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Tag: Seattle
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La « Bataille de Seattle ». Choc des titans entre le capital et les marxistes à la pointe de la lutte sociale

Seattle est une ville en crise. Au cours des dix dernières années, les prix des logements ont augmenté de 93 %. Rien que l’an dernier, les loyers se sont envolés de 25 % ! La ville est pourtant très riche ; Amazon, Starbucks et Microsoft y ont leur siège social. Mais à l’ombre de leurs gratte-ciel, on trouve des milliers de campements de fortune tandis qu’une épidémie de drogue fait rage. Les inégalités sautent aux yeux et font mal au cœur.Par Koerian
Des victoires concrètes arrachées de haute lutte
La force qui a le plus fait obstacle à cette tendance au cours de ces huit dernières années est Socialist Alternative, notamment grâce à son élue au conseil de la ville (qui ne comporte que 9 membres), Kshama Sawant.
Kshama Sawant s’est battue avec constance et détermination contre les inégalités. Elle a dirigé le mouvement qui a arraché l’instauration du salaire minimum de 15 dollars de l’heure à Seattle en 2013 (et de 17 dollars à partir de 2022). Récemment, sous son impulsion, une taxe sur les grandes entreprises a été introduite de manière à récolter 2 milliards de dollars sur 10 ans pour des subventions liées au COVID et le logement social. Cette année, Socialist Alternative a également remporté des victoires importantes pour les locataires. Un préavis de six mois doit désormais être donné aux locataires avant éviction et lorsqu’un propriétaire augmente le loyer de plus de 10 %, il doit verser trois mois de loyer à titre de soutien au locataire sortant. Maintenant, Kshama et Socialist Alternative se battent pour un gel des loyers à Seattle. En novembre, Sawant et Socialist Alternative sont parvenus à stopper l’augmentation des loyers dans un immeuble d’habitation où vivent principalement des personnes âgées pauvres. On les a également trouvé auprès de charpentiers de la construction en grève.
La classe capitaliste se défend
La colère des patrons de l’immobilier, des chefs d’entreprise et de la droite est compréhensible… Leur rage est d’autant plus forte qu’ils ont échoué à la battre Sawant lors d’élections régulières. En 2019, Amazon a même jeté 1,5 million de dollars dans la course électorale pour éjecter Kshama de sa position, sans succès.
Leur nouvelle manœuvre est une procédure de destitution non démocratique qui repose sur la participation de Kshama aux manifestations de Black Lives Matter. Les habitants du district 3 de Seattle voteront pour décider si elle peut rester à son poste ou doit être remplacée par une personne choisie par le reste du conseil de ville. La campagne de destitution a le soutien de cadres d’Amazon, de partisans de Trump et de grands propriétaires immobiliers.
Une impressionnante campagne menée par des travailleurs
Mais au lieu de poser la question sur le bulletin de vote des élections générales de novembre, la campagne de destitution a décidé d’organiser une élection spéciale qui se termine le 7 décembre. La classe capitaliste compte sur la période de vacances entre Thanksgiving et Noël pour affaiblir le soutien populaire de Kshama. Le grand défi de nos camarades était de polariser le débat suffisamment pour que l’élection ne passe pas inaperçue.
C’est jusqu’ici réussi. Une campagne de terrain menée par plus de 700 bénévoles a touché 16.000 personnes à leur porte ou en rue. Nos camarades soulignent que le véritable enjeu de ce vote est un combat entre l’élite capitaliste et la classe ouvrière. Plus de 1.300 personnes ont directement enregistré leur vote suite à cela et plus de 900.000 dollars de petites donations ont été récoltés.
Grâce au temps et aux efforts des travailleurs ordinaires, il s’agit à bien des égards de la plus grande campagne politique de l’histoire de Seattle. 16% des électeurs éligibles se sont déjà rendus aux urnes, soit quatre fois plus qu’au même moment la fois précédente. Beaucoup dépendra de la façon dont la campagne aura repris son élan après Thanksgiving.Une dimension nationale
L’importance de cette élection ne peut être sous-estimée. Son importance est nationale. L’obtention du salaire minimum de 15 dollars en 2013 avait servi de source d’inspiration dans tout le pays. Le gel des loyers aurait le même effet. Le programme et les méthodes de lutte de Sawant et de Socialist Alternative à Seattle sont un exemple pour de nombreux mouvements aux États-Unis. Si la droite parvient à destituer notre camarade, elle gagnera en confiance en utilisant des procédures de destitution non démocratiques similaires comme arme contre la gauche dans tout le pays.
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USA. La droite tente de destituer Kshama Sawant, la riposte est à hauteur de l’enjeu

La riposte contre la tentative de destitution de Kshama Sawant (membre de Socialist Alternative et élue au conseil de la ville de Seattle) atteint son apogée alors que les bulletins de vote ont été envoyés aux électeurs et doivent être complétés avant le 7 décembre.
Pourquoi la droite veut-elle se débarrasser d’elle ? La réponse est simple. Depuis son élection en 2014, elle et ses camarades de Socialist Alternative se sont battus avec ténacité pour les droits des travailleurs à Seattle et au niveau international. Elle fut la figure de proue de la campagne pour un salaire minimum de 15 dollars de l’heure à une époque où l’on attaquait la revendication en la qualifiant d’utopique et d’irréaliste. Mais la mesure fut arrachée par la lutte et appliquée à Seattle. C’était la première grande ville des États-Unis à procéder de la sorte, ce qui a directement servi d’inspiration à celles et ceux qui se battaient ailleurs pour la même cause.
En 2020, elle a contribué à la victoire de la campagne « Taxez Amazon ». Résultat : l’entreprise, dont le siège principal est à Seattle et qui est réputée pour le faible niveau d’imposition qu’elle paie partout où elle est présente, devra verser 2 milliards de dollars au cours de la prochaine décennie pour financer des logements abordables et des projets d’infrastructure durables dans la ville.
Kshama Sawant a également provoqué la colère du lobby de l’immobilier de Seattle en obtenant des lois novatrices sur les droits des locataires, comme l’obligation pour les propriétaires de donner un préavis de 6 mois avant d’augmenter les loyers. Les personnes contraintes de déménager reçoivent dorénavant une aide au relogement pendant trois mois et les expulsions hivernales sont interdites. Elle a également défendu le contrôle des loyers.
Kshama Sawant fut encore la combattante la plus constante contre la brutalité policière et le racisme structurel. Elle a ouvert la voie à la première interdiction en Amérique de l’utilisation de gaz lacrymogènes et d’autres armes de « contrôle des foules » et a assuré le transfert de dizaines de millions de dollars du financement de la police vers des logements abordables.
Comme si cela ne suffisait pas déjà, les grandes entreprises la redoutent parce qu’elle n’est pas une politicienne carriériste qui passe son temps à faire des compromis et à privilégier les coulisses du pouvoir : elle utilise sa fonction pour construire des mouvements de lutte et y impliquer les couches larges de travailleuses et de travailleurs.
Il n’est donc pas surprenant que les entreprises aient réuni d’énormes sommes d’argent pour faire campagne contre Kshama. Rien que cette année, celles-ci ont accumulé un trésor de guerre de 2 millions de dollars pour les élections de Seattle. Parmi les partisans les plus actifs de la campagne de révocation figurent les propriétaires d’entreprises et des personnes telles que Morgan Battrel, vice-président senior d’Amazon, et John Schoettler, responsable de l’immobilier mondial d’Amazon.
Parmi les ennemis traditionnels des socialistes de Seattle figure le Seattle Times, journal qui fait ouvertement campagne pour la révocation de Kshama Sawant parce que « entre autres crimes », elle est la première élue qui ait jamais été impolie ! Bien sûr, ce qui leur déplaît vraiment, c’est que Kshama est une défenseuse infatigable des travailleuses et des travailleurs. Le journal a publié cette semaine un éditorial contre Kshama, truffé de préjugés sexistes et de condescendance envers la classe ouvrière.
La procédure de destitution par vote – la première jamais organisée en décembre – est conçue pour garantir un faible taux de participation, c’est-à-dire pour s’assurer que les habitants des zones les plus pauvres ne votent pas. La période de vote est interrompue par la grande fête de Thanksgiving, ce qui prive les partisans de plus de temps pour faire campagne. On s’attend à ce que, dans les jours précédant le 7 décembre, de nouvelles attaques et calomnies soient lancées pour tenter de saper le soutien à Kshama.
Les « comités d’action politique » (PAC) sont utilisés aux États-Unis comme un moyen de canaliser des fonds pour soutenir ou s’opposer à des candidats. Ils sont censés avoir une limite supérieure de 1000 $ pour les dons d’un individu. La droite a mis en place différents fonds pour s’opposer à Kshama et tente maintenant de faire supprimer la limite de 1000 $. Le dernier en date, intitulé « A Better Seattle », a récolté plus de 130.000 dollars auprès de sociétés immobilières et de méga-donateurs de Trump. Dans les prochains jours, cet argent sera injecté pour tenter d’obtenir la révocation de Kshama.

Une partie de l’équipe de militant.e.s de Socialist Alternative à Seattle. Mais le combat continue ! Malgré le terrain difficile sur lequel les socialistes de Seattle doivent se battre pour cette élection, ils sont déterminés à tout mettre en œuvre pour obtenir une nouvelle victoire. Seattle n’est pas connue pour son beau temps et la campagne a même lancé un appel pour collecter 5.000 dollars afin de « se préparer pour l’hiver » en équipant les militants d’auvents, de bâches, de ponchos, de lanternes, de gilets réfléchissants, de vestes étanches et bien d’autres choses encore afin que les bénévoles soient aussi sûrs et secs que possible.
D’énormes équipes de campagne vont à la rencontre des électeurs pour leur expliquer les enjeux de cette lutte et les persuader de se rendre aux urnes afin de rejeter cette tentative de destitution raciste et sponsorisée par les grandes entreprises. Le week-end dernier, par exemple, un « méga-canvass » du district 3, que Kshama représente, a été organisé. Des milliers de personnes ont discuté de l’attaque antidémocratique que cette tentative de rappel représente contre le mouvement Black Lives Matter et de l’avantage que représente la conseillère Kshama Sawant à la mairie pour les travailleuses et les travailleurs. Des centaines de personnes se sont portées volontaires pour participer à ces événements. Même pendant la campagne, Kshama continue de soutenir ceux qui se battent pour leurs droits. Elle a notamment soutenu activement la récente grève des charpentiers de Seattle.
La campagne de solidarité de Kshama a permis de réunir un fonds de lutte massif – plus de 840.000 dollars. Cette somme a été collectée non pas auprès d’un petit nombre de riches donateurs, mais auprès de plus de dix mille personnes. Diverses structures syndicales ont également organisé des événements de collecte de fonds.
Les soutiens affluent. Plus de vingt organisations syndicales ont soutenu Kshama, et beaucoup, beaucoup plus de militants et de membres individuels. Les travailleuses et travailleurs des soins de santé, de l’enseignement, de la restauration, de la distribution et de la construction sont les plus représentés. Ils sont rejoints par des groupes et organisations locales. Des personnalités de gauche telles que Noam Chomsky ont également appelé à soutenir Kshama.
Le journal de Seattle The Stranger s’est lui aussi fermement prononcé contre cette procédure de rappel. Il déclare : « Lorsque vous mettrez la main sur ce bulletin de vote, ouvrez l’enveloppe, remplissez la bulle “Recall No”, glissez-la dans la boîte de dépôt la plus proche avant le 7 décembre à 20 heures, puis maudissez la campagne Recall Sawant pour cette foutue perte de temps et d’énergie. »
Les Democratic Socialists of América (DSA) se mobilisent également pour soutenir la campagne, comprenant que si Kshama est battue, il y aura d’autres attaques contre d’autres élus socialistes. Les partisans de Bernie Sanders signalent maintenant qu’ils reçoivent eux aussi des messages de Bernie leur demandant de s’opposer à la tentative de révocation.
Les grandes entreprises peuvent penser qu’elles peuvent éliminer la seule marxiste élue des États-Unis – mais elles vont devoir se battre pour y parvenir.
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Seattle en révolte: Quand on se bat, on gagne!

Coupure dans le budget de la police, interdiction qu’elle utilise des armes chimiques, taxation des grandes compagnies: les victoires s’accumulent à Seattle dans la foulée du mouvement #JusticeForGeorgeFloyd et de la crise sociale actuelle. Le rôle crucial joué par la conseillère et membre de Socialist Alternative Kshama Sawant montre comment une lutte de terrain combinée avec une position d’élue permet de faire déboucher les revendications des mouvements sociaux et ouvriers.
Par Alternative Socialiste (section québécoise d’Alternative Socialiste Internationale)
#JusticeForGeorgeFloyd
Le samedi 30 mai, des manifestations de masse ont éclaté à Seattle afin de demander justice dans l’affaire George Floyd, assassiné par des policiers à Minneapolis cinq jours plus tôt. Les manifestants et manifestantes se sont immédiatement butées à la même violence policière que celle subie par les autres personnes manifestant partout aux États-Unis.
