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Tag: Pays-Bas
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Les révoltes mondiales contre ce système sans perspective suscitent la recherche d’une alternative (3)
La Belgique – un pays riche
68. Nous avons montré dans la partie internationale de ce texte la façon dont la crise a accru les divisions parmi la bourgeoisie, au point qu’elle en arrive à une impasse. Ses diverses factions sont en désaccord sur plusieurs choses, mais surtout sur la question de savoir s’il faut mettre tout de suite le couteau sur la gorge des travailleurs ou s’il ne vaut mieux pas le faire graduellement, afin de ne pas causer de réaction incontrôlée. La bourgeoisie belge s’est heurtée plusieurs fois au mouvement ouvrier belge par le passé. La classe ouvrière belge est une des plus productives au monde, qui combine de plus le degré d’organisation du mouvement ouvrier d’Europe du Nord, à la spontanéité de l’Europe du Sud. De ce fait, elle est l’un des mouvements ouvriers les plus effrayants au monde. Les leçons que la bourgeoisie a tiré de cela est qu’elle ferait mieux d’éviter les confrontations directes, en concluant des accords avec les dirigeants d’au moins un des deux syndicats.
69. Cela a plutôt bien fonctionné pour la bourgeoisie belge. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, les travailleurs belges ont gagné en termes de productivité, passant du dessous au top cinq mondial. Cette position est tenue depuis déjà trente années. À côté de la position géographique de notre pays, de son infrastructure, et de son niveau d’éducation (et en particulier la connaissance des langues), le fait qu’il s’agit d’une porte d’accès pour l’Europe, que les institutions européennes opèrent à partir de Bruxelles, et le régime fiscal extrêmement favorable pour les multinationales expliquent la productivité des travailleurs belges (c’est-à-dire, la quantité de bénéfice obtenue pour chaque euro payé en salaire, NDT) et la force d’attraction de la Belgique pour les investissements étrangers. Notre pays fait déjà depuis des années partie des destinations privilégiées pour les investissements étrangers directs. L’an dernier, il s’agissait de 62 milliards de dollars, ce qui place notre pays à la quatrième position mondiale. Seuls les USA (228 milliards de dollars), la Chine (106 milliards de dollars) et Hongkong (69 milliards de dollars) ont fait mieux.
70. Une partie de ces investissements doit être nuancée parce qu’ils sont liés à la fonction de port de transit de notre pays. De là, le haut montant d’investissements directs de l’étranger sortants (38 milliards de dollars), soit le dixième plus élevé au monde. Et puis, il y a encore la déduction des intérêts notionnels, qui rend très intéressant pour les entreprises d’artificiellement gonfler leur base de capital afin d’utiliser cette déduction de façon maximale. En 2010, la Flandre était la destination de 68% des investissements étrangers en Belgique, Bruxelles de 13%, et la Wallonie de 19%. En Flandre, la moitié de ces investissements seraient constitués de ce qu’on appelle les “greenfields”, de vrais nouveaux investissements et non pas l’élargissement de projets existants, des participations ou rachats. Ce nombre serait encore plus grand si on le prenait à l’échelle de toute la Belgique.
71. Ces bonnes prestations ont fait de la Belgique un pays riche. La fortune financière des familles est de 931 milliards d’euros, à peu près 270% du PIB. Après avoir retiré les dettes (surtout des emprunts hypothécaires), il reste en tout 732 milliards d’euros en net, soit 210% du PIB – de loin le chiffre le plus élevé de toute l’Europe. Dans la zone euro, ce chiffre est en moyenne de 128%. Les 10% des revenus les plus élevés en Belgique représentent 30% de tous les revenus du travail, mais 53% de la fortune financière et même 32% de la “fortune financière à valeur de marché” (obligations, actions, fonds d’investissement, soit tout ce qui n’est pas cash, dépôts, bons de caisse et investissements dans les sociétés d’assurance et fonds de pension). Ces hautes fortunes sont à peine imposées. Selon l’agence “PricewaterhouseCoopers”, le revenu d’un investissement de 5 millions d’euros – une moitié en actions, l’autre moitié en obligations –, est en Belgique imposé de 15%, aux Pays-Bas de 26%, en Allemagne et en Grande-Bretagne de 30% et en France de 37%.
72. Les entreprises payent elles aussi de moins en moins d’impôts dans notre pays. La CSC a démontré que le taux d’impôt réel pour les entreprises a été raboté de moitié en dix ans : de 19,9% en 2001 à 11,8% en 2009, principalement par la déduction des intérêts notionnels. En 2009, les entreprises avaient réalisé un profit avant impôt de 94 milliards d’euros. Elles ont payé 11 milliards d’euros d’impôts d’entreprise. Au tarif de 2001, l’Etat aurait eu 7,6 milliards d’euros supplémentaire et au tarif légal de 33,99% il aurait été question de 21 milliards d’euros supplémentaires. Parce que la déduction des intérêts notionnels peut être transmise durant 7 ans, les grandes entreprises ont un surplus déductible cumulé de 12,6 milliards d’euros. Si elles utilisent cela, le gouvernement rate encore 4 milliards d’euros. Ici aussi, la règle est que les plus riches s’en vont avec les plus grandes pièces. En 2009, 17,3 milliards d’euros d’intérêts notionnels ont été accordés, dont seul 925 millions d’euros, 5% du total, a été attribué aux PME. En moyenne, ces dernières payent un impôt réel de 21%.
73. Tout cela vient en plus de la fraude fiscale, qui est de 30 milliards d’euros par an. Les grands dossiers de fraude débouchent systématiquement sur un cul-desac. Ça a été le cas pour la KBC, ce l’est maintenant pour Beaulieu. Il n’en ira pas autrement pour la fraude récemment dévoilée dans le secteur diamantaire. D’où vient alors cette thèse selon laquelle la Belgique a un taux d’impôts très élevé ? Des 150 milliards d’euros d’impôt que l’État encaisse, seuls 2,5 milliards sont issus des fortunes, et 10 milliards des impôts sur les sociétés. Notre salaire indirect, les contributions sociales ou la parafiscalité indirecte donnent 50 milliards d’euros. Les impôts indirects (surtout la TVA), rapportent encore 44 milliards et l’impôt sur les personnes physique une somme comparable. En bref : la pression fiscale est haute, mais pas pour les fortunes ni pour les entreprises.
D’où provient la dette de l’État ?
74. Dans la période d’après-guerre, les patrons belges étaient prêts à céder aux revendications pour de meilleurs salaires et une plus grande protection sociale. Les profits étaient élevés, la productivité montait rapidement et le mouvement ouvrier avait fait sentir plusieurs fois qu’il n’allait pas se laisser faire. La bourgeoisie belge n’a jamais excellé sur le terrain du renouvèlement de ses outils de production. Quand les secteurs traditionnels sont passés en crise, elle a préféré les voies plus sûres et depuis longtemps utilisées du capital financier, c’est-à-dire vivre de ses rentes. Elle a laissé au gouvernement la construction de l’infrastructure nécessaire et aux syndicats la livraison de la main d’oeuvre par lesquelles étaient attirées les multinationales. Pour la classe moyenne flamande, c’était l’opportunité de promotion sociale par excellence. Quelques-uns sont devenus fournisseurs pour les multinationales, d’autres devenaient managers. De temps en temps, cette classe moyenne se pose en tant que bourgeoisie, mais elle ne s’est jamais libérée de son mélange de jalousie et de flatterie envers la véritable grande bourgeoisie, ni de sa haine pour le mouvement ouvrier.
75. Quand la crise est arrivée dans notre pays en ’75, au début, la bourgeoisie n’osait pas la confrontation avec le mouvement ouvrier. La perte de 250.000 emplois dans l’industrie a été compensée par la création de 350.000 emplois à l’État. Mais cela ne devait rien rapporter à l’État : ainsi, il était interdit à La Poste d’offrir des produits d’épargne à ses clients parce que cela faisait trop concurrence aux banques. Les secteurs en difficulté ont été restructurés aux frais de la collectivité, tandis que les parties intéressantes étaient vendues au plus offrant pour une bouchée de pain. La nationalisation des pertes et la privatisation des profits n’est vraiment pas quelque chose de nouveau qui aurait été inventé pour Dexia. En poussant la facture vers l’État, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates (essentiellement), cherchaient à éviter une confrontation entre patrons et travailleurs. Qui plus est, les politiciens se présentaient de plus en plus en tant que représentants de leur propre groupe linguistique et revendiquaient avec la fameuse politique du “moule-à-gaufre” (c’est-à-dire, que chaque investissement dans une région oblige à faire le même investissement dans l’autre) des compensations à chaque fois qu’ils pensaient que leur communauté avait moins reçu que l’autre. Tous les partis ont participé à cette politique, sauf les verts qui n’existaient pas encore.
76. Ceci explique le haut degré d’endettement de l’État belge. Pour la bourgeoisie belge traditionnelle, cette dette n’était au début pas un très grand problème. Au contraire, la dette du gouvernement belge était un bon investissement. En ce temps-là, 90% de la dette de l’État se trouvait encore entre les mains d’investisseurs institutionnels belges. Avec l’introduction de l’euro, ce chiffre a diminué de plus de moitié. À ce moment-là, on partait encore de l’idée que la dette allait diminuer une fois l’économie relancée. Mais cela ne s’est pas passé comme ça. Les dettes ont bientôt atteint 100% du PIB, et on a commencé à craindre un effet “boule de neige”, par lequel il fallait faire de nouveaux emprunts uniquement pour payer les intérêts des emprunts précédents. Il fallait arrêter de “vivre audessus de ses moyens”. On a d’abord essayé de faire passer cela avec des coalitions de droite reprenant libéraux et chrétiens-démocrates, mais cela a conduit à une résistance du mouvement ouvrier, avec le dirigeant de la CSC Houthuys qui à un certain moment s’est mis à crier que Verhofstadt (qu’il qualifiait de “gamin”) lui rendait impossible la tâche de continuer à contrôler sa base. Après une crise gouvernementale longue de 148 jours (qui était à ce moment la plus longue de notre histoire), la bourgeoisie est revenue à sa vieille tactique éprouvée : arriver à un deal avec les dirigeants syndicaux.
