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  • Industrie. Ne jamais gâcher une bonne crise ?

    L’annonce de la fermeture de Ford Genk a donné du travail aux médias dominants : comment sauver l’industrie en Belgique ? Le quotidien Flamand De Tijd a proposé un plan d’action de 10 points, Le Soir a proposé 10 mesures de relance avec toute une série de dossiers consacrés à ces mesures d’urgence. On retrouve ce thème décliné de diverses manières dans tous les médias. Mais on n’y trouve rien de neuf. Toutes ces propositions se résument à dérouler le tapis rouge pour les investisseurs industriels. Est-ce vraiment un début de solution ? Le drame de Ford-Genk n’illustre-t-il plutôt pas une fois encore ce qui arrive quand on se plie en quatre pour les désirs du patronat ?

    Par Eric Byl

    Salaires

    La direction de Ford a réfuté l’argument selon lequel ce drame arrivait en conséquence du coût du travail en Belgique, et ça, les patrons ne l’ont pas apprécié. Même la fédération patronale du métal, Agoria, a dû admettre que les salaires à Genk sont actuellement inférieurs de 5% à ceux d’Allemagne (1). Peter Leyman, l’ancien président de l’organisation patronale flamande Voka et ancien directeur-général de Volvo-Gand, a lui-même admis que les coûts de production ne représentent que 10 à 15% du prix d’une voiture à l’achat. Le reste est absorbé par la logistique, le marketing et le développement. Les coûts de travail ne représentent que 6 à 8% (2). Le spécialiste du secteur automobile Vic Heylen affirme quant à lui que les coûts salariaux dans l’assemblage ne représentent que 5,5% des coûts totaux. Mais malgré toutes ces données, l’establishment quasiment au grand complet se mobilise pour nous convaincre que le grand problème, ce sont les coûts salariaux.

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    Remplacer l’industrie par une économie de connaissance?

    Depuis 1995, le nombre d’emplois industriels a diminué de 134.000 postes pour arriver atteindre les 585.000. En 1995, 18,6% de la population active travaillait dans l’industrie, contre 12,6% maintenant (10).

    Contrairement à 2003, lors de la dernière grande restructuration de Ford Genk, les médias pensent aujourd’hui que c’est alarmant. Dans le temps, les spécialistes disaient encore que c’en était fini avec l’industrie en Europe de l’ouest et que l’on devait miser sur les centres de connaissances. Les marxistes n’étaient pas d’accord avec cette position. Nous avons souligné l’importance de l’industrie. Nous avons écrit et défendu que si la production se déplace, il ne faudra pas longtemps avant que les centres de connaissance suivent le même chemin. Toute cette idée de l’économie de la connaissance n’a pas encore complètement disparu. Mais, heureusement, ce n’est plus considéré comme une solution magique. Les médias doivent avouer que l’exportation des marchandises est encore beaucoup plus importante que l’exportation des services et que c’est à l’industrie que l’on consacre le plus de recherches et de développements.

    Les travailleurs et leurs familles, ainsi que les nombreux militants du PSL, voient tous les jours que l’industrie prend des coups. Pourtant, nous voulons souligner qu’une partie considérable des pertes d’emplois résulte de l’externalisation des activités non-essentielles des entreprises industrielles. La maintenance, le nettoyage et l’administration qui appartenaient à l’industrie sont externalisés et sont maintenant souvent considérés comme étant des services. De plus, les pertes d’emploi ne s’accompagnent pas d’une baisse de la valeur produite. Selon un rapport publié par le Centre pour l’Economie Régionale de l’université de Louvain, l’emploi industriel en Flandre a diminué de 20% entre 2001 et 2010. Mais dans la même période, la valeur ajoutée a augmenté de 40%. Toujours dans cette période, la productivité du travail a augmenté de 50%, avec même avec 200% d’augmentation dans le secteur chimique. (11)

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    Pour le gouvernement Di Rupo, la priorité centrale du budget 2013 n’est pas la lutte contre la pauvreté, mais la lutte contre notre prétendu handicap salarial par rapport aux pays voisins. Le Soir et De Tijd en ont fait l’axe central de leur programme en 10 points. Dans son dernier rapport annuel, celui de 2011, la Banque Nationale a calculé que depuis l’introduction de la loi sur la protection de la compétitivité en 1996, les salaires ont en Belgique augmenté 4,6% plus vite que la moyenne pondérée de l’Allemagne, de la France et des Pays-Bas (3). Mais ce n’est le cas qu’à cause de la situation en Allemagne car, durant cette même période, les salaires hollandais ont augmenté 14% plus vite que chez nous. En France, c’était 3% plus vite. Ça, De Tijd ne le dit pas. Toute son attention est concentrée sur l’Allemagne, parce que les salaires y ont augmenté 14% moins vite qu’en Belgique. Et alors, pas un mot sur l’unification allemande et sur la pression à la baisse qui en a résulté pour les salaires. Quand on compare nos salaires avec ceux des pays voisins, il n’est également pas question de prendre en compte les subventions salariales et les autres avantages fiscaux. Ces montants représentent déjà plus de 10 milliards d’euros par an, soit plus de 5,5% de la masse salariale totale. Si ces avantages sont intégrés dans le calcul, notre soi-disant handicap n’est plus que de 1%.

    La productivité

    Les salaires horaires, ce n’est encore qu’une partie de l’histoire. Selon l’OCDE, un travailleur belge a en moyenne produit une valeur de 59,2 dollars par heure en 2011, contre 59,6 dollars aux Pays-Bas, 57,5 dollars en France et en 55,3 dollars en Allemagne. (4) Ce chiffre prend en compte l’ensemble des secteurs économiques. En mars dernier, PriceWaterCoopers a publié une étude comparant les entreprises privées de plus de 250 travailleurs. Les entreprises du secteur financier, du non-marchand et de l’intérim n’étaient volontairement pas reprises. Pour obtenir le même chiffre d’affaires que 100 travailleurs en Belgique, il en faut 126 aux Pays-Bas, 131 en France, 132 en Allemagne et même 175 en Grande-Bretagne (5).

    Au cours des récentes discussions budgétaires, les médias et les politiciens ont évoqué la possibilité de supprimer un jour férié ou d’aller de trouver d’autres manières de prolonger le temps de travail. Sur cet élément également, l’OCDE dispose de données intéressantes. Aux Pays-Bas les salariés travaillent annuellement 200 heures de moins qu’en Belgique en moyenne. En France il s’agit de 100 heures et de 150 heures en Allemagne. (6) Les travailleurs grecs ont peu de temps pour se reposer au soleil, ils travaillent en moyenne 460 heures par an de plus qu’en Belgique. Comme il n’y a quasiment pas de grandes entreprises en Grèce, la productivité y est plus basse. La productivité n’y est qu’à peine plus élevée que dans la majorité des petites entreprises de moins de 10 travailleurs chez nous (34 dollars par heure).

    Pourquoi fermer Ford Genk alors ?

    Quelles sont les raisons données par les vrais spécialistes du secteur automobile concernant la fermeture des sites à Genk et Southampton ? Ferdinand Dudenhöffer, professeur à l’institut CAR de l’université de Duisburg-Essen : ‘‘Fermer d’autres sites européens était beaucoup plus difficile. A Valence il est difficile de licencier des travailleurs. Là c’est fortement réglementé. Et en Allemagne, c’était aussi impossible au vu des engagements courant jusqu’en 2015 ou 2016.’’ (7) L’analyste Colin Lagnan d’UBS a déclaré que le choix de Genk était logique : ‘‘Fermer un site en Allemagne sera plus difficile sur le plan social’’ (8) The Wall Street Times a dit que la Belgique est un pays ‘‘avec des syndicats plus dociles dans l’automobile.’’ (9)

    Des alternatives

    Nier que la soif insatiable de compétitivité conduit à la surcapacité serait inutile. L’usine de Genk est une entreprise ultramoderne. Cela vaut aussi pour d’autres entreprises en cours de restructuration ou de fermeture. Les entreprises comprennent des laboratoires modernes, des outils de productions qui peuvent facilement être adapté et toute une machinerie robotisée assistée par ordinateurs. Avec quelques reprogrammations, on y peut produire presque tout.

    Pourquoi sacrifier ces richesses à la soif de profit privé et utiliser les moyens de la collectivité pour dérouler le tapis rouge aux requins du profit ? Exproprier ces installations et ces terrains et faire usage des nombreux centres de connaissance de nos universités ainsi que du savoir-faire technique et des travailleurs expérimentés nous permettrait de répondre aux besoins réels : une mobilité écologiquement responsable et rationnellement planifiée, un plan de construction de logements sociaux, de bâtiments scolaires et d’autres infrastructure. Voilà la base d’une véritable politique industrielle. C’est à l’opposé de cette logique de compétitivité où les moyens de la collectivité sont utilisés pour monter les travailleurs les uns contre les autres au détriment de leurs conditions de travail, de leur revenu et de leur environnement.


    1. De Tijd 24/10/2012. “Zoek de autosector in Europa’s plan voor een industriële revolutie”
    2. Le Soir 24/10/2012. Leyman: ‘‘chaque centime d’euro compte”
    3. Un groupe de travail technique du gouvernement pour accompagner le budget 2013 a déclaré que le handicap salarial est de 5,2%. Les détails de ce chiffre ne nous sont pas encore connus. C’est possible mais, comme d’habitude, ces données devront être corrigées lorsque les chiffres véritables arriveront.
    4. http:/stats.oecd.org/Index.aspx?usercontext=sourceoecd
    5. Rapport dans ‘De Tijd’ du 28/03/2012. ‘Belg presteert, maar rendeert niet’
    6. Voire note 4
    7. De Tijd 30/10/2012 ‘Dudenhöffer: ‘Ford kon enkel Genk sluiten’
    8. De Tijd 23/10/2012 ‘Sluiting lost overcapaciteit bij Ford op’
    9. De Tijd 14/09/2012 ‘Autobouwers willen steeds dichter bij hun markt zitten’ (10) De Tijd 25/10/2012 ‘Belgische industrie smelt weg’ (11) Beleidsrapport STORE-B-12-001 ‘Sectoranalyse van de Belgische economie – 3 juli 2012’
  • La Côte d'Ivoire s'engage sur le chemin de la lutte

    La Côte d’Ivoire, ancien joyau de l’impérialisme français en Afrique de l’Ouest, considéré comme la “locomotive” de toute la sous-région, semble doucement se remettre de la grave crise politique et militaire qui l’a ravagé pendant une dizaine d’années. Cette crise avait vu le territoire partagé entre deux camps adverses de l’élite ivoirienne : d’une part le gouvernement mafieux de Laurent Gbagbo, ancien syndicaliste, qui avait instrumentalisé la soif de changement des jeunes ivoiriens afin de se constituer une grande base de milices semi-fascistes, les “Jeunes Patriotes”, tout en détournant lui-même des sommes considérables directement prélevées sur le dos des planteurs et en accueillant à bras ouvert l’impérialisme et le FMI ; de l’autre, les “Forces nouvelles” qui prétendaient défendre les intérêts des populations du nord du pays, longtemps considérées comme citoyens de seconde zone par ceux du Sud, et poussant devant elles le candidat Alassane Ouattara, dont la candidature à la présidence avait été à plusieurs reprises refusées pour incertitude quant à son “ivoirité”.

