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Tag: PS
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Crise politique: Vers des gouvernements de droite en Wallonie et à Bruxelles?

L’Élysette, le siège de la présidence du Gouvernement wallon. Photo: Flickr, Myben.be Benoit Lutgen, président du Cdh, a sonné le glas des coalitions avec le PS en Wallonie, à Bruxelles et en Fédération Wallonie-Bruxelles, ouvrant ainsi la voie pour la constitution de gouvernements de droite dans les entités fédérées avec le MR. Pour y parvenir, ils devront en payer le prix afin d’embarquer à bord Défi, incontournable à Bruxelles, et éventuellement Ecolo.
Edito, par Boris (Bruxelles)
Les nombreuses affaires Publifin, Kazakhgate, Samusocial,… ont remis à l’avant plan ce secret de polichinelle : les politiciens du PS, MR et CDH sont rongés par le carriérisme et la cupidité. L’avalanche de révélations ne semble plus s’arrêter. L’affaire du Samusocial à Bruxelles-Ville, où des mandataires PS se servent dans les caisses destinées aux plus démunis, a provoqué un profond dégoût. L’instrumentalisation de ce sentiment par le CDH pour tirer la prise des gouvernements des entités fédérées est d’une hypocrisie crasse, ce parti étant lui-même mouillé dans plusieurs affaires. Mais avec des sondages toujours plus mauvais faisant poindre la menace d’une 5e place en Wallonie et d’une 6e à Bruxelles, il fallait probablement faire quelque chose pour tenter de sauver la peau du CDH.
La bourgeoisification de la social-démocratie et son adhésion à la logique de casse sociale néolibérale ont favorisé l’arrivée de politiciens qui veulent se remplir les poches à la hauteur des cadres de haut vol du privé même dans des anciens partis ouvriers. A la différence des scandales qui ont frappé le PS de plain fouet au milieu des années 90 (INUSOP, Agusta,…) et au milieu des années 2000 (La Carolo), cette fois-ci, la grande récession de 2008 est passée par là. Elle a ouvert un processus de crise profonde pour la social-démocratie à travers l’Europe. En Grèce, en France, aux Pays-bas,… les partis-frères du PS ont été dépassés sur leur gauche. Chez nous, le PS avait encore pu tenir le coup auparavant, grâce à l’absence d’un concurrent de la gauche conséquente et en parvenant à se présenter comme une sorte d’opposition à l’intérieur des gouvernements nécessaire pour adoucir les mesures de casse sociale. Mais, depuis, il y a eu le gouvernement Di Rupo en charge d’éponger les dettes privées sur le dos de la collectivité, qui a ouvert la voie à un gouvernement thatchérien au fédéral.
Après les révélations du scandale Publifin, le PTB est passé pour la première fois devant le PS dans un sondage en Wallonie, laissant présager une prochaine percée électorale historique. Ce climat de scandales à répétition a donné tout son sens à la pratique d’élus rémunérés à hauteur du salaire moyen des travailleurs. Des élus exigent forcément des rémunérations correspondantes à la classe sociale qu’ils défendent. Mais la crise de la social-démocratie ne fait pas sentir ses effets qu’à gauche, tel que nous avons pu le voir avec l’émergence de La République en marche ! d’Emmanuel Macron en France, dont tente de s’inspirer Lutgen.
Dans les rangs patronaux, la crise politique en Wallonie et à Bruxelles est considérée comme une opportunité de renforcer le gouvernement Michel. Ainsi, pour l’Union Wallonne des Entreprises : ‘‘Cela rétablirait une certaine symétrie. Et ce serait a priori une bonne chose, car les mesures que prend le fédéral pour réduire le coût du travail et son projet de réforme de l’impôt des sociétés sont d’une grande importance pour les entreprises.’’ Au sein du MR, certain ironisent aujourd’hui sur le terme de ‘‘gouvernement kamikaze’’ qui avait été collé au gouvernement fédéral à ses débuts. Pourtant, à l’automne 2014, le mouvement de grèves l’avait bel et bien mis à genou. Mais l’occasion de lui porter le coup de grâce a été manquée.
