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Tag: Salaire minimum
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Pour l’émancipation des femmes, luttons contre les bas salaires!

Début novembre, le front commun syndical des services publics locaux bruxellois lançait un plan d’action avec arrêts de travail de deux heures, grèves et actions devant les conseils communaux notamment contre les bas salaires, qui sévissent tout particulièrement dans les secteurs majoritairement féminins. Deux semaines plus tôt, le personnel municipal de Glasgow (Écosse) s’était engagé dans une lutte historique contre les inégalités salariales entre travailleuses et travailleurs de même grade. C’était la plus grande grève pour l’égalité salariale depuis celle des ouvrières de Dagenham en 1968 ! À l’occasion du 8 mars et des appels à la grève de différents caractères pour cette Journée internationale de lutte pour les droits de femmes, concentrons-nous sur ces luttes exemplaires qui redonnent des couleurs au leitmotiv des syndicats : la solidarité.
Par Emily Burns, coordinatrice nationale de la campagne ROSA
Glasgow : 567 millions d’euros d’indemnités !
En 2006, un nouveau système d’évaluation des emplois a été mis en place pour remédier aux inégalités salariales. ‘‘Au lieu de cela, il a enraciné la discrimination en rémunérant les emplois à prédominance féminine, tels que la restauration et le nettoyage, moins que les emplois à prédominance masculine, comme la collecte des ordures’’, ont expliqué les grévistes dans le journal Guardian, en raison d’un système ‘‘complexe qui pénalise les personnes travaillant à horaires irréguliers’’. Après 12 ans de conflit, les quelque 8.500 employées communales (dans les soins à domicile, les écoles et les crèches, les services de nettoyage et de restauration) sont entrées dans l’Histoire en octobre dernier avec une grève de 48 heures.
La grève a débuté avec la pause de nuit du 23 octobre 2018. Dès le petit matin, les grévistes ont organisé des centaines de piquets de grève devant les écoles primaires, les crèches, les dépôts de nettoyage et les bâtiments municipaux. La participation à la grève était réellement massive. L’appel à la grève n’avait pas été lancé de manière abstraite, ces 48 heures avaient fait l’objet de plusieurs semaines de préparation avec une réelle volonté de blocage pour faire valoir leur revendication clairement énoncée : l’égalité salariale au travers d’une rémunération qui permette de vivre dignement et une sérieuse indemnisation.
La journée s’est clôturée par une manifestation de 10.000 personnes colorées de milliers de drapeaux, de banderoles et de pancartes syndicales. Sur les trottoirs, les habitants applaudissaient le cortège, démontrant qu’ils avaient été immunisés à la traditionnelle propagande anti-grève des médias. Les femmes représentaient 90% du contingent puisqu’elles sont massives dans les secteurs à bas salaires concernés par la négociation, mais leurs collègues masculins faisaient, bien entendu, également partie du combat. Les discours ont d’ailleurs illustré cette volonté d’unité : “Fini de monter les hommes et les femmes mal payés les uns contre les autres. (…) Les conseillers municipaux qui se disent de notre côté doivent nous prendre au sérieux. (…) Je n’ai pas besoin que le directeur général nous dise que notre travail est important s’il n’est pas prêt à le valoriser vraiment” a déclaré Shona, aide-soignante et déléguée syndicale.
Cette démonstration de force a bénéficié d’une grande solidarité : 600 éboueurs – presque exclusivement masculins – ont ainsi refusé de franchir le piquet de grève et n’ont pas rejoint leur poste de travail, en dépit des menaces de leur direction. Cette solidarité est indispensable pour renforcer la lutte. On ne se libère pas seules de l’oppression, mais collectivement et par la solidarité. Les travailleurs d’autres secteurs, qui gagnaient un salaire horaire jusqu’à 3,4€ supérieur à celui des travailleuses du même grade dans les secteurs municipaux ‘‘féminins’’ (soit 4.543€ par an), ont rejoint la lutte. Cette solidarité de classe est d’une grande importance, c’est de cette manière que l’on peut remporter l’égalité. Sans cela, les secteurs précaires et à bas salaires tendent à s’élargir et à faire pression sur les secteurs traditionnellement ‘‘mieux’’ rémunérés.
Au final, les grévistes se partageront 567.000.000€ d’indemnités, correspondant rétroactivement à toutes ces années de différences de salaires avec leurs collègues masculins. Une fois les indemnités versées, syndicats et autorités travailleront ensemble à l’élaboration d’un système de rémunération équitable. Ce combat pourrait en inspirer bien d’autres au Royaume-Uni et ailleurs.
Le parallèle entre le combat de Glasgow et celui du personnel des communes, des CPAS et des hôpitaux publics de Bruxelles saute aux yeux. Ces travailleuses et travailleurs sont au beau milieu d’un plan d’action crescendo pour l’augmentation de tous les barèmes de 10%, pour la réduction du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, pour le rétablissement de la prime de fin d’année et pour l’amélioration des conditions de travail pour un service public de qualité. Le secteur est majoritairement féminin.
Tout comme à Glasgow, plusieurs revendications sont officiellement soutenues par les partis établis de gauche, sans que leur politique ne suive… Les exigences syndicales doivent être la pierre angulaire de toute négociation pour aboutir à une coalition de gauche. Sur plusieurs lieux de travail, des arrêts de travail sont prévu le 8 mars comme suite logique de cette lutte pour le respect des travailleuses et des travailleurs.
Une grève des femmes ou une grève féministe ?
A Glasgow, l’objectif de la grève était très clair : l’égalité salariale grâce à l’augmentation des salaires les plus bas. En Belgique, il faut nous en prendre à l’expansion constante des nouveaux secteurs à bas salaires, en plaçant par exemple le secteur des titres-services et des accueillantes d’enfants sous contrôle du secteur public. De cette manière, l’accès à ces services serait garanti à toutes celles et ceux qui en ont besoin (et pas seulement aux personnes qui peuvent se le permettre) tandis que le personnel bénéficierait d’un véritable statut, d’un bon salaire et de bonnes conditions de travail.
En Belgique, un collectif a mis en avant la nécessité d’une grève le 8 mars contre le sexisme et c’est encourageant de voir du monde se mobiliser sur cette thématique. Cependant, l’objectif premier des initiatrices du ‘‘Collecti.e.f 8 Maars’’ se limite à ‘‘visibiliser le travail des femmes dans la société’’ et à démontrer que ‘‘quand les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête’’. Leur appel à la grève vise exclusivement les femmes. Elles ne souhaitent d’autre part pas seulement une grève du travail salarié – un instrument de pression sur les négociations salariales – mais aussi une grève de toutes les autres tâches effectuées par les femmes.
Essayer de trouver des solutions sans l’autre moitié de la population et sans s’opposer clairement aux femmes de la classe bourgeoise ne conduira pas à des améliorations. Au contraire : les divisions vont s’accroître et l’exploitation facilitée. Cette stratégie entretient le manque de clarté concernant la source du sexisme : les hommes ou une société divisée en classes sociales par définition inégalitaire, comme le capitalisme aujourd’hui ? Les meilleurs alliés des femmes dans la lutte contre l’oppression, l’exploitation et l’austérité qu’elles subissent avec grande violence, ce sont leurs collègues. A l’inverse, comme le disait Lénine en 1918, ‘‘l’expérience de tous les mouvements de libération a montré que le succès d’une révolution dépend du degré de participation des femmes.’’
Une ‘‘grève des tâches domestique’’ est effectivement susceptible de déclencher des discussions au sein des couples sur la répartition des tâches ménagères. Pourquoi ne serait-ce pas le cas dans une lutte commune contre l’inégalité ? Et à quoi pourrait ressembler une grève des tâches domestiques dans les familles monoparentales (soit pas moins d’un tiers des familles bruxelloises) ? A une grève de la faim des enfants ? Voulons-nous nous limiter à une solidarité intrafamiliale ou reconstruire une solidarité au niveau de l’ensemble de la société en développant des services publics de qualité et accessibles à toutes et tous ?
Ce n’est que par des actions collective de solidarité que nous pourrons promouvoir de meilleurs services publics avec des investissements publics massifs dans les soins de santé, la garde des enfants, l’enseignement, les soins aux personnes âgées, les soins aux personnes handicapées, etc. C’est aussi de cette manière que nous pourrons exiger une augmentation du salaire minimum et une réduction collective du temps de travail (sans perte de salaire, avec embauche compensatoire et réduction des cadences) qui non seulement permettra l’indépendance économique des femmes, mais améliorera aussi l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée et mettra également un terme au chômage qui oblige non seulement de très nombreuses femmes à accepter des emplois précaires.
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Grève générale massive : poursuivons sur cette lancée !

