Tag: Pensions

  • La bataille contre la réforme des retraites commence en France

    Travailler jusqu’à la mort ? Hors de question !

    Comme annoncé lors de la campagne présidentielle, le gouvernement Macron a lancé sa réforme des retraites. Au programme notamment : passage de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans, et nombre d’annuités de 41 à 43. Plus de 70% de la population est opposée à cette réforme qui vise à faire travailler tout le monde plus longtemps.

    Par Arno (Liège)

    On connaît désormais la rengaine : nous vivons plus longtemps, alors il faudra travailler plus longtemps. Peu importe si, à 64 ans, 29% des 5% de travailleurs les plus pauvres sont déjà morts et ne bénéficieront donc jamais du système de retraite pour lequel ils ont cotisé toute leur vie. Il est également inenvisageable de refinancer ce système avec plus d’argent public, qui manque. En effet, les impôts sur les bénéfices des entreprises sont passés de 33,3% en 2017 à 25% en 2022, soit, une chute du tiers au quart sur le premier quinquennat d’Emmanuel Macron.

    Le gouvernement tente de faire passer la pilule de la réforme des retraites avec des mesures prétendument progressistes, comme le passage de la retraite minimum de 900 euros à 1200 euros. Mediapart a calculé que seules 48 personnes pouvaient aujourd’hui répondre aux conditions imposées pour y avoir droit !  

    Cette réforme arrive dans un moment où la situation est déjà particulièrement inflammable, avec la flambée des prix qui frappe les travailleurs français, qui ne bénéficient même pas de l’indexation des salaires, excepté pour le SMIC. Alors que de l’argent, il y en a ! D’une part, les entreprises du CAC 40, l’équivalent français du Bel20, ont rendu à leurs actionnaires 80,1 milliards d’euros en 2022, un record ! Ensuite, les 42 milliardaires français se partagent un patrimoine de 544 milliards d’euros (grosso modo l’équivalent de toute la richesse produite en un an en Belgique). Encore un record. Enfin, le plus gros poste de dépenses de l’Etat français, ce sont les aides publiques à destination des entreprises : 157 milliards d’euros par an.   

    La meilleure défense, c’est l’attaque

    Les 8 principales organisations syndicales du pays (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) se sont unies dans un front commun, ce qui n’était plus arrivé en France depuis 2010 (quand l’âge de la retraite est passé de 60 à 62 ans sous Sarkozy). Fin 2019 / début 2020, une autre attaque contre les retraites avait donné lieu à une lutte titanesque, mais le manque de plan d’action audacieux vers une grève générale reconductible avait donné lieu à un essoufflement du mouvement. Comme l’a récemment fait remarquer un syndicaliste CGT dans les pages de Libération : « sans le confinement, en 2019, ça n’aurait pas marché ».

    Il faut dépasser la simple suite de dates de journées de grèves et de mobilisation vaguement liées entre elles si on veut éviter que le mouvement finisse par s’essouffler sans victoire, ce sur quoi compte le gouvernement. Il est urgent d’organiser des assemblées de lutte sur les lieux de travail ouvertes à tous les collègues, syndiqués ou non, et d’organiser de pareils comités dans les lycées, les universités et les quartiers pour construire la grève générale reconductible. C’est ainsi que l’on pourra repousser toute la réforme des retraites, mais aussi faire chuter le gouvernement Borne et toute la politique d’austérité.

    L’organisation à la base est clé pour éviter que la lutte ne soit à un moment trahie du sommet (notamment de la part de la direction de la CFDT). La grève des contrôleurs de la SNCF pendant les fêtes a fait un pas en cette direction, en s’organisant à partir d’une page Facebook « collectif national ASCT » (Agents, service commercial, trains) pour passer à l’action et imposer aux directions syndicales le dépôt du préavis. De même, pendant la grève des raffineries (en septembre et octobre 2022), les ouvriers de Total avaient à nouveau mené une grève reconductible, dont la reconduite était assurée par un vote démocratique. C’est avec ce genre de méthode qu’on assure l’implication de l’ensemble des travailleurs et donc la réussite du combat. La faiblesse de ce mouvement avait alors été son isolement, qui avait permis aux autorités de dégainer la réquisition de personnel. Cela ne fait que souligner la nécessité de construire un mouvement large reposant sur l’implication maximale de l’ensemble de la classe travailleuse.

  • Une bonne pension pour toutes et tous : repoussons chaque attaque, dure ou douce


    Quelques éléments concernant la discussion actuelle sur les pensions… Les nouvelles propositions de la ministre fédérale des pensions Karine Lalieux (PS) représentent pour beaucoup un pas en arrière par rapport à la situation actuelle. L’idée serait notamment d’introduire un minimum de 42 ans de carrière pour bénéficier d’une retraite anticipée : beaucoup de personnes, tout particulièrement des femmes, n’atteindront jamais ce chiffre dans la pratique. Nombreux sont celles et ceux qui éprouveront toutefois un certain sentiment de soulagement en constatant que les propositions sur la table ne sont pas aussi mauvaise qu’on pouvait le craindre.

    Par Tim (Gand)

    Le projet a immédiatement été accueillis par un torrent de critiques de la droite reposant sur tous ses mythes concernant les pensions. Le plus important est de dire que nous devrions travailler plus longtemps puisque nous vivons plus longtemps. Ce dogme ne tient absolument pas la route. Il « oublie » de prendre en compte l’augmentation de la productivité. Oui, l’espérance de vie a bien augmenté au cours de ces 50 dernières années (une légère baisse a cependant été observée avec la crise du coronavirus et une tendance à la baisse était déjà précédemment à l’œuvre pour les travailleurs aux États-Unis notamment). Mais la productivité a augmenté bien plus rapidement. En d’autres termes : pour une même carrière, nous produisons beaucoup plus de richesses aujourd’hui qu’il y a quelques années.

    Pourquoi ne pas utiliser une partie de cette richesse produite pour de meilleures pensions au lieu de laisser ça aux actionnaires ? Devoir travailler plus longtemps n’est pas une fatalité : c’est le résultat d’un choix politique visant à maximiser les profits. La part de cette nouvelle richesse qui revient aux plus riches augmente. Si nous voulons une véritable solidarité avec les générations futures, nous devons collectiviser les profits et les utiliser pour le bien commun.