Seattle est une ville avec un lourd passé de violence policière et de racisme systémique. Les loyers très élevés poussent d’une manière disproportionnée les personnes racisées hors de la ville ou dans la rue, où ils subissent la répression policière. Les protestations du début juin ont mené à l’occupation d’une zone du quartier de Capitol Hill pendant presque un mois.
CHAZ et lutte contre la brutalité policière
Après une semaine de manifestations, la police a été chassée de son bâtiment du East Precinct, le 8 juin. Ce dernier est devenu l’épicentre d’une occupation, la Capitol Hill Autonomous Zone (CHAZ). La CHAZ s’est étendue sur six coins de rue, en plein coeur du quartier LGBT, jusqu’à son démantèlement par la police le 1er juillet.
Les protestations ont conduit à d’importantes victoires contre la brutalité policière et le racisme systémique grâce au soutien d’une représentante de la classe ouvrière au conseil municipal, Kshama Sawant de Socialist Alternative.
Le 9 juin, l’équipe de Sawant a organisé une rencontre publique dans la zone de protestation. Plus de 2 000 personnes y ont assisté. Plusieurs activistes, syndicalistes de la base et leaders communautaires et religieux ont discuté des revendications du mouvement ainsi que la nécessité de continuer à organiser une lutte multiraciale de masse pour obtenir des gains concrets. Une synergie a pu s’établir entre la représentation politique de Sawant et le mouvement.
Occupation de l’hôtel de ville et revendications
Les personnes rassemblées se sont ensuite dirigées vers l’hôtel de ville auquel Sawant leur a donné accès. Les militants et militantes y ont tenu une brève assemblée stratégique sur les revendications concrètes à défendre pour aller de l’avant. Les trois demandes ayant obtenues le plus de résonance ont été :
- la réduction de 50% du budget de la police et la réinjection de cet argent dans les communautés;
- l’abandon de toutes charges contre les manifestants et manifestantes;
- la taxation d’Amazon pour stopper l’embourgeoisement et financer le logement abordable.
Le 15 juin, Sawant et une centaine de personnes ont poussé le conseil municipal a adopter à l’unanimité une interdiction des armes chimiques de contrôle des foules ainsi que de l’utilisation de dispositifs d’étranglement par la police de la ville. Depuis, Socialist Alternative (SA) revendique la libération de tous les manifestants et manifestantes arrêtées ainsi que la mise sur pied d’un conseil de surveillance communautaire élu ayant les pleins pouvoirs sur l’embauche et le licenciement de la police.
Par la suite, Sawant a déposé un projet au conseil municipal exigeant la diminution d’au moins 50% du budget du département de la police de Seattle (200M$) au profit des communautés. Le 13 juillet, la mairesse Jenny Durkam a toutefois annoncé des coupures de 76M$ dans la police, dont l’objectif est de transférer certaines responsabilités à d’autres départements. Il s’agit d’un recul quant au projet initial de coupures de 50% exigé jusqu’ici par Sawant, les manifestant·es et la majorité du conseil municipal. Ce dossier demeure en développement.
Taxer Amazon pour du logement abordable
Dès le départ, Sawant et SA ont souligné que les coupures dans la police ne seront pas suffisantes pour financer adéquatement les écoles, les logements, les emplois, etc. Taxer les compagnies qui font leurs mégaprofits en imposant des conditions de travail misérables est une nécessité pour s’attaquer au racisme systémique. Cette mesure est nécessaire pour faire de Seattle une ville abordable pour tout le monde, en particulier pour les communautés racisées surreprésentées dans les emplois à bas salaire.
Seattle est l’une des villes américaines où les loyers sont les plus élevés du pays. Plus de 12 000 personnes y sont sans domicile fixe. Les travailleurs et travailleuses racisées ont été massivement éjectés des quartiers centraux vers le sud et les banlieues. En parallèle, Seattle accueille les sièges sociaux des plus grandes compagnies du monde telles Amazon, Microsoft et Starbuck.
Il n’est pas surprenant que la campagne Tax Amazon de SA a connu un fort engouement au sein du mouvement Black Lives Matter et à la CHAZ. Cette campagne s’active depuis 3 ans pour la construction de logements abordables publics financés par une taxe sur les grandes compagnies. Thème de la campagne de réélection de Sawant en 2019, Tax Amazon a été relancée en janvier 2020 comme une coalition d’organisations du monde du travail et des communautés.
La campagne puise son succès du fait que les revendications mises de l’avant par Sawant sont représentatives des luttes de terrain. En organisant la lutte au sein de structures démocratiques larges, les activistes ont l’opportunité de discuter et voter leurs priorités collectivement.
La pression du mouvement fait pencher la balance
Durant le mois de juin, l’énergie explosive de milliers de personnes a été canalisée dans un mouvement soutenu pour taxer les plus grandes entreprises dont le siège social est basé à Seattle. Les militants et militantes ont réussi a cumuler les 30 000 signatures requises pour faire de cette taxe une question référendaire en novembre prochain. Ces signatures ont principalement été récoltées lors des manifestations.
Le 6 juillet, la pression du mouvement a finalement obligé le conseil municipal a adopter une taxe de 200M$/an ponctionnée sur le 3% des plus grandes entreprises de la ville afin de financer du logement abordable. Il s’agit d’une grande avancée. Le montant d’argent est quatre fois supérieur à celui proposé par la première taxe Amazon. Cette dernière a été adoptée puis honteusement abrogée en 2018 sous la pression de Jeff Bezos et d’Amazon. Elle correspond toutefois à moins de la moitié du 500M$ réclamé initialement par les conseillères Kshama Sawant et Tammy Morales (progressiste).
La nouvelle taxe est une victoire historique pour la classe ouvrière de Seattle et surtout pour les personnes racisées. Elle fait écho à la campagne victorieuse pour un salaire minimum à 15$/h de 2014. Et, comme pour cette campagne, la prochaine étape consiste à étendre la lutte à la grandeur des États-Unis. En revanche, elle démontre aussi la réalité de la lutte politique. À chaque étape il faut se battre contre la résistance de la classe capitaliste, représentée, entre autres, par Bezos à Seattle. Sans mobilisation de masse, les politiciens et politiciennes plient systématiquement devant la menace du pouvoir des grandes compagnies.
Ces victoires montrent à quoi ressemble la solidarité de la classe ouvrière dans une ville. La présence d’une élue redevable uniquement aux travailleurs et aux travailleuses permet d’établir un rapport de force politique en faveur des mouvements sociaux et ouvriers. Les stratégies socialistes et marxistes de Socialist Alternative prouvent leur efficacité à Seattle depuis la première élection de Sawant, en 2014.
Quelles leçons tirer pour le Québec?
Le racisme systémique, les bas salaires et la pénurie de logements abordables nuisent également aux travailleurs et aux travailleuses du Québec. Au-delà des appels à se mobiliser autour de principes généraux ou de valeurs, les opportunités de lutter pour des revendications qui touchent concrètement la vie des gens ne manquent pas. En fait, plus le capitalisme est en crise, plus les inégalités s’accentuent!
Ici aussi, des mouvements de luttes s’organisent au sein des communautés. Nous disposons du même potentiel de changement qu’à Seattle. Mais pour y parvenir, nous avons besoin de construire des mouvements de manière stratégique dont les objectifs sont clairs, concrets est gagnables. Prendre le temps de décider démocratiquement et de respecter la volonté majoritaire, faire signer des pétitions même en pandémie, récolter de l’argent, occuper des lieux, etc. Mais ce travail est essentiel pour contrer la résistance et le pouvoir de l’argent. Il s’agit de bâtir la confiance des gens à prendre en charge leur propre avenir.
Toutes les luttes pour la justice sociale permettent aux travailleurs et aux travailleuses de se demander : pourquoi ne pas décider nous-mêmes pour qui et comment la société devrait fonctionner? Toute réforme qui bénéficie à la classe travailleuse fait diminuer les profits des grandes compagnies. Pas surprenant que Donald Trump peste sur Twitter contre la «gauche radicale» de Seattle! Cela signifie que de telles réformes sont constamment menacées d’être renversées.
Cette menace nous oblige à être à la hauteur des combats que l’on entreprend. Comme à Seattle, les boss et leurs parlementaires d’ici feront tout pour éviter que l’on s’en prenne aux entrepreneurs, aux propriétaires ou à leurs privilèges d’élu·es.
Savoir qui défendre
Il n’y a donc rien à attendre de partis comme Projet Montréal. Face au scandale du profilage racial du service de police, la ville espère enrayer le racisme par l’éducation. Pourquoi ne pas réallouer une partie du budget de la police dans les services communautaires des quartiers où vivent les personnes racisées et marginalisées? Pourquoi ne pas impliquer ces communautés dans ces réformes? Il y a fort à parier que l’argent destiné à la répression ainsi qu’à militariser la police soit coupé! De ce point de vue, les initiatives pour définancer la police sont intéressantes. Elles rateront toutefois la cible si elles se limitent à faire pression sur des partis politiques qui sont beaucoup plus prompts à réprimer les mouvements sociaux qu’à les représenter.
De plus, Projet Montréal encourage la construction de condos de luxe destinés à la spéculation immobilière depuis des années. C’est moins risqué que de récupérer directement cet argent des poches des grands propriétaires afin de construire les dizaines de milliers d’unités de logements abordables publics nécessaires pour répondre aux besoins actuels.
Du côté de Québec solidaire (QS), sa direction fait tout pour obtenir une visibilité médiatique positive pour ses député·es. La direction cherche à séduire les personnes en détresse, tout en maintenant un discours acceptable pour les puissants. Pas surprenant que durant les grands rassemblements entourant le meurtre de George Floyd, le parti s’est contenté de faire adopter une motion au parlement. Cette dernière culmine avec une demande faite au gouvernement Legault de présenter un plan de lutte au racisme et à la discrimination «dans les meilleurs délais».
QS n’a exigé aucune mesure concrète. Le parti n’a pas fait appel à ses propres membres. Il est évident que pour changer la société de manière significative, il nous faut établir un rapport de force face aux riches et aux puissants. Les gains réalisés à Seattle nous démontrent qu’un parti socialiste qui a des liens forts avec les luttes de terrain obtient ses propres victoires du rapport de force qu’exerce le mouvement de la base sur les structures de l’État. Se limiter à l’unique avenue du parlementarisme poli en revient à choisir sa propre défaite. C’est une stratégie inacceptable pour un parti qui se dit «de la rue».
Une militance sur le terrain!
La stratégie de communication politique de QS l’a coupé de la réalité des gens qu’il prétend défendre. Évoluant uniquement du côté de l’Assemblée nationale, QS échoue à influencer sérieusement et à jouer un rôle d’organisation politique dans les mouvements sociaux et ouvriers québécois. Les luttes et les victoires sociales n’émanent pas de tempêtes d’idées, de brillants cerveaux universitaires ou de discussions avec le premier ministre. Elles se bâtissent sur le terrain, avec les gens ordinaires.
Contrairement à Projet Montréal, QS possède une structure démocratique locale que les militants et les militantes sérieuses peuvent utiliser afin d’organiser des luttes concrètes dans leurs communautés. C’est de cette manière qu’un parti peut apprendre et rester connecté à la réalité et aux besoins des travailleurs et des travailleuses. Les membres d’Alternative socialiste travaillent dans cette direction depuis des années. Si lutter et gagner vous intéresse, contactez-nous!
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Seattle : une taxe historique imposée aux grandes entreprises comme Amazon. Réaction de Kshama Sawant

Kshama Sawant, élue au conseil de ville de Seattle en tant que membre de Socialist Alternative, a prononcé un discours à l’Hôtel de ville alors qu’il venait d’être décidé de taxer les grandes entreprises comme Amazon dans le but de dégager des fonds pour s’en prendre à la crise du logement. Cette taxe qui devrait rapporter 200 millions de dollars ponctionnés sur 3 % des plus grandes entreprises dont le siège est basé à Seattle. Cette mesure est l’une des batailles dans laquelle se sont engagés Kshama Sawant et Socialist Alternative.
Le vote d’aujourd’hui à Seattle en faveur de l’adoption de la Taxe Amazon est une victoire historique pour les travailleurs. Cette victoire a été âprement disputée et elle a été remportée de haute lutte par un mouvement qui ne refusait d’abandonner et qui a dû faire face à une série d’obstacles apparemment sans fin. Les démocrates pro-entreprises ont tenté de faire adopter une interdiction des taxes municipales sur les grandes entreprises au sein de l’assemblée législative de l’État. Il y a eu retards injustifiés au sein du conseil de ville tandis que la pandémie et le confinement ont empêché la collecte de signatures. La campagne a été systématiquement attaquée dans les médias dominants à Seattle et au niveau national.
Mais nous sommes en train de gagner grâce à la détermination des travailleurs et des socialistes à briser tous les obstacles et à trouver le chemin de la victoire. Félicitations à la campagne populaire Tax Amazon menée par la coalition dirigée par mon organisation, Socialist Alternative, et les organisations et syndicats progressistes.