Ce n’est pas la colère qui manque ! Nos pensions ont été attaquées et maintenant les patrons refusent d’augmenter sérieusement nos salaires ! Leurs bénéfices grimpent pourtant toujours en flèche, tout comme les dividendes des actionnaires et les primes des cadres supérieurs. Mais quand il s’agit de nous et de nos salaires, même une augmentation de 0,8 %, est de trop. Ce que la grève de ce 13 février a une fois de plus illustré, c’est que leurs profits, leurs dividendes et leurs primes ne sont possibles que grâce à notre travail acharné. L’organisation patronale flamande VOKA parle d’un demi-milliard d’euros de “pertes” en Flandre uniquement : c’est notre travail qui génère leurs profits.
La volonté d’entrer en action que nous avons vu ce 13 février rappelle celle de fin 2014, quand un plan d’action crescendo avait été élaboré et où une rencontre de militants avait été succédée par une manifestation nationale de masse, une tournée de grèves provinciales et enfin une journée de grève générale nationale. Dans de nombreux endroits, la grève a été aussi imposante qu’à l’époque. Nous avons entendu dire qu’il y avait à peu près autant de piquets de grève en Flandre orientale qu’en 2014. A Anvers, il n’y a pas eu de blocus général de la zone portuaire, mais des piquets de grève étaient bien présents par entreprise. A Bruxelles, la participation au piquet de Proximus était particulièrement importante. L’aéroport de Zaventem était complètement à l’arrêt. ‘‘Rarement une action a pu compter sur une telle compréhension’’, titrait en ligne De Standaard.
Les secteurs à bas salaires ont été particulièrement touchés : le secteur alimentaire, par exemple, mais aussi un certain nombre de supermarchés. Un délégué de Lidl nous a expliqué qu’il ne touche qu’un salaire mensuel de 2300 euros (soit 14 euros l’heure) après 21 ans de service à plein temps, alors que bien peu de ses collègues travaillent à temps plein. Régulièrement, on nous a fait remarquer que des personnes membres d’un syndicat étaient tout de même présentes à certains piquets. La réussite de cette grève nous offre l’opportunité de renforcer davantage nos syndicats.
La question du pouvoir d’achat est très sensible pour de larges couches de la population. Cette sensibilité s’est exprimée en France dans le mouvement des Gilets jaunes. Mais elle est aussi présente chez nous : on nous dit que l’économie se porte bien et même qu’elle progresse. Mais on ne remarque rien et les fins du mois sont toujours dures. Un nombre croissant de travailleurs a des difficultés à joindre les deux bouts.
Les mobilisations de la jeunesse sur le climat ont très certainement joué un rôle important dans le succès de cette journée de grève. Beaucoup de travailleurs sont fiers de leurs enfants qui défendent la très sérieuse cause de la défense du climat et de l’environnement. La mobilisation déterminée et massive des jeunes a déjà conduit à la démission de la ministre flamande de l’environnement. Voilà qui illustre ce qu’une mobilisation de masse peut apporter. C’est de cette façon que nous pouvons assurer que ce sont nos thèmes qui sont à l’agenda politique et pas ceux de la droite. Les jeunes grévistes climatiques suscitent le respect. A Gand, un groupe de jeunes activistes du climat s’était rendu visiter les piquets de grève avec les Etudiants de Gauche Actifs (EGA), ils ont particulièrement été bien accueillis. L’appel des jeunes à partir en grève le 15 mars suscite un certain enthousiasme, pas nécessairement jusqu’à partir en grève, mais l’idée bénéficie d’un grand soutien. Chez les enseignants, la question se pose bien naturellement de façon différente et plusieurs réunions de l’ACOD Onderwijs (la CGSP Enseignement en Flandre) ont pris position en faveur de la grève du 15 mars.
Les médias établis ont fait la part belle aux “nuisances” relatives à la grève. Ils ne parlent pas des raisons de la grève et de l’impact de la politique patronale sur notre pouvoir d’achat, mais des conséquences d’une diminution considérable des transports publics et d’un certain nombre de piquets de grève. Mais tout ce discours sur les “nuisances” ne fait que confirmer à quel point cette société ne peut pas fonctionner sans nous ! Mais en cette période de colère généralisée sur le pouvoir d’achat, les tentatives de détourner l’attention et de décrier les grévistes n’ont pas aussi bien fonctionné.
A Gand, une voiture a heurté des grévistes. La zone industrielle y avait de nouveau été fermée, tout comme en 2014. Certains de nos membres jouent d’ailleurs un rôle actif dans les comités de grève de cette zone industrielle. Nous avons parlé à l’un d’eux de l’incident : “Comme en 2014, nous avions bouclé la zone industrielle avec quelques piquets de grève. Nous le faisons bien sûr de manière responsable : le site est proche de l’hôpital UZ et nous nous assurons que tout le monde peut s’y rendre. Seule la zone industrielle elle-même est bloquée. Le site de Ghelamco avait cette fois ouvert une porte arrière qui n’a jamais été ouverte auparavant. En conséquence, certaines voitures sont entrées dans la zone industrielle, mais ont dû passer aux piquets pour en sortir. Nous n’avons pas arrêté ces voitures, mais nous les avons filtrées : tout le monde a dû attendre. Un chauffeur est devenu impatient et a foncé sur les grévistes. Un militant a été touché et le conducteur a accéléré encore plus. Le militant a été traîné sur 30 mètres et a été blessé à l’épaule. La police a immédiatement arrêté le conducteur. Et soyons clairs : avec la fermeture de la zone industrielle, il suffit d’une minute pour se rendre n’importe où dans la ville !’’
Que faire après cette journée de grève ? Les patrons ne veulent pas donner plus que 0,8%. Modifier la loi sur les salaires n’est pas acceptable pour eux, même s’ils ont montré leur volonté d’augmenter le maximum légal pour les chèques-repas (un changement de loi n’est évidemment pas l’autre !). Il n’y a pas de gouvernement pour dépanner les patrons, même si dans le pire des cas, une majorité peut être trouvée avec le gouvernement minoritaire en affaires courantes actuel et l’ancien partenaire N-VA. Pour s’en prendre à nos conditions de vie, les anciens partenaires gouvernementaux sont prêts à mettre de côté leurs querelles.
Quoi qu’il en soit, le gouvernement est affaibli et le patronat est également en difficulté. Le moment est excellent pour poursuivre l’offensive ! Un plan de lutte tel que celui de 2014 peut nous permettre le combat tout en l’amplifiant. Une journée d’action commune avec les jeunes le 15 mars permettrait de lier l’énergie enthousiaste des militants du climat à la force économique des travailleurs. Avec cela, nous pouvons faire trembler le système sur ses fondations !