    Dans tout le débat sur le fait de « travailler plus longtemps », on oublie souvent que c’est tout simplement impossible pour beaucoup de gens. De nombreuses personnes qui ont commencé à travailler tôt ont un travail physiquement difficile. Après 30-40 ans de travail, ces personnes sont usées. Elles développent de plus en plus de problèmes physiques et leur santé se détériore considérablement. Ce n’est donc pas un hasard si ces personnes vivent beaucoup moins longtemps que la moyenne : en Belgique, la différence peut aller jusqu’à 5 ans. Si l’on prend également en compte l’espérance de vie en bonne santé, la différence est encore plus grande : alors que les personnes qui vivent au-dessus du revenu médian n’ont aucun problème physique dans 90 % des cas, ce chiffre n’est que de 60 % pour les personnes du décile de revenu le plus bas. Pour de nombreuses personnes occupant des emplois mal rémunérés, « travailler plus longtemps » signifie littéralement « travailler jusqu’à la tombe ». Beaucoup d’entre elles prendront de toute façon une retraite anticipée, avec une pension encore plus basse, donc.

    L’intransigeance avec laquelle les journalistes, les décideurs politiques, les chefs d’entreprise et les pseudo-universitaires tentent de nous convaincre que de meilleures pensions sont « impayables » démontrent une chose : le capitalisme n’a plus rien à offrir à la majorité de la population. Il y a de plus en plus de richesses, mais de moins en moins de celle-ci va à la majorité de la population.

    Il n’y a pas d’argent pour les soins de santé afin de faire face à une crise sanitaire telle que celle que nous traversons. Il n’y a pas d’argent faire face à la crise climatique, à ses catastrophes et aux inondations. Il n’y a pas d’argent pour l’enseignement ou les infrastructures. Il n’y a pas d’argent pour les salaires ou pour de meilleures conditions de travail. Il n’y a pas d’argent pour les pensions. Ce système ne fonctionne pas pour nous, la majorité, et il n’y a aucune chance que cela s’améliore un jour. Quelle différence avec le passé où – sous la pression incessante de l’action du mouvement ouvrier organisé – la classe capitaliste était obligée de fournir de meilleures conditions de vie aux nouvelles générations. Nous avons connu des décennies de progrès collectif et l’illusion se développait que ce système pouvait offrir des perspectives, si pas pour soi-même, au moins pour les enfants et petits-enfants.

    Cette perspective n’existe plus pour une raison très claire : la classe capitaliste ne craint plus la classe ouvrière. Elle ne craint plus la force du mouvement ouvrier et des syndicats. Elle ne tremble plus à l’idée que le syndicat peut paralyser tout le pays et fermer le robinet à profits.

    Aujourd’hui, une grande partie de la population a peur, elle craint l’avenir. Elle ne sait pas à quoi ressembleront ses vieux jours. La peur doit changer de camp : que la classe capitaliste ressente qu’elle n’a pas d’autre choix que de mettre ses profits à disposition de la prospérité de la majorité.

    Commençons donc à nous organiser plus sérieusement. Refusons les projets de celles et ceux qui nous réservent des pensions plus basses. Nous voulons un régime de retraite qui va de l’avant pour la majorité. La productivité croissante doit se traduire par des heures de travail plus courtes, un travail plus sain et moins usant et de meilleures fins de carrière, surtout pour celles et ceux qui ont commencé à travailler très tôt.

  • L’attaque contre la retraite anticipée se poursuit sans relâche

    Manifestation en défense de nos pensions du 16 mai. Photo : Liesbeth

    L’accord d’été s’inscrit dans la continuité des précédentes mesures d’austérité. Les fonctionnaires malades et les chômeurs sont en ligne de mire, mais aussi ceux qui ont travaillé pendant des années et veulent prendre une retraite anticipée (ou doivent le faire après un licenciement collectif). L’âge de la retraite a déjà été relevé à 67 ans et les conditions de retraite anticipée, rebaptisée RCC (Régime de chômage avec complément d’entreprise), avaient été durcies. Un nouveau tour de vis arrive.

    Par Sander (Termonde)

    Après les licenciements collectifs de Carrefour au début de l’année, les politiciens néolibéraux ont eu des discussions difficiles. Non pas au sujet de l’avidité du conseil d’administration de Carrefour qui se débarrasse du personnel d’une entreprise rentable. Non, le débat concernait les travailleurs âgés de Carrefour qui pouvaient utiliser le chômage avec complément d’entreprise dès l’âge de 56 ans. Inacceptable, pour la N-VA. Ces travailleurs qui avaient perdu leur emploi après des années de service ont été présentés comme des ‘‘profiteurs’’. On s’est par la suite servi d’eux pour rendre les choses pires encore.

    Dans l’accord d’été, la décision a été prise d’augmenter la durée de carrière requise pour bénéficier d’une RCC de 40 à 41 ans. La possibilité de RCC en cas de restructuration ne sera possible qu’à partir de 59 ans l’année prochaine et à partir de 60 ans en 2020. Les dérogations sur base de la négociation sociale ne sont plus possibles. Il s’agit d’un pas de plus vers une retraite anticipée pratiquement inaccessible. De cette façon, le gouvernement veut que tout le monde travaille jusqu’à 67. Le fait qu’un employé n’est en moyenne en bonne santé que jusqu’à l’âge de 64 ans n’est pas pertinent pour le gouvernement. Nous devons travailler plus longtemps parce que l’espérance de vie augmente, voilà l’argument. Aux Etats-Unis, la même logique de précarisation de l’emploi et de pénurie sociale conduit déjà à une diminution de l’espérance de vie.

    Dans la pratique, la suppression de la prépension pour les victimes de licenciements collectifs signifie le retour aux allocations de chômage. Le même accord d’été prévoit une réduction plus rapide des allocations après plusieurs mois de chômage. L’objectif : forcer les gens à retrouver plus rapidement des emplois mal rémunérés et précaires, ce qui, soit dit en passant, ne les sortira pas non plus de la pauvreté. Refuser des allocations à ceux qui sont mis à la porte après des années de travail est, semble-t-il, une priorité pour ce gouvernement. Cette attaque contre les travailleurs âgés devrait rapporter 20 millions.

    Le ministre de l’Emploi Peeters (CD&V) tente de se présenter comme le visage social du gouvernement. Contre ses collègues de la N-VA, il a approuvé le plan RCC de Carrefour. Toutefois, on a immédiatement saisi l’occasion d’abolir cette possibilité. En échange de nouvelles promesses concernant les coopérateurs de la banque Arco, Peeters a avalé une nouvelle attaque contre le RCC. Mais cela ne suffira pas non plus, car la N-VA veut complètement éliminer toute possibilité d’une retraite anticipée.

