Tag: Pensions

  • Travailler plus longtemps pour moins de pension, a fortiori quand on est une femme

    En 2014, l’accord de gouvernement stipulait que : « La meilleure prise en compte du genre dans lemploi sera une des pierres angulaires du gouvernement. Ce dernier accordera une attention particulie?re en matie?re d’e?cart salarial, de conciliation vie prive?e/vie professionnelle, de lutte contre le plafond de verre et plus globalement sur la se?gre?gation tant verticale quhorizontale du marche? de lemploi. ». Pourtant, depuis son entrée au pouvoir, les attaques déferlent sur les travailleurs et touchent particulièrement les femmes. La réforme des pensions ne fait, à nouveau, pas exception.

    Article tir du site de la campagne ROSA

    Contrairement à l’idée diffusée par les politiciens, le niveau des pensions en Belgique est parmi le plus bas d’Europe (selon l’OCDE). Dans notre pays, une étude d’Enéo (mouvement social des aînés) montre que 4 pensionnés sur 10 vivent sous le seuil de pauvreté. Et deux-tiers d’entre eux sont des femmes. La pension des femmes est également en moyenne 26 % inférieure à celle des hommes [1].

    Cet écart existe pour les mêmes raisons qu’existe l’écart salarial : les femmes sont souvent cantonnées dans des secteurs et des emplois moins rémunérateurs que les hommes, elles sont majoritaires dans les emplois à temps partiel et ce sont, le plus souvent, elles qui interrompent leur carrière pour s’occuper de la famille. Et cela ne va pas s’arranger avec l’augmentation des emplois précaires et le démantèlement des services publics.

    Toutes ces entraves à l’obtention d’une carrière complète et à une pension décente sont encore renforcées par la réforme des pensions en cours. En effet, après avoir relevé l’âge légal de la pension à 67 ans, le gouvernement s’attaque aujourd’hui aux méthodes de calcul des montants de pensions et de durée de carrière. Il ne s’agit pas – comme ils le disent – d’augmenter la pension de ceux qui voudraient travailler plus longtemps mais bien de faire des économies en s’attaquant à ceux qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts. Et ce n’est pas fini. Le ministre des pensions, Daniel Bacquelaine, a encore plusieurs réformes à mettre sur la table avant la fin de la législature : discussion sur les métiers pénibles, pension à temps partielle, les pensions à point, …

    Qu’est-ce que ces réformes signifient pour les femmes ?

    La réforme des pensions comprend de nombreuses mesures, qui semblent souvent très techniques. Nous abordons ici celles qui nous semblent aujourd’hui les plus dangereuses, notamment pour les femmes.

    La limitation des périodes assimilées

    Les périodes assimilées sont des périodes d’inactivité (maladie, chômage involontaire, crédit-temps, …) qui sont tout de même comptabilisées pour la constitution de la pension. Au départ, ces périodes permettaient de constituer un droit de pension sur base du dernier salaire perçu. Mais les réformes des différents gouvernements – y compris le gouvernement Di Rupo – ont limité de plus en plus cet acquis. Pour certaines de ces périodes, ce n’est plus le dernier salaire qui est pris en compte mais un salaire minimum (« droit minimum »), ce qui diminue le montant de la pension. Et le gouvernement actuel est allé encore plus loin. Sous prétexte de « valoriser davantage les années de travail », le gouvernement a décidé de ne plus du tout comptabiliser certaines de ces périodes et d’étendre à d’autres périodes l’utilisation du droit minimum.

    Ainsi, le travail à temps partiel est pris aujourd’hui en compte seulement au minimum dans le calcul de la retraite. L’indemnité complémentaire perçue par les travailleurs à temps partiels non volontaires – déjà diminuée par le gouvernement – ne donne plus un droit complet mais seulement à un droit minimum à la pension. Or, chacun sait que les femmes occupent majoritairement les emplois à temps partiel : 66% des 1,9 million de contrats à temps partiel sont occupés par des femmes pour 34% des 2,3 millions de contrats à temps plein[2]. De même, après 1 an de chômage, les droits à la pension ne se calculent là non plus sur base du dernier salaire mais à nouveau sur base d’un droit minimum. Or, 2 ans avant leur pension, la moitié des assimilations pour les femmes correspondent à des périodes de chômage (chiffres FGTB). Tout cela signifie en clair une diminution des montants des pensions.

    C’est une attaque qui touche fortement les pensions – déjà maigres – des femmes. En effet, pour les raisons évoquées ci-dessus, la carrière des femmes est moins constante et linéaire que celle des hommes et compte, en moyenne, plus de périodes assimilées. Leur carrière est en moyenne de 36,6 ans, dont 37 % en sont assimilés. Alors que pour les hommes, la moyenne est de 42,2 ans, dont 30 % en sont assimilés (chiffres FGTB). Obtenir une pension décente devient donc encore plus difficile. La réforme des pensions propose un système à partir duquel les pensions sont calculées sur un modèle de « carrière masculine », c’est-à-dire un travail à temps plein et sans interruption. Et cela nuit particulièrement aux femmes qui sont massivement présentes dans les emplois à temps partiels et bénéficiaires des allocations de chômage.

    La difficulté d’alléger sa fin de carrière

    Après s’être attaqué à l’âge légal de la pension et à la retraite anticipée, le gouvernement Michel s’en prend aux aménagements de fin de carrière. En 2015, ils ont décidé de monter l’âge de la retraite de 65 ans à 67 ans et de durcir l’accès à la pension anticipée. En effet, à partir de 2019, nous ne pourrons en bénéficier (à partir de 63 ans) qu’à la condition d’avoir une carrière de 42 ans, ce que la plupart des femmes n’atteignent pas. Les conditions d’accès aux emplois de fin de carrière sont également plus difficiles. Il était avant possible pour une personne de 55 ans de travailler mi-temps ou 4/5ème-temps sans que cela n’ait de trop grands impacts sur la pension. Mais le gouvernement ne permet aujourd’hui cela qu’à partir de 60 ans (sinon notre pension diminue). L’étape suivante est l’introduction de la pension à temps partiel dont l’objectif clair et avoué est de « maintenir les gens le plus longtemps possible au travail ». Les femmes qui, pour la majorité, peinent déjà à atteindre une carrière suffisamment longue pour avoir une pension décente et ne pas vivre sous le seuil de pauvreté, auront encore plus de difficultés à alléger leur fin de carrière.

    L’attaque sur les pensions dans les services publics

    Elle aussi est en ligne de mire sous prétexte d’harmonisation des différents systèmes. Une fois de plus, il s’agira d’une harmonisation vers le bas, dans un secteur où les salaires inférieurs au secteur privé étaient compensés par de bonnes pensions. Les femmes sont ici encore particulièrement impactées puisqu’elles sont largement majoritaires à travailler dans les secteurs publics.

    La perte du pouvoir d’achat chez les retraités

    Le relèvement du montant de la pension minimale qui aurait pu passer pour une bonne nouvelle n’a bénéficié qu’aux travailleurs ayant une carrière complète. Alors que les femmes sont les plus nombreuses à toucher une pension minimum, elles n’atteignent que rarement les 45 ans de carrière demandés pour bénéficier de cette mesure. Elles ne sont que 40% à pouvoir bénéficier de cette augmentation contre 60% des hommes.