Quelques Etudiants de Gauche Actifs au piquet de Proximus à Gand Gand – Sud : la zone industrielle est à l’arrêt


Covestro Anvers Covestro Anvers

Evonik Anvers 
Exxon Mobil Anvers 
Zone industrielle d’Erembodegem Zuid (Alost) 
SNCB Namur Coca Cola Gand

Dossche Mills Merksem 
Kringwinkel Merksem 
Zone industrielle des Hauts Sarts à Liège Zonning de Grâce-Hollogne, Liège

De Lijn, Anvers

Covestro Anvers 
Gare de Bruges 
De Lijn Courtrai 
Bekaert Zwevegem 
TE Oostkamp -
Nous ne sommes pas de la chair à patrons : 14 euros de l’heure maintenant !
Le 14 janvier dernier, la FGTB a mené des actions exigeant une augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure (2.300 euros par mois). Il est prévu que la FGTB mène des actions tous les 14 du mois jusqu’aux élections de mai sur ce thème, par ailleurs également au centre des revendications du syndicat pour l’Accord interprofessionnel (AIP) 2019-2020.Dans le cadre de l’AIP, la FGTB dénonce que les travailleurs belges ont perdu 2,3% de pouvoir d’achat au cours de ces 3 dernières années : saut d’index, faible augmentation salariale, accises plus élevées, coupes budgétaires dans des services publics essentiels,… ‘‘Ce n’est pas tout, avec son ‘‘Jobsdeal’’, le gouvernement entend à nouveau s’en prendre à notre pouvoir d’achat avec des mesures telles que la suppression de nos barèmes liés à l’ancienneté ou telle que la dégressivité accélérée des allocations de chômage.’’ Nous avons toutes les raisons de riposter, de bloquer les nouvelles attaques et de partir à l’offensive !
Parmi les revendications défendues par la FGTB, l’augmentation du salaire minimum se trouve en bonne place. Selon une étude réalisée par la centrale générale de la FGTB Liège-Huy-Waremme, le salaire minimum représente actuellement 1.501,82 euros brut par mois en Belgique, soit moins de 10 euros de l’heure. Pour la FGTB, face aux dépenses courantes d’un ménage, vivre dignement nécessite un minimum de 2.300 euros par mois, soit un salaire horaire brut minimum de 14 euros.
Une telle augmentation concernerait essentiellement le nettoyage, l’aide à domicile, le commerce de détail, l’Horeca, le gardiennage,… La revendication tombe donc à pic pour assister l’organisation de ces secteurs encore peu syndiqués. D’autre part, on imagine difficilement que l’augmentation s’envolera vers les paradis fiscaux. Elle permettra simplement à des travailleurs de vivre décemment, tout en soutenant l’économie ‘‘réelle’’. Mais si c’était le bon sens qui menait les dirigeants d’entreprise par le bout du nez, le monde ne serait pas en si piteux état…
Une campagne offensive !
Cette revendication frappe juste, elle répond parfaitement à un sentiment généralisé, exprimé notamment par le mouvement des Gilets Jaunes et le soutien dont il dispose dans l’opinion publique. Ce n’est pas un hasard si la revendication figure dans le programme de la tentative de ‘‘remontada’’ du PS annoncé ce début d’année. Le PS s’était également déclaré favorable à l’augmentation du salaire du personnel des administrations locales et régionales à Bruxelles. Mais quand il a fallu conclure des majorités communales, il n’en a été question nulle part…
Rien ne tombe du ciel sans construction d’un rapport de force ! La reprise par de cette campagne initialement lancée par la FGTB de Liège-Huy-Waremme par des centrales professionnelles et d’autres régionales de même que l’annonce d’actions pour populariser la revendication sont d’excellentes choses. Des réunions de militants ouvertes dans les différentes régionales ou dans les entreprises pourraient débattre des actions à mener et de leur calendrier.
Le thème peut aussi constituer un pont pour aller plus loin. Le patronat ne manquera pas de riposter avec vigueur car chaque augmentation de salaire s’en prend au profit. Certains brandiront la menace de la délocalisation pour tuer l’idée dans l’œuf. Popularisons alors dès aujourd’hui que la réponse la plus adéquate est la nationalisation sous le contrôle et la gestion des travailleurs des entreprises qui menacent de délocaliser ou de procéder à des licenciements collectifs. Ce sont les travailleurs qui créent les richesses, pas les patrons !
=> Nous exigeons notre part du gâteau : un meilleur salaire minimum, maintenant !
La source d’inspiration américaine : la lutte paie !

Avec la campagne pour un salaire minimum horaire de 14 euros, la FGTB s’inspire directement d’un mouvement de lutte né aux Etats-Unis pour réclamer un salaire horaire de 15 dollars. Le mouvement a tout d’abord commencé dans les fast-foods pour ensuite faire tache d’huile dans d’autres secteurs et bien au-delà des Etats-Unis, illustrant à merveille que des luttes et des revendications peuvent avoir un impact international.
Nos camarades américains de Socialist Alternative ont joué un rôle de pionnier dans cette réalisation historique aux USA. Ce sont eux qui, dans le prolongement de la lutte déjà entamée par les syndicats à plusieurs endroits, ont dirigé la campagne ‘‘15 NOW’’ qui a conduit à l’instauration du salaire minimum de 15 $ de l’heure à Seattle. Ce fut la première grande ville du pays à adopter cette mesure entrée en vigueur le 1er avril 2015. A l’époque, le salaire horaire minimum fédéral était fixé à 7,5 $ à peine ! Il est estimé que les entreprises de Seattle auront payé 3 milliards $ de plus sous forme de salaire entre 2015 et 2025 !
La lutte des travailleurs des fast-foods a directement été inspirée par le mouvement Occupy en 2011. A Seattle, c’est l’élection de la candidate de Socialist Alternative Kshama Sawant en 2013 qui a été décisive. Son programme comprenait les 15$ de l’heure, ce qui a lancé un large débat à travers toute la ville. Une fois élue, elle a utilisé sa position et l’attention médiatique pour lancer la campagne ‘‘15 NOW’’.
Une douzaine de comités d’action de base ont permis de mobiliser dans tous les quartiers de la ville en mobilisant toutes les personnes motivées, sympathisantes ou non de Socialist Alternative. Grâce à sa position publique, Kshama Sawant a été en mesure de contrer la propagande des médias dominants acquis aux grandes entreprises et de dénoncer les tentatives de noyer le thème par le prétendu impact négatif que cette mesure aurait pour les petites entreprises et les petits commerces.
Cette approche tranchait singulièrement avec l’attitude de certains dirigeants syndicaux qui, par manque de confiance envers la capacité d’action des travailleurs et de leurs familles dans une confrontation directe et ouverte avec les grandes entreprises, concentraient leurs efforts sur les négociations avec le maire et les patrons.
Au-delà de la revendication, c’est aussi la manière de procéder qui doit être une source d’inspiration. Que serait-il par exemple possible de faire en Belgique si le PTB adoptait une telle approche, fort de ses nombreux élus et de ses milliers de membres ?
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AIP : pour plus de salaire et au moins 14 euros de l’heure

