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Tag: Salaire minimum
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Montréal: Grève historique des travailleurs du Vieux Port
Deux camarades du PSL sont actuellement au Québec au côté d’Alternative Socialiste (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Québec) dans le cadre du Forum Social Mondial qui commencera demain à Montréal. Hier, ils ont participé à une manifestation des travailleurs du vieux port de Montréal. Ceux-ci sont en grève depuis le 27 mai: plus de 70 jours ! Jamais une grève n’a duré aussi longtemps au Vieux Port.Les 279 employés du Syndicat des Employés du Vieux-Port de Montréal (SEVPM) réclament une augmentation de salaire et des droits égaux pour tous en cas de maladie. La manifestation de ce dimanche s’opposait particulièrement au recours aux briseurs de grève (scabs) par le patronat.
Cette section locale de l’Alliance de la fonction publique du Québec est le premier syndicat à avoir rejoint la campagne 15PLUS (15plus.org) l’an dernier, une campagne initiée par nos camarades d’Alternative Socialiste qui exige l’instauration d’un salaire minimum de 15 dollars canadiens de l’heure. Actuellement, pas moins de 47% des travailleurs du Vieux Port gagnent moins de 15 dollars. Ce conflit est d’une importance capitale pour le mouvement pour les 15$/h. Une victoire dans ce conflit pourrait inciter d’autres syndicats à entrer dans la lutte pour un salaire décent maintenant.
Photos: socialisme.be
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Islande : Appel à la grève générale et lutte pour de meilleurs salaires
Le jeudi 30 avril fut, en Islande, le commencement d’une série de grèves pour revendiquant des salaires plus élevés. 10.000 travailleurs se sont mis en grève et 60.000 sont prêts à les rejoindre pour une grève générale le 26 mai. Les grévistes sont massivement soutenus : les sondages indiquent que 91,6 % leur sont favorables.Per-Åke Westerlund, Rättvisepartiet Socialisterna (section suédoise du Comité pour une Internationale Ouvrière)
Le redressement de l’économie, après sept ans de crise et de gel des salaires, semble être derrière les grèves. La revendication principale portée par les travailleurs est une augmentation du salaire minimum étalée sur trois ans, pour passer de 1370 € à 1900 € par mois (de 214.000 couronnes islandaises à 300.000). Après sept ans de travail, le salaire est habituellement de 1.420 € par mois (222.000 couronnes islandaises). De plus en plus de travailleurs sont obligés d’avoir deux emplois pour survivre. En plus des salaires, les grévistes exigent également une amélioration de leurs conditions de travail, notamment concernant le droit à bénéficier d’une formation continue.
Dans l’industrie de la pêche, le paiement de milliards de dividendes et l’augmentation de 33% des salaires des cadres supérieurs de l’une des plus grandes entreprises du secteur (HB Grandi) ont encore accru la pression. Les revendications syndicales ne coûteraient à cette société qu’un dixième des bonus des managers (2,7 milliards de couronnes) !
Environ 85% des travailleurs sont syndiqués en Islande et les trois confédérations syndicales (cols bleus, cols blancs et universitaires) sont très forts. La SGS (Fédération des travailleurs général et spéciaux) organise 19 syndicats, essentiellement dans le secteur privé, et représente plus de la moitié des membres de l’ASI (Fédération islandaise du travail). 94,6% des membres de la SGS qui ont participé au vote se sont prononcés en faveur de la grève.
10.000 grévistes
Le 30 avril, 10.000 travailleurs de 2000 sociétés différentes ont participé à une grève de 12 heures. Les hôtels, les autocars et l’industrie du tourisme en pleine expansion de manière générale étaient encore en activité. Dans l’industrie de la pêche, où les employeurs ont déjà promis certaines concessions, la grève était totale. La pression pour des augmentations de salaire existe dans toutes les professions. 3.000 employés de l’Université, membres du syndicat académique, sont en grève depuis le 7 avril. Les avocats des autorités gouvernementales et les techniciens des soins de santé sont également en grève. Les enseignants et les médecins ont quant à eux reçu des augmentations de salaire.
Si la fédération patronale ne cède pas, toute une série de grèves sont prévues durant le mois de mai. Il y aurait ainsi deux grèves de 48 heures les 6 et 7 mai et les 19 et 20 mai. Ensuite, une grève générale illimitée commencerait à partir du 26 mai. La fédération des cols bleus, ASI, a annoncé que plus de 56.000 de ses membres prendront part à la grève générale.
Les travailleurs représentent un peu plus d’un tiers de la population de 300.000 habitants du pays. Le soutien pour les syndicats est massif. Le blog islandsbloggen rapporte que 91,6% de la population soutient les revendications de hausse des salaires et seuls 4,3% y sont opposés. Le soutien est le plus fort parmi les femmes et les travailleurs peu qualifiés. 45% ont répondu que le salaire minimum devrait même être supérieur à ce qu’exigent les syndicats.
Mécontentement politique
Ces grèves reflètent également le mécontentement politique. Dans un sondage d’opinion rapportée par islandsbloggen, le Premier ministre Sigmundur Davíð Gunnlaugsson avait très peu de soutien. «Seuls 9% pensent qu’il est honnête. Et seuls 5% disent qu’il connecté au public. La dirigeante de la Gauche Verte, Katrín Jakobsdóttir, bénéficie des chiffres les plus positifs.» Un autre récent sondage indique que le Parti Pirate serait devenu le parti le plus populaire avec 23,9%. Le Parti de l’indépendance, qui est actuellement au pouvoir, a obtenu 23,4%. «Pour être honnête, je ne sais pas pourquoi nous avons tant de confiance» a déclaré la dirigeante du Parti Pirate Birgitta Jonsdottir. Elle poursuit : «la politique traditionnelle n’a engrangé aucun progrès et les gens sont fatigués d’attendre le changement.»
Lorsque la crise financière a frappé l’Islande, de nombreuses manifestations ont secoué le pays. Depuis lors, le mouvement avait perdu de son souffle en l’espoir d’un changement. Aujourd’hui, la plupart des travailleurs se rendent compte que rien ne se produira sans lutte. Le soutien massif en faveur des grèves illustre également quel est le potentiel pour construire un nouveau parti des travailleurs, un parti de classe avec des racines dans les lieux de travail, pour défendre une alternative socialiste contre le capitalisme et les partis de l’establishment.
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Pas touche au salaire minimum des jeunes!
Lundi dernier, divers activistes s’étaient donnés rendez-vous rue de la Loi, face au siège du CD&V. Ils entendaient protester contre le nouveau projet du gouvernement visant à réduire le salaire minimum des moins de 21 ans, notamment sous le slogan : “Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère : de cette société-là, on en veut pas !”
Le texte de l’appel à l’action, lancé par l’Union syndicale étudiante, les Jeunes CSC Bruxelles et les Jeunes Fgtb, dénonçait ainsi : “Les jeunes sont des travailleurs comme les autres. Il est inacceptable qu’ils soient payés moins pour effectuer le même travail. A travail égal, salaire égal! Cette mesure entraînera de fait une concurrence entre les travailleurs jeunes et plus âgés. On dit déjà aux travailleurs âgés qu’ils coutent trop cher, mais qu’ils doivent travailler jusque 67 ans. Que va-t-il se passer si on augmente encore la différence ? On baissera encore leurs salaires, puis les nôtres et ainsi de suite.
“Les jeunes sont déjà majoritairement victimes de travail précaire (intérim, CDD,…), pendant des périodes de plus en plus longues. Les contrats à durée indéterminée deviennent un rêve. La baisse des cotisations pour les nouveaux contrats ne fera qu’accentuer ce cercle vicieux.
“Les cotisations sociales c’est aussi du salaire! Si on baisse les cotisations, on viendra encore nous dire qu’il n’y a plus assez d’argent pour la sécurité sociale: le chômage, les allocations familiales et les retraites.
“Nous refusons les cadeaux aux patrons qui ne créent pas d’emploi mais juste de nouveaux profits. Si on veut de l’emploi pour les jeunes, il ne faut pas augmenter l’âge de la retraite !