Le vote d’aujourd’hui intervient huit mois après que les travailleurs aient battu Amazon aux élections, et deux ans après qu’Amazon et la Chambre de commerce aient intimidé le conseil de ville, la majorité du conseil ayant honteusement abrogé la Taxe Amazon en 2018. Aujourd’hui, Jeff Bezos et ses amis milliardaires aimeraient pouvoir faire marche arrière et récupérer la modeste taxe de 2018. Car cette nouvelle taxe sur les entreprises les plus riches de Seattle est quatre fois plus importante. Et chaque centime est nécessaire, et bien plus en fait, pour mettre fin à la gentrification raciste, aux loyers élevés et au sans-abrisme dans cette ville avec une expansion massive de logements publics abordables et d’emplois décents. Car il s’agit d’un projet de loi sur le logement et l’emploi.
Ce n’est pas un hasard si elle intervient au beau milieu de la rébellion historique de Black Lives Matter. La légitimité du statu quo a été complètement détruite par le mouvement de protestation, la pandémie et la crise croissante du capitalisme. À Seattle, la revendication de taxer Amazon a largement été reprise lors des manifestations où nous avons recueilli 20.000 signatures en 20 jours. Aujourd’hui, le total est de plus de 30.000.
La Taxe Amazon est peut-être la plus grande victoire progressiste à Seattle depuis que les socialistes et les syndicats ont ouvert la voie au salaire minimum de 15 dollars, qui est d’abord passé ici puis a été gagné dans les villes et les États du pays. Nous espérons qu’une fois de plus nous pourrons inspirer les travailleurs et la jeunesse au niveau national et mondial dans cette lutte cruciale contre la classe des milliardaires qui tente de forcer les travailleurs à payer pour la crise actuelle du capitalisme avec des coupes budgétaires massives. Notre cri de ralliement national doit être NON à l’austérité ! Taxez les grandes entreprises, pas les travailleurs ! La Taxe Amazon montre que les travailleurs n’ont pas besoin d’être uniquement sur la défensive, nous pouvons aussi passer à l’offensive et gagner gros.
Nous devons rejeter toutes les tentatives pathétiques des médias dominants qui, après des années d’attaque contre l’idée de taxer les grandes entreprises et ceux qui se battent pour elles, veulent maintenant désespérément travestir le récit de cette lutte. Soyons clairs : la Taxe Amazon n’a rien à voir avec le “savoir-faire” des politiciens de l’establishment. Elle a TOUT à voir avec l’auto-organisation des travailleurs.
Plus précisément, c’est la menace de l’initiative d’un vote populaire qui a fait pression sur l’establishment de la ville pour qu’il agisse. Tax Amazon a déposé cette mesure de vote après une série de “conférences d’action” démocratiques de base où des centaines de personnes ont été impliquées.
Nous n’avons pas gagné tout ce que nous voulions et je m’oppose fermement à toute tentative de réduire la portée de la mesure. Mais si je ne suis pas d’accord avec les autres membres du Conseil qui veulent amoindrir la législation, je tiens à reconnaître leur soutien et leurs votes en faveur de l’adoption de cette Taxe Amazon. Je tiens à remercier le membre du Conseil Mosqueda pour son travail. Je tiens à remercier le membre du Conseil Morales pour son soutien à la proposition de taxer Amazon que nous avons présentée ensemble en solidarité avec le mouvement.
Nous devons poursuivre sur notre lancée. Le mouvement visant à taxer Amazon et les grandes entreprises pour financer le logement et les services essentiels est nécessaire partout et nous devons le diffuser activement. Ici, à Seattle, nous devrons immédiatement mettre cette énergie à profit pour obtenir la libération de tous les manifestants arrêtés sans inculpation, et pour diminuer le budget de la police de Seattle d’au moins 50 %, pour arrêter les arrestations de sans abris et financer la construction de maisons notamment pour gagner au moins un millier de maisons dans le district central pour les familles de travailleurs noirs. La lutte pour la libération des Noirs impliquera également de faire campagne pour l’élection de conseils de surveillance communautaires ayant les pleins pouvoirs sur la police, y compris en matière d’embauche et de licenciement, de politiques et de procédures.
Nous avons été clairs quant à la véritable force qui tire les ficelles : Amazon. Beaucoup ont fait valoir que nous ne devrions pas “contrarier” les grandes entreprises et essayer plutôt de négocier un accord, mais nous savons que notre pouvoir vient du fait que les travailleurs s’organisent, et non d’une quelconque négociation avec l’élite. Pour ceux qui nous regardent de l’extérieur de Seattle : ne laissez personne vous dire, dans votre lutte pour taxer les grandes entreprises de votre ville, que vous semez la discorde, parce que c’est la lutte des classes qui permet d’obtenir des acquis.
Le marché privé du logement à but lucratif a totalement laissé tomber les travailleurs. Pas seulement ici et maintenant, mais partout et toujours. Parce que le capitalisme est totalement incapable de répondre aux besoins les plus fondamentaux des travailleurs.
Sur le plan international, la classe ouvrière doit faire entrer les 500 plus grandes entreprises dans un système de propriété publique démocratique, géré par les travailleurs, dans l’intérêt des besoins humains et de l’environnement, et non de l’avidité des milliardaires.
J’ai un message pour Jeff Bezos et sa classe.
Si vous tentez à nouveau d’abroger la Taxe Amazon, les travailleurs se mobiliseront par milliers pour vous vaincre. Et nous ne nous arrêterons pas là.
Parce que vous voyez, nous nous battons pour bien plus que cette taxe, nous préparons le terrain pour un autre type de société.
Et si vous, Jeff Bezos, voulez faire avancer ce processus en vous acharnant contre nous dans nos modestes revendications, alors qu’il en soit ainsi.
Car nous venons pour vous renverser vous et votre système pourri.
Nous venons pour démanteler ce système capitaliste profondément oppressif, raciste, sexiste, violent et en faillite totale, cet État policier.
Nous ne cesserons pas tant que nous ne l’aurons pas renversé et remplacé par un monde basé sur la solidarité, la démocratie véritable et l’égalité – un monde socialiste.
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Bruxelles. Rassemblement en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure

La campagne de la FGTB “Fight for €14” s’inspire directement des lutte menées aux Etats-Unis en faveur d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Chaque année a lieu une journée mondiale #FF15, soutenue par les organisations syndicales internationales EFFAT et UITA. Cette journée a pris place ce 12 novembre et plusieurs centaines de militants se sont donc rassemblés à Bruxelles ce mardi matin pour défendre l’augmentation du salaire minimum.
Ce combat difficile qui a débuté dans la restauration rapide s’est mené à l’aide de campagnes de terrain dans de nombreuses villes et régions. En 2015, Seattle fut la première grande ville à instaurer ce salaire minimum, une victoire dans laquelle Socialist Alternative, son élue au conseil de ville Kshama Sawant (qui vient tout juste d’être réélue), et leur campagne “15NOW” ont joué un rôle crucial. Cette mesure s’est traduite par un transfert de 3 milliards de dollars des riches vers les pauvres sans entraîner de pertes d’emplois : au cours de la première année suivant l’introduction de la mesure, il y a eu une augmentation du nombre d’emplois de 2,5 % et le salaire moyen dans la ville a augmenté de 3,5 %. Ces chiffres étaient supérieurs à la moyenne nationale.
En Belgique, le salaire minimum scandaleusement bas : 9,65€ brut / heure. Avoir un emploi ne garantit pas de vivre dignement : 230,000 salariés – soit 5% de la population active – sont considérés comme pauvre et 15% des employés gagnent moins de 2.300€ brut/mois (environ 1,400€ net). Ces chiffres alarmants et les nombreuses attaques des gouvernements sur nos conditions de vie et de travail aggravent le phénomène. Ces mesures touchent, de plus, davantage les femmes. Cette campagne de la FGTB est donc une excellente chose mais, pour obtenir des victoires en entreprises ou par secteur, il va falloir construire un rapport de forces sur le terrain !
C’est ce que le PSL a défendu dans son tract (en savoir plus) et son intervention, à l’aide de deux exemples actuels. Le personnel des services publics locaux bruxellois se bat ainsi pour l’abolition du barème le plus bas et pour une augmentation de 10% de tous les autres à l’aide d’assemblées du personnel, d’arrêts de travail et maintenant de grèves plus longues. Une campagne est également en cours à l’Université de Gand où seule une petite partie du personnel gagne moins de 14 €/h, mais des milliers de signatures ont été recueillies auprès de l’ensemble du personnel et des étudiants. Si la direction ne change pas son fusil d’épaule, le personnel entrera ici aussi en action.
Le Parti Socialiste de Lutte soutient pleinement la campagne de la FGTB « Fight for €14 » en y participant et en formulant des propositions constructives. Si vous voulez en savoir plus ou nous soutenir, contactez-nous et re-joignez-nous !








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Kshama Sawant réélue à Seattle malgré les millions dépensés par Amazon et le Big Business

Kshama Sawant réélue malgré la somme de 4 millions de dollars engagée par les fonds électoraux d’entreprise (PAC) pour acheter le conseil de ville
L’argent que Jeff Bezos a mis sur la table pour acheter le conseil de ville de Seattle s’est retourné contre lui. Durant ces élections, qui avaient lieu dans 7 districts de la ville, les grandes entreprises ont financièrement appuyé les candidats soutenus par Amazon à des niveaux inédits. Mais les électeurs ont rejeté cette tentative d’ancrer plus à droite dans 5 de ces 7 districts. Dans le district le plus observé, à la campagne la plus chère et le plus polarisé de Seattle depuis des décennies, Kshama Sawant, de Socialist Alternative, semble avoir remporté une victoire serrée.
Par Ty Moore, Socialist Alternative
Le soir du deuxième tour, le 5 novembre, Kshama Sawant était de 8 points derrière son concurrent, à 46% contre 54% pour Egan Orion. Mes médias dominants et les grandes entreprises étaient triomphalistes. Mais 60% des bulletins de vote arrivés plus tard se sont dirigés vers Kshama. Vendredi soir, cette dernière avait dépassé Orion de 3,6 % avec une avance de 1.515 voix, et ce chiffre devrait encore augmenter dans les jours à venir.
Conférence de presse de Kshama:
Le système de vote par correspondance de l’État de Washington permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par la poste jusqu’à trois semaines avant le jour du scrutin. Les premiers électeurs ont tendance à être plus âgés et plus riches, les électeurs plus tardifs étant plus jeunes, plus issus de la classe des travailleurs et locataires de leur logement; En bref, cette dernière catégorie est plus susceptible de voter pour une socialiste anticapitaliste. Cette année, l’augmentation du nombre de bulletins de vote pour Sawant par rapport aux premiers résultats a été plus importante que jamais. Cela reflète la plus grande participation au vote dans ce district, qui a atteint les 58%. Même nos détracteurs dans les médias locaux ont été forcés de féliciter à la campagne de Socialist Alternative pour pousser les électeurs à se rendre aux urnes.
Ce taux de participation élevé reflète également la vague d’indignation qui a balayé Seattle les trois dernières semaines de la campagne électorale à la suite de la « bombe d’un million de dollars » lancée sur Seattle par Amazon le 14 octobre. Cela a porté la contribution totale d’Amazon à la Chambre de commerce de Seattle à 1,5 million de dollars. Les dépenses totales des fonds électoraux que représentent les Comités d’action politique (PAC) des entreprises ont été portées à plus de 4,1 millions de dollars. Cela équivaut à près de cinq fois le précédent record !
Une vague d’indignation a balayé Seattle au cours des trois dernières semaines de l’élection à la suite de la “bombe d’un million de dollars” qu’Amazon a lancée sur Seattle le 14 octobre. La contribution totale d’Amazon au PAC à la Chambre de commerce de Seattle s’est ainsi élevée à 1,5 million de dollars et les dépenses totales d’Amazon s’élèvent à 4,1 millions de dollars.
Des personnalités politiques nationales se sont prononcées contre Amazon, ce qui a donné lieu à une grande attention nationale. Le comité éditorial du Wall Street Journal s’est ainsi plaint que “Bernie Sanders a tweeté cette semaine que les dépenses d’Amazon à Seattle étaient “un exemple parfait de la cupidité incontrôlable des entreprises à laquelle nous allons mettre fin”. Elizabeth Warren a dénoncé Amazon pour avoir “essayé de faire pencher les élections du conseil de ville de Seattle en sa faveur”, ajoutant que “j’ai un plan éjecter le monde de l’argent hors de la politique “.
Danny Westneat, du Seattle Times, avait averti que les 1,5 million de dollars du milliardaire et propriétaire d’Amazon Jeff Bezos pour vaincre Sawant et d’autres candidats progressistes s’étaient peut-être retournés contre lui : “La campagne électorale se déroulait comme un référendum sur la performance du conseil de ville.” Un sondage Elway/Crosscut révélait que 67 % des électeurs étaient susceptibles de soutenir “quelqu’un qui veut changer” l’orientation du Conseil. Westneat a continué : “Maintenant [l’élection] pourrait bien devenir un référendum sur Amazon et le pouvoir des entreprises” (23/10/19).
