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  • Grèce: La perspective d'une victoire de SYRIZA enflamme les espoirs des travailleurs

    La lutte de masse de la classe des travailleurs pour l’application de politiques anticapitalistes et socialistes sera vitale

    le 19 janvier, six jours à peine avant les élections générales grecques, socialistworld.net (site internet du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), dont le PSL est la section belge) a discuté avec Andros Payiatsos, membre de la section grecque du CIO.

    La dernière fois que nous avons discuté, vous nous avez parlé de la campagne de chantage et d’intimidation lancée afin de décourager les électeurs de voter pour SYRIZA. Comment les choses se sont-elles développées sur ce point ?

    La classe dirigeante et ses représentants politiques sont démoralisés. Ils ont effectivement lancé une campagne d’intimidation à large échelle, mais il est absolument évident que cela n’aura aucun effet significatif et que SYRIZA constituera le prochain gouvernement. La question qui se pose encore est de savoir s’il s’agira d’un gouvernement minoritaire ou majoritaire. La classe dirigeante tente encore de développer sa campagne d’intimidation, mais elle est très faible et inefficace. Ses efforts visent maintenant à essayer de “domestiquer” SYRIZA afin de s’assurer que l’organisation de gauche radicale agisse dans les limites qu’elle lui impose.

    Aujourd’hui, quel semble être le résultat le plus probable des élections ?

    En Grèce et sur la scène internationale, il est généralement admis que SYRIZA remportera ces élections. Cette dernière semaine, une légère augmentation du soutien pour SYRIZA (d’environ 1%) a encore pris place dans les sondages. Mais il s’agit essentiellement d’une stabilisation de l’avance de SYRIZA. En tenant compte des abstentions, le soutien de SYRIZA se situe autour des 25-27%. Sans les abstentions, son soutien s’élève à environ 30 à 33%. C’est un score qui se rapproche du seuil qui permettrait à à SYRIZA d’être en mesure de constituer un gouvernement majoritaire.

    Quelles sont les alternatives à un gouvernement SYRIZA majoritaire ?

    La direction de SYRIZA considère que les “Grecs indépendants” – une scission populiste «patriotique» de la Nouvelle Démocratie (le principal parti capitaliste de droite) – représente le partenaire de coalition le plus probable. Ce parti a adopté une position opposée au Mémorandum et à la Troïka dès ses débuts. [La ”troïka” est terme désignant l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, trois organisations chargées de superviser la mise en place des mesures d’austérité par le gouvernement grec suite aux prêts d’urgence accordés à la Grèce par le FMI et d’autres gouvernements européens à des conditions drastiques, NDT]

    La plupart de la gauche n’est pas disposée à coopérer avec SYRIZA. Le Parti communiste (KKE) rejette même la possibilité de soutenir par le vote de ses parlementaires la possibilité que SYRIZA forme un gouvernement. C’est une position sectaire désastreuse.

    Si les Grecs indépendants ne disposent pas de suffisamment de députés, alors SYRIZA serait poussé à collaborer avec des partis considérés comme “Troikans” (c’est-à-dire des partis qui ont déjà soutenu ou appliqué les politiques d’austérité infligées à la Grèce par la troïka), comme “La Rivière” ou encore le nouveau parti de l’ancien Premier ministre du PASOK (social-démocratie) George Papandreou, le “Mouvement social-démocrate”.

    Quelle est la réaction de la classe dirigeante face à la probabilité croissante d’une victoire de SYRIZA ?

    Elle cherche à s’assurer qu’un gouvernement SYRIZA puisse être le plus stable et efficace possible en fonction de leurs intérêts. De larges sections des porte-paroles du capitalisme en Grèce et ailleurs disent aujourd’hui qu’il est “temps de négocier”, qu’il faut ”faire preuve de souplesse”, etc. L’objectif poursuivi est d’incorporer SYRIZA à l’establishment et de freiner les dangers que SYRIZA peut représenter pour les intérêts du capital en termes d’émancipation de puissants mouvements de masse opposés à l’austérité.

    La réaction de la classe dirigeante n’est cependant pas uniforme et il est important de le constater. Par exemple, la classe dirigeante allemande et celle des pays qui l’entourent sont toujours partisanes de la ligne dure et sont contre toute négociation sérieuse. Elles seront sans doute prêtes à faire des concessions à un gouvernement SYRIZA au cours de négociations, mais d’un caractère très limité.

    Andros Payiatsos, lors d’un meeting de Xekinima en décembre 2014.

    Comment SYRIZA réagit à cette pression ?

    Sa direction répond exactement de la façon espérée par la classe dirigeante. L’ensemble du programme du parti est devenu absolument flou. Même certaines réformes considérées comme très basiques sont maintenant remises en question.

    Par exemple, le leader de Syriza, Alexis Tsipras, dans une interview récente, a réagi au sujet de la lutte majeure de la population de Halkidiki contre l’exploitation de mines d’or. Il n’a pas pris de position claire mais a déclaré que “la loi sera appliquée” et que “les contrats seront examinés”. Qu’est-ce que cela signifie ?

    En ce qui concerne le salaire minimum, l’un des principaux points du programme de SYRIZA, rien n’est aujourd’hui clair concernant son instauration. Il est question d’une mise en œuvre progressive. Vis-à-vis des privatisations et du licenciement de milliers de travailleurs du secteur public, la direction affirme simplement “nous allons étudier la légalité de ce qui s’est passé.”

    Compte tenu de tout cela, l’enthousiasme réel pour SYRIZA est limité dans la société. Mais il existe aussi ce sentiment qu’il n’y a pas de choix, qu’il faut voter pour SYRIZA et lui donner si possible un gouvernement majoritaire sur base de l’impression que même si 10% des promesses sont appliquées, les choses seraient toujours meilleures qu’actuellement.

    Dans quelle mesure Xekinima (la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière) participe aux élections et pourquoi?

    Nous soutenons SYRIZA et avons lancé une grande campagne en ce sens. Nous avons produit 150.000 bulletins de quatre pages ainsi qu’une édition spéciale de notre journal rééditée suite à une première vente de l’ensemble des exemplaires, ce qui est impressionnant compte tenu de la brièveté d’une campagne électorale qui, dans les faits, n’aura duré que 11 jours !

    Dans le cadre de ”l’Initiative des 1000″ (une coalition de groupes de gauche unis autour d’un programme anticapitaliste radical), nous avons discuté avec SYRIZA du dépôt de candidats sur leurs listes. Nous n’avons malheureusement pas été en mesure de le faire. La direction de SYRIZA accepte de s’allier à d’autres forces de gauche, mais dans le cadre d’un partenariat à caractère symbolique, sans réelle chance d’obtenir des élus. Elle a exclu de nous permettre de déposer des candidats dans des endroits où nous aurions été en mesure de mener une campagne puissante et efficace. Nous avons défendu que s’il y avait collaboration avec d’autres forces de gauche, SYRIZA devait leur donner la possibilité d’obtenir de bons résultats. Il est inutile de leur retirer leurs bastions et de ne leur permettre que d’avoir des candidats là où ils ont peu, voire aucune, de chances d’être élus. En plus de cela, la durée de la campagne était très limitée. Sur cette base, tant Xekinima que d’autres camarades de ”l’Initiative des 1000” ont décidé de ne pas se présenter.

    Cette attitude de la direction de SYRIZA est indicative d’une tendance générale. Par exemple, 50 personnes non-membres de SYRIZA ont été incluses sur les listes du parti à travers le pays. Parmi eux, un seul se situe à la gauche de SYRIZA! La direction désire disposer d’un groupe parlementaire contrôlé par l’aile droite du parti.

    La principale raison pour laquelle nous soutenons SYRIZA malgré ses limites est que sa victoire aura un effet libérateur sur la classe des travailleurs et les mouvements sociaux en général. La classe des travailleurs espère que les attaques antisociales cesseraient avec un gouvernement SYRIZA et que la tendance s’inverserait, dans une certaine mesure au moins, pour que quelques unes des revendications du mouvement de masse soient satisfaites. Ainsi, malgré le manque de clarté de la part de la direction du parti et le fait qu’elle s’accommode de certaines exigences de la classe dirigeante, nous croyons qu’une victoire de SYRIZA représentera un changement significatif dans le rapport de forces entre les classes au sein de la société grecque. Cela pourrait avoir un effet catalyseur et ainsi ouvrir la voie à une nouvelle période de lutte de classe.

    Peut-être que SYRIZA ne modifiera par la législation du travail, qui a été complètement déréglementée, mais les travailleurs sortiront en rue afin de réclamer leur droit à ne pas être licenciés, leur droit à la journée de huit heures, le droit au paiement des heures supplémentaires, le droit à la négociation collective,… Peut-être Tsipras n’est-il pas prêt à s’opposer à la compagnie minière “Eldorado Gold” à Halkidiki, mais la population de Halkidiki n’aura pas d’autre choix que de se battre pour exiger que l’entreprise stoppe ses travaux. Nous nous attendons à ce que des mouvements similaires se produisent dans toute la classe ouvrière grecque. Peut-être que Tsipras ne sera pas prêt à en finir avec le TAIPED, l’organisme qui supervise toutes les privatisations “accélérées” exigées par les créanciers du pays, mais les travailleurs sentent qu’ils peuvent maintenant passer à l’action pour résister à ces ventes scandaleuses qui concernent des entreprises publiques, des plages, des montagnes et des forêts.