    Par Gilles (Hainaut)

    Photo ci-contre : Conférence de presse durant la grève des taxis

    Les élections, longtemps reportées par le camp Gbagbo – qui a ainsi outrepassé sa présidence de cinq ans –, ont finalement été organisées en 2010, menant à un nouveau tour de violences électorales. Les deux candidats avaient en effet chacun obtenu un score quasi identique, d’autant plus que les comptages divergeaient en fonction des institutions et que des irrégularités avaient été observées de part et d’autres. Mais la “communauté internationale” avait fait son choix en la personne d’Alassane. Aucune négociation ne portant de fruits, il a fallu l’intervention de l’ONU pour aller chercher Gbagbo, qui s’était enfermé dans la présidence, et l’expulser du territoire. Mais ne nous leurrons pas : si Gbagbo a attiré sur lui tellement d’opprobre de la part de la “communauté internationale”, ce n’est pas pour avoir menacé leur système. Il n’a rien d’un chantre de l’anti-impérialisme, malgré certains de ses discours, et est bien loin d’un Chavez ou d’un Sankara ! Simplement, l’impérialisme l’a à juste titre perçu comme un individu trop imprévisible pour le poste qu’il occupait, et dont la personnalité instable menaçait les intérêts de leurs investissements dans le pays. Alassane au contraire est un candidat zélé de l’impérialisme : ancien haut cadre du FMI, époux d’une riche colonialiste française, il a déjà fait ses preuves en tant que premier ministre de Côte d’Ivoire, poste créé pour lui en 1990 par le président Félix Houphouët-Boigny qui l’avait chargé d’appliquer les plans d’“ajustement structurel” (austérité) imposés par le FMI.

    Depuis lors, la situation semble s’être bien calmée. Gbagbo croupit aujourd’hui en prison à La Haye au Pays-Bas – son procès auprès de la Cour pénale internationale vient de commencer –, la plupart de ses cadres sont en exil au Ghana ou en Afrique du Nord. Les investisseurs se suivent, dans le sillage des nombreuses visites officielles à l’étranger accomplies par le président. On annonce une croissance de 8 % pour cette année et pour l’an prochain, avec l’objectif de faire de la Côte d’Ivoire un “pays émergent” pour 2020. Il reste cependant des menaces. Beaucoup d’armes demeurent parmi la population. Le nouveau pouvoir a été obligé de composer avec divers chefs de guerre des deux camps, fusionnant les deux armées rivales et accordant des postes bien juteux des deux côtés ; sa sécurité repose donc en partie sur d’anciens ennemis. En outre, pas une semaine ne se passe sans qu’on entende parler d’attaques ici et là : des centrales électriques, des casernes, des prisons seraient visées. Bien que ces attaques soient sporadiques et n’aient jusqu’ici fait quasiment aucun mort, elles jettent un doute sur la stabilité du pays. Cependant, aucune n’ayant été revendiquée, les rumeurs vont bon train sur qui pourrait se trouver à leur tête : une conspiration pro-Gbagbo télécommandée de l’étranger (la frontière avec le Ghana a été temporairement fermée le mois passé à la suite d’une escarmouche, le pouvoir craignant la possibilité d’un regroupement des forces pro-Gbagbo dans ce pays voisin) ? Des anciens militaires pro-Gbagbo déçus de l’attribution de postes par le nouveau pouvoir ? Des militaires pro-Outtara déçus ? Des mercenaires (on sait que les Forces nouvelles ont fait grand usage des “dozos”, confréries de chasseurs traditionnels, qui n’ont eux non plus pas obtenu tout ce qu’ils désiraient) ? De vulgaires bandits ? Ou bien y a-t-il réellement une préparation en vue d’un coup d’État ? Beaucoup de questions restent posées. Mais selon de nombreux rapports, le camp Gbagbo est bel et bien désarmé : la plupart de ses cadres ont été dispersés dans des pays différents, sont sans le sou et vivent de transferts de Western Union en provenance de famille en France, ou bien sont en prison sous étroite surveillance, comme c’est le cas entre autres de la femme de Gbagbo, Simone.

    Et donc, dans ce contexte d’euphorie en bémol, la population, qui pour la plupart n’avait pas véritablement pris part aux combats, relève la tête pour faire l’état des lieux après l’orage. Les bonnes nouvelles se succédant sur le plan économique, tout le monde est confiant dans l’avenir : ne parle-t-on pas de “pluies de milliards” provenant des nombreux contacts de Ouattara à l’étranger ? Pourtant, la reprise tarde un peu. Les grands projets sont reportés à “après les élections” (communales et régionales, en février), les nombreux subsides accordés par l’étranger ne quittent pas le cercle dirigeant ou vont en priorité aux ONG créées par eux (comme la fondation “Children of Africa” de la première dame, Dominique Ouattara). La police continue ses exactions, l’administration est peuplée de gens qui se prennent très au sérieux, la corruption est toujours là, et on ressent partout l’arrogance du nouveau pouvoir. Cette arrogance peut notamment se ressentir avec la nouvelle politique d’“urbanisme” dans tout le pays, qui vise à nettoyer, parfois au bulldozer, les trottoirs des petits commerces pourtant installés là légalement !

    La population, qui était jusqu’ici en attente, soucieuse de ne pas déstabiliser le nouveau gouvernement, commence à grogner et à reprendre le chemin de la lutte des classes. La voie a déjà été ouverte par les enseignants des lycées au printemps dernier, mais cet automne, ce sont les chauffeurs de taxi d’Abidjan et les étudiants qui font beaucoup parler d’eux.

    Le mouvement des chauffeurs de taxi repose surtout sur les jeunes chauffeurs, dont la revendication en ce moment est la fin des rackets policiers, et des contrôles plus sévères sur les taxis clandestins qui nuisent à leurs bénéfices. Il faut savoir que les taxis appartiennent en général à des petits patrons qui prélèvent un montant fixe sur chaque taxi chaque jour, laissant ensuite au chauffeur le soin de payer le carburant utilisé, avant de garder le maigre bénéfice qui reste éventuellement. La grève des taxis à Abidjan est organisée par des meetings de masse des chauffeurs qui se réunissent à la gare routière, en-dehors de toute structure syndicale officielle. Il existe certes un syndicat des taxis, mais celui-ci a dans les faits dégénéré en une mafia qui se contente de prélever des “taxes” sur les autres chauffeurs. Les taxis étant les seuls transports “en commun” réellement disponibles dans la ville, ce mouvement met à chaque journée de grève à l’arrêt l’ensemble de la capitale économique du pays.

    Les étudiants quant à eux sont confrontés à toutes sortes de problèmes graves. Mis à part le fait que le système universitaire dans son ensemble se trouve dans un état déplorable, tant au niveau des salles de classe que des logements étudiants et du nombre d’enseignants, il y a aussi le problème d’arriéré des bourses, qui bien souvent n’ont pas été payées depuis presque un an, et le problème encore plus sérieux de la hausse subite des frais d’inscription à l’université, qui sont passés sans prévenir de 6000 FCFA à 30 000 pour les licences, 60 000 pour les masters et 90 000 pour les doctorats (respectivement 10, 45, 90 et 135 €) ! On veut ainsi faire “participer” les étudiants au cout réel de leur formation. Et tout cela dans une ambiance de chaos complet : vu que plusieurs années d’université ont été perdues à cause de la crise, plusieurs générations d’étudiants se retrouvent contraintes de s’inscrire en même temps, ce qui démultiplie la surpopulation sur le campus, et qui mène à un grand retard au niveau de la reprise des cours, qu’on attend depuis plusieurs mois malgré l’annonce officielle du premier septembre. Des manifestations ont été organisées, directement réprimées par la police à coups de gaz lacrymo et autres joyeusetés. Mais les meetings se poursuivent dans les auditoires avec les diverses organisations syndicales estudiantines.

    Les étudiants ne sont en fait pas les seuls à ne pas reprendre le chemin de la lutte, puisque le corps enseignant est lui aussi en grève, à nouveau pour des raisons d’arriérés salariaux. La rentrée risque d’attendre encore un peu.

    À côté de ça, on voit d’autres mouvements comme les balayeuses de Yamoussoukro en lutte pour récupérer des arriérés salariaux, les employés de l’usine Olhéol de Bouaké, en chômage technique depuis plusieurs mois et qui exigent la reprise du travail et le payement, à nouveau, des arriérés salariaux.

    La population de Côte d’Ivoire n’a aucune tradition révolutionnaire, n’a jamais connu aucun dirigeant historique aux déclarations radicales. Elle a été gâtée par un système clientéliste où tout lui était offert sur simple demande (ou flatterie) auprès de l’échelon supérieur. La conscience a de plus été fortement repoussée en arrière pendant la crise, avec dix années de divisions, de lutte fratricide, d’instabilité, de violence et pendant lesquelles toute l’attention était focalisée sur le grand soap opéra des politiciens, les rumeurs et les intrigues parmi l’élite nationale. Elle a été de plus quasi coupée du monde et des développements politiques à l’échelle régionale. Aujourd’hui cependant, les travailleurs sont à la recherche de solutions. La croissance dont on parle tous les jours est loin de se refléter dans les assiettes, d’autant plus qu’on annonce de nouvelles hausses des prix de l’alimentation au niveau mondial.