S’en remettre à l’espoir que les élections de 2019 puissent délivrer un tout autre gouvernement est une illusion. Le gouvernement Michel reste fragile, mais sa plus grande force est la faiblesse de son opposition, avec en premier lieu un PS discrédité. Aujourd’hui, l’idée d’une opposition PS-CDH via les entités fédérées a volé en éclat. Cela conforte la possibilité de l’arrivée du CDH au fédéral après les élections de 2019 en cas de besoin pour reconduire un nouveau gouvernement de droite dure. L’avertissement est sérieux pour le mouvement des travailleurs. Nous avons besoin de mesures concernant la transparence de la vie publique mais elles ne sont en soi pas suffisantes. Il nous faut également, et surtout, un programme de lutte pour construire un rapport de force favorable aux travailleurs et à leurs familles. Mais aussi des élus qui vivent d’un salaire similaire au nôtre pour défendre un tel programme de changement social. C’est dans cette optique que le PSL, malgré ses forces modestes, tend la main au PTB pour l’aider à saisir au maximum les opportunités actuellement présentes.
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Scandale Publifin/Nethys. C’est notre argent, pourquoi n’en avons-nous pas le contrôle ?
Le chercheur en sciences politiques François Gemenne (ULg) n’y est pas allé de main morte en qualifiant sur la RTBF la structure Publifin-Nethys de ‘‘mafieuse’’ : ‘‘C’est un système de nature mafieuse car il fait la loi lui-même, il distribue de l’argent à tout le monde pour que personne ne pose de questions.’’ Et de l’argent, il en est effectivement beaucoup question, jusqu’à en donner le tournis. Et c’est le nôtre.
Article tiré de l’édition de février de Lutte Socialiste
Publifin (anciennement Tecteo) est une société coopérative intercommunale ayant entre autres à charge Nethys, VOO, l’intercommunale Liégeoise de l’électricité et du gaz, les éditions de l’Avenir, etc. En bref, il s’agit d’une boîte énorme (entre pouvoir public et privé) dont le chiffre d’affaire consolidé officiel s’élèverait à 759,1 millions d’euros. Son capital est détenu à 52% par la province de Liège et à 47% par 76 communes.
Le scandale a tout d’abord commencé par les révélations concernant la générosité de l’intercommunale vis-à-vis des 31 membres (CDH, MR et PS) de ses quatre comités de secteur : 1.340 à 2.871 euros bruts par mois pour des réunions peu fréquentes, non-obligatoires et seulement consultatives (à l’intérêt douteux, donc). Au final, le coût de ces salaires exorbitants s’élève à 2,5 millions d’euros et, au vu de l’irrégularité des réunions, représenterait un bénéfice pouvant aller jusqu’à 516 euros la minute de réunion.
Bien que parfaitement légal, c’était déjà problématique, surtout en ces temps d’austérité. Mais les choses se sont emballées, les révélations fracassantes ont succédé aux révélations fracassantes. Il a ainsi été révélé que Daniel Weekers, le ‘‘conseiller stratégique’’ de Stéphane Moreau, CEO de Nethys et bourgmestre (PS) d’Ans, gagne 50.000 euros bruts par mois, ce à quoi s’ajoute encore diverses primes et avantages. Une belle somme, qui revient chaque année à 600.000 euros et qui équivaut à plus du double du salaire du premier ministre. Une source anonyme a expliqué au quotidien L’Echo que pour pareil rémunération, ‘‘il travaille 10 heures par semaine’’.
Stéphane Moreau ne pouvait bien entendu pas être en reste. Toujours selon L’Echo, il toucherait quelque 80.000 euros bruts par mois, soit 960.000 euros bruts par an ! A cela s’ajoute encore, notamment, son salaire de bourgmestre de 80.000 euros. D’autre part, Nethys aurait distribué 4,4 millions d’euros à ses administrateurs, parmi lesquels huit politiques (six mandats PS, un MR et un cdH) en 2014 et 2015 seulement. Et ce ne sont là que quelques exemples…
Et maintenant ?
Quand le scandale de ‘‘La Carolo’’ a éclaté en 2005 à Charleroi, tous les politiciens établis ont fait part de leur indignation. Elio Di Rupo avait déclaré, la main sur le cœur : ‘‘Je ne veux plus des parvenus. Je les traquerai moi-même, j’en ai marre des parvenus. Il n’y a pas de place pour les parvenus au parti socialiste’’. Les équipes de com’ d’Elio et les autres peuvent s’économiser pas mal de boulot en reprenant aujourd’hui les déclarations de l’époque… Avec la crise économique, ce fut la même chose : tout le monde parlait de s’en prendre aux banques et au monde de la finance, de ‘‘moraliser le capitalisme’’, etc. Au final, rien n’a changé. Business as usual.