“Le CD&V, qui se présente comme l’aile sociale du gouvernement, n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet. Le parti met son côté social en avant. Nous lui demandons de joindre les actes aux paroles et de s’opposer fermement à ce qu’on solde les jeunes travailleurs au nom du profit et aux dépends de tous les autres.”
A travail égal, salaire égal ! Non à la mise en concurrence des travailleurs ! Pas touche à notre sécurité sociale !
Photos : PPICS
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Défense du salaire minimum en Iran
Déclaration de 6 organisations ouvrières indépendantes iraniennes en faveur du salaire minimum
Ce début mars, des dizaines de milliers d’enseignants ont été à l’origine d’actions de protestations « silencieuses à travers l’Iran destinées à dénoncer leurs salaires de misère. Ce mouvement prend place dans le cadre de l’appel pour un salaire qui permet de vivre décemment, qui reçoit un écho croissant dans le pays. En février, six organisations ouvrières avaient publié une déclaration commune appelant à une augmentation du salaire minimum que nous avons reçue et que nous publions ci-dessous.
Nous, travailleurs, reposons sur la force de notre unité et de notre solidarité, nous n’hésiterons pas un moment à défendre nos conditions de vie.Aujourd’hui, chaque homme décent est conscient du fait indéniable que des millions de travailleurs des grandes et petites industries, d’enseignants, d’infirmières et de retraités vivent dans la pire situation possible de toute l’histoire récente du pays, ces cinquante dernières années. Cela signifie que, aux dires des experts et des responsables gouvernementaux, les vies de millions de familles sont actuellement tombées sous le seuil de pauvreté et que les fruits, la viande et les produits laitiers ont été retirés de leurs tables.
Ces horribles conditions ne sont pas apparues dans un pays ravagé par la famine, elles sont imposées aux travailleurs dans un pays qui dispose d’une main-d’œuvre jeune, instruite et qualifiée ainsi que des plus grandes réserves combinées de pétrole et de gaz au monde. N’est-il pas honteux que des enseignants soient obligés de couvrir leurs dépenses en travaillant comme chauffeur de taxi ou de bus? Les retraités de ce pays méritent-ils de sentir une énorme pression et de grandes inquiétudes occuper leurs vies en raison de leurs maigres pensions? Connaissez-vous un pays où des millions de travailleurs travaillent 12 à 18 heures par jour mais sont incapable de satisfaire les besoins de base de leurs familles et doivent avoir honte face à leurs enfants? Acceptez-vous que, dans ce pays, des milliers de personnes atteignent le point de vendre leurs reins ou de se prostituer alors que nous assistons au grand développement de la toxicomanie, de la misère, du désespoir et de la frustration de millions d’habitants, d’adolescent aux personnes âgées?
Sans aucun doute, les travailleurs et les personnes honorables d’Iran répondront à toutes ces questions de manière négative. Les travailleurs n’ont jamais gardé le silence dans la défense de la dignité humaine. Malgré les arrestations et l’emprisonnement, les procès et les poursuites judiciaires, ils ont trouvé une manière d’agir soit par des pétitions, par la grève ou par des actions de protestation. Nous exigeons la fin de ces conditions misérables. Mais les travailleurs de ce pays n’ont pas le droit de vivre. L’appel à l’imposition d’un meilleur salaire minimum se développe, pour assurer que le vieux cycle des abus annuels avec des marionnettes comme les organisations gouvernementales, la violation de l’article 41 du Conseil du travail et l’oppression ne se répètent et pousse des millions de familles de la classe ouvrière encore plus sous le risque de la pauvreté. La continuation de cet imparable cycle d’oppression a imposé au fur-et-à-mesure des décennies une pression sur les conditions de vie à tel point qu’alors que le salaire minimum est de 608.000 Tomans (environ 150 euros), nombre de travailleurs ne perçoivent même pas ce salaire minimum. Selon les experts et les institutions officielles du gouvernement, le panier moyen de dépenses pour un ménage de quatre personnes revient mensuellement à plus de trois millions de Tomans (environ 800 euros). La survie de nos travailleurs devient donc impossible.
Par conséquent, sur base de ces faits confirmés et indéniables et en rappel des récentes manifestations des enseignants, des travailleurs de l’industrie automobile et des travailleurs du secteur public, nous, signataires de cette déclaration, déclarons notre détermination inébranlable à avoir une vie en conformité avec les conditions de vie nécessaires. Nous déclarons d’urgence au gouvernement et aux propriétaires du capital que si cet écart entre le salaire minimum indigne de 608 000 Tomans et le panier de base des ménages n’est pas comblé, les manifestations vont devenir plus profondes et plus larges chaque jour. Nous comptons sur la force de notre alliance et n’hésiterons pas un instant à défendre nos moyens de subsistance.
21 février 2015
1 – Iranian Workers Free Trade Union
2- Committee to Pursue the Establishment of Workers’ Organizations in Iran
3- Labor Rights Defenders Association
4. Coordinating Committee to Help form Workers’ organization
5. Sugarcane Workers’ Union of Haft Tapeh
6. Painters’ Union of Alborz Province -
[VIDEO] Notre camarade Khsama Sawant arrêtée
En novembre 2013, une majorité d’électeurs a a voté en faveur d’une proposition établissant un salaire minimum de 15 dollars de l’heure à Sea Tac, une petite ville des environs de Seattle, pour les travailleurs liés à l’aéroport. Alaska Airlines et d’autres compagnies aériennes ont fortement résisté à l’application de cette décision démocratiquement adoptée. Notre camarade Kshama Sawant, élue au conseil de Seattle pour notre organisation-soeur américaine Socialist Alternative, a été arrêtée ce mercredi durant une action de soutien aux travailleurs de l’aéroport de SeaTac.
Elle explique : “C’est le courage des travailleurs de SeaTac workers et leur victoire lors de ce vote qui a rendu possible l’instauration des 15 dollars de l’heure à Seattle. Je suis fière de me trouver aujourd’hui à leurs côtés contre la tentative de vol de leurs droits de la part d’Alaska Airlines. Alaska Airlines a tout d’abord déclaré que la ville de SeaTac n’avait pas le droit de forcer l’application d’un salaire de 15 dollars de l’heure à l’aéroport; mais uniquement au port. Aujourd’hui, Alaska Airlines est à la tête de la charge que constitue la poursuite portée au fédéral selon laquelle le port n’a aucune autorité pour augmenter le salaire des travailleurs. Qu’est ce que cela signifie ? Cela veut clairement dire qu’ils préfèrent dépenser des millions pour tenter de faire reculer une décision démocratique plutôt que payer correctement des travailleurs.”
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Inégalités et mouvements de lutte dans le pays le plus riche du monde
La vague de grèves organisées par les travailleurs de la restauration rapide et l’élection de Kshama Sawant au conseil de la ville de Seattle sont des indicateurs des changements qui s’opèrent actuellement dans la société américaine. Kshama est une membre-clé de la branche américaine du Comité pour une Internationale Ouvrière (CIO), Socialist Alternative, qui connaît une expansion très rapide. Peter Taaffe, Secrétaire général du CIO, nous dresse un rapport de sa dernière visite aux États-Unis.Peter Taaffe, Secrétaire général, Socialist Party (CIO-Angleterre et Pays de Galle)
« Comment diable la ville de Seattle a-t-elle pu élire une socialiste ? Nous étions pourtant si sympathiques auparavant. » Il s’agit du commentaire que le journal Seattle Weekly a rédigé sous le gros titre : « Le chemin de la révolution ». L’incroyable victoire électorale de Kshama Sawant, la première conseillère ouvertement socialiste de Seattle depuis 100 ans, a suscité toute une série de commentaires tout aussi surpris de la part de commentateurs capitalistes américains et dans le reste du monde.
Pourtant, il ne faut pas être un génie pour comprendre cette victoire qui a abouti sur la campagne retentissante « 15 now » et sur la promulgation du salaire minimum le plus élevé des États-Unis.