77. Cette tactique éprouvée a donné les résultats espérés. La réduction de la dette de l’État, de son point culminant de 134% du PIB en 1993, à son point le plus bas (provisoirement), de 84,2% du PIB en 2007, est aujourd’hui considérée comme un modèle au niveau international. Avec le Plan global, on nous a imposé de “vivre selon nos moyens”. Le taux de pauvreté officiel est grimpé de 6% à 15%, la partie des salaires dans le revenu national a diminué de 10%, les investissements dans les soins de santé, les logements sociaux, l’enseignement, l’infrastructure, etc., ont été postposés. Mais ce n’était pas tout le monde qui devait assainir. Les profits des entreprises battaient chaque année de nouveaux records sur lesquels elles étaient toujours moins imposées. On entend parfois dire que la Belgique est pays de “citoyens riches avec un État pauvre” : ce n’est pas vrai. Quelques citoyens sont ultra-riches, mais la plupart ne peuvent que rêver de la fortune financière moyenne, valant officiellement la somme de 85.000 euros, dont devrait disposer chaque Belge en moyenne. De moins en moins de familles ouvrières se sentent impliquées quand on dit que “nous” vivons au-dessus de nos moyens. Ils ont jeté l’argent par les fenêtres
78. C’est cependant là-dessus que les politiciens se disputent depuis déjà des années : de quelle manière imposer aux travailleurs et à leurs familles de se serrer la ceinture après des années de haut niveau de vie ? De temps en temps, nos politiciens chuchotent aux oreilles des institutions internationales de pseudo conseils à donner “pour notre pays”. Nous en connaissons le contenu : nos salaires sont trop hauts, nous devons travailler plus longtemps, les chômeurs doivent être activés, les dépenses de l’État doivent être diminuées. Tous les politiciens sont d’accord – avec des nuances certes, mais sans plus. La dette de l’État a recommencé à monter depuis la crise du crédit internationale en 2007. Le gouvernement a dû intervenir pour sauver les véritables grands dépensiers : les banques et les spéculateurs. Ceux-ci ont utilisé notre épargne comme garantie pour, grâce à plusieurs leviers, augmenter leurs comptes jusqu’à un montant valant plusieurs fois le PIB du pays. Quand cela a mal tourné, le gouvernement a dû mettre 25 milliards d’euros et donner des garanties pour 80 milliards d’euros. 20
79. Selon Leterme et les autres politiciens, cela ne va rien coûter aux contribuables : pour ces 25 milliards d’euros, ont a reçu des actions BNP-Paribas et pour les garanties, un dédommagement a été donné. Ces actions sont néanmoins cotées à une fraction du prix auquel le gouvernement les a achetées, et cela va prendre beaucoup de temps pour qu’elles retournent à leur ancien niveau – si toutefois cela peut encore se produire. Entretemps, il faut construire des écoles, soigner des malades et construire des routes. Avec quoi ? Le gouvernement devrait en plus emprunter de l’argent et payer des intérêts. Il est vrai qu’il existe un dédommagement pour les garanties mais, si les choses tournent mal, c’est au gouvernement de payer les couts. Le fait que tout cela pouvait bien mal tourner est illustré par Dexia. Selon Paul De Grauwe, cette banque avait dégénéré en un simple hedgefund qui se contentait de faire de l’arbitrage – ce qui dans ce cas, signifiait jouer entre l’intérêt à long terme et celui à court terme. Dexia maximalisait le risque pour obtenir un rendement aussi haut que possible. 80. Les banques n’ont-elles donc rien appris de la dernière crise ? Le retour des bonus et des salaires variables présageait le pire. Aux USA et au Royaume- Uni, des pas ont été faits afin de séparer les fonctions traditionnelles d’une banque et les activités “business”, mais pas en Europe. Le fait que les actionnaires principaux de Dexia sont le Holding communal, la Caisse des dépôts et des consignations (CDC) et le holding coopératif Arco rend tout cela encore plus scandaleux. Le Holding communal a été mis sur pied en 1996 avec comme actionnaires les communes et les autorités provinciales. Arco a 800.000 actionnaires particuliers, avec pour actionnaire de référence les organisations sociales liées au Mouvement ouvrier chrétien. La CDC française est l’ancienne Caisse des pensions d’État, qui a été utilisée pour stabiliser et maintenir entre des mains françaises l’actionnariat des entreprises. Le conseil d’administration de Dexia était bourré de politiciens. Ceux qui pensaient que l’État et une association coopérative seraient plus éthiques en tant que banquiers et prendraient moins de risques sousestimaient la mesure dans laquelle tous ces gens se sont idéologiquement entièrement ralliés à la pensée néolibérale. À l’occasion de l’opération du sauvetage de Dexia – sans doute une nationalisation temporaire dont le coût sera d’environ 4 milliards plus des garanties pour 54 milliards d’euros (15% du PIB !) –, Moody’s a annoncé son intention de diminuer la note de la Belgique. Aucun cout ?
Une peau de banane communautaire
81. Les tendances qui existent à l’échelle internationale existent aussi en Belgique. Mais ici, cela prend une couleur communautaire : assainir d’abord au niveau fédéral, ou au niveau régional ? Le capitalisme belge se base traditionnellement sur un compromis historique entre bourgeoisie, État, et dirigeants syndicaux. L’État fournit l’infrastructure, comme par exemple un climat favorable aux investissements, et achète la paix sociale si nécessaire. La bourgeoisie investit dans l’augmentation de la productivité et est récompensée avec un régime fiscal favorable. Les travailleurs reçoivent un salaire brut raisonnable avec des prévisions sociales relativement bonnes. A côté des couts, cela demande des impôts relativement élevés, essentiellement prélevés sur le Travail, d’ailleurs. Pour le travailleur, c’est un coût que l’on sait supporter si cela donne de bonnes prévisions sociales. Pour les classes moyennes, par contre, c’est une source de grande frustration. Elles n’ont pas la productivité des grandes entreprises, mais payent quand même de haut salaires bruts, et elles ne peuvent pas profiter des mêmes mesures de régime fiscal favorable.
82. La marge économique et la possibilité qu’a l’État de jouer son rôle dans le compromis se rétrécissent déjà depuis la crise de ’74-’75. Pour la bourgeoisie, ce n’est pas un drame. Elle dispose des moyens nécessaires pour utiliser de façon maximale les opportunités qui surviennent avec la crise. Pendant la crise des secteurs industriels traditionnels, elle n’a pas seulement mis les pertes sur le dos du gouvernement mais, avec le développement de holdings, elle a aussi trouvé le moyen de distribuer son capital entre différent secteurs. Ce que quelques uns interprètent comme la disparition de la bourgeoisie belge, n’est rien d’autre que la nouvelle stratégie anticrise de cette bourgeoisie, par laquelle elle distribue son capital également sur le plan international, surtout chez ses partenaires commerciaux les plus importants. Au cours des neuf premiers mois de 2011, il y a déjà eu pour 20 milliards d’euros de rachats et de fusions dans les entreprises belges – il ne s’agit là que des transactions dont le prix est connu, en réalité cette somme est encore plus grande. Dans les quinze plus grandes transactions, il y en avait onze où l’acheteur était belge, bien qu’il y en avait aussi un certain nombre où tant l’acheteur que le vendeur étaient belges.
83. Pour les travailleurs, ça a été un drame. De plus en plus de gens ont dû faire appel aux allocations sociales. Les allocations de chômage, de pensions et d’invalidité ont souvent été démantelées tranche par tranche – en concertation avec les syndicats – afin de “répondre à la demande croissante”. Pour les classes moyennes, ça a aussi été un drame, parce qu’elles ne disposaient ni d’une batterie de spécialistes fiscaux, ni des capitaux nécessaires. Le compromis historique et les partis qui le représentaient, surtout le CVP, ont commencé à perdre des plumes. Chez les travailleurs, surtout en Flandre, on en avait assez de toujours être prévenus de la volonté d’austérité, premièrement du “danger bleu”, puis du Vlaams Belang, puis de la NVA, alors que les partis liés aux syndicats, le CD&V et le SP.a, n’arrêtaient pas d’assainir durant toute cette période. Pendant sa participation au gouvernement, Groen n’est pas non plus apparu comme voulant se battre contre la politique d’austérité. Le “populisme” était le reproche principal fait à ceux qui voulaient répondre aux véritables aspirations de la population. Parce que les directions syndicales continuaient à coller aux partis qui appliquaient les mesures d’assainissement, et que par conséquent, le mouvement ouvrier n’offrait ni alternative, ni perspective, beaucoup de travailleurs ont commencé à voter “merde”, à se détourner des partis traditionnels, et à devenir réceptifs aux ragots des populistes de droite.