    Et pourtant la situation aujourd’hui est déjà catastrophique. Le coût de la vie augmente, y compris pour les pensionnés. Et les revenus ne suivent pas. Selon Eneo, 58% des femmes ont une pension inférieure à 1000€ (et 32% des hommes). Et si la pension moyenne est de 1200€, l’inscription en maison de repos atteint facilement 1400€ à 1500€.

    A cela s’ajoute, un relèvement de l’âge minimum pour pouvoir bénéficier de la pension de survie (octroyée au conjoint survivant) à 50 ans en 2025 et 55 ans en 2030. Les femmes représentent 98,49 % des bénéficiaires de cette pension.

    L’introduction de la pension à points

    La prochaine grande réforme prévue par le gouvernement est une modification du système de calcul des pensions : le fameux système de pension à points. L’objectif est de « contenir l’augmentation du coût des pensions en fixant annuellement pour les travailleurs admis à la retraite cette année-là la valeur du point. »[3] Ce système plongera les futures pensionnées dans l’insécurité complète sachant que la valeur des points pourra fluctuer en fonction de la conjoncture économique et démographique et qu’il sera impossible de se projeter ne serait-ce qu’à moyen terme, la valeur des points étant communiquée pour ainsi dire à la veille de la pension. Et Eneo ajoute :« Outre l’incertitude qui en résulte pour le travailleur, il y a là une tentation pour les gouvernements de peser sur la valeur du point et ainsi d’ajuster, à la baisse les pensions. »[4]

    Combattre l’austérité pour combattre le sexisme !

    L’objectif de la réforme est clair : le démantèlement du système solidaire formé par le « 1er pilier de pension ». Le gouvernement considère la pension légale (1er pilier) comme une protection minimale et non comme un droit à une pension décente acquis sur base de salaire différé. En parallèle, il stimule les « 2ème et 3ème pilier des pensions », qui transfèrent au niveau individuel la responsabilité de se constituer une pension suffisante. En pratique, le gouvernement organise avec sa réforme une précarité généralisée des futurs pensionnés et casse des le système de solidarité.

    Alors que tous les politiciens se présentent comme de « grands féministes », ils n’ont aucun scrupule à pousser de plus en plus de femmes dans la précarité et l’insécurité. Celles-ci sont déjà surreprésentées dans les petites pensions. Aujourd’hui déjà 75% des personnes âgées ne peuvent pas payer seules les frais d’une maison de repos. De nombreuses familles doivent prendre en charge la totalité des soins pour les enfants, les personnes âgées, handicapées, … sans aide ni service adéquat. Un travail qui, la plupart du temps, retombe au sein des familles sur les épaules des femmes. Ces situations poussent de nombreuses femmes à chercher des emplois à temps partiels afin de combiner leurs différentes responsabilités. Mais cela limite leur revenu, leurs droits sociaux ainsi que leur accès à une pension complète …

    Mais pour combattre le sexisme et l’oppression des femmes, il ne suffit pas de grandes déclarations ou d’avoir suffisamment de femmes sur ses listes électorales. Il est essentiel de lutter pour de meilleures conditions de vie afin d’assurer la base matérielle essentielle à l’émancipation des femmes. Et  l’argent existe. Si les politiciens arrêtent leurs cadeaux aux multinationales et cherche l’argent là où il est, il y aurait assez d’argent pour refinancer les services publics et des pensions décentes pour toutes et tous. Le choix du gouvernement est clair : s’attaquer aux conditions de vie et de travail des 99% de la population et protéger les richesses des plus riches.

    Nous revendiquons une pension juste pour toutes et tous

    • Les pensions minimum doivent être relevées à au moins € 1.500 bruts par mois
    • Il faut porter les pensions du secteur privé à 75% du salaire moyen
    • Ne pas toucher aux pensions du secteur public ni aux périodes assimilées
    • La pension doit revenir à 65 ans
    • Les droits doivent être individualisés de manière à permettre une indépendance financière des femmes
    • Des services publics de qualité accessibles à toutes et à tous sont indispensables

    La lutte ne fait que commencer

    Ce 19 décembre 2017, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour dénoncer cette réforme des pensions. Ce n’est qu’un début, il est essentiel de construire un plan d’action afin d’arrêter effectivement les plans du gouvernement. Et les femmes doivent également jouer un rôle important à jouer dans ces mobilisations. Il est nécessaire qu’elles participent activement à ces luttes et dénoncent l’hypocrisie du gouvernement afin de construire un mouvement combatif qui pourra imposer ses revendications.

     La campagne ROSA soutient également des campagnes de syndicalisation de femmes. C’est essentiel pour construire un mouvement fort et uni, certainement dans les secteurs où elles sont majoritaires. Que ce soit dans les grandes institutions/entreprises ou dans les « petites structures » (moins de 50 travailleurs), nous ne pouvons stopper ces attaques et obtenir de nouvelles victoires qu’en luttant ensemble et en poussant les directions syndicales à organiser la riposte. Syndiques toi et défends tes droits !

    Sources :

    • « Femmes et hommes sont-ils égaux ? En 2017, l’écart salarial est encore de 20 % ! », FGTB, vu le 18/12/2017 sur http://www.fgtb.be/-/femmes-et-hommes-sont-ils-egaux-en-2017-l-ecart-salarial-est-encore-de-20-
    • « Nos pensions : trois piliers, trois régimes», Eneo, vu le 18/12/2017 sur http://www.eneo.be/analyses-2017/etudes-analyses/analyses/analyses-2017/nos-pensions-trois-piliers-trois-regimes.html
    • Pension: comprendre la réforme des périodes assimilées », L’écho, 7/12/2016
    • « Les périodes assimilées, victime des mesures visant à « valoriser » le travail pour le calcul de pension », Eneo, avril 2017
    • « La réforme des pensions: voici comment le gouvernement nous “retraite” », RTBF, 4/11/2016, vu sur https://www.rtbf.be/info/belgique/detail_la-reforme-des-pensions-voici-comment-le-gouvernement-nous-retraite?id=9447590
    • « Pensions : lourdes attaques sur les périodes assimilées », CEPAG, décembre 2016
    • « Pour le Conseil de l’égalité des chances, «la réforme des pensions discrimine les femmes» », Le soir, 24/11/2017
    • « Travailler plus longtemps pour une pension plus basse », FGTB Wallone, 2/10/2017
    • « Les réformes du ministre Bacquelaine : un retour en arrière », mars 2016, vu le 18/12/2017 sur https://bruxelles-hal-vilvoorde.csc-en-ligne.be/Images/160307-dossier-presse-pensions-tcm199-384293.pdf
    • « La pension minimale sera augmentée pour seulement 40 % des femmes », La Libre, 3/10/2016
    • « Nos pensions sont en danger, tant dans le secteur privé que dans les services publics ! », FGTB-ABVV, 30 juin 2017
    • « La FGTB réunit 600 déléguées et dénonce la politique du gouvernement «contre les femmes» », Sudinfo.be, 17/12/2017

    [1] « Femmes et hommes sont-ils égaux ? En 2017, l’écart salarial est encore de 20 % ! », FGTB, vu le 18/12/2017 sur http://www.fgtb.be/-/femmes-et-hommes-sont-ils-egaux-en-2017-l-ecart-salarial-est-encore-de-20-

    [2] « La FGTB réunit 600 déléguées et dénonce la politique du gouvernement «contre les femmes» », Sudinfo.be, 17/12/2017

    [3] « Nos pensions : trois piliers, trois régimes », Eneo, vu le 18/12/2017 sur http://www.eneo.be/analyses-2017/etudes-analyses/analyses/analyses-2017/nos-pensions-trois-piliers-trois-regimes.html

    [4] « Nos pensions : trois piliers, trois régimes », Eneo, vu le 18/12/2017 sur http://www.eneo.be/analyses-2017/etudes-analyses/analyses/analyses-2017/nos-pensions-trois-piliers-trois-regimes.html

  • Pension. Des dizaines de milliers de manifestants, des centaines de milliers de personnes en colère

    Au départ, il n’était question que d’une manifestation locale des sections bruxelloises des syndicats. Mais la colère face aux attaques contre nos pensions du gouvernement Michel a transformé l’initiative en manifestation nationale. Des dizaines de milliers de personnes ont pris part à la manifestation: peut-être 40.000 personnes. Mais le mécontentement va bien au-delà de cela. Le nombre de visites sur le site mypension.be en est une expression. Après le saut d’index, l’augmentation de l’âge de la retraite et de nombreuses autres mesures antisociales, la pire est encore à craindre de ce gouvernement.