L’enthousiasme contagieux que cette élection a suscité chez les travailleurs, et particulièrement les jeunes, était palpable lors de la dernière Convention nationale de Socialist Alternative à laquelle ont participé un nombre record de délégués, d’observateurs et de contacts venus des quatre coins des États-Unis. Ils ont pu assister à des débats intenses sur les perspectives mondiales, sur les défis auxquels la gauche fait face lorsqu’elle se présente aux élections contre les deux partis traditionnels américains, ainsi que sur le climat propice au développement de notre organisation, Socialist Alternative, et de manière générale, des idées socialistes dans la société américaine. Le succès de cette convention s’est également reflété au niveau de l’énorme collecte de fonds de 43.000$ que les camarades sont parvenus à rassembler.
La convention a également abordé la question du nombre de membres, qui a doublé en une année à peine et de la possibilité que cette augmentation spectaculaire continue de plus belle dans les années à venir.
Le capitalisme « à visage humain » n’existe plus
Le capitaliste américain n’a plus de « visage humain » – en a-t-il seulement jamais eu ? – aux yeux des millions de victimes de la classe ouvrière plongées dans la pauvreté suite à l’échec de ce système. Même à Seattle qui, à de nombreux égards est une ville magnifique, des sans-abris campent devant l’Hôtel de Ville, illustrant cette triste réalité.
Le Seattle Weekly a admis, bien qu’à demi-mot, que c’est la dégradation des conditions de travail de la classe ouvrière qui a offert une plateforme à Kshama et lui a permis de remporter la victoire : « […] à peu près 102 000 travailleurs gagnent moins de 15$ de l’heure à Seattle. Notre niveau de vie est classé parmi les sept les plus élevés du pays. Dans le centre-ville, la location d’un appartement d’une chambre coûte environ 1 300$ par mois. Une augmentation du salaire minimum ne représentera qu’un soulagement temporaire. … La classe ouvrière blanche est composée de travailleurs de plus en plus jeunes, libéraux et ouverts aux programmes progressifs. Environ 20% de la population de Seattle est âgée de 20 à 29 ans. » [19 août 2014]
Les multinationales et leurs porte-paroles (dont le parti démocrate) sont terrifiés par « l’effet contagieux » de la campagne de Kshama et sont déterminés à mettre un terme à cette « expérience socialiste ». Déjà, le Seattle Weekly et d’autres journaux traditionnels ont mis en avant un candidat démocrate qui jouit d’une certaine popularité car il s’est prononcé en faveur de la législation sur le cannabis à Washington comme un opposant à Khsama lors des prochaines élections qui se tiendront à la fin de l’année prochaine et qui lui permettraient d’être réélue. Dès lors, il faut redoubler d’efforts pour atteindre cet objectif. Kshama est une voix extrêmement puissante, pas seulement pour la classe ouvrière américaine, mais pour les travailleurs du monde entier.
Sans ce mécontentement grandissant des travailleurs américains quant à la dégradation de leur condition de vie dans un contexte d’inégalités criantes dans le pays le plus riche du monde, la victoire de Kshama et du Socialist Alternative n’aurait pas été possible. Plusieurs sondages d’opinion ont également révélé que partout aux États-Unis, un nombre non négligeable de jeunes Américains sont en faveur du socialisme.
Pourtant les mots à eux seuls et les mains levées au ciel à cause des conditions « inacceptables » de la classe ouvrière, le refrain habituel de la majorité des organisations de « gauche » et des délégués syndicaux inactifs ne servent absolument à rien. C’est l’action, l’audace de défier les patrons et leurs représentants politiques – la « propagande de l’action » -, combinée à la revendication de 15$ de l’heure pour les travailleurs de la restauration rapide qu’il fallait absolument mettre en œuvre. Socialist Alternative a été la seule organisation à comprendre que l’action permettrait de créer une cohésion puissante au sein de l’armée de travailleurs mal payés à Seattle et partout aux États-Unis.
Revendications pour un salaire minimum
Cette campagne a été hautement bénéfique pour les travailleurs sous-payés qui sont toujours affectés par la plaie qu’est le capitalisme, mais qui se réveillent désormais pour exiger un salaire minimum et dénoncer un « vol massif des salaires » par les patrons. La campagne des 15$ Now traverse l’ensemble du continent et pourrait se propager encore davantage, avec des victoires similaires remportées dans d’autres villes. Sans l’exemple de Seattle, cet élan ne se serait probablement pas en train de se produire, du moins pas pour le moment.
Seattle a dynamisé la classe ouvrière américaine, et en particulier les travailleurs sous-payés. Il suffit de voir la grève des travailleurs de la restauration rapide le 4 septembre, dans plus d’une centaine de villes américaines, dont Chicago, New York et Detroit, ainsi que les manifestations et les sit-in dans les restaurants et les bureaux administratifs, y compris au McDonald, à Burger King et KFC. La police a procédé à l’arrestation de plus de 400 personnes.
Un travailleur de la restauration rapide à Chicago s’est exprimé au nom de tous lorsqu’il a déclaré : « Nous connaissons clairement une ascension fulgurante car nous avons l’impression que la justice est de notre côté … Nous sommes impatients de voir les résultats. » McDonald, dont les quartiers généraux sont situés à Chicago et qui enregistre des profits extrêmement juteux a déclaré : « Toute augmentation du salaire minimum doit être appliquée dans le temps afin que son incidence (…) soit gérable. »
Cet exemple de patrons au cœur lourd qui se lamentent de ne pas pouvoir se permettre de verser des salaires plus élevés que le salaire minimum fédéral de 7,25$ de l’heure est contrecarré par un journal qui n’est autre que le porte-parole capitaliste, le New York Times. Il écrivait donc : « En 2013, la part des profits après impôt des entreprises dans l’économie a dépassé le plus haut niveau enregistré (en 1965) alors que la part des salaires dans l’économie a atteint son niveau le plus bas depuis 1948. La croissance des salaires depuis 1979 n’a pas évolué au même rythme (…) provoquant une baisse ou une stagnation des salaires pour la plupart des travailleurs et des bénéfices juteux dans les portefeuilles des entreprises, des actionnaires, des dirigeants d’entreprise, et autres individus situés tout en haut de l’échelle des revenus. » (31 août 2014)
De nouvelles études conduites par l’Institut des politiques économiques ont également révélé qu’entre les six premiers mois de 2013 et les six premiers mois de 2014, les salaires de l’heure, ajustés à l’inflation, ont chuté pour tout le monde, sauf pour les 10% les plus riches.
Cette diminution, en déprimant encore davantage la demande, a une incidence non négligeable sur les perspectives économiques du capitalisme. Même si la mesure totalement inadéquate d’Obama visant à augmenter le salaire minimum fédéral à 10,10$ de l’heure était introduite, elle «mettrait environ 35 milliards de dollars supplémentaires dans les poches des travailleurs touchés sur un période progressive de trois ans. » Les travailleurs de la restauration rapide et d’autres travailleurs sous-payés affirment que ce n’est pas suffisant : les 15$ de l’heure sont nécessaires.
Si la proposition d’Obama est mise en œuvre, alors cela générera de la « demande ». C’est pour cela que, pris au piège dans un « triangle des Bermudes » de crises sans fin, certains membres de la classe dirigeante internationale insistent sur la nécessité de faire des concessions aux syndicats et aux travailleurs afin de générer cette « demande », qui, ils l’espèrent, permettrait de sortir de la situation actuelle.
Même la Bundersbank en Allemagne, qui il y a peu était une fervente partisane de l’austérité, particulièrement pour les pays du sud de l’Europe, a totalement changé de cap. Elle a encouragé les délégués syndicaux de la droite allemande en leur promettant qu’elle les soutiendrait s’ils se mettaient à lutter pour une augmentation salariale supérieure à l’inflation de 3% pour leurs membres. Des concessions pour les travailleurs allemands, mais rien pour les masses opprimées en Espagne, au Portugal ou en Grèce !
Il est évident que certains capitalistes résisteront à ce type d’appels à cause de l’incidence qu’il pourrait avoir sur eux et sur leurs entreprises, mais les stratèges du capitalisme essayent de trouver un moyen de sauver leurs intérêts globaux.