L’Accord interprofessionnel (AIP) 2019-2020 intervient après une longue période de modération salariale et de baisse de pouvoir d’achat des salariés. Cette fois encore, les patrons veulent profiter de la position de ce gouvernement : ne rien céder. Après la punition des partis de la coalition suédoise aux élections locales, il n’est pas certain qu’ils pourront longtemps continuer à jouir de l’aubaine. Le temps presse pour les patrons.
Par Thomas
Il est illusoire de penser que les syndicats peuvent simplement s’adresser au Groupe des Dix avec une série de revendications dans l’espoir qu’un bon accord sera négocié pour les travailleurs en Belgique. Construire un rapport de forces est crucial pour forcer les patrons et leurs laquais du gouvernement à battre en retraite.
Les actions du 10 au 14 décembre peuvent constituer un premier pas dans cette direction même si, à l’heure d’envoyer ce journal à la presse, les choses se présentaient plutôt comme une désorganisation organisée. Chaque centrale et chaque régionale de la FGTB peut choisir comment mettre en œuvre les actions. A la CSC aussi règne la confusion quant à ce qui va se produire.
Certains membres des syndicats s’inquiètent du fait que tout ce qu’ils feront avant les élections de mai 2019 sera instrumentalisé par la N-VA. Toutefois, après la journée d’action syndicale réussie du 2 octobre dernier, ne rien faire ne fera qu’approfondir la désillusion dans les rangs syndicaux et permettre à la droite de dominer le débat politique. La droite, et pire encore l’extrême droite du Vlaams Belang, en sortira renforcée.
Les revendications salariales ne sont pas honteuses, elles peuvent bénéficier d’un large soutien au sein de la population. Il suffit de voir le mouvement des Gilets Jaunes contre la cherté de la vie. Des revendications telles que les augmentations salariales et la restauration totale de l’index peuvent susciter un bel enthousiasme.
Une campagne pour les 14 euros de l’heure !
Tout le monde a besoin d’augmentations de salaire réelles, mais c’est d’autant plus le cas pour les salaires les plus bas. Dans les secteurs les moins bien payés, un nombre croissant de travailleurs pauvres économisent sur leurs dépenses essentielles. Bon nombre des nouveaux emplois dont le gouvernement est si fier font partie de ce groupe. C’est pourquoi la campagne de la FGTB pour un salaire minimum de 14 euros par heure (soit 2.300 euros bruts par mois) dispose d’un potentiel considérable.
Ce minimum, un grand nombre de travailleurs ne l’atteignent même pas. Une campagne offensive pour 14 euros de l’heure leur serait attractive tout en permettant d’activement les impliquer dans la lutte. C’est encore plus le cas dans les secteurs (plus récents) où la présence syndicale est encore faible. Grâce à cette campagne, cette couche de travailleurs et de jeunes peut découvrir l’importance d’un syndicat qui les défend et dans lequel ils ont eux-mêmes un rôle à jouer. Les actions précédentes chez Deliveroo ou Ryanair ont montré quel potentiel il y a dans l’organisation de nouveaux groupes et secteurs dans la lutte pour de meilleures conditions de travail.
‘‘15 Now’’ aux USA
La lutte pour un meilleur salaire minimum est menée dans de nombreux pays. Certains gouvernements comprenant des partis de gauche ont concédé des augmentations limitées (en Espagne, au Portugal et en Grèce ; voir en page 14 dans le cas de l’Espagne). D’autres formations ou figures de gauche l’ont inclus dans leur programme : la France Insoumise de Mélenchon ou Corbyn au Royaume Uni, par exemple.
Mais l’exemple que tout le monde regarde est celui des États-Unis. Là, les travailleurs des fast-foods ont donné le premier élan à la lutte pour les 15 dollars de l’heure. Cette bataille n’est pas encore terminée, mais des victoires inspirantes ont été remportées. La première grande ville où le salaire minimum a été porté à 15 dollars est Seattle. Notre organisation-sœur Socialist Alternative y a joué un rôle crucial. D’autres villes et régions ont suivi. Ces victoires à l’autre bout du monde sont des sources d’inspiration ici également. Cela illustre toute l’importance de la solidarité internationale.
Une lutte qui n’a rien d’évident
Ni la lutte pour l’augmentation des salaires ni la lutte pour l’augmentation du salaire minimum ne sont choses évidentes. La classe dominante défend les mêmes arguments utilisés jadis contre la journée des huit heures ou l’abolition du travail des enfants : ce serait économiquement inviable, cela minerait la compétitivité et conduirait même tout droit au désert économique. Ces arguments se sont avérés faux dans le passé et il n’en ira pas autrement aujourd’hui. La bourgeoisie ne veut pas voir sa part du gâteau rétrécir. Tout au contraire.
Toute la question est de savoir qui s’approprie quelle partie de la plus-value : le capitaliste qui possède les moyens de production à titre privé ou le travailleur dont le labeur assure la production des biens et des services ? Ces dernières années, les capitalistes ont réussi à augmenter leur part en attaquant sans cesse les conquêtes que le mouvement ouvrier considérait comme ayant été définitivement acquises.
Des salaires plus élevés et des conditions de vie décentes et dignes ne peuvent être obtenus qu’avec une direction prête à utiliser tous les moyens à sa disposition. Rien ne viendra avec une direction qui a peur de la force du mouvement ouvrier, à l’instar de ces dirigeants qui ont préféré sonner le glas des actions menée en 2014 qui avaient fait vaciller le gouvernement. Les syndicalistes combattifs doivent s’organiser en réseaux pour diffuser leurs informations et leurs opinions afin d’être ensemble plus forts pour imposer une approche syndicale combattive.
Les capitalistes veulent faire de plus en plus de profits, la marge de manœuvre pour les concessions devient de plus en plus étroite. Obtenir quelque chose impose une lutte de plus en plus acharnée. Pour briser la dictature des ultra-riches, il faut mener le combat jusqu’au changement de société. Le capitalisme conduit à de plus en plus d’inégalités, il est grand temps de se battre pour une société socialiste !
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Tout augmente sauf nos salaires !
Ce jeudi 8 novembre : Grève et manifestation du personnel des administrations locales et régionales à Bruxelles. RDV 10h Place Sainte Catherine.
En Belgique, près de la moitié des travailleurs sont en situation précaire ou ont du mal à s’en sortir. Selon l’enquête Thermomètre Solidaris, en 2016, 4 travailleurs sur 10 avaient du mal à s’en sortir ou à joindre les deux bouts. Une réalité par ailleurs étayée par les chiffres du surendettement ou de la précarité énergétique. Au 1er juillet 2017, le salaire minimum interprofessionnel était de 1.562,59 € brut, soit environ 9,5 € de l’heure. Même à temps plein, ce niveau de salaire n’est pas suffisant pour mener une vie digne. Ce constat était déjà à la base de la campagne de sensibilisation ‘‘minimum 14 euros’’ lancée fin 2017 par la FGTB Liège-Huy-Waremme en faveur d’un salaire minimum de 14 euros de l’heure.
Par Nicolas Croes
A Bruxelles, le front commun syndical a voulu riposter face à la situation similaire qui sévit dans les services publics, mais en allant un pas plus loin grâce à un plan d’action avec les revendications suivantes : l’augmentation de tous les barèmes de 10%, la réduction du temps de travail avec embauches compensatoires et sans perte de salaire, le rétablissement de la prime de fin d’année dans toute la fonction publique d’un montant équivalent à un 13e mois et enfin l’amélioration des conditions de travail (engagements de personnel supplémentaire et nomination) pour un service public de qualité.
Une pétition a été lancée autour de ces revendications, afin de les populariser au sein du personnel et de construire un élan vers un plan d’action qui a été discuté dans une grande assemblée générale le 11 septembre à la CGSP-ALR (Administrations Locales et Régionales). Le 20 du même mois, des dizaines de militants des trois syndicats ont présenté près de 10.000 signatures au cabinet du Ministre-Président du Gouvernement Bruxellois Rudy Vervoort (PS).
Comme l’expliquait la CGSP-ALR: ‘‘Mais nous ne sommes pas naïfs et comme les pouvoirs locaux sont responsables de leur politique du personnel, nous irons leur demander de prendre leur responsabilité au travers d’actions qui se tiendront en front commun le 11 octobre dans tous les pouvoirs locaux. Le combat ne fait que commencer !’’ Ce jour-là, des arrêts de travail de deux heures ont eu lieu dans les administrations et les hôpitaux.
La réussite de cette étape (voir ci-contre) a à nouveau servi de tremplin vers la suivante : une grève régionale et une manifestation le 8 novembre avec assemblée pour se prononcer sur la suite du mouvement.
Le tract de la CGSP-ALR proclamait notamment ‘‘Je ne veux pas perdre ma vie à la gagner’’. Quel travailleur ne se reconnaît pas dans ce constat ? Le plan d’action allant crescendo développé dans les administrations et les hôpitaux bruxellois est un exemple inspirant de la manière dont on peut défendre des revendications offensives par l’action, en prenant soin d’impliquer progressivement plus de collègues.
Arrêt de travail du 11 octobre à l’hôpital Brugmann

1/ La pétition a constitué un élément crucial pour populariser la lutte auprès des collègues et viser à impliquer dans la mobilisation le plus de travailleurs possible..