Dans ces deux exemples, un seul constat s’impose : on ne contrôle pas ce qu’on ne possède pas. En finir avec la dictature de la finance implique de lutter pour la collectivisation du secteur financier. En finir avec les pratiques de Moreau & Co (tout à fait légales jusqu’ici, à la différences de ‘‘La Carolo’’) – et assurer que les autorités publiques œuvrent réellement au bien-être de la collectivité – signifie que les propriétés d’Etat doivent être effectivement contrôlées et gérées par les travailleurs et les usagers et non tout simplement fonctionner comme des entreprises privées dans lesquelles des institutions sont simplement actionnaires.
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Modération salariale pour les uns… et vraiment pas pour les autres
Voici ci-dessous quelques salaires de politiciens et de CEO d’entreprises publiques. Selon nous, un représentant des travailleurs doit gagner l’équivalent du salaire des travailleurs. C’est ainsi que Paul Murphy, député membre de notre parti-frère irlandais, ou Kshama Sawant, notre camarade élue à Seattle, reversent une bonne partie du salaire qu’ils reçoivent des autorités pour des campagnes locales, des fonds de solidarité,… La meilleure manière d’éloigner les parvenus, c’est encore de supprimer les privilèges. Pour cela, il nous faut lutter pour un gouvernement pour et par les travailleurs.
- • Premier ministre : 227.000 euros par an / Vices-Premiers : 227.000 euros / Ministres : 223.000 euros / Secrétaires d’Etat : 212.000 euros
- Elio Di Rupo : Bourgmestre de Mons : 122.501,14 euros par an
- Dominique Leroy : CEO de Proximus : 799,175 euros par an
- Jan Smets : CEO de la Banque nationale : 478.514 euros par an
- Jean-Paul Philippot : CEO de la RTBF : 295.000 euros par an
- Johan Decuyper : CEO de Belgocontrol : 204.380 euros par an
- Luc Lallemand : CEO Infrabel : 303.171 euros par an
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Le PS et le CETA : Une tempête dans un verre d’eau ?
Les présidents du Conseil européen et de la Commission européenne ont été soulagés d’être finalement en mesure d’accueillir le Premier ministre canadien Trudeau pour signer le traité de libre-échange avec le Canada le 30 octobre dernier, trois jours après l’annulation en dernière minute du sommet Union européenne – Canada en raison de l’incapacité de Charles Michel de signer le traité au nom du gouvernement belge. Paul Magnette et le PS ont joué un rôle de premier plan dans ces jours dramatiques qui ont causé panique et indignation parmi les dirigeants européens, y compris les ‘‘camarades’’ sociaux-démocrates de Paul Magnette.
Dossier de Tanja (Gand)
Conflits de libre-échange
La crise du CETA figure sur la désormais fort longue liste des crises qui illustrent la tendance à la désintégration de l’Union européenne. Elle a mis en danger sept années de négociations. Il s’agissait d’ailleurs de bien plus : l’avenir de la politique commerciale européenne au service des grandes entreprises était mise en péril.
L’establishment a laissé exploser sa colère jusqu’à la conclusion de l’accord. Pour le président de la Commission européenne Juncker, il ne fallait pas laisser plus de temps à la démocratie. Le président du Conseil européen Donald Tusk a averti qu’un échec du CETA signifierait que l’UE ne serait plus jamais en mesure de conclure un accord commercial international.
Ces accords internationaux sont de toute manière sous une pression intense. Le TTIP (accord de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis) était déjà sur le point de mourir, du moins sous sa forme actuelle, ce à quoi est encore venue s’ajouter l’élection de Donald Trump. La majorité des adversaires du TTIP ne partagent évidemment rien de commun avec lui. Ceux-là ont fait campagne pour défendre les intérêts des travailleurs, de l’environnement, des droits des consommateurs,… toutes choses auxquelles Donald Trump est profondément opposé.
Certaines parties de l’establishment se rendent bien compte que forcer le passage risque de verser plus d’huile sur le feu de l’agitation politique. Mais, parallèlement, le commerce international est au cœur du projet européen économique néolibéral qui vise à renforcer la compétitivité des économies européennes. Sans cela, certains représentants des grandes entreprises vont tout simplement se demander à quoi peut encore bien servir l’UE.