La classe ouvrière doit rassembler ses forces tant sur le plan politique qu’industriel
Néanmoins, les républicains au Congrès se sont farouchement opposé la proposition d’Obama pour une faible augmentation du salaire minimum. Cette réaction montre bien que la classe ouvrière américaine ne recevra que très peu d’acquis dans la situation actuelle à moins qu’elle ne soit capable de rassembler ses forces tant sur le plan politique qu’industriel. Cela signifie qu’il faudra sérieusement défier les démocrates, en particulier lors des prochaines élections, car ils ne représentent pas la classe ouvrière, comme nous avons pu le voir sous l’administration Obama mais aussi avec la gouvernance des démocrates au niveau de l’État et des villes.
Le renouvellement des syndicats est également absolument nécessaire. Trop de délégués syndicaux évitent de faire des vagues, manquent de conviction pour l’emporter face aux patrons. Un éminent délégué syndical à Seattle a demandé, sceptique : « Vous ne pensez tout de même pas que vous pouvez l’emporter face aux grandes entreprises ? » Face à l’action de la classe ouvrière, ils préfèrent mobiliser des « employés », payés par les organisateurs syndicaux, plutôt que de coordonner un mouvement massif des travailleurs.
La campagne de Kshama a marqué un nouveau tournant dans l’implication des masses dans la lutte pour une amélioration de leur condition de vie. Jess Spear a également fait un score remarquable avec près de 20% des voix, alors qu’elle se présentait contre le démocrate Frank Chopp lors des élections primaires pour l’Assemblée nationale en août dernier. L’establishment capitaliste prend très au sérieux l’accession de Socialist Alternative au rang de deuxième parti de Seattle (les républicains sont virtuellement inexistants dans cette ville). Les résultats de Chopp sont considérés, tant par Socialist Alternative que par les capitalistes, comme la première manche d’une bataille pour la réélection de Kshama en 2015.
Et ce n’est pas seulement la classe ouvrière, mais également les couches intermédiaires de la société – ceux qui jouissaient des conditions de vie de la classe moyenne – qui sont touchées : le New York Times a reconnu qu’il y avait des faits « de collusion entre les plus grandes entreprises de la Silicon Valley qui ont confisqué environ 3 milliards de dollars de salaire aux programmeurs de logiciels. » En outre, les services publics étaient auparavant le pilier de la vie des travailleurs de la classe moyenne mais désormais « l’on peut voir que la sous-traitance ne permet pas d’économiser de l’argent, ni d’améliorer les services offerts. »
En d’autres termes, toutes les conditions qui ont provoqué la colère des travailleurs américains et les appels retentissants à agir touchent aussi de larges couches de la classe moyenne. Les banlieues américaines, autrefois synonymes d’émancipation économique, sont désormais l’endroit où l’on trouve le plus de pauvreté, comme l’indique le livre « The Unwinding ».
Une inextricable crise prolongée du capitalisme américain
De plus, cette pauvreté sera probablement amenée à s’intensifier au fur et à mesure que le caractère inextricable de la crise prolongée du capitalisme américain et mondial perdure comme ses représentants le reconnaissent. Une foule d’économistes capitalistes ainsi que les PDG des plus grandes entreprises américaines s’arrachent les cheveux afin de trouver une porte de sortie pour échapper à l’impasse économique actuelle.
Outre les avertissements désespérés de l’OCDE, Stanley Fischer, le vice-président de la Réserve fédérale américaine, se lamente des « reprises économiques décevantes ». Il affirme que « ces échecs indiquent peut-être une tendance à la baisse permanente du potentiel des puissances économiques telles que les USA, l’Europe et la Chine. » Ce commentaire fait suite à l’avertissement de Larry Summers, le Secrétaire du trésor sous l’administration Clinton, quant à une stagnation du capitalisme sans précédent. En réalité, la reprise de l’économie américaine que l’on attend depuis l’explosion de la crise en 2007-2008 n’a toujours pas eu lieu, excepté dans les poches des patrons.
Fischer continue de se lamenter quant aux perspectives « incertaines » avec « une productivité moindre et une diminution du taux de participation au marché du travail (…) des tendances qui caractérisent désormais de manière permanente l’économie américaine. » Ce qui sous-entend que le chômage de masse perdurera : « Sur les six dernières années, plus de 3% de la population active s’est mise à vivre en marge de l’économie, d’après le Bureau des statistiques du travail. » (Guardian, 12 août 2014)
Cette tendance renforce ce que nous martelons depuis le début de la crise, qu’il ne sera pas aisé pour le capitalisme américain et mondial d’atteindre « la vitesse de croisière » qui lui permettrait d’échapper à cette crise, car pour atteindre à nouveau les taux de croissance d’avant-crise il faudra nécessairement passer par une baisse du niveau de vie. Bien entendu, l’économie américaine est une économie à l’échelle continentale et, si certaines régions peuvent être en stagnation ou en recul, d’autres secteurs ou régions peuvent dans le même temps renouer avec la croissance. Toutefois, nous assistons à une crise structurelle globale du capitalisme qui se traduit par une stagnation prolongée des conditions de vie.
Cette stagnation est évidente lorsque l’on regarde les perspectives actuelles et à venir de l’industrie manufacturière américaine qui était autrefois le moteur de la croissance dans ce secteur. Récemment, Obama s’est montré enthousiaste quant aux perspectives du capitalisme américain. Néanmoins, les chiffres actuels concernant l’emploi ne lui donnent pas raison. Même si 168 000 emplois ont été créés dans ce secteur en un mois, ils ne font que dissimuler le déclin à long terme et l’effondrement du secteur industriel.
Le secteur privé américain a créé environ 10 millions d’emplois depuis le début de l’année 2010 et pourtant à peine 705 000 de ces emplois sont dans l’industrie manufacturière. Pour chaque emploi créé dans ce secteur, deux autres étaient créés dans le secteur de l’Horéca, et deux dans le secteur des soins de santé et de l’assistance sociale. Dès lors, les USA illustrent bien la situation des pays capitalistes dits « développés » qui se trouvent actuellement dans un déclin industriel prolongé. Il s’agit toujours du pays industriel le plus avancé économiquement en termes de rendements, etc. Pourtant les USA, à l’instar de la Grande-Bretagne autrefois l’atelier du monde et la force dominante du monde capitaliste, ont démontré qu’au lendemain d’un déclin économique s’élèvent une tension sociale et une lutte des classes.
Des affrontements de la même ampleur que dans les années 1960
Les USA n’y échapperont pas non plus, comme le démontrent les évènements de Seattle et d’ailleurs. Des affrontements de la même ampleur que ceux des années 1960, dont la révolte des Afro-américains, sont à prévoir. Le meurtre de Michael Brown, un jeune Afro-américain dans la ville de Ferguson, dans le Missouri, indique que les évènements de cette période pourraient tout à fait se répéter. La militarisation de la police est totalement disproportionnée, les départements de la police achetant l’équipement militaire en surplus de l’armée. Un congressiste démocrate comparait l’intervention de l’État dans la ville de Ferguson à l’occupation américaine de Fallujah en Irak !
Certaines techniques, comme les contrôles et les fouilles employées par la police britannique contre des jeunes d’origine africaine ou asiatique, sont également appliquées à Ferguson avec les mêmes résultats. La ville est composée à 67% d’Afro-Américains et pourtant 94% des policiers sont blancs ! La police opère presque comme une force d’occupation dans des villes comme Ferguson. Le FBI estime que plus de 400 personnes sont tuées chaque année dans des fusillades impliquant la police locale américaine. Ce chiffre est bien moins élevé dans d’autres pays.
Par conséquent, nous assistons à un début de politisation de la population afro-africaine, comme dans les années 1960 et 1970. Socialist Alternative, notamment des membres des Afro-Américains, est intervenu avec succès à Ferguson pour accélérer ce processus. Une autre politique tout aussi honteuse mise en œuvre par l’administration Obama, consiste à persécuter les immigrants. Sous son mandat, Obama a expulsé plus d’immigrants que tous les présidents précédents pris ensemble.
Dans une telle situation, il est absolument nécessaire de trouver une voix pour défendre les opprimés et la classe ouvrière. Kshama a montré ce qu’il était possible de faire dans une ville seulement, comme Jess Spear l’a également fait avec sa campagne. Lors de la convention de Socialist Alternative, il y a eu un débat très intéressant et complet sur la nécessité d’étendre l’exemple de Seattle à l’échelle nationale.