84. Chez les couches moyennes, les frustrations étaient encore plus grandes. Les perspectives de promotion sociales semblaient se fermer, les avantages fiscaux de la bourgeoisie et la haute productivité devenaient inatteignables. Aucune des deux classes principales n’offrait une issue : ni la bourgeoisie, ni le mouvement ouvrier. La classe moyenne a été laissée à elle-même et a commencé à tirer sur le gouvernement, qui voulait bien encaisser des impôts élevés, mais qui n’offrait rien en récompense. Puis elle s’est retournée sur les “profiteurs”, qui voulaient bien recevoir les avantages de la protection sociale, mais qui ne voulaient pas y contribuer en travaillant. Puis sur les immigrés, qui minent les moyens de notre système social, et enfin sur les transferts financiers de la Flandre vers la Wallonie. Les partis traditionnels ont participé à ce petit jeu, avec leur mythe du “flamand travailleur”. Pour eux, l’idée derrière tout ça était de diviser et d’affaiblir les travailleurs. Pas un parti, pas un politicien, pas un dirigeant syndical ne donnait de réponse à cela. De cette manière, on a creusé le lit pour un parti de la classe moyenne, basé sur un nationalisme flamand de droite radicale.
85. Le CD&V n’a pas compris quel monstre de Frankenstein il a fait sortir du placard lorsqu’il a joué la carte flamande de l’opposition, dans le but d’obtenir des profits électoraux. La NV-A a vu son opportunité se profiler. De Wever savait que le CD&V faisait trop partie de l’establishment et était trop lié à la CSC que pour pouvoir continuer à jouer cette carte flamande. Il savait que ce parti allait devoir lâcher cette ligne à un certain moment. L’heure avait sonné pour la N-VA, sur base d’un nationalisme flamand libéral et de droite. Ça fait déjà des années que l’opinion publique en Flandre est principalement formée par cette couche moyenne, faute de réponse du mouvement ouvrier. Celle-ci s’est accrochée à des dossiers symboliques représentant de la meilleure manière l’essence même de leur point de vue. Elle est ainsi bien décidée à ne pas se faire mettre à genoux. Concernant le district électoral de BHV, cette classe moyenne flamande veut une politique d’asile et de migration plus stricte, mais son point le plus important est la question socio-économique. Elle pense pouvoir introduire elle-même en Flandre les assainissements qu’elle ne parvient pas à imposer au niveau fédéral. La classe moyenne flamande est aujourd’hui devenue assez forte que pour pouvoir bloquer le compromis “à la belge” traditionnel, dans lequel il n’y a plus rien pour elle. C’est cela qui a conduit le pays à une impasse politique qui a duré quatre années, et dont la fin n’a commencé à se pointer à l’horizon que lorsque son représentant politique le plus important, la N-VA, a finalement été mis de côté. 86. En Flandre, on répand le mythe selon lequel les politiciens en Wallonie et à Bruxelles ne veulent pas appliquer l’austérité. Pourtant, sur les 8890 chômeurs qui ont vu leurs allocations suspendues durant les six premiers mois de 2011, 5.224 étaient wallons, 2.196 étaient flamands, et 1470 bruxellois. Mais il est vrai que la tendance dominante de l’opinion en Wallonie et à Bruxelles est qu’il faut au moins donner l’impression qu’on assainit de façon équilibrée. Cela s’est exprimé dans la note de Di Rupo (http://www.socialisme.be/psl /archives/2011/07/06/note.html). Il y a là tout un nombre de mesures antisociales orientées contre les chômeurs, lesquels vont avoir plus difficilement accès à leurs allocations ; les régions recevraient même un bonus pour chaque suspension. Les chômeurs vont retomber beaucoup plus rapidement sur le minimum absolu, comparable au revenu minimum d’insertion. Les pensionnés recevront un bonus s’ils continuent de travailler après 65 ans. D’ailleurs, quand on voit le montant actuel des pensions, on se rend compte que la plupart n’auront tout simplement pas le choix. Les prépensions vont être encore plus découragées. Dans les services publics, les pensions des nouveaux arrivés seront calculées sur base des dix dernières années, au lieu des cinq dernières années. Dans les soins de santé, la norme de croissance est limitée à 2% au lieu de 4,5%. En échange de tout ça, Di Rupo veut maintenir l’index et l’âge des pensions à 65 ans.
87. La note Di Rupo représente un “tsunami fiscal”, clament les organisations patronales et les libéraux, NVA en tête. C’est ainsi qu’ils qualifient la proposition d’un impôt temporaire de 0,5% sur les fortunes supérieures à 1,25 million d’euros après déduction de la partie destinée au logement ou à l’activité professionnelle. Sans cadastre de fortune ni abolition du secret bancaire, cette mesure est par ailleurs inapplicable. En plus de cela, il y a le plafonnement de la déduction de l’intérêt notionnel, à 3% au lieu de 3,42%, et surtout, l’abolition de la possibilité de transférer à l’année suivante la partie de la déduction qu’on ne prend pas à une année donnée. Les PME pourraient par contre déduire un demi-pourcent supplémentaire. Le fait que l’exonération fiscale sur les comptes d’épargne soit calculée selon la déclaration d’impôts est une mesure superflue, tout comme d’ailleurs l’augmentation du précompte mobilier sur l’intérêt de 15 à 20%, qui va aussi et surtout toucher les petits épargnants. Tout ceci va être instrumentalisé pour miner la légitimité de l’ensemble des mesures. Un impôt sur les plus-values de 25% sur la vente des effets entre une et huit années après achat, et surtout de 50% pour la vente avant une année, vise les profits des investissements spéculatifs, mais la mesure est minée si l’on accepte le fait que les moinsvalues sont calculées sur la somme des plus-values imposables.
88. Tout cela n’est donc pas grand chose. C’est insuffisant que pour pouvoir faire avaler les mesures antisociales aux syndicats. Mais comparé à ce que revendique la majorité de droite des politiciens flamands, c’est énorme. En Wallonie et à Bruxelles, ils n’ont que le MR pour tenir pareille position. Il y a quelques années, certains pensaient encore que c’en était fini avec le PS, que le MR allait prendre la première place, que Reynders allait devenir le tout premier Premier ministre francophone depuis Van den Boeynants en ’79, qu’une coalition orange-bleue était en préparation, que BHV ne serait jamais scindé sans élargissement de Bruxelles, et que contrairement au cartel CD&V – N-VA, le MR – formé en 1993 par la fusion du PRL, du FDF et du MCC – ne pouvait plus être séparé après toutes ces années, ou encore qu’une scission de la Belgique était à l’ordre du jour pour au tout au plus les cinq années à venir (c’était en 2007), et qu’on allait tous un jour d’une manière ou d’une autre se réveiller dans une confédération. C’est toujours bien de revenir en arrière sur les vieux arguments pour pouvoir les comparer avec ce qui s’est réellement produit.
89. Encore un peu de patience : le gouvernement n’est pas encore là, et un obstacle peut encore arriver. Mais entretemps, le prix d’un échec devient tellement grand qu’il faudrait déjà bien déconner avant de pouvoir stopper la formation de ce gouvernement. Quand cela arrivera, ce sera une tripartite classique, éventuellement combinée aux verts. Ce gouvernement sera dirigé par Di Rupo, et pas par Reynders. Celui-ci a perdu sa dernière chance avec l’annonce du départ de Leterme vers l’OCDE. Postposer la réforme de l’État et élargir les compétences du gouvernement en affaires courantes est dès lors devenu impossible. BHV va être scissionné – pas immédiatement, pas totalement sans compensation, mais sans élargissement de Bruxelles. Le PS reste le parti politique dominant en Wallonie ; la scission du MR n’est certainement pas comparable à celle du cartel CD&V – N-VA, mais la pratique a maintenant prouvé que la scission de vieilles formations est possible. Sur une base capitaliste, il est impossible de garder la Belgique unie sur le long terme. Toute “scission de velours” est cependant exclue tant qu’il n’y a pas de majorité claire en sa faveur ni dans le mouvement ouvrier ni dans la bourgeoisie.
90. La 6e réforme de l’État qui est annoncée est importante – extrêmement importante même, selon Wilfried Martens. Elle fait suite à la plus longue crise politique de l’histoire belge, mais elle n’est pas pour autant copernicienne. Nous ne nous sommes pas encore réveillés dans une confédération. On a fini par trouver un compromis typiquement “à la belge”, où les deux communautés linguistiques peuvent présenter le bilan comme si elles avaient obtenu quelque chose. Cette fois-ci, cela a duré beaucoup plus longtemps que par le passé, presque 500 jours – et cela, après qu’il ait déjà fallu 194 jours en 2007 pour former un gouvernement. Ces longs délais proviennent du manque de moyens pour huiler ces réformes d’État pour les rendre plus faciles à avaler, comme c’était le cas habituellement auparavant. Bref, les Flamands peuvent être fiers d’avoir scissionné la circonscription électorale de BHV avec un minimum de compensations ; les francophones quant à eux peuvent parler du fait que dans les six communes à facilité, on peut maintenant voter pour des listes bruxelloises. En cas de non-nomination, les bourgmestres peuvent aller en appel devant la réunion générale bilingue du conseil d’État, ce que Damien Thierry du FDF appellent la “roulette russe”. Bien qu’elle puisse temporairement aider à supporter le poids écrasant de la surenchère communautaire, cette 6e réforme d’État ne va elle non plus pas conduire à une paix communautaire définitive. Au contraire, le développement des négociations et l’accord final contiennent déjà de nombreux ingrédients pour de nouvelles explosions communautaires.