    Quels que soient les compromis que désire faire la direction de SYRIZA, les travailleurs sentiront qu’ils disposent d’un bien meilleur environnement pour se battre et défendre leurs droits. C’est la raison fondamentale qui justifie de d’accorder un soutien critique et conditionnel à SYRIZA.

    Nous avons très clairement expliqué que nous n’appelons pas à voter pour SYRIZA en tant que tel, nous appelons à l’instauration d’un programme socialiste révolutionnaire radical, ce qui représente la seule voie viable pour un gouvernement SYRIZA.

    Pour Xekinima, que devrait faire un gouvernement SYRIZA dans les jours qui suivront son élection ?

    Il faudra bien entendu immédiatement paralyser le paiement de la dette publique et déchirer le protocole d’accord avec la troïka (le mémorandum). Cela est fondamental pour tout plan visant à lutter contre la misère du peuple grec.

    Il faudrait immédiatement modifier les législations du travail et des universités (pour rendre aux campus universitaires la liberté d’expression, de réunion, etc.); augmenter le salaire minimum pour revenir à ce qu’il représentait avant le début de l’austérité de la troïka; fermer le Taiped, l’organisme responsable des privatisations des services publics, de la nature et des ressources naturelles du pays; geler et abroger toutes les privatisations qui ont eu lieu au cours de ces dernières années; mettre un terme aux projets controversés actuellement en construction comme à Halkidiki, etc.

    Cela risque sans aucun doute de provoquer une réaction de l’establishment capitaliste national et international. Y faire face avec succès requiert de procéder à la mise en œuvre de mesures anticapitalistes audacieuses, de nationaliser les banques et les secteurs dominants de l’économie et de planifier l’économie sur base de la satisfaction des besoins de la population et non de la soif de profits. Pareil processus doit être réalisé sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs.

    Cela doit également être lié aux luttes des travailleurs à travers l’Europe. Nous sommes certains que si SYRIZA va de l’avant avec un tel programme, l’effet serait majeur à l’échelle internationale, en particulier pour la classe ouvrière d’Europe du Sud. Cela pourrait jeter les bases d’une alternative socialiste internationale à l’Union Européenne capitaliste et à la domination de la troïka.

    Dans la campagne électorale, SYRIZA se réfère aux aspects internationaux de ses politiques, à Podemos (le nouveau parti de gauche en Espagne) et à d’autres mouvements «progressistes» à l’échelle internationale. Malgré que le programme de SYRIZA soit si doux et conciliant, il pourrait toujours avoir un grand impact à l’échelle européenne et internationale. Cela montre ce qui pourrait être réalisé si le programme défendu était plus radical. Le potentiel est présent, très clairement. À l’heure actuelle, les politiques de SYRIZA sont de type néo-keynésiennes et cherchent à trouver la fin de l’austérité dans le cadre du système capitaliste.

    Dans les conditions de la crise capitaliste, un tel programme n’est pas viable. Seul un programme de rupture anticapitaliste peut offrir une véritable voie à suivre. Ce serait possible avec l’intervention massive de la classe ouvrière et des masses populaires qui pourrait, sous certaines conditions, pousser SYRIZA beaucoup plus loin vers la gauche que ce que sa direction envisage ou peut imaginer. Les efforts de Xekinima au lendemain des élections iront dans cette direction.

  • [PHOTOS] Avec le peuple grec, pour en finir avec l'austérité!

    Quelque 300 manifestants se sont réunis ce samedi 17 janvier pour une manifestation de solidarité avec les luttes sociales qui se déroulent en Grèce et afin de protester contre l’austérité européenne. Cette manifestation voulait aussi réagir face à la véritable campagne de chantage et d’intimidation actuellement orchestrée par l’establishment capitaliste grec et européen dans le cadre des élections générales du 25 janvier prochain. Le parti de gauche Syriza pourrait bien arriver en tête et la possibilité d’un gouvernement de gauche est ouverte. Pour tous les tenants de la maxime selon laquelle “il n’y a pas d’alternative” à l’austérité, cette situation est un cauchemar. Pour tous les jeunes et les travailleurs, par contre, il s’agit d’une opportunité à saisir pour rompre avec la logique dominante en Europe à l’heure actuelle.

    La manifestation a essentiellement regroupé des militants d’organisations de gauche et des activistes anti-austérité. Parmi les signataires de l’appel à manifester se trouvaient notamment : AnderEuropa, Initiative de Solidarité avec la Grèce qui résiste, LCR-SAP, JOC, EGA-ALS, Mouvement politique des citoyens, PSL-LSP, Bruxelles Panthères, MOC Bruxelles, Jeunes FGTB; Mouvement VEGA, PTB-PVDA, CADTM, Jeunes anticapitalistes (JAC), Parti Communiste,…

    Pour aider les les travailleurs et activistes grecs, ces actions de solidarité sont un premier pas. Mais la meilleure manière de soutenir ce nouveau souffle anti-austérité n’est-elle pas de parvenir, dans notre propre pays, à mettre en échec le gouvernement des riches de Charles Michel ?

    Le premier plan d’action du front commun syndical (FGTB, CSC, CGSLB) qui nous a conduit à la grève générale nationale du 15 décembre a fait un carton. Chaque étape fut un succès, qu’importe la région ou le secteur. Ne nous méprenons pas ; si l’enjeu grec concerne toute l’Europe, il en va de même pour notre lutte. Depuis le début de la crise, aucun pays européen n’avait connu de grève générale annoncée deux mois à l’avance et préparée par une manifestation nationale de masse et une tournée de grèves régionales. Balayer par la grève le gouvernement austéritaire qui sévit en pleine capitale européenne, voilà qui frapperait les imaginations partout en Europe. Il nous faut un nouveau plan d’action en front commun syndical, un plan plus dur et plus massif. Rien ne pourrait mieux soutenir les efforts de nos camarades grecs, mais aussi espagnols, irlandais,…

    => [INTERVIEW] Vers un gouvernement Syriza ?

  • [INTERVIEW] Vers un gouvernement Syriza ?

    xekinima-300x200Des élections générales se tiendront le 25 janvier

    Interview d’Andros Payiatsos, Xekinima (Section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL)

    Suite à l’impossibilité d’élire un président, une crise institutionnelle a éclaté fin de l’année dernière en Grèce, pays en proie à une austérité sauvage. Des élections générales anticipées sont de ce fait appelées le 25 janvier. Cette situation suscite une grande panique de la classe capitaliste internationale qui semble perdre la main. En effet, le parti de gauche radicale Syriza se retrouve en tête des sondages, car il est considéré comme la meilleure opportunité pour riposter contre l’austérité.

    Pourquoi ces élections ont-elles été appelées ?

    Officiellement, cela fait suite aux élections présidentielles. En Grèce, le président est élu par une majorité de 60% au Parlement. La constitution précise que si le Parlement se retrouve dans l’incapacité d’élire un président, des élections générales doivent alors être organisées et le président peut alors être élu par une majorité simple au nouveau Parlement.

    Toutefois au-delà de cette question, la raison fondamentale de la crise actuelle porte sur les politiques du gouvernement qui se sont heurtées à un mur de briques. La société rejette ces politiques et cela s’est reflété au Parlement, où le PASOK (le parti traditionnel de l’ex-social-démocratie) et la Nouvelle Démocratie (parti de droite capitaliste) ont perdu une grande partie de leurs députés. Ces députés sont devenus indépendants et n’ont plus voté avec le gouvernement. En outre, les partis gouvernementaux ne sont pas parvenus à diviser les partis plus petits que sont Gauche Démocratique et Grecs Indépendants en dépit de leurs intenses tentatives en ce sens. Ils n’ont de ce fait pas réussi à recueillir les 60% nécessaires à l’élection d’un nouveau président et ainsi rester au pouvoir jusque 2016, année où devait se finir l’actuelle législature.

    Que devrait-il normalement se produire avec ces élections ?

    Le plus probable est une victoire de Syriza.

    Pourtant, la classe capitaliste, tant grecque qu’internationale, a lancé une grande campagne basée sur la peur pour tenter d’empêcher que cela n’arrive. Celle-ci argumente – comme cela était attendu – que si Syriza remporte les élections, la Grèce serait alors expulsée de l’Euro, que cela équivaudrait à un cauchemar absolu, que tout l’enfer se déchainerait sur le pays, etc. Le premier ministre a notamment déclaré qu’avec une victoire de Syriza, la Grèce deviendrait similaire à la Corée du Nord. Cette campagne atteint des sommets de ridicules.