    Le Premier ministre Michel et le ministre des pensions Bacquelaine (MR) se sont montrés condescendants vis-à-vis des manifestants en parlant de «désinformation», de «mensonges» et de «fake news» à cause des syndicats. Y a-t-il encore quelqu’un qui pense que quelque chose peut être obtenu pour les travailleurs ordinaires et leurs familles en négociant avec ce gouvernement ? Les syndicats ont expliqué ce que le gouvernement veut faire de nos pensions. Selon le gouvernement, les droits à la pension ne sont pas affectés, mais il veut économiser 305 millions au cours des deux prochaines années. Où cet argent sera-t-il obtenu si nos pensions ne sont pas touchées? Il est également confirmé que le calcul du montant de la pension sur mypension.be ne sera plus correct après l’introduction de la pension à points. Ce gouvernement veut que nous travaillions plus longtemps pour une pension plus petite après avoir déjà infligé une augmentation généralisée.

    Dans sa réaction, Michel a de nouveau fait allusion à la prétendue création de 170.000 emplois depuis le début de cette législature, mais il ne dit rien de la part d’emplois décents à plein temps dans ce domaine. Nous avons des emplois flexibles à temps partiel au lieu d’emplois permanents avec de bons salaires. Les nombreux incitatifs fiscaux pour obtenir ces 170 000 emplois auraient mieux été utilisés dans la fonction publique. Avec les mêmes moyens, beaucoup plus d’emplois auraient été été créés.

    Selon le gouvernement, les dirigeants syndicaux seraient des «menteurs». Les manifestants et tous les inquiets ne sont pas épargnés. Selon le premier ministre, nous n’avons pas bien compris. Il a déclaré qu’il allait faire plus d’efforts pour expliquer au public ce qui a été décidé. “De cette façon, les gens ne devraient plus s’inquiéter”, a-t-il ajouté.

    Beaucoup de gens sont inquiets. Ces dernières semaines, il a souvent été fait mention du coût d’un séjour en maison de repos : plus de 1600 euros par mois en moyenne, soit bien plus que la pension moyenne. Les retraites sont déjà bien faibles par rapport à celles des pays voisins. Pourtant, tout indique que le gouvernement veut l’abaisser davantage. L’arrogance et la condescendance de ce gouvernement ne disparaîtront que si son existence est menacée par la lutte sociale. Comme le disait notre tract: “Le gouvernement ne retirera la pension à points que s’il est menacé de chuter – Pour une opposition massive via un réel plan d’action”

    Photos de Walter et Liesbeth:
    Pensioenbetoging // Liesbeth en Walter

    Photos de Mario:
    Pensioenbetoging // Mario

  • Le gouvernement ne retirera la pension à points que s’il est menacé de chuter

    Manifestation du 21 novembre à Liège. Photo: socialisme.be

    Pour une opposition massive via un réel plan d’action

    Demain, nous serons une fois de plus des dizaines de milliers dans la rue. Nous représenterons les centaines de milliers de personnes qui ne se voient pas travailler jusque 67 ans et qui rejettent les attaques contre nos pensions. Cette offensive nous touche tous, les femmes en premier lieu. Cette manifestation n’est pas un but en soi, elle doit être le début d’une mobilisation plus générale, tous ensemble !

    Tract du PSL pour la manifestation du 19 décembre // Tract en version PDF

    La pension à points individualise nos droits : le niveau de notre pension ne sera déterminé qu’au dernier moment en fonction des possibilités budgétaires. Nous savons à quoi mène une politique qui plume la communauté pour faire des cadeaux fiscaux aux grandes entreprises et aux amateurs de paradis fiscaux : la misère ! Nous ne devons pas attendre de compassion envers les aînés de la part de ce gouvernement et de sa politique. Il suffit de voir le manque d’investissements dans les soins aux personnes âgées qui permet aux entreprises privées de réaliser de grands profits sur le dos du personnel et des usagers.

    Leurs arguments ne tiennent pas la route !

    Nous vivons plus vieux et devons donc travailler plus longtemps ? L’espérance de vie croît mais en moyenne, nous ne restons en bonne santé que jusqu’à 64 ans, avant d’atteindre l’âge de la pension fixé à 67 ans. Nous vivons plus vieux mais sommes aussi plus productifs. Entre 1995 et 2009, notre productivité a augmenté de 15%. Au cours des années précédentes, la productivité augmentait encore plus rapidement.

    Les pensions dans le secteur public sont trop élevées ? La pension moyenne légale en Belgique se monte à 1.100 euros par mois à peine. C’est largement en-dessous du coût du séjour dans une maison de retraite. Cela provoque la pauvreté parmi les personnes âgées. La pension des fonctionnaires est plus élevée : entre 1.500 et 1.700 euros par mois, soit dans la moyenne européenne. Ce n’est pas la pension des fonctionnaires qui est trop élevée, ce sont les pensions du secteur privé qui sont beaucoup trop basses pour mener une vie décente !

    Les pensions sont impayables ? Cela ne provient pas d’un changement fondamental dans la proportion actifs/inactifs. Cela vient du fait que la sécurité sociale est pillée au travers de cadeaux fiscaux aux grandes entreprises. Avec l’accord d’été, le gouvernement veut encore épargner 265 millions d’euros sur les pensions ! Il faut prendre l’argent là où il se trouve : les Paradise Papers ont montré que, mondialement, 7.900 milliards d’euros dorment dans les paradis fiscaux !

    L’enjeu de notre lutte : stopper la politique d’austérité !

    Ce gouvernement poursuit ses attaques antisociales, nous ne pouvons postposer la lutte jusqu’aux prochaines élections. Une grève générale en février est nécessaire mais doit être bien préparée et ne doit pas être une occasion sans lendemain d’exprimer notre opposition servant uniquement à évacuer la pression.

    Comment préparer une grève générale ? Un programme combattif répondant aux nombreux besoins sociaux peut aider à convaincre les collègues. Le manque d’effectifs frappe presque chaque secteur tandis que les infrastructures sont sous-financées (le problème reste entier même sans jour de neige !), que la charge de travail est intenable, que le droit de grève est attaqué,… Nous avons des solutions : un plan massif d’investissements publics dans l’enseignement, les soins et l’infrastructure ; une réduction du temps de travail sans perte de salaire et avec embauche compensatoire ; un salaire minimum de 15 euros de l’heure et une pension minimum de 1.500 euros ; des emplois décents et sûrs plutôt qu’une hyper-flexibilisation et un retour au salaire à la pièce, etc. ; et prendre l’argent où il se trouve pour financer tout ça. Une vaste campagne d’information par l’action populariserait ces revendications. Cela exige la plus large implication possible sur le terrain, via des assemblées du personnel où parler de la politique gouvernementale et de notre riposte, mais aussi de la préparation des actions, en les soumettant au vote.