    Dans ce contexte, il est crucial que la population de Côte d’Ivoire relève la tête et se remette à jour sur ce qu’il se passe dans les autres pays. Beaucoup d’événements se sont produits depuis l’année passée, à commencer par la révolution en Afrique du Nord, qui a déclenché de gigantesques mouvements de résistance en Europe et en Amérique. La Côte d’Ivoire, sortie de sa propre crise politique, réalise qu’elle se trouve aujourd’hui au beau milieu d’une crise économique et politique de portée mondiale. La reprise du militarisme dans l’océan Pacifique, les menaces de déstabilisation et de guerre au Moyen-Orient, la crise de la zone euro, le ralentissement de la croissance chinoise, sans parler du réchauffement planétaire, ne présagent rien de bon pour l’avenir, malgré toutes les déclarations sur le “nouvel eldorado africain”.

    La crise mondiale a ses répercussions sur le continent africain, tout comme le mouvement des Indignés européens. S’il est vrai que de lourdes menaces pèsent sur la stabilité du Sahel avec la crise malienne, beaucoup de leçons sont par contre à tirer du mouvement “Y en a marre” au Sénégal qui a fait dégager le président Wade en mobilisant la nation tout entière, de la grève générale au Nigeria contre la hausse du prix des carburants, qui a été le plus grand mouvement de masse de toute l’histoire du Nigeria, et de la grève des mineurs en Afrique du Sud, à la suite du massacre de Marikana, qui débouche aujourd’hui sur la décision de mettre sur pied un nouveau parti de masse des travailleurs. D’autres mouvements peuvent encore survenir dans la sous-région, au Burkina par exemple pour faire dégager l’usurpateur Compaoré, ou au Togo contre le président Eyadéma Junior.

    La Côte d’Ivoire peut reprendre son rôle de “locomotive” de la sous-région, plus seulement en termes économiques, mais aussi sur le plan de la lutte sociale. Le peuple de Côte d’Ivoire doit tirer les leçons de toutes ces expériences, et développer une alternative à la misère néolibérale, une alternative unitaire qui regroupe l’ensemble de la population laborieuse, au-delà des clivages communautaires, religieux et ethniques, contre les politiciens blagueurs, contre l’arrogance des patrons colons, contre ce système pourri qu’on cherche à nous imposer, en lien avec la population de toute l’Afrique de l’Ouest. En bref, une alternative socialiste.

  • Les protestations contre l'expulsion de notre camarade Murugathas se développent

    L’appel à protester contre l’expulsion éventuelle du militant tamoul Murugathas a pu compter sur un large écho. Des dizaines de personnes ont envoyé des mails de protestation au secrétaire d’État à l’asile et à l’immigration afin de s’opposer à l’expulsion imminente d’un homme présent depuis 18 ans dans notre pays, qui y a une famille, et dont la vie sera en danger s’il est renvoyé au Sri Lanka. Parmi les différentes lettres de protestation se trouvent notamment celle d’un dirigeant syndical du Kazakhstan et celle de Paul Murphy, député européen irlandais. Depuis le centre de détention de Steenokkerzeel, Murugathas tient à chaleureusement remercier tous ceux qui le soutiennent.

    Par Geert Cool. Si vous voulez collaborer à cette campagne, n’hésitez pas à nous contacter via : tamil@socialisme.be

    Les expulsions de Tamouls très contestées en Grande-Bretagne

    Le choc qu’ont subi les parents, les amis et les camarades de Murugathas est très grand. Lui-même est d’ailleurs encore aujourd’hui très affecté par son arrestation. Une expulsion signifierait qu’il soit livré aux mains des autorités sri-lankaises, avec le risque qu’il soit torturé. Cette année, des Tamouls ont été expulsés du Royaume-Uni vers le Sri Lanka, et ils ont subi diverses violences dès leur arrivée.

    Le quotidien The Guardian a ainsi publié un article consacré au retour d’un réfugié tamoul (voir cet article). Ci-contre, vous pouvez voir une photo qui illustre ce qui est arrivé aux réfugiés tamouls qui sont retournés au Sri Lanka… Les choses sont allés tellement loin que des décisions judiciaires sont arrivées pour interdire de renvoyer les Tamouls au Sri Lanka (voir cet article du Guardian).

    L’oragnisation de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a également protesté contre les expulsions de Tamouls. Amnesty International souligne également les grands problèmes que rencontrent les droits de l’Homme au Sri Lanka. L’organisation ne croit pas aux vaines promesses du régime (voir cet article d’Amnesty International). Ces plaintes des organisations de défense des droits de l’Homme ont été renforcées par un rapport de l’ONU qui a admis que les Nations Unies ont été incapables de protéger la population civile au Sri Lanka et qui reconnaît explicitement que, même après la guerre civile, les droits de l’Homme ne sont pas respectés.

    Un large soutien et une grande solidarité

    Les messages de protestation ont afflué depuis le lancement de l’appel, de la part de militants politiques, de syndicalistes,… Parmi eux: Esenbek Ukteshbayev, l’une des figures parmi les plus proéminentes de la gauche syndicale au Kazakhstan, lui-même venant à peine de rentrer au pays après un exil forcé destiné à fuir la répression. Des protestations sont également venues d’Inde et de notre parti-frère New Socialist Alternative. Des e-mails de syndicalistes et de militants politiques sont aussi venus du Portugal, d’Italie, de France, des Pays-Bas, de Suède,… En Belgique, la pétition a été signée par des militants du PSL, de Rood!, de la LCR, du PTB, par des syndicalistes de la FGTB et de la CSC, ainsi que par des gens qui ne sont organisés nulle part.

    Le député européen Paul Murhpy (Socialist Party, notre parti-frère en république Irlandaise) a envoyé une lettre à la secrétaire d’État De Block. Il déclare entre autres: ”Je suis membre de la délégation du Parlement Européen qui discute des relation avec l’Asie du Sud, et notamment avec le Sri Lanka. J’ai rencontré Murugathas à plusieurs reprises dans la cadre de mon travail avec cette délégation. Je connais la situation du Sri Lanka de par mon travail avec la présente délégation ainsi que par de nombreux contacts que j’ai dans ce pays. Le rapport de l’ONU ‘Report of the secretary general’s internal review panel on UN action in Sri Lanka’ démontre que les Nations Unies n’ont pas pu protéger les civils dans les derniers mois de la guerre civile. De nombreuses preuves attestent de violations répétées des droits de l’Homme et du fait que les discriminations du gouvernement contre la minorité tamoule se poursuivent sans relâche depuis la fin de la guerre.” (La lettre de Paul Murphy est disponible ici (pdf)). La campagne se poursuivra dans les prochains jours. Lundi sera soumis le recours contre l’arrestation et l’expulsion de Murugathas. Des actions seront prévues. En attendant, nous vous demandons de continuer à faire connaître le cas de Murugathas, à faire signer la pétition et à envoyer les mails de protestation.


    Lettre de Paul Murphy

  • Le défi de l’Accord Interprofessionnel

    Cet automne sera négocié le nouvel Accord Interprofessionnel (AIP) portant sur les salaires et les conditions de travail dans le secteur privé. Le défi est énorme et contribuera à déterminer qui payera pour la crise. Quels sont les principaux points de discussion ?

    Par Eric Byl, article tiré de l’édition d’octobre de Lutte Socialiste

    La liaison des allocations au bien-être. Ce point est destiné à contrecarrer le retard structurel du montant des allocations sociales face au coût de la vie. La pension brute moyenne ne représente par exemple plus que 42% du salaire brut moyen. Les patrons veulent accepter de faire un geste en échange de nouvelles concessions; les syndicats n’en voient pas la raison. La norme salariale. Depuis son introduction en 1996, les accords salariaux sont de plus en plus limités. Le dernier en date ne concernait que 0,3% en plus de l’indexation, et avait été rejeté comme étant insuffisant par la FGTB. Cette norme est habituellement indicative mais, faute d’accord, le gouvernement l’avait imposé par un Arrêté Royal, le rendant par ce fait obligatoire. Le ministère du travail a bloqué des accords collectifs dans 25 secteurs puisqu’ils allaient au-delà de la norme. Le gouvernement renforce ainsi la pression pour faire accepter n’importe quoi. Pourtant, en tenant compte des réductions de charges sociales et d’autres avantages fiscaux, depuis 1996 ,les salaires n’ont augmenté que de 1% par rapport aux pays voisins, c’est plus qu’en Allemagne, mais moins qu’en France et aux Pays-Bas.

    Les salaires bruts. La CSC est prête à diminuer les charges sociales en échange d’une évaluation de l’impact sur l’emploi et d’une compensation par des taxes sur les plus-values, les dividendes et les grosses fortunes. C’est inquiétant. Nous les connaissons bien ces évaluations, tout comme l’ingénierie fiscale des grosses fortunes pour épargner le moindre cent. L’index. Le gouvernement a décidé qu’il ne fait pas partie de cet AIP, mais le patronat espère de nouveau obtenir des concessions en échange de sa conservation. Dorénavant il veut indexer les salaires sur base d’une inflation déterminée d’avance, et non sur l’inflation réelle.

    Une dérogation de l’accord. C’est ce que conseille la Commission Européenne, mais il faudra alors s’attendre à une vague de revendications et tout le principe des accords collectifs serait miné.

    Flexibilité. Nous ne parvenons déjà plus à soutenir le rythme du travail et la diversité de contrats. Pourtant, les heures supplémentaires, l’annualisation du temps de travail, le travail partiel, etc., se trouveront à nouveau à l’agenda sous couvert de la ‘‘modernisation du marché de l’emploi’’.

    Augmentation des salaires interprofessionnels minimums. Les patrons se plaignent déjà qu’ils sont parmi les plus élevés d’Europe. Ce n’est pas de leurs salaires qu’on les entendra parler ainsi.

    La généralisation des pensions complémentaires. Le gouvernement demande de l’ajouter dans l’AIP pour la monnayer contre des concessions sur les salaires. Ainsi la pression pour travailler plus longtemps augmente et la pension légale se réduit à un filet social.

    Le statut ouvrier/employé. La Cour Constitutionnelle a déterminé la date du 8 juillet 2013 comme la limite pour l’harmonisation des statuts d’ouvrier et d’employé. Faute d’accord, le juge ne pourra qu’augmenter les préavis des ouvriers au niveau de ceux des employés.