    Cependant, l’effet sur la population ne sera pas le même qu’en 2012. Les gens sont maintenant suffisamment en colère que pour voter pour Syriza malgré cette campagne de peur. L’establishment est donc en pleine panique concernant l’issue de ces élections, et notamment la Nouvelle Démocratie.
    Mais rien n’est encore joué. Papandreou (le précédent premier ministre et ancien président du PASOK) veut créer une scission au sein du PASOK et constituer un nouveau parti. Cette scission se présente comme étant l’aile gauche du parti. Elle accuse le parti d’abandonner les principes socialistes, en dépit du fait que Papandreou est précisément le premier ministre qui a mis la Grèce sous la coupe de la Troïka. Le soutien dont pourrait bénéficier ce nouveau parti représente encore une question ouverte.
    Notons que l’avance de Syriza sur la Nouvelle Démocratie tourne autour des 3-4% dans les sondages. Bien que l’évolution la plus probable soit une victoire pour Syriza, il est difficile de prédire quelle sera son ampleur. Sera-t-il possible de former un gouvernement majoritaire ou devront-ils composer avec un gouvernement minoritaire devant compter sur les votes des parlementaires de la Gauche Démocratique (s’ils sont élus), des Grecs Indépendants ou du nouveau parti de Papandreou ? Toutes ces forces sont acquises à l’establishment.

    Comment pensez-vous que Syriza agirait au gouvernement?

    À certains égards, la direction de Syriza préfèrerait l’emporter sans disposer de la majorité absolue. Ce cas de figure lui permettrait de blâmer les parlementaires d’autres partis pour ne pas être en mesure de mener des politiques plus radicales.

    Ce ne serait toutefois qu’un prétexte. La direction de Syriza s’est clairement droitisée depuis les élections de 2012. Dans le reste de l’Europe, Syriza est présenté comme un parti radical, très à gauche, voire même d’extrême-gauche. Mais en Grèce, la méfiance et le manque d’enthousiasme sont grands parmi les masses. La population observe que les dirigeants de ce parti font tout leur possible pour parvenir à un accord avec les forces du marché – la Troïka, l’Union Européenne et l’establishment national. Il n’est d’ailleurs pas exclu que Syriza puisse encore glisser plus loin vers la droite une fois au pouvoir afin de rester au sein de la zone euro.

    Face à ce risque, nous aurons l’intervention des mouvements de masse. Les problèmes de société sont gigantesques avec des millions de personnes se trouvent dans une situation absolument désespérée. Ils devront se battre, et ils vont se battre, pour pousser vers la gauche un gouvernement Syriza. Ainsi, malgré le fait que la direction Syriza se droitise et recherche d’un compromis avec les forces des marchés à l’échelle internationale, il est possible qu’elle soit poussée vers la gauche sous la pression du mouvement de masse.

    Que pense Xékinima de la riposte nécessaire face à la campagne de peur au sujet de l’euro, etc. ?
    Nous pensons qu’il est impossible d’avoir un programme favorable à la classe des travailleurs – abandonner l’austérité, sortir de la crise économique sur base du secteur public, refuser les politiques néolibérales de l’Union Européenne – et de rester en même temps dans la zone euro telle qu’elle existe aujourd’hui.

    Il n’y a que deux possibilités. Soit un appel de masse internationaliste sera lancé – par les forces radicalisées de la classe ouvrière et le gouvernement de gauche grecque et les forces de gauche européenne – afin de lutter pour arracher des changements majeurs dans une orientation socialiste à travers le continent. Soit, si cet appel ne se produit pas (et est refusé par la direction de Syriza) ou s’il n’a pas suffisamment de temps pour se développer, alors le pays se retrouvera à l’extérieur de la zone euro.

    Un retour à une monnaie nationale ne serait cependant pas nécessairement une catastrophe si cela s’accompagne de politiques socialistes menées en Grèce par un gouvernement de gauche basées sur des nationalisations des secteurs clés de l’économie et la planification démocratique de l’économie sous contrôle et gestion des travailleurs. Dans ces conditions, un appel internationaliste devrait continuer à être lancé vers un changement socialiste majeur en Europe. Nous croyons que cette approche doit être soumise ouvertement à la classe ouvrière grecque afin de la préparer aux batailles qui se profilent.
    Malheureusement la direction de Syriza ne se prépare à aucune de ces deux options. Elle crée simplement un optimisme artificiel : « ne vous inquiétez pas, rien ne se passera, nous garantissons que le pays va rester dans la zone euro ». C’est une grave erreur.

    Comment la lutte devrait-elle être organisée sous un gouvernement Syriza ?

    Dans le contexte actuel, aucune lutte isolée ne peut l’emporter. La coordination consciente des luttes est primordiale. Elles doivent se lier à la base et à la gauche de Syriza afin de pousser le parti vers la gauche. Des structures démocratiques doivent être crées dans la société et au sein des mouvements de sorte que la base puisse avoir voix décisive.

    Pour se débarrasser de la Troïka et du gouvernement actuel, ces luttes doivent être aux mains de l’ensemble de la gauche. Malheureusement, celle-ci est divisée. Une partie de la responsabilité de cela incombe à la direction de Syriza, qui ne cherche pas à construire véritablement un front uni. Mais la société et la classe ouvrière vont se déplacer en masse pour voter pour Syriza.

    Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) fait partie de ce mouvement. Dans le cadre de ‘‘l’Initiative des 1000’’, nous appelons à voter pour Syriza. Nous soutenons que les luttes doivent viser l’application d’un programme socialiste : nationaliser les banques, nationaliser les leviers économiques, planifier l’économie. Tout cela doit être sous contrôle et gestion démocratiques des travailleurs, sinon nous connaitrons la corruption que nous avons déjà vue à l’œuvre dans le secteur étatique. Sur cette base, les luttes peuvent être victorieuses et constituer une énorme source d’inspiration pour les masses dans le reste de l’Europe.

  • Grèce : Syriza en tête aux élections européennes

    Des membres du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO) élus à Volos

    Le parti de gauche Syriza est arrivé en tête des élections européennes en Grèce, dépassant même le parti de droite Nouvelle Démocratie, principal parti au pouvoir. Andros Payiatsos, secrétaire général de Xekinima, le parti-frère du PSL en Grèce, revient dans le texte ci-dessous sur la signification de ces résultats ainsi que sur la percée de Xekinima dans la ville de Volos (une importante ville portuaire et industrielle de 144.000 habitants).

    Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Le parti de gauche grec Syriza est devenu le premier parti du pays, devançant de 3,9% la Nouvelle Démocratie aux élections européennes. Cette différence est toutefois essentiellement due à une perte de soutien pour la Nouvelle Démocratie. Le nombre de suffrages recueillis par Syriza a en effet diminué depuis les élections de juin 2012. Il s’agit d’une perte importante de 138.000 voix, ce qui représente plus de 8% des votes obtenus en 2012.

    Ainsi donc, alors que Syriza “célèbre” sa position de premier parti du pays, les partis de la coalition gouvernementale, la Nouvelle Démocratie et le PASOK (le parti social-démocrate traditionnel), soupirent de soulagement et disent que Syriza ne possède pas un soutien suffisant pour constituer un gouvernement. Syriza a mené campagne autour de l’idée d’utiliser le scrutin européen pour se débarrasser du gouvernement. «Le 25 nous votons, le 26 ils s’en vont » était le mot d’ordre central de la campagne! Mais la coalition gouvernementale n’est pas immédiatement menacée d’effondrement.

    Les sentiments sont très mitigés, en particulier parmi les rangs de Syriza. Les gens sont heureux que Syriza soit devenu le premier parti du pays et soit capable de viser la victoire aux prochaines élections. Mais il est clair que Syriza n’est pas assez fort pour disposer d’un gouvernement majoritaire ou pour provoquer la chute du gouvernement dans l’immédiat, comme souhaité par de nombreuses personnes.

    Aube Dorée

    Un autre facteur qui explique cet enthousiasme très réservé, même parmi la base de Syriza, est le résultat important recueilli par le parti Aube Dorée, près de 9,5% des voix, en dépit du fait qu’Aube Dorée a démontré être un gang meurtrier. La plupart de sa direction est actuellement en garde à vue et le parti est bien connu pour être une organisation nazie, de nombreuses preuves ayant été fournies par les médias et le système judiciaire.

    Cette hausse du soutien électoral pour Aube Dorée s’explique fondamentalement par la profondeur de la crise et par l’absence totale d’issue offerte par les partis de gauche pour sortir de celle-ci.

    Le principal facteur expliquant ces évolutions est le fait que SYRIZA se soit de plus en plus orientée vers la droite au cours de ces deux dernières années et que le KKE (Parti Communiste Grec) et ANTARSYA (une alliance « anticapitaliste de gauche ») aient suivi une politique sectaire en refusant de collaborer avec les autres forces. Cela crée un vide politique dans la société, un vide utilisé par les néo-nazis.

    Ce manque de politiques socialistes audacieuses de la part de Syriza est l’explication de base quant à son incapacité à inspirer et attirer les masses de travailleurs grecs. La baisse du soutien pour Syriza était particulièrement élevée dans les quartiers de la classe ouvrière d’Athènes, du Pirée et de Salonique. Le KKE et ANTARSYA ont également obtenu de faibles scores aux élections européennes – le KKE recevant seulement 6% et ANTARSYA 0,7%.