Les dépenses massives d’Amazon lui ont aliéné de nombreux électeurs, mais cette somme a également permis d’acheter un torrent de publicités, d’envois postaux et de personnes payées pour faire du porte-à-porte. Tout cela a influencé des électeurs en faveur de l’opposant de Sawant soutenu par Amazon. Nos membres et nos bénévoles ont été confrontés à maintes reprises aux arguments de cette offensive financées par les ultra-riches.
Si les dépenses des entreprises étaient sans précédent, l’implacable propagande médiatique fut elle aussi inédite. Le Seattle Times a été à l’avant-garde d’une campagne de longue haleine qui visait à rendre Kshama Sawant et d’autres “idéologues de gauche” responsables de l’échec de du conseil de ville concernant la lutte contre le sans-abrisme à Seattle et la crise du logement, les principales préoccupations des électeurs. Le journal a appuyé les candidats soutenus par les entreprises dans les sept courses au conseil en les présentant comme s’ils étaient les candidats du “changement”.
En réalité, la crise du logement de Seattle s’inscrit dans le cadre de l’échec mondial du capitalisme, qui traite le logement comme une marchandise destinée à enrichir les spéculateurs milliardnaires plutôt que comme un droit humain fondamental. Les travailleurs ont raison d’être en colère contre l’inaction des autorités de la ville, de l’Etat pour du fédéral face à cette crise. Mais la faute en incombe à l’establishment politique complice du pouvoir des entreprises. De son côté, Kshama Sawant mène campagne pour un contrôle universel des loyers et une taxation des grandes entreprises afin de permettre de construire des logements sociaux de qualité en masse.
L’adversaire choisi par les dirigeants d’Amazon pour faire face à Kshama était Egan Orion, un candidat entièrement aux mains des grandes entreprises qui s’est présenté comme un “progressiste” pour gagner des voix. Orion placardé toute la ville d’affiches qui affirmaient qu’il refuserait l’argent des PAC pro-entreprise, ce qui était faux. Il les a même ouvertement remerciés quand il a obtenu leur soutien. Son équipe de campagne a envoyé des mails mensongers sur Kshama à chaque foyer. Ces mensonges ont été le fil rouge des 20 mails de masse envoyés par Egan Orion ou par ses partisans tout au long de la campagne.
Les partisans d’Orion ont arraché plus de 1.000 enseignes de la campagne de Kshama Sawant dans tout le district et, au cours des deux dernières semaines, ils en ont vandalisées plus de 200. Cette tentative d’intimidation des électeurs a dégoutté de nombreux résidents du District 3 et n’a pas empêché la campagne de Sawant d’organiser une campagne de masse.
Pour surmonter les mensonges et les attaques contre notre campagne, il était essentiel de sensibiliser le public à cette tentative d’acheter l’élection par le biais de milliers de conversations aux portes et aux coins des rues.
La plupart des jeunes et des travailleurs sont parvenus à percer ce rideau de calomnies. Mais les premiers résultats indiquent une participation historique dans les quartiers les plus riches de Seattle. Cela reflète également l’évolution rapide de la composition sociale du District 3 et de Seattle dans son ensemble. De nombreux travailleurs et des personnes de couleur ont dû déménager en raison de l’augmentation vertigineuse des loyers depuis notre dernière campagne électorale.
Généralement, les électeurs républicains ne participent pas aux élections locales et les candidats ouvertement républicains ne se donnent même pas la peine de se présenter à Seattle, mais cela a changé cette année. Le parti républicain a soutenu la liste des candidats soutenus par Amazon et la Chambre de commerce, malgré le fait que ces candidats se disent tous démocrates !
Seattle connaît sa propre variante locale de la vague populiste de droite qui a propulsé Trump au pouvoir. L’anxiété de la classe moyenne face à l’insécurité économique croissante et à la dégradation sociale est exploitée par les grandes entreprises et les riches, qui mènent une lutte féroce contre la croissance des idées et des mouvements socialistes qui veulent imposer des limites à leurs richesses et à leur pouvoir. Des groupes comme “Speak Out Seattle” et “Safe Seattle” sont apparus au cours de l’année écoulée comme l’expression d’une minorité conservatrice férocement opposée aux camps de sans-abri, à la criminalité, à la drogue et aux “idéologues de gauche” tels que Kshama Sawant.
Comme nous l’expliquions dans un article paru en mai dernier “ces groupes ont été indirectement soutenus et financés par Amazon et les grandes entreprises en tant que bélier populiste pour repousser le mouvement progressiste en matière de logement et vaincre la “taxe Amazon” (qui visait à imposer les grandes entreprises pour payer la construction de logements pour sans-abris, NdT) l’an dernier. (…) En 2017, Jeff Bezos a dépensé 350.000 $ pour un PAC pour l’élection de la maire Durkan. Six mois plus tard, en juin 2018, sous la pression énorme des grandes entreprises, elle et la majorité du conseil de ville ont abrogé la taxe Amazon (en savoir plus à ce sujet). Cette capitulation, surtout de l’aile la plus libérale du conseil, démoralise la gauche et enhardi les grandes entreprises et les forces de droite se mobilisent derrière elles.”
La gauche en débat
Au lendemain de la défaite de la taxe Amazon, une alliance de fait entre les grandes entreprises, une section de dirigeants syndicaux et la plupart des politiciens locaux du Parti démocrate se sont unis pour tenter de vaincre Sawant et bloquer l’élection de Shaun Scott, le candidat des Democratic Socialists of America dans le District 4.
La large coalition construite autour de la campagne pour la taxe Amazon, dans laquelle Kshama Sawant et Socialist Alternative ont joué un rôle central, a d’abord obtenu l’adoption à l’unanimité de la taxe sur les 3% des entreprises les plus importantes de Seattle pour financer le logement abordable et les services aux sans-abri. Cependant, face à la pression intense des grandes entreprises et à une campagne bien financée, cette coalition a été brisée et le conseil de ville a abrogé la taxe par un vote de 7 à 2 un mois plus tard seulement.
Pour la gauche libérale et favorable aux entreprises, cette défaite provenait de l’approche “diviseuse” de Kshama Sawant et de Socialist Alternative. En dépit du soutien d’un certain nombre de syndicats, un groupe de dirigeants syndicaux conservateurs métallurgistes et d’autres corps de métier de la construction ont dénoncé avec colère cette campagne comme une “taxe sur les emplois”, en craignant que la colère d’Amazon ne ralentisse le boom du bâtiment à Seattle.
Lors du premier tour de ces élections, le 6 août dernier, alors que le mouvement des travailleurs était ouvertement divisé, Kshama Sawant a récolté 37% des voix sans le soutien de ses collègues membres du conseil de Ville ou d’autres politiciens importants du Parti démocrate. Dans le Seattle Times, Danny Westneat a écrit : “Aucun titulaire, de mémoire récente, n’a survécu à une primaire avec un si bas niveau ” (8/7/19).
Si Kshama Sawant et Socialist Alternative avaient adopté l’approche de la plupart des dirigeants libéraux et syndicaux pour essayer d’éviter toute confrontation directe avec Amazon, il est probable que la stratégie d’intimidation de Jeff Bezos et sa tentative d’acheter le conseil de ville auraient été bien plus efficaces.
Organiser en une riposte cohérente la méfiance généralisée de la classe des travailleurs à l’égard du pouvoir des entreprises n’avait rien d’automatique. En fait, la plupart des élections aux États-Unis ne comprennent aucun défi audacieux pour la classe ouvrière tant est importante la domination des entreprises sur le Parti démocrate. Même à Seattle, où les organisations locales du Parti démocrate ont évolué vers la gauche sous l’influence de Bernie Sanders et d’autres opposants de gauche, cela ne s’est pas traduit par l’arrivée de nombreux candidats combattifs déterminés à lutter en faveur de la classe ouvrière.
Socialist Alternative a fait reposer sa stratégie sur sa confiance que, pour peu que l’on offre une perspective de lutte, la classe ouvrière et les jeunes de Seattle seraient capables de vaincre Amazon et les grandes entreprises. Un élément crucial de cette stratégie était le potentiel que la base mette pression sur les dirigeants progressistes et syndicaux afin de les forcer à se prononcer avec nous contre l’establishment capitaliste de Seattle.
Les membres de Socialist Alternative ont fourni l’épine dorsale marxiste de cette stratégie. Leur énergie, leur abnégation et leurs compétences politiques ont permis de mener à bien la campagne électorale populaire la plus puissante de l’histoire de Seattle. Plus de 1.000 bénévoles nous ont aidés à frapper à plus de 225.000 portes et à faire 200.000 appels téléphoniques. Un nombre record de 7.500 travailleurs et travailleuses ont réalisé des sacrifices financiers pour contribuer à notre campagne.
La lutte pour l’unité contre Amazon
Lors du premier tour du 6 août, les candidats soutenus par Amazon et les grandes entreprises se sont présentés aux élections générales dans les sept courses en affrontant des candidats plus progressistes. Avec la menace imminente d’une prise de contrôle totale de l’hôtel de ville par la Chambre de commerce, notre appel à l’unité maximale contre les grandes entreprises a rapidement gagné du terrain parmi les activistes de la base, ce qui a exercé une pression sur de plus grands acteurs politiques.
D’autres soutiens en faveur de Kshama Sawant et de Shaun Scott ont commencé à se manifester de la part de figures et groupes progressistes qui étaient restés sur la touche pendant le premier tour. Les scandaleuses tentatives de dirigeants syndicaux conservateurs pour qu’Egan Orion obtienne le soutien du Conseil du travail ont été vaincus lorsque plus de 300 syndicalistes ont signé une lettre ouverte de protestation. Au cours de ces dernières semaines, 22 syndicats ont soutenu Kshama Sawant, soit une majorité des sections locales qui ont donné des consignes de vote dans le District 3. Un meeting conjoint faisant la promotion d’un New Deal vert pour Seattle a été organisé avec Sawant, Morales et Scott. Ce fut une importante manifestation unitaire qui manquait lors du premier tour.
Des groupes locaux du Parti démocrates ont, eux aussi, soutenu Shaun Scott et Kshama Sawant, ce qui représente une cuisante défaite pour l’establishment démocrate qui a si longtemps dominé la politique de Seattle. Cette victoire, le fruit d’un effort énergique de la base, a été liée à l’adoption de résolutions condamnant les dépenses des PAC par l’entremise de quatre organisations du Parti démocrate.
Tout cela a posé les bases qui ont fait de notre campagne la force motrice centrale d’une riposte de gauche unifiée lorsqu’Amazon a largué sa bombe à 1 million de dollars le 14 octobre. Aux côtés des groupes du Parti démocrate, nous avons organisé une conférence de presse deux jours plus tard devant le siège d’Amazon, suivie d’un rassemblement convoqué par les travailleurs d’Amazon une semaine plus tard.
Cela a rompu les digues. Une vague de couverture médiatique nationale a suivi. Fait significatif, même Lorena Gonzalez et Teresa Mosqueda – les membres du conseil libéral qui avaient publiquement appelé à la défaite de Sawant au premier tour – se sont senties obligées de parler au rassemblement contre Amazon et d’annoncer leur soutien en faveur de Sawant et Scott. Une vague d’autres dirigeants progressistes du Parti démocrate a suivi.
Il est clair que la tentative ouverte de Jeff Bezos d’acheter le conseil de ville de Seattle aura des répercussions à plus long terme. Nous y avons fait face avec une stratégie de front unique bien préparée visant à mobiliser toute la colère des travailleurs en une seule force unificatrice, ce qui a poussé même quelques dirigeants syndicaux réticents à s’allier aux marxistes pour combattre les grandes entreprises. Cette unité rapportera d’encore plus grands bénéfices à la classe ouvrière de Seattle dans les mois et années à venir. Le rôle de Socialist Alternative – avec son analyse claire, sa stratégie et ses membres politiquement sûrs d’eux – était absolument vital pour amener toutes ces forces à agir de concert.
Alors que la vague de campagnes électorales socialistes à travers le pays continue de s’étendre, notre expérience à Seattle devrait constituer un avertissement au sujet du caractère impitoyable des grandes entreprises. Mais il y a également de riches leçons à tirer sur la manière dont nous avons riposté, dont nous avons posé les bases d’autres victoires pour notre classe, et peut-être même sur la manière dont nous sommes parvenus à remporter une victoire sur l’homme le plus riche du monde.

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Seattle. Amazon contre Sawant : un résultat encore indécis

La réélection de notre camarade Kshama Sawant (Socialist Alternative) est en jeu après que 4,1 millions de dollars aient été dépensés pour battre les candidats socialistes et progressistes dans cette ville.
Par Ty Moore
La lutte pour la réélection de Kshama Sawant fut une campagne populaire puissante et sans nulle autre pareille. Bien qu’Amazon ait dirigé plus de puissance de feu financière contre Kshama Sawant et Socialist Alternative que contre tout autre candidat – contribuant à en faire la course au conseil de ville la plus chère, la plus polarisée et la plus regardée de l’histoire de Seattle – les résultats de la soirée électorale étaient trop serrés que pour donner un vainqueur. Nous nous sommes heurtés à une tentative inédite des milliardaires pour prendre le contrôle du conseil de ville de Seattle, où ne siègent que 9 élus. Emmenés par les 1,5 million de dollars d’Amazon, l’ensemble des PAC pro-entreprise (des fonds électoraux) a dépensé plus de 4,1 millions de dollars pour tenter de remporter les sept courses du conseil de ville : presque cinq fois la somme précédente, qui était déjà un record !