Kshama a été invitée à s’exprimer dans un panel (aux côtés de Naomi Klein et d’autres) dans le cadre de la Marche pour le climat à New York le 21 septembre 2014, un évènement qui a attiré plus de 200 000 personnes – la plus grande manifestation pour l’environnement de l’histoire. Il s’agit d’un évènement-clé pour Socialist Alternative, qui attirera certainement un grand nombre de jeunes intéressés par le socialisme et qui le considèrent comme l’alternative évidente et nécessaire de toute urgence pour mettre fin au capitalisme, mais ils verront également, et c’est peut-être encore plus important, que Socialist Alternative est la seule force à gauche qui articule une stratégie politique pour en finir avec le capitalisme, soulignant la nécessité de couper tout lien avec le parti démocrate.
D’importantes perspectives s’ouvrent permettant à la gauche de défier sérieusement ses adversaires capitalistes au pouvoir. Bernie Sanders, le sénateur de l’État du Vermont qui se considère comme un socialiste, est encouragé par Socialist Alternative et d’autres membres de la gauche à défier les démocrates lors des prochaines élections présidentielles. En outre, Karen Lewis, une Afro-américaine et déléguée du syndicat des enseignants à Chicago, qui avec ses membres s’est opposé au maire actuel de la ville, un farouche opposant aux syndicats, Rahm Emanuel, a montré qu’elle était prête à se présenter contre lui en tant que candidate « non partisane » pour représenter le mouvement ouvrier, lors des élections de l’année prochaine. La nature de sa campagne et les revendications qu’elle présentera dans son programme ne sont pas encore claires. Tout dépendra de l’attitude de l’ensemble des travailleurs et des syndiqués vis-à-vis de sa campagne.
La situation évolue très rapidement aux États-Unis. Mais l’empreinte de la période précédente sur la conscience des travailleurs, marquée par un affaiblissement prononcé de la lutte des classes, est toujours présente. Toutefois, cette empreinte ne représente pas l’ensemble de la réalité, comme le montrent les évènements à Seattle et ailleurs. La situation mondiale, en particulier si un attentat terroriste était perpétré contre les États-Unis, pourrait connaître un retour en arrière en termes de niveau de conscience. Mais même une situation aussi terrible n’arriverait pas à arrêter la résurgence de la classe ouvrière américaine. Seattle nous montre comment la situation à venir pourrait évoluer, avec l’apparition d’une force puissante pour un changement socialiste aux États-Unis.
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Pour un salaire minimum de 15 euros de l’heure!
Le conseil de la ville américaine de Seattle a pris fin mai la décision d’accepter la revendication de la campagne ‘‘15NOW’’ qui avait suscité un réel mouvement de masse pour introduire un salaire minimal de 15 dollars de l’heure. Cette victoire constituera à n’en pas douter une inspiration pour des revendications similaires dans le reste du pays. Mais cette revendication pourrait également devenir de première importance en Belgique.
Par Tim (Bruxelles), article tiré de l’édition d’été de Lutte Socialiste
Beaucoup de travailleurs belges pourraient effectivement défendre l’introduction d’un salaire minimum de 15 € de l’heure, ce qui reviendrait, pour un travailleur à plein temps, à 2.565 € de salaire brut mensuel, soit 1.650 € net pour un travailleur isolé. En 2012, 40% des travailleurs belges gagnaient un salaire inférieur à ce montant, surtout dans des secteurs comme le nettoyage, la vente, l’horeca ou l’industrie textile(1). Les salaires les plus bas touchent majoritairement les jeunes, les travailleurs peu qualifiés et les femmes : plus de 70% des travailleurs de la tranche des 10% de salaires les plus bas (moins de 1.967 € brut par mois) sont des femmes(2)!
En Belgique, le patronat est à l’œuvre depuis plusieurs années déjà pour fortement y élargir le secteur des bas salaires. A la demande d’entreprises comme Walibi et Studio 100 (entreprise productrice de shows télévisés comme Megamindy, mais aussi exploitante du parc d’attractions Plopsaland, ex Méli Parc), le secteur des attractions touristiques a reçu en 2003 une nouvelle commission paritaire (la 333), avec des salaires qui se situent loin en dessous de la moyenne nationale. Un travailleur peut donc être engagé dans un parc d’attractions à un salaire de 9,34 € de l’heure à peine, ce qui contraste fortement avec les profits des actionnaires : sur un chiffre d’affaires de 153 millions € en 2012, Studio 100 a réalisé un profit net de 41 millions € (27%). En 2010, le personnel de Walibi avait d’ailleurs mené des actions contre les bas salaires et les mauvaises conditions de travail dans le secteur(3).
Dans le secteur de la vente et des supermarchés, les salaires – pourtant déjà fort bas – sont à nouveau sous pression. En 2008-2010, Carrefour avait réussi à s’en prendre aux salaires de ses travailleurs en fermant des magasins pour les rouvrir en tant que franchises. Delhaize a relevé le même défi aujourd’hui. L’enseigne au lion veut tourner le plus de magasins possible vers des commissions paritaires moins intéressantes, aux salaires et conditions de travail bien pires.
Les attaques continuelles contre les chômeurs constituent une autre tactique pour pousser plus de gens vers les secteurs à bas salaires. Suite à l’une des mesures-phares du gouvernement Di Rupo, des dizaines de milliers de personnes vont perdre leur allocation d’insertion à partir du 1er janvier 2015. Selon le gouvernement et le patronat, cette approche ne viserait qu’à ‘‘activer’’ les chômeurs en les forçant à trouver un emploi au plus vite. Dans les faits, avec 669.032 chômeurs pour seulement 90.547 offres d’emploi en Belgique(4), cela ne fera qu’accroitre la compétition pour le maigre nombre d’emplois disponibles. Encore plus de travailleurs seront obligés d’accepter n’importe quelles conditions de travail. Du pain béni pour les entreprises qui se spécialisent dans les bas salaires…
Ce n’est toutefois pas encore suffisant aux dires de certains. Début juin, la Banque Nationale a ainsi conseillé au gouvernement de faire baisser les montants des allocations et des pensions. Quand de tels avis sont rendus publics, les économistes néolibéraux comme Geert Noels font la file pour s’exprimer face aux journalistes : ‘‘Il faudra un jour réaliser des arbitrages douloureux dans nos dépenses sociales et de subventionnement : l’assiette est trop large et nuit autant à la solidarité qu’à la soutenabilité de notre modèle(5).’’
Les économistes bourgeois ne font finalement que confirmer que le capitalisme est de moins en moins capable d’offrir des salaires, des pensions et des allocations décentes pour la majorité de la population. Des emplois disparaissent, des allocations sont rayées de la carte, et pour ceux qui ont encore un boulot, les salaires continuent à baisser. Nous sommes d’accord avec Geert Noels : ce modèle n’est plus soutenable !
Prenons donc exemple sur la lutte qui a été menée à Seattle : n’acceptons plus les dictats du libre marché capitaliste, mais construisons un contre-mouvement conséquent, capable de mener la lutte pour suffisamment d’emplois, avec de bons salaires. Et si cette revendication n’est pas compatible avec les profits record et les salaires trop élevés du patronat, réglons de suite nos comptes avec ce système, et remplaçons-le par le socialisme démocratique, où les richesses sont collectivement gérées. Alors, de bonnes conditions de vie et de travail seront possibles !
Notes
(1) Chiffres Statbel: http://statbel.fgov.be/fr/binaries/SES%202010_Loon%20naar%20werken_FR_tcm326-206807.pdf
(2) Chiffres 2009, voir “De Loonkloof en het Glazen Plafond in België” par Nick Deschacht ea. (en néerlandais): http://mosi.vub.ac.be/papers/DeschachtBeartsGuerryMOSI38.pdf
(3) http://www.socialisme.be/fr/3216/walibi
(4) Chiffres avril 2014
(5) Le Soir, 10 juni 2014: « La BNB conseille de baisser les pensions » : http://www.lesoir.be/567300/article/economie/2014-06-10/bnb-conseille-baisser-pensions -
USA : Une nouvelle révolte arrive !