91. Les inconditionnels du communautaire vont utiliser les frustrations au maximum dans le but d’augmenter les tensions. Par exemple, le fait qu’avec le transfert de la politique du marché de l’emploi, seul 90% du budget est transféré. En Flandre, les 461 millions d’euros prévus pour le refinancement de Bruxelles seront présentés comme un chèque en blanc qui fera que les besoins sociaux en Flandre manqueront des moyens nécessaires. La phase de transition de la nouvelle loi de financement, qui compense Bruxelles et la Wallonie pour leur arriération durant les 10 prochaines années, se traduira par un transfert des moyens flamands vers la Wallonie et Bruxelles. A Bruxelles, le FDF va expliquer le manque de moyens dans l’enseignement, le logement social et l’emploi comme étant une concession de trop à la Flandre. Le FDF va probablement aussi essayer de donner une traduction communautaire au manque de moyens en Wallonie. Libéré de sa volonté d’être acceptable pour l’establishment, le FDF peut mettre sur pied ses propres mobilisations dans la périphérie – contre la circulaire Peeters per exemple, ou à l’occasion de la nomination d’un bourgmestre, ou encore pour revendiquer des moyens pour le social. Il n’est pas non plus exclu que le FDF essaye de présenter des listes francophones – probablement sous le nom de UDF (Union des francophones) – dans la circonscription de Louvain, ce qui, du côté flamand, sera perçu comme étant une provocation.
92. Le FDF va-t-il devenir la N-VA francophone ? Il l’aimerait bien, mais ce n’est vraiment pas probable. À côté d’un sentiment national belge, il vit effectivement quelque chose comme un sentiment d’ensemble parmi les francophones, tant en Wallonie qu’à Bruxelles, mais il n’existe pas de nationalisme francophone comme il existe un nationalisme flamand. Nous devons d’ailleurs ajouter que ce sentiment national flamand ne se traduit généralement pas en un sentiment anti-belge. Chaque nouveau sondage confirme cela. Même après quatre ans de débats communautaires, il n’y a toujours que 22% des Flamands qui se prononcent résolument pour l’indépendance ; 75% sont contre la disparition de la Belgique, et 42% des Flamands se prononcent résolumment contre l’indépendance. La N-VA se base surtout sur les frustrations de la classe moyenne qui se sent freinée dans son aspiration à la promotion sociale. Son programme est libéral, de droite et flamingant mais, temporairement, la N-VA a réussi à tourner à son avantage électoral le manque d’alternative offert par le mouvement ouvrier. Il n’est pas exclu que le FDF puisse, avec une rhétorique anti-austérité, attirer à lui une partie des travailleurs. Après 18 années de participation au MR – et même à l’aile droite du MR –, cela ne sera pas tout de suite crédible. De plus, le poids social des couches moyennes en Wallonie (et, dans une moindre mesure, à Bruxelles) et dans la périphérie n’est pas comparable à celui qu’elles ont en Flandre.
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En Bref…
Chaque samedi, nous publions dans cette rubrique quelques faits marquants, des citations, de petites vidéos,… Aujourd’hui, petit retour, Bruno Tobback et la grève, ou encore le chômage des jeunes en Espagne, qui dépasse maintenant les 50%!
Les raisons de la crise
On pouvait lire cette semaine sur le site du quaotidien flamand Standaard: ‘‘L’industrie allemande a au cours des dix dernières années considérablement réduit les coûts du travail, une initiative prise par le gouvernement Schröder en 2003. Les entreprises allemandes ont produit à bon marché au détriment du reste de la zone euro. ‘‘L’amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifié comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro’’, déclare ainsi l’Organisation des Nations Unies à Genève. (…) L’Organisation Internationale du Travail (OIT) a aussi des critiques, surtout parce que ce modèle de croissance économique ralentit. ‘‘Les coûts salariaux allemands sont systématiquement sous ceux de ses concurrents, la croissance ralentit et cela réduit les recettes publiques. Pire encore, les pays en crise ne peuvent pas compter sur leurs exportations pour compenser leur faible demande intérieure, parce que leur industrie ne peut pas bénéficier de la demande intérieure plus élevée en Allemagne. "
Tobback contre la grève
Le président du SP.a Bruno Tobback est contre la grève générale de ce lundi. Cela n’est guère surprenant pour beaucoup de monde. Il a déclaré au Soir: "Je comprends les préoccupations des syndicats, mais une grève générale est quelque chose d’extraordinaire. Vous devez garder la bombe atomique pour une guerre mondiale, pour la bataille finale pour un gouvernement de droite prend des mesures de droite." Il n’a probablement pas encore remarqué que notre pays est déjà gouverné par un gouvernement de droite…
Wilders chute dans les sondages aux Pays-Bas, tandis que le SP se porte mieux
La situation politique aux Pays-Bas a longtemps été instable, avec des variations importantes entre chaque suffrage. Lors des dernières élections nationales, le Parti de la Liberté de Geert Wilders fut l’un des grands vainqueurs. Mais son soutien s’effondre. Le parti de gauche SP (pour ‘Parti Socialiste’) ressort particulièrement victorieux des derniers sondages. Le SP obtiendrait 32 sièges si les élections prenaient place maintenant, soit 17 siège de plus qu’actuellement ! Le PVV de Wilders descendrait par contre à 20 sièges, alors qu’il en avait reçu 24 en 2010. Les trois partis traditionnels (CDA, VVD et PvdA) a continué à lutter. Le CDA tombe à 12 sièges (-9), le VVD à 30 sièges (-1) et PvdA (l’équivalent de notre PS) à 17 (-13). Cela signifie que les trois principaux partis n’auraient que 59 des 150 sièges du Parlement. L’institut de sondage Gallup affirme que la hausse du soutien du SP s’explique en raison de la récession qui se profile, avec le chômage et les licenciements qui l’accompagnent.
Le chômage des jeunes explose en Espagne
Le chômage en Espagne continue d’augmenter de façon spectaculaire. Lors du dernier trimestre de 2011, il y avait 5,3 millions de chômeurs dans le pays (soit 22,9% de la population), c’était environ 300.000 de plus qu’au troisième trimestre de 2011. L’augmentation est particulièrement élevée parmi les jeunes. Fin septembre, le taux de chômage de la jeunesse était «seulement» de 45,8% contre 51,4% aujourd’hui : plus de la moitié !
Tourner autour du pot
Le site Express.be cette semaine a parlé d’une confrontation entre un journaliste irlandais et chef de la Banque centrale européenne. Sa question était : ‘‘Pouvez expliquer au peuple irlandais pourquoi il doit payer des milliards d’euros aux banques européennes en compensation pour des obligations non garanties, alors que les Irlandais ordinaires n’ont rien fait ?’’ La réponse est un exemple classique de l’expression "tourner autour du pot" .
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Des emplois, pas de racisme !
Plateforme pour la manifestation anti-NSV du 15 mars 2012
Ce 15 mars 2012, le NSV (Nationalistische Studentenvereniging – Cercle Etudiant Nationaliste), organisera son annuelle marche de la haine. Chaque année, ils choisissent une ville étudiante flamande différente et, en 2012, ce sera à Louvain. Comme chaque année, la campagne antifasciste Blokbuster organisera une contre-manifestation non-violente, sans répondre aux provocations de la part du NSV. Ensemble avec d’autres organisations, nous voulons mobiliser les jeunes et les habitants des quartiers de Louvain avec un message clair contre le racisme et le fascisme et pour une société orientée vers la résolution des réels problèmes sociaux.
Nous voulons mener une discussion approfondie sur la manière de lutter contre l’extrême-droite et le racisme à l’aide du texte ci-dessous.
L’extrême-droite est un danger réel
Le 22 juin 2011, deux attentats sanglants ont été commis en Norvège. A Oslo une bombe a explosé dans le quartier du gouvernement et, par la suite, un massacre a été perpétré dans un camp de la branche jeune du Parti des Travailleurs norvégien, social-démocrate, sur l’île d’Utoya. Le bilan de ces attentats est des plus tristes : 77 morts et au moins 96 blessés. Le fait que l’assassin, Anders Breivik, âgé de 32 ans, a commis ces attentats parce qu’il était convaincu par les idées d’extrême-droite pose directement la question du danger représenté des individus et groupes d’extrême-droite.
Quelques heures avant l’attentat, Breivik a mis en ligne un manifeste de 1500 pages dans lequel il a dévoilé ses idées politiques. Dans ce manifeste, il s’est prononcé contre le “marxisme culturel” et contre l’islam. Il y affirmait aussi son admiration pour Geert Wilders et son Parti de la Liberté au Pays-Bas qui, selon lui, “est le seul vrai parti pour les conservateurs”. Il s’est avéré par la suite qu’il avait également envoyé ce manifeste à un millier d’adresses e-mail. En Belgique, quelques membres du NSV à Gand ainsi que les parlementaires du Vlaams Belang Tanguy Veys et Chris Janssens ont reçu ce manifeste par mail. Francesco Speroni, chef de file de la Ligue du Nord italienne au Parlement Européenne et ancien ministre de Berlusconi, a déclaré que Breivik “défend la culture chrétienne occidentale”.
Dans notre pays aussi, la menace représentée par les éléments d’extrême droite et néo-nazis est bien réelle. En effet, cela ne fait pas si longtemps que le groupe des néo-nazis Blood & Honour a été arrêté pour avoir tenté d’installer une bande armée en Belgique. Leur amateurisme les a conduit à l’échec et la police a mis fin à leurs ambitions. Ce fait a toutefois révélé publiquement la présence de néo-nazis armés dans notre pays.