    “Votez pour la Gauche – Luttez pour faire tomber le gouvernement!”

    Des élections locales se sont déroulées en même temps que les élections européennes en Grèce. Xekinima (la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière et parti-frère du PSL) a présenté une vingtaine de candidats dans différentes villes, district et conseils régionaux, non pas partout où des forces de Xekinima étaient présentes, mais là où existaient des listes ayant un profil de gauche militant ainsi qu’une approche «fédératrice» et ouverte envers les autres forces de Gauche. L’un des slogans que nous avons utilisés le plus fréquemment était «Votez pour la Gauche – Luttez pour faire tomber le gouvernement ». Nous avons expliqué la nécessité de disposer d’un programme socialiste, les insuffisances du programme de Syriza et l’erreur sectaire de la gauche en refusant de collaborer ensemble.

    Dans environ 60% des cas, nous présentions des candidats avec Syriza, dans d’autres, avec Antasya et dans le cas d’un conseil local, avec le parti communiste KKE. Xekinima a été la seule organisation à gauche à se présenter avec tous les partis de gauche dans différentes circonscriptions – alors que les trois principaux partis de gauche refusent de se parler les uns les autres. Inutile de dire que la campagne de Xekinima était une campagne indépendante, basée sur notre propre matériel et nos propres positions politiques.

    Nos résultats ont été très bons. Nous avons en général pu compter sur un bon soutien dans des listes comptant entre 38 candidats et 70 candidats, en fonction de la taille des circonscriptions. Les régions ont une moyenne de 850.000 personnes, les districts peuvent atteindre la taille de 200.000 habitants.

    Les plus grands succès obtenus par Xekinima le furent à Volos, où Xekinima se présentait avec SYRIZA et à Zografou (dans le Grand Athènes) où Xekinima se présentait avec ANTARSYA. Notre camarade Nikos Kanellis a été élu dans un conseil de district de la ville de Volos en ayant reçu le vote de 750 électeurs, ce qui le place au quatrième rang sur 40 candidats. Costas Iatropoulos a été élu au conseil municipal de Volos, avec près 650 votes, ce qui le plaçait en seconde position. Une autre camarade, Marianthi Kypridou, est arrivée en quatrième position à la même élection, avec près de 470 votes. Les résultats officiels ne sont pas encore connus, mais la chance est réelle qu’elle puisse elle aussi intégrer le conseil municipal de Volos.

    Les élections européennes n’ont pas été très bonnes pour Antarsya, mais cette formation a obtenu le score respectable de 2,5% aux élections locales. A Zografou, Xekinima a collaboré avec Antarsya et la liste commune, appelée «Mouvement Zografou » a reçu 4% – un succès qui est dans une large mesure à attribuer à la présence de militants de gauche en général, mais aussi à la présence de Xekinima. Notre camarade Irene Ploumbidi a reçu le plus grand nombre de votes individuels, arrivant première sur les 38 candidats et recevant 15% des votes de la liste « Mouvement Zografou ». Le système de représentation au conseil municipal adopté par le Mouvement Zografou est basé sur un système de rotation, comme il s’agit d’une alliance de différents groupes et forces. Sur cette base, notre camarade Irene sera la première conseillère à remplacer la tête de liste, qui sera le premier à représenter la liste au conseil.

    Ces élections ont constitué la plus grande campagne jamais lancée par Xekinima. Nous avons produit un total de 250.000 tracts diffusés partout. Notre intervention a eu un impact, et nos résultats n’auront pas manqué d’être notés par le reste de la Gauche à travers le pays.

    Xekinima a vendu plus de 1.200 exemplaires de son journal, et a tenu un certain nombre de réunions publiques réussies, environ 20 au total. Nous avons pu élargir notre périphérie et un certain nombre de nouveaux camarades ont rejoint nos rangs.

  • Grèce : de grandes opportunités pour la gauche

    Interview publiée la semaine dernière sur le site sozialismus.info (site de la section allemande du Comité pour une Internationale Ouvrière).

    Les 18 et 25 mai, des élections municipales ont lieu en Grèce qui peuvent menacer la survie du gouvernement Samaras et renforcer la gauche. Xekinima, notre organisation-soeur en Grèce, présente 19 candidats à Athènes, Thessalonique, Volos ainsi qu’à d’autres endroits. Nous en avons discuté avec Katerina Klitsa, candidate à Thermaikos (Thessalonique).

    Avec le “retour sur les marchés” le gouvernement Samaras et les médias estiment, à quatre semaines des élections locales et européennes, que le plus dur est passé pour la Grèce. Le bout du tunnel est-il vraiment en vue ?

    Katerina: “La vérité, c’est que rien n’a changé pour la toute grande majorité des Grecs. Le gouvernement fait du show pour les élections et la plupart des personnes le savent. La dette publique n’a fait que croître (de 148% en 2010 à 175% aujourd’hui) et est loin d’être payée. Mais dans le cadre des élections, le gouvernement a distribué des ‘dividendes sociaux’, des primes symboliques et uniques pour les plus pauvres qui ont reçu 647 euros par famille. L’objectif de cette contribution est de créer l’illusion que tout va mieux. Mais les problèmes sont toujours énormes. Seul un tiers des 800.000 demandes d’un ‘dividende social’ a effectivement été accordé. Dans beaucoup de cas, la contribution a directement été retenue par les banques comme élément des programmes de dettes. L’économie continue à se contracter et il n’y a pas de travail.”

    Ici, au bureau de Xekinima, nous avons parlé avec deux activistes qui cherchent un (meilleur) emploi. Mariana a un diplôme de psychologie et travaille dans une institution pour personnes déficientes mentales. Elle explique que son employeur avait proposé un contrat à temps partiel de 250 euros par mois. “C’est peu mais j’hésite à accepter cet emploi ou continuer à chercher autre chose.” Le dilemme de Mariana s’est solutionné quelques jours plus tard lorsqu’il a été annoncé que 2,1 millions d’euros devaient être économisés dans les soins de santé. Par conséquent, du personnel sera licencié plutôt qu’engagé. Stavroula travaille à temps partiel depuis un mois comme vendeuse dans une boutique de vêtements au centre-ville. Elle nous montre sa fiche de paie : 299 euros nets pour 105 heures prestées. Stavroula survit parce qu’elle peut vivre dans une habitation qui appartient à ses parents et a, de plus, trouvé un colocataire.

    Que fait la gauche dans la campagne électorale et comment est-elle vue par la population ?

    Katerina: “Les partis de gauche et surtout Syriza et sa direction ont fait des compromis sur beaucoup de thèmes. En 2012, ils étaient encore contre le mémorandum, maintenant Tsipras et d’autres leaders parlent de ‘renégocier’. Il n’est donc pas étonnant que plus de 60% des propres électeurs de Syriza ne pensent pas que le parti mettra fin à la politique de la troïka. Quand nous interpellons les gens en rue avec des slogans tels que ‘Les municipalités aux mains de la gauche’, il y a de la méfiance. Beaucoup émettent des doutes quant au fait que même si Syriza avait la majorité, cela mènerait à du changement. Dans les sondages, Syriza a encore une petite avance sur le parti gouvernemental de droit Nouvelle Démocratie. C’est un énorme pas en avant, cela ne fait que deux ans que Syriza a fait une percée lors des élections parlementaires. Entre-temps, la popularité de la gauche s’est bien renforcée.

    “Mais même les autres forces de gauche n’offrent pas de solutions. Presque 90% de leur propagande électorale et de leurs discours sont consacrés à critiquer le gouvernement et seuls 10 % à de propres propositions. Le parti communiste KKE s’oppose surtout à Syriza plutôt que de mettre en avant un programme plus radical. Aucune perspective claire n’est offerte à la population grecque. Cela facilite la propagande du gouvernement selon laquelle ils prétendent être les seuls à pouvoir offrir la stabilité au pays.

    “D’autre part, la fasciste Aube Dorée peut aussi en profiter. Le parti participe aussi aux élections même si une partie de ses cadres est en prison. Le soutien reste important, entre 3,5% et 6,5%, et ce, malgré le fait qu’il est généralement connu qu’il s’agit d’un parti d’assassins. Il faut rechercher la base de ce soutien dans la politique de la troïka. Pour l’instant, il ne semble pas qu’Aube Dorée obtiendra un maire quelque part mais le parti est à nouveau à l’avant-plan et s’implante dans les quartiers, même à Thessalonique où Aube Dorée était très faible auparavant.

    Pourquoi Xekinima a de propres candidats sur les listes de Syriza ?

    Katerina: “Il ne suffit pas d’avoir de bonnes idées et propositions, nous avons besoin de gens qui popularisent ces revendications. Xekinima plaide pour une collaboration de la gauche en Grèce, nous estimons que KKE, Syriza et Antarsya doivent s’unir pour présenter des listes communes aux élections sur lesquelles il y aurait aussi de la place pour d’autres organisations de gauche. De telles listes lors des élections locales et européennes auraient pu changer l’image de la gauche. Mais le KKE et Antarsya surtout s’opposent à une telle collaboration, pour eux les divergences politiques sont plus importantes que la lutte contre la troïka et la construction d’un mouvement ouvrier. Nous estimons que c’est une erreur et qu’une gauche unie serait plus forte.