2/ Assemblée générale au début de l’arrêt de travail. Après les prises de parole des délégués, la parole a été laissée aux travailleurs pour parler de leurs expériences concrètes.

3/ Une action a ensuite été menée à l’entrée de l’hôpital. Sur les banderoles déployées, un espace vide avait été laissé pour permettre aux travailleurs de venir s’exprimer.

4/ Une manifestation a ensuite eu lieu dans l’enceinte de l’hôpital. Impossible de ne pas avoir entendu les revendications des travailleurs ! Mais pour faire entendre raison à la direction, il en faudra plus…
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Nous exigeons notre part du gâteau : un meilleur salaire minimum, maintenant !

Aux USA, la lutte pour un salaire minimal a connu un développement massif. Lors du congrès fédéral de la FGTB qui s’est tenu fin mai, les revendications offensives tenaient le haut du pavé : un salaire minimum de 14 euros par heure, une pension minimum de 1500 euros par mois et une réduction collective du temps de travail. L’obtention de ces exigences constituerait un énorme pas en avant pour des centaines de milliers de travailleurs et leurs familles. N’en restons pas aux mots : il nous faut une campagne offensive et un calendrier d’actions. Questions/réponses sur le salaire minimum.
Par Geert Cool
Pourquoi augmenter le salaire minimum à 14 euros par heure ?
Alors qu’auparavant, jamais autant de richesses n’ont été concentrées chez une si petite élite, les couches plus larges de la population éprouvent nombre de difficultés pour joindre les deux bouts. Tout devient plus cher: le logement, les transports, les loisirs, les crèches, les soins aux aînés, etc. Tout augmente, sauf nos salaires. Entre 2000 et 2016, notre productivité a en moyenne augmenté de 14% alors que les salaires n’ont augmenté que de 7%. La pression augmente au travail, mais sans les revenus qui y correspondent. Ou ces messieurs-dames de la haute société pensent-ils vraiment qu’ils sont les seuls à travailler durement ? Qu’ils échangent leurs costumes avec les vêtements d’un ouvrier d’usine, d’un employé de supermarché ou d’une infirmière pour quelques semaines !
Nous travaillons plus intensément; disposer d’un meilleur salaire n’est que justice. L’augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure mettrait un terme à la propagation du virus des bas salaires. Il s’agit d’une mesure concrète contre la pauvreté. Cela instaurerait de plus une pression pour une tendance générale à la hausse des salaires. Un salaire minimum de 14 euros par heure représente un salaire mensuel net de 1.700 euros en tant que travailleur à temps plein. Cela permet de joindre les deux bouts.
Un revenu de base ne serait-il pas une meilleure alternative ?
Cette proposition d’un revenu de base part du constat correct que, pour beaucoup, les fins de mois sont difficiles et que de plus en plus de gens sont laissés pour compte. Le problème, cependant, n’est pas tant le système de travail salarié que la répartition des richesses. Si, sur la base des ressources dont disposent actuellement les travailleurs ordinaires, nous accordons à chacun un montant de base mensuel fixe, il serait très bas et pourrait également porter atteinte à la sécurité sociale (celle-ci est désormais financée par des cotisations sur nos salaires). Avec un revenu de base de 500 euros ou 600 euros par mois, la pauvreté ne fera qu’augmenter.
Obtenir un montant plus élevé exige de se battre pour une autre redistribution des ressources. La meilleure façon de mener cette bataille est d’utiliser notre place dans le processus de production : ce sont les travailleurs qui créent la richesse par leur travail, et les travailleurs peuvent donc toucher l’élite en cessant le travail. Le lien entre la richesse et le travail est essentiel ; desserrer ce lien avec un revenu de base n’aidera pas notre lutte.
En optant pour un salaire minimum de 14 euros par heure, une pension minimum de 1.500 euros et une allocation de chômage minimum de 1.200 euros, tout le monde sera au-dessus du seuil de pauvreté. Dans ce cas, il n’y aura pas besoin d’un nouveau système tel qu’un revenu de base.
D’autres revendications, autour des heures de travail notamment, ne sont-elles pas plus importantes ?
Notre approche démarre de ce qui est nécessaire pour les travailleurs et leurs familles, ce qui comprend diverses mesures qui ne peuvent être considérées isolément les unes des autres. Un salaire minimum plus élevé n’est pas suffisant en soi pour obtenir un travail et une vie de qualité. Cela exige une réduction efficace de la pression du travail en répartissant le travail disponible entre ceux qui peuvent travailler. Une réduction générale du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche supplémentaire est donc nécessaire. Nous avons aussi besoin de davantage d’investissements publics dans les services publics, tels que l’éducation, les soins de santé, le logement social, etc. et il faut également augmenter les prestations et les allocations sociales.
En fixant un montant pour certaines revendications, comme un salaire minimum de 14 euros par heure, le programme devient plus concret et il est plus facile de mener une campagne d’information et de mobilisation plus large.
Est-il possible d’obtenir 14 euros par heure ?
Les huit personnes les plus riches au monde possèdent plus que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Voilà qui réfute tous les arguments sur le caractère inabordable des revendications sociales.
En Amérique du Nord, dans de nombreuses villes et régions, des luttes concrètes menées sur le terrain ont imposé un salaire minimum de 15 dollars de l’heure. Seattle a été la première grande ville où cela s’est produit. Cette mesure s’est traduite par un transfert de 3 milliards de dollars des riches vers les pauvres. Cela n’a pas entraîné de pertes d’emplois : au cours de la première année suivant l’introduction de la mesure, il y a eu une augmentation du nombre d’emplois de 2,5 % et le salaire moyen dans la ville a augmenté de 3,5 %. Ces chiffres étaient supérieurs à la moyenne nationale.
Il est possible d’arracher de meilleurs salaires. Ce combat doit être mené tant sur la scène syndicale que sur la scène politique. C’est ainsi que, dans le passé, la journée des 8 heures et le système de sécurité sociale ont été obtenus. Les capitalistes ne feront de concessions que s’ils ne voient pas d’autre moyen d’arrêter ou de ralentir un mouvement social croissant et radical en faveur d’un changement social. C’est la menace de la révolution qui a ouvert la voie aux congés payés ou à l’octroi du suffrage universel. La lutte pour un salaire minimum plus élevé fait selon nous partie de la construction d’une relation de force pour un changement de société vers le socialisme, une société orientée vers la satisfaction des besoins de la majorité de la population.
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Luttons pour un meilleur salaire minimum : 14 euros de l’heure, maintenant !
La charge de travail augmente, les salaires non. Notre travail crée toujours plus de richesses, mais la pauvreté gagne du terrain. Quelque chose ne va pas. La seule manière de changer ça, c’est de se battre, sérieusement et de façon organisée. Un meilleur salaire minimum, à 14 euros de l’heure (2.300 euros/mois), est un élément de riposte essentiel, de même qu’une pension minimum plus élevée (1.500 euros/mois), de meilleures allocations sociales (1.200 euros minimum), le développement des services publics et la réduction collective du temps de travail avec embauches compensatoires.La ministre flamande de la lutte contre la pauvreté Liesbeth Homans (N-VA) a déclaré il y a quelques années qu’elle serait responsable de la réduction de moitié du taux de pauvreté infantile. Depuis l’entrée en fonction du gouvernement flamand, ce taux a augmenté. Aujourd’hui, un enfant sur sept vit dans la pauvreté en Flandre (et un sur cinq en Belgique). Recourant au petit jeu de division cher à la N-VA, Homans a montré du doigt les réfugiés, même si aucune donnée ne vient corroborer cette analyse. Les enfants dont la mère n’est pas belge vivent dans la pauvreté dans 33,5% des cas, tandis que les enfants dont la mère est belge vivent dans la pauvreté dans 6,1% des cas. La pauvreté augmente dans les deux groupes.
Cela résume bien l’impact de la politique néolibérale à tous les niveaux : de plus en plus de gens sont laissés pour compte. Cela est dû à diverses causes : les salaires ne suivent pas le rythme de la hausse de la productivité, le nombre d’emplois précaires et mal payés explose, les soins de santé et les services publics sont étranglés, etc. Pour les grands actionnaires, cela augmente ‘‘l’efficacité’’, c’est-à-dire leurs profits. Ils organisent notre misère.
Avoir un emploi est de moins en moins suffisant pour se prémunir des ennuis financiers. Entre 2010 et 2017, les travailleurs ont perdu pas moins de 1,1 % de leur revenu réel en Belgique. Seuls sept autres États-membres de l’UE ont connu une baisse plus prononcée. Le nombre de personnes retardant leurs soins médicaux pour raisons financières a doublé entre 2005 et 2015. De plus en plus de gens sont obligés de travailler à temps partiel avec de faibles salaires. Fin avril, la coupe était pleine pour le personnel de Lidl. Une grève a éclaté contre la charge de travail. Un employé de Lidl nous expliquait alors : ‘‘Nous avons un contrat à temps partiel parce que la direction ne veut pas donner de contrats à plein temps. Cela permet d’accroître la flexibilité : une semaine nous travaillons plus, l’autre moins. La charge de travail est insoutenable et qu’en tirons-nous ? Après quelques années dans l’entreprise, j’arrive à peine à 12 euros de l’heure. C’est ainsi que le grand patron de Lidl, Dieter Schwarz, est devenu l’une des personnes les plus riches au monde.’’
Le salaire minimum en Belgique figure parmi les plus bas d’Europe occidentale : 9,47 euros de l’heure. Avec un contrat à temps partiel, c’est à peine si l’on atteint le seuil de pauvreté de 1.139 euros pour une personne isolée. Sans, en outre, accumuler suffisamment de droits pour une pension décente. ‘‘C’est vrai’’, conviendront les employeurs et leurs politiciens, ‘‘mais de plus hauts salaires sont toutefois inabordables, c’est impossible’’. Remarquons que les bénéfices des grandes entreprises ne sont jamais inabordables. L’année dernière, les plus grandes entreprises du Bel20 ont gagné 7 milliards d’euros de plus, ce qui a porté leurs bénéfices combinés à 21 milliards d’euros !
Il faut augmenter les bas salaires ! Les syndicats ont raison de proposer une augmentation du salaire minimum à 14 euros de l’heure. Il est possible d’imposer un salaire minimum plus élevé. Cela a été démontré en Amérique du Nord, où un salaire minimum de 15 dollars de l’heure a été obtenu dans de nombreuses villes et régions des Etats-Unis et du Canada. Cela n’est pas tombé du ciel en suppliant, il a fallu se battre. Suivons cet exemple et partons à l’offensive pour un salaire minimum de 14 euros de l’heure !
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Québec. Entrevue au sujet de la lutte pour les 15$/heure