Aux Etats-Unis, les travailleurs en ont tout simplement marre. Après six années de chômage de masse et de coupes budgétaires colossales dans l’enseignement et les programmes sociaux, on leur déclare maintenant qu’une “reprise” est à l’œuvre. Mais la vérité, c’est que plus de 90% des nouvelles richesses créées ont fini dans les poches des 1% les plus riches. Les bénéfices atteignent à nouveau des niveaux record alors que la majorité des nouveaux emplois sont nés dans le secteur des bas salaires. Au niveau mondial, un ralentissement économique est d’ailleurs en cours en Chine, et les marchés européens ne sont pas prêts de sortir de la crise. Une nouvelle crise financière et même une dépression à grande échelle sont donc de l’ordre du possible. Et même aujourd’hui, avec l’actuelle « reprise », aucun sentiment de stabilité durable n’existe.
Par Bryan Koulouris, Socialist Alternative
Les travailleurs réclament leur part
Ce n’est dès lors pas surprenant de voir les travailleurs exiger une plus grande part de la richesse créée au cours de cette « reprise ». Des groupes d’activistes regroupés autour de la revendication d’une augmentation des salaires se développent dans tout le pays, tandis que la campagne 15 NOW (une campagne exigeant l’imposition d’un salaire minimum de 15 dollars de l’heure initiée par Socialist Alternative et qui vient d’emporter une victoire historique à Seattle, NDT) à Seattle et à l’échelle nationale présente le brillant exemple d’une lutte déterminée pour les travailleurs à bas salaires. L’inégalité économique devient une discussion de masse dans la société américaine.
Obama appelle à un l’imposition d’un salaire minimum fédéral de 10,10$, tout en sachant pertinemment bien que le Congrès ne laissera jamais passer une telle législation. Beaucoup de Démocrates peuvent bien aujourd’hui concentrer leur rhétorique sur l’inégalité économique, cela ne peut être qu’extrêmement limité en raison de la nature même du Parti Démocrate, un parti dominé par la défense des intérêts de Wall Street et des grandes entreprises américaines. Ce thème peut d’ailleurs bien vite être oublié au bout d’un moment, d’une part parce que les Démocrates n’ont aucune solution concrète à offrir, d’autre part parce qu’ils craignent de susciter trop d’attentes dans le monde du travail. Quoi qu’il en soit, un mouvement se développe sur cette thématique, il profondément enraciné dans la base de la société, et il n’est pas prêt de disparaitre.
Une colère bouillonnante
En plus des centaines d’actions organisées autour du thème de l’augmentation salariale, d’autres questions ont déclenché de larges protestations. Au cours des premiers mois de cette année 2014 uniquement, nous avons vu des manifestations et actions directes opposées à la destruction massive de l’environnement autour de BP et du pipeline Keystone XL (un oléoduc de TransCanada destiné à relier le Canada aux Etats-Unis – jusqu’au Texas ! – et long de 3.461 km, NDLR). À Albuquerque, au Nouveau-Mexique, on a vu naître des protestations déterminées contre la brutalité policière, sous l’impulsion de jeunes afro et latino-américains. Des groupes de femmes ont protesté contre les tentatives de dirigeants d’entreprises d’éluder leurs responsabilités dans certains programmes de l’Obamacare (principal volet de la réforme du système de protection sociale d’Obama, NDLR) au niveau des soins de santé. La colère est aussi de plus en plus grande parmi les travailleurs immigrés face aux expulsions massives sous la présidence d’Obama. L’offensive menée par les grandes entreprises contre l’enseignement public est en outre encore forte. Et alors que le mouvement syndical a subi une série de défaites et que le nombre d’affilié continue de baisser, une aile, inspirée par le mouvement Occupy, commence à s’affirmer et à se développer autour d’une approche plus combattive dans la lutte pour la défense des intérêts du monde du travail.
Il ne faut y voir que des escarmouches annonciatrices des batailles massives qui vont éclore contre la domination des entreprises.
Instabilité politique
La récente décision prise par la Cour suprême permettant des dépenses individuelles illimitées aux élections fédérales confirme une fois de plus le sentiment partagé par une majorité d’Américains : les partis politiques actuels et tout le processus politique sont dominés par une poignée de d’individus richissimes. L’extrême désillusion ressentie par des dizaines de millions de personnes face au système, alimenté par le contraste entre les moyens gigantesques accordés aux banques dans un contexte de chômage de masse et d’austérité pour les travailleurs et leurs familles, crée une énorme instabilité politique dans la société.
L’incertitude règne au sein des establishments politiques. Alors que les élections de mi-mandat approchent (fin de cette année), les deux partis du capital, Démocrates et Républicains, sont divisés et ne disposent d’aucune stratégie claire. Aucun de ces deux partis ne parvient à susciter d’enthousiasme dans leurs propres rangs. La capacité d’inspiration de Barack Obama est depuis longtemps révolue et le Tea Party est devenu une farce isolée dans la plupart des régions du pays.
Le thème de l’Obamacare ne va pas disparaître en raison des attaques du Parti Républicain et de l’incertitude qui règne concernant la façon dont les divers aspects de la législation seront mis en œuvre. 7,5 millions de personnes ont pu s’inscrire pour bénéficier de soins de santé grâce à l’Obamacare, mais des dizaines de millions de personnes restent encore sans assurance, et seront même obligées de payer une amende pour le «crime» de ne pas être en mesure de payer leurs soins de santé ! Une petite majorité d’Américains se déclarent contre l’Obamacare, mais moins d’un quart des personnes sondées réclament l’abrogation de la législation. Après la débâcle du Shutdown de 2013 (l’arrêt des activités gouvernementales fédérales qui a duré du 1er au 16 octobre, et a mis 800.000 employés fédéraux en congé temporaire sans solde, NDT), même ceux qui doutent le plus de l’Obamacare ne veulent pas voir arriver une crise politique dirigée par les Républicain. Mais les Républicains trouveront une manière d’utiliser les élections de mi-mandat.
Plus tôt cette année, les divisions présentes dans le camp républicain ont été dévoilées au grand jour alors que Boehner (actuel président républicain de la Chambre des représentants des États-Unis, NDT) a déclaré qu’il « n’aimait pas » ce que le Tea Party pensait de son accord conclu avec les Démocrates sur le budget fédéral afin d’éviter un autre Shutdown fédéral. L’agenda républicain est de plus en plus déconnecté de la grande majorité des gens, mais le faible taux de participation prévu pour les élections de mi-mandat de novembre favorise leurs chances. Ils auront cependant leurs propres batailles internes à gérer avec les PAC (Political Action Commitee, comités d’action politique chargés de recueillir des fonds pendant les campagnes électorales américaines, NDT) de l’aile la plus à droite qui s’apprêtent à défier les Républicains « modérés ».
Les Démocrates ne sont pas non plus exempts de divisions. Alors que nombreux sont ceux qui soutiennent la candidature d’Hillary Clinton pour les élections présidentielles de 2016, les Démocrates les plus populistes lorgnent plutôt vers Elizabeth Warren (sénatrice Démocrate de l’Etat du Massachussetts, elle fut notamment interrogée par Michael Moore pour son film « Capitalism a love Stroy », NDT) ou même le sénateur de gauche du Vermont Bernie Sanders (qui se dit « socialiste » et est administrativement rattaché aux Démocrates au Sénat, NDT). Ces divisions pourront également être vues au cours des Primaires de cette année, et cela reflète la pression de la base de la société sur les Démocrates. Cela pourrait être de nature à énergiser une base électorale loin d’être excitée par la politique d’Obama et de l’establishment, amis de nombreux Démocrates préfèrent la stabilité et de faibles expectations à une base mise sous tension par des syndicalistes, des jeunes et des personnes de couleur. La plupart des Démocrates traditionnels sont favorables à une stratégie qui se limite à attaquer les Républicains comme des « extrémistes » afin de gagner les électeurs sceptiques à l’idée du « moindre mal ».