    Les patrons ont lancé leurs médias de masse à l’offensive pour diffuser leurs arguments. Quand les syndicats feront-ils appel à nos moyens à nous, avec des assemblées générales du personnel, des interruptions de travail et des réunions sectorielles et interprofessionnelles ?

  • La zone euro à nouveau sauvée ? Jusqu’à la prochaine opération de sauvetage !

    La marche de la zone euro : un pas en avant, cinq pas en arrière

    Sur une échelle de 0 à 10, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso donne actuellement un 5 à la zone euro. ‘‘Nous nous trouvons à un point critique’’, explique-t-il. ‘‘A partir de là, tout peut devenir bien pire ou bien mieux.’’ Pendant ce temps, de nouvelles actions de masse prennent place en Espagne et au Portugal. Là-bas, pour la majorité de la population, la situation est déjà ‘‘bien pire’’.

    Dossier de Tanja Niemeier, collaboratrice de la fraction de la Gauche Unitaire Européenne (GUE-NGL) au Parlement Européen

    Un bazooka pour sauver l’euro

    Fin septembre 2012, la crise financière et économique mondiale était tel un amoncellement de nuages d’orage au-dessus de l’Europe et plus particulièrement de la zone euro. Cette crise dure maintenant depuis 4 ans déjà. L’Irlande, le Portugal, Chypre et la Grèce sont littéralement pris dans les tenailles de la troïka (Fonds Monétaire International, Commission Européenne et Banque Centrale Européenne). Les gouvernements font toujours plus de projets d’assainissement avec en résultat un chômage continuellement croissant – surtout parmi les jeunes, malgré l’émigration – le retour de la faim à une échelle de masse, un nombre de suicides en plein développement,… La fuite de capitaux hors des pays en crise assure qu’une croissance économique est hors de question. Même le moteur de l’économie allemande commence à avoir des ratés.

    Mais du point de vue de l’élite européenne, Barroso a raison : un scénario encore pire est de l’ordre du possible. Les élections aux Pays-Bas n’ont pas conduit à la victoire du parti de gauche SP, la Cour Constitutionnelle allemande ne s’est pas opposée au fonds d’urgence MSE (Mécanisme de Stabilité Européen) et la Grèce va probablement avoir un peu plus de temps pour appliquer ses mesures d’austérité, et peut donc temporairement rester au sein de la zone euro.

    Le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé que, malgré le vote allemand qui s’y oppose, la BCE va passer à l’achat illimité d’obligations d’Etats européennes sur les marchés secondaires afin de contrôler le taux d’intérêt et de rassurer les marchés. D’après ‘super Mario’ ce ‘bazooka’ peut sauver l’euro et ne laisse planer aucun doute : ‘‘L’euro est irréversible’’. On voit même apparaître un optimisme prudent dans les médias dominants.

    Entre plus d’intégration et moins d’Europe

    Barroso n’était pas moins grandiloquent dans son ‘State of the Union’ (‘Etat de l’union’). Ce discours prononcé dans l’enceinte du Parlement Européen le 12 septembre dernier affirmait qu’après le ‘pacte fiscal’ et le ‘pacte de croissance’, l’Europe a besoin d’un ‘pacte décisif’ qui, selon lui, ne peut laisser ‘‘aucun doute sur l’intégrité de l’Union et l’irréversibilité de l’euro.’’ Le temps des demi-mesures est fini, a-t-il dit. Barroso a de suite appelé à une union politique : ‘‘Aujourd’hui, j’en appelle à une fédération des nations.’’ Il a encore déclaré qu’il y a des pas à poser en direction d’une union bancaire.

    Ces déclarations sont-elles de nature à résoudre les contradictions européennes et l’absence d’une union fiscale et politique ? Le combat entre les tenants de plus d’intégration et leurs opposants défendant la primauté des intérêts nationaux est-il fini ? Barroso ne vit-il pas plutôt au Pays des Merveilles ?

    Les propositions de la Commission Européenne expriment une tendance à l’œuvre en Europe. La Commission veut se présenter comme le représentant idéal de tous les capitalistes européens et veut renforcer la position de concurrence de l’Europe avec un marché unique plus fort et un euro capable de rivaliser avec le dollar ou le renminbi Chinois.

    Mais, parallèlement, continuent d’exister les forces historiques centrifuges composées des 27 élites nationales et des 27 gouvernements. Malgré toutes les attaques lancées contre les principes démocratiques, ces gouvernements doivent tout de même être réélus et doivent donc tenir un petit peu compte de leur population. Ces élites et les divers intérêts nationaux sont en concurrence les uns avec les autres, tant dans l’Union Européenne qu’à l’extérieur de l’Union.

    Ces forces centrifuges ont trouvé une réponse avec les nombreuses critiques du groupe de réflexion ‘Future for Europe Group’ (Groupe pour l’avenir de l’Europe). Ce groupe est dirigé par le ministre des Affaires étrangères allemand, le libéral Guido Westerwelle, qui plaide pour plus d’intégration européenne, mais même des ministres ayant contribué à ce projet n’étaient pas d’accord avec tous les éléments. En France, par exemple, on trouve peu d’enthousiasme pour une modification des traités. Quant au ministre des Affaires étrangères britannique, il a de suite déclaré : ‘‘Nous ne sommes pas prêts à donner plus de pouvoir à l’Europe.’’

    Laquelle de ces deux tendances rivales va-t-elle l’emporter ? Cela dépend partiellement de la volonté politique. Mais cette volonté politique n’existe pas dans le vide ou dans la tour d’ivoire des institutions européennes. Plusieurs facteurs jouent un rôle, et le développement économique n’est pas le moindre de ces facteurs. La position des dirigeants politiques en Europe est largement déterminée par les acteurs économiques nationaux. Leur position est largement décidée par une analyse des coûts et des avantages.

    Efficace, le bazooka ?

    L’annonce de la BCE a déjà conduit à une baisse des taux d’intérêt sur les emprunts d’Etat espagnols et italiens. Le gouvernement espagnol, sous une pression croissante dans son propre pays, pourrait ainsi gagner du temps et retarder la demande d’aide auprès des fonds européens ESM ou FESF. Les faibles taux d’intérêt permettront aux pays d’émettre de nouvelles obligations et d’utiliser cet argent pour rembourser les créanciers.

    Les propositions allant dans la direction d’une union bancaire où la BCE exercerait une surveillance sur l’ensemble du système bancaire européen sont principalement destinées à permettre aux banques d’être directement refinancées par l’ESM de sorte que la dette nationale n’exagère pas trop. Mais il s’agit là avant tout d’une construction théorique qui doit encore être concrétisée.

    Une question reste en suspend : qui se passera-t-il si les marchés financiers commencent à s’en prendre à la BCE ? Et plus fondamentalement : qui va prendre en charge de garantir les fonds nécessaires à cette ‘‘solution’’ ? La Cour constitutionnelle allemande a approuvé l’ESM, mais il n’est pas certain que le Parlement accepte de céder les fonds nécessaires (190 milliards d’euros). Avec des élections fédérales à l’horizon, c’est vraiment loin d’être assuré.

    Autre question cruciale : jusqu’où le taux de croissance doit-il arriver pour assurer une fin durable de la crise. Les pays qui revendiquent qu’il soit possible à la BCE de directement acheter des obligations d’Etat doivent demander le ‘‘soutien’’ de l’ESM, ce qui implique des conditions drastiques en termes de ‘‘discipline budgétaire’’. Concrètement, cela signifie encore plus de casse sociale : des attaques contre tous les acquis sociaux, une croissance de la pauvreté et du chômage ainsi qu’une sévère dégradation des conditions de vie de la population.

    Dans l’actuel contexte de crise économique mondiale, cela ne signifie qu’une nouvelle explosion de la dette publique. Dans le magasine ‘‘New Europe’’, la journaliste Cate Long a comparé ces mesures à ‘‘un réarrangement des chaises sur le Titanic’’. L’option d’un Grexit (une sortie de la Grèce de la zone euro) ou même de la désintégration pure et simple de la zone euro reste un scénario probable.

    Résistance contre la politique de casse sociale !

    Un autre facteur attire bien moins l’attention des médias dominant tout en constituant toutefois un élément décisif pour l’avenir de l’Europe : la réaction des victimes de la crise. Que vont faire les travailleurs, les chômeurs, les retraités et les jeunes en Europe ? Pour l’establishment, ce n’est là qu’un ‘‘électorat’’ qui doit être protégé des ‘‘populistes’’ et des ‘‘eurosceptiques’’.

    Cette approche purement parlementaire ignore volontairement la puissance potentielle de la classe ouvrière. Ces dernières années, les exemples de résistance active contre l’austérité n’ont pas manqué avec plusieurs grèves générales et des manifestations massives. Il est important de structurer la force potentielle du mouvement ouvrier et de la rendre plus efficace à travers l’organisation d’une lutte coordonnée – comme avec une grève générale européenne – et la construction de relais politiques.


    Pour une fédération socialiste et volontaire des Etats Européens !

    Trouver une véritable solution nécessite de lutter contre les véritables causes de la crise. C’est là que le bât blesse. Pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, les causes de la crise résident ‘‘dans les pratiques irresponsables du secteur financier, dans la dette publique insoutenable des pays et dans le manque de compétitivité de tout un nombre de pays.’’ C’est bien faible comme explication. Par exemple, d’où proviennent ces ‘‘pratiques irresponsables’’ ? >p> Pour nous, il s’agit du résultat logique du fonctionnement du capitalisme. Notre système économique est basé sur la concurrence et la maximalisation du profit. Le capital est investi sur base d’une perspective de profit à court terme et non sur base de la satisfaction des besoins. La propriété privée des moyens de production et l’existence des Etats nationaux assurent que les intérêts du capital d’un pays sont opposés aux intérêts du capital des autres pays. La croissance du secteur financier et ses ‘‘pratiques irresponsables’’ proviennent du fait que les investissements dans l’économie réelle produisent des profits insuffisants pour les détenteurs de capitaux. Le capital se concentre ainsi dans le secteur financier, où il peut réaliser de monumentaux profits à court terme, entre autres par la spéculation.

    Toutes les mesures prises ou proposées par le Conseil européen et la Commission européenne n’ont jusqu’ici réussi qu’à limiter la souveraineté nationale des Etats-membres en introduisent plus d’intégration européenne, de manière anti-démocratique. Mais nous opposer à cette politique n’implique pas automatiquement que nous sommes en faveur de plus de ‘‘souveraineté nationale’’.