Il y a un peu plus d’un an que les travailleurs du Vieux-Port de Montréal ont entamé une grève pour obtenir un salaire à 15 $/heure ainsi que des journées de maladie et des jours de congés rémunérés. Durant les 5 mois de grève, de mai à octobre 2016, les travailleurs ont rejeté à trois reprises les offres faites par la direction, galvanisant l’opinion publique et s’attirant le soutien des groupes de gauche.
Si les travailleurs n’ont pas réussi à obtenir un salaire de base à 15 $/heure, ils et elles ont tiré beaucoup d’enseignements concernant la sensibilisation du public.
Michèle Hehn s’entretient avec Konrad Lamour, président du Syndicat des employés de la Société du Vieux-Port de Montréal, de l’Alliance de la fonction publique du Canada, laquelle est affiliée à la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ). Durant la grève, Lamour était le porte-parole et le coordinateur de l’équipe de négociation.
Michele Hehn : Les travailleurs du Vieux-Port ont commencé la grève dans un contexte très difficile, étant donné qu’ils sont assujettis à une structure d’emplois fédérale à deux paliers. Ils se sont trouvés sous-traitants de la Société Immobilière du Canada, qui se décrit elle-même comme étant «?une société d’État fédérale autofinancée qui se spécialise en immobilier?». Votre employeur a pu faire appel à des briseurs de grève, alors que le Québec s’est doté de lois anti-briseurs de grève.
Comment avez-vous réagi face à ces défis et conservé l’élan lors de cette longue grève? Vous avez fait appel aux groupes de gauche. Quel rôle ont-ils joué dans votre stratégie?
Konrad Lamour : Les membres de notre local ont commencé à se préparer bien avant du début de la grève alors que nous étions encore en négociation de contrat. Nous avons commencé à organiser des événements de solidarité au Vieux-Port de Montréal dès le mois de novembre 2015, six mois avant le début de la grève. Par exemple, lorsque le Vieux-Port ou le Centre des Sciences de Montréal a organisé un événement visant à discuter de l’avenir du Vieux Port, nous avons manifesté pour rappeler à nos employeurs que les travailleurs exploité·e·s du Vieux-Port faisaient également partie de son avenir. C’était également une façon pour nous de faire savoir à ceux et celles qui participaient à l’événement que, à nos yeux, le Vieux-Port était devenu une entreprise employant de la main-d’œuvre à bon marché.
À l’ouverture de la patinoire, nous étions présent·e·s également, patinant avec nos casquettes du syndicat et nos bannières. Durant cette période, nous avons également communiqué avec des groupes de gauche : Alternative socialiste, les International Workers of the World et le Centre des travailleuses et travailleurs immigrants. Nous avons harmonisé nos négociations contractuelles avec la lutte plus générale pour le 15 $/heure, étant donné que 40 % de notre effectif gagne moins.
Nous avons de plus procédé au lancement de notre journal local. En plus de publier nos propres articles, nous avons encouragé nos partisan·e·s et nos allié·e·s à écrire aussi des articles, ce qui a permis de consolider le lien que nous partagions sur la question d’un salaire décent pour tou·te·s.
Au Vieux-Port et au Centre des Sciences, les membres du syndicat se composent d’un mélange de personnes, notamment des personnes très militantes et d’autres qui sont plus hésitantes. Toutefois, le soutien d’allié·e·s ne faisant pas partie du syndicat a eu un effet unificateur sur nos membres, tout particulièrement sur ceux et celles qui avaient été quelque peu ambivalent·e·s au début.
En bref, ce travail de préparation a porté fruit, puisque 80 % des membres ont voté pour la grève et rejeté l’offre finale de l’employeur.
Ainsi, nous avons reçu une injonction une semaine après le début pour nous être trouvé·e·s sur les lieux du Vieux-Port, qui est un des sites les plus visités par les touristes au Canada. Dans les jours qui ont précédés l’injonction, nous avons fait des lignes de piquetage au Vieux-Port, et manifesté dans le Vieux Montréal pour faire savoir aux touristes que nous étions en grève, et surtout que des briseur·euse·s de grève occupaient désormais nos emplois. Notre colère était vive et nous l’avons fait savoir au public par nos actions. Nous avons également maintenu le dynamisme de notre mouvement en ciblant le gouvernement fédéral, car malgré le fait que nous soyons des sous-traitant·e·s de la Société Immobilière du Canada, nous sommes officiellement des employé·e·s du gouvernement fédéral travaillant dans un lieu historique fédéral.
C’est pourquoi nous avons organisé des piquets de grève devant les bureaux de Justin Trudeau à Montréal, distribuant plus de 35 000 tracts dans sa circonscription. Nous nous sommes également rendu·e·s devant le parlement à Ottawa où nous avons rencontré des députés libéraux, notamment Mark Miller, Anju Dhillon et Nicolas Di Lorio. Nous avons organisé des manifestations devant les bureaux de plusieurs députés qui n’avaient pas tenu leur promesse de campagne électorale d’aider la classe moyenne. Au nom des travailleurs du local 10333, une équipe composée de quelques membres de notre syndicat et d’autres travailleurs du Canada, s’est présentée au parlement canadien avec les député·e·s Karine Trudel et Thomas Mulcair, qui était le chef du Nouveau Parti démocratique, pour présenter à la Chambre des Communes une loi anti-briseurs de grève. Même si, en tant que travailleurs du gouvernement fédéral, nous n’étions pas en fin de compte protégé·e·s par les lois anti-briseurs de grève du Québec, nous avions le sentiment que ces protections étaient importantes et devaient exister au niveau fédéral. Les travailleurs du Vieux-Port sont conscient·e·s de la dette que nous devons à René Lévesque, qui a joué un rôle essentiel pour faire passer des lois anti-briseurs de grève dans le sillage des gains de la Révolution tranquille.
Nous avons également pris part à des manifestations avant et pendant la grève pour exiger l’instauration du salaire minimum à 15 $/heure au Québec. Au fil du temps, nous avons obtenu le soutien de nombreux groupes communautaires et d’organisations syndicales, non seulement au niveau local et provincial, mais également à l’échelle fédérale. Des syndicats situés en Alberta ont même soutenu notre grève en nous faisant des dons en argent.
Dans l’ensemble, notre stratégie a consisté à être courageux et persévérant·e·s et à faire preuve de patience. Si nous n’avons pas été capables de surmonter tous les défis, en particulier la présence de briseurs de grève, nous sommes toutefois parvenu·e·s à mobiliser nos membres à long terme, et créer des liens avec des allié·e·s.
MH : Étant donné que certains des travailleurs du Vieux-Port, y compris certains membres de votre équipe de négociation, étaient déjà payés 15 $/heure avant la grève, comment les travailleurs du Vieux-Port ont pu garder tout le monde unis face à la demande 15 $/heure?