Il est extrêmement révélateur de constater que les deux principaux partis politiques essaient de s’attirer un soutien essentiellement en attaquant juste le camp adverse plutôt qu’en proposant une politique concrète pour mobiliser les électeurs. L’establishment politique et le système qu’ils représentent n’ont fondamentalement aucune solution à proposer pour sortir de la crise économique inhérente à leur système.
Toute la question est de savoir comment peut être forgée une alternative politique prenant à cœur la défense des 99%, des travailleurs et des pauvres. A Seattle, Kshama Sawant a montré la voie en se présentant aux élections en tant que candidate ouvertement socialiste, en refusant la moindre donation des entreprises et en parvenant ainsi à vaincre un puissant candidat Démocrate.
La lutte contre la politique pro-capitaliste doit être liée au développement de la lutte sociale. Les grèves des travailleurs de la restauration rapide et l’élection de Kshama ont jeté les bases d’une lutte massive pour l’obtention des 15 dollars de l’heure comme salaire minimum à Seattle (une victoire qui vient juste d’être arrachée, NDT), alors que personne n’en parlait il y a un an à peine.
Le système bipartisan américain est bien plus faible qu’il n’y paraît au premier regard. Les deux partis de Wall Street ont un soutien en perte de vitesse à travers le pays, et plus de la moitié des personnes sondées ont affirmé soutenir l’idée de l’émergence d’un nouveau parti dans le cadre d’une enquête réalisée durant le Shutdown de 2013. Ce soutien pour les Démocrate ou les Républicains diminuera encore au fur-et-à-mesure que la réalité économie percera leurs mensonges à jour.
Et maintenant ?
Obama veut éviter de vivre les deux dernières années de son mandat de la même manière que son prédécesseur George W. Bush, complètement discrédité après les élections de mi-mandat de 2006. La seule chose qui peut empêcher de voir cette situation se répéter, c’est la faiblesse des Républicains. L’élite, les 1%, est divisée face aux exigences des travailleurs. Il s’agit d’une formidable opportunité pour les défenseurs des idées du socialisme et pour le mouvement des travailleurs. Cela se reflète notamment dans le gigantesque intérêt suscité par la possibilité d’une candidature de Bernie Sanders à la présidence, peut-être de manière indépendante des Démocrates et dans le contexte de la croissance rapide du mouvement pour un salaire minimum de 15 $.
Le succès de luttes, notamment autour de la question salariale, peut accroitre la confiance des travailleurs pour qu’ils entrent en résistance contre toutes les injustices du capitalisme. Nous devons nous rappeler que la victoire du mouvement des droits civiques a ouvert la voie à la radicalisation du mouvement contre la guerre du Vietnam, au mouvement de libération des femmes, aux luttes du Black Power et à la radicalisation générale du mouvement des travailleurs à la fin des années ‘60 et au début des années ‘70.
De la même façon, de grandes victoires pour les travailleurs à faible revenu – parmi les plus opprimés de la société américaine – peuvent renforcer la confiance de plus larges sections de travailleurs pour s’organiser au sein des syndicats, transformer les syndicats existants, protester contre la discrimination et construire une alternative politique pour et par la classe des travailleurs pour contester la domination des deux partis du big-business.
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USA : victoire pour les 15$ à Seattle !
La lutte paie !
Seattle est la première grande ville à adopter un salaire minimum de 15 $ de l’heure. 100.000 travailleurs vont ainsi pouvoir sortir de la pauvreté et des millions de personnes à travers le pays et au-delà vont être inspirées par cette lutte et cette victoire !
Par Socialist Alternative
Le 29 mai, le comité du conseil municipal en charge du dossier du salaire minimum a donc pris la décision d’élever le salaire minimum à Seattle de façon à ce qu’il soit le plus élevé du pays . Ce n’est toutefois pas encore une loi, ce ne sera le cas que lorsque le conseil municipal entier aura pu voter sur cette question, le lundi 2 juin.
Selon la proposition de loi, à partir du premier avril 2015, tous les travailleurs des grandes entreprises comme McDonald’s, Starbucks, Macy’s et Target verront leurs salaires immédiatement augmentés jusqu’à 11 $ de l’heure. D’ici 2025, tous les travailleurs gagneront un minimum de 18 $ de l’heure. Selon diverses estimations, les entreprises de Seattle devront payer 3 milliards $ de plus sous forme de salaire au cours des dix prochaines années ! Voilà qui démontre que ‘‘la lutte paie’’, que les gens de la rue peuvent s’en prendre aux plus grandes corporations du monde et l’emporter pour autant qu’ils s’organisent et ripostent.
Une véritable socialiste élue au Conseil municipal
Le mouvement des travailleurs des fast foods, inspiré par le mouvement Occupy, a poussé la revendication des 15 $ de l’heure sur le devant de l’actualité dans tout le pays. Ensuite, la pression s’est accrue à Seattle lorsque le mouvement des travailleurs a réussi à gagner un vote sur les 15 $ en novembre dernier à SeaTac, une petite ville proche de Seattle. Mais c’est l’élection de la candidate de Socialist Alternative, Kshama Sawant, fin de l’année dernière qui a été décisive pour créer un véritable moment politique qui n’a su être brisé. Sawant avait fait campagne sur base d’un programme où figurait en bonne place la revendication des 15$ de l’heure, et cela a ouvert un large débat à travers toute la ville. Elle fut élue avec près de 100.000 voix en novembre 2013.
‘‘Sawant a démontré qu’être socialiste n’est plus un problème dans la gestion de la fonction publique. Plus important encore, la campagne des 15 $ de l’heure a nourri un modèle de démocratie par la base qui défie le processus politique contrôlé par les entreprises. Les observateurs s’attendent à ce que le projet de loi passe fin mai 2015. Si c’est le cas, la victoire – bien qu’imparfaite – validera l’approche de Socialist Alternative, gonflera ses rangs et ouvrira plus d’espace pour une politique socialiste aux Etats-Unis’’ Arun Gupta, Al Jazeera America, “Learning from a Socialist in Seattle,” May 21, 2014Il était important de gagner les élections, mais il l’était tout autant de voir comment Sawant et son parti, Socialist Alternative, allaient utiliser ce siège au Conseil municipal comme plate-forme pour les mobilisations sociales. Contrairement aux politiciens typiques de l’establishment, Sawant a utilisé sa position et l’attention des médias pour construire un puissant mouvement. Peu de temps après son élection, Kshama Sawant et Socialist Alternative ont lancé une campagne – 15 NOW – pour instaurer la pression la plus élevée autour de la revendication du salaire minimum de 15 $ de l’heure. 15 NOW a développé 11 groupes d’action de base dans divers quartiers de la ville afin de mobiliser, d’aider à faire descendre les habitants dans les rues et d’intervenir dans les forums publics. Avec ces groupes d’action de base et la tenue de conférences démocratiques, 15 NOW a donné la possibilité aux activistes d’avoir réellement en leurs mains propres la lutte pour les 15 $ de l’heure.
Grâce à sa position publique, Kshama Sawant a été en mesure de contrer la propagande des médias dominants acquis aux grandes entreprises et de dénoncer les tentatives du monde des affaires de noyer le thème des 15 $ et de se cacher derrière l’impact que cette mesure aurait pour les petites entreprises et les petits commerces. Socialist Alternative a su démontrer comment un élu pouvait être utilisé afin de construire un mouvement et pour le renforcer. Socialist Alternative, la campagne 15 NOW et le mouvement syndical ont instauré une pression suffisante de la base pour forcer les grandes entreprises à concéder les 15 $ minimum de l’heure. Il s’agit d’une une réalisation historique aux Etats-Unis.
Il nous faut un parti indépendant pour représenter les travailleurs et les jeunes
Le mouvement des travailleurs et les défenseurs des idées du socialisme ont mis sur la table la revendication des 15 $. Le Parti Démocrate a quant à lui invité les grandes entreprises à cette table en cherchant à édulcorer cette exigence.
Au départ, tous les politiciens du Parti Démocrate se sont opposés aux 15 $. Mais au vu du développement d’un gigantesque soutien public, les deux principaux Démocrates en lice pour le poste de maire se sont prononcés en faveur des 15 $ en septembre 2013. Après avoir remporté l’élection en novembre, le maire Ed Murray a déclaré qu’il soutenait les 15 $, mais qu’il voulait le faire de manière à ce que cela ‘‘fonctionne pour les entreprises aussi’’.