Des emplois, pas de racisme
Le NSV est une pépinière pour les politiciens du Vlaams Belang. Même si leurs résultats électoraux ont diminué cette dernière période, le danger que le racisme et l’appel à “l’ordre” se fasse entendre parmi une partie de la population reste bien réel.
Depuis cet été, la crise est omniprésente et le chômage augmentera en conséquence. La concurrence pour trouver un travail est féroce. Les frustrations augmentent. L’illusion selon laquelle les immigrés volent nos emplois et qu’il y aura plus d’emplois s’ils s’en vont peut gagner de l’influence dans ces conditions.
Les patrons et les spéculateurs rêvent de ce scenario. Ils utilisent la crise afin de “rationaliser” et “restructurer”. S’il faut, ils menacent de délocaliser vers des pays à bas-salaires ou de carrément fermer. Si les travailleurs se reportent la responsabilité de cette situation les uns sur les autres au lieu de s’en prendre ensemble à la soif de profit du patronat, les patrons sont libres de faire ce qu’ils veulent.
Le manque de logements décents et abordables est terrible. La concurrence pour ce qui reste encore augmente, tout comme les prix. Des quartiers complets sont les proies des marchands de sommeil et des spéculateurs immobiliers. Souvent, le délabrement, le chômage, la pauvreté et les problèmes de sociétés sont ramassés les uns sur les autres.
Malgré l’énorme misère qui augmente chez une grande partie de la population, les politiciens ont passé ces 3 dernières années à discuter d’une réforme d’Etat. L’attention a été déviée des problèmes réels vers la surenchère communautaire. Tous les partis sont prêts à économiser 20 milliards sur le dos de la population belge au cours des prochaines années. Les désaccords ne concernent que la façon de répartir cette austérité aux différents niveaux de gouvernements.
Dans ce contexte, l’extrême-droite sera capable de se renforcer sur base du mécontentement présent. Dans beaucoup des pays européens, les organisations de droite populiste ou néo-fascistes ont obtenu des succès électoraux. A cause de l’absence d’une alternative crédible, certains parmi la population peuvent être séduits par les slogans populistes de l’extrême-droite. En mettant le slogan ‘des emplois, pas de racisme’ au centre de la manifestation anti-NSV, nous voulons mettre le doigt sur la raison réelle du succès électoral de l’extrême-droite, mais aussi défendre un début de solution.
Pour une politique d’asile humaine: c’est aux multinationales qu’il faut s’en prendre, pas à leurs victimes !
Aujourd’hui, la répression contre les réfugiés augmente. Récemment, le bourgmestre de Schaerbeek n’a pas hésité à expulser des familles de sans-papiers de la Gare du Nord. Il n’y a pas seulement un énorme manque au niveau des places d’accueil, mais aussi au niveau de la politique sociale concernant l’enseignement, les transports, les soins de santé, les services publics, etc. afin d’offrir les mêmes opportunités aux autochtones et aux allochtones.
15% de la population de notre pays est sous le seuil de pauvreté. Mais il existe aussi une minorité de riches. L’extrême-droite n’a clairement aucun problème avec cette minorité là, elle veut surtout monter les différentes couches des plus opprimés les unes contre les autres. Les flux de migration et de réfugiés sont une conséquence directe de la manière avec laquelle le capitalisme entraîne une exploitation brutale, des conditions de travail et de vie inhumaines et des guerres pour le contrôle des ressources et des marchés. La seule manière de s’en prendre à cette problématique est d’en éliminer les causes. En attendant, une politique d’asile humaine est nécessaire pour aider les victimes de ce système.
NSV: raciste, fasciste et violent. Non à la reconnaissance à la KULeuven
Le NSV n’a pas de problèmes avec l’utilisation de la violence pour soutenir ses idées. Les immigrés et les réfugiés, les LGBT et les dissidents sont en danger réel quand le NSV mobilise ses troupes dans les rues. Nous ne voulons pas accepter cela ! Nous appelons tous les jeunes et les travailleurs à occuper les rues le même soir. Nous appelons à une mobilisation massive et non violente pour démontrer que la grande majorité des étudiants et des habitants des quartiers n’accepte pas cette marche de la haine de l’extrême-droite dans les rues de Louvain. Nous demandons à l’université de Louvain qu’elle rejette la reconnaissance du NSV et qu’elle n’ouvre pas ses locaux aux activités des racistes.
Ce 15 mars 2012 :
- Pas de marche de la Haine à Louvain, No Pasaran
- Stop à la reconnaissance du NSV et des autres organisations racistes à la KULeuven
- Des emplois, pas de racisme: pour des emplois décents, des logements abordables et un enseignement gratuit pour tous
- Stop la répression contre les réfugiés. Il faut s’en prendre aux multinationales, pas à leurs victimes !
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Organisons la lutte contre la violence fasciste ! Manifestation antifasciste contre le NSV le 8 mars prochain
Ce 22 juillet, deux attentats sanglants ont été perpétrés en Norvège : à Oslo, une bombe a explosé dans le quartier du gouvernement, puis a suivi un massacre au fusil dans un camp des jeunes du parti travailliste (social-démocrate) norvégien sur l’ile d’Utoya. Le bilan de ces deux attentats est tragique : 77 morts et 96 blessés graves. Le fait que le responsable de ces actes, un dénommé Anders Breivik (32 ans), a organisé ces attentats sur base de ses convictions d’extrême-droite pose directement la question du danger que représentent de tels individus et les groupes d’extrême-droite.
Par Mathias (Anvers), article tiré de l’édition de septembre de Lutte Socialiste
Quelques heures à peine avant le massacre, Breivik a envoyé par internet son manifeste de 1500 pages dans lequel il explique ses idées politiques. Il y parle de la menace que représentent selon lui le “marxisme culturel” et l’islam. Il y montre également une grande admiration pour le Hollandais Geert Wilders et son Parti de la Liberté qui, selon lui, est “le seul véritable parti pour les conservateurs”. Il semble qu’il ait envoyé ce manifeste à un bon millier d’adresses mail.
En Belgique, plusieurs membres gantois du NSV (Nationalistische Studenten Vereniging, cercle étudiant officieux du VB) et les députés VB Tanguy Veys et Chris Janssens ont aussi reçu une copie de ce manifeste dans leur boîte mail. En Italie, Francesco Speroni, le dirigeant de fraction de la Lega Nord au Parlement européen (et ancien ministre de Berlusconi) a déclaré que Breivik “défend la civilisation chrétienne occidentale”. Ces événements ont propulsé plusieurs partis d’extrême-droite européens sur le devant de l’actualité. Ainsi, on discute maintenant aux Pays-Bas pour savoir si Geert Wilders est responsable du climat dans lequel un individu comme Anders Breivik s’est senti suffisamment en confiance pour passer à l’acte. Selon Wilders ‘‘la gauche joue à un petit jeu politique’’. Il a expressément pris ses distances de Breivik et l’a défini comme étant un vrai fou. En Belgique, le Vlaams Belang s’est lui aussi immédiatement distancié des évènements, de même que le Front National ou le groupuscule francophone Nation sur leurs sites.
Leur attitude est parfaitement hypocrite. Ils sont bien rapides pour de dégager de toute responsabilité et dire qu’il s’agit d’un individu déséquilibré, que leurs idées ne sont pas à la base d’un tel acte. Mais pour eux, pourtant, qu’un attentat soit commis par un fondamentaliste islamiste et c’est alors la communauté musulmane dans sa totalité qui est jugée responsable ! Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls à avoir ce réflexe de simplement dire que Breivik est un fou ou un cas psychiatrique. C’est une approche facile et qui évite d’aller chercher en profondeur les causes de cette violence. Depuis lors, de toute façon, le professeur de psychiatrie Hjalmar van Marle (de l’université de Rotterdam) a affirmé que Breiviks ne manifestait pas de trouble psychiatrique sérieux. D’autres spécialistes sont arrivés à la même conclusion.
Avec la crise actuelle du système capitaliste et les problèmes sociaux qu’il engendre, il n’est pas particulièrement surprenant de voir qu’une couche de la population se sent totalement rejetée de la société actuelle. Si aucune force de gauche n’intervient alors avec des réponses claires, ce vide politique peut être occupé par des formations populistes voire d’extrême-droite. Les succès électoraux et les idées de ces organisations peuvent créer un climat dans lequel certains individus peuvent ensuite faire un pas de plus en recourant à la violence contre des non-conformistes ou des personnes d’origine étrangère. Ceci ne signifie toutefois pas que nous jugeons les partis tels que le Front National ou le Vlaams Belang responsables de la violence qui s’est abattue en Norvège, mais les contacts internationaux de Breivik, entre autres par internet, ont bel et bien joué un rôle dans le renforcement de sa confiance pour passer à l’acte.
Quel danger chez nous?
Dans notre pays également, la menace d’éléments d’extrême-droite ou néonazis est bien réelle. Il ne faut pas remonter longtemps en arrière pour revenir au moment où des membres du groupe de néonazis Blood & Honour ont été arrêtés pour avoir tenté de constituer une bande armée. Leur amateurisme les a cependant très vite conduits à un cuisant échec. Il reste que des néonazis armés se sont promenés dans notre pays.
Bien que des organisations comme Blood & Honour ou Combat 18 constituent une menace réelle, le plus grand danger provient surtout d’individus, comme Hans van Temsche (auteur des meurtres de 2008 à Anvers) et Timothy McVeigh (qui avait commis l’attentat d’Oklahoma City en 1995), des meurtres clairement inspirés par des idées d’extrême-droite. Les attentats de Breivik n’en sont que la plus récente confirmation.