    “Syriza est de loin la force de gauche la plus forte. Une gouvernement dirigé par Syriza inciterait beaucoup de personnes à renforcer la lutte pour l’obtention de leurs revendications. Cela donnerait une nouvelle dynamique aux mouvements. La direction de Syriza n’est certainement pas radicale ou conséquente, il appartiendra aux activistes, il nous appartiendra, de nous battre pour que nos revendications soient rencontrées et pousser la direction à gauche même si nous ne leur faisons pas confiance. Dans nos tracts, nous insistons surtout sur notre programme et sur ce que la gauche doit faire. Nous présentons notre programme pas celui de la direction de Syriza.

    “Dans certaines villes où la direction de Syriza présente surtout d’anciens mandataires du PASOK comme candidats et où ces candidats ont une très mauvaise réputation du fait de leurs anciennes positions ou du manque d’un programme de gauche, nous nous présentons avec d’autres forces de gauche. Ainsi, nous avons quelques candidats sur la moins grande liste anticapitaliste Antarsya.”

    Quels sont les points de programme les plus importants ?

    Katerina: “Si la gauche gagne les élections municipales, nous ne pourrons accepter les mesures d’austérité, nous devrons mobiliser la population contre la politique antisociale et réclamer plus de moyens pour les municipalités de la part du gouvernement. Nous devrions nous opposer à tout licenciement dans les municipalités. Les besoins quotidiens des gens doivent être traités au niveau municipal, par exemple avec des magasins municipaux et du soutien aux mouvements de solidarité, entre autres dans les soins de santé. L’impôt municipal sur les grandes entreprises doit être augmenté. Les maires de gauche doivent être présents à chaque mouvement de lutte et s’opposer au programme qui bride les moyens réservés aux municipalités. Nous avons besoin d’une implication démocratique et d’un contrôle des habitants, par exemple, via des comités de quartier. Des conseils municipaux de gauche doivent aussi construire des municipalités antifascistes. Ils doivent soutenir et renforcer des activités antifascistes.”

    A ton avis, que se passera-t-il après les élections ?

    Katerina: “Il y a beaucoup de possibilités en fonction de qui de Syriza ou de la Nouvelle Démocratie aura le plus de voix. Tout est encore ouvert. Si Syriza gagne les élections européennes avec une grande avance sur Nouvelle Démocratie, il n’est pas exclus que le gouvernement démissionne et que de nouvelles élections arrivent. Si le parti gouvernemental gagne, la confiance en soi sera renforcée pour poursuivre la politique actuelle. C’est pourquoi, nous appelons pour les élections européennes à renforcer Syriza pour mettre le gouvernement sous pression. Cela renforcerait le mouvement ouvrier et cela montrerait à la population qu’une altvernative est possible.

    “Le résultat des élections municipales peut être très varié. Les municipalités où la gauche gagnera doivent construire un réseau commun pour mieux mener la lutte contre les diktats de la troïka et pousser des améliorations. Quoi qu’il en soit, la lutte continue, tant contre le gouvernement, la troïka et la crise que pour les préoccupations quotidiennes des gens. Nous devons continuer à réclamer une gauche unie et un gouvernement de gauche qui offre une réponse à la crise capitaliste sous forme d’un programme qui reprend en mains publiques, les banques et les secteurs-clé de l’économie pour arriver une société socialiste sans exploitation.”

  • Grèce : Après le congrès de Syriza

    Les batailles à venir au sein du parti promettent d’être aussi rudes que la lutte des classes dans le pays

    La direction de Syriza a accompli les principaux objectifs qu’elle s’était fixés pour le premier Congrès du parti à présent “unifié” en juillet dernier. Les organisations qui composent Syriza, la coalition de Gauche Radicale, vont maintenant être dissoutes – dans un ‘‘délai raisonnable’’, selon une mention du Congrès – le président du parti a été élu par le Congrès et ne sera donc affilié à aucune organisation, tout comme le comité national, élu tous les trois ans.

    Andros Payiatsos, Xekinima (CIO-Grèce)

    Mais ce que la direction n’a pas réussi à faire, c’est affaiblir l’aile gauche de Syriza. Au contraire, elle a resserré les liens entre ses différentes composantes et les a renforcés. Les conflits internes au sein de Syriza sont donc loin d’être terminés, ils sont entrés dans une nouvelle période de tension et de polarisation.

    Ce Congrès a été organisé pour décider du caractère organisationnel de Syriza, pas pour discuter de la situation politique en Grèce, du programme du parti, etc., dans une période où le parti se prépare à entrer au prochain gouvernement. Mais en réalité, derrière des décisions organisationnelles se trouvent des problèmes politiques. La direction du parti, dirigée par Alexis Tsipras, est déterminée à orienter Syriza vers une trajectoire plus ‘‘modérée’’, pour diriger le parti vers la ‘‘droite’’. Au cours de la période précédente, le parti a continuellement adapté sa politique sous les ordres de la direction, sous la pression constante de la classe dirigeante et des médias.

    Les dirigeants de l’aile droite du parti, comme Gianni Dragasakis et George Stathakis, ne cessent de marteler que Syriza ne prendra pas ‘‘d’action unilatérale’’ sur la dette sans négocier avec la Troïka, que la renationalisation des secteurs publics privatisés est ‘‘extrêmement difficile’’, que les exemptions de taxe pour les propriétaires de bateaux ne seront pas annulées, etc. Ces déclarations vont à contrecourant des décisions officielles des conférences et autres structures internes de Syriza, mais ont été tolérées par Alexis Tsipras.

    L’image du parti présentée par Alexis Tsipras a été, au minimum, contradictoire. En ce qui concerne les ‘‘mémorandums’’ d’austérité de la Troïka, le parti n’a cessé de jouer sur les mots : de ‘‘répudiation’’ à ‘‘renégociation’’, parfois un ‘‘moratoire’’, puis une ‘‘suspension’’. Tout ça a transformé la situation en vaste blague. Le slogan principal qui a propulsé Syriza lors des deux élections de 2012 (en mai et juin) était : ‘‘pour un gouvernement de gauche’’. Cela est devenu depuis lors un appel en faveur d’un gouvernement de salut social, ce qui a été publiquement interprété par l’aile droite de Syriza comme une alliance avec le parti des Grecs Indépendants, la Gauche Démocratique (qui faisait partie de Syriza jusqu’en juin et a constitué une scission de droite de la coalition), et même avec les sociaux-démocrates du Pasok et les conservateurs de la Nouvelle Démocratie.

    Les questions politiques clé

    La source des désaccords vient donc des questions politiques clés de cette période : la dette sera-t-elle répudiée ou non ? Est-ce que les banques et les secteurs stratégiques seront nationalisés, ou bien le grand capital privé, local comme multinational, restera dominant dans l’économie ? Est-ce que Syriza est prêt à entrer en conflit frontal avec la zone euro ? Ces questions ne relèvent pas de détails idéologiques. Cela concerne les moyens pratiques par lesquels la société peut sortir du désastre dans laquelle elle est plongée. Au final, la question est : le moteur du développement de l’économie sera-t-il le secteur public ou le secteur privé ?

    Choisir le secteur public est une nécessité absolue et la seule voie de sortie. Ce qui nous a menés à la crise d’aujourd’hui n’est rien d’autre que le fonctionnement du secteur privé : mettre tout en œuvre dans l’intérêt du grand capital et, au nom de la ‘‘remotivation’’ du capital privé, soi-disant pour le pousser à investir, baisser les salaires et empirer les conditions de vie des travailleurs, en creusant la catastrophe sociale que nous traversons.

    Mais le secteur public ne peut être un moteur pour la croissance économique que sur base de la nationalisation des banques et des secteurs-clé de l’économie, sous le contrôle de la population et des travailleurs dans le but de lutter contre la corruption et les scandales. Le clash est inévitable avec la zone euro et l’Union européenne, et il faudra organiser la protection de l’économie contre un sabotage organisé par les capitalistes (par le contrôle des flux de capitaux et du commerce extérieur).

    Simultanément, il faut lier la lutte des travailleurs grecs à celle des travailleurs du reste de l’Europe. Ces luttes illustrent le besoin d’une économie et d’un modèle social alternatifs – le socialisme – que la majorité au sein de la direction de Syriza n’est pas prête à revendiquer. C’est pourquoi le parti préfère débattre de ‘‘problèmes organisationnels’’, en se présentant comme ‘‘les rassembleurs’’ et ‘‘les démocrates’’ face à ses opposants.

    Les organisations composante de Syriza étaient donc devenue un gros problème qui devait être balayé. Mais pourquoi constituaient-elles un problème ? C’est la formation ‘‘Syriza pluraliste’’ qui a été propulsée de 4% à 27% des suffrages : une formation politique fédérale, fruit de la coopération de différentes organisations politiques.

