mais en dépit de tous ces efforts, le régime turc parvient de moins en moins à dépasser ses faiblesses intrinsèques : de moins en moins de gens se laissent diriger comme des moutons.
Erdogan s’est montré très méritant par rapport aux dirigeants européens dans la crise de réfugiés. En échange de quelques milliards d’euros, il a transformé de larges parties de son pays en d’énormes ghettos pour réfugiés où son armée viole les droits humains à grande échelle des réfugiés syriens et iraquiens. Même si les dirigeants européens sont contents de son application à stopper l’afflux de réfugiés vers l’Union européenne et qu’ils ne condamnent pas son approche inhumaine et scandaleuse, l’attitude prudente des pays occidentaux durant le coup d’État de 2016 démontre que leurs relations avec le régime d’Erdogan ne sont pas au beau fixe.
Malgré la répression, l’armée turque ne parvient pas contrôler les territoires kurdes au sud-est de l’État turc, et encore moins à avoir un pied à terre dans la guerre civile syrienne. L’armée turque est affaiblie. Elle ne parvient pas à remporter des victoires et le danger des nouveaux coups d’État n’est pas loin.
Au même moment, l’économie turque continue à s’embourber dans une mauvaise passe. Les protestations sont quotidiennes contre la politique néolibérale et la répression. Le mouvement du parc Gezi et de la place Taksim de 2013 démontre le potentiel pour un mouvement de masse en Turquie. L’organisation sœur turque et kurde du PSL, Sosyalist Alternatif, défend la nécessité d’une telle action de masse contre la politique asociale et contre la répression d’Erdogan. Elle intervient dans ce mouvement avec un programme basé sur l’unité de classe entre les différentes populations dans la région et sur la nécessité du socialisme, seule manière d’utiliser les richesses de la région en fonction des besoins de la population entière, indépendamment de son origine ethnique ou religieuse. Ce n’est qu’ainsi qu’une paix durable et stable existera au Moyen-Orient.