Les premiers résultats accordent 46% des voix à Kshama Sawant et 54% à Egan Orion, le candidat de la multinationale Amazon dont le siège est à Seattle. Mais puisque seule la moitié des bulletins sont comptés, nous nous attendons à ce que le nombre obtenu par Kshama augmente considérablement à mesure que les votes tardifs seront comptabilisés ces prochains jours. Après le premier tour du 6 août (en savoir plus), les suffrages accordés à Kshama ont augmenté de 4 pourcents une fois les bulletins tardifs dépouillés. Toutes les indications en notre possession laissent présager une hausse encore plus marquée pour cette élection générale. Lors de la première victoire de Sawant, en 2013, les bulletins de vote tardifs lui ont permis de gagner plus de 4,5 points, ce qui lui avait permis de remporter la victoire. Lors de la soirée électorale de ce 5 novembre, les bénévoles et partisans de la campagne demeuraient optimistes.
Le système de vote par correspondance de l’État de Washington permet aux électeurs d’envoyer leur bulletin de vote par la poste à partir de trois semaines avant le jour du scrutin, et les envois les plus rapides sont disproportionnés parmi les électeurs plus riches et âgés. Le décompte du soir de l’élection ne tient pas compte des bulletins de vote soumis ces derniers jours, qui proviennent de façon disproportionnée de la classe ouvrière, des gens de couleur et des jeunes électeurs.
Cette année, la dernière vague de votes tardifs pourrait être particulièrement importante car alimentée par la colère contre Amazon et notre spectaculaire campagne pour inciter les gens à voter. Le jour-même des élections, les urnes étaient si souvent remplies que les électeurs étaient forcés d’attendre que les travailleurs du comté se précipitent pour vider les urnes !
Seuls 20.926 votes ont été comptabilisés sur un total de 74.772 inscrits dans le district 3 de Seattle où Kshama affrontait Egan Orion, soit 28 %. Avec un taux de participation prévu estimé à 50 % environ, nous aurions besoin d’environ 55 à 56 % (selon le taux de participation exact) de ces votes tardifs pour que Sawant puisse remporter la course. Cela ne tient pas encore compte de nos efforts pour “guérir” les bulletins de vote annulés. A chaque élection, environ 2% des bulletins de vote ne sont pas pris en compte parce que les électeurs ne les ont pas signés correctement ou que d’autres erreurs ont été commises. Nous avons de bonnes chances de gagner environ 1 % de plus en demandant à nos partisans de nous faire parvenir les bulletins de vote annulés pour qu’ils soumettent à nouveau leurs signatures correctes.
Vaincre Kshama était la priorité absolue des grandes entreprises lors de cette élection. Si elles échouent dans le District 3, cela pourrait clore une série de défaites humiliantes pour les milliardaires dans toute la ville. Les candidats soutenus par Amazon semblent être sur le point de perdre dans les autres Districts, à l’exception probable du District 4 où le candidat des Democratic Socialists of America Shaun Scott connait une progression difficile après avoir remporté 42 % des bulletins de vote comptés le soir des élections, après une première campagne impressionnante.
Une campagne de mensonges et de distorsions
Une vague d’indignation a balayé Seattle au cours des trois dernières semaines de l’élection à la suite de la “bombe d’un million de dollars” qu’Amazon a lancée sur Seattle le 14 octobre. La contribution totale d’Amazon au PAC à la Chambre de commerce de Seattle s’est ainsi élevée à 1,5 million de dollars et les dépenses totales d’Amazon s’élèvent à 4,1 millions de dollars.
Des personnalités politiques nationales se sont prononcées contre Amazon, ce qui a donné lieu à une grande attention nationale. Le comité éditorial du Wall Street Journal s’est ainsi plaint que “Bernie Sanders a tweeté cette semaine que les dépenses d’Amazon à Seattle étaient “un exemple parfait de la cupidité incontrôlable des entreprises à laquelle nous allons mettre fin”. Elizabeth Warren a dénoncé Amazon pour avoir “essayé de faire pencher les élections du conseil de ville de Seattle en sa faveur”, ajoutant que “j’ai un plan éjecter le monde de l’argent hors de la politique “.
Danny Westneat, du Seattle Times, avait averti que les 1,5 million de dollars du milliardaire et propriétaire d’Amazon Jeff Bezos pour vaincre Sawant et d’autres candidats progressistes s’étaient peut-être retournés contre lui : “La campagne électorale se déroulait comme un référendum sur la performance du conseil de ville.” Un sondage Elway/Crosscut révélait que 67 % des électeurs étaient susceptibles de soutenir “quelqu’un qui veut changer” l’orientation du Conseil. Westneat a continué : “Maintenant [l’élection] pourrait bien devenir un référendum sur Amazon et le pouvoir des entreprises” (23/10/19).
Les dépenses massives d’Amazon lui ont aliéné de nombreux électeurs, mais cette somme a également permis d’acheter un torrent de publicités, d’envois postaux et de personnes payées pour faire du porte-à-porte. Tout cela a influencé des électeurs en faveur de l’opposant de Sawant soutenu par Amazon. Nos membres et nos bénévoles ont été confrontés à maintes reprises aux arguments de cette offensive financées par les ultra-riches.
Si les dépenses des entreprises étaient sans précédent, l’implacable propagande médiatique fut elle aussi inédite. Le Seattle Times a été à l’avant-garde d’une campagne de longue haleine qui visait à rendre Kshama Sawant et d’autres “idéologues de gauche” responsables de l’échec de du conseil de ville concernant la lutte contre le sans-abrisme à Seattle et la crise du logement, les principales préoccupations des électeurs. Le journal a appuyé les candidats soutenus par les entreprises dans les sept courses au conseil en les présentant comme s’ils étaient les candidats du “changement”.
En réalité, la crise du logement de Seattle s’inscrit dans le cadre de l’échec mondial du capitalisme, qui traite le logement comme une marchandise destinée à enrichir les spéculateurs milliardnaires plutôt que comme un droit humain fondamental. Les travailleurs ont raison d’être en colère contre l’inaction des autorités de la ville, de l’Etat pour du fédéral face à cette crise. Mais la faute en incombe à l’establishment politique complice du pouvoir des entreprises. De son côté, Kshama Sawant mène campagne pour un contrôle universel des loyers et une taxation des grandes entreprises afin de permettre de construire des logements sociaux de qualité en masse.
L’adversaire choisi par les dirigeants d’Amazon pour faire face à Kshama était Egan Orion, un candidat entièrement aux mains des grandes entreprises qui s’est présenté comme un “progressiste” pour gagner des voix. Orion placardé toute la ville d’affiches qui affirmaient qu’il refuserait l’argent des PAC pro-entreprise, ce qui était faux. Il les a même ouvertement remerciés quand il a obtenu leur soutien. Son équipe de campagne a envoyé des mails mensongers sur Kshama à chaque foyer. Ces mensonges ont été le fil rouge des 20 mails de masse envoyés par Egan Orion ou par ses partisans tout au long de la campagne.
Les partisans d’Orion ont arraché plus de 1.000 enseignes de la campagne de Kshama Sawant dans tout le district et, au cours des deux dernières semaines, ils en ont vandalisées plus de 200. Cette tentative d’intimidation des électeurs a dégoutté de nombreux résidents du District 3 et n’a pas empêché la campagne de Sawant d’organiser une campagne de masse.
Pour surmonter les mensonges et les attaques contre notre campagne, il était essentiel de sensibiliser le public à cette tentative d’acheter l’élection par le biais de milliers de conversations aux portes et aux coins des rues.
La plupart des jeunes et des travailleurs sont parvenus à percer ce rideau de calomnies. Mais les premiers résultats indiquent une participation historique dans les quartiers les plus riches de Seattle. Cela reflète également l’évolution rapide de la composition sociale du District 3 et de Seattle dans son ensemble. De nombreux travailleurs et des personnes de couleur ont dû déménager en raison de l’augmentation vertigineuse des loyers depuis notre dernière campagne électorale.
Généralement, les électeurs républicains ne participent pas aux élections locales et les candidats ouvertement républicains ne se donnent même pas la peine de se présenter à Seattle, mais cela a changé cette année. Le parti républicain a soutenu la liste des candidats soutenus par Amazon et la Chambre de commerce, malgré le fait que ces candidats se disent tous démocrates !
Seattle connaît sa propre variante locale de la vague populiste de droite qui a propulsé Trump au pouvoir. L’anxiété de la classe moyenne face à l’insécurité économique croissante et à la dégradation sociale est exploitée par les grandes entreprises et les riches, qui mènent une lutte féroce contre la croissance des idées et des mouvements socialistes qui veulent imposer des limites à leurs richesses et à leur pouvoir. Des groupes comme “Speak Out Seattle” et “Safe Seattle” sont apparus au cours de l’année écoulée comme l’expression d’une minorité conservatrice férocement opposée aux camps de sans-abri, à la criminalité, à la drogue et aux “idéologues de gauche” tels que Kshama Sawant.
Comme nous l’expliquions dans un article paru en mai dernier “ces groupes ont été indirectement soutenus et financés par Amazon et les grandes entreprises en tant que bélier populiste pour repousser le mouvement progressiste en matière de logement et vaincre la “taxe Amazon” (qui visait à imposer les grandes entreprises pour payer la construction de logements pour sans-abris, NdT) l’an dernier. (…) En 2017, Jeff Bezos a dépensé 350.000 $ pour un PAC pour l’élection de la maire Durkan. Six mois plus tard, en juin 2018, sous la pression énorme des grandes entreprises, elle et la majorité du conseil de ville ont abrogé la taxe Amazon (en savoir plus à ce sujet). Cette capitulation, surtout de l’aile la plus libérale du conseil, démoralise la gauche et enhardi les grandes entreprises et les forces de droite se mobilisent derrière elles.”
La gauche en débat
Au lendemain de la défaite de la taxe Amazon, une alliance de fait entre les grandes entreprises, une section de dirigeants syndicaux et la plupart des politiciens locaux du Parti démocrate se sont unis pour tenter de vaincre Sawant et bloquer l’élection de Shaun Scott, le candidat des Democratic Socialists of America dans le District 4.
La large coalition construite autour de la campagne pour la taxe Amazon, dans laquelle Kshama Sawant et Socialist Alternative ont joué un rôle central, a d’abord obtenu l’adoption à l’unanimité de la taxe sur les 3% des entreprises les plus importantes de Seattle pour financer le logement abordable et les services aux sans-abri. Cependant, face à la pression intense des grandes entreprises et à une campagne bien financée, cette coalition a été brisée et le conseil de ville a abrogé la taxe par un vote de 7 à 2 un mois plus tard seulement.
Pour la gauche libérale et favorable aux entreprises, cette défaite provenait de l’approche “diviseuse” de Kshama Sawant et de Socialist Alternative. En dépit du soutien d’un certain nombre de syndicats, un groupe de dirigeants syndicaux conservateurs métallurgistes et d’autres corps de métier de la construction ont dénoncé avec colère cette campagne comme une “taxe sur les emplois”, en craignant que la colère d’Amazon ne ralentisse le boom du bâtiment à Seattle.
Lors du premier tour de ces élections, le 6 août dernier, alors que le mouvement des travailleurs était ouvertement divisé, Kshama Sawant a récolté 37% des voix sans le soutien de ses collègues membres du conseil de Ville ou d’autres politiciens importants du Parti démocrate. Dans le Seattle Times, Danny Westneat a écrit : “Aucun titulaire, de mémoire récente, n’a survécu à une primaire avec un si bas niveau ” (8/7/19).
Si Kshama Sawant et Socialist Alternative avaient adopté l’approche de la plupart des dirigeants libéraux et syndicaux pour essayer d’éviter toute confrontation directe avec Amazon, il est probable que la stratégie d’intimidation de Jeff Bezos et sa tentative d’acheter le conseil de ville auraient été bien plus efficaces.
Organiser en une riposte cohérente la méfiance généralisée de la classe des travailleurs à l’égard du pouvoir des entreprises n’avait rien d’automatique. En fait, la plupart des élections aux États-Unis ne comprennent aucun défi audacieux pour la classe ouvrière tant est importante la domination des entreprises sur le Parti démocrate. Même à Seattle, où les organisations locales du Parti démocrate ont évolué vers la gauche sous l’influence de Bernie Sanders et d’autres opposants de gauche, cela ne s’est pas traduit par l’arrivée de nombreux candidats combattifs déterminés à lutter en faveur de la classe ouvrière.
Socialist Alternative a fait reposer sa stratégie sur sa confiance que, pour peu que l’on offre une perspective de lutte, la classe ouvrière et les jeunes de Seattle seraient capables de vaincre Amazon et les grandes entreprises. Un élément crucial de cette stratégie était le potentiel que la base mette pression sur les dirigeants progressistes et syndicaux afin de les forcer à se prononcer avec nous contre l’establishment capitaliste de Seattle.