    Nous voulons nous en prendre aux fondements capitalistes de l’Union Européenne et construire à la place une fédération socialiste et volontaire des Etats Européens. Une politique socialiste utiliserait les 2.000 milliards d’euros des grandes entreprises européennes qui dorment sur des comptes en banque pour investir dans la création d’emplois utiles et décents, dans des services publics comme les soins de santé, l’enseignement, la recherche et dans la protection de l’environnement. Une politique socialiste mettrait fin à l’évasion fiscale légale et illégale qui existe aujourd’hui dans les milieux des grandes entreprises et des super-riches.

    M. Barroso a déclaré que les citoyens européens doivent participer au ‘‘débat sur l’avenir de l’Europe’’. Notre contribution à ce débat sera probablement peu appréciée par Barroso. Mais il est vrai que le mouvement ouvrier et les syndicats doivent discuter de leurs propres solutions et de nos alternatives afin de renforcer notre lutte pour une autre Europe, une Europe qui fonctionnerait dans l’intérêt de la majorité de la population.

  • Grève de la SNCB : Tract de militants syndicaux critiques et combatifs

    Aujourd’hui soir, dès 22 heures, les cheminots entreront en grève pour 24 heures. Nous avons déjà publié sur ce site un tract d’appel à la solidarité des voyageurs avec les travailleurs du rail (voir ici) qui a par exemple été distribué ce matin devant la gare de Liège Guillemins et en cet fin d’après midi devant la gare d’Anvers, entre autres. Nous publions ici un tract qui sera distribué sur les piquets de grève par des syndicalistes critiques et combatifs.

    Tract de Libre Parcours

    Chers collègues,

    Aujourd’hui, nous faisons grève contre le démantèlement du groupe SNCB qui doit préparer à la libéralisation. Si le gouvernement réussit à nous imposer sa volonté, la société holding sera dissoute tandis que la SNCB et Infrabel seront déparés. La SNCB sera aux prises avec la plupart des activités déficitaires et les dettes. Le gouvernement veut provoquer une faillite. L’exemple de la Sabena est encore frais dans nos mémoires, qui a conduit au lancement de SN Air Holding (devenue Brussels Airlines) et TUI Airlines Belgium (maintenant Jetairfly). Certains membres du personnel ont pu retourner au travail en tant que contractuels, mais ils avaient perdu leur ancien statut et leurs nouvelles conditions de salaire et de travail étaient pires. En ce sens, notre statut et nos conditions de travail sont aujourd’hui menacés.

    Le personnel dépendant d’Infrabel peut-il dormir sur ses deux oreilles ? Non. En Grande-Bretagne, tout a été privatisé, y compris le gestionnaire de l’infrastructure. Après de nombreux accidents, il a fallu revenir sur la privatisation de l’infrastructure. Aux Pays-bas, une scission a été opérée en 1998. Au vu de l’exemple britannique, le gestionnaire de réseau Pro-rail est resté public, mais scindé entre Pro Rail et Key Rail, respectivement responsables de l’infrastructure pour les voyageurs et pour les marchandises. En Belgique, en 1995, les cheminots ont perdu leur statut de fonctionnaire. Cela a déjà clairement posé problème aux travailleurs d’Infrabel. Avec la centralisation prévue des cabines de signalisation, 2000 postes statutaires de cadres sont perdus. De plus en plus de projets d’infrastructure sont confiés au privé. Les poseurs de voie statutaires sont en voie de disparition. Infrabel est au régime façon De Wever et doit être amené à sa portion congrue tandis que le secteur se payera la part du lion avec la sous-traitance.

    L’objectif du gouvernement est clair: après les secteurs de l’énergie, de l’aviation, des services postaux, des communications,… c’est au tour du rail de se rendre à l’avidité du secteur privé. Dans de nombreux cas, nous constatons que le secteur privé est alors mieux financé. Le rail britannique coûte à l’Etat 4 fois plus qu’avant la privatisation. Pourtant, le voyageur paie jusqu’à 10 fois plus que partout ailleurs en Europe, et pour un service plus mauvais ! Un premier jugement de la Cour européenne de justice concernant un chemin de fer unifié en Allemagne et en Autriche confirme que le gouvernement nous ment, se cache derrière ‘’l’Europe’’ et ne prend pas la responsabilité de ses propres choix politiques.

    Chaque grève ouvre grand les vannes de la propagande antisyndicale. Nous connaissons bien ceux qui contrôlent les médias. Il ne faut pas les laisser induire qui que ce soit en erreur, nous avons des intérêts identiques à ceux des voyageurs et nous avons besoin d’eux pour notre victoire et pour qu’ils s’engagent dans la lutte pour nos transports en commun. Les tracts de la CSC-Transcom et de la CGSPCheminots du 19 septembre dernier étaient un premier pas dans cette direction. Si nous voulons que les gens nous soutiennent, en dépit de toutes les attaques de la presse, nous devons les informer tout au long de l’année dans un langage compréhensible.

    Pour ceux qui doutent que nous pourrions forcer le gouvernement à laisser tomber cette restructuration, deux exemples récents illustrent que la la lutte paie effectivement. Après les grèves bien suivies de décembre et de janvier, les négociations concernant la réforme des retraites n’ont pas abouti à un accord. Mais un changement de loi est en préparation et rendra plus difficile de remplir les conditions d’âges et de périodes de travail pour avoir accès à la pension. Ensuite, la semaine dernière, les conducteurs du fret ont obtenu ce que beaucoup considéraient comme impossible. Ils ne seront pas remplacés par des contractuels ou mis à disposition et ils peuvent continuer de travailler à leurs conditions actuelles.

    Il est clair que nous n’obtiendront pas la victoire en une seule grève. Il y a un préavis de grève pour les 10 et 11 octobre. Nous avons besoin d’un plan d’action pour augmenter la pression sur le gouvernement. Des réunions d’information ont déjà été organisées au sein du personnel, mais une campagne plus massive et intense est nécessaire si on veut impliquer tout le monde dans l’action. Nous devons également regarder vers les autres luttes et les lier ensemble. Les camionneurs ont annoncé de nouvelles actions. Le gouvernement flamand veut économiser 100 millions d’euros sur les fonctionnaires, ce qui concerne les enseignants, les éclusiers, le personnel de De Lijn,… Les syndicats menacent de mener des actions. Après les élections du 14 octobre, nous serons confrontés à des économies dont personne ne parle dans la campagne. Toutes ces luttes doivent être unifiées.

  • “Nous voulons des emplois, des logements sociaux et des services publics de qualité’’

    Interview de Bart Vandersteene et Anja Deschoemacker

    Ces dernières années, les déficits dans le secteur du logement, de l’enseignement, des soins de santé, de la garde des enfants,… se sont fortement accrus. Les conseils communaux, de différentes manières, ne mènent plus qu’une politique néolibérale qui a plus d’attention pour le city-marketing que pour les besoins de la population. Nous avons discuté avec Bart Vandersteene, tête de liste pour Rood ! à Gand, et avec Anja Deschoemacker, tête de liste de l’alliance Gauches Communes à Saint-Gilles.

    Toute une série de villes voient fleurir des projets de prestige, avec des budgets qui auraient sans doute pu trouver une meilleure affectation. Mais nos centres-villes sont tout de même plus jolis maintenant, non ?

    Bart : L’objectif du city-marketing est en effet de donner l’impression d’une amélioration et, plus particulièrement, de rendre le centre-ville plus attractif. Le centre-ville n’est plus cette zone grise dans laquelle rien ne se passe, toute une série d’événements et d’attractions créent une certaine dynamique. Mais l’objectif n’est pas tellement de nous rendre la vie plus agréable, il est avant tout d’attirer des capitaux privés, entre autres concernant l’immobilier et le tourisme.

    Les loyers et les prix deviennent dès lors complètement inaccessibles pour les simples travailleurs, souvent forcés de déménager en banlieue ou dans une commune proche. Et là, il ne se passe rien. Les prix de l’immobilier dans les centres-villes, à la location ou à l’achat, conduisent à une plus grande dualité entre cette élite pour laquelle la ville est encore accessible et le reste de la population. Ces prix élevés instaurent une pression sur l’ensemble du marché. Sans disposer de grands moyens, il faut actuellement s’endetter très fortement pour pouvoir acheter.

    Les événements organisés sont orientés vers un public fortuné, avec des entrées fort chères ou des tarifs pas croyables pour manger ou boire quelque chose. L’argument que tout cela bénéficie au moins aux classes moyennes ne tient pas la route non plus. Combien de magasins, de restaurants et de cafés reste-t-il aujourd’hui dans la plupart des grandes villes sans faire partie d’un grand groupe ?

    Anja : Les projets de rénovation urbains sont nécessaires. Il suffit de se balader un peu dans la plupart des quartiers de Bruxelles pour se rendre compte que beaucoup de rues et de maisons ont besoin d’une remise à neuf. Mais les projets de prestige ne profitent pas à la population. Au contraire, la rénovation du centre-ville telle qu’elle est appliquée aujourd’hui sert plutôt à chasser des quartiers une partie de la population – sa couche la plus pauvre – afin de faire de la place pour les projets des promoteurs immobiliers. Vu qu’il n’y a plus d’espace pour construire de nouveaux bâtiments, on ne peut attirer une “meilleure population” qu’en forçant la “moins bonne population” à déménager.

    Les problèmes des communes bruxelloises sont bien connus : taux de chômage élevé, grande pauvreté, prix immobiliers exorbitants y compris pour des logements de piètre qualité. La croissance de la population met constamment sous pression le marché et les prix de l’immobilier. Ça fait vingt ans que les communes de la Région bruxelloise font passer d’autres priorités. Le résultat est absurde. D’un côté, on manque de logements à prix accessibles, de l’autre, il y a un énorme vide : 1,2 million de mètres carrés d’espaces de bureaux vides, soit près de 10 % de l’espace total. On compte aussi 12.000 appartements vides de plus de 100 m². Mais le manque de logements décents nous assure des loyers de 800 euros dans un proche avenir. Qu’attendent donc la Région et les communes pour s’attaquer à tous ces espaces vides ?

    Les campagnes pour les communales se limitent généralement à des débats portant sur les pavés qui manquent ou sur le manque de places de parking. Quelle différence peut-on faire au niveau communal ?