    En supprimant ses composantes, Syriza dissout les différentes organisations politiques et les soumet à la plus grande organisation du parti, Synaspismos (Coalition des Mouvements de Gauche et de l’Ecologie). Mais si Syriza n’avait pas été fondée comme une coalition en 2004, elle n’aurait jamais atteint sa position actuelle. C’est précisément l’idée et l’expérience d’une vaste coopération de nombreuses organisations politiques différentes qui ont attiré des milliers de militants de gauche, en particulier ceux qui n’appartenaient à aucune organisation à la base.

    Le radicalisme, une prise de tête pour la direction de Synaspismos

    La majorité de ces organisations se situaient à la gauche de Synaspismos. Tant que Synaspismos était une petite organisation, sa direction avait besoin du radicalisme des autres organisations, d’abord pour survivre et ensuite pour acquérir une dynamique. Mais maintenant que la direction de Synaspismos a commencé à se rapprocher du pouvoir, ce radicalisme est devenu un obstacle. Ils ont donc proposé de dissoudre les organisations pour en faire des ‘‘tendances’’ privées de leur indépendance ou de l’expression publique de leurs propres positions politiques. Simultanément, ils ont proposé que le président du parti soit élu par le Congrès et non pas par le comité national du parti.

    A travers l’histoire de la gauche en Grèce, les dirigeants de partis (secrétaires généraux ou présidents) ont été élus par leurs comités nationaux. La raison est simple : la comité national se réunit régulièrement et peut contrôler le président, et le remplacer s’il le juge nécessaire. Lorsque le président est élu par le Congrès, qui dans la constitution de chaque parti représente l’organe suprême qui siège au-delà du comité national et des diverses conférences, alors le seul organe qui peut contrôler le président est le Congrès.

    Dans la pratique, cela signifie que, pendant trois ans, la ligne politique de Syriza sera décidée, en fin de compte, par Alexis Tsipras et son équipe présidentielle. Les dizaines de milliers de membres de Syriza n’ont aucun contrôle sur leur président. Nous sommes face à une copie de la structure des partis bourgeois comme le Pasok et la Nouvelle Démocratie.

    Un congrès polarisé

    La gauche de Syriza, en particulier la Plateforme de Gauche, a tenté de politiser le conflit. Elle s’est opposée aux propositions organisationnelles de la direction et a aussi émis des amendements sur le texte politique de base du congrès. Parmi ceux-ci, un appel à la répudiation de la dette, la nationalisation des banques et des secteurs-clé de l’économie, un gouvernement préparé à une rupture avec la zone euro et l’Union européenne, et la lutte pour un gouvernement de gauche rejetant tous les partis traditionnels. Toutes ces propositions ont été rejetées, ce qui prouve que la direction refuse d’adopter une vraie politique radicale et entrant en conflit avec les intérêts du privé, de la classe dominante et de la Troïka.

    Les propositions de la gauche ont gagné le soutien d’environ un tiers des délégués, ce qui représente moins que les 45% obtenus par des amendements similaires lors de la conférence de Syriza de novembre 2012. Le caractère polarisé de ce Congrès, divisé entre ‘‘camps’’ biens délimités, en est en partie responsable. Mais Syriza a aussi attiré une nouvelle couche d’opportunistes, en majorité issus du Pasok et accompagnés de leurs ‘‘armées personnelles’’ de partisans qui, dans les débats limités antérieurs au Congrès – en moyenne, seuls deux meetings des organes locaux ont été organisés, qui se sont concentrés sur les questions organisationnelles – ne portaient aucun intérêt aux discussions politiques.

    Mais la tactique de la direction de polariser Syriza pour vaincre la gauche, et l’arrogance qu’elle a montré en anticipant sa victoire se sont retournées contre elle pour un nombre important de délégués. A la conférence de novembre 2012, la liste de la Plateforme de Gauche avait remporté 25% de soutien. Cette fois-ci, alors que la liste ‘‘unitaire’’ était soutenue par 2294 délégués (67,21%), la liste de la Plateforme de Gauche a remporté 1023 voix (30,15%), et 60 de ses membres ont été élus au comité national. L’augmentation n’est pas particulièrement marquée, mais l’important est que la majorité de la direction s’est rendue au Congrès avec pour but d’affaiblir, si pas d’exterminer, la Plateforme de Gauche. Cet objectif sera loin d’être facile à atteindre.

    Xekinima (section du Comité pour une Internationale Ouvrière en Grèce et parti-frère du PSL) soutient activement l’aile gauche de Syriza, malgré les désaccords que nous avons à de nombreux niveaux. La façon, par exemple, dont le Courant de Gauche, la force de base de la Plateforme de Gauche, a abordé la question de la sortie de l’euro risque d’entretenir l’illusion selon laquelle un changement de monnaie à lui seul pourrait mettre fin à la crise, ou encore que cela serait possible au sein d’un seul pays. De plus, un certain nombre de syndicalistes du Courant de Gauche sont à la traîne quant aux besoins du mouvement social, il n’est d’ailleurs pas rare que ses cadres coopèrent avec des bureaucrates du Pasok.

    Mais la gauche dans son entièreté, et pas seulement Syriza, est entrée dans un processus d’évolution. La mutation qui prend place dans les rangs de la gauche est sans précédent. En ce moment, une bataille est menée au sein de Syriza par des forces de gauches de tous horizons, qui tentent de stopper l’orientation droitière de la direction. Au cours de ces batailles, des conclusions sont tirées, la compréhension se développe, et de nouvelles alliances émergent. Ces processus sont aussi en cours (à une plus petite échelle) au sein d’Antarsya (Coalition de Gauche Anticapitaliste) et du Parti Communiste Grec (KKE), concentrés autour du thème de la coopération avec le reste de la gauche, bien que les directions des deux partis tentent de les réduire au silence à tous prix.

    La prochaine période ne sera pas marquée par l’unité ou la fraternité pour Syriza. Ce sera l’ouverture d’un processus d’unification des forces pour les batailles à venir. Ces batailles ne seront pas ‘‘civilisées’’, mais aussi rudes que la lutte des classes en développement en Grèce, qui se reflète dans Syriza. L’aile droite de Syriza et la direction autour d’Alexis Tsipras ont fait leur choix. Ils se sont retroussés les manches et ont été on ne peut plus clairs quant à leurs intentions. La gauche se doit de réagir. D’une certaine manière, les véritables conflits au sein de Syriza viennent tout juste de commencer.


    [Extrait d’un article plus complet publié sur le site web de Xekinima, traduit pour le mensuel Socialism Today par Amalia Loizidou]

  • Un meeting de Gauches Communes réussi à Saint-Gilles

    Hier soir, un peu plus d’une cinquantaine de personnes ont participé au meeting de la liste "Gauches Communes" à Saint Gilles et ont pu entendre des prises de paroles très intéressantes tant sur la politique communale que sur la crise de la zone euro et de la résistance qui se développe contre la dictature des marchés en passant par la défense des services publics et la lutte des cheminots.

    Par Nico

    De gauche à droite (assis) : René Andersen (tête de liste "Front de Gauche" à Charleroi), Wouter Gysen (15e candidat sur la liste Rood! à Anvers, délégué CGSP-Cheminots), Anja Deschoemacker (tête de liste à Saint-Gilles), Finghin Kelly (10e à Saint-Gilles, membre du Socialist Party-Irlande), Panagiota Maniou (11e à Saint-Gilles, membre de SYRIZA, la coalition grecque de la gauche radicale).

  • Interview : Panayota Maniou, membre de SYRIZA et candidate de Gauches Communes

    Panayota Maniou est 11e candidate à Saint-Gilles sur la liste de Gauches Communes. Elle est aussi membre de la coalition de la gauche radicale grecque Syriza et travaille au Parlement Européen au sein de la Gauche Unitaire Européenne.

    Par Stéphanie (Bruxelles)

    Socialisme.be : Pourquoi as-tu décidé de te présenter sur les listes de Gauches Communes?

    Panayota Maniou : La première chose que je mettrais en avant est qu’il existe une réelle nécessité d’unir la gauche. C’est un pas très important à franchir en Belgique comme partout ailleurs en Europe. Gauches Communes est un premier pas dans ce sens.

    C’est également une question de principe. J’estime que ce n’est pas parce que je suis Grecque que j’ai à me détacher de la vie quotidienne et politique du pays où je réside. Une solidarité doit être établie. Et en tant que membre de SYRIZA, je me dois de m’engager politiquement aussi en Belgique. Pour cela, partir du niveau local me semble essentiel. Tout ne se joue pas à grande échelle, il faut aussi lutter au niveau local.

    En plus de cela, je tenais à mettre en avant le fait que tous les camarades qui participent à l’initiative Gauches Communes ont été extrêmement actifs durant les manifestations de solidarité avec les travailleurs européens et plus particulièrement avec le peuple grec et ce, malgré un contexte où les Européens se retrouvent face à des médias traditionnels qui leur balancent à la figure qu’il est nécessaire de trouver de l’argent et ce, peu importe les conséquences que cela peut avoir sur la vie quotidienne des travailleurs et de leur famille.