De tels personnages trouvent maintenant sur internet un espace par lequel ils peuvent se radicaliser. Breivik était ainsi actif sur toutes sortes de sites Web néonazis, comme nordisk.nu. Par ce biais, il a entretenu des contacts avec des organisations d’autres pays comme l’English Defence League, la Ligue de défense anglaise, un groupe d’extrême-droite anglais fondé en 2009. En Norvège, il a été sept ans membre du parti raciste du Progrès.
De tels « internet-nazi’s » existes aussi chez nous. Il y avait par exemple une plainte contre quelqu’un qui s’appelle ‘Jan zonder vrees’ (‘Jan sans peur, qui a visiblement assez peur pour ne pas utiliser son nom). Il a dit dans un commentaire sur vandaag.be qu’il faut tuer toutes les femmes avec une burqa en disant ‘‘Cela sera vite fini avec ces conneries quand elles devront à chaque fois réparer des trous de balles dans leurs rideaux.’’
Répondre au contexte social
Les partis traditionnels sont indirectement responsables de ces drames. Le terrorisme ne tombe pas du ciel. C’est une conséquence de la situation sociale, de la la société dans laquelle il survient. Les politiques néolibérales de ces dernières décennies avec la destruction de l’Etat-Providence mènent à un élargissement du fossé entre riches et pauvres. De plus en plus de gens sont en difficulté. Cela peut conduire à une radicalisation des personnes isolées. Les économies suite à la crise actuelle ne feront qu’aggraver cela.
Par ailleurs, le racisme est stimulé par les partis établis. Des personnes comme Merkel, Sarkozy et Cameron l’utilisent pour détourner l’attention de la crise et leur politique d’austérité. Toutes les paroles sur la ‘‘défaillance de la société multiculturelle’’ dans une société avec des énormes pénuries de logements abordables, un manque cruel d’emplois bien rémunérés et stables, des pensions insuffisantes,… ne servent qu’à gommer la crise fondamentale du système capitaliste.
Notre lutte contre l’extrême-droite et le racisme est liée à la lutte contre le capitalisme. Nous sommes en faveur d’une résistance active avec des manifestations, actions et campagnes pour démontrer que l’extrême-droite n’organise qu’une toute petite minorité. Avec nos actions nous voulons éviter que les idées et les organisations de l’extrême-droite soient considérées comme ‘acceptables’. Cela explique aussi notre opposition à la reconnaissance du NSV (les étudiants du Vlaams Belang) aux universités. L’année passée encore, les organisations des partis établis ont tout fait pour faire reconnaître les correspondants gantois de Breivik à l’université et pour qu’ils aient des subsides.
EGA et Blokbuster sont depuis des années à l’avant-garde de la lutte anti-fasciste. Nous sommes également bien préparés pour organiser cette lutte dans les mois qui viennent. Début mars 2012 il y aura une nouvelle manif anti-NSV, cette fois à Louvain. Nous ne voulons pas seulement manifester de manière symbolique, mais utiliser la manif pour mener une campagne de fond parmi les étudiants, lycéens et travailleurs.
Dans notre lutte active nous plaidons pour une alternative socialiste. Si nous voulons combattre le racisme et la violence d’extrême-droite, nous devons nous attaquer aux racines sociales de ces phénomènes. Cela implique de lutter contre les inégalités et l’insécurité en investissant dans la sécurité sociale, la redistribution du travail, des salaires et allocations décentes, des logements abordables,… En bref, nous nous opposons à un système dans lequel les profits d’une petite minorité mènent à la casse sociale pour la majorité.
Vous voulez mobiliser pour cette manifestation antifasciste à Louvain? Prenez contact avec nous à info@socialisme.be !
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Cure du FMI pour la Belgique : Tuer la poule aux œufs d’or
A nouveau, aucune surprise à la lecture du rapport annuel du Fonds Monétaire International sur la Belgique. En bref : l’économie ne fait pas trop mal, mais des nuages orageux pointent à l’horizon. Pour les éviter, il faut une réforme des pensions, assainir sur les soins de santé et revoir notre système d’indexation automatique des salaires. Le rapport du FMI sonne comme un écho à ce que l’esta-blishment tente de nous faire croire depuis déjà longtemps. Un tel rapport est en effet rédigé sur base de données mises à disposition par le gouvernement belge.
Par Eric Byl
Pour le gouvernement et le patronat, cela tombe bien qu’on l’entende aussi d’une autre bouche. Le rapport nous frotte la manche pour le bilan actuel, après quoi il suggère un bon rasage, de 0,75% du PIB par an, soit 2,7 milliards d’euros, sans quoi le budget de 2015 ne serait pas en équilibre. A nous de voir. Mais, au cas où l’on penserait faire le mauvais choix, le FMI nous indique que la confiance des marchés sur le fait ‘‘que notre pays est résolu à repousser la dette de l’Etat’’ est affaiblie.
L’économie belge a cependant ses points forts. La consommation se rétablit plus vite ici que la moyenne de la zone euro. Les raisons qui expliquent cela sont les mêmes que celles qui permettent de comprendre ce qui nous a préservé du pire pendant la crise bancaire, notamment les ‘‘stabilisateurs automatiques’’. Avec ce terme, on parle de la sécurité sociale – qui nous protège mieux contre une trop forte perte de revenu – et de l’indexation automatique des salaires – qui doit protéger notre revenu quand les prix gonflent. Malgré les plaintes du patronat, notre position concurrentielle est d’ailleurs excellente.
Ici, un travailleur produit par heure plus de valeur que ses collègues à l’étranger, seuls les travailleurs du Luxembourg et de Norvège font mieux. Par conséquent, les exportations belges augmentent plus rapidement que la moyenne de la zone euro et, selon le FMI, la force de concurrence va encore augmenter dans les deux années à venir avec l’augmentation limitée (une baisse en réalité – EB) des salaires réels. En bref : ce ne sont pas les travailleurs qui sont fautifs.
Quels sont alors les points faibles? Malgré l’augmentation de la consommation, tant à l’intérieur que chez nos partenaires commerciaux, notre pays reste à l’arrière de la zone euro sur le plan des investissements. De plus, nos patrons sont plus rapides que la moyenne pour augmenter les prix pour faire grossir leurs revenus. Le FMI pointe aussi que le gouvernement belge et notre secteur bancaire sont susceptibles d’infection ‘‘si les troubles sur les marchés financiers se ravivent’’. Et ça, c’est une chose certaine : la Grèce et l’Irlande ne vont pas échapper à un ajustement de leur dette et le Portugal aussi doit frapper à la porte du fonds de stabilité européen. Le risque est réel que l’Espagne ou même le Royaume-Uni suive cet exemple, et la Belgique n’est alors plus en dehors de la zone de danger.
Les familles belges disposent cependant d’une fortune financière de 900 milliards d’euros, proportionnellement quasiment le double des Pays-Bas, de la France et de l’Allemagne. Si on compte également l’immobilier, on parle alors de 1760 milliards d’euros.
Conclure sur cette base que la Belgique est un pays avec un gouvernement pauvre et une population riche n’est toutefois pas correct, cette fortune n’étant dans les mains que d’une petite minorité. 70.000 de nos compatriotes sont millionnaires en dollars. Jusqu’à l’introduction de l’euro, 80% des 331 milliards d’euros de la dette de l’Etat étaient aux mains de ces belges ultra-riches. Pour leurs propres intérêts, ils seraient sans doute intervenus quand le gouvernement a connu des difficultés. Mais nos politiciens sont entrés dans le projet néolibéral de la zone euro. A cause de cela, 65% de la dette d’Etat belge sont dans des mains étrangères. Pour la dette à courte terme, il s’agit même déjà de 93%.
Ces investisseurs étrangers ne vont certainement pas hésiter à retirer leur argent quand la solvabilité du gouvernement belge sera en danger. Afin d’éviter ce scénario, le FMI propose de tuer la poule aux œufs d’or, c’est-à-dire de s’attaquer justement à la sécurité sociale ainsi qu’à l’indexation automatique des salaires.
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[PHOTOS] Manifestation “Stop au nucléaire”
Sous le soleil et les drapeaux, de multiples tendances écologistes et de gauche de Belgique mais aussi d’Allemagne et des Pays-Bas, se sont réunies hier Gare du Nord à Bruxelles, à l’appel de la coalition ‘‘Climat et Justice Sociale’’. À deux jours des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, et alors que l’étendue des dégâts de la catastrophe de Fukushima devient de plus en plus dramatique jour après jour, les quelque 1.500 manifestants voulaient dénoncer les dangers du nucléaire.
Par SooRa (Gand)
- Rapport de la manifestation
- Photos par Jean-Marie (Gand)
- Photos par Barbara (Pays-Bas)
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[PHOTOS] Manifestation “Stop au nucléaire” (2)
Sous le soleil et les drapeaux, de multiples tendances écologistes et de gauche de Belgique mais aussi d’Allemagne et des Pays-Bas, se sont réunies hier Gare du Nord à Bruxelles, à l’appel de la coalition ‘‘Climat et Justice Sociale’’. À deux jours des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, et alors que l’étendue des dégâts de la catastrophe de Fukushima devient de plus en plus dramatique jour après jour, les quelque 1.500 manifestants voulaient dénoncer les dangers du nucléaire.