    Anja : Le niveau communal n’est pas différent des autres niveaux. Tout dépend des choix politiques, des priorités du budget et de l’endroit où on va chercher l’argent. Les communes ont de très larges compétences, qui incluent d’ailleurs la récolte d’impôts, les investissements publics (en Belgique, les communes sont responsables de 50 % des investissements publics), la création de services à la population,…

    Certains disent que la politique communale n’a rien à voir avec l’idéologie. C’est faux. Les compétences communales sont bien évidemment limitées par les décisions politiques des niveaux supérieurs, mais nous retrouvons à ces niveaux les mêmes partis qu’aux communes. Une commune pourrait très bien prendre la tête de la lutte contre la politique d’austérité, il serait possible de mobiliser la population sur une telle base. Nous n’avons rien à attendre des partis établis ; nous devons construire une opposition active à l’austérité dans les communes comme ailleurs. Là aussi, l’austérité va frapper de plus en plus dans les années à venir.

    Bart : Pour nous, les élections portent sur les besoins les plus urgents et les plus importants de la majorité de la population. L’emploi, le logement, les services publics tels que l’enseignement, l’accueil des enfants… Un conseil communal peut faire une différence à tous ces niveaux.

    Prenez par exemple notre revendication d’un emploi stable et décent pour tous. Une ville ou une commune peut commencer à créer des emplois par ellemême, dans les services publics déjà existants ou de nouveaux services nouvellement créés. Une commune peut mener campagne pour une “ville sans intérim”, en supprimant les contrats précaires des services communaux et en menant campagne contre les emplois temporaires dans le secteur privé. Ce n’est tout de même pas normal qu’à Gand, des grosses entreprises telles que Volvo emploient plus d’intérimaires que de travailleurs sous contrat ! Et on ne parle même pas encore des soustraitants… Les contrats temporaires et intérims ne représentent aucune valeur ajoutée pour la société, ils n’en ont que pour les employeurs qui peuvent ainsi liguer un groupe de travailleurs contre un autre et licencier plus facilement leur personnel.

    Une ville peut aussi jouer un rôle pionnier avec de nouveaux services publics. Les besoins sont nombreux : rien qu’à Gand, il manque 1000 places dans les crèches. Mais on pourrait aussi construire des cafétérias à prix modiques dans les quartiers, afin de pouvoir s’asseoir à une terrasse dans notre propre voisinage sans courir au centre-ville pour boire une bière ou un café à plus de 2 euros. Restos sociaux, centres de réparation de vélos,… les possibilités sont infinies.

    Tout cela est-il réaliste ? Peut-on dépenser plus alors qu’il y aura encore moins de moyens pour les communes dans les années à venir ?

    Bart : Nous partons des besoins, de ce qui est nécessaire à la majorité de la population, et non pas des exigences des élites qui deviennent de plus en plus marginales au sein de ce système. Ceux qui nous disent qu’il n’y a pas de moyens ou qu’une autre politique n’est pas possible “à cause de l’Europe”, sont ces mêmes politiciens qui siègent eux-mêmes à la tête de leur parti ou du gouvernement fédéral ou régional, mais qui n’ont par contre aucun problème à maintenir la déduction des intérêts notionnels. Se réfugier derrière la phrase ‘‘c’est un autre niveau de pouvoir qui est responsable’’ est ridicule. Les mêmes partis siègent à tous les niveaux et appliquent la même politique d’austérité.

    Anja : Il est toujours plus facile d’aller chercher l’argent parmi la majorité de la population avec toutes sortes de taxes communales et d’amendes que de faire contribuer l’élite. Un éboueur ne peut pas déménager dans un paradis fiscal. D’immenses profits sont réalisés dans notre pays, mais les patrons et les grands actionnaires ne vont pas nous livrer cette richesse sur un plateau. Nous devons collectivement prendre le contrôle des richesses existantes. Les secteurs-clés de l’économie (énergie, sidérurgie, finance,…) doivent passer aux mains du public.

    Quand, dans les années ′80, les camarades anglais du PSL sont parvenus au pouvoir à Liverpool, toute la ville a été transformée en un grand chantier. Une grande campagne médiatique a alors été lancée à contre ce conseil communal dominé par les marxistes. Mais un lecteur a alors écrit au journal local : ‘‘Je ne sais pas qui était Léon Trotsky, mais à en juger par le nombre de nouveaux logements qui sont en train d’être construits à Liverpool, il devait certainement être un fameux maçon.’’ Qu’en est il pour notre pays ?

    Bart: “C’est également nécessaire. Rien qu’à Gand, il y a 7.500 personnes sur la liste d’attente des logements sociaux. Cela correspond environ au nombre de logements sociaux promis par tous les partis ces 18 dernières années – partis qui sont parvenus, au cours de la même période, à construire en tout et pour tout 750 logements.

    Nous sommes pour une politique de construction et de rénovation urbaine axée sur les logements sociaux. Cela nécessite de reprendre le secteur du bâtiment entre nos propres mains, afin de rehausser la qualité des édifices, mais également d’assurer la qualité et la sécurité de l’emploi du secteur. Répondre à la demande de logements sociaux réduirait cette liste d’attente, certes, mais instaurerait également une grande pression à la baisse sur les prix de l’immobilier dans le privé.

    La tendance à laquelle nous assistons aujourd’hui est exactement inverse. Quant aux subsides au loyer pour ceux qui ne s’en sortent pas, cela revient à subsidier les loyers élevés qui, grâce à ces subsides, deviennent tout d’un coup accessibles pour les ménages à bas revenu. Un programme massif de construction de logements sociaux aurait l’effet inverse de faire baisser tous les prix. La ville de Vienne, en Autriche, est aujourd’hui le plus grand propriétaire de logements de toute l’Europe, suite à la mise sur pied d’une compagnie publique de construction par les socialistes au pouvoir dans les années ′20.

    Anja : À Liverpool, le conseil communal élu a tenu ses promesses. Ici, les campagnes se suivent avec les mêmes belles promesses, rarement suivies d’effets. L’accord de gouvernement de la Région bruxelloise prévoit de parvenir à 15 % de logements sociaux en ville d’ici 2020, contre 9 à 10 % à l’heure actuelle. Cela signifierait la construction de plus de 34.000 logements sociaux. À Saint-Gilles, avec ses 8,5 % de logements sociaux, il faudrait construire 1717 nouveaux logements d’ici 2020 ; à Ixelles ou Uccle, qui comptent 4 % de logements sociaux, il en faudrait 5000. Les communes sont en fin de mandat, et le conseil régional actuel n’a plus que deux ans jusqu’aux prochaines élections. Au rythme de construction actuel, ces 15 % resteront sur papier, alors que cela ne suffirait même pas. Cet objectif de 34.000 nouveaux logements (alors que la liste d’attente comprend 50.000 personnes) ne prend en compte ni les évolutions de ces huit prochaines années, ni toutes les familles qui ne se sont même pas inscrites sur liste d’attente, en sachant très bien que “ça ne sert à rien”.

    Vous envisagez donc les choses dans un contexte plus global. Mais que dire de tous ces petits problèmes tels que la propreté, les pavés manquants ou les rues défoncées ?

    Anja : Toutes ces rues mal entretenues dans des quartiers populaires dégueulasses ne sont jamais que le revers de la médaille des projets de prestige orientés uniquement vers le city-marketing, vers les attractions touristiques et toutes sortes de projets commerciaux (shopping-centers,…). À d’autres moments, le mauvais état de certains quartiers se voit tout à coup utilisé comme prétexte pour “rénover” ces mêmes quartiers, ce qui signifie bien souvent que les couches les plus pauvres devront céder la place à des ménages à plus hauts revenus. Le conseil communal de Liverpool des années ′80 avait construit des logements sociaux, mais a aussi amélioré les conditions de travail du personnel communal et en a engagé suffisamment que pour s’occuper de la propreté et de l’entretien de l’infrastructure publique.

    Bart : La propreté à Gand ne s’est pas améliorée depuis la privatisation d’Ivago à la fin des années ′90. Les sacs poubelles sont devenus de plus en plus chers et, pour être sûr que les gens n’abandonnent pas leurs déchets dans la rue, on a diminué le nombre de poubelles publiques. On nous a ainsi encouragés à ramener tous nos déchets à la maison, pour utiliser les sacs payants. L’entreprise de collecte de déchets Ivago tire chaque année un revenu de 3,5 millions d’euros rien que de la vente des sacs poubelles jaunes (sans compter tout le reste). Cet argent est en grande partie redistribué en dividendes pour la ville et pour des actionnaires privés, tels que le groupe Suez. Il est possible de revenir à une collecte de déchets gratuite, sans que cela ne coute quoi que ce soit à la collectivité ; seuls les actionnaires privés ont à y perdre. Mais les actionnaires ont-ils vraiment besoin de tirer profit des déchets qu’ils nous ont déjà vendus auparavant ?

    Une collecte gratuite des déchets, une poubelle à chaque coin de rue, un parc à containers dans chaque quartier: voilà comment lutter contre les ordures. Mais cela va à l’encontre de la politique communale libérale, où on ne se soucie que des profits des actionnaires privés tandis que la responsabilité pour les problèmes nés de cette politique est refourguée sur le dos des victimes de cette politique.

    Quelle est l’objectif de la participation électorale de Rood ! à Gand ?

    Bart : Rood ! a l’ambition de former une large force de gauche, nous voulons donc renforcer la gauche grâce à cette campagne. Cela aurait été plus facile si on avait obtenu une initiative unitaire également avec le PTB ; de véritables cartels de gauche pourraient nous donner plus d’élus. Une campagne enthousiaste avec laquelle nous pouvons positionner Rood ! en tant que véritable acteur peut renforcer la possibilité d’aller vers une campagne de gauche unie en 2014 (élections fédérales, régionales et européennes). Dans notre pays aussi, il y a une grande ouverture pour la gauche. Les frontières nationales ne me semblent pas être si étanches au point que nous ne pourrions pas connaitre la même situation qu’avec le SP aux Pays- Bas ou avec Mélenchon en France.