    Les militants de Gauches Communes ont été solidaires et cette solidarité a eu un impact sur la population grecque qui a vu qu’il y avait d’autres travailleurs qui les soutiennent et comprennent la situation face à laquelle ils se trouvent. C’est pour cela qu’en retour, j’ai cherché à apporter mon aide.

    Socialisme.be :Quelles sont les conséquences de la crise pour la population grecque?

    P.M. : C’est une chose dont on pourrait parler durant des heures. Les conséquences de la crise en Grèce sont absolument désastreuses. Les conditions de vie grecques se sont véritablement détériorées sans qu’on aperçoive le bout du tunnel. En effet, la crise n’a de cesse de s’accentuer à cause des politiques d’austérité elles-mêmes. Ça plonge les gens dans une dépression horrible, aussi bien d’un point de vue économique qu’en termes psychologiques. Les gens ne sont financièrement plus capables de faire les choses basiques qui leur étaient auparavant accessibles. Je ne parle pas des vacances mais bien des besoins quotidiens comme le fait de donner un peu d’argent à ton enfant pour qu’il puisse se nourrir pendant le temps de midi.

    Un autre exemple, mon père est médecin dans un hôpital pour enfants. La consultation en dehors des heures d’école et donc aussi en dehors des heures de travail coûte 5 euros. Énormément de parents ne peuvent même plus assumer ce coût.

    Ces deux exemples sont seulement une partie infime des problèmes auxquels nous devons faire face depuis 3 ans déjà. Les gens perdent leur boulot ou se voient obligés de travailler dans des conditions précaires. Les gens qui avaient des contrats fixes, des salaires un peu “corrects” sont maintenant confrontés à des licenciements ou des baisses de salaires rendus possibles par le gouvernement grec et la Troïka (UE, BCE et FMI) pour que les patrons puissent “résister à la crise”.

    Voilà ce qui constitue un des pans de la crise. Mais de l’autre côté, on assiste également à une démonstration de solidarité entre les gens qui veulent résister à la crise et ne la voit pas comme une fatalité. Différents types d’organisations se sont formées. Des comités de quartier, des garderies, des cantines communes. Des revendications sur le lieu de travail sont aussi apparues. Même si les travailleurs sont craintifs face au taux de chômage très élevé, ils sont devenus plus combattifs et surtout beaucoup plus critiques face aux prises de décision gouvernementales. La population grecque commence fortement à douter de la logique néolibérale. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a d’aussi nombreuses grèves générales en Grèce.

    Socialisme.be : Tu viens un peu d’expliquer comment les travailleurs grecs ont réagi face à la crise. Qu’a apporté SYRIZA dans ce contexte?

    P.M. : SYRIZA a réagi sur plusieurs niveaux. Nous avons avant tout essayer d’établir une vraie communication visant à une meilleure compréhension de la crise du système par les travailleurs. Nous avons analysé et diffusé le pourquoi de la crise et les conséquences qu’elle allait engendrer.

    Nous avons également cherché à agir. Au Parlement, d’abord. Il y a toujours eu une très forte réaction de SYRIZA face aux lois mises sur pied par les partis traditionnels, même avec les 5% et 9 députés que nous avions avant les élections de cette année. Nous sommes toujours entrés en confrontation avec les lois imposant l’austérité et présentons des alternatives, des lois qui auraient des résultats positifs face à la crise, en faveur des travailleurs et pas des banquiers.

    Deuxièmement, nous mobilisons. Les militants de SYRIZA sont des gens ordinaires qui participent à toutes les mobilisations, toutes les grèves, au mouvement des indignés, aux mouvements qui invitent à ne pas payer les taxes sur l’habitation, etc. Que ce soit de grandes grèves nationales ou de la résistance au niveau local, SYRIZA s’implique en mettant l’accent sur la nécessité de solidarité, d’union entre les différents mouvements de gauche. Ça a été le cas à l’occasion de plusieurs manifestations. Nous nous sommes alliés à différentes forces de gauche qui ne participent pas forcément à SYRIZA pour consolider les attaques contre les politiques d’austérité.

    Socialisme.be : Et en Belgique, d’après toi, comment peut-on résister à l’austérité ?

    P.M. : En Belgique, vous avez la chance d’être beaucoup plus organisés dans les syndicats. Le mouvement syndical existe aussi en Grèce mais il n’a malheureusement pas été capable de mobiliser véritablement face à la crise. En Belgique, les syndicats semblent plus forts et peuvent être un véritable pilier d’organisation pour contrer les politiques d’austérité à venir. On doit pour cela établir un vrai travail de communication. Montrer que la crise ne touche pas seulement la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Aller à l’encontre de ce que tente de nous faire croire l’Union européenne.

    A côté de cela, la crise communautaire et les tensions entre Wallons et Flamands jouent un rôle démobilisateur, un rôle de division là où la solidarité devrait primer. En effet, les problèmes auxquels sont confrontés les travailleurs, qu’il soient Flamands ou Wallons, sont identiques. Il faut une union entre les travailleurs mais également entre les différents mouvements au sein de la gauche radicale. La population a besoin d’un vrai pilier de résistance pour éviter qu’elle se contente de « votes utiles » ou de « moindre mal » qui amènera clairement à une grecquisation de la situation. Dans cette optique, Gauches Communes est une initiative très positive. Elle permet de faire le premier pas, à l’échelle locale, vers une unification de la gauche mais également vers un relais politique nouveau qui représenterait vraiment les travailleurs et leur famille.

  • Ce lundi 8 octobre : Meeting de Gauches Communes à Saint-Gilles

    Lundi prochain, venez participer au meeting de la liste "Gauches Communes" à Saint Gilles ! Vous pourrez y entendre Anja Deschoemacker (tête de liste à Saint-Gilles), Finghin Kelly (10e à Saint-Gilles, membre du Socialist Party-Irlande), Panagiota Maniou (11e à Saint-Gilles, membre de SYRIZA, la coalition grecque de la gauche radicale), Wouter Gysen (15e candidat sur la liste Rood! à Anvers, délégué CGSP-Cheminots), René Andersen (tête de liste "Front de Gauche" à Charleroi) et de nombreux candidats de la liste Gauches Communes à Saint-Gilles (liste n°12).

    Lundi 8 octobre – 19h30 – au Pianofabriek, rue du Fort n°35, 1060 Saint-Gilles

  • Elections grecques : Votez SYRIZA! Pour un gouvernement de gauche avec un programme socialiste !

    Pour les élections législatives de ce 17 juin, nous avons le choix entre les conservateurs de la Nouvelle Démocratie (ND) et la coalition de la gauche radicale Syriza. Le choix auquel nous sommes confrontés est le suivant : la poursuite de la politique d’austérité et des mémorandums ou la fin de cette politique antisociale afin d’adopter un cours nouveau.

    Déclaration de Xekinima, section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière

    Les deux partis qui gouvernent le pays depuis des années, le PASOK social-démocrate et la ND conservatrice, ont provoqué une baisse générale des conditions de vie pour des millions de travailleurs, de jeunes et de retraités. Ces mêmes partis ont également posé les bases qui ont permis la croissance d’Aube Dorée, une bande d’assassins fascistes, qui se qualifient de ‘‘patriotes’’ tout en regardant avec nostalgie la période hitlérienne ou celle de la dictature militaire des colonels connue en Grèce de 1967à 1974. Ils ont pu entrer au Parlement pour la première fois.

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    A lire également

    MEETINGS : Pour une alternative à l’Europe d’austérité !

    Ce 20 juin, 3 jours après la tenue des élections en Grèce, Nikos Chountis (eurodéputé de Syriza) sera présent à un meeting européen contre l’austérité.

    Bruxelles – Mercredi 20 juin, 19h30

    Meeting organisé par Alternatives à Bruxelles & ‘‘Gauches Communes’’ avec :

    • Nikos Chountis, eurodéputé de Syriza, Grèce
    • Paul Murphy, député européen du Socialist Party, Irlande
    • Charlotte Balavoine, candidate du Front de Gauche aux législatives pour la circonscription du Bénélux
    • Tony Mulhearn, Trade Union and Socialist Coalition, Angleterre
    • Un représentant d’Izquierda Unida, Espagne
    • Stephen Bouquin, de Rood!
    • Anja Deschoemacker, ‘Gauches Communes’

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    Nous appelons les millions de victimes de la politique du PASOK et de la ND à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à cette politique. Aujourd’hui, cela signifie de voter pour Syriza.

    La gauche doit travailler ensemble

    Pour ces élections du 17 juin, les forces de gauche auraient dû travailler ensemble afin d’assurer que la politique grecque change de cap autant que possible. Le KKE (Parti communiste) et Antarsya (une alliance de gauche anticapitaliste) auraient dû répondre positivement à l’appel de Syriza visant à coopérer ensemble avec l’objectif de constituer un gouvernement de gauche.

    Ces deux formations ont basé leur refus sur le prétexte que le programme de Syriza est insuffisant, pas assez radical et à gauche. Xekinima, la section grecque du Comité pour une Internationale Ouvrière, partage en grande partie les critiques émises par le KKE, Antarsya et d’autres forces de gauche concernant le programme de Syriza. Ce n’est toutefois pas une raison suffisante pour motiver une absence de coopération. Ce refus renforce les possibilités qu’ont les partis pro-austérité et la troïka d’empêcher une victoire de la gauche aux élections.