    Le plan d’action de fin 2014 a fait vaciller le gouvernement. L’arrêt de ces actions a donné naissance à de la frustration et de la méfiance parmi la base. Il faut de la clarté sur l’enjeu d’une grève générale en février : le lancement d’actions soutenues en vue de mettre fin au gouvernement de droite et à la politique d’austérité.

    Les ‘‘partenaires politiques traditionnels’’ ont baissé les bras. Le ‘‘visage social’’ du CD&V est invisible, ‘‘l’opposition” du PS et du SP.a peu crédible. Heureusement, il y a la percée du PTB dans les sondages. L’appel à des coalitions progressistes ne peut être un plaidoyer pour une ‘‘austérité light’’ mais doit être lié au retrait complet de toutes les mesures antisociales de Michel. On ne répondra pas aux besoins sociaux sans un changement radical de société, sans une société socialiste démocratique. Une vaste campagne dans cet objectif avec la gauche radicale, les syndicats et les mouvements sociaux peut aider à sortir de l’impasse.

  • Bruxelles : Mobilisation syndicale contre la réforme des pensions

    CGSP_02Ce mardi 21 juin, quelques centaines de syndicalistes de la CGSP se sont réunis place Fontainas, devant les locaux de la centrale FGTB des services publics, pour se rendre ensuite vers les bureaux du ministre des pensions Daniel Bacquelaine (MR).

    Si les manifestants entendaient plus particulièrement dénoncer les projets du gouvernement Michel concernant les pensions, la colère des travailleurs est évidement dirigée contre toute la politique antisociale de ce gouvernement de droite dure.

    Prochain rendez-vous : la grève générale de ce vendredi 24 juin à l’appel de la FGTB nationale, rejointe par certaines centrales francophones de la CSC.

    Lire notre tract à ce sujet : La coupe est pleine ! Mobilisez avec nous pour la grève du 24 juin

  • Les pensions des fonctionnaires ne sont pas trop hautes : celles du privé sont trop basses!

    pensions_misereKris Peeters a certainement lu Machiavel qui, au 16e siècle déjà, conseillait aux politiciens de son époque de “ne jamais gaspiller l’opportunité offerte par une bonne crise”. Alors que la plupart des gens étaient encore sous le choc des attentats du 22 mars et se sentaient moins motivés par la lutte sociale, le gouvernement a abusé de la situation pour lancer une nouvelle batterie de mesures antisociales parmi lesquelles une nouvelle attaque contre les pensions des fonctionnaires.

    Par Tim (Bruxelles), article tiré de l’édition de mai de Lutte Socialiste 

    La Belgique fait partie du peloton de tête concernant les pensions les plus basses d’Europe. Une pension légale ne se monte qu’à peine à 1.100 € par mois, une somme insuffisante pour un niveau de vie décent, sans même parler du coût d’une maison de repos. Sans surprise, près d’un Belge de plus de 65 ans sur cinq vit sous le seuil de pauvreté (Le Vif, 27 mai 2015).

    Comme la presse nous l’a fait comprendre à plusieurs reprises ces dernières semaines, les pensions des fonctionnaires sont, en brut, plus élevées de mille euros. Mais il s’agit d’une moyenne dont le calcul inclut également les pensions très élevées des hauts fonctionnaires. Beaucoup de fonctionnaires ont de plus une carrière “mixte” qui combine des années dans la fonction publique et dans le privé, leur pension est donc plus basse. Tout ça est facilement oublié. La majorité des fonctionnaires en Belgique ne dispose que d’une pension comprise entre 1.500 € et 1.700 €, équivalente à la moyenne européenne. Ce ne sont pas les pensions des fonctionnaires qui sont trop élevées, ce sont celles du privé qui sont trop basses pour vivre humainement.

    Le gouvernement évite cette discussion et organise une chasse aux sorcières contre les prétendus “privilèges” des fonctionnaires, à l’instar des “tantièmes préférentiels” qui prennent en compte la pénibilité de la fonction pour obtenir une pension complète en moins de 40-45 années de carrière. Il veut aussi supprimer la “bonification de diplôme”, qui assure que les années d’études soient prises en compte dans le calcul de la pension dans certains cas. Dans le même élan, les mécanismes qui permettent aux fonctionnaires, qui ont d’abord travaillé comme contractuels avant de devenir statutaires, de ne pas être discriminés par rapport à leurs collègues statutaires sont aussi remis en question.

    Personne ne niera que la législation des pensions est très complexe, très certainement concernant les fonctionnaires. Cela provient des conditions spécifiques de travail des diverses catégories professionnelles. Les tantièmes préférentiels ou la bonification des diplômes existent essentiellement dans des professions où l’on accède à un âge plus avancé. Nombre de ces règles existaient également dans le secteur privé, mais elles ont disparu en conséquence de précédentes vagues de mesures austéritaires. Maintenant, le gouvernement veut finir le boulot.

    Le PSL défend une approche différente: chacun a droit à une pension décente indépendamment de la manière dont elle est calculée. Une pension de 1.500 € à 1.700 € par mois est un minimum. Nous nous opposons aux tentatives de diviser les différentes couches de la classe des travailleurs entre elles. Les syndicats doivent riposter par une campagne en faveur d’une pension décente pour tous et de l’extension des éléments positifs du statut de fonctionnaire aux autres travailleurs. Les Panama Papers, les chiffres de la grande fraude fiscale,… démontrent suffisamment clairement que les moyens existent pour que cela soit réalisé.

  • Rassemblement en défense de nos pensions

    Ce lundi 15 juin, quelques milliers de syndicalistes se sont réunis à l'Esplanade de l'Europe, près de la gare du Midi à Bruxelles, afin d'affirmer très clairement que, contrairement à ce que certains affirment, notre système de pensions reste finançable et que permettre à tous les travailleurs et travailleuses de terminer leur carrière en douceur, à un âge décent et de bénéficier d’une pension légale convenable n’a rien d’une utopie.

    Des syndicalistes rouges, verts et bleus étaient présents, mais ils ont hélas dû repartir sans grandes précisions concernant les suites de la lutte à mener contre l'austérité et le gouvernement Michel… Marc Goblet (FGTB) a bien fait référence à la manifestation nationale prévue pour le 7 octobre prochain et qui doit "avoir l'ampleur de celle du 6 novembre dernier" qui avait réuni entre 120 et 150.000 personnes. Cette mobilisation qui fut la plus grande manifestation syndicale depuis 1986 était la première étape du plan d'action qui a culminé avec la grève générale nationale du 15 décembre.

    L’avantage de ce premier plan d’action était qu’il était connu bien à l’avance et construit graduellement autour d’une bonne campagne d’information et de mobilisation vers une grève générale nationale d’ampleur historique. Un de ses points forts fut la (ré)émergence d’assemblées générales du personnel.

    Faisons un succès de la manifestation appelée pour le 7 octobre prochain!