Les membres de Socialist Alternative ont fourni l’épine dorsale marxiste de cette stratégie. Leur énergie, leur abnégation et leurs compétences politiques ont permis de mener à bien la campagne électorale populaire la plus puissante de l’histoire de Seattle. Plus de 1.000 bénévoles nous ont aidés à frapper à plus de 225.000 portes et à faire 200.000 appels téléphoniques. Un nombre record de 7.500 travailleurs et travailleuses ont réalisé des sacrifices financiers pour contribuer à notre campagne.
La lutte pour l’unité contre Amazon
Lors du premier tour du 6 août, les candidats soutenus par Amazon et les grandes entreprises se sont présentés aux élections générales dans les sept courses en affrontant des candidats plus progressistes. Avec la menace imminente d’une prise de contrôle totale de l’hôtel de ville par la Chambre de commerce, notre appel à l’unité maximale contre les grandes entreprises a rapidement gagné du terrain parmi les activistes de la base, ce qui a exercé une pression sur de plus grands acteurs politiques.
D’autres soutiens en faveur de Kshama Sawant et de Shaun Scott ont commencé à se manifester de la part de figures et groupes progressistes qui étaient restés sur la touche pendant le premier tour. Les scandaleuses tentatives de dirigeants syndicaux conservateurs pour qu’Egan Orion obtienne le soutien du Conseil du travail ont été vaincus lorsque plus de 300 syndicalistes ont signé une lettre ouverte de protestation. Au cours de ces dernières semaines, 22 syndicats ont soutenu Kshama Sawant, soit une majorité des sections locales qui ont donné des consignes de vote dans le District 3. Un meeting conjoint faisant la promotion d’un New Deal vert pour Seattle a été organisé avec Sawant, Morales et Scott. Ce fut une importante manifestation unitaire qui manquait lors du premier tour.
Des groupes locaux du Parti démocrates ont, eux aussi, soutenu Shaun Scott et Kshama Sawant, ce qui représente une cuisante défaite pour l’establishment démocrate qui a si longtemps dominé la politique de Seattle. Cette victoire, le fruit d’un effort énergique de la base, a été liée à l’adoption de résolutions condamnant les dépenses des PAC par l’entremise de quatre organisations du Parti démocrate.
Tout cela a posé les bases qui ont fait de notre campagne la force motrice centrale d’une riposte de gauche unifiée lorsqu’Amazon a largué sa bombe à 1 million de dollars le 14 octobre. Aux côtés des groupes du Parti démocrate, nous avons organisé une conférence de presse deux jours plus tard devant le siège d’Amazon, suivie d’un rassemblement convoqué par les travailleurs d’Amazon une semaine plus tard.
Cela a rompu les digues. Une vague de couverture médiatique nationale a suivi. Fait significatif, même Lorena Gonzalez et Teresa Mosqueda – les membres du conseil libéral qui avaient publiquement appelé à la défaite de Sawant au premier tour – se sont senties obligées de parler au rassemblement contre Amazon et d’annoncer leur soutien en faveur de Sawant et Scott. Une vague d’autres dirigeants progressistes du Parti démocrate a suivi.
Quel que soit le résultat de ces élections, il est clair que la tentative ouverte de Jeff Bezos d’acheter le conseil de ville de Seattle aura des répercussions à plus long terme. Nous y avons fait face avec une stratégie de front unique bien préparée visant à mobiliser toute la colère des travailleurs en une seule force unificatrice, ce qui a poussé même quelques dirigeants syndicaux réticents à s’allier aux marxistes pour combattre les grandes entreprises. Cette unité rapportera d’encore plus grands bénéfices à la classe ouvrière de Seattle dans les mois et années à venir. Le rôle de Socialist Alternative – avec son analyse claire, sa stratégie et ses membres politiquement sûrs d’eux – était absolument vital pour amener toutes ces forces à agir de concert.
Alors que la vague de campagnes électorales socialistes à travers le pays continue de s’étendre, notre expérience à Seattle devrait constituer un avertissement au sujet du caractère impitoyable des grandes entreprises. Mais il y a également de riches leçons à tirer sur la manière dont nous avons riposté, dont nous avons posé les bases d’autres victoires pour notre classe, et peut-être même sur la manière dont nous sommes parvenus à remporter une victoire sur l’homme le plus riche du monde.
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Seattle. Kshama Sawant contre l’homme le plus riche du monde

En 2013, un événement politique majeur voyait le jour à Seattle. Cette année-là, Kshama Sawant remportait un siège au conseil de ville de Seattle avec près de 100.000 voix, des années avant que la campagne de Bernie Sanders durant les primaires démocrates pour les élections présidentielles américaines ait attiré l’attention du monde et bien avant qu’Alexandria Ocasio-Cortez ne soit élue au Congrès comme étant la plus jeune députée socialiste. C’était la première fois depuis des décennies qu’une socialiste était élue dans une grande ville américaine.
Par Bart Vandersteene
Ces dernières années, les lecteurs de Lutte Socialiste ont pu suivre les succès et réalisations de Kshama Sawant et de son organisation, Socialist Alternative. Elle est actuellement engagée dans une campagne cruciale qui lui permettrait de disposer d’un troisième mandat. Le défi est de taille. Cette pionnière socialiste affronte toutes les grandes entreprises dont le siège est à Seattle. Parmi tous ces adversaires figure l’homme le plus riche au monde : Jeff Bezos, le dirigeant d’Amazon.
Une élue qui fait la différence
Le journaliste et essayiste John Nichols a récemment écrit : ‘‘Actuelle-ment, un nouveau genre de politique connait un essor et promet une Amérique nouvelle. Cette période est passionnante et a permis de mettre en avant des femmes remarquables pour porter ce renouveau politique à Washington DC. Mais il est important de se souvenir que cette politique s’est fait connaitre pour la première fois à Seattle, en 2013, avec l’élection de Kshama Sawant au conseil de ville. Elle a fièrement gagné son siège en tant que socialiste. Elle a ainsi pu défendre une politique tournée vers la justice économique, la justice sociale et la justice raciale. Kshama Sawant est et restera une ‘‘étoile polaire qui brille de Seattle vers tous les Etats-Unis.’’
En 2013, la campagne électorale de Kshama Sawant était articulée autour de la revendication d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Sa victoire électorale a permis à Seattle d’être la première grande ville où cette revendication fut appliquée. D’autres villes ont ensuite embrayé. Par la suite, Seattle a été le berceau de nombreuses autres victoires jugées jusque-là impossibles. Cela a permis aux travailleurs d’acquérir davantage de confiance, d’obtenir une voix à l’hôtel de ville et de compter sur un précieux pouvoir organisationnel autour de cette position et de Socialist Alternative. Des lois ont été instaurées pour mieux protéger les locataires, le ‘‘Columbus Day’’ (fête de l’arrivée de Christophe Colomb sur le continent) a été supprimé au profit d’une ‘‘journée des peuples autochtones’’, la construction d’un vaste et coûteux bunker de police a été bloquée, des fonds supplémentaires ont été alloués aux logements sociaux,…Crise du logement et ennemis puissants
Les deux milliardaires les plus riches au monde vivent à Seattle : Jeff Bezos (Amazon) et Bill Gates (Microsoft). Ensemble, ils représentent un actif d’environ 240 milliards de dollars, ce qui représente une somme suffisante pour que chaque être humain de cette terre puisse disposer de nourriture, d’eau potable et de soins de santé de base.
Seattle compte de nombreux riches mais le nombre de sans-abris y explose. Il y en aurait près de 12.500 dans la ville ! La plupart des quartiers comprennent des camps de tentes. Cela s’explique par la hausse des loyers et l’expulsion de plus en plus de travailleurs. Aucune autre ville du pays ne connait une pareille frénésie de construction immobilière. Les promoteurs tentent de transformer la ville en terrain de jeu pour les riches.
Dans cette campagne électorale, Socialist Alternative défend deux revendications importantes : le gel des loyers et une meilleure taxation des riches pour financer les logements sociaux. Comme il fallait s’y attendre, les riches n’aiment pas beaucoup. C’est pourquoi le camp d’en face dirige cette campagne depuis le siège d’Amazon. L’objectif est d’acheter un conseil de ville qui leur soit acquis.
En 2017, les milliardaires ont remporté une victoire avec le retrait de la ‘‘taxe Amazon’’. Kshama Sawant et Socialist Alternative menaient depuis des mois campagne pour mettre pression sur les autres conseillers afin qu’ils instaurent une nouvelle taxe sur les grandes entreprises en vue d’investir dans les logements sociaux. Jeff Bezos a alors utilisé son pouvoir économique et son travail de lobbying pour y mettre fin. La ‘‘taxe Amazon’’ a finalement été abolie parce qu’une grande majorité des conseillers a cédé à la pression. Bezos a été aidé par la maire Jenny Durkan, élue en 2017 grâce à un fonds électoral (PAC) de 350.000 dollars auquel Amazon a largement contribué. La suppression de la ‘‘taxe Amazon’’ renforce l’establishment qui souhaite maintenant mettre fin à la présence d’une socialiste au sein du conseil de ville.
Le premier tour remporté
Le premier tour des élections locale de Seattle a eu lieu en août. Au total, 7 conseillers doivent être élus : un par circonscription. Kshama Sawant est conseillère de la troisième circonscription depuis six ans. Au premier tour, tout le monde pouvait se porter candidat. L’élection décisive opposant les deux candidats ayant obtenu le plus de votes aura lieu le 5 novembre.
Kshama Sawant a remporté le premier tour du troisième district de manière convaincante. Six candidats s’y affrontaient et elle a recueilli 37% des voix. Son plus gros adversaire, le candidat d’Amazon Egan Orion a atteint seulement 21%.
Le 5 novembre, au sein de chaque circonscription un candidat plus progressiste affrontera un candidat clairement ‘‘pro-establishment’’ soutenu par la Chambre de commerce, les grandes entreprises et l’establishment politique. Le journal The Hill de Washington DC a décrit l’importance nationale que revêtent les élections de Seattle en ces termes : ‘‘Comme avant-goût du choix dont disposent les électeurs démocrates pour désigner leur candidat à la présidence, il y a la lutte acharnée à Seattle entre une politique favorable au business et une politique de gauche radicale.’’ (28/7/19). Kshama Sawant a expliqué dans un article du journal britannique The Guardian intitulé ‘‘Est-ce qu’Amazon prend revanche sur une socialiste de Seattle ?’’ que : ‘‘cette élection sera un référendum portant sur une question fondamentale : qui dirigera Seattle ? Les grandes entreprises comme Amazon accompagnées des grandes sociétés immobilières ou les travailleurs ?’’ (5/8/19).Les grandes entreprises ont déjà amassé un trésor de guerre d’un million et demi de dollars dans leur fonds électoral, les PAC. Des centaines de milliers de dollars s’ajouteront dans les semaines et les mois à venir afin de pouvoir manipuler les résultats à leur avantage.
Calvin Priest, le coordinateur de la campagne de Sawant a déclaré : ‘‘Amazon craint que la réélection de Kshama relance une mobilisation permettant de les taxer’’ et également que ‘‘la lutte pour geler les loyers et l’expansion massive des logements abordables appartenant au gouvernement sont au cœur de notre programme électoral. Ce faisant, nous touchons aux intérêts des grands promoteurs et du secteur immobilier. La demande croissante d’un New Deal vert pour les travailleurs de Seattle est âprement combattue par Puget Sound Energy, le plus grand pollueur de la région. Les grandes entreprises veulent un conseil de ville qui résiste à nos demandes populaires.’’
Le soir des élections, Kshama Sawant a mis en évidence la motivation politique et la détermination sans faille avec lesquelles la campagne se poursuivra en novembre : ‘‘La maire Jenny Durkan affirme que l’on n’a pas besoin de socialistes à l’Hôtel de ville. Nous ripostons en construisant le mouvement socialiste avec fierté et détermination. Nous expliquons clairement aux travailleurs que le capitalisme est incapable de résoudre la crise à laquelle ils sont confrontés, que ce soit au niveau de la catastrophe climatique ou de la crise du logement. Nous devons nous organiser afin de construire les forces du socialisme. J’espère vous voir tous ensemble dans la rue durant la campagne des prochains mois ! Disons clairement à Jeff Bezos que nous ne permettrons pas que Seattle soit une ville sur mesure pour les grandes entreprises. Quand on se bat, on gagne !’’
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Seattle. Kshama Sawant affrontera le candidat d’Amazon

Par Ty Moore, Socialist AlternativeLes candidats des grandes entreprises passent le premier tour dans les sept districts du conseil municipal de Seattle
Les premiers résultats du premier tour des élections du conseil municipal de Seattle aiguiseront considérablement les divisions de classe dans cette ville. Sous la direction d’Amazon, les grandes entreprises de Seattle mènent une campagne féroce pour vaincre tous les candidats qui ne sont pas fermement alignés sur la défense de leurs intérêts. Grâce à une injection record de fonds des PAC pro-entreprises (Political Action Commitee, comités d’action politique chargés de recueillir des fonds pendant les campagnes électorales américaines, NdT), les candidats soutenus par les entreprises sont parvenus à passer le premier tour dans les sept districts du conseil. Ils devront affronter des candidats plus progressistes lors de l’élection générale de novembre.