KL : Une de nos principales priorités, en tant que dirigeants de la grève, était d’obtenir l’appui de nos membres qui gagnent moins que 15 $/heure, ou à peine le salaire minimum, c’est-à-dire les travailleurs d’entretiens pour la plupart. Il est important de leur faire savoir le sérieux de notre engagement envers le mouvement que nous voulions créer. Nous devions les convaincre qu’il ne s’agissait pas uniquement de quelques travailleurs choisis qui se battaient pour 15 $/heure, mais que tout le monde appuyait la lutte. Nous sommes parvenus à notre objectif. L’équipe d’entretien s’est jointe à nous et est devenue la base de notre lutte.
Nous avons également fait de l’éducation sur la question du 15 $/heure. Convaincu·e·s que le savoir donne le pouvoir, nous avons informé nos membres sur la façon dont leurs conditions de travail se comparent à celles d’autres personnes faisant le même travail. À cette fin, nous avons utilisé les études de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques, ainsi que d’autres études indépendantes sur les avances déjà obtenues aux États-Unis concernant le salaire minimum à 15/heure. Ceci a permis d’informer nos membres qu’il était possible de gagner.
Nous avons fait nous-mêmes des recherches et communiqué les résultats à nos membres lors d’assemblées générales qui sont devenues la salle de classe pour la mobilisation de notre grève. Nous avons distribué des tracts informatifs sur les tables à dîner des travailleurs et les avons publiés sur Facebook. Nous avons organisé des ateliers de la campagne 15 and Fairness (15 et l’équité) afin que les travailleurs puissent avoir accès à de l’information provenant d’autres sources que celles de leurs propres dirigeant·e·s. Le message était le suivant : tous les prix augmentent, sauf les salaires! Le fait d’entendre cela de plusieurs sources a convaincu les gens que le gouvernement ne faisait pas tout son possible dans l’intérêt des travailleurs. Nous avons également demandé aux membres de nous dire comment ils parvenaient à survivre avec leurs salaires, de nous parler de leurs difficultés pour acheter le nécessaire. Certains devaient même avoir recours aux banques alimentaires pour avoir assez à manger. Les membres ont pu voir qu’ils n’étaient pas seul·e·s.
MH : Si les travailleurs du Vieux-Port n’ont pas pu obtenir un salaire minimum à 15 $/heure dans le cadre de leur nouveau contrat, ils et elles ont continué à s’organiser de diverses façons depuis leurs retours au travail. Par exemple, vous êtes allés voir récemment, en groupe, un film sur Karl Marx réalisé par Raoul Peck. Pouvez-vous nous décrire ces initiatives?
KL : Pendant la grève, nous avons été étonné·e·s de voir comment les gens nous admiraient, nous les travailleurs du Vieux-Port, et de chercher des réponses à leurs questions et être une source d’inspiration. Cela a contribué à un grand sentiment d’humilité. Par conséquent, nous avions le sentiment qu’il était important de continuer à nous mobiliser après la fin de la grève. À cette fin, nous avons mis sur pied une campagne afin de pouvoir garder le lien avec nos nouveaux·elles allié·e·s et poursuivre l’excellent travail que nous avons commencé ensemble. Par la suite, nous avons également négocié, dans le cadre de notre négociation collective, la création d’un comité paritaire employeur/employé ayant pour mandat d’embaucher une firme de recherche pour effectuer une analyse de marché, qui indiquera comment les travailleurs se comparent en termes de salaire avec ceux et celles qui occupent les mêmes fonctions ailleurs. Si l’étude de marché prouve que nos salaires sont inférieurs à ceux de la moyenne du marché, nous recevons alors une augmentation pour couvrir la différence. Dans ce cas, nous rouvrirons la convention collective pour y apporter immédiatement des ajustements de salaire avant le début des nouvelles négociations de contrat. Dans ce cas, nous n’avons pas à attendre 4 ans, qui est la durée de notre convention. Nous avons continué à travailler avec les allié·e·s que nous nous sommes faits durant la grève, au sein du comité intersyndical de Québec Solidaire, qui a obtenu plus de 2 000 signatures pour une pétition réclamant un salaire minimum à 15 $/heure, pétition qui a été par la suite à l’Assemblée nationale. Nous avons également été actifs au sein de la coalition 15maintenant du Centre de travailleuses et travailleurs immigrants. Les principales confédérations syndicales et les campus universitaires ont également mis sur pied leurs propres campagnes. Ces alliés étaient à nos côtés lors des manifestations de l’été 2016. Et nous n’avons jamais arrêté. Nous poursuivons selon un rythme soutenu.
Cela a pris du temps, mais certains des syndicats ont finalement embarqué dans la campagne 15maintenant. Nous avons également rencontré ces syndicats. De plus, nous avons pris part à toutes les manifestations pour 15 $/heure, avec nos bannières qui annonçaient qui nous étions. Certains de nos membres se sont également impliqué·e·s dans des comités de quartier militants pour l’obtention du 15 $/heures. Le travail se poursuit et il est en bonne voie.
MH : L’Ontario vient d’annoncer récemment qu’il y aura une augmentation du salaire minimum en janvier 2019, et une augmentation à 14 $/heure en janvier 2018. En Alberta, le salaire va augmenter à 15 $/heure, en octobre 2018. À votre avis, pourquoi le Québec accuse-t-il du retard pour obtenir le salaire minimum à 15 $/heure?
KL : C’est une bonne question. On pourrait s’attendre à ce que le Québec, avec son historique de démocratie sociale, soit au-devant le l’Ontario, qui est une province généralement plus conservatrice. Pourtant le gouvernement a déjà annoncé le salaire minimum à 15 $/heure, et l’Alberta l’obtiendra en 2018. La Colombie-Britannique est la province qui a fait la promesse la plus récente en termes de salaire à 15 $/heure. Notre travail est donc de rappeler aux politicien·ne·s québécois·es les valeurs démocratiques sociales pour lesquelles on s’est battu lors de la Révolution tranquille. C’est notre tâche. Instaurer une société juste basée sur l’équité et le soutien mutuel.
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La lutte pour les 15 dollars se poursuit au Québec!
Campagne principale d’Alternative Socialiste (section du Comité pour une Internationale Ouvrière au Québec), la question de l’obtention d’un salaire viable À 15$/H pour tous et toutes est désormais mise de l’avant par les centrales syndicales et deux des quatre partis présents À Assemblée nationale.Par André-Philippe (Québec)
Néanmoins, les dirigeants syndicaux ne mènent pas de campagne de terrain pour l’obtention de ce salaire à 15$/h. Le Parti Québécois qui était contre pendant des mois, a finalement adopté la revendication de façon opportuniste sans vraiment la défendre sur la place publique. Seuls Québec Solidaire, plusieurs syndicats locaux, le centre des travailleurs-euses immigrants et Alternative Socialiste font un réel travail de terrain sur cet enjeu.