Murray a ainsi mis en place un comité consultatif de dirigeants patronaux et syndicaux (mais surtout patronaux) pour négocier un compromis. L’establishment politique et patronal a bien dû reconnaitre qu’il était impossible de stopper les 15 $, mais il a cherché à utiliser le processus de négociation pour insérer un certain nombre de mesures favorables aux entreprises, comme d’appliquer l’augmentation sur une longue période de plusieurs années. Le monde des affaires s’est battu jusqu’au dernier jour pour diluer plus encore le projet de loi.
Lors du vote du 29 mai en comité, une majorité des membres du conseil du Parti Démocrate a proposé de repousser la date d’application de la loi jusqu’à avril 2015 et d’inclure un sous-salaire minimum pour les adolescents ainsi qu’un ‘‘salaire de formation.’’ La campagne 15 NOW et Socialist Alternative appellent les syndicats, les activistes et chaque partisan des 15 $ à venir assister ce lundi 2 juin à la séance du Conseil municipal de Seattle, où le projet de loi sera finalisé, afin de se battre pour l’élimination des échappatoires pro-patronat ajoutés le 29 mai, y compris le délai de mise en œuvre et le ‘‘salaire de formation’’.
Tout cela a illustré que même si le Parti Démocrate recourt à une rhétorique plus progressiste que les Républicains, ces deux partis sont fondamentalement soumis à la défense des intérêts des grandes entreprises. Alors qu’une seule élue socialiste authentique au conseil municipal de Seattle a été en mesure de construire un mouvement pour gagner les 15 $ en moins d’un an, les politiciens du Parti Démocrate n’ont pas ménagé leurs efforts pour assurer que le salaire minimum de 15 $ de l’heure soient le plus favorable possible aux patrons. Au niveau national, les Démocrates ne sont pas parvenus à organiser sérieusement la lutte pour un salaire minimum de 10,10 $ de l’heure, ils ne se servent de cette question que comme gadget électoral pour les élections de 2014.
C’est pourquoi Socialist Alternative soutient, à l’instar de ce que nous avons fait durant la campagne électorale de Kshama, que les travailleurs ont besoin de leur propre alternative politique contre les partis Démocrates et Républicains. Compte tenu de l’énorme aliénation éprouvée face au Congrès, de la grande méfiance à l’égard des politiciens et de la nécessité de défendre les travailleurs et leurs familles, il existe une occasion unique de construire un nouveau parti large des travailleurs.
Le travail de Kshama Sawant et de Socialist Alternative a démontré qu’il est possible de faire entendre une voix politique indépendante pour contester les deux partis du big-business. La victoire de Kshama et de Socialist Alternative peut se propager à travers le pays.
Une stratégie combattive pour le mouvement des travailleurs
Seattle a réussi à gagner le salaire minimum le plus élevé des États-Unis, mais le monde du capital est parvenu à affaiblir les 15 $ de diverses façons. Le délai pour que cette revendication soit pleinement d’application est déraisonnable, de 3 à 10 ans en fonction de la taille de l’entreprise, et il existe aussi une pénalité pour les pourboires et une déduction pour les soins de santé pour les 10 premières années. Ce n’était pas inévitable. Au cours des 6 derniers mois, Socialist Alternative s’est énergiquement engagé dans un débat au sein du mouvement syndical sur la meilleure stratégie à adopter. Nous exhortons les syndicalistes, les activistes et les dirigeants syndicaux à examiner l’expérience de cette lutte, à en discuter avec nous et à en tirer les leçons nécessaires pour l’avenir.
À notre avis, la stratégie de ceux qui dirigent les principaux syndicats n’a pas été axée sur le renforcement du mouvement de la base, mais plutôt orientée vers le processus de négociation du maire avec les entreprises. Ils considéraient cette approche comme nécessaire en conséquence de leur manque de confiance envers la capacité du mouvement des travailleurs de pouvoir l’emporter dans le cadre d’un affrontement direct et ouvert avec les grandes entreprises.
Après les décennies de recul des luttes que nous avons connues, cette faible confiance en les capacités de la classe ouvrière est compréhensible. Le débat autour des 15 $ a cependant été une énorme occasion d’essayer de mobiliser de nouvelles couches de travailleurs dans un mouvement de lutte, ce qui aurait instauré davantage de pression tout en permettant à une nouvelle génération d’acquérir l’expérience de l’organisation et d’en tirer les leçons politiques. Cela aurait été une manière de commencer à reconstruire le mouvement des travailleurs sur des bases combattives.
C’est dans ce contexte que nous avons défendu de déposer un référendum pour les 15 $. Si les grands syndicats avaient soutenu cette menace, les entreprises auraient pu être forcées à faire des concessions plus grandes encore. La collecte des 100.000 signatures pour déposer ce référendum aurait été l’occasion de toucher de larges couches de la population et de les insérer dans l’organisation de la lutte tout en répondant aux arguments anti-travailleurs des entreprises et des médias (concernant le délai d’application, le salaire de formation, la question des pourboires,…).
Les syndicats américains ont d’énormes ressources et disposent d’un grand poids politique. Ils ont des millions de dollars et des millions de membres qui pourraient être mobilisés derrière une campagne audacieuse pour augmenter le salaire minimum.
Les grèves dans les fast foods ont joué un rôle crucial en attirant l’attention sur la question des salaires de misère, mais le mouvement pourrait être beaucoup plus fort si les syndicats en finissaient une bonne fois pour toutes avec leur dépendance à l’égard du Parti Démocrate et s’ils mobilisaient toute la force des travailleurs à travers la construction d’un mouvement de masse démocratiquement dirigé.
Au cours des trois dernières décennies, la stratégie des syndicats a été de tenter de cajoler les grandes entreprises en espérant obtenir des concessions seulement. Cela n’a fait qu’accroitre la soif du monde des entreprises. Il est temps d’abandonner cet effort futile.
Et nous devons nous rappeler qu’aucune réforme n’est garantie sous le capitalisme. Les grandes entreprises pourraient contester ce qui a été gagné à Seattle par un référendum ou d’autres moyens. Notre mouvement doit être prêt à se mobiliser et à défendre ce que nous avons gagné.
Rejoignez la lutte pour le socialisme !
“A la fin,” a écrit Arun Ivatury et Rebecca Smith pour CNN.com, “la percée réalisée à Seattle démontre (…) que lorsque les travailleurs sont bien organisés et qu’il existe un large soutien pour de meilleurs salaires, même les entreprises qui résistent à cette idée sont forcées de payer plus.” (15 mai 2014)
Socialist Alternative soutient chaque réforme possible qui peut être obtenue sous le système capitaliste. La lutte pour les 15 $ a démontré que lorsque nous sommes organisés, nous pouvons vaincre.
Mais cette lutte a aussi démontré que tant que nous restons à l’intérieur du cadre du capitalisme, les grandes entreprises vont se battre bec et ongles pour défendre leur pouvoir et leurs profits. La lutte pour de meilleurs salaires, pour un enseignement gratuit et de qualité, pour des soins de santé accessibles à tous, pour des logements abordables, pour la défense de l’environnement, et la justice sociale en général doit être une lutte pour une transformation socialiste de la société, basée sur une véritable égalité et sur la satisfaction des besoins de l’Humanité.
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USA : Organisation de la lutte pour un salaire minimum de 15 $
Ce 15 février s’est déroulée à Seattle une rencontre de militants en lutte pour la hausse du salaire minimum jusqu’à 15 $ de l’heure. Le but de cette réunion était de poursuivre la construction du mouvement en mettant davantage l’accent sur ??la mobilisation et l’implication du plus grand nombre possible dans ce combat, notamment par le renforcement des comités locaux. Une journée d’action le 15 mars prochain a été annoncée et un grand rassemblement avec le soutien des syndicats sera organisé pour le le 1er mai. Les médias locaux ont repris le discours de Kshama Sawant lors de cette réunion organisée par la campagne 15NOW.