Mais la Chambre de commerce de Seattle, l’oeil de Sauron, se concentre tout particulièrement sur le District 3 pour vaincre la candidate sortante Kshama Sawant, comme le dit l’hebdomadaire influent de Seattle, The Stranger. La Chambre a déjà dépensé 245.000 $ pour soutenir Egan Orion, qui s’est classé deuxième aux premier tour du 6 août et affrontera Kshama aux élections générales. Au total, les PAC pro-entreprise ont amassé un trésor de guerre totalisant 1,5 million de dollars. Et ce n’est pas fini.
La campagne électorale de Seattle fait la une des médias nationaux. The Hill a récemment commenté : “Une lutte apparemment insoluble entre progressistes favorables aux affaires [?] et extrême gauche a consumé la politique de Seattle” 7/28/19). The Guardian a ensuite publié un article intitulé “Amazon prend sa revanche sur une socialiste de Seattle…”, qui cite Kshama Sawant : “Cette course et toutes les élections de la ville cette année sont un référendum portant sur une question fondamentale : qui va diriger Seattle ? Les grandes entreprises comme Amazon et les sociétés immobilières ou les travailleurs ?” (8/5/19).
Au cours du premier tour du District 3, qui comportait 6 candidats, les premiers résultats ont permis à Kshama Sawant de battre le candidat de la Chambre de Commerce Egan Orion de 9 points avec 33% contre 24%. Les quatre autres candidats ont tous été en dessous des 15%. Seuls 60 % environ des votes ont été comptés le soir du scrutin en raison du système de vote par correspondance de l’État de Washington. Le résultat total de Kshama augmentera probablement de quelques points de pourcentage au cours des deux prochaines semaines, à mesure que les votes tardifs arriveront, essentiellement issus de la classe travailleurs et des jeunes.
Dans le contexte de toutes les forces déployées contre notre campagne, 200 personnes ont accueilli les résultats de Kshama Sawant au Langston Hughes Performing Arts Institute, comme l’a relaté la première page du Seattle Times ce jeudi matin. En même temps, il était clair pour tous qu’un combat très difficile nous attend. Les résultats du District 3 constituent un signal d’alarme pour les travailleurs et la gauche. Remporter plus de 50% pour Kshama en novembre et bloquer les candidats soutenus par Amazon dans les autres districts exigera une lutte acharnée contre l’establishment politique et économique de Seattle.
Dans son reportage sur notre soirée électorale, KUOW a commenté : Sawant, membre du Conseil, a déclaré à ses partisans que si le monde des affaires était unifié pendant le premier tour, les syndicats étaient quelque peu divisés… Nous devons travailler à l’unité des candidats de gauche autour d’une stratégie de lutte”, a-t-elle dit. “S’unir autour d’une lutte pour le contrôle des loyers et le logement social, s’unir autour d’un mouvement pour un New Deal vert, et s’unir contre les PAC pro-entreprise.”
Nous saluons les succès remporté par Shaun Scott, candidat des Democratic Socialists of America (DSA) dans le district 4, et Tammy Morales, candidate progressiste dans le district 2. Morales a remporté 45% des suffrages en dépit des attaques du maire Durkan et des grandes entreprises. Scott a obtenu la deuxième place au premier tour avec 19% des voix et fait face à une bataille difficile contre Alex Pederson, candidat soutenu par Amazon, qui a remporté 45% des voix.
Le premier tour est généralement biaisé avec un pourcentage plus élevé d’électeurs plus riches et plus âgés, ces élections n’ont pas fait exception. Les quartiers riches du District 3 ont connu les taux de participation les plus élevés, avec une participation électorale beaucoup plus faible à Capital Hill et dans le District central où les locataires, les personnes de couleur et les résidents à faible revenu prédominent.
Le faible taux de participation électorale parmi la classe ouvrière, les pauvres et les communautés opprimées est un problème persistant qui fait partie intégrante du système politique américain. C’est l’une des raisons pour lesquelles les élections ne sont pas le terrain le plus favorable pour la classe ouvrière et la politique socialiste. Bien que la participation électorale à l’élection générale du 5 novembre sera probablement plus élevée, avec un plus grand nombre de locataires et de ménages de la classe ouvrière à l’écoute de la campagne, un énorme effort sera nécessaire pour mobiliser davantage de gens de la classe ouvrière aux urnes pour remporter le suffrage de novembre.
Jeff Bezos “prend sa revanche”
Alimentée par l’industrie technologique en plein essor, Seattle est devenue au cours de la dernière décennie la ville qui a connu la croissance la plus rapide des Etats-Unis. Les loyers augmentent encore plus vite. Seattle est aujourd’hui le marché locatif le plus cher du pays en dehors de la Californie. Les communautés ouvrières sont déplacées et chassées de la ville. C’est particulièrement vrai dans le district 3 de Kshama, où les locataires sont majoritaires. Les Noirs représentaient 73% du District Central en 1970, mais sous l’effet de l’embourgeoisement, le nombre total de résidents noirs a diminué des deux tiers depuis lors et la part de la population noire devrait chuter au-dessous de 10% dans le District Central d’ici 2025.
Le développement rapide de Seattle et l’augmentation spectaculaire des coûts déchirent les communautés et ont conduit à la plus grande population de sans-abris par habitant du pays. Les nombreux campements de tentes sont un contraste saisissant avec les grues de construction et les nouveaux immeubles de luxe étincelants qui dominent le paysage de Seattle.
The Hill a expliqué plus en détail : « Une tentative de payer une réponse à la crise [du logement] par une taxe sur les grandes entreprises a échoué l’année dernière lorsque le conseil a changé de position face à la vive opposition des entreprises… » Kshama a aidé à mener la lutte pour arracher la taxe sur Amazon et les grandes entreprises. Elle a été l’une des deux seuls à dire “non” lorsque la maire Jenny Durkan a obtenu l’abrogation honteuse de la taxe. La maire Durkan n’était entré en fonction que six mois plus tôt, après qu’Amazon l’eut aidée à acheter les élections avec une contribution de 350.000 $ issue d’un PAC.
« Après la lutte contre la taxe, Amazon et d’autres grandes entreprises ont versé des centaines de milliers de dollars à un comité d’action politique dirigé par la Chambre de commerce de la ville, et un ancien membre du conseil municipal a formé son propre PAC visant à encourager des démocrates plus favorables aux affaires », continue The Hill pour conclure : « Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos… prend sa revanche».
La véritable motivation des grandes entreprises est, comme toujours, de protéger leurs profits. Après près de six ans au pouvoir, les grandes entreprises connaissent bien le bilan de Kshama en matière de création de mouvements réussis pour remporter des victoires majeures face à leur opposition, depuis l’instauration du salaire minimum horaire de 15 $ jusqu’à la loi historique sur les droits des locataires.
« Amazon craint que la réélection de Kshama n’insuffle un nouveau souffle à un mouvement pour les taxer », explique le directeur politique de la campagne, Calvin Priest. « La lutte pour le contrôle des loyers et l’expansion massive des logements abordables publics, qui est au centre de notre campagne, fait peur aux grands promoteurs et à l’industrie immobilière. Puget Sound Energy, le plus grand pollueur de la région, s’oppose farouchement aux appels croissants en faveur d’un New Deal vert pour Seattle. Les grandes entreprises veulent un conseil municipal qui s’opposera fermement à ces revendications populaires.”
Une atmosphère anti-titulaire
Au cours des dernières élections au conseil municipal de Seattle, les électeurs ont exprimé leur mécontentement à l’égard des candidats démocrates au conseil élus avec le soutien des entreprises et qui promettaient des changements progressistes. Cette colère contre les démocrates pro-entreprise a également alimenté les victoires de Kshama en 2013 et 2015. Cependant, malgré les victoires importantes que nous avons remportées, l’échec complet du conseil municipal actuel à s’occuper de la crise du logement et du sans-abrisme alimente une forte atmosphère anti-titulaire, contre les élus déjà en poste.
Les grandes entreprises et les groupes de droite ont pu profiter de l’humiliante retournement de veste des libéraux du conseil concernant la « taxe Amazon », mais cela a davantage discrédité ces derniers. En dépit des désaccords ouverts de Kshama avec les membres du conseil et son vote contre l’abrogation de la taxe, les médias pro-entreprises sont en partie parvenus à compromettre Kshama avec le statu quo et la “débâcle de la taxe”, comme ils le disent. « Les électeurs de Seattle ont clairement le choix cet automne entre une nouvelle direction ou plus de la même chose », a déclaré Marilyn Strickland, présidente de la Chambre de Commerce de Seattle, dans une déclaration faisant suite au premier tour.
En même temps, la pression intense exercée par Amazon et les grandes entreprises dans cette campagne a révélé au grand jour les différences politiques très réelles qui existent entre le libéralisme dominant de la plupart des membres du conseil municipal de Seattle et les socialistes qui s’appuient sur la construction de mouvements sociaux. Les politiciens libéraux et certains dirigeants syndicaux ont été en colère quand Kshama a refusé de leur offrir un vernis de gauche en les accompagnant dans leur capitulation concernant la taxe Amazon et d’autres votes. Ils se sont joints aux grandes entreprises pour s’opposer à la réélection de Kshama Sawant.
Parmi les électeurs les moins informés, ces attaques contre Kshama Sawant lancées par les soi-disant progressistes et les dirigeants syndicaux ont clairement eu un impact. Ces attaques sont considérées par beaucoup d’électeurs comme des divisions et des dysfonctionnements “à gauche”. Elles ont aidé les médias et les politiciens du monde des affaires à renforcer le sentiment anti-titulaire. La plupart des titulaires ont simplement décidé de ne pas se présenter aux élections. Aucun des trois autres titulaires n’a obtenu plus de 50 % des suffrages au premier tour, un phénomène rare dans l’histoire politique de Seattle.
Bien que le premier tour ait également révélé de profondes divisions entre les sections les plus libérales et celles plus pro-entreprises de l’establishment politique de Seattle, beaucoup sont susceptibles de s’unir avec Amazon et la Chambre de commerce pour soutenir Orion contre Sawant lors des élections générales. Le décor est planté pour l’élection du conseil municipal la plus chère et la plus âprement disputée de mémoire d’homme, donnant une expression politique tranchante aux divisions de classe de plus en plus claires qui façonnent Seattle.
Le débat à gauche
Une grande majorité des travailleurs et des progressistes ne veulent pas d’un conseil municipal dominé par les grandes entreprises. En même temps, un débat majeur divise le mouvement ouvrier de Seattle et les militants progressistes sur la façon de faire face à cette menace.
Les socialistes ont toujours soutenu que, sous le capitalisme, la course aux profits des entreprises aggrave inévitablement les inégalités et les divisions de classe. Lorsque les travailleurs exigent des salaires plus élevés ou que les locataires exigent des loyers plus bas, cela menace les marges de profit de la classe capitaliste. Tout au long de l’histoire, chaque pas en avant pour la justice sociale a été franchi lorsque les travailleurs et les communautés opprimées ont reconnu que le seul moyen d’améliorer leur vie était de lutter contre l’élite capitaliste.
Bien que cette compréhension ait animé l’approche de Socialist Alternative à la politique de Seattle, la plupart des politiciens libéraux ainsi que de nombreux dirigeants syndicaux sont totalement opposés à cette stratégie de combat. Au premier tour, l’aile la plus libérale de l’establishment de Seattle craignait à juste titre que l’alliance ouverte d’Orion avec les grandes entreprises ne repousse de nombreux électeurs du district 3 qui avaient un esprit progressiste. Les membres du Conseil Teresa Mosqueda et Lorena Gonzalez ont énergiquement soutenu Zachary DeWolf, candidat qui s’est présenté comme progressiste.
« DeWolf a également obtenu le soutien des dirigeants syndicaux les plus conservateurs menacés par le soutien de Kshama aux voix de l’opposition à leurs bases », a déclaré Ian Burns, organisateur de Labor for Sawant. « Entre autres désaccords, son vote contre le contrat illégal du syndicat de la police réduisant la responsabilité de la police les a énervés. » Kshama est déjà soutenue par 15 syndicats et maintenant, avec la menace de la Chambre d’étendre sa domination à l’Hôtel de ville en novembre, « nous nous attendons à ce que la pression de la base conduise à plus de syndicats à nous soutenir » explique Burns « malgré l’hésitation de certains dirigeants ouvriers à soutenir une candidate ouvertement socialiste ».
Expliquant la décision du Conseil du travail de soutenir Zachary DeWolf plutôt que Sawant, Monty Anderson, secrétaire exécutif du Conseil des métiers de la construction, a déclaré : « Vous êtes censés faciliter les affaires en ville, et nous pensons que [Kshama] fait le contraire. » Avant cela, Anderson et d’autres dirigeants syndicaux conservateurs se sont publiquement opposés à la taxe Amazon. Ils avaient joué un rôle non négligeable en aidant les grandes entreprises à obtenir l’abrogation de la taxe et en fournissant une couverture politique aux membres libéraux du conseil qui avaient capitulé face à la pression d’Amazon.