Par Barbara (pays-Bas)
- Rapport de la manifestation
- Photos par SooRa (Gand)
- Photos par Jean-Marie (Gand)
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[PHOTOS] Manifestation “Stop au nucléaire” (3)
Sous le soleil et les drapeaux, de multiples tendances écologistes et de gauche de Belgique mais aussi d’Allemagne et des Pays-Bas, se sont réunies hier Gare du Nord à Bruxelles, à l’appel de la coalition ‘‘Climat et Justice Sociale’’. À deux jours des 25 ans de la catastrophe de Tchernobyl, et alors que l’étendue des dégâts de la catastrophe de Fukushima devient de plus en plus dramatique jour après jour, les quelque 1.500 manifestants voulaient dénoncer les dangers du nucléaire.
Par SooRa (Gand)
- Rapport de la manifestation
- Photos par SooRa (Gand)
- Photos par Barbara (Pays-Bas)
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Défendre le droit à l’avortement, en Belgique et dans le monde
La loi qui régit le droit à l’avortement en Belgique fête ses 21 ans début avril. Contrairement à un tas d’autres pays, il n’y a presque pas eu de résistance à cette loi une fois celle-ci votée. L’année dernière, les initiateurs de ce qu’ils appellent la ‘‘Marche pour la Vie’’ avaient décidé de changer cela et de commencer à mobiliser les forces anti-avortement en Belgique. Ce 27 mars, ils organisent leur deuxième ‘‘Marche pour la Vie’’. Ils veulent notamment construire un mouvement actif de protestation contre l’avortement autours d’une mobilisation annuelle.
Les véritables socialistes et les défenseurs des droits des femmes ne peuvent pas laisser passer cela sans réagir. Le PSL a décidé de suivre l’appel de la Fédération Laïque des Centres de Planning Familiaux pour une contre-action. Pour l’an prochain, un front plus large doit être construit afin de rendre impossible à ces forces réactionnaires de culpabiliser les femmes qui prennent le choix difficile d’avorter.
Dans le cadre de cette discussion, nous publions l’article suivant qui compare la situation dans les pays où l’avortement est légal à ceux où il est illégal.
Avortement illégal = avortement non sécurisé
Quand on parle de l’avortement en Belgique, il est important de cadrer cette discussion le contexte mondial. Grâce à la loi de 1990 qui autorise l’avortement, celui-ci peut avoir lieu dans des conditions de sécurité alors que, dans le monde, pleins de femmes meurent ou deviennent stériles suite à un avortement fait dans de mauvaises conditions.
Par Nathalie, Malines
La défense de la légalisation de l’avortement s’associe à une campagne sur la santé sexuelle. Le nombre d’avortements non sécurisés et la mortalité qui en découle sont plus élevés dans les pays où l’accès légal à l’avortement est insuffisant. 26% de la population mondiale vit dans 72 pays (essentiellement en voie de développement) où l’avortement est totalement interdit ou seulement permis afin de sauver la vie de la femme. Il y a plus d’avortements non sécurisés dans les 82 pays qui ont les lois les plus restrictives : jusqu’à 23 avortements non sécurisés pour 1000 femmes entre 15 et 49 ans. Dans les 52 pays où l’avortement à la demande de la femme est légal, on voit une grande différence : deux avortements non sécurisés pour 1000 femmes en âge de faire des enfants ont lieu.
Les conséquences mortelles des avortements non sécurisés illustrent aussi le niveau général des soins de santé et l’accessibilité d’un service médical post-avortement. Les chiffres de mortalité pour les avortements non sécurisés restent les plus élevés dans les pays où l’avortement est illégal. Dans ces pays, le ratio de mortalité des avortements non sécurisés est de 34 mères sur 100.000 nouveaux nés vivants. Ce ratio diminue systématiquement à mesure que l’avortement est légalisé dans de nouveaux pays. Dans les pays où l’avortement est légal sur la demande de la femme, ce chiffre tombe à moins de 1 morte par 100.000 nouveaux né en vie.
Même dans les pays où le chiffre de mortalité des mères diminue grâce à l’amélioration de l’accès aux soins de santé, les lois restrictives sur l’avortement mènent à beaucoup de décès parmi les mères.
La légalisation de l’avortement et l’accès au service d’interruption volontaire de grossesse ne fait pas augmenter la demande d’avortements. Au contraire, le seul effet de la légalisation est d’assurer le remplacement des procédures jusque là clandestines, non sécurisées et parfois mortelles, par des procédures légales et sécurisées. Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé de février 2011 illustre que l’interdiction légale de l’avortement n’a pas d’influence sur le nombre d’avortements pratiqués. En Afrique, où l’avortement est illégal dans la majorité des pays, le ratio d’avortements est à 29 alors qu’en Europe, où l’avortement est légal dans la plupart des pays, le ratio est à 28.
Les probabilités qu’une femme décide d’avorter sont aussi grandes dans un pays en voie de développement que dans les pays industrialisé. En 2003, il y avait dans les pays développés 26 avortements pour 1000 femmes et 29 pour 1000 femmes dans les pays en voie de développement. Ces chiffres démontrent que les femmes avortent que ce soit légal ou pas.
L’avortement est un phénomène qui existe et qui, fait dans de mauvaises conditions, peut avoir un effet dévastateur sur la santé des femmes. La question n’est pas si on est ‘‘pour’’ ou ‘‘contre’’ l’avortement, si on le trouve ‘‘chouette’’ ou pas. Pour nous, la question n’est pas en premier lieu basée sur des considérations éthiques ou des expériences morales et personnelles. La légalisation de l’avortement permet une prise en charge dans des centres reconnus, qui combinent leur pratique à des campagnes indispensables de prévention sur les grossesses non désirées. Cela diminue la mortalité féminine due aux avortements non sécurisés.
Le nombre d’avortements est le plus bas dans les pays où c’est un droit légal !
Aujourd’hui, il est clair que le nombre d’avortements est le plus bas dans les pays où l’interruption de grossesse à la demande de la femme est légal et où il existe un accès à des services sécurisés qui font également de la prévention concernant les grossesses non désirées, comme en Belgique. C’est notre tâche de continuer à défendre ce droit à la reproduction saine des femmes.
Depuis la loi du 3 avril 1990, l’avortement, pendant les 12 premières semaines de la grossesse, n’est plus un acte pénal en Belgique, si toutefois certaines conditions sont remplies. La première consultation et l’intervention doivent se faire dans une ‘‘institution de soins de santé’’ (un centre d’avortement ou certains hôpitaux). Ces dernières doivent avoir leur propre service d’information et une équipe pluridisciplinaire capable d’accompagner les femmes et de les informer de toutes les lois et décrets auxquels elles peuvent faire appel afin de résoudre sa situation d’urgence. La femme doit déclarer qu’elle se trouve dans une situation de nécessité, mais la loi ne donne pas une définition de celle-ci. La décision revient donc totalement à la femme, la seule à décider si elle est ou non en situation d’urgence. Une fille mineure peut aussi décider seule si elle désire garder son enfant ou pas. Une période d’attente obligatoire de six jours entre la première consultation dans le centre et l’avortement dans le même centre est imposée. Pour ces soins, nous ne devons payer que quelques euros de ticket modérateur en Belgique, ce qui rend l’avortement accessible à toutes les couches de la population.
L’enregistrement obligé des interruptions de grossesse est suivi par une Commission Nationale d’Evaluation. Elle a été mise sur pied le 30 aout 1990 afin de contrôler l’exécution et l’évaluation de la loi d’avortement du 3 avril 1990. Selon ses données de 2007, 18.033 femmes se sont faites avortées en Belgique. Depuis le début de l’enregistrement en 1993 jusque maintenant, le nombre d’avortements a augmenté de 7.701 interventions. Mais ces chiffres doivent être nuancés: il existe des interruptions de grossesse réalisées dans notre pays par des femmes qui ne sont pas domiciliées en Belgique et, parallèlement, il existe des Belges qui vont à l’étranger pour avorter. Enfin, la Commission d’Evaluation enregistre aussi un nombre de déclarations tardives.
En 2007, 18.706 femmes résidant en Belgique ont avorté. Depuis 1993, le nombre d’interruptions de grossesse a augmenté de 38,8%. Dans l’avant-dernier rapport (2004-2005), on assiste à une augmentation de 4,6%. Il reste incertain que ces chiffres montrent effectivement une montée du nombre d’interruptions de grossesse dans notre pays. Les experts partent de l’idée que la croissance du chiffre est simplement la conséquence d’un meilleur enregistrement dans les hôpitaux et les centres cliniques. Le ‘dark number’, le nombre d’interventions non enregistrées, devient dès lors de plus en plus petit. Les chiffres d’avortements en Belgique continuent tout de même à faire partie des plus bas au monde, comme ceux des pays voisins, les Pays-Bas et l’Allemagne.
La Commission d’Evaluation publie un rapport tous les deux ans. Le rapport, apparu le 9 septembre 2010 concernant la période du premier janvier 2008 jusqu’au 31 décembre 2009 formule nombre de recommandations destinées à faire baisser le nombre d’interruptions volontaires de grossesse. La prévention des grossesses non désirées, et donc la diminution du nombre d’interruptions de grossesse, commence nécessairement en stimulant le respect de soi et de l’autre. Aussi bien les femmes que les hommes doivent être conscients de leur fertilité et doivent prendre leurs responsabilités.