    Une concentration de militants début septembre où du matériel de mobilisation et de sensibilisation serait massivement disponible permettrait de sérieusement construire l’élan vers cette étape d’une manifestation de masse nationale. Cette occasion serait également idéale pour annoncer la suite du plan d’action après la manifestation du 7 octobre, autour de l’outil essentiel pour faire chuter ce gouvernement des riches que constitue l’arme de la grève générale nationale.

    Photos : PSL-Liège

    Photos : Lisbeth (Anvers)

    Foto’s door Liesbeth:

  • Le gouvernement veut nous faire bosser jusqu’à tomber raides !

    pensions_imageLe fait que le chômage des jeunes soit en Belgique passé de 18 % en 2008, au début de la crise, à 24 % en 2013 (1), laisse les néolibéraux de marbre. Ils ne se sentent pas plus concernés par le fait que les travailleurs plus âgés connaissent des difficultés accrues leur causant maladies ou handicaps. En cinq ans, le nombre de travailleurs âgés (50 +) indisposés au travail a augmenté de 20 % (2). La précédente offensive contre les prépensions, connue sous le nom de ‘‘régime de chômage avec complément d’entreprise’’ (RCC) est à peine entrée en application que le gouvernement prépare déjà la suivante !

    Par Geert Cool, article tiré de l’édition d’avril de Lutte Socialiste

    La disponibilité ‘‘adaptée’’

    Le gouvernement trouve insuffisant l’accord entre partenaires sociaux destiné à limiter la disponibilité des prépensionnés sur le marché du travail à une disponibilité passive et uniquement pour ceux qui sont entrés dans le système RCC depuis le 1er janvier 2015 (et autres exceptions). Ça ne suffit pas d’avoir contraint les dirigeants syndicaux à devenir complices de cette attaque sur la prépension. L’accord des partenaires sociaux a été ravalé au rang ‘‘d’avis’’ qui peut être à tout moment balayé. La disponibilité ‘‘passive’’ est devenue disponibilité ‘‘adaptée’’.

    Le résultat est une mesure qui remet complètement en cause la prépension. Cela fait déjà quelques années que la N-VA réclame de complètement revenir sur le principe. En rendant les RCC disponibles (de manière ‘‘adaptée’’) sur le marché du travail, la prépension n’a pas été formellement supprimée, mais elle devient totalement inintéressante pour les travailleurs. La porte est ouverte pour des sanctions contre ceux qui ne chercheraient pas ‘‘activement’’ un emploi. Comme la pension est liée au dernier emploi occupé, cela signifie également des conséquences négatives sur ce terrain. Pourquoi donc partir plus tôt si c’est pour devoir accepter un moins bon emploi ensuite ?

    Le fait que même les patrons aient eu beaucoup de doutes concernant la disponibilité des RCC confirme leur manque d’intérêt pour les travailleurs âgés. Il y a bien eu le provocateur Van Eetvelt (fédération des petits patrons flamands UNIZO) qui exigeait la ‘‘fin immédiate’’ des prépensions en 2009, mais il a visiblement été mis sous pression depuis. Mais le gouvernement va tout faire pour accomplir son objectif : démolir complètement les prépensions.

    Travailler plus longtemps pour rester au chômage plus longtemps

    Aucun lien, aux dires du gouvernement. Mais alors que les travailleurs âgés doivent travailler plus longtemps, les jeunes restent plus longtemps au chômage. Il ne faut pas être très fort en maths pour comprendre pourquoi. En 2008, le taux d’emploi des 50-64 ans était de 34,5 %; pour 41,7 % en 2013. La tendance est inverse parmi la jeunesse: de 27,4 % en 2008 à 23,6 % en 2013. Le taux d’emploi global a entretemps diminué de 62,4 % à 61,8 %. (3)

    La hausse de l’âge de la retraite effective (il existe différentes données à ce sujet, mais on assiste partout à une tendance à la hausse) entraîne que l’âge effectif de la retraite se rapproche de l’espérance de vie en bonne santé. Selon Eurostat, cette espérance de vie en bonne santé est de 64,3 ans pour les hommes et de 65,4 ans pour les femmes. (4) Le gouvernement veut nous faire travailler jusqu’à 67 ans : il ne faut pas être médecin pour constater le problème.

    Ne serait-il pas plus logique d’aider la jeunesse à trouver un emploi décent au lieu de forcer les aînés à travailler jusqu’à l’effondrement?

    Maintien de la prépension ! Sortons les pensionnés de la misère !

    Le gouvernement aime comparer nos salaires à ceux en vigueur chez nos voisins, histoire d’accentuer leur tendance à la baisse. Nous n’entendons pas les partis de droite ou le patronat adopter la même démarche pour les pensions par contre. Elles sont bien plus basses en Belgique. Selon une étude européenne, le risque de pauvreté des 65 + est de 18,4 % en Belgique contre 14,9 % en France ; 8,7 % en Allemagne et 5,5 % aux Pays-Bas. Dans toute l’Union européenne, le risque de pauvreté est de 13,8 % pour les 65 +. (5) Pourquoi ce risque de pauvreté est-il si bas aux Pays-Bas ? La pension y est en moyenne 400 euros plus élevée par mois (6) !

    Les mesures prises en ce moment afin de limiter les RCC et pour rendre ces RCC disponibles sur le marché de l’emploi vont contribuer à faire baisser les pensions. Et ce en dépit de la hausse de productivité tout au long de notre carrière. Au lieu de condamner les travailleurs âgés à la pauvreté, il faudrait urgemment travailler à relever les pensions à hauteur de 75 % du dernier salaire, avec un minimum de 1500 € par mois.

    Au lieu de nous faire travailler jusqu’à tomber raides, les prépensions doivent être maintenues, sans toucher à l’âge de la retraite. Donnons un avenir à nos jeunes et du repos à nos aînés ! Diminuons le temps de travail sans perte de salaire et avec embauches compensatoires afin de répartir le travail disponible tout en diminuer la pression au travail.

    Impossible à financer ? Nous n’avons jamais été aussi productifs et il n’y a jamais eu autant de richesses ! Les moyens sont là, mais ils ne sont pas utilisés pour répondre aux nécessités sociales. Aucune redistribution des richesses ne surviendra en le demandant gentiment. Nous ne pouvons pas redistribuer ce que nous ne contrôlons pas : les secteurs-clés de l’économie doivent passer aux mains du public pour que nous puissions décider de la manière d’employer les richesses que nous produisons.

    NOTES
    (1) Chiffres du SPF Économie http://statbel.fgov.be/nl/modules/publications/statistiques/arbeidsmarkt_levensomstandigheden/belgische_arbeidsmarkt_1983-2013.jsp
    (2) http://deredactie.be/cm/vrtnieuws/economie/1.1701460
    (3) Tendances sur le marché de l’emploi belge http://statbel.fgov.be/nl/modules/publications/statistiques/arbeidsmarkt_levensomstandigheden/belgische_arbeidsmarkt_1983-2013.jsp
    (4) Espérance de vie en bonne santé par genre, http://ec.europa.eu/eurostat/data/database
    (5) http://www.armoedebestrijding.be/cijfers_ouderen.htm
    (6) Chiffres de la banque Delta Lloyd : http://www.kapitalevragen.be/2013/gemiddeld-pensioen-in-belgie-versus-buitenland/

  • Salaires et pensions en ligne de mire…

    Les Thatcher belges en action…

    pensions_imageOn les redoutait : les mesures du gouvernement Michel Ier à l’encontre des travailleurs vont au-delà de nos pires craintes ! Un menu indigeste d’austérité pour nous, des cadeaux comme s’il en pleuvait pour le patronat. Les efforts sont donc, à nouveau, demandés à ceux qui ont déjà été largement mis à contribution par le gouvernement précédent qui nous a imposé des mesures d’austérité à hauteur de plus de 22 milliards d’euros auxquels vont s’ajouter les 11,237 milliards d’économie de la législature qui démarre. Voici un aperçu des mesures concoctées par la ‘‘suédoise’’ qui constituent des attaques en règle contre notre système de négociation collective et le principe de solidarité sur lequel notre système de protection sociale est basé. Le détricotage de nos acquis se poursuit…

    Par Maud (Bruxelles), article tiré de l’édition de novembre de Lutte Socialiste

    TRAVAILLER PLUS POUR GAGNER MOINS

    En 2015, un saut d’index est prévu qui représentera une perte de pouvoir d’achat de 2 % qui se répercute sur toute la carrière par effet cumulatif et qui, selon une étude du Bureau du Plan de 2011, pourrait détruire 15.600 emplois.