    À Gand, on nous dit qu’après les élections communales, il y aura la coalition la plus à gauche possible, avec le cartel SP.a-Groen. Leur politique ne sera néanmoins pas différente des précédentes. La crise économique va conduire à des plans d’austérité, la politique du city-marketing va continuer à fleurir, mais une couche de plus en plus grande de la population va remettre en question cet emballage certes fort joli, mais vide. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser la droite se présenter comme la seule opposition à cette politique ; il faut construire une forte opposition de gauche qui soit capable d’organiser la résistance. C’est le défi que Rood ! veut relever.

    Et quel est l’objectif de Gauches Communes à Saint-Gilles, Jette, Ixelles et Anderlecht ?

    Anja : Tout comme Rood ! en Flandre, les organisations et individus qui participent à l’alliance Gauches Communes ont surtout l’ambition de renforcer le camp de la gauche. La création d’une formation large, qui prenne réellement en compte les revendications du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux, et qui soit prête à se lancer dans la lutte pour défendre ces intérêts, sera une étape absolument nécessaire afin de rompre l’impasse que représente le capitalisme en crise, de quitter le cercle vicieux qui signifie toujours plus de pauvreté, toujours plus de désespoir pour de plus en plus larges groupes de la société.

    Gauches Communes se présente dans quatre communes bruxelloises, dans l’idée de populariser une formation de gauche large, au fonctionnement démocratique, mais aussi de renforcer les forces de gauche existantes dans ces communes, afin de démarrer l’opposition à la politique d’austérité communale au cours de la période à venir. Une encore plus large collaboration aurait été encore mieux. Mais vu le manque d’enthousiasme et l’attitude attentiste de certains partenaires potentiels, nous n’avions pas la possibilité de patienter plus longtemps. Gauches Communes reste bien entendu ouvert à toute discussion en vue d’une encore plus large collaboration dans le cadre de campagnes contre la politique d’austérité ou d’autres formes de protestation.

  • Pays-Bas: Vers une victoire éclatante du SP !

    Le parti de gauche a le potentiel de devenir le plus grand parti du pays

    Les sondages consacrés aux élections législatives du 12 septembre prochain aux Pays-Bas confirment les uns après les autres la percée du SP. Même le parti libéral (VVD) semble rester derrière le parti de la tomate rouge (son symbole). Evidemment, les débats électoraux doivent encore avoir lieu au moment d’écrire ces lignes, et le résultat final peut être influencé par divers évènements.

    Par Gerbrand Visser, Socialistisch Alternatief (Alternative Socialiste, CIO-Pays-Bas)

    Image ci-contre : Le magazine ‘Quote’ mène campagne contre le SP et Emile Roemer, car il veut s’en prendre aux super-riches…

    La tendance est claire: les gens se détournent des partis traditionnels. Ils les tiennent à juste titre responsables de la crise économique et rien n’indique qu’ils puissent changer leur fusil d’épaule : ils ne font au contraire que promettre encore plus d’assainissements, plus d’Union Européenne, plus de soutien aux banques, moins de droits sociaux, moins d’enseignement et, très important, moins de soins de santé. Le rythme de l’austérité et ses accents divergent quelque peu entre eux, mais la recette est fondamentalement identique.

    A deux exceptions près : le PVV et le SP. Le PVV (parti de la liberté, populiste de droite et très réactionnaire) critique l’Union Européenne, mais est par contre lié aux 18 milliards d’euros de coupes budgétaires opérées par le gouvernement Rutte, tombé un peu avant l’été. Actuellement, la crise de l’euro n’étant (temporairement) pas en première page de la presse, la course se développe entre les libéraux du VVD et le SP (Parti Socialiste, bien à gauche du PS de Di Rupo, représenté aux Pays-Bas par le Parti Travailliste). Le PVV reste en ce moment à l’arrière plan.

    L’attitude qu’adopteront les autres partis après les élections est claire. Que ce soit avec le dernier cabinet (les libéraux du VVD, les chrétiens-démocrates du CDA, et les populistes de droite du PVV), avec le précédent (les sociaux-démocrates du parti travailliste PvdA et le CDA) ou encore avec la coalition ‘‘Kunduz’’ (VVD, CDA, D66, GroenLinks et ChristenUnie), la politique fut à chaque fois faite d’attaques antisociales. Les attentes sont donc grandes envers le SP. Le SP se prononce contre l’Union Européenne néolibérale, contre les coupes budgétaires et ne s’est pas compromis dans un cabinet appliquant les décisions prises par la dictature des marchés. Tout cela est suffisant pour une bonne victoire électorale, c’est certain. Mais le SP deviendra-t-il ‘‘grand’’ ou ‘‘le plus grand’’ ?

    Les partis traditionnels font tout pour mettre hors jeu le dirigeant du SP Emile Roemer, en le dépeignant comme “extrémiste, irresponsable, dépensier”, avec pour l’instant comme seul effet de confirmer aux électeurs qu’il est différent des politiciens établis. Si Roemer ne commet pas lui-même de fautes, les autres partis semblent bien incapables d’empêcher sa victoire. Soyons clair : plus grande sera la victoire du SP, plus grand sera le pas en avant posé pour la classe ouvrière néerlandaise. Alternative Socialiste appelle à voter pour le SP et à s’impliquer activement dans la campagne, et ensuite faire en sorte que Roemer tienne réellement ses promesses. Les structures syndicales ont malheureusement sérieusement abdiqué face à la politique d’austérité, une victoire écrasante du SP constituerait un certain rempart contre la logique néolibérale. Il faut assurer que cela devienne bien le cas !

    Tout en soutenant le SP, nous ne partageons cependant pas l’enthousiasme de la direction du SP concernant une éventuelle participation gouvernementale. Le SP collabore déjà dans certaines localités avec le VVD, une approche qui promet un désastre politique à court terme. Quant au PvdA et au CDA, le PvdA refusera d’être sous la domination du SP et le CDA commettrait un suicide politique en entrant en coalition avec les deux plus grands partis “de gauche”.

    L’élite politique fera tout pour isoler le SP et éviter de lui donner le pouvoir, une option qui ne lui est envisageable qu’en tout dernier recours. La bourgeoisie n’a pas peur des dirigeants du SP qui ont déjà démontré à plusieurs reprises qu’ils sont bien conciliables. La bourgeoisie a peur de l’influence des travailleurs sur le SP. Ce sont eux qui votent pour lui et qui l’animent jusqu’à un certain point.

    De plus, la bourgeoisie a besoin de partis fiables pour appliquer l’austérité, des partis inflexibles face aux sentiments des masses. La situation la plus probable après le 12 septembre est un cabinet composé de plusieurs partis unis par l’impasse de l’austérité et l’absence de toute idée sur ce qui convient d’être fait, avec un SP dans l’opposition qui continuera à profiter de cette situation compliquée. De plus en plus, le SP peut représenter l’alternative politique aux yeux de ceux qui en ont marre des assainissements.

    Les populistes de droite du PVV n’ont aucune chance d’instrumentaliser la situation pour l’instant, en raison de leur racisme virulent et de leur responsabilité dans l’application des mesures d’austérité du gouvernement précédent. Le SP pourra alors prendre la voie de la résistance active contre l’austérité et organiser la colère en transformant le soutien électoral en un soutien militant, vers une rupture avec la société capitaliste, vers une société socialiste. L’arrivée d’un gouvernement majoritaire du SP, basé sur un programme socialiste, est un objectif réalisable.

  • Non à la libéralisation du rail !

    Les profits pour le privé, les pertes pour la collectivité ?

    Depuis 2005, le groupe SNCB a une structure triple : la société de transport SNCB, Infrabel (gestionnaire de l’infrastructure) et le Holding global. La résistance du personnel est jusqu’ici parvenue à éviter la scission complète. Le gouvernement fait aujourd’hui une nouvelle tentative. Objectif : la privatisation complète des chemins de fer.

    Par un délégué de la CGSP-Cheminots

    Vers la libéralisation du trafic intérieur de voyageurs ?

    Le Holding, qui reprend l’ensemble du personnel, est en train d’être éliminé. Infrabel et la SNCB deviendraient deux entreprises étatiques indépendantes avec chacune leur propre conseil d’administration et leur propre gestion du personnel. Elles pourraient elles-mêmes embaucher, former et promouvoir leurs employés. On verrait aussi l’apparition d’une sorte de secrétariat social, le “Rail Shared Services” (RSS). Le RSS aurait lui aussi son propre conseil d’administration, calculerait les salaires et les pensions et paierait les salaires. Le Comité paritaire national (CPN) resterait compétent pour le personnel statutaire des deux entreprises et pour la conclusion des conventions collectives de travail. Des dix représentants de l’employeur, cinq seraient désignés par Infrabel et cinq par la SNCB. Le statut unique et les acquis sociaux seraient conservés jusqu’à la libéralisation. Une certaine mobilité resterait possible pour le personnel.

    Pour cette restructuration, le gouvernement se cache derrière la Commission européenne. Mais affirmer que c’est l’Union européenne qui exige ce plan est particulièrement malhonnête. Ses exigences sont au nombre de trois : le gestionnaire de l’infrastructure et l’opérateur doivent tenir une comptabilité distincte, les “tâches essentielles” doivent être découplées (c.-à-d. l’attribution des itinéraires et des licences) et les différentes formes de financement doivent être séparées. Ces conditions sont aujourd’hui remplies depuis bien longtemps.

    La séparation du gestionnaire de l’infrastructure et de la société de transport s’effectue en vue de la libéralisation prochaine du trafic intérieur de voyageurs. La SNCB ne serait plus qu’un opérateur parmi d’autres. Le flou règne quant à la manière dont le service public serait défini et dont le mandat public serait ensuite attribué. Diverses compétences de la SNCB et du Holding devraient être transférées à Infrabel. C’est le cas de l’exploitation des gares mais, avec les nombreuses concessions faites aux commerçants et aux grands projets immobiliers, cette compétence ne rapporterait pas beaucoup. Les opérations effectuées sur les quais (les sous-chefs de gare) ainsi que les activités de manœuvres (Freight Services) passeraient elles aussi totalement à Infrabel. La SNCB maintiendrait les activités de vente. Logistics (la filiale de droit privé en forte perte) et l’entretien du matériel roulant resteraient à la SNCB, où seraient également transférées les activités lourdes. Voudrait-on par hasard provoquer une faillite, comme avec la Sabena en son temps ? Pour le personnel du gestionnaire d’infrastructure, les choses n’ont pas l’air plus radieuses. Le plan de centralisation des cabines signifie le licenciement d’environ 2000 postes statutaires et de nombreuses commandes ne sont déjà plus pas effectuées par le personnel de la compagnie mais externalisées à des opérateurs privés.