La messe n’est pas dite
À entendre les politiciens établis et leurs relais dans les médias de masse, plus rien ne peut être fait contre le CETA depuis le 30 octobre. Mais on manœuvre toujours bel et bien dans les coulisses. Guy Verhofstadt défend l’idée d’un CETA non plus considéré comme une ‘‘compétence mixte’’, mais comme dépendant exclusivement de l’Union, ce qui permettrait d’éviter que l’accord ne revienne à l’échelon national ou à celui de certains parlements régionaux pour être ratifié.
Ce processus de ratification peut encore prendre des années. Les avocats les plus impatients du libre-échange débridé considèrent d’ailleurs que cela ralentit bien trop le flot de profits vers le sommet le plus riche de la société. À l’avenir, une simple décision de la Cour de justice européenne pourrait suffire selon eux.
Pour l’instant, le CETA doit encore être ratifié par les parlements des États membres. Les choses ont changé après le référendum sur le Brexit du 24 juin dernier afin de combattre le déficit démocratique de l’UE. Ce déficit ne peut pas être nié, il suffit de penser aux agissements de la troïka en Grèce. Une concession a été faite pour sauver ne fut-ce qu’une apparence de démocratie, mais cela explose maintenant au visage de l’establishment européen.
Le ‘‘non’’ au CETA issu du Parlement wallon a précipitamment fait connaitre ce traité en Belgique et même internationalement. C’est une bonne chose pour le mouvement social. Au plus ces accords sont connus, au plus la résistance se développe. Cela accroit pour le moment la pression sur tous les parlements des États membres de l’UE où ils devront prendre position.
C’est pour cela qu’il est maintenant possible qu’un référendum soit organisé concernant le CETA aux Pays-Bas. Début novembre, 200.000 signatures avaient été collectées à cette fin, les deux tiers du nombre requis. Un tel référendum augmenterait considérablement les probabilités que le CETA finisse à la poubelle.
La résistance du PS n’a pas conduit à des changements dans le CETA
Dans l’édition précédente de Lutte Socialiste, nous expliquions ce qui a poussé le PS à agir de la sorte. Le caractère du PS n’a pas fondamentalement changé, mais Paul Magnette a semblé l’espace d’un instant être une sorte de David des temps modernes contre le Goliath du libre-échange. Le PS n’a toutefois pas tenu. Il reste un potentiel et fiable parti de gouvernement pour la classe capitaliste. Le politologue Dave Sinardet (VUB) a expliqué dans le magasine flamand Knack que ‘‘lorsqu’il était au gouvernement fédéral, le PS n’avait pas fait une affaire du CETA, surtout quand Elio Di Rupo était Premier ministre.’’ Le PS est aussi le parti le plus sous la pression des syndicats et il doit de plus faire face à la croissance électorale du PTB.
Comme on le dit en Anglais: ‘‘la preuve du pudding, c’est qu’on le mange’’. L’opposition du Parlement wallon au CETA (confirmée le 14 octobre par 46 voix contre 16) n’a finalement rien changé au texte du CETA. L’Investment Court System (ICS), le système controversé de règlement des litiges entre investisseurs et États, fait toujours partie du CETA. C’était pourtant l’un des principaux problèmes soulevés contre le traité, un des points qui a focalisé l’opposition au CETA et au TTIP.
Qu’en est-il de la déclaration interprétative?
La résistance du PS n’a abouti qu’à un nouveau document, une déclaration interprétative signée avec le texte du CETA par l’UE et le Canada le 30 octobre qui devrait être juridiquement contraignante. Cette déclaration interprétative comprend des précisions sur l’ICS et pourrait potentiellement conduire à des règles plus strictes concernant ces tribunaux d’arbitrage. Mais cela ne répond pas à la revendication du mouvement qui s’oppose à ce que des multinationales puissent contester des législations devant une cour. Pour divers spécialistes, ce document est avant tout une tentative de calmer les esprits chez les adversaires du CETA. Ce texte visait également à amadouer des adversaires au CETA à l’intérieur du parti social-démocrate allemand (SPD).
Une déclaration intra-belge négociée entre les différentes entités fédérées du pays est également venue rejoindre les 37 autres déclarations d’États membres et d’institutions européennes. Selon Guillaume Van der Loo (Centre for European Policy Studies), ces déclarations sont consignées dans le procès-verbal, mais ne sont pas juridiquement contraignantes. Toutefois, le fait que ces 38 déclarations existent avec leurs réserves et leurs interprétations met en évidence la pression instaurée sur les différents gouvernements.