    Une nouvelle manipulation de l’index est à craindre (‘‘réformer davantage’’) alors que l’augmentation des accises sur le tabac, le diesel et les boissons alcoolisées ne sera pas répercutée sur l’évolution des salaires et les allocations sociales puisque ces produits ne font pas partie de l’indice-santé.

    Il n’est guère question de négociation collective, le gouvernement veut unilatéralement s’en prendre à nos salaires et conditions de travail. Quelques éléments centraux :

    1) Modération salariale. L’objectif du gouvernement est de supprimer le ‘‘handicap’’ salarial cumulé depuis 1996 d’ici 2019. Pour cela, il y aura poursuite de la modération salariale déjà mise en place sous le gouvernement précédent. Cela place les négociations interprofessionnelles et sectorielles dans un carcan. Un contrôle des conventions collectives de travail par le Ministère de l’Emploi et du Travail fera en sorte que la norme soit bien respectée. Désormais, l’évolution salariale sera observée sur les deux années à venir et sur les deux années précédentes dans les pays voisins (France, Allemagne, Pays-Bas) et des mécanismes de correction automatiques entreront en action et ce, sans concertation sociale.

    2) L’évolution barémique se fera sur base de la compétence et de la productivité et non plus sur base de l’ancienneté.  Ceci mettra davantage de pression sur les travailleurs qui seront soumis à l’arbitraire de l’employeur. Cela décentralise aussi la négociation collective. L’argument du gouvernement en la matière est le coût élevé des travailleurs âgés.

    3) La procédure Renault sera raccourcie. Cette procédure permet la négociation d’un plan social en cas de restructuration d’entreprise. La réduction de cette procédure laissera moins d’espace pour négocier des alternatives aux licenciements.

    4) Flexibilité accrue du temps de travail par l’annualisation du temps de travail. Le temps de travail sera calculé sur une base annuelle pour permettre plus de flexibilité, pour travailler plus sans aucune compensation, si c’est nécessaire pour l’entreprise. Toujours sans concertation sociale.

    5) Instauration d’un compte carrière. Instauration d’un compte carrière qui individualise la façon de gérer sa carrière et risque de mettre à mal notre système de congés annuels conquis de haute lutte. Le principe étant de ‘‘capitaliser’’ des congés, heures supplémentaires voire le renoncement à certaines primes afin de pouvoir aménager sa fin de carrière ou une éventuelle interruption de carrière. Les crédits-temps de fin de carrière (longues carrières, métiers lourds, entreprises en difficulté) et le crédit-temps sans motif disparaissant quant à eux.

    La flexibilité et la pression sur les salaires et les conditions de travail seront également renforcées dans d’autres domaines.

    Flexibilité accrue dans l’horeca. Il sera possible d’accumuler 250 heures supplémentaires par travailleur sans qu’un repos compensatoire ne soit nécessaire et avec un régime fiscal avantageux. Ce secteur sera renforcé en tant que secteur à bas salaire.

    Travail étudiant. Le travail étudiant sera désormais calculé en heures et non plus en journées, afin de permettre aux étudiants de travailler plus.

    Service à la communauté pour les chômeurs de longue durée. A la place d’emplois décents avec de bons contrats de travail et de bons statuts, le gouvernement fédéral veut imposer un travail d’intérêt général de deux demi-journées pour les chômeurs de longue durée. Du travail forcé à la place d’un emploi décent.

    TRAVAILLER PLUS LONGTEMPS POUR DE PLUS PETITES PENSIONS

    La mesure qui ne figurait dans aucun programme des partis constituant le gouvernement et qui fait grand bruit est bien évidemment l’allongement des carrières et le fait qu’il nous faudra travailler de deux à cinq ans de plus ans selon les cas. Il est intéressant à cet égard de consulter la carte interactive du Soir (7 octobre 2014) reprenant l’âge de la retraite en Europe dont il ressort que nous sommes désormais l’un des pays où l’âge de la retraite est le plus haut. Outre le relèvement de l’âge de la pension à 67 ans, des pensions anticipées et de la prépension (RCC) menant à la suppression progressive de ce système, le montant-même des pensions de retraite sera réduit par une série de mesures.

    En effet, plusieurs compléments à la pension légale vont être supprimés. Le bonus pension octroyé aux travailleurs qui restent au travail au-delà de 63 ans ou de 44 années de carrière, déjà restreint sous le gouvernement précédent, sera supprimé. La pension au taux ménage accordée au travailleur avec un conjoint à charge qui n’a pas pu constituer suffisamment de droits à la pension, sera supprimée aussi.

    Au niveau des services publics, l’objectif est un alignement sur la pension légale du secteur privé. Ceci entraîne diverses restrictions :
    –     suppression de la bonification liée au diplôme, c’est-à-dire la prise en compte des années d’étude pour le calcul de la carrière
    –    années comme contractuel ne seront plus prises en compte pour le calcul de la carrière
    –    généralisation des tantièmes à 60 (dénominateur par lequel on divise le nombre d’années de carrière pour le calcul de la pension)
    –    prise en compte du salaire moyen plutôt que du salaire des dernières années.

    En résumé, concernant le relèvement de l’âge de la pension légale : 65 ans jusqu’en 2024, 66 ans entre 2025 et 2029 et 67 ans en 2030 avec des conditions de carrière plus sévères.
    –    La pension anticipée passe de 62 à 63 ans moyennant une carrière de 42 ans en 2019.
    –    La pension de survie sera relevée de 5 ans. Elle passe de 45 à 50 ans entre 2015 et 2025.
    –    Plusieurs périodes assimilées dont les périodes de crédit-temps sans motif seront supprimées.
    –    Instauration d’un système à points par lequel il n’y aura plus aucune garantie quant au montant de la pension qui variera en fonction des contraintes budgétaires et de l’espérance de vie. Les pensionnés ne seront fixés que trois ans à l’avance sur le montant de la retraite dont ils bénéficieront.
    –    Les pensionnés âgés de 65 ans et comptant 42 ans de passé professionnel peuvent continuer à travailler de manière illimitée.

    On se demande où est la logique quand on a autant de jeunes au chômage.

    TRAVAILLER JUSQU’A TOMBER RAIDE

    Cette augmentation de la flexibilité causera de nombreux problèmes en termes de stress, de burn-out,… Mais les patrons ne veulent pas voir ces conséquences de leur avidité, c’est à la collectivité d’en supporter le coût. La proposition du gouvernement d’obliger les employeurs d’assurer le payement de deux mois de salaire en cas d’incapacité de travail a été reportée d’un an après la première protestation du camp patronal. Ne faut-il pas craindre que les employeurs soient tentés de faire pression sur les travailleurs pour un retour prématuré au travail et que des contrôles intensifiés des incapacités de travail ne prennent place ?