    La contestation sociale doit continuer. Le journal des syndicats sur les pensions, publié à un million d’exemplaires, fut une excellente initiative pour expliquer les mesures du gouvernement et ainsi renforcer la mobilisation contre elles. Une nouvelle édition de ce journal serait la bienvenue, de préférence immédiatement liée à des appels à l’action. Une mobilisation de masse sera nécessaire pour arrêter la casse sociale et lutter pour une société où les gens pourront prendre leur retraite à un âge humain, où il y aura des emplois pour tous avec des salaires et des conditions de travail décents, où ceux qui se retrouvent sans travail ne sont pas condamnés à la pauvreté,… Un plan d’action généralisé allant crescendo peut rassembler la colère et cibler le véritable coupable des attaques contre notre niveau de vie : la cupidité des 1% les plus riches.

  • Le gouvernement n’a pas la force qu’il prétend, continuons le combat sur les pensions !

    Un gouvernement Michel II ? Charles Michel et ses comparses veulent nous faire croire la chose inéluctable. Mais, sondage après sondage, il semble plutôt difficile à la N-VA, au MR, à l’Open-VLD et au CD&V de trouver une nouvelle majorité parlementaire (70 sièges alors qu’il en faut 76), même avec le soutien d’un CDH en chute libre (75). Le 11 juin dernier, le Grand baromètre Le Soir-RTL-TVI-Ipsos-Het Laatste Nieuws-VTM a donné de nouvelles sueurs froides à Michel et sa bande : à la question de savoir si les sondés sont d’avis que la coalition actuelle soit reconduite si les élections le permettent, une majorité se prononce contre. Au Nord comme au Sud.

    Par Nicolas Croes

    C’est effectivement 64 % des sondés qui ont répondu par la négative à l’échelon national : 77 % en Wallonie, 66 % à Bruxelles et 57 % en Flandre. Un gouvernement fort ? C’est surtout la faiblesse de l’opposition qui lui permet de tenir !

    Le gouvernement recule sur les pensions

    Concernant les pensions, la popularité du gouvernement fédéral est au ras des pâquerettes. Toujours selon le ‘‘Grand baromètre’’, les Belges désapprouvent les mesures prises par le gouvernement Michel et par le gouvernement Di Rupo qui l’a précédé. Pas moins des deux tiers de la population rejettent la décision du gouvernement Michel de porter l’âge de la retraite à 67 ans d’ici 2030. Ce qui est bien compréhensible dans un pays où l’espérance de vie en bonne santé n’atteint pas les 64 ans en moyenne et se situe même en-dessous des 55 ans pour les travailleurs peu qualifiés.

    D’autre part, en Wallonie, 82 % des sondés estiment que le système de retraite ne pourra pas leur garantir une fin de vie correcte. En Flandre et à Bruxelles, ils sont 71 % à penser de cette manière. Selon les sondés, une retraite décente se situe à 1.615 euros. C’est bien au-dessus de la moyenne actuelle de 1.181 euros pour les hommes et de 882 euros pour les femmes, ce qui ferme les portes des maisons de repos à nombre de nos aînés.

    Pensions à point : la résistance sociale repousse l’attaque

    Que la colère soit largement ressentie, c’était évident au regard du succès des diverses mobilisations syndicales. Après une vaste campagne d’information avec le Journal des pensions, une grande manifestation a suivi le 16 mai. Selon le quotidien patronal De Tijd, il s’agissait des funérailles du système des pensions à points. Ce projet a été reporté à la prochaine législature.

    Histoire de préparer le terrain, le gouvernement veut d’abord se pencher sur le régime des pensions pour les professions lourdes. Selon le CD&V – qui prétend être le ‘‘visage social’’ du gouvernement – le dialogue social sera la clé de voûte du projet. Mais quelle marge de négociation peut-il bien rester si le budget global pour les professions lourdes est fixé à l’avance ? La seule chose que le gouvernement permet de négocier, c’est l’ampleur de l’attaque, un peu plus dure pour les uns, un peu plus douce pour les autres. Une excellente façon de diviser en montant les professions les unes contre les autres.

    C’est ce à quoi nous avons assisté avec la proposition à destination du secteur public : environ 50% des employés y seraient couverts par le régime des métiers pénibles. A droite, ce fut le tollé. Ces cris d’indignation visaient toutefois surtout à masquer le recul social : dans le cadre du régime existant, 62 % des fonctionnaires bénéficient d’un régime de retraite avantageux (celui des ‘‘bonus préférentiel’’) ! Ne nous laissons pas monter les uns contre les autres : si le gouvernement laisse un peu de répit à certaines professions, c’est pour mieux leur enlever leurs ‘‘privilèges’’ ensuite, après une première vague d’économies. Et n’oublions pas que l’abandon du régime actuel dans le secteur public facilitera l’introduction du système des pensions à points.

    Continuons le combat

    La riposte en défense de nos pensions doit être à la hauteur de l’attaque. La manifestation pour des ‘‘pensions dignes à un âge décent’’ du 16 mai a donné un aperçu de ce qui est possible avec 70.000 manifestants. Le gouvernement a dû reporter le système des pensions à points.

    Ne laissons pas au gouvernement et aux partons l’initiative, et partons à la contre-offensive avec les revendications défendues par les syndicats : une pension minimale de 1.500 euros par mois, une pension équivalente à 75% du dernier salaire au lieu de 60% actuellement, le retrait de toutes les mesures du gouvernement actuel et des gouvernements précédents contre les fins de carrière.

    Autour de ces exigences, nous avons déjà l’opinion publique de notre côté. Ce gouvernement n’est pas aussi fort qu’il le prétend. Qu’attendent donc les dirigeants syndicaux pour annoncer une campagne de mobilisation crescendo à l’automne ?

  • La large mobilisation illustre l’illégitimité de la réforme des pensions : Michel doit reculer

    Celui qui prétend que manifester ne sert à rien en a été pour ses frais le mois dernier avec la manifestation pour les pensions. Le ministre des Pensions Bacquelaine (MR) avait prévenu qu’il ne changerait pas de cap, mais, selon le journal patronal De Tijd, la pension à points a, en fait, dû être enterrée. Selon Le Soir, le gouvernement ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour imposer ses plans tels quels et se concentrera d’abord sur les élections. La participation massive a eu une influence sur la teneur de la réforme des pensions, mais nous n’avons pas encore gagné. Nous n’obtiendrons une victoire sur l’ensemble du dossier que si nous persévérons via un plan d’action sérieux.