Comme on pouvait s’y attendre, ces tentatives de gagner la faveur des grandes entreprises n’ont pas été suivies de remerciements par ces derniers. L’un des PAC pro-entreprise a envoyé des lettres à toute la ville pour attaquer d’autres candidats soutenus par les travailleurs en les qualifiant de “diviseurs” et “d’extrémistes” tout en les assimilant à Kshama Sawant ! L’une de ces lettres a même été envoyées dans le District 3 contre Zachary DeWolf, en dépit des attaques de ce dernier et d’Anderson contre Kshama.
La stratégie de la plupart des politiciens libéraux et de nombreux dirigeants d’ONG et de syndicats pour trouver un terrain d’entente avec les grandes entreprises a toujours échoué. À moins que les travailleurs et la gauche n’apprennent cette dure leçon – à Seattle et à l’échelle nationale – nous ne serons pas en mesure de repousser les grandes entreprises et les forces de droite.
Unir la gauche et les travailleurs contre le capital
Amazon et la Chambre de commerce ont maintenant une liste claire de démocrates à leur solde dans toutes les courses électorales. Ils sont prêts à dépenser des millions de dollars dans un déluge d’annonces en ligne et de publipostages avec une stratégie médiatique coordonnée pour remodeler le débat politique à Seattle en leur faveur.
Les travailleurs et les candidats socialistes doivent s’unir, au moins autour d’une plate-forme commune, pour défier ensemble les grandes entreprises dans cette élection. Il ne suffit pas de s’opposer simplement à l’influence des entreprises, étant donné le mécontentement général à l’égard de l’échec du conseil municipal actuel à résoudre les problèmes brûlants de notre ville. Les grandes entreprises essaient d’exploiter l’humeur anti-titulaire en appelant cyniquement au “changement” et en blâmant l’aile soi-disant “activiste” du conseil pour l’impasse politique.
Une alliance de candidats de gauche réclamant un contrôle des loyers, la taxation des grandes entreprises pour financer des logements abordables et un New Deal vert pour Seattle – entre autres revendications – pourrait fournir une vision ouvrière et socialiste claire pour transformer Seattle dans l’intérêt de la majorité. Au lieu de cela, la plupart des candidats progressistes et soutenus par les travailleurs ont échoué en voulant esquiver un combat direct contre Amazon et les grandes entreprises. Ils espéraient qu’une approche moins combative que celle de Sawant les épargnerait des attaques des entreprises.
Malgré cela, au moment même où les PAC lançaient un déluge d’attaques contre Tammy Morales, la maire Jenny Durkan s’est adressée aux médias avec sa propre attaque à : « Ajouter une autre socialiste comme Tammy Morales causera plus de division dans notre ville ». Ce premier tour des élections a montré montre jusqu’où les grandes entreprises et l’establishment politique de Seattle sont prêts à aller pour vaincre leurs détracteurs. Les travailleurs et la classe moyenne, le mouvement ouvrier, les socialistes et les progressistes de Seattle perdront du terrain si nous ne nous réunissons pas autour d’un programme de lutte unifiant les travailleurs, les communautés, les migrants, les personnes LGBTQ, les pauvres et tous ceux qui sont confrontés aux attaques du grand capital.
Une puissante campagne de terrain
La tentative agressive et nue d’Amazon et des grandes entreprises d’intimider et d’acheter leur voie vers la domination politique a choqué la plupart des gens. Dans le District 3, cela a également contribué à inspirer la plus grande campagne de terrain de l’histoire moderne de Seattle.
« Plus de 4.000 donateurs individuels ont participé à la campagne de Kshama pour nous aider à riposter », a déclaré Eva Metz, directrice financière de la campagne de Sawant. « Nous sommes très fiers d’annoncer que c’est trois fois plus de donneurs que n’importe lequel de nos concurrents. Les médias pro-entreprises ont essayé de nous dénigrer en disant que nous sommes financés par de grosses sommes d’argent provenant de l’extérieur de l’État, mais nous avons 2363 donateurs de Seattle, 1602 du district 3. C’est à peu près le double du nombre de donateurs de Seattle et trois fois plus de donateurs du District que toute autre campagne. Nous avons un don médian de 20 $, ce qui nous a permis d’amasser près de 290.000 $ aux primaires, détruisant tous les records[sans compter l’argent de PAC] ».
Plus de 350 personnes se sont portées volontaires pour la campagne, rappant aux portes, accrochant des affiches, fabriquant des badges, occupés à la saisie de données, etc. « J’étais vraiment fier que mon syndicat ait soutenu Kshama et que beaucoup d’enseignants l’aient aidé » a expliqué Maley, qui est aussi ‘organisateur de la branche de Capital Hill pour Socialist Alternative, « l’épine dorsale de cette campagne était les membres de Socialist Alternative. Nous comprenons ce qui est en jeu pour les travailleurs et la classe moyenne, non seulement ici à Seattle, mais partout dans le monde, si nous laissons des milliardaires comme Jeff Bezos diriger les choses. Les membres se sont vraiment mobilisés et ont donné tout ce qu’ils avaient. »
Greyson Van Arsdale, organisateur de l’équipe de campagne de Sawant, a été sans relâche impliqué dans la campagne dans la rue. « Alors que d’autres candidats comptent principalement sur les publicités payées, les expéditions de courrier et les médias pro-entreprises pour communiquer leurs attaques contre nous, nous avons répondu à leur campagne négative par des dizaines de milliers de conversations au porte-à-porte : nous avons frappé à plus de 90.000 portes depuis le 1er juin ! »
Lors de la soirée électorale, Kshama a résumé ce qui motive politiquement la détermination infatigable de nombreux membres de Socialist Alternative : « La maire Jenny Durkan dit qu’on n’a pas besoin de plus de socialistes au conseil. Nous répondons en construisant fièrement et sans excuses le mouvement socialiste. Plus fondamentalement, expliquons aux gens que le capitalisme est incapable de résoudre les crises auxquelles sont confrontés les travailleurs, qu’il s’agisse de la catastrophe climatique ou de la crise du logement. Nous devons nous organiser pour construire les forces du socialisme. J’espère vous voir tous dans la rue avec nous dans les mois à venir. Disons non à Jeff Bezos ! Quand on se bat, on gagne !”
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Présidentielle Américaine 2020: Sanders, les mouvements de lutte et les socialistes

Par Émily P., Alternative Socialiste (CIO-Québec)
La classe ouvrière des États-Unis bouillonne. Avec les mesures d’austérité, les lois antiavortement et les attaques institutionnalisées contre les personnes migrantes, ni l’establishment traditionnel ni Donald Trump n’arrivent à canaliser la colère. Et les élections présidentielles américaines se dérouleront l’année prochaine.
Lors de la conférence nationale de la section canadienne d’Alternative socialiste, nous nous sommes entretenu·e·s avec un camarade de Socialist Alternative-USA (SA-USA) sur ce sujet. Ty Moore est membre du comité exécutif national et membre de la section de Seattle de SA.
AS. Quel est votre bilan de la campagne présidentielle de 2016, de l’enthousiasme pour Bernie Sanders et de l’élection de Donald Trump?
TM. Eh bien, à l’échelle globale, pays après pays, on voit une colère généralisée produite par le capitalisme. Par l’absence de qualité de vie, par l’inaptitude du système à répondre aux changements climatiques, à la crise des réfugié·e·s, au racisme et au sexisme. Cette colère n’a pas de porte-parole issu clairement de la classe des travailleurs et des travailleuses. Alors, on assiste à une réponse provenant de l’aile blanche de la droite populiste sur la question du racisme. Et ça explique, en partie, pourquoi Trump a gagné les élections.
Mais, d’un autre côté, on voit croître une aile de gauche populiste qui aspire à une représentation politique de la classe ouvrière. Je pense que c’est fondamentalement ce qu’a représenté la campagne de Sanders en 2016 et ce qu’elle représente pour 2020.
Il faut rappeler que Trump n’a pas été élu par un vote massif de la classe ouvrière. Il avait derrière lui une partie importante de la classe capitaliste – pas la majorité, mais une partie importante. Celle-ci l’a supporté en 2016 et continue à le supporter. Il a gagné un vote fort d’une partie de la classe moyenne. Une section de la classe ouvrière blanche, qui a vécu la désindustrialisation dans le Midwest, a voté pour Trump. Ces travailleurs et ces travailleuses n’arrivaient pas à voir dans Hilary Clinton une réponse à leurs problèmes. Voter pour Trump était donc un gros pied de nez à l’establishment. Et ces électeurs et électrices ne pensaient pas nécessairement que Trump allait gagner.
AS. Comment expliquez-vous le choix de Sanders de se présenter sous la bannière du Parti démocrate (PD)?
TM. Sanders représente une nouvelle force de gauche qui croit depuis la récession de 2007. Sa campagne donne une voix à la colère généralisée de la classe ouvrière à l’égard de Wall Street, des grosses compagnies et de la corruption politique. Mais Sanders, vous savez, se proclame socialiste. Ce qui est une bonne chose. Mais il est un socialiste réformiste et, au final, il a fait un choix pragmatique. Il n’est pas un démocrate. Il n’a jamais été enregistré sur la liste des démocrates. Il a fait campagne comme indépendant la plus grande partie de sa carrière politique.
Avant sa course en 2016, il a interrogé la base des mouvements de lutte à savoir s’il devait faire campagne sous la bannière démocrate ou de façon indépendante. Puis, il a fait le choix pragmatique de se tourner vers les démocrates. Selon lui, les forces à l’extérieur du PD n’étaient pas assez fortes à ce moment-là pour s’engager dans une course avec un 3e parti. Nous ne sommes pas d’accord avec lui.
Ce que sa campagne de 2016 et celle qui prend forme actuellement prouvent, c’est que la colère généralisée peut être mobilisée dans un 3e parti. Un parti pour la classe des travailleurs et des travailleuses. C’est possible d’avoir un parti basé sur des centaines de milliers de personnes. Mais Sanders n’a pas pris cette décision.
Nous allons lutter pour que chaque vote en faveur de Sanders sorte, même s’il est avec les démocrates. Mais nous lançons un avertissement au mouvement. Le PD n’est généralement pas si démocrate. Il va utiliser tous les trucs qu’il a dans son sac, toutes les magouilles douteuses, pour bloquer Sanders. Le PD est fondamentalement un parti des grosses entreprises contrôlé par les grandes corporations de Wall Street. Il ne laissera jamais Bernie gagner les élections primaires.
AS. Quelles sont les perspectives de cette campagne? Que Sanders gagne ou perde, qu’est-ce que SA-USA organise pour l’étape suivante?
TM. SA va s’investir dans la campagne de Sanders. Il y a des millions de jeunes, de travailleurs, de travailleuses, de syndicalistes, de femmes, d’activistes antiracistes et environnementalistes qui voient en Sanders le meilleur espoir et le plus grand potentiel pour gagner de réelles luttes. Celle pour une assurance maladie pour tout le monde (Medicare for all) ou encore celle pour un Nouveau plan vert (Green New Deal). Alors nous allons nous investir dans ces mouvements et dans la campagne de Sanders.
Sans nous cacher, nous allons mettre de l’avant notre programme socialiste indépendant au sein de ces campagnes. Nous disons que si Sanders est bloqué de façon non démocratique durant les primaires démocrates, il doit immédiatement changer de cap et créer un nouveau parti. Il ne devrait pas faire la même erreur qu’en 2016, lorsqu’il a perdu les élections. Son retrait a aussi eu pour effet de démobiliser le mouvement.
Par contre, s’il gagne les primaires démocrates – ce qui est aussi possible – la possibilité d’un gouvernement Sanders à gauche sera bien réelle. À cette étape, il sera important d’aller au-delà des limites d’un programme réformiste afin d’être réellement en mesure de couper avec le capitalisme. Cette étape sera cruciale. L’exemple de SYRIZA en Grèce a montré les limites du réformisme lorsqu’un gouvernement de gauche tente d’implanter un programme réformiste dans une période de crise du capitalisme. Malgré les promesses de Sanders, gagner des luttes comme le Medicare for all et le Green New Deal, lutter pour le plein emploi ou contre le racisme dans le système de justice ne sera pas possible sous le capitalisme.
Pour y arriver, nous avons besoin d’un programme socialiste. Nous devons gérer démocratiquement et sous contrôle public les grosses industries, les entreprises du secteur de l’énergie et les banques. Ce type de débat prend sérieusement forme dans la classe ouvrière. Nous accueillons cette ouverture avec enthousiasme. Les membres de SA-USA y prennent déjà part et continueront de faire partie des mouvements de lutte afin de construire un monde socialiste.
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Au Québec, Alternative socialiste milite au cœur de Québec solidaire (QS) afin de mener des campagnes mobilisatrices pour la classe ouvrière. Au même titre que nos camarades des États-Unis, nous devons expliquer que les réformes majeures proposées par QS – bien que souhaitables – ne sont pas soutenables dans le cadre du capitalisme. Nous travaillons à activer différentes structures de QS pour qu’elles s’enracinent parmi les travailleurs et les travailleuses afin de servir d’outil de lutte pour mener des campagnes massives.