    En dépit des désaccords, les autres forces de gauche auraient dû coopérer avec Syriza. Cela s’applique plus particulièrement à la plus grande d’entre elles, le KKE. Une collaboration aurait pu être utilisée pour mener une discussion ouverte sur le programme de Syriza ainsi que sur la politique que devrait appliquer un réel gouvernement de gauche. Un tel débat serait très utile pour la population, permettrait de préciser où il est possible d’obtenir des consensus et instituerait une pression vers la gauche sur Syriza. De plus, cela n’aurait pas menacé la position indépendante du KKE (ou d’Antarsya). Une collaboration commune entre différentes forces de gauche ne signifie pas d’avoir automatiquement une même idéologique ou une même identité politique et organisationnelle. Mais le KKE a refusé toute coopération, ce qui l’a d’ailleurs conduit à connaître un affaiblissement de la position du parti dans la société tout ainsi que des éléments de crise interne.

    Comment sortir l’économie de la dépression ?

    La discussion sur le programme que la gauche doit adopter est de la plus haute importance. En effet, la possibilité est réelle qu’un gouvernement de gauche arrive, soit directement après le 17 juin, soit par la suite si un nouveau gouvernement d’austérité peut être formé avec la ND et le PASOK.

    Beaucoup suivent avec grand intérêt cette discussion sur ce que doit être une politique réellement de gauche, et les faiblesses sont encore nombreuses à ce niveau. Syriza, qui constituerait la base pour un éventuel gouvernement de gauche, a de nombreuses limites, ambiguïtés et contradictions au sein de son programme.

    Xekinima soutient Syriza dans sa position de refus total des politiques d’austérité imposées par la troïka. Mais parallèlement, nous attirons l’attention sur le vide existant concernant le type de politique à mener, et nous mettons en avant nos propres propositions en vue de combler ce vide avec une politique alternative. A notre avis, les éléments centraux d’un programme de gauche doivent être :

    • Le non-paiement des dettes publiques. Ces dettes représentent 350 milliards d’euros, soit 160% du Produit Intérieur Brut. Le paiement de celles-ci constitue une insoutenable saignée pour l’économie grecque. Ces dettes sont le résultat des conditions de crédit contractées aux banques par leurs représentants politiques du PASOK et de la ND. Les travailleurs et leurs familles ne portent aucune responsabilité là-dedans. Le refus de payer ces dettes est une condition sine qua non pour disposer d’une marge de manœuvre économique.
    • Le système bancaire doit être placé dans les mains du public, de la collectivité. Les banques grecques ont spéculé avec l’épargne de la population et se sont elles-mêmes énormément enrichies. Maintenant, l’épargne des Grecs aux mains des banques est bien plus limitée. Seule une nationalisation complète du secteur bancaire peut offrir la garantie de protéger l’épargne de la population tout en accordant des crédits abordables pour que l’économie puisse se développer.
    • Il faut nationaliser les grandes entreprises stratégiques. Des années durant, les entreprises des secteurs de l’énergie, des communications, des transports, de la construction, et bien d’autres grandes entreprises ont été subventionnées par les fonds publics, avec notre argent. Maintenant, ces capitaux privés s’en vont. Quand la spéculation tourne mal, ce sont les travailleurs qui en payent le prix et sont foutus à la porte. Nous devons prendre possession de ces entreprises et en assurer le contrôle public, de sorte qu’elles constituent autant de leviers pour des investissements publics et pour une croissance économique. Les ressources ainsi disponibles pourraient être utilisées pour la collectivité, notamment dans le domaine de l’enseignement et des soins de santé.
    • Une nationalisation n’est pas suffisante en soi, elle doit être accompagnée d’un contrôle et d’une gestion opérée par les travailleurs et la société en général. Cela permet d’assurer que la collectivité mette un terme à la corruption, à la mauvaise gestion, à l’évasion fiscale et au gaspillage des cotisations à al sécurité sociale.

    Sur base de ces mesures, il sera possible de planifier l’économie afin que celle-ci puisse répondre aux besoins de la collectivité.

    D’autres mesures

    Outre les points généraux mentionnés ci-dessus, un gouvernement de gauche devrait également prendre les dispositions suivantes :

    • Augmenter le salaire minimum et immédiatement revenir sur l’abolition des négociations de conventions collectives de travail
    • Geler tous les licenciements et convertir les emplois temporaires et précaires en contrats à durée indéterminée.

    Sur la base de tous ces éléments, il est possible de procéder à des recrutements massifs et des investissements massifs là où les besoins sont les plus importants, notamment dans l’enseignement et les soins de santé. Il faudrait également investir dans les secteurs capables de renforcer l’économie : l’infrastructure, l’agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables,…

    Un programme socialiste

    Ce programme n’est pas celui de Syriza. Mais en votant pour Syriza et en instaurant un gouvernement de gauche, les masses grecques auront la possibilité de stopper les attaques antisociales et d’entamer une discussion sur la politique socialiste nécessaire pour relancer l’économie. Il est maintenant très important de discuter de ce programme de gouvernement et des mesures que ce dernier devra prendre. Un gouvernement de gauche créera les conditions favorables à la lutte pour l’amélioration des conditions de vie de tous.

    Le mieux pour ce faire est un programme de type socialiste, une économie basée sur la collectivisation des secteurs-clés de l’économie, la seule façon de sortir l’économie de la dépression en défendant les intérêts de la population.

    Entrer en confrontation avec l’Union européenne en collaboration avec les travailleurs du sud de l’Europe et du reste du continent

    L’establishment européen menace la Grèce d’exclusion de la zone euro si elle ne respecte pas ses “obligations” envers les créanciers. Pour continuer d’appartenir à l’euro, ils veulent que la population grecque accepte un effondrement total de la société. La réponse doit être claire : c’est non!

    Alors qu’ils exercent un chantage avec cette exclusion de la zone euro, messieurs Venizelos (du PASOK) et Samaras (de la ND) ainsi que leurs amis de la troïka préparent une politique qui finira de toute manière par mettre la Grèce en dehors de la zone euro. Ce sont les derniers à être autorisés à utiliser cette menace ! Sur base de leur propre système capitaliste en faillite, la Grèce devra quitter l’euro et réintroduire sa propre monnaie. Cela s’accompagnera d’une dévaluation drastique de la monnaie et d’une inflation très élevée.

    Un gouvernement représentant les intérêts des travailleurs et de leurs familles basé sur un programme socialiste est capable de résister aux diktats de Bruxelles et d’empêcher qu’une sortie de l’euro étouffe complètement l’économie grecque.

    Cette question de la sortie de l’euro ne doit pas être traitée avec des slogans plats et superficiels tels que ‘‘sortie immédiate de l’UE’’, il faudra une transition. Bruxelles n’a pas la capacité de mettre dehors un pays en 24 heures. Il même possible pour un temps de garder l’euro pour le commerce extérieur à côté d’une monnaie nationale pour le commerce intérieur. Ce processus peut prendre des mois, des mois au cours desquels un programme socialiste de reconstruction de l’économie peut être appliqué, la véritable base pour une nouvelle croissance et stabilité de l’économie.

    Au cours de cette période, une autre bataille devra également être menée, celle de la lutte pour l’internationalisme, en travaillant avec la population du reste de l’Europe afin de combattre nos ennemis communs de l’Union Européenne, de la Banque Centrale Européenne et du Fonds Monétaire International, contre le capital et les multinationales. Notre objectif devra être la constitution d’une Europe des travailleurs et du socialisme. Aucun pays ne peut survivre comme une oasis socialiste entouré d’un monde capitaliste hostile. La Grèce sera un exemple et une source d’inspiration pour des millions de personnes à travers l’Europe. Cet effet ne doit pas être sous-estimé.

    Si cela ne conduit pas immédiatement à un mouvement général à l’échelle européenne, il est toutefois bien possible que les mouvements de résistance du sud de l’Europe et dans les pays massacrés par la crise (l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Italie) conduisent à un changement vers une zone économique commune avec une monnaie commune.

    Des possibilités historiques

    La gauche a déjà eu des occasions historiques mais, malheureusement, celles-ci ont été perdues ou ont conduit à des tragédies. La cause sous-jacente de ces échecs a toujours été le refus ou la faiblesse de connecter la lutte quotidienne à un programme capable de briser le pouvoir du capital. Nous avons maintenant face à nous une nouvelle opportunité historique avec la percée de Syriza, et nous ne devons pas la perdre.

    Le mouvement des travailleurs grec doit continuer à se construire à travers ses grèves et ses occupations d’entreprises et de places, à travers les campagnes de non-paiement (notamment celles contre le péage sur les routes et celles contre le prix des transports en commun), à travers les actions de masses et aujourd’hui dans les urnes. Ainsi, nous pouvons infliger une défaite à la troïka. Nous pouvons travailler avec la population de toute l’Europe, en particulier celle du sud, et livrer un message de résistance et d’espoir pour une autre société.

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