    Par Eric Byl

    Que ce serait-il passé si nous n’avions été que 30.000 ? Ce chiffre était diffusé par les médias au tout début de la manifestation, mais a ensuite dû être revu à la hausse : 55.000 selon la police, 70.000 selon les syndicats. Le gouvernement aurait pris 30.000 manifestants pour un laissez-passer concernant les métiers lourds, les périodes assimilées et pour faire avancer la pension à points. Les médias auraient surtout parlé des embouteillages causés par la manif. Le patronat aurait expliqué qu’étudier plus longtemps, vivre plus vieux et partir plus tôt en pension est intenable. Beaucoup de travailleurs seraient tombés dans le fatalisme.

    Heureusement, il n’en a rien été. Cela illustre que le patronat et le gouvernement ne peuvent pas s’en tirer si facilement que ça avec des demi-vérités et des mensonges complets. Le fait que nous restions plus longtemps aux études s’explique par les exigences du patronat qui propose des emplois qui demandent des qualifications toujours plus élevées. Corrigé après inflation et en prix de 2016, nous sommes aujourd’hui 5,6 fois plus productifs qu’en 1950 par heure travaillée. Même en tenant compte de la chute du nombre d’heures de travail, chaque travailleur rapporte encore en moyenne 4,2 fois la valeur d’alors chaque année. Le nombre de pensionnés a augmenté, mais pas dans cette mesure, loin de là. Ce qui a augmenté dans la même proportion, et même bien au-delà, c’est les bénéfices d’entreprise ; le nombre de burnouts et de dépressions a aussi explosé parce que la pression au travail ne fait qu’augmenter, et non pas parce que nous surchargeons notre temps libre de loisirs, comme le prétend le patronat.

    Bart De Wever (N-VA) considère que la manifestation est “incompréhensible”, la réforme des pensions étant “selon lui aussi inévitable que les changements climatiques” pour “arriver à un équilibre sain avec les coûts salariaux”. Nous savons de suite ce qu’il faut entendre. Raoul Hedebouw (PTB) a expliqué au parlement pourquoi De Wever ne nous comprend pas : il devrait, lui, bénéficier d’une pension mensuelle de 6500 € ! Après avoir relevé l’âge de la pension et celui de la pension anticipée, supprimé les périodes assimilées et annoncé la fin des tantièmes préférentiels, le ministre des Pensions Bacquelaine s’étonne que les syndicats s’opposent à “de nouveaux droits pour les travailleurs”. Ceci après avoir supprimé les anciens droits, bien meilleurs. Comme un mensonge n’est cru qu’après avoir été suffisamment répété, De Wever poursuit : “nous avons toujours dit que nous ne toucherions pas aux droits acquis.”

    Même De Standaard a dû reconnaître que la stratégie syndicale porte ses fruits. “La différence par rapport à la manifestation précédente du 19 décembre dernier est flagrante”. De Standaard l’explique par une meilleure préparation, entre autres, via “l’édition du journal des pensions”. Quoi qu’il en soit, la participation sur beaucoup de lieux de travail est remontée au niveau de celle de 2014, lorsqu’un plan d’action constructif avait fait chanceler le gouvernement, mais les dirigeants syndicaux avaient malheureusement étouffé le feu et permettant au gouvernement de se redresser. Nous ne pouvons répéter cette erreur. Le gouvernement essaiera peut-être d’amadouer les leaders syndicaux en reconnaissant encore quelques périodes assimilées ou en relevant l’enveloppe de 40 millions destinée aux métiers lourds. La pension à points sera reportée et reviendra plus tard sous une autre forme. Nous ne pouvons nous en satisfaire et devons mener une lutte sérieuse pour réellement réaliser les revendications reprises dans le journal des pensions. Comme nous l’écrivions dans notre tract pour le 16 mai : “Après une participation massive, tout reste possible, mais uniquement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.”

    Lors de la manifestation, une petite minorité demandait une grève générale. Cela peut certainement faire partie d’un plan d’action sérieux, mais ce n’est pas un passe-partout que l’on peut annoncer sans une préparation minutieuse. Un mouvement spontané autour de la pression au travail – comparable aux grèves spontanées de longue durée dans les prisons et à la SNCB au printemps 2016 – pourrait construire la nécessité d’une grève générale sectorielle, voire interprofessionnelle encore avant cet été. Mais en général, nous estimons que des concentrations militantes par province pour discuter de la manifestation, pour faire le point sur les pensions et les prochaines actions répondent mieux à l’état actuel du mouvement. Ce serait un excellent incitant pour des assemblées du personnel en front commun syndical sur le terrain et des concentrations nationales encore avant l’été pour préparer des jours de grève provinciale à l’automne, juste avant les élections communales, et une grève générale nationale encore avant la fin de l’année.

    Cela rayerait la politique politicienne de la carte et remettrait la question sociale au centre. Une grève générale pose évidemment la question du pouvoir. Les directions syndicales savent autant que nous que les revendications du journal des pensions du front commun syndical exigent une majorité de gauche prête à rompre avec l’omniprésente politique d’austérité de ce gouvernement et de ses prédécesseurs, qui nous est aussi imposée par l’Europe. Le patronat ne va pas arrêter d’imposer ses revendications à ses partenaires politiques. Si les syndicats prennent aux sérieux leurs revendications, ils doivent chercher des partenaires politiques, renforcer ceux qui ont le projet de mettre ces revendications dans un programme politique et rompre avec ceux n’y sont pas prêts.

    Réaliser ces revendications et les consolider dans un système où l’on ne produit que pour faire des bénéfices est impossible. Les syndicats doivent, avec ceux des pays voisins, lutter contre ce système, en mettant en avant une alternative où l’on produit selon les besoins de la grande majorité de la population et non pas pour faire croître les richesses accumulées par une poignée de capitalistes.

  • N’en restons pas là après la manifestation massive pour nos pensions !

    Charge de travail, pensions : ils veulent nous faire crever à la tâche !