La campagne 15+, campagne lancée par Alternative socialiste en collaboration avec des syndicats et d’autres organisations de gauche, sert donc à pousser cet enjeu social dans la classe ouvrière, grâce à des actions concrètes de mobilisation comme la manifestation du 15 novembre à Québec, première manifestation pour le 15$/H à l’extérieur de Montréal. Vous trouverez ci-dessous une vidéo reprenant les diveres prises de parole qui ont eu lieu à cette occasion.
De l’affichage, du tractage et des séances de signature de pétition nous aident aussi à joindre ceux et celles qui en ont besoin et veulent un salaire minimum à 15$/h. Jusqu’à maintenant plus de 22.000 personnes ont signé la pétition.
- Pour des comité d’action démocratiques dans les quartiers et les syndicats locaux pour le 15$/H
- Continuons les journées nationales d’action pour le 15$/H
- Pour l’unification des campagnes pour le 15$/H dans un mouvement de masse démocratique
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[INTERVIEW] Plus de 90 jours de grève au Vieux-Port de Montréal
Entretien avec Jacques Fontaine, un des travailleurs en grève, par Alternative Socialiste (section québécoise du Comité pour une Internationale Ouvrière).AS: Dites-moi quels sont les points principaux de la grève et pourquoi vous êtes en grève?
Jacques: Environ 280 travailleurs du Vieux Port de Montréal sont en grève depuis le 27 mai. Notre but principal est de combler l’écart salarial qui a été créé entre ce que nous gagnons ici au Vieux-Port et ce que les autres travailleurs, faisant un boulot similaire, gagnent ailleurs. Selon nos recherches, selon le type d’emploi, les employés du Vieux-Port gagnent entre $1 et $8 de moins que ceux qui occupent un emploi semblable ailleurs dans la ville. Maintenant, étant donné que 40% de nos travailleurs gagnent moins que $15 (un peu plus de 10 euros, NDLR) par heure, nous demandons un salaire minimum à $15 dans le Vieux-Port, ce qui fait partie de notre objectif d’éliminer l’écart salarial pour tous.Le salaire de départ pour les travailleurs du Vieux Port est de $10.67, ce qui est en dessous du salaire minimum de $10.75 au Québec. Au cours des 10 dernières années, les salaires de départ ont seulement augmenté de 4.25%, alors il y a un grand manque à combler.
Nous demandons également que tous nos travailleurs reçoivent des congés de maladie garantis vu que, présentement, deux tiers de notre main d’oeuvre n’ont absolument aucun congé de maladie.
Le Vieux-Port est principalement une zone touristique et se voit réglementé par le gouvernement canadien, via la Société Immobilière du Canada. Nous sommes majoritairement des membres de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC), et quelques uns d’entre nous sommes membres de l’Alliance internationale des employés de scène, de théâtre et de cinéma (IATSE).
Quelle a été la réponse des administrateurs? J’ai pu comprendre qu’ils ont fait appel à la cour.
Ils ont tenté de nous discréditer dans les médias, en disant que nos faisions des demandes impossibles. Cependant, une forte majorité des travailleurs considèrent que $15 par heure est une demande raisonnable.
La compagnie n’a pas négocié, elle a plutôt présenté la même offre trois fois. C’est une offre qui a été rejetée, par 76% de la main d’oeuvre, menant à un vote de grève de 80%.
Leur offre était de 9.5% d’augmentation sur 4 années. Dans la plupart des autres lieux de travail, ceci aurait été une offre décente, mais étant donné le recul que nous avons accumulé, c’est totalement inadéquat dans notre situation.
Au lieu de négocier, depuis le premier jour, la compagnie a cherché à nous imposer une injonction nous empêchant de manifester sur nos lieux de travail. La compagnie a fait de fausses accusations afin d’obtenir l’injonction. Maintenant, le syndicat tente une poursuite contre le chef de la sécurité pour avoir tenu ces fausses accusations, qui ont été à la base des injonctions de la cour.
La compagnie a totalement sous-estimé la détermination des travailleurs.
Le Vieux-Port est géré par une corporation gouvernementale canadienne. Quelles ont été les réactions du gouvernement libéral?
Nous n’avons reçu aucun support ni aucune réponse. Nous avons rencontré le député de la circonscription, Mark Miller, mais rien ne s’est produit par la suite. Nous avons tenté de rencontrer la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, et la ministre responsable pour la Société Immobilière du Canada, la ministre des Services publics et de l’Approvisionnement Judy Foote, mais aucune d’entre elles n’a répondu.
Le Premier Ministre, Justin Trudeau, est également un député local qui a refusé de nous rencontrer.
Quel support avez-vous reçu?
Notre syndicat, l’AFPC, supporte notre grève en payant notre fonds de grève et nos coûts juridiques.
Nous avons reçu un excellent support du public et des travailleurs-euses de la ville ainsi que des postiers. Il y a également des groupes communautaires pour immigrants, des syndicats étudiants et d’autres petits syndicats qui ont été superbes. Les Montréalais du quartier nous accordent un traitement très positif, et très peu d’entre eux sont hostiles à notre cause. Alternative Socialiste a été d’une grande aide dès le début.
Que peuvent faire nos lecteurs pour vous aider?
Ceci est une des premières grèves au Canada pour un salaire minimum à $15, alors c’est d’une importance nationale.
Nous demandons aux activistes et aux membres de syndicats partout au Canada de nous aider des manières suivantes :
– Lutter pour le $15 ailleurs dans le pays nous aidera énormément dans notre cause. C’est un sujet clé pour la classe ouvrière ;
– Envoyer des messages d’encouragement au AFPC Local 10333 – Vieux-Port de Montréal, O. BOX 116, Succursale Place D’Armes, Montréal, Québec H2Y 3H8; (ou par mail via info@alternativesocialiste.org qui transmettra, NDLR).
– Nous serions reconnaissants de tout support financier (chèques payables au Syndicat des employés de la Société du Vieux-Port de Montréal, en utilisant l’adresse ci-dessus) ;
– Envoyer des lettres au Premier Ministre Trudeau (justin.trudeau@parl.gc.ca) en exhortant le gouvernement du Canada d’intervenir en faveur des travailleurs du Vieux Port.[divider]
Lettre type :
Les 280 employés du Syndicat des Employés du Vieux-Port de Montréal (SEVPM, section locale de l’Alliance de la fonction publique du Québec) sont actuellement en grève depuis plus de 90 jours afin d’exiger une augmentation de salaire et des droits égaux pour tous en cas de maladie. Il s’agit d’une des premières grèves au Canada pour un salaire minimum à $15 de l’heure (47% des employés du Vieux Port gagnent moins de $15), ce conflit revêt donc une importance nationale.
Une victoire dans ce conflit pourrait inciter d’autres syndicats à entrer dans la lutte pour un salaire décent maintenant. C’est pourquoi nous exprimons notre solidarité ainsi que nos vœux de victoire pour cette grève initiée le 27 mai dernier.