Une bonne prévention demande des moyens et un climat d’ouverture au lieu de culpabiliser et criminaliser les femmes
Cela commence avec l’éducation sexuelle des jeunes. La Commission met en avant qu’une éduction spécialisée et une formation adaptée sont indispensables, à l’école ou ailleurs, pour apprendre à gérer des relations affectives et sexuelles ainsi que leur fertilité. L’amélioration de la qualité de cette formation présuppose l’intégration de l’éducation sexuelle et relationnelle dans les programmes de formation des futurs enseignants. C’est seulement une éducation actualisée, rendant possible un meilleur accès à toutes les formes de contraception, qui peut donner des résultats. Cela doit être lié à une revendication pour plus de moyens pour l’enseignement en général : dans les classes trop grandes, même un enseignant mieux formé ne saurait mener à bien une formation autour de sujets si sensibles.
Les jeunes, femmes et hommes, devraient avoir la possibilité de parler librement de la sexualité et de leurs relations. La responsabilité de prévention des grossesses non désirées et donc aussi de l’avortement est l’affaire tant des femmes que des hommes. Le tabou sur le sexe et ses conséquences possibles fait obstacle à cette évolution. Comme l’avortement est une solution d’urgence pour une grossesse non désirée, qui est de la responsabilité de la femme et de l’homme, aucun tabou ne devrait bloquer la communication autour de ce thème. C’est justement de ça que le mouvement pro-life et l’église catholique sont coupables.
Il ne suffit évidemment pas d’avoir le droit à l’avortement. Afin d’effectivement faire baisser les chiffres d’avortements, il est extrêmement important de combiner la légalisation avec une bonne politique de prévention. A côté de l’éducation sexuelle pour stimuler la responsabilisation des gens, les moyens de contraception doivent être promus afin de minimaliser le risque d’une grossesse non désirée. Il est important que l’éducation sexuelle et les contraceptifs soient accessibles à toutes les couches de la population. En Belgique, les contraceptifs restent beaucoup trop chers. Nous sommes pour des moyens de contraception de qualité, gratuits et accessibles à tous.
Des études scientifiques nous montrent que la plupart des femmes avortent sans forme persistante de stress émotionnel. Quelques femmes subissent un stress émotionnel doux, tout de suite après l’avortement, combiné à un sentiment de chagrin, de solitude, de gêne, de culpabilité et de regret. Seul un petit groupe ressent un stress émotionnel sérieux, caractérisé par le deuil, la crise et la dépression suite à un avortement. Beaucoup d’études montrent que les sentiments les plus présents justes avant, pendant et juste après l’avortement sont la peur, la culpabilité et la gêne.
Il est important de montrer que ces sentiments se développent plus dans les endroits où les femmes vivent dans une société avec une morale patriarcale et restrictive. Une grande confusion existe dans les sentiments liés à l’avortement. Le soulagement n’exclut pas le chagrin et le deuil. Presque la moitié des femmes lient l’avortement plus à des sentiments pénibles qu’à des sentiments positifs sur le plus long terme. Car le plus souvent les femmes avortent pour sauver quelque chose qui est d’une importante réelle pour elles et/ou pour d’autres mais jamais parce que c’est ‘‘chouette’’. L’avortement est une forme de prise de responsabilité.
La qualité du soutien offert à la femme pendant le processus de décision a une influence importante sur le bien-être de la femme après l’avortement. Le plus grand facteur de risque pour le stress émotionnel semble être la pression du partenaire masculin pour l’avortement. Une femme doit toujours pouvoir décider librement si elle veut ou non interrompre sa grossesse. Il faut donc assurer que les femmes peuvent résister à la pression sociale de ceux qui veulent les pousser à l’avortement ou qui veulent justement leur interdire. Un bon soutien social et un climat qui accepte l’avortement sont d’une grande importance.
Il faut défendre aussi le droit d’avoir des enfants
En Belgique, seule la femme a le droit de décider si elle veut ou pas avoir un enfant. Quand une femme choisit d’avorter car elle ne veut pas d’enfant à ce moment-là, c’est également totalement justifié. Les facteurs externes qui font que les femmes choisissent l’avortement doivent cependant diminuer. Pour cela, il est important d’étudier les raisons pour lesquelles les femmes avortent afin d’agir là-dessus.
Une des données la plus remarquable dans le dernier rapport de la Commission d’Evaluation (février 2010) était que 25% du nombre total d’interruptions de grossesse enregistré ont lieu dans la Région de Bruxelles Capitale. Près de 28,9% (en 2009) des femmes déclarent se trouver dans une situation de difficultés matérielles dans la région avec le plus haut chiffre de chômage. Pour les années étudiées ici, un peu plus que 15% des femmes invoquent des difficultés financières, professionnelles ou de logement comme situations d’urgence.
Les femmes et les hommes ont le droit d’avoir des enfants et ne peuvent pas être limités par d’autres raisons que leur libre choix. Ainsi des motifs financiers ne devraient pas influencés le choix à avorter. Les travailleurs ont le droit à un revenu stable qui permet de vivre confortablement, et ce en augmentant les salaires et toutes les allocations sociales. Les allocations familiales doivent également couvrir réellement les coûts de l’éducation d’un enfant et des services publics qui permettent aux femmes de combiner travail et famille. Ce programme doit assurer qu’aucune femme ne doit choisir l’avortement pour des raisons essentiellement financières.
La lutte pour le droit à l’avortement – et le droit à la santé en général – ne peut pas être considérée de façon déconnectée de la lutte sociale pour des meilleures conditions socio-économiques pour chacun. Les soins de santé doivent être accessibles pour tous, riches et pauvres, hommes et femmes et doivent alors être gratuits. La lutte des femmes n’est pas ne lutte des femmes contre les hommes. Une stratégie de division des travailleurs pour diriger rend les luttes sociales pour des meilleures conditions de vie impossibles. C’est donc une affaire des hommes et des femmes pour laquelle nous luttons de manière unifiée pour nos droits.
Sources:
- Rapport de l’OMS avec des faits sur les avortements provoqués partout dans le monde, publié en février 2011.
- Rapport de l’OMS sur les avortements non sécurisés, 2008.
- Sensoa, dossier ‘avortement en Belgique: faits et chiffres (octobre 2009).
- Rapport de la Commission National de l’Evaluation concernant les interruptions de grossesse, publié le 9 septembre 2010.
- ‘Avortement pour toujours fini?’, Riemslagh, M., Vanmechelen, B. (2003)
- Broen A.N., Moum, T., Bodtker, A.S., Ekeberg,O., The course of mental health after miscarriage and induced abortion: a longitudinal 5 year follow-up study. (2005).
- Trybulski, J., The longterm phenomenae of women’s postabortion experiences. (2005).
- Kero, A., Högberg, U., Lalos, A., Wellbeing and mental growth- long term effects of legal abortion (2004).
- Aléx, L., Hammarström, A., Women’s experiences in connection with induced abortion – a feminist perspective. (2004).
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Armer la résistance avec des idées socialistes
Ces derniers mois ont été caractérisés par des changements soudains et de puissants mouvements de protestation dans lesquels la jeunesse a pu jouer un rôle de premier plan. Mais le mécontentement actuel traverse toutes les couches de la société. En Tunisie, un redoutable mouvement de masse a même réussi à faire chuter le dictateur Ben Ali tandis que de grandes mobilisations de la jeunesse ont eu lieu en Europe pour la défense de l’enseignement et pour un meilleur avenir. Ainsi, des pays comme la Grèce, la France, l’Italie, l’Irlande, la Grande-Bretagne, la Tunisie, l’Algérie,… ont récemment été ébranlés par des mouvements de contestation.
Le capitalisme n’a aucun avenir à offrir à la majorité de la population, de plus en plus de jeunes sombrent dans le chômage et la misère : la résistance est une nécessité ! Durant des années, on nous a rabâché les oreilles en nous disant qu’aucune alternative n’était possible face au système capitaliste, mais il est clair que ce système ne fonctionne plus.
Notre pays n’est pas immunisé contre de tels mouvements, ces derniers surgiront. Ici aussi, le mécontentement est large parmi la population. Il y a à peine un an, on aurait ri au nez de celui qui aurait parlé de l’arrivée d’un mouvement étudiant de l’ampleur de celui que connait la Grande-Bretagne : plusieurs manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de jeunes. Aux Pays-Bas aussi, de grandes manifestations de jeunes ont eu lieu et, à un certain moment, notre pays suivra.
Mais être en colère et descendre en rue ne suffira pas. Nous devons organiser notre lutte et l’armer d’un programme politique pour un changement fondamental. Ce changement ne viendra pas de l’establishment, ni simplement en lançant un groupe facebook ; nous devons nous organiser dans le monde réel, avec ceux qui sont capable de bloquer la société: les travailleurs et leurs familles. Voilà la force déterminante pour prendre en main le processus de production.
Un système alternatif à l’exploitation capitaliste doit se baser sur les intérêts de la majorité de la population, ce qui nécessite absolument de placer l’économie sous le contrôle et la gestion des travailleurs. Après des décennies de propagande et d’euphorie néolibérales, il est moins évident de parler du socialisme. Pourtant, la crise capitaliste illustre la nécessité de passer à une société basée sur la collectivité.
Nous voulons creuser ce sujet plus en profondeur et aborder les réponses socialistes face à la crise du capitalisme. Le weekend ‘‘Socialisme’’ de ces 12 et 13 mars constitue à ce titre une excellente opportunité. Ces discussions sont non seulement intéressantes, mais également d’une utilité de première importance afin de renforcer les mouvements de protestation. Savoir contre quel système nous luttons est insuffisant, il faut avoir une idée de l’alternative et de la manière de s’orienter en sa direction.