    ‘‘Travaillez et mourrez’’, ‘‘Donne-moi mon dentier, je dois aller travailler’’,… Les pancartes des quelque 70.000 manifestants de l’impressionnante mobilisation du 16 mai à Bruxelles étaient sans équivoque. Alors que l’agitation sociale reprend vigueur en réaction à la pression croissante au travail, nous savons pertinemment que nous ne tiendrons pas jusqu’à 67 ans. Tout ça pour une pension ridicule – la moyenne est aujourd’hui de 1181 euros pour un homme et de 882 euros pour une femme – ce qui ne manque pas de rajouter de l’huile sur le feu.

    Le personnel de Lidl a donné le ton avec sa vague spontanée de grèves : la pression au travail est insoutenable. Là-bas, les magasins sont parfois ouverts et fermés par à peine trois collègues. Les pilotes de Brussels Airlines sont eux aussi entrés récemment en action. On entend gronder dans presque tous les secteurs. Près de la moitié des enseignants jettent l’éponge dans les cinq ans qui suivent leur entrée dans l’enseignement secondaire. Si c’était à refaire, quatre infirmières sur dix ne choisiraient pas cette carrière.

    La grève a porté ses fruits chez Lidl : il y aura plus de personnel pour effectuer le même travail! Comment pourrait-on réduire la pression autrement ? Cependant, les patrons sont réticents, ils préfèrent largement presser leur personnel comme des citrons. S’il y en a qui lâchent prise, cela ne les concerne pas : c’est la collectivité, mais aussi les travailleurs à titre individuel qui prennent à leur charge les frais des maladies, du stress et des burnouts. Ces dernières décennies, la productivité a considérablement augmenté, le patronat en a tiré de juteux bénéfices. Il est inimaginable pour eux de s’en défaire ! Si l’on ose à peine le suggérer et c’est tout l’establishment politique qui s’élève et pousse de grands cris.

    Entre la révolte grandissante contre la pression insoutenable au travail et les pensions de misères, le lien est évident. Cette pression est un obstacle à notre bonne santé. En 2016, l’espérance de vie moyenne en bonne santé pour les hommes est passée de 64,4 à 63,7 ans. La baisse fut plus limitée chez les femmes : de 64 à 63,8 ans. La tendance est donc à vivre en bonne santé durant une plus courte période. Et on devrait travailler plus longtemps ?!

    Pourtant, les employeurs, leurs pantins politiques au gouvernement et leurs porte-paroles grassement rémunérés sous l’appellation ‘‘d’experts’’ persistent à dire qu’il est impossible de faire quoi que ce soit au sujet de la charge de travail et des pensions. Pour Gwendolyn Rutten (Open-Vld), les manifestants du 16 mai ont fait un ‘‘doigt d’honneur’’ à ceux qui travaillent. Son collègue Bart De Wever (N-VA) a déclaré que la réforme des retraites est aussi inévitable que le changement climatique. S’il est inévitable de travailler jusqu’à en crever, c’est que le système a un sérieux problème.

    ‘‘Ils sucent le sang des travailleurs, des pensionnés et des malades’’, a-t-on également pu lire sur une pancarte le 16 mai. Il ne nous reste que des miettes tandis que ce sont toujours les mêmes qui s’empiffrent de gâteau. L’année dernière, les bénéfices des sociétés belges cotées au Bel20 ont augmenté de 7 milliards d’euros pour atteindre 21 milliards d’euros. L’argent ne manque pas pour un travail agréable et une pension d’au moins 1500 euros par mois. Mais il faut se battre. Avec acharnement. Et arracher les moyens dont nous avons besoin.

    La manifestation pour des ‘‘pensions dignes prises à un âge décent’’ a démontré que la volonté de se battre est générale. Les grèves chez Lidl ont prouvé que la lutte paie. Poursuivre les actions et construire la voix politique de gauche la plus forte possible, voilà ce qui compte maintenant.

    Il est même possible d’organiser méticuleusement des actions par provinces avant les élections communales, en direction d’une journée d’action nationale à l’automne. Si la gauche conséquente réalise une percée remarquable aux élections locales, cela augmentera encore la pression. Pour faire respecter nos revendications, il n’y a pas d’autre voie que la lutte pour construire une société où la production sera orientée vers les besoins de la grande majorité de la population et non vers les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent richement leurs représentants politiques pour services rendus.

  • Le grand vol des pensions

    Comment les capitalistes volent-ils nos salaires différés

    Le spécialiste des pensions du PTB, Kim De Witte, a publié en néerlandais ‘‘De Grote Pensioenroof’’ (le grand vol de nos pensions), un livre qui défend, preuves à l’appui, que nos pensions sont tout à fait payables et nous arme de nombreuses données chiffrées. L’instrument est utile pour sensibiliser nos collègues quant à l’impact des attaques contre nos pensions et les mobiliser pour la manifestation du 16 mai et ensuite.

    Par un militant de la CGSP-Cheminots

    Dans sa préface, Jonas Geirnaert souligne que la prospérité n’a jamais été aussi grande. Cela rend absurde l’argument selon lequel nos pensions seraient impayables. Le problème, c’est la répartition inéquitable de la richesse. Il enterre cette idée fausse qu’il est inévitable de devoir travailler plus longtemps. Il conclut en défendant une approche qui repose sur les besoins et non les profits.

    Kim De Witte affirme qu’il existe une ligne rouge entre néolibéralisme et humanisme. Curieusement, il ne parle pas de la ligne de démarcation entre travail et capital, ce qui peut aussi expliquer pourquoi il n’est pas fait mention de la classe ouvrière ou du socialisme. Il préconise toutefois l’organisation du travail en fonction des besoins et l’utilisation des gains de productivité pour réduire le temps de travail. Mais cela n’est pas contextualisé dans la lutte de la classe ouvrière contre le capital.

    Kim De Witte a raison de dénoncer le manque de débat sérieux concernant les pensions. Aucun des partis ne s’est présenté aux élections en défendant l’augmentation de l’âge de la pension. Le relèvement de l’âge de la pension va de pair avec une attaque contre la retraite anticipée. Dorénavant, cela ne sera possible qu’à partir de 63 ans et après 42 ans de carrière. Cela exclut de facto les trois quarts des femmes et le quart des hommes, en partie en raison du travail à temps partiel. Pour ceux qui travaillent moins de 104 jours par an, seule la moitié d’une année compte dans le calcul de la durée de leur carrière.