Guillaume Van der Loo a noté que la déclaration intra-belge stipule que les gouvernements régionaux, à l’exception du gouvernement flamand, n’ont pas l’intention de ratifier le CETA sur la base de l’ICS ‘‘tel qu’il existait le jour où le CETA a été signé.’’ Ils ne le ratifieront pas à moins que leurs parlements ne le décident autrement. Le scénario de fin octobre pourrait donc être répété, mais avec cette fois-ci la mort du CETA. La pression sur le PS sera sans aucun doute encore plus forte. Les adversaires du CETA doivent contrer cela en construisant leur propre pression.
Poursuivre la résistance !
La commission du commerce international (INTA) du Parlement européen va probablement voter sur le CETA le 5 décembre, le Parlement européen au complet suivra plus tard en décembre ou en janvier. On peut supposer que le CETA y sera approuvé sans aucun problème majeur. Si le Parlement canadien fait de même, la voie serait libre pour son entrée en vigueur provisoire, probablement en mars 2017. L’élément controversé de l’ICS est en dehors de l’entrée en vigueur provisoire. Après à l’adoption du Parlement européen et du Canada commencerait alors le processus de ratification par les parlements nationaux. Si un seul parlement s’y oppose, cela devrait effectivement mettre en branle le processus visant à mettre fin à l’application provisoire. Cela signifierait la fin du CETA. Mais Juncker ripostera en essayant de ne stopper que les parties du traité qui relèvent de la compétence des États membres.
Le processus de ratification peut prendre un certain temps, peut-être sera-t-il lancé en Belgique après que la Cour suprême allemande ait statué sur l’ICS ; cela introduirait des modifications qui pourraient servir à amadouer le PS. Il est dangereux de limiter la discussion aux éléments les plus symboliques du CETA, comme l’ICS. Nous devons lutter contre la totalité de l’accord.
L’avenir de cet accord dépend de la pression construite par le mouvement social. La Commission européenne ne peut plus définir la politique commerciale derrière des portes closes. De plus en plus de gens remettent en cause la politique européenne et émettent de légitimes réserves quant aux réels bénéficiaires de ces types d’accords. Vingt ans après la conclusion de l’ALENA (l’accord de libre-échange nord-américain), il est clair que le libre-échange conduit à la désindustrialisation et à la disparition des bons emplois.
L’inquiétude qui vit parmi de larges couches de la population est l’occasion de mener le débat et de construire un mouvement qui non seulement dénonce les aspects néfastes d’un tel accord, mais préconise également de changer de système économique. Il existe en Belgique un large front de syndicats, d’organisations environnementales, d’ONG, de réseaux anti-mondialisation et de partis comme le PTB ou le PSL. Poursuivons l’organisation d’actions afin de maintenir la pression sur les différents parlements en vue de la ratification du CETA !
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Le CETA est signé, intensifions la lutte contre la dictature des multinationales!
L’accord économique et commercial global (Comprehensive Economic and Trade Agreement, CETA) entre le Canada d’une part et l’Union européenne et ses 28 États membres a été signé ce 30 octobre 2016 par le premier ministre canadien Justin Trudeau et le président du Conseil européen Donald Tusk. La conclusion de cet accord a été temporairement bloquée par le refus du gouvernement wallon qui semblait faire sienne l’opposition du monde syndical et associatif. Ce dernier a finalement plié face aux pressions tout en justifiant cette capitulation par de prétendues garanties notamment concernant les mécanismes de résolution de conflits entre Etats et entreprises privées.
Avec sa résistance au CETA, le PS a voulu se positionner à nouveau en tant qu’opposition de gauche. Dans plusieurs articles, Magnette était comparé à Tsipras en raison de son discours musclé tout en craquant finalement sous l’intense pression exercée sur le gouvernement wallon. Pour beaucoup de gens, Magnette sera considéré comme ‘‘celui qui a quand-même essayé et qui a attiré l’attention publique sur l’accord’’, particulièrement là où la mobilisation citoyenne contre le TTIP et le CETA était plus faible, comme en Flandre. Formellement, rien n’a changé dans le CETA mais, de manière plus informelle, cela a réduit la marge de manœuvre pour ce type de traités. Parmi la couche plus consciente et combattive de la population, cela a surtout démontré les limites de cette opposition.