    Les travailleurs en incapacité de travail seront désormais contraints de suivre des formations pendant leur incapacité et se verront appliquer un plan de réinsertion sur le marché du travail dès trois mois d’incapacité. L’octroi des indemnités INAMI deviendra aussi plus sévère.

    RÉSISTANCE !

    Face à cette déferlante de mesures antisociales, une lutte unifiée des travailleurs, allocataires et jeunes sera indispensable. Le plan d’actions prévu par le front commun syndical est un bon cadre dans lequel organiser la résistance. A nous d’en faire bon usage pour la construction d’un mouvement large qui, au-delà de la grève générale du 15 décembre, nous permettra de remettre en question le système.

  • La pension à 67 ans ? NON merci!

    Arguments contre le relèvement de l’âge de la pension

    67Cela a fait l’effet d’une bombe. Le gouvernement n’était pas encore d’accord sur la répartition des postes qu’il n’avait en revanche aucun problème sur le fait que nous devrions travailler deux ans de plus! L’augmentation de l’âge de la pension ne faisait partie d’aucun des programmes électoraux des partis de droite à la manoeuvre au fédéral. Il s’agit d’un thème particulièrement sensible. Malgré cela, le gouvernement a décidé de faire passer l’âge de la retraite à 66 ans pour 2025 et à 67 ans pour 2030. Le message sous-jacent est double : d’une part que ce gouvernement frappe fort et, d’autre part, ça ne s’arrêtera pas là. Si cela ne tenait qu’aux partis de la Suédoise, nous subirions les conséquences de leur politique des décennies durant.

    Nous vivons plus longtemps, n’est-il pas normal de travailler plus longtemps ?

    L’argument le plus fréquent pour justifier un relèvement de l’âge de la pension est le fait que l’espérance de vie augmente. C’est le cas, en effet. Mais limitons-nous le critère pour l’âge de la pension à l’espérance de vie ? En d’autres termes, ne tenons-nous pas compte du type de carrière, du nombre d’emplois disponibles, de la complexité des jobs existants ?

    Dans le débat sur les pensions, la productivité croissante des actifs est systématiquement mise de côté. Il est exact qu’il y a vingt ans, les actifs avaient, après leur pension, une espérance de vie plus courte que les actifs qui arrivent aujourd’hui à l’âge de la pension. Mais les actifs actuels ont beaucoup plus contribué. En 1980, pour chaque heure prestée, nous étions 111% plus productifs qu’en 1965. Entre 1980 et 1995, il y a eu une augmentation de 36% et en 2009, nous étions, par heure prestée, 15% plus productifs qu’en 1995.

    La forte augmentation de la productivité implique que nous produisons plus au même moment. Nous contribuons plus tant aux caisses de la collectivité qu’à celles des patrons. Cette augmentation de la productivité ne peut pas être uniquement attribuée aux innovations technologiques, la pression de travail croissante est aussi importante. Les chiffres relatifs au burn-out et au stress le confirment. Pourquoi ne pourrions-nous pas profiter, après avoir travaillé plus dur autant d’années, de quelques années de pension supplémentaires ? Ou alors doit-on mourir au travail ?

    Mais les pensions deviennent impayables à cause du vieillissement, non ?

    Le spectre du vieillissement a déjà été réfuté plusieurs fois. Il y a quelques années déjà, un spécialiste des pensions, Gilbert De Swert, pointait dans son livre ’50 mensonges sur la fin de carrière’ que le rapport entre actifs et non-actifs ne changerait pas fondamentalement pour 2060. Pour chaque 100 actifs, il y avait, en 2005, à la parution du livre, 139 inactifs. Pour 2060, il y en aurait 152 soit à peine 8% de plus. Pour que ce soit possible, il faudrait chaque année, 0,11% du PIB en plus.

    De plus, c’est une question de priorité. Des moyens peuvent-ils être libérés pour les pensionnés ou tout est-il déjà absorbé par les cadeaux fiscaux, les diminutions de charge, l’argent pour les banques, le paiement des intérêts des dettes publiques,…? Une part toujours plus importante de la valeur que nous produisons comme actifs va au paiement de dividendes à de grands actionnaires. Avec la valeur que nous produisons, ils spéculent et parient. Ne devrions-nous pas arrêter d’abreuver les spéculateurs de milliards et les consacrer à des pensions décentes ?

    Mentionnons un chiffre cité en son temps par De Swert. Il se sert de chiffres français : en 1980, les dividendes représentaient 4,2% de la masse salariale, en 2008, c’était passé à 12,9%. “Autrement dit : les travailleurs français travaillaient alors 72 heures par année pour les actionnaires , maintenant, c’est passé à 189 heures”. Ces dernières années, la cotisation de sécurité sociale n’a d’ailleurs pas augmenté En 1980, 20,7% du PIB allait à la sécurité sociale, en 2010, cette part était de 19,6%. On ne dépensait donc pas plus mais précisément juste un peu moins.

    Faut-il mourir au travail ?

    Nous parlions, plus haut, de la productivité croissante qui mène aussi à plus de burn-outs, de stress et autres problèmes de santé. L’augmentation du nombre de personnes de 50 ans et plus qui sont au travail – pour le moment, 52,3% des 50-64 ans contre 40,9%, il y a dix ans – provoque déjà une augmentation du nombre de personnes en incapacité de travail et de malades dans cette catégorie. Cet été, on parlait d’une augmentation de 20%.

    Eurostat constate que nous restons, en moyenne, en bonne santé jusqu’à 63,3 ans (hommes) et 63,5 ans (femmes). Ce chiffre est proche de l’âge actuel de sortie du marché de travail. Mais le gouvernement veut relever ce chiffre. Le fait qu’il y ait plus d’incapacités de travail parmi les actifs plus âgés est une conséquence logique de l’augmentation de l’âge de fin de carrière combinée à une pression de travail et une productivité systématiquement accrues avec la charge physique et psychologique que cela comporte.

    L’âge de la pension a-t-il été relevé dans les pays voisins ?

    Correction : pas dans tous les pays voisins. En Allemagne, le gouvernement a, au contraire, décidé cette année que les personnes qui ont travaillé 45 ans puissent désormais prendre leur retraite à 63 ans au lieu de 65. Tout comme pour la suppression du minerval dans les universités, nous n’entendons rien de la part des partisans du modèle allemand à ce sujet. Les comparaisons avec les pays voisins ne valent que lorsqu’il s’agit de tirer les acquis sociaux et les salaires vers le bas.

    Il est inexact de dire que notre pays est en retard par rapport à ses voisins concernant l’âge de fin de carrière. Les derniers chiffres d’Eurostat à ce sujet datent de 2007 mais à cette époque, l’âge de fin de carrière dans notre pays était de 61,6 ans contre une moyenne européenne de 61,2 ans. En six ans, il y a eu un relèvement de cinq ans, une augmentation qui progresse d’ailleurs plus vite que dans les pays voisins.

    Et concernant l’emploi ?