    Allemagne et Autriche

    En Allemagne, la pension légale est en chute libre depuis les gouvernements rouge-vert de Schröder (1998-2005). Avant cela, elle le montant s’élevait à 70% du revenu moyen, et on s’attend à ce qu’il ne soit plus question que de 4% d’ici 2020. Les gens sont poussés vers le deuxième pilier subventionné (les fonds de pension) et le troisième pilier (les formes personnelles d’épargne-pension). Kim De Witte souligne les liens étroits entre le monde politique et le secteur des assurances. Maschmeyer, le patron d’AWD, par exemple, a financé la campagne électorale de Schröder.

    Les caisses de retraite représentent un marché d’un milliard d’euros. Il existe maintenant 16 millions de plans de retraite individuels facultatifs privés (Riester Rente). Entre 2002 et 2016, le gouvernement a subventionné ce projet à hauteur de 34,8 milliards d’euros et, d’ici 2020, ce montant passera à 50 milliards d’euros. Le système public de Sécurité sociale est pillé, et l’épargne-pension ne compense pas cette perte. Les fonds de pension ont également un problème de rentabilité pour les épargnants : le rendement garanti est passé de 4% à 1,75%. Ce faible rendement s’explique en partie en raison des coûts élevés pour les assureurs, qui représentent jusqu’à la moitié des cotisations. C’est presque mieux de mettre son argent dans un bas de laine…

    Pour les retraités ordinaires, la situation est souvent désastreuse : le minimum vital ne se monte qu’à 787 euros par mois. Près d’un quart d’entre eux travaillent dans des secteurs à bas salaires, ce qui se traduit également par des retraites médiocres. La forte tendance à l’individualisation et à la privatisation des retraites allemandes ne fait qu’exacerber les problèmes.

    L’exemple allemand contraste fortement avec l’autrichien. Il y existe toujours une forte pension légale. En moyenne, un Autrichien touche une pension de 1.820 euros, contre 1.050 euros pour un Allemand. Pour les femmes, cela représente 1.220 et 590 euros.

    En 2003, le gouvernement Schüssel des démocrates-chrétiens et de l’extrême droite voulait abolir la retraite anticipée, réduire la pension légale de 38% et pousser les gens vers les assurances privées. Cela a conduit à une résistance massive. Une journée d’action réunissant 300.000 participants (assemblées générales dans les entreprises, blocage des rues, manifestations locales, etc.) a été suivie d’une manifestation nationale et d’une grève générale avec 1 million de participants, la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale. Le mouvement de masse a stoppé l’essentiel de l’attaque. L’extrême droite a ensuite été électoralement punie : le FPÖ de Jörg Haider s’est scindé en deux et, en 2006, il n’atteignait que 4,1%.

    Des revendications offensives

    Kim De Witte développe quelques revendications offensives : redescendre l’âge de la retraite à 65 ans, la retraite anticipée à 60 ans après 35 ans de carrière, la retraite anticipée à 58 ans pour les professions lourdes ou pour les carrières de 40 ans, une pension minimale équivalente à 75% du salaire moyen, une pension minimale de 1.500 euros (après 40 ans de carrière) et maximale de 3.000 euros,… De Witte plaide en faveur d’une réduction du temps de travail et de l’inclusion complète des (anciennes) périodes équivalentes.

    Pour financer tout cela, il propose également d’arrêter et d’inverser partiellement la réduction des cotisations patronales de 16 milliards d’euros par an. À ce stade, De Witte est très prudent, mais il serait logique de subventionner entièrement l’emploi par le biais des services publics et des secteurs clés de l’économie nationalisée.

    Comment assurer cela ? Kim De Witte fait référence à l’opposition en Autriche en 2003 et à celle des syndicats polonais contre le relèvement de l’âge de la retraite. Il faut se battre, c’est évident. Toutefois, il n’est pas fait mention de la nécessité d’un plan d’action similaire à celui de 2014 en Belgique. Il aurait pu aborder cette question cruciale plus en détail. Le livre se termine par une belle citation du poète belge Willem Elsschot : ‘‘il n’y a pas de tigre qui puisse résister aux fourmis’’. Les fourmis ont effectivement la force du nombre, mais ce n’est rien sans organisation.

    Il s’agit d’un travail bien réalisé qui montre que les pensions sont abordables et qui sape l’argumentaire qui vise à nous faire travailler plus longtemps.

    Malheureusement, les attaques contre les pensions des fonctionnaires statutaires ne sont traitées que très brièvement. Les systèmes de bonus préférentiels et leur impact sur l’âge et le montant de la retraite ne sont pas mentionnés. La principale limite du livre est qu’il n’aborde pas la nécessité d’une rupture avec le capitalisme. Dans ce système, les pensions viables ne seront jamais payables, car, après tout, cela entre en conflit avec les profits des capitalistes. Même des pas prudents vers plus de réalisations, comme en Autriche, où le démantèlement des retraites a été encore plus ralenti, sont inacceptables dans la logique du profit.

  • Pensions. Après une manifestation aussi massive, n’en restons pas là !

    La manifestation d’aujourd’hui pour des “pensions décentes prises à un âge digne” était impressionnante ! En bon nombre d’endroits, le taux de participation parmi les travailleurs était aussi élevé qu’en 2014 lorsque, grâce à un plan d’action qui avait monté en puissance jusqu’à la grève générale nationale du 15 décembre, nous avons ressenti qu’il était bel et bien possible de stopper ce gouvernement de droite. Sentiment plus que justifié. Les actions ont toutefois été freinées après le succès de la grève générale nationale. Cette fois-ci, avec une présence de quelque 80.000 personnes, nous étions environ deux fois plus nombreux qu’en décembre dernier ! C’est clair, ce n’est pas la volonté d’entrer en action qui manque !

    La manifestation a rassemblé des travailleurs de différents secteurs, des personnes âgées et un nombre remarquablement élevé de jeunes. La colère à l’égard des mesures contre nos fins de carrière est très grande : l’augmentation de l’âge de la pension n’a pas encore été digérée. La pression constante et grandissante de la charge de travail rend impossible à de nombreuses personnes d’imaginer travailler jusqu’à l’âge de 67 ans. Le gouvernement s’est empressé de relever l’âge de la pension, mais il ne fait pas preuve de grande précipitation pour les métiers lourds !