    La montagne de dette est un choix politique

    La répartition des dettes du groupe (environ 3 milliards d’euros) constitue un point épineux. Selon la Commission européenne, le gestionnaire de l’infrastructure ne peut reprendre sur lui aucune dette issue des activités de l’opérateur et vice-versa. Rien n’est encore certain, mais il semble bien que c’est la SNCB qui va tirer la courte paille.

    Le gouvernement affirme que cette restructuration stabiliserait la dette qui, selon le Holding, risque d’atteindre les 4 milliards d’euros d’ici la fin de l’année. A qui la faute ? Au cours des sept dernières années, on a payé 837,3 millions d’euros (!) en frais de consultation externe. D’autre part, si le secteur des marchandises est la principale source de pertes, cela provient surtout du fait que l’activité n’est plus considérée comme un service public et ne reçoit par conséquent plus de subsides. Alors que le transport routier bénéficie de l’infrastructure payée par nos contributions, les chemins de fer doivent payer l’utilisation des voies ! Le transport ferroviaire de passagers perçoit encore une certaine dotation publique, mais celle-ci n’augmente plus en fonction du nombre de passagers, la dotation par kilomètre-passager diminue donc.

    Le personnel et les voyageurs vont droit dans le mur

    Le gouvernement garantit le statut unique et les acquis sociaux du personnel jusqu’à la scission. Et ensuite ? Mystère. Tout semble toutefois indiquer que les emplois contractuels et non plus statutaires seront la norme. Infrabel et la SNCB auront chacune leur propre politique vis-à-vis du personnel, les conditions de travail du personnel contractuel évolueront donc différemment.

    Le gouvernement déclare vouloir améliorer la ponctualité du service. C’est vrai, la complexité actuelle de la structure explique de nombreux retards. Mais la scission ne fera qu’aggraver le problème. Seul le retour à une structure intégrée, à un chemin de fer unifié, peut livrer un début de réponse en mettant fin au chevauchement des compétences tout en améliorant la communication. Aujourd’hui, un accompagnateur de train ne peut pas appeler directement une cabine, parce que l’un travaille pour la SNCB, et l’autre pour Infrabel !

    Les exemples du Royaume-Uni ou des Pays-Bas illustrent que la séparation est un échec. Dans ces deux pays, on paie maintenant plus cher pour un service de qualité moindre. Le Daily Mirror déclarait encore en ‘‘une’’ le 12 août dernier que la privatisation des chemins de fer est une honte nationale et que les passagers paient jusqu’à dix fois plus cher pour un ticket en comparaison d’autres pays européens.

    La CGSP-Cheminots est en faveur d’un modèle intégré où seules les fonctions essentielles seraient regroupées séparément. C’est en effet cela qu’exige la Commission européenne. Pour Libre Parcours (journal d’action par et pour les militants combatifs du transport public) est d’avis que l’ensemble du secteur doit être aux mains du public : le transport des marchandises et celui des passagers. La séparation des fonctions essentielles n’est nécessaire que dans une logique de concurrence néolibérale.

    http://libreparcours.net/fr/

  • A propos du parti – Nouvelles du PSL

    Cette rubrique de socialisme.be vous propose des nouvelles de notre parti, de ses activités et initiatives,… Cette rubrique comprend donc divers courts rapports d’actions, des brèves de campagne, des appels pour des conférences, des rapports de réunion, ou encore de petits textes de nouveaux membres qui expliquent pourquoi ils ont rejoint notre parti.


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    A noter dans votrer agenda

    • Je. 6 sep. Anvers. Assemblée générale de Rood !
    • Me. 12 sep. Liège. Action "Le centre-ville n’est pas une propriété privée"
    • Ve. 14 sep. Bruxelles. Manifestation nationale pour le pouvoir d’achat (FGTB). 10h place Brugmann, Ixelles.
    • Ve. 14 sep. Gand. Assemblée générale de Rood!
    • Sa. 29 sep. Anvers. 14h place Astrid. Manifestation antiraciste organisée par Hand-in-Hand
    • Sa. 29 sep. Gand. Fête de Rood!
    • Sa. 29 sep. Anvers. Fête de Rood!
    • Sa. 6 oct. Anvers. Meeting électoral de Rood!
    • 1-2 décembre: Congrès National du PSL

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    Du 30 novembre au 2 décembre 13e Congrès National du PSL

    Une fois les élections communales passées et qu’il ne faudra plus coller d’affiche aux fenêtres, la plupart des membres des partis traditionnels n’auront plus de nouvelles de leurs sections locales (pour autant qu’elles existent réellement). Dans ces partis, l’implication active des membres et leur formation politique est très loin de constituer une priorité. Comment dès lors s’étonner que malgré la croissance de la population, le nombre global de membres des divers partis politiques ait diminué de 160.000 personnes en 20 ans ?

    C’est ce qu’a révélé fin 2011 une étude réalisée par le centre d’étude de la vie politique (Cevipol) de l’ULB: aujourd’hui, moins de 5% des électeurs sont membres d’un parti, alors que le chiffre dépassait 13% dans les années ‘80. Nous considérons les choses différemment au PSL, conscients que l’efficacité de notre action passe par nos membres, leur formation et leur implication dans les luttes concrètes.

    Pour le PSL, un Congrès est l’occasion de discuter en profondeur afin d’arriver à une clarification politique des processus à l’oeuvre dans la société destinée à déterminer les grandes orientations de notre travail militant. C’est une opportunité d’avoir une meilleure compréhension de la situation économique, politique et sociale dans laquelle nous vivons et sommes politiquement actifs.

    Il ne s’agit pas pour nous d’un événement anodin avec beaucoup de blabla avant de retourner dans le quotidien, mais d’un événement majeur préparé dans toutes les sections sur base de différents textes (organisationnels et de perspectives politiques) soumis à la discussion, événement qui par ailleurs élira notre Comité National pour les deux ans à venir.


    Campagne électorale : Et voilà les tracts !

    6 semaines avant la tenue des élections, le matériel est presque là au complet. Dans quelques jours, le tract national du PSL sera disponible et nous aurons également une affiche nationale du PSL. Précisons que ce matériel peut être utilisé dans des communes où nous ne nous présentons pas. L’intérêt suscité par l’atmosphère générale de campagne peut être saisie comme occasion de diffuser partout les idées socialistes, réellement socialistes.

    En plus de cela, il y aura bien entendu le matériel local. Cette semaine, à Gand, il y a eu une première livraison de 100.000 tractset ils devraient déjà être dans les boîtes aux lettres à l’heure qu’il est. A Bruxelles et à Anvers également, un tract sera distribué en grand nombre. Celui de Bruxelles a été présenté jeudi dernier en soirée est disponible ici.

    Cette semaine s’est également tenue à Liège la conférence de presse qui a présenté la liste de la coopérative politique VEGA, sur laquelle nous avons trois membres. A Charleroi aussi, la campagne du Front de Gauche a commencé (Liste des candidats). Cette liste sera enmenée par René Andersen, qui a été actif des années durant en tant que cheminot. Deux candidats du PSL seront également présents.


    Edition de septembre de "Lutte Socialiste"

    Demain commence la nouvelle année civile, une nouvelle année de travail après des vacances bien méritées. Durant ce mois de septembre, la campagne électorale tournera à plein régime, mais nous aurons également beaucoup à faire avec les Etudiants de Gauche Actifs, avec cette nouvelle année académique qui commence. Septembre sera donc un mois bien chargé, avec de nombreuses possibilités de diffuser notre mensuel. Cette édition accorde une large place aux élections, avec notamment une grande interview d’Anja Deschoemacker (tête de liste pour Gauches Communes à Saint-Gilles) et Bart Vandersteene (tête de liste de Rood! à Gand). Mais nous abordons également le contexte général de crise économique et divers élements de la situation internationale, notamment la percée fantastique du SP aux Pays-Bas. Des articles sont encore consacrés à la situation actuelle de la SNCB, à la manifestation syndicale de la FGTB du 14 septembre, à la lutte contre le chômage et au maintien de chaque emploi,…

    Aperçu du contenu :

    1. ‘Envoyons la facture de la crise dans l’autre direction!’
    2. ‘Manifestation de la FGTB le 14 septembre – Mettons la pression dès la rentrée sociale !’ || Brèves : ‘L’énergie (nucléaire) aux mains de la collectivité !’ et ‘Un dépotoir nucléaire à Fleurus’
    3. Edito: ‘Pas moyen de savoir pour quoi on vote… ‘ || ‘Quand les frais scolaires étranglent les ménages’
    4. ‘Non à la libéralisation du rail !’ || ‘Eux et nous : Quelques faits et chiffres sur le fossé entre le 1% des plus riches et les autres 99%.’
    5. ‘Y en a marre de la chasse aux chômeurs !!! ‘ || ‘Battons-nous pour chaque emploi !’
    6. ‘Homophobie, racisme, sexisme : tout ce qui nous divise nous affaiblit !’ || ‘Michèle Martin : symptôme d’une justice malade’
    7. Interview de Bart Vandersteene et Anja Deschoemacker: “Nous voulons des emplois, des logements sociaux et des services publics de qualité’’
    8. Suite de l’interview + cadre : ‘Élections communales : où le PSL se présente-t-il ?’
    9. Le capitalisme en crise. “Pris dans les phares du camion qui approche”
    10. ‘Les mineurs espagnols montrent la voie à la classe ouvrière’ || ‘Pays-Bas: Vers une victoire éclatante du SP !’
    11. ‘Syrie : vers une interminable guerre civile ?’ || ‘Massacre en Afrique du Sud. Solidarité avec les mineurs !’
    12. ‘‘‘Pussy Riot’’, les bouc-émissaires de Poutine’ || ‘‘The Dark Knight Rises’. Hollywood choisit le statu quo’
    13. Nouvelles du parti
    14. Les jeunes et les élections : ‘Ne laissons pas notre avenir aux mains des politiciens de l’establishment !’ || ‘Avertissements de Grèce – Allons à l’offensive contre le racisme et l’extrême-droite !’
    15. ‘Pour une année de lutte, rejoins les Etudiants de Gauche Actifs !’
    16. ‘Notre enseignement n’est pas une marchandise!’

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