    Selon le SPF Economie, le nombre de travailleurs plus âgés augmente tandis que l’emploi parmi les jeunes a diminué en 2011-2012. Il n’y a pas eu d’emplois supplémentaires, le chômage s’est simplement réparti différemment. Au lieu de redistribuer les richesses disponibles, les néolibéraux choisissent de répartir les déficits. Si ainsi, les jeunes peuvent être mis en concurrence avec les plus âgés et vice versa, leur petit jeu est complet. Nous l’avons déjà vu il y a quelques temps avec le Pacte des Générations.

    Le fait reste que le chômage des jeunes atteint des chiffres record, que beaucoup de jeunes, quand ils trouvent un emploi, sont occupés à temps partiel et perçoivent de bas salaires tandis que les actifs plus âgés doivent continuer à travailler jusqu’à ce qu’ils tombent. Ce n’est certainement pas logique. A notre avis, il faut donner un avenir aux jeunes et un peu de repos aux plus âgés.

    Quelque chose doit-il être fait ? 

    Oui ! Il y a du pain sur la planche tant en ce qui concerne les pensions que l’emploi.

    Il faut avant toute chose faire quelque chose pour le montant scandaleusement bas des pensions dans notre pays. La pauvreté est un problème immense parmi les pensionnés. Environ 23% des pensionnés vivent sous le seuil de pauvreté. Selon le professeur d’université de Louvain, Jos Berghmans la pauvreté parmi les personnes âgées peut être éliminée via un montant de 900 millions d’euros. Nous exigeons déjà que les pensions soient relevées à minimum 75% du dernier salaire perçu avec un minimum de 1.500 euros par mois.

    Deuxièmement, il faut tenir compte de la productivité croissante et de toutes ses conséquences. Cela signifie que la fin de carrière anticipée doit être possible, ce qui est réalisable si la prépension est maintenue. Il n’y a pas que les travaux manuels lourds qui soient difficiles à tenir, les autres emplois aussi sont de plus en plus complexes et intensifs. Pourquoi maintiendrait-on les plus âgés au travail s’il y a autant de jeunes sans emploi ? Maintien de la prépension et pas d’augmentation de l’âge de la pension ! Donnons un avenir aux jeunes et du repos aux plus âgés.

    Par ailleurs, une réduction du temps de travail est nécessaire si nous voulons que les emplois existants soient tenables et répartir le travail disponible. Il n’est pas logique que certains travaillent jusqu’à ce qu’ils tombent tandis que les autres cherchent désespérément du travail sans en trouver. Une redistribution du travail disponible via une diminution du temps de travail généralisée sans perte de salaire et avec embauche compensatoire (de sorte que le rythme de travail ne continue pas à être accentué), voici ce qui peut apporter une solution.

    Y a-t-il des moyens pour ça ? Comme nous l’avons déjà dit, nous n’avons jamais été aussi productifs ! Il n’y a jamais eu autant de richesses. Il y a donc des moyens mais ils doivent être investis dans les besoins sociaux. Une redistribution de la richesse ne s’obtiendra pas en le demandant gentiment et certainement pas par des taxes symboliques transparentes et autres mesures d’annonce qui peuvent plus facilement être contournées qu’imposées. Nous pouvons difficilement redistribuer ce que nous ne contrôlons pas nous-mêmes avec la communauté. Les secteurs-clés de l’économie doivent être nationalisés pour que nous puissions décider quoi faire de la richesse produite.

  • Notre solidarité contre leur avidité

    Tous ensemble contre l’austérité et les pertes d’emploi !

    Une fois les élections passées, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que l’actualité redevienne des plus préoccupantes pour les travailleurs et leur famille. Une chose est sûre : sans une résistance sérieusement organisée, nous allons en baver, et pas qu’un peu.

    Par Nicolas Croes

    Pas moins de 2.500 emplois sont aujourd’hui menacés chez Delhaize tandis que les salaires de tous les travailleurs restant sont sur la sellette. Ce ne sont pourtant pas les profits qui manquent avec un bénéfice net de 179 millions d’euros en 2013. Mais ce n’est toujours pas suffisant pour les actionnaires, qui réclament un retour sur capitaux investis à deux chiffres.

    Ces rapaces célèbrent un massacre social avec la joie qui est la nôtre en accueillant une naissance chez nos proches. Quelques heures à peine après l’annonce de ces mesures, l’indice boursier de Delhaize augmentait ainsi de 1,09%. Pour les actionnaires, l’orgie est tout simplement interminable : ceux de Delhaize s’étaient encore accordés une hausse de leurs dividendes de 11% l’an dernier, tandis que le taux d’imposition après divers cadeaux fiscaux était de… 0,15% ! L’exemple servira de prétexte dans le reste du secteur, une infernale spirale à la baisse que nous connaissons partout.

    C’est le cas de nos pensions. ‘‘A politique inchangée, le système de pension actuel n’est pas soutenable financièrement. Il ne correspond plus à l’évolution de la société et il pose des problèmes de qualité sociale’’, expliquait doctement Frank Vandenbroucke en juin dernier, lorsque la commission de réforme des pensions a publié son rapport. Ce sera un des chevaux de bataille du prochain gouvernement.

    Il est vrai qu’entre 1964 et 2002, la baisse du nombre de naissance a été de 31% (de 168.000 à 115.000)(1). Mais sur la même période, la productivité a augmenté de 215%(2)! Où donc sont passés tous ces moyens ? Pas dans nos poches, ça c’est certain. Depuis le milieu des années 70’, la part des salaires (y compris le salaire socialisé ; les cotisations sociales servant à financer la sécurité sociale) dans la richesse collectivement produite n’a cessé de diminuer, alors que cette richesse était en pleine croissance. Gel des salaires, diminution drastique de cotisations sociales pour les gros patrons (et donc attaques sur notre salaire socialisé), explosion du chômage, etc. voilà ce qui mine notre système de pension. A titre d’exemple, les exonérations de cotisations sociales pour les patrons reviennent à plus de 7 milliards d’euros par an !

    Selon la logique dominante, il faut donc travailler plus longtemps. Cela a aussi l’avantage d’accroître la pression sur les salaires et conditions de travail en augmentant la concurrence entre travailleurs pour des emplois de plus en plus précaires et moins nombreux… A terme, il sera bien entendu question de privatiser ce gâteau des pensions, qui représente tout de même quelque 30 milliards d’euros par an.

    Résistance !

    L’establishment capitaliste ne vise qu’à réanimer un système archaïque en puisant dans les caisses de la sécurité sociale pour accorder subventions salariales et réductions de cotisations sociales. Pour la majorité sociale, rien n’a été sauvé de cette façon. Les travailleurs de Delhaize en savent quelque chose, tout comme ceux d’ArcelorMittal ou de Caterpillar. Ce chaos capitaliste doit être remplacé par un système basé sur la planification rationnelle de l’économie, sur base de la collectivisation des secteurs-clés de l’économie et de leur gestion démocratique par les travailleurs.

    Il est urgent de rendre aux travailleurs la confiance en la lutte collective. En Belgique, les 20% les plus riches possèdent 61,2% du patrimoine total (et 52% des revenus) et le nombre de millionnaires a augmenté de 12.000 personnes en 2013 (notamment avec les nombreux touristes fiscaux). Mais s’ils ont le capital, nous avons le poids du nombre, et le monde du travail représente une force potentielle monumentale. Réfléchissons à la meilleure manière de l’organiser et partout à la contre-offensive.

    Notes
    1. SPF économie: Structure de la population selon âge et sexe : pyramide d’âge
    2. The Conference Board Total Economy Database

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