    En outre, le gouvernement se prépare à lancer une autre offensive avec le système des pensions à points. La valeur de ces points ne serait déterminée qu’à la fin de la carrière, avec son lot de (mauvaises) surprises. A la radio, un des manifestants a comparé le principe aux scores de foot depuis l’introduction des playoffs : en milieu de saison, les règles du jeu sont modifiées et la valeur des points déjà gagnés diminue.

    Les attaques contre nos pensions suscitent une colère particulièrement grande et largement répandue. A côté des dizaines de milliers de manifestants qui ont défilé aujourd’hui à Bruxelles, des centaines d’autres sont inquiets. Y compris parmi ceux qui d’habitude se laissent prendre à la propagande du gouvernement et de la droite, certainement du côté néerlandophone où Francken, De Wever, Jambon et co semblent disposer d’un monopole médiatique. La politique de division néolibérale (sur base du racisme, etc.) peut bien avoir un effet, mais la N-VA peine à faire avaler ses projets sur les pensions. Plus tôt cette année, un sondage a révélé que 92% de la population ne s’imagine pas travailler jusqu’à 67 ans. C’est un problème pour Charles Michel et sa bande.

    Comment transformer ce large soutien à la résistance en faveur de nos pensions en une force capable d’arracher des victoires ? C’était la question centrale aujourd’hui. Dans notre tract, nous avions défendu : “En cas de forte participation, tout restera possible, mais seulement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.”

    Et, plus loin : “Le potentiel existe pour un puissant mouvement, non seulement en ce qui concerne les pensions, mais aussi contre la charge de travail insoutenable, comme en témoignent la victoire des grèves spontanées chez Lidl ou les grèves chez B-Post, Brussels Airlines, les fonctionnaires fédéraux et d’autres. La pleine réalisation de ce potentiel exige une préparation minutieuse à tous les niveaux.”

    “Les dirigeants syndicaux savent aussi bien que nous que l’obtention de ces revendications nécessite une majorité de gauche prête à rompre avec la politique d’austérité permanente de ces gouvernements et des gouvernements précédents et qui nous est imposée par l’Europe. Pour prendre ces revendications au sérieux, les syndicats doivent soutenir activement les partenaires qui veulent les traduire politiquement et rompre les liens entretenus avec ceux qui ne sont pas prêts à le faire. Cependant, pour consolider ces revendications, il nous faut également une société qui produit pour les besoins de la grande majorité de la population et non pour les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent généreusement leurs représentants politiques pour services rendus.”

    Reportage-photos de Nico

    Manifestation pour nos pensions - 16 mai

    Reportage-photos de Mario

    Pensioenbetoging - manif pensions // photos de Mario

    Reportage-photos de Wilfried

    Pensioenbetoging - manif pensions // foto's door Wilfried

    Pensioenbetoging - manif pensions // foto's door Walter

  • Combattre la réforme des pensions et l’ensemble des mesures d’austérité, c’est combattre le sexisme!

    Tous les politiciens ont beau se qualifier eux-mêmes de “féministes”, ils n’éprouvent aucun scrupule à pousser toujours plus de femmes dans la précarité et l’insécurité. 58% des pensionnées vivent déjà avec moins de 1000€ par mois et cela va largement s’aggraver avec les mesures du gouvernement ! Les services adéquats manquent de plus cruellement pour aider nos aînés (entre autres). Ce travail retombe sur le dos des familles, tout particulièrement des femmes. Celles-ci sont ainsi poussées à diminuer leur temps de travail pour parvenir à jongler avec leurs différentes responsabilités. Cela limite leurs revenus, leurs droits sociaux et bientôt aussi, encore plus largement, leurs pensions. Ce cercle vicieux, nous devons le briser par une lutte menées toutes et tous ensemble !

    Tract de la Campagne ROSA à destination de la manifestation pour nos pensions de ce 16 mai

    Pour combattre le sexisme et l’oppression des femmes, il ne suffit pas de grandes déclarations ou d’avoir suffisamment de femmes sur ses listes électorales. L’écart moyen entre les pensions des femmes et des hommes est de 34 %. Lutter pour de meilleures conditions de vie, c’est assurer la base matérielle nécessaire à l’émancipation des femmes. Que les politiciens arrêtent de donner des cadeaux aux multinationales et aillent chercher l’argent là où il est ! Il y aurait alors bien assez d’argent pour les services publics et des pensions décentes pour toutes et tous !

    Pour des campagnes de syndicalisation des femmes

    Un “One shot” ne sera clairement pas suffisant. Il est essentiel de construire un plan d’action afin d’arrêter les projets austéritaires du gouvernement avec des réunions du personnel, des concentrations syndicales, davantage de manifestations et, surtout, des grèves régionales et nationales, comme en 2014. Suspendre la lutte sociale dans l’espoir que le gouvernement soit puni lors des élections est une stratégie dangereuse et contre-productive.

    Les femmes ont un rôle crucial à jouer dans ces mobilisations. Elles doivent activement y prendre part et dénoncer l’hypocrisie du gouvernement afin de construire un mouvement combatif qui pourra imposer ses revendications. Mais pour cela, on a besoin d’être organisée ! C’est pourquoi la campagne ROSA encourage les campagnes de syndicalisation des femmes. C’est essentiel pour construire un mouvement fort et uni, certainement dans les secteurs où elles sont majoritaires, bien souvent des secteurs précaires.

    Toi aussi, syndique-toi et encourage tes collègues à faire de même !

    Les travailleuses et travailleurs de Lidl nous prouvent que la lutte paye

    Nous ne pouvons stopper ces attaques et obtenir de nouvelles victoires qu’en luttant ensemble et en poussant les directions syndicales à organiser la riposte. Les travailleuses et travailleurs de Lidl ont fait grève fin avril pour des conditions de travail décentes. La grève a été initiée depuis la base malgré les fortes pressions exercées par la direction. Jamais auparavant Lidl n’a connu une grève à une telle échelle. Résultat : la lutte paye ! Les grévistes ont obtenu 42 heures supplémentaires par semaine par magasin.

    Cette victoire doit être saisie comme exemple pour en entrainer d’autres. Comme dans bon nombre de secteurs majoritairement féminins, presque personne n’a un contrat à temps plein chez Lidl. Les conséquences sur les pensions seront désastreuses si le projet du gouvernement passe. Il est nécessaire de poursuivre la lutte.