Ce cas a une fois de plus illustré que faire reposer sa stratégie sur les négociations avec les institutions européennes est insuffisant. Il nous faut une stratégie de confrontation et de rupture avec l’Union européenne de l’austérité basée sur la mobilisation des masses et la solidarité européenne ainsi que sur un programme qui vise à aller jusqu’au bout pour défier le règne des multinationales.
Le débat à l’occasion du CETA est un nouvel exemple des problèmes que rencontrent les grandes puissances pour conclure de nouveaux accords commerciaux mais aussi de la manière avec laquelle les politiciens peuvent réagir sous pression d’une opinion publique qui se radicalise et s’oppose de plus en plus à la mondialisation capitaliste et aux traités commerciaux tels que le TTIP et le CETA, qui visent à poursuivre l’érosion de la démocratie politique et économique. A partir de maintenant, chaque traité de commerce sera probablement suivi avec plus d’attentions qu’auparavant, même si l’establishment européen fera tout pour tuer un tel débat dans l’œuf en assurant que de tels traités ne se décident plus qu’au niveau européen, sans que les parlements régionaux ou nationaux ne puissent se prononcer. Réussir à faire cela dépendra de la force du contre-mouvement social.
Il est impossible de comprendre la récente posture du gouvernement wallon et du PS en général sans la placer dans le contexte de luttes sociales de ces deux dernières années en Belgique, depuis l’arrivée au gouvernement fédéral de l’équipe de Charles Michel (MR). Un récent sondage réalisé par un des principaux journaux francophones (Le Soir) a encore dévoilé qu’à la question « Pour sortir de la crise, faut-il changer de système ? », 90,9 % des Belges francophones ont répondu “oui”. Il s’agit d’une claire illustration de l’atmosphère qui se développe actuellement et sur laquelle le PS a tenté de surfer, alarmé par sa perte de soutien continue dans les sondages d’opinion.
Il n’y a que dans la presse que le “non” au CETA était isolé. Le refus des accords de libre-échange va croissant et est notamment illustré par le fait que les collectivités territoriales (villes, communes,…) ayant pris position contre le CETA ou le TTIP (accord de libre-échange devant être conclu entre l’Union européenne et les Etats-Unis) représentent l’équivalent de 75 millions de personnes ! Au delà de ça, on peut aussi parler des 32.000 personnes qui ont manifesté en Allemagne en septembre dernier, des sondages qui soutiennent que l’opinion est majoritairement défavorable aux traités de libre échange en Allemagne et en France, de la pétition internationale qui a réuni 3 millions de signature contre le TTIP et le CETA,…Il faut retirer le pouvoir des mains des multinationales et des actionnaires. De plus en plus de gens en sont convaincus. Mais nous ne pourrons donner corps à cette aspiration qu’en collectivisant les secteurs-clés de l’économie (finance, énergie, sidérurgie,…) dans le cadre d’une économie démocratiquement planifiée afin de satisfaire les besoins de la population dans le respect de l’environnement. Le chemin vers cet objectif est encore long et la lutte ne sera pas aisée, mais il s’agit de la seule manière de sortir de la crise économique et écologique dans laquelle nous a empêtrés la logique du ‘‘libre marché’’.
=> Virage à gauche au PS: réaction de panique face au PTB ou quelque chose d’autre?
Le Parti socialiste subira sans doute une punition électorale ces prochaines années. Sa base ouvrière traditionnelle est de plus en plus remplacée par des couches plus aisées. Il reste pourtant un facteur politique important de même qu’une force dans le mouvement des travailleurs en raison de son histoire et du lien qu’il entretient avec l’appareil syndical de la FGTB. C’est précisément pour cela que le PSL a consacré un atelier de discussion au nouveau livre de Di Rupo, Nouvelles Conquêtes, à l’occasion de son week-end de débats ‘‘Socialisme 2017’’.
Lorsque, le 19 juin dernier, le président du cdH Benoît Lutgen a retiré sa confiance aux gouvernements bruxellois, wallon et de la fédération Wallonie-Bruxelles (ex-Communauté française), il a justifié son geste en dénonçant les écœurants scandales à répétition qui ont frappé le PS. L’hypocrisie avait de suite sauté aux yeux (le parti ‘‘humaniste’’ ayant lui aussi été mouillé), elle fut encore illustrée à la mi-août, quand le site Cumuleo dévoila que pas moins de six des sept ministres du nouveau gouvernement wallon MR-cdH avaient ‘‘oublié’’ de déclarer certains de leurs mandats, fonctions ou professions…