    Tu souhaites organiser une réunion avec des collègues pour partager l’expérience de Lidl ou d’autres luttes, pour réfléchir à la manière de favoriser l’implication des femmes dans les luttes et pour discuter de la suite à donner à cette journée ?

    Contacte-nous ! ROSA se veut un outil de lutte pour toutes celles et ceux qui souhaitent combattre le sexisme et l’austérité. Rejoins-nous !

    Cette campagne a été initiée par le PSL (Parti Socialiste de Lutte). Elle souhaite promouvoir et organiser des événements, des actions et des campagnes d’information contre le sexisme, l’austérité et le système qui les entretient : le capitalisme. Nous voulons défendre la solidarité comme outil de lutte.

    contact@campagneROSA.be – CampagneROSA.be – 0474 35 30 36 (Emily)

  • Après la manif, poursuivons avec un vrai plan d’action !

    Photo : Socialisme.be

    Aujourd’hui, la participation sera scrutée à la loupe. C’est aussi ici et maintenant que sera déterminé le rapport de forces entre les travailleurs et leurs syndicats d’une part et les patrons et leur gouvernement de l’autre. Une participation modérée ou faible rendra plus difficile l’application de “pensions décentes prises à un âge digne”. En cas de forte participation, tout restera possible, mais seulement si nous n’en restons pas là et continuons avec un plan d’action sérieux.

    Tract du PSL qui sera distribué à la manifestation en défense de nos pensions de ce 16 mai

    Avant même que cette manifestation ne soit terminée, son ampleur sera contestée. Le gouvernement et le patronat minimiseront la participation. Les médias se concentreront sur les embouteillages. Quant aux chiffres de la police, ils auront été décidés avant même que nous arrivions à Bruxelles. Aucun effort ne sera négligé pour saper la résistance au démantèlement des pensions.

    Nous sommes néanmoins confiants que nous serons très nombreux. Le journal des pensions, tiré à plus d’un million d’exemplaires, fut une merveilleuse initiative ! Malheureusement, aucune formation syndicale spécifique, aucune concentration et aucune assemblée du personnel n’y a été couplée. Les inquiétudes sont pourtant nombreuses concernant nos pensions et, cette fois-ci, les syndicats agissent ensemble. Chacun présent aujourd’hui connaît des collègues qui auraient aimé être là, mais qui en ont été empêchés par une maladie, un congé ou quoi que ce soit d’autre. De plus, derrière chaque manifestant, il y en a des douzaines d’autres qui sont d’accord avec nous mais qui, pour une raison quelconque, ne manifestent pas (encore) à nos côtés.

    Notre travail ne sera pas terminé après cette manifestation. Même avec une participation massive, le gouvernement, le patronat et leurs médias-amis nous bombarderont de propagande gouvernementale afin de renverser la pression. Nous ne pouvons pas rester sans réagir. Nous ne serons que peu – voire pas du tout – écoutés dans les médias, mais sur notre terrain, au travail, à la porte des entreprises, aux cantines ou au cours d’assemblées du personnel, nous pouvons nous-mêmes rendre compte de la manifestation et de la manière dont nous pensons que les choses doivent se poursuivre. Les syndicats peuvent nous soutenir avec un nouveau mot d’ordre et un tract de masse.

    Si nous sommes vraiment nombreux, le gouvernement essayera d’apaiser les dirigeants syndicaux avec de petites concessions sur certaines périodes assimilées ou en augmentant légèrement le montant pour les professions lourdes. Ne nous laissons pas piéger. Le gouvernement et les patrons craignent surtout une réédition du plan d’action de 2014, avec réunions du personnel, concentrations syndicales, davantage de manifestations et, surtout, des grèves régionales et nationales. Cela avait fait vaciller le gouvernement en décembre 2014, mais les dirigeants syndicaux ont malheureusement reculé ensuite. L’espoir que le gouvernement se tempère s’est avéré n’être qu’une illusion. Depuis lors, nous avons dû avaler des mesures antisociales les unes après les autres. Les élections représentent un moment important, mais suspendre la lutte sociale en croyant que le gouvernement sera puni dans les urnes est une stratégie dangereuse et contre-productive.

    Les mesures gouvernementales signifient essentiellement devoir travailler de plus en plus longtemps pour des pensions encore plus basses que les actuelles, déjà parmi les plus modestes d’Europe. Par conséquent, un tiers des pensionnés vivent sous le seuil de pauvreté. Le gouvernement belge dépense proportionnellement moins pour les pensions que ceux des pays voisins. Même si l’ensemble du programme des syndicats devait être mis en œuvre, la Belgique dépenserait toujours proportionnellement moins pour les pensions que la France ou l’Autriche par exemple. L’augmentation des profits des entreprises de l’an dernier suffit à elle seule à payer la totalité du programme des syndicats sur les pensions.

    Le potentiel existe pour un puissant mouvement, non seulement en ce qui concerne les pensions, mais aussi contre la charge de travail insoutenable, comme en témoignent la victoire des grèves spontanées chez Lidl ou les grèves chez B-Post, Brussels Airlines, les fonctionnaires fédéraux et d’autres. La pleine réalisation de ce potentiel exige une préparation minutieuse à tous les niveaux.

    Ce que veulent les syndicats :

    1. Le retour à l’âge légal de la pension à 65 ans ;
    2. Un régime solide et juste pour les métiers lourds et le travail pénible ;
    3. 1.500 € de pension garantie ;
    4. De meilleures pensions légales : 75 % du salaire moyen (au lieu de 60 % actuellement) ;
    5. L’alignement du plafond de calcul des salariés sur celui des indépendants ;
    6. Une meilleure prise en compte du travail à temps partiel pour la pension ;
    7. La liaison automatique des allocations au bien-être.

    Les dirigeants syndicaux savent aussi bien que nous que l’obtention de ces revendications nécessite une majorité de gauche prête à rompre avec la politique d’austérité permanente de ces gouvernements et des gouvernements précédents et qui nous est imposée par l’Europe. Pour prendre ces revendications au sérieux, les syndicats doivent soutenir activement les partenaires qui veulent les traduire politiquement et rompre les liens entretenus avec ceux qui ne sont pas prêts à le faire. Cependant, pour consolider ces revendications, il nous faut également une société qui produit pour les besoins de la grande majorité de la population et non pour les profits d’une poignée de capitalistes qui récompensent généreusement leurs représentants politiques pour services rendus.

0
    0
    Your Cart
    Your cart is emptyReturn to Shop